- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Toute Puissante, le podcast des femmes qui veulent tout et qui l'obtiennent. Je suis Kauthar Trojet, votre hôte, coach exécutif des femmes cadres et dirigeantes, et experte de dynamique de pouvoir. Ici, nous pulvérisons le plafond de verre à un épisode à la fois. Bienvenue sur ce nouvel épisode de Toute Puissante. Aujourd'hui, j'ai la joie de recevoir Solène Thomas. Bonjour Solène.
- Speaker #1
Bonjour Kauthar.
- Speaker #0
Alors fondatrice d'Eclore, Solène Thomas inspire une communauté de milliers de personnes œuvrant à faire bouger les codes du travail et sensible à incarner une nouvelle humanité. Figure iconoclaste de la chasse de tête, Solène dirige un cabinet de recrutement de dirigeantes et dirigeants dédiée aux entreprises à mission engagée dans la transition. Elle bénéficie d'une spécialisation en féminisation d'instances dirigeantes et recherche de profils hors normes. Solène est aussi enseignante au sein d'un master à la Sorbonne Paris 1 et elle œuvre à promouvoir la pratique philosophique dans les entreprises. Enfin, Solène est aussi la créatrice des scènes « Debout citoyenne » et s'engage à faire entendre les voix des femmes et inspirer le féminin. dans la société. Solène, je suis très heureuse que tu aies accepté mon invitation à être aujourd'hui sur Toute Puissante. Surtout que je souhaite que nous abordions une problématique qui revient régulièrement, c'est celle de trouver son prochain poste en externe, en interne, mais surtout en externe. Et je vois régulièrement des femmes de plus de 45 ans en coaching ou au sein du club de pouvoir avec un diplôme ou plusieurs diplômes et des carrières exemplaires mais qui rencontrent des difficultés pour se faire recruter à des postes de cadre dirigeante et au-dessus. Et c'est pour ça que je t'ai invitée aujourd'hui.
- Speaker #1
Merci, Ausha.
- Speaker #0
Alors, Solène, on entend beaucoup qu'avec la loi Rixin notamment, les femmes bénéficient de discriminations positives et qu'aujourd'hui, toutes les portes leur sont ouvertes. Est-ce que toi, dans ce que tu fais au quotidien, tu dirais que c'est facile quand on est une femme de trouver un poste de cadre dirigeante ?
- Speaker #1
Ce n'est pas facile. Il y a effectivement cette politique de quotas et de nouvelles lois qui, a priori, favorisent l'accès à des postes de pouvoir. Je dirais qu'un certain nombre d'entreprises agitent en ce sens et rendent accessibles ces postes. Et pour autant, ce n'est pas nécessairement les femmes qui incarnent vraiment une autorité, un nouveau leadership, qui accèdent à ces postes. Je vois donc une forme de contradiction. entre ces lois qui favorisent l'accès au pouvoir de femmes, une réalité qui fait que de plus en plus de femmes sont à ces postes de pouvoir, et une frange de la population qui est tout à fait légitime à prendre ces postes de pouvoir et qui n'y accède pourtant pas. Donc c'est complexe, il y a une diversité de situations et en effet ça c'est contradiction.
- Speaker #0
D'accord, donc si je comprends bien, d'une part il y a bien Des politiques qui sont menées par beaucoup d'entreprises et en politique pour favoriser l'accès des femmes à des postes de cadres dirigeants, à des postes de pouvoir. D'autre part, certaines femmes y ont bien accès, mais il n'en demeure pas moins qu'il y a encore toute une frange de femmes qui, elles, n'y ont pas accès.
- Speaker #1
N'y ont pas accès. Et surtout, je vais aller encore plus loin dans la contradiction que je vois. Les comex et les codires se féminisent réellement. De par ces lois, il y a un effet très direct, il y a une féminisation des instances dirigeantes qui est réelle. Mais c'est souvent des jeux de factices, avec beaucoup d'impostures, où on va nommer des femmes parce qu'il faut une femme, et on ne va pas nommer nécessairement celles qui sont les plus légitimes ou qui ont le plus d'autorité sur les métiers. Donc, des femmes accèdent réellement au pouvoir, beaucoup plus qu'avant, mais pas nécessairement celles qu'il faudrait. C'est vraiment ce que je vois. Et dans... Dans ces jeux d'imposture, des femmes accèdent au pouvoir parce qu'elles théâtralisent leur féminin ou qu'elles rentrent dans des codes très masculins. Et donc finalement, elles sont de fait femmes à des postes de pouvoir, mais elles n'apportent pas du féminin dans l'exercice du pouvoir. Et ensuite, celles qui ont une vraie autorité de compétence sur des métiers ne sont pas forcément promues parce qu'on va promouvoir des femmes d'abord pour des enjeux de quotas. et pas pour la réelle contribution des femmes dans les instances dirigeantes. Si on est plus fidèle à ce que je vois, et ce qui engendre chez moi une envie d'action, c'est ce constat. Numériquement, il y a plus de femmes, mais qualitativement, on n'est pas au rendez-vous.
- Speaker #0
Superbe. Du coup, il y a plein de questions qui en découlent. Justement, tu me dis que ça te donne envie de passer à l'action. Alors ? Alors, commençons. Là, on a parlé de plusieurs éléments. Commençons par celles qui, aujourd'hui, sont mises de côté.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
D'accord ? Celles qui sont mises de côté, quelles difficultés rencontrent-elles à trouver un poste aujourd'hui ? Et pourquoi elles sont mises de côté ?
- Speaker #1
Elles n'ont pas forcément intégré les... codes du pouvoir au masculin qui font qu'elles seront entendues en tant que dirigeantes ou futures dirigeantes. Elles sont extrêmement préoccupées, soucieuses d'apporter de la valeur dans leur métier, dans le management, dans les transphobes qu'elles portent. Mais pour casser le plafond de verre, il ne suffit pas d'être bon dans son métier ou bon dans le management, ou bon en stratégie. Et on peut féminiser tout ça. Il faut... aussi savoir décoder les codes du pouvoir. Et ça, elles ne l'ont pas forcément ni appris, ni elles en ont le désir. Parce que rentrer dans la cour du pouvoir au masculin, pour des femmes qui veulent porter leur responsabilité avec ce qu'elles sont, à savoir en tant que femmes, il n'y a pas un désir. Donc je vois à la fois le frein qui est l'ignorance des codes au masculin et un autre frein qui est le réel désir. de faire sa place dans ces instances-là. Alors, sur le premier, je vais te donner une anecdote. Il y a quelques années, c'était dirigeante d'une filiale d'un grand groupe de médias, TF1 pour ne pas le nommer, il y a prescription il y a longtemps maintenant. Elle a eu des résultats exceptionnels dans la direction générale de sa filiale. Elle a été reconnue par ses pairs, par ses fournisseurs, par ses clients partout. Elle a obtenu des prix. Donc, elle a fait l'unanimité. Elle a... Elle a participé à transformer la filiale avec beaucoup de résultats. Et le poste au sommet du groupe, le poste d'un poste de DG s'ouvrait et elle était persuadée qu'elle l'aurait. Et en fait, absolument pas. Elle ne l'a pas eu et a été nommée une personne pas forcément des plus talentueuses à ce poste-là. Et lorsqu'elle allait rencontrer le président pour s'étonner de cette situation, il lui a répondu « Mais tu sais qu'Intel a fait le siège de mon bureau pendant des mois, ils voulaient vraiment le... » poste. Toi, tu étais tellement bien et tu avais tellement de réussite à la tête de la filiale que je ne me suis même pas posé la question. Donc, à un endroit, les codes au masculin aussi, c'est aller chercher, aller conquérir ce qui est évident pour soi, mais pas forcément pour l'autre. Donc, aller le dire, occuper le terrain. Là, en l'occurrence, c'est occuper. Elle n'a pas occupé ce terrain-là, mais parce qu'elle était très occupée par ailleurs à avoir des résultats là où elle était. Elle n'a pas cherché à faire savoir ou à faire valoir ou à dire « je veux en être » .
- Speaker #0
Elle a pensé à quelque chose qui revient souvent chez les femmes, c'est « j'ai pensé que mon travail parlait pour moi » .
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
C'est ça. En fait, ça veut dire qu'il y a une incompréhension de l'importance du faire savoir par rapport au savoir-faire.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Fascinant. Et donc, ça, c'est la partie ne pas savoir. Oui. Et tu m'as dit qu'il y a aussi la partie ne pas désirer.
- Speaker #1
Alors là, j'ai envie de dire, c'est un peu les deux dans le cas d'école que je proposais. Ne pas savoir qu'on désire. Elle était un peu dans les deux. Ne pas faire savoir qu'on désire ce poste. Mais effectivement, sur le deuxième point, ne pas désirer. Un certain nombre de femmes qui auraient toutes les compétences pour diriger ne vont pas accéder à ces postes parce qu'elles ne veulent pas diriger comme les hommes le font. Voilà. Un endroit, elles ne veulent pas, il y a un refus d'y aller parce qu'on n'a pas envie d'endosser ce costume-là. Certains noms de femmes souhaitent diriger avec leur propre style, leur propre manière de penser ce qu'est un dirigeant, une dirigeante. Et donc, elles n'y vont pas, elles vont bifurquer. Elles arrivent en milieu de carrière et elles vont prendre un poste transverse. diriger des programmes, aller faire de la RSE, de la communication. Alors qu'elles ont dirigé vraiment des entités opérationnelles, à un moment clé, on pourrait monter encore d'un étage, elles prennent un chemin latéral. Ça, c'est très, très fréquent. Vraiment, 35-40 ans, paf, on fait un pass sur le côté. Ou elles vont dire, « Vraiment, ces rôles modèles masculins ne m'inspirent pas, donc je vais aller diriger, mais vraiment carrément à côté. Je vais monter une association, je vais devenir conseillère municipale, je vais m'exprimer à côté. »
- Speaker #0
Et du coup, elle dévie de la trajectoire plus verticale vers le pouvoir. et j'ai l'impression aussi que dans ce non-désir il y a aussi une partie de femmes qui aimeraient avoir ces postes de dirigeante qui savent qu'elles le feraient différemment mais qui n'ont pas forcément envie de faire ce qu'il faut pour y arriver c'est-à-dire d'occuper l'espace de faire les jeux, de se la mesurer et de faire savoir plus qu'on ne sait faire
- Speaker #1
Oui, c'est très juste. On ne nomme pas actuellement à des postes de dirigeante et dirigeant les meilleurs. Ce n'est pas comme ça que ça se passe. On nomme nos amis, nos alliés. Il y a des systèmes de dette qui existent. Je ne sais pas si tu as entendu parler de la kakistocratie. La kakistocratie, c'est le pouvoir qui est confié aux médiocres, aux moins bons. C'est un peu comme ça que la mafia s'est construite, la mafia italienne. On ne nomme pas à des postes clés les personnes les plus méritantes. On nomme à des postes clés des personnes incompétentes ou pas très douées parce que ça crée un système de dette. En nommant ces personnes à cet endroit, alors qu'elles savent qu'elles ne méritent pas cette place, elles se sentent en dette à l'endroit du dirigeant. Ça, le système de dette est… et très important dans les instances dirigeantes, fonctionne vraiment. Du coup, accéder à un poste de pouvoir dans des environnements qui ne sont pas réellement méritocratiques, ça demande de passer du temps, à prendre des cafés avec les bonnes personnes, à se retrouver dans des clubs, dans des soirées privées, à jouer au golf le week-end. Et beaucoup de femmes n'ont pas cet espace-temps et n'auraient pas envie d'ailleurs, même si le temps peut parfois être disponible, de l'utiliser de cette manière-là.
- Speaker #0
Et alors, pour ces femmes-là qui ont cette envie de trouver un poste ou leur prochain poste de dirigeante, de cadre dirigeante, est-ce qu'elles ont d'autres options ? Qu'est-ce qu'elles peuvent faire ? Qu'est-ce qu'elles peuvent mettre en place pour aller vers ces postes-là ? Ou est-ce que ce n'est pas la peine ? C'est une cacistocratie ? Ça ne vaut pas le coup ? Si.
- Speaker #1
Si, si, si, allons-y, allons-y, franchement. Allons-y, mais avec discernement. C'est-à-dire, j'ai envie de leur dire, vous sentez que vous avez les compétences, les ressources, les talents pour diriger. Il y a un sujet d'abord de discernement personnel. Tout le monde n'est pas fait pour diriger et c'est très bien ainsi. Donc, vraiment aussi, après des bilans de compétences, après des échanges avec... des pairs, vous vous sentez appelé à diriger. Posez-vous la question de savoir où est-ce que vous voulez diriger. Si vous êtes dans un grand groupe plutôt à tendance kakistocratique, peut-être que ce sera le moment de changer d'entreprise et de rejoindre plutôt une structure plus petite, une ETI, une PME. Il y a d'abord ce discernement. Êtes-vous vraiment fait pour diriger ? Et si oui ? Où est-ce que vous voulez faire vos classes ? On peut faire ses classes dans des groupes où la gouvernance n'est pas très inspirante, n'est pas très modélisante pour des femmes, mais on se dit, là j'ai quand même envie de m'éprouver et je vais monter en grade dans cette organisation et puis un jour bifurquer pour diriger ailleurs. Ou alors se dire assez tôt, c'est vraiment pas là que j'ai envie de monter en compétence. pour devenir dirigeante. Et donc, je bifurque dans une autre entreprise, pas dans une autre fonction du groupe. Ça, c'est la clé. C'est-à-dire qu'on sent qu'on est appelé à diriger. Ne prenez pas un chemin de traverse à 35 ans, parce que ça sera très difficile. Ensuite, allez vraiment prendre un poste de direction générale ou direction de cours. Donc, avoir ce discernement des logiques de carrière. Soit on rejoint des viviers de haut potentiel dans des groupes importants, en acceptant... les règles du jeu. Et donc, à un endroit... Ça peut gratter, ça peut être difficile, mais on accepte parce qu'on est mentoré, on est accompagné par des politiques d'accompagnement des talents. Soit assez tôt, prends conscience qu'on ne veut pas apprendre dans ce cadre-là et on va faire la même chose dans une autre entreprise, dans la perspective de prendre des postes de direction à venir. Donc, être très au clair sur notre capacité. capacité à éprouver, à être à l'épreuve. On peut être à l'aise avec l'adversité, la difficulté. Pour certaines femmes, c'est aussi un révélateur. Mais avoir ce discernement-là. Suis-je vraiment faite pour diriger ? Et si oui, où est-ce que je souhaite construire mon parcours de dirigeante ?
- Speaker #0
Très intéressant. Est-ce que j'ai les compétences et j'ai l'appétence pour y aller ? Et si oui, où est-ce que je veux faire ce parcours ? Et il y a cette notion. de parcours où tu as parlé aussi de chemin de traverse. Donc, si on en revient au parcours de dirigeante, c'est quoi le parcours idéal, ou en tout cas les grandes lignes à savoir, les pièges à éviter ?
- Speaker #1
Si on veut vraiment devenir dirigeante, il est important de rapidement avoir une expérience de management dans sa carrière, très rapidement. Il est important de rapidement piloter un PNL, donc être en charge de la profitabilité d'une activité. même petites. C'est vraiment les deux leviers clés pour devenir dirigeante. Qu'on soit DG, directrice générale, ou directrice d'un pôle, ou directrice d'un métier. Ce qui fait qu'on devient dirigeante, c'est qu'on manage et qu'on est en responsabilité sur la profitabilité d'une activité. Donc ces deux expériences, on doit les avoir très tôt dans une carrière. On peut les avoir à des endroits différents. On peut avoir développer d'abord une expertise métier dans un groupe et manager des équipes importantes dans le bénévolat, dans une vie associative à côté. On ne peut pas nacher un petit peu. Ce n'est pas forcément que du linéaire. Mais assez rapidement, dans la construction de notre carrière, on a du management, on a le pilotage d'une activité.
- Speaker #0
Super. Et quels sont les pièges, justement, à éviter ?
- Speaker #1
Les pièges à éviter, c'est se conformer à un rôle de... d'expertise pure ou un rôle où on est sur du pilotage transverse sans être décisionnaire, là où on met facilement des femmes. Donc, le piège, ce serait de passer à côté d'expérience de management et de pilotage de P&L parce que l'entreprise nous positionnerait ailleurs. Vraiment, si vous sentez que vous êtes appelé à diriger, faites en sorte, rapidement dans votre parcours professionnel, de manager des équipes. Donc, dire que vous voulez manager. et de piloter des activités, de la même manière, le dire, le poser dans votre projet.
- Speaker #0
Et donc, il y a cette notion de projet, c'est-à-dire d'avoir une réflexion plus long terme sur notre trajectoire et de la communiquer à notre hiérarchie.
- Speaker #1
Exactement. Les profils qui sortent des grandes écoles rejoignent assez naturellement des viviers de talent. Donc, si vous avez fait Polytechnique ou HEC, vous n'avez même pas besoin. de partager votre projet, on a un projet pour vous. L'entreprise a un projet pour vous. Mais si en revanche, vous avez une formation qui n'est pas élitiste, qui peut être de très bonne qualité d'ailleurs, mais on peut même être autodidacte, et que vous sentez que vous êtes faite pour diriger, il y a d'excellents dirigeants qui ne sont pas passés par les bancs des grandes écoles, il faut que vous soyez en capacité de poser votre projet professionnel. et de l'affirmer. Mon parcours est celui-ci jusqu'à présent. Je me sens appelée à avoir une expérience de management ou après une expérience de management, je me sens appelée maintenant à avoir une responsabilité de profitabilité, de P&L. Et chaque fois, le poser. Parce que vous savez qu'à moyen terme, vous serez dirigeante d'une activité ou d'une entreprise. Donc, si on ne fait pas le projet pour vous, soyez en capacité, vous, d'avoir un projet pour vous.
- Speaker #0
Excellent, c'est ça. Et une fois qu'on a cette vision pour nous, en fait, c'est nous qui allons piloter ce projet, notre projet de carrière en interne ou en externe, si en interne, on n'avance pas dans la même direction avec la structure, c'est ça ?
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
D'accord. Maintenant, si on retourne dans notre conversation, on a dit que certaines personnes, certaines femmes qui étaient... légitimes à prendre des postes de direction n'étaient pas toujours choisis. On a été regarder pourquoi, ce qui faisait que ça n'était pas le cas et comment faire en sorte que ce soit davantage le cas. Il y a un dernier cas de figure que j'aimerais évoquer avec toi avant de passer à l'autre catégorie. Ce cas de figure, c'est à partir d'un certain âge, ça devient plus difficile pour les femmes, même quand on a déjà eu des... postes de dirigeante à très haut niveau, et comme certains de ces postes sont parfois en expatriation à l'étranger, ou d'autres codes de travail s'appliquent, on peut se retrouver, ou même en France, on peut se retrouver à ne plus avoir de poste, parce qu'une crise est passée par là, parce qu'on a joué le rôle de fusible dans une organisation, peu importe la raison, et donc on se retrouve à devoir trouver notre prochain poste. En ayant vraiment une expertise assez pointue de dirigeante, donc il n'y a pas tant de postes de dirigeante qui s'ouvrent que ça, et en ayant un âge avancé en étant une femme. Donc là, est-ce que tu as des conseils, des bonnes pratiques à avoir pour pouvoir retrouver un nouveau poste, sachant qu'on n'a pas le levier du poste où on est actuellement ? et que c'est parfois plus difficile du coup d'appeler des gens pour prendre des cafés.
- Speaker #1
Moi, je recommanderais la stratégie du pied dans la porte. Je ne sais pas si tu connais, Kaoutar, la stratégie du pied dans la porte.
- Speaker #0
J'imagine, mais vas-y,
- Speaker #1
dis-nous. Par exemple, tu veux obtenir 5 euros dans la rue d'un inconnu. Tu ne demandes pas directement 5 euros, tu demandes d'abord est-ce que vous auriez l'heure. Comme la personne va répondre positivement, après tu demandes 5 euros, tu as plus de chances d'obtenir 5 euros. C'est ça la stratégie du pied dans la porte. c'est demander quelque chose qui est acceptable facilement et une fois qu'on a cet allié, pouvoir faire la demande supérieure. Là, en l'occurrence, dans ton cas de figure, on est sur des femmes qui ne sont plus dans un statut de dirigeante, qui ont l'épreuve d'une transition géographique, de carrière, etc. et qui aspirent à retrouver un poste de dirigeante. Ma proposition à leur endroit serait Devenir d'abord consultante ou manager de transition, créer l'alliance avec un comex, un codire, un président, que sais-je, créer l'alliance, être reconnue dans ses compétences, sa contribution à l'entreprise, pour à moyen terme reprendre un poste dans une instance dirigeante. D'accepter cet entre-deux, qui n'est pas toujours confortable, mais de l'accepter. et de rester active, de continuer à développer ses compétences en occupant un poste, ou sans occuper de poste, mais une fonction à un autre endroit.
- Speaker #0
Très malin, très très très malin. Et du coup, au moins, on continue d'avoir une activité et de…
- Speaker #1
Exactement. J'irais même plus loin, ça peut être également une activité bénévole ou de mandat. Diriger une association, porter des programmes en lien avec de la RSE, faire de la politique, faire de l'enseignement, occuper des responsabilités autres et intégrer dans son récit professionnel et personnel ses articulations. Je vais donner un exemple. Dire qu'on a dirigé pendant 20 ans en Asie des filiales. et que depuis notre retour en France, depuis deux ans, nous sommes actifs dans un réseau d'associations et dans l'enseignement. Et qu'aujourd'hui, on souhaite retrouver un poste de directrice générale, on va prendre quelque chose d'assez simple, directrice générale, qui intègre toutes les compétences de business développées dans ses 20 ans en Asie, mais également la dimension RSE cultivée depuis deux ans, au plus près des citoyens ou au plus près de la transition énergétique. ou agroalimentaire ou que sais-je. Ne pas prendre cet engagement sociétal comme quelque chose de coupé de nos compétences de dirigeante d'unité économique, mais les intégrer. Parce qu'aujourd'hui, les entreprises se transforment, elles intègrent des logiques d'impact écologique, sociaux. On parle de plus en plus d'entreprises à mission qui font même évoluer leur statut d'entreprise. Et donc, les femmes ont une carte à jouer dans la direction d'activité à intégrer les engagements sociaux environnementaux et en faire des compétences professionnelles de dirigeante.
- Speaker #0
Génial !
- Speaker #1
J'ai envie qu'à outard de partager ici à celles et ceux qui nous écouteront une petite trame pour fabriquer son récit, que je trouve vraiment extrêmement efficiente, si tu le veux bien.
- Speaker #0
Carrément, justement, tu commençais à parler de récits, de dirigeants, de dirigeantes, et je trouve ça essentiel pour toutes les personnes qui vont nous écouter de bénéficier de cette trame.
- Speaker #1
Super. On est de plus en plus nombreux et nombreux à être slasheurs, à avoir des activités différentes et à se poser la question de comment on parle de soi professionnellement tout en rassemblant toutes nos identités, nos passions, en mettant nos valeurs, en mettant de nous. Comment on parle de soi de manière efficace dans la vie professionnelle en valorisant qui nous sommes et nos engagements ? Voilà, c'est ça ma question. Je me la suis posée personnellement pendant des années J'étais cartelée longtemps entre une activité de recrutement de dirigeants où j'étais salariée pendant longtemps. J'ai monté ma boîte il y a quelques années, mais pendant 15 ans, j'étais salariée. En même temps, présidente fondatrice d'une association. En même temps, beaucoup d'enseignements. Et donc, j'avais envie de rassembler tous les bouts de moi. Ce que j'ai trouvé comme méthode, c'est méthode à trois étages, trois niveaux logiques. D'abord, être très au clair sur notre métier. Est-ce qu'aujourd'hui, nous sommes dirigeantes et être dirigeante, c'est un métier ? Est-ce qu'aujourd'hui, nous ne sommes pas encore dirigeantes et notre métier, c'est la communication ? C'est la finance, que sais-je ? Très au clair sur le métier et le niveau d'accomplissement dans notre métier. En l'occurrence, me concernant, mon métier, c'est de recruter des dirigeants. C'est une expertise, c'est un métier. Deuxième niveau logique, ce n'est pas tant les compétences métiers ou sectorielles que notre talent. la manière dont nous exerçons nos compétences. Moi, mon talent, en tant que recruteuse de dirigeants, c'est de révéler les personnalités, les styles de leadership. Quand j'accompagne mes clients dans l'identification de futurs dirigeants, je fais émerger la singularité des candidats, mais aussi la singularité de l'entreprise pour laquelle je travaille, ce qui fait de moi une chasseuse de tête, je dis plutôt d'ailleurs cueilleuse de tête, différente. la proposition de valeur que j'ai à l'endroit des clients et des candidats est particulière. Et j'explicite cette particularité. Donc, soyez consciente et conscient de vos talents singuliers dans l'exercice de vos compétences. Troisième niveau logique, vos engagements, vos compétences et vos talents, au service de quoi vous les mettez ? De quelle société ? De quelle société idéale ? Vous œuvrez dans quelle direction ? Moi, en l'occurrence… mes compétences de chasseuse de tête de dirigeant, mes talents pour faire émerger les singularités humaines, je mets ça au service d'un monde du travail profondément humaniste, dans lequel notamment les femmes jouent un rôle actif. Les femmes sont pour moi des agentes de la transformation. Et tout ça, je le raconte dans un récit. Je parle de moi là pour illustrer ma méthode. Je le résume avec quelques mots-clés, l'articulation de ces trois niveaux logiques. Mon métier, c'est de recruter des dirigeants. J'ai mon propre cabinet aujourd'hui, voici mon offre. Mes talents, c'est de révéler les singularités, à la fois des individus, des collectifs, et tout ça au service d'un monde du travail beaucoup plus humain. C'est pourquoi j'ai créé Chlore, et je fais porter, je crée des scènes. Tout ça, ça fait récit ensemble, c'est très cohérent, et je peux à la fois dire quelles sont mes compétences, mettre en valeur ma manière d'être, et partager mes engagements et mes valeurs. Ça fait récit. Alors tu me diras, il y a des fois où c'est quand même compliqué à faire. Je vais te donner un exemple d'un dirigeant financier qui me dit en entretien, « Moi, je suis dirigeant financier dans l'industrie, je n'ai envie de changer, et puis j'ai une vraie vocation dans le monde de l'éducation. » Tout ça, ça ne fait pas récit. Et je lui dis, « Si, ça fait complètement récit. Compétence, directeur financier. » talent, les talents, je crois que c'était dans la transmission, son talent, c'était de faire monter en compétence les autres. Et sa vocation, vraiment, c'est de travailler dans le monde de l'éducation. Et je lui dis, tout ça, ça tient ensemble. En fait, je lui dis tout ça en même temps. Il se trouve que quelques semaines après, il était dans une soirée networking, il a dit tout ça, et il a été finalement recruté pour être secrétaire général d'une association des anciens de son école. En tant que secrétaire générale, il y a besoin de compétences en finance, c'est de la direction financière, administrative, de fonctionnement. Son métier de direction financière avait beaucoup de sens pour être secrétaire générale. les alumnis c'est de la transmission entre anciens et vocation éducation il y a quoi mais peut-être qu'a priori il n'aurait pas été en capacité d'imaginer ce projet professionnel de dire dans tout ce qui est possible je pourrais être secrétaire générale des alumnis d'une école tu vois la vie a plus d'imagination que tous nos projets
- Speaker #0
La vie est beaucoup plus intelligente, en fait, que nous avec notre petit cerveau. En revanche, être en capacité de nommer qui nous sommes avec clarté, en termes de compétences, de talents et de vocations slash motivations, ça permet à nos interlocuteurs de nous proposer des idées que nous n'aurions pas eues. J'ai parlé.
- Speaker #1
Exactement. Et donc, ça nécessite un travail sur nous. de clarifier ces trois composantes métier, talent, engagement, vocation, et d'être en mesure après de les restituer sous la forme d'un récit pour partager. Et là, on est dans du leadership transformationnel puisqu'on n'est plus dans offre-moi un poste, donc on n'est plus dans fais-ci, fais-ça pour moi, mais on est dans voilà qui je suis, voilà où je vais. Et qui va m'aider à atteindre mon rêve ? Oui,
- Speaker #0
c'est ça. Où est-ce que je peux contribuer en étant pleinement qui je suis, avec tous mes apports professionnels, personnels et d'engagement ?
- Speaker #1
Et la posture est totalement différente. Encore une fois, on n'est plus dans une posture de demande, on est dans une posture de visionnaire, puisqu'il y a cette notion d'engagement, de vision qu'on a idéale. Et comment, nous, on peut contribuer à cette vision ? Et donc, ça va emmener d'autres personnes dans cette vision et bien sûr qu'ils vont tout mettre en place. Le monde entier va vouloir nous aider à rejoindre et à créer cette vision.
- Speaker #0
Il y a une conspiration positive, en effet, pour reprendre les travaux de l'IFS. Une conspiration positive à condition d'avoir le discernement sur qui nous sommes réellement, ce qui n'est pas évident. Il y a des Ausha qui se prennent pour des lions. Donc, être conscient de nos forces. et de nos faiblesses avec beaucoup de discernement, un exercice de vérité à son endroit. Et pour ça, on a besoin du regard des autres. D'ailleurs, j'en profite pour une page de pub pour l'association Éclore que je dirige. On a un parcours qui s'appelle Trouver sa place qui se déroule sur trois mois, cinq modules où on accompagne des cadres qui ne se reconnaissent plus dans leur entreprise ou qui sont en transition mais ont du mal à avoir envie de se faire un peu plus de retrouver l'entreprise, un manque de désir. Et on les accompagne pour qu'ils soient en capacité, qu'elles soient, parce que c'est très féminin, ces promotions, même si c'est ouvert aux hommes, être en capacité d'être très au clair sur ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent, où est-ce qu'ils pourraient aller. Le parcours, trouver sa place.
- Speaker #1
La question qui allait venir, c'était justement, qu'est-ce que tu recommandes pour avoir cette clarté sur ce récit et le programme dont tu parles répond à cette problématique, c'est ça ?
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Le programme répond. Alors peut-être vous donner quelques clés pour répondre à cette envie de récit et vous redire un mot du parcours et du programme qu'on a créé avec Éclore. Ces ingrédients que je vous propose, on les a intégrés dans le parcours. Si vous ne faites pas le parcours, ce qui est utile, c'est de pouvoir parler de vous à des pairs. P-I-R-S. à des pairs pour avoir le regard, un regard objectif. Quelqu'un qui va vous dire quand tu dis ça, effectivement, tu es bien à cet endroit. Là, non, là, tu te mens à toi-même. Donc, voilà, se raconter à l'autre et bénéficier du regard de l'autre. Ça, c'est vraiment utile. Ensuite, avoir des vrais moments d'introspection. L'introspection, ça peut être se balader dans la forêt, faire du sport, peindre, méditer, que sais-je. mais une activité qui nous met en joie et qui est plutôt méditative, c'est-à-dire qu'on suspend le jugement. Et lorsqu'on a ces moments de contemplation, de flot intérieur, on gagne beaucoup en discernement. L'invitation à ne pas chercher à tout prix, d'avoir une réponse à tout, être en capacité de savoir qui on est, se dire, foutons-nous la paix, quoi. Foutons-nous la paix et avoir des vrais moments où on se fait du bien et on gagne en discernement. Et pour ça, il ne faut pas être dans la peur. Il faut être dans des moments profondément régénérants. Ensuite, troisième ingrédient que je trouve essentiel, c'est aller à la rencontre du monde. Sortir de l'entre-soi. Faire des soirées inspirantes, rencontrer des gens dans notre métier qu'on ne connaît pas, qui sont dans d'autres secteurs. Peu importe en fait, il y a plein de manières d'aller à la rencontre du monde. Mais une amie me disait ce matin, se mêler du monde et se mêler au monde. Voilà, c'est... sortir de sa bulle sociale, familiale. Allez rencontrer l'autre.
- Speaker #1
Super. Donc, trois recommandations, si j'ai bien compris. La première, c'est confronter notre vision de nous aux autres qui vont nous permettre de nous apporter un miroir, finalement, pour trouver un peu plus notre vérité. La deuxième, c'est l'introspection. Et tu as donné des billes pour identifier les bons moments d'introspection. Et donc, on est plus dans la curiosité, l'observation de soi qu'on est dans le jugement. Et troisièmement, tu as parlé d'aller vers l'autre, d'exercer de la curiosité, de sortir de la bulle de l'entre-soi pour découvrir le monde et donc découvrir des choses qu'on ne connaissait pas forcément. C'est ça ?
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Super. Alors, Solène, il nous reste très peu de temps. J'aimerais juste revenir peut-être en quelques mots sur ce qu'on a évoqué en début. de notre conversation sur la situation aujourd'hui des femmes dirigeantes. Tu as parlé du fait que certaines femmes aujourd'hui étaient à des postes de dirigeantes alors que ce n'était pas forcément les plus méritantes. J'aimerais justement que tu nous en dises un petit peu plus là-dessus, ta vision justement de la situation et de, encore une fois, qu'est-ce qui pourrait être fait, mis en place, pour que ces femmes soient justement davantage à leur place dans ces rôles de dirigeantes. par exemple ?
- Speaker #0
Alors, si on se situe au niveau de l'entreprise, je pense que l'entreprise a formé les dirigeants et les managers sur la question du leadership et du genre. Il y a une méconnaissance de ce sujet. On en parle beaucoup. On parle beaucoup de leadership, on parle beaucoup des questions de genre, mais en fait, on ne sait jamais trop de quoi on parle. Un leader, c'est une personne qui a une vision, qui embarque autour son écosystème et qui mouille le maillot. Ça, c'est un leader ou une leader. je fais simple mais j'ai très envie de partager ça l'énergie du masculin c'est conquérir un espace extérieur c'est une énergie qui va vers l'extérieur c'est le symbole du masculin ce cercle avec une flèche vers le haut l'énergie masculine c'est aller vers l'extérieur, l'énergie du féminin c'est pas aller vers l'extérieur c'est pas la représentation c'est habiter le territoire c'est pas le même mouvement du tout c'est un mouvement d'intériorité d'intériorisation plus exactement ... un leadership au masculin il va conquérir des nouveaux business à l'extérieur je caricature un leadership au féminin il incarne vraiment une autorité parce qu'il y a une connaissance il y a une écoute on n'est pas dans les mêmes énergies femmes et hommes ont du masculin et du féminin on rajoute ça sur ça des couches sociologiques historiques psychologiques qui font qu'il y a des biais il y a une fabrique sociale et psychologique du genre donc on a bâti à des choses qui sont en fait assez complexes et aujourd'hui on a bâti Ce que j'observe en termes de connaissances, c'est qu'on tend entre des entreprises et des personnes pour qui il n'y a que des biais de genre. Les femmes, elles n'osent pas assez, elles n'ont qu'à oser plus. Et en fait, on est les mêmes. Et puis, d'autres discours sur l'essentialisation. Les femmes seraient censées porter un leadership que n'ont pas les hommes. En fait, c'est vachement plus complexe. Apporter de la clarté, en fait, sur leadership, genre, former les personnes. Les femmes elles-mêmes, j'ai suivi des formations sur le leadership au féminin il y a un certain nombre d'années maintenant, il y a dix ans. On nous expliquait dans ces formations, les femmes, vous êtes aussi fortes que les hommes, allez-y, au secours quoi, au secours. Ce n'est pas ça en fait. Donc qu'on puisse former les entreprises, les hommes et les femmes, au leadership et aux questions de genre. En l'occurrence, pour les femmes, c'est reconnaître qu'il y a… un exercice des responsabilités, un leadership qui n'est pas celui qu'on voit aujourd'hui dans les entreprises, qui est masculinisé et qu'on peut enrichir ces comportements, ce style de leadership avec une palette plus féminine. Sans opposer les deux manières d'être au monde. Mais il y a une manière de diriger qui est aujourd'hui très masculine et notre société et nos entreprises ont besoin dans les instances dirigeantes d'une énergie plus féminine, qui sera portée par les femmes et aussi par les hommes, bien sûr. Donc là, vraiment, il y a confusion. Très peu ont le discernement sur tout ça. Donc il y a un besoin de formation, un besoin de clarté. Il est important que les femmes comprennent réellement que le pouvoir est genré et est masculin aujourd'hui. Ni bien ni mal, c'est un fait aujourd'hui. Si je te dis un leader, tu penses à un homme dans ton imaginaire. Et la manière d'exercer son leadership est masculine, indépendamment du fait que ce soit un homme. C'est de l'énergie masculine. Les femmes... on me semble-t-il a accepté cet état de fait, cette réalité, non pas pour la subir et s'y soumettre, l'accepter pour agir dessus. À partir du moment où l'accepte, on sait jouer sur ses codes, on est accueilli dans cette cour des dirigeants, on peut exercer un leadership féminin. Je vais te donner un exemple très pratico-pratique qui date de quelques jours. Je dîne avec trois hommes, le président, et le DG d'un réseau de 10 000 personnes extrêmement puissants. Ce n'est pas juste une entreprise, c'est un réseau de 10 000 personnes. Et ces 10 000 personnes sont des personnes puissantes dans la société. Il y a le président, il y a le DG, et j'ai le vice-président d'une très belle ONG avec moi. On est trois, on est quatre avec moi. On démarre le dîner, donc on est ensemble pour négocier un gros projet. Et... Je vois que les deux présidents sont face à face dans un jeu vraiment qui est le plus fort. Moi, je sens que je n'ai pas d'espace pour m'exprimer et le quatrième homme, la quatrième personne et l'autre homme, il n'est pas bien. Je le ressens. Et à un moment dans la discussion, l'un des deux dit « Il faut vraiment redonner le pouvoir aux femmes. » Et là, à ce moment-là, quand j'entends ça, je dis « On va l'appeler Robert. » « Merci Robert, je suis vraiment d'accord avec toi et je propose de prendre ce pouvoir. Est-ce que vous êtes tous d'accord pour que j'anime ? » la suite du dîner. C'est moi qui prends le manche. C'est moi qui vais faire circuler l'énergie. Est-ce que vous êtes d'accord ? Tous me disent oui. Je les fais méditer. Vraiment, j'en dis voilà. Là, moi, je suis épuisée. Je me sens épuisée. Je me sens dans des jeux d'égo. Je n'ai pas dit le mot égo, mais on est beaucoup dans la tête. Moi, j'ai besoin d'un moment de respiration. Je vous propose qu'on médite trois minutes ensemble. On est dans un restaurant, donc ça n'a rien d'évident. On médite trois minutes ensemble. On peut être contemplatif, mais on ne parle pas pendant trois minutes. Ensuite, je fais circuler. Je pose la question de savoir comment chacun se sent physiquement dans son corps. Le premier dit « bon, ça va à peu près » . Le deuxième dit « alors moi, je suis très, très mal assis. Je ne suis pas bien. Je suis très mal assis sur ce fauteuil. Il est beaucoup trop bas. Mes jambes ne passent pas. » Du coup, je dis « bon, on va prendre en compte ce besoin et on va s'organiser autrement autour de la table. Donc, il y en a un sur le fauteuil qui passe sur le canapé. Enfin, on bouge tout, quoi. » C'est le bordel. Mais après, les deux présidents ne sont plus face à face. Et moi, je change de place. Toute l'énergie est modifiée. Ensuite, une fois qu'on a fini ça, qu'on a réagencé un petit peu la disposition, je leur dis, voilà, dans le projet que nous portons ensemble, il y a un gros défi. Quel est ce défi ? Je propose que chacun réponde personnellement. C'est quoi le défi ? Et là, chacun répond avec beaucoup d'authenticité. Tellement d'authenticité qu'il y a des émotions très, très fortes. que je n'imaginais pas du tout, qui se dépose. Et alors, à partir de là, on a fait une réunion exceptionnelle. Alors, pourquoi je prends ce détour du récit un peu perso qui s'est passé il y a trois jours ? Parce que c'est un endroit où j'ai accepté qu'il y ait des rapports d'égo et que j'étais dans un monde très masculin. Là, j'ai accepté. Ils ont accepté ma présence autour de la table. J'ai attendu le moment clé pour... prendre le pouvoir, en tout cas le pouvoir dans l'animation de la soirée, ce n'est pas du pouvoir sur eux, c'est prendre mon pouvoir, et moi, mon pouvoir, là où j'ai du pouvoir, c'est d'en créer l'harmonie du groupe, c'est un endroit où je sais être. Donc j'ai pris mon pouvoir en leur demandant si je pouvais l'avoir. Et à partir de là, j'étais reconnue dans le rôle qui était le mien, de facilitatrice, ce n'est pas le rôle de DG, là dans mon exemple, c'est le rôle de facilitatrice. J'ai été reconnue et j'ai pu exercer mon talent de manière extrêmement singulière et très féminine. C'est-à-dire, on médite, on s'écoute, on ressent, on donne de l'espace aux intuitions, aux visions, aux émotions, aux vulnérabilités, aux colères. Et je suis gardienne chez cet espace. Ça, c'est du féminin. Non pas parce que je suis femme, dans ce que je partage, mais parce que je vais chercher l'énergie du féminin, de l'intériorité, et pas de l'extériorité. On est passé d'un dîner qui était d'abord sur une énergie d'extériorité. Moi, j'ai la plus grosse. Je piste au coin du mur pour dire c'est mon territoire. Ah ouais, toi, tu veux le même ? Combat de coq. Je caricature parce que c'est des hommes formidables. Et donc, j'amène l'énergie du masculin au féminin. Et les instances dirigeantes ont besoin de passer du masculin à beaucoup plus d'harmonie avec le féminin.
- Speaker #1
Moi, j'aime bien parler de Yin et de Yang parce que du coup, on dégenre et il n'y a plus la confusion entre un homme serait Yin ou Yang.
- Speaker #0
Yin-Yang, tu as raison. Oui,
- Speaker #1
je suis d'accord. Ça donne l'autorisation à chacun d'avoir du Yin et du Yang en lui sans le déconnecter de son... Ouais,
- Speaker #0
de son genre.
- Speaker #1
Génial. Et donc, ce que tu expliques, c'est qu'en tant que femme, c'est important... de conscientiser qu'aujourd'hui, le yang est dominant dans le pouvoir et dans la façon d'exercer ce pouvoir. Et ce que tu as fait, Briaman, c'est de ne pas forcément venir avec du yang pour t'affirmer.
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Mais justement, de trouver la bonne opportunité de le faire pour venir apporter du yin. Alors que si toi, tu étais venue en confrontation, ça aurait juste fait encore plus d'escalade des égaux, finalement.
- Speaker #0
C'est ça, c'est ça. Moi-même, mon égo aurait se frais-boursoufflé. C'est très taoïste comme vision. Taoïste et en même temps dans le discernement de la réalité sociopolitique. Il y a bien un moment où j'étais provocatrice, où je suis allée chercher du yang. Ça a été possible parce qu'à un endroit, je suis allée chercher mon yang. J'ai dit « Ok, Robert, j'entends ce que tu viens de dire, je prends le pouvoir. » Vraiment, il y a un endroit où je... Je joue avec ces codes. C'est là où je partageais le fait que les femmes doivent avoir le discernement qu'il y a des codes du pouvoir. Là, cet endroit, je ne demande pas la permission d'eux. Je demande la permission sur la forme, mais pas dans l'énergie. Dans l'énergie, il n'y a aucune permission qui est demandée.
- Speaker #1
C'est ça. Si tu avais attendu qu'on te donne la parole, ça ne serait jamais arrivé.
- Speaker #0
Je prends ma place. Et comme je suis dans un monde d'hommes, à un moment de jeu d'égo, je prends ma place. En mettant mon égo au milieu de la table. Ce n'est pas mes couilles sur la table, c'est mon égo. Je me pose. Donc, c'est ce discernement des jeux de rôle.
- Speaker #1
Pour pouvoir venir apporter quelque chose de différent. Et ça, ça vient reboucler sur qu'est-ce qu'aujourd'hui, les femmes qui sont à des postes de pouvoir et qui sentent que finalement, si elles sont à ces rôles de pouvoir, mais qu'elles l'exercent de la même façon que les hommes, Ça n'apporte pas la diversité dont on a besoin et donc plus d'harmonie dont on a besoin.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. C'est vraiment un appel aux femmes. Osez votre féminin dans l'exercice du pouvoir. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut jouer à la femme. C'est un summons d'être des femmes. Une femme, elle saigne tous les mois. Donc, elle a plus facilement accès à sa vulnérabilité. Tu m'en le quoi ! assumons-le.
- Speaker #1
Oui, donc de moins chercher à porter un masque pour être dans le rôle dont on pense, le rôle qu'on pense qu'on attend de nous, et être plus dans de quoi moi j'ai envie, de quoi moi j'ai besoin, quelles sont mes forces singulières, et comment je veux les apporter.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Top, top, top. Mais quelle conversation... passionnante, Soline. Merci pour ce moment. Est-ce que tu aurais un mot de la fin ?
- Speaker #0
Les femmes sont puissantes. Elles le savent depuis tout le temps. Elles le savent profondément qu'elles sont puissantes. Puissent-elles assumer de prendre du pouvoir ? Et non pas du pouvoir sur l'autre, mais du pouvoir pour transitionner, pour... partager la valeur pour créer de nouveaux modèles économiques, pour changer de modèle de société, pour diriger autrement. Donc n'ayons pas peur du mot pouvoir, mais habitons le pouvoir là où nous sommes légitimes et là où la vie nous attend.
- Speaker #1
De la musique pour mes oreilles. Vraiment, mot de la fin sublime. Je ne peux qu'être d'accord en étant au plateau de toute puissante et en ayant créé le club de pouvoir. C'est vraiment l'invitation parfaite. Tu as formulé mon vœu de société mieux que moi.
- Speaker #0
Il faut qu'on dise à nos auditeurs, auditrices que tu m'as payé. pour que je finisse cette interview en plaçant les mots clés.
- Speaker #1
Je pense que, encore une fois, je vais reprendre tes mots. La vie a plus d'imagination que nous. Merci beaucoup, Solène, pour ce super moment. Et on partagera sur les notes de l'épisode tes coordonnées pour les personnes qui ont envie de te contacter, ont envie de travailler avec toi. Et encore merci et à très bientôt.
- Speaker #0
Merci, Carita.
- Speaker #1
Et voilà, c'est déjà la fin de notre rendez-vous. J'espère que vous repartez plus armés, inspirés et prêts à affronter vos défis avec audace et intelligence. Je suis Kauthar Trojet et vous avez écouté Toute Puissance. Continuez de pulvériser tous les plafonds de verre. À très bientôt pour un nouvel épisode plein de puissance.