- Marine
Bienvenue dans Tendance Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par Docaposte, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marina Dato et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations, au programme des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendance Inno. Si je vous dis campagne d'affichage, mid-journée, IA générative, à quoi pensez-vous Une simple mode, une menace pour les créatifs ou un nouvel horizon pour le marketing Aujourd'hui, nous vous emmenons dans l'univers de la créativité augmentée où l'humain et la machine jouent en duo pour repousser les limites de l'imaginaire. Pour explorer ce sujet, nous avons le plaisir de recevoir Marie Dardayrol Sandevoir, Chief Marketing et Digital Officer et fondatrice de The Culture Therapist, qui a orchestré la toute première campagne 100% IA d'Undies pour sa collection ET 2023. À mes côtés Olivier Seuneau, directeur de l'innovation chez Docapost, apportera son regard affûté sur les implications de cette évolution, ou doit-il dire révolution technologique. Alors, faut-il choisir entre innovation et authenticité Comment éviter les bialgorithmes qui aiment bien se glisser partout Et finalement, que vont devenir les métiers du marketing avec cette nouvelle coqueluche technologique Faut-il s'enthousiasmer ou s'inquiéter Un épisode comme un voyage où le futur du marketing se dessine, Olivier, c'est à toi.
- Olivier
Merci Marine. Bonjour Marie. LL, EDHED et une carrière qui s'oriente immédiatement vers le marketing. Marie, tu es une experte en marketing digital et stratégie de marque dans l'univers du luxe, de la mode et de la beauté. Avec plus de 15 ans d'expérience, avec dans l'ordre, et j'espère ne pas en oublier, Louis Vuitton, L'Oréal, Elena Rubinstein, Lancome, Armani, Ralph Lauren, Yves Saint Laurent, LVMH, Dior, Undiz. Si j'étais taquin, je soulignerais qu'un intrus se cache dans cette liste. Tu viens de lancer ta chaîne TikTok, The Culture Therapist, où tu décryptes la pop culture sous un angle marketing, avec déjà un certain succès. Tu mets désormais ton expertise au service des entreprises et des influenceurs pour affiner leur positionnement, booster leur présence en ligne et optimiser leur stratégie marketing et digitale. Et parce qu'un talent en cache souvent un autre, tu interviens aussi en tant que speaker, en conférence ou en école. Bien installé dans le marketing et désormais référence de l'innovation dans cette discipline, Ce coup d'éclat undies devenu pratique mainstream ne sera peut-être pas le dernier. Le marketing et la communication sont sans doute les disciplines où l'IA génératif peut s'insérer presque sans aucune limite. L'analyse marketing de l'influenceur est en expertise, qui pourrait un jour être modélisée dans un reverse mid-journée. L'arroseur arrosé, Marie, nous t'écoutons.
- Marine
Bonjour Marie.
- Marie
Bonjour Marine.
- Marine
Merci d'avoir accepté notre invitation. Aujourd'hui, on va parler marketing, IA... communication comme Olivier l'a souligné. Pour commencer, j'ai préparé un petit quiz pour vraiment donner une vision globale de notre sujet. Donc, je vais vous poser trois questions à vos réponses. Est-ce que vous êtes prêts On va essayer. Olivier, il est toujours prêt. À fond. Première question. Quel pourcentage du potentiel de valeur de l'IA générative se concentre dans les domaines du marketing des ventes et des opérations clients Pas beaucoup.
- Marie
5.
- Marine
Attends, je donne. 25 50 75 ou 90 25. 25 Tu dis combien
- Olivier
Dans le marketing, non, c'est 95%.
- Marine
C'est 75%.
- Marie
Sérieux
- Marine
75%. C'est un chiffre qui est issu d'une étude McKinsey de 2022. Et donc, il prédit, on va en reparler après, évidemment, du développement des nouvelles compétences pour tirer parti de ces outils dans les stratégies de communication et de création de contenus publicitaires.
- Marie
Très bien. On ne l'a toujours pas vu.
- Marine
Pas encore pas vu. Ça arrive. Ça arrive. Deuxième question. Quel pourcentage d'entreprise indique... toujours que leur contenu publicitaire a été créé à l'aide de l'intelligence artificielle sur les réseaux sociaux. 12%, 27%, 43% ou 58%.
- Marie
Oui, j'ai rien vu non plus.
- Marine
T'as rien vu Olivier
- Olivier
Ça commence, on en fait partie, ça commence. Oui.
- Marine
Donc 27 27, c'est 27. En effet, ça c'est un chiffre qui est issu de la seconde partie du rapport GetUp qui a été publié en septembre 2024 sur l'utilisation de l'IA générative dans la création de contenus pour les réseaux sociaux. Et donc, pour rappel, la multinationale américaine Meta, donc Insta, Facebook, a décidé en mai 2024 d'obliger les annonceurs à identifier et à étiqueter les contenus qui sont générés par l'IA sur l'ensemble de ces plateformes. Voilà, donc pour l'instant c'est 27%. Et donc vous en faites partie.
- Olivier
Et nous en faisons partie.
- Marine
Je vous félicite. Troisième question. Quelle innovation Virgin Voyage a-t-elle utilisée dans sa campagne publicitaire mettant en vedette Jennifer Lopez en 2023 Un hologramme de Jennifer Lopez à bord des navires. Un outil nommé Gen AI utilisant la technologie de deepfake. Une application de réalité augmentée avec Jennifer Lopez. Ou un chatbot imitant la voix de Jennifer Lopez.
- Marie
Un chatbot
- Marine
Un chatbot. Et toi, tu dis Je connais,
- Olivier
c'est Jennery.
- Marine
Tu connais C'est ça, Jennery. Alors, je vous donne quelques chiffres. La campagne est devenue virale avec plus de 2 milliards d'impressions. Pas mal. Belle perf. Belle perf. Plus de 25 000 invitations personnalisées ont été créées par les utilisateurs. Et donc, c'est une campagne qui a significativement aussi augmenté le trafic web de Virgin Voyage, avec donc une augmentation notable des réservations. On va continuer avec un micro-trottoir, donc nous sommes allés à la rencontre du grand public pour poser justement des questions sur notre sujet, sur l'usage de l'IA dans le monde du marketing et de la publicité. Et donc la première question que l'on a posée, c'est les marques devraient-elles être obligées de divulguer l'utilisation de l'IA dans leurs campagnes publicitaires Pas que leurs IA aussi,
- Marie
leurs fils, leurs retouches photos, vraiment dans l'absolu. Sinon l'utilisation de l'IA dans les publicités... surtout un outil supplémentaire dans le but d'atteindre des meilleurs rendus visuels ou musicaux, etc. Je pense que les gens doivent être informés que tout ce qu'ils voient ne sont pas forcément vrais et plus au niveau de ça qu'il faudrait agir. Pour McDo, il y a une pub récemment qui a été faite
- Marine
100% avec l'IA et ça a pas mal surpris les consommateurs.
- Marie
Est-ce que ça devrait être...
- Marine
Non, pas particulièrement.
- Marie
Parce que ça change quoi,
- Marine
après tout
- Marie
Ça reste une pub,
- Marine
donc non,
- Marie
je ne crois pas.
- Marine
Alors, des opinions qui sont contrastées. Soit on est sur la transparence totale, IA, filtre, retouche, ou alors pas du tout parce qu'une pub reste une pub. Deuxième question, l'IA générative est-elle un atout pour la création de contenus publicitaires
- Marie
Je pense que c'est effectivement un atout parce que ça va permettre à des personnes qui faisaient ce travail en plusieurs heures, voire plusieurs journées, de le faire en l'espace de quelques instants. Et à partir de ces quelques instants, ça leur... leur permettra de peaufiner et donc d'être plus sur la perfection du produit plutôt que sur la création elle-même.
- Marine
Donc efficacité, rapidité, générer des contenus en quelques secondes, libérer du temps pour peaufiner. Mais alors, comment perçoivent-ils l'évolution des métiers de la communication avec cette nouvelle vague d'IA générative
- Marie
L'IA bouleverse notre manière de travailler. Il y a énormément de choses opérationnelles qu'on ne va plus faire. On va le déléguer à l'IA et donc ça va nous laisser beaucoup plus de temps sur la créativité. et la vision stratégique de nos métiers. Donc ça va nous faire gagner du temps si on l'utilise correctement et j'ai hâte de voir ça.
- Marine
Dans la création de contenu, pas très original comme remarque, mais tous les contenus vont commencer à se ressembler, ça se ressent sur des pages d'accueil de sites internet, des choses comme ça. Donc ça va vite tourner autour des mêmes sujets. Donc moins d'opérationnel, plus de stratégie, mais en effet un risque que les contenus finissent de tous se ressembler. Donc... L'enjeu est clair, éviter l'uniformité, garder de la diversité, de la créativité. Marie-Olivier, quelles sont vos réactions par rapport à ce micro-trottoir
- Marie
Alors moi, j'ai tendance à être d'accord avec le monsieur qui parle de nous, on est créatif, on a plus de temps sur la stratégie et ensuite l'IA gère l'opérationnel que parfois tu ne sais pas gérer ou qui n'est peut-être pas la partie la plus galvanisante et la plus épanouissante du travail. Pour justement, je ne suis pas d'accord avec le monsieur qui parle de... on va juste fignoler, parce que du coup, ça veut dire que la machine fait tout le travail intellectuel et un peu sympa. Moi, j'aurais plutôt tendance à être d'accord avec ça et qu'on le fasse de façon transparente. Mais comme on est transparente déjà avec Photoshop, c'est juste un outil de plus, comme on a plein d'outils à disposition.
- Marine
Olivier, ton réaction C'est un outil.
- Olivier
Est-ce qu'il faut indiquer qu'on utilise tel ou tel outil dans le marketing, qui est un secteur particulier Je ne suis pas certain non plus. Tout ce secteur en particulier, j'en ai d'autres évidemment.
- Marie
Alors moi je ne viens que de la beauté et de la lingerie, donc uniquement la représentation de la femme. Et je trouve que c'est quand même bien de le dire. Quoi qu'il, que c'est un outil ou Photoshop ou IA parce qu'on a changé la réalité, quelle qu'elle soit, parce que justement, c'est une histoire de représentation du corps féminin ou de la beauté féminine. Donc, à partir de maintenant, on retouche quoi que ce soit, sachant qu'aujourd'hui, on n'est plus supposé le faire. Chez Andis, on ne le faisait pas. Je trouve que c'est bien de le dire pour justement que les gens ne se disent pas, que les petites filles ne grandissent pas en se disant c'est ça la beauté, que ce soit juste le visage ou le corps. Et de dire non, non, ça a été retouché. Ce n'est pas forcément... conforme à la réalité. Je trouve que dans ces domaines-là, c'est hyper important, mais au-delà de la transparence par rapport à l'outil ou la machine qu'on a utilisée, plutôt par rapport à la perception que les gens vont se faire de la représentation de la femme, sachant que l'idée, c'est de ne pas changer, en fait.
- Marine
Alors, on en a parlé en intro, Undyze a lancé sa première campagne qui utilisait l'intelligence artificielle générative pour sa collection d'été 2023. Quelles ont été les principales motivations
- Marie
Alors déjà, si je te donne un peu de contexte, Undies, c'est une marque jeune, c'est une marque qui fait partie du groupe Etam. Et c'est une marque au siège, la moyenne d'âge est à 28 ans. Donc de toute façon, dans ton ADN, dans tes veines, tu as l'innovation. Parce qu'il y a beaucoup de gens hyper frais qui ont toujours envie de découvrir. Déjà qui arrivent avec des nouvelles choses. Les gens utilisent Canva et Figma, pas PowerPoint. Donc de toute façon, on est sur un terreau hyper fertile. Et la boîte est comme ça. Moi, à titre personnel, je suis un peu geek. Donc ChatGPT, je l'avais vu arriver à titre personnel. Et comme c'est une boîte hyper agile, quand j'ai proposé à ma direction générale à l'époque de commencer à l'intégrer dans des process d'écriture de newsletters et surtout de pages de produits, en fait, on s'est dit on y va parce qu'en fait, l'intérêt d'une petite boîte agile, c'est que tu peux tester des process comme ça. Et on venait de reprendre la main sur la rédaction des pages de produits. Donc, on s'est mis à faire ça. Et en fait, il se trouve qu'à ce moment-là, on est les premiers dans les FMCG à avoir pris la parole sur le sujet. Donc fatalement, la presse s'était emparée du sujet. C'était intéressant pour eux de parler avec une marque qui parle aux gens, puisque Undy c'est de la lingerie, donc ce n'est pas une boîte de conseils un peu obscure au UK, etc. Et donc, on a été mis sous les feux de la rampe assez rapidement sur le sujet. Et du coup, ça nous a un peu convaincus de continuer à creuser le sillon. Le sillon étant Midjourney, parce qu'on a fait le texte, après il y avait l'image. Midjourney, ça faisait un moment que j'étais dessus, mais c'était encore l'époque où les visages étaient tout bleurés, ça ne ressemblait à rien, c'était un peu plutôt effrayant. Mais là ça devenait pas effrayant du tout et ça devenait hyper réaliste. Donc je me suis dit, on va former, on a formé les concept-up d'acteurs à Jadjipiti, si tant est qu'il y a besoin de former à Jadjipiti. On va former tous les gens de métiers visuels. Mais on est parti du principe qu'il fallait que j'aille chercher des gens pour former qui faisaient des métiers qui ressemblaient aux gens qu'ils avaient en face. Donc pour les graphistes on a pris un photographe avec qui on avait travaillé. Et puis on voulait prendre un architecte pour tout ce qui était merchandising, on voulait prendre des stylistes pour les stylistes. Bon, moi mon travail c'était plutôt les graphistes. et tous les gens que ça intéressait. Donc, on les a formés. Et chemin faisant, tu te rends compte aussi qu'il y a des gens qui sont hyper curieux parce qu'il y a un vrai sujet RH sous la temps à refus des équipes, parfois même très jeunes, à la galvanisation d'équipes qui ne font pas ce métier-là et qui, tout d'un coup, tu as tout le monde qui était graphiste. Donc, c'est aussi canaliser les énergies créatives. Voilà. Donc, on a formé tout le monde. C'est assez rigolo aussi de voir que c'était les graphistes les meilleurs quand même, malgré tout. t'es concepteur, rédacteur de base, moi c'est mon métier de base, c'est d'écrire, je trouve que je suis toujours meilleure que Chat-GPT. Donc ça te met tout le monde à un niveau assez bon, mais jamais comme les meilleurs. Donc c'était quand même assez rassurant. Et puis on en était là en fait dans notre conquête de l'innovation, quand on a eu besoin de faire comme tous les ans une campagne sur le bain. Et cette campagne sur le bain, elle allait être très visible puisqu'on avait une campagne nationale d'affichage JC Decaux. Donc c'est plus de 2500 affiches en France. Donc c'est un gros pari, c'est beaucoup d'argent, c'est un gros budget. Il se trouve qu'on avait fait une campagne traditionnelle en Afrique du Sud, avec des mannequins, avec un réalisateur, avec un chef-op, avec une boîte de prod. Donc on avait pris des mannequins pour des raisons de budget et aussi des raisons locales, une équipe en local. Mais nous, on s'est déplacés et on a fait la totale, la vidéo, une centaine de photos pour nourrir les réseaux pendant deux mois. Mais il se trouve qu'un affichage national J.C. Decaux, tu as une seconde et demie pour convaincre, parce que tu as des gens qui sont au volant, tu as des gens qui sont pressés, qui regardent leur téléphone, soit pour le GPS ou pour autre chose. Donc, tu as besoin d'avoir une campagne qui soit hyper impactante, sachant que nous, on est connus comme de la lingerie et on est connus pour faire des pyjamas, mais pas forcément du maillot de bain. Et il se trouvait qu'on avait un parti pré-créatif qui était celui de faire une campagne sous l'eau, parce qu'on voulait changer un peu de tous les gens qui les mettent à la plage ou à la piscine. Et les photos qui sont sorties n'étaient pas forcément convaincantes pour partir en affichage grand format. C'est un pari, on n'en faisait qu'une par an à l'époque, parce que tu as les yeux qui sont un peu globuleux, qui sont comme ça. En fait, on s'est rendu compte sur place que c'était un métier, que d'avoir des mannequins qui savent interagir sous l'eau, parce que le manque d'apesanteur faisant, en fait, tu as plus vite. L'air d'un crapaud tout mouillé, d'une belle ballerine. On a eu pas mal de réactions aussi de photographes, mais il y a des photographes qui sont spécialisés, mais moi j'avais besoin de photographes qui fassent 150 photos et pas que ça. Donc c'est vrai que les couleurs sont atténuées, tu ne reconnais pas s'il y a du rouge, du vert, du bleu, tu ne reconnais pas la paillette. et les pots sont assez termes et c'est une piscine donc il se passe plein de trucs, ça flotte etc donc on s'est retrouvé face à des photos qui ne pouvaient pas partir en affichage et on s'est dit, il y a quand même l'opportunité de nouvelles technologies créatives qui fait que peut-être qu'il ne va pas falloir changer notre angle créatif et qu'on va pouvoir le faire mais autrement sans avoir besoin de repartir parce que c'est vrai que ces shootings qui sont faits au mois de janvier ou février que tu ne peux pas forcément faire en France ne serait-ce que pour les mannequins qui en souffrent c'est quand même aussi une hérésie RSE donc Donc on s'est dit, on va commencer à regarder autre chose. Sauf que le marché n'était pas forcément prêt. Donc il fallait trouver une agence qui le fasse. On se rappelle que c'était il y a un an et demi, c'est-à-dire la préhistoire du sujet. Donc voilà un peu comment ça s'est passé. C'était dans la continuité d'une quête de l'innovation. Au même titre que tu ne te lèves pas en disant, comment je vais travailler sur Excel et comment je vais utiliser Excel ce matin. On ne se levait pas en se disant, comment on va travailler avec l'intelligence artificielle. C'est juste que l'intelligence artificielle générative, en l'occurrence créative... dans la création de contenu, est au service d'un propos. Et là, on avait un propos où il n'était pas arrivé, en l'occurrence. Ce n'était même pas un propos créatif où on s'est dit, tiens, voilà. Et il fallait trouver une solution. Et c'est comme ça qu'est né le projet.
- Marine
Et alors, est-ce que c'est risqué, justement, de créer une campagne avec des incarnations qui sont gérées par l'IA générative Est-ce qu'il y a des points d'attention particuliers à avoir
- Marie
De toute façon, quand on est le premier à faire quelque chose, c'est toujours un peu risqué. Sachant que c'est risqué, mais ça peut être intéressant. C'est aussi pour ça qu'on l'a fait. C'est le second effet qui se coule un peu RP, où on s'est dit que ça va faire de nous aussi une autorité en termes d'innovation. Il y a aussi le côté marque-employeur qui dit à des jeunes, puisque vous avez compris qu'on travaille avec des jeunes, nous on est une boîte où on va te former aux nouveaux études, où on ose y aller, où tu seras exposé à plein de choses. Après, est-ce qu'il y a un risque Déjà, c'était un sujet où tu as un peu l'impression d'aller dans le sens de l'histoire. Ce n'est pas un sujet de religion, de phénotype, de genre, etc. Donc on n'est pas sur un sujet qui devrait diviser les gens de façon forte et problématique. C'est un sujet qu'on a travaillé en essayant d'être le plus éthique possible. C'est pour ça que nous, on a pris le parti d'écrire que les images étaient générées par une intelligence artificielle. Puis venant de la beauté, j'ai souvent manipulé l'image photoshopée, même si de plus en plus, t'essayes de ne pas le faire. Donc on a pris le parti de la transparence, et effectivement on était entourés d'équipes légales pour avancer sur le côté à qui appartient le prompt, la propriété intellectuelle, le sujet de l'image, parce que si tu te retrouves dans la rue avec une image avec Endel Jenner et qu'il se trouve que tu as la chance de lui ressembler, tu lui ressembles, c'est la vie, c'est la génétique. Si tu te retrouves dans la rue avec une image qui te ressemble, qui est générée sous intelligence artificielle, sachant qu'on t'a expliqué que l'intelligence artificielle, le LLM, se forme dans la grande base qui est Internet, donc potentiellement sur ton image, toi, tu pourrais te dire, en fait, mon image a servi à entraîner cette intelligence artificielle. Comment, nous, on a évalué tout ça, sachant qu'en fait, t'as un peu l'impression d'être dans le Far West parce que personne ne l'a fait avant toi. C'est la chance de venir de grosses boîtes où t'es quand même très formé à travailler de façon le plus éthique possible avec du légal, du juridique, etc. pour essayer de se poser ces questions-là et de construire en te disant comment je fais pour essayer de... tout anticiper, sachant que tu ne peux jamais tout anticiper.
- Marine
Oui, mais en fait, il y a quand même un minimum, c'est ça, tu parles des droits, de propriétés intellectuelles. Il y a le sujet des biais aussi, dont on parle souvent avec l'IA.
- Marie
Alors, les biais, c'est un vrai sujet parce qu'il y a un an et demi, donc encore une fois, c'était il y a très longtemps. On était sur des sujets d'incarnation de femmes en maillot de bain, sous l'eau. On était sur des sujets d'avoir des gens qui devaient incarner aussi ce qui est la marque. Ça veut dire que tu dois travailler aussi toute une DA avec une agence qui n'était pas notre agence historique. Enfin historique, ça faisait deux ans qu'on travaillait avec une agence avec qui on avait fait toute la campagne. Donc voilà, il fallait que ça s'intègre de façon harmonieuse avec la campagne. Et puis voilà, tu as tous les sujets, la couleur de peau, la façon d'avoir les cheveux. Nous, on avait la chance dans les équipes d'avoir des représentations de tous les phénotypes qui pouvaient nous dire attention, là les cheveux c'est important, il faut qu'elles soient comme ci, comme ça, parce que fatalement tu n'as pas toujours... la connaissance culturelle de tout et tout le monde pour pouvoir faire attention justement à ces biais-là. Donc c'est là que ce qui est assez amusant, c'est qu'on se dit toujours oui, tout va se ressembler mais ce qui ne va pas se ressembler, c'est surtout les gens dans les équipes, où tu dois avoir une représentativité et une diversité fortes pour justement isoler et reconnaître ces biais, et après travailler dessus, parce que tu ne pourras jamais avoir une seule personne qui va les voir arriver, qui va y penser. Donc voilà, c'est hyper important de sensibiliser les gens, avoir des équipes qui sont représentatives de tout le monde.
- Marine
Avec l'université. Et alors, qu'est-ce que l'usage de l'IA a changé dans le processus aussi de création et notamment dans le positionnement des équipes artistiques Tu parlais tout à l'heure, justement, tu as travaillé avec des photographes, avec des graphistes, etc. À l'heure où on a toujours un peu peur d'être remplacé, finalement. Qu'est-ce que ça change aujourd'hui dans le positionnement d'un photographe ou d'un graphiste qui utilise l'intelligence artificielle
- Marie
Alors déjà, personne ne va être remplacé par une machine, mais il y a bien des gens qui utilisent des machines qui vont peut-être remplacer d'autres gens. Mais là, en l'occurrence, déjà, on a utilisé une foultitude de talents. Premièrement, des DA, encore une fois, parce qu'il a fallu trouver une agence qui était capable de le faire. Mais encore une fois, il faut qu'il y ait une direction artistique. L'image, elle ne sort pas comme ça. Ensuite, on a travaillé sur Midjourney et Stable Diffusion. Donc, tu as quand même pas mal de prompt engineers qui ont travaillé dessus parce qu'en fait, la montée en dimensions... qui est nécessaire pour avoir un JC Decaux, elle n'est pas supportée par Midjourney. Et ensuite, à l'époque, je vais bien dire à l'époque, il y a 18 mois, le vêtement n'est pas intégrable directement dans Midjourney. Donc en fait, il a fallu prendre un photographe, shooter sur des mannequins dans le même type de position que les filles qu'on avait construites, avec une combinaison verte, parce que fatalement, il fallait après faire travailler State of the Art Photoshopper. Donc tu as toute une batterie de gens qui ont fait du Photoshop incroyable, parce que ça ne se voyait pas. mais tu avais encore les coutures du maillot de bain. C'était fabuleux. Ils nous ont fait du Photoshop pour que le maillot de bain soit intégré de façon hyper fluide dans ce visuel, où il n'avait pas été créé à la base. Et puis, on a eu beaucoup de directions artistiques différentes parce qu'on se posait la question en se disant est-ce que le fait d'utiliser une image narrative ne devrait pas être légitimé par le fait que la création est complètement folle Et moi, mon parti pris, c'était de défendre le fait que déjà, il y a... 0,5% des gens qui vont percuter de ce qui a été fait, qu'en vrai un campagne d'affichage, les gens s'en foutent, ils passent devant, ils voient un maillot de bain, ils se disent c'est telle marque, c'est joli, j'y vais ou j'y vais pas. Et ensuite, encore une fois, t'as tes deux secondes pour impacter, donc il faut quelque chose de très fort visuellement pour émerger dans un univers qui est quand même déjà très chargé d'informations. Donc l'idée, c'était de faire un truc bleu, mais très bleu, comme tu ne l'aurais jamais eu dans la mer, pour justement t'arrêter, sachant que souvent dans les grandes villes, l'univers est un peu gris. On a fait un parti pris d'être sur quelque chose de très simple et dépuré, mais on a essayé, on a essayé les palmiers sous l'eau, on a essayé les petits poissons de toutes les couleurs, et on a fini par repartir avec ce grand bleu, parce que justement, l'idée, c'était quand même d'être au service d'un propos, ce propos étant un affichage national, où il fallait quand même faire un travail, c'est-à-dire de reconnaissance immédiate, de désirabilité, etc. Donc voilà, des photographes, des retoucheurs, des mannequins, dans un process où, de toute façon, j'avais eu une campagne vidéo et photo traditionnelle, classique. Et aussi un nouveau process, parce que c'était une nouvelle agence, mais c'est aussi un nouveau process de travail, puisque quand t'es sur un shooting, t'as casté ton équipe, tu diriges un peu, mais il y a eu un storyboard avant. Là, c'était différent, c'était vraiment, on s'envoie des images. En plus, comme vous l'aurez compris, les filles n'étaient pas forcément habillées, puisqu'on les a intégrées après. Donc comme on allait un peu vite, j'avais des grands coups de stylo et de marqueur sur les filles. Donc en tant que femme, quand tu reçois des images comme ça, c'est... Ça fait bizarre, mais sachant que c'est comme des layers. C'est comme quand tu filmes quelqu'un avec un fond vert derrière, tu filmes quelqu'un et après tu mets le fond vert. Nous, c'était le contraire. On filme la personne et après, on rajoute le maillot de bain. Donc, c'était aussi vraiment de la construction. Et puis après, il y avait toute la construction de, justement, le légal, l'ERP, la propriété intellectuelle, du prompt, de l'image, etc. Donc, c'est hyper intéressant aussi d'être en totale prospection.
- Marine
Et tu disais tout à l'heure, justement, par rapport au fait que ce soit de l'IA et que très peu de personnes allaient se rendre compte de cet artifice. Pourquoi est-ce que c'est important pour une marque d'avoir cette mention hyper explicite de dire que ce sont des visuels qui ont été faits par l'IA Parce qu'on n'est pas là pour tromper les gens,
- Marie
parce que je ne voulais pas les induire en erreur, parce que l'idée, c'était de l'assumer. Parce que tu as toujours le risque, quand tu fais ça, de tomber dans l'uncannivalé. C'est le fameux effet où tu trouves qu'il y a quelque chose de bizarre parce que ça ressemble trop à un humain, mais ce n'est pas un humain. Sachant que tu peux faire... Nous, on a caché les mains et les pieds derrière les logos et dans le cadrage parce qu'il y a toujours un truc qui ne va pas. Mais l'âme n'est pas dans le regard. Tu manques quand même de chaleur, tu manques quand même de vie. Donc, il y a toujours un moment, si tu regardes un peu, où tu vas trouver qu'il y a quelque chose de bizarre. Donc, vraiment, l'idée, c'était de se dire que les gens regardent et trouvent ça bizarre ou pas, on va l'écrire. tu peux le lire, tu peux ne pas le lire, c'était quand même relativement gros pour qu'on puisse le lire. Déjà, par souci de transparence, par souci d'anticipation de la législation à venir, parce que ça va finir par arriver, et je trouve ça assez normal que Metal demande, au même titre que tu dis que tu fais une pub quand tu es un influenceur, ou que tu dis que c'est photoshopé quand tu fais de la beauté. Donc voilà, c'était un peu aussi pour avoir une démarche le plus professionnelle possible, plus transparente, et encore une fois, pour ne pas... pas mentir ou cacher quelque chose, le faire de façon fière, et puis évidemment créer le débat. C'était intéressant aussi de dire aux gens, on l'a fait, qu'est-ce que vous en pensez Et les réactions Écoute, les réactions, globalement, encore une fois, c'est un outil. Donc une fois que tu as expliqué que c'était, tu n'as pas besoin de l'expliquer, mais que c'était une nouvelle corde à l'art créatif, franchement, c'était plutôt globalement enthousiasmant. Après, tu as toujours des gens qui se sentent menacés, encore une fois, parce que je pense que le vrai sujet de fond, c'est la menace sur le travail. Sachant que nous, chez Undiz, et partout où je vais, tu continues à travailler beaucoup avec des photographes, avec des réalisateurs, des mannequins. Tu en produis énormément de contenu, que ce soit pour alimenter les sites web où tu as énormément de vêtements, donc de personnes qui portent les vêtements, ou sur les réseaux sociaux, ou sur les campagnes publicitaires. Voilà, c'est vraiment une... une pléthore de contenu qu'on fait en continuant à travailler avec des équipes, etc. C'est juste que là, en l'occurrence, on en avait besoin. On trouvait ça intéressant aussi de se positionner comme ça. C'était super intéressant pour nous. C'était aussi galvanisant pour la boîte. C'est intéressant aussi.
- Marine
Et alors, quand on a préparé cet épisode, tu nous as dit que c'était aussi un levier pour ouvrir justement la porte de la communication sur des nouveaux marchés plus complexes. En quoi est-ce que c'est une opportunité
- Marie
Alors c'est une opportunité parce que nous sur la marque Undies, ce qui a été assez intéressant, c'est qu'au cours de l'internationalisation de la marque, la conquête des marchés à l'international a commencé par le Moyen-Orient. Et donc le Moyen-Orient, en général, tu commences par des pays qui culturellement te ressemblent, du coup tu peux maximaliser tes contenus. Là en l'occurrence, on fait de la lingerie, on fait du maillot de bain, donc on travaille beaucoup avec la nudité. Et en l'occurrence, ce sont des pays où culturellement, la nudité n'est pas quelque chose d'accepté. Donc en fait tu as deux voies. Tu as la voie, je n'ai pas d'argent donc en fait vous allez avoir des filles qui sont phénotypées exactement comme des françaises et en l'occurrence comme je ne pourrais pas faire des beaux shoots sur tes produits je vais le faire sur un fond blanc en web donc tu n'auras pas la même expérience, tu auras du packshot donc tu n'auras pas la même marque, tu n'auras pas la même expérience et quelque part en tant que consommateur je ne te traite pas comme mon marché natif. Ou tu te dis, je vais utiliser cette opportunité qui fait que je peux faire un mannequin comme ci, comme ça, et surtout dans un environnement qui ressemble. Parce que si tu la mets dans un appartement ospanien, ça n'a aucun sens. Après, il y a la problématique de l'éthique, où c'est casser les dents les vis. C'est-à-dire, quand les vis arrivent et te disent, nous, sur notre site web, on va proposer plus de diversité de corps et de couleurs de peau, en ayant plein de mannequins de toutes les couleurs et de tous les corps, grâce à l'IA. Les mecs se prennent, les agences de mannequins qui te disent, mais en fait, ces filles-là, elles existent et elles ne trouvent pas de travail parce qu'en fait, tu ne t'en veux pas, etc. Donc, si tu veux, aujourd'hui, on ne l'a pas fait pour ça, de te dire, mais en fait, d'un côté, tu te dis, je ne le fais pas parce qu'effectivement, je ne veux pas prendre le travail de gens qui existent sur le marché, qui ne trouvent pas forcément de travail. Mais de l'autre, financièrement, tu n'as pas l'air assez solide pour commencer à faire des double shoots. Et du coup, tu ne le fais pas du tout. Et tu ne proposes pas à ces marchés-là une expérience visuelle à la hauteur de ce que ça devrait être en termes d'imaginaire par rapport à la marque. Donc, tu ne construis pas ta marque et tu leur proposes du second choix, du troisième choix. C'est ça aussi le dilemme de te dire qu'est-ce qu'on fait par rapport à ça. Donc, si tu veux, c'est ça aussi qui est intéressant. C'est de te poser la question et de te dire on devrait y aller parce que j'en ai besoin, mais nous n'irons pas. Ou, alors ça a été mon parti pris, on n'ira pas en premier, on va faire d'autres choses. pour pas forcément arriver en disant c'est sur les marchés émergents qu'on va faire ça et ça. Mais c'est hyper compliqué parce qu'en fait, t'auras toujours tort, t'auras toujours raison. Et voilà, est-ce que le client a envie de voir une fille sur fond blanc pas du tout destinée à ça, ou est-ce qu'il a envie d'avoir une expérience un peu plus sympathique et auquel cas, moi, je peux pas forcément emmener tous les quatre matins quelqu'un dans le désert. Et au-delà de ça, il y a une réflexion RSE sur le shooting voyage, qui est quand même une hérésie. où tu pars chercher le soleil, le désert, l'environnement, loin, avec des équipes petites ou grosses, mais quand même, ça reste un sujet, je pense, à débattre. Et je trouve qu'il y a beaucoup de choses à aller regarder du côté de l'intelligence artificielle, justement, pour sortir de ce débat de qui tu incarnes, mais plutôt de te dire qu'est-ce que tu évites de faire. Donc il y aura toujours, encore une fois, des shootings avec des gens, etc. Mais est-ce que ce n'est pas intéressant de se dire d'éviter des gros voyages pour aller chercher le chaud et la mer C'est une réflexion, je ne dis pas qu'il ne faut faire que ça, mais je trouve que ce n'est pas inintéressant justement d'essayer de tordre l'intelligence artificielle en essayant de trouver un bénéfice un peu plus grand que juste ton porte-monnaie ou ton marketing.
- Marine
Pour des mannequins en effet qui n'ont pas forcément trouvé du travail, ça peut être un sujet. Pour autant, c'est aussi un levier d'évolution de métier. Je pense que c'est une évolution, mais c'est une évolution mixte et protéiforme. Tout d'un coup, on ne va pas tout remplacer, encore une fois. Nous, on a fait un peu de chat GPT. Honnêtement, on en est revenu parce que, quelque part, je pense que les boîtes plus industrielles comme le food, etc., trouvent quelque chose d'intéressant. Nous, on a fini par s'arrêter parce que c'est le temps de le prompter, le truc que tu avais déjà fait, ta définition. On a fait cette campagne d'affichage. Quelques mois plus tard... Sur Noël, on avait une idée qui était de se dire on va travailler avec des influenceuses qui ont des trucs à raconter et on va leur dire c'est quoi ton rêve de Noël Ta lettre au Père Noël. Sauf que moi, je n'ai pas les moyens de les emmener en Laponie pour aller voir le règne du Père Noël et je n'ai pas le budget de Katy Perry pour recréer en studio la fabrique de bonbons du Père Noël. Et donc on s'est dit ça pourrait être drôle, justement cette fois-ci, d'être plus incarnée. avec des filles qui sont des filles connues, qui ont des discours, qui ont fait des choses dans leur vie, et d'avoir une vidéo. Donc on avait fait la Sainte Trinité, le texte, la visuelle et la vidéo, et de faire une vidéo mixte, où justement elles sont chez elles, sur leur téléphone, sur leur iPad, et puis tout d'un coup elles disent la lettre au Père Noël, je voudrais aller en Laponie et floup, là tu fais un avatar, et tu l'emmènes en Laponie, voir la Reine du Père Noël, il neige, machin, alors là du coup c'est très visible, mais j'aurais fait ça en 3D. je ferais un film Marvel, que ce soit l'affichage ou une vidéo, personne ne te pose de questions. Donc pour moi, c'est pareil que si j'avais fait de la 3D. Et ça rendait hyper joli, hyper bien, dans un univers un peu coca-colaïsant de Noël, avec du rouge, etc. Très, très formaté, iconographie de Noël. Et voilà, et c'était incarné. C'était au service d'un propos, parce que là, on n'avait pas forcément les moyens. On a travaillé avec ces filles sur leurs avatars, en faisant justement attention aux biais, parce que les cheveux, ça veut dire quelque chose, parce que la façon de faire... Les traits, il ne faut pas les faire comme ci, il ne faut pas les faire comme ça. Donc, c'était intéressant aussi de travailler pas en création ex nihilo, mais en création d'un avatar avec des gens qui devaient aussi se sentir hyper à l'aise avec l'image qu'on créait d'eux. Et depuis, c'est vrai qu'on a essayé des choses, etc. Mais on a fait plein de campagnes depuis, qui étaient des campagnes 100% traditionnelles, entre guillemets, parce qu'on n'a pas forcément eu d'idées ou de besoins qui faisaient que. Mais voilà, on ne s'interdit pas. On ne s'interdit jamais d'utiliser quand il y a, encore une fois, un propos.
- Olivier
Oui, c'est ça. Il faut que ça serve le propos.
- Marine
Créatif.
- Olivier
Initial, créatif. Je reviens juste sur les biais, parce que tu en as parlé. Et tout ce qui va être, justement, inclusivité. Comment est-ce que ces nouveaux rôles, ces nouveaux métiers peuvent être garants, justement, de tous ces enjeux éthiques au niveau des biais
- Marine
C'est ce qu'on se dit tout à l'heure. Je pense qu'il faut une représentativité dans les équipes qui soit capable de te dire quand tu as besoin du... d'une information ou d'un enseignement culturel que tu n'as pas, parce que tu ne le connais pas, parce que ce n'est pas ta culture forcément. Donc tout ce qui est justement incarnation de différentes couleurs de peau, incarnation de différents cheveux, c'est un vrai sujet. Il y a des gens pour qui la coiffure qu'ils ont, c'est un vrai parti pris culturel. Il y a même un message derrière. Moi, je ne le savais pas forcément. J'ai des filles dans mon équipe qui m'ont alertée. On l'a travaillé avec beaucoup plus de soin. que je l'aurais fait sur l'incarnation d'une fille caucasienne. Nous, la fille caucasienne dans l'affichage, on lui a collé les cheveux roses. Comme elle était très pâle sous l'eau, tu as vite une sensation un peu morbide. C'est pour ça qu'on a envoyé du rose sur les cheveux, qu'on l'a un peu bronzée. On a fait plein de choses parce qu'elle était difficile à travailler. Mais il fallait aussi travailler la jeune fille noire. Parce qu'il ne fallait pas justement qu'elle ne soit pas représentative d'un idéal de beauté qui ne correspond pas à la projection d'une autre culture. Donc c'était important aussi d'avoir des gens dans les équipes qui sont capables de te permettre de traiter tout le monde de la bonne façon. Je ne veux pas dire égalité parce que justement, si tu veux, moi je vois une fille, elle a les cheveux comme moi, elle a les cheveux bouclés en tant qu'occasienne. Mais il y a des gens pour qui c'est hyper important, donc il faut intégrer ça, il faut déjà s'en rendre compte. et il faut le traiter avec des gens qui sont capables de te le dire. Et ça, tu ne peux pas le deviner tout seul. C'est pour ça que je suis partisane de me dire qu'il faut avoir les gens. C'est encore plus facile quand c'est un avatar, parce que tu as la personne en face de toi qui va te dire tout ce qui se passe dans sa tête. Mais ce n'est pas juste copier-coller. Ce n'est pas juste qu'il faut que ça ressemble. Il faut se dire qu'aujourd'hui, les choses ont un sens. Pour prendre un truc qui est beaucoup plus fédérateur, facile, les tatouages. Les gens ont des tatouages, ça veut dire quelque chose. C'est un morceau de leur vie, c'est un morceau de leur histoire. Si tu ne le fais pas bien, ce n'est pas eux. Et c'est pas justement toute leur profondeur. Donc voilà, ça c'est des trucs aussi, moi en tant que non-tatouée, je suis pas sûre que je me serais fait la réflexion, ça ressemble, c'est bon on y va, alors que non, ça peut être des choses aussi hyper profondes. Donc ça, c'est des choses... Il faut avoir des gens de tous les âges, parce que tu as des billets qui sont dus à l'âge, où toi tu te dis, on s'en fout. C'est hyper important d'avoir des âges, d'avoir encore une fois des couleurs de peau, d'avoir des cultures, d'avoir des genres. Parce que je ne te cache pas que nous, on n'était que des filles, donc ce n'était pas compliqué de faire avec que des filles des corps féminins. Mais quand tu fais des réunions, dès qu'il y a des garçons, tu sens que ce n'est pas la même appréhension. Nous, ça nous paraît super normal. Il est évident que dès que tu t'attaques à la beauté et à ce genre de choses, il faut que tu aies une légion de nanas dans la pièce pour justement avoir des avis qui sont souvent divergents. Parce que tu peux avoir cinq nanas du même âge dans une pièce qui vont te dire des choses hyper différentes par rapport à l'appréhension de leur corps, mais c'est là qu'il faut intégrer. C'est là aussi qu'il faut dire, on n'y va pas. Parce qu'en fait, c'est glissant, parce qu'en fait, je n'ai pas envie de le faire en premier, je n'ai pas envie de l'assumer. Voilà, donc c'est aussi le moment où tu te dis... J'y vais plus tard, j'y vais pas, alors que je pourrais et que j'en ai besoin. Et c'est là où c'est de la prise de décision, pur et dire, en te disant qu'il y aura toujours quelqu'un qui ne sera pas content.
- Olivier
Oui. Quelle conseil est-ce que tu donnerais, mais toi aussi, Olivier, aux marques qui envisagent justement d'utiliser l'IA générative dans leur stratégie de communication Tu nous as dit déjà énormément de choses, mais est-ce qu'il y a un point de départ quand tu veux te lancer dans l'utilisation de l'IA dans ta stratégie de communication
- Marine
Alors déjà... j'espère que ça s'est ressenti, se poser des questions tout le temps, éthique, légale juridique, s'entourer avocat, RP avec les agences aussi, parce que nous on avait ce qu'il fallait mais ils avaient aussi ce qu'il fallait en face, surtout quand t'es un peu les premiers et s'entourer encore une fois en interne avec des gens de plusieurs âges, de l'audit de la diversité etc c'est hyper important et à chaque moment se poser des questions parce qu'il y a les questions rigolotes mais il y a les questions moins rigolotes donc voilà On se l'est dit, la propriété intellectuelle, le droit à l'image, la propriété du prompt, la représentativité, les biais, en fait c'est un puissant fond dont tu commences à regarder. Il y a les problématiques que tu as dans la vraie vie, mais amplifiées parce que là tu ne sais pas. Dès que tu te frottes à un truc et que tu es le premier, ça peut être glissant. Accepter de te dire je ne vais pas aller jusqu'au bout parce qu'on ne le sent pas. Si les équipes ne le sentent pas aussi, il ne faut pas y aller. Je pense que c'est hyper important. Ça doit être un sujet qui doit rester fédérateur et surtout pas clivant. Tu peux avoir des gens qui te disent je ne suis pas à l'aise d'un point de vue éthique avec le sujet ce qui est quand même un problème. Je pense que je ne veux pas avoir des gens dans les équipes qui se disent je ne suis pas à l'aise à cause de ça, à cause de l'usage Donc c'est quand même hyper important d'avoir les équipes fédérées et garder son âme et sa créativité. Parce qu'encore une fois, il faut que ce soit au service d'un propos. Moi je trouve que c'est vachement de l'innovation vivante, parce qu'en fait ça change tout le temps. Mais te dire voilà, nous on est créatifs et on n'utilisera pas que ça toute notre vie, et au même titre que tu ne te lèves pas en te demandant comment tu vas utiliser Canva, tu ne te lèves pas en disant comment j'utilise Lya. Mais de temps en temps, tu as des opportunités, tu te dis tiens, ça serait sympa d'essayer, parce que ça m'enlèverait une épine du pied en termes de volume, en termes de voyage, en termes de budget. Et moi je pense qu'il ne faut pas s'interdire d'essayer. En plus, ça excite vachement les équipes de regarder des trucs nouveaux. Sur leur CV, c'est super intéressant. Il y a des gens qui sont ultra curieux. Éventuellement, d'avoir des nouveaux process, tu rajoutes des process intéressants. Et en plus, quand ils le construisent, ils sont contents parce que c'est galvanisé intellectuellement. Mais voilà, je pense qu'il faut tout le temps, tout le temps, tout le temps se poser des questions et ne pas s'interdire. Ce n'est pas échouer, mais de ne pas y aller.
- Olivier
Olivier
- Marie
Je ne vais pas donner des conseils marketing. Je serai assez mal placée. Par contre... Le conseil aux marques et à toutes les entreprises, c'est d'y aller, d'y aller, de tester, d'utiliser avec un propos ou sans, d'échouer, la prochaine fois d'échouer mieux et de finir par réussir. L'erreur, à mon sens, pour une marque ou une entreprise, c'est de ne pas y aller. C'est de se dire je ne veux pas y aller pour X raisons. Ça, c'est une vraie erreur stratégique. Par contre. la décision de l'utiliser dans le marketing de la marque, là, c'est une autre question. Par contre, il faut le tester, il faut l'essayer. Quitte à prendre une décision, on l'a fait, mais on ne va pas l'utiliser. Pour des raisons que tu as soulignées. Très bien, mais il faut l'essayer. Parce que demain, cet outil-là, ça sera un commun des outils du graphiste, du shooter, de toute l'équipe marketing en charge de la communication pour une marque ou un groupe.
- Olivier
Et finalement, le sujet en marketing, en communication, d'ailleurs, ça a été souligné dans le micro-entretoi, c'est vraiment garder un équilibre entre l'innovation, l'authenticité, ce que tu disais aussi, se questionner et aller plus loin que la machine. ne pas faire quelque chose de lisse et que tout le monde...
- Marine
De toute façon, l'idée viendra toujours d'une personne. Et l'idée et l'initiative, parce que je suis d'accord avec toi, il faut y aller pour ne serait-ce que démystifier le sujet et se rendre compte que ce n'est pas si compliqué que ça. Tu peux te faire accompagner, en tout cas en termes de génération de contenu, il y a plein de gens qui peuvent accompagner, parce que nous, ça fait longtemps qu'on a arrêté de faire les trucs avec nos petites mains. Et justement, moi, je trouve que la réflexion que ça apporte et justement cette prise de décision collective... Elle est super importante parce qu'en fait, on est en train de créer le marché. On est en train de créer aussi le panorama et l'écosystème dans lequel ça va exister. Donc, autant le prendre en main plutôt que de le subir.
- Olivier
Alors, bien plus qu'une mode passagère, l'IA générative transforme, on l'a vu en profondeur, le marketing et l'émission de la création. Donc, elle décuple l'innovation, la productivité. Elle nous oblige à nous poser les bonnes questions. Comment est-ce qu'on va préserver la transparence Comment est-ce qu'on va prévenir des biais Quelle part de responsabilité assumons-nous en tant qu'acteurs du numérique Quand je dis responsabilité, il y a une phrase qui me vient. Avec un grand pouvoir viennent de grandes responsabilités. Les initiés auront la référence. Et parlant de référence, je vous propose d'ouvrir nos chakras de la réflexion avec l'excellente vision prospective d'Olivier Sennault. Olivier, c'est à toi.
- Marie
Merci Marina. Marketing, c'est un art, on l'a dit, un art créatif, aussi bien visuel, littéraire ou sonore, souvent les trois. Entrer sans effraction dans une révolution qui transforme les fondements même de la dite création et redéfinit le concept de l'authenticité, faisant émerger une question cruciale, que devient la création lorsque l'originalité cesse d'être le fruit de l'esprit humain Et sa question corollaire, de la légitimité d'une marque qui utilise des œuvres générées artificiellement pour véhiculer des valeurs qu'elle proclame comme siennes. La créativité, cet acte qui fut jadis... Un jaillissement d'intuition, de réflexion et d'émotion humaine devient un produit manufacturé par des réseaux de neurones. Cette transformation confère aux marques le pouvoir de produire en abondance, mais à quel prix Dans un tel contexte, le marketing doit impérativement s'interroger sur sa responsabilité, ce que l'on vient de faire. Peut-il se contenter de résultats optimaux et de gains de productivité Tu as clairement exposé le contraire, et c'est un soulagement pour tous ceux, pourtant fervents défenseurs de l'IA, trouvent une limite à son utilisation lorsqu'ils subrogent la profondeur humaine. La technologie doit servir, non à servir, nous n'aurons de cesse de le marteler. L'usage de l'IA générative dans un contexte de communication de masse pose également un défi éthique. Aussi grande soit sa capacité à produire, elle reste, pour l'instant, un algorithme froid, uniformisant les schémas de pensée sous le joute correcteur avisé de ses méga-systèmes. La création artistique et intellectuelle, façonnée depuis des siècles par l'influence de perspectives plurielles, pourrait être réduite à l'empreinte d'une poignée d'algorithmes préformés dont les biais sont difficilement détectables. Dès lors, il est impératif de repenser l'équilibre entre innovation et responsabilité sociale. Le marketing de demain peut et doit tirer parti des avantages de l'IA, mais il doit le faire avec lucidité et intégrité. Les entreprises en première ligne doivent aussi s'interroger sur la transparence et le rôle de l'IA dans leur création. L'honnêteté sur l'origine des œuvres, loin de diminuer la crédibilité d'une marque, peut au contraire valoriser une éthique de clarté et de respect du public, tu en es la preuve vivante. En affirmant ouvertement que certaines créations sont issues de l'IA, les marques permettent à leur audience de comprendre et de questionner ce qu'elles consomment. C'est là la manière d'instaurer un dialogue sincère où le public, pleinement informé, peut à son tour exercer son esprit critique. L'ère de l'IA est une opportunité pour le marketing de se réinventer En réaffirmant les valeurs de transparence, d'inclusivité et d'humanité, le marketing dans son essence fut toujours une quête, un dialogue inachevé entre l'art de convaincre et celui de comprendre l'autre. Il est à la fois cette passerelle entre la marque et son public et un miroir où chacun projette des désirs, des peurs et des espoirs. Dans cette nouvelle ère, l'IA générative devient à la fois l'artiste et l'outil, une muse au visage de chiffres et de data capable de produire des contenus. Avec sa capacité à générer à l'infini des variantes d'une idée, A extrapoler des émotions, ces œuvres, si elles peuvent captiver, séduire même par leur justesse, ne possèdent-elles pas la froideur d'un reflet parfait mais brillant de l'absence de cet élan vital qui caractérise l'art humain L'IA dans le marketing, muse ou égérie, créatrice ou inspirante, vous avez 4 heures.
- Olivier
Merci Olivier, tu as des réactions par rapport à la conclusion d'Olivier
- Marine
La main de l'homme Non, je trouve ça hyper juste. J'aime beaucoup l'idée du miroir de nos... parce que c'est l'IA aussi, tu t'arrives vite pour les gens à Terminator. La main de l'homme, je pense que c'est ce que t'en fais. C'est absolument ce que t'en fais et si tu décides de réfléchir, moi je travaille l'IA, j'ai travaillé les campagnes sur l'IA, de la même façon que je travaillerais... là tu te poses plus de questions parce que c'est moins cadré d'un point de vue légal et t'as moins d'expérience et de gens pour t'expliquer. Mais voilà, il faut... la main de l'homme.
- Olivier
En tout cas, c'est vraiment ce qui est ressorti de tout ce que tu nous as dit aujourd'hui. Merci infiniment.
- Marine
Merci à vous deux.
- Olivier
C'était très instructif et vraiment passionnant. Merci Olivier aussi pour ta vision. Merci chers auditeurs pour votre écoute et je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode de Tendance Inno. Ciao Et voilà chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendance Inno. Un grand merci pour votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendance Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de DocaPost. À bientôt pour un nouvel épisode, placé sous le signe de la tech. du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.