- Speaker #0
Aujourd'hui j'ai l'impression que c'est que la forme qui est importante aujourd'hui, les pieds d'aujourd'hui. Ouais c'est marrant parce que je suis en plein dedans quoi, donc la respiration, la respiration c'est l'absorption, c'est l'économie de vie. Donc quand j'inspire, j'inspire de l'air mais j'inspire aussi mon partenaire. Quand j'expire...
- Speaker #1
Bienvenue dans ce tout premier épisode de notre nouveau podcast consacré à l'Aïkido. Nous avons la chance de pouvoir lancer ce projet grâce au soutien de la Fédération de l'Union Belge Aïkido qui a cru en cette idée originale, imaginée et portée par Laurent Duval et René Clambeau. Ce podcast est une nouvelle manière d'aller à la rencontre des pratiquants, de partager des parcours, des réflexions, des émotions. L'objectif, c'est de donner la parole à tous ceux qui font vivre l'Aïkido d'aujourd'hui. Des grands maîtres que l'on croise dans des stages internationaux, des anciens de la Fédération ou d'ailleurs dont la mémoire est précieuse. Des jeunes pratiquants qui découvrent et construisent leur voie et peut-être vous, dans les émissions à venir. Pour ce premier épisode, nous avons reçu un pratiquant et un enseignant qui inspire la jeunesse. La profondeur et la sincérité de sa pratique est tellement importante. Il s'agit de Brahim Siguesmi. Sixième dan aujourd'hui, il a commencé l'Aïkido auprès de son père avant de poursuivre une pratique exigeante et passionnée qui l'a conduit à enseigner l'Aïkido à Vincennes aujourd'hui. Reconnu pour son Aikido fluide, précis et puissant, il dirige de nombreux stages internationaux et transmet une vision profondément humaine et vivante de la discipline. Son enseignement est emprunt d'exigence mais de bienveillance également. Il met en avant le mouvement naturel, la connexion et la recherche d'authenticité dans la pratique. C'est un pratiquant passionné, généreux et un pédagogue inspirant. Place à la rencontre, bienvenue dans ce premier épisode et bonne écoute avec Brian.
- Speaker #0
Brahim, bienvenue.
- Speaker #1
On avait comme projet de lancer cette année 2025-2026 une idée de podcast, une idée de podcast où on allait essayer d'interviewer, de rencontrer les différents maîtres qu'on avait, et même les anciens de nos clubs, etc. Et en fait, tu es le premier. Tu as la chance de pouvoir inaugurer ça, ou en tout cas de nous faire découvrir le concept. Et sur le principe, on s'était dit qu'on allait partir sur une idée de petits papiers. Parce qu'en fait, ici en Belgique, il y a une émission qui existe sur la radio, et le concept, c'est qu'il y a des petits papiers sur lesquels il est écrit juste un mot. Et on avait envie de reproduire un peu la même chose, donc tu vas avoir juste un mot. tu vas le prendre et puis après tu vas pouvoir le lire et nous dire tiens pour toi ce que ça évoque et puis après on voit ce que ce qu'on peut construire comme comme petite interaction comme petit retour autour autour de ça c'est un examen psychologique quoi peut-être
- Speaker #0
Premier petit papier alors dans celui-là c'est déjà trop près ça m'intéresse pas je vais au plus loin ça marche alors attention attention Respiration, wow, respiration. Allez, respiration. Bien sûr, on est dans le monde de l'aïkido là.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Alors, respiration, si je te dis que cette année, je ne dis pas de bêtises, je crois que ça fait 48 ou 49 ans que je pratique l'aïkido. Et la respiration, honnêtement, ça ne fait pas très longtemps que... que je prends ça vraiment avec du sérieux comme quoi on en parle on en parle souvent mais ouais la respiration il y a maintenant seulement où je prends conscience que c'est super super important alors pas uniquement pour l'aïkido bien sûr on en a vu tous les jours mais le fait que justement tu saches respirer ça te canalise tu contrôles tes émotions tu le kokyo arrive s'installe mais c'est marrant parce que je Dans ma jeunesse, je pense que c'est un petit peu un truc un peu... On l'a plus entendu. Tu fais ton boulot, tu as un cardio, tu ne te rends pas compte, mais en fait la respiration elle est hyper importante, parce que tu dois te caler également, alors là je suis aujourd'hui à ma recherche, à me caler ma respiration avec mon partenaire. Donc je ne suis plus trop en train de penser à comment je respire, mais c'est marrant parce que je suis en plein dedans, donc la respiration c'est l'absorption, c'est l'échno... Donc quand j'inspire, j'inspire de l'air, mais j'inspire aussi mon partenaire, et quand j'expire de l'air, j'expire mon partenaire, donc il y a vraiment un lien avec ça, et puis si tu emportes ta forme, ta respiration, tu ne peux pas aller loin non plus.
- Speaker #1
Dans tes stages, tu y fais référence ou c'est quelque chose que...
- Speaker #0
Pour l'instant honnêtement, peut-être que ça... Ça peut m'arriver, ça peut m'arriver quand on me pose la question, mais je ne le développe pas encore parce que, comme je te dis, je suis en plein dedans. Donc, je n'aime pas trop m'exprimer sur des choses où je n'ai pas encore fait le tour.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Il n'y a rien de pire que l'enseignant à qui tu poses une question et qui n'a pas la réponse et qui fait semblant de l'avoir.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Donc là, si on me posait la question, je dirais que pour l'instant, c'est, on va dire, consciemment sans lettre. Mais voilà, c'est très, très important. Je fais des mouvements de respiration et maintenant j'en ai conscience qu'avant c'était vraiment un truc... On va dire automatique quoi.
- Speaker #1
Super. Deuxième petit papier.
- Speaker #0
Ok, alors... Non, non, non, il doit être toujours plus loin.
- Speaker #1
Je vois, je vois.
- Speaker #0
Transmission, waouh ! Ça c'est la question.
- Speaker #1
Ils sont tous du même accabilité. Ouais,
- Speaker #0
transmission. Grosse responsabilité. Alors bon, moi c'est mon métier, je suis vraiment impliqué là-dedans. C'est vraiment une grosse, grosse responsabilité, je pense, en tant qu'enseignant. Alors la transmission, ce n'est pas évident, parce que je connais, j'ai connu de très grands experts, techniquement très, très forts. mais qui n'arrivaient pas à transmettre. Donc, c'est pas si facile que ça, c'est pas inné, je pense.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Comme je dis, c'est une grosse responsabilité. Du fait de, moi en tout cas, la transmission m'a fait déjà, quand j'ai commencé à me rendre compte que j'étais enseignant vraiment professionnel, parce que c'est arrivé comme ça, la première chose c'était déjà le fait que de transmettre, je devais être dans une situation de rigueur. Donc je devais vraiment faire attention à ce que je fais, parce qu'avant de transmettre, il faut déjà prendre conscience de ce que tu fais. Le fait de refaire à chaque fois la même chose pour que la transmission déjà par la vue puisse se faire plus facilement, comme je dis, c'est une grosse responsabilité. C'est une grosse, grosse responsabilité la transmission.
- Speaker #1
Et si je vais plus loin, si tu voulais que les gens ne gardent qu'une chose, pour toi, qu'est-ce qui te semblerait le plus essentiel dans ta transmission ?
- Speaker #0
Dans la mienne personnelle ?
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Bon alors ça peut aller loin mais... Comment je pourrais te dire ça là ? Tu me prends un peu vite en blanc là. Est-ce que j'aimerais laisser vraiment le plus... Alors déjà... Dans la transmission, l'enseignant doit transmettre... La première chose qu'il doit faire, moi je pense, c'est dans la joie. Alors on peut être très bon pédagogue, mais si c'est trop fermé, trop serré, c'est par le sou... Moi je crois que je suis né dans... Pas dans les choux, mais dans le sourire. Et donc c'est quelque chose qui pour moi est normal. Et le fait, je pense, de transmettre avec une atmosphère, et une ambiance de plaisir, c'est déjà, ça ouvre un petit peu la porte à plein de choses. Et puis bien sûr, ne pas raconter n'importe quoi, et puis ne pas avoir honte aussi. Des fois on me demande, « Ah Brahim, ça fait tant d'années que tu fais de l'aïkido, et on me pose des questions et je n'ai pas la réponse. » Alors la transmission, ce n'est pas toujours dire qu'on a la réponse et des fois raconter un peu n'importe quoi. Donc il m'arrive parfois de leur dire que je n'ai pas la réponse et que le jour que je l'aurai, bien sûr, j'essaierai de leur transmettre. Mais être honnête et sincère dans la joie et le bonheur, on va dire. C'est ma façon de vivre. Je me dis ce que je ressens et ce que je vis. J'essaie de le transmettre aussi et pas uniquement que sur le plan technique.
- Speaker #1
Super, merci. Notre petit papier ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Non, je vais changer, je vais au plus près. Les débutants ! Alors c'est marrant que je tombe là-dessus. Je viens d'un stage où je suis parti à Mayotte. Et en cas de moment, si vous êtes un petit peu au courant des événements, il y a 9-10 mois, ils ont subi un ouragan dévastateur. Donc déjà, c'est une île un petit peu compliquée, où ils sont un peu délaissés, pour être honnête. Et donc voilà les priorités sont peut-être pas les arts martiaux, le sport mais déjà l'éducation dans les écoles. Et donc cette année j'arrive avec mes bagages et tout, et donc ils viennent de reconstruire un petit peu la section, ils avaient perdu le dojo, ils l'auront réparé, et donc j'ai une nouvelle équipe, avec quasiment que des débutants. Ce qui m'arrive rarement en stage où j'arrive, il y a quand même déjà un socle. Et bien si je te dis que les débutants pour moi c'est les plus importants, c'est fou de te dire ça, donc j'ai fait le stage pendant 10 jours avec des débutants, quasiment que des débutants, il y avait des débutants débutants qui arrivaient, alors moyenne d'âge c'était cool, c'était entre 25 et 35 ans, donc voilà c'est pas des débutants déjà âgés,
- Speaker #1
non c'est une motivation,
- Speaker #0
donc ils étaient motivés, curieux d'apprendre, et ce qui était formidable c'est que... A la fin du stage, je commence par la fin, je les ai tous remercié. Parce que j'ai eu l'impression que dans ce stage-là, c'est moi, personnellement, qui ai pris le plus de leçons. Parce qu'ils ne sont pas formatés, tu vois. Donc ils découvrent, il faut rester logique et propre. Et encore, je reviens à la transmission. Donc si c'est clair, sans les formater, tu vois si ton boulot est bien fait. Et généralement, dans les dojos, lorsqu'un débutant arrive, alors normalement, c'est la règle, on doit venir s'en occuper. Mais j'ai l'impression qu'il y a pas mal d'anciens, je vais être un peu cru dans le micro là. Ça les fait un peu chier de bosser avec eux parce qu'ils n'arrivent pas à subir la technique. Et bien sûr, l'ancien ne se remet pas en question. Il pense que c'est le débutant qui n'arrive pas à comprendre ce que tu lui fais comprendre. Ben non, si c'est propre dans ce que tu fais, c'est comme une voiture. Si tu sais bien la conduire, tu l'emmènes où tu voudras. Et donc là, je me suis aperçu qu'il y avait des choses qui n'étaient pas très claires dans ce que je faisais. Et donc, je me suis remis un petit peu en cause. et c'était hallucinant parce que... ça marchait donc je me suis rendu compte que les débutants en fin de compte c'est pour un ancien c'est formateur c'est une source de mais là c'est la vérité de teclaq au visage quoi alors on avait tous tendance un petit peu je voyais les anciens qui étaient au stage lorsqu'il faisait par exemple ikkyo donc il rentrait en poussant et le partenaire se retournait et puis avancé deux pas et j'entendais non non non non moment tu dois te retourner et poser l'épaule au sol et tu donc tu ne ressens pas les choses et donc j'ai J'ai filmé avec mon portable. Et à la fin au repas, donc je n'ai rien dit, à la fin au repas, je l'appelle l'ancien par rapport au débutant et je lui dis oui, c'est vrai que tu as vu la personne avec qui tu étais n'était pas à l'écoute vraiment apparemment de ce que tu lui demandais. Mais maintenant, tu regardes la vidéo et tu m'en parles. Là, lorsqu'il attaque Chomel et que tu rentres, tu le pousses. Donc, tu ne descends pas vers le bas. Et si je mets l'audio, je t'entends dire mais non, tu n'as pas à te retourner avancer, tu dois poser ton épaule. Donc, entre ce que tu fais et ce que tu dis, je pense qu'il y a un problème et le débutant, lui, il est dans le ressenti. Et donc là, il s'est retrouvé, ah bah oui, et donc le lendemain, ce que j'ai apprécié, c'est que cette personne-là qui était gradée, a pris le débutant tout le cours et il s'est remis en cause.
- Speaker #1
Ah c'est formidable.
- Speaker #0
Et donc ça c'était pour moi comme quoi, tu vois, le débutant qui arrive a remis en cause le travail d'un gars qui avait 30 ans d'aïkido. Donc hyper important, hyper important le débutant et malheureusement en tout cas dans mon dojo j'ai... pas trop de chance depuis une dizaine d'années à l'Akido quand même. Ça se perd un petit peu, on n'est pas dans le temps. Et donc, je n'ai plus vraiment de vrais débutants. Chaque année, j'ai de nouveaux élèves, mais qui ont déjà un vécu. Alors, soit c'est parce que ce qu'ils font maintenant ne leur intéresse pas, ils changent d'enseignant, mais je n'ai plus vraiment de vrais, vrais débutants qui arrivent avec rien en stock. Et ça me manque parce que quelque part, là, la vérité, elle te sort au visage tout de suite. C'est bien dommage. En tout cas, ce stage-là que j'ai eu il y a 15 jours, à la fin du repas, on fait un repas de stage et je me lève. Alors tout le monde vous remercie, super, mais j'étais plus virulent avec eux en leur disant que c'est moi qui les remercie parce que je pense que dans ce stage, celui qui a pris la plus grosse leçon, c'était moi. Et grâce à vous.
- Speaker #1
Est-ce que toi, a priori, comme ça, tu donnerais... Le premier conseil que tu donnerais aux débutants ?
- Speaker #0
Le premier conseil ?
- Speaker #1
Ou la première chose que tu observes chez les débutants peut-être ?
- Speaker #0
Il y a plein de choses, c'est le cas par cas. Je dirais pour être honnête, si le premier cours je lui dis, écoute, si tu as mis tes pieds dans le tatami là aujourd'hui, j'espère pour toi que ce sera... pour un bon moment. Parce que, voilà, on n'est pas aujourd'hui... C'est un art martial, c'est la voie. Donc c'est un long chemin qui n'a pas de fin. Mais si tu viens en pensant que tu vas découvrir les choses tout tout de suite et que tu vas être efficace tout de suite, je ne vais pas te décevoir. À ce moment-là, je préfère que tu t'habilles tout de suite. Donc c'est un long chemin. Il faut prendre le temps, devenir patient. Toutes ces vertus qu'aujourd'hui, on ne voit plus. Les gens sont tous énervés parce qu'il n'y a plus de patience. Il y a la violence, on veut tout apprendre tout de suite. Mais pour moi, je lui dirais que voilà, si tu es rentré ici, je pense que tu as fait le bon choix, bien sûr, je ne veux pas dire le mauvais choix, mais il va être très très très long. Et ça, il faut que déjà il le sache. Pas en pensant que voilà, on arrive, on me dit bon, monsieur Sigismi, en combien d'années vous pensez que je peux maîtriser les gens ? Je lui dis, bah écoute, moi j'aurais aimé que tu me poses la question si en combien d'années tu penses que je peux me maîtriser moi-même. À partir de là, on peut discuter. Ouais, c'est ça.
- Speaker #1
On est peut-être moins... Ce sans mauvais jeu de mots est peut-être moins percutant que ces fameux sports de combat. Mais bien sûr,
- Speaker #0
c'est pas notre esprit déjà.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
On est pas là, on est là pour construire quelque chose. On est pas là pour détruire quelque chose. Donc il faut pas leur mentir. Aux débutants surtout.
- Speaker #1
Un autre petit papier ?
- Speaker #0
Ok ! Alors... Je vais tous les faire là ?
- Speaker #1
Non, je...
- Speaker #0
Ah bon ? Ah non, hé ho, hé ho. On fait très bien le travail dès le matin.
- Speaker #1
On se revoit en mars. Voilà Aikido aujourd'hui ! Aikido aujourd'hui !
- Speaker #0
Je crois que je vais me fâcher avec tout le monde au micro. Pareil j'ai eu une grosse discussion récemment. Parce que je regarde pas les vidéos sur internet, c'est pas mon truc, je suis vieux jeu. Et bon quand même, j'ai les élèves qui me lancent des trucs, ils me disent regarde ça qu'est ce que tu en penses. Alors aujourd'hui pour moi l'Aikido ça va être dur ce que je vais dire mais Depuis des années, j'ai l'impression qu'on développe énormément la forme. C'est ce qui est le plus important. La forme, très jolie, très grande, ça suit dans tous les sens. Attention à ce que je vais vous dire, mais en regardant bien, il n'y a plus de fond. Donc c'est comme une belle voiture qui n'a pas de moteur. Alors on vend, c'est aussi le monde dans lequel on est. On vit le visu, c'est très joli, c'est très beau. très élégant. Je ne dis pas que quand on fait un bon Aikido, ce n'est pas ce que ça doit dégager. Mais si vous regardez bien, je pense que le fait qu'on ait développé l'Aikido mondialement, à une vitesse assez rapide quand même, parce que ça s'est développé assez rapidement, on a négligé le fond pour la forme. C'est plus facile de vous montrer quelque chose qui ressemble à quelque chose, mais si à l'intérieur il n'y a pas les éléments. Et c'est ce que je vois. Si vous regardez bien, les Irimi Atemi, il n'y a plus grand chose, ça ne touche plus. il n'y a pas vraiment de déséquilibre. C'est très joli alors ça peut tromper ça peut tromper on voit ça envoie des chevaux comme on dit mais mais sur le capot il n'y en a pas. Et donc c'est ce que je dis aujourd'hui alors je vais pas dire que je suis contre tout ça parce que ça reste de l'aïkido. Si on parle de martialité comme on a dit tout à l'heure c'est peut-être pas l'art martial le plus efficace, le plus violent aujourd'hui parce qu'on est là pour construire mais je trouve que l'aïkido d'aujourd'hui... C'est un art, on évolue avec son art, mais il ne faut pas oublier le fond. Ça, ça m'embête un petit peu. J'ai l'impression que je suis vieux jeu quand je dis tout ça, mais quand je regarde les premières générations, les premiers Ausha Ishido Sensei, et que vous regardez aujourd'hui, Alekka et surtout, tout est cloné, ça m'embête un petit peu parce qu'on n'a plus qu'une seule forme. C'est un peu embêtant, alors que chacun est différent, on a tous un vécu différent. On peut avoir le même fond avec différentes formes, mais aujourd'hui j'ai l'impression que c'est que la forme qui est importante, aujourd'hui, l'équipe d'aujourd'hui.
- Speaker #1
Et est-ce que je peux me permettre d'essayer de faire un lien avec l'autre papier transmission ? Tu disais que tu ne regardes pas grand-chose, tu n'as pas envie de toi, de produire, de mettre de temps en temps ce que tu affirmes en vidéo ? Ça ne te tente pas ?
- Speaker #0
C'est pas que ça ne me tente pas, mais... On me voit comme ça parler, on me voit rigoler, on me voit sur un tatami, on a l'impression que je suis super ouvert. Mais je suis très très réservé. C'est ça qui est fou, c'est quand on me connait vraiment. Ma femme m'a rarement vu sur un tatami. Et le jour où elle m'a vu, elle ne m'a pas reconnu. Elle m'a dit, mais Brahim, en fait, tu parles beaucoup, tu dégages avec les gens, alors que je te connais. Enfin, je suis toujours réservé à essayer de me cacher. Je préfère voir les gens qu'à être vu. Donc là si tu me dis qu'il faut que je fasse tout ça, ça va à l'encontre de ma personne.
- Speaker #1
Ce n'est qu'une question.
- Speaker #0
Non je comprends, parce qu'on me l'a déjà demandé. C'est pas mon truc. Pourtant c'est mon métier, on devrait dire que tu dois plus t'investir. Je m'investis déjà chez moi dans mon dojo. Comme on dit d'abord je m'occupe de ma famille, de ce qui est devant chez moi. Et puis on verra. Mais aujourd'hui, non j'arrive pas.
- Speaker #1
J'arrive pas. Ok, petit papier suivant.
- Speaker #0
Allez, attention, attention, style belge !
- Speaker #1
Celui-là, il a une petite histoire. On te voit parfois arriver chez nous et parfois tu... Ah, vous les belges ! Voilà, un peu le contexte du papier. Et donc, pour toi, qui voyage, qui rencontre, qui découvre, qui voit des choses, qu'est-ce que tu as envie de dire par rapport à ça ?
- Speaker #0
Le style dans l'aïkido ?
- Speaker #1
Par exemple, ou dans le travail, ou dans l'attitude ? L'attitude, moi je dirais,
- Speaker #0
parce que le travail, je peux trouver tous les styles un peu dans le monde entier. Il y a l'itérant courant, donc après, il n'y a rien de figé. Mais ce que j'apprécie chez vous, c'est... On est à la frontière avec la France, c'est quand même dingue. Et bon, je suis français, on va dire ce qu'il y a. Mais vous êtes différent, vous avez un lâcher-pris sur plein de choses. C'est hallucinant et c'est exactement ce que l'on doit faire à l'aïkido. Donc je pense que pour ça déjà vous allez avoir une facilité parce que c'est en vous. Un lâcher prise, un regard vraiment détaché des choses avec un humour. Alors moi ça claque parce que c'est mon truc. Alors est-ce que je suis à moitié belge au fond de moi et je ne le savais pas ?
- Speaker #1
Qui sait ?
- Speaker #0
Sûrement, mais je me sens... Il m'est arrivé en France, à Paris, des fois de faire un petit mot, vous avez vu sur Matazami, c'est pour moi... Et ça passe pas ! Ou alors ils prennent trop au sérieux, et pour eux l'image du sensei c'est quelqu'un qui est super. On peut, c'est ce que je dis aux gens, on peut travailler sérieusement sans se prendre au sérieux. Et c'est ce que je retrouve chez vous, à Paris, en France, c'est vraiment... à Paris parce que c'est plus où j'enseigne, c'est plus difficile. Alors ceux qui me suivent, à un moment donné, je les ai contaminés. Mais sinon, c'est difficile. Et c'est ce que j'apprécie chez vous. Quand je viens, je me sens comme un poisson dans l'eau parce que vous êtes un peu dans le même sens. On fait les choses sérieusement, sans se prendre au sérieux. Et donc, ça, c'est le style belge, on va dire. Mais c'est aussi le meilleur pour moi, la meilleure façon de vivre sa vie, que ce soit sur un tapis ou à l'extérieur. Donc ne changez pas. J'aimerais que ce style devienne international. Il faudrait essayer de m'aider pour ça, mais en tout cas pour ça, vous êtes vraiment accueillant. Il y a d'autres endroits, mais comme je vous dis, c'est détaché, sans vraiment un regard. Et ça, il y a des gens qui essayent de le faire, alors que vous, c'est inné. Donc je ne sais pas comment vous avez transmis ça, d'où ça vient, mais il y a une génétique à l'intérieur, mais honnêtement, ne changez pas. Votre style, ne le changez pas, de vie en tout cas.
- Speaker #1
Merci. Il nous reste une petite demi-heure avant le coup. Moi je me disais, on peut soit t'arrêter, soit si t'en veux...
- Speaker #0
Allez, je suis à fond, je t'attends. Allez,
- Speaker #1
le dernier, c'est parti.
- Speaker #0
Non. Anecdote sur quoi ? Qu'est-ce que tu veux comme anecdote ?
- Speaker #1
Je ne sais pas, je pense que... Ici on se rend compte que quand on a un stage, des stages avec toi, il y a souvent des anecdotes, on a toujours des choses que tu nous racontes, etc. T'es quelqu'un qui amène beaucoup de choses. Et donc je me disais, d'où te viennent, pourquoi, comment, comment tu as envie de les partager, qu'est-ce qui fait que...
- Speaker #0
Alors, ceux qui me connaissent et qui me suivent en stage, dans chaque stage, il m'arrive des histoires. Alors c'est sûr que comme je suis 40 ou 50 week-ends dans l'année en badrouille, c'est un peu normal que statistiquement il m'arrive plus de choses que la moyenne. Je pourrais t'en raconter, le plus souvent c'est mes trajets... C'est mes trajets en stage d'aïkido qui sont dingues. Il peut m'arriver tout et rien. Je peux me tromper de train et partir dans l'autre direction. Je peux me retrouver dans un avion avec une personne qui est à côté de moi et qui me regarde tout le trajet de l'avion et je ne comprends pas. Et puis à un moment donné, je regarde, il a un magazine. Je ne sais plus c'était lequel, c'était un magazine d'aïkidars martiaux. Et je ne savais même pas que dans cet article en double page, j'étais dedans. Donc il y avait une publicité d'aïkido où on me voyait, alors je ne sais pas comment c'est sorti ce truc parce que je n'étais même pas au courant, et le gars me regarde mais intensément quoi, puis un jeune un petit peu efféminé pour être honnête. Donc je suis mal à l'aise et ça m'a cassé à un moment donné, je lui dis écoutez monsieur il y a un problème. Et il me dit bah oui, alors moi je lui dis c'est quoi le problème ? Et puis là il me montre le...
- Speaker #1
Qu'est-ce que vous faites dans mon magazine ?
- Speaker #0
Il me montre et il me dit mais qu'est-ce que vous faites dans mon magazine ? Et je me vois moi surpris en première page en train de faire une technique d'aïkido, puis là bouche bée, je lui dis écoutez je ne suis pas au courant. Ce genre de choses que je partage, des anecdotes j'en ai pas mal, mais celle-là elle était assez comique. Je l'essore comme ça, je ne réfléchis pas, c'est ce qui m'arrive, c'est sur l'instant ça me rappelle des souvenirs. Et comme j'en ai plein, comme je dis, si celui qui reste chez lui il ne m'arrive rien et celui qui bouge bien sûr il est...
- Speaker #1
Et pour toi c'est important d'avoir un cours émaillé d'anecdotes, ça construit ?
- Speaker #0
Bah s'il y a un lien avec ce que je fais, bien sûr, si c'est pour faire rire les gens, alors si c'est pour mettre un peu d'ambiance, parce que c'est important aussi, comme je dis, dans la transmission, le meilleur, c'est quand même quand les gens sourient. On peut transmettre avec les coups et puis la terreur, ça marche aussi peut-être, mais moi, je pense que la meilleure façon d'atteindre le cœur de quelqu'un, c'est par le... par le rire et donc souvent mes anecdotes elles finissent par une bonne chute c'est ça qui est important parce que on va chuter quand qu'il arrive alors si on peut chuter avec le sourire autant le faire exactement merci beaucoup je t'en prie je sais que ce sera une longue série et que
- Speaker #1
je serai le moins bon du groupe voilà écoute il va y avoir un certain niveau je pense pour les autres parce que moi ça correspond à ce que j'attendais et c'était vraiment quelque chose de super simple un bon moment de partage
- Speaker #0
Merci de la Belgique. Allez, ciao tout le monde.
- Speaker #1
La première interview podcast achète. Et il nous tient à cœur de remercier la Fédération Union Belge d'Akido d'avoir pu organiser ce moment. Merci également au Club d'Akido de Moukron de nous avoir trouvé un lieu permettant de recevoir Abraham dans les meilleures conditions sonores possibles. Merci à Laurent d'avoir fait partie de l'imagination du concept. Un grand merci à Abraham pour sa spontanéité, sa disponibilité. et sa générosité. Le générique de cette séquence est créé à partir de musiques libres de droit, créées en partie par l'intelligence artificielle. Si ce podcast vous plaît, dites-le à vos amis, partagez et n'hésitez pas à ajouter un commentaire ou une appréciation. Vous avez des idées, des propositions de sujets et ou de personnes à rencontrer, n'hésitez pas à nous les soumettre. Le podcast se vend à moyen d'interagir avec les pratiquants. A la conduite de cet épisode, Renald. Musique