Speaker #0Bienvenue sur The Podcare by Ethic Animara, le podcast qui prend soin de vous et de votre animal. Je suis Réale, intervenante en relation d'aide humain-animal, spécialisée dans le One Welfare, une vision holistique du bien-être. J'accompagne et je prends soin des humains et des animaux depuis de nombreuses années, afin que chacun retrouve un équilibre physique et émotionnel. J'accompagne ainsi les professionnels et les particuliers soucieux de relations humain-animal harmonieuses. Je propose une mission de conseil et d'accompagnement aux acteurs du secteur animalier et un accompagnement du binôme humain-animal pour favoriser une cohabitation sereine dans un environnement physique et émotionnel équilibré. Dans ce nouveau podcast, j'aimerais partager avec vous un article que j'ai parcouru dans le cadre de mes recherches et que j'ai vraiment apprécié tant par son objet d'étude que par ses résultats. En effet, nous allons ici aborder le défi du maintien des vocations en refuge animalier. J'ai déjà abordé le fait que les métiers du secteur animalier sont en général des métiers de vocation. Nous n'arrivons pas dans la cause animale par hasard. Les métiers de l'aide sont souvent des métiers de vocation, nourris par un besoin impérieux d'aider les autres. Les aidants et soignants s'engagent pour une cause qui les transcende qui donnent un sens à leur vie. En refuge, nous sommes la plupart du temps dans des associations où cette question de sens est fondamentale. On s'y engage et on y travaille pour une cause. Travailler en association, c'est véritablement avoir un travail engagé qui a du sens. Kira SCHABRAM de l'Université de Washington et Sally MAITLIS de l'Université d'Oxford se sont interrogées sur la manière dont les personnes engagées en refuge animalier maintiennent leur vocation face aux défis quotidiens de la souffrance animale. Ces chercheuses relatent les réactions émotionnelles liées à cette exposition, et comment les personnes en refuge tentent de maintenir un sens à leur activité. Pour ce faire, 50 entretiens ont été menés à travers les refuges aux États-Unis, et les universitaires ont identifié trois parcours différents qui évoluent en fonction des réponses apportées aux défis rencontrés en refuge. Ces trois parcours aboutissent à des résultats émotionnels, psychologiques et comportementaux totalement différents, et vous vous reconnaîtrez probablement dans l'un de ces trois parcours. Alors juste avant de rentrer dans le vif du sujet et d'exposer ces trois parcours, quelques petites précisions quand même sur ces métiers de vocation. La littérature sur cette thématique suggère que les personnes ayant une vocation font face au défi de leur travail avec constance et persistance, comme si elles étaient guidées par une sorte de boussole interne, et animées par une cause qui les transcende et les guide dans cette persistance. Je suis sûre que vous allez vous reconnaître là-dedans. L'expérience de la vocation a été associée à la passion, au plaisir, au bonheur, à l'engagement, à la confiance en soi et à l'épanouissement. Toutefois, Maintenir les vocations peut être un défi particulièrement intense car cela implique un travail enraciné dans les valeurs des personnes constitutives de leur identité. Et des écrits récents ont mis en évidence les difficultés que nous avons déjà évoquées dans ces métiers de vocation. La fatigue compassionnelle et le sentiment de violation des valeurs vécues comme des blessures morales. Parce qu'une vocation est souvent ancrée dans de fortes croyances idéologiques, les individus peuvent éprouver une tension douloureuse entre leurs valeurs et les réalités du travail. Et ce point est crucial pour comprendre le fonctionnement de la vie en refuge. Et d'ailleurs, je l'aborderai plus en détail lors de ma conférence sur le bien-être humain en refuge animalier qui sera donnée à l'occasion du congrès Pet Revolution des 7 et 8 décembre prochains. Au nom de cette vocation, les personnes peuvent sacrifier leur bien-être et leur temps personnel pour la cause. Le travail est perçu comme un devoir, une destinée. Et les vocations sont ainsi véritablement imprégnées de passion. L'impact émotionnel des défis rencontrés en refuge mérite vraiment notre attention car les personnes qui considèrent leur travail comme une vocation peuvent avoir des réactions émotionnelles particulièrement intenses face à ces derniers. Et ça, on va le voir dans l'étude. Les études sur la gestion des vocations dans le domaine professionnel montrent aussi que les individus vont réagir de manière très variée aux défis sur le lieu de travail, allant de l'acceptation passive, du retrait et du sabotage, au façonnage plus adapté du poste et à la résolution créative de problèmes. De plus, les personnes réagissent différemment aux défis avec le temps qui passe, même si toutes sont rentrées dans ce métier avec la même passion pour les animaux et la volonté d'impacter positivement leur vie. Cela concerne les vocations. Maintenant, concernant les défis rencontrés en refuge animalier, quels sont-ils ? Parce qu'on va beaucoup en parler dans cette étude. Les personnes interrogées dans le cadre de ces recherches ont évoqué des conditions de travail difficiles, la confrontation à des incivilités, à un public exigeant et un manque général de formation et de soutien dans un marathon quotidien qui pourrait avoir comme devise "marche ou crève". Ils ont aussi très tôt été confrontés à un sentiment d'injustice face à l'euthanasie d'animaux qu'ils estimaient ne pas avoir à l'être, et cela les a profondément choqués. D'autres défis sont arrivés au fil du temps. Il y a eu pour certains un management déficient, pour d'autres une ambiance de travail dégradée, la persistance de manque de moyens financiers, d'autres ont évoqué la législation locale ou encore l'apathie du public. On voulait absolument poser ce cadre pour pouvoir ensuite maintenant parcourir les trois voies qu'ont mis en évidence ces deux chercheuses. Les chercheuses ont identifié un premier parcours qu'elles ont nommé "orienté vers l'identité" pour décrire la façon dont les individus ont réagi au défi et maintenu leur vocation en préservant le sens de leur investissement auprès des animaux. Au commencement, notons que les personnes de ce premier parcours ont ressenti très tôt leur vocation de travailler auprès des animaux. Dès leur plus jeune âge, Elles ont exprimé leur souhait de s'investir dans un métier leur permettant de prendre soin des animaux. C'est leur voie en quelque sorte, leur ADN. Et le métier en refuge, c'est comme un rêve qui devient réalité. Mais une fois en refuge, la confrontation avec la réalité va venir percuter la vision idyllique du travail aux côtés des animaux. Un fossé entre le rêve et la réalité se creuse, alimenté par les euthanasies et la confrontation quotidienne à la souffrance animale. Une grande confusion s'installe chez ces personnes, avec des émotions si intenses et des sentiments si destructeurs qu'ils égrènent véritablement le sens même de leur métier. Beaucoup ont rapporté lors de ces entretiens, s'être posé cette question : "mais qu'est-ce que je fous là ?" Pour tenter de s'extirper de cette situation inconfortable, ces personnes ont orienté leur travail. Cela signifiait pour certains de travailler plus avec les chats, d'autres plutôt avec les chiens, d'autres encore de plus s'investir dans les tâches administratives à l'accueil. Bref, chacun a essayé de s'éloigner de ce qu'il ne supportait pas dans son métier, et de se rapprocher de ceux qui le nourrissaient. Ces personnes se sont ainsi jetées corps et âme dans ce secteur qui leur était plus approprié en étant force de proposition, et en se surinvestissant dans ses tâches plus spécifiques. Elles se sont aussi progressivement éloignées de leurs collègues, estimant leur comportement inapproprié et insuffisant en référence à leur vision du travail bien fait. La communication avec les collègues s'est donc rompue, et elles se sont isolées au travail avec peu de partage et de communication avec les autres. Évidemment, cela a engendré des tensions au sein de l'équipe et des ambiances de travail dégradées. De plus, étant plus spécialisé dans un secteur, chien, chat ou accueil, l'éventuelle non reconnaissance par la direction et l'équipe de cette expertise a engendré un sentiment de frustration et de colère chez ces personnes. Le sentiment d'inutilité est venu heurter leur viscéral sens de l'engagement. Un processus d'anesthésie émotionnelle a pu alors se mettre en place face aux difficultés et à ce maintien obstiné à vouloir continuer malgré tout, pour tout donner auprès des animaux. Dans la dernière étape de ce cheminement, le mal-être prend le pas sur le sacrifice de soi. L'identité de sauveur invulnérable se fragmente et les signes de détresse physique, émotionnelle et cognitif se manifestent au grand jour. Boule au ventre au travail, perte d'appétit, de sommeil, crise d'angoisse, etc. La certitude d'être fait pour ce métier vole en éclats, et ces personnes ont relaté lors des entretiens qu'elles avaient vraiment le sentiment que travailler en refuge les avait détruits en tant qu'être humain et les avait rendus exécrables. Elles ont alors préféré quitter le refuge, souvent de manière brutale suite à un burn-out ou à une énième altercation avec un collègue. Si elles reconnaissent que l'environnement refuge ne leur convient pas et est toxique pour elles, elles continuent toutefois à s'identifier à leur vocation auprès des animaux. Ainsi, elles décident de se tourner vers d'autres métiers animaliers plus en adéquation avec leurs attentes. Certains ont choisi le toilettage, d'autres de devenir éducateurs canins, d'autres vétérinaires. Et ces personnes ont exprimé leur bonheur de pouvoir poursuivre un travail cohérent avec leur identité de défenseurs de la vie, engagés dans le bien-être animal, et remplissant un objectif plus large de travailler avec et pour les animaux. Donc, celles et ceux qui ont suivi cette voie ont fini par quitter le refuge pour poursuivre leur vocation dans des métiers animaliers moins éprouvants. La vocation de travailler auprès des animaux est viscéralement ancrée dans l'identité de ces personnes qui, plutôt que de rester sur le sentiment d'une identité brisée par le refuge, réaménage l'environnement de travail pour pouvoir poursuivre cette vocation. On comprend mieux pourquoi les chercheuses ont nommé ce premier parcours "orienté vers identité, le parcours identitaire. Le deuxième parcours, elles l'ont nommé un parcours "axé sur la contribution". Il correspond aux personnes qui ont souhaité utiliser leurs compétences pour impacter positivement le monde. Leur vocation est véritablement liée à la volonté de contribuer. Au démarrage, les participants axés sur la contribution sont entrés dans le travail dans les refuges en voulant avoir un impact positif sur une noble cause et en croyant pouvoir le faire grâce à leurs compétences professionnelles. En effet, la plupart d'entre eux avaient en amont de travailler en refuge déjà des diplômes, soit en commerce, en tant que vétérinaire, éducateur canin, etc. Donc ces personnes attendaient avec impatience d'entrer dans des refuges où elles pourraient apporter leur intelligence et passion tout autant que leur sens critique et analytique. Ici, on a une notion de performance qui est très importante chez elles. Toutefois, elles relatent que travailler en refuge a été un "choc culturel" notamment du fait du soutien très limité des supérieurs hiérarchiques, et de la surcharge de travail à tous les niveaux. La confrontation avec l'euthanasie a été particulièrement douloureuse et elles ont relaté n'y être pas du tout préparées. Face aux émotions négatives induites, elles ont cherché à retrouver un sens à leur métier en réinvestissant leurs compétences professionnelles dans les missions du refuge. Elles ont adopté une attitude de leadership, et elles se sont dès lors évertuées à transformer les personnes en refuge. Elles considéraient leurs contributions comme un travail auprès des animaux, mais aussi comme une formation des autres membres de l'équipe. Après avoir obtenu des postes plus à responsabilité au sein de la structure, elles ont toutefois été confrontées à d'autres défis, notamment celui de manager des personnes elles-mêmes impactées par la charge émotionnelle du métier. Elles ont pu devenir la cible d'employés décidés à leur nuire et à les mettre en porte-à-faux face à la politique de changement instaurée. Et ceci a été vécue comme une grosse gifle qui a souvent généré chez elles de la frustration, de la colère et tout un tas d'émotions négatives. Elles ont malgré tout continué à porter un masque et à maintenir une posture professionnelle face aux résistances aux changements, en élaborant de nouvelles manières de répondre à leur soif de contribuer. La plupart ont choisi d'adopter de nouvelles stratégies d'action auprès des employés et du public afin d'obtenir des petites victoires: réduire les exigences, être plus attentif aux griefs exprimés, apporter un plus grand soutien émotionnel, mieux orienter le public, etc. Et ces petites victoires ont apporté de la satisfaction. Exerçant un travail qui ne faisait pas appel à leurs compétences, et conscients de leur pouvoir limité à conduire des changements, elles ont mené une nouvelle quête de sens de leur présence en refuge, et ont fini par se focaliser sur le dévouement dans une multitude de tâches. Elles ont concentré leur attention sur la minutie et la qualité des tâches effectuées. C'est ainsi que leur vocation a pu perdurer encore plusieurs mois, voire années, avec des personnes dévouées, trouvant des moyens détournés pour remplir leur objectif de contribution, certes revu à la baisse dans les limites du refuge. Mais, malgré leur effort pour contourner les défis de la vie en refuge, ces employés ont fini par percevoir ces limites comme des obstacles infranchissables à la réalisation de leur mission en refuge. Ce sentiment d'échec de performance les a amenés à évaluer la différence qu'ils faisaient en refuge, et à sentir leur impact insignifiant par rapport à leur volonté de faire avancer le refuge. Et ce sentiment de ne pas être à sa place et de ne pas pouvoir pleinement mettre à profit leurs compétences pour la cause les a conduit à quitter le refuge. Leur sentiment d'impuissance face à l'amélioration du bien-être des animaux les a conduit à réorienter leur vocation dans des métiers ou formations plus en adéquation avec le souhait d'avoir un réel impact social. C'est ainsi que dans l'échantillon de personnes, certaines ont choisi de se reconvertir d'autres secteurs de l'aide, ça peut être les soins, l'enseignement, le travail social, et d'autres dans d'autres secteurs de la protection animale. Certains sont partis vers l'étude de la faune sauvage, d'autres dans les plaidoyers etc. Les personnes qui ont suivi ce parcours de contribution, comme elles l'ont appelé, ont malheureusement elles aussi fini par quitter l'environnement refuge pour un travail ayant à leur sens un impact positif plus large sur la société. Il nous reste une troisième voie, un troisième parcours à mettre en évidence. C'est celui que les chercheuses ont appelé un "parcours orienté vers la pratique". Dans cette troisième voie, la réponse aux défis va permettre aux personnes d'apprendre leur métier-vocation en s'engageant dans des actions et en développant des relations qui les ont emmenées à devenir des praticiens compétents dans le domaine du bien-être animal. Ces personnes au démarrage étaient tout autant passionnées que les deux groupes précédents par les animaux, et tout aussi désireuses d'oeuvrer pour améliorer leurs conditions. Mais elles ne considèrent pas pour autant avoir des dons ou des compétences spécifiques à cette mission, contrairement aux deux autres groupes. Aider les animaux a certes toujours été une passion, mais elles avaient moins d'attente dans l'entrée dans la profession. Elles ne s'attendaient pas à ce que le refuge soit parfait et ne se considéraient pas comme particulièrement bien équipées pour l'améliorer. A leurs arrivées au refuge, elles ont été surprises par le peu d'organisation, le manque de formation, mais interprétant les défis comme des occasions de se perfectionner et d'apprendre, ces personnes n'ont pas réagi avec des émotions aussi fortes et négatives en comparaison des deux autres groupes. Elles ont plutôt abordé ces situations difficiles comme des opportunités de mettre en pratique de nouvelles compétences et de renforcer leurs capacités. Elles se sont concentrées principalement sur la compréhension des défis de travail dans les refuges, et comment s'améliorer plutôt que de remettre en question leur rôle ou le sens de leur présence. Une personne dans cet échantillon l'a exprimé ainsi, elle disait "Tu sais, je ne me sentais pas légitime pour dire comment on devait procéder. J'essayais juste en fait de comprendre les choses". Donc ils se sont jetés d'eux-mêmes dans le travail, toujours disponibles, toujours surinvestis, parce qu'ils ne se considéraient pas comme des individus particulièrement qualifiés. Et quand ils avaient du mal à s'adapter rapidement, ils ont plutôt eu tendance à se blâmer et à vouloir progresser. L'un témoigne à ce propos : "J'étais plus dur avec moi-même au lieu d'être plus critique sur la façon dont les choses se passaient." Et contrairement aux autres groupes de personnes, ils considéraient leurs collègues comme des sources d'informations et de soutien, et donc se sont tournés vers eux pour obtenir de l'aide. Une personne de ce groupe dit: " Cela a été l'un des points forts de mon travail, pouvoir travailler avec des gens qui ont une expertise." Progressivement, grâce aux compétences acquises dans l'apprentissage du métier, les participants se sont sentis mieux qualifiés et cela leur a permis de devenir plus confiants, et de mieux appréhender les problématiques internes à la vie du refuge. Gestion des conflits, prise en charge des animaux, accueil du public, etc. Même s'ils sont impactés, tout comme les deux autres groupes, par la charge émotionnelle du métier, les compétences acquises et la durabilité de leur engagement face au turnover dans les refuges, leur a donné le sentiment d'être capables de faire une différence dans cet écosystème. Passés d'apprenants à expérimentés, ils se sentent aguerris pour améliorer les choses. Plus confiants dans leur aptitude à contribuer, ils postulent à des postes à responsabilité et sont soucieux de donner l'exemple. Gérer l'attention grâce au soutien mutuel entre collègues, c'est ainsi qu'ils ont pu maintenir une ambiance de travail agréable et soutenante. Leur engagement a été plusieurs fois altéré par les défis de la vie du refuge et la routine du métier. Mais, aptes à communiquer avec la hiérarchie qu'ils côtoient depuis plusieurs années, ils ont pu évoluer dans cet écosystème et participer à la création de nouveaux postes et initiatives. Leur motivation reboosté, ces personnes ont progressé, collaboré, délégué, et elles sont fières d'avoir contribué à créer une équipe. Et elles sont restées enthousiastes aussi face à la motivation de la génération à venir. Conscient des dégâts de la fatigue compassionnelle, ces personnes restent toutefois vigilantes quant à leurs limites, et ce, afin de rester en mesure d'aider un maximum d'animaux. Ce métier, c'est toute leur vie en fait. L'association, c'est leur deuxième maison, et elles se sentent comme mariées avec elle. Je souris en lisant ça, parce que ça me fait tellement penser à des personnes que je connais en refuge. Je suis persuadée que vous allez, vous aussi, si vous écoutez ce podcast, vous identifier à l'une de ces trois personnes, ou reconnaître en tout cas des collègues. En tout cas, en conclusion, qu'est-ce qu'on peut dire ? Et bien que les individus ont surmonté les défis des métiers en refuge animalier à travers l'un de ces trois parcours qui se sont construits face aux défis rencontrés et aux réponses apportées tant sur le plan émotionnel que dans la quête de sens. Certains participants ont ainsi vu les défis comme des menaces à leur identité et objectif de vie, tandis que d'autres les ont considérés comme des opportunités de développement personnel et professionnel. Ces interprétations ont à leur tour façonné leur ressenti émotionnel et la quête de sens. Nous avons vu que les réactions émotionnelles des personnes ayant une forte vocation sont particulièrement intenses, car elles travaillent pour une cause qui leur tient profondément à cœur et pour laquelle l'engagement est particulièrement fort. Pourquoi est-ce que j'ai pris le temps de décortiquer cette étude avec vous ? Eh bien, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, Cela permet, je pense, à chaque personne investie en refuge de s'interroger sur sa vocation, son cheminement dans cette vocation, ses motivations, ses réponses aux défis rencontrés et les stratégies adoptées pour faire face à l'intense charge émotionnelle du métier. Peut-être vous êtes-vous identifié à l'un de ces trois parcours décrits dans cette étude. En tout cas, mieux se connaître, c'est être à même de mieux faire perdurer sa vocation dans le secteur animalier en adoptant la stratégie d'adaptation qui va le mieux nous convenir et le mieux nous préserver en tout cas. Ça c'est au niveau individuel. Ensuite, à l'échelle des associations, cette étude permet de mieux appréhender les profils des personnes investies en refuge, et ainsi de mieux les accompagner dans un maintien émotionnellement stable de leur vocation. Profiler les personnes en refuge permet une plus grande rétention de ces précieuses vocations. La protection animale ne pouvant pas se permettre, comme tout le secteur de l'aide, de perdre un grand nombre de personnes animées par l'envie d'aider les animaux et d'améliorer leur sort. Comment maintenir au mieux ces vocations et le sens donné à l'engagement en refuge ? Voilà donc une étude qui permet aux associations d'élaborer des stratégies organisationnelles visant à accompagner son personnel et à mener une politique de rétention. Pérenniser la relation d'aide en refuge. s'est grandement contribué à une protection animale plus efficiente. Il semble plus que nécessaire aujourd'hui de lutter contre le turnover et la fatigue compassionnelle des professionnels du secteur animalier. Et cette étude montre que deux parcours sur trois conduisent à l'épuisement professionnel et au départ définitif de l'écosystème refuge. Optimiser les prises en charge des animaux, la qualité d'accueil du public et la performance par un meilleur accompagnement des "soldats" de la protection animale. Se sentir soutenu et responsabilisé, c'est permettre aux personnes en refuge de s'épanouir et d'adopter une trajectoire de prospérité et de croissance qui rejaillit inévitablement sur l'écosystème refuge. J'espère que cette étude vous aura donné des pistes de réflexion sur votre engagement ou celui de vos équipes dans vos refuges. Mieux comprendre les mécanismes de fonctionnement des uns et des autres dans cet écosystème, c'est mieux agir pour faire perdurer les vocations auprès des animaux. Et vous savez ô combien ces vocations sont précieuses. Alors pour perdurer, n'oubliez pas, prenez soin de vous! Je vous dis à très vite. Bye.