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S3E9 - Bâtir les infrastructures de la transition - avec Thierry Déau (Meridiam)

S3E9 - Bâtir les infrastructures de la transition - avec Thierry Déau (Meridiam)

36min |06/05/2024
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Description

Dans cet épisode nous recevons Thierry Déau, PDG et fondateur du fonds d'investissement en infrastructure à impact, Meridiam.


Créé en 2005, Meridiam gère actuellement près de 20 milliards d'euros d'actifs investis dans des infrastructures greenfield de la transition, dans les domaines clés de l'énergie, des transports, et des services publics.


Thierry Déau nous parle des raisons de sa décision de développer un portefeuille d'investissements en infrastructure en Afrique, de sa politique d'investissement et de développement des actifs.


Nous évoquons également avec lui les efforts réalisés pour accélérer le déploiement d'investissements en infrastructure dans les marchés émergents, et son bilan des rencontres de printemps FMI/Banque Mondiale dont il revient.


Et pour cet épisode je suis accompagné d'Apolline Renaudin, analyste en conseils financiers et politiques publiques spécialisée dans les marchés émergents.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On partage avec un site de l'UniBash.

  • Speaker #1

    Et le film est là. Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle Wissim Jouini et je suis ravi de vous retrouver dans ce nouvel épisode de Takeoff. Notre invité aujourd'hui est CEO et fondateur de Meridiam, un fonds qui en l'espace de 20 ans est devenu une référence dans les infrastructures et l'investissement à impact dans toutes les géographies, avec 22 milliards d'actifs sous gestion, et notamment pour ce qui concerne les emerging markets, avec une forte présence en Afrique, une vingtaine d'actifs actuellement sous gestion. Dans une autre vie, vous avez été un semi-serviteur de l'État puisque vous avez commencé à Aegis, filiale de la Caisse des dépôts et consignations. Je le mentionne car il reste sans doute quelque chose de cet ordre dans Meridiam qui non seulement travaille souvent avec les gouvernements pour des projets infra, mais également qui investit dans des secteurs en lien avec les services publics indirectement, la santé, le logement, l'éducation, l'énergie, les transports. Thierry Déo, bonjour et merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Et pour cet épisode, je suis accompagné d'Apolline Renaudin, analyste en conseil financier et politique publique spécialisée dans les marchés immaraux. Bonjour. Aujourd'hui, nous allons parler d'investissement sur le continent africain et singulièrement de l'enjeu des infrastructures, leur importance dans la trajectoire de développement soutenable du continent, les moyens d'accélérer les volumes d'investissement et le rôle des différents acteurs, notamment de la puissance publique. Mais d'abord, pour prendre un peu de champ, en 20 ans, vous avez vu le paysage de l'investissement dans les marchés émergents et singulièrement en Afrique évoluer, notamment en comparaison avec vos activités dans les marchés matures, essentiellement aux Etats-Unis et en Europe. Vous avez souhaité vous investir sur ces marchés émergents dans un second temps, environ une dizaine d'années après la fondation de Meridiam, et donc il y a une dizaine d'années. Pourquoi être allé sur cette géographie où il n'y a, à entendre certaines cassandres, que des coups à prendre ? Et qu'est-ce que cette temporalité dit de l'expérience qu'il fallait acquérir avant de pouvoir s'intéresser à cette classe d'actifs ?

  • Speaker #0

    Très bien. Alors l'évolution du climat pour les pays émergents est très liée à l'évolution de la prise de conscience des sujets climat, justement, et de la transition et de la nécessité de la transition climatique, puisque aujourd'hui, les pays émergents sont quelque part ceux qui ont le plus besoin d'investissement en infrastructures pour gérer la transition. notamment en matière d'adaptation, en matière d'atténuation. Et en plus, ce qui s'accumule avec leurs besoins en développement classique d'infrastructures en tout genre pour développer leur économie. Donc c'est un peu une évolution qui s'est accélérée, notamment aussi avec un certain nombre de COP qui se sont focalisés sur les besoins d'investissement dans ces pays, à la fois dans le secteur énergétique, mais dans les infrastructures en général, et puis aussi... sur les aspects sociaux. Et Meridiam, depuis sa création, était plutôt un fonds qui faisait déjà beaucoup de développement et d'investissement dans des projets dits greenfields donc construits pour exploiter plus tard. Et en fait, ce sont ces... Cette capacité humaine, parce que chez Meridiam on a des gens qui font de l'investissement mais qui viennent beaucoup du secteur de la construction, du secteur de l'exploitation des infrastructures. pas mal d'ingénieurs avec un background d'ingénieurs qui ont fait des vraies choses en infrastructure, pas que de la finance. Et de fait, ces capacités nous ont permis d'être assez confiants, d'attaquer des marchés, notamment des marchés émergents, où il faut beaucoup d'engagement et de discussion avec les pouvoirs publics et qu'il faut vraiment développer les projets. Donc ça fait un métier de développeur. et un métier d'investisseur.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous pourriez justement détailler un peu ce modèle particulier de Meridiam, qui est entre le fonds d'infra, le développeur et l'ONM, c'est-à-dire assuré par une société de projet qui est fortement imbriquée systématiquement dans Meridiam ? Pourquoi être descendu, si je puis dire, autant les mains dans le conduit ? Et finalement, êtes-vous vraiment un fonds ?

  • Speaker #0

    Alors on est beaucoup de choses, mais si je devais résumer la stratégie de Meridiam, vu du secteur des fonds d'infrastructures, on est dans une stratégie dite build to core C'est-à-dire qu'on construit nous-mêmes les infrastructures qui vont faire nos rendements plus tard, pour ensuite les gérer, les dérisquer et les exploiter pour avoir les revenus long terme qui correspondent à ce que représente la classe d'actifs infrastructures. Donc pourquoi le faire ? D'abord parce que... C'est à la fois des infrastructures qui correspondent à notre mission, parce que Meridiem c'est aussi une société à mission, et même si on ne l'était pas au tout début, parce que ça n'existait pas, on l'est vite devenu, mais avec la même raison d'être. Donc ça nous permet de créer l'impact que nous voulons avoir sur les populations, sur les États et les économies. Et puis en même temps, la durée très long terme nous permet aussi d'être... en exploitant. Donc quelque part ce qu'on délivre c'est à la fois un impact économique, social, en créant ces infrastructures et en les exploitant, mais en même temps on délivre et on donne à nos investisseurs des rendements très long terme, d'une bonne stabilité, inflatés, qui leur permettent finalement de passer à travers pas mal de crises avec beaucoup de résilience.

  • Speaker #1

    Justement pour ce qui concerne la question du rendement, même si vous descendez comme disait Apolline les mains dans le cambouis, vous structurez aussi des fonds au sens premier terme. Vous avez successivement lancé Miaf qui a été top-up jusqu'à environ plus de 500 millions d'euros, puis Miaf 2 à peu près sur la même somme. Et en ordre de grandeur, c'est 70% selon les informations publiques données par Meridiam des investisseurs privés et 30% de l'institutionnel. À quoi il faut ajouter des fonds thématiques tels que TERF, qui s'occupent de sujets particuliers, notamment la résilience urbaine ? Deux questions là-dessus, très simplement. La première, est-ce que c'est essentiellement de l'argent du Nord, soit privé ou institutionnel, de l'épargne du Nord ? Ou est-ce que l'épargne endogène, et notamment les fonds souverains endogènes, deviennent un acteur pertinent dans la partie levée de fonds ? Et deuxième question, qu'est-ce que ce mélange d'investissement privé et institutionnel dit du niveau de maturité ? des projets en Afrique et la capacité à susciter du rendement, est-ce que cet appui institutionnel est nécessaire pour driver le privé ou est-ce qu'au contraire c'est plus un top-up bienvenu pour des sujets importants ?

  • Speaker #0

    Alors il y a beaucoup de questions dans les bleues questions, mais évidemment c'est essentiellement dans nos fonds, en tout cas, c'est essentiellement de l'argent du Nord, entre guillemets, pour plusieurs raisons. Parce que les quelques fonds souverains du Sud, typiquement en Afrique, qui ont des fonds stratégiques d'investissement, c'est le cas du Sénégal, du Gabon et d'autres, viennent directement investir dans les actifs, ne passent pas forcément par des véhicules d'investissement. investissement comme le nôtre pour investir. Bon, par contre, ils sont présents sur ces actifs. Et puis, en ce qui concerne l'épargne longue, typiquement en Afrique, à part quelques pays qui en disposent, comme l'Afrique du Sud, le Kenya ou quelques-uns, elle n'est pas encore très active et souvent, elle est quand même très conservatrice dans sa façon d'investir et investit malheureusement souvent plus au nord que dans ses propres régions. Donc... Mais en tout cas, pour en revenir au fait, les 70 ou 80% d'investisseurs privés, institutionnels, fonds de pension, assureurs, qui accompagnent ou qui sont accompagnés par les banques publiques de développement, les banques publiques de développement ont eu un effet d'amorçage, parce qu'elles connaissent bien la région. Ce sont souvent les financeurs en dette pour financer ces projets. Et donc leur connaissance, leur interaction avec ces États fait partie du phénomène qu'on appelle le de-risking, c'est-à-dire de donner confiance aussi aux investisseurs privés qui sont plus néophytes dans ces régions pour aller investir. Donc c'est un peu cet effet d'entraînement qu'on a essayé de chercher. Ce que ça prouve aussi, c'est que... Aujourd'hui, parce qu'au tout début, dans le tout premier fond avant le top-up, on était plutôt à 50-50. que ça a vraiment permis d'entraîner beaucoup plus d'investisseurs privés. C'est vrai aussi que le fait que Meridiam ait déjà pu investir pendant un certain nombre d'années, au fur et à mesure, le TRAX permet de finalement convaincre plus facilement les investisseurs qu'il est possible d'investir en Afrique en maîtrisant le risque et en faisant un certain nombre de choses qui fait qu'ils auront à terme les rendements. qu'ils attendent de ce type d'investissement.

  • Speaker #2

    Donc, on comprend qu'il y a beaucoup d'investisseurs prêts à investir. D'un autre côté, vous avez dit qu'il y a énormément de besoins de financement, notamment en lien avec le réchauffement climatique. Et pourtant, tout le monde s'accorde à dire qu'il y a des frictions entre cette offre et cette demande. Est-ce que, justement, les récents développements des souverains, en lien avec la prise en compte du réchauffement climatique, notamment par la structuration de cadres ESG, etc., de mieux constituer les projets, rassure les investisseurs, et ils servent un peu de catalyseur pour structurer tout cela.

  • Speaker #0

    Alors en matière de puissance de feu publique, à la fois des banques de développement, qu'elles soient multilatérales, bilatérales, il y a eu, je pense dans les dix dernières années, une mobilisation forte pour leur faire un peu changer leur modèle qui était de financer elle-même un peu tout, pour essayer de faire effet de levier pour attirer. le maximum d'investissements privés dans ces régions. Et ça passe à la fois par ce qu'on appelle le blended finance ou la finance mixte, mais dont le but principal est de dérisquer ou en tout cas de diminuer la perception du risque et le risque réel. pour ces investissements. Donc ça passe par un certain nombre de garanties, la plus commune par exemple c'est la garantie pour le risque pays qui est donnée par la garantie MIGA qui est le pool de garantie de la Banque mondiale. La Banque mondiale aussi donne des garanties pour risque pays. ou des garanties pour rupture de contrat abusive, des choses comme ça, qui permettent de protéger le contrat, surtout des contrats de long terme, dans un environnement où les investisseurs privés du Nord ne sont pas forcément très à l'aise. avec une gestion contractuelle et un cadre de régulation local. qui ne connaissent pas forcément bien.

  • Speaker #1

    Justement, sur cette question des garanties, on a reçu dans ce podcast Yann Burtin de Minga Europe, qui nous confie qu'Ajai Banga, le nouveau président de la Banque mondiale, a annoncé construire un guichet unique de garanties et scaler les montants pour atteindre 20 milliards de dollars d'ici 2030, contre 6,8 aujourd'hui. Est-ce que cette dimension de dérisking est devenue centrale dans la construction des projets ? Et est-ce que ce scale-up est encore une vision d'estrade ? Ou est-ce que... on perçoit la réalité concrète sur le terrain.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est d'abord MIGA qui ne faisait que de la garantie que pour des gens comme nous et qui va récupérer finalement toute cette capacité et tous les instruments de garantie. C'est quelque chose que j'appelle de mes voeux depuis de nombreuses années. Nous sommes l'un des plus gros clients de MIGA, donc c'est quelque chose qui fonctionne. C'est une institution qui est assez... des agiles qui participent, tout en y apportant justement ces aspects ESG et impact qui sont importants, arrivent vraiment à soutenir et à dérisquer les projets pour qu'ils se fassent. Donc cette puissance de feu qui sera, je crois, en œuvre à partir du 1er juillet, c'est plutôt une très très bonne nouvelle.

  • Speaker #2

    Pour revenir sur Meridiam, vous êtes principalement focalisé sur les secteurs clés de l'énergie et des transports, qui sont tous deux des secteurs régaliens, avec une forte présence d'entreprises publiques, ne serait-ce que comme opérateur. Et donc, les opportunités et besoins d'investissement actuels contribuent aussi à affluer de plus en plus des fonds privés. Comment est-ce que cet afflux privé est concilié avec la présence toujours forte des pouvoirs publics ? et sur différents niveaux, c'est-à-dire dans le format technique, dans le financement, peut-être même aussi dans l'interaction au quotidien que vous pouvez avoir avec la science publique.

  • Speaker #0

    Après, on est dans la tradition française qu'on peut oublier souvent, mais de la concession. Déléguer à un secteur privé un opérateur qui finance, qui construit, qui exploite un ouvrage de service public, finalement c'est une tradition assez longue. Et donc de façon plus globale, tous les systèmes de contrats de partenariat public-privé permettent de gérer avec une grande efficacité ce genre de choses. Il y a des façons... largement établi depuis des siècles, de collaborer entre le public et le privé à travers des contrats. Et c'est pour ça, justement, qu'on peut en faire. Parce que finalement, l'actif infrastructure, vu de nos investisseurs, c'est le contrat. Ce n'est pas le béton qu'on a coulé. C'est vraiment ce contrat qui a une valeur, le contrat de 20 ans, de 30 ans, qui permet en fait de sécuriser l'accès aux revenus, qui va permettre de rembourser l'investissement et d'offrir des retours aux investisseurs. Mais voilà, cette culture du public privé est... est assez importante dans la mesure où les infrastructures essentielles aujourd'hui, elles sont quasiment toutes dans le giron du contrôle du public.

  • Speaker #1

    Pour rebondir là-dessus, et sur le dernier point de la question à Pauline, sur les interactions au quotidien, il y a souvent ce... Cette infrastructure à la fois très fine et très sophistiquée qu'est le personnel public-privé, ça demande deux... It takes two to tango, donc ça demande deux acteurs de haut niveau pour avoir confiance dans la garantie des prix qui est négociée en contrat, pour avoir aussi une capacité d'amener des acteurs privés sur des secteurs moins rentables avec un transfert qui vient directement du gouvernement pour services publics rendus et puis tout simplement dans les méthodes de travail, que ça reste un enjeu majeur qui participe de ce finance gap

  • Speaker #0

    Non, ça reste un enjeu majeur, même s'il y a une montée en compétences. Pour cela, d'ailleurs, Meridiam a été fondateur d'une fondation qui s'appelle l'IFP, donc Africa Infrastructure Fellowship Program, qui cible justement les fonctionnaires chefs de projet d'infrastructures pour vraiment les aider à se professionnaliser et à créer un réseau. entre eux pour échanger les bonnes pratiques. Et typiquement, ça se tourne vers, à la fin, c'est une formation qui donne lieu à un certificat qui se passe partiellement à Paris, mais pendant laquelle ils ont à la fois une formation académique, une interaction avec des donneurs d'ordre publics, des maîtres d'ouvrage, mais aussi une interaction avec les acteurs du privé. qui sont impliqués, donc vraiment leur donner un tour d'horizon assez complet de tous les acteurs et des modes opératoires pour vraiment réussir à livrer ces infrastructures. Donc ça c'est important et c'est pour ça qu'on a vraiment investi là-dedans, aux côtés du ministère des Affaires étrangères français et un certain nombre d'autres entreprises qui financent tous les ans ces formations pour... pour les actes d'Afrique.

  • Speaker #1

    Et juste en un mot, je me rends compte que je n'ai pas défini le concept de finance gap. Il s'agit en fait de la différence entre les montants estimés qu'il faudrait avoir en termes de flux d'investissement net vers l'Afrique pour être au niveau des objectifs du développement durable et les montants constatés. Et dans ce cadre, la Banque africaine de développement, par exemple, évalue ce finance gap annuel dans une évaluation qu'on peut juger un peu inflationniste, mais entre 70 et 100 milliards par an, ce qui est énorme. On mettra la ressource. Quant au GIEC, uniquement sur le volet changement climatique et énergie, chiffre le besoin de financement à entre 20 et 40 milliards de dollars par an au niveau du continent, ce qui permet quand même d'avoir un certain ordre de grandeur.

  • Speaker #2

    Cette cible dont vous venez de parler, on comprend que c'est typiquement le type de pierre qui permet de diminuer in fine la perception du risque des investisseurs pour l'investissement. Cette perception du risque qui est un des grands mots de la dichotomie avec la réalité.

  • Speaker #1

    On a reçu Lionel Zinsou qui nous en a parlé particulièrement dans le contexte des eurobonds et qui a insisté sur la prime de risque excessive. On écoute tout de suite un extrait.

  • Speaker #3

    Donc si vous voulez, les préjugés remplacent la compétence et la connaissance. Peu de gens investissent dedans. Les agences ont également un biais important de compétence et de connaissance sur les risques. Si bien qu'en fait, quand vous regardez le niveau de performance sur les pays en développement ou émergents de l'Amérique latine, de l'Asie et de l'Afrique, et vous comparez, vous apercevez qu'à notation... égale la performance africaine est meilleure. Vous verrez que vous avez beaucoup moins de défauts en Afrique que dans d'autres continents.

  • Speaker #2

    Donc ici, l'exprès était donc appliqué aux eurobonds, mais donc justement dans d'autres types de financements, est-ce que la différence entre la perception du risque et la réalité est aussi prégnante ?

  • Speaker #0

    Alors, tout à fait, parce que finalement les eurobonds émis par ces pays africains sont le benchmark pour faire le financement de nos projets. Finalement, quand on regarde les taux qu'on applique pour... Pour nos projets, on prend d'abord le taux sans risque, la prime payée, on revient à la même chose et c'est la base, c'est vrai que ces primes sont élevées. et c'est pas qu'une question de perception c'est vrai qu'il y a un écart mais l'écart il est plutôt dans le faire et pas faire plus que dans le pricing je sais pas si je suis clair à 18% on le fait pas et donc mais bon il y a un risque réel c'est certain mais ce que permet typiquement pour des gens comme nous des garanties de type miga c'est de pouvoir lisser atténuer cette prime de risque B puisqu'en fait, on achète des garanties de risque payé. Donc, on peut finalement, en tout cas pour un investisseur en equity et en fonds propres, diminuer ce risque payé en achetant une garantie.

  • Speaker #1

    Justement, sur les projets de garantie, un des projets de garantie de MIGA qui est particulièrement acheté avec bien développement, c'est les political risk insurance. Il n'empêche que par-delà la garantie sur les cash flows, ça crée un contexte dans lequel les gens ont moins envie d'investir. Il est curieux de noter que depuis cette interview avec Lionel Zinsou en 2022, le réel a malheureusement plutôt rattrapé la perception, puisque l'instabilité politique qu'à l'époque il disait inférieure en Afrique à d'autres régions du monde a beaucoup cru. Est-ce que ça a directement impacté Meridiam et par-delà cette activité, surtout dans la perception des investisseurs quand vous êtes en roadshow, quand vous essayez de lever, ce qui s'est passé notamment dans la bande saharau-sahélienne ?

  • Speaker #0

    Oui, certainement. Après, le sujet en Afrique, c'est qu'est-ce qui se passe réellement par rapport... Au gros titre des journaux. Alors déjà, ce qui s'est passé depuis 2022, en particulier dans le Sahel, a fait les gros titres. Mais en ce qui nous concerne, la plupart de ces pays du Sahel n'étaient déjà pas des pays investissables. Mais pas parce qu'il y avait un risque politique, parce qu'il y avait une faiblesse. de leur administration, de leur capacité à exécuter, très très forte. Et ça c'est plus important souvent que le risque pays. C'est quelle est la capacité de l'administration, de la structure institutionnelle du pays à continuer, à transacter, à gérer le contrat que vous avez dans le long terme. Ce que nous on appelait... La résilience administrative est quelque part plus importante que le changement de régime, de président. Mais si vous prenez l'exemple de la Côte d'Ivoire, qui a quand même connu des périodes un peu fortes, les grands projets comme Asito ou autres ont continué à opérer, même en quasi-guerre civile. Parce qu'il y avait quand même une administration de l'autre côté qui continuait. à fonctionner. Donc c'est très important d'aussi faire la différence entre ce qui peut se passer sur un plan politique et la capacité de ces pays à continuer à administrer leur économie. Donc le Sahel c'est assez particulier, mais ce qui a pu se passer au Gabon n'a pas forcément révolutionné la façon d'administrer le pays, ce qui se passe aujourd'hui dans une démocratie comme le Sénégal. ne change pas fondamentalement la façon d'administrer. Et donc tout ça contribue aussi d'une certaine confusion par rapport à l'analyse du risque de ces pays. Donc tout le monde va retenir. le Mali, le Burkina et le machin, et dire toute l'Afrique, c'est pareil. Et oui,

  • Speaker #2

    effectivement. Et donc, justement, on parlait du progrès au sein de chacun des pays, mais il y a aussi des progrès en son tout. Et à propos de ces 54 pays, étant France Girl en 2021 à la CDKF, qui rassemble 1,4 milliard de personnes, un PIB de 3 500 milliards. Est-ce que cela, concrètement, selon vous, est un driver important d'un momentum africain ? Et est-ce que vous avez constaté qu'en tant que ZLECAF, cela a conduit à une augmentation des coûts d'infrastructure, notamment sur les aspects transfrontaliers ?

  • Speaker #0

    Pas encore, parce que c'est tout à fait récent, et puis je pense que tous les volets de la zone de libre-échange, puisque c'est de ça que vous parlez, elle n'est pas totalement encore opérationnelle, donc ça met un certain temps, mais il est évident que la capacité d'avoir des échanges commerciaux de façon sans barrière douanière, et aussi des mouvements de population aussi facilités, va permettre, va encourager le développement économique, d'abord parce que ça va créer des clients régionaux pour des exportateurs africains plus faciles que d'exporter essentiellement vers le nord ou ailleurs. Et donc ça ne fait... qu'augmenter cette capacité d'avoir une économie régionale forte et interconnectée. Donc à terme, ça devrait permettre de développer la logistique qui va avec ça, donc toutes les infrastructures, qu'elles soient portuaires, qu'elles soient routières ou aéroportuaires, qui sont nécessaires à ce développement régional.

  • Speaker #1

    Un autre grief classique qui est posé sur les projets en Afrique, c'est ce que McKinsey, dans un rapport de 2021, a appelé le Africa infra-paradoxe où il y a un pourcentage anormalement élevé de projets en cours d'instruction, mais à l'arrêt. Et au fond, globalement, l'idée qu'il y a une lenteur, une inertie dans les projets qui, dans un modèle financier de base, fait exploser le rendement attendu s'il faut six ou sept années de plus que prévu avant la mise en opération. L'exemple archétypal étant, pour des raisons un peu particulières, le barrage Inga qu'on a déjà évoqué dans ce podcast, quelles en sont les causes de votre point de vue ? Quel impact sur les projets de Meridiam ? Et quels remèdes, au moins au niveau des projets portés par Meridiam, vous essayez de mettre en place pour éviter de tomber dans ce trap ?

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de sujets, parce qu'en plus Inga c'est un sujet particulier. D'abord il y a un sujet de course à la taille. Typiquement Inga a deux sujets, une taille énorme, donc avec un marché de financement pas forcément capable de le porter dans sa totalité, y compris côté public, parce que les ressources sont limitées. à un sujet d'off-take multi-pays. Donc après, il faut que tous ces gens-là se mettent d'accord. Donc vous savez, même en Europe, quand on a un projet d'intérêt commun, ça met des années pour que deux pays, membres de l'Union européenne, se mettent d'accord. Donc ce n'est pas qu'Africa, ce sujet. Donc quand on complexifie, qu'on fait du transfrontalier, qu'on fait du transfrontalier, Il faut des traités nationaux, internationaux, binationaux, et donc ça complique forcément les choses. Après, la lenteur vient du sujet qu'on a discuté plus tôt, c'est-à-dire la capacité des administrations à organiser la commande publique, tout court. Mais c'est un problème qu'on voit aussi dans les pays européens. La France, on va dire, dans sa capacité de commande publique, se dégrade tous les ans en plus parce qu'au sein de l'administration, il y a de moins en moins de gens qui ont l'habitude de commander des grands projets d'infrastructures, par exemple.

  • Speaker #1

    Parce que très concrètement, le pipe de projet est structuré par le pays qui classiquement lance un RFP auquel vous vous soumettez, où c'est co-construit et où vous participez beaucoup à l'identification des opportunités même de projet.

  • Speaker #0

    Pour ce qui est quelque part très régalien au sens où infrastructure essentielle, ça participe quand même à la fois de l'envie de développement et de la stratégie du pays. et puis même pour l'énergie où l'initiative privée peut être beaucoup plus rapide, il faut quand même qu'il y ait un cadre, il faut qu'il y ait un cadre régulatoire, il faut qu'il y ait une politique et des objectifs. Quand les pays justement vont à la COP et donnent leur INDC et disent je veux être à 50% de renouvelables dans le pays évidemment ça cadre un peu. le sujet et le privé peut venir. On peut toujours dialoguer, mais la stratégie est d'abord définie par les États eux-mêmes, en termes de ce qu'ils veulent pour leur économie et l'infrastructure.

  • Speaker #2

    Oui, et donc on observe de nouveaux progrès, notamment permis par la concertation entre toutes les parties prenantes, que ce soit les institutions internationales type Banque mondiale, FMI, donc la concertation avec les investisseurs privés, les gouvernements. Et en même temps, aujourd'hui, on constate inévitablement

  • Speaker #0

    l'augmentation des taux du marché, des eurobonds qui ont été émis récemment à des taux records par rapport aux années qui viennent de s'écouler. Et donc, vous étiez au Spring Meetings, là, récemment ce mois-ci, à Washington, les rencontres annuelles organisées par le FMI et la Banque mondiale. Comment avez-vous perçu cette conciliation entre ces progrès, d'une part, dans la concertation entre les différentes parties prenantes, et ce contexte particulier avec des taux prohibitifs pour certains pays ?

  • Speaker #1

    D'abord, l'un des résultats de tout cela, c'est quelque part les réformes de la Banque mondiale et des institutions de Bretton Woods de façon plus générale. Aujourd'hui, et puis ça fait un moment que c'est enclenché, le FMI vis-à-vis de ces pays se comporte autrement. En tout cas, il est dans un mode plus constructif que cela n'a été auparavant, peut-être dû à la personnalité de Kristalina Gordieva. Mais en tout cas, on est plus dans un mode où le FMI prend en compte les exigences de développement de ces pays, au-delà de juste regarder leur état financier et le niveau de leurs dettes. Ces pays aussi, on est dans un contexte particulier parce que l'augmentation des taux... Le fait que tous ces pays ont un peu moins d'espace fiscal pour faire les choses, et certains du coup sont face à des sujets de dette très importants, et donc ça a été un contexte assez particulier, mais très collaboratif finalement, entre le FMI, les réformes de la Banque mondiale pour essayer de mobiliser le plus possible d'argent privé, parce que... Le sujet, c'est un peu ça. On a plein d'initiatives pour essayer de standardiser, de clarifier le risque, de casser un peu cette perception et vraiment d'orienter les fonds vers ces investissements essentiels.

  • Speaker #2

    En conclusion, je voulais juste vous faire réagir à prendre un exemple, un projet que fait Meridian pour donner un peu de relief à ce qu'on vient de dire. Il y en a un qui est intéressant parce qu'il amène, vous allez voir, à une question plus générale. J'ai beaucoup aimé, c'est le Neot Off-Grid Africa Solar System. En introduction, on pourrait dire quand même que ce n'est pas tout ce que fait Mériam, mais Mériam fait aussi beaucoup de on-grid, toujours du renouvelable. Ce projet-là, off-grid, fondé sur du solaire, est-ce que vous pouvez nous raconter un peu sa genèse, pourquoi il vous a plu, pourquoi vous vous y êtes lancé, et qu'est-ce que ça dit de ce que vous pensez du rôle que le off-grid va jouer dans la transition énergétique en Afrique ?

  • Speaker #1

    C'est un projet que nous avons développé avec EDF en partenariat. Il y a un vrai sujet quand on parle des SDGs ou des ODD pour parler français. On voit bien que vraiment les adresser et les financer, c'est un sujet soit très urbain ou très rural, mais au plus proche des... des populations, ce qu'on a tendance à rater avec les grands projets d'infrastructures un peu nationaux. Et donc pour nous, c'était à la fois un sujet d'impact, dans la mesure où on n'imagine pas que certains de ces pays puissent avoir un réseau électrique qui touche 100% de leur population avant quelques dizaines d'années. Et donc c'est vraiment apporter des solutions. décentralisé d'énergie, donc il y a à la fois les mini-grids, le Home Solar Kit, il y a tout ce que vous voulez, pour vraiment donner accès à l'électricité, et puis aussi à la petite économie locale décentralisée, à de l'énergie pour pouvoir se développer. Et l'impact, il est beaucoup plus que juste d'avoir la lumière, il a un impact sur l'éducation des enfants, sur la façon de conserver les aliments, donc ça change finalement beaucoup. beaucoup de choses, donc on s'y est intéressé pour ces raisons-là. Et ce qu'on a pu faire, alors c'est un sujet très complexe, parce qu'il y a un sujet d'accès et de capacité à payer. Et donc quand vous faites de l'off-grid dans un foyer, il ne faut pas que ça coûte plus cher que ce qu'ils ont l'habitude de dépenser pour la lampe à pétrole, le réchaud à gaz. Et donc il a fallu trouver des systèmes de financement finalement assez longs pour amortir les choses, avec des solutions un peu de leasing pour que les gens payent très peu au fur et à mesure, finalement en prépaiement évidemment, leur énergie.

  • Speaker #2

    Parce que là on est d'accord que c'est l'un de vos seuls investissements B2C ?

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Thierry Néo.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    On se donne rendez-vous dans deux semaines pour une interview avec Papa Madoussard, qui est directeur exécutif à l'Agence française de développement. D'ici là, n'hésitez pas à nous retrouver sur nos réseaux sociaux, Instagram et LinkedIn, avec le nom Takeoff le podcast. Et on se quitte sur un extrait de notre interview de la saison 3 avec Yann Burtin, qui est directeur Europe de l'Ouest à MIGA, et qui parle justement de ces produits d'assurance que propose MIGA dans le cadre du groupe Banque mondiale.

  • Speaker #3

    Le premier ligne de produit qu'on a, la ligne de produit historique de MIGA, est essentiellement ce qu'on appelle les assurances risques politiques, qui couvrent essentiellement quatre types de risques. Donc on vise vraiment, quand on parle de risques politiques, tout ce qui est risques non commerciaux, sur lequel les investisseurs n'auront aucun, je dirais, levier d'action, la guerre et les troubles civils. Le deuxième risque qui est assez prononcé aujourd'hui, qu'on voit où il y a beaucoup d'intérêt d'un grand nombre d'investisseurs, c'est tout ce qu'on appelle restriction de transfert et inconvertibilité. Le troisième des quatre produits, c'est tout ce qu'on appelle l'expropriation. Donc c'est tout ce qui est nationalisation ou je dirais expropriation rampante. Et enfin la dernière des couvertures qui est probablement la seule la plus demandée dans les secteurs d'infrastructure, c'est tout ce qu'on appelle la rupture de contrat.

Description

Dans cet épisode nous recevons Thierry Déau, PDG et fondateur du fonds d'investissement en infrastructure à impact, Meridiam.


Créé en 2005, Meridiam gère actuellement près de 20 milliards d'euros d'actifs investis dans des infrastructures greenfield de la transition, dans les domaines clés de l'énergie, des transports, et des services publics.


Thierry Déau nous parle des raisons de sa décision de développer un portefeuille d'investissements en infrastructure en Afrique, de sa politique d'investissement et de développement des actifs.


Nous évoquons également avec lui les efforts réalisés pour accélérer le déploiement d'investissements en infrastructure dans les marchés émergents, et son bilan des rencontres de printemps FMI/Banque Mondiale dont il revient.


Et pour cet épisode je suis accompagné d'Apolline Renaudin, analyste en conseils financiers et politiques publiques spécialisée dans les marchés émergents.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On partage avec un site de l'UniBash.

  • Speaker #1

    Et le film est là. Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle Wissim Jouini et je suis ravi de vous retrouver dans ce nouvel épisode de Takeoff. Notre invité aujourd'hui est CEO et fondateur de Meridiam, un fonds qui en l'espace de 20 ans est devenu une référence dans les infrastructures et l'investissement à impact dans toutes les géographies, avec 22 milliards d'actifs sous gestion, et notamment pour ce qui concerne les emerging markets, avec une forte présence en Afrique, une vingtaine d'actifs actuellement sous gestion. Dans une autre vie, vous avez été un semi-serviteur de l'État puisque vous avez commencé à Aegis, filiale de la Caisse des dépôts et consignations. Je le mentionne car il reste sans doute quelque chose de cet ordre dans Meridiam qui non seulement travaille souvent avec les gouvernements pour des projets infra, mais également qui investit dans des secteurs en lien avec les services publics indirectement, la santé, le logement, l'éducation, l'énergie, les transports. Thierry Déo, bonjour et merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Et pour cet épisode, je suis accompagné d'Apolline Renaudin, analyste en conseil financier et politique publique spécialisée dans les marchés immaraux. Bonjour. Aujourd'hui, nous allons parler d'investissement sur le continent africain et singulièrement de l'enjeu des infrastructures, leur importance dans la trajectoire de développement soutenable du continent, les moyens d'accélérer les volumes d'investissement et le rôle des différents acteurs, notamment de la puissance publique. Mais d'abord, pour prendre un peu de champ, en 20 ans, vous avez vu le paysage de l'investissement dans les marchés émergents et singulièrement en Afrique évoluer, notamment en comparaison avec vos activités dans les marchés matures, essentiellement aux Etats-Unis et en Europe. Vous avez souhaité vous investir sur ces marchés émergents dans un second temps, environ une dizaine d'années après la fondation de Meridiam, et donc il y a une dizaine d'années. Pourquoi être allé sur cette géographie où il n'y a, à entendre certaines cassandres, que des coups à prendre ? Et qu'est-ce que cette temporalité dit de l'expérience qu'il fallait acquérir avant de pouvoir s'intéresser à cette classe d'actifs ?

  • Speaker #0

    Très bien. Alors l'évolution du climat pour les pays émergents est très liée à l'évolution de la prise de conscience des sujets climat, justement, et de la transition et de la nécessité de la transition climatique, puisque aujourd'hui, les pays émergents sont quelque part ceux qui ont le plus besoin d'investissement en infrastructures pour gérer la transition. notamment en matière d'adaptation, en matière d'atténuation. Et en plus, ce qui s'accumule avec leurs besoins en développement classique d'infrastructures en tout genre pour développer leur économie. Donc c'est un peu une évolution qui s'est accélérée, notamment aussi avec un certain nombre de COP qui se sont focalisés sur les besoins d'investissement dans ces pays, à la fois dans le secteur énergétique, mais dans les infrastructures en général, et puis aussi... sur les aspects sociaux. Et Meridiam, depuis sa création, était plutôt un fonds qui faisait déjà beaucoup de développement et d'investissement dans des projets dits greenfields donc construits pour exploiter plus tard. Et en fait, ce sont ces... Cette capacité humaine, parce que chez Meridiam on a des gens qui font de l'investissement mais qui viennent beaucoup du secteur de la construction, du secteur de l'exploitation des infrastructures. pas mal d'ingénieurs avec un background d'ingénieurs qui ont fait des vraies choses en infrastructure, pas que de la finance. Et de fait, ces capacités nous ont permis d'être assez confiants, d'attaquer des marchés, notamment des marchés émergents, où il faut beaucoup d'engagement et de discussion avec les pouvoirs publics et qu'il faut vraiment développer les projets. Donc ça fait un métier de développeur. et un métier d'investisseur.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous pourriez justement détailler un peu ce modèle particulier de Meridiam, qui est entre le fonds d'infra, le développeur et l'ONM, c'est-à-dire assuré par une société de projet qui est fortement imbriquée systématiquement dans Meridiam ? Pourquoi être descendu, si je puis dire, autant les mains dans le conduit ? Et finalement, êtes-vous vraiment un fonds ?

  • Speaker #0

    Alors on est beaucoup de choses, mais si je devais résumer la stratégie de Meridiam, vu du secteur des fonds d'infrastructures, on est dans une stratégie dite build to core C'est-à-dire qu'on construit nous-mêmes les infrastructures qui vont faire nos rendements plus tard, pour ensuite les gérer, les dérisquer et les exploiter pour avoir les revenus long terme qui correspondent à ce que représente la classe d'actifs infrastructures. Donc pourquoi le faire ? D'abord parce que... C'est à la fois des infrastructures qui correspondent à notre mission, parce que Meridiem c'est aussi une société à mission, et même si on ne l'était pas au tout début, parce que ça n'existait pas, on l'est vite devenu, mais avec la même raison d'être. Donc ça nous permet de créer l'impact que nous voulons avoir sur les populations, sur les États et les économies. Et puis en même temps, la durée très long terme nous permet aussi d'être... en exploitant. Donc quelque part ce qu'on délivre c'est à la fois un impact économique, social, en créant ces infrastructures et en les exploitant, mais en même temps on délivre et on donne à nos investisseurs des rendements très long terme, d'une bonne stabilité, inflatés, qui leur permettent finalement de passer à travers pas mal de crises avec beaucoup de résilience.

  • Speaker #1

    Justement pour ce qui concerne la question du rendement, même si vous descendez comme disait Apolline les mains dans le cambouis, vous structurez aussi des fonds au sens premier terme. Vous avez successivement lancé Miaf qui a été top-up jusqu'à environ plus de 500 millions d'euros, puis Miaf 2 à peu près sur la même somme. Et en ordre de grandeur, c'est 70% selon les informations publiques données par Meridiam des investisseurs privés et 30% de l'institutionnel. À quoi il faut ajouter des fonds thématiques tels que TERF, qui s'occupent de sujets particuliers, notamment la résilience urbaine ? Deux questions là-dessus, très simplement. La première, est-ce que c'est essentiellement de l'argent du Nord, soit privé ou institutionnel, de l'épargne du Nord ? Ou est-ce que l'épargne endogène, et notamment les fonds souverains endogènes, deviennent un acteur pertinent dans la partie levée de fonds ? Et deuxième question, qu'est-ce que ce mélange d'investissement privé et institutionnel dit du niveau de maturité ? des projets en Afrique et la capacité à susciter du rendement, est-ce que cet appui institutionnel est nécessaire pour driver le privé ou est-ce qu'au contraire c'est plus un top-up bienvenu pour des sujets importants ?

  • Speaker #0

    Alors il y a beaucoup de questions dans les bleues questions, mais évidemment c'est essentiellement dans nos fonds, en tout cas, c'est essentiellement de l'argent du Nord, entre guillemets, pour plusieurs raisons. Parce que les quelques fonds souverains du Sud, typiquement en Afrique, qui ont des fonds stratégiques d'investissement, c'est le cas du Sénégal, du Gabon et d'autres, viennent directement investir dans les actifs, ne passent pas forcément par des véhicules d'investissement. investissement comme le nôtre pour investir. Bon, par contre, ils sont présents sur ces actifs. Et puis, en ce qui concerne l'épargne longue, typiquement en Afrique, à part quelques pays qui en disposent, comme l'Afrique du Sud, le Kenya ou quelques-uns, elle n'est pas encore très active et souvent, elle est quand même très conservatrice dans sa façon d'investir et investit malheureusement souvent plus au nord que dans ses propres régions. Donc... Mais en tout cas, pour en revenir au fait, les 70 ou 80% d'investisseurs privés, institutionnels, fonds de pension, assureurs, qui accompagnent ou qui sont accompagnés par les banques publiques de développement, les banques publiques de développement ont eu un effet d'amorçage, parce qu'elles connaissent bien la région. Ce sont souvent les financeurs en dette pour financer ces projets. Et donc leur connaissance, leur interaction avec ces États fait partie du phénomène qu'on appelle le de-risking, c'est-à-dire de donner confiance aussi aux investisseurs privés qui sont plus néophytes dans ces régions pour aller investir. Donc c'est un peu cet effet d'entraînement qu'on a essayé de chercher. Ce que ça prouve aussi, c'est que... Aujourd'hui, parce qu'au tout début, dans le tout premier fond avant le top-up, on était plutôt à 50-50. que ça a vraiment permis d'entraîner beaucoup plus d'investisseurs privés. C'est vrai aussi que le fait que Meridiam ait déjà pu investir pendant un certain nombre d'années, au fur et à mesure, le TRAX permet de finalement convaincre plus facilement les investisseurs qu'il est possible d'investir en Afrique en maîtrisant le risque et en faisant un certain nombre de choses qui fait qu'ils auront à terme les rendements. qu'ils attendent de ce type d'investissement.

  • Speaker #2

    Donc, on comprend qu'il y a beaucoup d'investisseurs prêts à investir. D'un autre côté, vous avez dit qu'il y a énormément de besoins de financement, notamment en lien avec le réchauffement climatique. Et pourtant, tout le monde s'accorde à dire qu'il y a des frictions entre cette offre et cette demande. Est-ce que, justement, les récents développements des souverains, en lien avec la prise en compte du réchauffement climatique, notamment par la structuration de cadres ESG, etc., de mieux constituer les projets, rassure les investisseurs, et ils servent un peu de catalyseur pour structurer tout cela.

  • Speaker #0

    Alors en matière de puissance de feu publique, à la fois des banques de développement, qu'elles soient multilatérales, bilatérales, il y a eu, je pense dans les dix dernières années, une mobilisation forte pour leur faire un peu changer leur modèle qui était de financer elle-même un peu tout, pour essayer de faire effet de levier pour attirer. le maximum d'investissements privés dans ces régions. Et ça passe à la fois par ce qu'on appelle le blended finance ou la finance mixte, mais dont le but principal est de dérisquer ou en tout cas de diminuer la perception du risque et le risque réel. pour ces investissements. Donc ça passe par un certain nombre de garanties, la plus commune par exemple c'est la garantie pour le risque pays qui est donnée par la garantie MIGA qui est le pool de garantie de la Banque mondiale. La Banque mondiale aussi donne des garanties pour risque pays. ou des garanties pour rupture de contrat abusive, des choses comme ça, qui permettent de protéger le contrat, surtout des contrats de long terme, dans un environnement où les investisseurs privés du Nord ne sont pas forcément très à l'aise. avec une gestion contractuelle et un cadre de régulation local. qui ne connaissent pas forcément bien.

  • Speaker #1

    Justement, sur cette question des garanties, on a reçu dans ce podcast Yann Burtin de Minga Europe, qui nous confie qu'Ajai Banga, le nouveau président de la Banque mondiale, a annoncé construire un guichet unique de garanties et scaler les montants pour atteindre 20 milliards de dollars d'ici 2030, contre 6,8 aujourd'hui. Est-ce que cette dimension de dérisking est devenue centrale dans la construction des projets ? Et est-ce que ce scale-up est encore une vision d'estrade ? Ou est-ce que... on perçoit la réalité concrète sur le terrain.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est d'abord MIGA qui ne faisait que de la garantie que pour des gens comme nous et qui va récupérer finalement toute cette capacité et tous les instruments de garantie. C'est quelque chose que j'appelle de mes voeux depuis de nombreuses années. Nous sommes l'un des plus gros clients de MIGA, donc c'est quelque chose qui fonctionne. C'est une institution qui est assez... des agiles qui participent, tout en y apportant justement ces aspects ESG et impact qui sont importants, arrivent vraiment à soutenir et à dérisquer les projets pour qu'ils se fassent. Donc cette puissance de feu qui sera, je crois, en œuvre à partir du 1er juillet, c'est plutôt une très très bonne nouvelle.

  • Speaker #2

    Pour revenir sur Meridiam, vous êtes principalement focalisé sur les secteurs clés de l'énergie et des transports, qui sont tous deux des secteurs régaliens, avec une forte présence d'entreprises publiques, ne serait-ce que comme opérateur. Et donc, les opportunités et besoins d'investissement actuels contribuent aussi à affluer de plus en plus des fonds privés. Comment est-ce que cet afflux privé est concilié avec la présence toujours forte des pouvoirs publics ? et sur différents niveaux, c'est-à-dire dans le format technique, dans le financement, peut-être même aussi dans l'interaction au quotidien que vous pouvez avoir avec la science publique.

  • Speaker #0

    Après, on est dans la tradition française qu'on peut oublier souvent, mais de la concession. Déléguer à un secteur privé un opérateur qui finance, qui construit, qui exploite un ouvrage de service public, finalement c'est une tradition assez longue. Et donc de façon plus globale, tous les systèmes de contrats de partenariat public-privé permettent de gérer avec une grande efficacité ce genre de choses. Il y a des façons... largement établi depuis des siècles, de collaborer entre le public et le privé à travers des contrats. Et c'est pour ça, justement, qu'on peut en faire. Parce que finalement, l'actif infrastructure, vu de nos investisseurs, c'est le contrat. Ce n'est pas le béton qu'on a coulé. C'est vraiment ce contrat qui a une valeur, le contrat de 20 ans, de 30 ans, qui permet en fait de sécuriser l'accès aux revenus, qui va permettre de rembourser l'investissement et d'offrir des retours aux investisseurs. Mais voilà, cette culture du public privé est... est assez importante dans la mesure où les infrastructures essentielles aujourd'hui, elles sont quasiment toutes dans le giron du contrôle du public.

  • Speaker #1

    Pour rebondir là-dessus, et sur le dernier point de la question à Pauline, sur les interactions au quotidien, il y a souvent ce... Cette infrastructure à la fois très fine et très sophistiquée qu'est le personnel public-privé, ça demande deux... It takes two to tango, donc ça demande deux acteurs de haut niveau pour avoir confiance dans la garantie des prix qui est négociée en contrat, pour avoir aussi une capacité d'amener des acteurs privés sur des secteurs moins rentables avec un transfert qui vient directement du gouvernement pour services publics rendus et puis tout simplement dans les méthodes de travail, que ça reste un enjeu majeur qui participe de ce finance gap

  • Speaker #0

    Non, ça reste un enjeu majeur, même s'il y a une montée en compétences. Pour cela, d'ailleurs, Meridiam a été fondateur d'une fondation qui s'appelle l'IFP, donc Africa Infrastructure Fellowship Program, qui cible justement les fonctionnaires chefs de projet d'infrastructures pour vraiment les aider à se professionnaliser et à créer un réseau. entre eux pour échanger les bonnes pratiques. Et typiquement, ça se tourne vers, à la fin, c'est une formation qui donne lieu à un certificat qui se passe partiellement à Paris, mais pendant laquelle ils ont à la fois une formation académique, une interaction avec des donneurs d'ordre publics, des maîtres d'ouvrage, mais aussi une interaction avec les acteurs du privé. qui sont impliqués, donc vraiment leur donner un tour d'horizon assez complet de tous les acteurs et des modes opératoires pour vraiment réussir à livrer ces infrastructures. Donc ça c'est important et c'est pour ça qu'on a vraiment investi là-dedans, aux côtés du ministère des Affaires étrangères français et un certain nombre d'autres entreprises qui financent tous les ans ces formations pour... pour les actes d'Afrique.

  • Speaker #1

    Et juste en un mot, je me rends compte que je n'ai pas défini le concept de finance gap. Il s'agit en fait de la différence entre les montants estimés qu'il faudrait avoir en termes de flux d'investissement net vers l'Afrique pour être au niveau des objectifs du développement durable et les montants constatés. Et dans ce cadre, la Banque africaine de développement, par exemple, évalue ce finance gap annuel dans une évaluation qu'on peut juger un peu inflationniste, mais entre 70 et 100 milliards par an, ce qui est énorme. On mettra la ressource. Quant au GIEC, uniquement sur le volet changement climatique et énergie, chiffre le besoin de financement à entre 20 et 40 milliards de dollars par an au niveau du continent, ce qui permet quand même d'avoir un certain ordre de grandeur.

  • Speaker #2

    Cette cible dont vous venez de parler, on comprend que c'est typiquement le type de pierre qui permet de diminuer in fine la perception du risque des investisseurs pour l'investissement. Cette perception du risque qui est un des grands mots de la dichotomie avec la réalité.

  • Speaker #1

    On a reçu Lionel Zinsou qui nous en a parlé particulièrement dans le contexte des eurobonds et qui a insisté sur la prime de risque excessive. On écoute tout de suite un extrait.

  • Speaker #3

    Donc si vous voulez, les préjugés remplacent la compétence et la connaissance. Peu de gens investissent dedans. Les agences ont également un biais important de compétence et de connaissance sur les risques. Si bien qu'en fait, quand vous regardez le niveau de performance sur les pays en développement ou émergents de l'Amérique latine, de l'Asie et de l'Afrique, et vous comparez, vous apercevez qu'à notation... égale la performance africaine est meilleure. Vous verrez que vous avez beaucoup moins de défauts en Afrique que dans d'autres continents.

  • Speaker #2

    Donc ici, l'exprès était donc appliqué aux eurobonds, mais donc justement dans d'autres types de financements, est-ce que la différence entre la perception du risque et la réalité est aussi prégnante ?

  • Speaker #0

    Alors, tout à fait, parce que finalement les eurobonds émis par ces pays africains sont le benchmark pour faire le financement de nos projets. Finalement, quand on regarde les taux qu'on applique pour... Pour nos projets, on prend d'abord le taux sans risque, la prime payée, on revient à la même chose et c'est la base, c'est vrai que ces primes sont élevées. et c'est pas qu'une question de perception c'est vrai qu'il y a un écart mais l'écart il est plutôt dans le faire et pas faire plus que dans le pricing je sais pas si je suis clair à 18% on le fait pas et donc mais bon il y a un risque réel c'est certain mais ce que permet typiquement pour des gens comme nous des garanties de type miga c'est de pouvoir lisser atténuer cette prime de risque B puisqu'en fait, on achète des garanties de risque payé. Donc, on peut finalement, en tout cas pour un investisseur en equity et en fonds propres, diminuer ce risque payé en achetant une garantie.

  • Speaker #1

    Justement, sur les projets de garantie, un des projets de garantie de MIGA qui est particulièrement acheté avec bien développement, c'est les political risk insurance. Il n'empêche que par-delà la garantie sur les cash flows, ça crée un contexte dans lequel les gens ont moins envie d'investir. Il est curieux de noter que depuis cette interview avec Lionel Zinsou en 2022, le réel a malheureusement plutôt rattrapé la perception, puisque l'instabilité politique qu'à l'époque il disait inférieure en Afrique à d'autres régions du monde a beaucoup cru. Est-ce que ça a directement impacté Meridiam et par-delà cette activité, surtout dans la perception des investisseurs quand vous êtes en roadshow, quand vous essayez de lever, ce qui s'est passé notamment dans la bande saharau-sahélienne ?

  • Speaker #0

    Oui, certainement. Après, le sujet en Afrique, c'est qu'est-ce qui se passe réellement par rapport... Au gros titre des journaux. Alors déjà, ce qui s'est passé depuis 2022, en particulier dans le Sahel, a fait les gros titres. Mais en ce qui nous concerne, la plupart de ces pays du Sahel n'étaient déjà pas des pays investissables. Mais pas parce qu'il y avait un risque politique, parce qu'il y avait une faiblesse. de leur administration, de leur capacité à exécuter, très très forte. Et ça c'est plus important souvent que le risque pays. C'est quelle est la capacité de l'administration, de la structure institutionnelle du pays à continuer, à transacter, à gérer le contrat que vous avez dans le long terme. Ce que nous on appelait... La résilience administrative est quelque part plus importante que le changement de régime, de président. Mais si vous prenez l'exemple de la Côte d'Ivoire, qui a quand même connu des périodes un peu fortes, les grands projets comme Asito ou autres ont continué à opérer, même en quasi-guerre civile. Parce qu'il y avait quand même une administration de l'autre côté qui continuait. à fonctionner. Donc c'est très important d'aussi faire la différence entre ce qui peut se passer sur un plan politique et la capacité de ces pays à continuer à administrer leur économie. Donc le Sahel c'est assez particulier, mais ce qui a pu se passer au Gabon n'a pas forcément révolutionné la façon d'administrer le pays, ce qui se passe aujourd'hui dans une démocratie comme le Sénégal. ne change pas fondamentalement la façon d'administrer. Et donc tout ça contribue aussi d'une certaine confusion par rapport à l'analyse du risque de ces pays. Donc tout le monde va retenir. le Mali, le Burkina et le machin, et dire toute l'Afrique, c'est pareil. Et oui,

  • Speaker #2

    effectivement. Et donc, justement, on parlait du progrès au sein de chacun des pays, mais il y a aussi des progrès en son tout. Et à propos de ces 54 pays, étant France Girl en 2021 à la CDKF, qui rassemble 1,4 milliard de personnes, un PIB de 3 500 milliards. Est-ce que cela, concrètement, selon vous, est un driver important d'un momentum africain ? Et est-ce que vous avez constaté qu'en tant que ZLECAF, cela a conduit à une augmentation des coûts d'infrastructure, notamment sur les aspects transfrontaliers ?

  • Speaker #0

    Pas encore, parce que c'est tout à fait récent, et puis je pense que tous les volets de la zone de libre-échange, puisque c'est de ça que vous parlez, elle n'est pas totalement encore opérationnelle, donc ça met un certain temps, mais il est évident que la capacité d'avoir des échanges commerciaux de façon sans barrière douanière, et aussi des mouvements de population aussi facilités, va permettre, va encourager le développement économique, d'abord parce que ça va créer des clients régionaux pour des exportateurs africains plus faciles que d'exporter essentiellement vers le nord ou ailleurs. Et donc ça ne fait... qu'augmenter cette capacité d'avoir une économie régionale forte et interconnectée. Donc à terme, ça devrait permettre de développer la logistique qui va avec ça, donc toutes les infrastructures, qu'elles soient portuaires, qu'elles soient routières ou aéroportuaires, qui sont nécessaires à ce développement régional.

  • Speaker #1

    Un autre grief classique qui est posé sur les projets en Afrique, c'est ce que McKinsey, dans un rapport de 2021, a appelé le Africa infra-paradoxe où il y a un pourcentage anormalement élevé de projets en cours d'instruction, mais à l'arrêt. Et au fond, globalement, l'idée qu'il y a une lenteur, une inertie dans les projets qui, dans un modèle financier de base, fait exploser le rendement attendu s'il faut six ou sept années de plus que prévu avant la mise en opération. L'exemple archétypal étant, pour des raisons un peu particulières, le barrage Inga qu'on a déjà évoqué dans ce podcast, quelles en sont les causes de votre point de vue ? Quel impact sur les projets de Meridiam ? Et quels remèdes, au moins au niveau des projets portés par Meridiam, vous essayez de mettre en place pour éviter de tomber dans ce trap ?

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de sujets, parce qu'en plus Inga c'est un sujet particulier. D'abord il y a un sujet de course à la taille. Typiquement Inga a deux sujets, une taille énorme, donc avec un marché de financement pas forcément capable de le porter dans sa totalité, y compris côté public, parce que les ressources sont limitées. à un sujet d'off-take multi-pays. Donc après, il faut que tous ces gens-là se mettent d'accord. Donc vous savez, même en Europe, quand on a un projet d'intérêt commun, ça met des années pour que deux pays, membres de l'Union européenne, se mettent d'accord. Donc ce n'est pas qu'Africa, ce sujet. Donc quand on complexifie, qu'on fait du transfrontalier, qu'on fait du transfrontalier, Il faut des traités nationaux, internationaux, binationaux, et donc ça complique forcément les choses. Après, la lenteur vient du sujet qu'on a discuté plus tôt, c'est-à-dire la capacité des administrations à organiser la commande publique, tout court. Mais c'est un problème qu'on voit aussi dans les pays européens. La France, on va dire, dans sa capacité de commande publique, se dégrade tous les ans en plus parce qu'au sein de l'administration, il y a de moins en moins de gens qui ont l'habitude de commander des grands projets d'infrastructures, par exemple.

  • Speaker #1

    Parce que très concrètement, le pipe de projet est structuré par le pays qui classiquement lance un RFP auquel vous vous soumettez, où c'est co-construit et où vous participez beaucoup à l'identification des opportunités même de projet.

  • Speaker #0

    Pour ce qui est quelque part très régalien au sens où infrastructure essentielle, ça participe quand même à la fois de l'envie de développement et de la stratégie du pays. et puis même pour l'énergie où l'initiative privée peut être beaucoup plus rapide, il faut quand même qu'il y ait un cadre, il faut qu'il y ait un cadre régulatoire, il faut qu'il y ait une politique et des objectifs. Quand les pays justement vont à la COP et donnent leur INDC et disent je veux être à 50% de renouvelables dans le pays évidemment ça cadre un peu. le sujet et le privé peut venir. On peut toujours dialoguer, mais la stratégie est d'abord définie par les États eux-mêmes, en termes de ce qu'ils veulent pour leur économie et l'infrastructure.

  • Speaker #2

    Oui, et donc on observe de nouveaux progrès, notamment permis par la concertation entre toutes les parties prenantes, que ce soit les institutions internationales type Banque mondiale, FMI, donc la concertation avec les investisseurs privés, les gouvernements. Et en même temps, aujourd'hui, on constate inévitablement

  • Speaker #0

    l'augmentation des taux du marché, des eurobonds qui ont été émis récemment à des taux records par rapport aux années qui viennent de s'écouler. Et donc, vous étiez au Spring Meetings, là, récemment ce mois-ci, à Washington, les rencontres annuelles organisées par le FMI et la Banque mondiale. Comment avez-vous perçu cette conciliation entre ces progrès, d'une part, dans la concertation entre les différentes parties prenantes, et ce contexte particulier avec des taux prohibitifs pour certains pays ?

  • Speaker #1

    D'abord, l'un des résultats de tout cela, c'est quelque part les réformes de la Banque mondiale et des institutions de Bretton Woods de façon plus générale. Aujourd'hui, et puis ça fait un moment que c'est enclenché, le FMI vis-à-vis de ces pays se comporte autrement. En tout cas, il est dans un mode plus constructif que cela n'a été auparavant, peut-être dû à la personnalité de Kristalina Gordieva. Mais en tout cas, on est plus dans un mode où le FMI prend en compte les exigences de développement de ces pays, au-delà de juste regarder leur état financier et le niveau de leurs dettes. Ces pays aussi, on est dans un contexte particulier parce que l'augmentation des taux... Le fait que tous ces pays ont un peu moins d'espace fiscal pour faire les choses, et certains du coup sont face à des sujets de dette très importants, et donc ça a été un contexte assez particulier, mais très collaboratif finalement, entre le FMI, les réformes de la Banque mondiale pour essayer de mobiliser le plus possible d'argent privé, parce que... Le sujet, c'est un peu ça. On a plein d'initiatives pour essayer de standardiser, de clarifier le risque, de casser un peu cette perception et vraiment d'orienter les fonds vers ces investissements essentiels.

  • Speaker #2

    En conclusion, je voulais juste vous faire réagir à prendre un exemple, un projet que fait Meridian pour donner un peu de relief à ce qu'on vient de dire. Il y en a un qui est intéressant parce qu'il amène, vous allez voir, à une question plus générale. J'ai beaucoup aimé, c'est le Neot Off-Grid Africa Solar System. En introduction, on pourrait dire quand même que ce n'est pas tout ce que fait Mériam, mais Mériam fait aussi beaucoup de on-grid, toujours du renouvelable. Ce projet-là, off-grid, fondé sur du solaire, est-ce que vous pouvez nous raconter un peu sa genèse, pourquoi il vous a plu, pourquoi vous vous y êtes lancé, et qu'est-ce que ça dit de ce que vous pensez du rôle que le off-grid va jouer dans la transition énergétique en Afrique ?

  • Speaker #1

    C'est un projet que nous avons développé avec EDF en partenariat. Il y a un vrai sujet quand on parle des SDGs ou des ODD pour parler français. On voit bien que vraiment les adresser et les financer, c'est un sujet soit très urbain ou très rural, mais au plus proche des... des populations, ce qu'on a tendance à rater avec les grands projets d'infrastructures un peu nationaux. Et donc pour nous, c'était à la fois un sujet d'impact, dans la mesure où on n'imagine pas que certains de ces pays puissent avoir un réseau électrique qui touche 100% de leur population avant quelques dizaines d'années. Et donc c'est vraiment apporter des solutions. décentralisé d'énergie, donc il y a à la fois les mini-grids, le Home Solar Kit, il y a tout ce que vous voulez, pour vraiment donner accès à l'électricité, et puis aussi à la petite économie locale décentralisée, à de l'énergie pour pouvoir se développer. Et l'impact, il est beaucoup plus que juste d'avoir la lumière, il a un impact sur l'éducation des enfants, sur la façon de conserver les aliments, donc ça change finalement beaucoup. beaucoup de choses, donc on s'y est intéressé pour ces raisons-là. Et ce qu'on a pu faire, alors c'est un sujet très complexe, parce qu'il y a un sujet d'accès et de capacité à payer. Et donc quand vous faites de l'off-grid dans un foyer, il ne faut pas que ça coûte plus cher que ce qu'ils ont l'habitude de dépenser pour la lampe à pétrole, le réchaud à gaz. Et donc il a fallu trouver des systèmes de financement finalement assez longs pour amortir les choses, avec des solutions un peu de leasing pour que les gens payent très peu au fur et à mesure, finalement en prépaiement évidemment, leur énergie.

  • Speaker #2

    Parce que là on est d'accord que c'est l'un de vos seuls investissements B2C ?

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Thierry Néo.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    On se donne rendez-vous dans deux semaines pour une interview avec Papa Madoussard, qui est directeur exécutif à l'Agence française de développement. D'ici là, n'hésitez pas à nous retrouver sur nos réseaux sociaux, Instagram et LinkedIn, avec le nom Takeoff le podcast. Et on se quitte sur un extrait de notre interview de la saison 3 avec Yann Burtin, qui est directeur Europe de l'Ouest à MIGA, et qui parle justement de ces produits d'assurance que propose MIGA dans le cadre du groupe Banque mondiale.

  • Speaker #3

    Le premier ligne de produit qu'on a, la ligne de produit historique de MIGA, est essentiellement ce qu'on appelle les assurances risques politiques, qui couvrent essentiellement quatre types de risques. Donc on vise vraiment, quand on parle de risques politiques, tout ce qui est risques non commerciaux, sur lequel les investisseurs n'auront aucun, je dirais, levier d'action, la guerre et les troubles civils. Le deuxième risque qui est assez prononcé aujourd'hui, qu'on voit où il y a beaucoup d'intérêt d'un grand nombre d'investisseurs, c'est tout ce qu'on appelle restriction de transfert et inconvertibilité. Le troisième des quatre produits, c'est tout ce qu'on appelle l'expropriation. Donc c'est tout ce qui est nationalisation ou je dirais expropriation rampante. Et enfin la dernière des couvertures qui est probablement la seule la plus demandée dans les secteurs d'infrastructure, c'est tout ce qu'on appelle la rupture de contrat.

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Description

Dans cet épisode nous recevons Thierry Déau, PDG et fondateur du fonds d'investissement en infrastructure à impact, Meridiam.


Créé en 2005, Meridiam gère actuellement près de 20 milliards d'euros d'actifs investis dans des infrastructures greenfield de la transition, dans les domaines clés de l'énergie, des transports, et des services publics.


Thierry Déau nous parle des raisons de sa décision de développer un portefeuille d'investissements en infrastructure en Afrique, de sa politique d'investissement et de développement des actifs.


Nous évoquons également avec lui les efforts réalisés pour accélérer le déploiement d'investissements en infrastructure dans les marchés émergents, et son bilan des rencontres de printemps FMI/Banque Mondiale dont il revient.


Et pour cet épisode je suis accompagné d'Apolline Renaudin, analyste en conseils financiers et politiques publiques spécialisée dans les marchés émergents.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On partage avec un site de l'UniBash.

  • Speaker #1

    Et le film est là. Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle Wissim Jouini et je suis ravi de vous retrouver dans ce nouvel épisode de Takeoff. Notre invité aujourd'hui est CEO et fondateur de Meridiam, un fonds qui en l'espace de 20 ans est devenu une référence dans les infrastructures et l'investissement à impact dans toutes les géographies, avec 22 milliards d'actifs sous gestion, et notamment pour ce qui concerne les emerging markets, avec une forte présence en Afrique, une vingtaine d'actifs actuellement sous gestion. Dans une autre vie, vous avez été un semi-serviteur de l'État puisque vous avez commencé à Aegis, filiale de la Caisse des dépôts et consignations. Je le mentionne car il reste sans doute quelque chose de cet ordre dans Meridiam qui non seulement travaille souvent avec les gouvernements pour des projets infra, mais également qui investit dans des secteurs en lien avec les services publics indirectement, la santé, le logement, l'éducation, l'énergie, les transports. Thierry Déo, bonjour et merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Et pour cet épisode, je suis accompagné d'Apolline Renaudin, analyste en conseil financier et politique publique spécialisée dans les marchés immaraux. Bonjour. Aujourd'hui, nous allons parler d'investissement sur le continent africain et singulièrement de l'enjeu des infrastructures, leur importance dans la trajectoire de développement soutenable du continent, les moyens d'accélérer les volumes d'investissement et le rôle des différents acteurs, notamment de la puissance publique. Mais d'abord, pour prendre un peu de champ, en 20 ans, vous avez vu le paysage de l'investissement dans les marchés émergents et singulièrement en Afrique évoluer, notamment en comparaison avec vos activités dans les marchés matures, essentiellement aux Etats-Unis et en Europe. Vous avez souhaité vous investir sur ces marchés émergents dans un second temps, environ une dizaine d'années après la fondation de Meridiam, et donc il y a une dizaine d'années. Pourquoi être allé sur cette géographie où il n'y a, à entendre certaines cassandres, que des coups à prendre ? Et qu'est-ce que cette temporalité dit de l'expérience qu'il fallait acquérir avant de pouvoir s'intéresser à cette classe d'actifs ?

  • Speaker #0

    Très bien. Alors l'évolution du climat pour les pays émergents est très liée à l'évolution de la prise de conscience des sujets climat, justement, et de la transition et de la nécessité de la transition climatique, puisque aujourd'hui, les pays émergents sont quelque part ceux qui ont le plus besoin d'investissement en infrastructures pour gérer la transition. notamment en matière d'adaptation, en matière d'atténuation. Et en plus, ce qui s'accumule avec leurs besoins en développement classique d'infrastructures en tout genre pour développer leur économie. Donc c'est un peu une évolution qui s'est accélérée, notamment aussi avec un certain nombre de COP qui se sont focalisés sur les besoins d'investissement dans ces pays, à la fois dans le secteur énergétique, mais dans les infrastructures en général, et puis aussi... sur les aspects sociaux. Et Meridiam, depuis sa création, était plutôt un fonds qui faisait déjà beaucoup de développement et d'investissement dans des projets dits greenfields donc construits pour exploiter plus tard. Et en fait, ce sont ces... Cette capacité humaine, parce que chez Meridiam on a des gens qui font de l'investissement mais qui viennent beaucoup du secteur de la construction, du secteur de l'exploitation des infrastructures. pas mal d'ingénieurs avec un background d'ingénieurs qui ont fait des vraies choses en infrastructure, pas que de la finance. Et de fait, ces capacités nous ont permis d'être assez confiants, d'attaquer des marchés, notamment des marchés émergents, où il faut beaucoup d'engagement et de discussion avec les pouvoirs publics et qu'il faut vraiment développer les projets. Donc ça fait un métier de développeur. et un métier d'investisseur.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous pourriez justement détailler un peu ce modèle particulier de Meridiam, qui est entre le fonds d'infra, le développeur et l'ONM, c'est-à-dire assuré par une société de projet qui est fortement imbriquée systématiquement dans Meridiam ? Pourquoi être descendu, si je puis dire, autant les mains dans le conduit ? Et finalement, êtes-vous vraiment un fonds ?

  • Speaker #0

    Alors on est beaucoup de choses, mais si je devais résumer la stratégie de Meridiam, vu du secteur des fonds d'infrastructures, on est dans une stratégie dite build to core C'est-à-dire qu'on construit nous-mêmes les infrastructures qui vont faire nos rendements plus tard, pour ensuite les gérer, les dérisquer et les exploiter pour avoir les revenus long terme qui correspondent à ce que représente la classe d'actifs infrastructures. Donc pourquoi le faire ? D'abord parce que... C'est à la fois des infrastructures qui correspondent à notre mission, parce que Meridiem c'est aussi une société à mission, et même si on ne l'était pas au tout début, parce que ça n'existait pas, on l'est vite devenu, mais avec la même raison d'être. Donc ça nous permet de créer l'impact que nous voulons avoir sur les populations, sur les États et les économies. Et puis en même temps, la durée très long terme nous permet aussi d'être... en exploitant. Donc quelque part ce qu'on délivre c'est à la fois un impact économique, social, en créant ces infrastructures et en les exploitant, mais en même temps on délivre et on donne à nos investisseurs des rendements très long terme, d'une bonne stabilité, inflatés, qui leur permettent finalement de passer à travers pas mal de crises avec beaucoup de résilience.

  • Speaker #1

    Justement pour ce qui concerne la question du rendement, même si vous descendez comme disait Apolline les mains dans le cambouis, vous structurez aussi des fonds au sens premier terme. Vous avez successivement lancé Miaf qui a été top-up jusqu'à environ plus de 500 millions d'euros, puis Miaf 2 à peu près sur la même somme. Et en ordre de grandeur, c'est 70% selon les informations publiques données par Meridiam des investisseurs privés et 30% de l'institutionnel. À quoi il faut ajouter des fonds thématiques tels que TERF, qui s'occupent de sujets particuliers, notamment la résilience urbaine ? Deux questions là-dessus, très simplement. La première, est-ce que c'est essentiellement de l'argent du Nord, soit privé ou institutionnel, de l'épargne du Nord ? Ou est-ce que l'épargne endogène, et notamment les fonds souverains endogènes, deviennent un acteur pertinent dans la partie levée de fonds ? Et deuxième question, qu'est-ce que ce mélange d'investissement privé et institutionnel dit du niveau de maturité ? des projets en Afrique et la capacité à susciter du rendement, est-ce que cet appui institutionnel est nécessaire pour driver le privé ou est-ce qu'au contraire c'est plus un top-up bienvenu pour des sujets importants ?

  • Speaker #0

    Alors il y a beaucoup de questions dans les bleues questions, mais évidemment c'est essentiellement dans nos fonds, en tout cas, c'est essentiellement de l'argent du Nord, entre guillemets, pour plusieurs raisons. Parce que les quelques fonds souverains du Sud, typiquement en Afrique, qui ont des fonds stratégiques d'investissement, c'est le cas du Sénégal, du Gabon et d'autres, viennent directement investir dans les actifs, ne passent pas forcément par des véhicules d'investissement. investissement comme le nôtre pour investir. Bon, par contre, ils sont présents sur ces actifs. Et puis, en ce qui concerne l'épargne longue, typiquement en Afrique, à part quelques pays qui en disposent, comme l'Afrique du Sud, le Kenya ou quelques-uns, elle n'est pas encore très active et souvent, elle est quand même très conservatrice dans sa façon d'investir et investit malheureusement souvent plus au nord que dans ses propres régions. Donc... Mais en tout cas, pour en revenir au fait, les 70 ou 80% d'investisseurs privés, institutionnels, fonds de pension, assureurs, qui accompagnent ou qui sont accompagnés par les banques publiques de développement, les banques publiques de développement ont eu un effet d'amorçage, parce qu'elles connaissent bien la région. Ce sont souvent les financeurs en dette pour financer ces projets. Et donc leur connaissance, leur interaction avec ces États fait partie du phénomène qu'on appelle le de-risking, c'est-à-dire de donner confiance aussi aux investisseurs privés qui sont plus néophytes dans ces régions pour aller investir. Donc c'est un peu cet effet d'entraînement qu'on a essayé de chercher. Ce que ça prouve aussi, c'est que... Aujourd'hui, parce qu'au tout début, dans le tout premier fond avant le top-up, on était plutôt à 50-50. que ça a vraiment permis d'entraîner beaucoup plus d'investisseurs privés. C'est vrai aussi que le fait que Meridiam ait déjà pu investir pendant un certain nombre d'années, au fur et à mesure, le TRAX permet de finalement convaincre plus facilement les investisseurs qu'il est possible d'investir en Afrique en maîtrisant le risque et en faisant un certain nombre de choses qui fait qu'ils auront à terme les rendements. qu'ils attendent de ce type d'investissement.

  • Speaker #2

    Donc, on comprend qu'il y a beaucoup d'investisseurs prêts à investir. D'un autre côté, vous avez dit qu'il y a énormément de besoins de financement, notamment en lien avec le réchauffement climatique. Et pourtant, tout le monde s'accorde à dire qu'il y a des frictions entre cette offre et cette demande. Est-ce que, justement, les récents développements des souverains, en lien avec la prise en compte du réchauffement climatique, notamment par la structuration de cadres ESG, etc., de mieux constituer les projets, rassure les investisseurs, et ils servent un peu de catalyseur pour structurer tout cela.

  • Speaker #0

    Alors en matière de puissance de feu publique, à la fois des banques de développement, qu'elles soient multilatérales, bilatérales, il y a eu, je pense dans les dix dernières années, une mobilisation forte pour leur faire un peu changer leur modèle qui était de financer elle-même un peu tout, pour essayer de faire effet de levier pour attirer. le maximum d'investissements privés dans ces régions. Et ça passe à la fois par ce qu'on appelle le blended finance ou la finance mixte, mais dont le but principal est de dérisquer ou en tout cas de diminuer la perception du risque et le risque réel. pour ces investissements. Donc ça passe par un certain nombre de garanties, la plus commune par exemple c'est la garantie pour le risque pays qui est donnée par la garantie MIGA qui est le pool de garantie de la Banque mondiale. La Banque mondiale aussi donne des garanties pour risque pays. ou des garanties pour rupture de contrat abusive, des choses comme ça, qui permettent de protéger le contrat, surtout des contrats de long terme, dans un environnement où les investisseurs privés du Nord ne sont pas forcément très à l'aise. avec une gestion contractuelle et un cadre de régulation local. qui ne connaissent pas forcément bien.

  • Speaker #1

    Justement, sur cette question des garanties, on a reçu dans ce podcast Yann Burtin de Minga Europe, qui nous confie qu'Ajai Banga, le nouveau président de la Banque mondiale, a annoncé construire un guichet unique de garanties et scaler les montants pour atteindre 20 milliards de dollars d'ici 2030, contre 6,8 aujourd'hui. Est-ce que cette dimension de dérisking est devenue centrale dans la construction des projets ? Et est-ce que ce scale-up est encore une vision d'estrade ? Ou est-ce que... on perçoit la réalité concrète sur le terrain.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est d'abord MIGA qui ne faisait que de la garantie que pour des gens comme nous et qui va récupérer finalement toute cette capacité et tous les instruments de garantie. C'est quelque chose que j'appelle de mes voeux depuis de nombreuses années. Nous sommes l'un des plus gros clients de MIGA, donc c'est quelque chose qui fonctionne. C'est une institution qui est assez... des agiles qui participent, tout en y apportant justement ces aspects ESG et impact qui sont importants, arrivent vraiment à soutenir et à dérisquer les projets pour qu'ils se fassent. Donc cette puissance de feu qui sera, je crois, en œuvre à partir du 1er juillet, c'est plutôt une très très bonne nouvelle.

  • Speaker #2

    Pour revenir sur Meridiam, vous êtes principalement focalisé sur les secteurs clés de l'énergie et des transports, qui sont tous deux des secteurs régaliens, avec une forte présence d'entreprises publiques, ne serait-ce que comme opérateur. Et donc, les opportunités et besoins d'investissement actuels contribuent aussi à affluer de plus en plus des fonds privés. Comment est-ce que cet afflux privé est concilié avec la présence toujours forte des pouvoirs publics ? et sur différents niveaux, c'est-à-dire dans le format technique, dans le financement, peut-être même aussi dans l'interaction au quotidien que vous pouvez avoir avec la science publique.

  • Speaker #0

    Après, on est dans la tradition française qu'on peut oublier souvent, mais de la concession. Déléguer à un secteur privé un opérateur qui finance, qui construit, qui exploite un ouvrage de service public, finalement c'est une tradition assez longue. Et donc de façon plus globale, tous les systèmes de contrats de partenariat public-privé permettent de gérer avec une grande efficacité ce genre de choses. Il y a des façons... largement établi depuis des siècles, de collaborer entre le public et le privé à travers des contrats. Et c'est pour ça, justement, qu'on peut en faire. Parce que finalement, l'actif infrastructure, vu de nos investisseurs, c'est le contrat. Ce n'est pas le béton qu'on a coulé. C'est vraiment ce contrat qui a une valeur, le contrat de 20 ans, de 30 ans, qui permet en fait de sécuriser l'accès aux revenus, qui va permettre de rembourser l'investissement et d'offrir des retours aux investisseurs. Mais voilà, cette culture du public privé est... est assez importante dans la mesure où les infrastructures essentielles aujourd'hui, elles sont quasiment toutes dans le giron du contrôle du public.

  • Speaker #1

    Pour rebondir là-dessus, et sur le dernier point de la question à Pauline, sur les interactions au quotidien, il y a souvent ce... Cette infrastructure à la fois très fine et très sophistiquée qu'est le personnel public-privé, ça demande deux... It takes two to tango, donc ça demande deux acteurs de haut niveau pour avoir confiance dans la garantie des prix qui est négociée en contrat, pour avoir aussi une capacité d'amener des acteurs privés sur des secteurs moins rentables avec un transfert qui vient directement du gouvernement pour services publics rendus et puis tout simplement dans les méthodes de travail, que ça reste un enjeu majeur qui participe de ce finance gap

  • Speaker #0

    Non, ça reste un enjeu majeur, même s'il y a une montée en compétences. Pour cela, d'ailleurs, Meridiam a été fondateur d'une fondation qui s'appelle l'IFP, donc Africa Infrastructure Fellowship Program, qui cible justement les fonctionnaires chefs de projet d'infrastructures pour vraiment les aider à se professionnaliser et à créer un réseau. entre eux pour échanger les bonnes pratiques. Et typiquement, ça se tourne vers, à la fin, c'est une formation qui donne lieu à un certificat qui se passe partiellement à Paris, mais pendant laquelle ils ont à la fois une formation académique, une interaction avec des donneurs d'ordre publics, des maîtres d'ouvrage, mais aussi une interaction avec les acteurs du privé. qui sont impliqués, donc vraiment leur donner un tour d'horizon assez complet de tous les acteurs et des modes opératoires pour vraiment réussir à livrer ces infrastructures. Donc ça c'est important et c'est pour ça qu'on a vraiment investi là-dedans, aux côtés du ministère des Affaires étrangères français et un certain nombre d'autres entreprises qui financent tous les ans ces formations pour... pour les actes d'Afrique.

  • Speaker #1

    Et juste en un mot, je me rends compte que je n'ai pas défini le concept de finance gap. Il s'agit en fait de la différence entre les montants estimés qu'il faudrait avoir en termes de flux d'investissement net vers l'Afrique pour être au niveau des objectifs du développement durable et les montants constatés. Et dans ce cadre, la Banque africaine de développement, par exemple, évalue ce finance gap annuel dans une évaluation qu'on peut juger un peu inflationniste, mais entre 70 et 100 milliards par an, ce qui est énorme. On mettra la ressource. Quant au GIEC, uniquement sur le volet changement climatique et énergie, chiffre le besoin de financement à entre 20 et 40 milliards de dollars par an au niveau du continent, ce qui permet quand même d'avoir un certain ordre de grandeur.

  • Speaker #2

    Cette cible dont vous venez de parler, on comprend que c'est typiquement le type de pierre qui permet de diminuer in fine la perception du risque des investisseurs pour l'investissement. Cette perception du risque qui est un des grands mots de la dichotomie avec la réalité.

  • Speaker #1

    On a reçu Lionel Zinsou qui nous en a parlé particulièrement dans le contexte des eurobonds et qui a insisté sur la prime de risque excessive. On écoute tout de suite un extrait.

  • Speaker #3

    Donc si vous voulez, les préjugés remplacent la compétence et la connaissance. Peu de gens investissent dedans. Les agences ont également un biais important de compétence et de connaissance sur les risques. Si bien qu'en fait, quand vous regardez le niveau de performance sur les pays en développement ou émergents de l'Amérique latine, de l'Asie et de l'Afrique, et vous comparez, vous apercevez qu'à notation... égale la performance africaine est meilleure. Vous verrez que vous avez beaucoup moins de défauts en Afrique que dans d'autres continents.

  • Speaker #2

    Donc ici, l'exprès était donc appliqué aux eurobonds, mais donc justement dans d'autres types de financements, est-ce que la différence entre la perception du risque et la réalité est aussi prégnante ?

  • Speaker #0

    Alors, tout à fait, parce que finalement les eurobonds émis par ces pays africains sont le benchmark pour faire le financement de nos projets. Finalement, quand on regarde les taux qu'on applique pour... Pour nos projets, on prend d'abord le taux sans risque, la prime payée, on revient à la même chose et c'est la base, c'est vrai que ces primes sont élevées. et c'est pas qu'une question de perception c'est vrai qu'il y a un écart mais l'écart il est plutôt dans le faire et pas faire plus que dans le pricing je sais pas si je suis clair à 18% on le fait pas et donc mais bon il y a un risque réel c'est certain mais ce que permet typiquement pour des gens comme nous des garanties de type miga c'est de pouvoir lisser atténuer cette prime de risque B puisqu'en fait, on achète des garanties de risque payé. Donc, on peut finalement, en tout cas pour un investisseur en equity et en fonds propres, diminuer ce risque payé en achetant une garantie.

  • Speaker #1

    Justement, sur les projets de garantie, un des projets de garantie de MIGA qui est particulièrement acheté avec bien développement, c'est les political risk insurance. Il n'empêche que par-delà la garantie sur les cash flows, ça crée un contexte dans lequel les gens ont moins envie d'investir. Il est curieux de noter que depuis cette interview avec Lionel Zinsou en 2022, le réel a malheureusement plutôt rattrapé la perception, puisque l'instabilité politique qu'à l'époque il disait inférieure en Afrique à d'autres régions du monde a beaucoup cru. Est-ce que ça a directement impacté Meridiam et par-delà cette activité, surtout dans la perception des investisseurs quand vous êtes en roadshow, quand vous essayez de lever, ce qui s'est passé notamment dans la bande saharau-sahélienne ?

  • Speaker #0

    Oui, certainement. Après, le sujet en Afrique, c'est qu'est-ce qui se passe réellement par rapport... Au gros titre des journaux. Alors déjà, ce qui s'est passé depuis 2022, en particulier dans le Sahel, a fait les gros titres. Mais en ce qui nous concerne, la plupart de ces pays du Sahel n'étaient déjà pas des pays investissables. Mais pas parce qu'il y avait un risque politique, parce qu'il y avait une faiblesse. de leur administration, de leur capacité à exécuter, très très forte. Et ça c'est plus important souvent que le risque pays. C'est quelle est la capacité de l'administration, de la structure institutionnelle du pays à continuer, à transacter, à gérer le contrat que vous avez dans le long terme. Ce que nous on appelait... La résilience administrative est quelque part plus importante que le changement de régime, de président. Mais si vous prenez l'exemple de la Côte d'Ivoire, qui a quand même connu des périodes un peu fortes, les grands projets comme Asito ou autres ont continué à opérer, même en quasi-guerre civile. Parce qu'il y avait quand même une administration de l'autre côté qui continuait. à fonctionner. Donc c'est très important d'aussi faire la différence entre ce qui peut se passer sur un plan politique et la capacité de ces pays à continuer à administrer leur économie. Donc le Sahel c'est assez particulier, mais ce qui a pu se passer au Gabon n'a pas forcément révolutionné la façon d'administrer le pays, ce qui se passe aujourd'hui dans une démocratie comme le Sénégal. ne change pas fondamentalement la façon d'administrer. Et donc tout ça contribue aussi d'une certaine confusion par rapport à l'analyse du risque de ces pays. Donc tout le monde va retenir. le Mali, le Burkina et le machin, et dire toute l'Afrique, c'est pareil. Et oui,

  • Speaker #2

    effectivement. Et donc, justement, on parlait du progrès au sein de chacun des pays, mais il y a aussi des progrès en son tout. Et à propos de ces 54 pays, étant France Girl en 2021 à la CDKF, qui rassemble 1,4 milliard de personnes, un PIB de 3 500 milliards. Est-ce que cela, concrètement, selon vous, est un driver important d'un momentum africain ? Et est-ce que vous avez constaté qu'en tant que ZLECAF, cela a conduit à une augmentation des coûts d'infrastructure, notamment sur les aspects transfrontaliers ?

  • Speaker #0

    Pas encore, parce que c'est tout à fait récent, et puis je pense que tous les volets de la zone de libre-échange, puisque c'est de ça que vous parlez, elle n'est pas totalement encore opérationnelle, donc ça met un certain temps, mais il est évident que la capacité d'avoir des échanges commerciaux de façon sans barrière douanière, et aussi des mouvements de population aussi facilités, va permettre, va encourager le développement économique, d'abord parce que ça va créer des clients régionaux pour des exportateurs africains plus faciles que d'exporter essentiellement vers le nord ou ailleurs. Et donc ça ne fait... qu'augmenter cette capacité d'avoir une économie régionale forte et interconnectée. Donc à terme, ça devrait permettre de développer la logistique qui va avec ça, donc toutes les infrastructures, qu'elles soient portuaires, qu'elles soient routières ou aéroportuaires, qui sont nécessaires à ce développement régional.

  • Speaker #1

    Un autre grief classique qui est posé sur les projets en Afrique, c'est ce que McKinsey, dans un rapport de 2021, a appelé le Africa infra-paradoxe où il y a un pourcentage anormalement élevé de projets en cours d'instruction, mais à l'arrêt. Et au fond, globalement, l'idée qu'il y a une lenteur, une inertie dans les projets qui, dans un modèle financier de base, fait exploser le rendement attendu s'il faut six ou sept années de plus que prévu avant la mise en opération. L'exemple archétypal étant, pour des raisons un peu particulières, le barrage Inga qu'on a déjà évoqué dans ce podcast, quelles en sont les causes de votre point de vue ? Quel impact sur les projets de Meridiam ? Et quels remèdes, au moins au niveau des projets portés par Meridiam, vous essayez de mettre en place pour éviter de tomber dans ce trap ?

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de sujets, parce qu'en plus Inga c'est un sujet particulier. D'abord il y a un sujet de course à la taille. Typiquement Inga a deux sujets, une taille énorme, donc avec un marché de financement pas forcément capable de le porter dans sa totalité, y compris côté public, parce que les ressources sont limitées. à un sujet d'off-take multi-pays. Donc après, il faut que tous ces gens-là se mettent d'accord. Donc vous savez, même en Europe, quand on a un projet d'intérêt commun, ça met des années pour que deux pays, membres de l'Union européenne, se mettent d'accord. Donc ce n'est pas qu'Africa, ce sujet. Donc quand on complexifie, qu'on fait du transfrontalier, qu'on fait du transfrontalier, Il faut des traités nationaux, internationaux, binationaux, et donc ça complique forcément les choses. Après, la lenteur vient du sujet qu'on a discuté plus tôt, c'est-à-dire la capacité des administrations à organiser la commande publique, tout court. Mais c'est un problème qu'on voit aussi dans les pays européens. La France, on va dire, dans sa capacité de commande publique, se dégrade tous les ans en plus parce qu'au sein de l'administration, il y a de moins en moins de gens qui ont l'habitude de commander des grands projets d'infrastructures, par exemple.

  • Speaker #1

    Parce que très concrètement, le pipe de projet est structuré par le pays qui classiquement lance un RFP auquel vous vous soumettez, où c'est co-construit et où vous participez beaucoup à l'identification des opportunités même de projet.

  • Speaker #0

    Pour ce qui est quelque part très régalien au sens où infrastructure essentielle, ça participe quand même à la fois de l'envie de développement et de la stratégie du pays. et puis même pour l'énergie où l'initiative privée peut être beaucoup plus rapide, il faut quand même qu'il y ait un cadre, il faut qu'il y ait un cadre régulatoire, il faut qu'il y ait une politique et des objectifs. Quand les pays justement vont à la COP et donnent leur INDC et disent je veux être à 50% de renouvelables dans le pays évidemment ça cadre un peu. le sujet et le privé peut venir. On peut toujours dialoguer, mais la stratégie est d'abord définie par les États eux-mêmes, en termes de ce qu'ils veulent pour leur économie et l'infrastructure.

  • Speaker #2

    Oui, et donc on observe de nouveaux progrès, notamment permis par la concertation entre toutes les parties prenantes, que ce soit les institutions internationales type Banque mondiale, FMI, donc la concertation avec les investisseurs privés, les gouvernements. Et en même temps, aujourd'hui, on constate inévitablement

  • Speaker #0

    l'augmentation des taux du marché, des eurobonds qui ont été émis récemment à des taux records par rapport aux années qui viennent de s'écouler. Et donc, vous étiez au Spring Meetings, là, récemment ce mois-ci, à Washington, les rencontres annuelles organisées par le FMI et la Banque mondiale. Comment avez-vous perçu cette conciliation entre ces progrès, d'une part, dans la concertation entre les différentes parties prenantes, et ce contexte particulier avec des taux prohibitifs pour certains pays ?

  • Speaker #1

    D'abord, l'un des résultats de tout cela, c'est quelque part les réformes de la Banque mondiale et des institutions de Bretton Woods de façon plus générale. Aujourd'hui, et puis ça fait un moment que c'est enclenché, le FMI vis-à-vis de ces pays se comporte autrement. En tout cas, il est dans un mode plus constructif que cela n'a été auparavant, peut-être dû à la personnalité de Kristalina Gordieva. Mais en tout cas, on est plus dans un mode où le FMI prend en compte les exigences de développement de ces pays, au-delà de juste regarder leur état financier et le niveau de leurs dettes. Ces pays aussi, on est dans un contexte particulier parce que l'augmentation des taux... Le fait que tous ces pays ont un peu moins d'espace fiscal pour faire les choses, et certains du coup sont face à des sujets de dette très importants, et donc ça a été un contexte assez particulier, mais très collaboratif finalement, entre le FMI, les réformes de la Banque mondiale pour essayer de mobiliser le plus possible d'argent privé, parce que... Le sujet, c'est un peu ça. On a plein d'initiatives pour essayer de standardiser, de clarifier le risque, de casser un peu cette perception et vraiment d'orienter les fonds vers ces investissements essentiels.

  • Speaker #2

    En conclusion, je voulais juste vous faire réagir à prendre un exemple, un projet que fait Meridian pour donner un peu de relief à ce qu'on vient de dire. Il y en a un qui est intéressant parce qu'il amène, vous allez voir, à une question plus générale. J'ai beaucoup aimé, c'est le Neot Off-Grid Africa Solar System. En introduction, on pourrait dire quand même que ce n'est pas tout ce que fait Mériam, mais Mériam fait aussi beaucoup de on-grid, toujours du renouvelable. Ce projet-là, off-grid, fondé sur du solaire, est-ce que vous pouvez nous raconter un peu sa genèse, pourquoi il vous a plu, pourquoi vous vous y êtes lancé, et qu'est-ce que ça dit de ce que vous pensez du rôle que le off-grid va jouer dans la transition énergétique en Afrique ?

  • Speaker #1

    C'est un projet que nous avons développé avec EDF en partenariat. Il y a un vrai sujet quand on parle des SDGs ou des ODD pour parler français. On voit bien que vraiment les adresser et les financer, c'est un sujet soit très urbain ou très rural, mais au plus proche des... des populations, ce qu'on a tendance à rater avec les grands projets d'infrastructures un peu nationaux. Et donc pour nous, c'était à la fois un sujet d'impact, dans la mesure où on n'imagine pas que certains de ces pays puissent avoir un réseau électrique qui touche 100% de leur population avant quelques dizaines d'années. Et donc c'est vraiment apporter des solutions. décentralisé d'énergie, donc il y a à la fois les mini-grids, le Home Solar Kit, il y a tout ce que vous voulez, pour vraiment donner accès à l'électricité, et puis aussi à la petite économie locale décentralisée, à de l'énergie pour pouvoir se développer. Et l'impact, il est beaucoup plus que juste d'avoir la lumière, il a un impact sur l'éducation des enfants, sur la façon de conserver les aliments, donc ça change finalement beaucoup. beaucoup de choses, donc on s'y est intéressé pour ces raisons-là. Et ce qu'on a pu faire, alors c'est un sujet très complexe, parce qu'il y a un sujet d'accès et de capacité à payer. Et donc quand vous faites de l'off-grid dans un foyer, il ne faut pas que ça coûte plus cher que ce qu'ils ont l'habitude de dépenser pour la lampe à pétrole, le réchaud à gaz. Et donc il a fallu trouver des systèmes de financement finalement assez longs pour amortir les choses, avec des solutions un peu de leasing pour que les gens payent très peu au fur et à mesure, finalement en prépaiement évidemment, leur énergie.

  • Speaker #2

    Parce que là on est d'accord que c'est l'un de vos seuls investissements B2C ?

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Thierry Néo.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    On se donne rendez-vous dans deux semaines pour une interview avec Papa Madoussard, qui est directeur exécutif à l'Agence française de développement. D'ici là, n'hésitez pas à nous retrouver sur nos réseaux sociaux, Instagram et LinkedIn, avec le nom Takeoff le podcast. Et on se quitte sur un extrait de notre interview de la saison 3 avec Yann Burtin, qui est directeur Europe de l'Ouest à MIGA, et qui parle justement de ces produits d'assurance que propose MIGA dans le cadre du groupe Banque mondiale.

  • Speaker #3

    Le premier ligne de produit qu'on a, la ligne de produit historique de MIGA, est essentiellement ce qu'on appelle les assurances risques politiques, qui couvrent essentiellement quatre types de risques. Donc on vise vraiment, quand on parle de risques politiques, tout ce qui est risques non commerciaux, sur lequel les investisseurs n'auront aucun, je dirais, levier d'action, la guerre et les troubles civils. Le deuxième risque qui est assez prononcé aujourd'hui, qu'on voit où il y a beaucoup d'intérêt d'un grand nombre d'investisseurs, c'est tout ce qu'on appelle restriction de transfert et inconvertibilité. Le troisième des quatre produits, c'est tout ce qu'on appelle l'expropriation. Donc c'est tout ce qui est nationalisation ou je dirais expropriation rampante. Et enfin la dernière des couvertures qui est probablement la seule la plus demandée dans les secteurs d'infrastructure, c'est tout ce qu'on appelle la rupture de contrat.

Description

Dans cet épisode nous recevons Thierry Déau, PDG et fondateur du fonds d'investissement en infrastructure à impact, Meridiam.


Créé en 2005, Meridiam gère actuellement près de 20 milliards d'euros d'actifs investis dans des infrastructures greenfield de la transition, dans les domaines clés de l'énergie, des transports, et des services publics.


Thierry Déau nous parle des raisons de sa décision de développer un portefeuille d'investissements en infrastructure en Afrique, de sa politique d'investissement et de développement des actifs.


Nous évoquons également avec lui les efforts réalisés pour accélérer le déploiement d'investissements en infrastructure dans les marchés émergents, et son bilan des rencontres de printemps FMI/Banque Mondiale dont il revient.


Et pour cet épisode je suis accompagné d'Apolline Renaudin, analyste en conseils financiers et politiques publiques spécialisée dans les marchés émergents.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On partage avec un site de l'UniBash.

  • Speaker #1

    Et le film est là. Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle Wissim Jouini et je suis ravi de vous retrouver dans ce nouvel épisode de Takeoff. Notre invité aujourd'hui est CEO et fondateur de Meridiam, un fonds qui en l'espace de 20 ans est devenu une référence dans les infrastructures et l'investissement à impact dans toutes les géographies, avec 22 milliards d'actifs sous gestion, et notamment pour ce qui concerne les emerging markets, avec une forte présence en Afrique, une vingtaine d'actifs actuellement sous gestion. Dans une autre vie, vous avez été un semi-serviteur de l'État puisque vous avez commencé à Aegis, filiale de la Caisse des dépôts et consignations. Je le mentionne car il reste sans doute quelque chose de cet ordre dans Meridiam qui non seulement travaille souvent avec les gouvernements pour des projets infra, mais également qui investit dans des secteurs en lien avec les services publics indirectement, la santé, le logement, l'éducation, l'énergie, les transports. Thierry Déo, bonjour et merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Et pour cet épisode, je suis accompagné d'Apolline Renaudin, analyste en conseil financier et politique publique spécialisée dans les marchés immaraux. Bonjour. Aujourd'hui, nous allons parler d'investissement sur le continent africain et singulièrement de l'enjeu des infrastructures, leur importance dans la trajectoire de développement soutenable du continent, les moyens d'accélérer les volumes d'investissement et le rôle des différents acteurs, notamment de la puissance publique. Mais d'abord, pour prendre un peu de champ, en 20 ans, vous avez vu le paysage de l'investissement dans les marchés émergents et singulièrement en Afrique évoluer, notamment en comparaison avec vos activités dans les marchés matures, essentiellement aux Etats-Unis et en Europe. Vous avez souhaité vous investir sur ces marchés émergents dans un second temps, environ une dizaine d'années après la fondation de Meridiam, et donc il y a une dizaine d'années. Pourquoi être allé sur cette géographie où il n'y a, à entendre certaines cassandres, que des coups à prendre ? Et qu'est-ce que cette temporalité dit de l'expérience qu'il fallait acquérir avant de pouvoir s'intéresser à cette classe d'actifs ?

  • Speaker #0

    Très bien. Alors l'évolution du climat pour les pays émergents est très liée à l'évolution de la prise de conscience des sujets climat, justement, et de la transition et de la nécessité de la transition climatique, puisque aujourd'hui, les pays émergents sont quelque part ceux qui ont le plus besoin d'investissement en infrastructures pour gérer la transition. notamment en matière d'adaptation, en matière d'atténuation. Et en plus, ce qui s'accumule avec leurs besoins en développement classique d'infrastructures en tout genre pour développer leur économie. Donc c'est un peu une évolution qui s'est accélérée, notamment aussi avec un certain nombre de COP qui se sont focalisés sur les besoins d'investissement dans ces pays, à la fois dans le secteur énergétique, mais dans les infrastructures en général, et puis aussi... sur les aspects sociaux. Et Meridiam, depuis sa création, était plutôt un fonds qui faisait déjà beaucoup de développement et d'investissement dans des projets dits greenfields donc construits pour exploiter plus tard. Et en fait, ce sont ces... Cette capacité humaine, parce que chez Meridiam on a des gens qui font de l'investissement mais qui viennent beaucoup du secteur de la construction, du secteur de l'exploitation des infrastructures. pas mal d'ingénieurs avec un background d'ingénieurs qui ont fait des vraies choses en infrastructure, pas que de la finance. Et de fait, ces capacités nous ont permis d'être assez confiants, d'attaquer des marchés, notamment des marchés émergents, où il faut beaucoup d'engagement et de discussion avec les pouvoirs publics et qu'il faut vraiment développer les projets. Donc ça fait un métier de développeur. et un métier d'investisseur.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous pourriez justement détailler un peu ce modèle particulier de Meridiam, qui est entre le fonds d'infra, le développeur et l'ONM, c'est-à-dire assuré par une société de projet qui est fortement imbriquée systématiquement dans Meridiam ? Pourquoi être descendu, si je puis dire, autant les mains dans le conduit ? Et finalement, êtes-vous vraiment un fonds ?

  • Speaker #0

    Alors on est beaucoup de choses, mais si je devais résumer la stratégie de Meridiam, vu du secteur des fonds d'infrastructures, on est dans une stratégie dite build to core C'est-à-dire qu'on construit nous-mêmes les infrastructures qui vont faire nos rendements plus tard, pour ensuite les gérer, les dérisquer et les exploiter pour avoir les revenus long terme qui correspondent à ce que représente la classe d'actifs infrastructures. Donc pourquoi le faire ? D'abord parce que... C'est à la fois des infrastructures qui correspondent à notre mission, parce que Meridiem c'est aussi une société à mission, et même si on ne l'était pas au tout début, parce que ça n'existait pas, on l'est vite devenu, mais avec la même raison d'être. Donc ça nous permet de créer l'impact que nous voulons avoir sur les populations, sur les États et les économies. Et puis en même temps, la durée très long terme nous permet aussi d'être... en exploitant. Donc quelque part ce qu'on délivre c'est à la fois un impact économique, social, en créant ces infrastructures et en les exploitant, mais en même temps on délivre et on donne à nos investisseurs des rendements très long terme, d'une bonne stabilité, inflatés, qui leur permettent finalement de passer à travers pas mal de crises avec beaucoup de résilience.

  • Speaker #1

    Justement pour ce qui concerne la question du rendement, même si vous descendez comme disait Apolline les mains dans le cambouis, vous structurez aussi des fonds au sens premier terme. Vous avez successivement lancé Miaf qui a été top-up jusqu'à environ plus de 500 millions d'euros, puis Miaf 2 à peu près sur la même somme. Et en ordre de grandeur, c'est 70% selon les informations publiques données par Meridiam des investisseurs privés et 30% de l'institutionnel. À quoi il faut ajouter des fonds thématiques tels que TERF, qui s'occupent de sujets particuliers, notamment la résilience urbaine ? Deux questions là-dessus, très simplement. La première, est-ce que c'est essentiellement de l'argent du Nord, soit privé ou institutionnel, de l'épargne du Nord ? Ou est-ce que l'épargne endogène, et notamment les fonds souverains endogènes, deviennent un acteur pertinent dans la partie levée de fonds ? Et deuxième question, qu'est-ce que ce mélange d'investissement privé et institutionnel dit du niveau de maturité ? des projets en Afrique et la capacité à susciter du rendement, est-ce que cet appui institutionnel est nécessaire pour driver le privé ou est-ce qu'au contraire c'est plus un top-up bienvenu pour des sujets importants ?

  • Speaker #0

    Alors il y a beaucoup de questions dans les bleues questions, mais évidemment c'est essentiellement dans nos fonds, en tout cas, c'est essentiellement de l'argent du Nord, entre guillemets, pour plusieurs raisons. Parce que les quelques fonds souverains du Sud, typiquement en Afrique, qui ont des fonds stratégiques d'investissement, c'est le cas du Sénégal, du Gabon et d'autres, viennent directement investir dans les actifs, ne passent pas forcément par des véhicules d'investissement. investissement comme le nôtre pour investir. Bon, par contre, ils sont présents sur ces actifs. Et puis, en ce qui concerne l'épargne longue, typiquement en Afrique, à part quelques pays qui en disposent, comme l'Afrique du Sud, le Kenya ou quelques-uns, elle n'est pas encore très active et souvent, elle est quand même très conservatrice dans sa façon d'investir et investit malheureusement souvent plus au nord que dans ses propres régions. Donc... Mais en tout cas, pour en revenir au fait, les 70 ou 80% d'investisseurs privés, institutionnels, fonds de pension, assureurs, qui accompagnent ou qui sont accompagnés par les banques publiques de développement, les banques publiques de développement ont eu un effet d'amorçage, parce qu'elles connaissent bien la région. Ce sont souvent les financeurs en dette pour financer ces projets. Et donc leur connaissance, leur interaction avec ces États fait partie du phénomène qu'on appelle le de-risking, c'est-à-dire de donner confiance aussi aux investisseurs privés qui sont plus néophytes dans ces régions pour aller investir. Donc c'est un peu cet effet d'entraînement qu'on a essayé de chercher. Ce que ça prouve aussi, c'est que... Aujourd'hui, parce qu'au tout début, dans le tout premier fond avant le top-up, on était plutôt à 50-50. que ça a vraiment permis d'entraîner beaucoup plus d'investisseurs privés. C'est vrai aussi que le fait que Meridiam ait déjà pu investir pendant un certain nombre d'années, au fur et à mesure, le TRAX permet de finalement convaincre plus facilement les investisseurs qu'il est possible d'investir en Afrique en maîtrisant le risque et en faisant un certain nombre de choses qui fait qu'ils auront à terme les rendements. qu'ils attendent de ce type d'investissement.

  • Speaker #2

    Donc, on comprend qu'il y a beaucoup d'investisseurs prêts à investir. D'un autre côté, vous avez dit qu'il y a énormément de besoins de financement, notamment en lien avec le réchauffement climatique. Et pourtant, tout le monde s'accorde à dire qu'il y a des frictions entre cette offre et cette demande. Est-ce que, justement, les récents développements des souverains, en lien avec la prise en compte du réchauffement climatique, notamment par la structuration de cadres ESG, etc., de mieux constituer les projets, rassure les investisseurs, et ils servent un peu de catalyseur pour structurer tout cela.

  • Speaker #0

    Alors en matière de puissance de feu publique, à la fois des banques de développement, qu'elles soient multilatérales, bilatérales, il y a eu, je pense dans les dix dernières années, une mobilisation forte pour leur faire un peu changer leur modèle qui était de financer elle-même un peu tout, pour essayer de faire effet de levier pour attirer. le maximum d'investissements privés dans ces régions. Et ça passe à la fois par ce qu'on appelle le blended finance ou la finance mixte, mais dont le but principal est de dérisquer ou en tout cas de diminuer la perception du risque et le risque réel. pour ces investissements. Donc ça passe par un certain nombre de garanties, la plus commune par exemple c'est la garantie pour le risque pays qui est donnée par la garantie MIGA qui est le pool de garantie de la Banque mondiale. La Banque mondiale aussi donne des garanties pour risque pays. ou des garanties pour rupture de contrat abusive, des choses comme ça, qui permettent de protéger le contrat, surtout des contrats de long terme, dans un environnement où les investisseurs privés du Nord ne sont pas forcément très à l'aise. avec une gestion contractuelle et un cadre de régulation local. qui ne connaissent pas forcément bien.

  • Speaker #1

    Justement, sur cette question des garanties, on a reçu dans ce podcast Yann Burtin de Minga Europe, qui nous confie qu'Ajai Banga, le nouveau président de la Banque mondiale, a annoncé construire un guichet unique de garanties et scaler les montants pour atteindre 20 milliards de dollars d'ici 2030, contre 6,8 aujourd'hui. Est-ce que cette dimension de dérisking est devenue centrale dans la construction des projets ? Et est-ce que ce scale-up est encore une vision d'estrade ? Ou est-ce que... on perçoit la réalité concrète sur le terrain.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est d'abord MIGA qui ne faisait que de la garantie que pour des gens comme nous et qui va récupérer finalement toute cette capacité et tous les instruments de garantie. C'est quelque chose que j'appelle de mes voeux depuis de nombreuses années. Nous sommes l'un des plus gros clients de MIGA, donc c'est quelque chose qui fonctionne. C'est une institution qui est assez... des agiles qui participent, tout en y apportant justement ces aspects ESG et impact qui sont importants, arrivent vraiment à soutenir et à dérisquer les projets pour qu'ils se fassent. Donc cette puissance de feu qui sera, je crois, en œuvre à partir du 1er juillet, c'est plutôt une très très bonne nouvelle.

  • Speaker #2

    Pour revenir sur Meridiam, vous êtes principalement focalisé sur les secteurs clés de l'énergie et des transports, qui sont tous deux des secteurs régaliens, avec une forte présence d'entreprises publiques, ne serait-ce que comme opérateur. Et donc, les opportunités et besoins d'investissement actuels contribuent aussi à affluer de plus en plus des fonds privés. Comment est-ce que cet afflux privé est concilié avec la présence toujours forte des pouvoirs publics ? et sur différents niveaux, c'est-à-dire dans le format technique, dans le financement, peut-être même aussi dans l'interaction au quotidien que vous pouvez avoir avec la science publique.

  • Speaker #0

    Après, on est dans la tradition française qu'on peut oublier souvent, mais de la concession. Déléguer à un secteur privé un opérateur qui finance, qui construit, qui exploite un ouvrage de service public, finalement c'est une tradition assez longue. Et donc de façon plus globale, tous les systèmes de contrats de partenariat public-privé permettent de gérer avec une grande efficacité ce genre de choses. Il y a des façons... largement établi depuis des siècles, de collaborer entre le public et le privé à travers des contrats. Et c'est pour ça, justement, qu'on peut en faire. Parce que finalement, l'actif infrastructure, vu de nos investisseurs, c'est le contrat. Ce n'est pas le béton qu'on a coulé. C'est vraiment ce contrat qui a une valeur, le contrat de 20 ans, de 30 ans, qui permet en fait de sécuriser l'accès aux revenus, qui va permettre de rembourser l'investissement et d'offrir des retours aux investisseurs. Mais voilà, cette culture du public privé est... est assez importante dans la mesure où les infrastructures essentielles aujourd'hui, elles sont quasiment toutes dans le giron du contrôle du public.

  • Speaker #1

    Pour rebondir là-dessus, et sur le dernier point de la question à Pauline, sur les interactions au quotidien, il y a souvent ce... Cette infrastructure à la fois très fine et très sophistiquée qu'est le personnel public-privé, ça demande deux... It takes two to tango, donc ça demande deux acteurs de haut niveau pour avoir confiance dans la garantie des prix qui est négociée en contrat, pour avoir aussi une capacité d'amener des acteurs privés sur des secteurs moins rentables avec un transfert qui vient directement du gouvernement pour services publics rendus et puis tout simplement dans les méthodes de travail, que ça reste un enjeu majeur qui participe de ce finance gap

  • Speaker #0

    Non, ça reste un enjeu majeur, même s'il y a une montée en compétences. Pour cela, d'ailleurs, Meridiam a été fondateur d'une fondation qui s'appelle l'IFP, donc Africa Infrastructure Fellowship Program, qui cible justement les fonctionnaires chefs de projet d'infrastructures pour vraiment les aider à se professionnaliser et à créer un réseau. entre eux pour échanger les bonnes pratiques. Et typiquement, ça se tourne vers, à la fin, c'est une formation qui donne lieu à un certificat qui se passe partiellement à Paris, mais pendant laquelle ils ont à la fois une formation académique, une interaction avec des donneurs d'ordre publics, des maîtres d'ouvrage, mais aussi une interaction avec les acteurs du privé. qui sont impliqués, donc vraiment leur donner un tour d'horizon assez complet de tous les acteurs et des modes opératoires pour vraiment réussir à livrer ces infrastructures. Donc ça c'est important et c'est pour ça qu'on a vraiment investi là-dedans, aux côtés du ministère des Affaires étrangères français et un certain nombre d'autres entreprises qui financent tous les ans ces formations pour... pour les actes d'Afrique.

  • Speaker #1

    Et juste en un mot, je me rends compte que je n'ai pas défini le concept de finance gap. Il s'agit en fait de la différence entre les montants estimés qu'il faudrait avoir en termes de flux d'investissement net vers l'Afrique pour être au niveau des objectifs du développement durable et les montants constatés. Et dans ce cadre, la Banque africaine de développement, par exemple, évalue ce finance gap annuel dans une évaluation qu'on peut juger un peu inflationniste, mais entre 70 et 100 milliards par an, ce qui est énorme. On mettra la ressource. Quant au GIEC, uniquement sur le volet changement climatique et énergie, chiffre le besoin de financement à entre 20 et 40 milliards de dollars par an au niveau du continent, ce qui permet quand même d'avoir un certain ordre de grandeur.

  • Speaker #2

    Cette cible dont vous venez de parler, on comprend que c'est typiquement le type de pierre qui permet de diminuer in fine la perception du risque des investisseurs pour l'investissement. Cette perception du risque qui est un des grands mots de la dichotomie avec la réalité.

  • Speaker #1

    On a reçu Lionel Zinsou qui nous en a parlé particulièrement dans le contexte des eurobonds et qui a insisté sur la prime de risque excessive. On écoute tout de suite un extrait.

  • Speaker #3

    Donc si vous voulez, les préjugés remplacent la compétence et la connaissance. Peu de gens investissent dedans. Les agences ont également un biais important de compétence et de connaissance sur les risques. Si bien qu'en fait, quand vous regardez le niveau de performance sur les pays en développement ou émergents de l'Amérique latine, de l'Asie et de l'Afrique, et vous comparez, vous apercevez qu'à notation... égale la performance africaine est meilleure. Vous verrez que vous avez beaucoup moins de défauts en Afrique que dans d'autres continents.

  • Speaker #2

    Donc ici, l'exprès était donc appliqué aux eurobonds, mais donc justement dans d'autres types de financements, est-ce que la différence entre la perception du risque et la réalité est aussi prégnante ?

  • Speaker #0

    Alors, tout à fait, parce que finalement les eurobonds émis par ces pays africains sont le benchmark pour faire le financement de nos projets. Finalement, quand on regarde les taux qu'on applique pour... Pour nos projets, on prend d'abord le taux sans risque, la prime payée, on revient à la même chose et c'est la base, c'est vrai que ces primes sont élevées. et c'est pas qu'une question de perception c'est vrai qu'il y a un écart mais l'écart il est plutôt dans le faire et pas faire plus que dans le pricing je sais pas si je suis clair à 18% on le fait pas et donc mais bon il y a un risque réel c'est certain mais ce que permet typiquement pour des gens comme nous des garanties de type miga c'est de pouvoir lisser atténuer cette prime de risque B puisqu'en fait, on achète des garanties de risque payé. Donc, on peut finalement, en tout cas pour un investisseur en equity et en fonds propres, diminuer ce risque payé en achetant une garantie.

  • Speaker #1

    Justement, sur les projets de garantie, un des projets de garantie de MIGA qui est particulièrement acheté avec bien développement, c'est les political risk insurance. Il n'empêche que par-delà la garantie sur les cash flows, ça crée un contexte dans lequel les gens ont moins envie d'investir. Il est curieux de noter que depuis cette interview avec Lionel Zinsou en 2022, le réel a malheureusement plutôt rattrapé la perception, puisque l'instabilité politique qu'à l'époque il disait inférieure en Afrique à d'autres régions du monde a beaucoup cru. Est-ce que ça a directement impacté Meridiam et par-delà cette activité, surtout dans la perception des investisseurs quand vous êtes en roadshow, quand vous essayez de lever, ce qui s'est passé notamment dans la bande saharau-sahélienne ?

  • Speaker #0

    Oui, certainement. Après, le sujet en Afrique, c'est qu'est-ce qui se passe réellement par rapport... Au gros titre des journaux. Alors déjà, ce qui s'est passé depuis 2022, en particulier dans le Sahel, a fait les gros titres. Mais en ce qui nous concerne, la plupart de ces pays du Sahel n'étaient déjà pas des pays investissables. Mais pas parce qu'il y avait un risque politique, parce qu'il y avait une faiblesse. de leur administration, de leur capacité à exécuter, très très forte. Et ça c'est plus important souvent que le risque pays. C'est quelle est la capacité de l'administration, de la structure institutionnelle du pays à continuer, à transacter, à gérer le contrat que vous avez dans le long terme. Ce que nous on appelait... La résilience administrative est quelque part plus importante que le changement de régime, de président. Mais si vous prenez l'exemple de la Côte d'Ivoire, qui a quand même connu des périodes un peu fortes, les grands projets comme Asito ou autres ont continué à opérer, même en quasi-guerre civile. Parce qu'il y avait quand même une administration de l'autre côté qui continuait. à fonctionner. Donc c'est très important d'aussi faire la différence entre ce qui peut se passer sur un plan politique et la capacité de ces pays à continuer à administrer leur économie. Donc le Sahel c'est assez particulier, mais ce qui a pu se passer au Gabon n'a pas forcément révolutionné la façon d'administrer le pays, ce qui se passe aujourd'hui dans une démocratie comme le Sénégal. ne change pas fondamentalement la façon d'administrer. Et donc tout ça contribue aussi d'une certaine confusion par rapport à l'analyse du risque de ces pays. Donc tout le monde va retenir. le Mali, le Burkina et le machin, et dire toute l'Afrique, c'est pareil. Et oui,

  • Speaker #2

    effectivement. Et donc, justement, on parlait du progrès au sein de chacun des pays, mais il y a aussi des progrès en son tout. Et à propos de ces 54 pays, étant France Girl en 2021 à la CDKF, qui rassemble 1,4 milliard de personnes, un PIB de 3 500 milliards. Est-ce que cela, concrètement, selon vous, est un driver important d'un momentum africain ? Et est-ce que vous avez constaté qu'en tant que ZLECAF, cela a conduit à une augmentation des coûts d'infrastructure, notamment sur les aspects transfrontaliers ?

  • Speaker #0

    Pas encore, parce que c'est tout à fait récent, et puis je pense que tous les volets de la zone de libre-échange, puisque c'est de ça que vous parlez, elle n'est pas totalement encore opérationnelle, donc ça met un certain temps, mais il est évident que la capacité d'avoir des échanges commerciaux de façon sans barrière douanière, et aussi des mouvements de population aussi facilités, va permettre, va encourager le développement économique, d'abord parce que ça va créer des clients régionaux pour des exportateurs africains plus faciles que d'exporter essentiellement vers le nord ou ailleurs. Et donc ça ne fait... qu'augmenter cette capacité d'avoir une économie régionale forte et interconnectée. Donc à terme, ça devrait permettre de développer la logistique qui va avec ça, donc toutes les infrastructures, qu'elles soient portuaires, qu'elles soient routières ou aéroportuaires, qui sont nécessaires à ce développement régional.

  • Speaker #1

    Un autre grief classique qui est posé sur les projets en Afrique, c'est ce que McKinsey, dans un rapport de 2021, a appelé le Africa infra-paradoxe où il y a un pourcentage anormalement élevé de projets en cours d'instruction, mais à l'arrêt. Et au fond, globalement, l'idée qu'il y a une lenteur, une inertie dans les projets qui, dans un modèle financier de base, fait exploser le rendement attendu s'il faut six ou sept années de plus que prévu avant la mise en opération. L'exemple archétypal étant, pour des raisons un peu particulières, le barrage Inga qu'on a déjà évoqué dans ce podcast, quelles en sont les causes de votre point de vue ? Quel impact sur les projets de Meridiam ? Et quels remèdes, au moins au niveau des projets portés par Meridiam, vous essayez de mettre en place pour éviter de tomber dans ce trap ?

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de sujets, parce qu'en plus Inga c'est un sujet particulier. D'abord il y a un sujet de course à la taille. Typiquement Inga a deux sujets, une taille énorme, donc avec un marché de financement pas forcément capable de le porter dans sa totalité, y compris côté public, parce que les ressources sont limitées. à un sujet d'off-take multi-pays. Donc après, il faut que tous ces gens-là se mettent d'accord. Donc vous savez, même en Europe, quand on a un projet d'intérêt commun, ça met des années pour que deux pays, membres de l'Union européenne, se mettent d'accord. Donc ce n'est pas qu'Africa, ce sujet. Donc quand on complexifie, qu'on fait du transfrontalier, qu'on fait du transfrontalier, Il faut des traités nationaux, internationaux, binationaux, et donc ça complique forcément les choses. Après, la lenteur vient du sujet qu'on a discuté plus tôt, c'est-à-dire la capacité des administrations à organiser la commande publique, tout court. Mais c'est un problème qu'on voit aussi dans les pays européens. La France, on va dire, dans sa capacité de commande publique, se dégrade tous les ans en plus parce qu'au sein de l'administration, il y a de moins en moins de gens qui ont l'habitude de commander des grands projets d'infrastructures, par exemple.

  • Speaker #1

    Parce que très concrètement, le pipe de projet est structuré par le pays qui classiquement lance un RFP auquel vous vous soumettez, où c'est co-construit et où vous participez beaucoup à l'identification des opportunités même de projet.

  • Speaker #0

    Pour ce qui est quelque part très régalien au sens où infrastructure essentielle, ça participe quand même à la fois de l'envie de développement et de la stratégie du pays. et puis même pour l'énergie où l'initiative privée peut être beaucoup plus rapide, il faut quand même qu'il y ait un cadre, il faut qu'il y ait un cadre régulatoire, il faut qu'il y ait une politique et des objectifs. Quand les pays justement vont à la COP et donnent leur INDC et disent je veux être à 50% de renouvelables dans le pays évidemment ça cadre un peu. le sujet et le privé peut venir. On peut toujours dialoguer, mais la stratégie est d'abord définie par les États eux-mêmes, en termes de ce qu'ils veulent pour leur économie et l'infrastructure.

  • Speaker #2

    Oui, et donc on observe de nouveaux progrès, notamment permis par la concertation entre toutes les parties prenantes, que ce soit les institutions internationales type Banque mondiale, FMI, donc la concertation avec les investisseurs privés, les gouvernements. Et en même temps, aujourd'hui, on constate inévitablement

  • Speaker #0

    l'augmentation des taux du marché, des eurobonds qui ont été émis récemment à des taux records par rapport aux années qui viennent de s'écouler. Et donc, vous étiez au Spring Meetings, là, récemment ce mois-ci, à Washington, les rencontres annuelles organisées par le FMI et la Banque mondiale. Comment avez-vous perçu cette conciliation entre ces progrès, d'une part, dans la concertation entre les différentes parties prenantes, et ce contexte particulier avec des taux prohibitifs pour certains pays ?

  • Speaker #1

    D'abord, l'un des résultats de tout cela, c'est quelque part les réformes de la Banque mondiale et des institutions de Bretton Woods de façon plus générale. Aujourd'hui, et puis ça fait un moment que c'est enclenché, le FMI vis-à-vis de ces pays se comporte autrement. En tout cas, il est dans un mode plus constructif que cela n'a été auparavant, peut-être dû à la personnalité de Kristalina Gordieva. Mais en tout cas, on est plus dans un mode où le FMI prend en compte les exigences de développement de ces pays, au-delà de juste regarder leur état financier et le niveau de leurs dettes. Ces pays aussi, on est dans un contexte particulier parce que l'augmentation des taux... Le fait que tous ces pays ont un peu moins d'espace fiscal pour faire les choses, et certains du coup sont face à des sujets de dette très importants, et donc ça a été un contexte assez particulier, mais très collaboratif finalement, entre le FMI, les réformes de la Banque mondiale pour essayer de mobiliser le plus possible d'argent privé, parce que... Le sujet, c'est un peu ça. On a plein d'initiatives pour essayer de standardiser, de clarifier le risque, de casser un peu cette perception et vraiment d'orienter les fonds vers ces investissements essentiels.

  • Speaker #2

    En conclusion, je voulais juste vous faire réagir à prendre un exemple, un projet que fait Meridian pour donner un peu de relief à ce qu'on vient de dire. Il y en a un qui est intéressant parce qu'il amène, vous allez voir, à une question plus générale. J'ai beaucoup aimé, c'est le Neot Off-Grid Africa Solar System. En introduction, on pourrait dire quand même que ce n'est pas tout ce que fait Mériam, mais Mériam fait aussi beaucoup de on-grid, toujours du renouvelable. Ce projet-là, off-grid, fondé sur du solaire, est-ce que vous pouvez nous raconter un peu sa genèse, pourquoi il vous a plu, pourquoi vous vous y êtes lancé, et qu'est-ce que ça dit de ce que vous pensez du rôle que le off-grid va jouer dans la transition énergétique en Afrique ?

  • Speaker #1

    C'est un projet que nous avons développé avec EDF en partenariat. Il y a un vrai sujet quand on parle des SDGs ou des ODD pour parler français. On voit bien que vraiment les adresser et les financer, c'est un sujet soit très urbain ou très rural, mais au plus proche des... des populations, ce qu'on a tendance à rater avec les grands projets d'infrastructures un peu nationaux. Et donc pour nous, c'était à la fois un sujet d'impact, dans la mesure où on n'imagine pas que certains de ces pays puissent avoir un réseau électrique qui touche 100% de leur population avant quelques dizaines d'années. Et donc c'est vraiment apporter des solutions. décentralisé d'énergie, donc il y a à la fois les mini-grids, le Home Solar Kit, il y a tout ce que vous voulez, pour vraiment donner accès à l'électricité, et puis aussi à la petite économie locale décentralisée, à de l'énergie pour pouvoir se développer. Et l'impact, il est beaucoup plus que juste d'avoir la lumière, il a un impact sur l'éducation des enfants, sur la façon de conserver les aliments, donc ça change finalement beaucoup. beaucoup de choses, donc on s'y est intéressé pour ces raisons-là. Et ce qu'on a pu faire, alors c'est un sujet très complexe, parce qu'il y a un sujet d'accès et de capacité à payer. Et donc quand vous faites de l'off-grid dans un foyer, il ne faut pas que ça coûte plus cher que ce qu'ils ont l'habitude de dépenser pour la lampe à pétrole, le réchaud à gaz. Et donc il a fallu trouver des systèmes de financement finalement assez longs pour amortir les choses, avec des solutions un peu de leasing pour que les gens payent très peu au fur et à mesure, finalement en prépaiement évidemment, leur énergie.

  • Speaker #2

    Parce que là on est d'accord que c'est l'un de vos seuls investissements B2C ?

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Thierry Néo.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    On se donne rendez-vous dans deux semaines pour une interview avec Papa Madoussard, qui est directeur exécutif à l'Agence française de développement. D'ici là, n'hésitez pas à nous retrouver sur nos réseaux sociaux, Instagram et LinkedIn, avec le nom Takeoff le podcast. Et on se quitte sur un extrait de notre interview de la saison 3 avec Yann Burtin, qui est directeur Europe de l'Ouest à MIGA, et qui parle justement de ces produits d'assurance que propose MIGA dans le cadre du groupe Banque mondiale.

  • Speaker #3

    Le premier ligne de produit qu'on a, la ligne de produit historique de MIGA, est essentiellement ce qu'on appelle les assurances risques politiques, qui couvrent essentiellement quatre types de risques. Donc on vise vraiment, quand on parle de risques politiques, tout ce qui est risques non commerciaux, sur lequel les investisseurs n'auront aucun, je dirais, levier d'action, la guerre et les troubles civils. Le deuxième risque qui est assez prononcé aujourd'hui, qu'on voit où il y a beaucoup d'intérêt d'un grand nombre d'investisseurs, c'est tout ce qu'on appelle restriction de transfert et inconvertibilité. Le troisième des quatre produits, c'est tout ce qu'on appelle l'expropriation. Donc c'est tout ce qui est nationalisation ou je dirais expropriation rampante. Et enfin la dernière des couvertures qui est probablement la seule la plus demandée dans les secteurs d'infrastructure, c'est tout ce qu'on appelle la rupture de contrat.

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