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Torchon

L'impossible retour - Amélie Nothomb

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49min |13/11/2024
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L'impossible retour - Amélie Nothomb

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Description

Les livres d’Amélie Nothomb, c’est un peu les Beaujolais nouveaux de la rentrée littéraire. Chaque année, ils nous apportent un rituel joyeux et prévisible, et alors on se demande : il est comment le dernier Nothomb ? 


Torchon se penche dans cet épisode sur la toute dernière cuvée : L’impossible retour. S’il est, disons-le tout de suite, pas le plus réussi, on se retrouve face à un livre qui se déguste principalement par son rapport à la totalité de l’oeuvre de l’autrice. Notre chroniqueur et expert Pierre Poligone fait découvrir à Léa le plaisir des correspondances, des thèmes et des motifs. Le Japon, le champagne, la figure du père ou celle de Mishima, vous deviendrez incollable sur cette autrice à la fanbase ultra fidèle ! Mais une question persiste : un livre qui est bon grâce à ses correspondances à d’autres livres, est-il vraiment réussi ? 


Notre non-sponsor : le podcast Musique Déviante ! 


Livres d’Amélie Nothomb cités : 

L’impossible retour

Mercure 

La Nostalgie heureuse 

Pétronille 

Une forme de vie

Métaphysique des tubes

Ni d’Eve ni d’Adam 

Hygiène de l’Assassin

Soif


Autres choses citées : 

A rebours de Huysmans 

Le Pavillon d’or de Yukio Mishima 

Parler des livres qu’on a pas lu de Pierre Bayard 

Chroniques Japonaises Nicolas Bouvier

Le Faussaire de Yasushi Inoué 

La nuit obscure de Jean de la Croix 

Journal de Murasaki Shikibu

Pause Pipi d’Arte Radio 

Perfect Days de Wim Wenders


Torchon, c’est le podcast qui traite de l’actualité littéraire en lisant des livres pour que vous n’ayez pas à le faire. On est une bande de copain pas du tout critiques littéraires de profession, et pour chaque épisode on se retrouve en mode "club de lecture de l'extrême" et nous lisons un livre qui a fait l’actualité pour vous dire si c’est une bonne surprise ou bien un vrai torchon. Et restez jusqu’à la fin pour nos recommandations littéraires et culture ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Torchon, le club de lecture où on lit des livres pour que vous n'ayez pas à le faire. Pour chaque épisode, nous lisons un livre qui a fait l'actualité, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et nous vous disons si c'est une bonne surprise ou alors un vrai Torchon. Grâce à Torchon, vous pourrez briller en société et parler du livre du jour sans même l'avoir lu. Je suis Léa et aujourd'hui je suis avec Pierre. Bonjour Léa. Et nous avons lu Un impossible retour d'Amélie Nothomb, paru aux éditions Albain Michel en 2024. Et cet épisode n'est pas sponsorisé par le podcast Musique Déviante. En effet, chez Torchon, on parle surtout des livres archi-populaires pour les critiquer sans vergogne. Mais Musique des Viandes, c'est tout le contraire. Dans chaque épisode, vous découvrirez la face cachée de la musique, des artistes uniques, étranges et fabuleux, et souvent inconnus du grand public. D'ailleurs, après avoir écouté notre épisode sur les tribulations japonaises d'Amélie Nothomb, je vous conseille de faire un tour chez Musique des Viandes et son épisode sur Jun Togawa, artiste japonaise excentrique qui mangerait Lady Gaga au petit-déjeuner. Une artiste comme seul le pays du Levant est capable de créer. Mais pas tout de suite, d'abord, laissons la place à l'impossible retour. Alors pour te présenter, Pierre, tu es le cofondateur d'un média qui s'appelle Zone Critique, qui est sur la culture contemporaine et émergente. Donc ta spécialisation, c'est vraiment les petites pépites un peu cachées, les auteurs qu'on ne connaît pas encore très bien. Et pourtant, tu as une face cachée, c'est que tu as une passion pour certains auteurs archi-archi connus, comme Amélie Nothomb. Et d'ailleurs, tu m'as dit que tu les avais... tous lus. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que tu les as vraiment tous lus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai, je les ai vraiment tous lus. Merci beaucoup d'abord de m'inviter dans ce podcast. C'est vrai que Noton, elle a vraiment une place particulière dans la vie de lecteur et dans mon cœur. Elle a une place qui est liée à ma mère. Rapidement, la lecture a toujours joué un rôle essentiel dans ma vie. J'avais beaucoup de mal à dormir quand j'étais petit. Et simplement, la lecture, c'est une manière de meubler le temps. Et Noton, comme vous le savez peut-être, elle a commencé à émerger assez tôt, surtout avec Subarrêtement, donc on était en 99. Donc j'avais un... 6 ans, 7 ans, et en fait, ma mère avait ce truc incroyable de me raconter des histoires ou de me parler des livres même qu'elle lisait. Et il se trouve qu'un soir, avant de dormir, elle a commencé à me raconter l'intrigue de Mercure, un texte d'Aminoton qui est assez fascinant et terrifiant pour un enfant puisque, en gros, en deux mots, c'est l'histoire d'une jeune femme qui pense qu'elle est défigurée et qui, en fait, est au service d'un vieux monsieur. Et donc c'est une histoire, évidemment, quand on est enfant, on est terrifié. Et donc, j'ai eu ce récit un peu de cette intrigue qui m'a interloqué, interpellé. Et ensuite, j'ai commencé religieusement à lire tous les notons, les uns après les autres. Et c'était aussi un moment ou un moyen d'échanger avec ma mère autour de ces lectures-là.

  • Speaker #0

    Elle les lit aussi, elle les a tous lits.

  • Speaker #1

    Elle aussi, elle les lit tous, et même plus que ça. D'ailleurs, pour cet épisode-là, ma mère m'a dit, mais attends, il faut absolument que je te passe l'impossible retour. Donc il y a ce truc où non seulement elle les lit, mais en plus, elle me les achète. ils les achètent pour elle,

  • Speaker #0

    elle les lit d'abord et après elle me les passe d'ailleurs c'est trop drôle parce qu'on a remarqué que grâce à Amélie Nothomb on peut constater l'inflation du livre parce que comme elle en sort un chaque année là celui-ci est à 18,90 mais t'en as d'autres plus anciens qui sont un peu moins chers bah oui la Nostalgie Heureuse qui a été publiée en

  • Speaker #1

    2014 si je ne me trompe pas, il est à 16,50 Ninette Vindadant qui a plus de pages quand même puisqu'on frôle les 300 pages qui a été publiées en 2007 il est à 17 euros... mais au prix du noton n'est pas fixe, ça pourrait être un indice boursier comme l'indice Big Mac bon alors après évidemment un objet ou un livre de notons c'est un ensemble c'est d'abord une couverture avec toujours quoi qu'il arrive, une photographie un portrait d'Aminoton qui peut être en noir et blanc, qui peut être en couleur on la passe sous ses formes mais on l'aura toujours il y a un autre truc c'est que en fait Aminoton elle écrit aussi bien des textes de fiction que des autobiographies mais même si c'est un texte de fiction... on aura quand même son visage en couverture.

  • Speaker #0

    Oui. Mais d'ailleurs, il faut qu'on revienne sur certains points. Déjà, en fait, c'est plus un personnage qu'une autrice. Je ne sais pas comment expliquer ça, mais déjà, il y a plein de choses que je sais un peu par hasard sur elle. Par exemple, qu'elle écrit tous les jours, très, très tôt le matin. Il y a son obsession pour le champagne. Et il y avait quoi d'autre que j'ai appris ? Ah oui, qu'elle écrit un livre tous les ans, quoi.

  • Speaker #1

    Ce que tu mentionnes, elle en parle. C'est-à-dire qu'on aurait l'occasion d'en parler dans l'imprimé retour. Elle parle de sa pratique de l'écriture à 4h du matin, tous les jours. Alors ensuite, si on parle justement des mythèmes associés à Noton, il y en a plein. En vrai, il y a cette rigueur, cette assaise liée à l'écriture. Il y a cette passion pour le champagne qui est présente en fait en filigrane dans quasiment tous ses livres. D'ailleurs, dans ce livre-là, encore une fois, elle joue avec le mythe.

  • Speaker #0

    Parce qu'elle n'en boit pas.

  • Speaker #1

    Elle n'en boit pas dans le lit de jour. Et il y a Pele qui lui dit, mais comment mes électeurs vont savoir qu'ils ne boivent pas du champagne pendant le lit de jour ? Il y a des romans qui tournent intégralement, des textes qui tournent intégralement autour du champagne. Petroni, c'est vraiment le roman du champagne. Il y a aussi un mythe très important. c'est la question de la fidélité envers ses lecteurs et ses lectrices. Améliotton répond à tous ses lecteurs et ses lectrices chaque fois qu'on lui envoie un courrier.

  • Speaker #0

    T'en as écrit ?

  • Speaker #1

    Et oui. Alors, je ne l'ai pas amenée avec moi. C'est pas une connaissance privée pour autant, mais il se trouve qu'elle a répondu effectivement à mes réponses. Qu'est-ce que tu lui as posé ? Alors, en fait, c'était évidemment très intéressé, puisque, en fait, je lui ai fait une demande d'entretien. Parce que je me suis dit, voilà, après tout, il se trouve que, bon, j'ai une connaissance pas forcément exhaustive, mais du moins, je pense, assez précise de son œuvre. Et je lui ai dit, trop bien, j'ai envie de lui poser des questions que jamais personne ne lui a posées. notamment avec un ami qui s'appelle Pierre Cormari qui nous est aussi une sorte de vénération alors moi c'est pas mon cas mais lui en tout cas il y a vraiment une question de la vénération pour Noto et donc on avait préparé un entretien ensemble un certain nombre de questions elle m'avait répondu très gentiment vraiment pour le coup elle avait pris le temps de répondre mais sa réponse m'a un peu déçu parce que en fait en substance si je vous la livre elle m'avait dit mais vos questions sont si intelligentes et si pointues que je ne peux pas y répondre je vous dis ça en toute humilité...

  • Speaker #0

    adressez-vous plutôt à d'autres écrivains et voilà une politesse toute japonaise peut-être mais là non après j'ai deux choses que je voulais dire le premier c'est que oui en effet Amélie Nothomb c'est certes un personnage c'est aussi une fanbase de gens qui peut-être nous écoutent là tout de suite c'est ça qui est trop drôle c'est que c'est des gens qui sont assez intenses il y a des forums de discussion tu m'as dit il y a plein de gens qui leur et le il y a une raison à ça c'est qu'elle leur répond elle a un rapport très particulier avec eux donc ils se sentent un peu inclus.

  • Speaker #1

    Pour rebondir sur cette question de la fanbase entre les gays et les nôtroniennes, c'est vrai que c'est quelque chose qui ne vaut pas pour tous les écrivains. Mais en fait, avec une personnalité aussi marquée, aussi affirmée, avec cette manière même d'inclure directement le lecteur dans ses romans, Petroni, par exemple, au départ, c'est une lectrice, son vrai nom d'ailleurs, Stéphanie Auchet, de même que dans Une forme de vie, c'est un roman qui est directement adressé à son lecteur. Une forme de vie, ça va plus loin que ça. C'est plus pervers, En fait, c'est une correspondance. avec un lecteur qui dégénère. Donc en fait, elle met en scène son lecteur dans ses romans. Par ailleurs, elle a ce talent ou ce don d'hypermnésie, soi-disant, qui fait qu'elle se souvient du prénom de chacun de ses lecteurs. Et aussi, elle pratique le double graphisme. Ce qui fait qu'on a plein de choses qui font que, évidemment, le lecteur a envie de s'y retrouver, de percer le mystère. On aura l'occasion aussi d'en reparler, mais à mon ton, c'est surtout des thèmes structurants. C'est-à-dire que vraiment, il y a une recette, notons, qui fonctionne quasiment à tous les coups, avec des ingrédients savamment dosés, qui, avec le monde, en redemande. Et ce qui fait que, dans les forums autour d'Amilton, il y a beaucoup de gens qui vont faire des témoignages de lecture. Pour le coup, moi, qui, à mon sens, qui frôlent la pathologie, mais qui sont en même temps, je pense, d'une sincérité affolante, et des gens qui expliquent qu'Amilton leur a sauvé la vie. Parce que, précisément, elle a su jouer un rôle de, on va dire, marraine, sur toutes les lèvres un peu folles, un peu obsédantes. Et de fait, je pense que son exoncité en fait, voilà, une sorte de prêtresse. Alors, elle refuserait. évidemment ce rôle, et elle ne joue pas non plus avec ça, mais force est de constater que ce n'est pas une autrice comme les autres, et que son public n'est pas comme les autres. Oui,

  • Speaker #0

    elle a l'air vraiment très sympathique. J'ai un peu essayé de me renseigner avant de créer cet épisode, et donc j'ai un peu écouté deux, trois interviews que j'ai pu trouver, et vraiment, elle a l'air gentille, tu as envie de la protéger, elle est toute mignonne et tout, et je pense que c'est ça qui est marrant, c'est qu'elle a un petit côté gourou, et je pense qu'on en reparlera, mais en même temps, tu ne peux pas trop lui en vouloir, parce qu'elle a l'air en même temps toute mignonne. C'est sympa. Moi, je la compare pas mal à Mylène Farmer dans un certain genre. Le côté les thèmes, la fanbase hyper dévouée, le côté un peu esthétique. Alors, elle, c'est plus une esthétique japonaise. Mylène Farmer, c'est plus un truc un peu gothique.

  • Speaker #1

    Mais de fait, il y a des costumes un peu gothiques de Nothomb, parfois aussi. Alors, ce que tu dis sur la gentillesse de Nothomb, c'est tout à fait vrai. Je pense qu'il faut le souligner. Je peux donner plein d'exemples. J'en prendrai un. C'est que Nothomb, elle a cette capacité ou ce talent de valoriser ses lecteurs et même de leur accorder des choses je prends l'exemple, Pierre Carmary dont je parlais a écrit un texte sur un raccord nu et à une tourne a fait la préface demander une préface à un auteur tel que notons et qu'il le fasse c'est vraiment c'est une générosité rare et de même, elle se prend en photo elle se fait prendre en photo fréquemment elle répond, en l'occurrence elle m'a répondu négativement gentillesse quand même très formels et très appréciés aussi.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on peut passer au livre, parce que là, on vient de parler d'Amélie Nothomb, et je pense que c'est justifié, c'est-à-dire que c'est une oeuvre, enfin, ce livre est inclus dans une oeuvre plus large, mais l'impossible retour, donc, c'est le dernier, c'est la dernière cuvée d'Amélie Nothomb, c'est notre Beaujolais nouveau à nous, et donc c'est devenu un peu un marronnier de la rentrée littéraire, c'est genre chaque année, je crois que c'est au 15 août où elle publie son livre, et chaque année c'est un peu un succès à... d'édition alors peut-être Par rapport à d'autres, ça l'est moins, mais en tout cas, chaque année, c'est en tête des ventes, c'est en tête de condole, c'est sûr. Et l'impossible retour, c'est plutôt un texte autobiographique, quand bien même il y a des éléments de pseudonyme, par exemple. Et il est comment, alors, ce dernier ?

  • Speaker #1

    Alors, d'abord, je vais préciser une chose, c'est qu'elle écrit même, selon la légende, évidemment, trois livres chaque année. Elle soumet les trois à son éditeur, l'éditeur en choisit un, et les deux autres sont remisés dans un tiroir, sont brûlés. C'est-à-dire que personne n'aura jamais accès au texte. qui n'ont pas été publiées. Moi, j'ai l'impression que ça tient davantage dans la légende, en plus ça me fait doucement rire, parce que, je le dis d'emblée, il y a certains textes de Noto que je trouve vraiment très très faibles, en dépit de tous les mots que je lui porte, humainement, sans vraiment la connaître d'ailleurs, et je crois malheureusement que L'Impossible Retour en fait un peu partie, si je dois donner mon avis assez rapidement sur ce livre, je dirais qu'en fait, c'est un roman très fade, et d'ailleurs c'est étonnant parce qu'elle parle de cette fadeur-là, à un moment dans le roman, où elle goûte une... pâtisserie japonaise et qu'elle dit que c'est une fadeur qui est une douce fadeur, qui rend le dégoût quasiment impossible. Mais je pense qu'il y a de ça, c'est-à-dire que c'est un roman, on pourrait dire, aussi vite lu, presque aussi vite oublié. Elle dit précisément, Ce n'est jamais que de la pâte de riz, mais elle a cette saveur inscriptible pour laquelle je donnerais tous les gâteaux au monde. Faute de mieux, je l'appelle la fadeur poétique japonaise. J'ai conscience du caractère péjoratif de cette dénomination. Je ne me trouve cependant pas plus approprié pour désigner ce que vous peut marquer. en retrait, aux antipodes des saveurs prononcées des patries japonaises. Par exemple, s'il est en état impossible à atteindre avec cette iris comestible, c'est l'écœurement. Et je crois que on tient quelque chose. C'est impossible d'être écœuré par un roman d'Aminoton. C'est vrai. Mais néanmoins, il n'y a pas de saveur. Il n'y a pas de point saillant. On va en parler justement précisément de cette sorte de fadeur. En tout cas, moi, c'est le sentiment qui... que vous avez à la fin de la lecture ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai eu vraiment... Alors déjà, ça se lit super vite. Ah oui, et donc l'expérience que j'ai eue de lecture, c'est que juste avant, j'avais lu Les Années, qui est le roman le plus long de Virginia Woolf, donc pas celui d'Annie Arnault, mais de Virginia Woolf. Et donc, c'est l'inverse d'Annie Arnault, d'ailleurs, parce que c'est très long, c'est du stream of consciousness, et ça prend un temps de dingue à lire. Et donc, c'est le livre que j'ai lu directement après ça, et j'ai eu l'impression d'être, tu sais, genre un élastique qu'on tire, qu'on tire, qu'on tire, et là, vraiment, en une heure, je l'avais fini, quoi. Très anecdotique. Pour le coup, je ne connais vraiment pas très bien Amélie Nothomb parce que j'avais juste lu Ni dèv'ni dèd'en quand j'étais ado. Et j'avais un bon souvenir d'ailleurs de Ni dèv'ni dèd'en. Moi, ça m'a fait très plaisir à lire. C'était un vrai plaisir de lecture, surtout qu'elle écrit vraiment avec un style qui est très agréable. Oui, il y a un côté...

  • Speaker #1

    Si on parle un petit peu du style de Nothomb, c'est vrai qu'on pourrait en parler légèrement. Il y a des gimmicks que les fans reconnaissent. Déjà, il y a le choix et l'emploi de Morard. J'en prends un parce qu'elle l'emploie souvent, c'est le mot de enfansonne Enfonçonne pour désigner les adores. J'étais une enfonçonne, j'étais une petite fille quand j'étais au Japon. Il y a aussi vraiment cette volonté semi-avouée de faire des maximes. Le roman est conçu des maximes, je n'en ai même pas souligné dans le texte. Donc là, j'ouvre le texte au hasard. Il y a par exemple, pour le coup vraiment au hasard, je prends une phrase. Au-delà du salé et du sordide, il y a le malaise. Mais on peut vraiment trouver des choses... qui sont de l'ordre de l'aphorisme, quasiment, chez Noton.

  • Speaker #0

    Je trouve qu'Amélie Noton, j'ai peut-être un biais de par mon métier, mais je trouve qu'Amélie Noton, il y a un côté où, dans une autre vie, elle aurait été une excellente...

  • Speaker #1

    Moraliste ?

  • Speaker #0

    Non, conceptrice-rédactrice en agence de... Oui,

  • Speaker #1

    mais à l'essence de la formule.

  • Speaker #0

    À l'essence de la formule, elle a des thèmes fétiches. Moi, je trouve que ça ressemble aussi un peu à Taylor Swift, dans le sens où elle crée une communauté autour de... de référence, de self-reference elle arrête pas de se référencer à elle-même ça c'est un truc qui marche vachement bien en communication de revenir à des thèmes comme ça en sous-dressement moi ce qui m'a vraiment frappé c'est que peu de personnes diraient d'Amélie Nothomb que c'est un objet marketing mais en vrai rien

  • Speaker #1

    que le fait de l'avoir en couverture de tous ses livres je crois que c'est un objet marketing contre elle-même, c'est-à-dire que c'est devenu une marque quasiment déposée avec encore une fois mais vraiment rien que enfin à la présentation même de ces textes, en fait, il y a un certain nombre de choses qu'on s'attend à retrouver. Là où, en fait, oui, c'est un objet marketing, mais en même temps, elle-même le concevait pas comme ça, c'est que, en fait, c'est évidemment une forme d'armure humaine à se protéger, c'est-à-dire qu'en fait, elle donne une forme à son existence qu'elle endosse comme un chevalier en dessous de son armure, et si on lit ces textes, on voit bien que c'est aussi une manière de se protéger dans la mesure où il y a un point qui n'est pas fin, c'est que Anne Bioton est très sensible à l'hyperesthésie, qu'elle a un rapport, on va dire, très très... peureux au monde, à la réalité. Et ça, c'est des choses qui, en tout cas, ne me semblent pas feintes dans la mesure où elles sont continues, où, en fait, le personnage retrouvé en entretien, c'est le même personnage dans ses textes. Mais de fait, c'est vrai qu'elle a ce truc très étonnant qui est d'avoir, justement, une sorte... Il y a tellement de modèles, de thèmes structurants qu'au bout d'un moment, on se pose des questions.

  • Speaker #0

    On peut se pointer du doigt et les voir. Peut-être résumer le livre ? Alors, c'est une autobiographie. Amélie Nothomb, pour donner des éléments de contexte, elle est née au Japon, elle a vécu au Japon jusqu'à ses 5 ans, car son père était ambassadeur là-bas. Ensuite, elle y est revenue dans sa vingtaine pour y travailler, et ça a donné le livre pour lequel elle est connue, Stupor et Tremblement.

  • Speaker #1

    Et Nidave Nidadan,

  • Speaker #0

    qui est à cette période-là aussi. C'est-à-dire qu'il y a un livre sur le travail et un autre sur l'amour. Et en fait, là, elle y retourne pour la troisième fois, parce qu'elle y est retournée encore une fois.

  • Speaker #1

    c'est ça en fait en effet il y a l'expérience de l'enfance primordiale et structurelle ou d'ailleurs dans Métaphysique des tubes par exemple donc l'enfance au Japon qui est vécue comme un Eden un âge d'or etc tout ce qu'on veut ensuite il y a ce moment à la fois dysphorique et en même temps exaltant qui est le fait de retourner travailler au Japon, Superétanglement qui était le grand hit de Nothomb, il faut le dire que Nothomb lui en avant et en après, le Superétanglement et le Grand Prix de la Garnierie Française qui était adapté dans la foulée au cinéma il y a vraiment ce truc là où elle a été catégorisée là-dessus. Et ensuite, il y a ce texte-là, dont il faudrait qu'on parle un petit peu un moment, qui est La Nostalgie Heureuse, qui est sorti juste après Fukushima, etc., en 2013, où elle retourne déjà au Japon, après avoir quitté le Japon, au moment du patrouillement. Et en fait, c'est un des problèmes ou une des questions qu'on peut se poser par rapport à ce texte-là, c'est qu'est-ce que ce texte apporte de nouveau, puisque Emile Nothomb nous avait déjà fait le coup, en tant que lecteur, du retour au Japon après. ces moments soutenants.

  • Speaker #0

    Là, on a un deuxième retour, mais qu'elle subit un peu, parce que c'est sa pote qui lui dit, allez, j'ai gagné un prix, j'ai droit à deux semaines de vacances, et j'ai choisi le Japon, et tu viens avec moi. Il y a deux personnages dans ce livre, il y en a plusieurs évidemment, mais les deux centraux, c'est Amélie Nothomb elle-même, et puis Pep Benny, qui est un pseudo, mais qui est une photographe, et d'ailleurs je vais citer le tout début du livre, comme ça, ça vous donnera... Le contexte. Début 2021, Pepe Beni remporta le prix Nice et Fort Niépcé pour son magnifique recueil de photographies tombées du ciel qui raconte la guerre du Pacifique côté Japon. Elle gagna ainsi un aller-retour long courrier pour deux personnes. Toutes les destinations desservies par la France étaient envisageables. Pepe Beni, bon, après elle raconte qui est Pepe Beni et elle me dit Pepe ma plat pour m'annoncer la grande nouvelle. La destination que j'ai choisie est le Japon et c'est toi qui m'accompagne. Le livre raconte le départ dans l'avion, ensuite une première partie à Kyoto, une deuxième partie à Tokyo, et ensuite le retour. Donc c'est un livre qui dure deux semaines. Et donc, ce qui est intéressant, je trouve, c'est qu'il y a vraiment une sorte de ping-pong entre Amélie Nothomb, qui est assez submergée par ses émotions, qui est très sensible, et de l'autre côté, ce personnage de grande... Enfin, un personnage très couleur,

  • Speaker #1

    quoi. Oui, et c'est un personnage, on pourrait dire, quasiment de dominatrice. Enfin, j'ose quasiment le mot, parce que en fait, tu l'as mentionné, mais... Elle ne veut pas y retourner. Son ami lui dit, si tu y vas, elle y retourne. Comme je l'ai dit, pour des raisons qui s'expliquent aussi par rapport au temps précédent, mais son ami lui dit, tu ne seras pas nostalgique. Noton s'empêche d'être nostalgique. Son ami lui dit, je veux changer d'hôtel absolument. Et elle change d'hôtel. En fait, c'est elle qui va provoquer la narration. C'est-à-dire que dans le fond, tout va être motivé par ce que Pef veut faire. Et Noton est très passive dans ce voyage.

  • Speaker #0

    Et c'est un voyage qui est finalement très touristique. Elles vont dans des endroits... Kyoto, qui sont les lieux touristiques connus, à Tokyo aussi. Alors, heureusement, à Tokyo, elle rencontre une troisième personne qui est Alice, qui est une expat, qui, elle, va un peu les détourner des sentiers battus. Et donc, c'est quand même pas mal un récit de tourisme. C'est ça qui est assez frappant, c'est que, comme elle se refuse à une certaine forme de nostalgie, eh ben, on reste quand même... Enfin, moi, la lecture que j'ai eue, c'était que vraiment, j'étais genre Mais pourquoi elle va pas plus loin ? Pourquoi elle se refuse à...

  • Speaker #1

    Alors, la réponse que je peux t'apporter un peu, c'est qu'en fait, elle est déjà allée plus loin. Elle est déjà allée plus loin dans une stratégie heureuse, où elle est retournée sur l'île de son enfance. Elle n'a pas recommencé à faire ce qu'elle a déjà fait. Elle a déjà tellement épuisé ce rapport au Japon que dans l'absolu... explorer le Japon en tant que touriste, c'est une expérience qu'elle n'a jamais faite. Et d'ailleurs, elle le dit elle-même, elle le dit à un moment, bah oui, en fait, moi j'ai vécu là, je suis jamais dans ce parc-là, parce que c'est là où vont tous les touristes, tout comme les Parisiens ne vont jamais en haut de la Tour Eiffel, ce qui est vrai. Et du coup, là, elle se dit, bah ok, ne serons-nous pas nostalgiques, au contraire, faisons ces expériences-là touristiques, et voyons ce qui se passe. Et d'ailleurs, elle fait du noton, c'est-à-dire que, comme elle est un noton, et c'est pas n'importe qui, et bien, quand elle va dans un lieu touristique, bah, elle est quand même émue aux larmes. Elle est toujours saisie d'extase, je pense que c'est ça qui caractérise le noton. Elle pleure toutes les 15 pages, il y a des extases toutes les 50 pages, et ça en fait un voyage un peu pas comme les autres.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, parce qu'on raconte la vie d'Amélie Nothomb, mais je vais raconter aussi la mienne. Il se trouve que moi, je suis allée à trois reprises au Japon, un peu dans des circonstances qui sont étonnantes, parce que j'étais avec mon frère et mon frère par le japonais, donc ce n'était pas du tourisme pur, mais ça restait méga du tourisme. Et moi, j'y suis allée dans ces endroits, et être capable d'extase dans ces endroits-là, c'est très impressionnant, parce que tu es vraiment... Enfin, il... foule de touristes. Et quand il n'y a pas des touristes, il y a des, comme elle le raconte, des cartes de japonais, des tutos japonais, etc. Quand je l'ai lu, c'était genre, ah ben, on n'a pas eu la même expérience. Et donc, bon, il faut le dire, c'est assez touchant de savoir qu'elle est capable quand même d'être émue, d'apprécier le côté esthétique de l'art.

  • Speaker #1

    Ou de s'émerveiller. Et je pense que le mot de extase il est important parce qu'en fait, c'est... Bon, même si on verra que c'est souvent, parfois, j'ai l'impression, en tout cas, dans un mode un peu dégradé, mais c'est des sorties d'elle-même, quoi. C'est-à-dire que c'est des moments où, en fait, elle est d'un coup saisie. et alors parfois elle est rattrapée par le réel t'en parleras sûrement peut-être après mais voilà c'est vraiment où d'un coup les choses matérielles reviennent mais sinon elle a une sorte de rapport au monde et même au réel qui est très souvent diffracté et d'ailleurs j'en parle parce que c'est ce qu'elle disait déjà dans sa visée heureuse elle disait tout ce que l'on aime devient une fiction le Japon est la première des fictions et de fait elle nous propose et il faut le dire quand même je le trouve en tout cas une vision un peu fantasmée du Japon moi je suis jamais allé au Japon et j'ai pas de passion particulière pour le Japon mais il se trouve que Noton, elle nous sort tout ce qu'on imagine sur le Japon. C'est-à-dire que tous les clichés que j'ai sur le Japon, c'est une personne qui nous a transmis, c'est Noton. À savoir, le monde des entrepreneurs japonais est très dur, les Japonais sont très rigoureux. Et là, on a toutes ces images-là, qui sont dans le livre, à savoir si on est tatoué, en fait on est un akusa donc on ne rentre pas dans les bains. Et d'ailleurs, il n'y a pas besoin d'avoir quelqu'un pour interdire à l'entrée, parce qu'au Japon, le surmoi est tellement puissant que la simple interdiction suffit. Et même l'auberge dans laquelle elle s'arrête au début avec le héron. Le héron, animal japonais aussi par excellence. Le tatami frais, notons, disons, ne va pas déconstruire, jamais, en tout cas, l'image TH du Japon.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose dont je voulais parler, c'est-à-dire que moi, la raison pour laquelle mes parents m'ont offert Neda Vinadon, c'était un peu parce que j'étais obsédée par le Japon quand j'étais ado. et donc ils se sont dit bon tu vas arrêter de lire du Naruto tu vas lire du Amélie Notho à la place et donc j'ai vraiment eu cette obsession là et ensuite ça s'est vraiment dégradé c'est fini j'ai plus du tout d'obsession pour le Japon parce que j'y suis allée et que je me suis rendu compte qu'en fait bon c'est un pays comme un autre en fait c'est ça qui est marrant c'est qu'elle elle se refuse à faire ce truc du style bon bah en

  • Speaker #1

    fait calmez-vous les nerds tu vois dans cette nature là tu vois ensuite pour la défendre précisément c'est ce que je racontais également c'est qu'en fait elle fictionnalise le Japon c'est à dire que elle va forger des images d'épinal dont elle ne va pas sortir, mais parce que c'est son mode d'être à elle et parce que c'est aussi il faut le dire, une expérience particulière. Elle a effectivement grandi au Japon. Sa langue maternelle, en fait, c'est le japonais. Et ça, c'est quand même très particulier. Et donc, évidemment qu'elle fantasme. Ce pays, c'est normal que ça arrive d'avoir d'images qui va leur innerver toute son oeuvre. Et c'est pour ça, d'ailleurs, à mon sens, que le fait que ce roman soit déceptif, ou du moins que moi je l'appréhende comme tel. En fait, c'est conçu pour.

  • Speaker #0

    Et je trouve qu'un truc qui marche bien, c'est que en fait, elle, justement, n'a pas un rapport de touriste et c'est limite... pour ça qu'on aime bien Amélie Nothomb c'est que certes elle est française pardon elle est belge elle est francophone mais elle est capable de nous donner une expérience un peu qui sera plus authentique que ce dont on a accès quand on est au Japon en tant que touriste qui est vraiment une sorte d'opacité terrible le fait que t'as l'impression tout le temps d'emmerder tout le monde d'être mal poli en permanence juste en étant là D'ailleurs, je voulais en parler, mais il y a moi mon passage. Moi, mes passages préférés de ce livre, c'est quand même les passages un peu rocamboles où Pep commence à casser les couilles à tout le monde. Donc, il y a le passage où elle entend des voix la nuit dans le Rio Cane et donc veut changer d'hôtel parce qu'elle a entendu quelqu'un parler dans la nuit. Trop bizarre, quoi. Moi, je serais à mes dînatoires, je lui dirais, tu arrêtes ou rentre dans la chambre. Mais non, elle se laisse un peu faire.

  • Speaker #1

    Et puis, surtout que l'expérience est quand même très forte. C'est-à-dire que non seulement elle est réveillée à 1h du matin, mais en plus, elle est forcée d'aller parler. au propriétaire de l'hôtel et de lui raconter cette histoire un peu rocambolesque. Le propriétaire consent de manière extraordinaire à accepter un changement de chambre, mais Pep n'est pas satisfait de la nouvelle chambre, et donc... Les deux se retrouvent à... Enfin, Pepe force Aminoton à quitter l'hôtel en pleine nuit. Elles errent ensuite pendant une heure.

  • Speaker #0

    Oui, elles trahissent des prostituées.

  • Speaker #1

    Et voilà, des geishas, etc. Avant de revenir des fêtes. À l'hôtel, on s'en va en fête.

  • Speaker #0

    Et ça finit, page 48. Quand je rejoins Pepe pour le petit-déjeuner nippon, je m'aperçois que la jeune serveuse lui parle désormais avec une admiration appuyée. Elle voudrait lui apporter ses aliments à la bouche comme une geisha. Je traduis des périphrases avant de comprendre la situation. Le tenancier a dû dire à ses employés... des horreurs à notre sujet, et surtout sur celles qu'il commandait. Rien d'absurde à supputer que cet homme doit être très impopulaire auprès de celles qu'il tient pour des servantes. Ce devrait être la première fois que quelqu'un s'adressait à lui avec insolence. Si l'on ajoute que Pep est une femme étrangère qui semble âgée de 30 ans à peine, on peut imaginer la fureur du despote, d'où la jubilation des employés. Donc finalement, tout est bien qu'il finisse bien, parce qu'en fait, elle parle la voix du peuple.

  • Speaker #1

    Et ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, dans l'absolu, Pep, elle n'a pas de surmoi, contrairement à Noton, qui, elle, justement, est prisonnière. Alors, on en parlera, parce qu'il y a une image du père, je ne suis pas fan de psychanalyse, mais, pour le coup, vaguement psychanalytique à faire, en tout cas, qui est suggérée très fortement dans le roman, parce que si vous avez lu Supleur et tremblement en fait, c'est un des enjeux du texte, c'est-à-dire que Noton arrive et doit se conformer à un moule qui n'est pas le sien, et, en fait, elle se fait détruire psychiquement par sa nature toxique. Et elle a quand même une figure d'admiration qui est Fubuki, qui incarne, encore une fois, une sorte de perfection japonaise qui, elle, a réussi à renoncer les codes. Et donc, Pep, elle, c'est l'inverse. Pep, elle arrive, elle casse tout. Et pour autant, elle suscite l'admiration. Et ça, je pense que Noton, c'est quelque chose qui l'a... Oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce qui ressort de la lecture aussi, c'est un peu que Amélie... Amélie,

  • Speaker #1

    ça y est. Ça y est, on devient proches. Allez,

  • Speaker #0

    allez. Que Amélie Noton, elle a des figures tout à l'heure. Alors, en fait, la grande différence entre ce livre-là et... je crois, et nostalgie heureuse, c'est que son père est mort. Et son père, c'est lui qui lui a appris le japonais. C'est lui le japonais dans l'histoire. Quand même, il ne l'est pas, mais bon, bref. Et donc, on sent qu'il y a un peu la perte du père qui ressort pas mal dans la lecture, quand bien même, on a l'impression qu'il y a une sorte de frein, qu'elle ne veut pas aller au fond de sa pensée là-dessus.

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que c'est un point très important parce que le père, c'est quasiment, on pourrait dire, le troisième personnage, le quatrième, bon, du roman. Bon, le père absent. Pour le dire rapidement, Nothomb elle-même le dit d'ailleurs dans le texte, elle n'était pas si proche de son père. Elle était très proche de lui quand il était enfant et puis ils se sont un peu éloignés. Mais il se trouve que le père est rentré en force dans l'œuvre de Nothomb avec premier sang, en fait qui est une biographie mais pour le coup littéralement fantasmée du père. Vraiment. Et le père est décrit comme si c'était un reuil. Le père meurt. Et cette mort du père provoque un déchirement chez elle qu'elle explore dans Psychoponte, dans le livre des Sœurs. Et en fait, elle va quelque part devenir... On pourrait dire de plus en plus m'éterrer, de plus en plus folle, comme si la mort du père avait fait sauter des virons psychiques. D'ailleurs, on le voit, tout ce qui est lié au père dans L'Impossible Retour donne des scènes assez truculentes, mais presque un peu gênantes, puisqu'elle se met à chanter du théâtre renaud, parce qu'elle affirme ce qui est potentiellement vrai, que tout ce que son père pourrait dire en japonais, elle le retient systématiquement. Et donc, elle déclame des choses comme ça, et de fait, elle se conduit comme si elle était encore sous le regard du père et en même temps, comme si elle était libérée de lui. Et donc, il y a une sorte de présence-absence qui se trouve sur tout le roman.

  • Speaker #0

    Il y a un autre passage. En fait, c'est marrant parce que tu as le père qui serait une sorte de surmoi et puis tu as Pep qui fout la merde. Et le deuxième... Moi, mon passage préféré, c'est le passage sur les toilettes parce que je dois avouer que si j'ai un combat dans la vie, c'est les toilettes publiques. Le fait que les toilettes publiques pour les femmes soient aussi inaccessibles, c'est juste insupportable. Bref, voilà. Tangente. D'ailleurs, à ce propos, il y a... podcast de Arte Radio qui est super, qui s'appelle Pose Pipi. Donc si ce passage intéresse les auditeurs d'AuteurFond, je vous conseille Pose Pipi. Elles sont sur l'autoroute et elles veulent s'arrêter pour aller aux toilettes à la station-service. Gérald s'arrête à une station-service pour prendre de l'essence. Pep et moi, nous, en profitons pour courir aux toilettes. Comme partout sur cette planète, il y a la file aux toilettes pour femmes et personne aux toilettes pour hommes. C'est embêtant car j'ai très envie. C'est comme cela. Moi, je vais chez les hommes, déclare Pep. Dont acte. Je n'ai pas le temps de lui dire qu'ici, c'est inconcevable. Les gens ne montrent rien de leur indignation. La marquée serait une grossièreté supplémentaire. Mais je sais qu'ils sont médusés. Il faut être une étrangère pour se conduire ainsi. Voilà ce qu'expriment leurs visages phlegmatiques. En fait, moi, je trouve qu'il y a un peu une sorte de fantasme du japonais typique, tu vois. Et cette idée que genre... En fait, ils ont tort, ces mecs-là. Enfin, ça... cette conformité à une sorte de règle. Enfin bref, moi je trouve ça un peu pénible. Il y a un passage où elles apprécient le Japon, elles apprécient cette conformité, elles sont là genre c'est bien, c'est propre. Quand elles reviennent en France, elles sont là genre oh là là, les gens sont pas mal gentils. Mais en même temps, enfin, je trouve ça un peu pénible le côté genre fétichisation du japonais type qui est genre quelqu'un d'un peu soumis.

  • Speaker #1

    Il y a un film qui je pense moi en tout cas qui m'a marqué, encore une fois, je suis jamais allé au Japon. Je précise parce que j'ai vécu ce film comme étant une expérience peut-être plus authentique que ce dont parle le ton même si il y a des points communs c'est Perfect Days de Jim Vanders en fait c'est quoi l'histoire c'est quoi l'intrigue c'est simplement un japonais qu'on sent déclassé dont l'unique travail est de nettoyer les toilettes publiques au Japon donc là les gens ont retrouvé la passion pour les toilettes dans ce film parce qu'il y a des scènes qui sont presque des scènes d'ASMR où en fait on voit pendant 10 minutes un homme nettoyer les toilettes publiques avec un dévouement extraordinaire et en fait c'est aussi une manière pour Jim Vanders de filmer ses toilettes publiques japonaises d'ici dans la vie qui sont très différentes évidemment de nos toilettes à nous et là on retrouve

  • Speaker #0

    ensemble de clichés ou d'images d'épinal qu'on a sur le Japon, à savoir cette obsession de la propreté, et en même temps, il y a des scènes qui sont quand même assez belles et puis assez sales, aussi on voit que tout ne correspond pas à cet étos-là, mais ce film-là montre aussi, je pense, ce rapport à l'ordre et au désordre. En somme, on pourrait dire que chez les Japonais, il y a ce truc-là par un. Je ne vais pas gloser sur les japonaises. Il y a ce truc de l'ordre extérieur et parfois un désordre intérieur qu'on retrouve de différentes manières. Ça peut être justement le fait que les droits de public sont très propres, mais que l'intérieur, par exemple, des japonais peut être très sale. Ça peut être aussi que les japonais ne présentent pas beaucoup leurs émotions. On voit dans Rari, c'est un très bon exemple, il y en a deux, mais dans Nia Vidadan, elle parle de son amant. Elle a été pendant deux ans en couple avec Rari. Et Rari, en fait, c'est un homme... qui est très doux, très affable, etc. Mais on sent qu'il y a une sorte de tempête émotionnelle à l'intérieur, mais en fait, qu'il accepte. Et on trouve ça aussi, évidemment, chez Kawamata, dans un texte qui est quasiment aussi archétypal, Neige sur le mont Fuji Bon. Et en tout cas, ce clivage entre l'ordre extérieur et l'ordre intérieur, c'est quelque chose qu'on pousse du doigt parfois chez Noton.

  • Speaker #1

    Ça pour dire, là, elle est accompagnée d'une occidentale francophone.

  • Speaker #0

    La plus japonaise des francophones. Voilà.

  • Speaker #1

    Avec Super Rétremblement, on a cette impression qu'elle a quand même été assez traumatisée par le Japon quand même. Et là, tout d'un coup, quelqu'un arrive en disant Non, mais ce n'est pas normal. Et ça lui fait un peu tout drôle. Et je pense que Pep, elle a ce rôle-là de lui montrer que son rapport un peu de dévotion au Japon, en fait, il y a des moments où tu peux faire preuve d'une certaine forme de critique ou en tout cas de décalage de pas de côté. Peut-être que ce dont on pourrait parler, c'est... Alors, on a parlé de la figure tutélaire du père. Mais en fait, l'impossible retour, il y a une autre figure tutélaire dans le titre qui est Nietzsche.

  • Speaker #0

    J'aime bien cette voix que tu as prise pour parler de Nietzsche.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut dire Nietzsche de manière en passant ?

  • Speaker #0

    Mais en fait, j'ai envie de faire un tout petit parallèle. C'est qu'autant je pense que j'ai un rapport ambigu au Japon parce que je n'aime pas trop... les gens qui sont allés au Japon. Autant j'ai un rapport ambigu à Nietzsche parce que les lecteurs de Nietzsche me font toujours peur. Ah mais moi aussi,

  • Speaker #1

    moi j'ai une théorie, c'est que le plus grand red flag chez quelqu'un c'est quand il me dit Ah, j'adore Nietzsche. Alors que je connais plein de gens qui... Oui,

  • Speaker #0

    on peut avoir un rapport apaisé à Nietzsche, c'est possible !

  • Speaker #1

    Mais franchement, j'ai des souvenirs en prépa où un mec essayait de me draguer et tout d'un coup il dit Ah ouais, moi ce que j'adore lire c'est Nietzsche. Et je fais genre Calm down, ça ne va pas être possible. J'aime bien Nietzsche,

  • Speaker #0

    j'aime pas les lecteurs de Nietzsche.

  • Speaker #1

    c'est aussi un moment je pense que les lecteurs de Nietzsche sont capables de se rendre compte que c'est un red flag d'être un grand lecteur de Nietzsche bref tout ça pour dire Nietzsche à la fin elle explique en fait le titre et en même temps son expérience qui est qu'il y a un peu une sorte d'échec moi je l'ai vu comme un échec ce qui s'est passé en fait pendant ces deux semaines c'est qu'elle n'a pas réussi à réellement revenir notamment quand elle parle de son passage à Tokyo où elle se rend compte qu'elle ne se souvient d'aucune toponymie et qu'elle ne connait pas le nom des gares elle ne connait pas les quartiers elle confond un quartier avec un autre et là tout d'un coup elle est un peu moi je trouve qu'on a cette impression qu'elle est piégée par sa marque de fabrique elle est un peu genre ah mais je me suis bâtie une...

  • Speaker #0

    moi si je puis me permettre un jeu de mots lacanien très mauvais elle est du père je pense qu'il y a de ça en fait ce fait qu'elle est perdue dans le pays de son enfance, le pays du père, ça fait que précisément, et c'est d'ailleurs assez agaçant parce que c'est déjà une limite du livre, c'est qu'elle est devant des lignes iconiques, elle est devant des choses dont elle est supposée se rappeler et dont elle n'a jamais la mémoire. Et je crois que c'est ça qui crée chez elle une forme de décalage et une forme de mélancolie profonde par rapport à ce voyage non désiré, mais subi. Et de fait, c'est un voyage qui manque l'éternel retour. Parce que pour le dire très rapidement et sûrement avec une forme d'approximation, chez Nietzsche, la théorie de l'éternité. Ce n'est pas une théorie, c'est un moment dans Zaratoustra. C'est vraiment très bizarre. Zaratoustra, c'est quand même de la fiction. C'est un dispositif philosophique particulier. En tout cas, il y a cette idée d'amorphatie, de fait que chaque moment qu'on expérimente sur Terre ou qu'on vit sur Terre, il faut réussir à le savourer ou à l'accepter de telle sorte qu'on puisse le vivre éternellement, ou du moins le vivre de manière sans cesse recommencée, sans en éprouver une forme de dégoût. Et c'est cette expérience-là qu'elle n'arrive pas à faire, parce que ce voyage-là, encore une fois, est une forme de déception. Peut-être qu'on peut lire le passage en question. L'éternel retour. Adolescente, quand j'ai découvert cette formulation, sans connaître le sens que Nietzsche lui attribuait, j'ai été éblouie. Il existait donc un ordre du destin, une injonction à retrouver le lieu initial et idéal. Si même un philosophe allemand le décrirait, j'y arriverais forcément. Et puis, j'ai su qu'il s'agissait de l'éternel retour de l'identique, et que cela n'avait rien de géographique. Nietzsche précisait qui n'avait pas d'idée dont il apportait autant de se réjouir, et je ne voyais pas pourquoi se la poser problème. 40 ans se sont écoulés depuis, et je comprends pourquoi c'est si ardu. À l'échelle de ma vie, l'éternel retour de l'identique consiste à aller au Japon pour m'apercevoir que ce retour est impossible, que l'amour, le plus absolu, ne donne pas la clé. Donc en fait, chez Noton, Noton prend l'image du dernier retour pour dire que précisément, en fait, elle n'arrive pas à se saisir de ce retour au Japon pour se replonger dans ce qui avait été pour elle une source de bonheur. Il y a un point intéressant, c'est que dans le précédent retour au Japon, donc la nostalgie heureuse, elle développe un concept, à partir d'un mot japonais qu'on imagine fantasmé, c'est ce concept de nostalgie qui serait le bonheur d'être triste. C'est-à-dire de nostalgie mais qui ne serait pas un retour en arrière, noster, algos, la douleur du retour, mais qui serait au contraire une puissance qui permettrait d'appréhender l'avenir. Et donc ça, c'est ce qu'elle a pu expérimenter quand elle est retournée en 2013, quand elle retrouve... ça nourrit son premier amour, etc. Et en fait, elle parle de choses très apaisées.

  • Speaker #1

    Mais tu crois que c'est aussi parce que Pep, elle lui a tellement cassé les mains. Mais oui. C'est ça, le problème d'Akaria, ton basse-malacons.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est vrai. C'est vrai qu'ensuite, c'est un voyage qui avait l'air en fait assez éprouvant. Je pense qu'on peut dire, surtout pour quelqu'un qui est fait d'habitude, comme Noton, je pense qu'il y a ce truc de, ben oui, être... En fait, c'est Michaud qui, cette phrase que j'adore, il dit, le mal, c'est le rythme de l'autre. Et en fait, c'est quelque chose qu'on ressent vraiment en voyage. L'autre nous impose des horaires, des lieux. Et en fait, notons, elle est dans ce truc-là où elle n'arrive pas à trouver son biorhythmie, son rythme qui lui serait propre, peut-être. Ce qui est d'autant plus troublant, mais il faudra qu'on en parle ensuite après, mais c'est le rapport à la littérature. Et c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, il y a Nietzsche, il y a le père, mais il y a aussi deux autres auteurs qui sont cités plusieurs fois. Alors, elle ramène Huysmans avec elle. Alors, c'est lequel ? À rebours. Donc, elle lit à rebours pendant tout le... Alors, le titre marche bien, parce qu'à rebours, elle est à rebours. Et aussi Mishima, parce qu'en fait...

  • Speaker #0

    Le pavillon d'or.

  • Speaker #1

    Mishima, bon, en fait, elle en parle en passant, un peu en mode, on est dans des endroits dont Mishima parle, donc ça me permet de mieux vivre, de mieux voir.

  • Speaker #0

    Mais là, s'il y a vraiment une forme de faiblesse que je peux quand même pointer, c'est que dans L'Eustache des Heureuses, elle fait exactement la même réflexion sur Mishima et sur le pavillon d'or.

  • Speaker #1

    Ok, donc en fait,

  • Speaker #0

    voilà. Vraiment, je me suis dit, bon... Néanmoins, à 8 semaines, c'est vrai que c'est une nouvelle référence.

  • Speaker #1

    Parce qu'elle ne l'avait pas lu, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, elle le relit. Elle a des phrases comme ça. Encore une fois, les phrases maximes de nos dons, c'est très marrant. On trouve, je crois, dans ce genre-là, elle dit relire un livre toujours en acte d'amour Ça fait un peu phrase pour Todd Bagg.

  • Speaker #1

    Trop drôle, parce qu'en fait, il y a Laure Murat qui a fait une sorte d'enquête auprès d'écrivains sur la relecture. Et en fait, tu te rends compte que tout le monde dit... Ça s'appelle relire de Laure Murat Et tu te rends compte que c'est... Ils disent tous la même chose. Et ils relisent tous, soit Proust, soit James Joyce.

  • Speaker #0

    Parce que c'est des livres qui sont inépuisables. Après, il y a un chef-d'oeuvre là-dessus que tu connais sûrement, c'est parler des livres qu'on n'a pas lus. Je viens de l'acheter. Vraiment, je te jure. C'est un peu décevant, mais c'est plein de séries de points sur notre rapport à la lecture. Mais il y a un truc qui est essentiel, qui dit, et que je crois vraiment, c'est qu'on peut avoir lu des livres qui nous ont moins marqués que des livres qu'on n'a pas lus. dont on va parler, qui nous apporte plus. Et en fait, en gros, la question de savoir si on a lu un livre, c'est une question bien plus compliquée qu'il n'y paraît. Par exemple, je prends le ton, j'en ai eu 30 à peu près, il y en a peut-être 28, bon. Il y a des tons dont j'ai aucun souvenir.

  • Speaker #1

    Exactement, le même réflexion que je me suis faite, c'est qu'à rebours, je l'ai lu, aucun souvenir. À un moment, elle parle de la tortue, et je dis là, genre...

  • Speaker #0

    Alors, moi, il se trouve qu'à rebours, je l'ai lu, évidemment, enfin, pas du tout évidemment, mais je l'ai lu, alors, j'ai même eu une expérience. en aparté, mais parce que c'est le champs d'une expérience de lecteur qui est très très forte, enfin, en tout cas, je le trouvais très forte, c'était il y a 15 ans, dans le métro parisien, je lisais Arbour de Huysmans, et en face de moi, il y avait une fille qui lisait aussi Arbour de Huysmans. Alors, c'est pas un bouquin, genre, inconnu, mais le fait de lire le même livre, dans le même wagon, ben, on sait, il y a une sorte de reconnaissance d'un lecteur résiste, et on s'est regardé, et on a parlé. Et voilà, mais bon. Mais en tout cas, Arbour, en fait, ce qui est intéressant dans son rapport à... Alors, il y a deux trucs que je voudrais pointer. D'abord, c'est le rapport de Noton aux classiques et aux auteurs. Moi, il y a un moment que je chéris particulièrement dans ma vie de spectateur, on va dire, de l'Internet d'une manière générale, c'est que j'ai une sorte de mépris, d'agacement, mais forcé évidemment pour Combini. Et Combini a un truc qui s'appelle le boucle. Il faut venir un auteur ou une auteure, et l'auteur, il a envie de parler du rapport au livre. Et il y a Méloton qui est intéressant, et comme d'habitude, qui est adorable dans cette émission-là, et le journaliste de Combini lui dit Ah, mais alors, quel est votre livre préféré ? Et là, elle sort une bombe. Mais qu'est-ce que... qu'à l'époque bien plus alti, mon livre préféré, ce sont Les Jeunes Filles de Monterland. Je ne sais pas si le lecteur, l'auditeur ou l'auditrice de Torchon a lu Les Jeunes Filles, mais c'est un roman qui est à la fois magistral, mais qui est vraiment, vraiment misogyne. Je veux dire, c'est pas... La misogynie de ce livre, c'est vraiment structurant. On ne peut pas en faire l'impasse, et c'est un roman qui, en fait, est peut-être aujourd'hui passé de mode, mais qui, s'il était lu par certains lecteurs ou lectrices, provoquerait peut-être des blocs de clés. En tout cas, le journaliste de Combini, qui n'a je suis désolé, mais apparemment pas le livre, n'a pas rebondi sur ce choix assez étonnant de choisir un livre profondément réactionnaire.

  • Speaker #1

    Et pas très compétitif.

  • Speaker #0

    Et pas très compétitif. Et en fait, à rebours de Huysmans, c'est un peu la même chose. C'est-à-dire qu'à rebours, c'est un texte très particulier, bon, fin de siècle, on trouve évidemment une porosité, une parenté, il ne faut pas exagérer non plus, entre Huysmans et Noton, qui est le choix des mots rares, mais ça s'arrête vraiment là, et c'est tout. mais il se trouve que à rebours c'est un roman qui est déjà japonisant enfin c'est à dire qu'il y a une sorte de passion pour le décadentisme et l'Orient et à rebours on est aussi un des symptômes mais il y a ce truc alors en fait Motton en parle puisqu'elle parle en fait de deux scènes du texte qui sont les scènes les plus connues alors c'est drôle parce qu'elle parle d'une des scènes en disant qu'elle s'en souvenait pas c'est la scène du dentiste parce que en fait non non mais je comprends en fait des scènes qui en fait un aristocrate décadent veut faire l'expérience du peuple donc des scènes en fait il a plein plein d'argent et c'est pas qu'on va faire de son argent en fait que l'électionne les œuvres d'art, les tableaux, les livres. Et en fait, à un moment, des saints se sont canaillés en disant je vais chez le dentiste chez les pauvres, pour voir ce qui va se passer Et donc, en fait, il est enceinte d'attente, et l'entendait groulement abominable, puisqu'on imagine qu'un dentiste populaire fin XIXe... C'est un arracheur de dents. Voilà, c'est ça. Et le point, il y a l'aristocrate, c'est pas un bourgeois, c'est vraiment un aristocrate, qui s'en canaille chez le prolo. Deuxième scène très connue, qui est mentionnée, et notons d'ailleurs, comme d'habitude, abuse, c'est quand elle évoque la tortue, parce que vraiment, je lui dis... Moi, je t'aime beaucoup, mais tu abuses. Ah oui, donc là, j'ai le passage où on parle du dentiste. Donc, elle dit simplement, par rapport au dentiste, Par ailleurs, j'avais oublié la scène du dentiste qui me traumatise. D'accord. Et la tortue, où est-ce qu'elle en parle ?

  • Speaker #1

    Dégrisée, je lis dans A Rebourg le passage où Désessante incruste des pierres précieuses la carapace de sa tortue. Relire permet, entre autres, d'expérimenter l'évolution de sa sensibilité. Je suis devenue beaucoup plus impressionnable qu'à 18 ans. La mort de la tortue me supplicie. Il s'en faut de peu que je laisse glisser une larme.

  • Speaker #0

    Voilà. Et ça, j'ai trouvé ça très drôle, entre guillemets, parce que, alors, c'est vraiment pas, pour le coup, et c'est peut-être intéressant, c'est ce qui est intéressant avec la littérature, mais c'est pas du tout l'effet que Huysmans veut produire. Quand il écrit ce passage-là, il décrit aussi une forme d'extrême esthétisme ou esthétisation du monde, qui serait l'idée de rendre, en fait, en gros, un objet vivant, enfin, de figer un objet vivant, c'est-à-dire de mettre de la mécanique sur du vivant, parce que la tortue devient plus un être vivant, mais, au contraire, une œuvre d'art. et pour parfaire cette vision-là, la tortue meurt. Et comme ça, du coup, ça devient un truc qui est figé. Donc, c'est terrible. C'est une scène de torture, effectivement. Mais c'est une scène qui, en fait, à moins d'être excessivement sensible, ne devrait pas...

  • Speaker #1

    Ce qui est le cas d'Amélis.

  • Speaker #0

    Ce qui est le cas d'Amélis....ne devrait pas susciter une larme. Et là, Noton nous dit que Huysmans a réussi à la faire pleurer. Et ça, c'est quand même dingue. De manière générale, quand elle parle de Huysmans, moi, ce que j'adore, ou quand elle parle de Baudelaire, quand elle parle de Michimac, quand elle parle de tout ça, en fait, Noton nous parle surtout d'une chose, et c'est là où je l'aime. je pense. Et c'est là où, en fait, Noton, pour moi, c'est quand même important. Enfin, je veux dire, c'est en fait, le fait que j'ai une sympathie pour Noton, ça vient du rapport qu'elle entretient aux œuvres d'art, ou à lecture, qui me semble, en fait, être un rapport tellement beau et tellement précieux que je suis content, quelque part, qu'elle vende ses livres. Parce que je crois que c'est quelque chose qu'il faut dire. Parce que les gens, en fait, ne croient pas que ça peut arriver. Mais Noton, on parle de la lecture et elle dit les choses suivantes. Anérima, nous repouvons Abel, le fils de Alice. L'adolescent a passé l'après-midi à lire l'œuvre de Zola. Et on parle avec un émoi sublime. Je me rends compte que c'est un livre qui manque à ma culture. Je lirai mon retour en Europe. À l'hôtel, je m'enfonce dans la relecture de Wismans. Les seuls moments où je ne doute pas de mon existence sont ceux où je lis. Là encore, phrase à tête bas, grâce à la formule. La littérature me paraît l'unique domaine où j'ai pied. Les aventures sensorielles de Désessante s'adressent à tout ce qui cloche en moi, c'est-à-dire tout. Il n'y a pas d'ivresse qui va à la lecture d'un roman que l'on croit écrit pour soi. Les voyages sont un espace privilégié pour lire. Je l'ai constaté tant de fois. J'aime ne pas avoir d'autres ancrages que le livre. Et je pense que là, en fait, c'est pas non plus fin. C'est-à-dire que, notons, elle a un rapport encore une fois assez poreux au réel. Et il y a cette idée, finalement, qu'en fait, la fiction et le réel peuvent se mêler, que tout ce qui compte, fondamentalement, c'est ce qu'on ressent. Et en fait, c'est ce que Wilde a pu dire dans sa mesure, on le dit, la mort de Rubinpré est un événement le plus dramatique de mon existence. C'est que, en fait c'est vrai, je pense que, enfin je dis ça ça a l'air choquant mais en fait ce qui est beau dans le fait d'être un être humain c'est qu'on peut s'attacher à la fiction et on peut lui accorder ce statut là et quelque part c'est un personnage de fiction plus de réalité pour nous dans notre monde intérieur que des gens qu'on croise et le ton de sel en fait une expérience évidemment sublimé, évidemment accentué, mais une expérience qui me semble authentique parce qu'encore une fois, c'est vraiment une des lignes de son oeuvre.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on va conclure là-dessus. Bon, est-ce que c'est un torchon, une bonne surprise ? C'est pas un torchon, ça c'est clair. Est-ce que c'est une bonne surprise ? Alors, bon, moi, j'ai été un peu déçue, tout simplement parce que j'ai pas lu beaucoup d'Amélie Nothomb et je pense qu'en fait, il y en a d'autres à lire. Je pense que si vous êtes comme moi et que vous avez pas lu beaucoup d'Amélie Nothomb dans votre vie, vous pouvez faire l'impasse sur celui-ci pour peut-être en lire d'autres. Peut-être un ou deux que tu recommandes ?

  • Speaker #0

    Alors oui, pour répondre à tes questions, Torchon, c'est très compliqué. Évidemment, ce n'est pas une surprise, parce qu'en fait, pour le lecteur habitué de Noton, il n'y a pas de surprise. C'est d'ailleurs un des points qui, moi, si personne ne me déçoit, j'aimerais être surpris par Noton. Pour l'instant, je ne l'ai pas été depuis très, très, très longtemps. Moi, je recommanderais volontiers plusieurs types de Noton. D'abord, son premier, Hygiène de l'Assassin, qui est un roman qu'elle a écrit à 26 ans, et qui, en fait, à mon sens, et je pèse mes mots... est un des meilleurs premiers romans allez, on va dire peut-être pas du XXe siècle faut pas exagérer non plus, mais de la fin du XXe siècle et du début du XXe siècle c'est un roman en fait qui met en scène une confrontation entre deux personnages, une jeune journaliste et un prénomène de littérature et qui est d'une violence extrême mais d'un raffinement poussé jusqu'au délire Qu'est-ce qu'on lirait à la place ?

  • Speaker #1

    Alors bon, on a dit quelques titres d'Amélie Noton, moi je conseillerais c'était lors de mon troisième voyage au Japon, j'ai lu Chroniques japonaises de Nicolas Bouvier, ça m'a vraiment énormément plu. C'est vraiment pas du tout le même type de voyage. Nicolas Bouvier, c'est un explorateur, un aventurier, un vrai voyageur et les chroniques japonaises sont vraiment super intéressantes. Et aussi, ça m'a vraiment donné envie de lire de la littérature japonaise que je connais assez mal, tout simplement parce que en fait, dans L'Impossible Retour, les japonais n'ont pas la voix au chapitre, à part s'ils travaillent comme serveurs, contrôleurs... tenanciers, enfin vraiment, les japonais sont quasiment absents du livre. Et je me suis dit, c'est quand même un peu gênant de lire tout un livre sur le Japon sans vraiment lire la voix japonaise. Il y a très longtemps, j'ai lu un recueil de nouvelles qui s'appelle Le faussaire de Yasushi Inoue, mais c'est vraiment la dernière fois que j'ai lu un auteur japonais.

  • Speaker #0

    Oui, alors moi, en fait, l'auteur japonais que j'ai le plus lu, c'est l'auteur japonais le plus occidental, Asamura Kami, je pense que j'ai lu, bon, pas tout, mais une bonne partie de son oeuvre. Et Murakami, le truc, c'est qu'il est fasciné par l'Occident, par le jazz...

  • Speaker #1

    Est-ce que Murakami, ça serait pas la Mélino tout le monde ?

  • Speaker #0

    Alors, Murakami, c'est vraiment... Il se fait rapprocher de Garcia Marquez, du Réunis de la magie. C'est des romans en fleuve. C'est des romans, en fait, justement, qui font partie de ce qu'on a pu appeler, de ce qu'on appelle peut-être à raison l'intertour mondiale. C'est-à-dire qu'on peut lire du Murakami en tant qu'occidentale, et je pense comprendre à peu près ce qu'il a voulu dire. Alors, récemment, j'ai lu... Murasaki. Alors, Murasaki, c'est quoi ? C'est une femme japonaise qui a écrit le titre du Genji au XIe siècle. Le Japon, quand même, au XIe siècle, l'or chrétien de Troyes à eux, c'est une femme. Et c'est une femme de la cause. Et qui raconte les intrigues de cour, les intrigues amoureuses, etc. Et moi, j'ai lu notamment le journal Murasaki, et en fait, c'est très, très bizarre, ça a l'air. En fait, en gros, je n'ai pas très bien compris ce texte, je pense. Parce que lire du Japonais du XIe siècle, c'est quand même un peu étrange. Mais on a l'impression, quand même, de lire quelque chose d'excessivement... moderne, parce qu'elle parle de son expérience du monde, de la vie, de la cour, et puis en même temps, il y a une sorte d'écriture très acérée, toujours sur... En fait, elle capture des formes d'instantané, où il y a une pensée de l'éphémère, enfin bref, c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on a d'autres choses à lire à la place ? Tu m'avais dit que tu voulais parler de mystique.

  • Speaker #0

    Oui, non mais, alors, parce qu'il se trouve que l'un des objets de la thèse, c'est sur la mystique, et que Noton, en fait, c'est la première étape de l'état de genre mystique. Elle a écrit un texte qui s'appelle Soif, qui est une biographie de Jésus. sous le nom de la mystique et en fait voilà c'est un bon premier pas mais comme je ne sais pas Paolo Coelho c'est une première étape il ne faut jamais enfin si c'est un thème qui vous intéresse il ne faut surtout pas s'arrêter à ça et penser que notons a pu dire quelque chose de l'indicible qui serait l'expérience mystique et dans ce cas je vous recommande quand même la nuit obscure de Saint Jean de la Croix qui est évidemment un texte pas forcément facile à lire mais qui n'est pas non plus impossible et comme c'est présenté comme de la poésie si on ne comprend pas tout ce n'est pas grave et il y a plein d'images impossibles qui sont merveilleux

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'ici. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à nous suivre sur notre compte Instagram arrobase torchon.podcastlittéraire pour nous donner vos idées et vos réactions à cet épisode. Et je vous conseille de le suivre pour plus de recommandations, plus de critiques et plus de coulisses. On vous embrasse et on vous dit à bientôt. Au revoir.

Description

Les livres d’Amélie Nothomb, c’est un peu les Beaujolais nouveaux de la rentrée littéraire. Chaque année, ils nous apportent un rituel joyeux et prévisible, et alors on se demande : il est comment le dernier Nothomb ? 


Torchon se penche dans cet épisode sur la toute dernière cuvée : L’impossible retour. S’il est, disons-le tout de suite, pas le plus réussi, on se retrouve face à un livre qui se déguste principalement par son rapport à la totalité de l’oeuvre de l’autrice. Notre chroniqueur et expert Pierre Poligone fait découvrir à Léa le plaisir des correspondances, des thèmes et des motifs. Le Japon, le champagne, la figure du père ou celle de Mishima, vous deviendrez incollable sur cette autrice à la fanbase ultra fidèle ! Mais une question persiste : un livre qui est bon grâce à ses correspondances à d’autres livres, est-il vraiment réussi ? 


Notre non-sponsor : le podcast Musique Déviante ! 


Livres d’Amélie Nothomb cités : 

L’impossible retour

Mercure 

La Nostalgie heureuse 

Pétronille 

Une forme de vie

Métaphysique des tubes

Ni d’Eve ni d’Adam 

Hygiène de l’Assassin

Soif


Autres choses citées : 

A rebours de Huysmans 

Le Pavillon d’or de Yukio Mishima 

Parler des livres qu’on a pas lu de Pierre Bayard 

Chroniques Japonaises Nicolas Bouvier

Le Faussaire de Yasushi Inoué 

La nuit obscure de Jean de la Croix 

Journal de Murasaki Shikibu

Pause Pipi d’Arte Radio 

Perfect Days de Wim Wenders


Torchon, c’est le podcast qui traite de l’actualité littéraire en lisant des livres pour que vous n’ayez pas à le faire. On est une bande de copain pas du tout critiques littéraires de profession, et pour chaque épisode on se retrouve en mode "club de lecture de l'extrême" et nous lisons un livre qui a fait l’actualité pour vous dire si c’est une bonne surprise ou bien un vrai torchon. Et restez jusqu’à la fin pour nos recommandations littéraires et culture ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Torchon, le club de lecture où on lit des livres pour que vous n'ayez pas à le faire. Pour chaque épisode, nous lisons un livre qui a fait l'actualité, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et nous vous disons si c'est une bonne surprise ou alors un vrai Torchon. Grâce à Torchon, vous pourrez briller en société et parler du livre du jour sans même l'avoir lu. Je suis Léa et aujourd'hui je suis avec Pierre. Bonjour Léa. Et nous avons lu Un impossible retour d'Amélie Nothomb, paru aux éditions Albain Michel en 2024. Et cet épisode n'est pas sponsorisé par le podcast Musique Déviante. En effet, chez Torchon, on parle surtout des livres archi-populaires pour les critiquer sans vergogne. Mais Musique des Viandes, c'est tout le contraire. Dans chaque épisode, vous découvrirez la face cachée de la musique, des artistes uniques, étranges et fabuleux, et souvent inconnus du grand public. D'ailleurs, après avoir écouté notre épisode sur les tribulations japonaises d'Amélie Nothomb, je vous conseille de faire un tour chez Musique des Viandes et son épisode sur Jun Togawa, artiste japonaise excentrique qui mangerait Lady Gaga au petit-déjeuner. Une artiste comme seul le pays du Levant est capable de créer. Mais pas tout de suite, d'abord, laissons la place à l'impossible retour. Alors pour te présenter, Pierre, tu es le cofondateur d'un média qui s'appelle Zone Critique, qui est sur la culture contemporaine et émergente. Donc ta spécialisation, c'est vraiment les petites pépites un peu cachées, les auteurs qu'on ne connaît pas encore très bien. Et pourtant, tu as une face cachée, c'est que tu as une passion pour certains auteurs archi-archi connus, comme Amélie Nothomb. Et d'ailleurs, tu m'as dit que tu les avais... tous lus. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que tu les as vraiment tous lus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai, je les ai vraiment tous lus. Merci beaucoup d'abord de m'inviter dans ce podcast. C'est vrai que Noton, elle a vraiment une place particulière dans la vie de lecteur et dans mon cœur. Elle a une place qui est liée à ma mère. Rapidement, la lecture a toujours joué un rôle essentiel dans ma vie. J'avais beaucoup de mal à dormir quand j'étais petit. Et simplement, la lecture, c'est une manière de meubler le temps. Et Noton, comme vous le savez peut-être, elle a commencé à émerger assez tôt, surtout avec Subarrêtement, donc on était en 99. Donc j'avais un... 6 ans, 7 ans, et en fait, ma mère avait ce truc incroyable de me raconter des histoires ou de me parler des livres même qu'elle lisait. Et il se trouve qu'un soir, avant de dormir, elle a commencé à me raconter l'intrigue de Mercure, un texte d'Aminoton qui est assez fascinant et terrifiant pour un enfant puisque, en gros, en deux mots, c'est l'histoire d'une jeune femme qui pense qu'elle est défigurée et qui, en fait, est au service d'un vieux monsieur. Et donc c'est une histoire, évidemment, quand on est enfant, on est terrifié. Et donc, j'ai eu ce récit un peu de cette intrigue qui m'a interloqué, interpellé. Et ensuite, j'ai commencé religieusement à lire tous les notons, les uns après les autres. Et c'était aussi un moment ou un moyen d'échanger avec ma mère autour de ces lectures-là.

  • Speaker #0

    Elle les lit aussi, elle les a tous lits.

  • Speaker #1

    Elle aussi, elle les lit tous, et même plus que ça. D'ailleurs, pour cet épisode-là, ma mère m'a dit, mais attends, il faut absolument que je te passe l'impossible retour. Donc il y a ce truc où non seulement elle les lit, mais en plus, elle me les achète. ils les achètent pour elle,

  • Speaker #0

    elle les lit d'abord et après elle me les passe d'ailleurs c'est trop drôle parce qu'on a remarqué que grâce à Amélie Nothomb on peut constater l'inflation du livre parce que comme elle en sort un chaque année là celui-ci est à 18,90 mais t'en as d'autres plus anciens qui sont un peu moins chers bah oui la Nostalgie Heureuse qui a été publiée en

  • Speaker #1

    2014 si je ne me trompe pas, il est à 16,50 Ninette Vindadant qui a plus de pages quand même puisqu'on frôle les 300 pages qui a été publiées en 2007 il est à 17 euros... mais au prix du noton n'est pas fixe, ça pourrait être un indice boursier comme l'indice Big Mac bon alors après évidemment un objet ou un livre de notons c'est un ensemble c'est d'abord une couverture avec toujours quoi qu'il arrive, une photographie un portrait d'Aminoton qui peut être en noir et blanc, qui peut être en couleur on la passe sous ses formes mais on l'aura toujours il y a un autre truc c'est que en fait Aminoton elle écrit aussi bien des textes de fiction que des autobiographies mais même si c'est un texte de fiction... on aura quand même son visage en couverture.

  • Speaker #0

    Oui. Mais d'ailleurs, il faut qu'on revienne sur certains points. Déjà, en fait, c'est plus un personnage qu'une autrice. Je ne sais pas comment expliquer ça, mais déjà, il y a plein de choses que je sais un peu par hasard sur elle. Par exemple, qu'elle écrit tous les jours, très, très tôt le matin. Il y a son obsession pour le champagne. Et il y avait quoi d'autre que j'ai appris ? Ah oui, qu'elle écrit un livre tous les ans, quoi.

  • Speaker #1

    Ce que tu mentionnes, elle en parle. C'est-à-dire qu'on aurait l'occasion d'en parler dans l'imprimé retour. Elle parle de sa pratique de l'écriture à 4h du matin, tous les jours. Alors ensuite, si on parle justement des mythèmes associés à Noton, il y en a plein. En vrai, il y a cette rigueur, cette assaise liée à l'écriture. Il y a cette passion pour le champagne qui est présente en fait en filigrane dans quasiment tous ses livres. D'ailleurs, dans ce livre-là, encore une fois, elle joue avec le mythe.

  • Speaker #0

    Parce qu'elle n'en boit pas.

  • Speaker #1

    Elle n'en boit pas dans le lit de jour. Et il y a Pele qui lui dit, mais comment mes électeurs vont savoir qu'ils ne boivent pas du champagne pendant le lit de jour ? Il y a des romans qui tournent intégralement, des textes qui tournent intégralement autour du champagne. Petroni, c'est vraiment le roman du champagne. Il y a aussi un mythe très important. c'est la question de la fidélité envers ses lecteurs et ses lectrices. Améliotton répond à tous ses lecteurs et ses lectrices chaque fois qu'on lui envoie un courrier.

  • Speaker #0

    T'en as écrit ?

  • Speaker #1

    Et oui. Alors, je ne l'ai pas amenée avec moi. C'est pas une connaissance privée pour autant, mais il se trouve qu'elle a répondu effectivement à mes réponses. Qu'est-ce que tu lui as posé ? Alors, en fait, c'était évidemment très intéressé, puisque, en fait, je lui ai fait une demande d'entretien. Parce que je me suis dit, voilà, après tout, il se trouve que, bon, j'ai une connaissance pas forcément exhaustive, mais du moins, je pense, assez précise de son œuvre. Et je lui ai dit, trop bien, j'ai envie de lui poser des questions que jamais personne ne lui a posées. notamment avec un ami qui s'appelle Pierre Cormari qui nous est aussi une sorte de vénération alors moi c'est pas mon cas mais lui en tout cas il y a vraiment une question de la vénération pour Noto et donc on avait préparé un entretien ensemble un certain nombre de questions elle m'avait répondu très gentiment vraiment pour le coup elle avait pris le temps de répondre mais sa réponse m'a un peu déçu parce que en fait en substance si je vous la livre elle m'avait dit mais vos questions sont si intelligentes et si pointues que je ne peux pas y répondre je vous dis ça en toute humilité...

  • Speaker #0

    adressez-vous plutôt à d'autres écrivains et voilà une politesse toute japonaise peut-être mais là non après j'ai deux choses que je voulais dire le premier c'est que oui en effet Amélie Nothomb c'est certes un personnage c'est aussi une fanbase de gens qui peut-être nous écoutent là tout de suite c'est ça qui est trop drôle c'est que c'est des gens qui sont assez intenses il y a des forums de discussion tu m'as dit il y a plein de gens qui leur et le il y a une raison à ça c'est qu'elle leur répond elle a un rapport très particulier avec eux donc ils se sentent un peu inclus.

  • Speaker #1

    Pour rebondir sur cette question de la fanbase entre les gays et les nôtroniennes, c'est vrai que c'est quelque chose qui ne vaut pas pour tous les écrivains. Mais en fait, avec une personnalité aussi marquée, aussi affirmée, avec cette manière même d'inclure directement le lecteur dans ses romans, Petroni, par exemple, au départ, c'est une lectrice, son vrai nom d'ailleurs, Stéphanie Auchet, de même que dans Une forme de vie, c'est un roman qui est directement adressé à son lecteur. Une forme de vie, ça va plus loin que ça. C'est plus pervers, En fait, c'est une correspondance. avec un lecteur qui dégénère. Donc en fait, elle met en scène son lecteur dans ses romans. Par ailleurs, elle a ce talent ou ce don d'hypermnésie, soi-disant, qui fait qu'elle se souvient du prénom de chacun de ses lecteurs. Et aussi, elle pratique le double graphisme. Ce qui fait qu'on a plein de choses qui font que, évidemment, le lecteur a envie de s'y retrouver, de percer le mystère. On aura l'occasion aussi d'en reparler, mais à mon ton, c'est surtout des thèmes structurants. C'est-à-dire que vraiment, il y a une recette, notons, qui fonctionne quasiment à tous les coups, avec des ingrédients savamment dosés, qui, avec le monde, en redemande. Et ce qui fait que, dans les forums autour d'Amilton, il y a beaucoup de gens qui vont faire des témoignages de lecture. Pour le coup, moi, qui, à mon sens, qui frôlent la pathologie, mais qui sont en même temps, je pense, d'une sincérité affolante, et des gens qui expliquent qu'Amilton leur a sauvé la vie. Parce que, précisément, elle a su jouer un rôle de, on va dire, marraine, sur toutes les lèvres un peu folles, un peu obsédantes. Et de fait, je pense que son exoncité en fait, voilà, une sorte de prêtresse. Alors, elle refuserait. évidemment ce rôle, et elle ne joue pas non plus avec ça, mais force est de constater que ce n'est pas une autrice comme les autres, et que son public n'est pas comme les autres. Oui,

  • Speaker #0

    elle a l'air vraiment très sympathique. J'ai un peu essayé de me renseigner avant de créer cet épisode, et donc j'ai un peu écouté deux, trois interviews que j'ai pu trouver, et vraiment, elle a l'air gentille, tu as envie de la protéger, elle est toute mignonne et tout, et je pense que c'est ça qui est marrant, c'est qu'elle a un petit côté gourou, et je pense qu'on en reparlera, mais en même temps, tu ne peux pas trop lui en vouloir, parce qu'elle a l'air en même temps toute mignonne. C'est sympa. Moi, je la compare pas mal à Mylène Farmer dans un certain genre. Le côté les thèmes, la fanbase hyper dévouée, le côté un peu esthétique. Alors, elle, c'est plus une esthétique japonaise. Mylène Farmer, c'est plus un truc un peu gothique.

  • Speaker #1

    Mais de fait, il y a des costumes un peu gothiques de Nothomb, parfois aussi. Alors, ce que tu dis sur la gentillesse de Nothomb, c'est tout à fait vrai. Je pense qu'il faut le souligner. Je peux donner plein d'exemples. J'en prendrai un. C'est que Nothomb, elle a cette capacité ou ce talent de valoriser ses lecteurs et même de leur accorder des choses je prends l'exemple, Pierre Carmary dont je parlais a écrit un texte sur un raccord nu et à une tourne a fait la préface demander une préface à un auteur tel que notons et qu'il le fasse c'est vraiment c'est une générosité rare et de même, elle se prend en photo elle se fait prendre en photo fréquemment elle répond, en l'occurrence elle m'a répondu négativement gentillesse quand même très formels et très appréciés aussi.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on peut passer au livre, parce que là, on vient de parler d'Amélie Nothomb, et je pense que c'est justifié, c'est-à-dire que c'est une oeuvre, enfin, ce livre est inclus dans une oeuvre plus large, mais l'impossible retour, donc, c'est le dernier, c'est la dernière cuvée d'Amélie Nothomb, c'est notre Beaujolais nouveau à nous, et donc c'est devenu un peu un marronnier de la rentrée littéraire, c'est genre chaque année, je crois que c'est au 15 août où elle publie son livre, et chaque année c'est un peu un succès à... d'édition alors peut-être Par rapport à d'autres, ça l'est moins, mais en tout cas, chaque année, c'est en tête des ventes, c'est en tête de condole, c'est sûr. Et l'impossible retour, c'est plutôt un texte autobiographique, quand bien même il y a des éléments de pseudonyme, par exemple. Et il est comment, alors, ce dernier ?

  • Speaker #1

    Alors, d'abord, je vais préciser une chose, c'est qu'elle écrit même, selon la légende, évidemment, trois livres chaque année. Elle soumet les trois à son éditeur, l'éditeur en choisit un, et les deux autres sont remisés dans un tiroir, sont brûlés. C'est-à-dire que personne n'aura jamais accès au texte. qui n'ont pas été publiées. Moi, j'ai l'impression que ça tient davantage dans la légende, en plus ça me fait doucement rire, parce que, je le dis d'emblée, il y a certains textes de Noto que je trouve vraiment très très faibles, en dépit de tous les mots que je lui porte, humainement, sans vraiment la connaître d'ailleurs, et je crois malheureusement que L'Impossible Retour en fait un peu partie, si je dois donner mon avis assez rapidement sur ce livre, je dirais qu'en fait, c'est un roman très fade, et d'ailleurs c'est étonnant parce qu'elle parle de cette fadeur-là, à un moment dans le roman, où elle goûte une... pâtisserie japonaise et qu'elle dit que c'est une fadeur qui est une douce fadeur, qui rend le dégoût quasiment impossible. Mais je pense qu'il y a de ça, c'est-à-dire que c'est un roman, on pourrait dire, aussi vite lu, presque aussi vite oublié. Elle dit précisément, Ce n'est jamais que de la pâte de riz, mais elle a cette saveur inscriptible pour laquelle je donnerais tous les gâteaux au monde. Faute de mieux, je l'appelle la fadeur poétique japonaise. J'ai conscience du caractère péjoratif de cette dénomination. Je ne me trouve cependant pas plus approprié pour désigner ce que vous peut marquer. en retrait, aux antipodes des saveurs prononcées des patries japonaises. Par exemple, s'il est en état impossible à atteindre avec cette iris comestible, c'est l'écœurement. Et je crois que on tient quelque chose. C'est impossible d'être écœuré par un roman d'Aminoton. C'est vrai. Mais néanmoins, il n'y a pas de saveur. Il n'y a pas de point saillant. On va en parler justement précisément de cette sorte de fadeur. En tout cas, moi, c'est le sentiment qui... que vous avez à la fin de la lecture ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai eu vraiment... Alors déjà, ça se lit super vite. Ah oui, et donc l'expérience que j'ai eue de lecture, c'est que juste avant, j'avais lu Les Années, qui est le roman le plus long de Virginia Woolf, donc pas celui d'Annie Arnault, mais de Virginia Woolf. Et donc, c'est l'inverse d'Annie Arnault, d'ailleurs, parce que c'est très long, c'est du stream of consciousness, et ça prend un temps de dingue à lire. Et donc, c'est le livre que j'ai lu directement après ça, et j'ai eu l'impression d'être, tu sais, genre un élastique qu'on tire, qu'on tire, qu'on tire, et là, vraiment, en une heure, je l'avais fini, quoi. Très anecdotique. Pour le coup, je ne connais vraiment pas très bien Amélie Nothomb parce que j'avais juste lu Ni dèv'ni dèd'en quand j'étais ado. Et j'avais un bon souvenir d'ailleurs de Ni dèv'ni dèd'en. Moi, ça m'a fait très plaisir à lire. C'était un vrai plaisir de lecture, surtout qu'elle écrit vraiment avec un style qui est très agréable. Oui, il y a un côté...

  • Speaker #1

    Si on parle un petit peu du style de Nothomb, c'est vrai qu'on pourrait en parler légèrement. Il y a des gimmicks que les fans reconnaissent. Déjà, il y a le choix et l'emploi de Morard. J'en prends un parce qu'elle l'emploie souvent, c'est le mot de enfansonne Enfonçonne pour désigner les adores. J'étais une enfonçonne, j'étais une petite fille quand j'étais au Japon. Il y a aussi vraiment cette volonté semi-avouée de faire des maximes. Le roman est conçu des maximes, je n'en ai même pas souligné dans le texte. Donc là, j'ouvre le texte au hasard. Il y a par exemple, pour le coup vraiment au hasard, je prends une phrase. Au-delà du salé et du sordide, il y a le malaise. Mais on peut vraiment trouver des choses... qui sont de l'ordre de l'aphorisme, quasiment, chez Noton.

  • Speaker #0

    Je trouve qu'Amélie Noton, j'ai peut-être un biais de par mon métier, mais je trouve qu'Amélie Noton, il y a un côté où, dans une autre vie, elle aurait été une excellente...

  • Speaker #1

    Moraliste ?

  • Speaker #0

    Non, conceptrice-rédactrice en agence de... Oui,

  • Speaker #1

    mais à l'essence de la formule.

  • Speaker #0

    À l'essence de la formule, elle a des thèmes fétiches. Moi, je trouve que ça ressemble aussi un peu à Taylor Swift, dans le sens où elle crée une communauté autour de... de référence, de self-reference elle arrête pas de se référencer à elle-même ça c'est un truc qui marche vachement bien en communication de revenir à des thèmes comme ça en sous-dressement moi ce qui m'a vraiment frappé c'est que peu de personnes diraient d'Amélie Nothomb que c'est un objet marketing mais en vrai rien

  • Speaker #1

    que le fait de l'avoir en couverture de tous ses livres je crois que c'est un objet marketing contre elle-même, c'est-à-dire que c'est devenu une marque quasiment déposée avec encore une fois mais vraiment rien que enfin à la présentation même de ces textes, en fait, il y a un certain nombre de choses qu'on s'attend à retrouver. Là où, en fait, oui, c'est un objet marketing, mais en même temps, elle-même le concevait pas comme ça, c'est que, en fait, c'est évidemment une forme d'armure humaine à se protéger, c'est-à-dire qu'en fait, elle donne une forme à son existence qu'elle endosse comme un chevalier en dessous de son armure, et si on lit ces textes, on voit bien que c'est aussi une manière de se protéger dans la mesure où il y a un point qui n'est pas fin, c'est que Anne Bioton est très sensible à l'hyperesthésie, qu'elle a un rapport, on va dire, très très... peureux au monde, à la réalité. Et ça, c'est des choses qui, en tout cas, ne me semblent pas feintes dans la mesure où elles sont continues, où, en fait, le personnage retrouvé en entretien, c'est le même personnage dans ses textes. Mais de fait, c'est vrai qu'elle a ce truc très étonnant qui est d'avoir, justement, une sorte... Il y a tellement de modèles, de thèmes structurants qu'au bout d'un moment, on se pose des questions.

  • Speaker #0

    On peut se pointer du doigt et les voir. Peut-être résumer le livre ? Alors, c'est une autobiographie. Amélie Nothomb, pour donner des éléments de contexte, elle est née au Japon, elle a vécu au Japon jusqu'à ses 5 ans, car son père était ambassadeur là-bas. Ensuite, elle y est revenue dans sa vingtaine pour y travailler, et ça a donné le livre pour lequel elle est connue, Stupor et Tremblement.

  • Speaker #1

    Et Nidave Nidadan,

  • Speaker #0

    qui est à cette période-là aussi. C'est-à-dire qu'il y a un livre sur le travail et un autre sur l'amour. Et en fait, là, elle y retourne pour la troisième fois, parce qu'elle y est retournée encore une fois.

  • Speaker #1

    c'est ça en fait en effet il y a l'expérience de l'enfance primordiale et structurelle ou d'ailleurs dans Métaphysique des tubes par exemple donc l'enfance au Japon qui est vécue comme un Eden un âge d'or etc tout ce qu'on veut ensuite il y a ce moment à la fois dysphorique et en même temps exaltant qui est le fait de retourner travailler au Japon, Superétanglement qui était le grand hit de Nothomb, il faut le dire que Nothomb lui en avant et en après, le Superétanglement et le Grand Prix de la Garnierie Française qui était adapté dans la foulée au cinéma il y a vraiment ce truc là où elle a été catégorisée là-dessus. Et ensuite, il y a ce texte-là, dont il faudrait qu'on parle un petit peu un moment, qui est La Nostalgie Heureuse, qui est sorti juste après Fukushima, etc., en 2013, où elle retourne déjà au Japon, après avoir quitté le Japon, au moment du patrouillement. Et en fait, c'est un des problèmes ou une des questions qu'on peut se poser par rapport à ce texte-là, c'est qu'est-ce que ce texte apporte de nouveau, puisque Emile Nothomb nous avait déjà fait le coup, en tant que lecteur, du retour au Japon après. ces moments soutenants.

  • Speaker #0

    Là, on a un deuxième retour, mais qu'elle subit un peu, parce que c'est sa pote qui lui dit, allez, j'ai gagné un prix, j'ai droit à deux semaines de vacances, et j'ai choisi le Japon, et tu viens avec moi. Il y a deux personnages dans ce livre, il y en a plusieurs évidemment, mais les deux centraux, c'est Amélie Nothomb elle-même, et puis Pep Benny, qui est un pseudo, mais qui est une photographe, et d'ailleurs je vais citer le tout début du livre, comme ça, ça vous donnera... Le contexte. Début 2021, Pepe Beni remporta le prix Nice et Fort Niépcé pour son magnifique recueil de photographies tombées du ciel qui raconte la guerre du Pacifique côté Japon. Elle gagna ainsi un aller-retour long courrier pour deux personnes. Toutes les destinations desservies par la France étaient envisageables. Pepe Beni, bon, après elle raconte qui est Pepe Beni et elle me dit Pepe ma plat pour m'annoncer la grande nouvelle. La destination que j'ai choisie est le Japon et c'est toi qui m'accompagne. Le livre raconte le départ dans l'avion, ensuite une première partie à Kyoto, une deuxième partie à Tokyo, et ensuite le retour. Donc c'est un livre qui dure deux semaines. Et donc, ce qui est intéressant, je trouve, c'est qu'il y a vraiment une sorte de ping-pong entre Amélie Nothomb, qui est assez submergée par ses émotions, qui est très sensible, et de l'autre côté, ce personnage de grande... Enfin, un personnage très couleur,

  • Speaker #1

    quoi. Oui, et c'est un personnage, on pourrait dire, quasiment de dominatrice. Enfin, j'ose quasiment le mot, parce que en fait, tu l'as mentionné, mais... Elle ne veut pas y retourner. Son ami lui dit, si tu y vas, elle y retourne. Comme je l'ai dit, pour des raisons qui s'expliquent aussi par rapport au temps précédent, mais son ami lui dit, tu ne seras pas nostalgique. Noton s'empêche d'être nostalgique. Son ami lui dit, je veux changer d'hôtel absolument. Et elle change d'hôtel. En fait, c'est elle qui va provoquer la narration. C'est-à-dire que dans le fond, tout va être motivé par ce que Pef veut faire. Et Noton est très passive dans ce voyage.

  • Speaker #0

    Et c'est un voyage qui est finalement très touristique. Elles vont dans des endroits... Kyoto, qui sont les lieux touristiques connus, à Tokyo aussi. Alors, heureusement, à Tokyo, elle rencontre une troisième personne qui est Alice, qui est une expat, qui, elle, va un peu les détourner des sentiers battus. Et donc, c'est quand même pas mal un récit de tourisme. C'est ça qui est assez frappant, c'est que, comme elle se refuse à une certaine forme de nostalgie, eh ben, on reste quand même... Enfin, moi, la lecture que j'ai eue, c'était que vraiment, j'étais genre Mais pourquoi elle va pas plus loin ? Pourquoi elle se refuse à...

  • Speaker #1

    Alors, la réponse que je peux t'apporter un peu, c'est qu'en fait, elle est déjà allée plus loin. Elle est déjà allée plus loin dans une stratégie heureuse, où elle est retournée sur l'île de son enfance. Elle n'a pas recommencé à faire ce qu'elle a déjà fait. Elle a déjà tellement épuisé ce rapport au Japon que dans l'absolu... explorer le Japon en tant que touriste, c'est une expérience qu'elle n'a jamais faite. Et d'ailleurs, elle le dit elle-même, elle le dit à un moment, bah oui, en fait, moi j'ai vécu là, je suis jamais dans ce parc-là, parce que c'est là où vont tous les touristes, tout comme les Parisiens ne vont jamais en haut de la Tour Eiffel, ce qui est vrai. Et du coup, là, elle se dit, bah ok, ne serons-nous pas nostalgiques, au contraire, faisons ces expériences-là touristiques, et voyons ce qui se passe. Et d'ailleurs, elle fait du noton, c'est-à-dire que, comme elle est un noton, et c'est pas n'importe qui, et bien, quand elle va dans un lieu touristique, bah, elle est quand même émue aux larmes. Elle est toujours saisie d'extase, je pense que c'est ça qui caractérise le noton. Elle pleure toutes les 15 pages, il y a des extases toutes les 50 pages, et ça en fait un voyage un peu pas comme les autres.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, parce qu'on raconte la vie d'Amélie Nothomb, mais je vais raconter aussi la mienne. Il se trouve que moi, je suis allée à trois reprises au Japon, un peu dans des circonstances qui sont étonnantes, parce que j'étais avec mon frère et mon frère par le japonais, donc ce n'était pas du tourisme pur, mais ça restait méga du tourisme. Et moi, j'y suis allée dans ces endroits, et être capable d'extase dans ces endroits-là, c'est très impressionnant, parce que tu es vraiment... Enfin, il... foule de touristes. Et quand il n'y a pas des touristes, il y a des, comme elle le raconte, des cartes de japonais, des tutos japonais, etc. Quand je l'ai lu, c'était genre, ah ben, on n'a pas eu la même expérience. Et donc, bon, il faut le dire, c'est assez touchant de savoir qu'elle est capable quand même d'être émue, d'apprécier le côté esthétique de l'art.

  • Speaker #1

    Ou de s'émerveiller. Et je pense que le mot de extase il est important parce qu'en fait, c'est... Bon, même si on verra que c'est souvent, parfois, j'ai l'impression, en tout cas, dans un mode un peu dégradé, mais c'est des sorties d'elle-même, quoi. C'est-à-dire que c'est des moments où, en fait, elle est d'un coup saisie. et alors parfois elle est rattrapée par le réel t'en parleras sûrement peut-être après mais voilà c'est vraiment où d'un coup les choses matérielles reviennent mais sinon elle a une sorte de rapport au monde et même au réel qui est très souvent diffracté et d'ailleurs j'en parle parce que c'est ce qu'elle disait déjà dans sa visée heureuse elle disait tout ce que l'on aime devient une fiction le Japon est la première des fictions et de fait elle nous propose et il faut le dire quand même je le trouve en tout cas une vision un peu fantasmée du Japon moi je suis jamais allé au Japon et j'ai pas de passion particulière pour le Japon mais il se trouve que Noton, elle nous sort tout ce qu'on imagine sur le Japon. C'est-à-dire que tous les clichés que j'ai sur le Japon, c'est une personne qui nous a transmis, c'est Noton. À savoir, le monde des entrepreneurs japonais est très dur, les Japonais sont très rigoureux. Et là, on a toutes ces images-là, qui sont dans le livre, à savoir si on est tatoué, en fait on est un akusa donc on ne rentre pas dans les bains. Et d'ailleurs, il n'y a pas besoin d'avoir quelqu'un pour interdire à l'entrée, parce qu'au Japon, le surmoi est tellement puissant que la simple interdiction suffit. Et même l'auberge dans laquelle elle s'arrête au début avec le héron. Le héron, animal japonais aussi par excellence. Le tatami frais, notons, disons, ne va pas déconstruire, jamais, en tout cas, l'image TH du Japon.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose dont je voulais parler, c'est-à-dire que moi, la raison pour laquelle mes parents m'ont offert Neda Vinadon, c'était un peu parce que j'étais obsédée par le Japon quand j'étais ado. et donc ils se sont dit bon tu vas arrêter de lire du Naruto tu vas lire du Amélie Notho à la place et donc j'ai vraiment eu cette obsession là et ensuite ça s'est vraiment dégradé c'est fini j'ai plus du tout d'obsession pour le Japon parce que j'y suis allée et que je me suis rendu compte qu'en fait bon c'est un pays comme un autre en fait c'est ça qui est marrant c'est qu'elle elle se refuse à faire ce truc du style bon bah en

  • Speaker #1

    fait calmez-vous les nerds tu vois dans cette nature là tu vois ensuite pour la défendre précisément c'est ce que je racontais également c'est qu'en fait elle fictionnalise le Japon c'est à dire que elle va forger des images d'épinal dont elle ne va pas sortir, mais parce que c'est son mode d'être à elle et parce que c'est aussi il faut le dire, une expérience particulière. Elle a effectivement grandi au Japon. Sa langue maternelle, en fait, c'est le japonais. Et ça, c'est quand même très particulier. Et donc, évidemment qu'elle fantasme. Ce pays, c'est normal que ça arrive d'avoir d'images qui va leur innerver toute son oeuvre. Et c'est pour ça, d'ailleurs, à mon sens, que le fait que ce roman soit déceptif, ou du moins que moi je l'appréhende comme tel. En fait, c'est conçu pour.

  • Speaker #0

    Et je trouve qu'un truc qui marche bien, c'est que en fait, elle, justement, n'a pas un rapport de touriste et c'est limite... pour ça qu'on aime bien Amélie Nothomb c'est que certes elle est française pardon elle est belge elle est francophone mais elle est capable de nous donner une expérience un peu qui sera plus authentique que ce dont on a accès quand on est au Japon en tant que touriste qui est vraiment une sorte d'opacité terrible le fait que t'as l'impression tout le temps d'emmerder tout le monde d'être mal poli en permanence juste en étant là D'ailleurs, je voulais en parler, mais il y a moi mon passage. Moi, mes passages préférés de ce livre, c'est quand même les passages un peu rocamboles où Pep commence à casser les couilles à tout le monde. Donc, il y a le passage où elle entend des voix la nuit dans le Rio Cane et donc veut changer d'hôtel parce qu'elle a entendu quelqu'un parler dans la nuit. Trop bizarre, quoi. Moi, je serais à mes dînatoires, je lui dirais, tu arrêtes ou rentre dans la chambre. Mais non, elle se laisse un peu faire.

  • Speaker #1

    Et puis, surtout que l'expérience est quand même très forte. C'est-à-dire que non seulement elle est réveillée à 1h du matin, mais en plus, elle est forcée d'aller parler. au propriétaire de l'hôtel et de lui raconter cette histoire un peu rocambolesque. Le propriétaire consent de manière extraordinaire à accepter un changement de chambre, mais Pep n'est pas satisfait de la nouvelle chambre, et donc... Les deux se retrouvent à... Enfin, Pepe force Aminoton à quitter l'hôtel en pleine nuit. Elles errent ensuite pendant une heure.

  • Speaker #0

    Oui, elles trahissent des prostituées.

  • Speaker #1

    Et voilà, des geishas, etc. Avant de revenir des fêtes. À l'hôtel, on s'en va en fête.

  • Speaker #0

    Et ça finit, page 48. Quand je rejoins Pepe pour le petit-déjeuner nippon, je m'aperçois que la jeune serveuse lui parle désormais avec une admiration appuyée. Elle voudrait lui apporter ses aliments à la bouche comme une geisha. Je traduis des périphrases avant de comprendre la situation. Le tenancier a dû dire à ses employés... des horreurs à notre sujet, et surtout sur celles qu'il commandait. Rien d'absurde à supputer que cet homme doit être très impopulaire auprès de celles qu'il tient pour des servantes. Ce devrait être la première fois que quelqu'un s'adressait à lui avec insolence. Si l'on ajoute que Pep est une femme étrangère qui semble âgée de 30 ans à peine, on peut imaginer la fureur du despote, d'où la jubilation des employés. Donc finalement, tout est bien qu'il finisse bien, parce qu'en fait, elle parle la voix du peuple.

  • Speaker #1

    Et ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, dans l'absolu, Pep, elle n'a pas de surmoi, contrairement à Noton, qui, elle, justement, est prisonnière. Alors, on en parlera, parce qu'il y a une image du père, je ne suis pas fan de psychanalyse, mais, pour le coup, vaguement psychanalytique à faire, en tout cas, qui est suggérée très fortement dans le roman, parce que si vous avez lu Supleur et tremblement en fait, c'est un des enjeux du texte, c'est-à-dire que Noton arrive et doit se conformer à un moule qui n'est pas le sien, et, en fait, elle se fait détruire psychiquement par sa nature toxique. Et elle a quand même une figure d'admiration qui est Fubuki, qui incarne, encore une fois, une sorte de perfection japonaise qui, elle, a réussi à renoncer les codes. Et donc, Pep, elle, c'est l'inverse. Pep, elle arrive, elle casse tout. Et pour autant, elle suscite l'admiration. Et ça, je pense que Noton, c'est quelque chose qui l'a... Oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce qui ressort de la lecture aussi, c'est un peu que Amélie... Amélie,

  • Speaker #1

    ça y est. Ça y est, on devient proches. Allez,

  • Speaker #0

    allez. Que Amélie Noton, elle a des figures tout à l'heure. Alors, en fait, la grande différence entre ce livre-là et... je crois, et nostalgie heureuse, c'est que son père est mort. Et son père, c'est lui qui lui a appris le japonais. C'est lui le japonais dans l'histoire. Quand même, il ne l'est pas, mais bon, bref. Et donc, on sent qu'il y a un peu la perte du père qui ressort pas mal dans la lecture, quand bien même, on a l'impression qu'il y a une sorte de frein, qu'elle ne veut pas aller au fond de sa pensée là-dessus.

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que c'est un point très important parce que le père, c'est quasiment, on pourrait dire, le troisième personnage, le quatrième, bon, du roman. Bon, le père absent. Pour le dire rapidement, Nothomb elle-même le dit d'ailleurs dans le texte, elle n'était pas si proche de son père. Elle était très proche de lui quand il était enfant et puis ils se sont un peu éloignés. Mais il se trouve que le père est rentré en force dans l'œuvre de Nothomb avec premier sang, en fait qui est une biographie mais pour le coup littéralement fantasmée du père. Vraiment. Et le père est décrit comme si c'était un reuil. Le père meurt. Et cette mort du père provoque un déchirement chez elle qu'elle explore dans Psychoponte, dans le livre des Sœurs. Et en fait, elle va quelque part devenir... On pourrait dire de plus en plus m'éterrer, de plus en plus folle, comme si la mort du père avait fait sauter des virons psychiques. D'ailleurs, on le voit, tout ce qui est lié au père dans L'Impossible Retour donne des scènes assez truculentes, mais presque un peu gênantes, puisqu'elle se met à chanter du théâtre renaud, parce qu'elle affirme ce qui est potentiellement vrai, que tout ce que son père pourrait dire en japonais, elle le retient systématiquement. Et donc, elle déclame des choses comme ça, et de fait, elle se conduit comme si elle était encore sous le regard du père et en même temps, comme si elle était libérée de lui. Et donc, il y a une sorte de présence-absence qui se trouve sur tout le roman.

  • Speaker #0

    Il y a un autre passage. En fait, c'est marrant parce que tu as le père qui serait une sorte de surmoi et puis tu as Pep qui fout la merde. Et le deuxième... Moi, mon passage préféré, c'est le passage sur les toilettes parce que je dois avouer que si j'ai un combat dans la vie, c'est les toilettes publiques. Le fait que les toilettes publiques pour les femmes soient aussi inaccessibles, c'est juste insupportable. Bref, voilà. Tangente. D'ailleurs, à ce propos, il y a... podcast de Arte Radio qui est super, qui s'appelle Pose Pipi. Donc si ce passage intéresse les auditeurs d'AuteurFond, je vous conseille Pose Pipi. Elles sont sur l'autoroute et elles veulent s'arrêter pour aller aux toilettes à la station-service. Gérald s'arrête à une station-service pour prendre de l'essence. Pep et moi, nous, en profitons pour courir aux toilettes. Comme partout sur cette planète, il y a la file aux toilettes pour femmes et personne aux toilettes pour hommes. C'est embêtant car j'ai très envie. C'est comme cela. Moi, je vais chez les hommes, déclare Pep. Dont acte. Je n'ai pas le temps de lui dire qu'ici, c'est inconcevable. Les gens ne montrent rien de leur indignation. La marquée serait une grossièreté supplémentaire. Mais je sais qu'ils sont médusés. Il faut être une étrangère pour se conduire ainsi. Voilà ce qu'expriment leurs visages phlegmatiques. En fait, moi, je trouve qu'il y a un peu une sorte de fantasme du japonais typique, tu vois. Et cette idée que genre... En fait, ils ont tort, ces mecs-là. Enfin, ça... cette conformité à une sorte de règle. Enfin bref, moi je trouve ça un peu pénible. Il y a un passage où elles apprécient le Japon, elles apprécient cette conformité, elles sont là genre c'est bien, c'est propre. Quand elles reviennent en France, elles sont là genre oh là là, les gens sont pas mal gentils. Mais en même temps, enfin, je trouve ça un peu pénible le côté genre fétichisation du japonais type qui est genre quelqu'un d'un peu soumis.

  • Speaker #1

    Il y a un film qui je pense moi en tout cas qui m'a marqué, encore une fois, je suis jamais allé au Japon. Je précise parce que j'ai vécu ce film comme étant une expérience peut-être plus authentique que ce dont parle le ton même si il y a des points communs c'est Perfect Days de Jim Vanders en fait c'est quoi l'histoire c'est quoi l'intrigue c'est simplement un japonais qu'on sent déclassé dont l'unique travail est de nettoyer les toilettes publiques au Japon donc là les gens ont retrouvé la passion pour les toilettes dans ce film parce qu'il y a des scènes qui sont presque des scènes d'ASMR où en fait on voit pendant 10 minutes un homme nettoyer les toilettes publiques avec un dévouement extraordinaire et en fait c'est aussi une manière pour Jim Vanders de filmer ses toilettes publiques japonaises d'ici dans la vie qui sont très différentes évidemment de nos toilettes à nous et là on retrouve

  • Speaker #0

    ensemble de clichés ou d'images d'épinal qu'on a sur le Japon, à savoir cette obsession de la propreté, et en même temps, il y a des scènes qui sont quand même assez belles et puis assez sales, aussi on voit que tout ne correspond pas à cet étos-là, mais ce film-là montre aussi, je pense, ce rapport à l'ordre et au désordre. En somme, on pourrait dire que chez les Japonais, il y a ce truc-là par un. Je ne vais pas gloser sur les japonaises. Il y a ce truc de l'ordre extérieur et parfois un désordre intérieur qu'on retrouve de différentes manières. Ça peut être justement le fait que les droits de public sont très propres, mais que l'intérieur, par exemple, des japonais peut être très sale. Ça peut être aussi que les japonais ne présentent pas beaucoup leurs émotions. On voit dans Rari, c'est un très bon exemple, il y en a deux, mais dans Nia Vidadan, elle parle de son amant. Elle a été pendant deux ans en couple avec Rari. Et Rari, en fait, c'est un homme... qui est très doux, très affable, etc. Mais on sent qu'il y a une sorte de tempête émotionnelle à l'intérieur, mais en fait, qu'il accepte. Et on trouve ça aussi, évidemment, chez Kawamata, dans un texte qui est quasiment aussi archétypal, Neige sur le mont Fuji Bon. Et en tout cas, ce clivage entre l'ordre extérieur et l'ordre intérieur, c'est quelque chose qu'on pousse du doigt parfois chez Noton.

  • Speaker #1

    Ça pour dire, là, elle est accompagnée d'une occidentale francophone.

  • Speaker #0

    La plus japonaise des francophones. Voilà.

  • Speaker #1

    Avec Super Rétremblement, on a cette impression qu'elle a quand même été assez traumatisée par le Japon quand même. Et là, tout d'un coup, quelqu'un arrive en disant Non, mais ce n'est pas normal. Et ça lui fait un peu tout drôle. Et je pense que Pep, elle a ce rôle-là de lui montrer que son rapport un peu de dévotion au Japon, en fait, il y a des moments où tu peux faire preuve d'une certaine forme de critique ou en tout cas de décalage de pas de côté. Peut-être que ce dont on pourrait parler, c'est... Alors, on a parlé de la figure tutélaire du père. Mais en fait, l'impossible retour, il y a une autre figure tutélaire dans le titre qui est Nietzsche.

  • Speaker #0

    J'aime bien cette voix que tu as prise pour parler de Nietzsche.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut dire Nietzsche de manière en passant ?

  • Speaker #0

    Mais en fait, j'ai envie de faire un tout petit parallèle. C'est qu'autant je pense que j'ai un rapport ambigu au Japon parce que je n'aime pas trop... les gens qui sont allés au Japon. Autant j'ai un rapport ambigu à Nietzsche parce que les lecteurs de Nietzsche me font toujours peur. Ah mais moi aussi,

  • Speaker #1

    moi j'ai une théorie, c'est que le plus grand red flag chez quelqu'un c'est quand il me dit Ah, j'adore Nietzsche. Alors que je connais plein de gens qui... Oui,

  • Speaker #0

    on peut avoir un rapport apaisé à Nietzsche, c'est possible !

  • Speaker #1

    Mais franchement, j'ai des souvenirs en prépa où un mec essayait de me draguer et tout d'un coup il dit Ah ouais, moi ce que j'adore lire c'est Nietzsche. Et je fais genre Calm down, ça ne va pas être possible. J'aime bien Nietzsche,

  • Speaker #0

    j'aime pas les lecteurs de Nietzsche.

  • Speaker #1

    c'est aussi un moment je pense que les lecteurs de Nietzsche sont capables de se rendre compte que c'est un red flag d'être un grand lecteur de Nietzsche bref tout ça pour dire Nietzsche à la fin elle explique en fait le titre et en même temps son expérience qui est qu'il y a un peu une sorte d'échec moi je l'ai vu comme un échec ce qui s'est passé en fait pendant ces deux semaines c'est qu'elle n'a pas réussi à réellement revenir notamment quand elle parle de son passage à Tokyo où elle se rend compte qu'elle ne se souvient d'aucune toponymie et qu'elle ne connait pas le nom des gares elle ne connait pas les quartiers elle confond un quartier avec un autre et là tout d'un coup elle est un peu moi je trouve qu'on a cette impression qu'elle est piégée par sa marque de fabrique elle est un peu genre ah mais je me suis bâtie une...

  • Speaker #0

    moi si je puis me permettre un jeu de mots lacanien très mauvais elle est du père je pense qu'il y a de ça en fait ce fait qu'elle est perdue dans le pays de son enfance, le pays du père, ça fait que précisément, et c'est d'ailleurs assez agaçant parce que c'est déjà une limite du livre, c'est qu'elle est devant des lignes iconiques, elle est devant des choses dont elle est supposée se rappeler et dont elle n'a jamais la mémoire. Et je crois que c'est ça qui crée chez elle une forme de décalage et une forme de mélancolie profonde par rapport à ce voyage non désiré, mais subi. Et de fait, c'est un voyage qui manque l'éternel retour. Parce que pour le dire très rapidement et sûrement avec une forme d'approximation, chez Nietzsche, la théorie de l'éternité. Ce n'est pas une théorie, c'est un moment dans Zaratoustra. C'est vraiment très bizarre. Zaratoustra, c'est quand même de la fiction. C'est un dispositif philosophique particulier. En tout cas, il y a cette idée d'amorphatie, de fait que chaque moment qu'on expérimente sur Terre ou qu'on vit sur Terre, il faut réussir à le savourer ou à l'accepter de telle sorte qu'on puisse le vivre éternellement, ou du moins le vivre de manière sans cesse recommencée, sans en éprouver une forme de dégoût. Et c'est cette expérience-là qu'elle n'arrive pas à faire, parce que ce voyage-là, encore une fois, est une forme de déception. Peut-être qu'on peut lire le passage en question. L'éternel retour. Adolescente, quand j'ai découvert cette formulation, sans connaître le sens que Nietzsche lui attribuait, j'ai été éblouie. Il existait donc un ordre du destin, une injonction à retrouver le lieu initial et idéal. Si même un philosophe allemand le décrirait, j'y arriverais forcément. Et puis, j'ai su qu'il s'agissait de l'éternel retour de l'identique, et que cela n'avait rien de géographique. Nietzsche précisait qui n'avait pas d'idée dont il apportait autant de se réjouir, et je ne voyais pas pourquoi se la poser problème. 40 ans se sont écoulés depuis, et je comprends pourquoi c'est si ardu. À l'échelle de ma vie, l'éternel retour de l'identique consiste à aller au Japon pour m'apercevoir que ce retour est impossible, que l'amour, le plus absolu, ne donne pas la clé. Donc en fait, chez Noton, Noton prend l'image du dernier retour pour dire que précisément, en fait, elle n'arrive pas à se saisir de ce retour au Japon pour se replonger dans ce qui avait été pour elle une source de bonheur. Il y a un point intéressant, c'est que dans le précédent retour au Japon, donc la nostalgie heureuse, elle développe un concept, à partir d'un mot japonais qu'on imagine fantasmé, c'est ce concept de nostalgie qui serait le bonheur d'être triste. C'est-à-dire de nostalgie mais qui ne serait pas un retour en arrière, noster, algos, la douleur du retour, mais qui serait au contraire une puissance qui permettrait d'appréhender l'avenir. Et donc ça, c'est ce qu'elle a pu expérimenter quand elle est retournée en 2013, quand elle retrouve... ça nourrit son premier amour, etc. Et en fait, elle parle de choses très apaisées.

  • Speaker #1

    Mais tu crois que c'est aussi parce que Pep, elle lui a tellement cassé les mains. Mais oui. C'est ça, le problème d'Akaria, ton basse-malacons.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est vrai. C'est vrai qu'ensuite, c'est un voyage qui avait l'air en fait assez éprouvant. Je pense qu'on peut dire, surtout pour quelqu'un qui est fait d'habitude, comme Noton, je pense qu'il y a ce truc de, ben oui, être... En fait, c'est Michaud qui, cette phrase que j'adore, il dit, le mal, c'est le rythme de l'autre. Et en fait, c'est quelque chose qu'on ressent vraiment en voyage. L'autre nous impose des horaires, des lieux. Et en fait, notons, elle est dans ce truc-là où elle n'arrive pas à trouver son biorhythmie, son rythme qui lui serait propre, peut-être. Ce qui est d'autant plus troublant, mais il faudra qu'on en parle ensuite après, mais c'est le rapport à la littérature. Et c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, il y a Nietzsche, il y a le père, mais il y a aussi deux autres auteurs qui sont cités plusieurs fois. Alors, elle ramène Huysmans avec elle. Alors, c'est lequel ? À rebours. Donc, elle lit à rebours pendant tout le... Alors, le titre marche bien, parce qu'à rebours, elle est à rebours. Et aussi Mishima, parce qu'en fait...

  • Speaker #0

    Le pavillon d'or.

  • Speaker #1

    Mishima, bon, en fait, elle en parle en passant, un peu en mode, on est dans des endroits dont Mishima parle, donc ça me permet de mieux vivre, de mieux voir.

  • Speaker #0

    Mais là, s'il y a vraiment une forme de faiblesse que je peux quand même pointer, c'est que dans L'Eustache des Heureuses, elle fait exactement la même réflexion sur Mishima et sur le pavillon d'or.

  • Speaker #1

    Ok, donc en fait,

  • Speaker #0

    voilà. Vraiment, je me suis dit, bon... Néanmoins, à 8 semaines, c'est vrai que c'est une nouvelle référence.

  • Speaker #1

    Parce qu'elle ne l'avait pas lu, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, elle le relit. Elle a des phrases comme ça. Encore une fois, les phrases maximes de nos dons, c'est très marrant. On trouve, je crois, dans ce genre-là, elle dit relire un livre toujours en acte d'amour Ça fait un peu phrase pour Todd Bagg.

  • Speaker #1

    Trop drôle, parce qu'en fait, il y a Laure Murat qui a fait une sorte d'enquête auprès d'écrivains sur la relecture. Et en fait, tu te rends compte que tout le monde dit... Ça s'appelle relire de Laure Murat Et tu te rends compte que c'est... Ils disent tous la même chose. Et ils relisent tous, soit Proust, soit James Joyce.

  • Speaker #0

    Parce que c'est des livres qui sont inépuisables. Après, il y a un chef-d'oeuvre là-dessus que tu connais sûrement, c'est parler des livres qu'on n'a pas lus. Je viens de l'acheter. Vraiment, je te jure. C'est un peu décevant, mais c'est plein de séries de points sur notre rapport à la lecture. Mais il y a un truc qui est essentiel, qui dit, et que je crois vraiment, c'est qu'on peut avoir lu des livres qui nous ont moins marqués que des livres qu'on n'a pas lus. dont on va parler, qui nous apporte plus. Et en fait, en gros, la question de savoir si on a lu un livre, c'est une question bien plus compliquée qu'il n'y paraît. Par exemple, je prends le ton, j'en ai eu 30 à peu près, il y en a peut-être 28, bon. Il y a des tons dont j'ai aucun souvenir.

  • Speaker #1

    Exactement, le même réflexion que je me suis faite, c'est qu'à rebours, je l'ai lu, aucun souvenir. À un moment, elle parle de la tortue, et je dis là, genre...

  • Speaker #0

    Alors, moi, il se trouve qu'à rebours, je l'ai lu, évidemment, enfin, pas du tout évidemment, mais je l'ai lu, alors, j'ai même eu une expérience. en aparté, mais parce que c'est le champs d'une expérience de lecteur qui est très très forte, enfin, en tout cas, je le trouvais très forte, c'était il y a 15 ans, dans le métro parisien, je lisais Arbour de Huysmans, et en face de moi, il y avait une fille qui lisait aussi Arbour de Huysmans. Alors, c'est pas un bouquin, genre, inconnu, mais le fait de lire le même livre, dans le même wagon, ben, on sait, il y a une sorte de reconnaissance d'un lecteur résiste, et on s'est regardé, et on a parlé. Et voilà, mais bon. Mais en tout cas, Arbour, en fait, ce qui est intéressant dans son rapport à... Alors, il y a deux trucs que je voudrais pointer. D'abord, c'est le rapport de Noton aux classiques et aux auteurs. Moi, il y a un moment que je chéris particulièrement dans ma vie de spectateur, on va dire, de l'Internet d'une manière générale, c'est que j'ai une sorte de mépris, d'agacement, mais forcé évidemment pour Combini. Et Combini a un truc qui s'appelle le boucle. Il faut venir un auteur ou une auteure, et l'auteur, il a envie de parler du rapport au livre. Et il y a Méloton qui est intéressant, et comme d'habitude, qui est adorable dans cette émission-là, et le journaliste de Combini lui dit Ah, mais alors, quel est votre livre préféré ? Et là, elle sort une bombe. Mais qu'est-ce que... qu'à l'époque bien plus alti, mon livre préféré, ce sont Les Jeunes Filles de Monterland. Je ne sais pas si le lecteur, l'auditeur ou l'auditrice de Torchon a lu Les Jeunes Filles, mais c'est un roman qui est à la fois magistral, mais qui est vraiment, vraiment misogyne. Je veux dire, c'est pas... La misogynie de ce livre, c'est vraiment structurant. On ne peut pas en faire l'impasse, et c'est un roman qui, en fait, est peut-être aujourd'hui passé de mode, mais qui, s'il était lu par certains lecteurs ou lectrices, provoquerait peut-être des blocs de clés. En tout cas, le journaliste de Combini, qui n'a je suis désolé, mais apparemment pas le livre, n'a pas rebondi sur ce choix assez étonnant de choisir un livre profondément réactionnaire.

  • Speaker #1

    Et pas très compétitif.

  • Speaker #0

    Et pas très compétitif. Et en fait, à rebours de Huysmans, c'est un peu la même chose. C'est-à-dire qu'à rebours, c'est un texte très particulier, bon, fin de siècle, on trouve évidemment une porosité, une parenté, il ne faut pas exagérer non plus, entre Huysmans et Noton, qui est le choix des mots rares, mais ça s'arrête vraiment là, et c'est tout. mais il se trouve que à rebours c'est un roman qui est déjà japonisant enfin c'est à dire qu'il y a une sorte de passion pour le décadentisme et l'Orient et à rebours on est aussi un des symptômes mais il y a ce truc alors en fait Motton en parle puisqu'elle parle en fait de deux scènes du texte qui sont les scènes les plus connues alors c'est drôle parce qu'elle parle d'une des scènes en disant qu'elle s'en souvenait pas c'est la scène du dentiste parce que en fait non non mais je comprends en fait des scènes qui en fait un aristocrate décadent veut faire l'expérience du peuple donc des scènes en fait il a plein plein d'argent et c'est pas qu'on va faire de son argent en fait que l'électionne les œuvres d'art, les tableaux, les livres. Et en fait, à un moment, des saints se sont canaillés en disant je vais chez le dentiste chez les pauvres, pour voir ce qui va se passer Et donc, en fait, il est enceinte d'attente, et l'entendait groulement abominable, puisqu'on imagine qu'un dentiste populaire fin XIXe... C'est un arracheur de dents. Voilà, c'est ça. Et le point, il y a l'aristocrate, c'est pas un bourgeois, c'est vraiment un aristocrate, qui s'en canaille chez le prolo. Deuxième scène très connue, qui est mentionnée, et notons d'ailleurs, comme d'habitude, abuse, c'est quand elle évoque la tortue, parce que vraiment, je lui dis... Moi, je t'aime beaucoup, mais tu abuses. Ah oui, donc là, j'ai le passage où on parle du dentiste. Donc, elle dit simplement, par rapport au dentiste, Par ailleurs, j'avais oublié la scène du dentiste qui me traumatise. D'accord. Et la tortue, où est-ce qu'elle en parle ?

  • Speaker #1

    Dégrisée, je lis dans A Rebourg le passage où Désessante incruste des pierres précieuses la carapace de sa tortue. Relire permet, entre autres, d'expérimenter l'évolution de sa sensibilité. Je suis devenue beaucoup plus impressionnable qu'à 18 ans. La mort de la tortue me supplicie. Il s'en faut de peu que je laisse glisser une larme.

  • Speaker #0

    Voilà. Et ça, j'ai trouvé ça très drôle, entre guillemets, parce que, alors, c'est vraiment pas, pour le coup, et c'est peut-être intéressant, c'est ce qui est intéressant avec la littérature, mais c'est pas du tout l'effet que Huysmans veut produire. Quand il écrit ce passage-là, il décrit aussi une forme d'extrême esthétisme ou esthétisation du monde, qui serait l'idée de rendre, en fait, en gros, un objet vivant, enfin, de figer un objet vivant, c'est-à-dire de mettre de la mécanique sur du vivant, parce que la tortue devient plus un être vivant, mais, au contraire, une œuvre d'art. et pour parfaire cette vision-là, la tortue meurt. Et comme ça, du coup, ça devient un truc qui est figé. Donc, c'est terrible. C'est une scène de torture, effectivement. Mais c'est une scène qui, en fait, à moins d'être excessivement sensible, ne devrait pas...

  • Speaker #1

    Ce qui est le cas d'Amélis.

  • Speaker #0

    Ce qui est le cas d'Amélis....ne devrait pas susciter une larme. Et là, Noton nous dit que Huysmans a réussi à la faire pleurer. Et ça, c'est quand même dingue. De manière générale, quand elle parle de Huysmans, moi, ce que j'adore, ou quand elle parle de Baudelaire, quand elle parle de Michimac, quand elle parle de tout ça, en fait, Noton nous parle surtout d'une chose, et c'est là où je l'aime. je pense. Et c'est là où, en fait, Noton, pour moi, c'est quand même important. Enfin, je veux dire, c'est en fait, le fait que j'ai une sympathie pour Noton, ça vient du rapport qu'elle entretient aux œuvres d'art, ou à lecture, qui me semble, en fait, être un rapport tellement beau et tellement précieux que je suis content, quelque part, qu'elle vende ses livres. Parce que je crois que c'est quelque chose qu'il faut dire. Parce que les gens, en fait, ne croient pas que ça peut arriver. Mais Noton, on parle de la lecture et elle dit les choses suivantes. Anérima, nous repouvons Abel, le fils de Alice. L'adolescent a passé l'après-midi à lire l'œuvre de Zola. Et on parle avec un émoi sublime. Je me rends compte que c'est un livre qui manque à ma culture. Je lirai mon retour en Europe. À l'hôtel, je m'enfonce dans la relecture de Wismans. Les seuls moments où je ne doute pas de mon existence sont ceux où je lis. Là encore, phrase à tête bas, grâce à la formule. La littérature me paraît l'unique domaine où j'ai pied. Les aventures sensorielles de Désessante s'adressent à tout ce qui cloche en moi, c'est-à-dire tout. Il n'y a pas d'ivresse qui va à la lecture d'un roman que l'on croit écrit pour soi. Les voyages sont un espace privilégié pour lire. Je l'ai constaté tant de fois. J'aime ne pas avoir d'autres ancrages que le livre. Et je pense que là, en fait, c'est pas non plus fin. C'est-à-dire que, notons, elle a un rapport encore une fois assez poreux au réel. Et il y a cette idée, finalement, qu'en fait, la fiction et le réel peuvent se mêler, que tout ce qui compte, fondamentalement, c'est ce qu'on ressent. Et en fait, c'est ce que Wilde a pu dire dans sa mesure, on le dit, la mort de Rubinpré est un événement le plus dramatique de mon existence. C'est que, en fait c'est vrai, je pense que, enfin je dis ça ça a l'air choquant mais en fait ce qui est beau dans le fait d'être un être humain c'est qu'on peut s'attacher à la fiction et on peut lui accorder ce statut là et quelque part c'est un personnage de fiction plus de réalité pour nous dans notre monde intérieur que des gens qu'on croise et le ton de sel en fait une expérience évidemment sublimé, évidemment accentué, mais une expérience qui me semble authentique parce qu'encore une fois, c'est vraiment une des lignes de son oeuvre.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on va conclure là-dessus. Bon, est-ce que c'est un torchon, une bonne surprise ? C'est pas un torchon, ça c'est clair. Est-ce que c'est une bonne surprise ? Alors, bon, moi, j'ai été un peu déçue, tout simplement parce que j'ai pas lu beaucoup d'Amélie Nothomb et je pense qu'en fait, il y en a d'autres à lire. Je pense que si vous êtes comme moi et que vous avez pas lu beaucoup d'Amélie Nothomb dans votre vie, vous pouvez faire l'impasse sur celui-ci pour peut-être en lire d'autres. Peut-être un ou deux que tu recommandes ?

  • Speaker #0

    Alors oui, pour répondre à tes questions, Torchon, c'est très compliqué. Évidemment, ce n'est pas une surprise, parce qu'en fait, pour le lecteur habitué de Noton, il n'y a pas de surprise. C'est d'ailleurs un des points qui, moi, si personne ne me déçoit, j'aimerais être surpris par Noton. Pour l'instant, je ne l'ai pas été depuis très, très, très longtemps. Moi, je recommanderais volontiers plusieurs types de Noton. D'abord, son premier, Hygiène de l'Assassin, qui est un roman qu'elle a écrit à 26 ans, et qui, en fait, à mon sens, et je pèse mes mots... est un des meilleurs premiers romans allez, on va dire peut-être pas du XXe siècle faut pas exagérer non plus, mais de la fin du XXe siècle et du début du XXe siècle c'est un roman en fait qui met en scène une confrontation entre deux personnages, une jeune journaliste et un prénomène de littérature et qui est d'une violence extrême mais d'un raffinement poussé jusqu'au délire Qu'est-ce qu'on lirait à la place ?

  • Speaker #1

    Alors bon, on a dit quelques titres d'Amélie Noton, moi je conseillerais c'était lors de mon troisième voyage au Japon, j'ai lu Chroniques japonaises de Nicolas Bouvier, ça m'a vraiment énormément plu. C'est vraiment pas du tout le même type de voyage. Nicolas Bouvier, c'est un explorateur, un aventurier, un vrai voyageur et les chroniques japonaises sont vraiment super intéressantes. Et aussi, ça m'a vraiment donné envie de lire de la littérature japonaise que je connais assez mal, tout simplement parce que en fait, dans L'Impossible Retour, les japonais n'ont pas la voix au chapitre, à part s'ils travaillent comme serveurs, contrôleurs... tenanciers, enfin vraiment, les japonais sont quasiment absents du livre. Et je me suis dit, c'est quand même un peu gênant de lire tout un livre sur le Japon sans vraiment lire la voix japonaise. Il y a très longtemps, j'ai lu un recueil de nouvelles qui s'appelle Le faussaire de Yasushi Inoue, mais c'est vraiment la dernière fois que j'ai lu un auteur japonais.

  • Speaker #0

    Oui, alors moi, en fait, l'auteur japonais que j'ai le plus lu, c'est l'auteur japonais le plus occidental, Asamura Kami, je pense que j'ai lu, bon, pas tout, mais une bonne partie de son oeuvre. Et Murakami, le truc, c'est qu'il est fasciné par l'Occident, par le jazz...

  • Speaker #1

    Est-ce que Murakami, ça serait pas la Mélino tout le monde ?

  • Speaker #0

    Alors, Murakami, c'est vraiment... Il se fait rapprocher de Garcia Marquez, du Réunis de la magie. C'est des romans en fleuve. C'est des romans, en fait, justement, qui font partie de ce qu'on a pu appeler, de ce qu'on appelle peut-être à raison l'intertour mondiale. C'est-à-dire qu'on peut lire du Murakami en tant qu'occidentale, et je pense comprendre à peu près ce qu'il a voulu dire. Alors, récemment, j'ai lu... Murasaki. Alors, Murasaki, c'est quoi ? C'est une femme japonaise qui a écrit le titre du Genji au XIe siècle. Le Japon, quand même, au XIe siècle, l'or chrétien de Troyes à eux, c'est une femme. Et c'est une femme de la cause. Et qui raconte les intrigues de cour, les intrigues amoureuses, etc. Et moi, j'ai lu notamment le journal Murasaki, et en fait, c'est très, très bizarre, ça a l'air. En fait, en gros, je n'ai pas très bien compris ce texte, je pense. Parce que lire du Japonais du XIe siècle, c'est quand même un peu étrange. Mais on a l'impression, quand même, de lire quelque chose d'excessivement... moderne, parce qu'elle parle de son expérience du monde, de la vie, de la cour, et puis en même temps, il y a une sorte d'écriture très acérée, toujours sur... En fait, elle capture des formes d'instantané, où il y a une pensée de l'éphémère, enfin bref, c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on a d'autres choses à lire à la place ? Tu m'avais dit que tu voulais parler de mystique.

  • Speaker #0

    Oui, non mais, alors, parce qu'il se trouve que l'un des objets de la thèse, c'est sur la mystique, et que Noton, en fait, c'est la première étape de l'état de genre mystique. Elle a écrit un texte qui s'appelle Soif, qui est une biographie de Jésus. sous le nom de la mystique et en fait voilà c'est un bon premier pas mais comme je ne sais pas Paolo Coelho c'est une première étape il ne faut jamais enfin si c'est un thème qui vous intéresse il ne faut surtout pas s'arrêter à ça et penser que notons a pu dire quelque chose de l'indicible qui serait l'expérience mystique et dans ce cas je vous recommande quand même la nuit obscure de Saint Jean de la Croix qui est évidemment un texte pas forcément facile à lire mais qui n'est pas non plus impossible et comme c'est présenté comme de la poésie si on ne comprend pas tout ce n'est pas grave et il y a plein d'images impossibles qui sont merveilleux

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'ici. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à nous suivre sur notre compte Instagram arrobase torchon.podcastlittéraire pour nous donner vos idées et vos réactions à cet épisode. Et je vous conseille de le suivre pour plus de recommandations, plus de critiques et plus de coulisses. On vous embrasse et on vous dit à bientôt. Au revoir.

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Description

Les livres d’Amélie Nothomb, c’est un peu les Beaujolais nouveaux de la rentrée littéraire. Chaque année, ils nous apportent un rituel joyeux et prévisible, et alors on se demande : il est comment le dernier Nothomb ? 


Torchon se penche dans cet épisode sur la toute dernière cuvée : L’impossible retour. S’il est, disons-le tout de suite, pas le plus réussi, on se retrouve face à un livre qui se déguste principalement par son rapport à la totalité de l’oeuvre de l’autrice. Notre chroniqueur et expert Pierre Poligone fait découvrir à Léa le plaisir des correspondances, des thèmes et des motifs. Le Japon, le champagne, la figure du père ou celle de Mishima, vous deviendrez incollable sur cette autrice à la fanbase ultra fidèle ! Mais une question persiste : un livre qui est bon grâce à ses correspondances à d’autres livres, est-il vraiment réussi ? 


Notre non-sponsor : le podcast Musique Déviante ! 


Livres d’Amélie Nothomb cités : 

L’impossible retour

Mercure 

La Nostalgie heureuse 

Pétronille 

Une forme de vie

Métaphysique des tubes

Ni d’Eve ni d’Adam 

Hygiène de l’Assassin

Soif


Autres choses citées : 

A rebours de Huysmans 

Le Pavillon d’or de Yukio Mishima 

Parler des livres qu’on a pas lu de Pierre Bayard 

Chroniques Japonaises Nicolas Bouvier

Le Faussaire de Yasushi Inoué 

La nuit obscure de Jean de la Croix 

Journal de Murasaki Shikibu

Pause Pipi d’Arte Radio 

Perfect Days de Wim Wenders


Torchon, c’est le podcast qui traite de l’actualité littéraire en lisant des livres pour que vous n’ayez pas à le faire. On est une bande de copain pas du tout critiques littéraires de profession, et pour chaque épisode on se retrouve en mode "club de lecture de l'extrême" et nous lisons un livre qui a fait l’actualité pour vous dire si c’est une bonne surprise ou bien un vrai torchon. Et restez jusqu’à la fin pour nos recommandations littéraires et culture ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Torchon, le club de lecture où on lit des livres pour que vous n'ayez pas à le faire. Pour chaque épisode, nous lisons un livre qui a fait l'actualité, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et nous vous disons si c'est une bonne surprise ou alors un vrai Torchon. Grâce à Torchon, vous pourrez briller en société et parler du livre du jour sans même l'avoir lu. Je suis Léa et aujourd'hui je suis avec Pierre. Bonjour Léa. Et nous avons lu Un impossible retour d'Amélie Nothomb, paru aux éditions Albain Michel en 2024. Et cet épisode n'est pas sponsorisé par le podcast Musique Déviante. En effet, chez Torchon, on parle surtout des livres archi-populaires pour les critiquer sans vergogne. Mais Musique des Viandes, c'est tout le contraire. Dans chaque épisode, vous découvrirez la face cachée de la musique, des artistes uniques, étranges et fabuleux, et souvent inconnus du grand public. D'ailleurs, après avoir écouté notre épisode sur les tribulations japonaises d'Amélie Nothomb, je vous conseille de faire un tour chez Musique des Viandes et son épisode sur Jun Togawa, artiste japonaise excentrique qui mangerait Lady Gaga au petit-déjeuner. Une artiste comme seul le pays du Levant est capable de créer. Mais pas tout de suite, d'abord, laissons la place à l'impossible retour. Alors pour te présenter, Pierre, tu es le cofondateur d'un média qui s'appelle Zone Critique, qui est sur la culture contemporaine et émergente. Donc ta spécialisation, c'est vraiment les petites pépites un peu cachées, les auteurs qu'on ne connaît pas encore très bien. Et pourtant, tu as une face cachée, c'est que tu as une passion pour certains auteurs archi-archi connus, comme Amélie Nothomb. Et d'ailleurs, tu m'as dit que tu les avais... tous lus. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que tu les as vraiment tous lus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai, je les ai vraiment tous lus. Merci beaucoup d'abord de m'inviter dans ce podcast. C'est vrai que Noton, elle a vraiment une place particulière dans la vie de lecteur et dans mon cœur. Elle a une place qui est liée à ma mère. Rapidement, la lecture a toujours joué un rôle essentiel dans ma vie. J'avais beaucoup de mal à dormir quand j'étais petit. Et simplement, la lecture, c'est une manière de meubler le temps. Et Noton, comme vous le savez peut-être, elle a commencé à émerger assez tôt, surtout avec Subarrêtement, donc on était en 99. Donc j'avais un... 6 ans, 7 ans, et en fait, ma mère avait ce truc incroyable de me raconter des histoires ou de me parler des livres même qu'elle lisait. Et il se trouve qu'un soir, avant de dormir, elle a commencé à me raconter l'intrigue de Mercure, un texte d'Aminoton qui est assez fascinant et terrifiant pour un enfant puisque, en gros, en deux mots, c'est l'histoire d'une jeune femme qui pense qu'elle est défigurée et qui, en fait, est au service d'un vieux monsieur. Et donc c'est une histoire, évidemment, quand on est enfant, on est terrifié. Et donc, j'ai eu ce récit un peu de cette intrigue qui m'a interloqué, interpellé. Et ensuite, j'ai commencé religieusement à lire tous les notons, les uns après les autres. Et c'était aussi un moment ou un moyen d'échanger avec ma mère autour de ces lectures-là.

  • Speaker #0

    Elle les lit aussi, elle les a tous lits.

  • Speaker #1

    Elle aussi, elle les lit tous, et même plus que ça. D'ailleurs, pour cet épisode-là, ma mère m'a dit, mais attends, il faut absolument que je te passe l'impossible retour. Donc il y a ce truc où non seulement elle les lit, mais en plus, elle me les achète. ils les achètent pour elle,

  • Speaker #0

    elle les lit d'abord et après elle me les passe d'ailleurs c'est trop drôle parce qu'on a remarqué que grâce à Amélie Nothomb on peut constater l'inflation du livre parce que comme elle en sort un chaque année là celui-ci est à 18,90 mais t'en as d'autres plus anciens qui sont un peu moins chers bah oui la Nostalgie Heureuse qui a été publiée en

  • Speaker #1

    2014 si je ne me trompe pas, il est à 16,50 Ninette Vindadant qui a plus de pages quand même puisqu'on frôle les 300 pages qui a été publiées en 2007 il est à 17 euros... mais au prix du noton n'est pas fixe, ça pourrait être un indice boursier comme l'indice Big Mac bon alors après évidemment un objet ou un livre de notons c'est un ensemble c'est d'abord une couverture avec toujours quoi qu'il arrive, une photographie un portrait d'Aminoton qui peut être en noir et blanc, qui peut être en couleur on la passe sous ses formes mais on l'aura toujours il y a un autre truc c'est que en fait Aminoton elle écrit aussi bien des textes de fiction que des autobiographies mais même si c'est un texte de fiction... on aura quand même son visage en couverture.

  • Speaker #0

    Oui. Mais d'ailleurs, il faut qu'on revienne sur certains points. Déjà, en fait, c'est plus un personnage qu'une autrice. Je ne sais pas comment expliquer ça, mais déjà, il y a plein de choses que je sais un peu par hasard sur elle. Par exemple, qu'elle écrit tous les jours, très, très tôt le matin. Il y a son obsession pour le champagne. Et il y avait quoi d'autre que j'ai appris ? Ah oui, qu'elle écrit un livre tous les ans, quoi.

  • Speaker #1

    Ce que tu mentionnes, elle en parle. C'est-à-dire qu'on aurait l'occasion d'en parler dans l'imprimé retour. Elle parle de sa pratique de l'écriture à 4h du matin, tous les jours. Alors ensuite, si on parle justement des mythèmes associés à Noton, il y en a plein. En vrai, il y a cette rigueur, cette assaise liée à l'écriture. Il y a cette passion pour le champagne qui est présente en fait en filigrane dans quasiment tous ses livres. D'ailleurs, dans ce livre-là, encore une fois, elle joue avec le mythe.

  • Speaker #0

    Parce qu'elle n'en boit pas.

  • Speaker #1

    Elle n'en boit pas dans le lit de jour. Et il y a Pele qui lui dit, mais comment mes électeurs vont savoir qu'ils ne boivent pas du champagne pendant le lit de jour ? Il y a des romans qui tournent intégralement, des textes qui tournent intégralement autour du champagne. Petroni, c'est vraiment le roman du champagne. Il y a aussi un mythe très important. c'est la question de la fidélité envers ses lecteurs et ses lectrices. Améliotton répond à tous ses lecteurs et ses lectrices chaque fois qu'on lui envoie un courrier.

  • Speaker #0

    T'en as écrit ?

  • Speaker #1

    Et oui. Alors, je ne l'ai pas amenée avec moi. C'est pas une connaissance privée pour autant, mais il se trouve qu'elle a répondu effectivement à mes réponses. Qu'est-ce que tu lui as posé ? Alors, en fait, c'était évidemment très intéressé, puisque, en fait, je lui ai fait une demande d'entretien. Parce que je me suis dit, voilà, après tout, il se trouve que, bon, j'ai une connaissance pas forcément exhaustive, mais du moins, je pense, assez précise de son œuvre. Et je lui ai dit, trop bien, j'ai envie de lui poser des questions que jamais personne ne lui a posées. notamment avec un ami qui s'appelle Pierre Cormari qui nous est aussi une sorte de vénération alors moi c'est pas mon cas mais lui en tout cas il y a vraiment une question de la vénération pour Noto et donc on avait préparé un entretien ensemble un certain nombre de questions elle m'avait répondu très gentiment vraiment pour le coup elle avait pris le temps de répondre mais sa réponse m'a un peu déçu parce que en fait en substance si je vous la livre elle m'avait dit mais vos questions sont si intelligentes et si pointues que je ne peux pas y répondre je vous dis ça en toute humilité...

  • Speaker #0

    adressez-vous plutôt à d'autres écrivains et voilà une politesse toute japonaise peut-être mais là non après j'ai deux choses que je voulais dire le premier c'est que oui en effet Amélie Nothomb c'est certes un personnage c'est aussi une fanbase de gens qui peut-être nous écoutent là tout de suite c'est ça qui est trop drôle c'est que c'est des gens qui sont assez intenses il y a des forums de discussion tu m'as dit il y a plein de gens qui leur et le il y a une raison à ça c'est qu'elle leur répond elle a un rapport très particulier avec eux donc ils se sentent un peu inclus.

  • Speaker #1

    Pour rebondir sur cette question de la fanbase entre les gays et les nôtroniennes, c'est vrai que c'est quelque chose qui ne vaut pas pour tous les écrivains. Mais en fait, avec une personnalité aussi marquée, aussi affirmée, avec cette manière même d'inclure directement le lecteur dans ses romans, Petroni, par exemple, au départ, c'est une lectrice, son vrai nom d'ailleurs, Stéphanie Auchet, de même que dans Une forme de vie, c'est un roman qui est directement adressé à son lecteur. Une forme de vie, ça va plus loin que ça. C'est plus pervers, En fait, c'est une correspondance. avec un lecteur qui dégénère. Donc en fait, elle met en scène son lecteur dans ses romans. Par ailleurs, elle a ce talent ou ce don d'hypermnésie, soi-disant, qui fait qu'elle se souvient du prénom de chacun de ses lecteurs. Et aussi, elle pratique le double graphisme. Ce qui fait qu'on a plein de choses qui font que, évidemment, le lecteur a envie de s'y retrouver, de percer le mystère. On aura l'occasion aussi d'en reparler, mais à mon ton, c'est surtout des thèmes structurants. C'est-à-dire que vraiment, il y a une recette, notons, qui fonctionne quasiment à tous les coups, avec des ingrédients savamment dosés, qui, avec le monde, en redemande. Et ce qui fait que, dans les forums autour d'Amilton, il y a beaucoup de gens qui vont faire des témoignages de lecture. Pour le coup, moi, qui, à mon sens, qui frôlent la pathologie, mais qui sont en même temps, je pense, d'une sincérité affolante, et des gens qui expliquent qu'Amilton leur a sauvé la vie. Parce que, précisément, elle a su jouer un rôle de, on va dire, marraine, sur toutes les lèvres un peu folles, un peu obsédantes. Et de fait, je pense que son exoncité en fait, voilà, une sorte de prêtresse. Alors, elle refuserait. évidemment ce rôle, et elle ne joue pas non plus avec ça, mais force est de constater que ce n'est pas une autrice comme les autres, et que son public n'est pas comme les autres. Oui,

  • Speaker #0

    elle a l'air vraiment très sympathique. J'ai un peu essayé de me renseigner avant de créer cet épisode, et donc j'ai un peu écouté deux, trois interviews que j'ai pu trouver, et vraiment, elle a l'air gentille, tu as envie de la protéger, elle est toute mignonne et tout, et je pense que c'est ça qui est marrant, c'est qu'elle a un petit côté gourou, et je pense qu'on en reparlera, mais en même temps, tu ne peux pas trop lui en vouloir, parce qu'elle a l'air en même temps toute mignonne. C'est sympa. Moi, je la compare pas mal à Mylène Farmer dans un certain genre. Le côté les thèmes, la fanbase hyper dévouée, le côté un peu esthétique. Alors, elle, c'est plus une esthétique japonaise. Mylène Farmer, c'est plus un truc un peu gothique.

  • Speaker #1

    Mais de fait, il y a des costumes un peu gothiques de Nothomb, parfois aussi. Alors, ce que tu dis sur la gentillesse de Nothomb, c'est tout à fait vrai. Je pense qu'il faut le souligner. Je peux donner plein d'exemples. J'en prendrai un. C'est que Nothomb, elle a cette capacité ou ce talent de valoriser ses lecteurs et même de leur accorder des choses je prends l'exemple, Pierre Carmary dont je parlais a écrit un texte sur un raccord nu et à une tourne a fait la préface demander une préface à un auteur tel que notons et qu'il le fasse c'est vraiment c'est une générosité rare et de même, elle se prend en photo elle se fait prendre en photo fréquemment elle répond, en l'occurrence elle m'a répondu négativement gentillesse quand même très formels et très appréciés aussi.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on peut passer au livre, parce que là, on vient de parler d'Amélie Nothomb, et je pense que c'est justifié, c'est-à-dire que c'est une oeuvre, enfin, ce livre est inclus dans une oeuvre plus large, mais l'impossible retour, donc, c'est le dernier, c'est la dernière cuvée d'Amélie Nothomb, c'est notre Beaujolais nouveau à nous, et donc c'est devenu un peu un marronnier de la rentrée littéraire, c'est genre chaque année, je crois que c'est au 15 août où elle publie son livre, et chaque année c'est un peu un succès à... d'édition alors peut-être Par rapport à d'autres, ça l'est moins, mais en tout cas, chaque année, c'est en tête des ventes, c'est en tête de condole, c'est sûr. Et l'impossible retour, c'est plutôt un texte autobiographique, quand bien même il y a des éléments de pseudonyme, par exemple. Et il est comment, alors, ce dernier ?

  • Speaker #1

    Alors, d'abord, je vais préciser une chose, c'est qu'elle écrit même, selon la légende, évidemment, trois livres chaque année. Elle soumet les trois à son éditeur, l'éditeur en choisit un, et les deux autres sont remisés dans un tiroir, sont brûlés. C'est-à-dire que personne n'aura jamais accès au texte. qui n'ont pas été publiées. Moi, j'ai l'impression que ça tient davantage dans la légende, en plus ça me fait doucement rire, parce que, je le dis d'emblée, il y a certains textes de Noto que je trouve vraiment très très faibles, en dépit de tous les mots que je lui porte, humainement, sans vraiment la connaître d'ailleurs, et je crois malheureusement que L'Impossible Retour en fait un peu partie, si je dois donner mon avis assez rapidement sur ce livre, je dirais qu'en fait, c'est un roman très fade, et d'ailleurs c'est étonnant parce qu'elle parle de cette fadeur-là, à un moment dans le roman, où elle goûte une... pâtisserie japonaise et qu'elle dit que c'est une fadeur qui est une douce fadeur, qui rend le dégoût quasiment impossible. Mais je pense qu'il y a de ça, c'est-à-dire que c'est un roman, on pourrait dire, aussi vite lu, presque aussi vite oublié. Elle dit précisément, Ce n'est jamais que de la pâte de riz, mais elle a cette saveur inscriptible pour laquelle je donnerais tous les gâteaux au monde. Faute de mieux, je l'appelle la fadeur poétique japonaise. J'ai conscience du caractère péjoratif de cette dénomination. Je ne me trouve cependant pas plus approprié pour désigner ce que vous peut marquer. en retrait, aux antipodes des saveurs prononcées des patries japonaises. Par exemple, s'il est en état impossible à atteindre avec cette iris comestible, c'est l'écœurement. Et je crois que on tient quelque chose. C'est impossible d'être écœuré par un roman d'Aminoton. C'est vrai. Mais néanmoins, il n'y a pas de saveur. Il n'y a pas de point saillant. On va en parler justement précisément de cette sorte de fadeur. En tout cas, moi, c'est le sentiment qui... que vous avez à la fin de la lecture ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai eu vraiment... Alors déjà, ça se lit super vite. Ah oui, et donc l'expérience que j'ai eue de lecture, c'est que juste avant, j'avais lu Les Années, qui est le roman le plus long de Virginia Woolf, donc pas celui d'Annie Arnault, mais de Virginia Woolf. Et donc, c'est l'inverse d'Annie Arnault, d'ailleurs, parce que c'est très long, c'est du stream of consciousness, et ça prend un temps de dingue à lire. Et donc, c'est le livre que j'ai lu directement après ça, et j'ai eu l'impression d'être, tu sais, genre un élastique qu'on tire, qu'on tire, qu'on tire, et là, vraiment, en une heure, je l'avais fini, quoi. Très anecdotique. Pour le coup, je ne connais vraiment pas très bien Amélie Nothomb parce que j'avais juste lu Ni dèv'ni dèd'en quand j'étais ado. Et j'avais un bon souvenir d'ailleurs de Ni dèv'ni dèd'en. Moi, ça m'a fait très plaisir à lire. C'était un vrai plaisir de lecture, surtout qu'elle écrit vraiment avec un style qui est très agréable. Oui, il y a un côté...

  • Speaker #1

    Si on parle un petit peu du style de Nothomb, c'est vrai qu'on pourrait en parler légèrement. Il y a des gimmicks que les fans reconnaissent. Déjà, il y a le choix et l'emploi de Morard. J'en prends un parce qu'elle l'emploie souvent, c'est le mot de enfansonne Enfonçonne pour désigner les adores. J'étais une enfonçonne, j'étais une petite fille quand j'étais au Japon. Il y a aussi vraiment cette volonté semi-avouée de faire des maximes. Le roman est conçu des maximes, je n'en ai même pas souligné dans le texte. Donc là, j'ouvre le texte au hasard. Il y a par exemple, pour le coup vraiment au hasard, je prends une phrase. Au-delà du salé et du sordide, il y a le malaise. Mais on peut vraiment trouver des choses... qui sont de l'ordre de l'aphorisme, quasiment, chez Noton.

  • Speaker #0

    Je trouve qu'Amélie Noton, j'ai peut-être un biais de par mon métier, mais je trouve qu'Amélie Noton, il y a un côté où, dans une autre vie, elle aurait été une excellente...

  • Speaker #1

    Moraliste ?

  • Speaker #0

    Non, conceptrice-rédactrice en agence de... Oui,

  • Speaker #1

    mais à l'essence de la formule.

  • Speaker #0

    À l'essence de la formule, elle a des thèmes fétiches. Moi, je trouve que ça ressemble aussi un peu à Taylor Swift, dans le sens où elle crée une communauté autour de... de référence, de self-reference elle arrête pas de se référencer à elle-même ça c'est un truc qui marche vachement bien en communication de revenir à des thèmes comme ça en sous-dressement moi ce qui m'a vraiment frappé c'est que peu de personnes diraient d'Amélie Nothomb que c'est un objet marketing mais en vrai rien

  • Speaker #1

    que le fait de l'avoir en couverture de tous ses livres je crois que c'est un objet marketing contre elle-même, c'est-à-dire que c'est devenu une marque quasiment déposée avec encore une fois mais vraiment rien que enfin à la présentation même de ces textes, en fait, il y a un certain nombre de choses qu'on s'attend à retrouver. Là où, en fait, oui, c'est un objet marketing, mais en même temps, elle-même le concevait pas comme ça, c'est que, en fait, c'est évidemment une forme d'armure humaine à se protéger, c'est-à-dire qu'en fait, elle donne une forme à son existence qu'elle endosse comme un chevalier en dessous de son armure, et si on lit ces textes, on voit bien que c'est aussi une manière de se protéger dans la mesure où il y a un point qui n'est pas fin, c'est que Anne Bioton est très sensible à l'hyperesthésie, qu'elle a un rapport, on va dire, très très... peureux au monde, à la réalité. Et ça, c'est des choses qui, en tout cas, ne me semblent pas feintes dans la mesure où elles sont continues, où, en fait, le personnage retrouvé en entretien, c'est le même personnage dans ses textes. Mais de fait, c'est vrai qu'elle a ce truc très étonnant qui est d'avoir, justement, une sorte... Il y a tellement de modèles, de thèmes structurants qu'au bout d'un moment, on se pose des questions.

  • Speaker #0

    On peut se pointer du doigt et les voir. Peut-être résumer le livre ? Alors, c'est une autobiographie. Amélie Nothomb, pour donner des éléments de contexte, elle est née au Japon, elle a vécu au Japon jusqu'à ses 5 ans, car son père était ambassadeur là-bas. Ensuite, elle y est revenue dans sa vingtaine pour y travailler, et ça a donné le livre pour lequel elle est connue, Stupor et Tremblement.

  • Speaker #1

    Et Nidave Nidadan,

  • Speaker #0

    qui est à cette période-là aussi. C'est-à-dire qu'il y a un livre sur le travail et un autre sur l'amour. Et en fait, là, elle y retourne pour la troisième fois, parce qu'elle y est retournée encore une fois.

  • Speaker #1

    c'est ça en fait en effet il y a l'expérience de l'enfance primordiale et structurelle ou d'ailleurs dans Métaphysique des tubes par exemple donc l'enfance au Japon qui est vécue comme un Eden un âge d'or etc tout ce qu'on veut ensuite il y a ce moment à la fois dysphorique et en même temps exaltant qui est le fait de retourner travailler au Japon, Superétanglement qui était le grand hit de Nothomb, il faut le dire que Nothomb lui en avant et en après, le Superétanglement et le Grand Prix de la Garnierie Française qui était adapté dans la foulée au cinéma il y a vraiment ce truc là où elle a été catégorisée là-dessus. Et ensuite, il y a ce texte-là, dont il faudrait qu'on parle un petit peu un moment, qui est La Nostalgie Heureuse, qui est sorti juste après Fukushima, etc., en 2013, où elle retourne déjà au Japon, après avoir quitté le Japon, au moment du patrouillement. Et en fait, c'est un des problèmes ou une des questions qu'on peut se poser par rapport à ce texte-là, c'est qu'est-ce que ce texte apporte de nouveau, puisque Emile Nothomb nous avait déjà fait le coup, en tant que lecteur, du retour au Japon après. ces moments soutenants.

  • Speaker #0

    Là, on a un deuxième retour, mais qu'elle subit un peu, parce que c'est sa pote qui lui dit, allez, j'ai gagné un prix, j'ai droit à deux semaines de vacances, et j'ai choisi le Japon, et tu viens avec moi. Il y a deux personnages dans ce livre, il y en a plusieurs évidemment, mais les deux centraux, c'est Amélie Nothomb elle-même, et puis Pep Benny, qui est un pseudo, mais qui est une photographe, et d'ailleurs je vais citer le tout début du livre, comme ça, ça vous donnera... Le contexte. Début 2021, Pepe Beni remporta le prix Nice et Fort Niépcé pour son magnifique recueil de photographies tombées du ciel qui raconte la guerre du Pacifique côté Japon. Elle gagna ainsi un aller-retour long courrier pour deux personnes. Toutes les destinations desservies par la France étaient envisageables. Pepe Beni, bon, après elle raconte qui est Pepe Beni et elle me dit Pepe ma plat pour m'annoncer la grande nouvelle. La destination que j'ai choisie est le Japon et c'est toi qui m'accompagne. Le livre raconte le départ dans l'avion, ensuite une première partie à Kyoto, une deuxième partie à Tokyo, et ensuite le retour. Donc c'est un livre qui dure deux semaines. Et donc, ce qui est intéressant, je trouve, c'est qu'il y a vraiment une sorte de ping-pong entre Amélie Nothomb, qui est assez submergée par ses émotions, qui est très sensible, et de l'autre côté, ce personnage de grande... Enfin, un personnage très couleur,

  • Speaker #1

    quoi. Oui, et c'est un personnage, on pourrait dire, quasiment de dominatrice. Enfin, j'ose quasiment le mot, parce que en fait, tu l'as mentionné, mais... Elle ne veut pas y retourner. Son ami lui dit, si tu y vas, elle y retourne. Comme je l'ai dit, pour des raisons qui s'expliquent aussi par rapport au temps précédent, mais son ami lui dit, tu ne seras pas nostalgique. Noton s'empêche d'être nostalgique. Son ami lui dit, je veux changer d'hôtel absolument. Et elle change d'hôtel. En fait, c'est elle qui va provoquer la narration. C'est-à-dire que dans le fond, tout va être motivé par ce que Pef veut faire. Et Noton est très passive dans ce voyage.

  • Speaker #0

    Et c'est un voyage qui est finalement très touristique. Elles vont dans des endroits... Kyoto, qui sont les lieux touristiques connus, à Tokyo aussi. Alors, heureusement, à Tokyo, elle rencontre une troisième personne qui est Alice, qui est une expat, qui, elle, va un peu les détourner des sentiers battus. Et donc, c'est quand même pas mal un récit de tourisme. C'est ça qui est assez frappant, c'est que, comme elle se refuse à une certaine forme de nostalgie, eh ben, on reste quand même... Enfin, moi, la lecture que j'ai eue, c'était que vraiment, j'étais genre Mais pourquoi elle va pas plus loin ? Pourquoi elle se refuse à...

  • Speaker #1

    Alors, la réponse que je peux t'apporter un peu, c'est qu'en fait, elle est déjà allée plus loin. Elle est déjà allée plus loin dans une stratégie heureuse, où elle est retournée sur l'île de son enfance. Elle n'a pas recommencé à faire ce qu'elle a déjà fait. Elle a déjà tellement épuisé ce rapport au Japon que dans l'absolu... explorer le Japon en tant que touriste, c'est une expérience qu'elle n'a jamais faite. Et d'ailleurs, elle le dit elle-même, elle le dit à un moment, bah oui, en fait, moi j'ai vécu là, je suis jamais dans ce parc-là, parce que c'est là où vont tous les touristes, tout comme les Parisiens ne vont jamais en haut de la Tour Eiffel, ce qui est vrai. Et du coup, là, elle se dit, bah ok, ne serons-nous pas nostalgiques, au contraire, faisons ces expériences-là touristiques, et voyons ce qui se passe. Et d'ailleurs, elle fait du noton, c'est-à-dire que, comme elle est un noton, et c'est pas n'importe qui, et bien, quand elle va dans un lieu touristique, bah, elle est quand même émue aux larmes. Elle est toujours saisie d'extase, je pense que c'est ça qui caractérise le noton. Elle pleure toutes les 15 pages, il y a des extases toutes les 50 pages, et ça en fait un voyage un peu pas comme les autres.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, parce qu'on raconte la vie d'Amélie Nothomb, mais je vais raconter aussi la mienne. Il se trouve que moi, je suis allée à trois reprises au Japon, un peu dans des circonstances qui sont étonnantes, parce que j'étais avec mon frère et mon frère par le japonais, donc ce n'était pas du tourisme pur, mais ça restait méga du tourisme. Et moi, j'y suis allée dans ces endroits, et être capable d'extase dans ces endroits-là, c'est très impressionnant, parce que tu es vraiment... Enfin, il... foule de touristes. Et quand il n'y a pas des touristes, il y a des, comme elle le raconte, des cartes de japonais, des tutos japonais, etc. Quand je l'ai lu, c'était genre, ah ben, on n'a pas eu la même expérience. Et donc, bon, il faut le dire, c'est assez touchant de savoir qu'elle est capable quand même d'être émue, d'apprécier le côté esthétique de l'art.

  • Speaker #1

    Ou de s'émerveiller. Et je pense que le mot de extase il est important parce qu'en fait, c'est... Bon, même si on verra que c'est souvent, parfois, j'ai l'impression, en tout cas, dans un mode un peu dégradé, mais c'est des sorties d'elle-même, quoi. C'est-à-dire que c'est des moments où, en fait, elle est d'un coup saisie. et alors parfois elle est rattrapée par le réel t'en parleras sûrement peut-être après mais voilà c'est vraiment où d'un coup les choses matérielles reviennent mais sinon elle a une sorte de rapport au monde et même au réel qui est très souvent diffracté et d'ailleurs j'en parle parce que c'est ce qu'elle disait déjà dans sa visée heureuse elle disait tout ce que l'on aime devient une fiction le Japon est la première des fictions et de fait elle nous propose et il faut le dire quand même je le trouve en tout cas une vision un peu fantasmée du Japon moi je suis jamais allé au Japon et j'ai pas de passion particulière pour le Japon mais il se trouve que Noton, elle nous sort tout ce qu'on imagine sur le Japon. C'est-à-dire que tous les clichés que j'ai sur le Japon, c'est une personne qui nous a transmis, c'est Noton. À savoir, le monde des entrepreneurs japonais est très dur, les Japonais sont très rigoureux. Et là, on a toutes ces images-là, qui sont dans le livre, à savoir si on est tatoué, en fait on est un akusa donc on ne rentre pas dans les bains. Et d'ailleurs, il n'y a pas besoin d'avoir quelqu'un pour interdire à l'entrée, parce qu'au Japon, le surmoi est tellement puissant que la simple interdiction suffit. Et même l'auberge dans laquelle elle s'arrête au début avec le héron. Le héron, animal japonais aussi par excellence. Le tatami frais, notons, disons, ne va pas déconstruire, jamais, en tout cas, l'image TH du Japon.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose dont je voulais parler, c'est-à-dire que moi, la raison pour laquelle mes parents m'ont offert Neda Vinadon, c'était un peu parce que j'étais obsédée par le Japon quand j'étais ado. et donc ils se sont dit bon tu vas arrêter de lire du Naruto tu vas lire du Amélie Notho à la place et donc j'ai vraiment eu cette obsession là et ensuite ça s'est vraiment dégradé c'est fini j'ai plus du tout d'obsession pour le Japon parce que j'y suis allée et que je me suis rendu compte qu'en fait bon c'est un pays comme un autre en fait c'est ça qui est marrant c'est qu'elle elle se refuse à faire ce truc du style bon bah en

  • Speaker #1

    fait calmez-vous les nerds tu vois dans cette nature là tu vois ensuite pour la défendre précisément c'est ce que je racontais également c'est qu'en fait elle fictionnalise le Japon c'est à dire que elle va forger des images d'épinal dont elle ne va pas sortir, mais parce que c'est son mode d'être à elle et parce que c'est aussi il faut le dire, une expérience particulière. Elle a effectivement grandi au Japon. Sa langue maternelle, en fait, c'est le japonais. Et ça, c'est quand même très particulier. Et donc, évidemment qu'elle fantasme. Ce pays, c'est normal que ça arrive d'avoir d'images qui va leur innerver toute son oeuvre. Et c'est pour ça, d'ailleurs, à mon sens, que le fait que ce roman soit déceptif, ou du moins que moi je l'appréhende comme tel. En fait, c'est conçu pour.

  • Speaker #0

    Et je trouve qu'un truc qui marche bien, c'est que en fait, elle, justement, n'a pas un rapport de touriste et c'est limite... pour ça qu'on aime bien Amélie Nothomb c'est que certes elle est française pardon elle est belge elle est francophone mais elle est capable de nous donner une expérience un peu qui sera plus authentique que ce dont on a accès quand on est au Japon en tant que touriste qui est vraiment une sorte d'opacité terrible le fait que t'as l'impression tout le temps d'emmerder tout le monde d'être mal poli en permanence juste en étant là D'ailleurs, je voulais en parler, mais il y a moi mon passage. Moi, mes passages préférés de ce livre, c'est quand même les passages un peu rocamboles où Pep commence à casser les couilles à tout le monde. Donc, il y a le passage où elle entend des voix la nuit dans le Rio Cane et donc veut changer d'hôtel parce qu'elle a entendu quelqu'un parler dans la nuit. Trop bizarre, quoi. Moi, je serais à mes dînatoires, je lui dirais, tu arrêtes ou rentre dans la chambre. Mais non, elle se laisse un peu faire.

  • Speaker #1

    Et puis, surtout que l'expérience est quand même très forte. C'est-à-dire que non seulement elle est réveillée à 1h du matin, mais en plus, elle est forcée d'aller parler. au propriétaire de l'hôtel et de lui raconter cette histoire un peu rocambolesque. Le propriétaire consent de manière extraordinaire à accepter un changement de chambre, mais Pep n'est pas satisfait de la nouvelle chambre, et donc... Les deux se retrouvent à... Enfin, Pepe force Aminoton à quitter l'hôtel en pleine nuit. Elles errent ensuite pendant une heure.

  • Speaker #0

    Oui, elles trahissent des prostituées.

  • Speaker #1

    Et voilà, des geishas, etc. Avant de revenir des fêtes. À l'hôtel, on s'en va en fête.

  • Speaker #0

    Et ça finit, page 48. Quand je rejoins Pepe pour le petit-déjeuner nippon, je m'aperçois que la jeune serveuse lui parle désormais avec une admiration appuyée. Elle voudrait lui apporter ses aliments à la bouche comme une geisha. Je traduis des périphrases avant de comprendre la situation. Le tenancier a dû dire à ses employés... des horreurs à notre sujet, et surtout sur celles qu'il commandait. Rien d'absurde à supputer que cet homme doit être très impopulaire auprès de celles qu'il tient pour des servantes. Ce devrait être la première fois que quelqu'un s'adressait à lui avec insolence. Si l'on ajoute que Pep est une femme étrangère qui semble âgée de 30 ans à peine, on peut imaginer la fureur du despote, d'où la jubilation des employés. Donc finalement, tout est bien qu'il finisse bien, parce qu'en fait, elle parle la voix du peuple.

  • Speaker #1

    Et ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, dans l'absolu, Pep, elle n'a pas de surmoi, contrairement à Noton, qui, elle, justement, est prisonnière. Alors, on en parlera, parce qu'il y a une image du père, je ne suis pas fan de psychanalyse, mais, pour le coup, vaguement psychanalytique à faire, en tout cas, qui est suggérée très fortement dans le roman, parce que si vous avez lu Supleur et tremblement en fait, c'est un des enjeux du texte, c'est-à-dire que Noton arrive et doit se conformer à un moule qui n'est pas le sien, et, en fait, elle se fait détruire psychiquement par sa nature toxique. Et elle a quand même une figure d'admiration qui est Fubuki, qui incarne, encore une fois, une sorte de perfection japonaise qui, elle, a réussi à renoncer les codes. Et donc, Pep, elle, c'est l'inverse. Pep, elle arrive, elle casse tout. Et pour autant, elle suscite l'admiration. Et ça, je pense que Noton, c'est quelque chose qui l'a... Oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce qui ressort de la lecture aussi, c'est un peu que Amélie... Amélie,

  • Speaker #1

    ça y est. Ça y est, on devient proches. Allez,

  • Speaker #0

    allez. Que Amélie Noton, elle a des figures tout à l'heure. Alors, en fait, la grande différence entre ce livre-là et... je crois, et nostalgie heureuse, c'est que son père est mort. Et son père, c'est lui qui lui a appris le japonais. C'est lui le japonais dans l'histoire. Quand même, il ne l'est pas, mais bon, bref. Et donc, on sent qu'il y a un peu la perte du père qui ressort pas mal dans la lecture, quand bien même, on a l'impression qu'il y a une sorte de frein, qu'elle ne veut pas aller au fond de sa pensée là-dessus.

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que c'est un point très important parce que le père, c'est quasiment, on pourrait dire, le troisième personnage, le quatrième, bon, du roman. Bon, le père absent. Pour le dire rapidement, Nothomb elle-même le dit d'ailleurs dans le texte, elle n'était pas si proche de son père. Elle était très proche de lui quand il était enfant et puis ils se sont un peu éloignés. Mais il se trouve que le père est rentré en force dans l'œuvre de Nothomb avec premier sang, en fait qui est une biographie mais pour le coup littéralement fantasmée du père. Vraiment. Et le père est décrit comme si c'était un reuil. Le père meurt. Et cette mort du père provoque un déchirement chez elle qu'elle explore dans Psychoponte, dans le livre des Sœurs. Et en fait, elle va quelque part devenir... On pourrait dire de plus en plus m'éterrer, de plus en plus folle, comme si la mort du père avait fait sauter des virons psychiques. D'ailleurs, on le voit, tout ce qui est lié au père dans L'Impossible Retour donne des scènes assez truculentes, mais presque un peu gênantes, puisqu'elle se met à chanter du théâtre renaud, parce qu'elle affirme ce qui est potentiellement vrai, que tout ce que son père pourrait dire en japonais, elle le retient systématiquement. Et donc, elle déclame des choses comme ça, et de fait, elle se conduit comme si elle était encore sous le regard du père et en même temps, comme si elle était libérée de lui. Et donc, il y a une sorte de présence-absence qui se trouve sur tout le roman.

  • Speaker #0

    Il y a un autre passage. En fait, c'est marrant parce que tu as le père qui serait une sorte de surmoi et puis tu as Pep qui fout la merde. Et le deuxième... Moi, mon passage préféré, c'est le passage sur les toilettes parce que je dois avouer que si j'ai un combat dans la vie, c'est les toilettes publiques. Le fait que les toilettes publiques pour les femmes soient aussi inaccessibles, c'est juste insupportable. Bref, voilà. Tangente. D'ailleurs, à ce propos, il y a... podcast de Arte Radio qui est super, qui s'appelle Pose Pipi. Donc si ce passage intéresse les auditeurs d'AuteurFond, je vous conseille Pose Pipi. Elles sont sur l'autoroute et elles veulent s'arrêter pour aller aux toilettes à la station-service. Gérald s'arrête à une station-service pour prendre de l'essence. Pep et moi, nous, en profitons pour courir aux toilettes. Comme partout sur cette planète, il y a la file aux toilettes pour femmes et personne aux toilettes pour hommes. C'est embêtant car j'ai très envie. C'est comme cela. Moi, je vais chez les hommes, déclare Pep. Dont acte. Je n'ai pas le temps de lui dire qu'ici, c'est inconcevable. Les gens ne montrent rien de leur indignation. La marquée serait une grossièreté supplémentaire. Mais je sais qu'ils sont médusés. Il faut être une étrangère pour se conduire ainsi. Voilà ce qu'expriment leurs visages phlegmatiques. En fait, moi, je trouve qu'il y a un peu une sorte de fantasme du japonais typique, tu vois. Et cette idée que genre... En fait, ils ont tort, ces mecs-là. Enfin, ça... cette conformité à une sorte de règle. Enfin bref, moi je trouve ça un peu pénible. Il y a un passage où elles apprécient le Japon, elles apprécient cette conformité, elles sont là genre c'est bien, c'est propre. Quand elles reviennent en France, elles sont là genre oh là là, les gens sont pas mal gentils. Mais en même temps, enfin, je trouve ça un peu pénible le côté genre fétichisation du japonais type qui est genre quelqu'un d'un peu soumis.

  • Speaker #1

    Il y a un film qui je pense moi en tout cas qui m'a marqué, encore une fois, je suis jamais allé au Japon. Je précise parce que j'ai vécu ce film comme étant une expérience peut-être plus authentique que ce dont parle le ton même si il y a des points communs c'est Perfect Days de Jim Vanders en fait c'est quoi l'histoire c'est quoi l'intrigue c'est simplement un japonais qu'on sent déclassé dont l'unique travail est de nettoyer les toilettes publiques au Japon donc là les gens ont retrouvé la passion pour les toilettes dans ce film parce qu'il y a des scènes qui sont presque des scènes d'ASMR où en fait on voit pendant 10 minutes un homme nettoyer les toilettes publiques avec un dévouement extraordinaire et en fait c'est aussi une manière pour Jim Vanders de filmer ses toilettes publiques japonaises d'ici dans la vie qui sont très différentes évidemment de nos toilettes à nous et là on retrouve

  • Speaker #0

    ensemble de clichés ou d'images d'épinal qu'on a sur le Japon, à savoir cette obsession de la propreté, et en même temps, il y a des scènes qui sont quand même assez belles et puis assez sales, aussi on voit que tout ne correspond pas à cet étos-là, mais ce film-là montre aussi, je pense, ce rapport à l'ordre et au désordre. En somme, on pourrait dire que chez les Japonais, il y a ce truc-là par un. Je ne vais pas gloser sur les japonaises. Il y a ce truc de l'ordre extérieur et parfois un désordre intérieur qu'on retrouve de différentes manières. Ça peut être justement le fait que les droits de public sont très propres, mais que l'intérieur, par exemple, des japonais peut être très sale. Ça peut être aussi que les japonais ne présentent pas beaucoup leurs émotions. On voit dans Rari, c'est un très bon exemple, il y en a deux, mais dans Nia Vidadan, elle parle de son amant. Elle a été pendant deux ans en couple avec Rari. Et Rari, en fait, c'est un homme... qui est très doux, très affable, etc. Mais on sent qu'il y a une sorte de tempête émotionnelle à l'intérieur, mais en fait, qu'il accepte. Et on trouve ça aussi, évidemment, chez Kawamata, dans un texte qui est quasiment aussi archétypal, Neige sur le mont Fuji Bon. Et en tout cas, ce clivage entre l'ordre extérieur et l'ordre intérieur, c'est quelque chose qu'on pousse du doigt parfois chez Noton.

  • Speaker #1

    Ça pour dire, là, elle est accompagnée d'une occidentale francophone.

  • Speaker #0

    La plus japonaise des francophones. Voilà.

  • Speaker #1

    Avec Super Rétremblement, on a cette impression qu'elle a quand même été assez traumatisée par le Japon quand même. Et là, tout d'un coup, quelqu'un arrive en disant Non, mais ce n'est pas normal. Et ça lui fait un peu tout drôle. Et je pense que Pep, elle a ce rôle-là de lui montrer que son rapport un peu de dévotion au Japon, en fait, il y a des moments où tu peux faire preuve d'une certaine forme de critique ou en tout cas de décalage de pas de côté. Peut-être que ce dont on pourrait parler, c'est... Alors, on a parlé de la figure tutélaire du père. Mais en fait, l'impossible retour, il y a une autre figure tutélaire dans le titre qui est Nietzsche.

  • Speaker #0

    J'aime bien cette voix que tu as prise pour parler de Nietzsche.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut dire Nietzsche de manière en passant ?

  • Speaker #0

    Mais en fait, j'ai envie de faire un tout petit parallèle. C'est qu'autant je pense que j'ai un rapport ambigu au Japon parce que je n'aime pas trop... les gens qui sont allés au Japon. Autant j'ai un rapport ambigu à Nietzsche parce que les lecteurs de Nietzsche me font toujours peur. Ah mais moi aussi,

  • Speaker #1

    moi j'ai une théorie, c'est que le plus grand red flag chez quelqu'un c'est quand il me dit Ah, j'adore Nietzsche. Alors que je connais plein de gens qui... Oui,

  • Speaker #0

    on peut avoir un rapport apaisé à Nietzsche, c'est possible !

  • Speaker #1

    Mais franchement, j'ai des souvenirs en prépa où un mec essayait de me draguer et tout d'un coup il dit Ah ouais, moi ce que j'adore lire c'est Nietzsche. Et je fais genre Calm down, ça ne va pas être possible. J'aime bien Nietzsche,

  • Speaker #0

    j'aime pas les lecteurs de Nietzsche.

  • Speaker #1

    c'est aussi un moment je pense que les lecteurs de Nietzsche sont capables de se rendre compte que c'est un red flag d'être un grand lecteur de Nietzsche bref tout ça pour dire Nietzsche à la fin elle explique en fait le titre et en même temps son expérience qui est qu'il y a un peu une sorte d'échec moi je l'ai vu comme un échec ce qui s'est passé en fait pendant ces deux semaines c'est qu'elle n'a pas réussi à réellement revenir notamment quand elle parle de son passage à Tokyo où elle se rend compte qu'elle ne se souvient d'aucune toponymie et qu'elle ne connait pas le nom des gares elle ne connait pas les quartiers elle confond un quartier avec un autre et là tout d'un coup elle est un peu moi je trouve qu'on a cette impression qu'elle est piégée par sa marque de fabrique elle est un peu genre ah mais je me suis bâtie une...

  • Speaker #0

    moi si je puis me permettre un jeu de mots lacanien très mauvais elle est du père je pense qu'il y a de ça en fait ce fait qu'elle est perdue dans le pays de son enfance, le pays du père, ça fait que précisément, et c'est d'ailleurs assez agaçant parce que c'est déjà une limite du livre, c'est qu'elle est devant des lignes iconiques, elle est devant des choses dont elle est supposée se rappeler et dont elle n'a jamais la mémoire. Et je crois que c'est ça qui crée chez elle une forme de décalage et une forme de mélancolie profonde par rapport à ce voyage non désiré, mais subi. Et de fait, c'est un voyage qui manque l'éternel retour. Parce que pour le dire très rapidement et sûrement avec une forme d'approximation, chez Nietzsche, la théorie de l'éternité. Ce n'est pas une théorie, c'est un moment dans Zaratoustra. C'est vraiment très bizarre. Zaratoustra, c'est quand même de la fiction. C'est un dispositif philosophique particulier. En tout cas, il y a cette idée d'amorphatie, de fait que chaque moment qu'on expérimente sur Terre ou qu'on vit sur Terre, il faut réussir à le savourer ou à l'accepter de telle sorte qu'on puisse le vivre éternellement, ou du moins le vivre de manière sans cesse recommencée, sans en éprouver une forme de dégoût. Et c'est cette expérience-là qu'elle n'arrive pas à faire, parce que ce voyage-là, encore une fois, est une forme de déception. Peut-être qu'on peut lire le passage en question. L'éternel retour. Adolescente, quand j'ai découvert cette formulation, sans connaître le sens que Nietzsche lui attribuait, j'ai été éblouie. Il existait donc un ordre du destin, une injonction à retrouver le lieu initial et idéal. Si même un philosophe allemand le décrirait, j'y arriverais forcément. Et puis, j'ai su qu'il s'agissait de l'éternel retour de l'identique, et que cela n'avait rien de géographique. Nietzsche précisait qui n'avait pas d'idée dont il apportait autant de se réjouir, et je ne voyais pas pourquoi se la poser problème. 40 ans se sont écoulés depuis, et je comprends pourquoi c'est si ardu. À l'échelle de ma vie, l'éternel retour de l'identique consiste à aller au Japon pour m'apercevoir que ce retour est impossible, que l'amour, le plus absolu, ne donne pas la clé. Donc en fait, chez Noton, Noton prend l'image du dernier retour pour dire que précisément, en fait, elle n'arrive pas à se saisir de ce retour au Japon pour se replonger dans ce qui avait été pour elle une source de bonheur. Il y a un point intéressant, c'est que dans le précédent retour au Japon, donc la nostalgie heureuse, elle développe un concept, à partir d'un mot japonais qu'on imagine fantasmé, c'est ce concept de nostalgie qui serait le bonheur d'être triste. C'est-à-dire de nostalgie mais qui ne serait pas un retour en arrière, noster, algos, la douleur du retour, mais qui serait au contraire une puissance qui permettrait d'appréhender l'avenir. Et donc ça, c'est ce qu'elle a pu expérimenter quand elle est retournée en 2013, quand elle retrouve... ça nourrit son premier amour, etc. Et en fait, elle parle de choses très apaisées.

  • Speaker #1

    Mais tu crois que c'est aussi parce que Pep, elle lui a tellement cassé les mains. Mais oui. C'est ça, le problème d'Akaria, ton basse-malacons.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est vrai. C'est vrai qu'ensuite, c'est un voyage qui avait l'air en fait assez éprouvant. Je pense qu'on peut dire, surtout pour quelqu'un qui est fait d'habitude, comme Noton, je pense qu'il y a ce truc de, ben oui, être... En fait, c'est Michaud qui, cette phrase que j'adore, il dit, le mal, c'est le rythme de l'autre. Et en fait, c'est quelque chose qu'on ressent vraiment en voyage. L'autre nous impose des horaires, des lieux. Et en fait, notons, elle est dans ce truc-là où elle n'arrive pas à trouver son biorhythmie, son rythme qui lui serait propre, peut-être. Ce qui est d'autant plus troublant, mais il faudra qu'on en parle ensuite après, mais c'est le rapport à la littérature. Et c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, il y a Nietzsche, il y a le père, mais il y a aussi deux autres auteurs qui sont cités plusieurs fois. Alors, elle ramène Huysmans avec elle. Alors, c'est lequel ? À rebours. Donc, elle lit à rebours pendant tout le... Alors, le titre marche bien, parce qu'à rebours, elle est à rebours. Et aussi Mishima, parce qu'en fait...

  • Speaker #0

    Le pavillon d'or.

  • Speaker #1

    Mishima, bon, en fait, elle en parle en passant, un peu en mode, on est dans des endroits dont Mishima parle, donc ça me permet de mieux vivre, de mieux voir.

  • Speaker #0

    Mais là, s'il y a vraiment une forme de faiblesse que je peux quand même pointer, c'est que dans L'Eustache des Heureuses, elle fait exactement la même réflexion sur Mishima et sur le pavillon d'or.

  • Speaker #1

    Ok, donc en fait,

  • Speaker #0

    voilà. Vraiment, je me suis dit, bon... Néanmoins, à 8 semaines, c'est vrai que c'est une nouvelle référence.

  • Speaker #1

    Parce qu'elle ne l'avait pas lu, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, elle le relit. Elle a des phrases comme ça. Encore une fois, les phrases maximes de nos dons, c'est très marrant. On trouve, je crois, dans ce genre-là, elle dit relire un livre toujours en acte d'amour Ça fait un peu phrase pour Todd Bagg.

  • Speaker #1

    Trop drôle, parce qu'en fait, il y a Laure Murat qui a fait une sorte d'enquête auprès d'écrivains sur la relecture. Et en fait, tu te rends compte que tout le monde dit... Ça s'appelle relire de Laure Murat Et tu te rends compte que c'est... Ils disent tous la même chose. Et ils relisent tous, soit Proust, soit James Joyce.

  • Speaker #0

    Parce que c'est des livres qui sont inépuisables. Après, il y a un chef-d'oeuvre là-dessus que tu connais sûrement, c'est parler des livres qu'on n'a pas lus. Je viens de l'acheter. Vraiment, je te jure. C'est un peu décevant, mais c'est plein de séries de points sur notre rapport à la lecture. Mais il y a un truc qui est essentiel, qui dit, et que je crois vraiment, c'est qu'on peut avoir lu des livres qui nous ont moins marqués que des livres qu'on n'a pas lus. dont on va parler, qui nous apporte plus. Et en fait, en gros, la question de savoir si on a lu un livre, c'est une question bien plus compliquée qu'il n'y paraît. Par exemple, je prends le ton, j'en ai eu 30 à peu près, il y en a peut-être 28, bon. Il y a des tons dont j'ai aucun souvenir.

  • Speaker #1

    Exactement, le même réflexion que je me suis faite, c'est qu'à rebours, je l'ai lu, aucun souvenir. À un moment, elle parle de la tortue, et je dis là, genre...

  • Speaker #0

    Alors, moi, il se trouve qu'à rebours, je l'ai lu, évidemment, enfin, pas du tout évidemment, mais je l'ai lu, alors, j'ai même eu une expérience. en aparté, mais parce que c'est le champs d'une expérience de lecteur qui est très très forte, enfin, en tout cas, je le trouvais très forte, c'était il y a 15 ans, dans le métro parisien, je lisais Arbour de Huysmans, et en face de moi, il y avait une fille qui lisait aussi Arbour de Huysmans. Alors, c'est pas un bouquin, genre, inconnu, mais le fait de lire le même livre, dans le même wagon, ben, on sait, il y a une sorte de reconnaissance d'un lecteur résiste, et on s'est regardé, et on a parlé. Et voilà, mais bon. Mais en tout cas, Arbour, en fait, ce qui est intéressant dans son rapport à... Alors, il y a deux trucs que je voudrais pointer. D'abord, c'est le rapport de Noton aux classiques et aux auteurs. Moi, il y a un moment que je chéris particulièrement dans ma vie de spectateur, on va dire, de l'Internet d'une manière générale, c'est que j'ai une sorte de mépris, d'agacement, mais forcé évidemment pour Combini. Et Combini a un truc qui s'appelle le boucle. Il faut venir un auteur ou une auteure, et l'auteur, il a envie de parler du rapport au livre. Et il y a Méloton qui est intéressant, et comme d'habitude, qui est adorable dans cette émission-là, et le journaliste de Combini lui dit Ah, mais alors, quel est votre livre préféré ? Et là, elle sort une bombe. Mais qu'est-ce que... qu'à l'époque bien plus alti, mon livre préféré, ce sont Les Jeunes Filles de Monterland. Je ne sais pas si le lecteur, l'auditeur ou l'auditrice de Torchon a lu Les Jeunes Filles, mais c'est un roman qui est à la fois magistral, mais qui est vraiment, vraiment misogyne. Je veux dire, c'est pas... La misogynie de ce livre, c'est vraiment structurant. On ne peut pas en faire l'impasse, et c'est un roman qui, en fait, est peut-être aujourd'hui passé de mode, mais qui, s'il était lu par certains lecteurs ou lectrices, provoquerait peut-être des blocs de clés. En tout cas, le journaliste de Combini, qui n'a je suis désolé, mais apparemment pas le livre, n'a pas rebondi sur ce choix assez étonnant de choisir un livre profondément réactionnaire.

  • Speaker #1

    Et pas très compétitif.

  • Speaker #0

    Et pas très compétitif. Et en fait, à rebours de Huysmans, c'est un peu la même chose. C'est-à-dire qu'à rebours, c'est un texte très particulier, bon, fin de siècle, on trouve évidemment une porosité, une parenté, il ne faut pas exagérer non plus, entre Huysmans et Noton, qui est le choix des mots rares, mais ça s'arrête vraiment là, et c'est tout. mais il se trouve que à rebours c'est un roman qui est déjà japonisant enfin c'est à dire qu'il y a une sorte de passion pour le décadentisme et l'Orient et à rebours on est aussi un des symptômes mais il y a ce truc alors en fait Motton en parle puisqu'elle parle en fait de deux scènes du texte qui sont les scènes les plus connues alors c'est drôle parce qu'elle parle d'une des scènes en disant qu'elle s'en souvenait pas c'est la scène du dentiste parce que en fait non non mais je comprends en fait des scènes qui en fait un aristocrate décadent veut faire l'expérience du peuple donc des scènes en fait il a plein plein d'argent et c'est pas qu'on va faire de son argent en fait que l'électionne les œuvres d'art, les tableaux, les livres. Et en fait, à un moment, des saints se sont canaillés en disant je vais chez le dentiste chez les pauvres, pour voir ce qui va se passer Et donc, en fait, il est enceinte d'attente, et l'entendait groulement abominable, puisqu'on imagine qu'un dentiste populaire fin XIXe... C'est un arracheur de dents. Voilà, c'est ça. Et le point, il y a l'aristocrate, c'est pas un bourgeois, c'est vraiment un aristocrate, qui s'en canaille chez le prolo. Deuxième scène très connue, qui est mentionnée, et notons d'ailleurs, comme d'habitude, abuse, c'est quand elle évoque la tortue, parce que vraiment, je lui dis... Moi, je t'aime beaucoup, mais tu abuses. Ah oui, donc là, j'ai le passage où on parle du dentiste. Donc, elle dit simplement, par rapport au dentiste, Par ailleurs, j'avais oublié la scène du dentiste qui me traumatise. D'accord. Et la tortue, où est-ce qu'elle en parle ?

  • Speaker #1

    Dégrisée, je lis dans A Rebourg le passage où Désessante incruste des pierres précieuses la carapace de sa tortue. Relire permet, entre autres, d'expérimenter l'évolution de sa sensibilité. Je suis devenue beaucoup plus impressionnable qu'à 18 ans. La mort de la tortue me supplicie. Il s'en faut de peu que je laisse glisser une larme.

  • Speaker #0

    Voilà. Et ça, j'ai trouvé ça très drôle, entre guillemets, parce que, alors, c'est vraiment pas, pour le coup, et c'est peut-être intéressant, c'est ce qui est intéressant avec la littérature, mais c'est pas du tout l'effet que Huysmans veut produire. Quand il écrit ce passage-là, il décrit aussi une forme d'extrême esthétisme ou esthétisation du monde, qui serait l'idée de rendre, en fait, en gros, un objet vivant, enfin, de figer un objet vivant, c'est-à-dire de mettre de la mécanique sur du vivant, parce que la tortue devient plus un être vivant, mais, au contraire, une œuvre d'art. et pour parfaire cette vision-là, la tortue meurt. Et comme ça, du coup, ça devient un truc qui est figé. Donc, c'est terrible. C'est une scène de torture, effectivement. Mais c'est une scène qui, en fait, à moins d'être excessivement sensible, ne devrait pas...

  • Speaker #1

    Ce qui est le cas d'Amélis.

  • Speaker #0

    Ce qui est le cas d'Amélis....ne devrait pas susciter une larme. Et là, Noton nous dit que Huysmans a réussi à la faire pleurer. Et ça, c'est quand même dingue. De manière générale, quand elle parle de Huysmans, moi, ce que j'adore, ou quand elle parle de Baudelaire, quand elle parle de Michimac, quand elle parle de tout ça, en fait, Noton nous parle surtout d'une chose, et c'est là où je l'aime. je pense. Et c'est là où, en fait, Noton, pour moi, c'est quand même important. Enfin, je veux dire, c'est en fait, le fait que j'ai une sympathie pour Noton, ça vient du rapport qu'elle entretient aux œuvres d'art, ou à lecture, qui me semble, en fait, être un rapport tellement beau et tellement précieux que je suis content, quelque part, qu'elle vende ses livres. Parce que je crois que c'est quelque chose qu'il faut dire. Parce que les gens, en fait, ne croient pas que ça peut arriver. Mais Noton, on parle de la lecture et elle dit les choses suivantes. Anérima, nous repouvons Abel, le fils de Alice. L'adolescent a passé l'après-midi à lire l'œuvre de Zola. Et on parle avec un émoi sublime. Je me rends compte que c'est un livre qui manque à ma culture. Je lirai mon retour en Europe. À l'hôtel, je m'enfonce dans la relecture de Wismans. Les seuls moments où je ne doute pas de mon existence sont ceux où je lis. Là encore, phrase à tête bas, grâce à la formule. La littérature me paraît l'unique domaine où j'ai pied. Les aventures sensorielles de Désessante s'adressent à tout ce qui cloche en moi, c'est-à-dire tout. Il n'y a pas d'ivresse qui va à la lecture d'un roman que l'on croit écrit pour soi. Les voyages sont un espace privilégié pour lire. Je l'ai constaté tant de fois. J'aime ne pas avoir d'autres ancrages que le livre. Et je pense que là, en fait, c'est pas non plus fin. C'est-à-dire que, notons, elle a un rapport encore une fois assez poreux au réel. Et il y a cette idée, finalement, qu'en fait, la fiction et le réel peuvent se mêler, que tout ce qui compte, fondamentalement, c'est ce qu'on ressent. Et en fait, c'est ce que Wilde a pu dire dans sa mesure, on le dit, la mort de Rubinpré est un événement le plus dramatique de mon existence. C'est que, en fait c'est vrai, je pense que, enfin je dis ça ça a l'air choquant mais en fait ce qui est beau dans le fait d'être un être humain c'est qu'on peut s'attacher à la fiction et on peut lui accorder ce statut là et quelque part c'est un personnage de fiction plus de réalité pour nous dans notre monde intérieur que des gens qu'on croise et le ton de sel en fait une expérience évidemment sublimé, évidemment accentué, mais une expérience qui me semble authentique parce qu'encore une fois, c'est vraiment une des lignes de son oeuvre.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on va conclure là-dessus. Bon, est-ce que c'est un torchon, une bonne surprise ? C'est pas un torchon, ça c'est clair. Est-ce que c'est une bonne surprise ? Alors, bon, moi, j'ai été un peu déçue, tout simplement parce que j'ai pas lu beaucoup d'Amélie Nothomb et je pense qu'en fait, il y en a d'autres à lire. Je pense que si vous êtes comme moi et que vous avez pas lu beaucoup d'Amélie Nothomb dans votre vie, vous pouvez faire l'impasse sur celui-ci pour peut-être en lire d'autres. Peut-être un ou deux que tu recommandes ?

  • Speaker #0

    Alors oui, pour répondre à tes questions, Torchon, c'est très compliqué. Évidemment, ce n'est pas une surprise, parce qu'en fait, pour le lecteur habitué de Noton, il n'y a pas de surprise. C'est d'ailleurs un des points qui, moi, si personne ne me déçoit, j'aimerais être surpris par Noton. Pour l'instant, je ne l'ai pas été depuis très, très, très longtemps. Moi, je recommanderais volontiers plusieurs types de Noton. D'abord, son premier, Hygiène de l'Assassin, qui est un roman qu'elle a écrit à 26 ans, et qui, en fait, à mon sens, et je pèse mes mots... est un des meilleurs premiers romans allez, on va dire peut-être pas du XXe siècle faut pas exagérer non plus, mais de la fin du XXe siècle et du début du XXe siècle c'est un roman en fait qui met en scène une confrontation entre deux personnages, une jeune journaliste et un prénomène de littérature et qui est d'une violence extrême mais d'un raffinement poussé jusqu'au délire Qu'est-ce qu'on lirait à la place ?

  • Speaker #1

    Alors bon, on a dit quelques titres d'Amélie Noton, moi je conseillerais c'était lors de mon troisième voyage au Japon, j'ai lu Chroniques japonaises de Nicolas Bouvier, ça m'a vraiment énormément plu. C'est vraiment pas du tout le même type de voyage. Nicolas Bouvier, c'est un explorateur, un aventurier, un vrai voyageur et les chroniques japonaises sont vraiment super intéressantes. Et aussi, ça m'a vraiment donné envie de lire de la littérature japonaise que je connais assez mal, tout simplement parce que en fait, dans L'Impossible Retour, les japonais n'ont pas la voix au chapitre, à part s'ils travaillent comme serveurs, contrôleurs... tenanciers, enfin vraiment, les japonais sont quasiment absents du livre. Et je me suis dit, c'est quand même un peu gênant de lire tout un livre sur le Japon sans vraiment lire la voix japonaise. Il y a très longtemps, j'ai lu un recueil de nouvelles qui s'appelle Le faussaire de Yasushi Inoue, mais c'est vraiment la dernière fois que j'ai lu un auteur japonais.

  • Speaker #0

    Oui, alors moi, en fait, l'auteur japonais que j'ai le plus lu, c'est l'auteur japonais le plus occidental, Asamura Kami, je pense que j'ai lu, bon, pas tout, mais une bonne partie de son oeuvre. Et Murakami, le truc, c'est qu'il est fasciné par l'Occident, par le jazz...

  • Speaker #1

    Est-ce que Murakami, ça serait pas la Mélino tout le monde ?

  • Speaker #0

    Alors, Murakami, c'est vraiment... Il se fait rapprocher de Garcia Marquez, du Réunis de la magie. C'est des romans en fleuve. C'est des romans, en fait, justement, qui font partie de ce qu'on a pu appeler, de ce qu'on appelle peut-être à raison l'intertour mondiale. C'est-à-dire qu'on peut lire du Murakami en tant qu'occidentale, et je pense comprendre à peu près ce qu'il a voulu dire. Alors, récemment, j'ai lu... Murasaki. Alors, Murasaki, c'est quoi ? C'est une femme japonaise qui a écrit le titre du Genji au XIe siècle. Le Japon, quand même, au XIe siècle, l'or chrétien de Troyes à eux, c'est une femme. Et c'est une femme de la cause. Et qui raconte les intrigues de cour, les intrigues amoureuses, etc. Et moi, j'ai lu notamment le journal Murasaki, et en fait, c'est très, très bizarre, ça a l'air. En fait, en gros, je n'ai pas très bien compris ce texte, je pense. Parce que lire du Japonais du XIe siècle, c'est quand même un peu étrange. Mais on a l'impression, quand même, de lire quelque chose d'excessivement... moderne, parce qu'elle parle de son expérience du monde, de la vie, de la cour, et puis en même temps, il y a une sorte d'écriture très acérée, toujours sur... En fait, elle capture des formes d'instantané, où il y a une pensée de l'éphémère, enfin bref, c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on a d'autres choses à lire à la place ? Tu m'avais dit que tu voulais parler de mystique.

  • Speaker #0

    Oui, non mais, alors, parce qu'il se trouve que l'un des objets de la thèse, c'est sur la mystique, et que Noton, en fait, c'est la première étape de l'état de genre mystique. Elle a écrit un texte qui s'appelle Soif, qui est une biographie de Jésus. sous le nom de la mystique et en fait voilà c'est un bon premier pas mais comme je ne sais pas Paolo Coelho c'est une première étape il ne faut jamais enfin si c'est un thème qui vous intéresse il ne faut surtout pas s'arrêter à ça et penser que notons a pu dire quelque chose de l'indicible qui serait l'expérience mystique et dans ce cas je vous recommande quand même la nuit obscure de Saint Jean de la Croix qui est évidemment un texte pas forcément facile à lire mais qui n'est pas non plus impossible et comme c'est présenté comme de la poésie si on ne comprend pas tout ce n'est pas grave et il y a plein d'images impossibles qui sont merveilleux

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'ici. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à nous suivre sur notre compte Instagram arrobase torchon.podcastlittéraire pour nous donner vos idées et vos réactions à cet épisode. Et je vous conseille de le suivre pour plus de recommandations, plus de critiques et plus de coulisses. On vous embrasse et on vous dit à bientôt. Au revoir.

Description

Les livres d’Amélie Nothomb, c’est un peu les Beaujolais nouveaux de la rentrée littéraire. Chaque année, ils nous apportent un rituel joyeux et prévisible, et alors on se demande : il est comment le dernier Nothomb ? 


Torchon se penche dans cet épisode sur la toute dernière cuvée : L’impossible retour. S’il est, disons-le tout de suite, pas le plus réussi, on se retrouve face à un livre qui se déguste principalement par son rapport à la totalité de l’oeuvre de l’autrice. Notre chroniqueur et expert Pierre Poligone fait découvrir à Léa le plaisir des correspondances, des thèmes et des motifs. Le Japon, le champagne, la figure du père ou celle de Mishima, vous deviendrez incollable sur cette autrice à la fanbase ultra fidèle ! Mais une question persiste : un livre qui est bon grâce à ses correspondances à d’autres livres, est-il vraiment réussi ? 


Notre non-sponsor : le podcast Musique Déviante ! 


Livres d’Amélie Nothomb cités : 

L’impossible retour

Mercure 

La Nostalgie heureuse 

Pétronille 

Une forme de vie

Métaphysique des tubes

Ni d’Eve ni d’Adam 

Hygiène de l’Assassin

Soif


Autres choses citées : 

A rebours de Huysmans 

Le Pavillon d’or de Yukio Mishima 

Parler des livres qu’on a pas lu de Pierre Bayard 

Chroniques Japonaises Nicolas Bouvier

Le Faussaire de Yasushi Inoué 

La nuit obscure de Jean de la Croix 

Journal de Murasaki Shikibu

Pause Pipi d’Arte Radio 

Perfect Days de Wim Wenders


Torchon, c’est le podcast qui traite de l’actualité littéraire en lisant des livres pour que vous n’ayez pas à le faire. On est une bande de copain pas du tout critiques littéraires de profession, et pour chaque épisode on se retrouve en mode "club de lecture de l'extrême" et nous lisons un livre qui a fait l’actualité pour vous dire si c’est une bonne surprise ou bien un vrai torchon. Et restez jusqu’à la fin pour nos recommandations littéraires et culture ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Torchon, le club de lecture où on lit des livres pour que vous n'ayez pas à le faire. Pour chaque épisode, nous lisons un livre qui a fait l'actualité, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et nous vous disons si c'est une bonne surprise ou alors un vrai Torchon. Grâce à Torchon, vous pourrez briller en société et parler du livre du jour sans même l'avoir lu. Je suis Léa et aujourd'hui je suis avec Pierre. Bonjour Léa. Et nous avons lu Un impossible retour d'Amélie Nothomb, paru aux éditions Albain Michel en 2024. Et cet épisode n'est pas sponsorisé par le podcast Musique Déviante. En effet, chez Torchon, on parle surtout des livres archi-populaires pour les critiquer sans vergogne. Mais Musique des Viandes, c'est tout le contraire. Dans chaque épisode, vous découvrirez la face cachée de la musique, des artistes uniques, étranges et fabuleux, et souvent inconnus du grand public. D'ailleurs, après avoir écouté notre épisode sur les tribulations japonaises d'Amélie Nothomb, je vous conseille de faire un tour chez Musique des Viandes et son épisode sur Jun Togawa, artiste japonaise excentrique qui mangerait Lady Gaga au petit-déjeuner. Une artiste comme seul le pays du Levant est capable de créer. Mais pas tout de suite, d'abord, laissons la place à l'impossible retour. Alors pour te présenter, Pierre, tu es le cofondateur d'un média qui s'appelle Zone Critique, qui est sur la culture contemporaine et émergente. Donc ta spécialisation, c'est vraiment les petites pépites un peu cachées, les auteurs qu'on ne connaît pas encore très bien. Et pourtant, tu as une face cachée, c'est que tu as une passion pour certains auteurs archi-archi connus, comme Amélie Nothomb. Et d'ailleurs, tu m'as dit que tu les avais... tous lus. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que tu les as vraiment tous lus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai, je les ai vraiment tous lus. Merci beaucoup d'abord de m'inviter dans ce podcast. C'est vrai que Noton, elle a vraiment une place particulière dans la vie de lecteur et dans mon cœur. Elle a une place qui est liée à ma mère. Rapidement, la lecture a toujours joué un rôle essentiel dans ma vie. J'avais beaucoup de mal à dormir quand j'étais petit. Et simplement, la lecture, c'est une manière de meubler le temps. Et Noton, comme vous le savez peut-être, elle a commencé à émerger assez tôt, surtout avec Subarrêtement, donc on était en 99. Donc j'avais un... 6 ans, 7 ans, et en fait, ma mère avait ce truc incroyable de me raconter des histoires ou de me parler des livres même qu'elle lisait. Et il se trouve qu'un soir, avant de dormir, elle a commencé à me raconter l'intrigue de Mercure, un texte d'Aminoton qui est assez fascinant et terrifiant pour un enfant puisque, en gros, en deux mots, c'est l'histoire d'une jeune femme qui pense qu'elle est défigurée et qui, en fait, est au service d'un vieux monsieur. Et donc c'est une histoire, évidemment, quand on est enfant, on est terrifié. Et donc, j'ai eu ce récit un peu de cette intrigue qui m'a interloqué, interpellé. Et ensuite, j'ai commencé religieusement à lire tous les notons, les uns après les autres. Et c'était aussi un moment ou un moyen d'échanger avec ma mère autour de ces lectures-là.

  • Speaker #0

    Elle les lit aussi, elle les a tous lits.

  • Speaker #1

    Elle aussi, elle les lit tous, et même plus que ça. D'ailleurs, pour cet épisode-là, ma mère m'a dit, mais attends, il faut absolument que je te passe l'impossible retour. Donc il y a ce truc où non seulement elle les lit, mais en plus, elle me les achète. ils les achètent pour elle,

  • Speaker #0

    elle les lit d'abord et après elle me les passe d'ailleurs c'est trop drôle parce qu'on a remarqué que grâce à Amélie Nothomb on peut constater l'inflation du livre parce que comme elle en sort un chaque année là celui-ci est à 18,90 mais t'en as d'autres plus anciens qui sont un peu moins chers bah oui la Nostalgie Heureuse qui a été publiée en

  • Speaker #1

    2014 si je ne me trompe pas, il est à 16,50 Ninette Vindadant qui a plus de pages quand même puisqu'on frôle les 300 pages qui a été publiées en 2007 il est à 17 euros... mais au prix du noton n'est pas fixe, ça pourrait être un indice boursier comme l'indice Big Mac bon alors après évidemment un objet ou un livre de notons c'est un ensemble c'est d'abord une couverture avec toujours quoi qu'il arrive, une photographie un portrait d'Aminoton qui peut être en noir et blanc, qui peut être en couleur on la passe sous ses formes mais on l'aura toujours il y a un autre truc c'est que en fait Aminoton elle écrit aussi bien des textes de fiction que des autobiographies mais même si c'est un texte de fiction... on aura quand même son visage en couverture.

  • Speaker #0

    Oui. Mais d'ailleurs, il faut qu'on revienne sur certains points. Déjà, en fait, c'est plus un personnage qu'une autrice. Je ne sais pas comment expliquer ça, mais déjà, il y a plein de choses que je sais un peu par hasard sur elle. Par exemple, qu'elle écrit tous les jours, très, très tôt le matin. Il y a son obsession pour le champagne. Et il y avait quoi d'autre que j'ai appris ? Ah oui, qu'elle écrit un livre tous les ans, quoi.

  • Speaker #1

    Ce que tu mentionnes, elle en parle. C'est-à-dire qu'on aurait l'occasion d'en parler dans l'imprimé retour. Elle parle de sa pratique de l'écriture à 4h du matin, tous les jours. Alors ensuite, si on parle justement des mythèmes associés à Noton, il y en a plein. En vrai, il y a cette rigueur, cette assaise liée à l'écriture. Il y a cette passion pour le champagne qui est présente en fait en filigrane dans quasiment tous ses livres. D'ailleurs, dans ce livre-là, encore une fois, elle joue avec le mythe.

  • Speaker #0

    Parce qu'elle n'en boit pas.

  • Speaker #1

    Elle n'en boit pas dans le lit de jour. Et il y a Pele qui lui dit, mais comment mes électeurs vont savoir qu'ils ne boivent pas du champagne pendant le lit de jour ? Il y a des romans qui tournent intégralement, des textes qui tournent intégralement autour du champagne. Petroni, c'est vraiment le roman du champagne. Il y a aussi un mythe très important. c'est la question de la fidélité envers ses lecteurs et ses lectrices. Améliotton répond à tous ses lecteurs et ses lectrices chaque fois qu'on lui envoie un courrier.

  • Speaker #0

    T'en as écrit ?

  • Speaker #1

    Et oui. Alors, je ne l'ai pas amenée avec moi. C'est pas une connaissance privée pour autant, mais il se trouve qu'elle a répondu effectivement à mes réponses. Qu'est-ce que tu lui as posé ? Alors, en fait, c'était évidemment très intéressé, puisque, en fait, je lui ai fait une demande d'entretien. Parce que je me suis dit, voilà, après tout, il se trouve que, bon, j'ai une connaissance pas forcément exhaustive, mais du moins, je pense, assez précise de son œuvre. Et je lui ai dit, trop bien, j'ai envie de lui poser des questions que jamais personne ne lui a posées. notamment avec un ami qui s'appelle Pierre Cormari qui nous est aussi une sorte de vénération alors moi c'est pas mon cas mais lui en tout cas il y a vraiment une question de la vénération pour Noto et donc on avait préparé un entretien ensemble un certain nombre de questions elle m'avait répondu très gentiment vraiment pour le coup elle avait pris le temps de répondre mais sa réponse m'a un peu déçu parce que en fait en substance si je vous la livre elle m'avait dit mais vos questions sont si intelligentes et si pointues que je ne peux pas y répondre je vous dis ça en toute humilité...

  • Speaker #0

    adressez-vous plutôt à d'autres écrivains et voilà une politesse toute japonaise peut-être mais là non après j'ai deux choses que je voulais dire le premier c'est que oui en effet Amélie Nothomb c'est certes un personnage c'est aussi une fanbase de gens qui peut-être nous écoutent là tout de suite c'est ça qui est trop drôle c'est que c'est des gens qui sont assez intenses il y a des forums de discussion tu m'as dit il y a plein de gens qui leur et le il y a une raison à ça c'est qu'elle leur répond elle a un rapport très particulier avec eux donc ils se sentent un peu inclus.

  • Speaker #1

    Pour rebondir sur cette question de la fanbase entre les gays et les nôtroniennes, c'est vrai que c'est quelque chose qui ne vaut pas pour tous les écrivains. Mais en fait, avec une personnalité aussi marquée, aussi affirmée, avec cette manière même d'inclure directement le lecteur dans ses romans, Petroni, par exemple, au départ, c'est une lectrice, son vrai nom d'ailleurs, Stéphanie Auchet, de même que dans Une forme de vie, c'est un roman qui est directement adressé à son lecteur. Une forme de vie, ça va plus loin que ça. C'est plus pervers, En fait, c'est une correspondance. avec un lecteur qui dégénère. Donc en fait, elle met en scène son lecteur dans ses romans. Par ailleurs, elle a ce talent ou ce don d'hypermnésie, soi-disant, qui fait qu'elle se souvient du prénom de chacun de ses lecteurs. Et aussi, elle pratique le double graphisme. Ce qui fait qu'on a plein de choses qui font que, évidemment, le lecteur a envie de s'y retrouver, de percer le mystère. On aura l'occasion aussi d'en reparler, mais à mon ton, c'est surtout des thèmes structurants. C'est-à-dire que vraiment, il y a une recette, notons, qui fonctionne quasiment à tous les coups, avec des ingrédients savamment dosés, qui, avec le monde, en redemande. Et ce qui fait que, dans les forums autour d'Amilton, il y a beaucoup de gens qui vont faire des témoignages de lecture. Pour le coup, moi, qui, à mon sens, qui frôlent la pathologie, mais qui sont en même temps, je pense, d'une sincérité affolante, et des gens qui expliquent qu'Amilton leur a sauvé la vie. Parce que, précisément, elle a su jouer un rôle de, on va dire, marraine, sur toutes les lèvres un peu folles, un peu obsédantes. Et de fait, je pense que son exoncité en fait, voilà, une sorte de prêtresse. Alors, elle refuserait. évidemment ce rôle, et elle ne joue pas non plus avec ça, mais force est de constater que ce n'est pas une autrice comme les autres, et que son public n'est pas comme les autres. Oui,

  • Speaker #0

    elle a l'air vraiment très sympathique. J'ai un peu essayé de me renseigner avant de créer cet épisode, et donc j'ai un peu écouté deux, trois interviews que j'ai pu trouver, et vraiment, elle a l'air gentille, tu as envie de la protéger, elle est toute mignonne et tout, et je pense que c'est ça qui est marrant, c'est qu'elle a un petit côté gourou, et je pense qu'on en reparlera, mais en même temps, tu ne peux pas trop lui en vouloir, parce qu'elle a l'air en même temps toute mignonne. C'est sympa. Moi, je la compare pas mal à Mylène Farmer dans un certain genre. Le côté les thèmes, la fanbase hyper dévouée, le côté un peu esthétique. Alors, elle, c'est plus une esthétique japonaise. Mylène Farmer, c'est plus un truc un peu gothique.

  • Speaker #1

    Mais de fait, il y a des costumes un peu gothiques de Nothomb, parfois aussi. Alors, ce que tu dis sur la gentillesse de Nothomb, c'est tout à fait vrai. Je pense qu'il faut le souligner. Je peux donner plein d'exemples. J'en prendrai un. C'est que Nothomb, elle a cette capacité ou ce talent de valoriser ses lecteurs et même de leur accorder des choses je prends l'exemple, Pierre Carmary dont je parlais a écrit un texte sur un raccord nu et à une tourne a fait la préface demander une préface à un auteur tel que notons et qu'il le fasse c'est vraiment c'est une générosité rare et de même, elle se prend en photo elle se fait prendre en photo fréquemment elle répond, en l'occurrence elle m'a répondu négativement gentillesse quand même très formels et très appréciés aussi.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on peut passer au livre, parce que là, on vient de parler d'Amélie Nothomb, et je pense que c'est justifié, c'est-à-dire que c'est une oeuvre, enfin, ce livre est inclus dans une oeuvre plus large, mais l'impossible retour, donc, c'est le dernier, c'est la dernière cuvée d'Amélie Nothomb, c'est notre Beaujolais nouveau à nous, et donc c'est devenu un peu un marronnier de la rentrée littéraire, c'est genre chaque année, je crois que c'est au 15 août où elle publie son livre, et chaque année c'est un peu un succès à... d'édition alors peut-être Par rapport à d'autres, ça l'est moins, mais en tout cas, chaque année, c'est en tête des ventes, c'est en tête de condole, c'est sûr. Et l'impossible retour, c'est plutôt un texte autobiographique, quand bien même il y a des éléments de pseudonyme, par exemple. Et il est comment, alors, ce dernier ?

  • Speaker #1

    Alors, d'abord, je vais préciser une chose, c'est qu'elle écrit même, selon la légende, évidemment, trois livres chaque année. Elle soumet les trois à son éditeur, l'éditeur en choisit un, et les deux autres sont remisés dans un tiroir, sont brûlés. C'est-à-dire que personne n'aura jamais accès au texte. qui n'ont pas été publiées. Moi, j'ai l'impression que ça tient davantage dans la légende, en plus ça me fait doucement rire, parce que, je le dis d'emblée, il y a certains textes de Noto que je trouve vraiment très très faibles, en dépit de tous les mots que je lui porte, humainement, sans vraiment la connaître d'ailleurs, et je crois malheureusement que L'Impossible Retour en fait un peu partie, si je dois donner mon avis assez rapidement sur ce livre, je dirais qu'en fait, c'est un roman très fade, et d'ailleurs c'est étonnant parce qu'elle parle de cette fadeur-là, à un moment dans le roman, où elle goûte une... pâtisserie japonaise et qu'elle dit que c'est une fadeur qui est une douce fadeur, qui rend le dégoût quasiment impossible. Mais je pense qu'il y a de ça, c'est-à-dire que c'est un roman, on pourrait dire, aussi vite lu, presque aussi vite oublié. Elle dit précisément, Ce n'est jamais que de la pâte de riz, mais elle a cette saveur inscriptible pour laquelle je donnerais tous les gâteaux au monde. Faute de mieux, je l'appelle la fadeur poétique japonaise. J'ai conscience du caractère péjoratif de cette dénomination. Je ne me trouve cependant pas plus approprié pour désigner ce que vous peut marquer. en retrait, aux antipodes des saveurs prononcées des patries japonaises. Par exemple, s'il est en état impossible à atteindre avec cette iris comestible, c'est l'écœurement. Et je crois que on tient quelque chose. C'est impossible d'être écœuré par un roman d'Aminoton. C'est vrai. Mais néanmoins, il n'y a pas de saveur. Il n'y a pas de point saillant. On va en parler justement précisément de cette sorte de fadeur. En tout cas, moi, c'est le sentiment qui... que vous avez à la fin de la lecture ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai eu vraiment... Alors déjà, ça se lit super vite. Ah oui, et donc l'expérience que j'ai eue de lecture, c'est que juste avant, j'avais lu Les Années, qui est le roman le plus long de Virginia Woolf, donc pas celui d'Annie Arnault, mais de Virginia Woolf. Et donc, c'est l'inverse d'Annie Arnault, d'ailleurs, parce que c'est très long, c'est du stream of consciousness, et ça prend un temps de dingue à lire. Et donc, c'est le livre que j'ai lu directement après ça, et j'ai eu l'impression d'être, tu sais, genre un élastique qu'on tire, qu'on tire, qu'on tire, et là, vraiment, en une heure, je l'avais fini, quoi. Très anecdotique. Pour le coup, je ne connais vraiment pas très bien Amélie Nothomb parce que j'avais juste lu Ni dèv'ni dèd'en quand j'étais ado. Et j'avais un bon souvenir d'ailleurs de Ni dèv'ni dèd'en. Moi, ça m'a fait très plaisir à lire. C'était un vrai plaisir de lecture, surtout qu'elle écrit vraiment avec un style qui est très agréable. Oui, il y a un côté...

  • Speaker #1

    Si on parle un petit peu du style de Nothomb, c'est vrai qu'on pourrait en parler légèrement. Il y a des gimmicks que les fans reconnaissent. Déjà, il y a le choix et l'emploi de Morard. J'en prends un parce qu'elle l'emploie souvent, c'est le mot de enfansonne Enfonçonne pour désigner les adores. J'étais une enfonçonne, j'étais une petite fille quand j'étais au Japon. Il y a aussi vraiment cette volonté semi-avouée de faire des maximes. Le roman est conçu des maximes, je n'en ai même pas souligné dans le texte. Donc là, j'ouvre le texte au hasard. Il y a par exemple, pour le coup vraiment au hasard, je prends une phrase. Au-delà du salé et du sordide, il y a le malaise. Mais on peut vraiment trouver des choses... qui sont de l'ordre de l'aphorisme, quasiment, chez Noton.

  • Speaker #0

    Je trouve qu'Amélie Noton, j'ai peut-être un biais de par mon métier, mais je trouve qu'Amélie Noton, il y a un côté où, dans une autre vie, elle aurait été une excellente...

  • Speaker #1

    Moraliste ?

  • Speaker #0

    Non, conceptrice-rédactrice en agence de... Oui,

  • Speaker #1

    mais à l'essence de la formule.

  • Speaker #0

    À l'essence de la formule, elle a des thèmes fétiches. Moi, je trouve que ça ressemble aussi un peu à Taylor Swift, dans le sens où elle crée une communauté autour de... de référence, de self-reference elle arrête pas de se référencer à elle-même ça c'est un truc qui marche vachement bien en communication de revenir à des thèmes comme ça en sous-dressement moi ce qui m'a vraiment frappé c'est que peu de personnes diraient d'Amélie Nothomb que c'est un objet marketing mais en vrai rien

  • Speaker #1

    que le fait de l'avoir en couverture de tous ses livres je crois que c'est un objet marketing contre elle-même, c'est-à-dire que c'est devenu une marque quasiment déposée avec encore une fois mais vraiment rien que enfin à la présentation même de ces textes, en fait, il y a un certain nombre de choses qu'on s'attend à retrouver. Là où, en fait, oui, c'est un objet marketing, mais en même temps, elle-même le concevait pas comme ça, c'est que, en fait, c'est évidemment une forme d'armure humaine à se protéger, c'est-à-dire qu'en fait, elle donne une forme à son existence qu'elle endosse comme un chevalier en dessous de son armure, et si on lit ces textes, on voit bien que c'est aussi une manière de se protéger dans la mesure où il y a un point qui n'est pas fin, c'est que Anne Bioton est très sensible à l'hyperesthésie, qu'elle a un rapport, on va dire, très très... peureux au monde, à la réalité. Et ça, c'est des choses qui, en tout cas, ne me semblent pas feintes dans la mesure où elles sont continues, où, en fait, le personnage retrouvé en entretien, c'est le même personnage dans ses textes. Mais de fait, c'est vrai qu'elle a ce truc très étonnant qui est d'avoir, justement, une sorte... Il y a tellement de modèles, de thèmes structurants qu'au bout d'un moment, on se pose des questions.

  • Speaker #0

    On peut se pointer du doigt et les voir. Peut-être résumer le livre ? Alors, c'est une autobiographie. Amélie Nothomb, pour donner des éléments de contexte, elle est née au Japon, elle a vécu au Japon jusqu'à ses 5 ans, car son père était ambassadeur là-bas. Ensuite, elle y est revenue dans sa vingtaine pour y travailler, et ça a donné le livre pour lequel elle est connue, Stupor et Tremblement.

  • Speaker #1

    Et Nidave Nidadan,

  • Speaker #0

    qui est à cette période-là aussi. C'est-à-dire qu'il y a un livre sur le travail et un autre sur l'amour. Et en fait, là, elle y retourne pour la troisième fois, parce qu'elle y est retournée encore une fois.

  • Speaker #1

    c'est ça en fait en effet il y a l'expérience de l'enfance primordiale et structurelle ou d'ailleurs dans Métaphysique des tubes par exemple donc l'enfance au Japon qui est vécue comme un Eden un âge d'or etc tout ce qu'on veut ensuite il y a ce moment à la fois dysphorique et en même temps exaltant qui est le fait de retourner travailler au Japon, Superétanglement qui était le grand hit de Nothomb, il faut le dire que Nothomb lui en avant et en après, le Superétanglement et le Grand Prix de la Garnierie Française qui était adapté dans la foulée au cinéma il y a vraiment ce truc là où elle a été catégorisée là-dessus. Et ensuite, il y a ce texte-là, dont il faudrait qu'on parle un petit peu un moment, qui est La Nostalgie Heureuse, qui est sorti juste après Fukushima, etc., en 2013, où elle retourne déjà au Japon, après avoir quitté le Japon, au moment du patrouillement. Et en fait, c'est un des problèmes ou une des questions qu'on peut se poser par rapport à ce texte-là, c'est qu'est-ce que ce texte apporte de nouveau, puisque Emile Nothomb nous avait déjà fait le coup, en tant que lecteur, du retour au Japon après. ces moments soutenants.

  • Speaker #0

    Là, on a un deuxième retour, mais qu'elle subit un peu, parce que c'est sa pote qui lui dit, allez, j'ai gagné un prix, j'ai droit à deux semaines de vacances, et j'ai choisi le Japon, et tu viens avec moi. Il y a deux personnages dans ce livre, il y en a plusieurs évidemment, mais les deux centraux, c'est Amélie Nothomb elle-même, et puis Pep Benny, qui est un pseudo, mais qui est une photographe, et d'ailleurs je vais citer le tout début du livre, comme ça, ça vous donnera... Le contexte. Début 2021, Pepe Beni remporta le prix Nice et Fort Niépcé pour son magnifique recueil de photographies tombées du ciel qui raconte la guerre du Pacifique côté Japon. Elle gagna ainsi un aller-retour long courrier pour deux personnes. Toutes les destinations desservies par la France étaient envisageables. Pepe Beni, bon, après elle raconte qui est Pepe Beni et elle me dit Pepe ma plat pour m'annoncer la grande nouvelle. La destination que j'ai choisie est le Japon et c'est toi qui m'accompagne. Le livre raconte le départ dans l'avion, ensuite une première partie à Kyoto, une deuxième partie à Tokyo, et ensuite le retour. Donc c'est un livre qui dure deux semaines. Et donc, ce qui est intéressant, je trouve, c'est qu'il y a vraiment une sorte de ping-pong entre Amélie Nothomb, qui est assez submergée par ses émotions, qui est très sensible, et de l'autre côté, ce personnage de grande... Enfin, un personnage très couleur,

  • Speaker #1

    quoi. Oui, et c'est un personnage, on pourrait dire, quasiment de dominatrice. Enfin, j'ose quasiment le mot, parce que en fait, tu l'as mentionné, mais... Elle ne veut pas y retourner. Son ami lui dit, si tu y vas, elle y retourne. Comme je l'ai dit, pour des raisons qui s'expliquent aussi par rapport au temps précédent, mais son ami lui dit, tu ne seras pas nostalgique. Noton s'empêche d'être nostalgique. Son ami lui dit, je veux changer d'hôtel absolument. Et elle change d'hôtel. En fait, c'est elle qui va provoquer la narration. C'est-à-dire que dans le fond, tout va être motivé par ce que Pef veut faire. Et Noton est très passive dans ce voyage.

  • Speaker #0

    Et c'est un voyage qui est finalement très touristique. Elles vont dans des endroits... Kyoto, qui sont les lieux touristiques connus, à Tokyo aussi. Alors, heureusement, à Tokyo, elle rencontre une troisième personne qui est Alice, qui est une expat, qui, elle, va un peu les détourner des sentiers battus. Et donc, c'est quand même pas mal un récit de tourisme. C'est ça qui est assez frappant, c'est que, comme elle se refuse à une certaine forme de nostalgie, eh ben, on reste quand même... Enfin, moi, la lecture que j'ai eue, c'était que vraiment, j'étais genre Mais pourquoi elle va pas plus loin ? Pourquoi elle se refuse à...

  • Speaker #1

    Alors, la réponse que je peux t'apporter un peu, c'est qu'en fait, elle est déjà allée plus loin. Elle est déjà allée plus loin dans une stratégie heureuse, où elle est retournée sur l'île de son enfance. Elle n'a pas recommencé à faire ce qu'elle a déjà fait. Elle a déjà tellement épuisé ce rapport au Japon que dans l'absolu... explorer le Japon en tant que touriste, c'est une expérience qu'elle n'a jamais faite. Et d'ailleurs, elle le dit elle-même, elle le dit à un moment, bah oui, en fait, moi j'ai vécu là, je suis jamais dans ce parc-là, parce que c'est là où vont tous les touristes, tout comme les Parisiens ne vont jamais en haut de la Tour Eiffel, ce qui est vrai. Et du coup, là, elle se dit, bah ok, ne serons-nous pas nostalgiques, au contraire, faisons ces expériences-là touristiques, et voyons ce qui se passe. Et d'ailleurs, elle fait du noton, c'est-à-dire que, comme elle est un noton, et c'est pas n'importe qui, et bien, quand elle va dans un lieu touristique, bah, elle est quand même émue aux larmes. Elle est toujours saisie d'extase, je pense que c'est ça qui caractérise le noton. Elle pleure toutes les 15 pages, il y a des extases toutes les 50 pages, et ça en fait un voyage un peu pas comme les autres.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, parce qu'on raconte la vie d'Amélie Nothomb, mais je vais raconter aussi la mienne. Il se trouve que moi, je suis allée à trois reprises au Japon, un peu dans des circonstances qui sont étonnantes, parce que j'étais avec mon frère et mon frère par le japonais, donc ce n'était pas du tourisme pur, mais ça restait méga du tourisme. Et moi, j'y suis allée dans ces endroits, et être capable d'extase dans ces endroits-là, c'est très impressionnant, parce que tu es vraiment... Enfin, il... foule de touristes. Et quand il n'y a pas des touristes, il y a des, comme elle le raconte, des cartes de japonais, des tutos japonais, etc. Quand je l'ai lu, c'était genre, ah ben, on n'a pas eu la même expérience. Et donc, bon, il faut le dire, c'est assez touchant de savoir qu'elle est capable quand même d'être émue, d'apprécier le côté esthétique de l'art.

  • Speaker #1

    Ou de s'émerveiller. Et je pense que le mot de extase il est important parce qu'en fait, c'est... Bon, même si on verra que c'est souvent, parfois, j'ai l'impression, en tout cas, dans un mode un peu dégradé, mais c'est des sorties d'elle-même, quoi. C'est-à-dire que c'est des moments où, en fait, elle est d'un coup saisie. et alors parfois elle est rattrapée par le réel t'en parleras sûrement peut-être après mais voilà c'est vraiment où d'un coup les choses matérielles reviennent mais sinon elle a une sorte de rapport au monde et même au réel qui est très souvent diffracté et d'ailleurs j'en parle parce que c'est ce qu'elle disait déjà dans sa visée heureuse elle disait tout ce que l'on aime devient une fiction le Japon est la première des fictions et de fait elle nous propose et il faut le dire quand même je le trouve en tout cas une vision un peu fantasmée du Japon moi je suis jamais allé au Japon et j'ai pas de passion particulière pour le Japon mais il se trouve que Noton, elle nous sort tout ce qu'on imagine sur le Japon. C'est-à-dire que tous les clichés que j'ai sur le Japon, c'est une personne qui nous a transmis, c'est Noton. À savoir, le monde des entrepreneurs japonais est très dur, les Japonais sont très rigoureux. Et là, on a toutes ces images-là, qui sont dans le livre, à savoir si on est tatoué, en fait on est un akusa donc on ne rentre pas dans les bains. Et d'ailleurs, il n'y a pas besoin d'avoir quelqu'un pour interdire à l'entrée, parce qu'au Japon, le surmoi est tellement puissant que la simple interdiction suffit. Et même l'auberge dans laquelle elle s'arrête au début avec le héron. Le héron, animal japonais aussi par excellence. Le tatami frais, notons, disons, ne va pas déconstruire, jamais, en tout cas, l'image TH du Japon.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose dont je voulais parler, c'est-à-dire que moi, la raison pour laquelle mes parents m'ont offert Neda Vinadon, c'était un peu parce que j'étais obsédée par le Japon quand j'étais ado. et donc ils se sont dit bon tu vas arrêter de lire du Naruto tu vas lire du Amélie Notho à la place et donc j'ai vraiment eu cette obsession là et ensuite ça s'est vraiment dégradé c'est fini j'ai plus du tout d'obsession pour le Japon parce que j'y suis allée et que je me suis rendu compte qu'en fait bon c'est un pays comme un autre en fait c'est ça qui est marrant c'est qu'elle elle se refuse à faire ce truc du style bon bah en

  • Speaker #1

    fait calmez-vous les nerds tu vois dans cette nature là tu vois ensuite pour la défendre précisément c'est ce que je racontais également c'est qu'en fait elle fictionnalise le Japon c'est à dire que elle va forger des images d'épinal dont elle ne va pas sortir, mais parce que c'est son mode d'être à elle et parce que c'est aussi il faut le dire, une expérience particulière. Elle a effectivement grandi au Japon. Sa langue maternelle, en fait, c'est le japonais. Et ça, c'est quand même très particulier. Et donc, évidemment qu'elle fantasme. Ce pays, c'est normal que ça arrive d'avoir d'images qui va leur innerver toute son oeuvre. Et c'est pour ça, d'ailleurs, à mon sens, que le fait que ce roman soit déceptif, ou du moins que moi je l'appréhende comme tel. En fait, c'est conçu pour.

  • Speaker #0

    Et je trouve qu'un truc qui marche bien, c'est que en fait, elle, justement, n'a pas un rapport de touriste et c'est limite... pour ça qu'on aime bien Amélie Nothomb c'est que certes elle est française pardon elle est belge elle est francophone mais elle est capable de nous donner une expérience un peu qui sera plus authentique que ce dont on a accès quand on est au Japon en tant que touriste qui est vraiment une sorte d'opacité terrible le fait que t'as l'impression tout le temps d'emmerder tout le monde d'être mal poli en permanence juste en étant là D'ailleurs, je voulais en parler, mais il y a moi mon passage. Moi, mes passages préférés de ce livre, c'est quand même les passages un peu rocamboles où Pep commence à casser les couilles à tout le monde. Donc, il y a le passage où elle entend des voix la nuit dans le Rio Cane et donc veut changer d'hôtel parce qu'elle a entendu quelqu'un parler dans la nuit. Trop bizarre, quoi. Moi, je serais à mes dînatoires, je lui dirais, tu arrêtes ou rentre dans la chambre. Mais non, elle se laisse un peu faire.

  • Speaker #1

    Et puis, surtout que l'expérience est quand même très forte. C'est-à-dire que non seulement elle est réveillée à 1h du matin, mais en plus, elle est forcée d'aller parler. au propriétaire de l'hôtel et de lui raconter cette histoire un peu rocambolesque. Le propriétaire consent de manière extraordinaire à accepter un changement de chambre, mais Pep n'est pas satisfait de la nouvelle chambre, et donc... Les deux se retrouvent à... Enfin, Pepe force Aminoton à quitter l'hôtel en pleine nuit. Elles errent ensuite pendant une heure.

  • Speaker #0

    Oui, elles trahissent des prostituées.

  • Speaker #1

    Et voilà, des geishas, etc. Avant de revenir des fêtes. À l'hôtel, on s'en va en fête.

  • Speaker #0

    Et ça finit, page 48. Quand je rejoins Pepe pour le petit-déjeuner nippon, je m'aperçois que la jeune serveuse lui parle désormais avec une admiration appuyée. Elle voudrait lui apporter ses aliments à la bouche comme une geisha. Je traduis des périphrases avant de comprendre la situation. Le tenancier a dû dire à ses employés... des horreurs à notre sujet, et surtout sur celles qu'il commandait. Rien d'absurde à supputer que cet homme doit être très impopulaire auprès de celles qu'il tient pour des servantes. Ce devrait être la première fois que quelqu'un s'adressait à lui avec insolence. Si l'on ajoute que Pep est une femme étrangère qui semble âgée de 30 ans à peine, on peut imaginer la fureur du despote, d'où la jubilation des employés. Donc finalement, tout est bien qu'il finisse bien, parce qu'en fait, elle parle la voix du peuple.

  • Speaker #1

    Et ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, dans l'absolu, Pep, elle n'a pas de surmoi, contrairement à Noton, qui, elle, justement, est prisonnière. Alors, on en parlera, parce qu'il y a une image du père, je ne suis pas fan de psychanalyse, mais, pour le coup, vaguement psychanalytique à faire, en tout cas, qui est suggérée très fortement dans le roman, parce que si vous avez lu Supleur et tremblement en fait, c'est un des enjeux du texte, c'est-à-dire que Noton arrive et doit se conformer à un moule qui n'est pas le sien, et, en fait, elle se fait détruire psychiquement par sa nature toxique. Et elle a quand même une figure d'admiration qui est Fubuki, qui incarne, encore une fois, une sorte de perfection japonaise qui, elle, a réussi à renoncer les codes. Et donc, Pep, elle, c'est l'inverse. Pep, elle arrive, elle casse tout. Et pour autant, elle suscite l'admiration. Et ça, je pense que Noton, c'est quelque chose qui l'a... Oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce qui ressort de la lecture aussi, c'est un peu que Amélie... Amélie,

  • Speaker #1

    ça y est. Ça y est, on devient proches. Allez,

  • Speaker #0

    allez. Que Amélie Noton, elle a des figures tout à l'heure. Alors, en fait, la grande différence entre ce livre-là et... je crois, et nostalgie heureuse, c'est que son père est mort. Et son père, c'est lui qui lui a appris le japonais. C'est lui le japonais dans l'histoire. Quand même, il ne l'est pas, mais bon, bref. Et donc, on sent qu'il y a un peu la perte du père qui ressort pas mal dans la lecture, quand bien même, on a l'impression qu'il y a une sorte de frein, qu'elle ne veut pas aller au fond de sa pensée là-dessus.

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que c'est un point très important parce que le père, c'est quasiment, on pourrait dire, le troisième personnage, le quatrième, bon, du roman. Bon, le père absent. Pour le dire rapidement, Nothomb elle-même le dit d'ailleurs dans le texte, elle n'était pas si proche de son père. Elle était très proche de lui quand il était enfant et puis ils se sont un peu éloignés. Mais il se trouve que le père est rentré en force dans l'œuvre de Nothomb avec premier sang, en fait qui est une biographie mais pour le coup littéralement fantasmée du père. Vraiment. Et le père est décrit comme si c'était un reuil. Le père meurt. Et cette mort du père provoque un déchirement chez elle qu'elle explore dans Psychoponte, dans le livre des Sœurs. Et en fait, elle va quelque part devenir... On pourrait dire de plus en plus m'éterrer, de plus en plus folle, comme si la mort du père avait fait sauter des virons psychiques. D'ailleurs, on le voit, tout ce qui est lié au père dans L'Impossible Retour donne des scènes assez truculentes, mais presque un peu gênantes, puisqu'elle se met à chanter du théâtre renaud, parce qu'elle affirme ce qui est potentiellement vrai, que tout ce que son père pourrait dire en japonais, elle le retient systématiquement. Et donc, elle déclame des choses comme ça, et de fait, elle se conduit comme si elle était encore sous le regard du père et en même temps, comme si elle était libérée de lui. Et donc, il y a une sorte de présence-absence qui se trouve sur tout le roman.

  • Speaker #0

    Il y a un autre passage. En fait, c'est marrant parce que tu as le père qui serait une sorte de surmoi et puis tu as Pep qui fout la merde. Et le deuxième... Moi, mon passage préféré, c'est le passage sur les toilettes parce que je dois avouer que si j'ai un combat dans la vie, c'est les toilettes publiques. Le fait que les toilettes publiques pour les femmes soient aussi inaccessibles, c'est juste insupportable. Bref, voilà. Tangente. D'ailleurs, à ce propos, il y a... podcast de Arte Radio qui est super, qui s'appelle Pose Pipi. Donc si ce passage intéresse les auditeurs d'AuteurFond, je vous conseille Pose Pipi. Elles sont sur l'autoroute et elles veulent s'arrêter pour aller aux toilettes à la station-service. Gérald s'arrête à une station-service pour prendre de l'essence. Pep et moi, nous, en profitons pour courir aux toilettes. Comme partout sur cette planète, il y a la file aux toilettes pour femmes et personne aux toilettes pour hommes. C'est embêtant car j'ai très envie. C'est comme cela. Moi, je vais chez les hommes, déclare Pep. Dont acte. Je n'ai pas le temps de lui dire qu'ici, c'est inconcevable. Les gens ne montrent rien de leur indignation. La marquée serait une grossièreté supplémentaire. Mais je sais qu'ils sont médusés. Il faut être une étrangère pour se conduire ainsi. Voilà ce qu'expriment leurs visages phlegmatiques. En fait, moi, je trouve qu'il y a un peu une sorte de fantasme du japonais typique, tu vois. Et cette idée que genre... En fait, ils ont tort, ces mecs-là. Enfin, ça... cette conformité à une sorte de règle. Enfin bref, moi je trouve ça un peu pénible. Il y a un passage où elles apprécient le Japon, elles apprécient cette conformité, elles sont là genre c'est bien, c'est propre. Quand elles reviennent en France, elles sont là genre oh là là, les gens sont pas mal gentils. Mais en même temps, enfin, je trouve ça un peu pénible le côté genre fétichisation du japonais type qui est genre quelqu'un d'un peu soumis.

  • Speaker #1

    Il y a un film qui je pense moi en tout cas qui m'a marqué, encore une fois, je suis jamais allé au Japon. Je précise parce que j'ai vécu ce film comme étant une expérience peut-être plus authentique que ce dont parle le ton même si il y a des points communs c'est Perfect Days de Jim Vanders en fait c'est quoi l'histoire c'est quoi l'intrigue c'est simplement un japonais qu'on sent déclassé dont l'unique travail est de nettoyer les toilettes publiques au Japon donc là les gens ont retrouvé la passion pour les toilettes dans ce film parce qu'il y a des scènes qui sont presque des scènes d'ASMR où en fait on voit pendant 10 minutes un homme nettoyer les toilettes publiques avec un dévouement extraordinaire et en fait c'est aussi une manière pour Jim Vanders de filmer ses toilettes publiques japonaises d'ici dans la vie qui sont très différentes évidemment de nos toilettes à nous et là on retrouve

  • Speaker #0

    ensemble de clichés ou d'images d'épinal qu'on a sur le Japon, à savoir cette obsession de la propreté, et en même temps, il y a des scènes qui sont quand même assez belles et puis assez sales, aussi on voit que tout ne correspond pas à cet étos-là, mais ce film-là montre aussi, je pense, ce rapport à l'ordre et au désordre. En somme, on pourrait dire que chez les Japonais, il y a ce truc-là par un. Je ne vais pas gloser sur les japonaises. Il y a ce truc de l'ordre extérieur et parfois un désordre intérieur qu'on retrouve de différentes manières. Ça peut être justement le fait que les droits de public sont très propres, mais que l'intérieur, par exemple, des japonais peut être très sale. Ça peut être aussi que les japonais ne présentent pas beaucoup leurs émotions. On voit dans Rari, c'est un très bon exemple, il y en a deux, mais dans Nia Vidadan, elle parle de son amant. Elle a été pendant deux ans en couple avec Rari. Et Rari, en fait, c'est un homme... qui est très doux, très affable, etc. Mais on sent qu'il y a une sorte de tempête émotionnelle à l'intérieur, mais en fait, qu'il accepte. Et on trouve ça aussi, évidemment, chez Kawamata, dans un texte qui est quasiment aussi archétypal, Neige sur le mont Fuji Bon. Et en tout cas, ce clivage entre l'ordre extérieur et l'ordre intérieur, c'est quelque chose qu'on pousse du doigt parfois chez Noton.

  • Speaker #1

    Ça pour dire, là, elle est accompagnée d'une occidentale francophone.

  • Speaker #0

    La plus japonaise des francophones. Voilà.

  • Speaker #1

    Avec Super Rétremblement, on a cette impression qu'elle a quand même été assez traumatisée par le Japon quand même. Et là, tout d'un coup, quelqu'un arrive en disant Non, mais ce n'est pas normal. Et ça lui fait un peu tout drôle. Et je pense que Pep, elle a ce rôle-là de lui montrer que son rapport un peu de dévotion au Japon, en fait, il y a des moments où tu peux faire preuve d'une certaine forme de critique ou en tout cas de décalage de pas de côté. Peut-être que ce dont on pourrait parler, c'est... Alors, on a parlé de la figure tutélaire du père. Mais en fait, l'impossible retour, il y a une autre figure tutélaire dans le titre qui est Nietzsche.

  • Speaker #0

    J'aime bien cette voix que tu as prise pour parler de Nietzsche.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut dire Nietzsche de manière en passant ?

  • Speaker #0

    Mais en fait, j'ai envie de faire un tout petit parallèle. C'est qu'autant je pense que j'ai un rapport ambigu au Japon parce que je n'aime pas trop... les gens qui sont allés au Japon. Autant j'ai un rapport ambigu à Nietzsche parce que les lecteurs de Nietzsche me font toujours peur. Ah mais moi aussi,

  • Speaker #1

    moi j'ai une théorie, c'est que le plus grand red flag chez quelqu'un c'est quand il me dit Ah, j'adore Nietzsche. Alors que je connais plein de gens qui... Oui,

  • Speaker #0

    on peut avoir un rapport apaisé à Nietzsche, c'est possible !

  • Speaker #1

    Mais franchement, j'ai des souvenirs en prépa où un mec essayait de me draguer et tout d'un coup il dit Ah ouais, moi ce que j'adore lire c'est Nietzsche. Et je fais genre Calm down, ça ne va pas être possible. J'aime bien Nietzsche,

  • Speaker #0

    j'aime pas les lecteurs de Nietzsche.

  • Speaker #1

    c'est aussi un moment je pense que les lecteurs de Nietzsche sont capables de se rendre compte que c'est un red flag d'être un grand lecteur de Nietzsche bref tout ça pour dire Nietzsche à la fin elle explique en fait le titre et en même temps son expérience qui est qu'il y a un peu une sorte d'échec moi je l'ai vu comme un échec ce qui s'est passé en fait pendant ces deux semaines c'est qu'elle n'a pas réussi à réellement revenir notamment quand elle parle de son passage à Tokyo où elle se rend compte qu'elle ne se souvient d'aucune toponymie et qu'elle ne connait pas le nom des gares elle ne connait pas les quartiers elle confond un quartier avec un autre et là tout d'un coup elle est un peu moi je trouve qu'on a cette impression qu'elle est piégée par sa marque de fabrique elle est un peu genre ah mais je me suis bâtie une...

  • Speaker #0

    moi si je puis me permettre un jeu de mots lacanien très mauvais elle est du père je pense qu'il y a de ça en fait ce fait qu'elle est perdue dans le pays de son enfance, le pays du père, ça fait que précisément, et c'est d'ailleurs assez agaçant parce que c'est déjà une limite du livre, c'est qu'elle est devant des lignes iconiques, elle est devant des choses dont elle est supposée se rappeler et dont elle n'a jamais la mémoire. Et je crois que c'est ça qui crée chez elle une forme de décalage et une forme de mélancolie profonde par rapport à ce voyage non désiré, mais subi. Et de fait, c'est un voyage qui manque l'éternel retour. Parce que pour le dire très rapidement et sûrement avec une forme d'approximation, chez Nietzsche, la théorie de l'éternité. Ce n'est pas une théorie, c'est un moment dans Zaratoustra. C'est vraiment très bizarre. Zaratoustra, c'est quand même de la fiction. C'est un dispositif philosophique particulier. En tout cas, il y a cette idée d'amorphatie, de fait que chaque moment qu'on expérimente sur Terre ou qu'on vit sur Terre, il faut réussir à le savourer ou à l'accepter de telle sorte qu'on puisse le vivre éternellement, ou du moins le vivre de manière sans cesse recommencée, sans en éprouver une forme de dégoût. Et c'est cette expérience-là qu'elle n'arrive pas à faire, parce que ce voyage-là, encore une fois, est une forme de déception. Peut-être qu'on peut lire le passage en question. L'éternel retour. Adolescente, quand j'ai découvert cette formulation, sans connaître le sens que Nietzsche lui attribuait, j'ai été éblouie. Il existait donc un ordre du destin, une injonction à retrouver le lieu initial et idéal. Si même un philosophe allemand le décrirait, j'y arriverais forcément. Et puis, j'ai su qu'il s'agissait de l'éternel retour de l'identique, et que cela n'avait rien de géographique. Nietzsche précisait qui n'avait pas d'idée dont il apportait autant de se réjouir, et je ne voyais pas pourquoi se la poser problème. 40 ans se sont écoulés depuis, et je comprends pourquoi c'est si ardu. À l'échelle de ma vie, l'éternel retour de l'identique consiste à aller au Japon pour m'apercevoir que ce retour est impossible, que l'amour, le plus absolu, ne donne pas la clé. Donc en fait, chez Noton, Noton prend l'image du dernier retour pour dire que précisément, en fait, elle n'arrive pas à se saisir de ce retour au Japon pour se replonger dans ce qui avait été pour elle une source de bonheur. Il y a un point intéressant, c'est que dans le précédent retour au Japon, donc la nostalgie heureuse, elle développe un concept, à partir d'un mot japonais qu'on imagine fantasmé, c'est ce concept de nostalgie qui serait le bonheur d'être triste. C'est-à-dire de nostalgie mais qui ne serait pas un retour en arrière, noster, algos, la douleur du retour, mais qui serait au contraire une puissance qui permettrait d'appréhender l'avenir. Et donc ça, c'est ce qu'elle a pu expérimenter quand elle est retournée en 2013, quand elle retrouve... ça nourrit son premier amour, etc. Et en fait, elle parle de choses très apaisées.

  • Speaker #1

    Mais tu crois que c'est aussi parce que Pep, elle lui a tellement cassé les mains. Mais oui. C'est ça, le problème d'Akaria, ton basse-malacons.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est vrai. C'est vrai qu'ensuite, c'est un voyage qui avait l'air en fait assez éprouvant. Je pense qu'on peut dire, surtout pour quelqu'un qui est fait d'habitude, comme Noton, je pense qu'il y a ce truc de, ben oui, être... En fait, c'est Michaud qui, cette phrase que j'adore, il dit, le mal, c'est le rythme de l'autre. Et en fait, c'est quelque chose qu'on ressent vraiment en voyage. L'autre nous impose des horaires, des lieux. Et en fait, notons, elle est dans ce truc-là où elle n'arrive pas à trouver son biorhythmie, son rythme qui lui serait propre, peut-être. Ce qui est d'autant plus troublant, mais il faudra qu'on en parle ensuite après, mais c'est le rapport à la littérature. Et c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, il y a Nietzsche, il y a le père, mais il y a aussi deux autres auteurs qui sont cités plusieurs fois. Alors, elle ramène Huysmans avec elle. Alors, c'est lequel ? À rebours. Donc, elle lit à rebours pendant tout le... Alors, le titre marche bien, parce qu'à rebours, elle est à rebours. Et aussi Mishima, parce qu'en fait...

  • Speaker #0

    Le pavillon d'or.

  • Speaker #1

    Mishima, bon, en fait, elle en parle en passant, un peu en mode, on est dans des endroits dont Mishima parle, donc ça me permet de mieux vivre, de mieux voir.

  • Speaker #0

    Mais là, s'il y a vraiment une forme de faiblesse que je peux quand même pointer, c'est que dans L'Eustache des Heureuses, elle fait exactement la même réflexion sur Mishima et sur le pavillon d'or.

  • Speaker #1

    Ok, donc en fait,

  • Speaker #0

    voilà. Vraiment, je me suis dit, bon... Néanmoins, à 8 semaines, c'est vrai que c'est une nouvelle référence.

  • Speaker #1

    Parce qu'elle ne l'avait pas lu, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, elle le relit. Elle a des phrases comme ça. Encore une fois, les phrases maximes de nos dons, c'est très marrant. On trouve, je crois, dans ce genre-là, elle dit relire un livre toujours en acte d'amour Ça fait un peu phrase pour Todd Bagg.

  • Speaker #1

    Trop drôle, parce qu'en fait, il y a Laure Murat qui a fait une sorte d'enquête auprès d'écrivains sur la relecture. Et en fait, tu te rends compte que tout le monde dit... Ça s'appelle relire de Laure Murat Et tu te rends compte que c'est... Ils disent tous la même chose. Et ils relisent tous, soit Proust, soit James Joyce.

  • Speaker #0

    Parce que c'est des livres qui sont inépuisables. Après, il y a un chef-d'oeuvre là-dessus que tu connais sûrement, c'est parler des livres qu'on n'a pas lus. Je viens de l'acheter. Vraiment, je te jure. C'est un peu décevant, mais c'est plein de séries de points sur notre rapport à la lecture. Mais il y a un truc qui est essentiel, qui dit, et que je crois vraiment, c'est qu'on peut avoir lu des livres qui nous ont moins marqués que des livres qu'on n'a pas lus. dont on va parler, qui nous apporte plus. Et en fait, en gros, la question de savoir si on a lu un livre, c'est une question bien plus compliquée qu'il n'y paraît. Par exemple, je prends le ton, j'en ai eu 30 à peu près, il y en a peut-être 28, bon. Il y a des tons dont j'ai aucun souvenir.

  • Speaker #1

    Exactement, le même réflexion que je me suis faite, c'est qu'à rebours, je l'ai lu, aucun souvenir. À un moment, elle parle de la tortue, et je dis là, genre...

  • Speaker #0

    Alors, moi, il se trouve qu'à rebours, je l'ai lu, évidemment, enfin, pas du tout évidemment, mais je l'ai lu, alors, j'ai même eu une expérience. en aparté, mais parce que c'est le champs d'une expérience de lecteur qui est très très forte, enfin, en tout cas, je le trouvais très forte, c'était il y a 15 ans, dans le métro parisien, je lisais Arbour de Huysmans, et en face de moi, il y avait une fille qui lisait aussi Arbour de Huysmans. Alors, c'est pas un bouquin, genre, inconnu, mais le fait de lire le même livre, dans le même wagon, ben, on sait, il y a une sorte de reconnaissance d'un lecteur résiste, et on s'est regardé, et on a parlé. Et voilà, mais bon. Mais en tout cas, Arbour, en fait, ce qui est intéressant dans son rapport à... Alors, il y a deux trucs que je voudrais pointer. D'abord, c'est le rapport de Noton aux classiques et aux auteurs. Moi, il y a un moment que je chéris particulièrement dans ma vie de spectateur, on va dire, de l'Internet d'une manière générale, c'est que j'ai une sorte de mépris, d'agacement, mais forcé évidemment pour Combini. Et Combini a un truc qui s'appelle le boucle. Il faut venir un auteur ou une auteure, et l'auteur, il a envie de parler du rapport au livre. Et il y a Méloton qui est intéressant, et comme d'habitude, qui est adorable dans cette émission-là, et le journaliste de Combini lui dit Ah, mais alors, quel est votre livre préféré ? Et là, elle sort une bombe. Mais qu'est-ce que... qu'à l'époque bien plus alti, mon livre préféré, ce sont Les Jeunes Filles de Monterland. Je ne sais pas si le lecteur, l'auditeur ou l'auditrice de Torchon a lu Les Jeunes Filles, mais c'est un roman qui est à la fois magistral, mais qui est vraiment, vraiment misogyne. Je veux dire, c'est pas... La misogynie de ce livre, c'est vraiment structurant. On ne peut pas en faire l'impasse, et c'est un roman qui, en fait, est peut-être aujourd'hui passé de mode, mais qui, s'il était lu par certains lecteurs ou lectrices, provoquerait peut-être des blocs de clés. En tout cas, le journaliste de Combini, qui n'a je suis désolé, mais apparemment pas le livre, n'a pas rebondi sur ce choix assez étonnant de choisir un livre profondément réactionnaire.

  • Speaker #1

    Et pas très compétitif.

  • Speaker #0

    Et pas très compétitif. Et en fait, à rebours de Huysmans, c'est un peu la même chose. C'est-à-dire qu'à rebours, c'est un texte très particulier, bon, fin de siècle, on trouve évidemment une porosité, une parenté, il ne faut pas exagérer non plus, entre Huysmans et Noton, qui est le choix des mots rares, mais ça s'arrête vraiment là, et c'est tout. mais il se trouve que à rebours c'est un roman qui est déjà japonisant enfin c'est à dire qu'il y a une sorte de passion pour le décadentisme et l'Orient et à rebours on est aussi un des symptômes mais il y a ce truc alors en fait Motton en parle puisqu'elle parle en fait de deux scènes du texte qui sont les scènes les plus connues alors c'est drôle parce qu'elle parle d'une des scènes en disant qu'elle s'en souvenait pas c'est la scène du dentiste parce que en fait non non mais je comprends en fait des scènes qui en fait un aristocrate décadent veut faire l'expérience du peuple donc des scènes en fait il a plein plein d'argent et c'est pas qu'on va faire de son argent en fait que l'électionne les œuvres d'art, les tableaux, les livres. Et en fait, à un moment, des saints se sont canaillés en disant je vais chez le dentiste chez les pauvres, pour voir ce qui va se passer Et donc, en fait, il est enceinte d'attente, et l'entendait groulement abominable, puisqu'on imagine qu'un dentiste populaire fin XIXe... C'est un arracheur de dents. Voilà, c'est ça. Et le point, il y a l'aristocrate, c'est pas un bourgeois, c'est vraiment un aristocrate, qui s'en canaille chez le prolo. Deuxième scène très connue, qui est mentionnée, et notons d'ailleurs, comme d'habitude, abuse, c'est quand elle évoque la tortue, parce que vraiment, je lui dis... Moi, je t'aime beaucoup, mais tu abuses. Ah oui, donc là, j'ai le passage où on parle du dentiste. Donc, elle dit simplement, par rapport au dentiste, Par ailleurs, j'avais oublié la scène du dentiste qui me traumatise. D'accord. Et la tortue, où est-ce qu'elle en parle ?

  • Speaker #1

    Dégrisée, je lis dans A Rebourg le passage où Désessante incruste des pierres précieuses la carapace de sa tortue. Relire permet, entre autres, d'expérimenter l'évolution de sa sensibilité. Je suis devenue beaucoup plus impressionnable qu'à 18 ans. La mort de la tortue me supplicie. Il s'en faut de peu que je laisse glisser une larme.

  • Speaker #0

    Voilà. Et ça, j'ai trouvé ça très drôle, entre guillemets, parce que, alors, c'est vraiment pas, pour le coup, et c'est peut-être intéressant, c'est ce qui est intéressant avec la littérature, mais c'est pas du tout l'effet que Huysmans veut produire. Quand il écrit ce passage-là, il décrit aussi une forme d'extrême esthétisme ou esthétisation du monde, qui serait l'idée de rendre, en fait, en gros, un objet vivant, enfin, de figer un objet vivant, c'est-à-dire de mettre de la mécanique sur du vivant, parce que la tortue devient plus un être vivant, mais, au contraire, une œuvre d'art. et pour parfaire cette vision-là, la tortue meurt. Et comme ça, du coup, ça devient un truc qui est figé. Donc, c'est terrible. C'est une scène de torture, effectivement. Mais c'est une scène qui, en fait, à moins d'être excessivement sensible, ne devrait pas...

  • Speaker #1

    Ce qui est le cas d'Amélis.

  • Speaker #0

    Ce qui est le cas d'Amélis....ne devrait pas susciter une larme. Et là, Noton nous dit que Huysmans a réussi à la faire pleurer. Et ça, c'est quand même dingue. De manière générale, quand elle parle de Huysmans, moi, ce que j'adore, ou quand elle parle de Baudelaire, quand elle parle de Michimac, quand elle parle de tout ça, en fait, Noton nous parle surtout d'une chose, et c'est là où je l'aime. je pense. Et c'est là où, en fait, Noton, pour moi, c'est quand même important. Enfin, je veux dire, c'est en fait, le fait que j'ai une sympathie pour Noton, ça vient du rapport qu'elle entretient aux œuvres d'art, ou à lecture, qui me semble, en fait, être un rapport tellement beau et tellement précieux que je suis content, quelque part, qu'elle vende ses livres. Parce que je crois que c'est quelque chose qu'il faut dire. Parce que les gens, en fait, ne croient pas que ça peut arriver. Mais Noton, on parle de la lecture et elle dit les choses suivantes. Anérima, nous repouvons Abel, le fils de Alice. L'adolescent a passé l'après-midi à lire l'œuvre de Zola. Et on parle avec un émoi sublime. Je me rends compte que c'est un livre qui manque à ma culture. Je lirai mon retour en Europe. À l'hôtel, je m'enfonce dans la relecture de Wismans. Les seuls moments où je ne doute pas de mon existence sont ceux où je lis. Là encore, phrase à tête bas, grâce à la formule. La littérature me paraît l'unique domaine où j'ai pied. Les aventures sensorielles de Désessante s'adressent à tout ce qui cloche en moi, c'est-à-dire tout. Il n'y a pas d'ivresse qui va à la lecture d'un roman que l'on croit écrit pour soi. Les voyages sont un espace privilégié pour lire. Je l'ai constaté tant de fois. J'aime ne pas avoir d'autres ancrages que le livre. Et je pense que là, en fait, c'est pas non plus fin. C'est-à-dire que, notons, elle a un rapport encore une fois assez poreux au réel. Et il y a cette idée, finalement, qu'en fait, la fiction et le réel peuvent se mêler, que tout ce qui compte, fondamentalement, c'est ce qu'on ressent. Et en fait, c'est ce que Wilde a pu dire dans sa mesure, on le dit, la mort de Rubinpré est un événement le plus dramatique de mon existence. C'est que, en fait c'est vrai, je pense que, enfin je dis ça ça a l'air choquant mais en fait ce qui est beau dans le fait d'être un être humain c'est qu'on peut s'attacher à la fiction et on peut lui accorder ce statut là et quelque part c'est un personnage de fiction plus de réalité pour nous dans notre monde intérieur que des gens qu'on croise et le ton de sel en fait une expérience évidemment sublimé, évidemment accentué, mais une expérience qui me semble authentique parce qu'encore une fois, c'est vraiment une des lignes de son oeuvre.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on va conclure là-dessus. Bon, est-ce que c'est un torchon, une bonne surprise ? C'est pas un torchon, ça c'est clair. Est-ce que c'est une bonne surprise ? Alors, bon, moi, j'ai été un peu déçue, tout simplement parce que j'ai pas lu beaucoup d'Amélie Nothomb et je pense qu'en fait, il y en a d'autres à lire. Je pense que si vous êtes comme moi et que vous avez pas lu beaucoup d'Amélie Nothomb dans votre vie, vous pouvez faire l'impasse sur celui-ci pour peut-être en lire d'autres. Peut-être un ou deux que tu recommandes ?

  • Speaker #0

    Alors oui, pour répondre à tes questions, Torchon, c'est très compliqué. Évidemment, ce n'est pas une surprise, parce qu'en fait, pour le lecteur habitué de Noton, il n'y a pas de surprise. C'est d'ailleurs un des points qui, moi, si personne ne me déçoit, j'aimerais être surpris par Noton. Pour l'instant, je ne l'ai pas été depuis très, très, très longtemps. Moi, je recommanderais volontiers plusieurs types de Noton. D'abord, son premier, Hygiène de l'Assassin, qui est un roman qu'elle a écrit à 26 ans, et qui, en fait, à mon sens, et je pèse mes mots... est un des meilleurs premiers romans allez, on va dire peut-être pas du XXe siècle faut pas exagérer non plus, mais de la fin du XXe siècle et du début du XXe siècle c'est un roman en fait qui met en scène une confrontation entre deux personnages, une jeune journaliste et un prénomène de littérature et qui est d'une violence extrême mais d'un raffinement poussé jusqu'au délire Qu'est-ce qu'on lirait à la place ?

  • Speaker #1

    Alors bon, on a dit quelques titres d'Amélie Noton, moi je conseillerais c'était lors de mon troisième voyage au Japon, j'ai lu Chroniques japonaises de Nicolas Bouvier, ça m'a vraiment énormément plu. C'est vraiment pas du tout le même type de voyage. Nicolas Bouvier, c'est un explorateur, un aventurier, un vrai voyageur et les chroniques japonaises sont vraiment super intéressantes. Et aussi, ça m'a vraiment donné envie de lire de la littérature japonaise que je connais assez mal, tout simplement parce que en fait, dans L'Impossible Retour, les japonais n'ont pas la voix au chapitre, à part s'ils travaillent comme serveurs, contrôleurs... tenanciers, enfin vraiment, les japonais sont quasiment absents du livre. Et je me suis dit, c'est quand même un peu gênant de lire tout un livre sur le Japon sans vraiment lire la voix japonaise. Il y a très longtemps, j'ai lu un recueil de nouvelles qui s'appelle Le faussaire de Yasushi Inoue, mais c'est vraiment la dernière fois que j'ai lu un auteur japonais.

  • Speaker #0

    Oui, alors moi, en fait, l'auteur japonais que j'ai le plus lu, c'est l'auteur japonais le plus occidental, Asamura Kami, je pense que j'ai lu, bon, pas tout, mais une bonne partie de son oeuvre. Et Murakami, le truc, c'est qu'il est fasciné par l'Occident, par le jazz...

  • Speaker #1

    Est-ce que Murakami, ça serait pas la Mélino tout le monde ?

  • Speaker #0

    Alors, Murakami, c'est vraiment... Il se fait rapprocher de Garcia Marquez, du Réunis de la magie. C'est des romans en fleuve. C'est des romans, en fait, justement, qui font partie de ce qu'on a pu appeler, de ce qu'on appelle peut-être à raison l'intertour mondiale. C'est-à-dire qu'on peut lire du Murakami en tant qu'occidentale, et je pense comprendre à peu près ce qu'il a voulu dire. Alors, récemment, j'ai lu... Murasaki. Alors, Murasaki, c'est quoi ? C'est une femme japonaise qui a écrit le titre du Genji au XIe siècle. Le Japon, quand même, au XIe siècle, l'or chrétien de Troyes à eux, c'est une femme. Et c'est une femme de la cause. Et qui raconte les intrigues de cour, les intrigues amoureuses, etc. Et moi, j'ai lu notamment le journal Murasaki, et en fait, c'est très, très bizarre, ça a l'air. En fait, en gros, je n'ai pas très bien compris ce texte, je pense. Parce que lire du Japonais du XIe siècle, c'est quand même un peu étrange. Mais on a l'impression, quand même, de lire quelque chose d'excessivement... moderne, parce qu'elle parle de son expérience du monde, de la vie, de la cour, et puis en même temps, il y a une sorte d'écriture très acérée, toujours sur... En fait, elle capture des formes d'instantané, où il y a une pensée de l'éphémère, enfin bref, c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on a d'autres choses à lire à la place ? Tu m'avais dit que tu voulais parler de mystique.

  • Speaker #0

    Oui, non mais, alors, parce qu'il se trouve que l'un des objets de la thèse, c'est sur la mystique, et que Noton, en fait, c'est la première étape de l'état de genre mystique. Elle a écrit un texte qui s'appelle Soif, qui est une biographie de Jésus. sous le nom de la mystique et en fait voilà c'est un bon premier pas mais comme je ne sais pas Paolo Coelho c'est une première étape il ne faut jamais enfin si c'est un thème qui vous intéresse il ne faut surtout pas s'arrêter à ça et penser que notons a pu dire quelque chose de l'indicible qui serait l'expérience mystique et dans ce cas je vous recommande quand même la nuit obscure de Saint Jean de la Croix qui est évidemment un texte pas forcément facile à lire mais qui n'est pas non plus impossible et comme c'est présenté comme de la poésie si on ne comprend pas tout ce n'est pas grave et il y a plein d'images impossibles qui sont merveilleux

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'ici. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à nous suivre sur notre compte Instagram arrobase torchon.podcastlittéraire pour nous donner vos idées et vos réactions à cet épisode. Et je vous conseille de le suivre pour plus de recommandations, plus de critiques et plus de coulisses. On vous embrasse et on vous dit à bientôt. Au revoir.

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