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Tech in Sport

La data guide Emmanuelle Mörch en tennis-fauteuil

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14min |05/12/2023
Play
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14min |05/12/2023
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Description

Dans le monde du sport, la data est partout, y compris dans le handisport. Emmanuelle Mörch, joueuse de tennis-fauteuil classée à la 25e place mondiale, a décidé de passer le cap de la data pour tenter d'optimiser ses performances à travers son jeu. D'abord loin de la data, c'est avec Salesforce qu'elle s'est orientée vers cette solution à travers notamment une séance de data-capture.


Grâce à des capteurs présents sur ses articulations, elle a ainsi réussi à obtenir des informations sur son service afin de gagner en puissance et en efficacité. Mais l'analyse de la data à travers plusieurs séances de la sorte pourrait lui permettre d'aller plus loin dans l'optimisation de son jeu via ses mouvements ou encore son fauteuil roulant.


La technologie et l'utilisation de la data sont très présentes dans le monde du tennis-valide. Les grandes stars du circuit comme Novak Djokovic ont régulièrement recours à ces solutions. Dans le tennis-fauteuil, ces solutions sont beaucoup moins fréquentes notamment en raison des moyens moins importants. Une tendance que tente d'inverser des joueuses comme Emmanuelle Mörch dans un sport où tant de choses sont encore à analyser à travers la data et la technologie.

__

Après une olympiade 2020 fortement touchée par la pandémie, Paris accueillera l'an prochain, les premiers Jeux depuis 8 ans, en présence de spectateurs venus du monde entier. Huit années pendant lesquelles la technologie a profondément évolué. Où le numérique s'est introduit dans tous les aspects de la société, et le monde du sport n'y fait pas exception. À travers le podcast Tech In Sport et de nombreux articles de notre rubrique "Sport et numérique", Alliancy, média de la transformation digitale vous propose de découvrir ces impacts variés sur l’industrie sportive : de la gestion de données à la cybersécurité, en passant par l'intelligence artificielle et les solutions au service de la performance des athlètes...

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Jean-Baptiste Lottier, bienvenue dans Take in Sport, un podcast Alliancy, médias numériques et business. Performance sportive, cybersécurité des événements, data, intelligence artificielle. Dans ce podcast, nous allons décrypter tous les impacts du numérique sur le monde du sport avec en ligne de mire les JO de Paris 2024. Alors aujourd'hui, on est avec Emmanuelle Meurck. Bonjour Emmanuelle.

  • Speaker #1

    Bonjour Jean-Baptiste.

  • Speaker #0

    Donc Emmanuelle, tu es joueuse de tennis fauteuil, tu es 25e mondiale, tu as déjà participé deux fois aux Jeux Paralympiques, trois fois à Roland-Garros. Tu t'apprêtes à faire les Jeux Paralympiques de Paris, évidemment ?

  • Speaker #1

    Exactement, en tout cas je me prépare pour, on est encore en pleine période de qualification. Oui,

  • Speaker #0

    donc c'est dans moins d'un an, donc ça occupe tout ton temps. Pour échanger aujourd'hui avec toi, Emmanuel, on est chez Salesforce, juste à côté de la Tour Eiffel. Salesforce t'accompagne dans un partenariat en vue des Jeux Olympiques. On va évoquer avec toi comment la data peut améliorer, optimiser ta performance, tes gestes et finalement te faire progresser au plus haut niveau. Pour ça, tu as analysé de manière biomécanique tes gestes avec la data. Comment tu as fait ?

  • Speaker #1

    J'ai fait une première session avec le service notamment. L'idée, c'était de placer plein de capteurs sur tout mon corps, au niveau des articulations, sur ma raquette, sur mon fauteuil. sur les balles pour avoir une représentation numérique de ma position dans l'espace et de la position de la balle et de ma raquette dans l'espace. Et donc j'ai fait peut-être une centaine de services avec l'idée de voir ce que ça allait donner au global, en moyenne, dans les extrêmes et de pouvoir comparer mon geste avec celui des toutes meilleures du monde et aussi de pouvoir comparer mon geste d'un point de vue biomécanique avec peut-être des gestes parasites qui pourraient me blesser ou des choses comme ça et voir surtout ce qui pouvait être amélioré dans ma technique pour essayer d'aller en cours. encore plus loin, avoir plus de puissance, plus d'effets, plus de précision.

  • Speaker #0

    Donc ça, ça a été fait pendant un entraînement, pendant une session, c'est ça ? Ou tu as utilisé ces capteurs pendant tout un entraînement ?

  • Speaker #1

    Exactement, c'est une session qui prend 2-3 heures. C'est vraiment dédié à ça. Il y a des caméras partout sur le terrain pour vraiment avoir une belle prise de vue des capteurs. C'est tout un entraînement dédié à ça pour essayer d'avoir une vision globale de mon service et vraiment, au-delà du ressenti que je peux avoir, savoir concrètement ce que ça donne à l'écran.

  • Speaker #0

    Et donc par rapport à ton ressenti, est-ce que tu as appris des nouvelles choses sur ton mouvement, sur ton service ?

  • Speaker #1

    Il y a un grand thème qui est ressorti, c'était par rapport à mon lancé. Mon lancé était un peu sur la droite, ce qui me permettait de beaucoup slicer la balle, donc de faire tourner la balle pour qu'elle ait un effet sortant ou montrant.

  • Speaker #0

    Slicer, c'est vraiment qu'il y a bien d'affaires latérales.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et la consigne principale du coup, due à cette piste de mesure, c'était de se dire, si je lance plus à gauche, ça va me permettre de frapper plus en hauteur et donc d'avoir plus de puissance en météo. dans un peu moins d'effet. Voilà, l'idée c'est d'essayer de voir ce que c'est que plus à gauche, ce que c'est que plus à droite et de tester différentes variations de services, sachant que je ne vais pas faire toujours le même service pendant tout un match. En fonction de l'adversaire, en fonction du vent qui va peut-être y avoir ce jour-là, du soleil, de ma fluidité selon le jour, je vais employer tel ou tel service. Donc je ne vais pas forcément toujours lancer à gauche pour frapper plus fort, mais en tout cas ça donne une indication pour essayer de chercher plus de puissance si un jour j'en ai besoin.

  • Speaker #0

    Et suite à ce résultat, est-ce que tu as adapté des choses pendant ton entraînement ? Est-ce que finalement toi tu t'en es rendu compte avec tes sens ? Tu avais la sensation que si tu servais moins à droite, tu avais plus de puissance. Est-ce que tout ça, tu t'en es rendu compte ?

  • Speaker #1

    Disons que je m'en étais déjà rendu compte avant, ça a confirmé ce fait-là. Mais ça donne envie, je trouve, d'aller dans les extrêmes, d'essayer plus de choses, de se dire, ok, si je lance carrément complètement à gauche, même un peu trop, qu'est-ce qui se passe ? Si je lance complètement à droite, qu'est-ce qui se passe ? Si je lance un peu plus devant, un peu plus haut, un peu plus derrière, à quel moment je frappe la balle ? Et en fait, ça fait poser des questions sur son geste, et se dire, qu'est-ce qui peut me permettre de l'améliorer dans telle ou telle condition ? Donc ça permet d'avancer dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu t'es entraîné pendant des années sans informations liées à la data, et finalement tu as eu cette information. Alors au départ, c'était une recherche de sponsors qui a fait que tu t'es orienté un peu par hasard vers la data. Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Alors ça fait 9 mois que j'ai croisé la route de Salesforce. Ils m'ont proposé effectivement de m'accompagner vers les Jeux de Paris 2024. Et en parlant de cette idée de la data et de mettre en place, en plus d'un partenariat financier, une aide d'un point de vue technologique pour analyser mes gestes au quotidien et savoir les représenter sous forme d'un tableau vraiment très interactif, très facile à comprendre pour le grand public et me permettre de progresser dans ma discipline.

  • Speaker #0

    Quelle image tu avais de la data avant finalement de l'utiliser ?

  • Speaker #1

    J'en avais pas beaucoup. J'en avais surtout au niveau des statistiques des matchs. C'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup après un match, quand je peux avoir ces statistiques, savoir mon pourcentage de première balle, combien de doubles fautes j'ai fait, combien d'ace, combien de coups gagnants, combien de fautes directes. Je trouve que ça donne un état global du match qui peut être un peu différent du ressenti que j'en ai parfois. Ça complète la vision d'un coach. Je n'ai pas toujours la chance d'avoir quelqu'un qui regarde mes matchs et qui peut avoir la tête sur les épaules et me dire en dehors du côté émotif là, tu as vraiment fait un très bon match ou là, ce n'était pas aussi bon que ça Moi, je pense... C'est vraiment l'aspect émotif qui joue et qui parfois influence ce que je pense du résultat.

  • Speaker #0

    Donc là, c'est vraiment une ouverture vers un nouveau secteur, de nouvelles informations qui pourraient te faire progresser. Là, pour l'instant, les résultats que tu avais eus, c'était vraiment des résultats assez petits gestes, c'est ça, qu'on t'avait transmis par rapport à la data capture ?

  • Speaker #1

    Il y avait beaucoup d'informations. Il y avait quelques informations principales qui ressortaient, comme cette conclusion-là de lancer plus à gauche. Il y avait quand même aussi la conclusion de dire, j'avais pas de gestes parasites qui pouvaient me blesser, j'avais quand même un geste fluide et plutôt dans la norme. Par rapport aux autres, c'est ça. J'étais dans la norme aussi, mais sinon c'est vrai que le reste des informations était vraiment complet et peut-être il y en avait beaucoup et ce n'était pas facile d'isoler une information plus qu'une autre.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'il y aurait d'autres informations à retirer de ça qui n'ont peut-être pas été retirées ?

  • Speaker #1

    J'imagine, on peut sûrement en déduire beaucoup de choses. En tout cas pour l'instant, j'ai retenu deux ou trois éléments de cette séance-là. Si on en faisait une autre, ça pourrait être intéressant de voir l'évolution de mon service au fur et à mesure du temps, de voir effectivement si je change la position de mon service par rapport à ma position de départ. Par exemple aujourd'hui. Lui, je me place à peu près à 1m50 derrière la ligne de fond de cour pour servir. Est-ce que si je me place à 10 cm de la ligne ou à 3 mètres, est-ce que ça change par rapport à mon service ? Il y a beaucoup de choses qui pourraient être étudiées. Pour l'instant, on a été sur un service classique, identique à chaque frappe. J'ai essayé de reproduire la même chose à chaque fois.

  • Speaker #0

    Tu disais qu'il y avait un partenariat technologique avec Salesforce. Qu'est-ce que t'attends de ce partenariat ? Qu'est-ce que ça va pouvoir t'apporter justement dans l'analyse de ces données ?

  • Speaker #1

    On pourra peut-être étudier les autres gestes, le coup droit, le revers. Voir effectivement si j'ai des blocages dans certains gestes, est-ce que par rapport au meilleur... En termes de puissance, d'effet, etc. c'est comparable ou pas. On pourrait peut-être un jour aussi travailler sur mon fauteuil, améliorer la technologie de mon fauteuil. Aujourd'hui il n'y a pas beaucoup de choses qui sont faites sur l'analyse des frottements, du roulement, en fonction des surfaces sur lesquelles on se déplace, quelle pression de pneu il faut utiliser, quel diamètre de roue il faut utiliser, quelle largeur de roulette, quel est le meilleur équilibre pour pouvoir jouer sur terre battue, sur dur. Il y a beaucoup de choses qui pourraient être améliorées au niveau du fauteuil, quel est le poids idéal du fauteuil, quel métal utiliser. Ça s'améliore vraiment. D'année en année, les matériaux progressent, mais je sens qu'il n'y a pas tant de données que ça, et qu'on navigue un peu à vue, on regarde ce que font les autres et on se dirige dans la même direction.

  • Speaker #0

    Oui, parce que pour l'instant, la data arrive dans le tennis fauteuil, peut-être un peu après le tennis valide. Et finalement, c'est un monde à découvrir. C'est énormément de choses différentes à analyser qui vont peut-être développer ce sport dans les prochaines années de manière très importante.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. C'est moins simple, c'est-à-dire que ça prend plus de temps dans le sens où un fauteuil roulant de tennis, ça ne concerne pas 100 000 personnes dans le monde. Il y a moins de... Il y a moins de constructeurs, il y a moins de production. C'est très spécifique, c'est adapté à chaque type de handicap, au style de jeu de chaque personne. Donc c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses à prendre en compte. Et c'est sûrement beaucoup plus complexe à étudier qu'une raquette de tennis qui va être vendue en millions d'exemplaires.

  • Speaker #0

    Il y a également une autre analyse qui a été faite par la Fédération Française de Tennis. C'est des analyses vidéo de tes matchs, de tes matchs, de tes entraînements.

  • Speaker #1

    Plus analyse vidéo des matchs de mes adversaires. En fait, l'idée, c'est de dire, OK, il y a le tirage au sort qui vient de sortir. Demain, je vais jouer contre la numéro 5 mondiale. Elle est gauchère, je l'ai déjà jouée plusieurs fois. Mais là, la FED va analyser tous les matchs qu'elle aura joués en grand chelem l'année passée. Et elle va me sortir une étude statistique de, je ne sais pas, au premier service, côté égalité. Dans 80% des cas, elle sert sur le T ou au corps. Il va y avoir beaucoup de données là-dessus, surtout sur des zones de service, des zones de retour, en première balle, en seconde balle, où est-ce qu'elle est plus à l'aise en coup de poing. ...droit ou est-ce qu'il est plus à l'aise en revers. Et ça donne des indications tactiques pour jouer cette joueuse par la suite.

  • Speaker #0

    Mais qui fait cette analyse vidéo ? Alors c'est quelqu'un de la fédération ?

  • Speaker #1

    C'est quelqu'un de la fédération. Alors c'est pas à chaque match. Ça m'est arrivé qu'une seule fois cette année pour l'instant. Mais l'idée c'est de développer ça de plus en plus. Et d'avoir de plus en plus d'aide sur ce que font les autres. Et dans un second temps ça pourrait être aussi une analyse de mes matchs. Pour qu'ils me disent, ben voilà Emmanuel toi en fait en coup droit dans 80% des cas tu fais ça. Parce que parfois on... On est un peu biaisé, parfois on a l'impression de servir tout le temps au même endroit et en fait peut-être que c'est que 70% du temps et parfois on a l'impression qu'en coup droit on est très à l'aise sur cette zone mais finalement on a fait des coups gagnants dans l'autre zone beaucoup plus souvent et donc ça peut soit compléter ce qu'on pense de notre jeu, soit le valider déjà.

  • Speaker #0

    On disait que la donnée dans le tennis fauteuil et finalement le numérique, la tech, arrive un peu après elle est valide. Est-ce qu'on sait pourquoi ? Est-ce que tu saurais l'expliquer pourquoi ? Est-ce que c'est un problème de moyens ?

  • Speaker #1

    Pour plusieurs raisons. Déjà, le tennis fauteuil existe depuis seulement une quarantaine d'années. C'est une discipline encore très récente qui est en pleine évolution. Il y a quand même beaucoup moins de participants aussi du fait du handicap, du fait peut-être du temps que ça prend de découvrir cette discipline et de vouloir s'entraîner et d'arriver au haut niveau.

  • Speaker #0

    Il faut dire que tu nous disais aussi que dans les grands chelèmes, c'est les 8 meilleurs mondiaux seulement.

  • Speaker #1

    Alors c'était les 8, c'est passé à 16 sur 3 des 4 grands chelèmes.

  • Speaker #0

    Pour comparer quand même, les valides, ils sont 128 je crois. Oui.

  • Speaker #1

    Effectivement, plus un tableau qualificatif. Mais c'est très difficile de comparer le tennis fauteuil avec le tennis valide parce que ça n'a pas le même âge, ça ne concerne pas le même nom de personne dans le monde, ça n'a pas du tout le même impact médiatique. Il y a beaucoup de choses qui diffèrent, mais en tout cas, l'idée aujourd'hui, c'est d'essayer de regrouper ces deux tennis pour faire découvrir le tennis fauteuil à un plus grand nombre et donner envie aux gens de venir supporter les athlètes et de voir que c'est possible de ressentir des émotions sur un match de tennis fauteuil et de voir un... Un beau spectacle.

  • Speaker #0

    Ce qui fait aussi que les innovations, elles sont faites par certaines athlètes et elles ne sont pas partagées. C'est-à-dire que chacun essaie de travailler dans son coin, c'est-à-dire l'évolution de la position, du fauteuil. Mais bon, ce n'est pas partagé. En fait,

  • Speaker #1

    chacun progresse dans son coin. Effectivement, entre les pays, chacun garde un peu ses secrets. Et donc, quand quelqu'un propose une nouvelle position d'un fauteuil ou peut-être utilise une taille de roue différente, si cette personne-là commence à avoir des résultats, les autres vont se dire, tiens, peut-être que je vais essayer ça pour voir. Mais ça ne correspond pas forcément au style de jeu de la personne ou à la capacité physique ou au handicap. Il y a tellement de paramètres qui font que, effectivement, les données ne sont pas forcément partagées, on n'a pas les datas de base. Et donc, on se fiche juste à est-ce que la personne qui a essayé telle position, elle a des résultats ou pas. ou pas, et moi si j'essaye ça marche.

  • Speaker #0

    Et ça manque vraiment d'études, de preuves ?

  • Speaker #1

    Ça manque de beaucoup d'études, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de moyens financiers aussi derrière. En tout cas, un athlète ne peut pas se dire, je vais financer tout un projet de recherche là-dessus, et en plus avoir le temps de passer peut-être une fois par semaine, voir pour faire évoluer les choses. Ça manque sûrement de temps et d'argent, et voilà, il faut espérer que ça se développe au fur et à mesure, et il faut accepter que ça prenne un peu plus de temps que ce qu'on aimerait.

  • Speaker #0

    Donc là on va se projeter dans quelques années. Et on va imaginer, tu vas nous dire comment toi t'imagines le futur de la donnée, ce que toi t'en espères. Tu nous disais que pour l'instant tu avais travaillé sur le service, j'imagine que ce serait top de pouvoir travailler sur le revers, le coup droit.

  • Speaker #1

    Effectivement, on travaille surtout les coups du tennis. Ce qui est le plus essentiel pour moi, c'est de savoir que ce que je fais techniquement ne va pas me blesser. parce qu'il n'y a rien de pire que la blessure pour un athlète. Donc déjà, valider le fait que ma technique est OK en termes de biomécanique. Après, si je peux progresser et aller chercher plus de résultats en faisant évoluer celle-ci d'une certaine manière grâce à la data, ce serait une belle évolution. Et un dernier point, ce serait sur l'analyse des vidéos. Si ça pouvait être automatisé et qu'il y avait un système pour récupérer à chaque fois que je vais jouer une adversaire, à chaque fois que je récupère ces données et ces derniers matchs, ce serait... Facilitant, ouais.

  • Speaker #0

    Tu t'es parlé du fait que l'analyse de ton mouvement, de tes gestes, c'est d'abord, finalement, pour prévenir des blessures. C'est-à-dire que tu imagines ça plus pour prévenir des blessures plutôt que d'abord pour évoluer en termes de performance ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a les deux. Mais avant d'évoluer en termes de performance, il faut déjà valider le fait que sur du long terme, ça ne va pas me blesser. Pour l'instant, ça fait quand même quelques années que je joue. J'ai la chance d'avoir une bonne hygiène de vie et de faire attention à tout ce que je fais. Donc globalement, je ne me blesse pas. Mais... Avant de changer un geste, c'est quand même bon de savoir si le geste qu'on va changer, il est bien d'un point de vue biomécanique et il ne nous blesse pas. Parce que si on va chercher une performance, mais que derrière, ça amène une blessure, ce n'est pas non plus magnifique.

  • Speaker #0

    Et il faut dire aussi qu'on a pu assister à ton entraînement ce matin au CNE, le centre national à côté de Roland-Garros, où tu t'entraînes exceptionnellement parce que tu n'es pas de la région parisienne, toi.

  • Speaker #1

    Non, j'habite à Marseille, je suis montée exprès pour l'événement Excel Sports et du coup, j'en ai profité pour m'entraîner au CNE.

  • Speaker #0

    Et on encourage... Tous ceux qui n'ont jamais vu de joueuse en tennis fauteuil, parce que c'est assez impressionnant, il faut dire, de voir ça. Et finalement, ils peuvent venir vous voir dans les Grands Chelèmes, notamment à Roland-Garros et aux Paralympiques.

  • Speaker #1

    Ah bah oui, effectivement, dans les Grands Chelèmes, aux Paralympiques, sur d'autres tournois un peu moins connus. Il y a un tournoi qui a lieu dans le sud, à l'Académie Moratoglou, au mois de juin, qui est un très gros tournoi aussi. L'entrée est gratuite, donc c'est assez facile pour ceux qui habitent près de Nice. Mais oui, il y a quelques tournois en France et... et je pense que ça vaut le coup d'aller voir au moins une fois dans sa vie du tennis fauteuil

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Emmanuel de nous avoir expliqué comment tu utilises la data pour essayer de t'améliorer et de gagner en performance Merci Jean-Baptiste Merci à vous de nous avoir écouté n'hésitez pas à partager et vous abonner sur toutes les plateformes pour accéder aux prochains épisodes On se retrouve très vite avec un nouvel invité pour décrypter la montée en puissance de la tech dans le monde du sport.

Description

Dans le monde du sport, la data est partout, y compris dans le handisport. Emmanuelle Mörch, joueuse de tennis-fauteuil classée à la 25e place mondiale, a décidé de passer le cap de la data pour tenter d'optimiser ses performances à travers son jeu. D'abord loin de la data, c'est avec Salesforce qu'elle s'est orientée vers cette solution à travers notamment une séance de data-capture.


Grâce à des capteurs présents sur ses articulations, elle a ainsi réussi à obtenir des informations sur son service afin de gagner en puissance et en efficacité. Mais l'analyse de la data à travers plusieurs séances de la sorte pourrait lui permettre d'aller plus loin dans l'optimisation de son jeu via ses mouvements ou encore son fauteuil roulant.


La technologie et l'utilisation de la data sont très présentes dans le monde du tennis-valide. Les grandes stars du circuit comme Novak Djokovic ont régulièrement recours à ces solutions. Dans le tennis-fauteuil, ces solutions sont beaucoup moins fréquentes notamment en raison des moyens moins importants. Une tendance que tente d'inverser des joueuses comme Emmanuelle Mörch dans un sport où tant de choses sont encore à analyser à travers la data et la technologie.

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Après une olympiade 2020 fortement touchée par la pandémie, Paris accueillera l'an prochain, les premiers Jeux depuis 8 ans, en présence de spectateurs venus du monde entier. Huit années pendant lesquelles la technologie a profondément évolué. Où le numérique s'est introduit dans tous les aspects de la société, et le monde du sport n'y fait pas exception. À travers le podcast Tech In Sport et de nombreux articles de notre rubrique "Sport et numérique", Alliancy, média de la transformation digitale vous propose de découvrir ces impacts variés sur l’industrie sportive : de la gestion de données à la cybersécurité, en passant par l'intelligence artificielle et les solutions au service de la performance des athlètes...

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  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Jean-Baptiste Lottier, bienvenue dans Take in Sport, un podcast Alliancy, médias numériques et business. Performance sportive, cybersécurité des événements, data, intelligence artificielle. Dans ce podcast, nous allons décrypter tous les impacts du numérique sur le monde du sport avec en ligne de mire les JO de Paris 2024. Alors aujourd'hui, on est avec Emmanuelle Meurck. Bonjour Emmanuelle.

  • Speaker #1

    Bonjour Jean-Baptiste.

  • Speaker #0

    Donc Emmanuelle, tu es joueuse de tennis fauteuil, tu es 25e mondiale, tu as déjà participé deux fois aux Jeux Paralympiques, trois fois à Roland-Garros. Tu t'apprêtes à faire les Jeux Paralympiques de Paris, évidemment ?

  • Speaker #1

    Exactement, en tout cas je me prépare pour, on est encore en pleine période de qualification. Oui,

  • Speaker #0

    donc c'est dans moins d'un an, donc ça occupe tout ton temps. Pour échanger aujourd'hui avec toi, Emmanuel, on est chez Salesforce, juste à côté de la Tour Eiffel. Salesforce t'accompagne dans un partenariat en vue des Jeux Olympiques. On va évoquer avec toi comment la data peut améliorer, optimiser ta performance, tes gestes et finalement te faire progresser au plus haut niveau. Pour ça, tu as analysé de manière biomécanique tes gestes avec la data. Comment tu as fait ?

  • Speaker #1

    J'ai fait une première session avec le service notamment. L'idée, c'était de placer plein de capteurs sur tout mon corps, au niveau des articulations, sur ma raquette, sur mon fauteuil. sur les balles pour avoir une représentation numérique de ma position dans l'espace et de la position de la balle et de ma raquette dans l'espace. Et donc j'ai fait peut-être une centaine de services avec l'idée de voir ce que ça allait donner au global, en moyenne, dans les extrêmes et de pouvoir comparer mon geste avec celui des toutes meilleures du monde et aussi de pouvoir comparer mon geste d'un point de vue biomécanique avec peut-être des gestes parasites qui pourraient me blesser ou des choses comme ça et voir surtout ce qui pouvait être amélioré dans ma technique pour essayer d'aller en cours. encore plus loin, avoir plus de puissance, plus d'effets, plus de précision.

  • Speaker #0

    Donc ça, ça a été fait pendant un entraînement, pendant une session, c'est ça ? Ou tu as utilisé ces capteurs pendant tout un entraînement ?

  • Speaker #1

    Exactement, c'est une session qui prend 2-3 heures. C'est vraiment dédié à ça. Il y a des caméras partout sur le terrain pour vraiment avoir une belle prise de vue des capteurs. C'est tout un entraînement dédié à ça pour essayer d'avoir une vision globale de mon service et vraiment, au-delà du ressenti que je peux avoir, savoir concrètement ce que ça donne à l'écran.

  • Speaker #0

    Et donc par rapport à ton ressenti, est-ce que tu as appris des nouvelles choses sur ton mouvement, sur ton service ?

  • Speaker #1

    Il y a un grand thème qui est ressorti, c'était par rapport à mon lancé. Mon lancé était un peu sur la droite, ce qui me permettait de beaucoup slicer la balle, donc de faire tourner la balle pour qu'elle ait un effet sortant ou montrant.

  • Speaker #0

    Slicer, c'est vraiment qu'il y a bien d'affaires latérales.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et la consigne principale du coup, due à cette piste de mesure, c'était de se dire, si je lance plus à gauche, ça va me permettre de frapper plus en hauteur et donc d'avoir plus de puissance en météo. dans un peu moins d'effet. Voilà, l'idée c'est d'essayer de voir ce que c'est que plus à gauche, ce que c'est que plus à droite et de tester différentes variations de services, sachant que je ne vais pas faire toujours le même service pendant tout un match. En fonction de l'adversaire, en fonction du vent qui va peut-être y avoir ce jour-là, du soleil, de ma fluidité selon le jour, je vais employer tel ou tel service. Donc je ne vais pas forcément toujours lancer à gauche pour frapper plus fort, mais en tout cas ça donne une indication pour essayer de chercher plus de puissance si un jour j'en ai besoin.

  • Speaker #0

    Et suite à ce résultat, est-ce que tu as adapté des choses pendant ton entraînement ? Est-ce que finalement toi tu t'en es rendu compte avec tes sens ? Tu avais la sensation que si tu servais moins à droite, tu avais plus de puissance. Est-ce que tout ça, tu t'en es rendu compte ?

  • Speaker #1

    Disons que je m'en étais déjà rendu compte avant, ça a confirmé ce fait-là. Mais ça donne envie, je trouve, d'aller dans les extrêmes, d'essayer plus de choses, de se dire, ok, si je lance carrément complètement à gauche, même un peu trop, qu'est-ce qui se passe ? Si je lance complètement à droite, qu'est-ce qui se passe ? Si je lance un peu plus devant, un peu plus haut, un peu plus derrière, à quel moment je frappe la balle ? Et en fait, ça fait poser des questions sur son geste, et se dire, qu'est-ce qui peut me permettre de l'améliorer dans telle ou telle condition ? Donc ça permet d'avancer dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu t'es entraîné pendant des années sans informations liées à la data, et finalement tu as eu cette information. Alors au départ, c'était une recherche de sponsors qui a fait que tu t'es orienté un peu par hasard vers la data. Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Alors ça fait 9 mois que j'ai croisé la route de Salesforce. Ils m'ont proposé effectivement de m'accompagner vers les Jeux de Paris 2024. Et en parlant de cette idée de la data et de mettre en place, en plus d'un partenariat financier, une aide d'un point de vue technologique pour analyser mes gestes au quotidien et savoir les représenter sous forme d'un tableau vraiment très interactif, très facile à comprendre pour le grand public et me permettre de progresser dans ma discipline.

  • Speaker #0

    Quelle image tu avais de la data avant finalement de l'utiliser ?

  • Speaker #1

    J'en avais pas beaucoup. J'en avais surtout au niveau des statistiques des matchs. C'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup après un match, quand je peux avoir ces statistiques, savoir mon pourcentage de première balle, combien de doubles fautes j'ai fait, combien d'ace, combien de coups gagnants, combien de fautes directes. Je trouve que ça donne un état global du match qui peut être un peu différent du ressenti que j'en ai parfois. Ça complète la vision d'un coach. Je n'ai pas toujours la chance d'avoir quelqu'un qui regarde mes matchs et qui peut avoir la tête sur les épaules et me dire en dehors du côté émotif là, tu as vraiment fait un très bon match ou là, ce n'était pas aussi bon que ça Moi, je pense... C'est vraiment l'aspect émotif qui joue et qui parfois influence ce que je pense du résultat.

  • Speaker #0

    Donc là, c'est vraiment une ouverture vers un nouveau secteur, de nouvelles informations qui pourraient te faire progresser. Là, pour l'instant, les résultats que tu avais eus, c'était vraiment des résultats assez petits gestes, c'est ça, qu'on t'avait transmis par rapport à la data capture ?

  • Speaker #1

    Il y avait beaucoup d'informations. Il y avait quelques informations principales qui ressortaient, comme cette conclusion-là de lancer plus à gauche. Il y avait quand même aussi la conclusion de dire, j'avais pas de gestes parasites qui pouvaient me blesser, j'avais quand même un geste fluide et plutôt dans la norme. Par rapport aux autres, c'est ça. J'étais dans la norme aussi, mais sinon c'est vrai que le reste des informations était vraiment complet et peut-être il y en avait beaucoup et ce n'était pas facile d'isoler une information plus qu'une autre.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'il y aurait d'autres informations à retirer de ça qui n'ont peut-être pas été retirées ?

  • Speaker #1

    J'imagine, on peut sûrement en déduire beaucoup de choses. En tout cas pour l'instant, j'ai retenu deux ou trois éléments de cette séance-là. Si on en faisait une autre, ça pourrait être intéressant de voir l'évolution de mon service au fur et à mesure du temps, de voir effectivement si je change la position de mon service par rapport à ma position de départ. Par exemple aujourd'hui. Lui, je me place à peu près à 1m50 derrière la ligne de fond de cour pour servir. Est-ce que si je me place à 10 cm de la ligne ou à 3 mètres, est-ce que ça change par rapport à mon service ? Il y a beaucoup de choses qui pourraient être étudiées. Pour l'instant, on a été sur un service classique, identique à chaque frappe. J'ai essayé de reproduire la même chose à chaque fois.

  • Speaker #0

    Tu disais qu'il y avait un partenariat technologique avec Salesforce. Qu'est-ce que t'attends de ce partenariat ? Qu'est-ce que ça va pouvoir t'apporter justement dans l'analyse de ces données ?

  • Speaker #1

    On pourra peut-être étudier les autres gestes, le coup droit, le revers. Voir effectivement si j'ai des blocages dans certains gestes, est-ce que par rapport au meilleur... En termes de puissance, d'effet, etc. c'est comparable ou pas. On pourrait peut-être un jour aussi travailler sur mon fauteuil, améliorer la technologie de mon fauteuil. Aujourd'hui il n'y a pas beaucoup de choses qui sont faites sur l'analyse des frottements, du roulement, en fonction des surfaces sur lesquelles on se déplace, quelle pression de pneu il faut utiliser, quel diamètre de roue il faut utiliser, quelle largeur de roulette, quel est le meilleur équilibre pour pouvoir jouer sur terre battue, sur dur. Il y a beaucoup de choses qui pourraient être améliorées au niveau du fauteuil, quel est le poids idéal du fauteuil, quel métal utiliser. Ça s'améliore vraiment. D'année en année, les matériaux progressent, mais je sens qu'il n'y a pas tant de données que ça, et qu'on navigue un peu à vue, on regarde ce que font les autres et on se dirige dans la même direction.

  • Speaker #0

    Oui, parce que pour l'instant, la data arrive dans le tennis fauteuil, peut-être un peu après le tennis valide. Et finalement, c'est un monde à découvrir. C'est énormément de choses différentes à analyser qui vont peut-être développer ce sport dans les prochaines années de manière très importante.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. C'est moins simple, c'est-à-dire que ça prend plus de temps dans le sens où un fauteuil roulant de tennis, ça ne concerne pas 100 000 personnes dans le monde. Il y a moins de... Il y a moins de constructeurs, il y a moins de production. C'est très spécifique, c'est adapté à chaque type de handicap, au style de jeu de chaque personne. Donc c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses à prendre en compte. Et c'est sûrement beaucoup plus complexe à étudier qu'une raquette de tennis qui va être vendue en millions d'exemplaires.

  • Speaker #0

    Il y a également une autre analyse qui a été faite par la Fédération Française de Tennis. C'est des analyses vidéo de tes matchs, de tes matchs, de tes entraînements.

  • Speaker #1

    Plus analyse vidéo des matchs de mes adversaires. En fait, l'idée, c'est de dire, OK, il y a le tirage au sort qui vient de sortir. Demain, je vais jouer contre la numéro 5 mondiale. Elle est gauchère, je l'ai déjà jouée plusieurs fois. Mais là, la FED va analyser tous les matchs qu'elle aura joués en grand chelem l'année passée. Et elle va me sortir une étude statistique de, je ne sais pas, au premier service, côté égalité. Dans 80% des cas, elle sert sur le T ou au corps. Il va y avoir beaucoup de données là-dessus, surtout sur des zones de service, des zones de retour, en première balle, en seconde balle, où est-ce qu'elle est plus à l'aise en coup de poing. ...droit ou est-ce qu'il est plus à l'aise en revers. Et ça donne des indications tactiques pour jouer cette joueuse par la suite.

  • Speaker #0

    Mais qui fait cette analyse vidéo ? Alors c'est quelqu'un de la fédération ?

  • Speaker #1

    C'est quelqu'un de la fédération. Alors c'est pas à chaque match. Ça m'est arrivé qu'une seule fois cette année pour l'instant. Mais l'idée c'est de développer ça de plus en plus. Et d'avoir de plus en plus d'aide sur ce que font les autres. Et dans un second temps ça pourrait être aussi une analyse de mes matchs. Pour qu'ils me disent, ben voilà Emmanuel toi en fait en coup droit dans 80% des cas tu fais ça. Parce que parfois on... On est un peu biaisé, parfois on a l'impression de servir tout le temps au même endroit et en fait peut-être que c'est que 70% du temps et parfois on a l'impression qu'en coup droit on est très à l'aise sur cette zone mais finalement on a fait des coups gagnants dans l'autre zone beaucoup plus souvent et donc ça peut soit compléter ce qu'on pense de notre jeu, soit le valider déjà.

  • Speaker #0

    On disait que la donnée dans le tennis fauteuil et finalement le numérique, la tech, arrive un peu après elle est valide. Est-ce qu'on sait pourquoi ? Est-ce que tu saurais l'expliquer pourquoi ? Est-ce que c'est un problème de moyens ?

  • Speaker #1

    Pour plusieurs raisons. Déjà, le tennis fauteuil existe depuis seulement une quarantaine d'années. C'est une discipline encore très récente qui est en pleine évolution. Il y a quand même beaucoup moins de participants aussi du fait du handicap, du fait peut-être du temps que ça prend de découvrir cette discipline et de vouloir s'entraîner et d'arriver au haut niveau.

  • Speaker #0

    Il faut dire que tu nous disais aussi que dans les grands chelèmes, c'est les 8 meilleurs mondiaux seulement.

  • Speaker #1

    Alors c'était les 8, c'est passé à 16 sur 3 des 4 grands chelèmes.

  • Speaker #0

    Pour comparer quand même, les valides, ils sont 128 je crois. Oui.

  • Speaker #1

    Effectivement, plus un tableau qualificatif. Mais c'est très difficile de comparer le tennis fauteuil avec le tennis valide parce que ça n'a pas le même âge, ça ne concerne pas le même nom de personne dans le monde, ça n'a pas du tout le même impact médiatique. Il y a beaucoup de choses qui diffèrent, mais en tout cas, l'idée aujourd'hui, c'est d'essayer de regrouper ces deux tennis pour faire découvrir le tennis fauteuil à un plus grand nombre et donner envie aux gens de venir supporter les athlètes et de voir que c'est possible de ressentir des émotions sur un match de tennis fauteuil et de voir un... Un beau spectacle.

  • Speaker #0

    Ce qui fait aussi que les innovations, elles sont faites par certaines athlètes et elles ne sont pas partagées. C'est-à-dire que chacun essaie de travailler dans son coin, c'est-à-dire l'évolution de la position, du fauteuil. Mais bon, ce n'est pas partagé. En fait,

  • Speaker #1

    chacun progresse dans son coin. Effectivement, entre les pays, chacun garde un peu ses secrets. Et donc, quand quelqu'un propose une nouvelle position d'un fauteuil ou peut-être utilise une taille de roue différente, si cette personne-là commence à avoir des résultats, les autres vont se dire, tiens, peut-être que je vais essayer ça pour voir. Mais ça ne correspond pas forcément au style de jeu de la personne ou à la capacité physique ou au handicap. Il y a tellement de paramètres qui font que, effectivement, les données ne sont pas forcément partagées, on n'a pas les datas de base. Et donc, on se fiche juste à est-ce que la personne qui a essayé telle position, elle a des résultats ou pas. ou pas, et moi si j'essaye ça marche.

  • Speaker #0

    Et ça manque vraiment d'études, de preuves ?

  • Speaker #1

    Ça manque de beaucoup d'études, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de moyens financiers aussi derrière. En tout cas, un athlète ne peut pas se dire, je vais financer tout un projet de recherche là-dessus, et en plus avoir le temps de passer peut-être une fois par semaine, voir pour faire évoluer les choses. Ça manque sûrement de temps et d'argent, et voilà, il faut espérer que ça se développe au fur et à mesure, et il faut accepter que ça prenne un peu plus de temps que ce qu'on aimerait.

  • Speaker #0

    Donc là on va se projeter dans quelques années. Et on va imaginer, tu vas nous dire comment toi t'imagines le futur de la donnée, ce que toi t'en espères. Tu nous disais que pour l'instant tu avais travaillé sur le service, j'imagine que ce serait top de pouvoir travailler sur le revers, le coup droit.

  • Speaker #1

    Effectivement, on travaille surtout les coups du tennis. Ce qui est le plus essentiel pour moi, c'est de savoir que ce que je fais techniquement ne va pas me blesser. parce qu'il n'y a rien de pire que la blessure pour un athlète. Donc déjà, valider le fait que ma technique est OK en termes de biomécanique. Après, si je peux progresser et aller chercher plus de résultats en faisant évoluer celle-ci d'une certaine manière grâce à la data, ce serait une belle évolution. Et un dernier point, ce serait sur l'analyse des vidéos. Si ça pouvait être automatisé et qu'il y avait un système pour récupérer à chaque fois que je vais jouer une adversaire, à chaque fois que je récupère ces données et ces derniers matchs, ce serait... Facilitant, ouais.

  • Speaker #0

    Tu t'es parlé du fait que l'analyse de ton mouvement, de tes gestes, c'est d'abord, finalement, pour prévenir des blessures. C'est-à-dire que tu imagines ça plus pour prévenir des blessures plutôt que d'abord pour évoluer en termes de performance ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a les deux. Mais avant d'évoluer en termes de performance, il faut déjà valider le fait que sur du long terme, ça ne va pas me blesser. Pour l'instant, ça fait quand même quelques années que je joue. J'ai la chance d'avoir une bonne hygiène de vie et de faire attention à tout ce que je fais. Donc globalement, je ne me blesse pas. Mais... Avant de changer un geste, c'est quand même bon de savoir si le geste qu'on va changer, il est bien d'un point de vue biomécanique et il ne nous blesse pas. Parce que si on va chercher une performance, mais que derrière, ça amène une blessure, ce n'est pas non plus magnifique.

  • Speaker #0

    Et il faut dire aussi qu'on a pu assister à ton entraînement ce matin au CNE, le centre national à côté de Roland-Garros, où tu t'entraînes exceptionnellement parce que tu n'es pas de la région parisienne, toi.

  • Speaker #1

    Non, j'habite à Marseille, je suis montée exprès pour l'événement Excel Sports et du coup, j'en ai profité pour m'entraîner au CNE.

  • Speaker #0

    Et on encourage... Tous ceux qui n'ont jamais vu de joueuse en tennis fauteuil, parce que c'est assez impressionnant, il faut dire, de voir ça. Et finalement, ils peuvent venir vous voir dans les Grands Chelèmes, notamment à Roland-Garros et aux Paralympiques.

  • Speaker #1

    Ah bah oui, effectivement, dans les Grands Chelèmes, aux Paralympiques, sur d'autres tournois un peu moins connus. Il y a un tournoi qui a lieu dans le sud, à l'Académie Moratoglou, au mois de juin, qui est un très gros tournoi aussi. L'entrée est gratuite, donc c'est assez facile pour ceux qui habitent près de Nice. Mais oui, il y a quelques tournois en France et... et je pense que ça vaut le coup d'aller voir au moins une fois dans sa vie du tennis fauteuil

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Emmanuel de nous avoir expliqué comment tu utilises la data pour essayer de t'améliorer et de gagner en performance Merci Jean-Baptiste Merci à vous de nous avoir écouté n'hésitez pas à partager et vous abonner sur toutes les plateformes pour accéder aux prochains épisodes On se retrouve très vite avec un nouvel invité pour décrypter la montée en puissance de la tech dans le monde du sport.

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Description

Dans le monde du sport, la data est partout, y compris dans le handisport. Emmanuelle Mörch, joueuse de tennis-fauteuil classée à la 25e place mondiale, a décidé de passer le cap de la data pour tenter d'optimiser ses performances à travers son jeu. D'abord loin de la data, c'est avec Salesforce qu'elle s'est orientée vers cette solution à travers notamment une séance de data-capture.


Grâce à des capteurs présents sur ses articulations, elle a ainsi réussi à obtenir des informations sur son service afin de gagner en puissance et en efficacité. Mais l'analyse de la data à travers plusieurs séances de la sorte pourrait lui permettre d'aller plus loin dans l'optimisation de son jeu via ses mouvements ou encore son fauteuil roulant.


La technologie et l'utilisation de la data sont très présentes dans le monde du tennis-valide. Les grandes stars du circuit comme Novak Djokovic ont régulièrement recours à ces solutions. Dans le tennis-fauteuil, ces solutions sont beaucoup moins fréquentes notamment en raison des moyens moins importants. Une tendance que tente d'inverser des joueuses comme Emmanuelle Mörch dans un sport où tant de choses sont encore à analyser à travers la data et la technologie.

__

Après une olympiade 2020 fortement touchée par la pandémie, Paris accueillera l'an prochain, les premiers Jeux depuis 8 ans, en présence de spectateurs venus du monde entier. Huit années pendant lesquelles la technologie a profondément évolué. Où le numérique s'est introduit dans tous les aspects de la société, et le monde du sport n'y fait pas exception. À travers le podcast Tech In Sport et de nombreux articles de notre rubrique "Sport et numérique", Alliancy, média de la transformation digitale vous propose de découvrir ces impacts variés sur l’industrie sportive : de la gestion de données à la cybersécurité, en passant par l'intelligence artificielle et les solutions au service de la performance des athlètes...

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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Jean-Baptiste Lottier, bienvenue dans Take in Sport, un podcast Alliancy, médias numériques et business. Performance sportive, cybersécurité des événements, data, intelligence artificielle. Dans ce podcast, nous allons décrypter tous les impacts du numérique sur le monde du sport avec en ligne de mire les JO de Paris 2024. Alors aujourd'hui, on est avec Emmanuelle Meurck. Bonjour Emmanuelle.

  • Speaker #1

    Bonjour Jean-Baptiste.

  • Speaker #0

    Donc Emmanuelle, tu es joueuse de tennis fauteuil, tu es 25e mondiale, tu as déjà participé deux fois aux Jeux Paralympiques, trois fois à Roland-Garros. Tu t'apprêtes à faire les Jeux Paralympiques de Paris, évidemment ?

  • Speaker #1

    Exactement, en tout cas je me prépare pour, on est encore en pleine période de qualification. Oui,

  • Speaker #0

    donc c'est dans moins d'un an, donc ça occupe tout ton temps. Pour échanger aujourd'hui avec toi, Emmanuel, on est chez Salesforce, juste à côté de la Tour Eiffel. Salesforce t'accompagne dans un partenariat en vue des Jeux Olympiques. On va évoquer avec toi comment la data peut améliorer, optimiser ta performance, tes gestes et finalement te faire progresser au plus haut niveau. Pour ça, tu as analysé de manière biomécanique tes gestes avec la data. Comment tu as fait ?

  • Speaker #1

    J'ai fait une première session avec le service notamment. L'idée, c'était de placer plein de capteurs sur tout mon corps, au niveau des articulations, sur ma raquette, sur mon fauteuil. sur les balles pour avoir une représentation numérique de ma position dans l'espace et de la position de la balle et de ma raquette dans l'espace. Et donc j'ai fait peut-être une centaine de services avec l'idée de voir ce que ça allait donner au global, en moyenne, dans les extrêmes et de pouvoir comparer mon geste avec celui des toutes meilleures du monde et aussi de pouvoir comparer mon geste d'un point de vue biomécanique avec peut-être des gestes parasites qui pourraient me blesser ou des choses comme ça et voir surtout ce qui pouvait être amélioré dans ma technique pour essayer d'aller en cours. encore plus loin, avoir plus de puissance, plus d'effets, plus de précision.

  • Speaker #0

    Donc ça, ça a été fait pendant un entraînement, pendant une session, c'est ça ? Ou tu as utilisé ces capteurs pendant tout un entraînement ?

  • Speaker #1

    Exactement, c'est une session qui prend 2-3 heures. C'est vraiment dédié à ça. Il y a des caméras partout sur le terrain pour vraiment avoir une belle prise de vue des capteurs. C'est tout un entraînement dédié à ça pour essayer d'avoir une vision globale de mon service et vraiment, au-delà du ressenti que je peux avoir, savoir concrètement ce que ça donne à l'écran.

  • Speaker #0

    Et donc par rapport à ton ressenti, est-ce que tu as appris des nouvelles choses sur ton mouvement, sur ton service ?

  • Speaker #1

    Il y a un grand thème qui est ressorti, c'était par rapport à mon lancé. Mon lancé était un peu sur la droite, ce qui me permettait de beaucoup slicer la balle, donc de faire tourner la balle pour qu'elle ait un effet sortant ou montrant.

  • Speaker #0

    Slicer, c'est vraiment qu'il y a bien d'affaires latérales.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et la consigne principale du coup, due à cette piste de mesure, c'était de se dire, si je lance plus à gauche, ça va me permettre de frapper plus en hauteur et donc d'avoir plus de puissance en météo. dans un peu moins d'effet. Voilà, l'idée c'est d'essayer de voir ce que c'est que plus à gauche, ce que c'est que plus à droite et de tester différentes variations de services, sachant que je ne vais pas faire toujours le même service pendant tout un match. En fonction de l'adversaire, en fonction du vent qui va peut-être y avoir ce jour-là, du soleil, de ma fluidité selon le jour, je vais employer tel ou tel service. Donc je ne vais pas forcément toujours lancer à gauche pour frapper plus fort, mais en tout cas ça donne une indication pour essayer de chercher plus de puissance si un jour j'en ai besoin.

  • Speaker #0

    Et suite à ce résultat, est-ce que tu as adapté des choses pendant ton entraînement ? Est-ce que finalement toi tu t'en es rendu compte avec tes sens ? Tu avais la sensation que si tu servais moins à droite, tu avais plus de puissance. Est-ce que tout ça, tu t'en es rendu compte ?

  • Speaker #1

    Disons que je m'en étais déjà rendu compte avant, ça a confirmé ce fait-là. Mais ça donne envie, je trouve, d'aller dans les extrêmes, d'essayer plus de choses, de se dire, ok, si je lance carrément complètement à gauche, même un peu trop, qu'est-ce qui se passe ? Si je lance complètement à droite, qu'est-ce qui se passe ? Si je lance un peu plus devant, un peu plus haut, un peu plus derrière, à quel moment je frappe la balle ? Et en fait, ça fait poser des questions sur son geste, et se dire, qu'est-ce qui peut me permettre de l'améliorer dans telle ou telle condition ? Donc ça permet d'avancer dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu t'es entraîné pendant des années sans informations liées à la data, et finalement tu as eu cette information. Alors au départ, c'était une recherche de sponsors qui a fait que tu t'es orienté un peu par hasard vers la data. Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Alors ça fait 9 mois que j'ai croisé la route de Salesforce. Ils m'ont proposé effectivement de m'accompagner vers les Jeux de Paris 2024. Et en parlant de cette idée de la data et de mettre en place, en plus d'un partenariat financier, une aide d'un point de vue technologique pour analyser mes gestes au quotidien et savoir les représenter sous forme d'un tableau vraiment très interactif, très facile à comprendre pour le grand public et me permettre de progresser dans ma discipline.

  • Speaker #0

    Quelle image tu avais de la data avant finalement de l'utiliser ?

  • Speaker #1

    J'en avais pas beaucoup. J'en avais surtout au niveau des statistiques des matchs. C'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup après un match, quand je peux avoir ces statistiques, savoir mon pourcentage de première balle, combien de doubles fautes j'ai fait, combien d'ace, combien de coups gagnants, combien de fautes directes. Je trouve que ça donne un état global du match qui peut être un peu différent du ressenti que j'en ai parfois. Ça complète la vision d'un coach. Je n'ai pas toujours la chance d'avoir quelqu'un qui regarde mes matchs et qui peut avoir la tête sur les épaules et me dire en dehors du côté émotif là, tu as vraiment fait un très bon match ou là, ce n'était pas aussi bon que ça Moi, je pense... C'est vraiment l'aspect émotif qui joue et qui parfois influence ce que je pense du résultat.

  • Speaker #0

    Donc là, c'est vraiment une ouverture vers un nouveau secteur, de nouvelles informations qui pourraient te faire progresser. Là, pour l'instant, les résultats que tu avais eus, c'était vraiment des résultats assez petits gestes, c'est ça, qu'on t'avait transmis par rapport à la data capture ?

  • Speaker #1

    Il y avait beaucoup d'informations. Il y avait quelques informations principales qui ressortaient, comme cette conclusion-là de lancer plus à gauche. Il y avait quand même aussi la conclusion de dire, j'avais pas de gestes parasites qui pouvaient me blesser, j'avais quand même un geste fluide et plutôt dans la norme. Par rapport aux autres, c'est ça. J'étais dans la norme aussi, mais sinon c'est vrai que le reste des informations était vraiment complet et peut-être il y en avait beaucoup et ce n'était pas facile d'isoler une information plus qu'une autre.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'il y aurait d'autres informations à retirer de ça qui n'ont peut-être pas été retirées ?

  • Speaker #1

    J'imagine, on peut sûrement en déduire beaucoup de choses. En tout cas pour l'instant, j'ai retenu deux ou trois éléments de cette séance-là. Si on en faisait une autre, ça pourrait être intéressant de voir l'évolution de mon service au fur et à mesure du temps, de voir effectivement si je change la position de mon service par rapport à ma position de départ. Par exemple aujourd'hui. Lui, je me place à peu près à 1m50 derrière la ligne de fond de cour pour servir. Est-ce que si je me place à 10 cm de la ligne ou à 3 mètres, est-ce que ça change par rapport à mon service ? Il y a beaucoup de choses qui pourraient être étudiées. Pour l'instant, on a été sur un service classique, identique à chaque frappe. J'ai essayé de reproduire la même chose à chaque fois.

  • Speaker #0

    Tu disais qu'il y avait un partenariat technologique avec Salesforce. Qu'est-ce que t'attends de ce partenariat ? Qu'est-ce que ça va pouvoir t'apporter justement dans l'analyse de ces données ?

  • Speaker #1

    On pourra peut-être étudier les autres gestes, le coup droit, le revers. Voir effectivement si j'ai des blocages dans certains gestes, est-ce que par rapport au meilleur... En termes de puissance, d'effet, etc. c'est comparable ou pas. On pourrait peut-être un jour aussi travailler sur mon fauteuil, améliorer la technologie de mon fauteuil. Aujourd'hui il n'y a pas beaucoup de choses qui sont faites sur l'analyse des frottements, du roulement, en fonction des surfaces sur lesquelles on se déplace, quelle pression de pneu il faut utiliser, quel diamètre de roue il faut utiliser, quelle largeur de roulette, quel est le meilleur équilibre pour pouvoir jouer sur terre battue, sur dur. Il y a beaucoup de choses qui pourraient être améliorées au niveau du fauteuil, quel est le poids idéal du fauteuil, quel métal utiliser. Ça s'améliore vraiment. D'année en année, les matériaux progressent, mais je sens qu'il n'y a pas tant de données que ça, et qu'on navigue un peu à vue, on regarde ce que font les autres et on se dirige dans la même direction.

  • Speaker #0

    Oui, parce que pour l'instant, la data arrive dans le tennis fauteuil, peut-être un peu après le tennis valide. Et finalement, c'est un monde à découvrir. C'est énormément de choses différentes à analyser qui vont peut-être développer ce sport dans les prochaines années de manière très importante.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. C'est moins simple, c'est-à-dire que ça prend plus de temps dans le sens où un fauteuil roulant de tennis, ça ne concerne pas 100 000 personnes dans le monde. Il y a moins de... Il y a moins de constructeurs, il y a moins de production. C'est très spécifique, c'est adapté à chaque type de handicap, au style de jeu de chaque personne. Donc c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses à prendre en compte. Et c'est sûrement beaucoup plus complexe à étudier qu'une raquette de tennis qui va être vendue en millions d'exemplaires.

  • Speaker #0

    Il y a également une autre analyse qui a été faite par la Fédération Française de Tennis. C'est des analyses vidéo de tes matchs, de tes matchs, de tes entraînements.

  • Speaker #1

    Plus analyse vidéo des matchs de mes adversaires. En fait, l'idée, c'est de dire, OK, il y a le tirage au sort qui vient de sortir. Demain, je vais jouer contre la numéro 5 mondiale. Elle est gauchère, je l'ai déjà jouée plusieurs fois. Mais là, la FED va analyser tous les matchs qu'elle aura joués en grand chelem l'année passée. Et elle va me sortir une étude statistique de, je ne sais pas, au premier service, côté égalité. Dans 80% des cas, elle sert sur le T ou au corps. Il va y avoir beaucoup de données là-dessus, surtout sur des zones de service, des zones de retour, en première balle, en seconde balle, où est-ce qu'elle est plus à l'aise en coup de poing. ...droit ou est-ce qu'il est plus à l'aise en revers. Et ça donne des indications tactiques pour jouer cette joueuse par la suite.

  • Speaker #0

    Mais qui fait cette analyse vidéo ? Alors c'est quelqu'un de la fédération ?

  • Speaker #1

    C'est quelqu'un de la fédération. Alors c'est pas à chaque match. Ça m'est arrivé qu'une seule fois cette année pour l'instant. Mais l'idée c'est de développer ça de plus en plus. Et d'avoir de plus en plus d'aide sur ce que font les autres. Et dans un second temps ça pourrait être aussi une analyse de mes matchs. Pour qu'ils me disent, ben voilà Emmanuel toi en fait en coup droit dans 80% des cas tu fais ça. Parce que parfois on... On est un peu biaisé, parfois on a l'impression de servir tout le temps au même endroit et en fait peut-être que c'est que 70% du temps et parfois on a l'impression qu'en coup droit on est très à l'aise sur cette zone mais finalement on a fait des coups gagnants dans l'autre zone beaucoup plus souvent et donc ça peut soit compléter ce qu'on pense de notre jeu, soit le valider déjà.

  • Speaker #0

    On disait que la donnée dans le tennis fauteuil et finalement le numérique, la tech, arrive un peu après elle est valide. Est-ce qu'on sait pourquoi ? Est-ce que tu saurais l'expliquer pourquoi ? Est-ce que c'est un problème de moyens ?

  • Speaker #1

    Pour plusieurs raisons. Déjà, le tennis fauteuil existe depuis seulement une quarantaine d'années. C'est une discipline encore très récente qui est en pleine évolution. Il y a quand même beaucoup moins de participants aussi du fait du handicap, du fait peut-être du temps que ça prend de découvrir cette discipline et de vouloir s'entraîner et d'arriver au haut niveau.

  • Speaker #0

    Il faut dire que tu nous disais aussi que dans les grands chelèmes, c'est les 8 meilleurs mondiaux seulement.

  • Speaker #1

    Alors c'était les 8, c'est passé à 16 sur 3 des 4 grands chelèmes.

  • Speaker #0

    Pour comparer quand même, les valides, ils sont 128 je crois. Oui.

  • Speaker #1

    Effectivement, plus un tableau qualificatif. Mais c'est très difficile de comparer le tennis fauteuil avec le tennis valide parce que ça n'a pas le même âge, ça ne concerne pas le même nom de personne dans le monde, ça n'a pas du tout le même impact médiatique. Il y a beaucoup de choses qui diffèrent, mais en tout cas, l'idée aujourd'hui, c'est d'essayer de regrouper ces deux tennis pour faire découvrir le tennis fauteuil à un plus grand nombre et donner envie aux gens de venir supporter les athlètes et de voir que c'est possible de ressentir des émotions sur un match de tennis fauteuil et de voir un... Un beau spectacle.

  • Speaker #0

    Ce qui fait aussi que les innovations, elles sont faites par certaines athlètes et elles ne sont pas partagées. C'est-à-dire que chacun essaie de travailler dans son coin, c'est-à-dire l'évolution de la position, du fauteuil. Mais bon, ce n'est pas partagé. En fait,

  • Speaker #1

    chacun progresse dans son coin. Effectivement, entre les pays, chacun garde un peu ses secrets. Et donc, quand quelqu'un propose une nouvelle position d'un fauteuil ou peut-être utilise une taille de roue différente, si cette personne-là commence à avoir des résultats, les autres vont se dire, tiens, peut-être que je vais essayer ça pour voir. Mais ça ne correspond pas forcément au style de jeu de la personne ou à la capacité physique ou au handicap. Il y a tellement de paramètres qui font que, effectivement, les données ne sont pas forcément partagées, on n'a pas les datas de base. Et donc, on se fiche juste à est-ce que la personne qui a essayé telle position, elle a des résultats ou pas. ou pas, et moi si j'essaye ça marche.

  • Speaker #0

    Et ça manque vraiment d'études, de preuves ?

  • Speaker #1

    Ça manque de beaucoup d'études, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de moyens financiers aussi derrière. En tout cas, un athlète ne peut pas se dire, je vais financer tout un projet de recherche là-dessus, et en plus avoir le temps de passer peut-être une fois par semaine, voir pour faire évoluer les choses. Ça manque sûrement de temps et d'argent, et voilà, il faut espérer que ça se développe au fur et à mesure, et il faut accepter que ça prenne un peu plus de temps que ce qu'on aimerait.

  • Speaker #0

    Donc là on va se projeter dans quelques années. Et on va imaginer, tu vas nous dire comment toi t'imagines le futur de la donnée, ce que toi t'en espères. Tu nous disais que pour l'instant tu avais travaillé sur le service, j'imagine que ce serait top de pouvoir travailler sur le revers, le coup droit.

  • Speaker #1

    Effectivement, on travaille surtout les coups du tennis. Ce qui est le plus essentiel pour moi, c'est de savoir que ce que je fais techniquement ne va pas me blesser. parce qu'il n'y a rien de pire que la blessure pour un athlète. Donc déjà, valider le fait que ma technique est OK en termes de biomécanique. Après, si je peux progresser et aller chercher plus de résultats en faisant évoluer celle-ci d'une certaine manière grâce à la data, ce serait une belle évolution. Et un dernier point, ce serait sur l'analyse des vidéos. Si ça pouvait être automatisé et qu'il y avait un système pour récupérer à chaque fois que je vais jouer une adversaire, à chaque fois que je récupère ces données et ces derniers matchs, ce serait... Facilitant, ouais.

  • Speaker #0

    Tu t'es parlé du fait que l'analyse de ton mouvement, de tes gestes, c'est d'abord, finalement, pour prévenir des blessures. C'est-à-dire que tu imagines ça plus pour prévenir des blessures plutôt que d'abord pour évoluer en termes de performance ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a les deux. Mais avant d'évoluer en termes de performance, il faut déjà valider le fait que sur du long terme, ça ne va pas me blesser. Pour l'instant, ça fait quand même quelques années que je joue. J'ai la chance d'avoir une bonne hygiène de vie et de faire attention à tout ce que je fais. Donc globalement, je ne me blesse pas. Mais... Avant de changer un geste, c'est quand même bon de savoir si le geste qu'on va changer, il est bien d'un point de vue biomécanique et il ne nous blesse pas. Parce que si on va chercher une performance, mais que derrière, ça amène une blessure, ce n'est pas non plus magnifique.

  • Speaker #0

    Et il faut dire aussi qu'on a pu assister à ton entraînement ce matin au CNE, le centre national à côté de Roland-Garros, où tu t'entraînes exceptionnellement parce que tu n'es pas de la région parisienne, toi.

  • Speaker #1

    Non, j'habite à Marseille, je suis montée exprès pour l'événement Excel Sports et du coup, j'en ai profité pour m'entraîner au CNE.

  • Speaker #0

    Et on encourage... Tous ceux qui n'ont jamais vu de joueuse en tennis fauteuil, parce que c'est assez impressionnant, il faut dire, de voir ça. Et finalement, ils peuvent venir vous voir dans les Grands Chelèmes, notamment à Roland-Garros et aux Paralympiques.

  • Speaker #1

    Ah bah oui, effectivement, dans les Grands Chelèmes, aux Paralympiques, sur d'autres tournois un peu moins connus. Il y a un tournoi qui a lieu dans le sud, à l'Académie Moratoglou, au mois de juin, qui est un très gros tournoi aussi. L'entrée est gratuite, donc c'est assez facile pour ceux qui habitent près de Nice. Mais oui, il y a quelques tournois en France et... et je pense que ça vaut le coup d'aller voir au moins une fois dans sa vie du tennis fauteuil

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Emmanuel de nous avoir expliqué comment tu utilises la data pour essayer de t'améliorer et de gagner en performance Merci Jean-Baptiste Merci à vous de nous avoir écouté n'hésitez pas à partager et vous abonner sur toutes les plateformes pour accéder aux prochains épisodes On se retrouve très vite avec un nouvel invité pour décrypter la montée en puissance de la tech dans le monde du sport.

Description

Dans le monde du sport, la data est partout, y compris dans le handisport. Emmanuelle Mörch, joueuse de tennis-fauteuil classée à la 25e place mondiale, a décidé de passer le cap de la data pour tenter d'optimiser ses performances à travers son jeu. D'abord loin de la data, c'est avec Salesforce qu'elle s'est orientée vers cette solution à travers notamment une séance de data-capture.


Grâce à des capteurs présents sur ses articulations, elle a ainsi réussi à obtenir des informations sur son service afin de gagner en puissance et en efficacité. Mais l'analyse de la data à travers plusieurs séances de la sorte pourrait lui permettre d'aller plus loin dans l'optimisation de son jeu via ses mouvements ou encore son fauteuil roulant.


La technologie et l'utilisation de la data sont très présentes dans le monde du tennis-valide. Les grandes stars du circuit comme Novak Djokovic ont régulièrement recours à ces solutions. Dans le tennis-fauteuil, ces solutions sont beaucoup moins fréquentes notamment en raison des moyens moins importants. Une tendance que tente d'inverser des joueuses comme Emmanuelle Mörch dans un sport où tant de choses sont encore à analyser à travers la data et la technologie.

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Après une olympiade 2020 fortement touchée par la pandémie, Paris accueillera l'an prochain, les premiers Jeux depuis 8 ans, en présence de spectateurs venus du monde entier. Huit années pendant lesquelles la technologie a profondément évolué. Où le numérique s'est introduit dans tous les aspects de la société, et le monde du sport n'y fait pas exception. À travers le podcast Tech In Sport et de nombreux articles de notre rubrique "Sport et numérique", Alliancy, média de la transformation digitale vous propose de découvrir ces impacts variés sur l’industrie sportive : de la gestion de données à la cybersécurité, en passant par l'intelligence artificielle et les solutions au service de la performance des athlètes...

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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Jean-Baptiste Lottier, bienvenue dans Take in Sport, un podcast Alliancy, médias numériques et business. Performance sportive, cybersécurité des événements, data, intelligence artificielle. Dans ce podcast, nous allons décrypter tous les impacts du numérique sur le monde du sport avec en ligne de mire les JO de Paris 2024. Alors aujourd'hui, on est avec Emmanuelle Meurck. Bonjour Emmanuelle.

  • Speaker #1

    Bonjour Jean-Baptiste.

  • Speaker #0

    Donc Emmanuelle, tu es joueuse de tennis fauteuil, tu es 25e mondiale, tu as déjà participé deux fois aux Jeux Paralympiques, trois fois à Roland-Garros. Tu t'apprêtes à faire les Jeux Paralympiques de Paris, évidemment ?

  • Speaker #1

    Exactement, en tout cas je me prépare pour, on est encore en pleine période de qualification. Oui,

  • Speaker #0

    donc c'est dans moins d'un an, donc ça occupe tout ton temps. Pour échanger aujourd'hui avec toi, Emmanuel, on est chez Salesforce, juste à côté de la Tour Eiffel. Salesforce t'accompagne dans un partenariat en vue des Jeux Olympiques. On va évoquer avec toi comment la data peut améliorer, optimiser ta performance, tes gestes et finalement te faire progresser au plus haut niveau. Pour ça, tu as analysé de manière biomécanique tes gestes avec la data. Comment tu as fait ?

  • Speaker #1

    J'ai fait une première session avec le service notamment. L'idée, c'était de placer plein de capteurs sur tout mon corps, au niveau des articulations, sur ma raquette, sur mon fauteuil. sur les balles pour avoir une représentation numérique de ma position dans l'espace et de la position de la balle et de ma raquette dans l'espace. Et donc j'ai fait peut-être une centaine de services avec l'idée de voir ce que ça allait donner au global, en moyenne, dans les extrêmes et de pouvoir comparer mon geste avec celui des toutes meilleures du monde et aussi de pouvoir comparer mon geste d'un point de vue biomécanique avec peut-être des gestes parasites qui pourraient me blesser ou des choses comme ça et voir surtout ce qui pouvait être amélioré dans ma technique pour essayer d'aller en cours. encore plus loin, avoir plus de puissance, plus d'effets, plus de précision.

  • Speaker #0

    Donc ça, ça a été fait pendant un entraînement, pendant une session, c'est ça ? Ou tu as utilisé ces capteurs pendant tout un entraînement ?

  • Speaker #1

    Exactement, c'est une session qui prend 2-3 heures. C'est vraiment dédié à ça. Il y a des caméras partout sur le terrain pour vraiment avoir une belle prise de vue des capteurs. C'est tout un entraînement dédié à ça pour essayer d'avoir une vision globale de mon service et vraiment, au-delà du ressenti que je peux avoir, savoir concrètement ce que ça donne à l'écran.

  • Speaker #0

    Et donc par rapport à ton ressenti, est-ce que tu as appris des nouvelles choses sur ton mouvement, sur ton service ?

  • Speaker #1

    Il y a un grand thème qui est ressorti, c'était par rapport à mon lancé. Mon lancé était un peu sur la droite, ce qui me permettait de beaucoup slicer la balle, donc de faire tourner la balle pour qu'elle ait un effet sortant ou montrant.

  • Speaker #0

    Slicer, c'est vraiment qu'il y a bien d'affaires latérales.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Et la consigne principale du coup, due à cette piste de mesure, c'était de se dire, si je lance plus à gauche, ça va me permettre de frapper plus en hauteur et donc d'avoir plus de puissance en météo. dans un peu moins d'effet. Voilà, l'idée c'est d'essayer de voir ce que c'est que plus à gauche, ce que c'est que plus à droite et de tester différentes variations de services, sachant que je ne vais pas faire toujours le même service pendant tout un match. En fonction de l'adversaire, en fonction du vent qui va peut-être y avoir ce jour-là, du soleil, de ma fluidité selon le jour, je vais employer tel ou tel service. Donc je ne vais pas forcément toujours lancer à gauche pour frapper plus fort, mais en tout cas ça donne une indication pour essayer de chercher plus de puissance si un jour j'en ai besoin.

  • Speaker #0

    Et suite à ce résultat, est-ce que tu as adapté des choses pendant ton entraînement ? Est-ce que finalement toi tu t'en es rendu compte avec tes sens ? Tu avais la sensation que si tu servais moins à droite, tu avais plus de puissance. Est-ce que tout ça, tu t'en es rendu compte ?

  • Speaker #1

    Disons que je m'en étais déjà rendu compte avant, ça a confirmé ce fait-là. Mais ça donne envie, je trouve, d'aller dans les extrêmes, d'essayer plus de choses, de se dire, ok, si je lance carrément complètement à gauche, même un peu trop, qu'est-ce qui se passe ? Si je lance complètement à droite, qu'est-ce qui se passe ? Si je lance un peu plus devant, un peu plus haut, un peu plus derrière, à quel moment je frappe la balle ? Et en fait, ça fait poser des questions sur son geste, et se dire, qu'est-ce qui peut me permettre de l'améliorer dans telle ou telle condition ? Donc ça permet d'avancer dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu t'es entraîné pendant des années sans informations liées à la data, et finalement tu as eu cette information. Alors au départ, c'était une recherche de sponsors qui a fait que tu t'es orienté un peu par hasard vers la data. Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Alors ça fait 9 mois que j'ai croisé la route de Salesforce. Ils m'ont proposé effectivement de m'accompagner vers les Jeux de Paris 2024. Et en parlant de cette idée de la data et de mettre en place, en plus d'un partenariat financier, une aide d'un point de vue technologique pour analyser mes gestes au quotidien et savoir les représenter sous forme d'un tableau vraiment très interactif, très facile à comprendre pour le grand public et me permettre de progresser dans ma discipline.

  • Speaker #0

    Quelle image tu avais de la data avant finalement de l'utiliser ?

  • Speaker #1

    J'en avais pas beaucoup. J'en avais surtout au niveau des statistiques des matchs. C'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup après un match, quand je peux avoir ces statistiques, savoir mon pourcentage de première balle, combien de doubles fautes j'ai fait, combien d'ace, combien de coups gagnants, combien de fautes directes. Je trouve que ça donne un état global du match qui peut être un peu différent du ressenti que j'en ai parfois. Ça complète la vision d'un coach. Je n'ai pas toujours la chance d'avoir quelqu'un qui regarde mes matchs et qui peut avoir la tête sur les épaules et me dire en dehors du côté émotif là, tu as vraiment fait un très bon match ou là, ce n'était pas aussi bon que ça Moi, je pense... C'est vraiment l'aspect émotif qui joue et qui parfois influence ce que je pense du résultat.

  • Speaker #0

    Donc là, c'est vraiment une ouverture vers un nouveau secteur, de nouvelles informations qui pourraient te faire progresser. Là, pour l'instant, les résultats que tu avais eus, c'était vraiment des résultats assez petits gestes, c'est ça, qu'on t'avait transmis par rapport à la data capture ?

  • Speaker #1

    Il y avait beaucoup d'informations. Il y avait quelques informations principales qui ressortaient, comme cette conclusion-là de lancer plus à gauche. Il y avait quand même aussi la conclusion de dire, j'avais pas de gestes parasites qui pouvaient me blesser, j'avais quand même un geste fluide et plutôt dans la norme. Par rapport aux autres, c'est ça. J'étais dans la norme aussi, mais sinon c'est vrai que le reste des informations était vraiment complet et peut-être il y en avait beaucoup et ce n'était pas facile d'isoler une information plus qu'une autre.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'il y aurait d'autres informations à retirer de ça qui n'ont peut-être pas été retirées ?

  • Speaker #1

    J'imagine, on peut sûrement en déduire beaucoup de choses. En tout cas pour l'instant, j'ai retenu deux ou trois éléments de cette séance-là. Si on en faisait une autre, ça pourrait être intéressant de voir l'évolution de mon service au fur et à mesure du temps, de voir effectivement si je change la position de mon service par rapport à ma position de départ. Par exemple aujourd'hui. Lui, je me place à peu près à 1m50 derrière la ligne de fond de cour pour servir. Est-ce que si je me place à 10 cm de la ligne ou à 3 mètres, est-ce que ça change par rapport à mon service ? Il y a beaucoup de choses qui pourraient être étudiées. Pour l'instant, on a été sur un service classique, identique à chaque frappe. J'ai essayé de reproduire la même chose à chaque fois.

  • Speaker #0

    Tu disais qu'il y avait un partenariat technologique avec Salesforce. Qu'est-ce que t'attends de ce partenariat ? Qu'est-ce que ça va pouvoir t'apporter justement dans l'analyse de ces données ?

  • Speaker #1

    On pourra peut-être étudier les autres gestes, le coup droit, le revers. Voir effectivement si j'ai des blocages dans certains gestes, est-ce que par rapport au meilleur... En termes de puissance, d'effet, etc. c'est comparable ou pas. On pourrait peut-être un jour aussi travailler sur mon fauteuil, améliorer la technologie de mon fauteuil. Aujourd'hui il n'y a pas beaucoup de choses qui sont faites sur l'analyse des frottements, du roulement, en fonction des surfaces sur lesquelles on se déplace, quelle pression de pneu il faut utiliser, quel diamètre de roue il faut utiliser, quelle largeur de roulette, quel est le meilleur équilibre pour pouvoir jouer sur terre battue, sur dur. Il y a beaucoup de choses qui pourraient être améliorées au niveau du fauteuil, quel est le poids idéal du fauteuil, quel métal utiliser. Ça s'améliore vraiment. D'année en année, les matériaux progressent, mais je sens qu'il n'y a pas tant de données que ça, et qu'on navigue un peu à vue, on regarde ce que font les autres et on se dirige dans la même direction.

  • Speaker #0

    Oui, parce que pour l'instant, la data arrive dans le tennis fauteuil, peut-être un peu après le tennis valide. Et finalement, c'est un monde à découvrir. C'est énormément de choses différentes à analyser qui vont peut-être développer ce sport dans les prochaines années de manière très importante.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. C'est moins simple, c'est-à-dire que ça prend plus de temps dans le sens où un fauteuil roulant de tennis, ça ne concerne pas 100 000 personnes dans le monde. Il y a moins de... Il y a moins de constructeurs, il y a moins de production. C'est très spécifique, c'est adapté à chaque type de handicap, au style de jeu de chaque personne. Donc c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses à prendre en compte. Et c'est sûrement beaucoup plus complexe à étudier qu'une raquette de tennis qui va être vendue en millions d'exemplaires.

  • Speaker #0

    Il y a également une autre analyse qui a été faite par la Fédération Française de Tennis. C'est des analyses vidéo de tes matchs, de tes matchs, de tes entraînements.

  • Speaker #1

    Plus analyse vidéo des matchs de mes adversaires. En fait, l'idée, c'est de dire, OK, il y a le tirage au sort qui vient de sortir. Demain, je vais jouer contre la numéro 5 mondiale. Elle est gauchère, je l'ai déjà jouée plusieurs fois. Mais là, la FED va analyser tous les matchs qu'elle aura joués en grand chelem l'année passée. Et elle va me sortir une étude statistique de, je ne sais pas, au premier service, côté égalité. Dans 80% des cas, elle sert sur le T ou au corps. Il va y avoir beaucoup de données là-dessus, surtout sur des zones de service, des zones de retour, en première balle, en seconde balle, où est-ce qu'elle est plus à l'aise en coup de poing. ...droit ou est-ce qu'il est plus à l'aise en revers. Et ça donne des indications tactiques pour jouer cette joueuse par la suite.

  • Speaker #0

    Mais qui fait cette analyse vidéo ? Alors c'est quelqu'un de la fédération ?

  • Speaker #1

    C'est quelqu'un de la fédération. Alors c'est pas à chaque match. Ça m'est arrivé qu'une seule fois cette année pour l'instant. Mais l'idée c'est de développer ça de plus en plus. Et d'avoir de plus en plus d'aide sur ce que font les autres. Et dans un second temps ça pourrait être aussi une analyse de mes matchs. Pour qu'ils me disent, ben voilà Emmanuel toi en fait en coup droit dans 80% des cas tu fais ça. Parce que parfois on... On est un peu biaisé, parfois on a l'impression de servir tout le temps au même endroit et en fait peut-être que c'est que 70% du temps et parfois on a l'impression qu'en coup droit on est très à l'aise sur cette zone mais finalement on a fait des coups gagnants dans l'autre zone beaucoup plus souvent et donc ça peut soit compléter ce qu'on pense de notre jeu, soit le valider déjà.

  • Speaker #0

    On disait que la donnée dans le tennis fauteuil et finalement le numérique, la tech, arrive un peu après elle est valide. Est-ce qu'on sait pourquoi ? Est-ce que tu saurais l'expliquer pourquoi ? Est-ce que c'est un problème de moyens ?

  • Speaker #1

    Pour plusieurs raisons. Déjà, le tennis fauteuil existe depuis seulement une quarantaine d'années. C'est une discipline encore très récente qui est en pleine évolution. Il y a quand même beaucoup moins de participants aussi du fait du handicap, du fait peut-être du temps que ça prend de découvrir cette discipline et de vouloir s'entraîner et d'arriver au haut niveau.

  • Speaker #0

    Il faut dire que tu nous disais aussi que dans les grands chelèmes, c'est les 8 meilleurs mondiaux seulement.

  • Speaker #1

    Alors c'était les 8, c'est passé à 16 sur 3 des 4 grands chelèmes.

  • Speaker #0

    Pour comparer quand même, les valides, ils sont 128 je crois. Oui.

  • Speaker #1

    Effectivement, plus un tableau qualificatif. Mais c'est très difficile de comparer le tennis fauteuil avec le tennis valide parce que ça n'a pas le même âge, ça ne concerne pas le même nom de personne dans le monde, ça n'a pas du tout le même impact médiatique. Il y a beaucoup de choses qui diffèrent, mais en tout cas, l'idée aujourd'hui, c'est d'essayer de regrouper ces deux tennis pour faire découvrir le tennis fauteuil à un plus grand nombre et donner envie aux gens de venir supporter les athlètes et de voir que c'est possible de ressentir des émotions sur un match de tennis fauteuil et de voir un... Un beau spectacle.

  • Speaker #0

    Ce qui fait aussi que les innovations, elles sont faites par certaines athlètes et elles ne sont pas partagées. C'est-à-dire que chacun essaie de travailler dans son coin, c'est-à-dire l'évolution de la position, du fauteuil. Mais bon, ce n'est pas partagé. En fait,

  • Speaker #1

    chacun progresse dans son coin. Effectivement, entre les pays, chacun garde un peu ses secrets. Et donc, quand quelqu'un propose une nouvelle position d'un fauteuil ou peut-être utilise une taille de roue différente, si cette personne-là commence à avoir des résultats, les autres vont se dire, tiens, peut-être que je vais essayer ça pour voir. Mais ça ne correspond pas forcément au style de jeu de la personne ou à la capacité physique ou au handicap. Il y a tellement de paramètres qui font que, effectivement, les données ne sont pas forcément partagées, on n'a pas les datas de base. Et donc, on se fiche juste à est-ce que la personne qui a essayé telle position, elle a des résultats ou pas. ou pas, et moi si j'essaye ça marche.

  • Speaker #0

    Et ça manque vraiment d'études, de preuves ?

  • Speaker #1

    Ça manque de beaucoup d'études, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de moyens financiers aussi derrière. En tout cas, un athlète ne peut pas se dire, je vais financer tout un projet de recherche là-dessus, et en plus avoir le temps de passer peut-être une fois par semaine, voir pour faire évoluer les choses. Ça manque sûrement de temps et d'argent, et voilà, il faut espérer que ça se développe au fur et à mesure, et il faut accepter que ça prenne un peu plus de temps que ce qu'on aimerait.

  • Speaker #0

    Donc là on va se projeter dans quelques années. Et on va imaginer, tu vas nous dire comment toi t'imagines le futur de la donnée, ce que toi t'en espères. Tu nous disais que pour l'instant tu avais travaillé sur le service, j'imagine que ce serait top de pouvoir travailler sur le revers, le coup droit.

  • Speaker #1

    Effectivement, on travaille surtout les coups du tennis. Ce qui est le plus essentiel pour moi, c'est de savoir que ce que je fais techniquement ne va pas me blesser. parce qu'il n'y a rien de pire que la blessure pour un athlète. Donc déjà, valider le fait que ma technique est OK en termes de biomécanique. Après, si je peux progresser et aller chercher plus de résultats en faisant évoluer celle-ci d'une certaine manière grâce à la data, ce serait une belle évolution. Et un dernier point, ce serait sur l'analyse des vidéos. Si ça pouvait être automatisé et qu'il y avait un système pour récupérer à chaque fois que je vais jouer une adversaire, à chaque fois que je récupère ces données et ces derniers matchs, ce serait... Facilitant, ouais.

  • Speaker #0

    Tu t'es parlé du fait que l'analyse de ton mouvement, de tes gestes, c'est d'abord, finalement, pour prévenir des blessures. C'est-à-dire que tu imagines ça plus pour prévenir des blessures plutôt que d'abord pour évoluer en termes de performance ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a les deux. Mais avant d'évoluer en termes de performance, il faut déjà valider le fait que sur du long terme, ça ne va pas me blesser. Pour l'instant, ça fait quand même quelques années que je joue. J'ai la chance d'avoir une bonne hygiène de vie et de faire attention à tout ce que je fais. Donc globalement, je ne me blesse pas. Mais... Avant de changer un geste, c'est quand même bon de savoir si le geste qu'on va changer, il est bien d'un point de vue biomécanique et il ne nous blesse pas. Parce que si on va chercher une performance, mais que derrière, ça amène une blessure, ce n'est pas non plus magnifique.

  • Speaker #0

    Et il faut dire aussi qu'on a pu assister à ton entraînement ce matin au CNE, le centre national à côté de Roland-Garros, où tu t'entraînes exceptionnellement parce que tu n'es pas de la région parisienne, toi.

  • Speaker #1

    Non, j'habite à Marseille, je suis montée exprès pour l'événement Excel Sports et du coup, j'en ai profité pour m'entraîner au CNE.

  • Speaker #0

    Et on encourage... Tous ceux qui n'ont jamais vu de joueuse en tennis fauteuil, parce que c'est assez impressionnant, il faut dire, de voir ça. Et finalement, ils peuvent venir vous voir dans les Grands Chelèmes, notamment à Roland-Garros et aux Paralympiques.

  • Speaker #1

    Ah bah oui, effectivement, dans les Grands Chelèmes, aux Paralympiques, sur d'autres tournois un peu moins connus. Il y a un tournoi qui a lieu dans le sud, à l'Académie Moratoglou, au mois de juin, qui est un très gros tournoi aussi. L'entrée est gratuite, donc c'est assez facile pour ceux qui habitent près de Nice. Mais oui, il y a quelques tournois en France et... et je pense que ça vaut le coup d'aller voir au moins une fois dans sa vie du tennis fauteuil

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Emmanuel de nous avoir expliqué comment tu utilises la data pour essayer de t'améliorer et de gagner en performance Merci Jean-Baptiste Merci à vous de nous avoir écouté n'hésitez pas à partager et vous abonner sur toutes les plateformes pour accéder aux prochains épisodes On se retrouve très vite avec un nouvel invité pour décrypter la montée en puissance de la tech dans le monde du sport.

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