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S3E10 - Sénégal, France : entre deux continents - avec Papa Sarr (AFD)

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40min |21/05/2024
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Description

Dans cet épisode nous recevons Papa Amadou Sarr, Directeur exécutif du Département Mobilisation, partenariat et communication au sein de l'Agence Française de Développement (AFD).


Papa Sarr est également ancien conseiller de Macky Sall à la Présidence de la République du Sénégal et ancien ministre-conseiller en charge de l'Entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER), de 2017 à 2022.


Papa Sarr nous parle de la politique d'aide au développement internationale de l'AFD et de sa filiale d'investissement, Proparco. Il réagit également aux récentes annonces de coupes dans le budget de l'Aide Publique au Développement.


Nous évoquons également avec lui l'actualité politique du Sénégal depuis l'élection à la Présidence de la République de M. Diomaye Faye. Ainsi que l'actualité économique de la sous-région UEMOA à l'heure où plusieurs projets de remplacement du Franc CFA émergent.


Et pour cet épisode je suis accompagné d'Ehemir Abba Sherif, étudiant à Science Po Paris.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    en partenariat avec l'Institut Louis Bachelier et le FINDEV Lab.

  • Speaker #1

    Notre invité aujourd'hui est directeur exécutif du département mobilisation et partenariat en vue de la réalisation des ODD au sein de l'agence française de développement. Vous êtes également ancien ministre sénégalais en charge du portefeuille de l'entrepreneuriat et vous avez commencé votre carrière à l'OCDE. Papa Maloussard, bonjour et merci d'avoir accepté notre invitation.

  • Speaker #0

    Bonjour Essim, le plaisir est pour moi.

  • Speaker #1

    Et pour cet épisode, je suis accompagné de Emir Abachirif, étudiant à Sciences Po. Bonjour Emir.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    On va parler aujourd'hui de l'actualité de l'AFD, notamment de sa stratégie 23-27, ainsi que du continent africain et singulièrement de l'Afrique de l'Ouest, dont vous êtes originaire. Mais peut-être d'abord pour les auditeurs qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous présenter brièvement votre parcours singulier, un pied sur chaque continent, et au fond, aujourd'hui, comment vous vous définiriez-vous ? Comme un homme du développement qui a fait de la politique, comme un politique qui fait actuellement du développement, comme une voix africaine en Europe, peut-être un peu de tout cela ?

  • Speaker #0

    Merci Wessim, je pense que tu as d'abord fait une bonne présentation. Comme tu l'as dit, je suis un citoyen sénégalais et international. Au service aujourd'hui de la politique publique française, de développement et de solidarité internationale, à travers le groupe Agence française des développements, où j'occupe depuis bientôt deux ans les fonctions de directeur exécutif en charge de la mobilisation, des ressources, de la compétence, mais aussi des acteurs de la société civile, des partenariats bilatéraux, multilatéraux. avec les fondations, la société civile et aussi la communication à Paris. Auparavant, j'ai travaillé pour le gouvernement sénégalais, au ministère des Finances, puis à la présence de la République, et en charge d'un programme dont on parlera tout à l'heure sur l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Et auparavant, quelques années plus tôt, j'ai eu à travailler ici même à Paris, à l'OCDE, et enfin à Seattle, au sein de la fondation Bill Melinda Gates. J'ai plutôt été un technicien jusqu'à maintenant. avec une expertise sur les questions de développement économique international. Et je continue à exercer cela, même si j'ai eu à flirter quelque peu avec la politique récemment dans mon pays.

  • Speaker #2

    Alors une question qui s'inscrit dans l'actualité politique avec la campagne des élections européennes qui bat son plein. Est-ce que vous pourriez nous indiquer comment s'inscrit aujourd'hui l'action de l'AFD dans le projet d'européanisation de l'action de développement dont parlait le président Macron ? durant le sommet Afrique-France en janvier 2023, et au contraire, quelle singularité l'AFD développe dans l'écosystème des DFIS, qui sont les Development Financial Institutions.

  • Speaker #0

    Très bonne question. D'abord, je voudrais rappeler que le groupe Agence française de développement contribue à mettre en œuvre la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale, mais aussi du climat, de la biodiversité, de l'éducation, de la paix, de l'urbanisme, de la santé et de la gouvernance, entre autres sujets que nous abordons à travers les pays d'intervention de l'agence. Il y a plus de 150 pays à travers le monde. Notre groupe aujourd'hui est composé de l'Agence française de développement en charge du financement du secteur public et des organisations de la société civile, de la recherche, de l'innovation et de la formation sur le développement durable. Et nous avons deux filiales, Pomparko, dont je suis administrateur, qui est dédié au financement du secteur privé, et Expertise France, notre agence de coopération technique comme la GIZ allemande. La singularité de l'agence réside dans son ADN d'agence de terrain experte au plus près des populations, comme allait dire notre directeur général, du côté des autres. La plupart des agences bilatérales fonctionnent souvent dans les capitales et n'ont pas autant de personnel sur le terrain que nous. Ça, c'est d'abord une singularité. La deuxième est aussi constituée du fait que nous avons, comme vous l'avez bien entendu, une branche qui s'occupe de l'assistance aignais, de l'expertise qui accompagne les gouvernements, le secteur privé, la société civile à mettre en œuvre les programmes. Ça, c'est quelque chose qui est essentiel aujourd'hui sur ce qu'on appelle le package ou le bundle en anglais de l'offre de développement. Nous avons aussi la filiale du secteur privé qui s'occupe du secteur privé, comme d'ailleurs... Les Allemands avec l'IG ou la Banque mondiale avec la Société financière internationale. Donc, ça, ça nous offre une palette d'offres et services qui nous distinguent et nous met aussi à la deuxième place des agences de développement bilatéral derrière les Allemands. Aujourd'hui, avec une empreinte géographique mondiale, souvent, certains pensent que l'agence française de développement intervient seulement dans les pays francophones, mais non, nous sommes présents. Je dirais même plus dans les pays anglophones que dans les pays francophones. Ensuite, nous offrons toute une gamme complète de produits, de subventions, des prêts souverains, des prêts non souverains et des garanties. Et aujourd'hui, je peux dire avec fierté que nous avons atteint un volume d'engagement annuel de 12 milliards d'euros qui nous permet de peser dans le monde des banques publiques de développement. Nous nous distinguons aussi par la diversité de nos secteurs d'intervention pour certains qui restent peu couverts. par les autres bailleurs bilatéraux. Je pense par exemple à la gouvernance, les industries culturelles et créatives ou encore le sport. Enfin, concernant les collaborations, nous allons y revenir, celles-ci aussi sont extrêmement riches et nous sommes par exemple le premier partenaire bilatéral de la Banque mondiale aujourd'hui et avons noué des relations privilégiées avec de nombreux bailleurs bilatéraux en Europe, par exemple la KFW. avec lesquels nous engageons chaque année plus de 2 milliards d'euros de cofinancement, mais aussi des bailleurs hors Europe, à savoir, par exemple, à l'instar du Qatar Fund for Development ou de la Fondation Bill et Melinda Gates, ainsi de suite.

  • Speaker #1

    Justement, sur ce dernier point des bailleurs Europe, alors d'abord sur le sport en cette année olympique, évidemment, et puis notamment au Sénégal, il y a eu un fort investissement de l'AFD dans le domaine des stades, pour ne pas le nommer.

  • Speaker #0

    dans le cadre de la préparation des JOJ, comme effectivement partenaire de l'État sénégalais pour la construction et la rénovation des stades pour accueillir les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2026.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est ce à quoi je faisais référence. Mais justement, sur la question des partenariats hors Europe, vous n'avez pas échappé que dans le monde, il y a un certain nombre d'acteurs émergents qui proposent, qui ont apporté des crédits assez importants dans les banques de développement, qui se présentent elles-mêmes comme des alternatives aux investisseurs traditionnels. Est-ce que vous, qui êtes en charge des partenariats, Vous le vivez comme une nouvelle opportunité de partenariat et au fond un nouvel afflux de fonds ? Ou est-ce que c'est vraiment pour le coup des canaux assez différents avec des partenariats qui sont essentiellement faits pour ce qui concerne l'AFD, n'intègrent pas la question des New Development Bank, AGI, Infrastructure Bank,

  • Speaker #0

    etc. Alors, avant... J'ai travaillé à l'AFD, j'ai été dans un pays en développement, le Sénégal. J'ai été au ministère des Finances et j'ai eu à diriger un service qui s'occupait justement de la coopération économique financière. J'ai été gouverneur du Sénégal, la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et j'ai eu à exercer des fonctions de recherche de fonds et ce qui veut dire qu'aujourd'hui les États africains, à l'instar du Sénégal, Les pays traditionnels de l'Union européenne sont en partenariat avec la France, l'Allemagne, les pays traditionnels de l'Union européenne qui sont inscrits ou qui reportent au niveau du comité d'aide et développement de l'OCDE. À côté, ces États ont aussi des partenariats avec ce qu'on appelle les partenaires dits émergents, qui je pense que ce n'est plus émergent, ils sont vraiment là, que ce soit les Chinois, les Russes, les Turcs et de plus en plus aussi les émergents au sein même du continent africain, à l'instar de l'Afrique du Sud. Ce qui veut dire que ces États ont une offre variée et diversifiée de... financement sans compter aussi les crédits d'export des pays européens de l'Est, mais pas que, de la Chine aussi, de l'Inde. et qui, avec ses crédits Exim Bank, accompagnent davantage ces États pour pouvoir leur apporter une offre diversifiée de produits financiers. Ce qui amène soit, on peut appeler de la compétition, de la concurrence, mais pour moi, c'est de l'émulation, puisque ça permet à ces États d'avoir plusieurs partenaires avec qui discuter et prendre les meilleures ressources qui sont disponibles pour le jeu de développement durable. Donc pour moi, effectivement, ça... peut constituer une menace pour les activités de bailleurs traditionnels. Mais c'est à nous de nous adapter, d'innover et de pouvoir offrir des produits financiers et de la science technique capables d'attirer davantage et d'être au rendez-vous des besoins de ces pays. Et je pense que c'est ce que nous faisons.

  • Speaker #2

    Pour revenir un peu sur l'action de l'AFD dans la stratégie 2023-2027 du groupe, dans la continuité de son action depuis les années 2000, le groupe AFD souhaite donner la priorité aux acteurs non souverains. Vous avez rappelé que vous étiez en charge des partenariats notamment avec la société civile, mais on peut citer aussi comme acteurs non souverains les municipalités, les entreprises à travers l'action, donc via votre filiale ProParco. Vous qui avez été ministre d'un souverain, mais précisément en charge de l'entrepreneuriat, Quel regard portez-vous sur la diversification de ces leviers d'action et quel rôle pour les souverains dans le développement ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Je dirais que les acteurs souverains, les États, où les entreprises publiques restent aujourd'hui les premiers bénéficiaires des projets de l'Agence française de développement. Mais le niveau élevé de la dette publique de certains pays et l'incertitude qui aujourd'hui entoure l'aide publique au développement international limitent les marges de manœuvre et les possibilités d'encourager la croissance par de vastes programmes d'investissement public. Pour que... Si les pays africains en résistent une reprise solide et durable et évitent la récession ou une stagnation économique, le secteur privé devra contribuer davantage au développement économique de ces pays. Il est essentiel et primordial de diversifier les leviers d'action. Par exemple, il s'agit avant tout de diversifier les sources de financement. Les travaux publiés récemment par les services du FMI, d'ici la fin de la décennie, le secteur privé pourrait être amené à apporter chaque année environ des financements supplémentaires en faveur des infrastructures physiques et sociales à autour de 3% du PIB de l'Afrique subsaharienne. Cela représente vraisemblablement environ 5 milliards de dollars par an et près d'un quart du taux d'investissement privé moyen dans la région qui est aujourd'hui de 13%. du PIB. Enfin, la mobilisation pour moi des acteurs privés ne se limite pas aux investissements uniquement, elle passe aussi par l'expertise technique qui doit continuer à être transférés dans une logique de co-développement ou de partenariat. Enfin, les États restent tout à fait centraux dans le développement, notamment parce qu'ils peuvent impulser des réformes attractives pour les investisseurs et de nature à améliorer le climat des affaires qui est parfois mal perçu par les entreprises internationales.

  • Speaker #1

    Avant qu'on passe aux stratégies de développement de manière plus générale, juste pour finir sur l'AFD, comme on l'a vu dans l'actualité récemment, le contexte budgétaire en France est contraint et ça a impacté l'aide au développement. Comment on fait aussi bien avec moins d'argent ? Vous savez,

  • Speaker #0

    le ministre de l'économie et des finances, M. Bruno Le Maire, a lancé en février, du 8 février exactement, 2024, les coupes budgétaires pour 2024 et 2025. Après plusieurs années de hausse de l'aide publique au développement, et aujourd'hui concernée avec une diminution d'environ 800 millions d'euros. Comme l'a souligné Rémi Rioux, notre directeur général, dans l'opinion de ce mois-ci, l'aide publique au développement, je le cite, est le budget de l'État qui a le plus augmenté de tous les budgets publics pendant le premier mandat du président Macron, avec plus de 15 milliards d'euros d'investissement solidaire par an. Nous avons reconstitué une capacité d'action qui nous manquait cruellement. Il n'est pas totalement anormal que le jour où la situation économique est moins favorable contribuée à l'effort nécessaire. Les tensions actuelles des trésoreries et la situation macroéconomique peu favorable a fait qu'il a fallu faire quelques arbitrages et ajustements qui n'affecteront pas forcément notre force de frappe ou notre travail en matière d'aide publique au développement. Car s'agissant de nos prêts bonifiés, le plan d'affaires, De cette année 2024 a été élaboré sur la base le taux d'intérêt plus haut que ceux appliqués actuellement et le groupe AFD devrait donc avoir la capacité de réaliser ce plan d'affaires prévu tel quel. Pour les dons, en revanche, c'est là où il y aura quelques impacts. Ces réductions n'avaient pas été anticipées et, en fonction des derniers arbitrages, cela pourrait effectivement avoir un impact sur nos objectifs de financement. Nous faisons le maximum pour limiter l'impact de cette baisse en 2024 et préserver les priorités telles qu'elles ont été définies par l'État, par exemple en lissant les octrois de subventions sur plusieurs années.

  • Speaker #1

    Alors, pour présenter la deuxième partie de notre interview, nous avons reçu dans ce podcast Jean-Michel Severino qui a dirigé cette maison qui évolue désormais dans un fonds de VC, de Venture Capital africain qui s'appelle Investisseurs et Partenaires et qui a une dimension d'impact assez fort. Et dans cet entretien avec lui, il nous parle justement de la création d'entreprise.

  • Speaker #3

    Si on veut s'interroger sur la possibilité effective de changer ce rythme de création d'emploi, c'est-à-dire d'augmenter massivement la naissance des entreprises et la croissance des PME, il faut permettre à ces entreprises de connaître un taux de mortalité moins élevé. dans leur passage du berceau à l'école maternelle, dans cette fameuse vallée de la mort de l'entrepreneuriat, et ensuite qu'on leur permette d'accélérer leur taux de croissance. C'est une super bonne nouvelle, au sens où nous n'avons pas à nous préoccuper aujourd'hui d'un déficit de mentalité entrepreneuriale dans le continent africain. En revanche, nous savons, et je l'ai déjà évoqué, qu'il y a deux sujets massifs sur lesquels nous pouvons diminuer le taux de décès des entreprises, et ensuite accélérer leur croissance, c'est en jouant sur l'accès aux capacités et l'accès aux finances. Sur l'accès aux finances, nous avons besoin d'écosystèmes. Il n'y a pas un instrument unique qui va permettre à ces entreprises de croître plus vite et de mourir moins nombreuses. Nous avons besoin d'une communauté d'incubateurs et d'accélérateurs qui vont permettre aux projets entrepreneuriaux de devenir plus solidaires. Nous avons besoin de mécanismes de financement qu'on appelle en Europe les prédonneurs, qui vont permettre aux très jeunes projets de se prouver et d'arriver au stade investissable toujours avec moins de chute possible. Et ensuite, nous avons besoin partout de systèmes financiers locaux qui vont permettre à travers des institutions nationales, des fonds d'investissement nationaux, etc., ou régionaux, suivant la taille des entreprises, d'apporter aux entreprises qui sont devenues investissables les capitaux dont elles manquent.

  • Speaker #1

    Donc, comme on l'a entendu, il insiste pour ce qui concerne la création d'un écosystème fort d'entreprises en Afrique, non pas sur le nombre de startups à l'origine, mais plutôt sur la capacité d'une part à scaler et d'autre part à survivre. Vous qui avez été ministre en charge de l'entrepreneuriat, j'imagine que vous avez un regard particulier, au moins pour ce qui concerne le Sénégal. Quelle est votre opinion là-dessus et comment scale up, comme on dit en bon français, les entreprises en Afrique ?

  • Speaker #0

    Écoutez, tout d'abord, je souhaiterais saluer au passage Jean-Michel Sévrino. Un successful entrepreneur qui est aussi un illustre spécialiste des questions de développement et non moins ancien directeur général de notre maison commune, l'AFD. Donc, je ne peux pas le contredire. Toutefois, il faudrait préciser que dans chaque environnement entrepreneurial en Afrique, comme en Europe et aux États-Unis, dans la Silicon Valley, comme partout, il est normal de constater un taux de décès. plus ou moins élevés selon les contextes peu ou prou favorables à l'éclosion entrepreneuriale. Il y a ce qu'on appelle dans le jargon des startups la vallée de la mort ou death valley dans le processus normal d'évolution d'une entreprise et toutes ne survivront pas. Ce qui est important et essentiel est d'en sauver et de maintenir le maximum en vie possible et les aider à grandir, comme je disais tout à l'heure. Les nourrir leur permet de devenir des adolescents, des adultes, jusqu'à la vieillesse et à transmettre. à d'autres générations à venir. C'est ce qui fait la richesse du vieux continent qu'est l'Europe. Et je pense que de plus en plus, on assiste à l'éclosion des entreprises familiales, individuelles, ou qui se professionnalisent davantage pour pouvoir créer des champions. Si on se focalise sur l'Afrique de l'Ouest, on constate que la différence la plus flagrante avec d'autres régions du monde est de très loin l'accès au financement. En effet, les très petites et moyennes entreprises TPMU africaines sont toutes confrontées à un faible taux d'accès au financement bancaire traditionnel, soit en raison des exigences élevées de garanties auxquelles elles ne peuvent pas faire face, soit en raison du coût élevé du crédit. Certains États à l'image du Sénégal et de la Côte d'Ivoire ont mis en place des programmes publics, ce que nous accompagnons par ailleurs pour remédier à cette situation à travers notre initiative Choose Africa 2 sur laquelle je reviendrai. Je peux donner un petit exemple. La structure que j'ai eu à diriger pendant cinq ans, avant mon arrivée à l'Agence française de développement, qui s'intitule la Délégation générale à l'entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes, ou DRFJ, créée à l'époque. En 2016 par le président Macky Sall pour apporter du financement et de l'assistance technique à des jeunes et femmes entrepreneurs sénégalais. Rappelons également que le tissu économique dans ces pays en Afrique de l'Ouest est prédominé par un secteur informel, jusqu'à plus de 90% pour certains d'entre eux, dans lequel ne peut avoir accès au financement et se retrouve donc privé de toute perspective de développement. Après, la question du financement se pose celle des compétences et du capital humain, mais qui représente aussi un coût à financer. En effet, les entrepreneurs du sous-continent africain ont besoin de structures pour le renforcement de leurs capacités, mise aux normes, la mise en place de programmes de qualité, des hangars de stockage et toutes sortes d'infrastructures qui peuvent accompagner les entrepreneurs à passer à l'échelle, comme vous disiez tout à l'heure, et à pouvoir exporter. Parce qu'il y a in fine le challenge des entrepreneurs locaux dans la partie sous-régionale. C'est que le business se fait intra-pays ou intra-région rapide. Mais aujourd'hui, ce qu'il faudrait, c'est que ces entrepreneurs sénégalais, maliens, burkinabés, ivoiriens, béninois, puissent exporter vers l'Europe, vers l'Asie, avec des produits transformés localement, pas seulement des matières premières. Mais je reste convaincu que le premier... Obstacle, c'est l'accès au financement qui reste aujourd'hui le nerf de la guerre. C'est pourquoi que Calafd, pour répondre à ce défi double, le groupe Agence française de développement, en partenariat avec la Banque publique d'investissement, sous l'impulsion du président Emmanuel Macron, a mis en place Choose Africa, qui accompagne les gouvernements africains pour lever ses freins en renforçant les structures publiques d'appui à l'entrepreneuriat et en créant un écosystème favorable à l'entrepreneuriat et à la croissance des TPE, un environnement réglementaire favorable. des infrastructures physiques et l'accès au marché, à travers l'accompagnement des États à mettre en place soit des banques publiques d'investissement ou des banques de développement économique. Cela à travers une enveloppe d'un milliard d'euros à peu près que nous avons pour accompagner une dizaine de pays, avec quatre pays pilotes, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Togo.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Alors maintenant, on vous propose un peu d'élargir la focale et d'aborder l'avenir du marché sous-régional de votre pays, le Sénégal. Effectivement, l'UMOA, on se demande après, on le rappelle, la rupture le 28 janvier 2024 des États du Bali, du Burkina, du Niger, avec la CDAO, qui n'est donc pas une union économique mais plus politique, et les critiques un peu constantes qu'on entend à la fois de ces trois pays-là et notamment des sociétés civiles dans toute la sous-région. Quel avenir aujourd'hui pour l'UMOA ? Et aujourd'hui, comment voyez-vous se développer l'intégration sous-régionale ?

  • Speaker #0

    Je crois personnellement, étant originaire de cette région, que l'UMOA et la CEDEAO ont un bel avenir devant eux. C'est aujourd'hui l'une des zones économiques les plus intégrées en Afrique, je dirais même dans le monde, si on prend l'exemple de la CEDEAO. À ce jour, les trois... Les pays de l'Alliance des États du Sahel, le Burkina Faso, le Mali et le Niger n'ont pas encore quitté officiellement la CDAO. Pour préciser, même s'ils ont annoncé fin janvier 2024 le retrait de l'institution sans délai, les conséquences de ce retrait de la CDAO en matière de commerce, d'investissement et de gouvernance demeureraient limitées à court terme pour la simple bonne raison que les relations commerciales entre ces pays et la sous-région sont encadrées par une cascade d'accords qui se superposent. On a d'abord les accords CDAO, mais aussi les accords UEMOA, avec toute une batterie d'accords bilatéraux, accords de Cotonou, puis de Samoa, avec l'Union européenne par exemple. En revanche, les échanges commerciaux avec les sept pays de la CDAO, non-membres de l'UEMOA là, seraient a priori plus affectés car... il ne bénéficierait pas de la libre circulation des biens. Un retrait de la CDAO pourrait ouvrir la voie à de nouvelles décisions aux conséquences plus lourdes en effet, en premier lieu desquelles un hypothétique retrait de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, UEMOA, et un abandon du franc CFA. Un retrait de l'UEMOA qui s'inscrirait dans la continuité d'un départ de la CDAO sur le plan idéologique mettrait nettement plus de répercussions. L'appartenance aujourd'hui du Burkina Faso, du Mali et du Niger à l'UMOA assure à ces trois pays un régime de chance fixe avec l'euro et une liberté de circulation des biens, des personnes et des capitaux au sein de la zone. Elle permet ainsi une certaine maîtrise de l'inflation, des coûts d'endettement modérés et un environnement stable pour les échanges internationaux. La création de nouvelles devises nationales aujourd'hui ou d'une devise commune aux trois États, dont le taux de chance serait probablement nettement inférieur à celui du franc CFA, aurait pour conséquence un renchérissement net et mécanique des prix des importations, sans aucun doute. D'où une inflation importée et les titres de la dette qui seront libellés en devise. De plus, une sortie de l'UMOA induirait une perte d'accès. au financement des banques régionales et du marché régional des titres et de dettes, d'où on saute dans l'inconnu pour ces pays. La fin de la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux avec les pays de l'IOMO conduirait à une remise à plat complète des relations économiques de ces pays qui sont tous les trois enclavés et extrêmement dépendants des accords avec les pays voisins, membres de l'IOMO, pour leur gestion et leurs importations. Donc, je pense que ces États réfléchiraient encore plus avant de mettre à exécution ces menaces. Dans un tel contexte, il ne faut pas se voiler la face, le maintien du statu quo sur la question aujourd'hui de l'appartenance à l'éluement apparaît comme le scénario le plus réaliste. Ça, j'en suis convaincu à titre personnel. Mais cette décision appartient bien évidemment aux États souverains, de ces trois États dont on a parlé. Et enfin, s'agissant... Du franc CFA, une réforme de la coopération monétaire en zone UEMOA a déjà été amorcée en 2019, quand le président Macron l'a annoncé à Bijan, et depuis, la France n'est plus présente dans les instances de gouvernance de la Banque centrale d'État de l'Afrique de l'Ouest, BCAO. De la même manière, l'obligation de centralisation des réserves de choses sur le compte d'opération du Trésor français n'existe plus. Il appartient désormais aux États membres de l'UMOA et à la BCAO de poursuivre cette réforme qui pourrait notamment aboutir au changement de nom de la devise. Les autorités de l'UMOA ont en effet indiqué leur volonté et leur souhait de passer. du France EFA à l'éco. Je pense que les démarches sont en cours au niveau de l'UMOA et de la CDAO élargie, car le Nigeria est un gros morceau et devrait aussi adhérer à cette monnaie. Les travaux sont en cours et c'est tout le mal que je leur souhaite d'aboutir à avoir cette monnaie commune le plus rapidement possible.

  • Speaker #1

    Justement, à ce sujet, un petit mot. Le nouveau président sénégalais, Diomay Faye, a annoncé... qu'il souhaitait relancer le processus d'intégration monétaire au niveau de la CDAO, dans le cadre du projet de l'ECO, qui non seulement est un changement non politico-symbolique, mais surtout un changement, comme vous le disiez, de taille de marché. Puisque c'est l'intégration nigérienne qui, à elle seule, représente, je crois, plus du double de tout le reste des pays ensemble. Est-ce que, d'un point de vue, vous qui avez pratiqué ces économies, est-ce que ça vous paraîtrait souhaitable ? Et surtout, est-ce que vous pensez que techniquement, c'est faisable, quand on voit la volatilité du NERA, du Cédiganéen, d'arriver relativement vite à un... à une monnaie de la CDAO.

  • Speaker #0

    Oui, si on prend l'exemple de l'Europe, aujourd'hui l'économie européenne est dominée par l'Allemagne et la France. Mais on voit bien une stabilité monétaire. avec la Banque centrale européenne qui joue son rôle. La mise en place d'une monnaie commune qui s'appellerait ECO, avec une banque centrale commune, avec une parité fixe à l'euro, ou à un pôle de monnaie, basket comme ils disent, permettrait à ces États de maîtriser cette inflation qui peut atteindre 30-40% dans certains pays. Et je pense qu'aujourd'hui, les gains qu'ils en tireront avec... une taille de marché de plus de 300 millions d'habitants. En plus du Nigeria et de l'UMOA et les autres pays, je dirais même 400 millions en ferait aujourd'hui l'un des espaces économiques, monétaires, ouverts, intégrés, le plus grand au monde, qui toiserait même l'Europe. Donc aujourd'hui, je pense personnellement, en tant qu'originaire de cette zone, que ça peut être une très bonne chose.

  • Speaker #1

    Puisqu'on l'a mentionné, pour revenir là-dessus, l'élection récente du président Diomay Faye au Sénégal a suscité beaucoup de commentaires. Si on s'interroge sur au fond de quoi Diomay est-il le nom, il y a un angle qui nous paraît intéressant, c'est l'angle générationnel. Il a 44 ans, c'est-à-dire 20 ans de moins que son prédécesseur. Alors vous me direz, lui, il est au début de son mandat et son prédécesseur est à la fin, donc il faut corriger ça. Enfin malgré tout, 20 ans de moins. Et quand on voit ce qui se passe, notamment avec les coups de force militaires dans la région, ils sont portés par des jeunes militaires, mais surtout ils sont portés par des gens jeunes. Yvain Traoré au Burkina à 36 ans, Asimil Goïta au Mali avant une quarantaine d'années. Vous qui avez été ministre, travaillé à la présidence, puis en charge de l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes au Sénégal, jeunes, qu'est-ce que cette dichotomie entre la pyramide des âges politiques et la pyramide des âges de la société dit ? Et est-ce qu'au fond c'est pas... Indépendamment des sujets politiques de droit, l'échec d'une génération qui n'a pas réussi à...

  • Speaker #0

    Je ne dirais pas que c'est l'échec d'une génération. Je pense que les autorités ont pu faire... ce qu'ils devaient faire. Il ne faut pas oublier que la plupart de ces États ont connu leur indépendance à partir de 1960 et ont eu des liens particuliers avec les anciennes puissances coloniales qui, comme je le dis souvent, ont eu à accompagner leurs anciennes colonies. Et effectivement, vous avez 100% raison, c'est une question générationnelle. Et pas qu'en Afrique d'ailleurs. Regardez en France. Vous avez vu le Premier ministre en Grande-Bretagne ? En Autriche, au Canada, en Irlande récemment, et d'autres.

  • Speaker #1

    Mais pas aux États-Unis.

  • Speaker #0

    Pas encore, pas encore. Et c'est pas lors des élections de 2024, ça va arriver. Mais je pense que ça va arriver un jour. Je pense que l'heure est à la jeunesse, et la jeunesse est constituée aujourd'hui, dans ces pays, par exemple, le Sénégal dont vous parlez, ou même dans tout l'espace Afrique de l'Ouest. La population est âgée de 15 à 35 ans. Je suis convaincu, moi, je vois le verre à moitié rempli tout le temps, je suis optimiste, la jeunesse est un formidable atout pour l'Afrique. Et aujourd'hui, elle doit être le fer de lance du développement économique et social du continent. Cette jeune génération a besoin de se reconnaître dans ses leaders, dans ses dirigeants, et de prendre en main leur destin. C'est tout à fait naturel et tout le mal que je leur souhaite. que je nous souhaite. Je fais partie aussi de la jeunesse, j'ai 45 ans. Au Sénégal, les jeunes électeurs se sont déplacés en masse et ont voté dans le calme dès le premier tour pour le changement en faveur d'un nouveau président. La démocratie sénégalaise n'en sort que renforcée. Le candidat est non moins premier ministre, M. Amadouba a reconnu sa défaite et félicité les nouvelles autorités au Sénégal. Et nous leur souhaitons bonne chance et à les accompagner à œuvrer pour un Sénégal uni, prospère et développé.

  • Speaker #2

    Alors là, on va aborder l'un des sujets les plus clivants certainement dans la politique à la fois sénégalaise, mais plus largement en Afrique francophone, qui est donc le sujet de la relation avec la France. On aimerait avoir votre point de vue sur ce sujet de débat. Est-ce qu'à votre avis, il s'agit là plus d'un focus des médias français ? ou est-ce qu'effectivement c'est vraiment un sujet central dans les opinions publiques ? Est-ce que ça reflète une réalité ou est-ce que c'est une vieille lune dégagiste, savamment entretenue par des leaders ou des opposants en quête de boucs émissaires comme le défendait Achille Mbembe en 2021, notamment dans un contexte, et on l'a rappelé plus tôt dans l'interview, où les pays africains ont depuis très longtemps maintenant diversifié leurs partenaires économiques et même du point de vue français. Les pays d'Afrique francophone ne représentent pas les premiers partenaires africains sur le continent ?

  • Speaker #0

    Absolument. Je pense que j'ai abordé ces sujets un peu au fil des questions, notamment le renouvellement des partenariats, la diversité des acteurs qui compétissent aujourd'hui sur le continent, qui offrent à l'Afrique une opportunité de diversifier non seulement ses partenaires financiers, ses partenaires techniques et les... Les États avec lesquels ils entretiennent des relations bilatérales, commerciales et qui, à mon avis, je pense, doivent aussi faire... plaisir aux États occidentaux, comme la France, qui cherchent à travers les instruments, par exemple, que nous sommes, la Chambre de développement, que le développement de ces pays. Donc, si nous avons de nouveaux acteurs qui viennent nous accompagner à accomplir cette tâche, nous ne pouvons que nous en réjouir. Cette question est évidemment importante pour nous, banque publique française de développement, que nous sommes, et il ne faut pas, à mon avis, dramatiser la situation. Il n'y a pas de désamour entre les pays africains et la France. Or, cette idée est parfois relayée effectivement par les médias français, européens et certains médias africains de plus en plus, alors que la réalité sur le continent africain est plus nuancée. Les États africains restent nos premiers partenaires et plus de la moitié des activités de l'AFD est réalisée sur le continent africain. Mais nous ne devons pas être auto-centrés aussi et nous voilà la face. car il est tout à fait normal et légitime que ces États africains diversifient leur partenariat. D'ailleurs, cette diversification crée une humiliation, comme je l'ai dit tantôt, parmi nous, acteurs de développement, et nous incite collectivement à innover et faire preuve de solutions que nous apportons à ces pays qui ont de plus en plus l'embarras du choix.

  • Speaker #1

    Dernière question qui nous permettra de faire écho à ce que vous avez dit en introduction sur votre statut hybride, un pied en Afrique, un pied en Europe. Votre pied en Europe...

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, les deux pieds sont en Europe.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, les deux pieds sont en Europe. En tout cas, votre exercice professionnel à l'AFD vous montre au premier chef l'assèchement à venir des financements des bailleurs pour des projets dans le gaz et a fortiori dans le pétrole, dans ce qu'on appelle l'oil and gas. En même temps, votre expérience gouvernementale au Sénégal vous... sensibilise particulièrement à la tentation importante de développement que ça représente pour les pays d'Afrique de l'Ouest. Pour le cas du Sénégal, on peut penser au gisement Grande Tortue, mais ça paraît au Côte d'Ivoire avec le gisement Baleine. On a reçu en ce podcast Yuba Sokona, climatologue malien, ancien vice-président du GIEC, qui affirmait qu'il fallait se méfier de la demande de court terme, et maintenant des pays occidentaux, pour le gaz africain, parce que ça pourrait conduire à des investissements excessifs, et que cette demande pourrait être très conjoncturellement liée à la guerre en Ukraine. Et mieux. amené à des strangle assets, à des actifs échoués pour les Etats africains, inciter les gouvernants africains à ne pas tellement surfer cette vague qui est pourtant tentante. Vous, peut-être en conclusion, quelle est votre position là-dessus ? Alors,

  • Speaker #0

    comme vous l'avez dit, j'ai deux pieds. J'ai le pied africain, le Sénégal, le pied français, AFD. Si je danse sur les pieds AFD, je peux dire que le groupe AFD traduit par ses orientations stratégiques le mandat qui lui... Il est confié par l'État français, dans le cadre de la journal 2030, des Jeux d'autisme et de développement durable et de l'accord de Paris. À ce titre, le groupe AFD promeut à travers ses activités la durabilité sociale et environnementale et exclut le financement des activités dont les impacts négatifs sur les droits humains, les inégalités, le climat ou la biodiversité sont considérés comme incompatibles avec cet objectif. C'est pour cette raison que nous excluons de nos activités les projets liés aux énergies fossiles, qu'il s'agisse de construction d'infrastructures ou de simple prospection. Toutefois, nous ne sommes pas naïfs, et là je prends le pied sénégalais, ou africain, et nous sommes conscients que les projets extractifs, à l'instar de grandes tortues au Sénégal ou d'autres en Côte d'Ivoire, en Ouganda et dans d'autres pays, peuvent représenter une manne financière pour les États, qui font face à d'importants défis économiques, notamment au regard des besoins croissants des populations. Les États africains ou d'autres continents qui ont des isoments importants de gaz ou de pétrole ont la possibilité aujourd'hui de financer, et le font déjà, leurs prospections. La production et la mise en valeur avec le privé et les banques privées, notamment pour le cas du Sénégal avec British Petroleum. Dans ce contexte, nous avons à cœur d'accompagner les transitions énergétiques, notamment dans le cadre du Just Energy Transition Partnership, JETP. qui a été lancée à l'occasion du sommet de Paris pour un nouveau pacte financier en juin 2023. Ainsi, pour permettre l'accélération de ce déploiement d'énergie renouvelable, les partenaires internationaux et les banques multilatérales de développement mobilisent pour une période initiale de 3 à 5 ans à partir de l'année dernière 2,5 milliards d'euros de financement nouveau et additionnel. Ce partenariat pour la transition énergétique a déjà qui a été déployée, qui est en cours de déploiement au Sénégal. en Afrique du Sud, en Indonésie et au Vietnam, en Asie. Enfin, nous travaillons aussi avec les organisations de la société U sur la gouvernance du secteur extractif, notamment au Sénégal d'ailleurs, avec Oxfam, dans le cadre d'un projet renforçant le contrôle citoyen des industries extractives et des finances publiques.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin.

  • Speaker #0

    Ce sera le mot de la fin.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Papa Manoussard. Merci beaucoup, Emile.

  • Speaker #2

    Merci à toi aussi.

  • Speaker #0

    Merci à vous deux. J'étais très heureux de vous accueillir ce matin à l'Agence française de développement. Sous-tit

Description

Dans cet épisode nous recevons Papa Amadou Sarr, Directeur exécutif du Département Mobilisation, partenariat et communication au sein de l'Agence Française de Développement (AFD).


Papa Sarr est également ancien conseiller de Macky Sall à la Présidence de la République du Sénégal et ancien ministre-conseiller en charge de l'Entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER), de 2017 à 2022.


Papa Sarr nous parle de la politique d'aide au développement internationale de l'AFD et de sa filiale d'investissement, Proparco. Il réagit également aux récentes annonces de coupes dans le budget de l'Aide Publique au Développement.


Nous évoquons également avec lui l'actualité politique du Sénégal depuis l'élection à la Présidence de la République de M. Diomaye Faye. Ainsi que l'actualité économique de la sous-région UEMOA à l'heure où plusieurs projets de remplacement du Franc CFA émergent.


Et pour cet épisode je suis accompagné d'Ehemir Abba Sherif, étudiant à Science Po Paris.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    en partenariat avec l'Institut Louis Bachelier et le FINDEV Lab.

  • Speaker #1

    Notre invité aujourd'hui est directeur exécutif du département mobilisation et partenariat en vue de la réalisation des ODD au sein de l'agence française de développement. Vous êtes également ancien ministre sénégalais en charge du portefeuille de l'entrepreneuriat et vous avez commencé votre carrière à l'OCDE. Papa Maloussard, bonjour et merci d'avoir accepté notre invitation.

  • Speaker #0

    Bonjour Essim, le plaisir est pour moi.

  • Speaker #1

    Et pour cet épisode, je suis accompagné de Emir Abachirif, étudiant à Sciences Po. Bonjour Emir.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    On va parler aujourd'hui de l'actualité de l'AFD, notamment de sa stratégie 23-27, ainsi que du continent africain et singulièrement de l'Afrique de l'Ouest, dont vous êtes originaire. Mais peut-être d'abord pour les auditeurs qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous présenter brièvement votre parcours singulier, un pied sur chaque continent, et au fond, aujourd'hui, comment vous vous définiriez-vous ? Comme un homme du développement qui a fait de la politique, comme un politique qui fait actuellement du développement, comme une voix africaine en Europe, peut-être un peu de tout cela ?

  • Speaker #0

    Merci Wessim, je pense que tu as d'abord fait une bonne présentation. Comme tu l'as dit, je suis un citoyen sénégalais et international. Au service aujourd'hui de la politique publique française, de développement et de solidarité internationale, à travers le groupe Agence française des développements, où j'occupe depuis bientôt deux ans les fonctions de directeur exécutif en charge de la mobilisation, des ressources, de la compétence, mais aussi des acteurs de la société civile, des partenariats bilatéraux, multilatéraux. avec les fondations, la société civile et aussi la communication à Paris. Auparavant, j'ai travaillé pour le gouvernement sénégalais, au ministère des Finances, puis à la présence de la République, et en charge d'un programme dont on parlera tout à l'heure sur l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Et auparavant, quelques années plus tôt, j'ai eu à travailler ici même à Paris, à l'OCDE, et enfin à Seattle, au sein de la fondation Bill Melinda Gates. J'ai plutôt été un technicien jusqu'à maintenant. avec une expertise sur les questions de développement économique international. Et je continue à exercer cela, même si j'ai eu à flirter quelque peu avec la politique récemment dans mon pays.

  • Speaker #2

    Alors une question qui s'inscrit dans l'actualité politique avec la campagne des élections européennes qui bat son plein. Est-ce que vous pourriez nous indiquer comment s'inscrit aujourd'hui l'action de l'AFD dans le projet d'européanisation de l'action de développement dont parlait le président Macron ? durant le sommet Afrique-France en janvier 2023, et au contraire, quelle singularité l'AFD développe dans l'écosystème des DFIS, qui sont les Development Financial Institutions.

  • Speaker #0

    Très bonne question. D'abord, je voudrais rappeler que le groupe Agence française de développement contribue à mettre en œuvre la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale, mais aussi du climat, de la biodiversité, de l'éducation, de la paix, de l'urbanisme, de la santé et de la gouvernance, entre autres sujets que nous abordons à travers les pays d'intervention de l'agence. Il y a plus de 150 pays à travers le monde. Notre groupe aujourd'hui est composé de l'Agence française de développement en charge du financement du secteur public et des organisations de la société civile, de la recherche, de l'innovation et de la formation sur le développement durable. Et nous avons deux filiales, Pomparko, dont je suis administrateur, qui est dédié au financement du secteur privé, et Expertise France, notre agence de coopération technique comme la GIZ allemande. La singularité de l'agence réside dans son ADN d'agence de terrain experte au plus près des populations, comme allait dire notre directeur général, du côté des autres. La plupart des agences bilatérales fonctionnent souvent dans les capitales et n'ont pas autant de personnel sur le terrain que nous. Ça, c'est d'abord une singularité. La deuxième est aussi constituée du fait que nous avons, comme vous l'avez bien entendu, une branche qui s'occupe de l'assistance aignais, de l'expertise qui accompagne les gouvernements, le secteur privé, la société civile à mettre en œuvre les programmes. Ça, c'est quelque chose qui est essentiel aujourd'hui sur ce qu'on appelle le package ou le bundle en anglais de l'offre de développement. Nous avons aussi la filiale du secteur privé qui s'occupe du secteur privé, comme d'ailleurs... Les Allemands avec l'IG ou la Banque mondiale avec la Société financière internationale. Donc, ça, ça nous offre une palette d'offres et services qui nous distinguent et nous met aussi à la deuxième place des agences de développement bilatéral derrière les Allemands. Aujourd'hui, avec une empreinte géographique mondiale, souvent, certains pensent que l'agence française de développement intervient seulement dans les pays francophones, mais non, nous sommes présents. Je dirais même plus dans les pays anglophones que dans les pays francophones. Ensuite, nous offrons toute une gamme complète de produits, de subventions, des prêts souverains, des prêts non souverains et des garanties. Et aujourd'hui, je peux dire avec fierté que nous avons atteint un volume d'engagement annuel de 12 milliards d'euros qui nous permet de peser dans le monde des banques publiques de développement. Nous nous distinguons aussi par la diversité de nos secteurs d'intervention pour certains qui restent peu couverts. par les autres bailleurs bilatéraux. Je pense par exemple à la gouvernance, les industries culturelles et créatives ou encore le sport. Enfin, concernant les collaborations, nous allons y revenir, celles-ci aussi sont extrêmement riches et nous sommes par exemple le premier partenaire bilatéral de la Banque mondiale aujourd'hui et avons noué des relations privilégiées avec de nombreux bailleurs bilatéraux en Europe, par exemple la KFW. avec lesquels nous engageons chaque année plus de 2 milliards d'euros de cofinancement, mais aussi des bailleurs hors Europe, à savoir, par exemple, à l'instar du Qatar Fund for Development ou de la Fondation Bill et Melinda Gates, ainsi de suite.

  • Speaker #1

    Justement, sur ce dernier point des bailleurs Europe, alors d'abord sur le sport en cette année olympique, évidemment, et puis notamment au Sénégal, il y a eu un fort investissement de l'AFD dans le domaine des stades, pour ne pas le nommer.

  • Speaker #0

    dans le cadre de la préparation des JOJ, comme effectivement partenaire de l'État sénégalais pour la construction et la rénovation des stades pour accueillir les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2026.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est ce à quoi je faisais référence. Mais justement, sur la question des partenariats hors Europe, vous n'avez pas échappé que dans le monde, il y a un certain nombre d'acteurs émergents qui proposent, qui ont apporté des crédits assez importants dans les banques de développement, qui se présentent elles-mêmes comme des alternatives aux investisseurs traditionnels. Est-ce que vous, qui êtes en charge des partenariats, Vous le vivez comme une nouvelle opportunité de partenariat et au fond un nouvel afflux de fonds ? Ou est-ce que c'est vraiment pour le coup des canaux assez différents avec des partenariats qui sont essentiellement faits pour ce qui concerne l'AFD, n'intègrent pas la question des New Development Bank, AGI, Infrastructure Bank,

  • Speaker #0

    etc. Alors, avant... J'ai travaillé à l'AFD, j'ai été dans un pays en développement, le Sénégal. J'ai été au ministère des Finances et j'ai eu à diriger un service qui s'occupait justement de la coopération économique financière. J'ai été gouverneur du Sénégal, la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et j'ai eu à exercer des fonctions de recherche de fonds et ce qui veut dire qu'aujourd'hui les États africains, à l'instar du Sénégal, Les pays traditionnels de l'Union européenne sont en partenariat avec la France, l'Allemagne, les pays traditionnels de l'Union européenne qui sont inscrits ou qui reportent au niveau du comité d'aide et développement de l'OCDE. À côté, ces États ont aussi des partenariats avec ce qu'on appelle les partenaires dits émergents, qui je pense que ce n'est plus émergent, ils sont vraiment là, que ce soit les Chinois, les Russes, les Turcs et de plus en plus aussi les émergents au sein même du continent africain, à l'instar de l'Afrique du Sud. Ce qui veut dire que ces États ont une offre variée et diversifiée de... financement sans compter aussi les crédits d'export des pays européens de l'Est, mais pas que, de la Chine aussi, de l'Inde. et qui, avec ses crédits Exim Bank, accompagnent davantage ces États pour pouvoir leur apporter une offre diversifiée de produits financiers. Ce qui amène soit, on peut appeler de la compétition, de la concurrence, mais pour moi, c'est de l'émulation, puisque ça permet à ces États d'avoir plusieurs partenaires avec qui discuter et prendre les meilleures ressources qui sont disponibles pour le jeu de développement durable. Donc pour moi, effectivement, ça... peut constituer une menace pour les activités de bailleurs traditionnels. Mais c'est à nous de nous adapter, d'innover et de pouvoir offrir des produits financiers et de la science technique capables d'attirer davantage et d'être au rendez-vous des besoins de ces pays. Et je pense que c'est ce que nous faisons.

  • Speaker #2

    Pour revenir un peu sur l'action de l'AFD dans la stratégie 2023-2027 du groupe, dans la continuité de son action depuis les années 2000, le groupe AFD souhaite donner la priorité aux acteurs non souverains. Vous avez rappelé que vous étiez en charge des partenariats notamment avec la société civile, mais on peut citer aussi comme acteurs non souverains les municipalités, les entreprises à travers l'action, donc via votre filiale ProParco. Vous qui avez été ministre d'un souverain, mais précisément en charge de l'entrepreneuriat, Quel regard portez-vous sur la diversification de ces leviers d'action et quel rôle pour les souverains dans le développement ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Je dirais que les acteurs souverains, les États, où les entreprises publiques restent aujourd'hui les premiers bénéficiaires des projets de l'Agence française de développement. Mais le niveau élevé de la dette publique de certains pays et l'incertitude qui aujourd'hui entoure l'aide publique au développement international limitent les marges de manœuvre et les possibilités d'encourager la croissance par de vastes programmes d'investissement public. Pour que... Si les pays africains en résistent une reprise solide et durable et évitent la récession ou une stagnation économique, le secteur privé devra contribuer davantage au développement économique de ces pays. Il est essentiel et primordial de diversifier les leviers d'action. Par exemple, il s'agit avant tout de diversifier les sources de financement. Les travaux publiés récemment par les services du FMI, d'ici la fin de la décennie, le secteur privé pourrait être amené à apporter chaque année environ des financements supplémentaires en faveur des infrastructures physiques et sociales à autour de 3% du PIB de l'Afrique subsaharienne. Cela représente vraisemblablement environ 5 milliards de dollars par an et près d'un quart du taux d'investissement privé moyen dans la région qui est aujourd'hui de 13%. du PIB. Enfin, la mobilisation pour moi des acteurs privés ne se limite pas aux investissements uniquement, elle passe aussi par l'expertise technique qui doit continuer à être transférés dans une logique de co-développement ou de partenariat. Enfin, les États restent tout à fait centraux dans le développement, notamment parce qu'ils peuvent impulser des réformes attractives pour les investisseurs et de nature à améliorer le climat des affaires qui est parfois mal perçu par les entreprises internationales.

  • Speaker #1

    Avant qu'on passe aux stratégies de développement de manière plus générale, juste pour finir sur l'AFD, comme on l'a vu dans l'actualité récemment, le contexte budgétaire en France est contraint et ça a impacté l'aide au développement. Comment on fait aussi bien avec moins d'argent ? Vous savez,

  • Speaker #0

    le ministre de l'économie et des finances, M. Bruno Le Maire, a lancé en février, du 8 février exactement, 2024, les coupes budgétaires pour 2024 et 2025. Après plusieurs années de hausse de l'aide publique au développement, et aujourd'hui concernée avec une diminution d'environ 800 millions d'euros. Comme l'a souligné Rémi Rioux, notre directeur général, dans l'opinion de ce mois-ci, l'aide publique au développement, je le cite, est le budget de l'État qui a le plus augmenté de tous les budgets publics pendant le premier mandat du président Macron, avec plus de 15 milliards d'euros d'investissement solidaire par an. Nous avons reconstitué une capacité d'action qui nous manquait cruellement. Il n'est pas totalement anormal que le jour où la situation économique est moins favorable contribuée à l'effort nécessaire. Les tensions actuelles des trésoreries et la situation macroéconomique peu favorable a fait qu'il a fallu faire quelques arbitrages et ajustements qui n'affecteront pas forcément notre force de frappe ou notre travail en matière d'aide publique au développement. Car s'agissant de nos prêts bonifiés, le plan d'affaires, De cette année 2024 a été élaboré sur la base le taux d'intérêt plus haut que ceux appliqués actuellement et le groupe AFD devrait donc avoir la capacité de réaliser ce plan d'affaires prévu tel quel. Pour les dons, en revanche, c'est là où il y aura quelques impacts. Ces réductions n'avaient pas été anticipées et, en fonction des derniers arbitrages, cela pourrait effectivement avoir un impact sur nos objectifs de financement. Nous faisons le maximum pour limiter l'impact de cette baisse en 2024 et préserver les priorités telles qu'elles ont été définies par l'État, par exemple en lissant les octrois de subventions sur plusieurs années.

  • Speaker #1

    Alors, pour présenter la deuxième partie de notre interview, nous avons reçu dans ce podcast Jean-Michel Severino qui a dirigé cette maison qui évolue désormais dans un fonds de VC, de Venture Capital africain qui s'appelle Investisseurs et Partenaires et qui a une dimension d'impact assez fort. Et dans cet entretien avec lui, il nous parle justement de la création d'entreprise.

  • Speaker #3

    Si on veut s'interroger sur la possibilité effective de changer ce rythme de création d'emploi, c'est-à-dire d'augmenter massivement la naissance des entreprises et la croissance des PME, il faut permettre à ces entreprises de connaître un taux de mortalité moins élevé. dans leur passage du berceau à l'école maternelle, dans cette fameuse vallée de la mort de l'entrepreneuriat, et ensuite qu'on leur permette d'accélérer leur taux de croissance. C'est une super bonne nouvelle, au sens où nous n'avons pas à nous préoccuper aujourd'hui d'un déficit de mentalité entrepreneuriale dans le continent africain. En revanche, nous savons, et je l'ai déjà évoqué, qu'il y a deux sujets massifs sur lesquels nous pouvons diminuer le taux de décès des entreprises, et ensuite accélérer leur croissance, c'est en jouant sur l'accès aux capacités et l'accès aux finances. Sur l'accès aux finances, nous avons besoin d'écosystèmes. Il n'y a pas un instrument unique qui va permettre à ces entreprises de croître plus vite et de mourir moins nombreuses. Nous avons besoin d'une communauté d'incubateurs et d'accélérateurs qui vont permettre aux projets entrepreneuriaux de devenir plus solidaires. Nous avons besoin de mécanismes de financement qu'on appelle en Europe les prédonneurs, qui vont permettre aux très jeunes projets de se prouver et d'arriver au stade investissable toujours avec moins de chute possible. Et ensuite, nous avons besoin partout de systèmes financiers locaux qui vont permettre à travers des institutions nationales, des fonds d'investissement nationaux, etc., ou régionaux, suivant la taille des entreprises, d'apporter aux entreprises qui sont devenues investissables les capitaux dont elles manquent.

  • Speaker #1

    Donc, comme on l'a entendu, il insiste pour ce qui concerne la création d'un écosystème fort d'entreprises en Afrique, non pas sur le nombre de startups à l'origine, mais plutôt sur la capacité d'une part à scaler et d'autre part à survivre. Vous qui avez été ministre en charge de l'entrepreneuriat, j'imagine que vous avez un regard particulier, au moins pour ce qui concerne le Sénégal. Quelle est votre opinion là-dessus et comment scale up, comme on dit en bon français, les entreprises en Afrique ?

  • Speaker #0

    Écoutez, tout d'abord, je souhaiterais saluer au passage Jean-Michel Sévrino. Un successful entrepreneur qui est aussi un illustre spécialiste des questions de développement et non moins ancien directeur général de notre maison commune, l'AFD. Donc, je ne peux pas le contredire. Toutefois, il faudrait préciser que dans chaque environnement entrepreneurial en Afrique, comme en Europe et aux États-Unis, dans la Silicon Valley, comme partout, il est normal de constater un taux de décès. plus ou moins élevés selon les contextes peu ou prou favorables à l'éclosion entrepreneuriale. Il y a ce qu'on appelle dans le jargon des startups la vallée de la mort ou death valley dans le processus normal d'évolution d'une entreprise et toutes ne survivront pas. Ce qui est important et essentiel est d'en sauver et de maintenir le maximum en vie possible et les aider à grandir, comme je disais tout à l'heure. Les nourrir leur permet de devenir des adolescents, des adultes, jusqu'à la vieillesse et à transmettre. à d'autres générations à venir. C'est ce qui fait la richesse du vieux continent qu'est l'Europe. Et je pense que de plus en plus, on assiste à l'éclosion des entreprises familiales, individuelles, ou qui se professionnalisent davantage pour pouvoir créer des champions. Si on se focalise sur l'Afrique de l'Ouest, on constate que la différence la plus flagrante avec d'autres régions du monde est de très loin l'accès au financement. En effet, les très petites et moyennes entreprises TPMU africaines sont toutes confrontées à un faible taux d'accès au financement bancaire traditionnel, soit en raison des exigences élevées de garanties auxquelles elles ne peuvent pas faire face, soit en raison du coût élevé du crédit. Certains États à l'image du Sénégal et de la Côte d'Ivoire ont mis en place des programmes publics, ce que nous accompagnons par ailleurs pour remédier à cette situation à travers notre initiative Choose Africa 2 sur laquelle je reviendrai. Je peux donner un petit exemple. La structure que j'ai eu à diriger pendant cinq ans, avant mon arrivée à l'Agence française de développement, qui s'intitule la Délégation générale à l'entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes, ou DRFJ, créée à l'époque. En 2016 par le président Macky Sall pour apporter du financement et de l'assistance technique à des jeunes et femmes entrepreneurs sénégalais. Rappelons également que le tissu économique dans ces pays en Afrique de l'Ouest est prédominé par un secteur informel, jusqu'à plus de 90% pour certains d'entre eux, dans lequel ne peut avoir accès au financement et se retrouve donc privé de toute perspective de développement. Après, la question du financement se pose celle des compétences et du capital humain, mais qui représente aussi un coût à financer. En effet, les entrepreneurs du sous-continent africain ont besoin de structures pour le renforcement de leurs capacités, mise aux normes, la mise en place de programmes de qualité, des hangars de stockage et toutes sortes d'infrastructures qui peuvent accompagner les entrepreneurs à passer à l'échelle, comme vous disiez tout à l'heure, et à pouvoir exporter. Parce qu'il y a in fine le challenge des entrepreneurs locaux dans la partie sous-régionale. C'est que le business se fait intra-pays ou intra-région rapide. Mais aujourd'hui, ce qu'il faudrait, c'est que ces entrepreneurs sénégalais, maliens, burkinabés, ivoiriens, béninois, puissent exporter vers l'Europe, vers l'Asie, avec des produits transformés localement, pas seulement des matières premières. Mais je reste convaincu que le premier... Obstacle, c'est l'accès au financement qui reste aujourd'hui le nerf de la guerre. C'est pourquoi que Calafd, pour répondre à ce défi double, le groupe Agence française de développement, en partenariat avec la Banque publique d'investissement, sous l'impulsion du président Emmanuel Macron, a mis en place Choose Africa, qui accompagne les gouvernements africains pour lever ses freins en renforçant les structures publiques d'appui à l'entrepreneuriat et en créant un écosystème favorable à l'entrepreneuriat et à la croissance des TPE, un environnement réglementaire favorable. des infrastructures physiques et l'accès au marché, à travers l'accompagnement des États à mettre en place soit des banques publiques d'investissement ou des banques de développement économique. Cela à travers une enveloppe d'un milliard d'euros à peu près que nous avons pour accompagner une dizaine de pays, avec quatre pays pilotes, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Togo.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Alors maintenant, on vous propose un peu d'élargir la focale et d'aborder l'avenir du marché sous-régional de votre pays, le Sénégal. Effectivement, l'UMOA, on se demande après, on le rappelle, la rupture le 28 janvier 2024 des États du Bali, du Burkina, du Niger, avec la CDAO, qui n'est donc pas une union économique mais plus politique, et les critiques un peu constantes qu'on entend à la fois de ces trois pays-là et notamment des sociétés civiles dans toute la sous-région. Quel avenir aujourd'hui pour l'UMOA ? Et aujourd'hui, comment voyez-vous se développer l'intégration sous-régionale ?

  • Speaker #0

    Je crois personnellement, étant originaire de cette région, que l'UMOA et la CEDEAO ont un bel avenir devant eux. C'est aujourd'hui l'une des zones économiques les plus intégrées en Afrique, je dirais même dans le monde, si on prend l'exemple de la CEDEAO. À ce jour, les trois... Les pays de l'Alliance des États du Sahel, le Burkina Faso, le Mali et le Niger n'ont pas encore quitté officiellement la CDAO. Pour préciser, même s'ils ont annoncé fin janvier 2024 le retrait de l'institution sans délai, les conséquences de ce retrait de la CDAO en matière de commerce, d'investissement et de gouvernance demeureraient limitées à court terme pour la simple bonne raison que les relations commerciales entre ces pays et la sous-région sont encadrées par une cascade d'accords qui se superposent. On a d'abord les accords CDAO, mais aussi les accords UEMOA, avec toute une batterie d'accords bilatéraux, accords de Cotonou, puis de Samoa, avec l'Union européenne par exemple. En revanche, les échanges commerciaux avec les sept pays de la CDAO, non-membres de l'UEMOA là, seraient a priori plus affectés car... il ne bénéficierait pas de la libre circulation des biens. Un retrait de la CDAO pourrait ouvrir la voie à de nouvelles décisions aux conséquences plus lourdes en effet, en premier lieu desquelles un hypothétique retrait de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, UEMOA, et un abandon du franc CFA. Un retrait de l'UEMOA qui s'inscrirait dans la continuité d'un départ de la CDAO sur le plan idéologique mettrait nettement plus de répercussions. L'appartenance aujourd'hui du Burkina Faso, du Mali et du Niger à l'UMOA assure à ces trois pays un régime de chance fixe avec l'euro et une liberté de circulation des biens, des personnes et des capitaux au sein de la zone. Elle permet ainsi une certaine maîtrise de l'inflation, des coûts d'endettement modérés et un environnement stable pour les échanges internationaux. La création de nouvelles devises nationales aujourd'hui ou d'une devise commune aux trois États, dont le taux de chance serait probablement nettement inférieur à celui du franc CFA, aurait pour conséquence un renchérissement net et mécanique des prix des importations, sans aucun doute. D'où une inflation importée et les titres de la dette qui seront libellés en devise. De plus, une sortie de l'UMOA induirait une perte d'accès. au financement des banques régionales et du marché régional des titres et de dettes, d'où on saute dans l'inconnu pour ces pays. La fin de la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux avec les pays de l'IOMO conduirait à une remise à plat complète des relations économiques de ces pays qui sont tous les trois enclavés et extrêmement dépendants des accords avec les pays voisins, membres de l'IOMO, pour leur gestion et leurs importations. Donc, je pense que ces États réfléchiraient encore plus avant de mettre à exécution ces menaces. Dans un tel contexte, il ne faut pas se voiler la face, le maintien du statu quo sur la question aujourd'hui de l'appartenance à l'éluement apparaît comme le scénario le plus réaliste. Ça, j'en suis convaincu à titre personnel. Mais cette décision appartient bien évidemment aux États souverains, de ces trois États dont on a parlé. Et enfin, s'agissant... Du franc CFA, une réforme de la coopération monétaire en zone UEMOA a déjà été amorcée en 2019, quand le président Macron l'a annoncé à Bijan, et depuis, la France n'est plus présente dans les instances de gouvernance de la Banque centrale d'État de l'Afrique de l'Ouest, BCAO. De la même manière, l'obligation de centralisation des réserves de choses sur le compte d'opération du Trésor français n'existe plus. Il appartient désormais aux États membres de l'UMOA et à la BCAO de poursuivre cette réforme qui pourrait notamment aboutir au changement de nom de la devise. Les autorités de l'UMOA ont en effet indiqué leur volonté et leur souhait de passer. du France EFA à l'éco. Je pense que les démarches sont en cours au niveau de l'UMOA et de la CDAO élargie, car le Nigeria est un gros morceau et devrait aussi adhérer à cette monnaie. Les travaux sont en cours et c'est tout le mal que je leur souhaite d'aboutir à avoir cette monnaie commune le plus rapidement possible.

  • Speaker #1

    Justement, à ce sujet, un petit mot. Le nouveau président sénégalais, Diomay Faye, a annoncé... qu'il souhaitait relancer le processus d'intégration monétaire au niveau de la CDAO, dans le cadre du projet de l'ECO, qui non seulement est un changement non politico-symbolique, mais surtout un changement, comme vous le disiez, de taille de marché. Puisque c'est l'intégration nigérienne qui, à elle seule, représente, je crois, plus du double de tout le reste des pays ensemble. Est-ce que, d'un point de vue, vous qui avez pratiqué ces économies, est-ce que ça vous paraîtrait souhaitable ? Et surtout, est-ce que vous pensez que techniquement, c'est faisable, quand on voit la volatilité du NERA, du Cédiganéen, d'arriver relativement vite à un... à une monnaie de la CDAO.

  • Speaker #0

    Oui, si on prend l'exemple de l'Europe, aujourd'hui l'économie européenne est dominée par l'Allemagne et la France. Mais on voit bien une stabilité monétaire. avec la Banque centrale européenne qui joue son rôle. La mise en place d'une monnaie commune qui s'appellerait ECO, avec une banque centrale commune, avec une parité fixe à l'euro, ou à un pôle de monnaie, basket comme ils disent, permettrait à ces États de maîtriser cette inflation qui peut atteindre 30-40% dans certains pays. Et je pense qu'aujourd'hui, les gains qu'ils en tireront avec... une taille de marché de plus de 300 millions d'habitants. En plus du Nigeria et de l'UMOA et les autres pays, je dirais même 400 millions en ferait aujourd'hui l'un des espaces économiques, monétaires, ouverts, intégrés, le plus grand au monde, qui toiserait même l'Europe. Donc aujourd'hui, je pense personnellement, en tant qu'originaire de cette zone, que ça peut être une très bonne chose.

  • Speaker #1

    Puisqu'on l'a mentionné, pour revenir là-dessus, l'élection récente du président Diomay Faye au Sénégal a suscité beaucoup de commentaires. Si on s'interroge sur au fond de quoi Diomay est-il le nom, il y a un angle qui nous paraît intéressant, c'est l'angle générationnel. Il a 44 ans, c'est-à-dire 20 ans de moins que son prédécesseur. Alors vous me direz, lui, il est au début de son mandat et son prédécesseur est à la fin, donc il faut corriger ça. Enfin malgré tout, 20 ans de moins. Et quand on voit ce qui se passe, notamment avec les coups de force militaires dans la région, ils sont portés par des jeunes militaires, mais surtout ils sont portés par des gens jeunes. Yvain Traoré au Burkina à 36 ans, Asimil Goïta au Mali avant une quarantaine d'années. Vous qui avez été ministre, travaillé à la présidence, puis en charge de l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes au Sénégal, jeunes, qu'est-ce que cette dichotomie entre la pyramide des âges politiques et la pyramide des âges de la société dit ? Et est-ce qu'au fond c'est pas... Indépendamment des sujets politiques de droit, l'échec d'une génération qui n'a pas réussi à...

  • Speaker #0

    Je ne dirais pas que c'est l'échec d'une génération. Je pense que les autorités ont pu faire... ce qu'ils devaient faire. Il ne faut pas oublier que la plupart de ces États ont connu leur indépendance à partir de 1960 et ont eu des liens particuliers avec les anciennes puissances coloniales qui, comme je le dis souvent, ont eu à accompagner leurs anciennes colonies. Et effectivement, vous avez 100% raison, c'est une question générationnelle. Et pas qu'en Afrique d'ailleurs. Regardez en France. Vous avez vu le Premier ministre en Grande-Bretagne ? En Autriche, au Canada, en Irlande récemment, et d'autres.

  • Speaker #1

    Mais pas aux États-Unis.

  • Speaker #0

    Pas encore, pas encore. Et c'est pas lors des élections de 2024, ça va arriver. Mais je pense que ça va arriver un jour. Je pense que l'heure est à la jeunesse, et la jeunesse est constituée aujourd'hui, dans ces pays, par exemple, le Sénégal dont vous parlez, ou même dans tout l'espace Afrique de l'Ouest. La population est âgée de 15 à 35 ans. Je suis convaincu, moi, je vois le verre à moitié rempli tout le temps, je suis optimiste, la jeunesse est un formidable atout pour l'Afrique. Et aujourd'hui, elle doit être le fer de lance du développement économique et social du continent. Cette jeune génération a besoin de se reconnaître dans ses leaders, dans ses dirigeants, et de prendre en main leur destin. C'est tout à fait naturel et tout le mal que je leur souhaite. que je nous souhaite. Je fais partie aussi de la jeunesse, j'ai 45 ans. Au Sénégal, les jeunes électeurs se sont déplacés en masse et ont voté dans le calme dès le premier tour pour le changement en faveur d'un nouveau président. La démocratie sénégalaise n'en sort que renforcée. Le candidat est non moins premier ministre, M. Amadouba a reconnu sa défaite et félicité les nouvelles autorités au Sénégal. Et nous leur souhaitons bonne chance et à les accompagner à œuvrer pour un Sénégal uni, prospère et développé.

  • Speaker #2

    Alors là, on va aborder l'un des sujets les plus clivants certainement dans la politique à la fois sénégalaise, mais plus largement en Afrique francophone, qui est donc le sujet de la relation avec la France. On aimerait avoir votre point de vue sur ce sujet de débat. Est-ce qu'à votre avis, il s'agit là plus d'un focus des médias français ? ou est-ce qu'effectivement c'est vraiment un sujet central dans les opinions publiques ? Est-ce que ça reflète une réalité ou est-ce que c'est une vieille lune dégagiste, savamment entretenue par des leaders ou des opposants en quête de boucs émissaires comme le défendait Achille Mbembe en 2021, notamment dans un contexte, et on l'a rappelé plus tôt dans l'interview, où les pays africains ont depuis très longtemps maintenant diversifié leurs partenaires économiques et même du point de vue français. Les pays d'Afrique francophone ne représentent pas les premiers partenaires africains sur le continent ?

  • Speaker #0

    Absolument. Je pense que j'ai abordé ces sujets un peu au fil des questions, notamment le renouvellement des partenariats, la diversité des acteurs qui compétissent aujourd'hui sur le continent, qui offrent à l'Afrique une opportunité de diversifier non seulement ses partenaires financiers, ses partenaires techniques et les... Les États avec lesquels ils entretiennent des relations bilatérales, commerciales et qui, à mon avis, je pense, doivent aussi faire... plaisir aux États occidentaux, comme la France, qui cherchent à travers les instruments, par exemple, que nous sommes, la Chambre de développement, que le développement de ces pays. Donc, si nous avons de nouveaux acteurs qui viennent nous accompagner à accomplir cette tâche, nous ne pouvons que nous en réjouir. Cette question est évidemment importante pour nous, banque publique française de développement, que nous sommes, et il ne faut pas, à mon avis, dramatiser la situation. Il n'y a pas de désamour entre les pays africains et la France. Or, cette idée est parfois relayée effectivement par les médias français, européens et certains médias africains de plus en plus, alors que la réalité sur le continent africain est plus nuancée. Les États africains restent nos premiers partenaires et plus de la moitié des activités de l'AFD est réalisée sur le continent africain. Mais nous ne devons pas être auto-centrés aussi et nous voilà la face. car il est tout à fait normal et légitime que ces États africains diversifient leur partenariat. D'ailleurs, cette diversification crée une humiliation, comme je l'ai dit tantôt, parmi nous, acteurs de développement, et nous incite collectivement à innover et faire preuve de solutions que nous apportons à ces pays qui ont de plus en plus l'embarras du choix.

  • Speaker #1

    Dernière question qui nous permettra de faire écho à ce que vous avez dit en introduction sur votre statut hybride, un pied en Afrique, un pied en Europe. Votre pied en Europe...

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, les deux pieds sont en Europe.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, les deux pieds sont en Europe. En tout cas, votre exercice professionnel à l'AFD vous montre au premier chef l'assèchement à venir des financements des bailleurs pour des projets dans le gaz et a fortiori dans le pétrole, dans ce qu'on appelle l'oil and gas. En même temps, votre expérience gouvernementale au Sénégal vous... sensibilise particulièrement à la tentation importante de développement que ça représente pour les pays d'Afrique de l'Ouest. Pour le cas du Sénégal, on peut penser au gisement Grande Tortue, mais ça paraît au Côte d'Ivoire avec le gisement Baleine. On a reçu en ce podcast Yuba Sokona, climatologue malien, ancien vice-président du GIEC, qui affirmait qu'il fallait se méfier de la demande de court terme, et maintenant des pays occidentaux, pour le gaz africain, parce que ça pourrait conduire à des investissements excessifs, et que cette demande pourrait être très conjoncturellement liée à la guerre en Ukraine. Et mieux. amené à des strangle assets, à des actifs échoués pour les Etats africains, inciter les gouvernants africains à ne pas tellement surfer cette vague qui est pourtant tentante. Vous, peut-être en conclusion, quelle est votre position là-dessus ? Alors,

  • Speaker #0

    comme vous l'avez dit, j'ai deux pieds. J'ai le pied africain, le Sénégal, le pied français, AFD. Si je danse sur les pieds AFD, je peux dire que le groupe AFD traduit par ses orientations stratégiques le mandat qui lui... Il est confié par l'État français, dans le cadre de la journal 2030, des Jeux d'autisme et de développement durable et de l'accord de Paris. À ce titre, le groupe AFD promeut à travers ses activités la durabilité sociale et environnementale et exclut le financement des activités dont les impacts négatifs sur les droits humains, les inégalités, le climat ou la biodiversité sont considérés comme incompatibles avec cet objectif. C'est pour cette raison que nous excluons de nos activités les projets liés aux énergies fossiles, qu'il s'agisse de construction d'infrastructures ou de simple prospection. Toutefois, nous ne sommes pas naïfs, et là je prends le pied sénégalais, ou africain, et nous sommes conscients que les projets extractifs, à l'instar de grandes tortues au Sénégal ou d'autres en Côte d'Ivoire, en Ouganda et dans d'autres pays, peuvent représenter une manne financière pour les États, qui font face à d'importants défis économiques, notamment au regard des besoins croissants des populations. Les États africains ou d'autres continents qui ont des isoments importants de gaz ou de pétrole ont la possibilité aujourd'hui de financer, et le font déjà, leurs prospections. La production et la mise en valeur avec le privé et les banques privées, notamment pour le cas du Sénégal avec British Petroleum. Dans ce contexte, nous avons à cœur d'accompagner les transitions énergétiques, notamment dans le cadre du Just Energy Transition Partnership, JETP. qui a été lancée à l'occasion du sommet de Paris pour un nouveau pacte financier en juin 2023. Ainsi, pour permettre l'accélération de ce déploiement d'énergie renouvelable, les partenaires internationaux et les banques multilatérales de développement mobilisent pour une période initiale de 3 à 5 ans à partir de l'année dernière 2,5 milliards d'euros de financement nouveau et additionnel. Ce partenariat pour la transition énergétique a déjà qui a été déployée, qui est en cours de déploiement au Sénégal. en Afrique du Sud, en Indonésie et au Vietnam, en Asie. Enfin, nous travaillons aussi avec les organisations de la société U sur la gouvernance du secteur extractif, notamment au Sénégal d'ailleurs, avec Oxfam, dans le cadre d'un projet renforçant le contrôle citoyen des industries extractives et des finances publiques.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin.

  • Speaker #0

    Ce sera le mot de la fin.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Papa Manoussard. Merci beaucoup, Emile.

  • Speaker #2

    Merci à toi aussi.

  • Speaker #0

    Merci à vous deux. J'étais très heureux de vous accueillir ce matin à l'Agence française de développement. Sous-tit

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Description

Dans cet épisode nous recevons Papa Amadou Sarr, Directeur exécutif du Département Mobilisation, partenariat et communication au sein de l'Agence Française de Développement (AFD).


Papa Sarr est également ancien conseiller de Macky Sall à la Présidence de la République du Sénégal et ancien ministre-conseiller en charge de l'Entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER), de 2017 à 2022.


Papa Sarr nous parle de la politique d'aide au développement internationale de l'AFD et de sa filiale d'investissement, Proparco. Il réagit également aux récentes annonces de coupes dans le budget de l'Aide Publique au Développement.


Nous évoquons également avec lui l'actualité politique du Sénégal depuis l'élection à la Présidence de la République de M. Diomaye Faye. Ainsi que l'actualité économique de la sous-région UEMOA à l'heure où plusieurs projets de remplacement du Franc CFA émergent.


Et pour cet épisode je suis accompagné d'Ehemir Abba Sherif, étudiant à Science Po Paris.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    en partenariat avec l'Institut Louis Bachelier et le FINDEV Lab.

  • Speaker #1

    Notre invité aujourd'hui est directeur exécutif du département mobilisation et partenariat en vue de la réalisation des ODD au sein de l'agence française de développement. Vous êtes également ancien ministre sénégalais en charge du portefeuille de l'entrepreneuriat et vous avez commencé votre carrière à l'OCDE. Papa Maloussard, bonjour et merci d'avoir accepté notre invitation.

  • Speaker #0

    Bonjour Essim, le plaisir est pour moi.

  • Speaker #1

    Et pour cet épisode, je suis accompagné de Emir Abachirif, étudiant à Sciences Po. Bonjour Emir.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    On va parler aujourd'hui de l'actualité de l'AFD, notamment de sa stratégie 23-27, ainsi que du continent africain et singulièrement de l'Afrique de l'Ouest, dont vous êtes originaire. Mais peut-être d'abord pour les auditeurs qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous présenter brièvement votre parcours singulier, un pied sur chaque continent, et au fond, aujourd'hui, comment vous vous définiriez-vous ? Comme un homme du développement qui a fait de la politique, comme un politique qui fait actuellement du développement, comme une voix africaine en Europe, peut-être un peu de tout cela ?

  • Speaker #0

    Merci Wessim, je pense que tu as d'abord fait une bonne présentation. Comme tu l'as dit, je suis un citoyen sénégalais et international. Au service aujourd'hui de la politique publique française, de développement et de solidarité internationale, à travers le groupe Agence française des développements, où j'occupe depuis bientôt deux ans les fonctions de directeur exécutif en charge de la mobilisation, des ressources, de la compétence, mais aussi des acteurs de la société civile, des partenariats bilatéraux, multilatéraux. avec les fondations, la société civile et aussi la communication à Paris. Auparavant, j'ai travaillé pour le gouvernement sénégalais, au ministère des Finances, puis à la présence de la République, et en charge d'un programme dont on parlera tout à l'heure sur l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Et auparavant, quelques années plus tôt, j'ai eu à travailler ici même à Paris, à l'OCDE, et enfin à Seattle, au sein de la fondation Bill Melinda Gates. J'ai plutôt été un technicien jusqu'à maintenant. avec une expertise sur les questions de développement économique international. Et je continue à exercer cela, même si j'ai eu à flirter quelque peu avec la politique récemment dans mon pays.

  • Speaker #2

    Alors une question qui s'inscrit dans l'actualité politique avec la campagne des élections européennes qui bat son plein. Est-ce que vous pourriez nous indiquer comment s'inscrit aujourd'hui l'action de l'AFD dans le projet d'européanisation de l'action de développement dont parlait le président Macron ? durant le sommet Afrique-France en janvier 2023, et au contraire, quelle singularité l'AFD développe dans l'écosystème des DFIS, qui sont les Development Financial Institutions.

  • Speaker #0

    Très bonne question. D'abord, je voudrais rappeler que le groupe Agence française de développement contribue à mettre en œuvre la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale, mais aussi du climat, de la biodiversité, de l'éducation, de la paix, de l'urbanisme, de la santé et de la gouvernance, entre autres sujets que nous abordons à travers les pays d'intervention de l'agence. Il y a plus de 150 pays à travers le monde. Notre groupe aujourd'hui est composé de l'Agence française de développement en charge du financement du secteur public et des organisations de la société civile, de la recherche, de l'innovation et de la formation sur le développement durable. Et nous avons deux filiales, Pomparko, dont je suis administrateur, qui est dédié au financement du secteur privé, et Expertise France, notre agence de coopération technique comme la GIZ allemande. La singularité de l'agence réside dans son ADN d'agence de terrain experte au plus près des populations, comme allait dire notre directeur général, du côté des autres. La plupart des agences bilatérales fonctionnent souvent dans les capitales et n'ont pas autant de personnel sur le terrain que nous. Ça, c'est d'abord une singularité. La deuxième est aussi constituée du fait que nous avons, comme vous l'avez bien entendu, une branche qui s'occupe de l'assistance aignais, de l'expertise qui accompagne les gouvernements, le secteur privé, la société civile à mettre en œuvre les programmes. Ça, c'est quelque chose qui est essentiel aujourd'hui sur ce qu'on appelle le package ou le bundle en anglais de l'offre de développement. Nous avons aussi la filiale du secteur privé qui s'occupe du secteur privé, comme d'ailleurs... Les Allemands avec l'IG ou la Banque mondiale avec la Société financière internationale. Donc, ça, ça nous offre une palette d'offres et services qui nous distinguent et nous met aussi à la deuxième place des agences de développement bilatéral derrière les Allemands. Aujourd'hui, avec une empreinte géographique mondiale, souvent, certains pensent que l'agence française de développement intervient seulement dans les pays francophones, mais non, nous sommes présents. Je dirais même plus dans les pays anglophones que dans les pays francophones. Ensuite, nous offrons toute une gamme complète de produits, de subventions, des prêts souverains, des prêts non souverains et des garanties. Et aujourd'hui, je peux dire avec fierté que nous avons atteint un volume d'engagement annuel de 12 milliards d'euros qui nous permet de peser dans le monde des banques publiques de développement. Nous nous distinguons aussi par la diversité de nos secteurs d'intervention pour certains qui restent peu couverts. par les autres bailleurs bilatéraux. Je pense par exemple à la gouvernance, les industries culturelles et créatives ou encore le sport. Enfin, concernant les collaborations, nous allons y revenir, celles-ci aussi sont extrêmement riches et nous sommes par exemple le premier partenaire bilatéral de la Banque mondiale aujourd'hui et avons noué des relations privilégiées avec de nombreux bailleurs bilatéraux en Europe, par exemple la KFW. avec lesquels nous engageons chaque année plus de 2 milliards d'euros de cofinancement, mais aussi des bailleurs hors Europe, à savoir, par exemple, à l'instar du Qatar Fund for Development ou de la Fondation Bill et Melinda Gates, ainsi de suite.

  • Speaker #1

    Justement, sur ce dernier point des bailleurs Europe, alors d'abord sur le sport en cette année olympique, évidemment, et puis notamment au Sénégal, il y a eu un fort investissement de l'AFD dans le domaine des stades, pour ne pas le nommer.

  • Speaker #0

    dans le cadre de la préparation des JOJ, comme effectivement partenaire de l'État sénégalais pour la construction et la rénovation des stades pour accueillir les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2026.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est ce à quoi je faisais référence. Mais justement, sur la question des partenariats hors Europe, vous n'avez pas échappé que dans le monde, il y a un certain nombre d'acteurs émergents qui proposent, qui ont apporté des crédits assez importants dans les banques de développement, qui se présentent elles-mêmes comme des alternatives aux investisseurs traditionnels. Est-ce que vous, qui êtes en charge des partenariats, Vous le vivez comme une nouvelle opportunité de partenariat et au fond un nouvel afflux de fonds ? Ou est-ce que c'est vraiment pour le coup des canaux assez différents avec des partenariats qui sont essentiellement faits pour ce qui concerne l'AFD, n'intègrent pas la question des New Development Bank, AGI, Infrastructure Bank,

  • Speaker #0

    etc. Alors, avant... J'ai travaillé à l'AFD, j'ai été dans un pays en développement, le Sénégal. J'ai été au ministère des Finances et j'ai eu à diriger un service qui s'occupait justement de la coopération économique financière. J'ai été gouverneur du Sénégal, la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et j'ai eu à exercer des fonctions de recherche de fonds et ce qui veut dire qu'aujourd'hui les États africains, à l'instar du Sénégal, Les pays traditionnels de l'Union européenne sont en partenariat avec la France, l'Allemagne, les pays traditionnels de l'Union européenne qui sont inscrits ou qui reportent au niveau du comité d'aide et développement de l'OCDE. À côté, ces États ont aussi des partenariats avec ce qu'on appelle les partenaires dits émergents, qui je pense que ce n'est plus émergent, ils sont vraiment là, que ce soit les Chinois, les Russes, les Turcs et de plus en plus aussi les émergents au sein même du continent africain, à l'instar de l'Afrique du Sud. Ce qui veut dire que ces États ont une offre variée et diversifiée de... financement sans compter aussi les crédits d'export des pays européens de l'Est, mais pas que, de la Chine aussi, de l'Inde. et qui, avec ses crédits Exim Bank, accompagnent davantage ces États pour pouvoir leur apporter une offre diversifiée de produits financiers. Ce qui amène soit, on peut appeler de la compétition, de la concurrence, mais pour moi, c'est de l'émulation, puisque ça permet à ces États d'avoir plusieurs partenaires avec qui discuter et prendre les meilleures ressources qui sont disponibles pour le jeu de développement durable. Donc pour moi, effectivement, ça... peut constituer une menace pour les activités de bailleurs traditionnels. Mais c'est à nous de nous adapter, d'innover et de pouvoir offrir des produits financiers et de la science technique capables d'attirer davantage et d'être au rendez-vous des besoins de ces pays. Et je pense que c'est ce que nous faisons.

  • Speaker #2

    Pour revenir un peu sur l'action de l'AFD dans la stratégie 2023-2027 du groupe, dans la continuité de son action depuis les années 2000, le groupe AFD souhaite donner la priorité aux acteurs non souverains. Vous avez rappelé que vous étiez en charge des partenariats notamment avec la société civile, mais on peut citer aussi comme acteurs non souverains les municipalités, les entreprises à travers l'action, donc via votre filiale ProParco. Vous qui avez été ministre d'un souverain, mais précisément en charge de l'entrepreneuriat, Quel regard portez-vous sur la diversification de ces leviers d'action et quel rôle pour les souverains dans le développement ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Je dirais que les acteurs souverains, les États, où les entreprises publiques restent aujourd'hui les premiers bénéficiaires des projets de l'Agence française de développement. Mais le niveau élevé de la dette publique de certains pays et l'incertitude qui aujourd'hui entoure l'aide publique au développement international limitent les marges de manœuvre et les possibilités d'encourager la croissance par de vastes programmes d'investissement public. Pour que... Si les pays africains en résistent une reprise solide et durable et évitent la récession ou une stagnation économique, le secteur privé devra contribuer davantage au développement économique de ces pays. Il est essentiel et primordial de diversifier les leviers d'action. Par exemple, il s'agit avant tout de diversifier les sources de financement. Les travaux publiés récemment par les services du FMI, d'ici la fin de la décennie, le secteur privé pourrait être amené à apporter chaque année environ des financements supplémentaires en faveur des infrastructures physiques et sociales à autour de 3% du PIB de l'Afrique subsaharienne. Cela représente vraisemblablement environ 5 milliards de dollars par an et près d'un quart du taux d'investissement privé moyen dans la région qui est aujourd'hui de 13%. du PIB. Enfin, la mobilisation pour moi des acteurs privés ne se limite pas aux investissements uniquement, elle passe aussi par l'expertise technique qui doit continuer à être transférés dans une logique de co-développement ou de partenariat. Enfin, les États restent tout à fait centraux dans le développement, notamment parce qu'ils peuvent impulser des réformes attractives pour les investisseurs et de nature à améliorer le climat des affaires qui est parfois mal perçu par les entreprises internationales.

  • Speaker #1

    Avant qu'on passe aux stratégies de développement de manière plus générale, juste pour finir sur l'AFD, comme on l'a vu dans l'actualité récemment, le contexte budgétaire en France est contraint et ça a impacté l'aide au développement. Comment on fait aussi bien avec moins d'argent ? Vous savez,

  • Speaker #0

    le ministre de l'économie et des finances, M. Bruno Le Maire, a lancé en février, du 8 février exactement, 2024, les coupes budgétaires pour 2024 et 2025. Après plusieurs années de hausse de l'aide publique au développement, et aujourd'hui concernée avec une diminution d'environ 800 millions d'euros. Comme l'a souligné Rémi Rioux, notre directeur général, dans l'opinion de ce mois-ci, l'aide publique au développement, je le cite, est le budget de l'État qui a le plus augmenté de tous les budgets publics pendant le premier mandat du président Macron, avec plus de 15 milliards d'euros d'investissement solidaire par an. Nous avons reconstitué une capacité d'action qui nous manquait cruellement. Il n'est pas totalement anormal que le jour où la situation économique est moins favorable contribuée à l'effort nécessaire. Les tensions actuelles des trésoreries et la situation macroéconomique peu favorable a fait qu'il a fallu faire quelques arbitrages et ajustements qui n'affecteront pas forcément notre force de frappe ou notre travail en matière d'aide publique au développement. Car s'agissant de nos prêts bonifiés, le plan d'affaires, De cette année 2024 a été élaboré sur la base le taux d'intérêt plus haut que ceux appliqués actuellement et le groupe AFD devrait donc avoir la capacité de réaliser ce plan d'affaires prévu tel quel. Pour les dons, en revanche, c'est là où il y aura quelques impacts. Ces réductions n'avaient pas été anticipées et, en fonction des derniers arbitrages, cela pourrait effectivement avoir un impact sur nos objectifs de financement. Nous faisons le maximum pour limiter l'impact de cette baisse en 2024 et préserver les priorités telles qu'elles ont été définies par l'État, par exemple en lissant les octrois de subventions sur plusieurs années.

  • Speaker #1

    Alors, pour présenter la deuxième partie de notre interview, nous avons reçu dans ce podcast Jean-Michel Severino qui a dirigé cette maison qui évolue désormais dans un fonds de VC, de Venture Capital africain qui s'appelle Investisseurs et Partenaires et qui a une dimension d'impact assez fort. Et dans cet entretien avec lui, il nous parle justement de la création d'entreprise.

  • Speaker #3

    Si on veut s'interroger sur la possibilité effective de changer ce rythme de création d'emploi, c'est-à-dire d'augmenter massivement la naissance des entreprises et la croissance des PME, il faut permettre à ces entreprises de connaître un taux de mortalité moins élevé. dans leur passage du berceau à l'école maternelle, dans cette fameuse vallée de la mort de l'entrepreneuriat, et ensuite qu'on leur permette d'accélérer leur taux de croissance. C'est une super bonne nouvelle, au sens où nous n'avons pas à nous préoccuper aujourd'hui d'un déficit de mentalité entrepreneuriale dans le continent africain. En revanche, nous savons, et je l'ai déjà évoqué, qu'il y a deux sujets massifs sur lesquels nous pouvons diminuer le taux de décès des entreprises, et ensuite accélérer leur croissance, c'est en jouant sur l'accès aux capacités et l'accès aux finances. Sur l'accès aux finances, nous avons besoin d'écosystèmes. Il n'y a pas un instrument unique qui va permettre à ces entreprises de croître plus vite et de mourir moins nombreuses. Nous avons besoin d'une communauté d'incubateurs et d'accélérateurs qui vont permettre aux projets entrepreneuriaux de devenir plus solidaires. Nous avons besoin de mécanismes de financement qu'on appelle en Europe les prédonneurs, qui vont permettre aux très jeunes projets de se prouver et d'arriver au stade investissable toujours avec moins de chute possible. Et ensuite, nous avons besoin partout de systèmes financiers locaux qui vont permettre à travers des institutions nationales, des fonds d'investissement nationaux, etc., ou régionaux, suivant la taille des entreprises, d'apporter aux entreprises qui sont devenues investissables les capitaux dont elles manquent.

  • Speaker #1

    Donc, comme on l'a entendu, il insiste pour ce qui concerne la création d'un écosystème fort d'entreprises en Afrique, non pas sur le nombre de startups à l'origine, mais plutôt sur la capacité d'une part à scaler et d'autre part à survivre. Vous qui avez été ministre en charge de l'entrepreneuriat, j'imagine que vous avez un regard particulier, au moins pour ce qui concerne le Sénégal. Quelle est votre opinion là-dessus et comment scale up, comme on dit en bon français, les entreprises en Afrique ?

  • Speaker #0

    Écoutez, tout d'abord, je souhaiterais saluer au passage Jean-Michel Sévrino. Un successful entrepreneur qui est aussi un illustre spécialiste des questions de développement et non moins ancien directeur général de notre maison commune, l'AFD. Donc, je ne peux pas le contredire. Toutefois, il faudrait préciser que dans chaque environnement entrepreneurial en Afrique, comme en Europe et aux États-Unis, dans la Silicon Valley, comme partout, il est normal de constater un taux de décès. plus ou moins élevés selon les contextes peu ou prou favorables à l'éclosion entrepreneuriale. Il y a ce qu'on appelle dans le jargon des startups la vallée de la mort ou death valley dans le processus normal d'évolution d'une entreprise et toutes ne survivront pas. Ce qui est important et essentiel est d'en sauver et de maintenir le maximum en vie possible et les aider à grandir, comme je disais tout à l'heure. Les nourrir leur permet de devenir des adolescents, des adultes, jusqu'à la vieillesse et à transmettre. à d'autres générations à venir. C'est ce qui fait la richesse du vieux continent qu'est l'Europe. Et je pense que de plus en plus, on assiste à l'éclosion des entreprises familiales, individuelles, ou qui se professionnalisent davantage pour pouvoir créer des champions. Si on se focalise sur l'Afrique de l'Ouest, on constate que la différence la plus flagrante avec d'autres régions du monde est de très loin l'accès au financement. En effet, les très petites et moyennes entreprises TPMU africaines sont toutes confrontées à un faible taux d'accès au financement bancaire traditionnel, soit en raison des exigences élevées de garanties auxquelles elles ne peuvent pas faire face, soit en raison du coût élevé du crédit. Certains États à l'image du Sénégal et de la Côte d'Ivoire ont mis en place des programmes publics, ce que nous accompagnons par ailleurs pour remédier à cette situation à travers notre initiative Choose Africa 2 sur laquelle je reviendrai. Je peux donner un petit exemple. La structure que j'ai eu à diriger pendant cinq ans, avant mon arrivée à l'Agence française de développement, qui s'intitule la Délégation générale à l'entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes, ou DRFJ, créée à l'époque. En 2016 par le président Macky Sall pour apporter du financement et de l'assistance technique à des jeunes et femmes entrepreneurs sénégalais. Rappelons également que le tissu économique dans ces pays en Afrique de l'Ouest est prédominé par un secteur informel, jusqu'à plus de 90% pour certains d'entre eux, dans lequel ne peut avoir accès au financement et se retrouve donc privé de toute perspective de développement. Après, la question du financement se pose celle des compétences et du capital humain, mais qui représente aussi un coût à financer. En effet, les entrepreneurs du sous-continent africain ont besoin de structures pour le renforcement de leurs capacités, mise aux normes, la mise en place de programmes de qualité, des hangars de stockage et toutes sortes d'infrastructures qui peuvent accompagner les entrepreneurs à passer à l'échelle, comme vous disiez tout à l'heure, et à pouvoir exporter. Parce qu'il y a in fine le challenge des entrepreneurs locaux dans la partie sous-régionale. C'est que le business se fait intra-pays ou intra-région rapide. Mais aujourd'hui, ce qu'il faudrait, c'est que ces entrepreneurs sénégalais, maliens, burkinabés, ivoiriens, béninois, puissent exporter vers l'Europe, vers l'Asie, avec des produits transformés localement, pas seulement des matières premières. Mais je reste convaincu que le premier... Obstacle, c'est l'accès au financement qui reste aujourd'hui le nerf de la guerre. C'est pourquoi que Calafd, pour répondre à ce défi double, le groupe Agence française de développement, en partenariat avec la Banque publique d'investissement, sous l'impulsion du président Emmanuel Macron, a mis en place Choose Africa, qui accompagne les gouvernements africains pour lever ses freins en renforçant les structures publiques d'appui à l'entrepreneuriat et en créant un écosystème favorable à l'entrepreneuriat et à la croissance des TPE, un environnement réglementaire favorable. des infrastructures physiques et l'accès au marché, à travers l'accompagnement des États à mettre en place soit des banques publiques d'investissement ou des banques de développement économique. Cela à travers une enveloppe d'un milliard d'euros à peu près que nous avons pour accompagner une dizaine de pays, avec quatre pays pilotes, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Togo.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Alors maintenant, on vous propose un peu d'élargir la focale et d'aborder l'avenir du marché sous-régional de votre pays, le Sénégal. Effectivement, l'UMOA, on se demande après, on le rappelle, la rupture le 28 janvier 2024 des États du Bali, du Burkina, du Niger, avec la CDAO, qui n'est donc pas une union économique mais plus politique, et les critiques un peu constantes qu'on entend à la fois de ces trois pays-là et notamment des sociétés civiles dans toute la sous-région. Quel avenir aujourd'hui pour l'UMOA ? Et aujourd'hui, comment voyez-vous se développer l'intégration sous-régionale ?

  • Speaker #0

    Je crois personnellement, étant originaire de cette région, que l'UMOA et la CEDEAO ont un bel avenir devant eux. C'est aujourd'hui l'une des zones économiques les plus intégrées en Afrique, je dirais même dans le monde, si on prend l'exemple de la CEDEAO. À ce jour, les trois... Les pays de l'Alliance des États du Sahel, le Burkina Faso, le Mali et le Niger n'ont pas encore quitté officiellement la CDAO. Pour préciser, même s'ils ont annoncé fin janvier 2024 le retrait de l'institution sans délai, les conséquences de ce retrait de la CDAO en matière de commerce, d'investissement et de gouvernance demeureraient limitées à court terme pour la simple bonne raison que les relations commerciales entre ces pays et la sous-région sont encadrées par une cascade d'accords qui se superposent. On a d'abord les accords CDAO, mais aussi les accords UEMOA, avec toute une batterie d'accords bilatéraux, accords de Cotonou, puis de Samoa, avec l'Union européenne par exemple. En revanche, les échanges commerciaux avec les sept pays de la CDAO, non-membres de l'UEMOA là, seraient a priori plus affectés car... il ne bénéficierait pas de la libre circulation des biens. Un retrait de la CDAO pourrait ouvrir la voie à de nouvelles décisions aux conséquences plus lourdes en effet, en premier lieu desquelles un hypothétique retrait de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, UEMOA, et un abandon du franc CFA. Un retrait de l'UEMOA qui s'inscrirait dans la continuité d'un départ de la CDAO sur le plan idéologique mettrait nettement plus de répercussions. L'appartenance aujourd'hui du Burkina Faso, du Mali et du Niger à l'UMOA assure à ces trois pays un régime de chance fixe avec l'euro et une liberté de circulation des biens, des personnes et des capitaux au sein de la zone. Elle permet ainsi une certaine maîtrise de l'inflation, des coûts d'endettement modérés et un environnement stable pour les échanges internationaux. La création de nouvelles devises nationales aujourd'hui ou d'une devise commune aux trois États, dont le taux de chance serait probablement nettement inférieur à celui du franc CFA, aurait pour conséquence un renchérissement net et mécanique des prix des importations, sans aucun doute. D'où une inflation importée et les titres de la dette qui seront libellés en devise. De plus, une sortie de l'UMOA induirait une perte d'accès. au financement des banques régionales et du marché régional des titres et de dettes, d'où on saute dans l'inconnu pour ces pays. La fin de la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux avec les pays de l'IOMO conduirait à une remise à plat complète des relations économiques de ces pays qui sont tous les trois enclavés et extrêmement dépendants des accords avec les pays voisins, membres de l'IOMO, pour leur gestion et leurs importations. Donc, je pense que ces États réfléchiraient encore plus avant de mettre à exécution ces menaces. Dans un tel contexte, il ne faut pas se voiler la face, le maintien du statu quo sur la question aujourd'hui de l'appartenance à l'éluement apparaît comme le scénario le plus réaliste. Ça, j'en suis convaincu à titre personnel. Mais cette décision appartient bien évidemment aux États souverains, de ces trois États dont on a parlé. Et enfin, s'agissant... Du franc CFA, une réforme de la coopération monétaire en zone UEMOA a déjà été amorcée en 2019, quand le président Macron l'a annoncé à Bijan, et depuis, la France n'est plus présente dans les instances de gouvernance de la Banque centrale d'État de l'Afrique de l'Ouest, BCAO. De la même manière, l'obligation de centralisation des réserves de choses sur le compte d'opération du Trésor français n'existe plus. Il appartient désormais aux États membres de l'UMOA et à la BCAO de poursuivre cette réforme qui pourrait notamment aboutir au changement de nom de la devise. Les autorités de l'UMOA ont en effet indiqué leur volonté et leur souhait de passer. du France EFA à l'éco. Je pense que les démarches sont en cours au niveau de l'UMOA et de la CDAO élargie, car le Nigeria est un gros morceau et devrait aussi adhérer à cette monnaie. Les travaux sont en cours et c'est tout le mal que je leur souhaite d'aboutir à avoir cette monnaie commune le plus rapidement possible.

  • Speaker #1

    Justement, à ce sujet, un petit mot. Le nouveau président sénégalais, Diomay Faye, a annoncé... qu'il souhaitait relancer le processus d'intégration monétaire au niveau de la CDAO, dans le cadre du projet de l'ECO, qui non seulement est un changement non politico-symbolique, mais surtout un changement, comme vous le disiez, de taille de marché. Puisque c'est l'intégration nigérienne qui, à elle seule, représente, je crois, plus du double de tout le reste des pays ensemble. Est-ce que, d'un point de vue, vous qui avez pratiqué ces économies, est-ce que ça vous paraîtrait souhaitable ? Et surtout, est-ce que vous pensez que techniquement, c'est faisable, quand on voit la volatilité du NERA, du Cédiganéen, d'arriver relativement vite à un... à une monnaie de la CDAO.

  • Speaker #0

    Oui, si on prend l'exemple de l'Europe, aujourd'hui l'économie européenne est dominée par l'Allemagne et la France. Mais on voit bien une stabilité monétaire. avec la Banque centrale européenne qui joue son rôle. La mise en place d'une monnaie commune qui s'appellerait ECO, avec une banque centrale commune, avec une parité fixe à l'euro, ou à un pôle de monnaie, basket comme ils disent, permettrait à ces États de maîtriser cette inflation qui peut atteindre 30-40% dans certains pays. Et je pense qu'aujourd'hui, les gains qu'ils en tireront avec... une taille de marché de plus de 300 millions d'habitants. En plus du Nigeria et de l'UMOA et les autres pays, je dirais même 400 millions en ferait aujourd'hui l'un des espaces économiques, monétaires, ouverts, intégrés, le plus grand au monde, qui toiserait même l'Europe. Donc aujourd'hui, je pense personnellement, en tant qu'originaire de cette zone, que ça peut être une très bonne chose.

  • Speaker #1

    Puisqu'on l'a mentionné, pour revenir là-dessus, l'élection récente du président Diomay Faye au Sénégal a suscité beaucoup de commentaires. Si on s'interroge sur au fond de quoi Diomay est-il le nom, il y a un angle qui nous paraît intéressant, c'est l'angle générationnel. Il a 44 ans, c'est-à-dire 20 ans de moins que son prédécesseur. Alors vous me direz, lui, il est au début de son mandat et son prédécesseur est à la fin, donc il faut corriger ça. Enfin malgré tout, 20 ans de moins. Et quand on voit ce qui se passe, notamment avec les coups de force militaires dans la région, ils sont portés par des jeunes militaires, mais surtout ils sont portés par des gens jeunes. Yvain Traoré au Burkina à 36 ans, Asimil Goïta au Mali avant une quarantaine d'années. Vous qui avez été ministre, travaillé à la présidence, puis en charge de l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes au Sénégal, jeunes, qu'est-ce que cette dichotomie entre la pyramide des âges politiques et la pyramide des âges de la société dit ? Et est-ce qu'au fond c'est pas... Indépendamment des sujets politiques de droit, l'échec d'une génération qui n'a pas réussi à...

  • Speaker #0

    Je ne dirais pas que c'est l'échec d'une génération. Je pense que les autorités ont pu faire... ce qu'ils devaient faire. Il ne faut pas oublier que la plupart de ces États ont connu leur indépendance à partir de 1960 et ont eu des liens particuliers avec les anciennes puissances coloniales qui, comme je le dis souvent, ont eu à accompagner leurs anciennes colonies. Et effectivement, vous avez 100% raison, c'est une question générationnelle. Et pas qu'en Afrique d'ailleurs. Regardez en France. Vous avez vu le Premier ministre en Grande-Bretagne ? En Autriche, au Canada, en Irlande récemment, et d'autres.

  • Speaker #1

    Mais pas aux États-Unis.

  • Speaker #0

    Pas encore, pas encore. Et c'est pas lors des élections de 2024, ça va arriver. Mais je pense que ça va arriver un jour. Je pense que l'heure est à la jeunesse, et la jeunesse est constituée aujourd'hui, dans ces pays, par exemple, le Sénégal dont vous parlez, ou même dans tout l'espace Afrique de l'Ouest. La population est âgée de 15 à 35 ans. Je suis convaincu, moi, je vois le verre à moitié rempli tout le temps, je suis optimiste, la jeunesse est un formidable atout pour l'Afrique. Et aujourd'hui, elle doit être le fer de lance du développement économique et social du continent. Cette jeune génération a besoin de se reconnaître dans ses leaders, dans ses dirigeants, et de prendre en main leur destin. C'est tout à fait naturel et tout le mal que je leur souhaite. que je nous souhaite. Je fais partie aussi de la jeunesse, j'ai 45 ans. Au Sénégal, les jeunes électeurs se sont déplacés en masse et ont voté dans le calme dès le premier tour pour le changement en faveur d'un nouveau président. La démocratie sénégalaise n'en sort que renforcée. Le candidat est non moins premier ministre, M. Amadouba a reconnu sa défaite et félicité les nouvelles autorités au Sénégal. Et nous leur souhaitons bonne chance et à les accompagner à œuvrer pour un Sénégal uni, prospère et développé.

  • Speaker #2

    Alors là, on va aborder l'un des sujets les plus clivants certainement dans la politique à la fois sénégalaise, mais plus largement en Afrique francophone, qui est donc le sujet de la relation avec la France. On aimerait avoir votre point de vue sur ce sujet de débat. Est-ce qu'à votre avis, il s'agit là plus d'un focus des médias français ? ou est-ce qu'effectivement c'est vraiment un sujet central dans les opinions publiques ? Est-ce que ça reflète une réalité ou est-ce que c'est une vieille lune dégagiste, savamment entretenue par des leaders ou des opposants en quête de boucs émissaires comme le défendait Achille Mbembe en 2021, notamment dans un contexte, et on l'a rappelé plus tôt dans l'interview, où les pays africains ont depuis très longtemps maintenant diversifié leurs partenaires économiques et même du point de vue français. Les pays d'Afrique francophone ne représentent pas les premiers partenaires africains sur le continent ?

  • Speaker #0

    Absolument. Je pense que j'ai abordé ces sujets un peu au fil des questions, notamment le renouvellement des partenariats, la diversité des acteurs qui compétissent aujourd'hui sur le continent, qui offrent à l'Afrique une opportunité de diversifier non seulement ses partenaires financiers, ses partenaires techniques et les... Les États avec lesquels ils entretiennent des relations bilatérales, commerciales et qui, à mon avis, je pense, doivent aussi faire... plaisir aux États occidentaux, comme la France, qui cherchent à travers les instruments, par exemple, que nous sommes, la Chambre de développement, que le développement de ces pays. Donc, si nous avons de nouveaux acteurs qui viennent nous accompagner à accomplir cette tâche, nous ne pouvons que nous en réjouir. Cette question est évidemment importante pour nous, banque publique française de développement, que nous sommes, et il ne faut pas, à mon avis, dramatiser la situation. Il n'y a pas de désamour entre les pays africains et la France. Or, cette idée est parfois relayée effectivement par les médias français, européens et certains médias africains de plus en plus, alors que la réalité sur le continent africain est plus nuancée. Les États africains restent nos premiers partenaires et plus de la moitié des activités de l'AFD est réalisée sur le continent africain. Mais nous ne devons pas être auto-centrés aussi et nous voilà la face. car il est tout à fait normal et légitime que ces États africains diversifient leur partenariat. D'ailleurs, cette diversification crée une humiliation, comme je l'ai dit tantôt, parmi nous, acteurs de développement, et nous incite collectivement à innover et faire preuve de solutions que nous apportons à ces pays qui ont de plus en plus l'embarras du choix.

  • Speaker #1

    Dernière question qui nous permettra de faire écho à ce que vous avez dit en introduction sur votre statut hybride, un pied en Afrique, un pied en Europe. Votre pied en Europe...

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, les deux pieds sont en Europe.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, les deux pieds sont en Europe. En tout cas, votre exercice professionnel à l'AFD vous montre au premier chef l'assèchement à venir des financements des bailleurs pour des projets dans le gaz et a fortiori dans le pétrole, dans ce qu'on appelle l'oil and gas. En même temps, votre expérience gouvernementale au Sénégal vous... sensibilise particulièrement à la tentation importante de développement que ça représente pour les pays d'Afrique de l'Ouest. Pour le cas du Sénégal, on peut penser au gisement Grande Tortue, mais ça paraît au Côte d'Ivoire avec le gisement Baleine. On a reçu en ce podcast Yuba Sokona, climatologue malien, ancien vice-président du GIEC, qui affirmait qu'il fallait se méfier de la demande de court terme, et maintenant des pays occidentaux, pour le gaz africain, parce que ça pourrait conduire à des investissements excessifs, et que cette demande pourrait être très conjoncturellement liée à la guerre en Ukraine. Et mieux. amené à des strangle assets, à des actifs échoués pour les Etats africains, inciter les gouvernants africains à ne pas tellement surfer cette vague qui est pourtant tentante. Vous, peut-être en conclusion, quelle est votre position là-dessus ? Alors,

  • Speaker #0

    comme vous l'avez dit, j'ai deux pieds. J'ai le pied africain, le Sénégal, le pied français, AFD. Si je danse sur les pieds AFD, je peux dire que le groupe AFD traduit par ses orientations stratégiques le mandat qui lui... Il est confié par l'État français, dans le cadre de la journal 2030, des Jeux d'autisme et de développement durable et de l'accord de Paris. À ce titre, le groupe AFD promeut à travers ses activités la durabilité sociale et environnementale et exclut le financement des activités dont les impacts négatifs sur les droits humains, les inégalités, le climat ou la biodiversité sont considérés comme incompatibles avec cet objectif. C'est pour cette raison que nous excluons de nos activités les projets liés aux énergies fossiles, qu'il s'agisse de construction d'infrastructures ou de simple prospection. Toutefois, nous ne sommes pas naïfs, et là je prends le pied sénégalais, ou africain, et nous sommes conscients que les projets extractifs, à l'instar de grandes tortues au Sénégal ou d'autres en Côte d'Ivoire, en Ouganda et dans d'autres pays, peuvent représenter une manne financière pour les États, qui font face à d'importants défis économiques, notamment au regard des besoins croissants des populations. Les États africains ou d'autres continents qui ont des isoments importants de gaz ou de pétrole ont la possibilité aujourd'hui de financer, et le font déjà, leurs prospections. La production et la mise en valeur avec le privé et les banques privées, notamment pour le cas du Sénégal avec British Petroleum. Dans ce contexte, nous avons à cœur d'accompagner les transitions énergétiques, notamment dans le cadre du Just Energy Transition Partnership, JETP. qui a été lancée à l'occasion du sommet de Paris pour un nouveau pacte financier en juin 2023. Ainsi, pour permettre l'accélération de ce déploiement d'énergie renouvelable, les partenaires internationaux et les banques multilatérales de développement mobilisent pour une période initiale de 3 à 5 ans à partir de l'année dernière 2,5 milliards d'euros de financement nouveau et additionnel. Ce partenariat pour la transition énergétique a déjà qui a été déployée, qui est en cours de déploiement au Sénégal. en Afrique du Sud, en Indonésie et au Vietnam, en Asie. Enfin, nous travaillons aussi avec les organisations de la société U sur la gouvernance du secteur extractif, notamment au Sénégal d'ailleurs, avec Oxfam, dans le cadre d'un projet renforçant le contrôle citoyen des industries extractives et des finances publiques.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin.

  • Speaker #0

    Ce sera le mot de la fin.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Papa Manoussard. Merci beaucoup, Emile.

  • Speaker #2

    Merci à toi aussi.

  • Speaker #0

    Merci à vous deux. J'étais très heureux de vous accueillir ce matin à l'Agence française de développement. Sous-tit

Description

Dans cet épisode nous recevons Papa Amadou Sarr, Directeur exécutif du Département Mobilisation, partenariat et communication au sein de l'Agence Française de Développement (AFD).


Papa Sarr est également ancien conseiller de Macky Sall à la Présidence de la République du Sénégal et ancien ministre-conseiller en charge de l'Entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER), de 2017 à 2022.


Papa Sarr nous parle de la politique d'aide au développement internationale de l'AFD et de sa filiale d'investissement, Proparco. Il réagit également aux récentes annonces de coupes dans le budget de l'Aide Publique au Développement.


Nous évoquons également avec lui l'actualité politique du Sénégal depuis l'élection à la Présidence de la République de M. Diomaye Faye. Ainsi que l'actualité économique de la sous-région UEMOA à l'heure où plusieurs projets de remplacement du Franc CFA émergent.


Et pour cet épisode je suis accompagné d'Ehemir Abba Sherif, étudiant à Science Po Paris.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    en partenariat avec l'Institut Louis Bachelier et le FINDEV Lab.

  • Speaker #1

    Notre invité aujourd'hui est directeur exécutif du département mobilisation et partenariat en vue de la réalisation des ODD au sein de l'agence française de développement. Vous êtes également ancien ministre sénégalais en charge du portefeuille de l'entrepreneuriat et vous avez commencé votre carrière à l'OCDE. Papa Maloussard, bonjour et merci d'avoir accepté notre invitation.

  • Speaker #0

    Bonjour Essim, le plaisir est pour moi.

  • Speaker #1

    Et pour cet épisode, je suis accompagné de Emir Abachirif, étudiant à Sciences Po. Bonjour Emir.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    On va parler aujourd'hui de l'actualité de l'AFD, notamment de sa stratégie 23-27, ainsi que du continent africain et singulièrement de l'Afrique de l'Ouest, dont vous êtes originaire. Mais peut-être d'abord pour les auditeurs qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous présenter brièvement votre parcours singulier, un pied sur chaque continent, et au fond, aujourd'hui, comment vous vous définiriez-vous ? Comme un homme du développement qui a fait de la politique, comme un politique qui fait actuellement du développement, comme une voix africaine en Europe, peut-être un peu de tout cela ?

  • Speaker #0

    Merci Wessim, je pense que tu as d'abord fait une bonne présentation. Comme tu l'as dit, je suis un citoyen sénégalais et international. Au service aujourd'hui de la politique publique française, de développement et de solidarité internationale, à travers le groupe Agence française des développements, où j'occupe depuis bientôt deux ans les fonctions de directeur exécutif en charge de la mobilisation, des ressources, de la compétence, mais aussi des acteurs de la société civile, des partenariats bilatéraux, multilatéraux. avec les fondations, la société civile et aussi la communication à Paris. Auparavant, j'ai travaillé pour le gouvernement sénégalais, au ministère des Finances, puis à la présence de la République, et en charge d'un programme dont on parlera tout à l'heure sur l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Et auparavant, quelques années plus tôt, j'ai eu à travailler ici même à Paris, à l'OCDE, et enfin à Seattle, au sein de la fondation Bill Melinda Gates. J'ai plutôt été un technicien jusqu'à maintenant. avec une expertise sur les questions de développement économique international. Et je continue à exercer cela, même si j'ai eu à flirter quelque peu avec la politique récemment dans mon pays.

  • Speaker #2

    Alors une question qui s'inscrit dans l'actualité politique avec la campagne des élections européennes qui bat son plein. Est-ce que vous pourriez nous indiquer comment s'inscrit aujourd'hui l'action de l'AFD dans le projet d'européanisation de l'action de développement dont parlait le président Macron ? durant le sommet Afrique-France en janvier 2023, et au contraire, quelle singularité l'AFD développe dans l'écosystème des DFIS, qui sont les Development Financial Institutions.

  • Speaker #0

    Très bonne question. D'abord, je voudrais rappeler que le groupe Agence française de développement contribue à mettre en œuvre la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale, mais aussi du climat, de la biodiversité, de l'éducation, de la paix, de l'urbanisme, de la santé et de la gouvernance, entre autres sujets que nous abordons à travers les pays d'intervention de l'agence. Il y a plus de 150 pays à travers le monde. Notre groupe aujourd'hui est composé de l'Agence française de développement en charge du financement du secteur public et des organisations de la société civile, de la recherche, de l'innovation et de la formation sur le développement durable. Et nous avons deux filiales, Pomparko, dont je suis administrateur, qui est dédié au financement du secteur privé, et Expertise France, notre agence de coopération technique comme la GIZ allemande. La singularité de l'agence réside dans son ADN d'agence de terrain experte au plus près des populations, comme allait dire notre directeur général, du côté des autres. La plupart des agences bilatérales fonctionnent souvent dans les capitales et n'ont pas autant de personnel sur le terrain que nous. Ça, c'est d'abord une singularité. La deuxième est aussi constituée du fait que nous avons, comme vous l'avez bien entendu, une branche qui s'occupe de l'assistance aignais, de l'expertise qui accompagne les gouvernements, le secteur privé, la société civile à mettre en œuvre les programmes. Ça, c'est quelque chose qui est essentiel aujourd'hui sur ce qu'on appelle le package ou le bundle en anglais de l'offre de développement. Nous avons aussi la filiale du secteur privé qui s'occupe du secteur privé, comme d'ailleurs... Les Allemands avec l'IG ou la Banque mondiale avec la Société financière internationale. Donc, ça, ça nous offre une palette d'offres et services qui nous distinguent et nous met aussi à la deuxième place des agences de développement bilatéral derrière les Allemands. Aujourd'hui, avec une empreinte géographique mondiale, souvent, certains pensent que l'agence française de développement intervient seulement dans les pays francophones, mais non, nous sommes présents. Je dirais même plus dans les pays anglophones que dans les pays francophones. Ensuite, nous offrons toute une gamme complète de produits, de subventions, des prêts souverains, des prêts non souverains et des garanties. Et aujourd'hui, je peux dire avec fierté que nous avons atteint un volume d'engagement annuel de 12 milliards d'euros qui nous permet de peser dans le monde des banques publiques de développement. Nous nous distinguons aussi par la diversité de nos secteurs d'intervention pour certains qui restent peu couverts. par les autres bailleurs bilatéraux. Je pense par exemple à la gouvernance, les industries culturelles et créatives ou encore le sport. Enfin, concernant les collaborations, nous allons y revenir, celles-ci aussi sont extrêmement riches et nous sommes par exemple le premier partenaire bilatéral de la Banque mondiale aujourd'hui et avons noué des relations privilégiées avec de nombreux bailleurs bilatéraux en Europe, par exemple la KFW. avec lesquels nous engageons chaque année plus de 2 milliards d'euros de cofinancement, mais aussi des bailleurs hors Europe, à savoir, par exemple, à l'instar du Qatar Fund for Development ou de la Fondation Bill et Melinda Gates, ainsi de suite.

  • Speaker #1

    Justement, sur ce dernier point des bailleurs Europe, alors d'abord sur le sport en cette année olympique, évidemment, et puis notamment au Sénégal, il y a eu un fort investissement de l'AFD dans le domaine des stades, pour ne pas le nommer.

  • Speaker #0

    dans le cadre de la préparation des JOJ, comme effectivement partenaire de l'État sénégalais pour la construction et la rénovation des stades pour accueillir les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2026.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est ce à quoi je faisais référence. Mais justement, sur la question des partenariats hors Europe, vous n'avez pas échappé que dans le monde, il y a un certain nombre d'acteurs émergents qui proposent, qui ont apporté des crédits assez importants dans les banques de développement, qui se présentent elles-mêmes comme des alternatives aux investisseurs traditionnels. Est-ce que vous, qui êtes en charge des partenariats, Vous le vivez comme une nouvelle opportunité de partenariat et au fond un nouvel afflux de fonds ? Ou est-ce que c'est vraiment pour le coup des canaux assez différents avec des partenariats qui sont essentiellement faits pour ce qui concerne l'AFD, n'intègrent pas la question des New Development Bank, AGI, Infrastructure Bank,

  • Speaker #0

    etc. Alors, avant... J'ai travaillé à l'AFD, j'ai été dans un pays en développement, le Sénégal. J'ai été au ministère des Finances et j'ai eu à diriger un service qui s'occupait justement de la coopération économique financière. J'ai été gouverneur du Sénégal, la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et j'ai eu à exercer des fonctions de recherche de fonds et ce qui veut dire qu'aujourd'hui les États africains, à l'instar du Sénégal, Les pays traditionnels de l'Union européenne sont en partenariat avec la France, l'Allemagne, les pays traditionnels de l'Union européenne qui sont inscrits ou qui reportent au niveau du comité d'aide et développement de l'OCDE. À côté, ces États ont aussi des partenariats avec ce qu'on appelle les partenaires dits émergents, qui je pense que ce n'est plus émergent, ils sont vraiment là, que ce soit les Chinois, les Russes, les Turcs et de plus en plus aussi les émergents au sein même du continent africain, à l'instar de l'Afrique du Sud. Ce qui veut dire que ces États ont une offre variée et diversifiée de... financement sans compter aussi les crédits d'export des pays européens de l'Est, mais pas que, de la Chine aussi, de l'Inde. et qui, avec ses crédits Exim Bank, accompagnent davantage ces États pour pouvoir leur apporter une offre diversifiée de produits financiers. Ce qui amène soit, on peut appeler de la compétition, de la concurrence, mais pour moi, c'est de l'émulation, puisque ça permet à ces États d'avoir plusieurs partenaires avec qui discuter et prendre les meilleures ressources qui sont disponibles pour le jeu de développement durable. Donc pour moi, effectivement, ça... peut constituer une menace pour les activités de bailleurs traditionnels. Mais c'est à nous de nous adapter, d'innover et de pouvoir offrir des produits financiers et de la science technique capables d'attirer davantage et d'être au rendez-vous des besoins de ces pays. Et je pense que c'est ce que nous faisons.

  • Speaker #2

    Pour revenir un peu sur l'action de l'AFD dans la stratégie 2023-2027 du groupe, dans la continuité de son action depuis les années 2000, le groupe AFD souhaite donner la priorité aux acteurs non souverains. Vous avez rappelé que vous étiez en charge des partenariats notamment avec la société civile, mais on peut citer aussi comme acteurs non souverains les municipalités, les entreprises à travers l'action, donc via votre filiale ProParco. Vous qui avez été ministre d'un souverain, mais précisément en charge de l'entrepreneuriat, Quel regard portez-vous sur la diversification de ces leviers d'action et quel rôle pour les souverains dans le développement ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Je dirais que les acteurs souverains, les États, où les entreprises publiques restent aujourd'hui les premiers bénéficiaires des projets de l'Agence française de développement. Mais le niveau élevé de la dette publique de certains pays et l'incertitude qui aujourd'hui entoure l'aide publique au développement international limitent les marges de manœuvre et les possibilités d'encourager la croissance par de vastes programmes d'investissement public. Pour que... Si les pays africains en résistent une reprise solide et durable et évitent la récession ou une stagnation économique, le secteur privé devra contribuer davantage au développement économique de ces pays. Il est essentiel et primordial de diversifier les leviers d'action. Par exemple, il s'agit avant tout de diversifier les sources de financement. Les travaux publiés récemment par les services du FMI, d'ici la fin de la décennie, le secteur privé pourrait être amené à apporter chaque année environ des financements supplémentaires en faveur des infrastructures physiques et sociales à autour de 3% du PIB de l'Afrique subsaharienne. Cela représente vraisemblablement environ 5 milliards de dollars par an et près d'un quart du taux d'investissement privé moyen dans la région qui est aujourd'hui de 13%. du PIB. Enfin, la mobilisation pour moi des acteurs privés ne se limite pas aux investissements uniquement, elle passe aussi par l'expertise technique qui doit continuer à être transférés dans une logique de co-développement ou de partenariat. Enfin, les États restent tout à fait centraux dans le développement, notamment parce qu'ils peuvent impulser des réformes attractives pour les investisseurs et de nature à améliorer le climat des affaires qui est parfois mal perçu par les entreprises internationales.

  • Speaker #1

    Avant qu'on passe aux stratégies de développement de manière plus générale, juste pour finir sur l'AFD, comme on l'a vu dans l'actualité récemment, le contexte budgétaire en France est contraint et ça a impacté l'aide au développement. Comment on fait aussi bien avec moins d'argent ? Vous savez,

  • Speaker #0

    le ministre de l'économie et des finances, M. Bruno Le Maire, a lancé en février, du 8 février exactement, 2024, les coupes budgétaires pour 2024 et 2025. Après plusieurs années de hausse de l'aide publique au développement, et aujourd'hui concernée avec une diminution d'environ 800 millions d'euros. Comme l'a souligné Rémi Rioux, notre directeur général, dans l'opinion de ce mois-ci, l'aide publique au développement, je le cite, est le budget de l'État qui a le plus augmenté de tous les budgets publics pendant le premier mandat du président Macron, avec plus de 15 milliards d'euros d'investissement solidaire par an. Nous avons reconstitué une capacité d'action qui nous manquait cruellement. Il n'est pas totalement anormal que le jour où la situation économique est moins favorable contribuée à l'effort nécessaire. Les tensions actuelles des trésoreries et la situation macroéconomique peu favorable a fait qu'il a fallu faire quelques arbitrages et ajustements qui n'affecteront pas forcément notre force de frappe ou notre travail en matière d'aide publique au développement. Car s'agissant de nos prêts bonifiés, le plan d'affaires, De cette année 2024 a été élaboré sur la base le taux d'intérêt plus haut que ceux appliqués actuellement et le groupe AFD devrait donc avoir la capacité de réaliser ce plan d'affaires prévu tel quel. Pour les dons, en revanche, c'est là où il y aura quelques impacts. Ces réductions n'avaient pas été anticipées et, en fonction des derniers arbitrages, cela pourrait effectivement avoir un impact sur nos objectifs de financement. Nous faisons le maximum pour limiter l'impact de cette baisse en 2024 et préserver les priorités telles qu'elles ont été définies par l'État, par exemple en lissant les octrois de subventions sur plusieurs années.

  • Speaker #1

    Alors, pour présenter la deuxième partie de notre interview, nous avons reçu dans ce podcast Jean-Michel Severino qui a dirigé cette maison qui évolue désormais dans un fonds de VC, de Venture Capital africain qui s'appelle Investisseurs et Partenaires et qui a une dimension d'impact assez fort. Et dans cet entretien avec lui, il nous parle justement de la création d'entreprise.

  • Speaker #3

    Si on veut s'interroger sur la possibilité effective de changer ce rythme de création d'emploi, c'est-à-dire d'augmenter massivement la naissance des entreprises et la croissance des PME, il faut permettre à ces entreprises de connaître un taux de mortalité moins élevé. dans leur passage du berceau à l'école maternelle, dans cette fameuse vallée de la mort de l'entrepreneuriat, et ensuite qu'on leur permette d'accélérer leur taux de croissance. C'est une super bonne nouvelle, au sens où nous n'avons pas à nous préoccuper aujourd'hui d'un déficit de mentalité entrepreneuriale dans le continent africain. En revanche, nous savons, et je l'ai déjà évoqué, qu'il y a deux sujets massifs sur lesquels nous pouvons diminuer le taux de décès des entreprises, et ensuite accélérer leur croissance, c'est en jouant sur l'accès aux capacités et l'accès aux finances. Sur l'accès aux finances, nous avons besoin d'écosystèmes. Il n'y a pas un instrument unique qui va permettre à ces entreprises de croître plus vite et de mourir moins nombreuses. Nous avons besoin d'une communauté d'incubateurs et d'accélérateurs qui vont permettre aux projets entrepreneuriaux de devenir plus solidaires. Nous avons besoin de mécanismes de financement qu'on appelle en Europe les prédonneurs, qui vont permettre aux très jeunes projets de se prouver et d'arriver au stade investissable toujours avec moins de chute possible. Et ensuite, nous avons besoin partout de systèmes financiers locaux qui vont permettre à travers des institutions nationales, des fonds d'investissement nationaux, etc., ou régionaux, suivant la taille des entreprises, d'apporter aux entreprises qui sont devenues investissables les capitaux dont elles manquent.

  • Speaker #1

    Donc, comme on l'a entendu, il insiste pour ce qui concerne la création d'un écosystème fort d'entreprises en Afrique, non pas sur le nombre de startups à l'origine, mais plutôt sur la capacité d'une part à scaler et d'autre part à survivre. Vous qui avez été ministre en charge de l'entrepreneuriat, j'imagine que vous avez un regard particulier, au moins pour ce qui concerne le Sénégal. Quelle est votre opinion là-dessus et comment scale up, comme on dit en bon français, les entreprises en Afrique ?

  • Speaker #0

    Écoutez, tout d'abord, je souhaiterais saluer au passage Jean-Michel Sévrino. Un successful entrepreneur qui est aussi un illustre spécialiste des questions de développement et non moins ancien directeur général de notre maison commune, l'AFD. Donc, je ne peux pas le contredire. Toutefois, il faudrait préciser que dans chaque environnement entrepreneurial en Afrique, comme en Europe et aux États-Unis, dans la Silicon Valley, comme partout, il est normal de constater un taux de décès. plus ou moins élevés selon les contextes peu ou prou favorables à l'éclosion entrepreneuriale. Il y a ce qu'on appelle dans le jargon des startups la vallée de la mort ou death valley dans le processus normal d'évolution d'une entreprise et toutes ne survivront pas. Ce qui est important et essentiel est d'en sauver et de maintenir le maximum en vie possible et les aider à grandir, comme je disais tout à l'heure. Les nourrir leur permet de devenir des adolescents, des adultes, jusqu'à la vieillesse et à transmettre. à d'autres générations à venir. C'est ce qui fait la richesse du vieux continent qu'est l'Europe. Et je pense que de plus en plus, on assiste à l'éclosion des entreprises familiales, individuelles, ou qui se professionnalisent davantage pour pouvoir créer des champions. Si on se focalise sur l'Afrique de l'Ouest, on constate que la différence la plus flagrante avec d'autres régions du monde est de très loin l'accès au financement. En effet, les très petites et moyennes entreprises TPMU africaines sont toutes confrontées à un faible taux d'accès au financement bancaire traditionnel, soit en raison des exigences élevées de garanties auxquelles elles ne peuvent pas faire face, soit en raison du coût élevé du crédit. Certains États à l'image du Sénégal et de la Côte d'Ivoire ont mis en place des programmes publics, ce que nous accompagnons par ailleurs pour remédier à cette situation à travers notre initiative Choose Africa 2 sur laquelle je reviendrai. Je peux donner un petit exemple. La structure que j'ai eu à diriger pendant cinq ans, avant mon arrivée à l'Agence française de développement, qui s'intitule la Délégation générale à l'entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes, ou DRFJ, créée à l'époque. En 2016 par le président Macky Sall pour apporter du financement et de l'assistance technique à des jeunes et femmes entrepreneurs sénégalais. Rappelons également que le tissu économique dans ces pays en Afrique de l'Ouest est prédominé par un secteur informel, jusqu'à plus de 90% pour certains d'entre eux, dans lequel ne peut avoir accès au financement et se retrouve donc privé de toute perspective de développement. Après, la question du financement se pose celle des compétences et du capital humain, mais qui représente aussi un coût à financer. En effet, les entrepreneurs du sous-continent africain ont besoin de structures pour le renforcement de leurs capacités, mise aux normes, la mise en place de programmes de qualité, des hangars de stockage et toutes sortes d'infrastructures qui peuvent accompagner les entrepreneurs à passer à l'échelle, comme vous disiez tout à l'heure, et à pouvoir exporter. Parce qu'il y a in fine le challenge des entrepreneurs locaux dans la partie sous-régionale. C'est que le business se fait intra-pays ou intra-région rapide. Mais aujourd'hui, ce qu'il faudrait, c'est que ces entrepreneurs sénégalais, maliens, burkinabés, ivoiriens, béninois, puissent exporter vers l'Europe, vers l'Asie, avec des produits transformés localement, pas seulement des matières premières. Mais je reste convaincu que le premier... Obstacle, c'est l'accès au financement qui reste aujourd'hui le nerf de la guerre. C'est pourquoi que Calafd, pour répondre à ce défi double, le groupe Agence française de développement, en partenariat avec la Banque publique d'investissement, sous l'impulsion du président Emmanuel Macron, a mis en place Choose Africa, qui accompagne les gouvernements africains pour lever ses freins en renforçant les structures publiques d'appui à l'entrepreneuriat et en créant un écosystème favorable à l'entrepreneuriat et à la croissance des TPE, un environnement réglementaire favorable. des infrastructures physiques et l'accès au marché, à travers l'accompagnement des États à mettre en place soit des banques publiques d'investissement ou des banques de développement économique. Cela à travers une enveloppe d'un milliard d'euros à peu près que nous avons pour accompagner une dizaine de pays, avec quatre pays pilotes, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Togo.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Alors maintenant, on vous propose un peu d'élargir la focale et d'aborder l'avenir du marché sous-régional de votre pays, le Sénégal. Effectivement, l'UMOA, on se demande après, on le rappelle, la rupture le 28 janvier 2024 des États du Bali, du Burkina, du Niger, avec la CDAO, qui n'est donc pas une union économique mais plus politique, et les critiques un peu constantes qu'on entend à la fois de ces trois pays-là et notamment des sociétés civiles dans toute la sous-région. Quel avenir aujourd'hui pour l'UMOA ? Et aujourd'hui, comment voyez-vous se développer l'intégration sous-régionale ?

  • Speaker #0

    Je crois personnellement, étant originaire de cette région, que l'UMOA et la CEDEAO ont un bel avenir devant eux. C'est aujourd'hui l'une des zones économiques les plus intégrées en Afrique, je dirais même dans le monde, si on prend l'exemple de la CEDEAO. À ce jour, les trois... Les pays de l'Alliance des États du Sahel, le Burkina Faso, le Mali et le Niger n'ont pas encore quitté officiellement la CDAO. Pour préciser, même s'ils ont annoncé fin janvier 2024 le retrait de l'institution sans délai, les conséquences de ce retrait de la CDAO en matière de commerce, d'investissement et de gouvernance demeureraient limitées à court terme pour la simple bonne raison que les relations commerciales entre ces pays et la sous-région sont encadrées par une cascade d'accords qui se superposent. On a d'abord les accords CDAO, mais aussi les accords UEMOA, avec toute une batterie d'accords bilatéraux, accords de Cotonou, puis de Samoa, avec l'Union européenne par exemple. En revanche, les échanges commerciaux avec les sept pays de la CDAO, non-membres de l'UEMOA là, seraient a priori plus affectés car... il ne bénéficierait pas de la libre circulation des biens. Un retrait de la CDAO pourrait ouvrir la voie à de nouvelles décisions aux conséquences plus lourdes en effet, en premier lieu desquelles un hypothétique retrait de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, UEMOA, et un abandon du franc CFA. Un retrait de l'UEMOA qui s'inscrirait dans la continuité d'un départ de la CDAO sur le plan idéologique mettrait nettement plus de répercussions. L'appartenance aujourd'hui du Burkina Faso, du Mali et du Niger à l'UMOA assure à ces trois pays un régime de chance fixe avec l'euro et une liberté de circulation des biens, des personnes et des capitaux au sein de la zone. Elle permet ainsi une certaine maîtrise de l'inflation, des coûts d'endettement modérés et un environnement stable pour les échanges internationaux. La création de nouvelles devises nationales aujourd'hui ou d'une devise commune aux trois États, dont le taux de chance serait probablement nettement inférieur à celui du franc CFA, aurait pour conséquence un renchérissement net et mécanique des prix des importations, sans aucun doute. D'où une inflation importée et les titres de la dette qui seront libellés en devise. De plus, une sortie de l'UMOA induirait une perte d'accès. au financement des banques régionales et du marché régional des titres et de dettes, d'où on saute dans l'inconnu pour ces pays. La fin de la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux avec les pays de l'IOMO conduirait à une remise à plat complète des relations économiques de ces pays qui sont tous les trois enclavés et extrêmement dépendants des accords avec les pays voisins, membres de l'IOMO, pour leur gestion et leurs importations. Donc, je pense que ces États réfléchiraient encore plus avant de mettre à exécution ces menaces. Dans un tel contexte, il ne faut pas se voiler la face, le maintien du statu quo sur la question aujourd'hui de l'appartenance à l'éluement apparaît comme le scénario le plus réaliste. Ça, j'en suis convaincu à titre personnel. Mais cette décision appartient bien évidemment aux États souverains, de ces trois États dont on a parlé. Et enfin, s'agissant... Du franc CFA, une réforme de la coopération monétaire en zone UEMOA a déjà été amorcée en 2019, quand le président Macron l'a annoncé à Bijan, et depuis, la France n'est plus présente dans les instances de gouvernance de la Banque centrale d'État de l'Afrique de l'Ouest, BCAO. De la même manière, l'obligation de centralisation des réserves de choses sur le compte d'opération du Trésor français n'existe plus. Il appartient désormais aux États membres de l'UMOA et à la BCAO de poursuivre cette réforme qui pourrait notamment aboutir au changement de nom de la devise. Les autorités de l'UMOA ont en effet indiqué leur volonté et leur souhait de passer. du France EFA à l'éco. Je pense que les démarches sont en cours au niveau de l'UMOA et de la CDAO élargie, car le Nigeria est un gros morceau et devrait aussi adhérer à cette monnaie. Les travaux sont en cours et c'est tout le mal que je leur souhaite d'aboutir à avoir cette monnaie commune le plus rapidement possible.

  • Speaker #1

    Justement, à ce sujet, un petit mot. Le nouveau président sénégalais, Diomay Faye, a annoncé... qu'il souhaitait relancer le processus d'intégration monétaire au niveau de la CDAO, dans le cadre du projet de l'ECO, qui non seulement est un changement non politico-symbolique, mais surtout un changement, comme vous le disiez, de taille de marché. Puisque c'est l'intégration nigérienne qui, à elle seule, représente, je crois, plus du double de tout le reste des pays ensemble. Est-ce que, d'un point de vue, vous qui avez pratiqué ces économies, est-ce que ça vous paraîtrait souhaitable ? Et surtout, est-ce que vous pensez que techniquement, c'est faisable, quand on voit la volatilité du NERA, du Cédiganéen, d'arriver relativement vite à un... à une monnaie de la CDAO.

  • Speaker #0

    Oui, si on prend l'exemple de l'Europe, aujourd'hui l'économie européenne est dominée par l'Allemagne et la France. Mais on voit bien une stabilité monétaire. avec la Banque centrale européenne qui joue son rôle. La mise en place d'une monnaie commune qui s'appellerait ECO, avec une banque centrale commune, avec une parité fixe à l'euro, ou à un pôle de monnaie, basket comme ils disent, permettrait à ces États de maîtriser cette inflation qui peut atteindre 30-40% dans certains pays. Et je pense qu'aujourd'hui, les gains qu'ils en tireront avec... une taille de marché de plus de 300 millions d'habitants. En plus du Nigeria et de l'UMOA et les autres pays, je dirais même 400 millions en ferait aujourd'hui l'un des espaces économiques, monétaires, ouverts, intégrés, le plus grand au monde, qui toiserait même l'Europe. Donc aujourd'hui, je pense personnellement, en tant qu'originaire de cette zone, que ça peut être une très bonne chose.

  • Speaker #1

    Puisqu'on l'a mentionné, pour revenir là-dessus, l'élection récente du président Diomay Faye au Sénégal a suscité beaucoup de commentaires. Si on s'interroge sur au fond de quoi Diomay est-il le nom, il y a un angle qui nous paraît intéressant, c'est l'angle générationnel. Il a 44 ans, c'est-à-dire 20 ans de moins que son prédécesseur. Alors vous me direz, lui, il est au début de son mandat et son prédécesseur est à la fin, donc il faut corriger ça. Enfin malgré tout, 20 ans de moins. Et quand on voit ce qui se passe, notamment avec les coups de force militaires dans la région, ils sont portés par des jeunes militaires, mais surtout ils sont portés par des gens jeunes. Yvain Traoré au Burkina à 36 ans, Asimil Goïta au Mali avant une quarantaine d'années. Vous qui avez été ministre, travaillé à la présidence, puis en charge de l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes au Sénégal, jeunes, qu'est-ce que cette dichotomie entre la pyramide des âges politiques et la pyramide des âges de la société dit ? Et est-ce qu'au fond c'est pas... Indépendamment des sujets politiques de droit, l'échec d'une génération qui n'a pas réussi à...

  • Speaker #0

    Je ne dirais pas que c'est l'échec d'une génération. Je pense que les autorités ont pu faire... ce qu'ils devaient faire. Il ne faut pas oublier que la plupart de ces États ont connu leur indépendance à partir de 1960 et ont eu des liens particuliers avec les anciennes puissances coloniales qui, comme je le dis souvent, ont eu à accompagner leurs anciennes colonies. Et effectivement, vous avez 100% raison, c'est une question générationnelle. Et pas qu'en Afrique d'ailleurs. Regardez en France. Vous avez vu le Premier ministre en Grande-Bretagne ? En Autriche, au Canada, en Irlande récemment, et d'autres.

  • Speaker #1

    Mais pas aux États-Unis.

  • Speaker #0

    Pas encore, pas encore. Et c'est pas lors des élections de 2024, ça va arriver. Mais je pense que ça va arriver un jour. Je pense que l'heure est à la jeunesse, et la jeunesse est constituée aujourd'hui, dans ces pays, par exemple, le Sénégal dont vous parlez, ou même dans tout l'espace Afrique de l'Ouest. La population est âgée de 15 à 35 ans. Je suis convaincu, moi, je vois le verre à moitié rempli tout le temps, je suis optimiste, la jeunesse est un formidable atout pour l'Afrique. Et aujourd'hui, elle doit être le fer de lance du développement économique et social du continent. Cette jeune génération a besoin de se reconnaître dans ses leaders, dans ses dirigeants, et de prendre en main leur destin. C'est tout à fait naturel et tout le mal que je leur souhaite. que je nous souhaite. Je fais partie aussi de la jeunesse, j'ai 45 ans. Au Sénégal, les jeunes électeurs se sont déplacés en masse et ont voté dans le calme dès le premier tour pour le changement en faveur d'un nouveau président. La démocratie sénégalaise n'en sort que renforcée. Le candidat est non moins premier ministre, M. Amadouba a reconnu sa défaite et félicité les nouvelles autorités au Sénégal. Et nous leur souhaitons bonne chance et à les accompagner à œuvrer pour un Sénégal uni, prospère et développé.

  • Speaker #2

    Alors là, on va aborder l'un des sujets les plus clivants certainement dans la politique à la fois sénégalaise, mais plus largement en Afrique francophone, qui est donc le sujet de la relation avec la France. On aimerait avoir votre point de vue sur ce sujet de débat. Est-ce qu'à votre avis, il s'agit là plus d'un focus des médias français ? ou est-ce qu'effectivement c'est vraiment un sujet central dans les opinions publiques ? Est-ce que ça reflète une réalité ou est-ce que c'est une vieille lune dégagiste, savamment entretenue par des leaders ou des opposants en quête de boucs émissaires comme le défendait Achille Mbembe en 2021, notamment dans un contexte, et on l'a rappelé plus tôt dans l'interview, où les pays africains ont depuis très longtemps maintenant diversifié leurs partenaires économiques et même du point de vue français. Les pays d'Afrique francophone ne représentent pas les premiers partenaires africains sur le continent ?

  • Speaker #0

    Absolument. Je pense que j'ai abordé ces sujets un peu au fil des questions, notamment le renouvellement des partenariats, la diversité des acteurs qui compétissent aujourd'hui sur le continent, qui offrent à l'Afrique une opportunité de diversifier non seulement ses partenaires financiers, ses partenaires techniques et les... Les États avec lesquels ils entretiennent des relations bilatérales, commerciales et qui, à mon avis, je pense, doivent aussi faire... plaisir aux États occidentaux, comme la France, qui cherchent à travers les instruments, par exemple, que nous sommes, la Chambre de développement, que le développement de ces pays. Donc, si nous avons de nouveaux acteurs qui viennent nous accompagner à accomplir cette tâche, nous ne pouvons que nous en réjouir. Cette question est évidemment importante pour nous, banque publique française de développement, que nous sommes, et il ne faut pas, à mon avis, dramatiser la situation. Il n'y a pas de désamour entre les pays africains et la France. Or, cette idée est parfois relayée effectivement par les médias français, européens et certains médias africains de plus en plus, alors que la réalité sur le continent africain est plus nuancée. Les États africains restent nos premiers partenaires et plus de la moitié des activités de l'AFD est réalisée sur le continent africain. Mais nous ne devons pas être auto-centrés aussi et nous voilà la face. car il est tout à fait normal et légitime que ces États africains diversifient leur partenariat. D'ailleurs, cette diversification crée une humiliation, comme je l'ai dit tantôt, parmi nous, acteurs de développement, et nous incite collectivement à innover et faire preuve de solutions que nous apportons à ces pays qui ont de plus en plus l'embarras du choix.

  • Speaker #1

    Dernière question qui nous permettra de faire écho à ce que vous avez dit en introduction sur votre statut hybride, un pied en Afrique, un pied en Europe. Votre pied en Europe...

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, les deux pieds sont en Europe.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, les deux pieds sont en Europe. En tout cas, votre exercice professionnel à l'AFD vous montre au premier chef l'assèchement à venir des financements des bailleurs pour des projets dans le gaz et a fortiori dans le pétrole, dans ce qu'on appelle l'oil and gas. En même temps, votre expérience gouvernementale au Sénégal vous... sensibilise particulièrement à la tentation importante de développement que ça représente pour les pays d'Afrique de l'Ouest. Pour le cas du Sénégal, on peut penser au gisement Grande Tortue, mais ça paraît au Côte d'Ivoire avec le gisement Baleine. On a reçu en ce podcast Yuba Sokona, climatologue malien, ancien vice-président du GIEC, qui affirmait qu'il fallait se méfier de la demande de court terme, et maintenant des pays occidentaux, pour le gaz africain, parce que ça pourrait conduire à des investissements excessifs, et que cette demande pourrait être très conjoncturellement liée à la guerre en Ukraine. Et mieux. amené à des strangle assets, à des actifs échoués pour les Etats africains, inciter les gouvernants africains à ne pas tellement surfer cette vague qui est pourtant tentante. Vous, peut-être en conclusion, quelle est votre position là-dessus ? Alors,

  • Speaker #0

    comme vous l'avez dit, j'ai deux pieds. J'ai le pied africain, le Sénégal, le pied français, AFD. Si je danse sur les pieds AFD, je peux dire que le groupe AFD traduit par ses orientations stratégiques le mandat qui lui... Il est confié par l'État français, dans le cadre de la journal 2030, des Jeux d'autisme et de développement durable et de l'accord de Paris. À ce titre, le groupe AFD promeut à travers ses activités la durabilité sociale et environnementale et exclut le financement des activités dont les impacts négatifs sur les droits humains, les inégalités, le climat ou la biodiversité sont considérés comme incompatibles avec cet objectif. C'est pour cette raison que nous excluons de nos activités les projets liés aux énergies fossiles, qu'il s'agisse de construction d'infrastructures ou de simple prospection. Toutefois, nous ne sommes pas naïfs, et là je prends le pied sénégalais, ou africain, et nous sommes conscients que les projets extractifs, à l'instar de grandes tortues au Sénégal ou d'autres en Côte d'Ivoire, en Ouganda et dans d'autres pays, peuvent représenter une manne financière pour les États, qui font face à d'importants défis économiques, notamment au regard des besoins croissants des populations. Les États africains ou d'autres continents qui ont des isoments importants de gaz ou de pétrole ont la possibilité aujourd'hui de financer, et le font déjà, leurs prospections. La production et la mise en valeur avec le privé et les banques privées, notamment pour le cas du Sénégal avec British Petroleum. Dans ce contexte, nous avons à cœur d'accompagner les transitions énergétiques, notamment dans le cadre du Just Energy Transition Partnership, JETP. qui a été lancée à l'occasion du sommet de Paris pour un nouveau pacte financier en juin 2023. Ainsi, pour permettre l'accélération de ce déploiement d'énergie renouvelable, les partenaires internationaux et les banques multilatérales de développement mobilisent pour une période initiale de 3 à 5 ans à partir de l'année dernière 2,5 milliards d'euros de financement nouveau et additionnel. Ce partenariat pour la transition énergétique a déjà qui a été déployée, qui est en cours de déploiement au Sénégal. en Afrique du Sud, en Indonésie et au Vietnam, en Asie. Enfin, nous travaillons aussi avec les organisations de la société U sur la gouvernance du secteur extractif, notamment au Sénégal d'ailleurs, avec Oxfam, dans le cadre d'un projet renforçant le contrôle citoyen des industries extractives et des finances publiques.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin.

  • Speaker #0

    Ce sera le mot de la fin.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Papa Manoussard. Merci beaucoup, Emile.

  • Speaker #2

    Merci à toi aussi.

  • Speaker #0

    Merci à vous deux. J'étais très heureux de vous accueillir ce matin à l'Agence française de développement. Sous-tit

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