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SYSTEME D TERRE

#3 - Yann Lemoine propose une alternative désirable à l'achat individuel avec Les Biens en Commun 🌱

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47min |18/04/2024
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Description

Dans cet épisode, j'accueille Yann Lemoine, président de Les Biens en Commun !


Imaginez pouvoir bénéficier d'une panoplie complète d'équipements du quotidien (aspirateur, perceuse, rétroprojecteur...), durables, de qualité, facilement accessibles et cela sans avoir à se ruiner !


C'est ce que propose Les Biens en Commun avec leurs casiers connectés, équipés de ces équipements de qualité et déployés à de nombreux endroits (CROUS, Boulanger, Franprix, etc.) en France pour allier écologie et économies.


Dans cette épisode, on parle sobriété, sens au travail, modèles de société... et bien sûr de Les Biens en Commun et du parcours de Yann !


Bonne écoute !

Encore un grand merci à Yann pour avoir été mon premier invité avec cette interview enregistrée fin septembre 2023 :)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jeff

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur Système d'Ether, le podcast d'étheriens d'Ether pour agir face au changement climatique. Ici on va parler écologie, réchauffement climatique, mais aussi des solutions pour agir à son échelle et essayer d'aller au-delà des éco-gestes. Avant de commencer, n'oublie pas de t'abonner pour ne pas rater les prochains épisodes, et je t'encourage aussi à laisser des étoiles et des commentaires après l'écoute pour nous soutenir et nous aider à nous améliorer. Bonne écoute ! Bienvenue sur Système des Terres, on accueille aujourd'hui Yann Lemoyne qui va nous parler de son entreprise Les Biens en Commun. Ça intéressera certainement nombre d'entre vous puisqu'elle propose une alternative économique et écologique à l'achat de ses équipements du quotidien. Yann, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Yann

    Salut Jeff et merci pour l'invitation. C'est un honneur d'être sur ce premier épisode. J'espère que ça va donner envie. Tout le monde en écoutait bien plus. Donc Yann Lemoyne, je suis franco-anglais, 36 ans et je suis né au Niger. J'ai vécu au Niger, Burkina Faso jusqu'à mes 12 ans. J'ai un père ingénieur agronome tropical qui a fait toute sa carrière entre 1960 et 1998 dans le développement agricole dans les pays du Sud. Donc ça joue forcément beaucoup le lieu de naissance et ce père sur ma vision du monde et qui je suis. J'ai l'impression qu'il y avait une vision très critique du modèle de développement occidental. On aura le temps d'en rediscuter, mais bien sûr que ça a infusé en moi. Retour en Dordogne quand il a pris sa retraite, collège-lycée, puis ensuite j'ai fait l'agro-élimine à Paris, un passage par la Chine, et ensuite j'ai commencé à bosser pour EDF sur les questions d'eau et d'énergie, sur un beau projet international. Mais au bout de trois ans, on m'a fait comprendre que c'était atypique chez EDF comme projet, et que c'était encore plus atypique d'y mettre un jeune ingénieur sorti d'études, donc il fallait que je rentre un peu dans le... Le moule, ce que je comprends quand on se projette dans un... employer quelqu'un pendant 40 ans, je pense que ces grandes structures auraient besoin de moutons à 5 pattes, mais enfin à l'époque on n'avait pas réussi à trouver quoi faire de moi, donc j'ai quitté EDF pour rejoindre une startup sur Lyon début 2018, qui faisait du logiciel pour le développement urbain, qui a fait faillite, et puis fin 2019 je me suis lancé dans l'aventure Les Biens en Commun.

  • Jeff

    Du coup, ta prise de conscience écologique, finalement, elle a été beaucoup apportée par ton père, plus que la lecture des rapports du GIEC et un déclic où, waouh, il faut complètement changer de lifestyle.

  • Yann

    Ouais. En fait, plus qu'écologique, c'est du bon sens. Mon père, avec les nœuds en 35, il avait 10 ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a ensuite... fait son service militaire à la gare d'Algérie, et ensuite fait 40 ans dans l'EPMW de développement, donc on va dire tout ce qui était simplement sobriété, c'était la base, ça s'imposait. Donc on ne parlait pas d'écologie, c'était juste du bon sens. Et donc effectivement, depuis tout petit, on a eu le droit à éteindre la lumière, éteindre l'eau, finir son assiette, etc. Et mon père qui finissait nos assiettes, si on ne finissait pas derrière, même à passer un bout de pain quand il restait un peu de sauce. Donc forcément, ça joue. Moi, je pense que j'ai ensuite... vers la vingtaine plutôt, approcher l'enjeu via le côté social, justice sociale, égalité. La question de justice, c'est peut-être ma valeur cardinale. Quand quelque chose est injuste, ça me prend aux tripes. Et puis, en creusant tous ces sujets-là, j'en suis venu aussi à la question environnementale. Mais enfin, voilà, c'est, on va dire, depuis tout petit, avec le père tel que j'ai eu, et avec une naissance au Niger, enfance Niger-Burkina, oui. Ouais, ok.

  • Jeff

    Super, du coup tu es passé d'une startup qui n'était pas forcément orientée sur ces enjeux-là à la création des biens en commun, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de les biens en commun ? Oui,

  • Yann

    la startup 4City était un peu là-dessus, parce que si j'ai quitté Eudev c'est parce que je ne trouvais pas de sens à ce qu'ils me proposaient et la startup faisait du logiciel pour le développement urbain avec une vision prospective dans le temps donc gestion de l'eau, des déchets, de l'énergie, du transport dans 10, 20, 30, 50 ans donc il y avait quand même quelque chose en lien avec, mais comment j'en suis arrivé aux biens en commun ? Moi globalement je pense qu'il va falloir qu'on réduise la production de biens au niveau mondial, qu'on redistribue mieux ce qui est créé, évidemment qu'il ne s'agit pas de demander aux burkinabés d'être sobres, c'est à nous d'être beaucoup plus sobres pour que les burkinabés et autres puissent croître encore un peu plus. Mais donc réduire la production, en revanche aujourd'hui je pense que c'est utopique de penser qu'on peut y arriver, dans le modèle actuel, tant qu'on n'a pas changé. le système d'un point de vue économique, déjà, qui crée l'argent, qui investit l'épargne, d'un point de vue, qu'est-ce que le bonheur, qu'est-ce que la réussite, l'accumulation. Et donc voilà, aujourd'hui, je pars du principe qu'il ne faut pas être trop utopiste, il faut faire avec les règles du jeu actuel. Réduire la production, la sobriété, on oublie aujourd'hui, dans le monde d'après, quand on a changé le système, et ça c'est un programme national, politique, voire international, on pourrait y arriver, mais pour l'instant, il ne faut pas s'attendre à ce que les gens soient sobres, la majorité. Et... Il faut donc trouver, enfin si on veut embarquer les gens, il faut qu'ils aient un intérêt. Le partage, ça fait sens parce que tu permets de réduire la production tout en donnant aux gens accès à tout ce que la société de consommation produit. Mais là aussi, il ne faut pas être trop utopiste. Il ne faut pas s'attendre à ce que les gens passent au partage si c'est contraignant. Donc c'est un peu toute cette démarche qui m'a amené à réfléchir à... Partager ça fait sens mais comment est-ce qu'on donne envie de partager ? Et on pensait aux vélos en libre-service, les valides ici, les vélos Valion, qui ont bien marché puisqu'en 15 ans aujourd'hui c'est rentré dans les mœurs de louer ces vélos. Et je m'étais demandé, c'était fin 2016, quand je cherchais ma voie chez EDF, quel autre type de bien est-ce qu'on pourrait mettre à disposition via des bornes connectées à une appli ? Et j'en suis venu à penser aux équipements du quotidien. C'est un peu tout le cheminement. Demain l'idéal c'est la sobriété mais la sobriété il va falloir la préparer parce qu'aujourd'hui si tout le monde est sobre c'est le système qui s'écroule, c'est la consommation qui crée l'emploi, c'est la consommation qu'on taxe pour ensuite financer ce qui est utile, c'est aberrant, on pourrait financer tout de suite ce qui est utile plutôt que d'abord produire un micro-ondes à commande vocale et le taxer. Mais voilà, les règles sont les règles, on joue avec et si on veut réussir à embarquer une majorité et pas juste 0, 0, 0, 0, 1% des colobobos, il faut trouver des alternatives désirables sans contrainte.

  • Jeff

    Super, tu as parlé un peu de ce qui t'a amené à vouloir créer le projet. Aujourd'hui, est-ce que tu peux rappeler pour nos auditeurs comment fonctionnent les biens en commun en tant qu'utilisateur ? Comment je fais pour me céder à ces biens ?

  • Yann

    C'est vrai que qu'est-ce qu'on propose ? Comment on fait pour une alternative désirable l'achat et la propriété de ces équipements ? L'équipement du quotidien, ça va être l'électroménager, le bricolage, le jardinage, le divertissement, la cuisine, donc l'aspirateur, la perceuse, le vidéoprojecteur, l'appareil raclette, etc. Donc nous on installe des casiers connectés dans les lieux de vie, qui peuvent être les immeubles, mais aussi les entreprises, les commerces, les bâtiments publics. On y met à disposition du matériel, donc c'est nous qui l'achetons ce matériel, c'est nous qui sommes propriétaires, donc c'est nous qui l'entretenons, le réparons, le remplaçons. Et puis les utilisateurs ont une application qui leur permet de s'identifier à un site, ils peuvent accéder à tous les sites publics et puis aux sites privés auxquels ils ont accès, pour réserver pour une heure, pour trois jours, aujourd'hui ou dans trois mois, leurs équipements. Et nous on s'occupe de la gestion utilisateur, on s'occupe de tout, de A à Z. Donc c'est vraiment clé en main aussi bien pour le gestionnaire du lieu de vie que pour l'utilisateur. Et on revient à cette question de pas de contraintes, pas de contraintes, pas de contraintes. Le raisonnement un petit peu derrière, c'est avec ce système, les gens auront les mêmes avantages que la propriété. La garantie de trouver l'équipement qu'ils cherchent, l'ultra proximité, la dispo 24-24, ça dure sur 7. L'autonomie, on ne dépend pas de quelqu'un et le bon fonctionnement. Les avantages d'un service, il ne faut pas s'attendre aujourd'hui à ce que les gens s'occupent eux-mêmes d'un coup de l'appareil mutualisé. Je ne pense pas déjà pour se mettre d'accord sur la peinture du mur du rôle d'entrée. c'est la guerre, entretenir, vider, réparer l'aspirateur, on oublie. Et donc, il n'y a plus que les avantages du partage, accès à plus, mieux pour moins cher, sans les contraintes de stocker, du coup, on se débarrasse de plein de choses chez soi, on retrouve de l'espace de vie, et on n'a pas la charge mentale de l'achat, de la réparation ou de l'emplacement. Moi, ma vision, pour être très clair, je ne suis pas technophile, je pense que le monde de demain, ce sera des changements de mode de vie, et que l'idéal, demain, ce sera que les gens partagent entre eux, au sein de collectifs, qui gèrent par eux-mêmes un pool d'appareils mutualisés. Mais on revient de nouveau à ce... pragmatisme, réalisme, cynisme, qui est, aujourd'hui, il ne faut pas croire que ça peut marcher. La preuve, ça ne marche pas. Les applis de partage entre voisins ne se démocratisent pas. La location chez Leroy Merlin ou Boulanger ne se démocratise pas. Donc, c'est peut-être une première étape avant le monde de demain.

  • Jeff

    dans un monde assez individualisé où chacun finalement communique moins avec ses voisins comme ça peut être le cas je lisais encore dans un livre hier finalement on a des voisins on a des relations entre des personnes d'amour par exemple on couple 5 ans avec une personne et avoir ses voisins qui changent 3 fois dans ce laps de temps tout se fait plus vite tout est consommé plus vite et puis même si on connait ses voisins est-ce que le voisin est là au moment de son besoin est-ce qu'il veut l'embêter à 22h est-ce que donc

  • Yann

    C'est juste normal. Au-delà de la question connaître ses voisins, il y a tous les aspects très pratico-pratique. Demain aussi, si on a réduit le temps de travail, ce que je pense indispensable, on aura beaucoup plus de temps pour ce genre de choses. Et je pense qu'il va falloir ralentir, donc accepter que peut-être que l'aspirateur, on le passe dans deux heures. Mais aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Donc il faut faire avec les réalités d'aujourd'hui.

  • Jeff

    Aujourd'hui, vous avez des casiers dans lesquels ces équipements sont accessibles pour vos utilisateurs qui commencent à être déployés. Ça fait un petit moment déjà. Ça s'est passé un peu comment aujourd'hui ? Vous êtes à quel niveau de déploiement ?

  • Yann

    Ok, donc moi je me suis lancé à la faillite de la startup pour laquelle je bossais fin 2019. J'ai porté le projet seul pendant deux ans. La première installation a été faite en résidence étudiante, c'était la première cible en février 2021. L'entreprise a été créée fin 2021. J'ai un associé Thomas Kull qui m'a rejoint en tant que directeur général fin 2021. Et en 2022, on a eu des financements non dilutifs qui nous ont permis d'une part de déployer trois systèmes de plus pour consolider notre prototype et de développer notre application. Et puis... Cette année, on en a fait 6-7 de plus. Donc là, aujourd'hui, on a une dizaine de sites installés. On a sorti des résidences étudiantes. On est aussi là dans un magasin boulanger, dans un campus université-entreprise, dans une entreprise en Alsace demain, lundi. Et puis, on a bougé de Lyon puisqu'on est aussi maintenant à Grenoble, en Ile-de-France et en Alsace. Donc, voilà un peu où on en est. On est aujourd'hui 6-7. dans la boîte, on lève des sous pour continuer à recruter du monde. Et ce qui est super, très chouette, c'est qu'on voit un message. on en discutera peut-être que les gens ont envie de trouver du boulot à sens, donc c'est assez facile d'attirer des profils, et puis notre chance, et là aussi on pourra en rediscuter, c'est qu'on est capable, puisqu'il y a un modèle économique rentable, puisqu'on a levé, de proposer des salaires qui sont corrects, décents, et qui permettent aux gens de ne pas avoir à choisir entre sens et stabilité personnelle. Ça, c'est un vrai enjeu de nos sociétés.

  • Jeff

    C'est vrai que je côtoie pas mal de monde qui... ont envie de retrouver du sens dans leur travail, ils ont toujours un peu peur de devoir sacrifier forcément le salaire et de se dire que c'est forcément du bénévolat ou que ça sera forcément au SMIC après 5 ans d'études et 5 ans d'expérience, par exemple.

  • Yann

    Tout à fait. Aujourd'hui, le sens, c'est s'impliquer dans des projets qui ne sont pas rentables ou moins rentables que les activités mainstream. Parce que le modèle a été fait pour financer ce qui est rentable et pas ce qui est utile. Donc c'est CQFD, il n'y a pas de surprise à ça. Moi ce qui me surprend plus aujourd'hui, c'est que des gens soient surpris qu'on n'aille pas plus vite. Mais on ne peut pas aller plus vite avec le système actuel qui a été mis en place pour produire beaucoup pas cher. Il le fait superbement bien. Et aujourd'hui on lui demande de produire moins et mieux. Il ne sait pas faire. Donc ce n'est pas surprenant qu'on fasse des petits pas comme a dit Nicolas Hulot il y a quelques temps.

  • Jeff

    On part de loin. On part de loin malheureusement. le temps manque pour s'adapter.

  • Yann

    Je pense que ça peut aller vite, mais c'est un programme politique de non-vergure nationale ou internationale. C'est des règles, des conventions, comme a dit Aurélien Barraud, notamment financières, sur qui crée l'argent et qui investit l'épargne. Bon, ce n'est pas le sujet, mais on va en parler deux heures.

  • Jeff

    C'est intéressant. Aujourd'hui, vous avez ces équipements. Comment ça se passe ? Vous récupérez des équipements ? Comment vous vous fournissez ?

  • Yann

    Aujourd'hui, on a des partenaires. C'est Seb, le Roi Merlin, Boulanger. On discute avec Decathlon, avec Steele, avec Bosch. La logique au début, c'était de nouveau une logique de pragmatisme. Je ne veux pas équiper 10 immeubles. Ça ne sert à rien. Enfin, c'est mignon. Mais l'objectif, c'est d'en équiper des milliers, des dizaines de milliers dans les années à venir. Et pour ça, il faut travailler avec des fournisseurs qui ont l'air insolides et qui peuvent fournir des milliers d'équipements. Donc, effectivement, je me suis posé la question de mettre de l'équipement en seconde vie, récupérer dans une conciergerie, une recyclerie. Mais... ils n'en avaient pas déjà, et puis ensuite moi qui veux des dizaines, des centaines, des milliers d'équipements, ce n'était pas possible. Donc, travailler avec ces gros acteurs qui ont les moyens, qui peuvent aussi donner de la crédibilité, très important, de la visibilité, et qui ont les moyens de te fournir massivement, et moi ce que j'espère, c'est demain avec eux, au-delà de pouvoir choisir des équipements qu'ils produisent et qui sont éco-conçus, c'est de carrément concevoir avec eux une gamme. d'équipements spécifiques par exemple comme le Vélib de nouveau c'est des vélos qui ont été testés pour le portage et demain j'aimerais bien avoir l'aspirateur les biens en commun,

  • Jeff

    Biceb par exemple complètement et du coup les équipements que vous choisissez c'est difficilement compatible avec de l'obsolescence programmée des produits qui vont s'user en un an ou deux ans c'est du durable nous on est obligé de mettre du matériel de qualité pourquoi ?

  • Yann

    pour donner envie aux gens de passer au partage si on se contentait de mettre un aspirateur à 30 euros les gens n'ont aucun intérêt je l'achète là si c'est un aspirateur 200 balles bon bah après je suis d'un point de vue robustesse effectivement nous il faut des appareils robustes réparables parce que sinon il n'y a pas de modèle économique si on doit le remplacer tous les tous les tous les six mois donc clairement il ya il ya travaillé sur ça pour l'instant on se base vraiment beaucoup sur sur cebe et ses personnes partenaires parce que c'est eux qui ont la connaissance produit peut-être que c'est une compétence qu'il faudra qu'on a quand même un jour l'autre mais enfin Tellement d'équipements ! Donc je suis plutôt dans une logique de faire confiance à ce partenariat. Et puis à terme, comme j'ai dit, ce que j'adorerais c'est éco-concevoir une gamme spécifique d'équipements.

  • Jeff

    Tu disais que vous avez commencé par équiper des résidences plutôt CRUS. Là, vous allez vous équiper, j'ai vu Boulanger à Lyon, et vous allez continuer comme ça de vous déployer en France, où le programme, la roadmap très macro idéale en 2025, par exemple, 2024, c'est toujours France, c'est de l'international.

  • Yann

    La vision c'est que demain, dans 5, 10, 15 ans, dans ton quartier tu aies une offre de location pour tout type d'équipement. Mais en fonction du type d'équipement, ça ne sera pas forcément au même endroit. Donc tu aurais des casiers dans ton immeuble pour les équipements du quotidien de la semaine du mois, là où tu en as besoin maintenant. Et peut-être que pour les équipements dont tu utilises une fois tous les 6 mois ou tous les ans, tu peux anticiper, tu peux réserver. Ça sera dans ton entreprise, dans ton bureau de poste, dans ta bibliothèque, dans ton commerce. Mais que finalement... on quadrille un territoire et que tu aies une possibilité de location désirable pour tous tes équipements. Donc ça, c'est ce que je vois en termes de cibles. Donc le marché est énorme, évidemment. Ça, c'est au niveau d'un territoire. Et ensuite, clairement, l'objectif, c'est que ça SM le plus vite possible sur d'autres territoires. Donc on a commencé. les biens en commun, mais ma vision c'est que pour que ça aille vite et fort, il faudrait créer des structures locales, si possible de type coopératif qui implique les parties prenantes du territoire, cette structure locale qui déploie, opère et une structure mère. potentiellement nous, qui met à disposition le logiciel, la marque, les contrats gros fournisseurs. Mais pour aller vite et fort, je pense que c'est essentiel que ce soit du local et du multi-partenariat. Ça, ça ne dépend pas que de nous, malheureusement. Il faut réussir à impliquer des parties prenantes. Donc, soit l'initiative se développe portée par une entreprise de l'économie sociale solidaire, c'est nous, et on va réussir à avancer, mais on va faire aller 2000 déploiements en 5 ans, ce qui est déjà une belle ambition. Les 2000 déploiements, l'impact sera marginal. Soit on arrive... près de 10, 15, 20, 30, 50 structures locales qui déploient en même temps que nous. Et donc, dans 5, 6, 7, 8 ans, on n'a pas 2 000 déploiements, on en a 50 ou 100 000. Sur la question de l'international, il y a d'autres structures, des startups qui se sont lancées dans d'autres pays, en Europe, aux États-Unis. Et pour moi, ma vision, c'est que, je ne suis pas pour les multinationales, je pense qu'il faut, je suis pour l'entreprise privée, mais je pense qu'il faut une entreprise privée à l'échelle locale qui soit intégrée dans son territoire. où les responsables, ceux qui prennent les décisions, sont confrontés aux conséquences de leurs décisions. C'est un des problèmes des multinationales, c'est qu'ils sont dans le tour d'ivoire, ils voient des chiffres et ils ne voient pas les impacts. Donc bon, bref, les biens en Corée n'ont pas vocation à être le déployeur national, puisque je veux mes structures locales, et je pense encore moins être un déployeur international. Maintenant, s'il y a des structures, et là c'est le cas en Belgique, une collectivité qui nous sollicite parce qu'ils veulent déployer le service, on peut faire une licence d'exploitation et évidemment partager ce qu'on sait, et trouver un modèle économique pour que tout le monde s'y retrouve. mais plutôt dans une logique où si dans des pays il y a des structures qui proposent et qui développent la même chose, ce qui est le cas dans plusieurs pays, on essaie de collaborer on essaie de mettre en place un réseau européen en ce moment justement avec ces acteurs, et s'il n'y a pas un acteur qui existe, le faire émerger éventuellement pour toujours cette logique d'une structure locale multipartonale qui déploie et opère tout en ayant l'impact de masse ça ira plus vite comme ça le vélo en libre service, pourquoi est-ce qu'en 10-15 ans c'est devenu mondial ? c'est parce que tu as un fournisseur quelques fournisseurs de technologie, Smooth, etc., JCDECO, qui proposent la techno, mais ensuite, c'est des structures locales, en général des filiales privées, de ce que je comprends, enfin, qui déploient. Et c'est incroyable quand on y pense, le vélo en libre-service, au début des années 2000, le partage de vélo, c'était insignifiant, comme aujourd'hui le partage d'équipement, 15 ans plus tard, c'est rentré complètement dans l'univers. Et j'espère que ça sera la même chose avec les biens en commun, que en 2050, ça paraît tout à fait naturel de descendre de deux étages et de récupérer son ASPI. éco-conçu et super efficace. Ça serait beau. On verra. Ça serait beau.

  • Jeff

    Tu disais donc aujourd'hui que tu as levé déjà des fonds. Tu fais partie de la scène d'éco-entrepreneur ou entrepreneur à impact français. Tu penses quoi un peu de cette scène ? Est-ce que tu as pu rencontrer d'autres startups inspirantes ? Est-ce que tu sens qu'il y a une sorte d'accélération peut-être sur ces sujets-là ?

  • Yann

    Oui, donc ça fait 4 ans bientôt, beaucoup dans le milieu de l'ESS lyonnais, donc l'économie social et solidaire. De moins en moins maintenant, pourquoi ? Parce qu'on revient à cette question de modèle économique en place. Les acteurs de l'UGSS, les acteurs qui s'attaquent à des sujets que le marché n'attaque pas, et qui sont du coup moins rentables, voire pas rentables, et qui dépendent de subventions, ou qui ont du mal à grossir. c'est un vrai enjeu et donc aujourd'hui moi je suis plutôt dans des réseaux d'entrepreneurs un peu plus on va dire classiques et c'est très intéressant de comparer d'ailleurs ce que les entrepreneurs de Ronalpia à Lyon pouvaient faire d'utile mais qui va malheureusement dans le système actuel jamais scaler et vivote avec ce que mes collègues entrepreneurs du réseau Entreprendre peuvent faire aujourd'hui où l'utilité est très souvent discutable mais voilà et on revient aux limites fondamentales posées par ce système qui fait que tant qu'on n'a pas changé de modèle économique de mentalité, de qu'est-ce que la réussite, de récits désirables, mais avant tout de modèle économique. Je ne pense pas qu'il faut s'attendre à un développement massif de l'impact dans les années à venir. Je pense qu'aujourd'hui, si on pouvait le faire, on l'aurait fait. Je ne crois pas que les directeurs de boîtes actuelles ou les directrices, les investisseurs, soient des personnes fondamentalement mauvaises qui ne veulent pas faire de l'impact. S'ils, elles, le pouvaient, elles le feraient. Mais il y a des réalités, ce n'est pas des réalités, des conventions économiques qui font que... Et il ne faut pas juger, moi je ne suis pas dans le jugement, je juge le système que je juge obsolète, mais chacun des acteurs, que ce soit individu, entreprise, association, même politique locale et même politique nationale, joue avec ces règles du jeu, et c'est ces règles du jeu qu'il faut changer. Donc pour répondre à la question, en 4 ans j'ai passé de recul pour voir s'il y a une vraie évolution, certains qui regardent ça depuis 20 ans vont noter une évolution qui vient petit à petit, mais c'est beaucoup trop lent, et moi ce que je pense c'est que ça ne pourra jamais devenir mainstream. dans les temps qui nous sont appartis, sans changement là-haut. On n'a pas la main là-dessus, sauf par notre vote, il faut faire avec les règles du jeu actuel.

  • Jeff

    C'est assez étonnant, en plus, quand les rapports du GIEC nous disent qu'on a plus, même économiquement, financièrement, on a plus à y gagner, à faire une transition, que d'attendre que ça se passe et de subir l'impact.

  • Yann

    Je suis un peu dubitatif, mais bien sûr qu'une certaine approche de l'écologie... c'est d'essayer de faire croire que c'est compatible avec le modèle actuel. Moi, je ne pense pas que ce soit compatible avec le modèle actuel. Je ne pense pas qu'un modèle qui finance et dont la stabilité repose sur le produire beaucoup pas cher, peut être compatible avec ce qu'il faut faire, c'est produire mieux d'un point de vue oriental et social, donc moins rentable, et produire moins. Produire moins, ça veut dire, effectivement, comme Macron l'a dit récemment, on ne peut pas faire de décroissance, parce que si on décroît, comment est-ce qu'on finance les retraites, la sécu, etc. Dans le système actuel, il est tout à fait raison. Il faut peut-être réfléchir à ce qu'on ne peut pas trouver un modèle. où on finance directement la sécu, les retraites, sans passer par d'abord produire un micro-ondes à commande vocale.

  • Jeff

    Après, il y a peut-être de l'argent à aller chercher aussi sur des... On sait qu'aujourd'hui, ce n'est pas tellement les fraudes au RSA qui coûtent à la France, c'est plutôt l'évasion fiscale.

  • Yann

    Oui, mais chaque pays est en compétition pour attirer le capital privé dont il a besoin pour financer son économie, créer de l'emploi. On ne peut pas, aujourd'hui, taxer les ultra-riches. Si tu le fais, ils partent ailleurs.

  • Jeff

    C'est le troisième pays où il y a le plus de riches.

  • Yann

    Oui, bien sûr. Je pense vraiment que si, par exemple, quand le PS a été au pouvoir, ils ne l'ont pas fait, ils... Il y a des raisons très pragmatiques et à leur place j'imagine que j'aurais fait pareil, c'est pour ça qu'il faut changer les règles. Il ne faut plus en fait, et puis là je vais m'arrêter là sinon on risque de diverger, il ne faut plus que l'intérêt général et financer ce qui est utile dépendent d'intérêts privés. Et aujourd'hui c'est ça, on a besoin d'intérêts privés pour créer de la production, pour ensuite taxer et financer ce qui est utile, l'infirmière, le prof, le policier, le social, l'environnement. Alors qu'on saurait très bien faire tout ce que je viens de citer. On sait le faire, on a les connaissances, on a les compétences, on a les outils, les technologies, on a les ressources naturelles pour faire vivre 10 milliards d'êtres humains sur cette planète, mais on ne le fait pas. Pourquoi ? Parce qu'il faut d'abord passer par la case production consommation pour produire des trucs de plus en plus superflus pour ensuite financer ce qui est utile. Il faut bifurquer vers on ne passe pas par cette case production consommation pour financer ce qui est utile. Mais ça, c'est de la politique nationale, internationale et voilà. Est-ce qu'on va le changer avant de prendre le mur ? Je l'espère, oui.

  • Jeff

    Top. On va passer par une petite partie quiz. J'ai sélectionné deux, trois questions. en lien avec le domaine dans lequel tu travailles, il y en a un, je pense que tu auras peut-être déjà la réponse, parce que j'ai déjà vu des vidéos où tu ne parlais pas de cet objet-là, mais en gros, c'est sur la durée de vie des objets, en fait, c'est un des intérêts de l'IBIEN en commun, c'est qu'il y a peut-être des objets où la durée de vie d'utilisation va être légère, et ça n'a peut-être pas forcément l'intérêt de se l'acheter pour l'utiliser une fois par an. Donc, selon une étude de l'ADEME, on a calculé la durée moyenne d'utilisation d'une perceuse. Et donc, d'après toi, est-ce qu'il s'agit de 100 heures, de 10 heures, d'une heure ou de 10 minutes sur toute sa durée de vie d'utilisation d'une perceuse ?

  • Yann

    Je connais la réponse puisque c'est sur le site Internet. C'est une dizaine de minutes, selon l'ADN, effectivement.

  • Jeff

    C'est assez fou, oui. Ils ont montré ça en 2018, donc on pense à tous ceux qui ont une perceuse chez eux qui vont l'utiliser 10 minutes.

  • Yann

    Moi, en premier lieu.

  • Jeff

    C'est ça. Top. Il y a un gros enjeu aussi sur, moi je trouve intéressant le fait que les biens en commun se déploient dans les crousses, parce que c'est vraiment une population d'utilisateurs qui ont un pouvoir d'achat vraiment moindre par rapport au reste de la population. Récemment, il y a une étude qui montrait que des étudiants sautaient des repas, parfois pour des raisons financières. Selon toi, est-ce qu'on est plutôt de l'ordre de 5%, de 25% d'étudiants qui sautent un repas pour raison financière ? Plutôt. près de la moitié, 50%, voire plus de la moitié, 75%.

  • Yann

    Dans ce genre de crise, il faut taper au milieu à peu près, je ne sais pas, entre 25 et 50 ?

  • Jeff

    Oui, c'est ça. Il y a eu COP1, Linky, donc deux associations, et IFOP, et aussi une étude de BFM sur le sujet, où effectivement, ils sont plus proches des 50 que des 25. Il y a eu des chiffres autour de 43 de mémoire et de 54, je crois. Mais on est effectivement dans cette zone-là. D'où l'intérêt, si ces étudiants-là n'ont plus besoin demain d'aller acheter un aspirateur, d'aller acheter des appareils électroménagers, un four, etc.

  • Yann

    Enfin, ça doit être le progrès que 50% des étudiants doivent s'offrir. Certaines visions de ce qu'est le progrès.

  • Jeff

    C'est ça.

  • Yann

    Non, c'est ouf, mais bon, bref. On revient, qu'est-ce qu'on doit faire de financer en termes de société ? Est-ce qu'on finance ? des drones volants, des microns d'accommande vocaux, un 14ème iPhone 30 paires de jeans ou est-ce qu'on finance le fait que tout le monde ait à manger pour l'instant on semble avoir fait un choix,

  • Jeff

    c'est étonnant comme choix mais espérons que ça change tu parlais tout à l'heure du sens au travail et ça sera ma dernière question il y a une étude qui est passée cette année 2023 qui a été faite et qui montrait que les salariés envisagent de quitter leur emploi pour des raisons de retrouver du sens au travail. Sur justement cet aspect-là, combien d'après toi de salariés envisagent de quitter leur emploi dans les deux ans pour un travail qui a plus de sens ? Est-ce qu'on est aux alentours de moins de 10% ? Est-ce qu'on est au-delà de 50% ? Est-ce qu'on est...

  • Yann

    Ouais, je pense quand même qu'il y a de plus en plus de gens qui sont conscients de la situation. Il y a de plus en plus de gens qui sont insatisfaits du mode de vie qu'on leur propose, c'est-à-dire soyez heureux en consommant Je dirais une moitié.

  • Jeff

    Ouais, pas loin. C'est 40%, c'est la session Progeissance, qui a réalisé une étude en 2023 qui indique qu'on est autour de 40%.

  • Yann

    Mais c'est un vrai sujet, ça, et même au niveau de la société. C'est-à-dire que tant que tu avais 5, 10, 15% de gens qui étaient conscients et qui voulaient un job à sens, ça n'a rien. on arrivait à les caser. Alors souvent, on leur demandait un sacrifice d'un point de vue salaire ou précarité de l'emploi, mais demain, si on a 40, 50, 60% des gens qui sont conscients de l'enjeu social, environnemental et qui veulent un job à sens et que le système n'évolue pas pour leur permettre et donc que ces personnes, on leur demande de choisir entre, je caricature un petit peu, mais c'est quand même une réalité, entre sens et galérer ou entre pas de sens et être confortable, il va y avoir... Aujourd'hui, il y a de la dissonance cognitive au niveau de l'individu, je pense qu'il peut y avoir de la dissonance cognitive au niveau de la société, et ça va pas être beau à voir. Et c'est triste, en fait, parce que là aussi... le président qui parlait de libérer les énergies en 2017, il y a tellement d'énergie justement à libérer pour faire ce qui est utile, il y a l'envie,

  • Jeff

    il faut juste...

  • Yann

    On revient à ce qu'on finance, point barre. Pour moi, c'est vraiment... Aujourd'hui, tant qu'on n'a pas parlé de qui crée l'argent, qui investit l'épargne, qu'est-ce qu'on finance ? Tout le reste, c'est du blabla. Toutes les questions de production, production mieux, de gouvernance, de règles, de droits, même de futur désirable, tout ça c'est bien beau, il faut en parler, il faut y réfléchir, on est en train d'y réfléchir, mais tant qu'on n'a pas parlé de la question de qu'est-ce qu'on décide de financer, on ne fait rien sans financement. Et donc oui, c'est en ça que je dis, avec les biens en commun, ce qui est chouette, c'est qu'on arrive à attirer des profils expérimentés qui ont des compétences, qui acceptent en général une petite réduction de salaire sur ce qu'ils auraient pu avoir, mais où ça reste quand même... cohérent et... Très Voilà, très raisonnable, parce qu'autrement, effectivement, aujourd'hui, la société est juste sur le fait qu'il y ait des personnes, beaucoup, beaucoup, beaucoup, des personnes qui ont des convictions et qui sont prêtes, entre guillemets, à se sacrifier pour... C'est pas nouveau, les infirmières, les institutions sociales, les stats, souvent des femmes, d'ailleurs. Mais au bout d'un moment, on finit par être usés, quoi. Ouais.

  • Jeff

    Il faut arriver à vivre avec l'inflation en parallèle.

  • Yann

    Juste, c'est ça. Et se dire, non,

  • Jeff

    mais je vais refuser ce poste dans les énergies fossiles.

  • Yann

    Mais si tu joues juste sur le fait qu'il y a une partie de la population qui a de belles valeurs et que tu uses petit à petit, là aussi, ce n'est pas spécialement glorieux d'un point de vue vision de la société.

  • Jeff

    Top ! On arrive dans la dernière partie de cette interview. Je voulais savoir si récemment, si tu as pu lire des choses, voir des documentaires, peut-être des films ou des interviews qui t'ont marqué. Ça peut être sur les sujets d'écologie, de post-croissance,

  • Yann

    transition ou pas du tout. Je lis beaucoup, je regarde beaucoup de documentaires. Je disais avant l'interview que je pourrais en trouver une en particulier. Je ne lis pas particulièrement sur l'écologie en sens strict ou post-croissance. Je m'intéresse plutôt à géopolitique, société, économie, parce que je pense que je ne crois pas d'écologie sans imbriquer dans tout ça. Je l'avais lu il y a trois ans, j'avais fait un résumé à la main et que j'ai retapé sur Word récemment. J'ai redécouvert un Sapiens, une brève histoire de l'humanité, qui est génial. principalement parce que ça permet de prendre conscience du fait que ce qu'on vit depuis 30-40 ans c'est une bulle dans l'histoire humaine que c'est lié à beaucoup de hasards et surtout l'énergie et surtout qu'à travers l'histoire humaine on a inventé différentes

  • Jeff

    formes de sociétés, différents systèmes socio-économiques, et qu'aujourd'hui on va nous faire croire qu'il y a une alternative. Ben non, c'est du bullshit. On a toujours évolué, on a toujours changé. Le modèle qui est en place depuis globalement 40 ans, et le tournant néolibéral des années 80 avec Thatcher, Reagan, Friedman et les génomes éthérans, il n'est pas ancré dans le marbre, il peut être changé. Je pense que bouquins comme Sapiens, qui permettent de prendre du recul sur l'ensemble de l'histoire de l'humanité, ça permet un peu de réfléchir autrement. Aujourd'hui, il faut sortir du cadre, il faut vraiment sortir du cadre. On a mis en place un cadre qui fonctionne pour produire beaucoup pas cher, je reviens à ça. Aujourd'hui, il faut en sortir pour réfléchir à comment est-ce qu'on est stable, comment est-ce qu'on donne une rémunération aux gens, comment est-ce qu'on finance ce qui est utile en produisant moins et mieux. Je pense que de lire des bouquins comme ça, qui permettent de prendre conscience de l'échelle de temps et du fait qu'on est... c'est rien, c'est une seconde sur l'histoire de l'humanité, on peut se réinventer. Et la deuxième chose à laquelle je pense là spontanément, parce que je pense que... beaucoup, la transition passera par un regain d'empathie, comprendre l'autre, se mettre à la place de l'autre, ne pas être présomptueux, c'est-à-dire de se dire qu'à la place de l'autre, on ferait pareil. Moi, à la place du PDG de Total, je ferais probablement la même chose que ce que fait le PDG de Total. À la place d'un jeune en banlieue, je ferais la même chose. À la place de ta place, je ferais la même chose. Je n'ai pas la présomption de penser que je ferais mieux que ça. Et ça, ça passe par le fait de se dire... le hasard de la vie, je suis très déterministe, et puis l'empathie, essayer de se mettre à la place de l'autre et se dire, l'autre s'il fait ça, c'est bien qu'il a une raison. Et je pense clairement que si on veut éviter sacrée crise dans les années à venir, il va falloir regagner de l'empathie. On revient à changer de système et pas valoriser la compétition, pas valoriser l'accumulation de biens privés, parce que c'est ça qu'on valorise aujourd'hui. J'ai une phrase que j'aime bien citer qui est Si dans un groupe de singes, il y a un singe qui accumule bien bien bien plus que ce dont il a besoin pour vivre et que les autres galèrent, les scientifiques humains, c'est-à-dire nous en plus, on regarderait le singe en disant mais qu'est-ce qui ne va pas avec lui ? Et bien chez l'humain, on va mettre cette personne à la une de Forbes. Voilà, c'est complètement ça. Je pense juste à ça parce que j'ai vu un... Il y a une série de reportages sur Arte récemment sur la police où ils interviewaient 7 policiers et c'est très intéressant de se mettre à la place des policiers qui ont certaines proportions de la population qui partagent mes idées et dont je partage les idées, pour être très critique, se mettre à la place d'un policier pour comprendre pourquoi il ou elle avait agi de cette manière-là et se dire qu'à la place de ce policier ou de cette policière, on ferait pareil. Et idem, à la place d'un manifestant, on ferait la même chose. Ouais, réussir à être humble par rapport à ça et pas se penser meilleur que les autres.

  • Yann

    Ouais, tout à fait. Ce que tu me dis m'a fait penser à plusieurs choses. Une phrase qui tourne beaucoup dans les milieux écolos, c'est que les gens ont souvent tendance à... a plus facilement imaginé la fin du monde que la fin du capitalisme, tellement on est ancré dans ce système-là, et souvent la réponse c'est de dire tu veux quoi le communisme ? Comme s'il n'y avait que deux modes qui existent, et qu'il n'y a pas une infinité de solutions intermédiaires qu'on peut trouver.

  • Jeff

    Évidemment. De toute façon, aujourd'hui, ce n'est même pas vraiment un choix. D'un côté, il y a des limites, qui sont des conventions, des règles que l'humanité s'est fixées il y a 40 ans, et de l'autre, il y a des limites physiques. On ne peut pas changer les limites physiques.

  • Yann

    Complètement.

  • Jeff

    c'est pas une opinion c'est les faits donc on n'a pas le choix et toutes les personnes aussi qui je sais pas si elles y croient vraiment mais le technosolutionnisme ça fait pas sens parce qu'aujourd'hui quand on regarde dans les faits c'est les pays qui sont les plus avancés technologiquement qui ont le plus d'impact point barre, il n'y a même pas besoin de rentrer dans des détails les pays qui défoncent la planète qui ont le plus d'impact c'est nous, les Etats-Unis la péninsule arabique, et puis Chine, et voilà. Et pourquoi ? Tout ça, c'est très simple, parce que la technologie, c'est comme l'éducation, c'est comme la communication, c'est comme la recherche, c'est comme l'innovation, c'est au service d'un système. C'est pas l'objectif en soi, c'est un outil au service d'un système. Tant que le système est là pour produire beaucoup pas cher, la technologie qu'on développera et qu'on mettra en application produira beaucoup pas cher. Donc c'est pas être anti-technologique pour la technologie. La technologie, c'est un outil au service de quoi tu le mets, quoi. Oui,

  • Yann

    puis technosciences.

  • Jeff

    ils font le pari que la techno sauvera tout si le pari est perdu alors qu'il y avait d'autres façons d'appuyer c'est vrai que c'est un deuxième sujet très important quand on débat avec un techno solutionniste c'est dire premièrement on regarde bon ça marche absolument pas, les pays les plus technologiques sont les plus impactants et c'est normal tout ce que je viens de dire, mais en plus de ça ok très bien je veux bien croire que la technologie nous sauvera mais tant qu'on n'a pas trouvé la technologie on va faire attention, on va être sobre et puis dans 30 ans quand on aura inventé un avion propre, on reprendra les avions Si on considère que c'est toujours utile, on peut en consulter. Mais tant qu'on n'a pas l'avion propre...

  • Yann

    Il est propre à terre.

  • Jeff

    C'est ça. Et aujourd'hui, le raisonnement, là aussi une image, c'est comme si on demandait à un alcoolique ou à un fumeur de continuer à boire ou à fumer. parce que t'inquiète on va trouver une solution dans 10-20 ans et c'est encore pire c'est continuer à boire ou à fumer parce que on taxe ça et ça ça permet de financer ensuite tes soins tu vois c'est vraiment ça aujourd'hui il faut qu'on croisse donc il faut que les avions continuent à voler pour qu'on taxe ça pour financer ensuite la R&D quoi la

  • Yann

    pluraliste énergie fossile qui va dire moi je fais que répondre à une demande j'y peux rien ben encore une fois là aussi de manière très pragmatique si aujourd'hui

  • Jeff

    les totales, etc. arrêtées de forer, ce serait le bordel. On a besoin de cette énergie fossile. Oui,

  • Yann

    il faut s'adapter d'abord.

  • Jeff

    On revient à ça.

  • Yann

    On arrive quand même à un piste pétrolier.

  • Jeff

    De toute façon, on n'aura pas le choix. Mais vraiment, aujourd'hui, c'est comme quand je dis la sobriété. Si demain, 50% des gens sont sobres, comme moi. Je ne suis pas super sobre, mais déjà, je pense que c'est le chaos. Parce que c'est la consommation qui crée l'emploi, c'est la consommation qui permet d'être... On revient à tout ça. Donc ce système-là actuel ne peut pas être stable, ne peut pas financer la sobriété, et ne peut pas être stable si les gens sont sobres. C'est pour ça qu'il faut en changer. top et ça peut être super moi si c'était un beau projet un beau projet politique là tu libères les énergies tu crées à tous les niveaux des collectifs pour réfléchir moi je pense qu'il y a quatre grands enjeux auquel réfléchir je parlais de l'argent oui le récit ce qui est désirable la gouvernance publique mais privée aussi et enfin la production comment on produit ce qui est nécessaire la logistique etc là tu peux vraiment créer un super projet national tu fédères les énergies tu donnes envie nationale ou européenne ou internationale mais bon c'est c'est un C'est probablement trop complexe à mettre en place pour nos dirigeants actuels, je ne sais pas.

  • Yann

    C'est un peu difficile pour eux de prendre des décisions.

  • Jeff

    C'est plus simple de se dire que la technologie résoudra tout, effectivement. Parce que considérer que la technologie ne résoudra pas tout, ça ouvre un tel saut dans l'inconnu en termes de tout. Oui, c'est bien plus rassurant de se dire, c'est bon, je suis là que pour cinq ans.

  • Yann

    C'est sûr, c'est le problème, ils sont engagés sur des enjeux court terme, alors que c'est du très long terme.

  • Jeff

    La politique aujourd'hui, c'est... Parce que dans les années 80, on a enlevé à la puissance publique le pouvoir de création monétaire et d'investissement de l'épargne privée, on l'a donné au marché, idéologie, mais qui était compréhensible, puisqu'on voulait produire beaucoup pas cher, qui mieux qu'un acteur privé peut produire beaucoup pas cher ? Plus tu produis, moins c'est cher, plus c'est rentable. Donc c'était une très bonne idée. Du coup, on a enlevé au pouvoir politique le pouvoir. Parce qu'on revient à ça, le pouvoir, c'est décider qu'est-ce qu'on fait, et qu'est-ce qu'on fait, ça dépend de qu'est-ce qu'on finance. Et donc, en leur enlevant le pouvoir, Je pense qu'on a fait des politiques juste des communicants, à qui faire le buzz, à qui va... Et aujourd'hui, les politiques, c'est plus des hommes ou des femmes d'État, comme ça pouvait être après-guerre, pendant les Tendances Glorieuses, où il y avait des gens qui avaient une vision de long terme, d'intérêt général. Et voilà, est-ce que c'est simplement parce que ces personnes-là avaient subi le mur, la Seconde Guerre mondiale, et donc qu'il faut attendre de prendre le mur pour qu'il y ait un sursaut et qu'il y ait des hommes et des femmes... politique, tu vois. J'aimerais bien qu'on évite d'arriver à ça, parce que ça sera, je pense, autrement plus dramatique. Déjà, la Seconde Guerre mondiale a été dramatique, mais qu'aujourd'hui, les armes qu'on a... Enfin, bref. Ça serait bien qu'on arrive à avoir ce sursaut politique avant de choper le mur.

  • Yann

    C'est ça. Est-ce que t'as comme ça un... Si tu devais donner un humain qui t'inspire, éco-entrepreneur ou auteur ou...

  • Jeff

    Je... pas vraiment qui m'inspirent je suis pas je suis pas dans le culte de la personnalité l'admiration et je pense que encore une fois quand on est déterministe on se dit que chacun fait ce qu'il faut nous l'aurons le faire ça et voilà moi c'est ça je suis absolument pas fier de ce que je fais parce que je considère que ce que je fais c'est juste normal vu la chance que j'ai eu tout ça donc par contre ensuite oui on va dire les toutes les personnes qui vont s'engager pour l'intérêt général au détriment de leur vie perso familiale et c'est là je dis moi au moins Je ne l'ai pas fait et j'espère ne pas avoir à le faire. Garder le bon équilibre parce que je pense que c'est injuste autrement. Mais toutes les personnes, et il y en a beaucoup du coup, des millions de gens. Oui, là, je suis admiratif. Et donc, si on doit donner de grands noms, souvent, moi, je te parle de, bien sûr, historiquement, Gandhi, Mandela, Luther King. Bon, ça implique aussi derrière et ça, c'est très intéressant. Les proches, la famille, l'épouse, l'époux soutiennent. Le sacrifice qu'on demande à toute une communauté. Mais oui, j'ai de l'admiration pour les gens qui font passer leur conviction et l'intérêt général presque avant elle. Elles ne devraient pas avoir à le faire, mais je pense que c'est...

  • Yann

    Personne ne le prend, c'est trop important, il faut qu'elle le fasse.

  • Jeff

    À tous les niveaux, encore une fois, bien sûr, on sait toujours les grands noms, les grands personnages. Mais non, à tous les échelles, heureusement qu'il y a des personnes qui luttent.

  • Yann

    Comment est-ce qu'on peut aider à notre échelle les biens en commun, ceux qui nous écoutent, pour aider à déployer, je ne sais pas ? Est-ce que tu as des pistes ?

  • Jeff

    Là, effectivement, on a toutes les brides qu'il faut pour accélérer. On a l'application qui tourne, on a les retours positifs du terrain. C'est vrai qu'on n'en a pas parlé, mais on approche des 2000 locations. Et pour l'instant il n'y a pas eu un vol, il n'y a pas eu une dégradation, les gens sont très respectueux. Ça c'est génial. Et voilà, on revient dans cette question de ne pas être dans la défiance généralisée, de faire confiance. Moi quand j'ai une fiancée à 4 ans, on m'a dit c'est une top idée mais elle va en Suède ou en Allemagne parce qu'en France on va tout casser. Voilà, on se bride aussi en ne faisant pas confiance à l'autre. Ça va arriver. Je ne suis pas naïf complètement, mais l'effet, pour l'instant, c'est que les gens sont respectueux. On est dedans, ça joue, il y a une barrière physique, la porte, une barrière physique, les casiers. On partage avec un collectif d'habitants que nous, on va essayer d'impliquer le plus possible en leur demandant de voter, en leur demandant de s'impliquer pour nous aider avec la communication et l'inspection, en ayant des référents, référents de bricolage pour créer une vraie communauté. Plus les gens s'approprient un service, plus ils s'en servent, plus ils s'en servent de manière respectueuse et donc on peut mettre en place un service vertueux. Mais en tout cas... Voilà, pour l'instant, 2000 locations et pas de soucis. Donc, je reviens à ta question. On a l'appli, on a les retours terrain positifs, on a l'équipe qui se structure avec vraiment de super profils, des gens engagés et qui ont 10, 15, 20 ans d'expérience. Super. Et on a les sous, puisqu'on réussit à lever, on a réussi à intéresser trois investisseurs qui ont de l'argent et qui veulent le mettre au service de l'impact. Et ça, c'est très intéressant aussi, je diverge de nouveau. Mais aujourd'hui, pour faire des trucs utiles, on a souvent besoin d'aller mendier auprès des ultra-riches. ça devrait pas exister je reviens sur pour nourrir le polémique Bernard Arnault pour nourrir des millions de français on devrait pas aller supplier merci monsieur Bernard Arnault de nous donner le mot non c'est très bien qu'il l'ait fait bien sûr le geste c'est très bien qu'il l'ait fait mais c'est le fait qu'il ait besoin de le faire qui pose problème et communiquer dessus sur 0,005% c'est beaucoup plus critiquable effectivement mais bon Donc, bref, on a réussi. Et merci à ces trois personnes qui, s'ils écoutent, se reconnaîtront. Et je suis sûr qu'on va bien bosser ensemble parce qu'encore une fois, c'est des investisseurs qui ont investi avant tout parce que le sens et l'impact. Ça, ça va être génial. Et donc, aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est... On a 10 installations. On a prévu d'en faire 15 en cette fin d'année. On en a déjà 9 de validées dans l'an. L'année prochaine, c'est 70, puis 150, puis 300. Enfin, de toute façon, on revient à ça. Il faut qu'on accélère si on veut avoir de l'impact. Si on ne fait que quelques dizaines, pinette. Donc... Comment pouvez-vous nous aider ? Premièrement, si vous connaissez des gestionnaires de lieux de vie. qui seraient intéressés parce que là aujourd'hui clairement on peut trouver un premier gestionnaire qui va dire ok banco j'arrête les pilotes, je vais installer 30, 40, 50, mon parc quoi. C'est ça, on a besoin d'un contrat cadre sur 2, 3 prochaines années pour nous donner de la visibilité et pour accélérer. Donc soit vous connaissez des acteurs, des directeurs, des directrices de telles structures et puis après la deuxième chose c'est vous à titre personnel, effectivement pourquoi pas en parler à votre entreprise. vous parlez à votre copropriété, vous parlez à votre collectivité. Moi, je vois beaucoup que si on n'arrive pas à impliquer les pouvoirs publics, ça n'aura pas la même vitesse d'essai-mage. C'est ce que je parle avec la métropole de Lyon depuis trois ans. Et sur chaque territoire où on s'implante, l'idée, c'est bien d'essayer de parler aux pouvoirs publics. Est-ce que vous voulez créer une structure locale de type coopérative et on déploie massivement ? Les pouvoirs publics peuvent être déployeurs dans les bâtiments publics, peuvent être prescripteurs auprès des bailleurs, auprès des acteurs. peuvent être pourquoi pas subventionneurs pour aider à l'installation. On n'en a pas parlé, mais on demande au gestionnaire à lieu de vie de financer l'installation initiale. Ensuite, l'utilisation couvre les coûts opérationnels, mais on a quand même besoin de cet investissement initial. Et puis, la dernière manière pour un public de s'impliquer, ce serait dans cette gouvernance si on met en place une coopérative. Donc voilà, vous connaissez des décideurs ou des décideuses de grandes structures parce qu'il faut parler aux chefs et aux cheffeux. C'est comme ça, je me rencontre bien depuis quatre ans. Si j'ai réussi à avancer entre guillemets aussi vite, c'est parce que j'ai rencontré 5-6 personnes clés qui étaient, des personnes qui pouvaient décider. J'aurais pu avancer encore plus vite si j'avais rencontré d'autres personnes. On revient au fait d'entrepreneuriat, pour moi, on revient du déterminisme. On peut faire beaucoup de choses, mais tout dépend de qui tu vas rencontrer, si ces personnes veulent t'aider, si c'est le bon moment pour elles, etc. Ça donne beaucoup, beaucoup de hasard. Et donc, toutes les questions du mérite, on pourrait en rediscuter aussi. Ce n'est pas le sujet, mais l'entrepreneuriat, depuis 4 ans, m'a conforté dans tout ce que je pensais sur ces questions de libre-habit, de mérite et tout. Mais... Mais voilà, donc des personnes qui peuvent décider et ensuite, à votre échelle, si demain on va le mettre en place. maintenant qu'on a un responsable du marketing et des clients qui arrivent dans quelques semaines, on veut mettre en place une campagne de recrutement d'ambassadeurs pré-déploiement à qui on pourrait fournir un petit kit pour les aider à les convaincre, tu vois, leur collectivité, leur entreprise et leur propriétaire de résidence. Et comme ça, si on arrive à avoir des milliers de gens qui sont des ambassadeurs, qui font ce premier travail d'eux, ça permettrait d'aller beaucoup plus vite. Donc aujourd'hui, c'est ça. Trouver des gros, les chefs qui peuvent dire oui et puis compter sur une nuée de personnes telles que vous qui nous écoutez pour faire connaître et pour déployer le service.

  • Yann

    Trop bien. On arrive au bout. J'ai une dernière question. Avant de te laisser aller prendre ton train, je crois que tu as encore une petite heure, deux heures. J'ai envie de poser cette question à chaque invité. C'est une question un peu clin d'œil à la biodiversité. Ce serait quoi ton animal totem ?

  • Jeff

    je crois que j'ai pas réfléchi je sais pas un requin ? un requin ? ouais non c'est pas un requin mais je trouve très stylé les requins je trouve que c'est tellement beau pourquoi pas ? donc pas pour le côté prédateur voilà peut-être que là c'est mon inconscient qui parle mais pour le côté beauté de l'animal et j'aime bien aussi j'avoue que j'aime bien le côté bah c'est un animal qu'on respecte encore et qui fait encore peur à l'humain quoi c'est vrai et dans l'eau on est dans son milieu et ça nous ramène un petit peu à tête donc voilà mais quand je pense à un animal si il y a un animal que j'aimerais voir aujourd'hui que j'ai pas encore vu ce serait un requin alors est-ce que c'est mon animal totem il faudrait que j'aille faire un séjour chamanisme pour découvrir ça ça

  • Yann

    marche Top, pour conclure si tu veux passer un dernier message, un remerciement si il y a une demande à passer ou des liens à nous communiquer pour suivre tes aventures à l'Alebiens en commun Oui,

  • Jeff

    l'Alebiens en commun, vous pouvez trouver le site internet sur alebiensencommun.com on a une newsletter, on va essayer d'être un peu plus présent sur les réseaux sociaux, Instagram, Facebook etc Non, après c'est remercier toutes les personnes qui ont cru au projet depuis le début et sans qui on ne serait pas là il y a des personnes clés chaque année presque depuis 4 ans Merci Et puis voilà, le message général, c'est une approche vision radicale des changements nécessaires, vision radicale, radicalement différente de la société et du monde de demain. Ouais. Mais on n'y est pas et donc essayer de prendre des approches pragmatiques, réalistes, qui peuvent paraître un petit peu peut-être tiède, mais au final, c'est toujours la même chose si, en prenant une approche un peu plus mesurée, on arrive à embarquer 60-70% des gens. on aura plus d'impact qu'une approche faite, mais qui embarque 0,1 ou 0,2. Voilà, et ça, au final, encore une fois, il n'y a pas de jugement, c'est une question de conviction, à quel point on est prêt à, c'est pas renoncer, mais s'adapter un petit peu, tu vois, pour le résultat final. Et l'important, c'est qu'à la fin de la journée, on puisse se regarder devant une glace en se disant, bon, je suis aligné avec mes convictions. Donc, voilà. Moi, j'ai décidé de prendre cette approche pragmatico, que je pense pragmatico-radicales, parce que c'est quand même un changement majeur dans notre façon de vivre, si demain, encore une fois, dans 10 ans, on loue tout son matériel, mais oui, ça passe par un peu de technologie dans un premier temps. Si vous trouvez le système intéressant, N'hésitez pas, toute aide est la bienvenue pour faire en sorte que demain, comme je l'ai dit un peu plus tôt, ce soit devenu totalement naturel de descendre de deux étages et de récupérer votre aspirateur éco-conçu et super efficace.

  • Yann

    Super. Les biens communs, une startup qui a beaucoup de sens à ce moment-là de notre histoire où il y a des enjeux à la fois économiques et écologiques. Merci beaucoup Yann d'avoir accepté l'invitation sur le podcast. On souhaite plein de succès pour les biens communs. Merci à vous qui êtes restés jusqu'au bout de cet épisode. N'hésitez pas à nous dire en commentaire si vous utilisez les services et on se dit à très vite pour de nouveaux épisodes. Et n'oubliez pas de vous abonner. C'est déjà la fin de cet épisode. J'espère qu'il t'a plu et que tu auras appris des choses intéressantes et motivantes qui te seront utiles dans ton engagement écologique. On aura besoin de tout le monde pour y arriver. N'hésite pas à partager le podcast à tes amis et à ta famille. Si tu as des questions, laisse t'abonner. Et je te dis à très très vite pour de nouveaux épisodes. Ciao !

Chapters

  • Intro

    00:00

  • Qui est Yann Lemoine ?

    00:45

  • Comment ça fonctionne Les Bien En Commun ?

    05:57

  • Évolution de l'impact / ESS

    17:34

  • Le Quizz !

    22:06

  • Inspirations, lectures, animal totem, divers

    27:54

  • Outro

    46:45

Description

Dans cet épisode, j'accueille Yann Lemoine, président de Les Biens en Commun !


Imaginez pouvoir bénéficier d'une panoplie complète d'équipements du quotidien (aspirateur, perceuse, rétroprojecteur...), durables, de qualité, facilement accessibles et cela sans avoir à se ruiner !


C'est ce que propose Les Biens en Commun avec leurs casiers connectés, équipés de ces équipements de qualité et déployés à de nombreux endroits (CROUS, Boulanger, Franprix, etc.) en France pour allier écologie et économies.


Dans cette épisode, on parle sobriété, sens au travail, modèles de société... et bien sûr de Les Biens en Commun et du parcours de Yann !


Bonne écoute !

Encore un grand merci à Yann pour avoir été mon premier invité avec cette interview enregistrée fin septembre 2023 :)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jeff

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur Système d'Ether, le podcast d'étheriens d'Ether pour agir face au changement climatique. Ici on va parler écologie, réchauffement climatique, mais aussi des solutions pour agir à son échelle et essayer d'aller au-delà des éco-gestes. Avant de commencer, n'oublie pas de t'abonner pour ne pas rater les prochains épisodes, et je t'encourage aussi à laisser des étoiles et des commentaires après l'écoute pour nous soutenir et nous aider à nous améliorer. Bonne écoute ! Bienvenue sur Système des Terres, on accueille aujourd'hui Yann Lemoyne qui va nous parler de son entreprise Les Biens en Commun. Ça intéressera certainement nombre d'entre vous puisqu'elle propose une alternative économique et écologique à l'achat de ses équipements du quotidien. Yann, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Yann

    Salut Jeff et merci pour l'invitation. C'est un honneur d'être sur ce premier épisode. J'espère que ça va donner envie. Tout le monde en écoutait bien plus. Donc Yann Lemoyne, je suis franco-anglais, 36 ans et je suis né au Niger. J'ai vécu au Niger, Burkina Faso jusqu'à mes 12 ans. J'ai un père ingénieur agronome tropical qui a fait toute sa carrière entre 1960 et 1998 dans le développement agricole dans les pays du Sud. Donc ça joue forcément beaucoup le lieu de naissance et ce père sur ma vision du monde et qui je suis. J'ai l'impression qu'il y avait une vision très critique du modèle de développement occidental. On aura le temps d'en rediscuter, mais bien sûr que ça a infusé en moi. Retour en Dordogne quand il a pris sa retraite, collège-lycée, puis ensuite j'ai fait l'agro-élimine à Paris, un passage par la Chine, et ensuite j'ai commencé à bosser pour EDF sur les questions d'eau et d'énergie, sur un beau projet international. Mais au bout de trois ans, on m'a fait comprendre que c'était atypique chez EDF comme projet, et que c'était encore plus atypique d'y mettre un jeune ingénieur sorti d'études, donc il fallait que je rentre un peu dans le... Le moule, ce que je comprends quand on se projette dans un... employer quelqu'un pendant 40 ans, je pense que ces grandes structures auraient besoin de moutons à 5 pattes, mais enfin à l'époque on n'avait pas réussi à trouver quoi faire de moi, donc j'ai quitté EDF pour rejoindre une startup sur Lyon début 2018, qui faisait du logiciel pour le développement urbain, qui a fait faillite, et puis fin 2019 je me suis lancé dans l'aventure Les Biens en Commun.

  • Jeff

    Du coup, ta prise de conscience écologique, finalement, elle a été beaucoup apportée par ton père, plus que la lecture des rapports du GIEC et un déclic où, waouh, il faut complètement changer de lifestyle.

  • Yann

    Ouais. En fait, plus qu'écologique, c'est du bon sens. Mon père, avec les nœuds en 35, il avait 10 ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a ensuite... fait son service militaire à la gare d'Algérie, et ensuite fait 40 ans dans l'EPMW de développement, donc on va dire tout ce qui était simplement sobriété, c'était la base, ça s'imposait. Donc on ne parlait pas d'écologie, c'était juste du bon sens. Et donc effectivement, depuis tout petit, on a eu le droit à éteindre la lumière, éteindre l'eau, finir son assiette, etc. Et mon père qui finissait nos assiettes, si on ne finissait pas derrière, même à passer un bout de pain quand il restait un peu de sauce. Donc forcément, ça joue. Moi, je pense que j'ai ensuite... vers la vingtaine plutôt, approcher l'enjeu via le côté social, justice sociale, égalité. La question de justice, c'est peut-être ma valeur cardinale. Quand quelque chose est injuste, ça me prend aux tripes. Et puis, en creusant tous ces sujets-là, j'en suis venu aussi à la question environnementale. Mais enfin, voilà, c'est, on va dire, depuis tout petit, avec le père tel que j'ai eu, et avec une naissance au Niger, enfance Niger-Burkina, oui. Ouais, ok.

  • Jeff

    Super, du coup tu es passé d'une startup qui n'était pas forcément orientée sur ces enjeux-là à la création des biens en commun, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de les biens en commun ? Oui,

  • Yann

    la startup 4City était un peu là-dessus, parce que si j'ai quitté Eudev c'est parce que je ne trouvais pas de sens à ce qu'ils me proposaient et la startup faisait du logiciel pour le développement urbain avec une vision prospective dans le temps donc gestion de l'eau, des déchets, de l'énergie, du transport dans 10, 20, 30, 50 ans donc il y avait quand même quelque chose en lien avec, mais comment j'en suis arrivé aux biens en commun ? Moi globalement je pense qu'il va falloir qu'on réduise la production de biens au niveau mondial, qu'on redistribue mieux ce qui est créé, évidemment qu'il ne s'agit pas de demander aux burkinabés d'être sobres, c'est à nous d'être beaucoup plus sobres pour que les burkinabés et autres puissent croître encore un peu plus. Mais donc réduire la production, en revanche aujourd'hui je pense que c'est utopique de penser qu'on peut y arriver, dans le modèle actuel, tant qu'on n'a pas changé. le système d'un point de vue économique, déjà, qui crée l'argent, qui investit l'épargne, d'un point de vue, qu'est-ce que le bonheur, qu'est-ce que la réussite, l'accumulation. Et donc voilà, aujourd'hui, je pars du principe qu'il ne faut pas être trop utopiste, il faut faire avec les règles du jeu actuel. Réduire la production, la sobriété, on oublie aujourd'hui, dans le monde d'après, quand on a changé le système, et ça c'est un programme national, politique, voire international, on pourrait y arriver, mais pour l'instant, il ne faut pas s'attendre à ce que les gens soient sobres, la majorité. Et... Il faut donc trouver, enfin si on veut embarquer les gens, il faut qu'ils aient un intérêt. Le partage, ça fait sens parce que tu permets de réduire la production tout en donnant aux gens accès à tout ce que la société de consommation produit. Mais là aussi, il ne faut pas être trop utopiste. Il ne faut pas s'attendre à ce que les gens passent au partage si c'est contraignant. Donc c'est un peu toute cette démarche qui m'a amené à réfléchir à... Partager ça fait sens mais comment est-ce qu'on donne envie de partager ? Et on pensait aux vélos en libre-service, les valides ici, les vélos Valion, qui ont bien marché puisqu'en 15 ans aujourd'hui c'est rentré dans les mœurs de louer ces vélos. Et je m'étais demandé, c'était fin 2016, quand je cherchais ma voie chez EDF, quel autre type de bien est-ce qu'on pourrait mettre à disposition via des bornes connectées à une appli ? Et j'en suis venu à penser aux équipements du quotidien. C'est un peu tout le cheminement. Demain l'idéal c'est la sobriété mais la sobriété il va falloir la préparer parce qu'aujourd'hui si tout le monde est sobre c'est le système qui s'écroule, c'est la consommation qui crée l'emploi, c'est la consommation qu'on taxe pour ensuite financer ce qui est utile, c'est aberrant, on pourrait financer tout de suite ce qui est utile plutôt que d'abord produire un micro-ondes à commande vocale et le taxer. Mais voilà, les règles sont les règles, on joue avec et si on veut réussir à embarquer une majorité et pas juste 0, 0, 0, 0, 1% des colobobos, il faut trouver des alternatives désirables sans contrainte.

  • Jeff

    Super, tu as parlé un peu de ce qui t'a amené à vouloir créer le projet. Aujourd'hui, est-ce que tu peux rappeler pour nos auditeurs comment fonctionnent les biens en commun en tant qu'utilisateur ? Comment je fais pour me céder à ces biens ?

  • Yann

    C'est vrai que qu'est-ce qu'on propose ? Comment on fait pour une alternative désirable l'achat et la propriété de ces équipements ? L'équipement du quotidien, ça va être l'électroménager, le bricolage, le jardinage, le divertissement, la cuisine, donc l'aspirateur, la perceuse, le vidéoprojecteur, l'appareil raclette, etc. Donc nous on installe des casiers connectés dans les lieux de vie, qui peuvent être les immeubles, mais aussi les entreprises, les commerces, les bâtiments publics. On y met à disposition du matériel, donc c'est nous qui l'achetons ce matériel, c'est nous qui sommes propriétaires, donc c'est nous qui l'entretenons, le réparons, le remplaçons. Et puis les utilisateurs ont une application qui leur permet de s'identifier à un site, ils peuvent accéder à tous les sites publics et puis aux sites privés auxquels ils ont accès, pour réserver pour une heure, pour trois jours, aujourd'hui ou dans trois mois, leurs équipements. Et nous on s'occupe de la gestion utilisateur, on s'occupe de tout, de A à Z. Donc c'est vraiment clé en main aussi bien pour le gestionnaire du lieu de vie que pour l'utilisateur. Et on revient à cette question de pas de contraintes, pas de contraintes, pas de contraintes. Le raisonnement un petit peu derrière, c'est avec ce système, les gens auront les mêmes avantages que la propriété. La garantie de trouver l'équipement qu'ils cherchent, l'ultra proximité, la dispo 24-24, ça dure sur 7. L'autonomie, on ne dépend pas de quelqu'un et le bon fonctionnement. Les avantages d'un service, il ne faut pas s'attendre aujourd'hui à ce que les gens s'occupent eux-mêmes d'un coup de l'appareil mutualisé. Je ne pense pas déjà pour se mettre d'accord sur la peinture du mur du rôle d'entrée. c'est la guerre, entretenir, vider, réparer l'aspirateur, on oublie. Et donc, il n'y a plus que les avantages du partage, accès à plus, mieux pour moins cher, sans les contraintes de stocker, du coup, on se débarrasse de plein de choses chez soi, on retrouve de l'espace de vie, et on n'a pas la charge mentale de l'achat, de la réparation ou de l'emplacement. Moi, ma vision, pour être très clair, je ne suis pas technophile, je pense que le monde de demain, ce sera des changements de mode de vie, et que l'idéal, demain, ce sera que les gens partagent entre eux, au sein de collectifs, qui gèrent par eux-mêmes un pool d'appareils mutualisés. Mais on revient de nouveau à ce... pragmatisme, réalisme, cynisme, qui est, aujourd'hui, il ne faut pas croire que ça peut marcher. La preuve, ça ne marche pas. Les applis de partage entre voisins ne se démocratisent pas. La location chez Leroy Merlin ou Boulanger ne se démocratise pas. Donc, c'est peut-être une première étape avant le monde de demain.

  • Jeff

    dans un monde assez individualisé où chacun finalement communique moins avec ses voisins comme ça peut être le cas je lisais encore dans un livre hier finalement on a des voisins on a des relations entre des personnes d'amour par exemple on couple 5 ans avec une personne et avoir ses voisins qui changent 3 fois dans ce laps de temps tout se fait plus vite tout est consommé plus vite et puis même si on connait ses voisins est-ce que le voisin est là au moment de son besoin est-ce qu'il veut l'embêter à 22h est-ce que donc

  • Yann

    C'est juste normal. Au-delà de la question connaître ses voisins, il y a tous les aspects très pratico-pratique. Demain aussi, si on a réduit le temps de travail, ce que je pense indispensable, on aura beaucoup plus de temps pour ce genre de choses. Et je pense qu'il va falloir ralentir, donc accepter que peut-être que l'aspirateur, on le passe dans deux heures. Mais aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Donc il faut faire avec les réalités d'aujourd'hui.

  • Jeff

    Aujourd'hui, vous avez des casiers dans lesquels ces équipements sont accessibles pour vos utilisateurs qui commencent à être déployés. Ça fait un petit moment déjà. Ça s'est passé un peu comment aujourd'hui ? Vous êtes à quel niveau de déploiement ?

  • Yann

    Ok, donc moi je me suis lancé à la faillite de la startup pour laquelle je bossais fin 2019. J'ai porté le projet seul pendant deux ans. La première installation a été faite en résidence étudiante, c'était la première cible en février 2021. L'entreprise a été créée fin 2021. J'ai un associé Thomas Kull qui m'a rejoint en tant que directeur général fin 2021. Et en 2022, on a eu des financements non dilutifs qui nous ont permis d'une part de déployer trois systèmes de plus pour consolider notre prototype et de développer notre application. Et puis... Cette année, on en a fait 6-7 de plus. Donc là, aujourd'hui, on a une dizaine de sites installés. On a sorti des résidences étudiantes. On est aussi là dans un magasin boulanger, dans un campus université-entreprise, dans une entreprise en Alsace demain, lundi. Et puis, on a bougé de Lyon puisqu'on est aussi maintenant à Grenoble, en Ile-de-France et en Alsace. Donc, voilà un peu où on en est. On est aujourd'hui 6-7. dans la boîte, on lève des sous pour continuer à recruter du monde. Et ce qui est super, très chouette, c'est qu'on voit un message. on en discutera peut-être que les gens ont envie de trouver du boulot à sens, donc c'est assez facile d'attirer des profils, et puis notre chance, et là aussi on pourra en rediscuter, c'est qu'on est capable, puisqu'il y a un modèle économique rentable, puisqu'on a levé, de proposer des salaires qui sont corrects, décents, et qui permettent aux gens de ne pas avoir à choisir entre sens et stabilité personnelle. Ça, c'est un vrai enjeu de nos sociétés.

  • Jeff

    C'est vrai que je côtoie pas mal de monde qui... ont envie de retrouver du sens dans leur travail, ils ont toujours un peu peur de devoir sacrifier forcément le salaire et de se dire que c'est forcément du bénévolat ou que ça sera forcément au SMIC après 5 ans d'études et 5 ans d'expérience, par exemple.

  • Yann

    Tout à fait. Aujourd'hui, le sens, c'est s'impliquer dans des projets qui ne sont pas rentables ou moins rentables que les activités mainstream. Parce que le modèle a été fait pour financer ce qui est rentable et pas ce qui est utile. Donc c'est CQFD, il n'y a pas de surprise à ça. Moi ce qui me surprend plus aujourd'hui, c'est que des gens soient surpris qu'on n'aille pas plus vite. Mais on ne peut pas aller plus vite avec le système actuel qui a été mis en place pour produire beaucoup pas cher. Il le fait superbement bien. Et aujourd'hui on lui demande de produire moins et mieux. Il ne sait pas faire. Donc ce n'est pas surprenant qu'on fasse des petits pas comme a dit Nicolas Hulot il y a quelques temps.

  • Jeff

    On part de loin. On part de loin malheureusement. le temps manque pour s'adapter.

  • Yann

    Je pense que ça peut aller vite, mais c'est un programme politique de non-vergure nationale ou internationale. C'est des règles, des conventions, comme a dit Aurélien Barraud, notamment financières, sur qui crée l'argent et qui investit l'épargne. Bon, ce n'est pas le sujet, mais on va en parler deux heures.

  • Jeff

    C'est intéressant. Aujourd'hui, vous avez ces équipements. Comment ça se passe ? Vous récupérez des équipements ? Comment vous vous fournissez ?

  • Yann

    Aujourd'hui, on a des partenaires. C'est Seb, le Roi Merlin, Boulanger. On discute avec Decathlon, avec Steele, avec Bosch. La logique au début, c'était de nouveau une logique de pragmatisme. Je ne veux pas équiper 10 immeubles. Ça ne sert à rien. Enfin, c'est mignon. Mais l'objectif, c'est d'en équiper des milliers, des dizaines de milliers dans les années à venir. Et pour ça, il faut travailler avec des fournisseurs qui ont l'air insolides et qui peuvent fournir des milliers d'équipements. Donc, effectivement, je me suis posé la question de mettre de l'équipement en seconde vie, récupérer dans une conciergerie, une recyclerie. Mais... ils n'en avaient pas déjà, et puis ensuite moi qui veux des dizaines, des centaines, des milliers d'équipements, ce n'était pas possible. Donc, travailler avec ces gros acteurs qui ont les moyens, qui peuvent aussi donner de la crédibilité, très important, de la visibilité, et qui ont les moyens de te fournir massivement, et moi ce que j'espère, c'est demain avec eux, au-delà de pouvoir choisir des équipements qu'ils produisent et qui sont éco-conçus, c'est de carrément concevoir avec eux une gamme. d'équipements spécifiques par exemple comme le Vélib de nouveau c'est des vélos qui ont été testés pour le portage et demain j'aimerais bien avoir l'aspirateur les biens en commun,

  • Jeff

    Biceb par exemple complètement et du coup les équipements que vous choisissez c'est difficilement compatible avec de l'obsolescence programmée des produits qui vont s'user en un an ou deux ans c'est du durable nous on est obligé de mettre du matériel de qualité pourquoi ?

  • Yann

    pour donner envie aux gens de passer au partage si on se contentait de mettre un aspirateur à 30 euros les gens n'ont aucun intérêt je l'achète là si c'est un aspirateur 200 balles bon bah après je suis d'un point de vue robustesse effectivement nous il faut des appareils robustes réparables parce que sinon il n'y a pas de modèle économique si on doit le remplacer tous les tous les tous les six mois donc clairement il ya il ya travaillé sur ça pour l'instant on se base vraiment beaucoup sur sur cebe et ses personnes partenaires parce que c'est eux qui ont la connaissance produit peut-être que c'est une compétence qu'il faudra qu'on a quand même un jour l'autre mais enfin Tellement d'équipements ! Donc je suis plutôt dans une logique de faire confiance à ce partenariat. Et puis à terme, comme j'ai dit, ce que j'adorerais c'est éco-concevoir une gamme spécifique d'équipements.

  • Jeff

    Tu disais que vous avez commencé par équiper des résidences plutôt CRUS. Là, vous allez vous équiper, j'ai vu Boulanger à Lyon, et vous allez continuer comme ça de vous déployer en France, où le programme, la roadmap très macro idéale en 2025, par exemple, 2024, c'est toujours France, c'est de l'international.

  • Yann

    La vision c'est que demain, dans 5, 10, 15 ans, dans ton quartier tu aies une offre de location pour tout type d'équipement. Mais en fonction du type d'équipement, ça ne sera pas forcément au même endroit. Donc tu aurais des casiers dans ton immeuble pour les équipements du quotidien de la semaine du mois, là où tu en as besoin maintenant. Et peut-être que pour les équipements dont tu utilises une fois tous les 6 mois ou tous les ans, tu peux anticiper, tu peux réserver. Ça sera dans ton entreprise, dans ton bureau de poste, dans ta bibliothèque, dans ton commerce. Mais que finalement... on quadrille un territoire et que tu aies une possibilité de location désirable pour tous tes équipements. Donc ça, c'est ce que je vois en termes de cibles. Donc le marché est énorme, évidemment. Ça, c'est au niveau d'un territoire. Et ensuite, clairement, l'objectif, c'est que ça SM le plus vite possible sur d'autres territoires. Donc on a commencé. les biens en commun, mais ma vision c'est que pour que ça aille vite et fort, il faudrait créer des structures locales, si possible de type coopératif qui implique les parties prenantes du territoire, cette structure locale qui déploie, opère et une structure mère. potentiellement nous, qui met à disposition le logiciel, la marque, les contrats gros fournisseurs. Mais pour aller vite et fort, je pense que c'est essentiel que ce soit du local et du multi-partenariat. Ça, ça ne dépend pas que de nous, malheureusement. Il faut réussir à impliquer des parties prenantes. Donc, soit l'initiative se développe portée par une entreprise de l'économie sociale solidaire, c'est nous, et on va réussir à avancer, mais on va faire aller 2000 déploiements en 5 ans, ce qui est déjà une belle ambition. Les 2000 déploiements, l'impact sera marginal. Soit on arrive... près de 10, 15, 20, 30, 50 structures locales qui déploient en même temps que nous. Et donc, dans 5, 6, 7, 8 ans, on n'a pas 2 000 déploiements, on en a 50 ou 100 000. Sur la question de l'international, il y a d'autres structures, des startups qui se sont lancées dans d'autres pays, en Europe, aux États-Unis. Et pour moi, ma vision, c'est que, je ne suis pas pour les multinationales, je pense qu'il faut, je suis pour l'entreprise privée, mais je pense qu'il faut une entreprise privée à l'échelle locale qui soit intégrée dans son territoire. où les responsables, ceux qui prennent les décisions, sont confrontés aux conséquences de leurs décisions. C'est un des problèmes des multinationales, c'est qu'ils sont dans le tour d'ivoire, ils voient des chiffres et ils ne voient pas les impacts. Donc bon, bref, les biens en Corée n'ont pas vocation à être le déployeur national, puisque je veux mes structures locales, et je pense encore moins être un déployeur international. Maintenant, s'il y a des structures, et là c'est le cas en Belgique, une collectivité qui nous sollicite parce qu'ils veulent déployer le service, on peut faire une licence d'exploitation et évidemment partager ce qu'on sait, et trouver un modèle économique pour que tout le monde s'y retrouve. mais plutôt dans une logique où si dans des pays il y a des structures qui proposent et qui développent la même chose, ce qui est le cas dans plusieurs pays, on essaie de collaborer on essaie de mettre en place un réseau européen en ce moment justement avec ces acteurs, et s'il n'y a pas un acteur qui existe, le faire émerger éventuellement pour toujours cette logique d'une structure locale multipartonale qui déploie et opère tout en ayant l'impact de masse ça ira plus vite comme ça le vélo en libre service, pourquoi est-ce qu'en 10-15 ans c'est devenu mondial ? c'est parce que tu as un fournisseur quelques fournisseurs de technologie, Smooth, etc., JCDECO, qui proposent la techno, mais ensuite, c'est des structures locales, en général des filiales privées, de ce que je comprends, enfin, qui déploient. Et c'est incroyable quand on y pense, le vélo en libre-service, au début des années 2000, le partage de vélo, c'était insignifiant, comme aujourd'hui le partage d'équipement, 15 ans plus tard, c'est rentré complètement dans l'univers. Et j'espère que ça sera la même chose avec les biens en commun, que en 2050, ça paraît tout à fait naturel de descendre de deux étages et de récupérer son ASPI. éco-conçu et super efficace. Ça serait beau. On verra. Ça serait beau.

  • Jeff

    Tu disais donc aujourd'hui que tu as levé déjà des fonds. Tu fais partie de la scène d'éco-entrepreneur ou entrepreneur à impact français. Tu penses quoi un peu de cette scène ? Est-ce que tu as pu rencontrer d'autres startups inspirantes ? Est-ce que tu sens qu'il y a une sorte d'accélération peut-être sur ces sujets-là ?

  • Yann

    Oui, donc ça fait 4 ans bientôt, beaucoup dans le milieu de l'ESS lyonnais, donc l'économie social et solidaire. De moins en moins maintenant, pourquoi ? Parce qu'on revient à cette question de modèle économique en place. Les acteurs de l'UGSS, les acteurs qui s'attaquent à des sujets que le marché n'attaque pas, et qui sont du coup moins rentables, voire pas rentables, et qui dépendent de subventions, ou qui ont du mal à grossir. c'est un vrai enjeu et donc aujourd'hui moi je suis plutôt dans des réseaux d'entrepreneurs un peu plus on va dire classiques et c'est très intéressant de comparer d'ailleurs ce que les entrepreneurs de Ronalpia à Lyon pouvaient faire d'utile mais qui va malheureusement dans le système actuel jamais scaler et vivote avec ce que mes collègues entrepreneurs du réseau Entreprendre peuvent faire aujourd'hui où l'utilité est très souvent discutable mais voilà et on revient aux limites fondamentales posées par ce système qui fait que tant qu'on n'a pas changé de modèle économique de mentalité, de qu'est-ce que la réussite, de récits désirables, mais avant tout de modèle économique. Je ne pense pas qu'il faut s'attendre à un développement massif de l'impact dans les années à venir. Je pense qu'aujourd'hui, si on pouvait le faire, on l'aurait fait. Je ne crois pas que les directeurs de boîtes actuelles ou les directrices, les investisseurs, soient des personnes fondamentalement mauvaises qui ne veulent pas faire de l'impact. S'ils, elles, le pouvaient, elles le feraient. Mais il y a des réalités, ce n'est pas des réalités, des conventions économiques qui font que... Et il ne faut pas juger, moi je ne suis pas dans le jugement, je juge le système que je juge obsolète, mais chacun des acteurs, que ce soit individu, entreprise, association, même politique locale et même politique nationale, joue avec ces règles du jeu, et c'est ces règles du jeu qu'il faut changer. Donc pour répondre à la question, en 4 ans j'ai passé de recul pour voir s'il y a une vraie évolution, certains qui regardent ça depuis 20 ans vont noter une évolution qui vient petit à petit, mais c'est beaucoup trop lent, et moi ce que je pense c'est que ça ne pourra jamais devenir mainstream. dans les temps qui nous sont appartis, sans changement là-haut. On n'a pas la main là-dessus, sauf par notre vote, il faut faire avec les règles du jeu actuel.

  • Jeff

    C'est assez étonnant, en plus, quand les rapports du GIEC nous disent qu'on a plus, même économiquement, financièrement, on a plus à y gagner, à faire une transition, que d'attendre que ça se passe et de subir l'impact.

  • Yann

    Je suis un peu dubitatif, mais bien sûr qu'une certaine approche de l'écologie... c'est d'essayer de faire croire que c'est compatible avec le modèle actuel. Moi, je ne pense pas que ce soit compatible avec le modèle actuel. Je ne pense pas qu'un modèle qui finance et dont la stabilité repose sur le produire beaucoup pas cher, peut être compatible avec ce qu'il faut faire, c'est produire mieux d'un point de vue oriental et social, donc moins rentable, et produire moins. Produire moins, ça veut dire, effectivement, comme Macron l'a dit récemment, on ne peut pas faire de décroissance, parce que si on décroît, comment est-ce qu'on finance les retraites, la sécu, etc. Dans le système actuel, il est tout à fait raison. Il faut peut-être réfléchir à ce qu'on ne peut pas trouver un modèle. où on finance directement la sécu, les retraites, sans passer par d'abord produire un micro-ondes à commande vocale.

  • Jeff

    Après, il y a peut-être de l'argent à aller chercher aussi sur des... On sait qu'aujourd'hui, ce n'est pas tellement les fraudes au RSA qui coûtent à la France, c'est plutôt l'évasion fiscale.

  • Yann

    Oui, mais chaque pays est en compétition pour attirer le capital privé dont il a besoin pour financer son économie, créer de l'emploi. On ne peut pas, aujourd'hui, taxer les ultra-riches. Si tu le fais, ils partent ailleurs.

  • Jeff

    C'est le troisième pays où il y a le plus de riches.

  • Yann

    Oui, bien sûr. Je pense vraiment que si, par exemple, quand le PS a été au pouvoir, ils ne l'ont pas fait, ils... Il y a des raisons très pragmatiques et à leur place j'imagine que j'aurais fait pareil, c'est pour ça qu'il faut changer les règles. Il ne faut plus en fait, et puis là je vais m'arrêter là sinon on risque de diverger, il ne faut plus que l'intérêt général et financer ce qui est utile dépendent d'intérêts privés. Et aujourd'hui c'est ça, on a besoin d'intérêts privés pour créer de la production, pour ensuite taxer et financer ce qui est utile, l'infirmière, le prof, le policier, le social, l'environnement. Alors qu'on saurait très bien faire tout ce que je viens de citer. On sait le faire, on a les connaissances, on a les compétences, on a les outils, les technologies, on a les ressources naturelles pour faire vivre 10 milliards d'êtres humains sur cette planète, mais on ne le fait pas. Pourquoi ? Parce qu'il faut d'abord passer par la case production consommation pour produire des trucs de plus en plus superflus pour ensuite financer ce qui est utile. Il faut bifurquer vers on ne passe pas par cette case production consommation pour financer ce qui est utile. Mais ça, c'est de la politique nationale, internationale et voilà. Est-ce qu'on va le changer avant de prendre le mur ? Je l'espère, oui.

  • Jeff

    Top. On va passer par une petite partie quiz. J'ai sélectionné deux, trois questions. en lien avec le domaine dans lequel tu travailles, il y en a un, je pense que tu auras peut-être déjà la réponse, parce que j'ai déjà vu des vidéos où tu ne parlais pas de cet objet-là, mais en gros, c'est sur la durée de vie des objets, en fait, c'est un des intérêts de l'IBIEN en commun, c'est qu'il y a peut-être des objets où la durée de vie d'utilisation va être légère, et ça n'a peut-être pas forcément l'intérêt de se l'acheter pour l'utiliser une fois par an. Donc, selon une étude de l'ADEME, on a calculé la durée moyenne d'utilisation d'une perceuse. Et donc, d'après toi, est-ce qu'il s'agit de 100 heures, de 10 heures, d'une heure ou de 10 minutes sur toute sa durée de vie d'utilisation d'une perceuse ?

  • Yann

    Je connais la réponse puisque c'est sur le site Internet. C'est une dizaine de minutes, selon l'ADN, effectivement.

  • Jeff

    C'est assez fou, oui. Ils ont montré ça en 2018, donc on pense à tous ceux qui ont une perceuse chez eux qui vont l'utiliser 10 minutes.

  • Yann

    Moi, en premier lieu.

  • Jeff

    C'est ça. Top. Il y a un gros enjeu aussi sur, moi je trouve intéressant le fait que les biens en commun se déploient dans les crousses, parce que c'est vraiment une population d'utilisateurs qui ont un pouvoir d'achat vraiment moindre par rapport au reste de la population. Récemment, il y a une étude qui montrait que des étudiants sautaient des repas, parfois pour des raisons financières. Selon toi, est-ce qu'on est plutôt de l'ordre de 5%, de 25% d'étudiants qui sautent un repas pour raison financière ? Plutôt. près de la moitié, 50%, voire plus de la moitié, 75%.

  • Yann

    Dans ce genre de crise, il faut taper au milieu à peu près, je ne sais pas, entre 25 et 50 ?

  • Jeff

    Oui, c'est ça. Il y a eu COP1, Linky, donc deux associations, et IFOP, et aussi une étude de BFM sur le sujet, où effectivement, ils sont plus proches des 50 que des 25. Il y a eu des chiffres autour de 43 de mémoire et de 54, je crois. Mais on est effectivement dans cette zone-là. D'où l'intérêt, si ces étudiants-là n'ont plus besoin demain d'aller acheter un aspirateur, d'aller acheter des appareils électroménagers, un four, etc.

  • Yann

    Enfin, ça doit être le progrès que 50% des étudiants doivent s'offrir. Certaines visions de ce qu'est le progrès.

  • Jeff

    C'est ça.

  • Yann

    Non, c'est ouf, mais bon, bref. On revient, qu'est-ce qu'on doit faire de financer en termes de société ? Est-ce qu'on finance ? des drones volants, des microns d'accommande vocaux, un 14ème iPhone 30 paires de jeans ou est-ce qu'on finance le fait que tout le monde ait à manger pour l'instant on semble avoir fait un choix,

  • Jeff

    c'est étonnant comme choix mais espérons que ça change tu parlais tout à l'heure du sens au travail et ça sera ma dernière question il y a une étude qui est passée cette année 2023 qui a été faite et qui montrait que les salariés envisagent de quitter leur emploi pour des raisons de retrouver du sens au travail. Sur justement cet aspect-là, combien d'après toi de salariés envisagent de quitter leur emploi dans les deux ans pour un travail qui a plus de sens ? Est-ce qu'on est aux alentours de moins de 10% ? Est-ce qu'on est au-delà de 50% ? Est-ce qu'on est...

  • Yann

    Ouais, je pense quand même qu'il y a de plus en plus de gens qui sont conscients de la situation. Il y a de plus en plus de gens qui sont insatisfaits du mode de vie qu'on leur propose, c'est-à-dire soyez heureux en consommant Je dirais une moitié.

  • Jeff

    Ouais, pas loin. C'est 40%, c'est la session Progeissance, qui a réalisé une étude en 2023 qui indique qu'on est autour de 40%.

  • Yann

    Mais c'est un vrai sujet, ça, et même au niveau de la société. C'est-à-dire que tant que tu avais 5, 10, 15% de gens qui étaient conscients et qui voulaient un job à sens, ça n'a rien. on arrivait à les caser. Alors souvent, on leur demandait un sacrifice d'un point de vue salaire ou précarité de l'emploi, mais demain, si on a 40, 50, 60% des gens qui sont conscients de l'enjeu social, environnemental et qui veulent un job à sens et que le système n'évolue pas pour leur permettre et donc que ces personnes, on leur demande de choisir entre, je caricature un petit peu, mais c'est quand même une réalité, entre sens et galérer ou entre pas de sens et être confortable, il va y avoir... Aujourd'hui, il y a de la dissonance cognitive au niveau de l'individu, je pense qu'il peut y avoir de la dissonance cognitive au niveau de la société, et ça va pas être beau à voir. Et c'est triste, en fait, parce que là aussi... le président qui parlait de libérer les énergies en 2017, il y a tellement d'énergie justement à libérer pour faire ce qui est utile, il y a l'envie,

  • Jeff

    il faut juste...

  • Yann

    On revient à ce qu'on finance, point barre. Pour moi, c'est vraiment... Aujourd'hui, tant qu'on n'a pas parlé de qui crée l'argent, qui investit l'épargne, qu'est-ce qu'on finance ? Tout le reste, c'est du blabla. Toutes les questions de production, production mieux, de gouvernance, de règles, de droits, même de futur désirable, tout ça c'est bien beau, il faut en parler, il faut y réfléchir, on est en train d'y réfléchir, mais tant qu'on n'a pas parlé de la question de qu'est-ce qu'on décide de financer, on ne fait rien sans financement. Et donc oui, c'est en ça que je dis, avec les biens en commun, ce qui est chouette, c'est qu'on arrive à attirer des profils expérimentés qui ont des compétences, qui acceptent en général une petite réduction de salaire sur ce qu'ils auraient pu avoir, mais où ça reste quand même... cohérent et... Très Voilà, très raisonnable, parce qu'autrement, effectivement, aujourd'hui, la société est juste sur le fait qu'il y ait des personnes, beaucoup, beaucoup, beaucoup, des personnes qui ont des convictions et qui sont prêtes, entre guillemets, à se sacrifier pour... C'est pas nouveau, les infirmières, les institutions sociales, les stats, souvent des femmes, d'ailleurs. Mais au bout d'un moment, on finit par être usés, quoi. Ouais.

  • Jeff

    Il faut arriver à vivre avec l'inflation en parallèle.

  • Yann

    Juste, c'est ça. Et se dire, non,

  • Jeff

    mais je vais refuser ce poste dans les énergies fossiles.

  • Yann

    Mais si tu joues juste sur le fait qu'il y a une partie de la population qui a de belles valeurs et que tu uses petit à petit, là aussi, ce n'est pas spécialement glorieux d'un point de vue vision de la société.

  • Jeff

    Top ! On arrive dans la dernière partie de cette interview. Je voulais savoir si récemment, si tu as pu lire des choses, voir des documentaires, peut-être des films ou des interviews qui t'ont marqué. Ça peut être sur les sujets d'écologie, de post-croissance,

  • Yann

    transition ou pas du tout. Je lis beaucoup, je regarde beaucoup de documentaires. Je disais avant l'interview que je pourrais en trouver une en particulier. Je ne lis pas particulièrement sur l'écologie en sens strict ou post-croissance. Je m'intéresse plutôt à géopolitique, société, économie, parce que je pense que je ne crois pas d'écologie sans imbriquer dans tout ça. Je l'avais lu il y a trois ans, j'avais fait un résumé à la main et que j'ai retapé sur Word récemment. J'ai redécouvert un Sapiens, une brève histoire de l'humanité, qui est génial. principalement parce que ça permet de prendre conscience du fait que ce qu'on vit depuis 30-40 ans c'est une bulle dans l'histoire humaine que c'est lié à beaucoup de hasards et surtout l'énergie et surtout qu'à travers l'histoire humaine on a inventé différentes

  • Jeff

    formes de sociétés, différents systèmes socio-économiques, et qu'aujourd'hui on va nous faire croire qu'il y a une alternative. Ben non, c'est du bullshit. On a toujours évolué, on a toujours changé. Le modèle qui est en place depuis globalement 40 ans, et le tournant néolibéral des années 80 avec Thatcher, Reagan, Friedman et les génomes éthérans, il n'est pas ancré dans le marbre, il peut être changé. Je pense que bouquins comme Sapiens, qui permettent de prendre du recul sur l'ensemble de l'histoire de l'humanité, ça permet un peu de réfléchir autrement. Aujourd'hui, il faut sortir du cadre, il faut vraiment sortir du cadre. On a mis en place un cadre qui fonctionne pour produire beaucoup pas cher, je reviens à ça. Aujourd'hui, il faut en sortir pour réfléchir à comment est-ce qu'on est stable, comment est-ce qu'on donne une rémunération aux gens, comment est-ce qu'on finance ce qui est utile en produisant moins et mieux. Je pense que de lire des bouquins comme ça, qui permettent de prendre conscience de l'échelle de temps et du fait qu'on est... c'est rien, c'est une seconde sur l'histoire de l'humanité, on peut se réinventer. Et la deuxième chose à laquelle je pense là spontanément, parce que je pense que... beaucoup, la transition passera par un regain d'empathie, comprendre l'autre, se mettre à la place de l'autre, ne pas être présomptueux, c'est-à-dire de se dire qu'à la place de l'autre, on ferait pareil. Moi, à la place du PDG de Total, je ferais probablement la même chose que ce que fait le PDG de Total. À la place d'un jeune en banlieue, je ferais la même chose. À la place de ta place, je ferais la même chose. Je n'ai pas la présomption de penser que je ferais mieux que ça. Et ça, ça passe par le fait de se dire... le hasard de la vie, je suis très déterministe, et puis l'empathie, essayer de se mettre à la place de l'autre et se dire, l'autre s'il fait ça, c'est bien qu'il a une raison. Et je pense clairement que si on veut éviter sacrée crise dans les années à venir, il va falloir regagner de l'empathie. On revient à changer de système et pas valoriser la compétition, pas valoriser l'accumulation de biens privés, parce que c'est ça qu'on valorise aujourd'hui. J'ai une phrase que j'aime bien citer qui est Si dans un groupe de singes, il y a un singe qui accumule bien bien bien plus que ce dont il a besoin pour vivre et que les autres galèrent, les scientifiques humains, c'est-à-dire nous en plus, on regarderait le singe en disant mais qu'est-ce qui ne va pas avec lui ? Et bien chez l'humain, on va mettre cette personne à la une de Forbes. Voilà, c'est complètement ça. Je pense juste à ça parce que j'ai vu un... Il y a une série de reportages sur Arte récemment sur la police où ils interviewaient 7 policiers et c'est très intéressant de se mettre à la place des policiers qui ont certaines proportions de la population qui partagent mes idées et dont je partage les idées, pour être très critique, se mettre à la place d'un policier pour comprendre pourquoi il ou elle avait agi de cette manière-là et se dire qu'à la place de ce policier ou de cette policière, on ferait pareil. Et idem, à la place d'un manifestant, on ferait la même chose. Ouais, réussir à être humble par rapport à ça et pas se penser meilleur que les autres.

  • Yann

    Ouais, tout à fait. Ce que tu me dis m'a fait penser à plusieurs choses. Une phrase qui tourne beaucoup dans les milieux écolos, c'est que les gens ont souvent tendance à... a plus facilement imaginé la fin du monde que la fin du capitalisme, tellement on est ancré dans ce système-là, et souvent la réponse c'est de dire tu veux quoi le communisme ? Comme s'il n'y avait que deux modes qui existent, et qu'il n'y a pas une infinité de solutions intermédiaires qu'on peut trouver.

  • Jeff

    Évidemment. De toute façon, aujourd'hui, ce n'est même pas vraiment un choix. D'un côté, il y a des limites, qui sont des conventions, des règles que l'humanité s'est fixées il y a 40 ans, et de l'autre, il y a des limites physiques. On ne peut pas changer les limites physiques.

  • Yann

    Complètement.

  • Jeff

    c'est pas une opinion c'est les faits donc on n'a pas le choix et toutes les personnes aussi qui je sais pas si elles y croient vraiment mais le technosolutionnisme ça fait pas sens parce qu'aujourd'hui quand on regarde dans les faits c'est les pays qui sont les plus avancés technologiquement qui ont le plus d'impact point barre, il n'y a même pas besoin de rentrer dans des détails les pays qui défoncent la planète qui ont le plus d'impact c'est nous, les Etats-Unis la péninsule arabique, et puis Chine, et voilà. Et pourquoi ? Tout ça, c'est très simple, parce que la technologie, c'est comme l'éducation, c'est comme la communication, c'est comme la recherche, c'est comme l'innovation, c'est au service d'un système. C'est pas l'objectif en soi, c'est un outil au service d'un système. Tant que le système est là pour produire beaucoup pas cher, la technologie qu'on développera et qu'on mettra en application produira beaucoup pas cher. Donc c'est pas être anti-technologique pour la technologie. La technologie, c'est un outil au service de quoi tu le mets, quoi. Oui,

  • Yann

    puis technosciences.

  • Jeff

    ils font le pari que la techno sauvera tout si le pari est perdu alors qu'il y avait d'autres façons d'appuyer c'est vrai que c'est un deuxième sujet très important quand on débat avec un techno solutionniste c'est dire premièrement on regarde bon ça marche absolument pas, les pays les plus technologiques sont les plus impactants et c'est normal tout ce que je viens de dire, mais en plus de ça ok très bien je veux bien croire que la technologie nous sauvera mais tant qu'on n'a pas trouvé la technologie on va faire attention, on va être sobre et puis dans 30 ans quand on aura inventé un avion propre, on reprendra les avions Si on considère que c'est toujours utile, on peut en consulter. Mais tant qu'on n'a pas l'avion propre...

  • Yann

    Il est propre à terre.

  • Jeff

    C'est ça. Et aujourd'hui, le raisonnement, là aussi une image, c'est comme si on demandait à un alcoolique ou à un fumeur de continuer à boire ou à fumer. parce que t'inquiète on va trouver une solution dans 10-20 ans et c'est encore pire c'est continuer à boire ou à fumer parce que on taxe ça et ça ça permet de financer ensuite tes soins tu vois c'est vraiment ça aujourd'hui il faut qu'on croisse donc il faut que les avions continuent à voler pour qu'on taxe ça pour financer ensuite la R&D quoi la

  • Yann

    pluraliste énergie fossile qui va dire moi je fais que répondre à une demande j'y peux rien ben encore une fois là aussi de manière très pragmatique si aujourd'hui

  • Jeff

    les totales, etc. arrêtées de forer, ce serait le bordel. On a besoin de cette énergie fossile. Oui,

  • Yann

    il faut s'adapter d'abord.

  • Jeff

    On revient à ça.

  • Yann

    On arrive quand même à un piste pétrolier.

  • Jeff

    De toute façon, on n'aura pas le choix. Mais vraiment, aujourd'hui, c'est comme quand je dis la sobriété. Si demain, 50% des gens sont sobres, comme moi. Je ne suis pas super sobre, mais déjà, je pense que c'est le chaos. Parce que c'est la consommation qui crée l'emploi, c'est la consommation qui permet d'être... On revient à tout ça. Donc ce système-là actuel ne peut pas être stable, ne peut pas financer la sobriété, et ne peut pas être stable si les gens sont sobres. C'est pour ça qu'il faut en changer. top et ça peut être super moi si c'était un beau projet un beau projet politique là tu libères les énergies tu crées à tous les niveaux des collectifs pour réfléchir moi je pense qu'il y a quatre grands enjeux auquel réfléchir je parlais de l'argent oui le récit ce qui est désirable la gouvernance publique mais privée aussi et enfin la production comment on produit ce qui est nécessaire la logistique etc là tu peux vraiment créer un super projet national tu fédères les énergies tu donnes envie nationale ou européenne ou internationale mais bon c'est c'est un C'est probablement trop complexe à mettre en place pour nos dirigeants actuels, je ne sais pas.

  • Yann

    C'est un peu difficile pour eux de prendre des décisions.

  • Jeff

    C'est plus simple de se dire que la technologie résoudra tout, effectivement. Parce que considérer que la technologie ne résoudra pas tout, ça ouvre un tel saut dans l'inconnu en termes de tout. Oui, c'est bien plus rassurant de se dire, c'est bon, je suis là que pour cinq ans.

  • Yann

    C'est sûr, c'est le problème, ils sont engagés sur des enjeux court terme, alors que c'est du très long terme.

  • Jeff

    La politique aujourd'hui, c'est... Parce que dans les années 80, on a enlevé à la puissance publique le pouvoir de création monétaire et d'investissement de l'épargne privée, on l'a donné au marché, idéologie, mais qui était compréhensible, puisqu'on voulait produire beaucoup pas cher, qui mieux qu'un acteur privé peut produire beaucoup pas cher ? Plus tu produis, moins c'est cher, plus c'est rentable. Donc c'était une très bonne idée. Du coup, on a enlevé au pouvoir politique le pouvoir. Parce qu'on revient à ça, le pouvoir, c'est décider qu'est-ce qu'on fait, et qu'est-ce qu'on fait, ça dépend de qu'est-ce qu'on finance. Et donc, en leur enlevant le pouvoir, Je pense qu'on a fait des politiques juste des communicants, à qui faire le buzz, à qui va... Et aujourd'hui, les politiques, c'est plus des hommes ou des femmes d'État, comme ça pouvait être après-guerre, pendant les Tendances Glorieuses, où il y avait des gens qui avaient une vision de long terme, d'intérêt général. Et voilà, est-ce que c'est simplement parce que ces personnes-là avaient subi le mur, la Seconde Guerre mondiale, et donc qu'il faut attendre de prendre le mur pour qu'il y ait un sursaut et qu'il y ait des hommes et des femmes... politique, tu vois. J'aimerais bien qu'on évite d'arriver à ça, parce que ça sera, je pense, autrement plus dramatique. Déjà, la Seconde Guerre mondiale a été dramatique, mais qu'aujourd'hui, les armes qu'on a... Enfin, bref. Ça serait bien qu'on arrive à avoir ce sursaut politique avant de choper le mur.

  • Yann

    C'est ça. Est-ce que t'as comme ça un... Si tu devais donner un humain qui t'inspire, éco-entrepreneur ou auteur ou...

  • Jeff

    Je... pas vraiment qui m'inspirent je suis pas je suis pas dans le culte de la personnalité l'admiration et je pense que encore une fois quand on est déterministe on se dit que chacun fait ce qu'il faut nous l'aurons le faire ça et voilà moi c'est ça je suis absolument pas fier de ce que je fais parce que je considère que ce que je fais c'est juste normal vu la chance que j'ai eu tout ça donc par contre ensuite oui on va dire les toutes les personnes qui vont s'engager pour l'intérêt général au détriment de leur vie perso familiale et c'est là je dis moi au moins Je ne l'ai pas fait et j'espère ne pas avoir à le faire. Garder le bon équilibre parce que je pense que c'est injuste autrement. Mais toutes les personnes, et il y en a beaucoup du coup, des millions de gens. Oui, là, je suis admiratif. Et donc, si on doit donner de grands noms, souvent, moi, je te parle de, bien sûr, historiquement, Gandhi, Mandela, Luther King. Bon, ça implique aussi derrière et ça, c'est très intéressant. Les proches, la famille, l'épouse, l'époux soutiennent. Le sacrifice qu'on demande à toute une communauté. Mais oui, j'ai de l'admiration pour les gens qui font passer leur conviction et l'intérêt général presque avant elle. Elles ne devraient pas avoir à le faire, mais je pense que c'est...

  • Yann

    Personne ne le prend, c'est trop important, il faut qu'elle le fasse.

  • Jeff

    À tous les niveaux, encore une fois, bien sûr, on sait toujours les grands noms, les grands personnages. Mais non, à tous les échelles, heureusement qu'il y a des personnes qui luttent.

  • Yann

    Comment est-ce qu'on peut aider à notre échelle les biens en commun, ceux qui nous écoutent, pour aider à déployer, je ne sais pas ? Est-ce que tu as des pistes ?

  • Jeff

    Là, effectivement, on a toutes les brides qu'il faut pour accélérer. On a l'application qui tourne, on a les retours positifs du terrain. C'est vrai qu'on n'en a pas parlé, mais on approche des 2000 locations. Et pour l'instant il n'y a pas eu un vol, il n'y a pas eu une dégradation, les gens sont très respectueux. Ça c'est génial. Et voilà, on revient dans cette question de ne pas être dans la défiance généralisée, de faire confiance. Moi quand j'ai une fiancée à 4 ans, on m'a dit c'est une top idée mais elle va en Suède ou en Allemagne parce qu'en France on va tout casser. Voilà, on se bride aussi en ne faisant pas confiance à l'autre. Ça va arriver. Je ne suis pas naïf complètement, mais l'effet, pour l'instant, c'est que les gens sont respectueux. On est dedans, ça joue, il y a une barrière physique, la porte, une barrière physique, les casiers. On partage avec un collectif d'habitants que nous, on va essayer d'impliquer le plus possible en leur demandant de voter, en leur demandant de s'impliquer pour nous aider avec la communication et l'inspection, en ayant des référents, référents de bricolage pour créer une vraie communauté. Plus les gens s'approprient un service, plus ils s'en servent, plus ils s'en servent de manière respectueuse et donc on peut mettre en place un service vertueux. Mais en tout cas... Voilà, pour l'instant, 2000 locations et pas de soucis. Donc, je reviens à ta question. On a l'appli, on a les retours terrain positifs, on a l'équipe qui se structure avec vraiment de super profils, des gens engagés et qui ont 10, 15, 20 ans d'expérience. Super. Et on a les sous, puisqu'on réussit à lever, on a réussi à intéresser trois investisseurs qui ont de l'argent et qui veulent le mettre au service de l'impact. Et ça, c'est très intéressant aussi, je diverge de nouveau. Mais aujourd'hui, pour faire des trucs utiles, on a souvent besoin d'aller mendier auprès des ultra-riches. ça devrait pas exister je reviens sur pour nourrir le polémique Bernard Arnault pour nourrir des millions de français on devrait pas aller supplier merci monsieur Bernard Arnault de nous donner le mot non c'est très bien qu'il l'ait fait bien sûr le geste c'est très bien qu'il l'ait fait mais c'est le fait qu'il ait besoin de le faire qui pose problème et communiquer dessus sur 0,005% c'est beaucoup plus critiquable effectivement mais bon Donc, bref, on a réussi. Et merci à ces trois personnes qui, s'ils écoutent, se reconnaîtront. Et je suis sûr qu'on va bien bosser ensemble parce qu'encore une fois, c'est des investisseurs qui ont investi avant tout parce que le sens et l'impact. Ça, ça va être génial. Et donc, aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est... On a 10 installations. On a prévu d'en faire 15 en cette fin d'année. On en a déjà 9 de validées dans l'an. L'année prochaine, c'est 70, puis 150, puis 300. Enfin, de toute façon, on revient à ça. Il faut qu'on accélère si on veut avoir de l'impact. Si on ne fait que quelques dizaines, pinette. Donc... Comment pouvez-vous nous aider ? Premièrement, si vous connaissez des gestionnaires de lieux de vie. qui seraient intéressés parce que là aujourd'hui clairement on peut trouver un premier gestionnaire qui va dire ok banco j'arrête les pilotes, je vais installer 30, 40, 50, mon parc quoi. C'est ça, on a besoin d'un contrat cadre sur 2, 3 prochaines années pour nous donner de la visibilité et pour accélérer. Donc soit vous connaissez des acteurs, des directeurs, des directrices de telles structures et puis après la deuxième chose c'est vous à titre personnel, effectivement pourquoi pas en parler à votre entreprise. vous parlez à votre copropriété, vous parlez à votre collectivité. Moi, je vois beaucoup que si on n'arrive pas à impliquer les pouvoirs publics, ça n'aura pas la même vitesse d'essai-mage. C'est ce que je parle avec la métropole de Lyon depuis trois ans. Et sur chaque territoire où on s'implante, l'idée, c'est bien d'essayer de parler aux pouvoirs publics. Est-ce que vous voulez créer une structure locale de type coopérative et on déploie massivement ? Les pouvoirs publics peuvent être déployeurs dans les bâtiments publics, peuvent être prescripteurs auprès des bailleurs, auprès des acteurs. peuvent être pourquoi pas subventionneurs pour aider à l'installation. On n'en a pas parlé, mais on demande au gestionnaire à lieu de vie de financer l'installation initiale. Ensuite, l'utilisation couvre les coûts opérationnels, mais on a quand même besoin de cet investissement initial. Et puis, la dernière manière pour un public de s'impliquer, ce serait dans cette gouvernance si on met en place une coopérative. Donc voilà, vous connaissez des décideurs ou des décideuses de grandes structures parce qu'il faut parler aux chefs et aux cheffeux. C'est comme ça, je me rencontre bien depuis quatre ans. Si j'ai réussi à avancer entre guillemets aussi vite, c'est parce que j'ai rencontré 5-6 personnes clés qui étaient, des personnes qui pouvaient décider. J'aurais pu avancer encore plus vite si j'avais rencontré d'autres personnes. On revient au fait d'entrepreneuriat, pour moi, on revient du déterminisme. On peut faire beaucoup de choses, mais tout dépend de qui tu vas rencontrer, si ces personnes veulent t'aider, si c'est le bon moment pour elles, etc. Ça donne beaucoup, beaucoup de hasard. Et donc, toutes les questions du mérite, on pourrait en rediscuter aussi. Ce n'est pas le sujet, mais l'entrepreneuriat, depuis 4 ans, m'a conforté dans tout ce que je pensais sur ces questions de libre-habit, de mérite et tout. Mais... Mais voilà, donc des personnes qui peuvent décider et ensuite, à votre échelle, si demain on va le mettre en place. maintenant qu'on a un responsable du marketing et des clients qui arrivent dans quelques semaines, on veut mettre en place une campagne de recrutement d'ambassadeurs pré-déploiement à qui on pourrait fournir un petit kit pour les aider à les convaincre, tu vois, leur collectivité, leur entreprise et leur propriétaire de résidence. Et comme ça, si on arrive à avoir des milliers de gens qui sont des ambassadeurs, qui font ce premier travail d'eux, ça permettrait d'aller beaucoup plus vite. Donc aujourd'hui, c'est ça. Trouver des gros, les chefs qui peuvent dire oui et puis compter sur une nuée de personnes telles que vous qui nous écoutez pour faire connaître et pour déployer le service.

  • Yann

    Trop bien. On arrive au bout. J'ai une dernière question. Avant de te laisser aller prendre ton train, je crois que tu as encore une petite heure, deux heures. J'ai envie de poser cette question à chaque invité. C'est une question un peu clin d'œil à la biodiversité. Ce serait quoi ton animal totem ?

  • Jeff

    je crois que j'ai pas réfléchi je sais pas un requin ? un requin ? ouais non c'est pas un requin mais je trouve très stylé les requins je trouve que c'est tellement beau pourquoi pas ? donc pas pour le côté prédateur voilà peut-être que là c'est mon inconscient qui parle mais pour le côté beauté de l'animal et j'aime bien aussi j'avoue que j'aime bien le côté bah c'est un animal qu'on respecte encore et qui fait encore peur à l'humain quoi c'est vrai et dans l'eau on est dans son milieu et ça nous ramène un petit peu à tête donc voilà mais quand je pense à un animal si il y a un animal que j'aimerais voir aujourd'hui que j'ai pas encore vu ce serait un requin alors est-ce que c'est mon animal totem il faudrait que j'aille faire un séjour chamanisme pour découvrir ça ça

  • Yann

    marche Top, pour conclure si tu veux passer un dernier message, un remerciement si il y a une demande à passer ou des liens à nous communiquer pour suivre tes aventures à l'Alebiens en commun Oui,

  • Jeff

    l'Alebiens en commun, vous pouvez trouver le site internet sur alebiensencommun.com on a une newsletter, on va essayer d'être un peu plus présent sur les réseaux sociaux, Instagram, Facebook etc Non, après c'est remercier toutes les personnes qui ont cru au projet depuis le début et sans qui on ne serait pas là il y a des personnes clés chaque année presque depuis 4 ans Merci Et puis voilà, le message général, c'est une approche vision radicale des changements nécessaires, vision radicale, radicalement différente de la société et du monde de demain. Ouais. Mais on n'y est pas et donc essayer de prendre des approches pragmatiques, réalistes, qui peuvent paraître un petit peu peut-être tiède, mais au final, c'est toujours la même chose si, en prenant une approche un peu plus mesurée, on arrive à embarquer 60-70% des gens. on aura plus d'impact qu'une approche faite, mais qui embarque 0,1 ou 0,2. Voilà, et ça, au final, encore une fois, il n'y a pas de jugement, c'est une question de conviction, à quel point on est prêt à, c'est pas renoncer, mais s'adapter un petit peu, tu vois, pour le résultat final. Et l'important, c'est qu'à la fin de la journée, on puisse se regarder devant une glace en se disant, bon, je suis aligné avec mes convictions. Donc, voilà. Moi, j'ai décidé de prendre cette approche pragmatico, que je pense pragmatico-radicales, parce que c'est quand même un changement majeur dans notre façon de vivre, si demain, encore une fois, dans 10 ans, on loue tout son matériel, mais oui, ça passe par un peu de technologie dans un premier temps. Si vous trouvez le système intéressant, N'hésitez pas, toute aide est la bienvenue pour faire en sorte que demain, comme je l'ai dit un peu plus tôt, ce soit devenu totalement naturel de descendre de deux étages et de récupérer votre aspirateur éco-conçu et super efficace.

  • Yann

    Super. Les biens communs, une startup qui a beaucoup de sens à ce moment-là de notre histoire où il y a des enjeux à la fois économiques et écologiques. Merci beaucoup Yann d'avoir accepté l'invitation sur le podcast. On souhaite plein de succès pour les biens communs. Merci à vous qui êtes restés jusqu'au bout de cet épisode. N'hésitez pas à nous dire en commentaire si vous utilisez les services et on se dit à très vite pour de nouveaux épisodes. Et n'oubliez pas de vous abonner. C'est déjà la fin de cet épisode. J'espère qu'il t'a plu et que tu auras appris des choses intéressantes et motivantes qui te seront utiles dans ton engagement écologique. On aura besoin de tout le monde pour y arriver. N'hésite pas à partager le podcast à tes amis et à ta famille. Si tu as des questions, laisse t'abonner. Et je te dis à très très vite pour de nouveaux épisodes. Ciao !

Chapters

  • Intro

    00:00

  • Qui est Yann Lemoine ?

    00:45

  • Comment ça fonctionne Les Bien En Commun ?

    05:57

  • Évolution de l'impact / ESS

    17:34

  • Le Quizz !

    22:06

  • Inspirations, lectures, animal totem, divers

    27:54

  • Outro

    46:45

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Description

Dans cet épisode, j'accueille Yann Lemoine, président de Les Biens en Commun !


Imaginez pouvoir bénéficier d'une panoplie complète d'équipements du quotidien (aspirateur, perceuse, rétroprojecteur...), durables, de qualité, facilement accessibles et cela sans avoir à se ruiner !


C'est ce que propose Les Biens en Commun avec leurs casiers connectés, équipés de ces équipements de qualité et déployés à de nombreux endroits (CROUS, Boulanger, Franprix, etc.) en France pour allier écologie et économies.


Dans cette épisode, on parle sobriété, sens au travail, modèles de société... et bien sûr de Les Biens en Commun et du parcours de Yann !


Bonne écoute !

Encore un grand merci à Yann pour avoir été mon premier invité avec cette interview enregistrée fin septembre 2023 :)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jeff

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur Système d'Ether, le podcast d'étheriens d'Ether pour agir face au changement climatique. Ici on va parler écologie, réchauffement climatique, mais aussi des solutions pour agir à son échelle et essayer d'aller au-delà des éco-gestes. Avant de commencer, n'oublie pas de t'abonner pour ne pas rater les prochains épisodes, et je t'encourage aussi à laisser des étoiles et des commentaires après l'écoute pour nous soutenir et nous aider à nous améliorer. Bonne écoute ! Bienvenue sur Système des Terres, on accueille aujourd'hui Yann Lemoyne qui va nous parler de son entreprise Les Biens en Commun. Ça intéressera certainement nombre d'entre vous puisqu'elle propose une alternative économique et écologique à l'achat de ses équipements du quotidien. Yann, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Yann

    Salut Jeff et merci pour l'invitation. C'est un honneur d'être sur ce premier épisode. J'espère que ça va donner envie. Tout le monde en écoutait bien plus. Donc Yann Lemoyne, je suis franco-anglais, 36 ans et je suis né au Niger. J'ai vécu au Niger, Burkina Faso jusqu'à mes 12 ans. J'ai un père ingénieur agronome tropical qui a fait toute sa carrière entre 1960 et 1998 dans le développement agricole dans les pays du Sud. Donc ça joue forcément beaucoup le lieu de naissance et ce père sur ma vision du monde et qui je suis. J'ai l'impression qu'il y avait une vision très critique du modèle de développement occidental. On aura le temps d'en rediscuter, mais bien sûr que ça a infusé en moi. Retour en Dordogne quand il a pris sa retraite, collège-lycée, puis ensuite j'ai fait l'agro-élimine à Paris, un passage par la Chine, et ensuite j'ai commencé à bosser pour EDF sur les questions d'eau et d'énergie, sur un beau projet international. Mais au bout de trois ans, on m'a fait comprendre que c'était atypique chez EDF comme projet, et que c'était encore plus atypique d'y mettre un jeune ingénieur sorti d'études, donc il fallait que je rentre un peu dans le... Le moule, ce que je comprends quand on se projette dans un... employer quelqu'un pendant 40 ans, je pense que ces grandes structures auraient besoin de moutons à 5 pattes, mais enfin à l'époque on n'avait pas réussi à trouver quoi faire de moi, donc j'ai quitté EDF pour rejoindre une startup sur Lyon début 2018, qui faisait du logiciel pour le développement urbain, qui a fait faillite, et puis fin 2019 je me suis lancé dans l'aventure Les Biens en Commun.

  • Jeff

    Du coup, ta prise de conscience écologique, finalement, elle a été beaucoup apportée par ton père, plus que la lecture des rapports du GIEC et un déclic où, waouh, il faut complètement changer de lifestyle.

  • Yann

    Ouais. En fait, plus qu'écologique, c'est du bon sens. Mon père, avec les nœuds en 35, il avait 10 ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a ensuite... fait son service militaire à la gare d'Algérie, et ensuite fait 40 ans dans l'EPMW de développement, donc on va dire tout ce qui était simplement sobriété, c'était la base, ça s'imposait. Donc on ne parlait pas d'écologie, c'était juste du bon sens. Et donc effectivement, depuis tout petit, on a eu le droit à éteindre la lumière, éteindre l'eau, finir son assiette, etc. Et mon père qui finissait nos assiettes, si on ne finissait pas derrière, même à passer un bout de pain quand il restait un peu de sauce. Donc forcément, ça joue. Moi, je pense que j'ai ensuite... vers la vingtaine plutôt, approcher l'enjeu via le côté social, justice sociale, égalité. La question de justice, c'est peut-être ma valeur cardinale. Quand quelque chose est injuste, ça me prend aux tripes. Et puis, en creusant tous ces sujets-là, j'en suis venu aussi à la question environnementale. Mais enfin, voilà, c'est, on va dire, depuis tout petit, avec le père tel que j'ai eu, et avec une naissance au Niger, enfance Niger-Burkina, oui. Ouais, ok.

  • Jeff

    Super, du coup tu es passé d'une startup qui n'était pas forcément orientée sur ces enjeux-là à la création des biens en commun, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de les biens en commun ? Oui,

  • Yann

    la startup 4City était un peu là-dessus, parce que si j'ai quitté Eudev c'est parce que je ne trouvais pas de sens à ce qu'ils me proposaient et la startup faisait du logiciel pour le développement urbain avec une vision prospective dans le temps donc gestion de l'eau, des déchets, de l'énergie, du transport dans 10, 20, 30, 50 ans donc il y avait quand même quelque chose en lien avec, mais comment j'en suis arrivé aux biens en commun ? Moi globalement je pense qu'il va falloir qu'on réduise la production de biens au niveau mondial, qu'on redistribue mieux ce qui est créé, évidemment qu'il ne s'agit pas de demander aux burkinabés d'être sobres, c'est à nous d'être beaucoup plus sobres pour que les burkinabés et autres puissent croître encore un peu plus. Mais donc réduire la production, en revanche aujourd'hui je pense que c'est utopique de penser qu'on peut y arriver, dans le modèle actuel, tant qu'on n'a pas changé. le système d'un point de vue économique, déjà, qui crée l'argent, qui investit l'épargne, d'un point de vue, qu'est-ce que le bonheur, qu'est-ce que la réussite, l'accumulation. Et donc voilà, aujourd'hui, je pars du principe qu'il ne faut pas être trop utopiste, il faut faire avec les règles du jeu actuel. Réduire la production, la sobriété, on oublie aujourd'hui, dans le monde d'après, quand on a changé le système, et ça c'est un programme national, politique, voire international, on pourrait y arriver, mais pour l'instant, il ne faut pas s'attendre à ce que les gens soient sobres, la majorité. Et... Il faut donc trouver, enfin si on veut embarquer les gens, il faut qu'ils aient un intérêt. Le partage, ça fait sens parce que tu permets de réduire la production tout en donnant aux gens accès à tout ce que la société de consommation produit. Mais là aussi, il ne faut pas être trop utopiste. Il ne faut pas s'attendre à ce que les gens passent au partage si c'est contraignant. Donc c'est un peu toute cette démarche qui m'a amené à réfléchir à... Partager ça fait sens mais comment est-ce qu'on donne envie de partager ? Et on pensait aux vélos en libre-service, les valides ici, les vélos Valion, qui ont bien marché puisqu'en 15 ans aujourd'hui c'est rentré dans les mœurs de louer ces vélos. Et je m'étais demandé, c'était fin 2016, quand je cherchais ma voie chez EDF, quel autre type de bien est-ce qu'on pourrait mettre à disposition via des bornes connectées à une appli ? Et j'en suis venu à penser aux équipements du quotidien. C'est un peu tout le cheminement. Demain l'idéal c'est la sobriété mais la sobriété il va falloir la préparer parce qu'aujourd'hui si tout le monde est sobre c'est le système qui s'écroule, c'est la consommation qui crée l'emploi, c'est la consommation qu'on taxe pour ensuite financer ce qui est utile, c'est aberrant, on pourrait financer tout de suite ce qui est utile plutôt que d'abord produire un micro-ondes à commande vocale et le taxer. Mais voilà, les règles sont les règles, on joue avec et si on veut réussir à embarquer une majorité et pas juste 0, 0, 0, 0, 1% des colobobos, il faut trouver des alternatives désirables sans contrainte.

  • Jeff

    Super, tu as parlé un peu de ce qui t'a amené à vouloir créer le projet. Aujourd'hui, est-ce que tu peux rappeler pour nos auditeurs comment fonctionnent les biens en commun en tant qu'utilisateur ? Comment je fais pour me céder à ces biens ?

  • Yann

    C'est vrai que qu'est-ce qu'on propose ? Comment on fait pour une alternative désirable l'achat et la propriété de ces équipements ? L'équipement du quotidien, ça va être l'électroménager, le bricolage, le jardinage, le divertissement, la cuisine, donc l'aspirateur, la perceuse, le vidéoprojecteur, l'appareil raclette, etc. Donc nous on installe des casiers connectés dans les lieux de vie, qui peuvent être les immeubles, mais aussi les entreprises, les commerces, les bâtiments publics. On y met à disposition du matériel, donc c'est nous qui l'achetons ce matériel, c'est nous qui sommes propriétaires, donc c'est nous qui l'entretenons, le réparons, le remplaçons. Et puis les utilisateurs ont une application qui leur permet de s'identifier à un site, ils peuvent accéder à tous les sites publics et puis aux sites privés auxquels ils ont accès, pour réserver pour une heure, pour trois jours, aujourd'hui ou dans trois mois, leurs équipements. Et nous on s'occupe de la gestion utilisateur, on s'occupe de tout, de A à Z. Donc c'est vraiment clé en main aussi bien pour le gestionnaire du lieu de vie que pour l'utilisateur. Et on revient à cette question de pas de contraintes, pas de contraintes, pas de contraintes. Le raisonnement un petit peu derrière, c'est avec ce système, les gens auront les mêmes avantages que la propriété. La garantie de trouver l'équipement qu'ils cherchent, l'ultra proximité, la dispo 24-24, ça dure sur 7. L'autonomie, on ne dépend pas de quelqu'un et le bon fonctionnement. Les avantages d'un service, il ne faut pas s'attendre aujourd'hui à ce que les gens s'occupent eux-mêmes d'un coup de l'appareil mutualisé. Je ne pense pas déjà pour se mettre d'accord sur la peinture du mur du rôle d'entrée. c'est la guerre, entretenir, vider, réparer l'aspirateur, on oublie. Et donc, il n'y a plus que les avantages du partage, accès à plus, mieux pour moins cher, sans les contraintes de stocker, du coup, on se débarrasse de plein de choses chez soi, on retrouve de l'espace de vie, et on n'a pas la charge mentale de l'achat, de la réparation ou de l'emplacement. Moi, ma vision, pour être très clair, je ne suis pas technophile, je pense que le monde de demain, ce sera des changements de mode de vie, et que l'idéal, demain, ce sera que les gens partagent entre eux, au sein de collectifs, qui gèrent par eux-mêmes un pool d'appareils mutualisés. Mais on revient de nouveau à ce... pragmatisme, réalisme, cynisme, qui est, aujourd'hui, il ne faut pas croire que ça peut marcher. La preuve, ça ne marche pas. Les applis de partage entre voisins ne se démocratisent pas. La location chez Leroy Merlin ou Boulanger ne se démocratise pas. Donc, c'est peut-être une première étape avant le monde de demain.

  • Jeff

    dans un monde assez individualisé où chacun finalement communique moins avec ses voisins comme ça peut être le cas je lisais encore dans un livre hier finalement on a des voisins on a des relations entre des personnes d'amour par exemple on couple 5 ans avec une personne et avoir ses voisins qui changent 3 fois dans ce laps de temps tout se fait plus vite tout est consommé plus vite et puis même si on connait ses voisins est-ce que le voisin est là au moment de son besoin est-ce qu'il veut l'embêter à 22h est-ce que donc

  • Yann

    C'est juste normal. Au-delà de la question connaître ses voisins, il y a tous les aspects très pratico-pratique. Demain aussi, si on a réduit le temps de travail, ce que je pense indispensable, on aura beaucoup plus de temps pour ce genre de choses. Et je pense qu'il va falloir ralentir, donc accepter que peut-être que l'aspirateur, on le passe dans deux heures. Mais aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Donc il faut faire avec les réalités d'aujourd'hui.

  • Jeff

    Aujourd'hui, vous avez des casiers dans lesquels ces équipements sont accessibles pour vos utilisateurs qui commencent à être déployés. Ça fait un petit moment déjà. Ça s'est passé un peu comment aujourd'hui ? Vous êtes à quel niveau de déploiement ?

  • Yann

    Ok, donc moi je me suis lancé à la faillite de la startup pour laquelle je bossais fin 2019. J'ai porté le projet seul pendant deux ans. La première installation a été faite en résidence étudiante, c'était la première cible en février 2021. L'entreprise a été créée fin 2021. J'ai un associé Thomas Kull qui m'a rejoint en tant que directeur général fin 2021. Et en 2022, on a eu des financements non dilutifs qui nous ont permis d'une part de déployer trois systèmes de plus pour consolider notre prototype et de développer notre application. Et puis... Cette année, on en a fait 6-7 de plus. Donc là, aujourd'hui, on a une dizaine de sites installés. On a sorti des résidences étudiantes. On est aussi là dans un magasin boulanger, dans un campus université-entreprise, dans une entreprise en Alsace demain, lundi. Et puis, on a bougé de Lyon puisqu'on est aussi maintenant à Grenoble, en Ile-de-France et en Alsace. Donc, voilà un peu où on en est. On est aujourd'hui 6-7. dans la boîte, on lève des sous pour continuer à recruter du monde. Et ce qui est super, très chouette, c'est qu'on voit un message. on en discutera peut-être que les gens ont envie de trouver du boulot à sens, donc c'est assez facile d'attirer des profils, et puis notre chance, et là aussi on pourra en rediscuter, c'est qu'on est capable, puisqu'il y a un modèle économique rentable, puisqu'on a levé, de proposer des salaires qui sont corrects, décents, et qui permettent aux gens de ne pas avoir à choisir entre sens et stabilité personnelle. Ça, c'est un vrai enjeu de nos sociétés.

  • Jeff

    C'est vrai que je côtoie pas mal de monde qui... ont envie de retrouver du sens dans leur travail, ils ont toujours un peu peur de devoir sacrifier forcément le salaire et de se dire que c'est forcément du bénévolat ou que ça sera forcément au SMIC après 5 ans d'études et 5 ans d'expérience, par exemple.

  • Yann

    Tout à fait. Aujourd'hui, le sens, c'est s'impliquer dans des projets qui ne sont pas rentables ou moins rentables que les activités mainstream. Parce que le modèle a été fait pour financer ce qui est rentable et pas ce qui est utile. Donc c'est CQFD, il n'y a pas de surprise à ça. Moi ce qui me surprend plus aujourd'hui, c'est que des gens soient surpris qu'on n'aille pas plus vite. Mais on ne peut pas aller plus vite avec le système actuel qui a été mis en place pour produire beaucoup pas cher. Il le fait superbement bien. Et aujourd'hui on lui demande de produire moins et mieux. Il ne sait pas faire. Donc ce n'est pas surprenant qu'on fasse des petits pas comme a dit Nicolas Hulot il y a quelques temps.

  • Jeff

    On part de loin. On part de loin malheureusement. le temps manque pour s'adapter.

  • Yann

    Je pense que ça peut aller vite, mais c'est un programme politique de non-vergure nationale ou internationale. C'est des règles, des conventions, comme a dit Aurélien Barraud, notamment financières, sur qui crée l'argent et qui investit l'épargne. Bon, ce n'est pas le sujet, mais on va en parler deux heures.

  • Jeff

    C'est intéressant. Aujourd'hui, vous avez ces équipements. Comment ça se passe ? Vous récupérez des équipements ? Comment vous vous fournissez ?

  • Yann

    Aujourd'hui, on a des partenaires. C'est Seb, le Roi Merlin, Boulanger. On discute avec Decathlon, avec Steele, avec Bosch. La logique au début, c'était de nouveau une logique de pragmatisme. Je ne veux pas équiper 10 immeubles. Ça ne sert à rien. Enfin, c'est mignon. Mais l'objectif, c'est d'en équiper des milliers, des dizaines de milliers dans les années à venir. Et pour ça, il faut travailler avec des fournisseurs qui ont l'air insolides et qui peuvent fournir des milliers d'équipements. Donc, effectivement, je me suis posé la question de mettre de l'équipement en seconde vie, récupérer dans une conciergerie, une recyclerie. Mais... ils n'en avaient pas déjà, et puis ensuite moi qui veux des dizaines, des centaines, des milliers d'équipements, ce n'était pas possible. Donc, travailler avec ces gros acteurs qui ont les moyens, qui peuvent aussi donner de la crédibilité, très important, de la visibilité, et qui ont les moyens de te fournir massivement, et moi ce que j'espère, c'est demain avec eux, au-delà de pouvoir choisir des équipements qu'ils produisent et qui sont éco-conçus, c'est de carrément concevoir avec eux une gamme. d'équipements spécifiques par exemple comme le Vélib de nouveau c'est des vélos qui ont été testés pour le portage et demain j'aimerais bien avoir l'aspirateur les biens en commun,

  • Jeff

    Biceb par exemple complètement et du coup les équipements que vous choisissez c'est difficilement compatible avec de l'obsolescence programmée des produits qui vont s'user en un an ou deux ans c'est du durable nous on est obligé de mettre du matériel de qualité pourquoi ?

  • Yann

    pour donner envie aux gens de passer au partage si on se contentait de mettre un aspirateur à 30 euros les gens n'ont aucun intérêt je l'achète là si c'est un aspirateur 200 balles bon bah après je suis d'un point de vue robustesse effectivement nous il faut des appareils robustes réparables parce que sinon il n'y a pas de modèle économique si on doit le remplacer tous les tous les tous les six mois donc clairement il ya il ya travaillé sur ça pour l'instant on se base vraiment beaucoup sur sur cebe et ses personnes partenaires parce que c'est eux qui ont la connaissance produit peut-être que c'est une compétence qu'il faudra qu'on a quand même un jour l'autre mais enfin Tellement d'équipements ! Donc je suis plutôt dans une logique de faire confiance à ce partenariat. Et puis à terme, comme j'ai dit, ce que j'adorerais c'est éco-concevoir une gamme spécifique d'équipements.

  • Jeff

    Tu disais que vous avez commencé par équiper des résidences plutôt CRUS. Là, vous allez vous équiper, j'ai vu Boulanger à Lyon, et vous allez continuer comme ça de vous déployer en France, où le programme, la roadmap très macro idéale en 2025, par exemple, 2024, c'est toujours France, c'est de l'international.

  • Yann

    La vision c'est que demain, dans 5, 10, 15 ans, dans ton quartier tu aies une offre de location pour tout type d'équipement. Mais en fonction du type d'équipement, ça ne sera pas forcément au même endroit. Donc tu aurais des casiers dans ton immeuble pour les équipements du quotidien de la semaine du mois, là où tu en as besoin maintenant. Et peut-être que pour les équipements dont tu utilises une fois tous les 6 mois ou tous les ans, tu peux anticiper, tu peux réserver. Ça sera dans ton entreprise, dans ton bureau de poste, dans ta bibliothèque, dans ton commerce. Mais que finalement... on quadrille un territoire et que tu aies une possibilité de location désirable pour tous tes équipements. Donc ça, c'est ce que je vois en termes de cibles. Donc le marché est énorme, évidemment. Ça, c'est au niveau d'un territoire. Et ensuite, clairement, l'objectif, c'est que ça SM le plus vite possible sur d'autres territoires. Donc on a commencé. les biens en commun, mais ma vision c'est que pour que ça aille vite et fort, il faudrait créer des structures locales, si possible de type coopératif qui implique les parties prenantes du territoire, cette structure locale qui déploie, opère et une structure mère. potentiellement nous, qui met à disposition le logiciel, la marque, les contrats gros fournisseurs. Mais pour aller vite et fort, je pense que c'est essentiel que ce soit du local et du multi-partenariat. Ça, ça ne dépend pas que de nous, malheureusement. Il faut réussir à impliquer des parties prenantes. Donc, soit l'initiative se développe portée par une entreprise de l'économie sociale solidaire, c'est nous, et on va réussir à avancer, mais on va faire aller 2000 déploiements en 5 ans, ce qui est déjà une belle ambition. Les 2000 déploiements, l'impact sera marginal. Soit on arrive... près de 10, 15, 20, 30, 50 structures locales qui déploient en même temps que nous. Et donc, dans 5, 6, 7, 8 ans, on n'a pas 2 000 déploiements, on en a 50 ou 100 000. Sur la question de l'international, il y a d'autres structures, des startups qui se sont lancées dans d'autres pays, en Europe, aux États-Unis. Et pour moi, ma vision, c'est que, je ne suis pas pour les multinationales, je pense qu'il faut, je suis pour l'entreprise privée, mais je pense qu'il faut une entreprise privée à l'échelle locale qui soit intégrée dans son territoire. où les responsables, ceux qui prennent les décisions, sont confrontés aux conséquences de leurs décisions. C'est un des problèmes des multinationales, c'est qu'ils sont dans le tour d'ivoire, ils voient des chiffres et ils ne voient pas les impacts. Donc bon, bref, les biens en Corée n'ont pas vocation à être le déployeur national, puisque je veux mes structures locales, et je pense encore moins être un déployeur international. Maintenant, s'il y a des structures, et là c'est le cas en Belgique, une collectivité qui nous sollicite parce qu'ils veulent déployer le service, on peut faire une licence d'exploitation et évidemment partager ce qu'on sait, et trouver un modèle économique pour que tout le monde s'y retrouve. mais plutôt dans une logique où si dans des pays il y a des structures qui proposent et qui développent la même chose, ce qui est le cas dans plusieurs pays, on essaie de collaborer on essaie de mettre en place un réseau européen en ce moment justement avec ces acteurs, et s'il n'y a pas un acteur qui existe, le faire émerger éventuellement pour toujours cette logique d'une structure locale multipartonale qui déploie et opère tout en ayant l'impact de masse ça ira plus vite comme ça le vélo en libre service, pourquoi est-ce qu'en 10-15 ans c'est devenu mondial ? c'est parce que tu as un fournisseur quelques fournisseurs de technologie, Smooth, etc., JCDECO, qui proposent la techno, mais ensuite, c'est des structures locales, en général des filiales privées, de ce que je comprends, enfin, qui déploient. Et c'est incroyable quand on y pense, le vélo en libre-service, au début des années 2000, le partage de vélo, c'était insignifiant, comme aujourd'hui le partage d'équipement, 15 ans plus tard, c'est rentré complètement dans l'univers. Et j'espère que ça sera la même chose avec les biens en commun, que en 2050, ça paraît tout à fait naturel de descendre de deux étages et de récupérer son ASPI. éco-conçu et super efficace. Ça serait beau. On verra. Ça serait beau.

  • Jeff

    Tu disais donc aujourd'hui que tu as levé déjà des fonds. Tu fais partie de la scène d'éco-entrepreneur ou entrepreneur à impact français. Tu penses quoi un peu de cette scène ? Est-ce que tu as pu rencontrer d'autres startups inspirantes ? Est-ce que tu sens qu'il y a une sorte d'accélération peut-être sur ces sujets-là ?

  • Yann

    Oui, donc ça fait 4 ans bientôt, beaucoup dans le milieu de l'ESS lyonnais, donc l'économie social et solidaire. De moins en moins maintenant, pourquoi ? Parce qu'on revient à cette question de modèle économique en place. Les acteurs de l'UGSS, les acteurs qui s'attaquent à des sujets que le marché n'attaque pas, et qui sont du coup moins rentables, voire pas rentables, et qui dépendent de subventions, ou qui ont du mal à grossir. c'est un vrai enjeu et donc aujourd'hui moi je suis plutôt dans des réseaux d'entrepreneurs un peu plus on va dire classiques et c'est très intéressant de comparer d'ailleurs ce que les entrepreneurs de Ronalpia à Lyon pouvaient faire d'utile mais qui va malheureusement dans le système actuel jamais scaler et vivote avec ce que mes collègues entrepreneurs du réseau Entreprendre peuvent faire aujourd'hui où l'utilité est très souvent discutable mais voilà et on revient aux limites fondamentales posées par ce système qui fait que tant qu'on n'a pas changé de modèle économique de mentalité, de qu'est-ce que la réussite, de récits désirables, mais avant tout de modèle économique. Je ne pense pas qu'il faut s'attendre à un développement massif de l'impact dans les années à venir. Je pense qu'aujourd'hui, si on pouvait le faire, on l'aurait fait. Je ne crois pas que les directeurs de boîtes actuelles ou les directrices, les investisseurs, soient des personnes fondamentalement mauvaises qui ne veulent pas faire de l'impact. S'ils, elles, le pouvaient, elles le feraient. Mais il y a des réalités, ce n'est pas des réalités, des conventions économiques qui font que... Et il ne faut pas juger, moi je ne suis pas dans le jugement, je juge le système que je juge obsolète, mais chacun des acteurs, que ce soit individu, entreprise, association, même politique locale et même politique nationale, joue avec ces règles du jeu, et c'est ces règles du jeu qu'il faut changer. Donc pour répondre à la question, en 4 ans j'ai passé de recul pour voir s'il y a une vraie évolution, certains qui regardent ça depuis 20 ans vont noter une évolution qui vient petit à petit, mais c'est beaucoup trop lent, et moi ce que je pense c'est que ça ne pourra jamais devenir mainstream. dans les temps qui nous sont appartis, sans changement là-haut. On n'a pas la main là-dessus, sauf par notre vote, il faut faire avec les règles du jeu actuel.

  • Jeff

    C'est assez étonnant, en plus, quand les rapports du GIEC nous disent qu'on a plus, même économiquement, financièrement, on a plus à y gagner, à faire une transition, que d'attendre que ça se passe et de subir l'impact.

  • Yann

    Je suis un peu dubitatif, mais bien sûr qu'une certaine approche de l'écologie... c'est d'essayer de faire croire que c'est compatible avec le modèle actuel. Moi, je ne pense pas que ce soit compatible avec le modèle actuel. Je ne pense pas qu'un modèle qui finance et dont la stabilité repose sur le produire beaucoup pas cher, peut être compatible avec ce qu'il faut faire, c'est produire mieux d'un point de vue oriental et social, donc moins rentable, et produire moins. Produire moins, ça veut dire, effectivement, comme Macron l'a dit récemment, on ne peut pas faire de décroissance, parce que si on décroît, comment est-ce qu'on finance les retraites, la sécu, etc. Dans le système actuel, il est tout à fait raison. Il faut peut-être réfléchir à ce qu'on ne peut pas trouver un modèle. où on finance directement la sécu, les retraites, sans passer par d'abord produire un micro-ondes à commande vocale.

  • Jeff

    Après, il y a peut-être de l'argent à aller chercher aussi sur des... On sait qu'aujourd'hui, ce n'est pas tellement les fraudes au RSA qui coûtent à la France, c'est plutôt l'évasion fiscale.

  • Yann

    Oui, mais chaque pays est en compétition pour attirer le capital privé dont il a besoin pour financer son économie, créer de l'emploi. On ne peut pas, aujourd'hui, taxer les ultra-riches. Si tu le fais, ils partent ailleurs.

  • Jeff

    C'est le troisième pays où il y a le plus de riches.

  • Yann

    Oui, bien sûr. Je pense vraiment que si, par exemple, quand le PS a été au pouvoir, ils ne l'ont pas fait, ils... Il y a des raisons très pragmatiques et à leur place j'imagine que j'aurais fait pareil, c'est pour ça qu'il faut changer les règles. Il ne faut plus en fait, et puis là je vais m'arrêter là sinon on risque de diverger, il ne faut plus que l'intérêt général et financer ce qui est utile dépendent d'intérêts privés. Et aujourd'hui c'est ça, on a besoin d'intérêts privés pour créer de la production, pour ensuite taxer et financer ce qui est utile, l'infirmière, le prof, le policier, le social, l'environnement. Alors qu'on saurait très bien faire tout ce que je viens de citer. On sait le faire, on a les connaissances, on a les compétences, on a les outils, les technologies, on a les ressources naturelles pour faire vivre 10 milliards d'êtres humains sur cette planète, mais on ne le fait pas. Pourquoi ? Parce qu'il faut d'abord passer par la case production consommation pour produire des trucs de plus en plus superflus pour ensuite financer ce qui est utile. Il faut bifurquer vers on ne passe pas par cette case production consommation pour financer ce qui est utile. Mais ça, c'est de la politique nationale, internationale et voilà. Est-ce qu'on va le changer avant de prendre le mur ? Je l'espère, oui.

  • Jeff

    Top. On va passer par une petite partie quiz. J'ai sélectionné deux, trois questions. en lien avec le domaine dans lequel tu travailles, il y en a un, je pense que tu auras peut-être déjà la réponse, parce que j'ai déjà vu des vidéos où tu ne parlais pas de cet objet-là, mais en gros, c'est sur la durée de vie des objets, en fait, c'est un des intérêts de l'IBIEN en commun, c'est qu'il y a peut-être des objets où la durée de vie d'utilisation va être légère, et ça n'a peut-être pas forcément l'intérêt de se l'acheter pour l'utiliser une fois par an. Donc, selon une étude de l'ADEME, on a calculé la durée moyenne d'utilisation d'une perceuse. Et donc, d'après toi, est-ce qu'il s'agit de 100 heures, de 10 heures, d'une heure ou de 10 minutes sur toute sa durée de vie d'utilisation d'une perceuse ?

  • Yann

    Je connais la réponse puisque c'est sur le site Internet. C'est une dizaine de minutes, selon l'ADN, effectivement.

  • Jeff

    C'est assez fou, oui. Ils ont montré ça en 2018, donc on pense à tous ceux qui ont une perceuse chez eux qui vont l'utiliser 10 minutes.

  • Yann

    Moi, en premier lieu.

  • Jeff

    C'est ça. Top. Il y a un gros enjeu aussi sur, moi je trouve intéressant le fait que les biens en commun se déploient dans les crousses, parce que c'est vraiment une population d'utilisateurs qui ont un pouvoir d'achat vraiment moindre par rapport au reste de la population. Récemment, il y a une étude qui montrait que des étudiants sautaient des repas, parfois pour des raisons financières. Selon toi, est-ce qu'on est plutôt de l'ordre de 5%, de 25% d'étudiants qui sautent un repas pour raison financière ? Plutôt. près de la moitié, 50%, voire plus de la moitié, 75%.

  • Yann

    Dans ce genre de crise, il faut taper au milieu à peu près, je ne sais pas, entre 25 et 50 ?

  • Jeff

    Oui, c'est ça. Il y a eu COP1, Linky, donc deux associations, et IFOP, et aussi une étude de BFM sur le sujet, où effectivement, ils sont plus proches des 50 que des 25. Il y a eu des chiffres autour de 43 de mémoire et de 54, je crois. Mais on est effectivement dans cette zone-là. D'où l'intérêt, si ces étudiants-là n'ont plus besoin demain d'aller acheter un aspirateur, d'aller acheter des appareils électroménagers, un four, etc.

  • Yann

    Enfin, ça doit être le progrès que 50% des étudiants doivent s'offrir. Certaines visions de ce qu'est le progrès.

  • Jeff

    C'est ça.

  • Yann

    Non, c'est ouf, mais bon, bref. On revient, qu'est-ce qu'on doit faire de financer en termes de société ? Est-ce qu'on finance ? des drones volants, des microns d'accommande vocaux, un 14ème iPhone 30 paires de jeans ou est-ce qu'on finance le fait que tout le monde ait à manger pour l'instant on semble avoir fait un choix,

  • Jeff

    c'est étonnant comme choix mais espérons que ça change tu parlais tout à l'heure du sens au travail et ça sera ma dernière question il y a une étude qui est passée cette année 2023 qui a été faite et qui montrait que les salariés envisagent de quitter leur emploi pour des raisons de retrouver du sens au travail. Sur justement cet aspect-là, combien d'après toi de salariés envisagent de quitter leur emploi dans les deux ans pour un travail qui a plus de sens ? Est-ce qu'on est aux alentours de moins de 10% ? Est-ce qu'on est au-delà de 50% ? Est-ce qu'on est...

  • Yann

    Ouais, je pense quand même qu'il y a de plus en plus de gens qui sont conscients de la situation. Il y a de plus en plus de gens qui sont insatisfaits du mode de vie qu'on leur propose, c'est-à-dire soyez heureux en consommant Je dirais une moitié.

  • Jeff

    Ouais, pas loin. C'est 40%, c'est la session Progeissance, qui a réalisé une étude en 2023 qui indique qu'on est autour de 40%.

  • Yann

    Mais c'est un vrai sujet, ça, et même au niveau de la société. C'est-à-dire que tant que tu avais 5, 10, 15% de gens qui étaient conscients et qui voulaient un job à sens, ça n'a rien. on arrivait à les caser. Alors souvent, on leur demandait un sacrifice d'un point de vue salaire ou précarité de l'emploi, mais demain, si on a 40, 50, 60% des gens qui sont conscients de l'enjeu social, environnemental et qui veulent un job à sens et que le système n'évolue pas pour leur permettre et donc que ces personnes, on leur demande de choisir entre, je caricature un petit peu, mais c'est quand même une réalité, entre sens et galérer ou entre pas de sens et être confortable, il va y avoir... Aujourd'hui, il y a de la dissonance cognitive au niveau de l'individu, je pense qu'il peut y avoir de la dissonance cognitive au niveau de la société, et ça va pas être beau à voir. Et c'est triste, en fait, parce que là aussi... le président qui parlait de libérer les énergies en 2017, il y a tellement d'énergie justement à libérer pour faire ce qui est utile, il y a l'envie,

  • Jeff

    il faut juste...

  • Yann

    On revient à ce qu'on finance, point barre. Pour moi, c'est vraiment... Aujourd'hui, tant qu'on n'a pas parlé de qui crée l'argent, qui investit l'épargne, qu'est-ce qu'on finance ? Tout le reste, c'est du blabla. Toutes les questions de production, production mieux, de gouvernance, de règles, de droits, même de futur désirable, tout ça c'est bien beau, il faut en parler, il faut y réfléchir, on est en train d'y réfléchir, mais tant qu'on n'a pas parlé de la question de qu'est-ce qu'on décide de financer, on ne fait rien sans financement. Et donc oui, c'est en ça que je dis, avec les biens en commun, ce qui est chouette, c'est qu'on arrive à attirer des profils expérimentés qui ont des compétences, qui acceptent en général une petite réduction de salaire sur ce qu'ils auraient pu avoir, mais où ça reste quand même... cohérent et... Très Voilà, très raisonnable, parce qu'autrement, effectivement, aujourd'hui, la société est juste sur le fait qu'il y ait des personnes, beaucoup, beaucoup, beaucoup, des personnes qui ont des convictions et qui sont prêtes, entre guillemets, à se sacrifier pour... C'est pas nouveau, les infirmières, les institutions sociales, les stats, souvent des femmes, d'ailleurs. Mais au bout d'un moment, on finit par être usés, quoi. Ouais.

  • Jeff

    Il faut arriver à vivre avec l'inflation en parallèle.

  • Yann

    Juste, c'est ça. Et se dire, non,

  • Jeff

    mais je vais refuser ce poste dans les énergies fossiles.

  • Yann

    Mais si tu joues juste sur le fait qu'il y a une partie de la population qui a de belles valeurs et que tu uses petit à petit, là aussi, ce n'est pas spécialement glorieux d'un point de vue vision de la société.

  • Jeff

    Top ! On arrive dans la dernière partie de cette interview. Je voulais savoir si récemment, si tu as pu lire des choses, voir des documentaires, peut-être des films ou des interviews qui t'ont marqué. Ça peut être sur les sujets d'écologie, de post-croissance,

  • Yann

    transition ou pas du tout. Je lis beaucoup, je regarde beaucoup de documentaires. Je disais avant l'interview que je pourrais en trouver une en particulier. Je ne lis pas particulièrement sur l'écologie en sens strict ou post-croissance. Je m'intéresse plutôt à géopolitique, société, économie, parce que je pense que je ne crois pas d'écologie sans imbriquer dans tout ça. Je l'avais lu il y a trois ans, j'avais fait un résumé à la main et que j'ai retapé sur Word récemment. J'ai redécouvert un Sapiens, une brève histoire de l'humanité, qui est génial. principalement parce que ça permet de prendre conscience du fait que ce qu'on vit depuis 30-40 ans c'est une bulle dans l'histoire humaine que c'est lié à beaucoup de hasards et surtout l'énergie et surtout qu'à travers l'histoire humaine on a inventé différentes

  • Jeff

    formes de sociétés, différents systèmes socio-économiques, et qu'aujourd'hui on va nous faire croire qu'il y a une alternative. Ben non, c'est du bullshit. On a toujours évolué, on a toujours changé. Le modèle qui est en place depuis globalement 40 ans, et le tournant néolibéral des années 80 avec Thatcher, Reagan, Friedman et les génomes éthérans, il n'est pas ancré dans le marbre, il peut être changé. Je pense que bouquins comme Sapiens, qui permettent de prendre du recul sur l'ensemble de l'histoire de l'humanité, ça permet un peu de réfléchir autrement. Aujourd'hui, il faut sortir du cadre, il faut vraiment sortir du cadre. On a mis en place un cadre qui fonctionne pour produire beaucoup pas cher, je reviens à ça. Aujourd'hui, il faut en sortir pour réfléchir à comment est-ce qu'on est stable, comment est-ce qu'on donne une rémunération aux gens, comment est-ce qu'on finance ce qui est utile en produisant moins et mieux. Je pense que de lire des bouquins comme ça, qui permettent de prendre conscience de l'échelle de temps et du fait qu'on est... c'est rien, c'est une seconde sur l'histoire de l'humanité, on peut se réinventer. Et la deuxième chose à laquelle je pense là spontanément, parce que je pense que... beaucoup, la transition passera par un regain d'empathie, comprendre l'autre, se mettre à la place de l'autre, ne pas être présomptueux, c'est-à-dire de se dire qu'à la place de l'autre, on ferait pareil. Moi, à la place du PDG de Total, je ferais probablement la même chose que ce que fait le PDG de Total. À la place d'un jeune en banlieue, je ferais la même chose. À la place de ta place, je ferais la même chose. Je n'ai pas la présomption de penser que je ferais mieux que ça. Et ça, ça passe par le fait de se dire... le hasard de la vie, je suis très déterministe, et puis l'empathie, essayer de se mettre à la place de l'autre et se dire, l'autre s'il fait ça, c'est bien qu'il a une raison. Et je pense clairement que si on veut éviter sacrée crise dans les années à venir, il va falloir regagner de l'empathie. On revient à changer de système et pas valoriser la compétition, pas valoriser l'accumulation de biens privés, parce que c'est ça qu'on valorise aujourd'hui. J'ai une phrase que j'aime bien citer qui est Si dans un groupe de singes, il y a un singe qui accumule bien bien bien plus que ce dont il a besoin pour vivre et que les autres galèrent, les scientifiques humains, c'est-à-dire nous en plus, on regarderait le singe en disant mais qu'est-ce qui ne va pas avec lui ? Et bien chez l'humain, on va mettre cette personne à la une de Forbes. Voilà, c'est complètement ça. Je pense juste à ça parce que j'ai vu un... Il y a une série de reportages sur Arte récemment sur la police où ils interviewaient 7 policiers et c'est très intéressant de se mettre à la place des policiers qui ont certaines proportions de la population qui partagent mes idées et dont je partage les idées, pour être très critique, se mettre à la place d'un policier pour comprendre pourquoi il ou elle avait agi de cette manière-là et se dire qu'à la place de ce policier ou de cette policière, on ferait pareil. Et idem, à la place d'un manifestant, on ferait la même chose. Ouais, réussir à être humble par rapport à ça et pas se penser meilleur que les autres.

  • Yann

    Ouais, tout à fait. Ce que tu me dis m'a fait penser à plusieurs choses. Une phrase qui tourne beaucoup dans les milieux écolos, c'est que les gens ont souvent tendance à... a plus facilement imaginé la fin du monde que la fin du capitalisme, tellement on est ancré dans ce système-là, et souvent la réponse c'est de dire tu veux quoi le communisme ? Comme s'il n'y avait que deux modes qui existent, et qu'il n'y a pas une infinité de solutions intermédiaires qu'on peut trouver.

  • Jeff

    Évidemment. De toute façon, aujourd'hui, ce n'est même pas vraiment un choix. D'un côté, il y a des limites, qui sont des conventions, des règles que l'humanité s'est fixées il y a 40 ans, et de l'autre, il y a des limites physiques. On ne peut pas changer les limites physiques.

  • Yann

    Complètement.

  • Jeff

    c'est pas une opinion c'est les faits donc on n'a pas le choix et toutes les personnes aussi qui je sais pas si elles y croient vraiment mais le technosolutionnisme ça fait pas sens parce qu'aujourd'hui quand on regarde dans les faits c'est les pays qui sont les plus avancés technologiquement qui ont le plus d'impact point barre, il n'y a même pas besoin de rentrer dans des détails les pays qui défoncent la planète qui ont le plus d'impact c'est nous, les Etats-Unis la péninsule arabique, et puis Chine, et voilà. Et pourquoi ? Tout ça, c'est très simple, parce que la technologie, c'est comme l'éducation, c'est comme la communication, c'est comme la recherche, c'est comme l'innovation, c'est au service d'un système. C'est pas l'objectif en soi, c'est un outil au service d'un système. Tant que le système est là pour produire beaucoup pas cher, la technologie qu'on développera et qu'on mettra en application produira beaucoup pas cher. Donc c'est pas être anti-technologique pour la technologie. La technologie, c'est un outil au service de quoi tu le mets, quoi. Oui,

  • Yann

    puis technosciences.

  • Jeff

    ils font le pari que la techno sauvera tout si le pari est perdu alors qu'il y avait d'autres façons d'appuyer c'est vrai que c'est un deuxième sujet très important quand on débat avec un techno solutionniste c'est dire premièrement on regarde bon ça marche absolument pas, les pays les plus technologiques sont les plus impactants et c'est normal tout ce que je viens de dire, mais en plus de ça ok très bien je veux bien croire que la technologie nous sauvera mais tant qu'on n'a pas trouvé la technologie on va faire attention, on va être sobre et puis dans 30 ans quand on aura inventé un avion propre, on reprendra les avions Si on considère que c'est toujours utile, on peut en consulter. Mais tant qu'on n'a pas l'avion propre...

  • Yann

    Il est propre à terre.

  • Jeff

    C'est ça. Et aujourd'hui, le raisonnement, là aussi une image, c'est comme si on demandait à un alcoolique ou à un fumeur de continuer à boire ou à fumer. parce que t'inquiète on va trouver une solution dans 10-20 ans et c'est encore pire c'est continuer à boire ou à fumer parce que on taxe ça et ça ça permet de financer ensuite tes soins tu vois c'est vraiment ça aujourd'hui il faut qu'on croisse donc il faut que les avions continuent à voler pour qu'on taxe ça pour financer ensuite la R&D quoi la

  • Yann

    pluraliste énergie fossile qui va dire moi je fais que répondre à une demande j'y peux rien ben encore une fois là aussi de manière très pragmatique si aujourd'hui

  • Jeff

    les totales, etc. arrêtées de forer, ce serait le bordel. On a besoin de cette énergie fossile. Oui,

  • Yann

    il faut s'adapter d'abord.

  • Jeff

    On revient à ça.

  • Yann

    On arrive quand même à un piste pétrolier.

  • Jeff

    De toute façon, on n'aura pas le choix. Mais vraiment, aujourd'hui, c'est comme quand je dis la sobriété. Si demain, 50% des gens sont sobres, comme moi. Je ne suis pas super sobre, mais déjà, je pense que c'est le chaos. Parce que c'est la consommation qui crée l'emploi, c'est la consommation qui permet d'être... On revient à tout ça. Donc ce système-là actuel ne peut pas être stable, ne peut pas financer la sobriété, et ne peut pas être stable si les gens sont sobres. C'est pour ça qu'il faut en changer. top et ça peut être super moi si c'était un beau projet un beau projet politique là tu libères les énergies tu crées à tous les niveaux des collectifs pour réfléchir moi je pense qu'il y a quatre grands enjeux auquel réfléchir je parlais de l'argent oui le récit ce qui est désirable la gouvernance publique mais privée aussi et enfin la production comment on produit ce qui est nécessaire la logistique etc là tu peux vraiment créer un super projet national tu fédères les énergies tu donnes envie nationale ou européenne ou internationale mais bon c'est c'est un C'est probablement trop complexe à mettre en place pour nos dirigeants actuels, je ne sais pas.

  • Yann

    C'est un peu difficile pour eux de prendre des décisions.

  • Jeff

    C'est plus simple de se dire que la technologie résoudra tout, effectivement. Parce que considérer que la technologie ne résoudra pas tout, ça ouvre un tel saut dans l'inconnu en termes de tout. Oui, c'est bien plus rassurant de se dire, c'est bon, je suis là que pour cinq ans.

  • Yann

    C'est sûr, c'est le problème, ils sont engagés sur des enjeux court terme, alors que c'est du très long terme.

  • Jeff

    La politique aujourd'hui, c'est... Parce que dans les années 80, on a enlevé à la puissance publique le pouvoir de création monétaire et d'investissement de l'épargne privée, on l'a donné au marché, idéologie, mais qui était compréhensible, puisqu'on voulait produire beaucoup pas cher, qui mieux qu'un acteur privé peut produire beaucoup pas cher ? Plus tu produis, moins c'est cher, plus c'est rentable. Donc c'était une très bonne idée. Du coup, on a enlevé au pouvoir politique le pouvoir. Parce qu'on revient à ça, le pouvoir, c'est décider qu'est-ce qu'on fait, et qu'est-ce qu'on fait, ça dépend de qu'est-ce qu'on finance. Et donc, en leur enlevant le pouvoir, Je pense qu'on a fait des politiques juste des communicants, à qui faire le buzz, à qui va... Et aujourd'hui, les politiques, c'est plus des hommes ou des femmes d'État, comme ça pouvait être après-guerre, pendant les Tendances Glorieuses, où il y avait des gens qui avaient une vision de long terme, d'intérêt général. Et voilà, est-ce que c'est simplement parce que ces personnes-là avaient subi le mur, la Seconde Guerre mondiale, et donc qu'il faut attendre de prendre le mur pour qu'il y ait un sursaut et qu'il y ait des hommes et des femmes... politique, tu vois. J'aimerais bien qu'on évite d'arriver à ça, parce que ça sera, je pense, autrement plus dramatique. Déjà, la Seconde Guerre mondiale a été dramatique, mais qu'aujourd'hui, les armes qu'on a... Enfin, bref. Ça serait bien qu'on arrive à avoir ce sursaut politique avant de choper le mur.

  • Yann

    C'est ça. Est-ce que t'as comme ça un... Si tu devais donner un humain qui t'inspire, éco-entrepreneur ou auteur ou...

  • Jeff

    Je... pas vraiment qui m'inspirent je suis pas je suis pas dans le culte de la personnalité l'admiration et je pense que encore une fois quand on est déterministe on se dit que chacun fait ce qu'il faut nous l'aurons le faire ça et voilà moi c'est ça je suis absolument pas fier de ce que je fais parce que je considère que ce que je fais c'est juste normal vu la chance que j'ai eu tout ça donc par contre ensuite oui on va dire les toutes les personnes qui vont s'engager pour l'intérêt général au détriment de leur vie perso familiale et c'est là je dis moi au moins Je ne l'ai pas fait et j'espère ne pas avoir à le faire. Garder le bon équilibre parce que je pense que c'est injuste autrement. Mais toutes les personnes, et il y en a beaucoup du coup, des millions de gens. Oui, là, je suis admiratif. Et donc, si on doit donner de grands noms, souvent, moi, je te parle de, bien sûr, historiquement, Gandhi, Mandela, Luther King. Bon, ça implique aussi derrière et ça, c'est très intéressant. Les proches, la famille, l'épouse, l'époux soutiennent. Le sacrifice qu'on demande à toute une communauté. Mais oui, j'ai de l'admiration pour les gens qui font passer leur conviction et l'intérêt général presque avant elle. Elles ne devraient pas avoir à le faire, mais je pense que c'est...

  • Yann

    Personne ne le prend, c'est trop important, il faut qu'elle le fasse.

  • Jeff

    À tous les niveaux, encore une fois, bien sûr, on sait toujours les grands noms, les grands personnages. Mais non, à tous les échelles, heureusement qu'il y a des personnes qui luttent.

  • Yann

    Comment est-ce qu'on peut aider à notre échelle les biens en commun, ceux qui nous écoutent, pour aider à déployer, je ne sais pas ? Est-ce que tu as des pistes ?

  • Jeff

    Là, effectivement, on a toutes les brides qu'il faut pour accélérer. On a l'application qui tourne, on a les retours positifs du terrain. C'est vrai qu'on n'en a pas parlé, mais on approche des 2000 locations. Et pour l'instant il n'y a pas eu un vol, il n'y a pas eu une dégradation, les gens sont très respectueux. Ça c'est génial. Et voilà, on revient dans cette question de ne pas être dans la défiance généralisée, de faire confiance. Moi quand j'ai une fiancée à 4 ans, on m'a dit c'est une top idée mais elle va en Suède ou en Allemagne parce qu'en France on va tout casser. Voilà, on se bride aussi en ne faisant pas confiance à l'autre. Ça va arriver. Je ne suis pas naïf complètement, mais l'effet, pour l'instant, c'est que les gens sont respectueux. On est dedans, ça joue, il y a une barrière physique, la porte, une barrière physique, les casiers. On partage avec un collectif d'habitants que nous, on va essayer d'impliquer le plus possible en leur demandant de voter, en leur demandant de s'impliquer pour nous aider avec la communication et l'inspection, en ayant des référents, référents de bricolage pour créer une vraie communauté. Plus les gens s'approprient un service, plus ils s'en servent, plus ils s'en servent de manière respectueuse et donc on peut mettre en place un service vertueux. Mais en tout cas... Voilà, pour l'instant, 2000 locations et pas de soucis. Donc, je reviens à ta question. On a l'appli, on a les retours terrain positifs, on a l'équipe qui se structure avec vraiment de super profils, des gens engagés et qui ont 10, 15, 20 ans d'expérience. Super. Et on a les sous, puisqu'on réussit à lever, on a réussi à intéresser trois investisseurs qui ont de l'argent et qui veulent le mettre au service de l'impact. Et ça, c'est très intéressant aussi, je diverge de nouveau. Mais aujourd'hui, pour faire des trucs utiles, on a souvent besoin d'aller mendier auprès des ultra-riches. ça devrait pas exister je reviens sur pour nourrir le polémique Bernard Arnault pour nourrir des millions de français on devrait pas aller supplier merci monsieur Bernard Arnault de nous donner le mot non c'est très bien qu'il l'ait fait bien sûr le geste c'est très bien qu'il l'ait fait mais c'est le fait qu'il ait besoin de le faire qui pose problème et communiquer dessus sur 0,005% c'est beaucoup plus critiquable effectivement mais bon Donc, bref, on a réussi. Et merci à ces trois personnes qui, s'ils écoutent, se reconnaîtront. Et je suis sûr qu'on va bien bosser ensemble parce qu'encore une fois, c'est des investisseurs qui ont investi avant tout parce que le sens et l'impact. Ça, ça va être génial. Et donc, aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est... On a 10 installations. On a prévu d'en faire 15 en cette fin d'année. On en a déjà 9 de validées dans l'an. L'année prochaine, c'est 70, puis 150, puis 300. Enfin, de toute façon, on revient à ça. Il faut qu'on accélère si on veut avoir de l'impact. Si on ne fait que quelques dizaines, pinette. Donc... Comment pouvez-vous nous aider ? Premièrement, si vous connaissez des gestionnaires de lieux de vie. qui seraient intéressés parce que là aujourd'hui clairement on peut trouver un premier gestionnaire qui va dire ok banco j'arrête les pilotes, je vais installer 30, 40, 50, mon parc quoi. C'est ça, on a besoin d'un contrat cadre sur 2, 3 prochaines années pour nous donner de la visibilité et pour accélérer. Donc soit vous connaissez des acteurs, des directeurs, des directrices de telles structures et puis après la deuxième chose c'est vous à titre personnel, effectivement pourquoi pas en parler à votre entreprise. vous parlez à votre copropriété, vous parlez à votre collectivité. Moi, je vois beaucoup que si on n'arrive pas à impliquer les pouvoirs publics, ça n'aura pas la même vitesse d'essai-mage. C'est ce que je parle avec la métropole de Lyon depuis trois ans. Et sur chaque territoire où on s'implante, l'idée, c'est bien d'essayer de parler aux pouvoirs publics. Est-ce que vous voulez créer une structure locale de type coopérative et on déploie massivement ? Les pouvoirs publics peuvent être déployeurs dans les bâtiments publics, peuvent être prescripteurs auprès des bailleurs, auprès des acteurs. peuvent être pourquoi pas subventionneurs pour aider à l'installation. On n'en a pas parlé, mais on demande au gestionnaire à lieu de vie de financer l'installation initiale. Ensuite, l'utilisation couvre les coûts opérationnels, mais on a quand même besoin de cet investissement initial. Et puis, la dernière manière pour un public de s'impliquer, ce serait dans cette gouvernance si on met en place une coopérative. Donc voilà, vous connaissez des décideurs ou des décideuses de grandes structures parce qu'il faut parler aux chefs et aux cheffeux. C'est comme ça, je me rencontre bien depuis quatre ans. Si j'ai réussi à avancer entre guillemets aussi vite, c'est parce que j'ai rencontré 5-6 personnes clés qui étaient, des personnes qui pouvaient décider. J'aurais pu avancer encore plus vite si j'avais rencontré d'autres personnes. On revient au fait d'entrepreneuriat, pour moi, on revient du déterminisme. On peut faire beaucoup de choses, mais tout dépend de qui tu vas rencontrer, si ces personnes veulent t'aider, si c'est le bon moment pour elles, etc. Ça donne beaucoup, beaucoup de hasard. Et donc, toutes les questions du mérite, on pourrait en rediscuter aussi. Ce n'est pas le sujet, mais l'entrepreneuriat, depuis 4 ans, m'a conforté dans tout ce que je pensais sur ces questions de libre-habit, de mérite et tout. Mais... Mais voilà, donc des personnes qui peuvent décider et ensuite, à votre échelle, si demain on va le mettre en place. maintenant qu'on a un responsable du marketing et des clients qui arrivent dans quelques semaines, on veut mettre en place une campagne de recrutement d'ambassadeurs pré-déploiement à qui on pourrait fournir un petit kit pour les aider à les convaincre, tu vois, leur collectivité, leur entreprise et leur propriétaire de résidence. Et comme ça, si on arrive à avoir des milliers de gens qui sont des ambassadeurs, qui font ce premier travail d'eux, ça permettrait d'aller beaucoup plus vite. Donc aujourd'hui, c'est ça. Trouver des gros, les chefs qui peuvent dire oui et puis compter sur une nuée de personnes telles que vous qui nous écoutez pour faire connaître et pour déployer le service.

  • Yann

    Trop bien. On arrive au bout. J'ai une dernière question. Avant de te laisser aller prendre ton train, je crois que tu as encore une petite heure, deux heures. J'ai envie de poser cette question à chaque invité. C'est une question un peu clin d'œil à la biodiversité. Ce serait quoi ton animal totem ?

  • Jeff

    je crois que j'ai pas réfléchi je sais pas un requin ? un requin ? ouais non c'est pas un requin mais je trouve très stylé les requins je trouve que c'est tellement beau pourquoi pas ? donc pas pour le côté prédateur voilà peut-être que là c'est mon inconscient qui parle mais pour le côté beauté de l'animal et j'aime bien aussi j'avoue que j'aime bien le côté bah c'est un animal qu'on respecte encore et qui fait encore peur à l'humain quoi c'est vrai et dans l'eau on est dans son milieu et ça nous ramène un petit peu à tête donc voilà mais quand je pense à un animal si il y a un animal que j'aimerais voir aujourd'hui que j'ai pas encore vu ce serait un requin alors est-ce que c'est mon animal totem il faudrait que j'aille faire un séjour chamanisme pour découvrir ça ça

  • Yann

    marche Top, pour conclure si tu veux passer un dernier message, un remerciement si il y a une demande à passer ou des liens à nous communiquer pour suivre tes aventures à l'Alebiens en commun Oui,

  • Jeff

    l'Alebiens en commun, vous pouvez trouver le site internet sur alebiensencommun.com on a une newsletter, on va essayer d'être un peu plus présent sur les réseaux sociaux, Instagram, Facebook etc Non, après c'est remercier toutes les personnes qui ont cru au projet depuis le début et sans qui on ne serait pas là il y a des personnes clés chaque année presque depuis 4 ans Merci Et puis voilà, le message général, c'est une approche vision radicale des changements nécessaires, vision radicale, radicalement différente de la société et du monde de demain. Ouais. Mais on n'y est pas et donc essayer de prendre des approches pragmatiques, réalistes, qui peuvent paraître un petit peu peut-être tiède, mais au final, c'est toujours la même chose si, en prenant une approche un peu plus mesurée, on arrive à embarquer 60-70% des gens. on aura plus d'impact qu'une approche faite, mais qui embarque 0,1 ou 0,2. Voilà, et ça, au final, encore une fois, il n'y a pas de jugement, c'est une question de conviction, à quel point on est prêt à, c'est pas renoncer, mais s'adapter un petit peu, tu vois, pour le résultat final. Et l'important, c'est qu'à la fin de la journée, on puisse se regarder devant une glace en se disant, bon, je suis aligné avec mes convictions. Donc, voilà. Moi, j'ai décidé de prendre cette approche pragmatico, que je pense pragmatico-radicales, parce que c'est quand même un changement majeur dans notre façon de vivre, si demain, encore une fois, dans 10 ans, on loue tout son matériel, mais oui, ça passe par un peu de technologie dans un premier temps. Si vous trouvez le système intéressant, N'hésitez pas, toute aide est la bienvenue pour faire en sorte que demain, comme je l'ai dit un peu plus tôt, ce soit devenu totalement naturel de descendre de deux étages et de récupérer votre aspirateur éco-conçu et super efficace.

  • Yann

    Super. Les biens communs, une startup qui a beaucoup de sens à ce moment-là de notre histoire où il y a des enjeux à la fois économiques et écologiques. Merci beaucoup Yann d'avoir accepté l'invitation sur le podcast. On souhaite plein de succès pour les biens communs. Merci à vous qui êtes restés jusqu'au bout de cet épisode. N'hésitez pas à nous dire en commentaire si vous utilisez les services et on se dit à très vite pour de nouveaux épisodes. Et n'oubliez pas de vous abonner. C'est déjà la fin de cet épisode. J'espère qu'il t'a plu et que tu auras appris des choses intéressantes et motivantes qui te seront utiles dans ton engagement écologique. On aura besoin de tout le monde pour y arriver. N'hésite pas à partager le podcast à tes amis et à ta famille. Si tu as des questions, laisse t'abonner. Et je te dis à très très vite pour de nouveaux épisodes. Ciao !

Chapters

  • Intro

    00:00

  • Qui est Yann Lemoine ?

    00:45

  • Comment ça fonctionne Les Bien En Commun ?

    05:57

  • Évolution de l'impact / ESS

    17:34

  • Le Quizz !

    22:06

  • Inspirations, lectures, animal totem, divers

    27:54

  • Outro

    46:45

Description

Dans cet épisode, j'accueille Yann Lemoine, président de Les Biens en Commun !


Imaginez pouvoir bénéficier d'une panoplie complète d'équipements du quotidien (aspirateur, perceuse, rétroprojecteur...), durables, de qualité, facilement accessibles et cela sans avoir à se ruiner !


C'est ce que propose Les Biens en Commun avec leurs casiers connectés, équipés de ces équipements de qualité et déployés à de nombreux endroits (CROUS, Boulanger, Franprix, etc.) en France pour allier écologie et économies.


Dans cette épisode, on parle sobriété, sens au travail, modèles de société... et bien sûr de Les Biens en Commun et du parcours de Yann !


Bonne écoute !

Encore un grand merci à Yann pour avoir été mon premier invité avec cette interview enregistrée fin septembre 2023 :)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jeff

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur Système d'Ether, le podcast d'étheriens d'Ether pour agir face au changement climatique. Ici on va parler écologie, réchauffement climatique, mais aussi des solutions pour agir à son échelle et essayer d'aller au-delà des éco-gestes. Avant de commencer, n'oublie pas de t'abonner pour ne pas rater les prochains épisodes, et je t'encourage aussi à laisser des étoiles et des commentaires après l'écoute pour nous soutenir et nous aider à nous améliorer. Bonne écoute ! Bienvenue sur Système des Terres, on accueille aujourd'hui Yann Lemoyne qui va nous parler de son entreprise Les Biens en Commun. Ça intéressera certainement nombre d'entre vous puisqu'elle propose une alternative économique et écologique à l'achat de ses équipements du quotidien. Yann, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Yann

    Salut Jeff et merci pour l'invitation. C'est un honneur d'être sur ce premier épisode. J'espère que ça va donner envie. Tout le monde en écoutait bien plus. Donc Yann Lemoyne, je suis franco-anglais, 36 ans et je suis né au Niger. J'ai vécu au Niger, Burkina Faso jusqu'à mes 12 ans. J'ai un père ingénieur agronome tropical qui a fait toute sa carrière entre 1960 et 1998 dans le développement agricole dans les pays du Sud. Donc ça joue forcément beaucoup le lieu de naissance et ce père sur ma vision du monde et qui je suis. J'ai l'impression qu'il y avait une vision très critique du modèle de développement occidental. On aura le temps d'en rediscuter, mais bien sûr que ça a infusé en moi. Retour en Dordogne quand il a pris sa retraite, collège-lycée, puis ensuite j'ai fait l'agro-élimine à Paris, un passage par la Chine, et ensuite j'ai commencé à bosser pour EDF sur les questions d'eau et d'énergie, sur un beau projet international. Mais au bout de trois ans, on m'a fait comprendre que c'était atypique chez EDF comme projet, et que c'était encore plus atypique d'y mettre un jeune ingénieur sorti d'études, donc il fallait que je rentre un peu dans le... Le moule, ce que je comprends quand on se projette dans un... employer quelqu'un pendant 40 ans, je pense que ces grandes structures auraient besoin de moutons à 5 pattes, mais enfin à l'époque on n'avait pas réussi à trouver quoi faire de moi, donc j'ai quitté EDF pour rejoindre une startup sur Lyon début 2018, qui faisait du logiciel pour le développement urbain, qui a fait faillite, et puis fin 2019 je me suis lancé dans l'aventure Les Biens en Commun.

  • Jeff

    Du coup, ta prise de conscience écologique, finalement, elle a été beaucoup apportée par ton père, plus que la lecture des rapports du GIEC et un déclic où, waouh, il faut complètement changer de lifestyle.

  • Yann

    Ouais. En fait, plus qu'écologique, c'est du bon sens. Mon père, avec les nœuds en 35, il avait 10 ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a ensuite... fait son service militaire à la gare d'Algérie, et ensuite fait 40 ans dans l'EPMW de développement, donc on va dire tout ce qui était simplement sobriété, c'était la base, ça s'imposait. Donc on ne parlait pas d'écologie, c'était juste du bon sens. Et donc effectivement, depuis tout petit, on a eu le droit à éteindre la lumière, éteindre l'eau, finir son assiette, etc. Et mon père qui finissait nos assiettes, si on ne finissait pas derrière, même à passer un bout de pain quand il restait un peu de sauce. Donc forcément, ça joue. Moi, je pense que j'ai ensuite... vers la vingtaine plutôt, approcher l'enjeu via le côté social, justice sociale, égalité. La question de justice, c'est peut-être ma valeur cardinale. Quand quelque chose est injuste, ça me prend aux tripes. Et puis, en creusant tous ces sujets-là, j'en suis venu aussi à la question environnementale. Mais enfin, voilà, c'est, on va dire, depuis tout petit, avec le père tel que j'ai eu, et avec une naissance au Niger, enfance Niger-Burkina, oui. Ouais, ok.

  • Jeff

    Super, du coup tu es passé d'une startup qui n'était pas forcément orientée sur ces enjeux-là à la création des biens en commun, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de les biens en commun ? Oui,

  • Yann

    la startup 4City était un peu là-dessus, parce que si j'ai quitté Eudev c'est parce que je ne trouvais pas de sens à ce qu'ils me proposaient et la startup faisait du logiciel pour le développement urbain avec une vision prospective dans le temps donc gestion de l'eau, des déchets, de l'énergie, du transport dans 10, 20, 30, 50 ans donc il y avait quand même quelque chose en lien avec, mais comment j'en suis arrivé aux biens en commun ? Moi globalement je pense qu'il va falloir qu'on réduise la production de biens au niveau mondial, qu'on redistribue mieux ce qui est créé, évidemment qu'il ne s'agit pas de demander aux burkinabés d'être sobres, c'est à nous d'être beaucoup plus sobres pour que les burkinabés et autres puissent croître encore un peu plus. Mais donc réduire la production, en revanche aujourd'hui je pense que c'est utopique de penser qu'on peut y arriver, dans le modèle actuel, tant qu'on n'a pas changé. le système d'un point de vue économique, déjà, qui crée l'argent, qui investit l'épargne, d'un point de vue, qu'est-ce que le bonheur, qu'est-ce que la réussite, l'accumulation. Et donc voilà, aujourd'hui, je pars du principe qu'il ne faut pas être trop utopiste, il faut faire avec les règles du jeu actuel. Réduire la production, la sobriété, on oublie aujourd'hui, dans le monde d'après, quand on a changé le système, et ça c'est un programme national, politique, voire international, on pourrait y arriver, mais pour l'instant, il ne faut pas s'attendre à ce que les gens soient sobres, la majorité. Et... Il faut donc trouver, enfin si on veut embarquer les gens, il faut qu'ils aient un intérêt. Le partage, ça fait sens parce que tu permets de réduire la production tout en donnant aux gens accès à tout ce que la société de consommation produit. Mais là aussi, il ne faut pas être trop utopiste. Il ne faut pas s'attendre à ce que les gens passent au partage si c'est contraignant. Donc c'est un peu toute cette démarche qui m'a amené à réfléchir à... Partager ça fait sens mais comment est-ce qu'on donne envie de partager ? Et on pensait aux vélos en libre-service, les valides ici, les vélos Valion, qui ont bien marché puisqu'en 15 ans aujourd'hui c'est rentré dans les mœurs de louer ces vélos. Et je m'étais demandé, c'était fin 2016, quand je cherchais ma voie chez EDF, quel autre type de bien est-ce qu'on pourrait mettre à disposition via des bornes connectées à une appli ? Et j'en suis venu à penser aux équipements du quotidien. C'est un peu tout le cheminement. Demain l'idéal c'est la sobriété mais la sobriété il va falloir la préparer parce qu'aujourd'hui si tout le monde est sobre c'est le système qui s'écroule, c'est la consommation qui crée l'emploi, c'est la consommation qu'on taxe pour ensuite financer ce qui est utile, c'est aberrant, on pourrait financer tout de suite ce qui est utile plutôt que d'abord produire un micro-ondes à commande vocale et le taxer. Mais voilà, les règles sont les règles, on joue avec et si on veut réussir à embarquer une majorité et pas juste 0, 0, 0, 0, 1% des colobobos, il faut trouver des alternatives désirables sans contrainte.

  • Jeff

    Super, tu as parlé un peu de ce qui t'a amené à vouloir créer le projet. Aujourd'hui, est-ce que tu peux rappeler pour nos auditeurs comment fonctionnent les biens en commun en tant qu'utilisateur ? Comment je fais pour me céder à ces biens ?

  • Yann

    C'est vrai que qu'est-ce qu'on propose ? Comment on fait pour une alternative désirable l'achat et la propriété de ces équipements ? L'équipement du quotidien, ça va être l'électroménager, le bricolage, le jardinage, le divertissement, la cuisine, donc l'aspirateur, la perceuse, le vidéoprojecteur, l'appareil raclette, etc. Donc nous on installe des casiers connectés dans les lieux de vie, qui peuvent être les immeubles, mais aussi les entreprises, les commerces, les bâtiments publics. On y met à disposition du matériel, donc c'est nous qui l'achetons ce matériel, c'est nous qui sommes propriétaires, donc c'est nous qui l'entretenons, le réparons, le remplaçons. Et puis les utilisateurs ont une application qui leur permet de s'identifier à un site, ils peuvent accéder à tous les sites publics et puis aux sites privés auxquels ils ont accès, pour réserver pour une heure, pour trois jours, aujourd'hui ou dans trois mois, leurs équipements. Et nous on s'occupe de la gestion utilisateur, on s'occupe de tout, de A à Z. Donc c'est vraiment clé en main aussi bien pour le gestionnaire du lieu de vie que pour l'utilisateur. Et on revient à cette question de pas de contraintes, pas de contraintes, pas de contraintes. Le raisonnement un petit peu derrière, c'est avec ce système, les gens auront les mêmes avantages que la propriété. La garantie de trouver l'équipement qu'ils cherchent, l'ultra proximité, la dispo 24-24, ça dure sur 7. L'autonomie, on ne dépend pas de quelqu'un et le bon fonctionnement. Les avantages d'un service, il ne faut pas s'attendre aujourd'hui à ce que les gens s'occupent eux-mêmes d'un coup de l'appareil mutualisé. Je ne pense pas déjà pour se mettre d'accord sur la peinture du mur du rôle d'entrée. c'est la guerre, entretenir, vider, réparer l'aspirateur, on oublie. Et donc, il n'y a plus que les avantages du partage, accès à plus, mieux pour moins cher, sans les contraintes de stocker, du coup, on se débarrasse de plein de choses chez soi, on retrouve de l'espace de vie, et on n'a pas la charge mentale de l'achat, de la réparation ou de l'emplacement. Moi, ma vision, pour être très clair, je ne suis pas technophile, je pense que le monde de demain, ce sera des changements de mode de vie, et que l'idéal, demain, ce sera que les gens partagent entre eux, au sein de collectifs, qui gèrent par eux-mêmes un pool d'appareils mutualisés. Mais on revient de nouveau à ce... pragmatisme, réalisme, cynisme, qui est, aujourd'hui, il ne faut pas croire que ça peut marcher. La preuve, ça ne marche pas. Les applis de partage entre voisins ne se démocratisent pas. La location chez Leroy Merlin ou Boulanger ne se démocratise pas. Donc, c'est peut-être une première étape avant le monde de demain.

  • Jeff

    dans un monde assez individualisé où chacun finalement communique moins avec ses voisins comme ça peut être le cas je lisais encore dans un livre hier finalement on a des voisins on a des relations entre des personnes d'amour par exemple on couple 5 ans avec une personne et avoir ses voisins qui changent 3 fois dans ce laps de temps tout se fait plus vite tout est consommé plus vite et puis même si on connait ses voisins est-ce que le voisin est là au moment de son besoin est-ce qu'il veut l'embêter à 22h est-ce que donc

  • Yann

    C'est juste normal. Au-delà de la question connaître ses voisins, il y a tous les aspects très pratico-pratique. Demain aussi, si on a réduit le temps de travail, ce que je pense indispensable, on aura beaucoup plus de temps pour ce genre de choses. Et je pense qu'il va falloir ralentir, donc accepter que peut-être que l'aspirateur, on le passe dans deux heures. Mais aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Donc il faut faire avec les réalités d'aujourd'hui.

  • Jeff

    Aujourd'hui, vous avez des casiers dans lesquels ces équipements sont accessibles pour vos utilisateurs qui commencent à être déployés. Ça fait un petit moment déjà. Ça s'est passé un peu comment aujourd'hui ? Vous êtes à quel niveau de déploiement ?

  • Yann

    Ok, donc moi je me suis lancé à la faillite de la startup pour laquelle je bossais fin 2019. J'ai porté le projet seul pendant deux ans. La première installation a été faite en résidence étudiante, c'était la première cible en février 2021. L'entreprise a été créée fin 2021. J'ai un associé Thomas Kull qui m'a rejoint en tant que directeur général fin 2021. Et en 2022, on a eu des financements non dilutifs qui nous ont permis d'une part de déployer trois systèmes de plus pour consolider notre prototype et de développer notre application. Et puis... Cette année, on en a fait 6-7 de plus. Donc là, aujourd'hui, on a une dizaine de sites installés. On a sorti des résidences étudiantes. On est aussi là dans un magasin boulanger, dans un campus université-entreprise, dans une entreprise en Alsace demain, lundi. Et puis, on a bougé de Lyon puisqu'on est aussi maintenant à Grenoble, en Ile-de-France et en Alsace. Donc, voilà un peu où on en est. On est aujourd'hui 6-7. dans la boîte, on lève des sous pour continuer à recruter du monde. Et ce qui est super, très chouette, c'est qu'on voit un message. on en discutera peut-être que les gens ont envie de trouver du boulot à sens, donc c'est assez facile d'attirer des profils, et puis notre chance, et là aussi on pourra en rediscuter, c'est qu'on est capable, puisqu'il y a un modèle économique rentable, puisqu'on a levé, de proposer des salaires qui sont corrects, décents, et qui permettent aux gens de ne pas avoir à choisir entre sens et stabilité personnelle. Ça, c'est un vrai enjeu de nos sociétés.

  • Jeff

    C'est vrai que je côtoie pas mal de monde qui... ont envie de retrouver du sens dans leur travail, ils ont toujours un peu peur de devoir sacrifier forcément le salaire et de se dire que c'est forcément du bénévolat ou que ça sera forcément au SMIC après 5 ans d'études et 5 ans d'expérience, par exemple.

  • Yann

    Tout à fait. Aujourd'hui, le sens, c'est s'impliquer dans des projets qui ne sont pas rentables ou moins rentables que les activités mainstream. Parce que le modèle a été fait pour financer ce qui est rentable et pas ce qui est utile. Donc c'est CQFD, il n'y a pas de surprise à ça. Moi ce qui me surprend plus aujourd'hui, c'est que des gens soient surpris qu'on n'aille pas plus vite. Mais on ne peut pas aller plus vite avec le système actuel qui a été mis en place pour produire beaucoup pas cher. Il le fait superbement bien. Et aujourd'hui on lui demande de produire moins et mieux. Il ne sait pas faire. Donc ce n'est pas surprenant qu'on fasse des petits pas comme a dit Nicolas Hulot il y a quelques temps.

  • Jeff

    On part de loin. On part de loin malheureusement. le temps manque pour s'adapter.

  • Yann

    Je pense que ça peut aller vite, mais c'est un programme politique de non-vergure nationale ou internationale. C'est des règles, des conventions, comme a dit Aurélien Barraud, notamment financières, sur qui crée l'argent et qui investit l'épargne. Bon, ce n'est pas le sujet, mais on va en parler deux heures.

  • Jeff

    C'est intéressant. Aujourd'hui, vous avez ces équipements. Comment ça se passe ? Vous récupérez des équipements ? Comment vous vous fournissez ?

  • Yann

    Aujourd'hui, on a des partenaires. C'est Seb, le Roi Merlin, Boulanger. On discute avec Decathlon, avec Steele, avec Bosch. La logique au début, c'était de nouveau une logique de pragmatisme. Je ne veux pas équiper 10 immeubles. Ça ne sert à rien. Enfin, c'est mignon. Mais l'objectif, c'est d'en équiper des milliers, des dizaines de milliers dans les années à venir. Et pour ça, il faut travailler avec des fournisseurs qui ont l'air insolides et qui peuvent fournir des milliers d'équipements. Donc, effectivement, je me suis posé la question de mettre de l'équipement en seconde vie, récupérer dans une conciergerie, une recyclerie. Mais... ils n'en avaient pas déjà, et puis ensuite moi qui veux des dizaines, des centaines, des milliers d'équipements, ce n'était pas possible. Donc, travailler avec ces gros acteurs qui ont les moyens, qui peuvent aussi donner de la crédibilité, très important, de la visibilité, et qui ont les moyens de te fournir massivement, et moi ce que j'espère, c'est demain avec eux, au-delà de pouvoir choisir des équipements qu'ils produisent et qui sont éco-conçus, c'est de carrément concevoir avec eux une gamme. d'équipements spécifiques par exemple comme le Vélib de nouveau c'est des vélos qui ont été testés pour le portage et demain j'aimerais bien avoir l'aspirateur les biens en commun,

  • Jeff

    Biceb par exemple complètement et du coup les équipements que vous choisissez c'est difficilement compatible avec de l'obsolescence programmée des produits qui vont s'user en un an ou deux ans c'est du durable nous on est obligé de mettre du matériel de qualité pourquoi ?

  • Yann

    pour donner envie aux gens de passer au partage si on se contentait de mettre un aspirateur à 30 euros les gens n'ont aucun intérêt je l'achète là si c'est un aspirateur 200 balles bon bah après je suis d'un point de vue robustesse effectivement nous il faut des appareils robustes réparables parce que sinon il n'y a pas de modèle économique si on doit le remplacer tous les tous les tous les six mois donc clairement il ya il ya travaillé sur ça pour l'instant on se base vraiment beaucoup sur sur cebe et ses personnes partenaires parce que c'est eux qui ont la connaissance produit peut-être que c'est une compétence qu'il faudra qu'on a quand même un jour l'autre mais enfin Tellement d'équipements ! Donc je suis plutôt dans une logique de faire confiance à ce partenariat. Et puis à terme, comme j'ai dit, ce que j'adorerais c'est éco-concevoir une gamme spécifique d'équipements.

  • Jeff

    Tu disais que vous avez commencé par équiper des résidences plutôt CRUS. Là, vous allez vous équiper, j'ai vu Boulanger à Lyon, et vous allez continuer comme ça de vous déployer en France, où le programme, la roadmap très macro idéale en 2025, par exemple, 2024, c'est toujours France, c'est de l'international.

  • Yann

    La vision c'est que demain, dans 5, 10, 15 ans, dans ton quartier tu aies une offre de location pour tout type d'équipement. Mais en fonction du type d'équipement, ça ne sera pas forcément au même endroit. Donc tu aurais des casiers dans ton immeuble pour les équipements du quotidien de la semaine du mois, là où tu en as besoin maintenant. Et peut-être que pour les équipements dont tu utilises une fois tous les 6 mois ou tous les ans, tu peux anticiper, tu peux réserver. Ça sera dans ton entreprise, dans ton bureau de poste, dans ta bibliothèque, dans ton commerce. Mais que finalement... on quadrille un territoire et que tu aies une possibilité de location désirable pour tous tes équipements. Donc ça, c'est ce que je vois en termes de cibles. Donc le marché est énorme, évidemment. Ça, c'est au niveau d'un territoire. Et ensuite, clairement, l'objectif, c'est que ça SM le plus vite possible sur d'autres territoires. Donc on a commencé. les biens en commun, mais ma vision c'est que pour que ça aille vite et fort, il faudrait créer des structures locales, si possible de type coopératif qui implique les parties prenantes du territoire, cette structure locale qui déploie, opère et une structure mère. potentiellement nous, qui met à disposition le logiciel, la marque, les contrats gros fournisseurs. Mais pour aller vite et fort, je pense que c'est essentiel que ce soit du local et du multi-partenariat. Ça, ça ne dépend pas que de nous, malheureusement. Il faut réussir à impliquer des parties prenantes. Donc, soit l'initiative se développe portée par une entreprise de l'économie sociale solidaire, c'est nous, et on va réussir à avancer, mais on va faire aller 2000 déploiements en 5 ans, ce qui est déjà une belle ambition. Les 2000 déploiements, l'impact sera marginal. Soit on arrive... près de 10, 15, 20, 30, 50 structures locales qui déploient en même temps que nous. Et donc, dans 5, 6, 7, 8 ans, on n'a pas 2 000 déploiements, on en a 50 ou 100 000. Sur la question de l'international, il y a d'autres structures, des startups qui se sont lancées dans d'autres pays, en Europe, aux États-Unis. Et pour moi, ma vision, c'est que, je ne suis pas pour les multinationales, je pense qu'il faut, je suis pour l'entreprise privée, mais je pense qu'il faut une entreprise privée à l'échelle locale qui soit intégrée dans son territoire. où les responsables, ceux qui prennent les décisions, sont confrontés aux conséquences de leurs décisions. C'est un des problèmes des multinationales, c'est qu'ils sont dans le tour d'ivoire, ils voient des chiffres et ils ne voient pas les impacts. Donc bon, bref, les biens en Corée n'ont pas vocation à être le déployeur national, puisque je veux mes structures locales, et je pense encore moins être un déployeur international. Maintenant, s'il y a des structures, et là c'est le cas en Belgique, une collectivité qui nous sollicite parce qu'ils veulent déployer le service, on peut faire une licence d'exploitation et évidemment partager ce qu'on sait, et trouver un modèle économique pour que tout le monde s'y retrouve. mais plutôt dans une logique où si dans des pays il y a des structures qui proposent et qui développent la même chose, ce qui est le cas dans plusieurs pays, on essaie de collaborer on essaie de mettre en place un réseau européen en ce moment justement avec ces acteurs, et s'il n'y a pas un acteur qui existe, le faire émerger éventuellement pour toujours cette logique d'une structure locale multipartonale qui déploie et opère tout en ayant l'impact de masse ça ira plus vite comme ça le vélo en libre service, pourquoi est-ce qu'en 10-15 ans c'est devenu mondial ? c'est parce que tu as un fournisseur quelques fournisseurs de technologie, Smooth, etc., JCDECO, qui proposent la techno, mais ensuite, c'est des structures locales, en général des filiales privées, de ce que je comprends, enfin, qui déploient. Et c'est incroyable quand on y pense, le vélo en libre-service, au début des années 2000, le partage de vélo, c'était insignifiant, comme aujourd'hui le partage d'équipement, 15 ans plus tard, c'est rentré complètement dans l'univers. Et j'espère que ça sera la même chose avec les biens en commun, que en 2050, ça paraît tout à fait naturel de descendre de deux étages et de récupérer son ASPI. éco-conçu et super efficace. Ça serait beau. On verra. Ça serait beau.

  • Jeff

    Tu disais donc aujourd'hui que tu as levé déjà des fonds. Tu fais partie de la scène d'éco-entrepreneur ou entrepreneur à impact français. Tu penses quoi un peu de cette scène ? Est-ce que tu as pu rencontrer d'autres startups inspirantes ? Est-ce que tu sens qu'il y a une sorte d'accélération peut-être sur ces sujets-là ?

  • Yann

    Oui, donc ça fait 4 ans bientôt, beaucoup dans le milieu de l'ESS lyonnais, donc l'économie social et solidaire. De moins en moins maintenant, pourquoi ? Parce qu'on revient à cette question de modèle économique en place. Les acteurs de l'UGSS, les acteurs qui s'attaquent à des sujets que le marché n'attaque pas, et qui sont du coup moins rentables, voire pas rentables, et qui dépendent de subventions, ou qui ont du mal à grossir. c'est un vrai enjeu et donc aujourd'hui moi je suis plutôt dans des réseaux d'entrepreneurs un peu plus on va dire classiques et c'est très intéressant de comparer d'ailleurs ce que les entrepreneurs de Ronalpia à Lyon pouvaient faire d'utile mais qui va malheureusement dans le système actuel jamais scaler et vivote avec ce que mes collègues entrepreneurs du réseau Entreprendre peuvent faire aujourd'hui où l'utilité est très souvent discutable mais voilà et on revient aux limites fondamentales posées par ce système qui fait que tant qu'on n'a pas changé de modèle économique de mentalité, de qu'est-ce que la réussite, de récits désirables, mais avant tout de modèle économique. Je ne pense pas qu'il faut s'attendre à un développement massif de l'impact dans les années à venir. Je pense qu'aujourd'hui, si on pouvait le faire, on l'aurait fait. Je ne crois pas que les directeurs de boîtes actuelles ou les directrices, les investisseurs, soient des personnes fondamentalement mauvaises qui ne veulent pas faire de l'impact. S'ils, elles, le pouvaient, elles le feraient. Mais il y a des réalités, ce n'est pas des réalités, des conventions économiques qui font que... Et il ne faut pas juger, moi je ne suis pas dans le jugement, je juge le système que je juge obsolète, mais chacun des acteurs, que ce soit individu, entreprise, association, même politique locale et même politique nationale, joue avec ces règles du jeu, et c'est ces règles du jeu qu'il faut changer. Donc pour répondre à la question, en 4 ans j'ai passé de recul pour voir s'il y a une vraie évolution, certains qui regardent ça depuis 20 ans vont noter une évolution qui vient petit à petit, mais c'est beaucoup trop lent, et moi ce que je pense c'est que ça ne pourra jamais devenir mainstream. dans les temps qui nous sont appartis, sans changement là-haut. On n'a pas la main là-dessus, sauf par notre vote, il faut faire avec les règles du jeu actuel.

  • Jeff

    C'est assez étonnant, en plus, quand les rapports du GIEC nous disent qu'on a plus, même économiquement, financièrement, on a plus à y gagner, à faire une transition, que d'attendre que ça se passe et de subir l'impact.

  • Yann

    Je suis un peu dubitatif, mais bien sûr qu'une certaine approche de l'écologie... c'est d'essayer de faire croire que c'est compatible avec le modèle actuel. Moi, je ne pense pas que ce soit compatible avec le modèle actuel. Je ne pense pas qu'un modèle qui finance et dont la stabilité repose sur le produire beaucoup pas cher, peut être compatible avec ce qu'il faut faire, c'est produire mieux d'un point de vue oriental et social, donc moins rentable, et produire moins. Produire moins, ça veut dire, effectivement, comme Macron l'a dit récemment, on ne peut pas faire de décroissance, parce que si on décroît, comment est-ce qu'on finance les retraites, la sécu, etc. Dans le système actuel, il est tout à fait raison. Il faut peut-être réfléchir à ce qu'on ne peut pas trouver un modèle. où on finance directement la sécu, les retraites, sans passer par d'abord produire un micro-ondes à commande vocale.

  • Jeff

    Après, il y a peut-être de l'argent à aller chercher aussi sur des... On sait qu'aujourd'hui, ce n'est pas tellement les fraudes au RSA qui coûtent à la France, c'est plutôt l'évasion fiscale.

  • Yann

    Oui, mais chaque pays est en compétition pour attirer le capital privé dont il a besoin pour financer son économie, créer de l'emploi. On ne peut pas, aujourd'hui, taxer les ultra-riches. Si tu le fais, ils partent ailleurs.

  • Jeff

    C'est le troisième pays où il y a le plus de riches.

  • Yann

    Oui, bien sûr. Je pense vraiment que si, par exemple, quand le PS a été au pouvoir, ils ne l'ont pas fait, ils... Il y a des raisons très pragmatiques et à leur place j'imagine que j'aurais fait pareil, c'est pour ça qu'il faut changer les règles. Il ne faut plus en fait, et puis là je vais m'arrêter là sinon on risque de diverger, il ne faut plus que l'intérêt général et financer ce qui est utile dépendent d'intérêts privés. Et aujourd'hui c'est ça, on a besoin d'intérêts privés pour créer de la production, pour ensuite taxer et financer ce qui est utile, l'infirmière, le prof, le policier, le social, l'environnement. Alors qu'on saurait très bien faire tout ce que je viens de citer. On sait le faire, on a les connaissances, on a les compétences, on a les outils, les technologies, on a les ressources naturelles pour faire vivre 10 milliards d'êtres humains sur cette planète, mais on ne le fait pas. Pourquoi ? Parce qu'il faut d'abord passer par la case production consommation pour produire des trucs de plus en plus superflus pour ensuite financer ce qui est utile. Il faut bifurquer vers on ne passe pas par cette case production consommation pour financer ce qui est utile. Mais ça, c'est de la politique nationale, internationale et voilà. Est-ce qu'on va le changer avant de prendre le mur ? Je l'espère, oui.

  • Jeff

    Top. On va passer par une petite partie quiz. J'ai sélectionné deux, trois questions. en lien avec le domaine dans lequel tu travailles, il y en a un, je pense que tu auras peut-être déjà la réponse, parce que j'ai déjà vu des vidéos où tu ne parlais pas de cet objet-là, mais en gros, c'est sur la durée de vie des objets, en fait, c'est un des intérêts de l'IBIEN en commun, c'est qu'il y a peut-être des objets où la durée de vie d'utilisation va être légère, et ça n'a peut-être pas forcément l'intérêt de se l'acheter pour l'utiliser une fois par an. Donc, selon une étude de l'ADEME, on a calculé la durée moyenne d'utilisation d'une perceuse. Et donc, d'après toi, est-ce qu'il s'agit de 100 heures, de 10 heures, d'une heure ou de 10 minutes sur toute sa durée de vie d'utilisation d'une perceuse ?

  • Yann

    Je connais la réponse puisque c'est sur le site Internet. C'est une dizaine de minutes, selon l'ADN, effectivement.

  • Jeff

    C'est assez fou, oui. Ils ont montré ça en 2018, donc on pense à tous ceux qui ont une perceuse chez eux qui vont l'utiliser 10 minutes.

  • Yann

    Moi, en premier lieu.

  • Jeff

    C'est ça. Top. Il y a un gros enjeu aussi sur, moi je trouve intéressant le fait que les biens en commun se déploient dans les crousses, parce que c'est vraiment une population d'utilisateurs qui ont un pouvoir d'achat vraiment moindre par rapport au reste de la population. Récemment, il y a une étude qui montrait que des étudiants sautaient des repas, parfois pour des raisons financières. Selon toi, est-ce qu'on est plutôt de l'ordre de 5%, de 25% d'étudiants qui sautent un repas pour raison financière ? Plutôt. près de la moitié, 50%, voire plus de la moitié, 75%.

  • Yann

    Dans ce genre de crise, il faut taper au milieu à peu près, je ne sais pas, entre 25 et 50 ?

  • Jeff

    Oui, c'est ça. Il y a eu COP1, Linky, donc deux associations, et IFOP, et aussi une étude de BFM sur le sujet, où effectivement, ils sont plus proches des 50 que des 25. Il y a eu des chiffres autour de 43 de mémoire et de 54, je crois. Mais on est effectivement dans cette zone-là. D'où l'intérêt, si ces étudiants-là n'ont plus besoin demain d'aller acheter un aspirateur, d'aller acheter des appareils électroménagers, un four, etc.

  • Yann

    Enfin, ça doit être le progrès que 50% des étudiants doivent s'offrir. Certaines visions de ce qu'est le progrès.

  • Jeff

    C'est ça.

  • Yann

    Non, c'est ouf, mais bon, bref. On revient, qu'est-ce qu'on doit faire de financer en termes de société ? Est-ce qu'on finance ? des drones volants, des microns d'accommande vocaux, un 14ème iPhone 30 paires de jeans ou est-ce qu'on finance le fait que tout le monde ait à manger pour l'instant on semble avoir fait un choix,

  • Jeff

    c'est étonnant comme choix mais espérons que ça change tu parlais tout à l'heure du sens au travail et ça sera ma dernière question il y a une étude qui est passée cette année 2023 qui a été faite et qui montrait que les salariés envisagent de quitter leur emploi pour des raisons de retrouver du sens au travail. Sur justement cet aspect-là, combien d'après toi de salariés envisagent de quitter leur emploi dans les deux ans pour un travail qui a plus de sens ? Est-ce qu'on est aux alentours de moins de 10% ? Est-ce qu'on est au-delà de 50% ? Est-ce qu'on est...

  • Yann

    Ouais, je pense quand même qu'il y a de plus en plus de gens qui sont conscients de la situation. Il y a de plus en plus de gens qui sont insatisfaits du mode de vie qu'on leur propose, c'est-à-dire soyez heureux en consommant Je dirais une moitié.

  • Jeff

    Ouais, pas loin. C'est 40%, c'est la session Progeissance, qui a réalisé une étude en 2023 qui indique qu'on est autour de 40%.

  • Yann

    Mais c'est un vrai sujet, ça, et même au niveau de la société. C'est-à-dire que tant que tu avais 5, 10, 15% de gens qui étaient conscients et qui voulaient un job à sens, ça n'a rien. on arrivait à les caser. Alors souvent, on leur demandait un sacrifice d'un point de vue salaire ou précarité de l'emploi, mais demain, si on a 40, 50, 60% des gens qui sont conscients de l'enjeu social, environnemental et qui veulent un job à sens et que le système n'évolue pas pour leur permettre et donc que ces personnes, on leur demande de choisir entre, je caricature un petit peu, mais c'est quand même une réalité, entre sens et galérer ou entre pas de sens et être confortable, il va y avoir... Aujourd'hui, il y a de la dissonance cognitive au niveau de l'individu, je pense qu'il peut y avoir de la dissonance cognitive au niveau de la société, et ça va pas être beau à voir. Et c'est triste, en fait, parce que là aussi... le président qui parlait de libérer les énergies en 2017, il y a tellement d'énergie justement à libérer pour faire ce qui est utile, il y a l'envie,

  • Jeff

    il faut juste...

  • Yann

    On revient à ce qu'on finance, point barre. Pour moi, c'est vraiment... Aujourd'hui, tant qu'on n'a pas parlé de qui crée l'argent, qui investit l'épargne, qu'est-ce qu'on finance ? Tout le reste, c'est du blabla. Toutes les questions de production, production mieux, de gouvernance, de règles, de droits, même de futur désirable, tout ça c'est bien beau, il faut en parler, il faut y réfléchir, on est en train d'y réfléchir, mais tant qu'on n'a pas parlé de la question de qu'est-ce qu'on décide de financer, on ne fait rien sans financement. Et donc oui, c'est en ça que je dis, avec les biens en commun, ce qui est chouette, c'est qu'on arrive à attirer des profils expérimentés qui ont des compétences, qui acceptent en général une petite réduction de salaire sur ce qu'ils auraient pu avoir, mais où ça reste quand même... cohérent et... Très Voilà, très raisonnable, parce qu'autrement, effectivement, aujourd'hui, la société est juste sur le fait qu'il y ait des personnes, beaucoup, beaucoup, beaucoup, des personnes qui ont des convictions et qui sont prêtes, entre guillemets, à se sacrifier pour... C'est pas nouveau, les infirmières, les institutions sociales, les stats, souvent des femmes, d'ailleurs. Mais au bout d'un moment, on finit par être usés, quoi. Ouais.

  • Jeff

    Il faut arriver à vivre avec l'inflation en parallèle.

  • Yann

    Juste, c'est ça. Et se dire, non,

  • Jeff

    mais je vais refuser ce poste dans les énergies fossiles.

  • Yann

    Mais si tu joues juste sur le fait qu'il y a une partie de la population qui a de belles valeurs et que tu uses petit à petit, là aussi, ce n'est pas spécialement glorieux d'un point de vue vision de la société.

  • Jeff

    Top ! On arrive dans la dernière partie de cette interview. Je voulais savoir si récemment, si tu as pu lire des choses, voir des documentaires, peut-être des films ou des interviews qui t'ont marqué. Ça peut être sur les sujets d'écologie, de post-croissance,

  • Yann

    transition ou pas du tout. Je lis beaucoup, je regarde beaucoup de documentaires. Je disais avant l'interview que je pourrais en trouver une en particulier. Je ne lis pas particulièrement sur l'écologie en sens strict ou post-croissance. Je m'intéresse plutôt à géopolitique, société, économie, parce que je pense que je ne crois pas d'écologie sans imbriquer dans tout ça. Je l'avais lu il y a trois ans, j'avais fait un résumé à la main et que j'ai retapé sur Word récemment. J'ai redécouvert un Sapiens, une brève histoire de l'humanité, qui est génial. principalement parce que ça permet de prendre conscience du fait que ce qu'on vit depuis 30-40 ans c'est une bulle dans l'histoire humaine que c'est lié à beaucoup de hasards et surtout l'énergie et surtout qu'à travers l'histoire humaine on a inventé différentes

  • Jeff

    formes de sociétés, différents systèmes socio-économiques, et qu'aujourd'hui on va nous faire croire qu'il y a une alternative. Ben non, c'est du bullshit. On a toujours évolué, on a toujours changé. Le modèle qui est en place depuis globalement 40 ans, et le tournant néolibéral des années 80 avec Thatcher, Reagan, Friedman et les génomes éthérans, il n'est pas ancré dans le marbre, il peut être changé. Je pense que bouquins comme Sapiens, qui permettent de prendre du recul sur l'ensemble de l'histoire de l'humanité, ça permet un peu de réfléchir autrement. Aujourd'hui, il faut sortir du cadre, il faut vraiment sortir du cadre. On a mis en place un cadre qui fonctionne pour produire beaucoup pas cher, je reviens à ça. Aujourd'hui, il faut en sortir pour réfléchir à comment est-ce qu'on est stable, comment est-ce qu'on donne une rémunération aux gens, comment est-ce qu'on finance ce qui est utile en produisant moins et mieux. Je pense que de lire des bouquins comme ça, qui permettent de prendre conscience de l'échelle de temps et du fait qu'on est... c'est rien, c'est une seconde sur l'histoire de l'humanité, on peut se réinventer. Et la deuxième chose à laquelle je pense là spontanément, parce que je pense que... beaucoup, la transition passera par un regain d'empathie, comprendre l'autre, se mettre à la place de l'autre, ne pas être présomptueux, c'est-à-dire de se dire qu'à la place de l'autre, on ferait pareil. Moi, à la place du PDG de Total, je ferais probablement la même chose que ce que fait le PDG de Total. À la place d'un jeune en banlieue, je ferais la même chose. À la place de ta place, je ferais la même chose. Je n'ai pas la présomption de penser que je ferais mieux que ça. Et ça, ça passe par le fait de se dire... le hasard de la vie, je suis très déterministe, et puis l'empathie, essayer de se mettre à la place de l'autre et se dire, l'autre s'il fait ça, c'est bien qu'il a une raison. Et je pense clairement que si on veut éviter sacrée crise dans les années à venir, il va falloir regagner de l'empathie. On revient à changer de système et pas valoriser la compétition, pas valoriser l'accumulation de biens privés, parce que c'est ça qu'on valorise aujourd'hui. J'ai une phrase que j'aime bien citer qui est Si dans un groupe de singes, il y a un singe qui accumule bien bien bien plus que ce dont il a besoin pour vivre et que les autres galèrent, les scientifiques humains, c'est-à-dire nous en plus, on regarderait le singe en disant mais qu'est-ce qui ne va pas avec lui ? Et bien chez l'humain, on va mettre cette personne à la une de Forbes. Voilà, c'est complètement ça. Je pense juste à ça parce que j'ai vu un... Il y a une série de reportages sur Arte récemment sur la police où ils interviewaient 7 policiers et c'est très intéressant de se mettre à la place des policiers qui ont certaines proportions de la population qui partagent mes idées et dont je partage les idées, pour être très critique, se mettre à la place d'un policier pour comprendre pourquoi il ou elle avait agi de cette manière-là et se dire qu'à la place de ce policier ou de cette policière, on ferait pareil. Et idem, à la place d'un manifestant, on ferait la même chose. Ouais, réussir à être humble par rapport à ça et pas se penser meilleur que les autres.

  • Yann

    Ouais, tout à fait. Ce que tu me dis m'a fait penser à plusieurs choses. Une phrase qui tourne beaucoup dans les milieux écolos, c'est que les gens ont souvent tendance à... a plus facilement imaginé la fin du monde que la fin du capitalisme, tellement on est ancré dans ce système-là, et souvent la réponse c'est de dire tu veux quoi le communisme ? Comme s'il n'y avait que deux modes qui existent, et qu'il n'y a pas une infinité de solutions intermédiaires qu'on peut trouver.

  • Jeff

    Évidemment. De toute façon, aujourd'hui, ce n'est même pas vraiment un choix. D'un côté, il y a des limites, qui sont des conventions, des règles que l'humanité s'est fixées il y a 40 ans, et de l'autre, il y a des limites physiques. On ne peut pas changer les limites physiques.

  • Yann

    Complètement.

  • Jeff

    c'est pas une opinion c'est les faits donc on n'a pas le choix et toutes les personnes aussi qui je sais pas si elles y croient vraiment mais le technosolutionnisme ça fait pas sens parce qu'aujourd'hui quand on regarde dans les faits c'est les pays qui sont les plus avancés technologiquement qui ont le plus d'impact point barre, il n'y a même pas besoin de rentrer dans des détails les pays qui défoncent la planète qui ont le plus d'impact c'est nous, les Etats-Unis la péninsule arabique, et puis Chine, et voilà. Et pourquoi ? Tout ça, c'est très simple, parce que la technologie, c'est comme l'éducation, c'est comme la communication, c'est comme la recherche, c'est comme l'innovation, c'est au service d'un système. C'est pas l'objectif en soi, c'est un outil au service d'un système. Tant que le système est là pour produire beaucoup pas cher, la technologie qu'on développera et qu'on mettra en application produira beaucoup pas cher. Donc c'est pas être anti-technologique pour la technologie. La technologie, c'est un outil au service de quoi tu le mets, quoi. Oui,

  • Yann

    puis technosciences.

  • Jeff

    ils font le pari que la techno sauvera tout si le pari est perdu alors qu'il y avait d'autres façons d'appuyer c'est vrai que c'est un deuxième sujet très important quand on débat avec un techno solutionniste c'est dire premièrement on regarde bon ça marche absolument pas, les pays les plus technologiques sont les plus impactants et c'est normal tout ce que je viens de dire, mais en plus de ça ok très bien je veux bien croire que la technologie nous sauvera mais tant qu'on n'a pas trouvé la technologie on va faire attention, on va être sobre et puis dans 30 ans quand on aura inventé un avion propre, on reprendra les avions Si on considère que c'est toujours utile, on peut en consulter. Mais tant qu'on n'a pas l'avion propre...

  • Yann

    Il est propre à terre.

  • Jeff

    C'est ça. Et aujourd'hui, le raisonnement, là aussi une image, c'est comme si on demandait à un alcoolique ou à un fumeur de continuer à boire ou à fumer. parce que t'inquiète on va trouver une solution dans 10-20 ans et c'est encore pire c'est continuer à boire ou à fumer parce que on taxe ça et ça ça permet de financer ensuite tes soins tu vois c'est vraiment ça aujourd'hui il faut qu'on croisse donc il faut que les avions continuent à voler pour qu'on taxe ça pour financer ensuite la R&D quoi la

  • Yann

    pluraliste énergie fossile qui va dire moi je fais que répondre à une demande j'y peux rien ben encore une fois là aussi de manière très pragmatique si aujourd'hui

  • Jeff

    les totales, etc. arrêtées de forer, ce serait le bordel. On a besoin de cette énergie fossile. Oui,

  • Yann

    il faut s'adapter d'abord.

  • Jeff

    On revient à ça.

  • Yann

    On arrive quand même à un piste pétrolier.

  • Jeff

    De toute façon, on n'aura pas le choix. Mais vraiment, aujourd'hui, c'est comme quand je dis la sobriété. Si demain, 50% des gens sont sobres, comme moi. Je ne suis pas super sobre, mais déjà, je pense que c'est le chaos. Parce que c'est la consommation qui crée l'emploi, c'est la consommation qui permet d'être... On revient à tout ça. Donc ce système-là actuel ne peut pas être stable, ne peut pas financer la sobriété, et ne peut pas être stable si les gens sont sobres. C'est pour ça qu'il faut en changer. top et ça peut être super moi si c'était un beau projet un beau projet politique là tu libères les énergies tu crées à tous les niveaux des collectifs pour réfléchir moi je pense qu'il y a quatre grands enjeux auquel réfléchir je parlais de l'argent oui le récit ce qui est désirable la gouvernance publique mais privée aussi et enfin la production comment on produit ce qui est nécessaire la logistique etc là tu peux vraiment créer un super projet national tu fédères les énergies tu donnes envie nationale ou européenne ou internationale mais bon c'est c'est un C'est probablement trop complexe à mettre en place pour nos dirigeants actuels, je ne sais pas.

  • Yann

    C'est un peu difficile pour eux de prendre des décisions.

  • Jeff

    C'est plus simple de se dire que la technologie résoudra tout, effectivement. Parce que considérer que la technologie ne résoudra pas tout, ça ouvre un tel saut dans l'inconnu en termes de tout. Oui, c'est bien plus rassurant de se dire, c'est bon, je suis là que pour cinq ans.

  • Yann

    C'est sûr, c'est le problème, ils sont engagés sur des enjeux court terme, alors que c'est du très long terme.

  • Jeff

    La politique aujourd'hui, c'est... Parce que dans les années 80, on a enlevé à la puissance publique le pouvoir de création monétaire et d'investissement de l'épargne privée, on l'a donné au marché, idéologie, mais qui était compréhensible, puisqu'on voulait produire beaucoup pas cher, qui mieux qu'un acteur privé peut produire beaucoup pas cher ? Plus tu produis, moins c'est cher, plus c'est rentable. Donc c'était une très bonne idée. Du coup, on a enlevé au pouvoir politique le pouvoir. Parce qu'on revient à ça, le pouvoir, c'est décider qu'est-ce qu'on fait, et qu'est-ce qu'on fait, ça dépend de qu'est-ce qu'on finance. Et donc, en leur enlevant le pouvoir, Je pense qu'on a fait des politiques juste des communicants, à qui faire le buzz, à qui va... Et aujourd'hui, les politiques, c'est plus des hommes ou des femmes d'État, comme ça pouvait être après-guerre, pendant les Tendances Glorieuses, où il y avait des gens qui avaient une vision de long terme, d'intérêt général. Et voilà, est-ce que c'est simplement parce que ces personnes-là avaient subi le mur, la Seconde Guerre mondiale, et donc qu'il faut attendre de prendre le mur pour qu'il y ait un sursaut et qu'il y ait des hommes et des femmes... politique, tu vois. J'aimerais bien qu'on évite d'arriver à ça, parce que ça sera, je pense, autrement plus dramatique. Déjà, la Seconde Guerre mondiale a été dramatique, mais qu'aujourd'hui, les armes qu'on a... Enfin, bref. Ça serait bien qu'on arrive à avoir ce sursaut politique avant de choper le mur.

  • Yann

    C'est ça. Est-ce que t'as comme ça un... Si tu devais donner un humain qui t'inspire, éco-entrepreneur ou auteur ou...

  • Jeff

    Je... pas vraiment qui m'inspirent je suis pas je suis pas dans le culte de la personnalité l'admiration et je pense que encore une fois quand on est déterministe on se dit que chacun fait ce qu'il faut nous l'aurons le faire ça et voilà moi c'est ça je suis absolument pas fier de ce que je fais parce que je considère que ce que je fais c'est juste normal vu la chance que j'ai eu tout ça donc par contre ensuite oui on va dire les toutes les personnes qui vont s'engager pour l'intérêt général au détriment de leur vie perso familiale et c'est là je dis moi au moins Je ne l'ai pas fait et j'espère ne pas avoir à le faire. Garder le bon équilibre parce que je pense que c'est injuste autrement. Mais toutes les personnes, et il y en a beaucoup du coup, des millions de gens. Oui, là, je suis admiratif. Et donc, si on doit donner de grands noms, souvent, moi, je te parle de, bien sûr, historiquement, Gandhi, Mandela, Luther King. Bon, ça implique aussi derrière et ça, c'est très intéressant. Les proches, la famille, l'épouse, l'époux soutiennent. Le sacrifice qu'on demande à toute une communauté. Mais oui, j'ai de l'admiration pour les gens qui font passer leur conviction et l'intérêt général presque avant elle. Elles ne devraient pas avoir à le faire, mais je pense que c'est...

  • Yann

    Personne ne le prend, c'est trop important, il faut qu'elle le fasse.

  • Jeff

    À tous les niveaux, encore une fois, bien sûr, on sait toujours les grands noms, les grands personnages. Mais non, à tous les échelles, heureusement qu'il y a des personnes qui luttent.

  • Yann

    Comment est-ce qu'on peut aider à notre échelle les biens en commun, ceux qui nous écoutent, pour aider à déployer, je ne sais pas ? Est-ce que tu as des pistes ?

  • Jeff

    Là, effectivement, on a toutes les brides qu'il faut pour accélérer. On a l'application qui tourne, on a les retours positifs du terrain. C'est vrai qu'on n'en a pas parlé, mais on approche des 2000 locations. Et pour l'instant il n'y a pas eu un vol, il n'y a pas eu une dégradation, les gens sont très respectueux. Ça c'est génial. Et voilà, on revient dans cette question de ne pas être dans la défiance généralisée, de faire confiance. Moi quand j'ai une fiancée à 4 ans, on m'a dit c'est une top idée mais elle va en Suède ou en Allemagne parce qu'en France on va tout casser. Voilà, on se bride aussi en ne faisant pas confiance à l'autre. Ça va arriver. Je ne suis pas naïf complètement, mais l'effet, pour l'instant, c'est que les gens sont respectueux. On est dedans, ça joue, il y a une barrière physique, la porte, une barrière physique, les casiers. On partage avec un collectif d'habitants que nous, on va essayer d'impliquer le plus possible en leur demandant de voter, en leur demandant de s'impliquer pour nous aider avec la communication et l'inspection, en ayant des référents, référents de bricolage pour créer une vraie communauté. Plus les gens s'approprient un service, plus ils s'en servent, plus ils s'en servent de manière respectueuse et donc on peut mettre en place un service vertueux. Mais en tout cas... Voilà, pour l'instant, 2000 locations et pas de soucis. Donc, je reviens à ta question. On a l'appli, on a les retours terrain positifs, on a l'équipe qui se structure avec vraiment de super profils, des gens engagés et qui ont 10, 15, 20 ans d'expérience. Super. Et on a les sous, puisqu'on réussit à lever, on a réussi à intéresser trois investisseurs qui ont de l'argent et qui veulent le mettre au service de l'impact. Et ça, c'est très intéressant aussi, je diverge de nouveau. Mais aujourd'hui, pour faire des trucs utiles, on a souvent besoin d'aller mendier auprès des ultra-riches. ça devrait pas exister je reviens sur pour nourrir le polémique Bernard Arnault pour nourrir des millions de français on devrait pas aller supplier merci monsieur Bernard Arnault de nous donner le mot non c'est très bien qu'il l'ait fait bien sûr le geste c'est très bien qu'il l'ait fait mais c'est le fait qu'il ait besoin de le faire qui pose problème et communiquer dessus sur 0,005% c'est beaucoup plus critiquable effectivement mais bon Donc, bref, on a réussi. Et merci à ces trois personnes qui, s'ils écoutent, se reconnaîtront. Et je suis sûr qu'on va bien bosser ensemble parce qu'encore une fois, c'est des investisseurs qui ont investi avant tout parce que le sens et l'impact. Ça, ça va être génial. Et donc, aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est... On a 10 installations. On a prévu d'en faire 15 en cette fin d'année. On en a déjà 9 de validées dans l'an. L'année prochaine, c'est 70, puis 150, puis 300. Enfin, de toute façon, on revient à ça. Il faut qu'on accélère si on veut avoir de l'impact. Si on ne fait que quelques dizaines, pinette. Donc... Comment pouvez-vous nous aider ? Premièrement, si vous connaissez des gestionnaires de lieux de vie. qui seraient intéressés parce que là aujourd'hui clairement on peut trouver un premier gestionnaire qui va dire ok banco j'arrête les pilotes, je vais installer 30, 40, 50, mon parc quoi. C'est ça, on a besoin d'un contrat cadre sur 2, 3 prochaines années pour nous donner de la visibilité et pour accélérer. Donc soit vous connaissez des acteurs, des directeurs, des directrices de telles structures et puis après la deuxième chose c'est vous à titre personnel, effectivement pourquoi pas en parler à votre entreprise. vous parlez à votre copropriété, vous parlez à votre collectivité. Moi, je vois beaucoup que si on n'arrive pas à impliquer les pouvoirs publics, ça n'aura pas la même vitesse d'essai-mage. C'est ce que je parle avec la métropole de Lyon depuis trois ans. Et sur chaque territoire où on s'implante, l'idée, c'est bien d'essayer de parler aux pouvoirs publics. Est-ce que vous voulez créer une structure locale de type coopérative et on déploie massivement ? Les pouvoirs publics peuvent être déployeurs dans les bâtiments publics, peuvent être prescripteurs auprès des bailleurs, auprès des acteurs. peuvent être pourquoi pas subventionneurs pour aider à l'installation. On n'en a pas parlé, mais on demande au gestionnaire à lieu de vie de financer l'installation initiale. Ensuite, l'utilisation couvre les coûts opérationnels, mais on a quand même besoin de cet investissement initial. Et puis, la dernière manière pour un public de s'impliquer, ce serait dans cette gouvernance si on met en place une coopérative. Donc voilà, vous connaissez des décideurs ou des décideuses de grandes structures parce qu'il faut parler aux chefs et aux cheffeux. C'est comme ça, je me rencontre bien depuis quatre ans. Si j'ai réussi à avancer entre guillemets aussi vite, c'est parce que j'ai rencontré 5-6 personnes clés qui étaient, des personnes qui pouvaient décider. J'aurais pu avancer encore plus vite si j'avais rencontré d'autres personnes. On revient au fait d'entrepreneuriat, pour moi, on revient du déterminisme. On peut faire beaucoup de choses, mais tout dépend de qui tu vas rencontrer, si ces personnes veulent t'aider, si c'est le bon moment pour elles, etc. Ça donne beaucoup, beaucoup de hasard. Et donc, toutes les questions du mérite, on pourrait en rediscuter aussi. Ce n'est pas le sujet, mais l'entrepreneuriat, depuis 4 ans, m'a conforté dans tout ce que je pensais sur ces questions de libre-habit, de mérite et tout. Mais... Mais voilà, donc des personnes qui peuvent décider et ensuite, à votre échelle, si demain on va le mettre en place. maintenant qu'on a un responsable du marketing et des clients qui arrivent dans quelques semaines, on veut mettre en place une campagne de recrutement d'ambassadeurs pré-déploiement à qui on pourrait fournir un petit kit pour les aider à les convaincre, tu vois, leur collectivité, leur entreprise et leur propriétaire de résidence. Et comme ça, si on arrive à avoir des milliers de gens qui sont des ambassadeurs, qui font ce premier travail d'eux, ça permettrait d'aller beaucoup plus vite. Donc aujourd'hui, c'est ça. Trouver des gros, les chefs qui peuvent dire oui et puis compter sur une nuée de personnes telles que vous qui nous écoutez pour faire connaître et pour déployer le service.

  • Yann

    Trop bien. On arrive au bout. J'ai une dernière question. Avant de te laisser aller prendre ton train, je crois que tu as encore une petite heure, deux heures. J'ai envie de poser cette question à chaque invité. C'est une question un peu clin d'œil à la biodiversité. Ce serait quoi ton animal totem ?

  • Jeff

    je crois que j'ai pas réfléchi je sais pas un requin ? un requin ? ouais non c'est pas un requin mais je trouve très stylé les requins je trouve que c'est tellement beau pourquoi pas ? donc pas pour le côté prédateur voilà peut-être que là c'est mon inconscient qui parle mais pour le côté beauté de l'animal et j'aime bien aussi j'avoue que j'aime bien le côté bah c'est un animal qu'on respecte encore et qui fait encore peur à l'humain quoi c'est vrai et dans l'eau on est dans son milieu et ça nous ramène un petit peu à tête donc voilà mais quand je pense à un animal si il y a un animal que j'aimerais voir aujourd'hui que j'ai pas encore vu ce serait un requin alors est-ce que c'est mon animal totem il faudrait que j'aille faire un séjour chamanisme pour découvrir ça ça

  • Yann

    marche Top, pour conclure si tu veux passer un dernier message, un remerciement si il y a une demande à passer ou des liens à nous communiquer pour suivre tes aventures à l'Alebiens en commun Oui,

  • Jeff

    l'Alebiens en commun, vous pouvez trouver le site internet sur alebiensencommun.com on a une newsletter, on va essayer d'être un peu plus présent sur les réseaux sociaux, Instagram, Facebook etc Non, après c'est remercier toutes les personnes qui ont cru au projet depuis le début et sans qui on ne serait pas là il y a des personnes clés chaque année presque depuis 4 ans Merci Et puis voilà, le message général, c'est une approche vision radicale des changements nécessaires, vision radicale, radicalement différente de la société et du monde de demain. Ouais. Mais on n'y est pas et donc essayer de prendre des approches pragmatiques, réalistes, qui peuvent paraître un petit peu peut-être tiède, mais au final, c'est toujours la même chose si, en prenant une approche un peu plus mesurée, on arrive à embarquer 60-70% des gens. on aura plus d'impact qu'une approche faite, mais qui embarque 0,1 ou 0,2. Voilà, et ça, au final, encore une fois, il n'y a pas de jugement, c'est une question de conviction, à quel point on est prêt à, c'est pas renoncer, mais s'adapter un petit peu, tu vois, pour le résultat final. Et l'important, c'est qu'à la fin de la journée, on puisse se regarder devant une glace en se disant, bon, je suis aligné avec mes convictions. Donc, voilà. Moi, j'ai décidé de prendre cette approche pragmatico, que je pense pragmatico-radicales, parce que c'est quand même un changement majeur dans notre façon de vivre, si demain, encore une fois, dans 10 ans, on loue tout son matériel, mais oui, ça passe par un peu de technologie dans un premier temps. Si vous trouvez le système intéressant, N'hésitez pas, toute aide est la bienvenue pour faire en sorte que demain, comme je l'ai dit un peu plus tôt, ce soit devenu totalement naturel de descendre de deux étages et de récupérer votre aspirateur éco-conçu et super efficace.

  • Yann

    Super. Les biens communs, une startup qui a beaucoup de sens à ce moment-là de notre histoire où il y a des enjeux à la fois économiques et écologiques. Merci beaucoup Yann d'avoir accepté l'invitation sur le podcast. On souhaite plein de succès pour les biens communs. Merci à vous qui êtes restés jusqu'au bout de cet épisode. N'hésitez pas à nous dire en commentaire si vous utilisez les services et on se dit à très vite pour de nouveaux épisodes. Et n'oubliez pas de vous abonner. C'est déjà la fin de cet épisode. J'espère qu'il t'a plu et que tu auras appris des choses intéressantes et motivantes qui te seront utiles dans ton engagement écologique. On aura besoin de tout le monde pour y arriver. N'hésite pas à partager le podcast à tes amis et à ta famille. Si tu as des questions, laisse t'abonner. Et je te dis à très très vite pour de nouveaux épisodes. Ciao !

Chapters

  • Intro

    00:00

  • Qui est Yann Lemoine ?

    00:45

  • Comment ça fonctionne Les Bien En Commun ?

    05:57

  • Évolution de l'impact / ESS

    17:34

  • Le Quizz !

    22:06

  • Inspirations, lectures, animal totem, divers

    27:54

  • Outro

    46:45

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