Speaker #0Salut, c'est Arnaud, et bienvenue sur mon chemin. Aujourd'hui, je te propose de plonger avec moi dans l'univers de Sicario, avec pas un, mais deux films haletants qui nous embarquent en plein cœur de la guerre contre les cartels. Installe-toi confortablement, pendant les prochaines minutes, on va explorer en profondeur Sicario, sorti en 2015, réalisé par Denis Villeneuve, et sa suite, Sicario The House of Solado, sorti en 2018, réalisé par Stefano Solima. Et bien entendu, on va faire des liens avec d'autres crossover. Pour bien comprendre Sicario, il faut remonter à sa genèse, et notamment à son scénariste, Taylor Sheridan. A l'époque où il a écrit Sicario, Sheridan n'est pas encore le showrunner ultra-bankable qu'il deviendra. Tu sais, c'est le créateur de Yellowstone. En 2013, c'est un acteur reconverti en scénariste qui signe ici son tout premier script pour le cinéma. Et quel coup d'essai ! Sheridan conçoit Sicario comme le premier volet d'une sorte de trilogie thématique sur l'Amérique des marges qu'il appelle la trilogie néo-western de la frontière américaine moderne. Dans Sicario, Sheridan s'attaque au cartel de drogue mexicain et aux méthodes musclées des agences américaines. Un vrai western des temps modernes mais transposé à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Le scénario de Sicario attire vite l'attention d'Hollywood. En 2013... Le projet est annoncé avec comme réalisateur Denis Villeneuve. A ce moment-là, Denis Villeneuve sort du succès de Prisoners, son premier film américain avec Hugh Jackman et Jack Gyllenhaal, et son film Enemy. C'est un réalisateur canadien en pleine ascension, reconnu pour son style visuel soigné et sa capacité à maintenir une tension oppressante. Le film est présenté en avant-première mondiale au Festival de Cannes en 2015. Il sort ensuite à l'automne 2015 dans les salles et rencontre un beau succès critique et public. On loue son suspense implacable, sa réalisation au cordeau, et Sicario récolte même trois nominations aux Oscars. Meilleure photographie, meilleure musique, meilleur montage. Pas mal pour un thriller aussi sombre. Après le succès du premier film, l'idée d'une suite fait rapidement son chemin. Taylor Sheridan, rempli le scénario, c'est une condition sine qua non pour donner une suite cohérente à l'univers de Sicario. Petit chamboulement toutefois, Denis Villeneuve n'est plus disponible pour réaliser la suite. En 2018, il est occupé par Bedrunner 2049 et il prépare sa saga Dune. Qu'à cela tienne, la production engage un réalisateur au profil différent, mais bien adapté au sujet. Stefano Solima. Si tu ne le connais pas, Solima est un cinéaste italien réputé pour ses polars ultra réalistes. Il a signé des films comme Aqab, All Cops Are Bastards, sur des violences policières en Italie, Subura, sur la mafia romaine et surtout il a réalisé des séries criminelles de référence en Europe, Romanzo Criminali et Gomorra, la série tirée du roman de Robert... Now that you know how these two films were born, I suggest you get to know their directors because their personal path has greatly influenced the style of Sicario and its sequel. Denis Villeneuve is a bit like the prodigy from Québec who imposed himself on Hollywood in a few years. To situate you, he is known internationally with Incendies in 2010, a dramatic drama that will go to the Oscars, then he continues with psychological and police thrillers more and more noticed. Avant Sicario, Villeneuve avait déjà signé Polytechnique en 2009 sur de la fusillade au Canada, Prisoners en 2013, kidnapping dans une banlieue américaine très très très oppressante, et Ennemis en 2014, un film très très très très étrange avec Jack Gyllenhaal. Sicario en 2015 vient confirmer son talent dans le genre thriller nerveux. Par la suite, il bifurquera vers la science-fiction de haute volée. Arrival en 2016, Blade Runner 2049 en 2017, la saga d'une à partir de 2021. Tout en gardant son style bien identifiable. Parlons-en du style Villeneuve. Ce réalisateur a un sens aigu de l'esthétique et du rythme. Ses films prennent le temps de se faire enregistrer. le temps d'installer leur ambiance avec souvent de longues séquences sans dialogue qui laissent monter l'attention. Il aime utiliser l'image pour raconter autant que les mots. Au-delà de l'aspect visuel, Villeneuve est connu pour creuser la psychologie de ses personnages et les thèmes de l'identité et de la moralité. Il aime confronter ses protagonismes à des dilemmes profonds. Dans Sicario, il a adoré jouer avec le personnage de Kate, Emily Blunt, en en faisant notre point d'entrée idéaliste dans un monde qui va la broyer moralement. C'est un motif qu'on retrouve souvent chez lui, des personnages perdus dans un univers qui les dépasse. On pourrait citer Kate, donc. mais aussi l'officier K de Blade 2049 ou la linguiste dans Arrival. Villeneuve apporte toujours une couche de réflexion au-delà de l'action pure. Dans Sicario, grâce à lui, on n'est pas juste devant un film de commando contre les narcos. On est face à une expérience qui nous interroge, nous, spectateurs, sur jusqu'où on est prêt à aller au nom de la loi et de l'ordre. Sa mise en scène précise, son refus du manichéisme, donne au film une portée bien plus large que celle d'un simple trailer d'action. Changement de décor avec Stefano Solima, qui prend donc les rênes de Sicario 2, Day of the Soldado. Solima, c'est une autre école, celle du polar italien brutal, sans fioritures. Il est né à Rome, il est le fils d'un réalisateur de Western Spaghetti. Autant dire qu'il a grandi dans le cinéma de genre. Stefano Solima a commencé par réaliser des reportages de guerre à la caméra, puis s'est fait un nom à la télévision italienne en réalisant des séries policières à succès. Tu as peut-être entendu parler de Romanzio Criminale, de 2006 à 2008, qui suivait l'ascension d'un gang à Rome dans les années 70, ou de Gomorra, de 2014 à 2021, qui plonge dans la mafia napolitaine. Dans les deux cas, Solima a marqué les esprits avec une mise en scène nerveuse, très réaliste, presque documentaire par moment, pour dépeindre le crime organisé. Au cinéma, juste avant ses carriodos, il réalise « Aqab » en 2012, un film coup de poing sur des flics de la brigade anti-émeute en Italie, avec déjà un regard très cru sur la violence institutionnelle. Puis « Subura » en 2015, sur les liens entre la mafia, politique et glissarum, un film sombre, violent. que Netflix a d'ailleurs adapté en série. Solima adore explorer les zones de non-droit, les dynamiques de pouvoir entre truands et les forces de l'ordre corrompues, et il le fait avec un style sec percutant. Pas d'emphase poétique à la ville neuve chez lui, c'est brutal. Quand il débarque sur Sicario 2, Solima s'inscrit dans la continuité du premier film, mais on sent aussi sa patte personnelle. Soldado est un poil plus direct et plus musclique dans son exécution. C'est un réalisateur qui ne voit pas le monde en noir et blanc, mais en une infinie gamme de gris très foncés. Ses œuvres précédentes montraient déjà que des flics et des criminels peuvent se ressembler et se renvoyer la balle en termes de violence. Si Sicario nous prend aux tripes, c'est en grande partie grâce à ses personnages et aux acteurs qui les incarnent. Les trois rôles centraux dominent le premier film. Kate Maser, Emily Blunt, Matt Graver, Josh Brolin et Alejandro Guillic, Benasso del Toro. Dans Sicario 2, le duo Matt et Alejandro reprend du service sans Kate, ce qui change un peu la dynamique. Mais reprenons depuis le début et parlons d'abord d'Emily Blunt, qui est véritablement le cœur du premier Sicario. Emily Blunt joue Kate. C'est notre point de vue, ton point de vue de spectateur projeté dans l'enfer de la guerre anti-drogue. Au début de Sicario, Kate Masur est agent du FBI, idéaliste et intègre. Dans le premier film, Emily Blunt est exceptionnelle. Elle apporte une émotion et une empathie qui équilibrent la froideur du récit. Passons maintenant à l'un des deux hommes qui entourent Kate, j'ai nommé Matt, joué par Josh Brolin. Ah, Matt Graver. Ce personnage est fascinant parce qu'il mélange à la fois une bonhomie et une redoutable efficacité. Brolin le campe comme un type étonnamment relax. pour un agent secret. T-shirt, barbe de trois jours, un sourire en coin et même des tongs lors d'une réunion en Patagone. Ce détail des tongs, j'adore. Matt est présenté comme un agent du gouvernement, CIA, Delta Force, NSA, c'est flou et c'est fait exprès, qui pilote l'opération contre le cartel. C'est lui le chef d'orchestre de la Task Force et on comprend vite qu'il a carte blanche pour agir à sa guise, quitte à flirter sévèrement avec l'illégalité. Il est intelligent, il anticipe tout, manipule tout le monde avec un petit sourire et un air malicieux. Josh Brolin est... parfait dans ce rôle de loup alpha. Et enfin parlons de l'élément le plus imprévisible de l'équation, Alejandro incarné par l'immense Benicio del Toro. Si le film s'appelle Sicario, tuer un gage en espagnol, ce n'est pas pour rien. Alejandro est le Sicario du titre. Dès qu'il apparaît à l'écran, on sent un frisson. Benicio del Toro a ce talent de tout exprimer avec un regard et trois mots murmurés. De quoi parlent ces films au fond ? Et qu'est ce qui les rend unique ? Parce que des films sur la drogue et la guerre clandestine, il y en a eu d'autres. Mais Sicario et sa suite occupent une place à part grâce à son ton et à ses thématiques. Tout d'abord, Sicario frappe par son ton extrêmement sombre et tendu. Dès la première scène du premier film, on est prévenu. On découvre des dizaines de cadavres enterrés dans des murs d'une maison de banlieue. Le message est clair, on n'est pas là pour rigoler. La violence va être frontale, choquante et omniprésente. Ce n'est pas une violence fun d'un film d'action où le héros tue les méchants avec une façon stylée et s'en sort sans une égratignure. Non, ici, chaque balle tirée, chaque décision violente a un poids moral et des conséquences. Sicario dépeint la guerre contre la drogue comme un véritable cercle infernal. Le film ne nous épargne rien. ni la cruauté des cartels, tortures, attentats, meurtres de policiers et d'innocents, ni la brutalité des méthodes américaines, séquestration, waterboarding, assassinat ciblé. C'est un miroir sombre où l'on voit que dans cette guerre, la fin justifie les moyens et est devenue la devise des deux camps. Ce qui rend le film unique, c'est justement la neutralité glaçante avec laquelle tout cela est présenté. On pourrait presque dire que Sicario a un côté documentaire effrayant qui te montre sans d'atour, voilà jusqu'où ça va. Voilà le niveau d'violence réel de ce conflit et la façon dont les valeurs morales sont mises de côté. Pendant tout le film, on ressent un malaise grandissant car on ne sait plus pour qui prendre parti. Habituellement, dans un thriller, tu t'identifies aux gentils, flics, agents. Tu te réjouis quand ils butent les méchants gangsters. Sauf que là, quand les agents de maths ouvrent le feu sur des malfrats bloqués dans des voitures au milieu de ces villes paniquées, tu es autant terrifié par les uns que par les autres. La ligne de mire traverse des familles innocentes. Tu te dis « Oh mon Dieu, qu'est-ce qu'ils font ? » Sicario te force à regarder en face la réalité. Dans ce jeu du chat et de la souris entre cartel et force de l'ordre, tout le monde est perdant en humanité. Pour moi, ce qui rend Sicario et sa suite unique, c'est cette honnêteté brutale couplée à un savoir-faire cinématographique exceptionnel. Ce sont des filles qui te tiennent en haleine avec des scènes d'action d'une tension inouïe. La plupart des trailers se contentent de te divertir. Si Cario, lui, te secoue et t'interroge. Et toi, jusqu'où tu irais pour combattre le mal ? Et si en combattant le monstre, tu devenais le monstre ? C'est courageux de la part de ses auteurs, et c'est servi par une réalisation et des acteurs au top. Si ce cocktail t'a plu, et que tu en redemandes... Je t'avais promis en introduction de te recommander d'autres oeuvres dans la même veine, alors enfile ton gilet pare-balles et suis-moi vers deux recommandations qui devraient te parler. Un film d'action vengeance incandescente des années 2000, et une série récente sur le narcotrafic mondial. Let's go. Man on Fire de Tony Scott. Pour ranger l'expérience Sicario, sous un angle un peu différent, je peux te conseiller le film Man on Fire. Si tu l'as déjà vu, tu sais pourquoi j'en parle. sinon préparant un choc émotionnel et sensoriel. Man on Fire est réalisé par Tony Scott, le frère de Ridley Scott, connu pour son style visuel flamboyant et nerveux. Top Gun, True Romance, Enemy of the State. Avec Man on Fire, Tony Scott signe l'un de ses films les plus intenses. Le pitch ? On est à Mexico, au début des années 2000, une période où les enlèvements contre les rançons font ravage dans la ville. C'est un contexte réel, il y avait énormément de kidnapping à Mexico à cette époque. John Crazy, interprété par Denzel Washington, est un ancien agent de la CIA, alcoolique, au bout du rouleau qui débarque chez son VMI Rayburn Christopher Walken. Crazy n'a plus le goût à grand chose, mais on lui propose un petit boulot, servir de garde du corps pour la fillette d'un riche industriel de Mexico. La gamine, c'est Pita, jouée par Dakota Fanning, alors toute jeune, 9-10 ans, intelligente, vive. Mais tu t'en doutes, le drame frappe. Pita se fait kidnapper par un groupe de criminels organisés, la transaction pour la rançon tourne mal. Il ne va plus vivre que pour une chose, la venger. Et quand Dazzle Washington décide de vous faire payer... ça va saigner. Casting principal, Daniel Washington est au sommet de son art dans ce film. Il incarne Crazy avec une intensité incroyable. Tu crois complètement à son désespoir puis à sa rage froide. C'est un acteur qui peut te faire passer du mec attachant au bourreau terrifiant à une scène. Et Man on Fire lui donne l'occasion d'explorer tout ça. On comprend mieux pourquoi, quelques années après, il incarnera Robert McCall, l'adaptation au cinéma de la série des années 80. Equalizer. A ses côtés, la petite Dakota Fening est bluffante de naturel. Elle a une boue d'ange et un talent fou. Le duo Denzel Dakota fonctionne à merveille. Leur alchimie fait qu'on s'attache à eux en un clin d'œil, ce qui rend l'enlèvement de Pita d'autant plus révoltant. Dans les seconds rôles, on a du lourd aussi. Christopher Walken, en Amide Crazy, un peu loufoque mais loyal. Mickey Rourke apparaît aussi en avocat louche de la famille tout en sournoiserie. Et côté mexicain, on a Giancarlo Giannini, un inspecteur intègre qui enquête, et le chanteur mexicain Marc Anthony qui joue le père de Pita. En bref, si tu cherches un film qui combine émotions et actions vengeresses et qui se déroule également en territoire hispanique à haut risque, Man on Fire devrait te combler. C'est intense, poignant, cathartique, un grand Tony Scott et un grand Denzel Washington. Allez, reprenons notre souffle et passons à la deuxième reco qui, elle, se déguste sur plusieurs heures puisqu'il s'agit d'une série télévisée. 0-0-0. C'est une mini-série d'une saison, 8 épisodes, sortie fin 2019. Une coproduction internationale diffusée chez nous sur Canal+. Elle a été créée en partie par... Stéphano Sulima, lui-même, et oui, le réalisateur de Sicario 2. La série est adaptée d'un roman de Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, et son titre 000 fait référence à la pureté de la cocaïne. 000, c'est le code pour la cocaïne la plus pure sur le marché. La série suit le parcours d'une grosse cargaison de cocaïne, depuis son point de départ jusqu'à sa destination finale, en nous faisant emprunter trois trajectoires distinctes qui finissent par s'entrecroiser. D'un côté, on a les vendeurs au Mexique, un cartel local mené par les frères Lera, et secondé par une faction corrompue de l'armée mexicaine. De l'autre, on a les acheteurs en Italie, la famille en Calabre, avec Don Minou, un parrain vieillissant qui veut ce gros lot de cocaïne pour asseoir son pouvoir face à ses rivaux. Entre deux, il y a les courtiers américains, la famille Linwood de la Nouvelle-Orléans, qui dirige une compagnie de transport maritime et sert d'intermédiaire pour acheminer la marchandise. Filet Linwood, il y a Edward, Gabriel Byrne, le patriarche, sa fille Emma, Andrea Riceborough, femme d'affaires déterminée, et son fils Chris, Dan Deanne, jeune homme fragile atteint d'une maladie neurologique, qui l'handicap, mais qui va se retrouver humilié à tout ça. Donc on a les Mexicains qui veulent vendre des tonnes de coke, les Italiens mafieux qui veulent en acheter, les Américains qui font le transport et la logistique en prenant leur pourcentage. Et évidemment, rien ne va se passer comme prévu. C'est vraiment un thriller global qui montre les multiples facettes du trafic de drogue internationale. On est à la fois avec les militaires hippos mexicains qui combattent des cartels concurrents avec des machos italiens ultra traditionnels et violents, et avec les américains qui se retrouvent pris en étouffement au milieu de tout ça en essayant de sauver leur entreprise et leur peau. 0-0-0 est clairement dans la lignée de Sicario en termes de tonalité. C'est sombre, violent, très réaliste. La série ne glamourise rien. La violence des cartels est monstrueuse, les exécutions sont crues, les règlements de comptes de mafieux sont bien sanglants et les dommages collatéraux sont nombreux. Et on rencontre cette idée que la frontière entre le bien et le mal est floue. Tu ne crois pas que c'est important de dire non à la drogue et à l'alcool ?