- Speaker #0
Comment se passe l'arrivée et l'intégration en Suisse romande quand on est française et journaliste ? Katia, après 9 ans sur place, va nous expliquer tout ça, va nous donner son ressenti et ses petits conseils. Allez, à tout de suite !
- Speaker #1
Bienvenue sur Travailler et vivre en Suisse, le seul podcast entièrement dédié à l'emploi et à l'expatriation en Suisse. Nous vous aidons à mieux comprendre la Suisse. et à concrétiser votre projet professionnel avec des conseils et des infos pratiques. Résident expatrié, frontalier, écoutez dès maintenant notre spécialiste David Tallerman.
- Speaker #0
Bonjour, je suis aujourd'hui avec Katia, qui est une expatriée française installée en Suisse romande depuis 9 ans. Et j'aimerais en savoir un tout petit peu plus sur son expérience d'expatriée en Suisse. Et voici donc la première question, Katia, comment es-tu arrivée en Suisse ?
- Speaker #2
Alors, moi, je suis arrivée en Suisse, comme j'aime à dire, un peu comme un chien choisit son lampadaire, totalement par hasard. En fait, je travaillais en Allemagne. Il y a eu un plan social. Je cherchais du travail ailleurs. Il y avait une offre d'emploi. Ma foi, je suis journaliste et puis ça a marché. J'ai obtenu le job et je suis venue.
- Speaker #0
D'accord. Donc, tu parles allemand, si je comprends bien.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Alors, comment s'est passé ton recrutement en Suisse ?
- Speaker #2
Alors mon recrutement en Suisse, c'était un petit peu particulier parce que je ne m'attendais pas du tout aux questions qu'on m'a posées. On m'a demandé la première question, pourquoi je voulais venir en Suisse ? Alors que je pensais plutôt qu'on allait me demander quelles sont mes compétences, quelles sont mes trois qualités, mes trois défauts. En fait, pas du tout. On m'a demandé ce que je connaissais de la Suisse, pourquoi je voulais venir en Suisse. Voilà, donc c'était un petit peu particulier et déroutant parce qu'effectivement, je me suis rendu compte que Je ne connaissais pas grand chose de la Suisse.
- Speaker #0
Classique. Tu es venue en couple ou toute seule ?
- Speaker #2
Non, je suis venue toute seule. Et puis mon compagnon m'a rejoint quelques années plus tard.
- Speaker #0
D'accord. Mais alors, vous étiez ensemble avant, c'est ça la question ? Oui,
- Speaker #2
tout à fait. Il est resté en France. On a été quelques années à distance, moi en Allemagne et lui en France. Et puis quand je suis venue en Suisse, il est resté en France encore quelques années, le temps de trouver du travail. Et puis, le temps que je sois bien installée, il est venu me rejoindre.
- Speaker #0
D'accord. Avec un peu de recul, que dirais-tu de ton expérience en Suisse ?
- Speaker #2
Elle a été compliquée. Elle a été très compliquée au départ. L'intégration a été beaucoup plus compliquée que je ne l'imaginais. Moi, j'avais déjà été expatriée avant, donc c'était assez facile pour moi de vivre en Allemagne. L'intégration s'est assez vite passée, plutôt bien passée. Je m'attendais à ce que ce soit aussi facile ici. En réalité, ça a été beaucoup plus compliqué que ça. Je dois reconnaître qu'en tant que Française, je suis arrivée avec l'idée que ça serait simple, avec l'idée que la Suisse, on parle français, qu'on a un peu la même culture. En fait, pas du tout.
- Speaker #0
Ça aussi, c'est vrai que c'est une conclusion assez fréquente et assez classique. Qu'est-ce qui a été... Est-ce que tu as une... une anecdote ou quelque chose qui t'a vraiment surprise en fait ? Pendant cette phase finalement où tu es arrivé en Suisse, finalement qu'est-ce qui t'a le plus surprise ?
- Speaker #2
Alors il y a beaucoup de choses qui m'ont surprise, mais par exemple j'habitais en colocation chez une dame âgée qui habite dans un immeuble où il y a une belle pelouse tout autour de l'immeuble. Donc c'était l'été, je suis sortie avec mon plaid, je me suis allongée sur la pelouse et puis avec mon livre. pour profiter un petit peu du soleil. Puis le concierge est venu très très surpris, il m'a demandé ce que je faisais là, puis il m'a dit que c'était interdit de se mettre sur les pelouses, parce que si tout le monde faisait ça... Et puis j'étais un peu surprise, parce que tout le monde ne va pas faire ça, tout le monde n'a pas les mêmes horaires, tout le monde n'a pas les mêmes envies, ni les mêmes besoins. Mais je me suis bien rendue compte que cette phrase, et si tout le monde faisait ça, c'était quelque chose que j'ai entendu très souvent, si on se gare mal, et si tout le monde faisait ça. Si on met nos poubelles dans les mauvaises poubelles et si tout le monde faisait ça, c'était un peu particulier. En fait, je me suis vite rendu compte qu'il fallait faire comme tout le monde.
- Speaker #0
Là, il y avait un vrai choc culturel.
- Speaker #2
Alors complètement, oui.
- Speaker #0
C'est ça le piège. Si tu devais donner un conseil à ceux qui viennent s'installer ici, qui éventuellement offrent aussi pourquoi pas le même métier, qu'est-ce que tu leur donnerais comme conseil si tu devais en donner quelques-uns ?
- Speaker #2
Alors, hum... Un conseil un petit peu, mais je le dis un peu au second degré en rigolant, mais il ne faut pas applaudir trop fort quand les Bleus gagnent la Coupe du monde de football. Il faut se réjouir un petit peu avec discrétion. Et puis, il faut conduire correctement. Ça, c'est très important. Et surtout, il ne faut pas faire de comparaison avec la France. Il faut se dire qu'on est vraiment dans un autre pays, à tout point de vue.
- Speaker #0
Oui, toi, l'avantage que tu avais, c'est qu'en plus, tu venais d'un autre pays. C'est-à-dire que tu avais en plus des éléments de comparaison d'Allemagne, qui t'ont probablement aussi, je pense, aidé à... prendre un peu de recul par rapport à tout ça, bon ça c'est un autre débat. Maintenant ton conjoint donc qui t'a rejoint, lui quelle vision il a par rapport à sa vie ici ? Comment il a vécu les choses ?
- Speaker #2
Pour lui les choses étaient un petit peu plus faciles parce que disons que j'avais essuyé les plâtres en arrivant, je m'étais heurté au régie pour trouver un appartement. Donc lui il n'a pas eu toutes ces démarches à faire parce que quand on cherche un appartement qu'on vient d'arriver puis qu'on vous dit mais il faut des garants en Suisse. Puis quand on lui dit j'en ai pas parce que je suis pas de Suisse, puis je peux pas en avoir parce que je suis pas de Suisse quand vous souriez en disant oui, ben c'est justement pour ça Et en réalité, c'est très très compliqué pour s'installer. Et on a un peu le sentiment qu'on nous met des barrières sans arrêt. Lui, il a pas eu tout ça parce que tout était fait. Il est arrivé, il a pu s'installer. Voilà, donc il n'a pas eu les mêmes difficultés, puis il est arrivé, il a trouvé un travail, il travaillait dans une entreprise avec beaucoup de frontaliers, beaucoup de français, donc il n'a pas eu non plus ce choc des cultures. Et puis en définitive, moi je lui avais déjà tout raconté, tout expliqué, donc il était un peu en terrain conquis et puis il a été prévenu.
- Speaker #0
Oui, effectivement. Et du coup, pour finir, toi tu as ton expérience, comment dire... Au travail, ça a été simple d'exercer ton métier, le métier que tu faisais avant, dans le contexte d'une entreprise suisse, ou finalement c'était le même métier et puis ça roule ?
- Speaker #2
C'est le même métier, ça roule, mais la difficulté c'est qu'en Allemagne, venant d'un pays étranger, on ne parle pas la même langue, on est vraiment considéré comme une richesse, comme quelqu'un qui a quelque chose à apporter. Ici en Suisse, on est plutôt considéré comme quelqu'un qui a de la chance d'être ici. Et ça change tout dans la perception qu'on a dans l'accueil et puis dans la façon de se sentir à l'aise en fait. Ça a été compliqué de devoir toujours prouver sa légitimité. On m'a souvent posé la question pourquoi je suis venue en Suisse, comme si ce n'était pas légitime. Même en répondant parce que j'ai peut-être 15 ans d'expérience, que je parle trois langues, que j'ai une très bonne connaissance des institutions européennes, peut-être que... C'est quelque chose, c'est des compétences qui étaient recherchées. Mais il y a toujours ce besoin de devoir prouver une certaine légitimité, puis de devoir tout le temps remercier d'être ici.
- Speaker #0
Oui, je comprends. On a vécu, alors pas tout le monde vit ça, mais c'est quelque chose qui est effectivement... C'est une question qui se pose en tout cas. Et ça c'est... Le traitement en fait de cette question dépend aussi finalement de la personne qui la pose. Parce que parfois c'est juste une question complètement innocente, parfois ça l'est pas. Mais ça, on ne peut pas le savoir à l'avance. Et puis, il faut être soi-même.
- Speaker #2
Alors, c'est souvent plutôt sympathique. Il y a des personnes qui étaient très sympathiques qui m'ont posé cette question. C'est une question qui revient tout le temps. Donc, c'est un peu particulier. C'est comme si on vous demandait sans arrêt pourquoi vous êtes là, comme si vous n'aviez pas le droit d'y être.
- Speaker #0
Je comprends. OK. Donc maintenant, ça fait combien d'années que tu es là ? Ça fait neuf ans.
- Speaker #2
Alors maintenant, ça fait neuf ans que je suis là. Ça a été dur les trois premières années, je dirais. Maintenant, ça va beaucoup mieux parce qu'il y a eu un gros effort de ma part aussi, de se dire, on va faire Profilva, puis on va vraiment s'intégrer. Et ça, voilà, ça doit venir de nous aussi, quand on est expatrié.
- Speaker #0
Je finirai là-dessus. Je pense que c'est un excellent conseil que moi, je donne aussi régulièrement. Merci beaucoup, Katia. C'était très intéressant d'avoir ton point de vue, on va dire, très culturel. Je te souhaite en tout cas une très bonne continuation en Suisse et je te dis à très bientôt.
- Speaker #2
Merci.
- Speaker #1
Merci de nous avoir rejoints pour cet épisode de Travailler et vivre en Suisse. Abonnez-vous à ce podcast et notez-le. Visitez le site www.travailler-en-suisse.ch pour plus d'informations sur le sujet abordé aujourd'hui et pour accéder à encore plus de ressources et d'informations.