Speaker #0Bienvenue sur The Podcare by Ethic Animara, le podcast qui prend soin de vous et de votre animal. Je suis Réale, intervenante en relation d'aide humain-animal, spécialisée dans le One Welfare, une vision holistique du bien-être. J'accompagne et je prends soin des humains et des animaux depuis de nombreuses années, afin que chacun retrouve un équilibre physique et émotionnel. J'accompagne ainsi les professionnels et les particuliers soucieux de relations humains-animal harmonieuses. Je propose une mission de conseil et d'accompagnement aux acteurs du secteur animalier et un accompagnement du binôme humain-animal pour favoriser une cohabitation sereine dans un environnement physique et émotionnel équilibré. Dans ce nouveau podcast, nous allons nous interroger sur les risques psychosociaux chez les professionnels du secteur animalier. Lorsque nous évoquons les risques psychosociaux, nous pensons systématiquement au stress, au harcèlement, au burn-out. Toutefois, le secteur animalier connaît des RPS, (risques psychosociaux) spécifiques du fait de son inscription dans le champ de la relation d'aide. Fatigue compassionnelle, trauma vicariant ou trauma secondaire, vous connaissez ? Nous proposons une clarification de ces termes et leur signification pour les aidants du secteur animalier. Et nous allons commencer par la fatigue compassionnelle. Alors, nous avions déjà enregistré un podcast spécifique à son sujet, tant elle est prégnante dans le secteur animalier. Donc nous allons juste ici en reprendre l'essentiel et n'hésitez pas à aller sur cet ancien podcast si ce sujet-là vous intéresse. Pour commencer, rappelons que 9 personnes sur 10 sont concernées par la fatigue compassionnelle en refuge animalier d'après une étude qui a été menée aux États-Unis. La fatigue de compassion est un terme général qui va être appliqué à toute personne qui souffre d'assister en qualité d'aidant. La fatigue compassionnelle ou fatigue de l'empathie (souvenez-vous, on avait exposé la fameuse bataille terminologique qu'il y avait entre ces deux termes), et bien cette fatigue compassionnelle peut se définir comme une profonde lassitude du fait de contacts répétés avec de multiples vécus douloureux. Et j'insiste là-dessus, elle est vraiment spécifique au métier d'aidant auprès d'individus en souffrance. Souvenez-vous également les manifestations qu'elle prend. On en avait évoqué plusieurs. Tout d'abord, on peut avoir ce sentiment de surcharge de contact avec des animaux en souffrance qui va induire la sensation d'être vidé face à tant de détresse et de désespoir. On avait évoqué également un sentiment de perdre sa capacité à éprouver de l'empathie et de se comporter de manière bienveillante. Des comportements de distanciation vis-à-vis des autres, avec un évitement des interactions et un abandon de tout investissement relationnel peut également être ressenti. Une grande lassitude, un épuisement, une perte d'énergie et de plaisir. Une hypersensibilité, l'impression de ne plus avoir de frontières protectrices. Et la fameuse perte douloureuse du sentiment de vocation. La satisfaction de compassion survient donc lorsqu'on devient épuisé mentalement émotionnellement ou physiquement à cause d'un travail empathique. C'est la conséquence naturelle du stress résultant du soin et de l'aide apportés à des personnes ou à des animaux traumatisés et en souffrance. La fatigue compassionnelle, c'est le mot épuisement, on va beaucoup revenir parce que c'est vraiment le cœur, c'est l'épuisement physique et émotionnel qui découle de l'exigence constante de faire preuve de compassion et d'efficacité pour aider des êtres en souffrance. Cette usure de compassion, elle se manifeste sur le plan physique, émotionnel et spirituel. Et là aussi, on avait bien expliqué que ce terme fait référence à l'investissement pour une cause qui va nous transcender, qui va donner un sens à notre vie. Donc en fait, l'usure compassionnelle menace directement le sentiment de vocation des soignants du secteur animalier. Nous avions aussi expliqué que cette fatigue s'installait en phases successives, en quatre phases distinctes. On avait évoqué la phase de zèle, la phase d'irritabilité, la phase de retrait et la phase zombie. Je vous renvoie donc à notre ancien podcast sur le sujet. Il existe des moyens de réguler cette usure de compassion grâce à des stratégies d'hygiène physique, émotionnelle et cognitive au niveau organisationnel, en entretenant la satisfaction de compassion des soignants, et grâce à des autos soins, le fameux self-care au niveau individuel. En effet, porter attention en permanence à ses besoins et à ses limites permet d'en limiter les effets néfastes. C'est la fameuse métaphore du masque à oxygène, vous vous souvenez ? Mettez d'abord votre propre masque à oxygène avant d'aider quelqu'un d'autre. Ça aussi, nous l'avions abordé dans notre podcast sur la satisfaction de compassion. Si vous ne faites pas attention à pouvoir continuer à respirer, vous ne pourrez peut-être pas aider les autres à faire de même. Autre point important pour terminer sur cette fatigue compassionnelle, elle est vraiment à distinguer du burn-out. Le burn-out, c'est un épuisement physique et émotionnel que les travailleurs peuvent ressentir en raison d'un environnement de travail difficile. Le stress et la frustration cumulés au travail peuvent affecter n'importe qui et quelle que soit la profession. Les racines du burn-out sont intrinsèquement liées à l'environnement de travail. Faible salaire, horaires difficiles, etc. Donc le burn-out est commun à un panel de métiers, alors que la fatigue compassionnelle est vraiment spécifique au métier de la relation d'aide. Il y a un deuxième risque psychosocial sur lequel il est intéressant de s'attarder dans le secteur animalier, c'est ce qu'on appelle le trauma secondaire ou trauma vicariant. Il est à distinguer d'abord du stress traumatique primaire. Ça, c'est vraiment l'exposition directe à un événement extrêmement traumatisant. Ce n'est pas de ça qu'on va parler ici. Nous, on va parler de stress traumatique secondaire, c'est-à-dire une exposition indirecte à un événement traumatisant. En fait, ce traumatisme indirect va devenir un risque lorsque nous nous identifions de manière excessive au traumatisme de quelqu'un d'autre, et dans notre cas, aux animaux. L'excès d'empathie, où la résonance excessive constitue le fondement principal du traumatisme indirect. En fait, il y a une sur-identification à la douleur, à la peur, à la détresse de l'animal. C'est comme si on ressentait dans notre corps les émotions qu'il a pu ressentir, et qu'on imaginait tout ce qui a pu lui arriver. Tout cela va entraîner un risque important de subir un degré de stress, voire un traumatisme similaire à celui de l'individu. En plus, ce traumatisme indirect, vicariant, va entraîner un changement profond de la vision du monde des soignants et il peut amener à renforcer, à entraîner une perception négative de l'humanité. Il y a aussi une distinction à faire entre ce traumatisme indirect et le trouble de stress post-traumatique. Ça, c'est encore autre chose. C'est un trouble anxieux qui va se développer suite à une exposition à un événement ou à une série d'événements traumatisants. Ça va être le cas en refuge, par exemple, lorsque des professionnels ont senti leur vie ou leur intégrité physique menacée dans le cadre de leur travail, ou ont assisté à une scène horrifiante. Donc là, on va partir sur cette notion de trouble de stress post-traumatique. Donc en fait, ce qui est à retenir ici, c'est vraiment cette notion dans ce traumatisme indirect de s'identifier, d'absorber en fait les émotions et le vécu de l'animal. Il est évident que les risques psychosociaux ont un impact dans le secteur animalier. Premièrement, ils vont être source de mal-être pour les professionnels. Mais plus largement, et si on prend l'exemple plus spécifique des refuges, eh bien, ils vont avoir des conséquences néfastes pour tout l'écosystème du refuge. Ils vont entraîner une baisse qualitative des prises en charge des animaux, une ambiance de travail dégradée, ils vont perturber l'organisation et la logistique du refuge, entraîner un turnover des équipes et des bénévoles, impacter le relationnel avec le public, ils peuvent entraîner une image de marque dégradée et une baisse des adoptions. De surcroît, ces risques psychosociaux viennent également renforcer des biais cognitifs quant à la perception du monde et de l'espèce humaine. Être exposé à la partie la plus sombre de l'humanité au quotidien peut effectivement conduire à la misanthropie, qui est si souvent pointée du doigt dans la protection animale et à juste titre, tant son impact est néfaste pour la cause dans son ensemble. Nous y consacrerons un podcast afin de mieux comprendre son omniprésence dans le secteur animalier, car la pointée du doigt sans comprendre les mécanismes de fonctionnement est tout aussi délétère pour le secteur animalier. En attendant, pour limiter la portée des risques psychosociaux, il est possible pour les organisations d'offrir davantage de ressources et d'éviter de faire peser sur les employés ou les bénévoles l'entière charge de la gestion des expériences émotionnellement difficiles en refuge. Des pratiques organisationnelles existent et dans d'autres domaines, tels par exemple que les services sociaux à la personne, et cela a déjà ouvert la voie en termes de création de lieux de travail plus sains dans lesquels le personnel est mieux soutenu. Cela réduit ainsi le risque que ce personnel nuise aux animaux et aux personnes dans le cadre de leur travail. Nous pouvons apprendre des experts d'autres domaines. Pourquoi et comment réduire les risques psychosociaux dans le secteur animalier et donc préserver, et rendre pérenne la relation d'aide dans cet écosystème? Nous proposerons des pistes de réflexion quant à l'implication des organisations dans un prochain podcast. Je vous dis à très bientôt et en attendant, prenez soin de vous.