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The Palace Mindset

Carnet de voyage : Le Château de Versailles

Carnet de voyage : Le Château de Versailles

29min |08/07/2025
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29min |08/07/2025
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Description

Avec ma mère, je suis retournée dans un lieu qui m’est cher — Versailles. Un décor que je connais, mais qui me bouleverse à chaque fois.


Cette fois, l’expérience frôle l’irréel : dîner signé Alain Ducasse, nuit avec vue sur l’Orangerie, et une traversée de la Galerie des Glaces, seule, sans un bruit. Hors du temps.


Je vous embarque dans ce troisième récit d’aventure, un voyage dans l’histoire, intime et grandiose. Quel privilège !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast qui pousse les portes des grands hôtels pour réinventer votre quotidien. Palace Mindset, bonjour, comment puis-je vous aider ? Il y a des endroits sur cette terre qui provoquent en nous une stupéfaction et un émerveillement tel qu'il est difficile de trouver les mots pour les décrire. C'est l'exercice auquel je vais me prêter aujourd'hui. La première fois que je suis allée là-bas, j'avais 9 ans. J'ai été impressionnée par la grandeur des lieux, la richesse du patrimoine, les odeurs un peu oubliées coincées entre les murs, les couleurs, les motifs, les couloirs sans fin et toutes ces histoires. Des anecdotes qui semblent encore flotter dans l'air, chuchoter au fil des générations. C'est là que j'ai eu un déclic, quelque chose qui m'a vraiment marquée. Alors forcément, quand j'ai eu l'opportunité d'y travailler, pour représenter un nouvel hôtel ouvert sur le domaine, j'ai dit oui, sans hésiter. Et aujourd'hui, me voilà de retour, en tant qu'invité. A chaque fois, je découvre un nouveau détail, une autre facette. C'est un endroit qui ne s'épuise jamais. Il y a toujours quelque chose à voir, à comprendre, à ressentir. Bienvenue au Château de Versailles. chapitre i l'entrée en cours ma mère et moi sommes dans le taxi la voiture pénètre dans versailles avançant calmement sur les larges avenues aux arbres taillés avec précision à travers la vitre les bâtiments historiques défilent puis au détour d'une rue le château se révèle enfin imposant et lumineux sous le soleil Ces murs de pierres claires s'élèvent massifs et les grilles dorées scintillent au loin. On tourne à gauche, empruntant une rue qui longe l'enceinte du domaine. De l'autre côté, on aperçoit la pièce d'eau des Suisses, encadrée par des arbres dont les ombres se reflètent à la surface de l'eau. On se gare doucement. Sur la droite, une entrée discrète se dessine. La façade aux lignes simples mais nobles offre une atmosphère calme où l'on se sent à la fois impressionné et déjà bien accueilli. Deux visages souriants nous accueillent, tendent la main pour ouvrir la porte. Bienvenue au Grand Contrôle ! Redingote, gilet brodé, souliers à boucle, il s'agit du voiturier et de Dominique, l'ambassadeur des lieux. Sans perdre de temps, mais sans la moindre pression non plus, il nous escorte jusqu'à la réception, un petit espace qui, en un instant, nous transporte directement au Versailles du XVIIIe siècle. Les murs sont parcourus de moulures aux détails nets, rehaussés d'une fine dorure. La lumière naturelle qui entre par les hautes fenêtres suit les reliefs et met en valeur le travail du décor. Le sol en pierre, composé d'un damier noir et blanc, donne à la pièce une géométrie sobre et lisible. Le long des murs, les plaintes en marbre rouge aux veines visibles dessinent un contraste franc qui ancre l'espace. Quelques bureaux en acajou sont placés avec retenue. Les chaises de style Louis XVI avec leurs dossiers droits et leurs pieds cannelés complètent cet ensemble classique. Je ressens alors cette odeur singulière du château. Vous savez, un mélange discret de cire à bois et de pierre froide. Cette fragrance ancestrale se mêle harmonieusement à la signature olfactive de la maison RL. Le parfum, nommé Oliember, est chaud et boisé. Imaginé par la parfumeuse Céline Barrel, il allie les notes profondes d'encens, le côté résineux du ciste, la fraîcheur sèche du cèdre et la terre du patchouli. Cette essence ambrée enveloppe l'espace d'une atmosphère à la fois mystérieuse et réconfortante. On nous propose une boisson à la fleur d'oranger, fraîche, florale, avec une légère amertume en fin de bouche. Puis vient le macaron signature Aux Erel bien sûr. On pénètre dans ce qu'on appelle le salon d'audience. Lorsque ce lieu servait aux contrôleurs financiers du roi, d'où le nom du grand contrôle, c'était ici que les visiteurs patientaient, le temps que leur entretien débute. Là, le velours s'impose, dense et riche, couvrant de larges sofas aux teintes vert profond et rouge sombre, des couleurs qui racontent à elles seules une histoire de pouvoir. Les dorures plus présentes qu'ailleurs jouent avec la lumière tamisée, dessinant des arabesques délicates. L'atmosphère est feutrée. Notre regard se perd sur chaque détail. Des portraits de figures emblématiques, les traits gravés dans le temps, des cadrans d'horloges au tic-tac discret, chinés chez l'antiquaire qui ponctuent le silence. Au plafond, un lustre majestueux diffuse une lumière douce. Les murs sont habillés de fresques murales colorées, tandis qu'au sol s'étend un immense tapis rose aux motifs floraux, dont la texture efface presque le bruit des pas. Sur les cabinets et présentoirs, de lourds livres racontent à la fois l'épopée des rois et l'audace des chefs étoilés contemporains. Un dialogue silencieux entre passé et présent. Restez ici ne serait-ce que quelques minutes, C'est devenir spectateur d'un ballet discret. Les serveurs glissent entre les fauteuils, pressés mais impassibles. Des clients s'émerveillent en prenant le thé. Des allées et venues incessantes, un flux calme et vivant qui fait de cet espace une cour du XXIe siècle. D'ailleurs, les hôtes portent des tenues inspirées du XVIIIe siècle. Rien de théâtral. mais un soin du détail qui prolonge l'illusion sans jamais forcer le décor. Les étoffes sont épaisses, bien coupées, les couleurs sobres. Ce n'est pas un costume, c'est un uniforme, pensé pour s'inscrire dans le lieu, pas pour en faire une simple imitation. Ils se sont vraiment appropriés ces vêtements, qui ne ressemblent en rien à un déguisement. L'illusion est totale. Même moi qui, j'avoue, connais bien le lieu, je reste bouche bée quand, à cet instant précis, le temps semble s'arrêter. Ce que je ressens ? Un mélange d'émerveillement et de surprise. Cette excitation d'enfant face à l'inconnu et à la beauté. Une sensation qui en fait reste intacte, même si en grandissant, on croit souvent l'avoir perdue sous le poids de l'habitude et du quotidien. On s'imagine ne plus jamais retrouver cette capacité à s'émerveiller sans filtre, à accueillir le monde avec des yeux neufs. Pourtant, elle est bien là, tapie quelque part, prête à refaire surface quand on ne s'y attend pas. Et quand je me tourne vers ma maman, sourire aux lèvres, je réalise que ce n'est plus tout à fait ma mère que je vois, mais son enfant intérieur. Thomas, notre majordome, vient à notre rencontre. Il sera notre hôte tout au long du séjour. Chapitre 2. Premier pas dans les appartements. Thomas nous guide tranquillement à travers le lieu. Il nous fait d'abord découvrir le restaurant où deux cabinets se répondent, l'un bleu, l'autre doré, chacun avec des détails singuliers. Boiseries finement travaillées, petites appliques murales qui diffusent... une lumière douce, puis nous passons au bar, installé dans une ancienne chapelle où le velours rouge habille les fauteuils hauts. Nous montons ensuite les escaliers d'honneur, bordés de portraits de rois et de gravures officielles. Leur regard semble suivre chacun de nos pas, donnant au lieu une présence forte, presque solennelle. Le bois des rampes est poli par le temps, sous nos mains, et le bruit de nos pas font craquer les marches en bois ancien. La visite se poursuit dans la bibliothèque, un espace calme où les bustes des personnages des Lumières surveillent des milliers de livres anciens, dont les reliures racontent à elles seules des histoires. De là, nous rejoignons le plus bel endroit. Pour moi en tout cas. La galerie des contrôleurs. Ce couloir, autrefois passage reliant le château, s'étendait sur des dizaines de mètres. Il est orné de cadres où s'affichent plans et élévations du bâtiment, bordés de rideaux poudrés. Les murs clairs captent la lumière du jour créant un voile porteur d'énergie presque joyeuse. Cette atmosphère légère, dansante, fait vibrer l'espace d'une gaieté discrète mais palpable. C'est par là que certains valets ont pu s'échapper lors de la Révolution, un détail qui ajoute au lieu une présence presque vivante, chargée de récits. On gagne la terrasse qui s'ouvre sur le parterre de l'orangerie. Les jeunes arbres, tout juste sortis de la nef, étendent leurs branches colorées vers le ciel. Enfin, nous arrivons au Petit Contrôle, un bâtiment plus intime qui abrite aussi le spat amisé en sous-sol, et surtout, notre chambre. Son nom ? Jules Ardouin-Montsard. Architecte du XVIIe siècle, il a façonné Versailles. Il est notamment à l'origine de la Galerie des Glaces, des ailes du Midi et du Nord, ainsi que de la Chapelle Royale. Rien que ça. En montant, Thomas nous demande si nous souhaitons assister au lever royal le lendemain. Nous acceptons, sans qu'il ne nous donne plus de détails sur le déroulement du rituel. Bon, on espère quand même que la cour ne sera pas là pour assister à notre réveil, un moment que même Marie-Antoinette évitait à tout prix. La porte se referme derrière notre majordome. Nous voilà seuls dans la chambre. animés par l'envie de tout explorer. Ouvrir les tiroirs, fouiller les petites armoires, parcourir la papeterie soigneusement déposée. Comme si chaque recoin pouvait cacher un trésor. Et c'est bien le cas. Dans la salle de bain, habillée de marbre blanc, les cosmétiques Jardin Beaulieu, marque Sœur d'Hérel, dévoilent deux parfums singuliers. Sauge d'une nuit étoilée mêle la fraîcheur boisée du patchouli au caractère herbacé du romarin, tandis que figue minérale surprend par ses notes fraîches et résineuses de cyprès. Dans la grande armoire du couloir, une profusion de friandises nous attend. Parmi elles, des douceurs qui rappellent l'enfance, comme les ours en chocolat signés Fouquet ou les bonbons en gélatine colorée. Il y en a pour tous les goûts, comme pour nous faire sentir chez nous. Alors que nous sommes, je le rappelle, au cœur même du domaine du château de Versailles. Incroyable. Après tout, les buffets généreux étaient monnaie courante ici, n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, on se sent une fois de plus comme des reines. Une pile de cadeaux nous attend, trônant sur le lit. Un pyjama couleur ivoire, souligné d'un passepoil vert anglais, signature RL. Un masque de sommeil en soie. S'ajoute du vin, encore plus de macarons sur un joli présentoir et une lettre cachetée à la scie rouge signée à la main par le directeur général. La joie de l'écriture. Quant au contenu, je le garde pour moi. On découvre un plan des jardins, notre itinéraire de séjour ponctué de petites surprises. Puis viennent les cartes postales, qui capturent avec précision l'atmosphère du domaine. De véritables fenêtres visuelles que l'on envoie à nos proches pour qu'ils partagent un peu de notre expérience. Elles sont accompagnées de timbres aux illustrations du lieu. Le sens du détail, je vous dis. Chapitre 3. Invitation à prendre le thé. L'heure tourne et approche le goûter à la française. Oui, parce qu'ici on ne parle pas de tea time. Le rituel du thé à Versailles se développe sous Marie-Antoinette. À une époque où le café et le chocolat sont plus répandus, elle introduit cette pause qui devient un moment à part dans le rythme du palais. Ces instants, souvent accompagnés de pâtisseries, offrent un temps de répit dans le quotidien chargé de la cour. Il est donc impensable que nous manquions cette invitation. Bien sûr, ça se déroule au salon d'audience, le cadre idéal. le festin se présente sur un plateau d'argent chaque pièce soigneusement posée comme un jeu à parcourir de regard avant de goûter cinq bouchées salées se répondent mélant texture et forme un pain brioché au crustacé des oeufs finement préparés un croque monsieur réinventé et des légumes colorés dressés en sucettes puis trois douceurs, un financier parfumé à la vanille de Madagascar, une tartelette aux framboises, et le 1724 qui rappelle l'étoile et les pétales du soleil de Versailles. Toutes des créations du maestro de la pâtisserie, chef Aymeric Pinar, qui pour l'avoir rencontré est aussi gentil, que doué. Le tout est accompagné d'un thé aux pommes et pétales de rose qui complètent parfaitement ces saveurs variées. Après ce moment gourmand, on retrouve la chambre pour une pause bienvenue, un instant pour laisser retomber l'effervescence et savourer pleinement chaque sensation, avant de poursuivre la visite. C'est précieux. Chapitre 4. Quand les portes se referment. L'après-midi s'efface lentement, laissant derrière un calme ressourçant. Dans le salon, l'atmosphère se charge d'une attente palpable. On rejoint les autres convives, le cœur un peu plus serré, les sens en alerte, conscients que ce qui va suivre dépasse l'ordinaire. Dehors, les jardins se vident doucement, baignés d'une lumière dorée qui semble annoncer l'instant crucial. Le silence s'installe, seulement troublé par le murmure lointain des derniers pas, les feuilles qui bougent et les jardiniers qui s'affairent dans les bosquets. Puis, on gravit les 100 marches. Chaque pas dévoile un peu plus le décor. Ça y est, le château s'élève, imposant et majestueux, prêt à s'ouvrir juste pour nous. Le cœur bat, les sens s'aiguisent. Voici venu l'instant tant attendu. Notre guide se présente et nous escorte. On franchit la porte, on rejoint l'étage. En entrant dans les appartements du roi, une autre dimension s'installe. Je me projette aussitôt dans ces lieux, j'imagine les scènes qui ont pu s'y jouer. Les pas mesurés de Louis XIV, les murmures des courtisans, l'effervescence discrète d'une cour en mouvement. Avec ma mère, on échange nos impressions à voix basse. Ici, nous sommes presque seuls avec l'histoire, libres de nous arrêter, de rêver, de partager notre regard sur ces murs. La chambre du roi nous retient longtemps. C'est le cœur de Versailles, le lieu où chaque matin débutait par le fameux lever, ce rituel solennel où le roi s'éveillait sous le regard attentif de toute la cour qui attendait ce moment avec un mélange d'impatience et de tension. On imagine les regards échangés, les gestes minutieux. À côté, le cabinet du conseil dégage une atmosphère plus pesante. Je pense aux décisions qui ont façonné l'histoire, aux ministres venus négocier, convaincre, parfois conspirer dans cette pièce. On évoque aussi les spectacles privés que le roi organisait dans ses appartements, où il se mettait en scène, mêlant politique et art d'une manière très personnelle. Chaque pièce, chaque objet, chaque détail raconte une histoire. Le parquet usé, les boiseries finement sculptées, les tentures aux tons sourds, tout invite à se rapprocher de cette époque sans jamais donner l'impression d'être dans un musée figé. Pouvoir s'attarder et respirer ces lieux, loin du tumulte des groupes, est un privilège rare. Ce moment partagé avec ma mère, cette proximité avec l'histoire, rendent la visite vivante presque intime. Quelle chance, quel privilège ! J'aimerais pouvoir tout vous raconter. Par exemple, la collection des montres à gousset du roi, aussi précise et sophistiquée que les plus grandes manufactures d'aujourd'hui, comme des Audemars Piguet avant l'heure. Ou encore ce petit cabinet où Louis XIV écrivait lui-même certaines lettres. On évoque aussi ce passage secret, utilisé par les favorites pour rejoindre discrètement les appartements royaux, loin des regards de la cour, ou bien la manière dont le parquet craque encore, témoignant des innombrables pas d'apparat qui l'ont foulé. Mais il y aurait tellement de choses à dire. Je ne peux que vous inviter à y aller ou y retourner. Retour à l'hôtel. Les images tournent encore dans ma tête. Sur la terrasse, le vent frais nous berce un instant, avant de filer se préparer pour le dîner. Chapitre 5. Le festin du roi. Je glisse dans ma robe longue, la coiffe posée avec soin. Ce soir, c'est bien plus qu'un dîner. Nous sommes invités à la table des chefs Alain Ducasse et Stéphane Duchiron, au cœur du domaine du château de Versailles. Un à un, avec les autres convives, nous entrons dans le salon. La porte se referme doucement derrière nous et déjà le mystère s'installe. On nous remet une enveloppe cachetée à la main. portant un nom d'emprunt. Ce soir, nous sommes Duchesse de Parme, invité d'honneur d'une soirée unique. Le cliquotis discret des flûtes de champagne accompagne l'ouverture des festivités. Le bruissement feutré des robes, le murmure des conversations, tout s'accorde pour créer une parenthèse hors du temps, sous le regard immobile des portraits anciens. On nous propose de lire le menu, mais nous refusons, guidés par l'inconnu. Puis un serveur apparaît, tenant un grand sceptre orné, qu'il fait résonner au sol à plusieurs reprises. Sa voix porte dans la salle, annonçant le premier plat. La dégustation commence et c'est un voyage. Les saveurs mêlant influences anciennes et savoir-faire contemporains racontent vraiment une histoire. Chaque texture est équilibrée, chaque ingrédient choisi avec précision, pour réveiller l'essence et transporter au cœur d'une époque révolue. Le sommelier fait son entrée. Il nous présente un accord méhévin pensé pour accompagner chaque étape du repas. Chaque bouteille révèle ses arômes au bon moment. On savoure le bouillon du roi, exactement comme autrefois. Les plats s'enchaînent avec un rythme maîtrisé, ni trop lent, ni trop vif, offrant le temps de s'imprégner avant de passer au suivant. Ce que j'ai adoré, c'est que dispersés ici et là, vous trouvez des petites antiquités chinées qui s'invitent à la table, salières, poivrières, en argent patiné, chacune accompagnée de sa petite cuillère délicate, témoin silencieux d'un autre temps. Aucune anachronie. Je n'imaginais pas que la gastronomie puisse à ce point faire voyager dans le passé. Chaque légume oublié, chaque saveur fumée, chaque volaille au goût marqué, me transporte littéralement à la table du roi, comme si j'y étais, au cœur même de l'histoire. Et comme si cela ne suffisait pas, une dernière surprise chocolatée à emporter vient couronner le repas. Un dernier verre sur la terrasse pour profiter une dernière fois du décor nocturne et se souhaiter des rêves à la hauteur de cette soirée. Bonne nuit. Chapitre 6. Le lever royal. Qu'est-ce que ? Quelqu'un gratte à la porte ? J'ouvre un oeil. Dans la pénombre de la chambre, je devine une silhouette. Les rideaux s'ouvrent. « Mes reines, bonjour. » C'est un majordome, d'un ton confiant et doux à la fois. Il nous réveille et nous tend un petit verre de lait aux agrumes. Voilà le lever royal. Quel splendeur, je vois l'orangerie depuis mon lit. Je goûte le breuvage, c'est excellent. L'humeur est au beau fixe. On se prépare dans la joie en direction du petit déjeuner. Il se prend dans l'arrière-cabinet doré, un écrin calme où la lumière est douce. La table est déjà dressée, chargée de petites merveilles. Un bouillon clair, de splendides viennoiseries dorées, et des bouchées salées délicates comme du saumon finement tranché. Mais on peut aussi commander à la carte. Et je cède au pain perdu. Si vous passez par là, ne le ratez surtout pas. Sa texture est parfaite, fondante sans être lourde, le sucre dosé avec justesse, un vrai petit chef-d'œuvre. Et puis le thé, bien chaud, infusé avec soin, accompagne ce moment rare. Puis il est temps de partir pour la seconde visite. Le départ pour le Grand Trianon s'organise dans une atmosphère paisible, loin de l'agitation du château. Ce palais de pierres roses a traversé les siècles, tout en gardant son charme caché. Conçu par Jules-Ardouin-Monsart, tiens, comme le nom de notre chambre, en 1687, c'est un refuge voulu par Louis XIV pour échapper à la rigidité de la cour. Ici, le mobilier est plus simple, pensé comme une maison de campagne loin du faste du château. Les pièces reflètent une vie plus intime, moins cérémonieuse, où le roi pouvait trouver calme et confort. Au fil des siècles, ce lieu a aussi accueilli Napoléon Bonaparte, qui y installa Joséphine, et plus tard plusieurs présidents de la République française, qui l'utilisèrent comme résidence officielle pour recevoir à l'abri des regards. Pouvoir découvrir cet espace en toute intimité, loin de la foule, est tout autant un privilège que le château. Après la visite, Pour reprendre des forces avant de repartir à l'aventure, nous nous dirigeons vers le spa, un sanctuaire caché en sous-sol, inspiré de la cour de marbre du château. La piscine intérieure, longue de 15 mètres, déploie son marbre de carard en damier sous une lumière tamisée où les lustres en cristal diffusent une lueur douce. Avec fresques murales et des statues classiques, chaque mouvement dans l'eau devient une respiration suspendue. Je ne peux m'empêcher de lever la tête pour maintenir le regard avec ses bustes. Le sauna au banc de pierre diffuse une chaleur profonde qui délace le corps, tandis que le hammam libère une vapeur légère et apaisante. Pas de soin aujourd'hui, juste le plaisir simple de la chaleur et de l'eau. Un moment rare pour chasser la fatigue et se reconnecter à soi. Et puis, on reste là, une heure. Chapitre final, une sortie en beauté. On s'échappe à bord d'une voiturette électrique, qui attire les regards et suscite un sourire complice chez les autres visiteurs. Le chemin serpente entre les bosquets, impeccablement taillés, où s'entremêlent les senteurs légères des chaînes, hêtres et tilleuls centenaires. À chaque virage, des massifs floraux soignés et des fontaines à l'eau claire ponctuent la promenade. tandis que des petites statues anciennes semblent observer notre passage. On s'installe pour déjeuner sur l'une des terrasses qui surplombent le grand canal, cette vaste étendue d'eau calme bordée de charmilles. Le plaisir de prendre le temps, tout simplement. Puis, on emprunte la barque électrique de l'hôtel, glissant silencieusement sur la surface lisse du bassin. Peu nombreux sont ceux qui peuvent approcher de ce bout du canal offrant un point de vue inédit sur le Grand Trianon. On redécouvre ce lieu fraîchement visité d'un nouveau point de vue. Autour de nous, les canards glissent paisiblement, les bruits des rames se mêlent à ceux des cyclistes et aux sabots des cavaliers sur les allées. Des familles profitent d'un pique-nique à l'ombre des grands platanes, dont les troncs massifs et le feuillage créent une certaine fraîcheur. Honnêtement, la scène est digne d'une peinture, empreinte de poésie. Nous reprenons la voiturette électrique, cap sur le hameau de la reine, ce refuge champêtre que Marie-Antoinette fit aménager loin du faste, parfois étouffant du château. Conçu comme un village miniature, le hameau mêle cottage en pierre apparente, toit de chaume et jardin potager, un véritable tableau vivant où la reine venait s'évader et goûter à une simplicité idéalisée. En parcourant les allées bordées d'arbres fruitiers et de bassins tranquilles, je me projette dans ces scènes d'antan. Marie-Antoinette jouant à la fermière, entourée de ses proches, chaque maison porte une fonction précise la laiterie le moulin la maison du garde tous bâtis avec soin pour créer un univers à la fois rustique et raffiné c'est ici dans ce havre que la reine a cherché un souffle d'authenticité et de liberté une escapade loin des regards même elle avait besoin de son retour aux sources vous voyez le hameau est toujours habité vivant au rythme des enfants qui le découvrent émerveillé. Les animaux y sont choyés et le potager est toujours cultivé. C'est sans doute mon endroit préféré du domaine. De calme et de nature qu'il serait trop bien bête de manquer lors de votre prochaine visite. Le séjour touche à sa fin, mais nous n'avons pas envie de partir tout de suite. Alors on s'installe pour un chocolat chaud signé Angelina. Un peu cliché, oui, mais si réconfortant. Puis on grimpe. Une dernière fois dans notre voiturette, le cœur léger, la tête pleine d'images, prête déjà, ma mère et moi, pour de futures aventures. Merci d'avoir passé ce petit moment avec moi, et surtout rappelez-vous, la vie est ce que vous en faites. Alors faites-en une expérience 5 étoiles. A la semaine prochaine, même heure, même endroit, dans The Palace Mindset.

Description

Avec ma mère, je suis retournée dans un lieu qui m’est cher — Versailles. Un décor que je connais, mais qui me bouleverse à chaque fois.


Cette fois, l’expérience frôle l’irréel : dîner signé Alain Ducasse, nuit avec vue sur l’Orangerie, et une traversée de la Galerie des Glaces, seule, sans un bruit. Hors du temps.


Je vous embarque dans ce troisième récit d’aventure, un voyage dans l’histoire, intime et grandiose. Quel privilège !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast qui pousse les portes des grands hôtels pour réinventer votre quotidien. Palace Mindset, bonjour, comment puis-je vous aider ? Il y a des endroits sur cette terre qui provoquent en nous une stupéfaction et un émerveillement tel qu'il est difficile de trouver les mots pour les décrire. C'est l'exercice auquel je vais me prêter aujourd'hui. La première fois que je suis allée là-bas, j'avais 9 ans. J'ai été impressionnée par la grandeur des lieux, la richesse du patrimoine, les odeurs un peu oubliées coincées entre les murs, les couleurs, les motifs, les couloirs sans fin et toutes ces histoires. Des anecdotes qui semblent encore flotter dans l'air, chuchoter au fil des générations. C'est là que j'ai eu un déclic, quelque chose qui m'a vraiment marquée. Alors forcément, quand j'ai eu l'opportunité d'y travailler, pour représenter un nouvel hôtel ouvert sur le domaine, j'ai dit oui, sans hésiter. Et aujourd'hui, me voilà de retour, en tant qu'invité. A chaque fois, je découvre un nouveau détail, une autre facette. C'est un endroit qui ne s'épuise jamais. Il y a toujours quelque chose à voir, à comprendre, à ressentir. Bienvenue au Château de Versailles. chapitre i l'entrée en cours ma mère et moi sommes dans le taxi la voiture pénètre dans versailles avançant calmement sur les larges avenues aux arbres taillés avec précision à travers la vitre les bâtiments historiques défilent puis au détour d'une rue le château se révèle enfin imposant et lumineux sous le soleil Ces murs de pierres claires s'élèvent massifs et les grilles dorées scintillent au loin. On tourne à gauche, empruntant une rue qui longe l'enceinte du domaine. De l'autre côté, on aperçoit la pièce d'eau des Suisses, encadrée par des arbres dont les ombres se reflètent à la surface de l'eau. On se gare doucement. Sur la droite, une entrée discrète se dessine. La façade aux lignes simples mais nobles offre une atmosphère calme où l'on se sent à la fois impressionné et déjà bien accueilli. Deux visages souriants nous accueillent, tendent la main pour ouvrir la porte. Bienvenue au Grand Contrôle ! Redingote, gilet brodé, souliers à boucle, il s'agit du voiturier et de Dominique, l'ambassadeur des lieux. Sans perdre de temps, mais sans la moindre pression non plus, il nous escorte jusqu'à la réception, un petit espace qui, en un instant, nous transporte directement au Versailles du XVIIIe siècle. Les murs sont parcourus de moulures aux détails nets, rehaussés d'une fine dorure. La lumière naturelle qui entre par les hautes fenêtres suit les reliefs et met en valeur le travail du décor. Le sol en pierre, composé d'un damier noir et blanc, donne à la pièce une géométrie sobre et lisible. Le long des murs, les plaintes en marbre rouge aux veines visibles dessinent un contraste franc qui ancre l'espace. Quelques bureaux en acajou sont placés avec retenue. Les chaises de style Louis XVI avec leurs dossiers droits et leurs pieds cannelés complètent cet ensemble classique. Je ressens alors cette odeur singulière du château. Vous savez, un mélange discret de cire à bois et de pierre froide. Cette fragrance ancestrale se mêle harmonieusement à la signature olfactive de la maison RL. Le parfum, nommé Oliember, est chaud et boisé. Imaginé par la parfumeuse Céline Barrel, il allie les notes profondes d'encens, le côté résineux du ciste, la fraîcheur sèche du cèdre et la terre du patchouli. Cette essence ambrée enveloppe l'espace d'une atmosphère à la fois mystérieuse et réconfortante. On nous propose une boisson à la fleur d'oranger, fraîche, florale, avec une légère amertume en fin de bouche. Puis vient le macaron signature Aux Erel bien sûr. On pénètre dans ce qu'on appelle le salon d'audience. Lorsque ce lieu servait aux contrôleurs financiers du roi, d'où le nom du grand contrôle, c'était ici que les visiteurs patientaient, le temps que leur entretien débute. Là, le velours s'impose, dense et riche, couvrant de larges sofas aux teintes vert profond et rouge sombre, des couleurs qui racontent à elles seules une histoire de pouvoir. Les dorures plus présentes qu'ailleurs jouent avec la lumière tamisée, dessinant des arabesques délicates. L'atmosphère est feutrée. Notre regard se perd sur chaque détail. Des portraits de figures emblématiques, les traits gravés dans le temps, des cadrans d'horloges au tic-tac discret, chinés chez l'antiquaire qui ponctuent le silence. Au plafond, un lustre majestueux diffuse une lumière douce. Les murs sont habillés de fresques murales colorées, tandis qu'au sol s'étend un immense tapis rose aux motifs floraux, dont la texture efface presque le bruit des pas. Sur les cabinets et présentoirs, de lourds livres racontent à la fois l'épopée des rois et l'audace des chefs étoilés contemporains. Un dialogue silencieux entre passé et présent. Restez ici ne serait-ce que quelques minutes, C'est devenir spectateur d'un ballet discret. Les serveurs glissent entre les fauteuils, pressés mais impassibles. Des clients s'émerveillent en prenant le thé. Des allées et venues incessantes, un flux calme et vivant qui fait de cet espace une cour du XXIe siècle. D'ailleurs, les hôtes portent des tenues inspirées du XVIIIe siècle. Rien de théâtral. mais un soin du détail qui prolonge l'illusion sans jamais forcer le décor. Les étoffes sont épaisses, bien coupées, les couleurs sobres. Ce n'est pas un costume, c'est un uniforme, pensé pour s'inscrire dans le lieu, pas pour en faire une simple imitation. Ils se sont vraiment appropriés ces vêtements, qui ne ressemblent en rien à un déguisement. L'illusion est totale. Même moi qui, j'avoue, connais bien le lieu, je reste bouche bée quand, à cet instant précis, le temps semble s'arrêter. Ce que je ressens ? Un mélange d'émerveillement et de surprise. Cette excitation d'enfant face à l'inconnu et à la beauté. Une sensation qui en fait reste intacte, même si en grandissant, on croit souvent l'avoir perdue sous le poids de l'habitude et du quotidien. On s'imagine ne plus jamais retrouver cette capacité à s'émerveiller sans filtre, à accueillir le monde avec des yeux neufs. Pourtant, elle est bien là, tapie quelque part, prête à refaire surface quand on ne s'y attend pas. Et quand je me tourne vers ma maman, sourire aux lèvres, je réalise que ce n'est plus tout à fait ma mère que je vois, mais son enfant intérieur. Thomas, notre majordome, vient à notre rencontre. Il sera notre hôte tout au long du séjour. Chapitre 2. Premier pas dans les appartements. Thomas nous guide tranquillement à travers le lieu. Il nous fait d'abord découvrir le restaurant où deux cabinets se répondent, l'un bleu, l'autre doré, chacun avec des détails singuliers. Boiseries finement travaillées, petites appliques murales qui diffusent... une lumière douce, puis nous passons au bar, installé dans une ancienne chapelle où le velours rouge habille les fauteuils hauts. Nous montons ensuite les escaliers d'honneur, bordés de portraits de rois et de gravures officielles. Leur regard semble suivre chacun de nos pas, donnant au lieu une présence forte, presque solennelle. Le bois des rampes est poli par le temps, sous nos mains, et le bruit de nos pas font craquer les marches en bois ancien. La visite se poursuit dans la bibliothèque, un espace calme où les bustes des personnages des Lumières surveillent des milliers de livres anciens, dont les reliures racontent à elles seules des histoires. De là, nous rejoignons le plus bel endroit. Pour moi en tout cas. La galerie des contrôleurs. Ce couloir, autrefois passage reliant le château, s'étendait sur des dizaines de mètres. Il est orné de cadres où s'affichent plans et élévations du bâtiment, bordés de rideaux poudrés. Les murs clairs captent la lumière du jour créant un voile porteur d'énergie presque joyeuse. Cette atmosphère légère, dansante, fait vibrer l'espace d'une gaieté discrète mais palpable. C'est par là que certains valets ont pu s'échapper lors de la Révolution, un détail qui ajoute au lieu une présence presque vivante, chargée de récits. On gagne la terrasse qui s'ouvre sur le parterre de l'orangerie. Les jeunes arbres, tout juste sortis de la nef, étendent leurs branches colorées vers le ciel. Enfin, nous arrivons au Petit Contrôle, un bâtiment plus intime qui abrite aussi le spat amisé en sous-sol, et surtout, notre chambre. Son nom ? Jules Ardouin-Montsard. Architecte du XVIIe siècle, il a façonné Versailles. Il est notamment à l'origine de la Galerie des Glaces, des ailes du Midi et du Nord, ainsi que de la Chapelle Royale. Rien que ça. En montant, Thomas nous demande si nous souhaitons assister au lever royal le lendemain. Nous acceptons, sans qu'il ne nous donne plus de détails sur le déroulement du rituel. Bon, on espère quand même que la cour ne sera pas là pour assister à notre réveil, un moment que même Marie-Antoinette évitait à tout prix. La porte se referme derrière notre majordome. Nous voilà seuls dans la chambre. animés par l'envie de tout explorer. Ouvrir les tiroirs, fouiller les petites armoires, parcourir la papeterie soigneusement déposée. Comme si chaque recoin pouvait cacher un trésor. Et c'est bien le cas. Dans la salle de bain, habillée de marbre blanc, les cosmétiques Jardin Beaulieu, marque Sœur d'Hérel, dévoilent deux parfums singuliers. Sauge d'une nuit étoilée mêle la fraîcheur boisée du patchouli au caractère herbacé du romarin, tandis que figue minérale surprend par ses notes fraîches et résineuses de cyprès. Dans la grande armoire du couloir, une profusion de friandises nous attend. Parmi elles, des douceurs qui rappellent l'enfance, comme les ours en chocolat signés Fouquet ou les bonbons en gélatine colorée. Il y en a pour tous les goûts, comme pour nous faire sentir chez nous. Alors que nous sommes, je le rappelle, au cœur même du domaine du château de Versailles. Incroyable. Après tout, les buffets généreux étaient monnaie courante ici, n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, on se sent une fois de plus comme des reines. Une pile de cadeaux nous attend, trônant sur le lit. Un pyjama couleur ivoire, souligné d'un passepoil vert anglais, signature RL. Un masque de sommeil en soie. S'ajoute du vin, encore plus de macarons sur un joli présentoir et une lettre cachetée à la scie rouge signée à la main par le directeur général. La joie de l'écriture. Quant au contenu, je le garde pour moi. On découvre un plan des jardins, notre itinéraire de séjour ponctué de petites surprises. Puis viennent les cartes postales, qui capturent avec précision l'atmosphère du domaine. De véritables fenêtres visuelles que l'on envoie à nos proches pour qu'ils partagent un peu de notre expérience. Elles sont accompagnées de timbres aux illustrations du lieu. Le sens du détail, je vous dis. Chapitre 3. Invitation à prendre le thé. L'heure tourne et approche le goûter à la française. Oui, parce qu'ici on ne parle pas de tea time. Le rituel du thé à Versailles se développe sous Marie-Antoinette. À une époque où le café et le chocolat sont plus répandus, elle introduit cette pause qui devient un moment à part dans le rythme du palais. Ces instants, souvent accompagnés de pâtisseries, offrent un temps de répit dans le quotidien chargé de la cour. Il est donc impensable que nous manquions cette invitation. Bien sûr, ça se déroule au salon d'audience, le cadre idéal. le festin se présente sur un plateau d'argent chaque pièce soigneusement posée comme un jeu à parcourir de regard avant de goûter cinq bouchées salées se répondent mélant texture et forme un pain brioché au crustacé des oeufs finement préparés un croque monsieur réinventé et des légumes colorés dressés en sucettes puis trois douceurs, un financier parfumé à la vanille de Madagascar, une tartelette aux framboises, et le 1724 qui rappelle l'étoile et les pétales du soleil de Versailles. Toutes des créations du maestro de la pâtisserie, chef Aymeric Pinar, qui pour l'avoir rencontré est aussi gentil, que doué. Le tout est accompagné d'un thé aux pommes et pétales de rose qui complètent parfaitement ces saveurs variées. Après ce moment gourmand, on retrouve la chambre pour une pause bienvenue, un instant pour laisser retomber l'effervescence et savourer pleinement chaque sensation, avant de poursuivre la visite. C'est précieux. Chapitre 4. Quand les portes se referment. L'après-midi s'efface lentement, laissant derrière un calme ressourçant. Dans le salon, l'atmosphère se charge d'une attente palpable. On rejoint les autres convives, le cœur un peu plus serré, les sens en alerte, conscients que ce qui va suivre dépasse l'ordinaire. Dehors, les jardins se vident doucement, baignés d'une lumière dorée qui semble annoncer l'instant crucial. Le silence s'installe, seulement troublé par le murmure lointain des derniers pas, les feuilles qui bougent et les jardiniers qui s'affairent dans les bosquets. Puis, on gravit les 100 marches. Chaque pas dévoile un peu plus le décor. Ça y est, le château s'élève, imposant et majestueux, prêt à s'ouvrir juste pour nous. Le cœur bat, les sens s'aiguisent. Voici venu l'instant tant attendu. Notre guide se présente et nous escorte. On franchit la porte, on rejoint l'étage. En entrant dans les appartements du roi, une autre dimension s'installe. Je me projette aussitôt dans ces lieux, j'imagine les scènes qui ont pu s'y jouer. Les pas mesurés de Louis XIV, les murmures des courtisans, l'effervescence discrète d'une cour en mouvement. Avec ma mère, on échange nos impressions à voix basse. Ici, nous sommes presque seuls avec l'histoire, libres de nous arrêter, de rêver, de partager notre regard sur ces murs. La chambre du roi nous retient longtemps. C'est le cœur de Versailles, le lieu où chaque matin débutait par le fameux lever, ce rituel solennel où le roi s'éveillait sous le regard attentif de toute la cour qui attendait ce moment avec un mélange d'impatience et de tension. On imagine les regards échangés, les gestes minutieux. À côté, le cabinet du conseil dégage une atmosphère plus pesante. Je pense aux décisions qui ont façonné l'histoire, aux ministres venus négocier, convaincre, parfois conspirer dans cette pièce. On évoque aussi les spectacles privés que le roi organisait dans ses appartements, où il se mettait en scène, mêlant politique et art d'une manière très personnelle. Chaque pièce, chaque objet, chaque détail raconte une histoire. Le parquet usé, les boiseries finement sculptées, les tentures aux tons sourds, tout invite à se rapprocher de cette époque sans jamais donner l'impression d'être dans un musée figé. Pouvoir s'attarder et respirer ces lieux, loin du tumulte des groupes, est un privilège rare. Ce moment partagé avec ma mère, cette proximité avec l'histoire, rendent la visite vivante presque intime. Quelle chance, quel privilège ! J'aimerais pouvoir tout vous raconter. Par exemple, la collection des montres à gousset du roi, aussi précise et sophistiquée que les plus grandes manufactures d'aujourd'hui, comme des Audemars Piguet avant l'heure. Ou encore ce petit cabinet où Louis XIV écrivait lui-même certaines lettres. On évoque aussi ce passage secret, utilisé par les favorites pour rejoindre discrètement les appartements royaux, loin des regards de la cour, ou bien la manière dont le parquet craque encore, témoignant des innombrables pas d'apparat qui l'ont foulé. Mais il y aurait tellement de choses à dire. Je ne peux que vous inviter à y aller ou y retourner. Retour à l'hôtel. Les images tournent encore dans ma tête. Sur la terrasse, le vent frais nous berce un instant, avant de filer se préparer pour le dîner. Chapitre 5. Le festin du roi. Je glisse dans ma robe longue, la coiffe posée avec soin. Ce soir, c'est bien plus qu'un dîner. Nous sommes invités à la table des chefs Alain Ducasse et Stéphane Duchiron, au cœur du domaine du château de Versailles. Un à un, avec les autres convives, nous entrons dans le salon. La porte se referme doucement derrière nous et déjà le mystère s'installe. On nous remet une enveloppe cachetée à la main. portant un nom d'emprunt. Ce soir, nous sommes Duchesse de Parme, invité d'honneur d'une soirée unique. Le cliquotis discret des flûtes de champagne accompagne l'ouverture des festivités. Le bruissement feutré des robes, le murmure des conversations, tout s'accorde pour créer une parenthèse hors du temps, sous le regard immobile des portraits anciens. On nous propose de lire le menu, mais nous refusons, guidés par l'inconnu. Puis un serveur apparaît, tenant un grand sceptre orné, qu'il fait résonner au sol à plusieurs reprises. Sa voix porte dans la salle, annonçant le premier plat. La dégustation commence et c'est un voyage. Les saveurs mêlant influences anciennes et savoir-faire contemporains racontent vraiment une histoire. Chaque texture est équilibrée, chaque ingrédient choisi avec précision, pour réveiller l'essence et transporter au cœur d'une époque révolue. Le sommelier fait son entrée. Il nous présente un accord méhévin pensé pour accompagner chaque étape du repas. Chaque bouteille révèle ses arômes au bon moment. On savoure le bouillon du roi, exactement comme autrefois. Les plats s'enchaînent avec un rythme maîtrisé, ni trop lent, ni trop vif, offrant le temps de s'imprégner avant de passer au suivant. Ce que j'ai adoré, c'est que dispersés ici et là, vous trouvez des petites antiquités chinées qui s'invitent à la table, salières, poivrières, en argent patiné, chacune accompagnée de sa petite cuillère délicate, témoin silencieux d'un autre temps. Aucune anachronie. Je n'imaginais pas que la gastronomie puisse à ce point faire voyager dans le passé. Chaque légume oublié, chaque saveur fumée, chaque volaille au goût marqué, me transporte littéralement à la table du roi, comme si j'y étais, au cœur même de l'histoire. Et comme si cela ne suffisait pas, une dernière surprise chocolatée à emporter vient couronner le repas. Un dernier verre sur la terrasse pour profiter une dernière fois du décor nocturne et se souhaiter des rêves à la hauteur de cette soirée. Bonne nuit. Chapitre 6. Le lever royal. Qu'est-ce que ? Quelqu'un gratte à la porte ? J'ouvre un oeil. Dans la pénombre de la chambre, je devine une silhouette. Les rideaux s'ouvrent. « Mes reines, bonjour. » C'est un majordome, d'un ton confiant et doux à la fois. Il nous réveille et nous tend un petit verre de lait aux agrumes. Voilà le lever royal. Quel splendeur, je vois l'orangerie depuis mon lit. Je goûte le breuvage, c'est excellent. L'humeur est au beau fixe. On se prépare dans la joie en direction du petit déjeuner. Il se prend dans l'arrière-cabinet doré, un écrin calme où la lumière est douce. La table est déjà dressée, chargée de petites merveilles. Un bouillon clair, de splendides viennoiseries dorées, et des bouchées salées délicates comme du saumon finement tranché. Mais on peut aussi commander à la carte. Et je cède au pain perdu. Si vous passez par là, ne le ratez surtout pas. Sa texture est parfaite, fondante sans être lourde, le sucre dosé avec justesse, un vrai petit chef-d'œuvre. Et puis le thé, bien chaud, infusé avec soin, accompagne ce moment rare. Puis il est temps de partir pour la seconde visite. Le départ pour le Grand Trianon s'organise dans une atmosphère paisible, loin de l'agitation du château. Ce palais de pierres roses a traversé les siècles, tout en gardant son charme caché. Conçu par Jules-Ardouin-Monsart, tiens, comme le nom de notre chambre, en 1687, c'est un refuge voulu par Louis XIV pour échapper à la rigidité de la cour. Ici, le mobilier est plus simple, pensé comme une maison de campagne loin du faste du château. Les pièces reflètent une vie plus intime, moins cérémonieuse, où le roi pouvait trouver calme et confort. Au fil des siècles, ce lieu a aussi accueilli Napoléon Bonaparte, qui y installa Joséphine, et plus tard plusieurs présidents de la République française, qui l'utilisèrent comme résidence officielle pour recevoir à l'abri des regards. Pouvoir découvrir cet espace en toute intimité, loin de la foule, est tout autant un privilège que le château. Après la visite, Pour reprendre des forces avant de repartir à l'aventure, nous nous dirigeons vers le spa, un sanctuaire caché en sous-sol, inspiré de la cour de marbre du château. La piscine intérieure, longue de 15 mètres, déploie son marbre de carard en damier sous une lumière tamisée où les lustres en cristal diffusent une lueur douce. Avec fresques murales et des statues classiques, chaque mouvement dans l'eau devient une respiration suspendue. Je ne peux m'empêcher de lever la tête pour maintenir le regard avec ses bustes. Le sauna au banc de pierre diffuse une chaleur profonde qui délace le corps, tandis que le hammam libère une vapeur légère et apaisante. Pas de soin aujourd'hui, juste le plaisir simple de la chaleur et de l'eau. Un moment rare pour chasser la fatigue et se reconnecter à soi. Et puis, on reste là, une heure. Chapitre final, une sortie en beauté. On s'échappe à bord d'une voiturette électrique, qui attire les regards et suscite un sourire complice chez les autres visiteurs. Le chemin serpente entre les bosquets, impeccablement taillés, où s'entremêlent les senteurs légères des chaînes, hêtres et tilleuls centenaires. À chaque virage, des massifs floraux soignés et des fontaines à l'eau claire ponctuent la promenade. tandis que des petites statues anciennes semblent observer notre passage. On s'installe pour déjeuner sur l'une des terrasses qui surplombent le grand canal, cette vaste étendue d'eau calme bordée de charmilles. Le plaisir de prendre le temps, tout simplement. Puis, on emprunte la barque électrique de l'hôtel, glissant silencieusement sur la surface lisse du bassin. Peu nombreux sont ceux qui peuvent approcher de ce bout du canal offrant un point de vue inédit sur le Grand Trianon. On redécouvre ce lieu fraîchement visité d'un nouveau point de vue. Autour de nous, les canards glissent paisiblement, les bruits des rames se mêlent à ceux des cyclistes et aux sabots des cavaliers sur les allées. Des familles profitent d'un pique-nique à l'ombre des grands platanes, dont les troncs massifs et le feuillage créent une certaine fraîcheur. Honnêtement, la scène est digne d'une peinture, empreinte de poésie. Nous reprenons la voiturette électrique, cap sur le hameau de la reine, ce refuge champêtre que Marie-Antoinette fit aménager loin du faste, parfois étouffant du château. Conçu comme un village miniature, le hameau mêle cottage en pierre apparente, toit de chaume et jardin potager, un véritable tableau vivant où la reine venait s'évader et goûter à une simplicité idéalisée. En parcourant les allées bordées d'arbres fruitiers et de bassins tranquilles, je me projette dans ces scènes d'antan. Marie-Antoinette jouant à la fermière, entourée de ses proches, chaque maison porte une fonction précise la laiterie le moulin la maison du garde tous bâtis avec soin pour créer un univers à la fois rustique et raffiné c'est ici dans ce havre que la reine a cherché un souffle d'authenticité et de liberté une escapade loin des regards même elle avait besoin de son retour aux sources vous voyez le hameau est toujours habité vivant au rythme des enfants qui le découvrent émerveillé. Les animaux y sont choyés et le potager est toujours cultivé. C'est sans doute mon endroit préféré du domaine. De calme et de nature qu'il serait trop bien bête de manquer lors de votre prochaine visite. Le séjour touche à sa fin, mais nous n'avons pas envie de partir tout de suite. Alors on s'installe pour un chocolat chaud signé Angelina. Un peu cliché, oui, mais si réconfortant. Puis on grimpe. Une dernière fois dans notre voiturette, le cœur léger, la tête pleine d'images, prête déjà, ma mère et moi, pour de futures aventures. Merci d'avoir passé ce petit moment avec moi, et surtout rappelez-vous, la vie est ce que vous en faites. Alors faites-en une expérience 5 étoiles. A la semaine prochaine, même heure, même endroit, dans The Palace Mindset.

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Description

Avec ma mère, je suis retournée dans un lieu qui m’est cher — Versailles. Un décor que je connais, mais qui me bouleverse à chaque fois.


Cette fois, l’expérience frôle l’irréel : dîner signé Alain Ducasse, nuit avec vue sur l’Orangerie, et une traversée de la Galerie des Glaces, seule, sans un bruit. Hors du temps.


Je vous embarque dans ce troisième récit d’aventure, un voyage dans l’histoire, intime et grandiose. Quel privilège !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast qui pousse les portes des grands hôtels pour réinventer votre quotidien. Palace Mindset, bonjour, comment puis-je vous aider ? Il y a des endroits sur cette terre qui provoquent en nous une stupéfaction et un émerveillement tel qu'il est difficile de trouver les mots pour les décrire. C'est l'exercice auquel je vais me prêter aujourd'hui. La première fois que je suis allée là-bas, j'avais 9 ans. J'ai été impressionnée par la grandeur des lieux, la richesse du patrimoine, les odeurs un peu oubliées coincées entre les murs, les couleurs, les motifs, les couloirs sans fin et toutes ces histoires. Des anecdotes qui semblent encore flotter dans l'air, chuchoter au fil des générations. C'est là que j'ai eu un déclic, quelque chose qui m'a vraiment marquée. Alors forcément, quand j'ai eu l'opportunité d'y travailler, pour représenter un nouvel hôtel ouvert sur le domaine, j'ai dit oui, sans hésiter. Et aujourd'hui, me voilà de retour, en tant qu'invité. A chaque fois, je découvre un nouveau détail, une autre facette. C'est un endroit qui ne s'épuise jamais. Il y a toujours quelque chose à voir, à comprendre, à ressentir. Bienvenue au Château de Versailles. chapitre i l'entrée en cours ma mère et moi sommes dans le taxi la voiture pénètre dans versailles avançant calmement sur les larges avenues aux arbres taillés avec précision à travers la vitre les bâtiments historiques défilent puis au détour d'une rue le château se révèle enfin imposant et lumineux sous le soleil Ces murs de pierres claires s'élèvent massifs et les grilles dorées scintillent au loin. On tourne à gauche, empruntant une rue qui longe l'enceinte du domaine. De l'autre côté, on aperçoit la pièce d'eau des Suisses, encadrée par des arbres dont les ombres se reflètent à la surface de l'eau. On se gare doucement. Sur la droite, une entrée discrète se dessine. La façade aux lignes simples mais nobles offre une atmosphère calme où l'on se sent à la fois impressionné et déjà bien accueilli. Deux visages souriants nous accueillent, tendent la main pour ouvrir la porte. Bienvenue au Grand Contrôle ! Redingote, gilet brodé, souliers à boucle, il s'agit du voiturier et de Dominique, l'ambassadeur des lieux. Sans perdre de temps, mais sans la moindre pression non plus, il nous escorte jusqu'à la réception, un petit espace qui, en un instant, nous transporte directement au Versailles du XVIIIe siècle. Les murs sont parcourus de moulures aux détails nets, rehaussés d'une fine dorure. La lumière naturelle qui entre par les hautes fenêtres suit les reliefs et met en valeur le travail du décor. Le sol en pierre, composé d'un damier noir et blanc, donne à la pièce une géométrie sobre et lisible. Le long des murs, les plaintes en marbre rouge aux veines visibles dessinent un contraste franc qui ancre l'espace. Quelques bureaux en acajou sont placés avec retenue. Les chaises de style Louis XVI avec leurs dossiers droits et leurs pieds cannelés complètent cet ensemble classique. Je ressens alors cette odeur singulière du château. Vous savez, un mélange discret de cire à bois et de pierre froide. Cette fragrance ancestrale se mêle harmonieusement à la signature olfactive de la maison RL. Le parfum, nommé Oliember, est chaud et boisé. Imaginé par la parfumeuse Céline Barrel, il allie les notes profondes d'encens, le côté résineux du ciste, la fraîcheur sèche du cèdre et la terre du patchouli. Cette essence ambrée enveloppe l'espace d'une atmosphère à la fois mystérieuse et réconfortante. On nous propose une boisson à la fleur d'oranger, fraîche, florale, avec une légère amertume en fin de bouche. Puis vient le macaron signature Aux Erel bien sûr. On pénètre dans ce qu'on appelle le salon d'audience. Lorsque ce lieu servait aux contrôleurs financiers du roi, d'où le nom du grand contrôle, c'était ici que les visiteurs patientaient, le temps que leur entretien débute. Là, le velours s'impose, dense et riche, couvrant de larges sofas aux teintes vert profond et rouge sombre, des couleurs qui racontent à elles seules une histoire de pouvoir. Les dorures plus présentes qu'ailleurs jouent avec la lumière tamisée, dessinant des arabesques délicates. L'atmosphère est feutrée. Notre regard se perd sur chaque détail. Des portraits de figures emblématiques, les traits gravés dans le temps, des cadrans d'horloges au tic-tac discret, chinés chez l'antiquaire qui ponctuent le silence. Au plafond, un lustre majestueux diffuse une lumière douce. Les murs sont habillés de fresques murales colorées, tandis qu'au sol s'étend un immense tapis rose aux motifs floraux, dont la texture efface presque le bruit des pas. Sur les cabinets et présentoirs, de lourds livres racontent à la fois l'épopée des rois et l'audace des chefs étoilés contemporains. Un dialogue silencieux entre passé et présent. Restez ici ne serait-ce que quelques minutes, C'est devenir spectateur d'un ballet discret. Les serveurs glissent entre les fauteuils, pressés mais impassibles. Des clients s'émerveillent en prenant le thé. Des allées et venues incessantes, un flux calme et vivant qui fait de cet espace une cour du XXIe siècle. D'ailleurs, les hôtes portent des tenues inspirées du XVIIIe siècle. Rien de théâtral. mais un soin du détail qui prolonge l'illusion sans jamais forcer le décor. Les étoffes sont épaisses, bien coupées, les couleurs sobres. Ce n'est pas un costume, c'est un uniforme, pensé pour s'inscrire dans le lieu, pas pour en faire une simple imitation. Ils se sont vraiment appropriés ces vêtements, qui ne ressemblent en rien à un déguisement. L'illusion est totale. Même moi qui, j'avoue, connais bien le lieu, je reste bouche bée quand, à cet instant précis, le temps semble s'arrêter. Ce que je ressens ? Un mélange d'émerveillement et de surprise. Cette excitation d'enfant face à l'inconnu et à la beauté. Une sensation qui en fait reste intacte, même si en grandissant, on croit souvent l'avoir perdue sous le poids de l'habitude et du quotidien. On s'imagine ne plus jamais retrouver cette capacité à s'émerveiller sans filtre, à accueillir le monde avec des yeux neufs. Pourtant, elle est bien là, tapie quelque part, prête à refaire surface quand on ne s'y attend pas. Et quand je me tourne vers ma maman, sourire aux lèvres, je réalise que ce n'est plus tout à fait ma mère que je vois, mais son enfant intérieur. Thomas, notre majordome, vient à notre rencontre. Il sera notre hôte tout au long du séjour. Chapitre 2. Premier pas dans les appartements. Thomas nous guide tranquillement à travers le lieu. Il nous fait d'abord découvrir le restaurant où deux cabinets se répondent, l'un bleu, l'autre doré, chacun avec des détails singuliers. Boiseries finement travaillées, petites appliques murales qui diffusent... une lumière douce, puis nous passons au bar, installé dans une ancienne chapelle où le velours rouge habille les fauteuils hauts. Nous montons ensuite les escaliers d'honneur, bordés de portraits de rois et de gravures officielles. Leur regard semble suivre chacun de nos pas, donnant au lieu une présence forte, presque solennelle. Le bois des rampes est poli par le temps, sous nos mains, et le bruit de nos pas font craquer les marches en bois ancien. La visite se poursuit dans la bibliothèque, un espace calme où les bustes des personnages des Lumières surveillent des milliers de livres anciens, dont les reliures racontent à elles seules des histoires. De là, nous rejoignons le plus bel endroit. Pour moi en tout cas. La galerie des contrôleurs. Ce couloir, autrefois passage reliant le château, s'étendait sur des dizaines de mètres. Il est orné de cadres où s'affichent plans et élévations du bâtiment, bordés de rideaux poudrés. Les murs clairs captent la lumière du jour créant un voile porteur d'énergie presque joyeuse. Cette atmosphère légère, dansante, fait vibrer l'espace d'une gaieté discrète mais palpable. C'est par là que certains valets ont pu s'échapper lors de la Révolution, un détail qui ajoute au lieu une présence presque vivante, chargée de récits. On gagne la terrasse qui s'ouvre sur le parterre de l'orangerie. Les jeunes arbres, tout juste sortis de la nef, étendent leurs branches colorées vers le ciel. Enfin, nous arrivons au Petit Contrôle, un bâtiment plus intime qui abrite aussi le spat amisé en sous-sol, et surtout, notre chambre. Son nom ? Jules Ardouin-Montsard. Architecte du XVIIe siècle, il a façonné Versailles. Il est notamment à l'origine de la Galerie des Glaces, des ailes du Midi et du Nord, ainsi que de la Chapelle Royale. Rien que ça. En montant, Thomas nous demande si nous souhaitons assister au lever royal le lendemain. Nous acceptons, sans qu'il ne nous donne plus de détails sur le déroulement du rituel. Bon, on espère quand même que la cour ne sera pas là pour assister à notre réveil, un moment que même Marie-Antoinette évitait à tout prix. La porte se referme derrière notre majordome. Nous voilà seuls dans la chambre. animés par l'envie de tout explorer. Ouvrir les tiroirs, fouiller les petites armoires, parcourir la papeterie soigneusement déposée. Comme si chaque recoin pouvait cacher un trésor. Et c'est bien le cas. Dans la salle de bain, habillée de marbre blanc, les cosmétiques Jardin Beaulieu, marque Sœur d'Hérel, dévoilent deux parfums singuliers. Sauge d'une nuit étoilée mêle la fraîcheur boisée du patchouli au caractère herbacé du romarin, tandis que figue minérale surprend par ses notes fraîches et résineuses de cyprès. Dans la grande armoire du couloir, une profusion de friandises nous attend. Parmi elles, des douceurs qui rappellent l'enfance, comme les ours en chocolat signés Fouquet ou les bonbons en gélatine colorée. Il y en a pour tous les goûts, comme pour nous faire sentir chez nous. Alors que nous sommes, je le rappelle, au cœur même du domaine du château de Versailles. Incroyable. Après tout, les buffets généreux étaient monnaie courante ici, n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, on se sent une fois de plus comme des reines. Une pile de cadeaux nous attend, trônant sur le lit. Un pyjama couleur ivoire, souligné d'un passepoil vert anglais, signature RL. Un masque de sommeil en soie. S'ajoute du vin, encore plus de macarons sur un joli présentoir et une lettre cachetée à la scie rouge signée à la main par le directeur général. La joie de l'écriture. Quant au contenu, je le garde pour moi. On découvre un plan des jardins, notre itinéraire de séjour ponctué de petites surprises. Puis viennent les cartes postales, qui capturent avec précision l'atmosphère du domaine. De véritables fenêtres visuelles que l'on envoie à nos proches pour qu'ils partagent un peu de notre expérience. Elles sont accompagnées de timbres aux illustrations du lieu. Le sens du détail, je vous dis. Chapitre 3. Invitation à prendre le thé. L'heure tourne et approche le goûter à la française. Oui, parce qu'ici on ne parle pas de tea time. Le rituel du thé à Versailles se développe sous Marie-Antoinette. À une époque où le café et le chocolat sont plus répandus, elle introduit cette pause qui devient un moment à part dans le rythme du palais. Ces instants, souvent accompagnés de pâtisseries, offrent un temps de répit dans le quotidien chargé de la cour. Il est donc impensable que nous manquions cette invitation. Bien sûr, ça se déroule au salon d'audience, le cadre idéal. le festin se présente sur un plateau d'argent chaque pièce soigneusement posée comme un jeu à parcourir de regard avant de goûter cinq bouchées salées se répondent mélant texture et forme un pain brioché au crustacé des oeufs finement préparés un croque monsieur réinventé et des légumes colorés dressés en sucettes puis trois douceurs, un financier parfumé à la vanille de Madagascar, une tartelette aux framboises, et le 1724 qui rappelle l'étoile et les pétales du soleil de Versailles. Toutes des créations du maestro de la pâtisserie, chef Aymeric Pinar, qui pour l'avoir rencontré est aussi gentil, que doué. Le tout est accompagné d'un thé aux pommes et pétales de rose qui complètent parfaitement ces saveurs variées. Après ce moment gourmand, on retrouve la chambre pour une pause bienvenue, un instant pour laisser retomber l'effervescence et savourer pleinement chaque sensation, avant de poursuivre la visite. C'est précieux. Chapitre 4. Quand les portes se referment. L'après-midi s'efface lentement, laissant derrière un calme ressourçant. Dans le salon, l'atmosphère se charge d'une attente palpable. On rejoint les autres convives, le cœur un peu plus serré, les sens en alerte, conscients que ce qui va suivre dépasse l'ordinaire. Dehors, les jardins se vident doucement, baignés d'une lumière dorée qui semble annoncer l'instant crucial. Le silence s'installe, seulement troublé par le murmure lointain des derniers pas, les feuilles qui bougent et les jardiniers qui s'affairent dans les bosquets. Puis, on gravit les 100 marches. Chaque pas dévoile un peu plus le décor. Ça y est, le château s'élève, imposant et majestueux, prêt à s'ouvrir juste pour nous. Le cœur bat, les sens s'aiguisent. Voici venu l'instant tant attendu. Notre guide se présente et nous escorte. On franchit la porte, on rejoint l'étage. En entrant dans les appartements du roi, une autre dimension s'installe. Je me projette aussitôt dans ces lieux, j'imagine les scènes qui ont pu s'y jouer. Les pas mesurés de Louis XIV, les murmures des courtisans, l'effervescence discrète d'une cour en mouvement. Avec ma mère, on échange nos impressions à voix basse. Ici, nous sommes presque seuls avec l'histoire, libres de nous arrêter, de rêver, de partager notre regard sur ces murs. La chambre du roi nous retient longtemps. C'est le cœur de Versailles, le lieu où chaque matin débutait par le fameux lever, ce rituel solennel où le roi s'éveillait sous le regard attentif de toute la cour qui attendait ce moment avec un mélange d'impatience et de tension. On imagine les regards échangés, les gestes minutieux. À côté, le cabinet du conseil dégage une atmosphère plus pesante. Je pense aux décisions qui ont façonné l'histoire, aux ministres venus négocier, convaincre, parfois conspirer dans cette pièce. On évoque aussi les spectacles privés que le roi organisait dans ses appartements, où il se mettait en scène, mêlant politique et art d'une manière très personnelle. Chaque pièce, chaque objet, chaque détail raconte une histoire. Le parquet usé, les boiseries finement sculptées, les tentures aux tons sourds, tout invite à se rapprocher de cette époque sans jamais donner l'impression d'être dans un musée figé. Pouvoir s'attarder et respirer ces lieux, loin du tumulte des groupes, est un privilège rare. Ce moment partagé avec ma mère, cette proximité avec l'histoire, rendent la visite vivante presque intime. Quelle chance, quel privilège ! J'aimerais pouvoir tout vous raconter. Par exemple, la collection des montres à gousset du roi, aussi précise et sophistiquée que les plus grandes manufactures d'aujourd'hui, comme des Audemars Piguet avant l'heure. Ou encore ce petit cabinet où Louis XIV écrivait lui-même certaines lettres. On évoque aussi ce passage secret, utilisé par les favorites pour rejoindre discrètement les appartements royaux, loin des regards de la cour, ou bien la manière dont le parquet craque encore, témoignant des innombrables pas d'apparat qui l'ont foulé. Mais il y aurait tellement de choses à dire. Je ne peux que vous inviter à y aller ou y retourner. Retour à l'hôtel. Les images tournent encore dans ma tête. Sur la terrasse, le vent frais nous berce un instant, avant de filer se préparer pour le dîner. Chapitre 5. Le festin du roi. Je glisse dans ma robe longue, la coiffe posée avec soin. Ce soir, c'est bien plus qu'un dîner. Nous sommes invités à la table des chefs Alain Ducasse et Stéphane Duchiron, au cœur du domaine du château de Versailles. Un à un, avec les autres convives, nous entrons dans le salon. La porte se referme doucement derrière nous et déjà le mystère s'installe. On nous remet une enveloppe cachetée à la main. portant un nom d'emprunt. Ce soir, nous sommes Duchesse de Parme, invité d'honneur d'une soirée unique. Le cliquotis discret des flûtes de champagne accompagne l'ouverture des festivités. Le bruissement feutré des robes, le murmure des conversations, tout s'accorde pour créer une parenthèse hors du temps, sous le regard immobile des portraits anciens. On nous propose de lire le menu, mais nous refusons, guidés par l'inconnu. Puis un serveur apparaît, tenant un grand sceptre orné, qu'il fait résonner au sol à plusieurs reprises. Sa voix porte dans la salle, annonçant le premier plat. La dégustation commence et c'est un voyage. Les saveurs mêlant influences anciennes et savoir-faire contemporains racontent vraiment une histoire. Chaque texture est équilibrée, chaque ingrédient choisi avec précision, pour réveiller l'essence et transporter au cœur d'une époque révolue. Le sommelier fait son entrée. Il nous présente un accord méhévin pensé pour accompagner chaque étape du repas. Chaque bouteille révèle ses arômes au bon moment. On savoure le bouillon du roi, exactement comme autrefois. Les plats s'enchaînent avec un rythme maîtrisé, ni trop lent, ni trop vif, offrant le temps de s'imprégner avant de passer au suivant. Ce que j'ai adoré, c'est que dispersés ici et là, vous trouvez des petites antiquités chinées qui s'invitent à la table, salières, poivrières, en argent patiné, chacune accompagnée de sa petite cuillère délicate, témoin silencieux d'un autre temps. Aucune anachronie. Je n'imaginais pas que la gastronomie puisse à ce point faire voyager dans le passé. Chaque légume oublié, chaque saveur fumée, chaque volaille au goût marqué, me transporte littéralement à la table du roi, comme si j'y étais, au cœur même de l'histoire. Et comme si cela ne suffisait pas, une dernière surprise chocolatée à emporter vient couronner le repas. Un dernier verre sur la terrasse pour profiter une dernière fois du décor nocturne et se souhaiter des rêves à la hauteur de cette soirée. Bonne nuit. Chapitre 6. Le lever royal. Qu'est-ce que ? Quelqu'un gratte à la porte ? J'ouvre un oeil. Dans la pénombre de la chambre, je devine une silhouette. Les rideaux s'ouvrent. « Mes reines, bonjour. » C'est un majordome, d'un ton confiant et doux à la fois. Il nous réveille et nous tend un petit verre de lait aux agrumes. Voilà le lever royal. Quel splendeur, je vois l'orangerie depuis mon lit. Je goûte le breuvage, c'est excellent. L'humeur est au beau fixe. On se prépare dans la joie en direction du petit déjeuner. Il se prend dans l'arrière-cabinet doré, un écrin calme où la lumière est douce. La table est déjà dressée, chargée de petites merveilles. Un bouillon clair, de splendides viennoiseries dorées, et des bouchées salées délicates comme du saumon finement tranché. Mais on peut aussi commander à la carte. Et je cède au pain perdu. Si vous passez par là, ne le ratez surtout pas. Sa texture est parfaite, fondante sans être lourde, le sucre dosé avec justesse, un vrai petit chef-d'œuvre. Et puis le thé, bien chaud, infusé avec soin, accompagne ce moment rare. Puis il est temps de partir pour la seconde visite. Le départ pour le Grand Trianon s'organise dans une atmosphère paisible, loin de l'agitation du château. Ce palais de pierres roses a traversé les siècles, tout en gardant son charme caché. Conçu par Jules-Ardouin-Monsart, tiens, comme le nom de notre chambre, en 1687, c'est un refuge voulu par Louis XIV pour échapper à la rigidité de la cour. Ici, le mobilier est plus simple, pensé comme une maison de campagne loin du faste du château. Les pièces reflètent une vie plus intime, moins cérémonieuse, où le roi pouvait trouver calme et confort. Au fil des siècles, ce lieu a aussi accueilli Napoléon Bonaparte, qui y installa Joséphine, et plus tard plusieurs présidents de la République française, qui l'utilisèrent comme résidence officielle pour recevoir à l'abri des regards. Pouvoir découvrir cet espace en toute intimité, loin de la foule, est tout autant un privilège que le château. Après la visite, Pour reprendre des forces avant de repartir à l'aventure, nous nous dirigeons vers le spa, un sanctuaire caché en sous-sol, inspiré de la cour de marbre du château. La piscine intérieure, longue de 15 mètres, déploie son marbre de carard en damier sous une lumière tamisée où les lustres en cristal diffusent une lueur douce. Avec fresques murales et des statues classiques, chaque mouvement dans l'eau devient une respiration suspendue. Je ne peux m'empêcher de lever la tête pour maintenir le regard avec ses bustes. Le sauna au banc de pierre diffuse une chaleur profonde qui délace le corps, tandis que le hammam libère une vapeur légère et apaisante. Pas de soin aujourd'hui, juste le plaisir simple de la chaleur et de l'eau. Un moment rare pour chasser la fatigue et se reconnecter à soi. Et puis, on reste là, une heure. Chapitre final, une sortie en beauté. On s'échappe à bord d'une voiturette électrique, qui attire les regards et suscite un sourire complice chez les autres visiteurs. Le chemin serpente entre les bosquets, impeccablement taillés, où s'entremêlent les senteurs légères des chaînes, hêtres et tilleuls centenaires. À chaque virage, des massifs floraux soignés et des fontaines à l'eau claire ponctuent la promenade. tandis que des petites statues anciennes semblent observer notre passage. On s'installe pour déjeuner sur l'une des terrasses qui surplombent le grand canal, cette vaste étendue d'eau calme bordée de charmilles. Le plaisir de prendre le temps, tout simplement. Puis, on emprunte la barque électrique de l'hôtel, glissant silencieusement sur la surface lisse du bassin. Peu nombreux sont ceux qui peuvent approcher de ce bout du canal offrant un point de vue inédit sur le Grand Trianon. On redécouvre ce lieu fraîchement visité d'un nouveau point de vue. Autour de nous, les canards glissent paisiblement, les bruits des rames se mêlent à ceux des cyclistes et aux sabots des cavaliers sur les allées. Des familles profitent d'un pique-nique à l'ombre des grands platanes, dont les troncs massifs et le feuillage créent une certaine fraîcheur. Honnêtement, la scène est digne d'une peinture, empreinte de poésie. Nous reprenons la voiturette électrique, cap sur le hameau de la reine, ce refuge champêtre que Marie-Antoinette fit aménager loin du faste, parfois étouffant du château. Conçu comme un village miniature, le hameau mêle cottage en pierre apparente, toit de chaume et jardin potager, un véritable tableau vivant où la reine venait s'évader et goûter à une simplicité idéalisée. En parcourant les allées bordées d'arbres fruitiers et de bassins tranquilles, je me projette dans ces scènes d'antan. Marie-Antoinette jouant à la fermière, entourée de ses proches, chaque maison porte une fonction précise la laiterie le moulin la maison du garde tous bâtis avec soin pour créer un univers à la fois rustique et raffiné c'est ici dans ce havre que la reine a cherché un souffle d'authenticité et de liberté une escapade loin des regards même elle avait besoin de son retour aux sources vous voyez le hameau est toujours habité vivant au rythme des enfants qui le découvrent émerveillé. Les animaux y sont choyés et le potager est toujours cultivé. C'est sans doute mon endroit préféré du domaine. De calme et de nature qu'il serait trop bien bête de manquer lors de votre prochaine visite. Le séjour touche à sa fin, mais nous n'avons pas envie de partir tout de suite. Alors on s'installe pour un chocolat chaud signé Angelina. Un peu cliché, oui, mais si réconfortant. Puis on grimpe. Une dernière fois dans notre voiturette, le cœur léger, la tête pleine d'images, prête déjà, ma mère et moi, pour de futures aventures. Merci d'avoir passé ce petit moment avec moi, et surtout rappelez-vous, la vie est ce que vous en faites. Alors faites-en une expérience 5 étoiles. A la semaine prochaine, même heure, même endroit, dans The Palace Mindset.

Description

Avec ma mère, je suis retournée dans un lieu qui m’est cher — Versailles. Un décor que je connais, mais qui me bouleverse à chaque fois.


Cette fois, l’expérience frôle l’irréel : dîner signé Alain Ducasse, nuit avec vue sur l’Orangerie, et une traversée de la Galerie des Glaces, seule, sans un bruit. Hors du temps.


Je vous embarque dans ce troisième récit d’aventure, un voyage dans l’histoire, intime et grandiose. Quel privilège !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast qui pousse les portes des grands hôtels pour réinventer votre quotidien. Palace Mindset, bonjour, comment puis-je vous aider ? Il y a des endroits sur cette terre qui provoquent en nous une stupéfaction et un émerveillement tel qu'il est difficile de trouver les mots pour les décrire. C'est l'exercice auquel je vais me prêter aujourd'hui. La première fois que je suis allée là-bas, j'avais 9 ans. J'ai été impressionnée par la grandeur des lieux, la richesse du patrimoine, les odeurs un peu oubliées coincées entre les murs, les couleurs, les motifs, les couloirs sans fin et toutes ces histoires. Des anecdotes qui semblent encore flotter dans l'air, chuchoter au fil des générations. C'est là que j'ai eu un déclic, quelque chose qui m'a vraiment marquée. Alors forcément, quand j'ai eu l'opportunité d'y travailler, pour représenter un nouvel hôtel ouvert sur le domaine, j'ai dit oui, sans hésiter. Et aujourd'hui, me voilà de retour, en tant qu'invité. A chaque fois, je découvre un nouveau détail, une autre facette. C'est un endroit qui ne s'épuise jamais. Il y a toujours quelque chose à voir, à comprendre, à ressentir. Bienvenue au Château de Versailles. chapitre i l'entrée en cours ma mère et moi sommes dans le taxi la voiture pénètre dans versailles avançant calmement sur les larges avenues aux arbres taillés avec précision à travers la vitre les bâtiments historiques défilent puis au détour d'une rue le château se révèle enfin imposant et lumineux sous le soleil Ces murs de pierres claires s'élèvent massifs et les grilles dorées scintillent au loin. On tourne à gauche, empruntant une rue qui longe l'enceinte du domaine. De l'autre côté, on aperçoit la pièce d'eau des Suisses, encadrée par des arbres dont les ombres se reflètent à la surface de l'eau. On se gare doucement. Sur la droite, une entrée discrète se dessine. La façade aux lignes simples mais nobles offre une atmosphère calme où l'on se sent à la fois impressionné et déjà bien accueilli. Deux visages souriants nous accueillent, tendent la main pour ouvrir la porte. Bienvenue au Grand Contrôle ! Redingote, gilet brodé, souliers à boucle, il s'agit du voiturier et de Dominique, l'ambassadeur des lieux. Sans perdre de temps, mais sans la moindre pression non plus, il nous escorte jusqu'à la réception, un petit espace qui, en un instant, nous transporte directement au Versailles du XVIIIe siècle. Les murs sont parcourus de moulures aux détails nets, rehaussés d'une fine dorure. La lumière naturelle qui entre par les hautes fenêtres suit les reliefs et met en valeur le travail du décor. Le sol en pierre, composé d'un damier noir et blanc, donne à la pièce une géométrie sobre et lisible. Le long des murs, les plaintes en marbre rouge aux veines visibles dessinent un contraste franc qui ancre l'espace. Quelques bureaux en acajou sont placés avec retenue. Les chaises de style Louis XVI avec leurs dossiers droits et leurs pieds cannelés complètent cet ensemble classique. Je ressens alors cette odeur singulière du château. Vous savez, un mélange discret de cire à bois et de pierre froide. Cette fragrance ancestrale se mêle harmonieusement à la signature olfactive de la maison RL. Le parfum, nommé Oliember, est chaud et boisé. Imaginé par la parfumeuse Céline Barrel, il allie les notes profondes d'encens, le côté résineux du ciste, la fraîcheur sèche du cèdre et la terre du patchouli. Cette essence ambrée enveloppe l'espace d'une atmosphère à la fois mystérieuse et réconfortante. On nous propose une boisson à la fleur d'oranger, fraîche, florale, avec une légère amertume en fin de bouche. Puis vient le macaron signature Aux Erel bien sûr. On pénètre dans ce qu'on appelle le salon d'audience. Lorsque ce lieu servait aux contrôleurs financiers du roi, d'où le nom du grand contrôle, c'était ici que les visiteurs patientaient, le temps que leur entretien débute. Là, le velours s'impose, dense et riche, couvrant de larges sofas aux teintes vert profond et rouge sombre, des couleurs qui racontent à elles seules une histoire de pouvoir. Les dorures plus présentes qu'ailleurs jouent avec la lumière tamisée, dessinant des arabesques délicates. L'atmosphère est feutrée. Notre regard se perd sur chaque détail. Des portraits de figures emblématiques, les traits gravés dans le temps, des cadrans d'horloges au tic-tac discret, chinés chez l'antiquaire qui ponctuent le silence. Au plafond, un lustre majestueux diffuse une lumière douce. Les murs sont habillés de fresques murales colorées, tandis qu'au sol s'étend un immense tapis rose aux motifs floraux, dont la texture efface presque le bruit des pas. Sur les cabinets et présentoirs, de lourds livres racontent à la fois l'épopée des rois et l'audace des chefs étoilés contemporains. Un dialogue silencieux entre passé et présent. Restez ici ne serait-ce que quelques minutes, C'est devenir spectateur d'un ballet discret. Les serveurs glissent entre les fauteuils, pressés mais impassibles. Des clients s'émerveillent en prenant le thé. Des allées et venues incessantes, un flux calme et vivant qui fait de cet espace une cour du XXIe siècle. D'ailleurs, les hôtes portent des tenues inspirées du XVIIIe siècle. Rien de théâtral. mais un soin du détail qui prolonge l'illusion sans jamais forcer le décor. Les étoffes sont épaisses, bien coupées, les couleurs sobres. Ce n'est pas un costume, c'est un uniforme, pensé pour s'inscrire dans le lieu, pas pour en faire une simple imitation. Ils se sont vraiment appropriés ces vêtements, qui ne ressemblent en rien à un déguisement. L'illusion est totale. Même moi qui, j'avoue, connais bien le lieu, je reste bouche bée quand, à cet instant précis, le temps semble s'arrêter. Ce que je ressens ? Un mélange d'émerveillement et de surprise. Cette excitation d'enfant face à l'inconnu et à la beauté. Une sensation qui en fait reste intacte, même si en grandissant, on croit souvent l'avoir perdue sous le poids de l'habitude et du quotidien. On s'imagine ne plus jamais retrouver cette capacité à s'émerveiller sans filtre, à accueillir le monde avec des yeux neufs. Pourtant, elle est bien là, tapie quelque part, prête à refaire surface quand on ne s'y attend pas. Et quand je me tourne vers ma maman, sourire aux lèvres, je réalise que ce n'est plus tout à fait ma mère que je vois, mais son enfant intérieur. Thomas, notre majordome, vient à notre rencontre. Il sera notre hôte tout au long du séjour. Chapitre 2. Premier pas dans les appartements. Thomas nous guide tranquillement à travers le lieu. Il nous fait d'abord découvrir le restaurant où deux cabinets se répondent, l'un bleu, l'autre doré, chacun avec des détails singuliers. Boiseries finement travaillées, petites appliques murales qui diffusent... une lumière douce, puis nous passons au bar, installé dans une ancienne chapelle où le velours rouge habille les fauteuils hauts. Nous montons ensuite les escaliers d'honneur, bordés de portraits de rois et de gravures officielles. Leur regard semble suivre chacun de nos pas, donnant au lieu une présence forte, presque solennelle. Le bois des rampes est poli par le temps, sous nos mains, et le bruit de nos pas font craquer les marches en bois ancien. La visite se poursuit dans la bibliothèque, un espace calme où les bustes des personnages des Lumières surveillent des milliers de livres anciens, dont les reliures racontent à elles seules des histoires. De là, nous rejoignons le plus bel endroit. Pour moi en tout cas. La galerie des contrôleurs. Ce couloir, autrefois passage reliant le château, s'étendait sur des dizaines de mètres. Il est orné de cadres où s'affichent plans et élévations du bâtiment, bordés de rideaux poudrés. Les murs clairs captent la lumière du jour créant un voile porteur d'énergie presque joyeuse. Cette atmosphère légère, dansante, fait vibrer l'espace d'une gaieté discrète mais palpable. C'est par là que certains valets ont pu s'échapper lors de la Révolution, un détail qui ajoute au lieu une présence presque vivante, chargée de récits. On gagne la terrasse qui s'ouvre sur le parterre de l'orangerie. Les jeunes arbres, tout juste sortis de la nef, étendent leurs branches colorées vers le ciel. Enfin, nous arrivons au Petit Contrôle, un bâtiment plus intime qui abrite aussi le spat amisé en sous-sol, et surtout, notre chambre. Son nom ? Jules Ardouin-Montsard. Architecte du XVIIe siècle, il a façonné Versailles. Il est notamment à l'origine de la Galerie des Glaces, des ailes du Midi et du Nord, ainsi que de la Chapelle Royale. Rien que ça. En montant, Thomas nous demande si nous souhaitons assister au lever royal le lendemain. Nous acceptons, sans qu'il ne nous donne plus de détails sur le déroulement du rituel. Bon, on espère quand même que la cour ne sera pas là pour assister à notre réveil, un moment que même Marie-Antoinette évitait à tout prix. La porte se referme derrière notre majordome. Nous voilà seuls dans la chambre. animés par l'envie de tout explorer. Ouvrir les tiroirs, fouiller les petites armoires, parcourir la papeterie soigneusement déposée. Comme si chaque recoin pouvait cacher un trésor. Et c'est bien le cas. Dans la salle de bain, habillée de marbre blanc, les cosmétiques Jardin Beaulieu, marque Sœur d'Hérel, dévoilent deux parfums singuliers. Sauge d'une nuit étoilée mêle la fraîcheur boisée du patchouli au caractère herbacé du romarin, tandis que figue minérale surprend par ses notes fraîches et résineuses de cyprès. Dans la grande armoire du couloir, une profusion de friandises nous attend. Parmi elles, des douceurs qui rappellent l'enfance, comme les ours en chocolat signés Fouquet ou les bonbons en gélatine colorée. Il y en a pour tous les goûts, comme pour nous faire sentir chez nous. Alors que nous sommes, je le rappelle, au cœur même du domaine du château de Versailles. Incroyable. Après tout, les buffets généreux étaient monnaie courante ici, n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, on se sent une fois de plus comme des reines. Une pile de cadeaux nous attend, trônant sur le lit. Un pyjama couleur ivoire, souligné d'un passepoil vert anglais, signature RL. Un masque de sommeil en soie. S'ajoute du vin, encore plus de macarons sur un joli présentoir et une lettre cachetée à la scie rouge signée à la main par le directeur général. La joie de l'écriture. Quant au contenu, je le garde pour moi. On découvre un plan des jardins, notre itinéraire de séjour ponctué de petites surprises. Puis viennent les cartes postales, qui capturent avec précision l'atmosphère du domaine. De véritables fenêtres visuelles que l'on envoie à nos proches pour qu'ils partagent un peu de notre expérience. Elles sont accompagnées de timbres aux illustrations du lieu. Le sens du détail, je vous dis. Chapitre 3. Invitation à prendre le thé. L'heure tourne et approche le goûter à la française. Oui, parce qu'ici on ne parle pas de tea time. Le rituel du thé à Versailles se développe sous Marie-Antoinette. À une époque où le café et le chocolat sont plus répandus, elle introduit cette pause qui devient un moment à part dans le rythme du palais. Ces instants, souvent accompagnés de pâtisseries, offrent un temps de répit dans le quotidien chargé de la cour. Il est donc impensable que nous manquions cette invitation. Bien sûr, ça se déroule au salon d'audience, le cadre idéal. le festin se présente sur un plateau d'argent chaque pièce soigneusement posée comme un jeu à parcourir de regard avant de goûter cinq bouchées salées se répondent mélant texture et forme un pain brioché au crustacé des oeufs finement préparés un croque monsieur réinventé et des légumes colorés dressés en sucettes puis trois douceurs, un financier parfumé à la vanille de Madagascar, une tartelette aux framboises, et le 1724 qui rappelle l'étoile et les pétales du soleil de Versailles. Toutes des créations du maestro de la pâtisserie, chef Aymeric Pinar, qui pour l'avoir rencontré est aussi gentil, que doué. Le tout est accompagné d'un thé aux pommes et pétales de rose qui complètent parfaitement ces saveurs variées. Après ce moment gourmand, on retrouve la chambre pour une pause bienvenue, un instant pour laisser retomber l'effervescence et savourer pleinement chaque sensation, avant de poursuivre la visite. C'est précieux. Chapitre 4. Quand les portes se referment. L'après-midi s'efface lentement, laissant derrière un calme ressourçant. Dans le salon, l'atmosphère se charge d'une attente palpable. On rejoint les autres convives, le cœur un peu plus serré, les sens en alerte, conscients que ce qui va suivre dépasse l'ordinaire. Dehors, les jardins se vident doucement, baignés d'une lumière dorée qui semble annoncer l'instant crucial. Le silence s'installe, seulement troublé par le murmure lointain des derniers pas, les feuilles qui bougent et les jardiniers qui s'affairent dans les bosquets. Puis, on gravit les 100 marches. Chaque pas dévoile un peu plus le décor. Ça y est, le château s'élève, imposant et majestueux, prêt à s'ouvrir juste pour nous. Le cœur bat, les sens s'aiguisent. Voici venu l'instant tant attendu. Notre guide se présente et nous escorte. On franchit la porte, on rejoint l'étage. En entrant dans les appartements du roi, une autre dimension s'installe. Je me projette aussitôt dans ces lieux, j'imagine les scènes qui ont pu s'y jouer. Les pas mesurés de Louis XIV, les murmures des courtisans, l'effervescence discrète d'une cour en mouvement. Avec ma mère, on échange nos impressions à voix basse. Ici, nous sommes presque seuls avec l'histoire, libres de nous arrêter, de rêver, de partager notre regard sur ces murs. La chambre du roi nous retient longtemps. C'est le cœur de Versailles, le lieu où chaque matin débutait par le fameux lever, ce rituel solennel où le roi s'éveillait sous le regard attentif de toute la cour qui attendait ce moment avec un mélange d'impatience et de tension. On imagine les regards échangés, les gestes minutieux. À côté, le cabinet du conseil dégage une atmosphère plus pesante. Je pense aux décisions qui ont façonné l'histoire, aux ministres venus négocier, convaincre, parfois conspirer dans cette pièce. On évoque aussi les spectacles privés que le roi organisait dans ses appartements, où il se mettait en scène, mêlant politique et art d'une manière très personnelle. Chaque pièce, chaque objet, chaque détail raconte une histoire. Le parquet usé, les boiseries finement sculptées, les tentures aux tons sourds, tout invite à se rapprocher de cette époque sans jamais donner l'impression d'être dans un musée figé. Pouvoir s'attarder et respirer ces lieux, loin du tumulte des groupes, est un privilège rare. Ce moment partagé avec ma mère, cette proximité avec l'histoire, rendent la visite vivante presque intime. Quelle chance, quel privilège ! J'aimerais pouvoir tout vous raconter. Par exemple, la collection des montres à gousset du roi, aussi précise et sophistiquée que les plus grandes manufactures d'aujourd'hui, comme des Audemars Piguet avant l'heure. Ou encore ce petit cabinet où Louis XIV écrivait lui-même certaines lettres. On évoque aussi ce passage secret, utilisé par les favorites pour rejoindre discrètement les appartements royaux, loin des regards de la cour, ou bien la manière dont le parquet craque encore, témoignant des innombrables pas d'apparat qui l'ont foulé. Mais il y aurait tellement de choses à dire. Je ne peux que vous inviter à y aller ou y retourner. Retour à l'hôtel. Les images tournent encore dans ma tête. Sur la terrasse, le vent frais nous berce un instant, avant de filer se préparer pour le dîner. Chapitre 5. Le festin du roi. Je glisse dans ma robe longue, la coiffe posée avec soin. Ce soir, c'est bien plus qu'un dîner. Nous sommes invités à la table des chefs Alain Ducasse et Stéphane Duchiron, au cœur du domaine du château de Versailles. Un à un, avec les autres convives, nous entrons dans le salon. La porte se referme doucement derrière nous et déjà le mystère s'installe. On nous remet une enveloppe cachetée à la main. portant un nom d'emprunt. Ce soir, nous sommes Duchesse de Parme, invité d'honneur d'une soirée unique. Le cliquotis discret des flûtes de champagne accompagne l'ouverture des festivités. Le bruissement feutré des robes, le murmure des conversations, tout s'accorde pour créer une parenthèse hors du temps, sous le regard immobile des portraits anciens. On nous propose de lire le menu, mais nous refusons, guidés par l'inconnu. Puis un serveur apparaît, tenant un grand sceptre orné, qu'il fait résonner au sol à plusieurs reprises. Sa voix porte dans la salle, annonçant le premier plat. La dégustation commence et c'est un voyage. Les saveurs mêlant influences anciennes et savoir-faire contemporains racontent vraiment une histoire. Chaque texture est équilibrée, chaque ingrédient choisi avec précision, pour réveiller l'essence et transporter au cœur d'une époque révolue. Le sommelier fait son entrée. Il nous présente un accord méhévin pensé pour accompagner chaque étape du repas. Chaque bouteille révèle ses arômes au bon moment. On savoure le bouillon du roi, exactement comme autrefois. Les plats s'enchaînent avec un rythme maîtrisé, ni trop lent, ni trop vif, offrant le temps de s'imprégner avant de passer au suivant. Ce que j'ai adoré, c'est que dispersés ici et là, vous trouvez des petites antiquités chinées qui s'invitent à la table, salières, poivrières, en argent patiné, chacune accompagnée de sa petite cuillère délicate, témoin silencieux d'un autre temps. Aucune anachronie. Je n'imaginais pas que la gastronomie puisse à ce point faire voyager dans le passé. Chaque légume oublié, chaque saveur fumée, chaque volaille au goût marqué, me transporte littéralement à la table du roi, comme si j'y étais, au cœur même de l'histoire. Et comme si cela ne suffisait pas, une dernière surprise chocolatée à emporter vient couronner le repas. Un dernier verre sur la terrasse pour profiter une dernière fois du décor nocturne et se souhaiter des rêves à la hauteur de cette soirée. Bonne nuit. Chapitre 6. Le lever royal. Qu'est-ce que ? Quelqu'un gratte à la porte ? J'ouvre un oeil. Dans la pénombre de la chambre, je devine une silhouette. Les rideaux s'ouvrent. « Mes reines, bonjour. » C'est un majordome, d'un ton confiant et doux à la fois. Il nous réveille et nous tend un petit verre de lait aux agrumes. Voilà le lever royal. Quel splendeur, je vois l'orangerie depuis mon lit. Je goûte le breuvage, c'est excellent. L'humeur est au beau fixe. On se prépare dans la joie en direction du petit déjeuner. Il se prend dans l'arrière-cabinet doré, un écrin calme où la lumière est douce. La table est déjà dressée, chargée de petites merveilles. Un bouillon clair, de splendides viennoiseries dorées, et des bouchées salées délicates comme du saumon finement tranché. Mais on peut aussi commander à la carte. Et je cède au pain perdu. Si vous passez par là, ne le ratez surtout pas. Sa texture est parfaite, fondante sans être lourde, le sucre dosé avec justesse, un vrai petit chef-d'œuvre. Et puis le thé, bien chaud, infusé avec soin, accompagne ce moment rare. Puis il est temps de partir pour la seconde visite. Le départ pour le Grand Trianon s'organise dans une atmosphère paisible, loin de l'agitation du château. Ce palais de pierres roses a traversé les siècles, tout en gardant son charme caché. Conçu par Jules-Ardouin-Monsart, tiens, comme le nom de notre chambre, en 1687, c'est un refuge voulu par Louis XIV pour échapper à la rigidité de la cour. Ici, le mobilier est plus simple, pensé comme une maison de campagne loin du faste du château. Les pièces reflètent une vie plus intime, moins cérémonieuse, où le roi pouvait trouver calme et confort. Au fil des siècles, ce lieu a aussi accueilli Napoléon Bonaparte, qui y installa Joséphine, et plus tard plusieurs présidents de la République française, qui l'utilisèrent comme résidence officielle pour recevoir à l'abri des regards. Pouvoir découvrir cet espace en toute intimité, loin de la foule, est tout autant un privilège que le château. Après la visite, Pour reprendre des forces avant de repartir à l'aventure, nous nous dirigeons vers le spa, un sanctuaire caché en sous-sol, inspiré de la cour de marbre du château. La piscine intérieure, longue de 15 mètres, déploie son marbre de carard en damier sous une lumière tamisée où les lustres en cristal diffusent une lueur douce. Avec fresques murales et des statues classiques, chaque mouvement dans l'eau devient une respiration suspendue. Je ne peux m'empêcher de lever la tête pour maintenir le regard avec ses bustes. Le sauna au banc de pierre diffuse une chaleur profonde qui délace le corps, tandis que le hammam libère une vapeur légère et apaisante. Pas de soin aujourd'hui, juste le plaisir simple de la chaleur et de l'eau. Un moment rare pour chasser la fatigue et se reconnecter à soi. Et puis, on reste là, une heure. Chapitre final, une sortie en beauté. On s'échappe à bord d'une voiturette électrique, qui attire les regards et suscite un sourire complice chez les autres visiteurs. Le chemin serpente entre les bosquets, impeccablement taillés, où s'entremêlent les senteurs légères des chaînes, hêtres et tilleuls centenaires. À chaque virage, des massifs floraux soignés et des fontaines à l'eau claire ponctuent la promenade. tandis que des petites statues anciennes semblent observer notre passage. On s'installe pour déjeuner sur l'une des terrasses qui surplombent le grand canal, cette vaste étendue d'eau calme bordée de charmilles. Le plaisir de prendre le temps, tout simplement. Puis, on emprunte la barque électrique de l'hôtel, glissant silencieusement sur la surface lisse du bassin. Peu nombreux sont ceux qui peuvent approcher de ce bout du canal offrant un point de vue inédit sur le Grand Trianon. On redécouvre ce lieu fraîchement visité d'un nouveau point de vue. Autour de nous, les canards glissent paisiblement, les bruits des rames se mêlent à ceux des cyclistes et aux sabots des cavaliers sur les allées. Des familles profitent d'un pique-nique à l'ombre des grands platanes, dont les troncs massifs et le feuillage créent une certaine fraîcheur. Honnêtement, la scène est digne d'une peinture, empreinte de poésie. Nous reprenons la voiturette électrique, cap sur le hameau de la reine, ce refuge champêtre que Marie-Antoinette fit aménager loin du faste, parfois étouffant du château. Conçu comme un village miniature, le hameau mêle cottage en pierre apparente, toit de chaume et jardin potager, un véritable tableau vivant où la reine venait s'évader et goûter à une simplicité idéalisée. En parcourant les allées bordées d'arbres fruitiers et de bassins tranquilles, je me projette dans ces scènes d'antan. Marie-Antoinette jouant à la fermière, entourée de ses proches, chaque maison porte une fonction précise la laiterie le moulin la maison du garde tous bâtis avec soin pour créer un univers à la fois rustique et raffiné c'est ici dans ce havre que la reine a cherché un souffle d'authenticité et de liberté une escapade loin des regards même elle avait besoin de son retour aux sources vous voyez le hameau est toujours habité vivant au rythme des enfants qui le découvrent émerveillé. Les animaux y sont choyés et le potager est toujours cultivé. C'est sans doute mon endroit préféré du domaine. De calme et de nature qu'il serait trop bien bête de manquer lors de votre prochaine visite. Le séjour touche à sa fin, mais nous n'avons pas envie de partir tout de suite. Alors on s'installe pour un chocolat chaud signé Angelina. Un peu cliché, oui, mais si réconfortant. Puis on grimpe. Une dernière fois dans notre voiturette, le cœur léger, la tête pleine d'images, prête déjà, ma mère et moi, pour de futures aventures. Merci d'avoir passé ce petit moment avec moi, et surtout rappelez-vous, la vie est ce que vous en faites. Alors faites-en une expérience 5 étoiles. A la semaine prochaine, même heure, même endroit, dans The Palace Mindset.

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