- Speaker #0
Ce n'était pas du tout un projet contre les fumeurs. Si les gens veulent fumer, c'est leur droit le plus strict, ils font ce qu'ils veulent. Mais l'idée, c'est qu'ils ne fument pas sur le lieu, en l'occurrence universitaire, qui est le campus santé, où on explique aux étudiants, dans ses diverses composantes, la dangerosité du tabac et qu'on les aide à aborder la démarche d'aide au sevrage, qui est une démarche éminemment positive. Donc vraiment, la question, c'est là. C'est-à-dire, l'éléphant, il est au milieu du salon, et puis on est en train de dire, ce n'est pas bon pour la santé, et le coût, c'est 156 milliards pour la collectivité. On est en train de parler du déficit. public, là, il faut économiser 20-50 milliards. Ce qui tue les diabétiques, c'est d'abord le tabac. Globalement, dans les études, le temps qui est consacré aux addictions, et là, je peux parler des études médicales, sur trois années, ça n'a pas excédé six heures.
- Speaker #1
Le problème de notre spécialité, c'est qu'en fait, lorsque l'on voit les dégâts, ou le déchaussement de dents, ou la dent qui bouge, ou des fois la perte de dents, c'est presque qu'il est déjà trop tard. C'est que la maladie est déjà insuffisante.
- Speaker #2
Bonjour, bienvenue sur le podcast du soudrage tabagique Tu manques pas d'air. Voici un épisode particulier pour plein de raisons. D'abord parce qu'il sort pour la Journée Mondiale sans tabac. C'est le qui intermet juste sur l'avance. Ensuite parce que c'est le premier de la saison 3, sous-titré la saison 2 trop, trop comme trop bien. Et aussi parce qu'il est enregistré à la fac. Je me suis retrouvée sur le campus santé de Reims parce qu'ici, ils ont un projet hyper intéressant. et hyper relou en même temps. Intéressant parce que ça concerne l'évolution des espaces sans tabac. Hyper relou parce que ça met mille ans à se mettre en place. Alors j'ai voulu comprendre pourquoi transformer un campus pour qu'il devienne sans tabac prenait autant de temps. Donc dans cet épisode, vous allez entendre trois personnes qui font partie du COPIL, le comité de pilotage, bon j'avoue j'ai mis 400 ans à capter ce que voulait dire COPIL, qui tour à tour vont expliquer les enjeux, les difficultés, leur rôle, tout ça tout ça. Bonne écoute ! Ok, et bien bonjour Vincent Durlac, docteur, professeur, un peu tout ça ?
- Speaker #0
Oui, un peu tout ça, docteur et professeur.
- Speaker #2
Donc lui, Vincent Durlac, le professeur et docteur, il est responsable de l'unité d'aide au sevrage tabagique. A l'origine diabétologue et endocrinologue, je l'avais interviewé dans la saison 2 épisode 6 et capsule numéro 4, un épisode très court dans lequel il m'avait appris à quel point le diabète et le tabac sont liés. Aujourd'hui... Il me reçoit sur le campus. Et là, nous sommes au bureau qui s'appelle numéro...
- Speaker #0
Il s'appelle BR01, qui ne dit pas grand-chose de sa fonction. Mais c'est surtout le lieu qu'on a ouvert, donc il y a plus de trois mois maintenant, pour être un espace d'aide au sevrage tabagique, dans le cadre de notre projet Campus Santé sans tabac. Donc il y a pour objet d'accueillir tous les gens qui s'intéressent au projet. qui veulent en discuter avec les animateurs du projet, dont je fais partie avec cinq autres collègues, et éventuellement d'initier une aide au sauvage tabagique. Donc comme moi je suis tabacologue, je me suis proposé initialement pour animer cet espace et de cette manière-là de commencer, je dirais, à faire... Murir le projet, faire en sorte que les gens s'approprient le projet de Campus Santé sans tabac, parce que c'est quelque chose qui prend du temps et on s'en aperçoit de plus en plus.
- Speaker #2
Pourquoi ça prend du temps ?
- Speaker #0
Alors ça prend du temps, je pense, parce qu'on est dans un système institutionnel. On est dans l'université, donc proposer un projet, ça demande de l'accord, déjà du président de l'université, des doyens de chacune des composantes. Alors là, ça veut dire dentaire, médecine et pharmacie. J'insiste bien là-dessus parce qu'on a eu un article de journal au moment du lancement du projet et ils ont parlé de la faculté de médecine. Ah oui ? Mes collègues n'étaient pas contents.
- Speaker #2
Bah oui.
- Speaker #0
Ce qui est bien normal parce que c'est vraiment un projet Campus Santé et comment les enseignants en santé peuvent être concernés par un projet qui est lié au tabac, qui est quand même le premier tueur. et sur lequel les gens qu'on forme dans le domaine de la santé doivent être informés, au-delà même du fait qu'ils soient fumeurs ou non fumeurs. Donc il y a le côté institutionnel. Ensuite, il faut qu'une fois que le projet est validé, il soit construit localement, que les gens se l'approprient. Tout ça, ça prend du temps.
- Speaker #2
Et du coup, là, vous avez un espace ouvert tous les mardis après-midi ?
- Speaker #0
Alors en fait... Non, ce n'est pas tout à fait comme ça. L'espace est ouvert le mardi après-midi pour les gens qui veulent qu'on se rencontre physiquement. Maintenant, il y a mon mail qui est ouvert et les gens qui veulent me rencontrer ou venir à nos consultations, cette fois au CHU, qui est à 200 mètres d'ici.
- Speaker #2
Ah oui, parce qu'effectivement, là, vous parlez d'initiation à l'aide au sevrage. Donc, on est sur la première lancée. Et si vraiment on veut un suivi, on va à 200 mètres au CHU.
- Speaker #0
C'est un peu l'idée. Parce que l'université n'est pas un lieu de soins. Oui, effectivement. C'est un lieu d'enseignement. Donc à partir de ce moment-là, on préfère procéder comme ça. Mais ça n'empêche pas, vous voyez sur mon bureau, aussi des questionnaires, consultations d'aide au sevrage tabagique. C'est ce qu'on utilise dans nos consultations.
- Speaker #2
C'est un projet qui a commencé maintenant il y a six mois à peu près ?
- Speaker #0
Plus que ça. En fait, les premières sollicitations qui sont venues du professeur Karine Gallopel-Morvan, que vous connaissez, que vous avez dû entendre et voir. L'école de haute santé publique à Rennes a mis en place le premier campus santé sans tabac. C'est elle qui coordonne au niveau français la dynamique des campus santé sans tabac. Et nous, on a été sollicité dans le courant de l'année 2023. Ça a pris quelques mois. Et puis qu'on crée un bureau où on est des représentants des trois composantes, donc faculté de dentaire, pharmacie, de médecine, et qu'on mette en place le projet. Il a fallu, je dirais, une bonne année puisqu'on a fait notre réunion de lancement. Vous y avez d'ailleurs participé il y a quelques mois. Et je dirais que là, on commence maintenant à rentrer dans le vif du sujet. Le temps de préparation a été assez long. Et c'est pour ça qu'on s'inscrit sur une période de trois ans pour essayer de faire connaître, mettre en place. Et puis, je l'espère, on a ce projet pérenne.
- Speaker #2
C'est fou parce que, bêtement, on a l'impression que, bon, ben voilà, si un campus devient non-fumeur, il suffit de mettre trois panneaux et c'est acté. Pourquoi est-ce que c'est plus compliqué que ça ?
- Speaker #0
En France,
- Speaker #2
je pense que c'est ça aussi qui peut jouer.
- Speaker #0
Oui, vous avez tout à fait raison. Je pense que c'est d'abord... On peut penser que ça peut se faire relativement rapidement. Mais quand on travaille dans des institutions, qu'il s'agisse d'institutions hospitalières, universitaires, on sait d'abord qu'il y a une inertie. La proposition des projets, c'est un vieil enseignant qui nous parle. L'inertie, elle est là. Donc si déjà, on commence par vous dire qu'il faut l'autorisation du président de l'université, les trois doyens, etc., ça prend souvent déjà des mois. C'est comme ça. Ensuite, il faut le vouloir. Une fois qu'on le veut, on vous rétorque que c'est très bien, mais qu'il vous faut des financements. Les financements, très bien, donc il faut s'y accrocher, mais on ne reçoit pas un COPEC de l'université. Ça se passe dans l'université, mais on est allé chercher des financements en faisant des demandes ad hoc, en particulier du fonds addiction. Et on a obtenu, c'est précis, 72 000 euros sur trois ans, ce qui est une somme qui n'est pas négligeable pour pouvoir aider à la mise en place du projet. Donc ça aussi, il faut du temps pour l'obtenir. Et en parallèle de ça, on a constitué, parce qu'on s'est constitué, les six personnes dont je vous ai parlé, c'était le bureau. C'est-à-dire, en gros, la cellule active. On y a adjoint une, puis maintenant deux psychologues, parce qu'ils nous paraissaient importants. d'avoir des personnes qui nous donnent un peu de recul sur la façon dont on procédait. Et comme on traite de l'addiction, de la dépendance au tabac, c'est important qu'on ait des personnes qui nous aident peut-être à surmonter certaines difficultés ou à réfléchir aux résistances auxquelles on peut être confronté.
- Speaker #2
Alors déjà, qu'est-ce qui est ressorti de ces discussions par rapport à ça ? Ou est-ce qu'il y a des... parce que j'imagine bien les classiques, mais est-ce qu'il y a des choses surprenantes ?
- Speaker #0
Écoutez, dans l'ensemble, parce qu'on sait très bien, et là c'est un tabacologue qui vous parle, que quand on fait des projets sur l'aide au sevrage tabagique ou sur l'arrêt du tabac dans une structure et qu'on s'adresse aux fumeurs, ça je pourrais vous en raconter sur mes expériences dans les 15 dernières années au CHU de Reims, et que par exemple le chef de service est un grand fumeur ou la cadre supérieure est fumeuse, vous apercevez que ça marche moins bien.
- Speaker #2
Je me demande pourquoi.
- Speaker #0
On se demande pourquoi. Et donc, objectivement, il y a des gens qui rentrent dans cette typologie-là. Et quand on a présenté, par exemple, j'ai présenté moi le projet aux différents conseils d'université pour le dentaire, pour pharmacie, etc. Vous sentez très bien les gens qui sont un peu en résistance par rapport à ça. Vous aviez des gens qui plissaient un peu le nez et d'autres qui vous disaient « Mais comment vous allez faire ? » Et puis d'abord, en gros, qu'est-ce que ça veut dire ? heurte à ma liberté personnelle et le droit individuel que j'ai de fumer. C'est un élément important. Et c'est pour ça que très vite, on a voulu expliquer... A tous ceux avec qui on communiquait sur le projet, que ce n'était pas du tout un projet contre les fumeurs. Si les gens veulent fumer, c'est leur droit le plus strict, ils font ce qu'ils veulent. Mais l'idée, c'est qu'ils ne fument pas sur le lieu, en l'occurrence universitaire, qui est le campus santé, où on explique aux étudiants dans ces diverses composantes la dangerosité du tabac et qu'on les aide à aborder la démarche d'aide au sevrage, qui est une démarche éminemment positive. Globalement, il y en a guère en dehors des vaccins qui soient aussi positifs en termes de rapports coûts-bénéfices. Donc cette idée-là, c'est vraiment quelque chose qu'on doit marteler, mais ce n'est pas toujours facile. Et puis quand vous arrivez avec des messages, je dirais, d'aide au sevrage tabagique ou qui vont être perçus comme anti-tabac, vous êtes vite dans l'image un peu de l'hygiéniste, un peu contraignant pour ne pas dire plus. et pour lequel vous allez avoir des gens qui vont éventuellement se rebeller. Et Karine Gallopin nous avait bien expliqué que dans son expérience, où les choses étaient globalement plutôt bien passées, vous avez de temps en temps un élément qui est réticent, on va même très récalcitrant, et qui peut mettre la pagaille.
- Speaker #2
Comment il met la pagaille du pot ?
- Speaker #0
En refusant. Et donc, dans nos endroits où on demande aux gens de ne plus fumer, ils viennent s'installer ostensiblement en fumant là. Ok,
- Speaker #2
donc il y a ça. Il y a ça.
- Speaker #0
et éventuellement faire en sorte que les projets avancent plus lentement, mettre des bâtons dans les roues. Or, on a quand même encore des fumeurs ou des anciens fumeurs, vous en avez croisé tout à l'heure avec moi un, il y en a qui viennent de passer devant la porte de la permanence.
- Speaker #2
Ça dénonce.
- Speaker #0
Et dont j'étais surpris de voir que, lorsqu'ils s'étaient arrêtés ou qu'ils sont encore fumeurs, on se parle plutôt bien. Moi, je suis assez heureusement surpris. Alors le projet n'est pas encore dans sa phase de réalisation totale, mais il y a des fumeurs actuels qui sont venus me voir. Alors ils n'ont pas réussi à venir jusqu'à la permanence pour éventuellement reprendre une démarche d'arrêt ou bien envisager comment ils pouvaient le faire. Mais pour vous donner un ordre d'idée, au moment du mois sans tabac qui a eu lieu en novembre dernier, on a fait un stand avec mon équipe, qui est une équipe médico-infirmière d'aide au sauvage tabagique. Et là, installé avec le logo Moissan Tabac, avec le CO-testeur pour tester le CO dans l'air expiré, avec plein d'informations sur les dosserages tabagiques. Et il y a pas mal de fumeurs qui sont venus nous voir, qui sont venus souffler, faire le point, réfléchir à la manière dont ils pouvaient s'arrêter. On peut couper, il n'y a pas de problème ? Johan, Astrid, tu vas bien ? On va se décaler un peu, de discuter justement. Quand on est arrivé sur le sujet tabac et pathologie buccodentaire, j'ai dit, c'est tout stop.
- Speaker #2
Ah oui, donc c'est vous qui vous occupez. Là, c'est Johan Sergerat, chirurgien dentiste au CHU de Reims et tabacologue. Dans 3-4 minutes, je vais lui poser des questions sur son rôle dans ce projet, et je vais aussi en profiter pour lui poser 2-3 questions en tant que dentiste qui regarde les dents des fumeurs. Mais avant, on finit sur le sujet des facteurs de résistance à ce projet.
- Speaker #0
sur les facteurs de résistance. Oui, c'est ça. Ah,
- Speaker #2
on continuait. Tout à fait.
- Speaker #0
Donc, il peut y avoir un individu comme ça, qui se positionne et qui va décider de se mettre en travers du chemin ce que Karine nous a raconté. Nous, on n'a pas encore eu ça, très honnêtement. On n'a pas eu de vinaigre et calcitrant. On a senti que certains fronçaient un peu le nez, parfois. Dans des réunions, on annonçait le projet. On a vu aussi des journalistes. Quand on a fait en particulier... Tu y as participé de moins distanciel.
- Speaker #2
C'était un article dans l'Union.
- Speaker #0
Voilà. La journaliste de l'Union...
- Speaker #2
On peut faire des histoires.
- Speaker #0
Voilà. On sentait bien que la journaliste avait envie de faire le buzz autour de l'idée de « On interdit aux étudiants de fumer sur le campus santé » . Bon, elle fume.
- Speaker #2
Elle est fumeuse.
- Speaker #0
C'est pas impossible. Moi, c'est mon sentiment. Il y a tout à fait le profil. Il y a une tonalité d'agressivité qu'on sent chez les fumeurs qui sont un peu sur la défensive. Bon, nous, on ne se place pas du tout par rapport à ça. Mais c'est vrai qu'à un moment donné, on va être obligé de discuter dans le projet de comment on demande... On essaye d'intégrer la démarche, de dire « Voilà, vous êtes fumeur, vous souhaitez vous arrêter. On est là pour vous aider. On a les compétences pour. Venez. » Pour le moment, les gens viennent un petit peu, mais pas beaucoup. J'ai parlé de deux personnes que j'avais eues initialement. J'ai vu aussi une étudiante en médecine, mais c'est tout pour le moment sur trois mois. Donc, c'est quelque chose qui nous interpelle un peu dans notre bureau en se disant quand même, il y en a assez peu. Comme on a fait une enquête sur la prévalence du tabagisme qu'on est en train d'évaluer, enfin une enquête générale sur le tabac dans le cadre de notre campus, on s'est aperçu qu'a priori il y avait assez peu de fumeurs quand même, qu'on était plutôt à une prévalence qui était à moins de 10%, on a même un chiffre de 6% sur un échec de 700 personnes, c'est pas beaucoup.
- Speaker #2
C'est peut-être pour ça aussi, ça joue, ok.
- Speaker #0
Mais bon, on les voit quand même. Voilà, donc en tout cas. Pour le moment, il n'y a pas eu d'obstacles violents. Mais comme on n'est pas encore entré totalement dans la phase où on installe des abris pour les fumeurs, il faut encore travailler.
- Speaker #2
Merci beaucoup. Pendant qu'on discutait, il y a docteur, professeur, monsieur ?
- Speaker #1
Moi, je suis Joanne Cervera. Je suis chirurgien dentiste au CHU de Reims. rattaché à l'UFR d'odontologie de l'Université de Reims. Je participe aussi bien au bureau du campus santé sans tabac, mais aussi au copil du lieu santé sans tabac, puisque l'an dernier, je me suis formé professeur d'urlac sur la question du sevrage tabagique. Et j'ai participé au DIU de sevrage tabagique.
- Speaker #2
Ok, donc ça veut dire que tu as cette corde en plus à ton arc ?
- Speaker #1
Exactement, depuis cette année. septembre-octobre, je suis aussi tabacologue en plus de mes activités de chirurgien dentiste. Et à ce sujet-là, j'ai pu ouvrir une consultation d'aide au sevrage tabagique au sein du pôle de médecine buccodentaire où je reçois des patients, des étudiants mais aussi du personnel, principalement du pôle de médecine buccodentaire pour les aider à arrêter de fumer.
- Speaker #2
Et alors, ils passent à l'arrache comme ça ou il faut prendre rendez-vous ? Comment ça se passe ?
- Speaker #1
Alors pour le coup, moi je les rencontre principalement dans le cadre des consultations dentaires et tous les patients fumeurs, je leur propose une consultation. En fait, ils veulent, ils ne veulent pas, ça c'est libre à chacun. Et ensuite, on leur propose des rendez-vous réguliers suivant les besoins pour les arrêtés fumés.
- Speaker #2
Est-ce que tu as déjà fumé ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #2
Raconte.
- Speaker #1
J'ai fumé étant un petit peu plus jeune. Puis ensuite... J'ai eu envie d'arrêter de fumer parce que j'en avais marre d'être dépendant, j'en avais marre de l'eau de la cigarette, des choses comme ça. Et pour le coup, j'ai réussi à arrêter de fumer tout seul. Mais il m'a fallu quand même deux ou trois tentatives, encore une fois tout seul et sans être de sevrage, pour réellement arrêter de fumer. Mais ça n'a pas été forcément facile. Donc c'est vrai que l'expérience d'ancien fumeur, je pense, participe aussi à la compréhension qu'on peut avoir des patients fumeurs. dans la phase de sevrage.
- Speaker #2
Et qu'eux sachent que t'es fumeur, ça peut peut-être aider ?
- Speaker #1
Je ne sais pas si ça peut aider mais en tout cas pour certains, dans le discours qu'ils ont, j'ai l'impression qu'ils expriment une certaine souffrance à l'arrêt du tabac et presque comme si c'était indescriptible et qu'on ne pouvait pas le comprendre. Et des fois, ils vont dire « mais j'ai fumé, j'ai arrêté de fumer, je sais pas ce que c'est en tout cas. » L'envie impérieuse d'une cigarette, à un moment donné, ça les soulage, mais ils se disent « ok, il sait ce que je vis, donc... » Oui,
- Speaker #2
c'est ça.
- Speaker #1
L'expérience.
- Speaker #2
Alors, j'ai commencé tout à l'heure à poser des questions. Il y avait des maladies liées au tabac, et donc ce sont les dentistes, chirurgiens dentistes, qui voient ça, qui... comment ça se passe ?
- Speaker #1
Oui, donc en fait, les maladies parodontales, c'est toutes les pathologies qui vont toucher le système d'attache de la dent, c'est-à-dire la gencive et l'os qui entourent la dent, et qui... permettent d'avoir la dent qui est solidement ancrée dans la mâchoire et accessoirement d'avoir un sourire relativement joli avec le rose de la gencive qui apparaît.
- Speaker #2
Est-ce que tu vois systématiquement si quelqu'un est fumeur ou a été fumeur quand tu vois les dents et les gencives ?
- Speaker #1
Pas forcément. Pour le coup, pas forcément. Mais dans le cadre de ma spécialité, qui est la parodontologie, c'est la question quasiment numéro une qui arrive chez les patients.
- Speaker #0
Ah ouah !
- Speaker #1
Fumeur. où est-ce que vous avez fumé, parce qu'un patient fumeur a un risque accru de développer une maladie parodontale. Et en général, c'est un bingo, le patient qui fume et qui a un trouble de l'hygiène, on va dire, a une maladie parodontale.
- Speaker #2
Un trouble de l'hygiène, c'est-à-dire qu'il se passe pas les dents tous les jours ? Oui, c'est ça. Trois fois par jour, d'ailleurs, idéalement ?
- Speaker #1
C'est ça, en fait. Donc il y a vraiment une concomitance de ça, mais c'est vrai que les patients, même avec une bonne hygiène, s'ils fument, ils vont développer un risque accru. de ces maladies, avec in fine, ça va être un déchaussement des dents.
- Speaker #2
Et donc ça, ils peuvent le voir quand ils se regardent dans le miroir, ils voient donc un déchaussement, donc c'est les dents soit qui bougent un peu, soit la dent elle paraît plus grande parce que la gencive se rétracte.
- Speaker #1
En fait, c'est ça tout le problème de notre spécialité, c'est qu'en fait, lorsque l'on voit les dégâts, donc ou le déchaussement de dents, ou la dent qui bouge, ou des fois la perte de dents, c'est presque qu'il est déjà trop tard. Bye.
- Speaker #2
Good.
- Speaker #1
Ouais. Et donc nous, on a des patients qui viennent nous voir en nous disant, j'ai ce souci-là, qu'est-ce que vous pouvez faire ? En général, il faut qu'on éduque à l'hygiène, on fait des soins et il faut que ça passe par le sevrage tabagique. Et malheureusement, c'est presque la partie la plus compliquée, le sevrage du tabac.
- Speaker #2
Alors, comment tu interviens, toi, dans ce projet Campus Santé sans tabac ?
- Speaker #1
Donc je fais partie du bureau, au même titre que... donc des collègues médecins, donc le professeur Durlac, le docteur Farid Benzirouk, des collègues aussi pharmaciens, donc le docteur Fanny Refeuille et le docteur...
- Speaker #2
Avec ce name dropping, il ne faut pas oublier une personne, sinon on coupe au montage.
- Speaker #1
Sylvain Ducy.
- Speaker #2
Mais oui, le fameux Sylvain. Le fameux Sylvain Ducy et Julien Camillac,
- Speaker #1
qui est aussi chirurgien dentiste. Et donc, je participe depuis le début à l'élaboration du projet. J'ai fait la demande de financement auprès de l'ARS qu'on a obtenue pour financer ce que les professeurs du relais...
- Speaker #2
Les 72 000 euros ?
- Speaker #1
C'est ça, les fameux 72 000 euros, donc l'ARS Grand Est, qui vont nous permettre de bien mettre en place le projet et de pouvoir communiquer autour de ça avec notamment les totems, les affiches et la mise en place des abris fumeurs.
- Speaker #2
Concrètement, 72 000 euros, c'est beaucoup et pas beaucoup. Comment est-ce qu'on l'utilise ? Qui s'occupe du budget ? Qui va négocier ? Non mais ça, ça coûte plus... fond. Il faut servir à quoi ? J'imagine que vous avez déjà une petite idée, où il y a déjà des dépenses qui ont été faites. Je n'ai aucune idée de comment on distribue ça.
- Speaker #1
Alors pour le coup, c'est moi qui m'occupe de toute la partie budget. J'ai fait la demande, c'est moi qui vais être entre guillemets le maître des sous. Actuellement, avec les légères difficultés gouvernementales liées au budget, de quoi tu parles ? légèrement en attente de tout ça. Mais effectivement, en fait, le... Les 72 000 euros nous ont été donnés parce qu'on a un projet derrière. On a un projet qui est lié soit à du matériel physique, donc ça va être les totems qui coûtent entre 2 et 3 000 euros chacun.
- Speaker #2
Ah waouh !
- Speaker #1
Oui, ça représente une petite somme. Donc il faut le multiplier par le nombre d'ancrés qu'on peut avoir au niveau de l'université. Donc on multiplie par 4, 5, 6, 7. Les abris fumeurs qui coûtent entre 6 et 10 000 euros suivant les modèles. Pareil, ça représente un coût. On les avait budgétisés pour trois abris de mémoire, à prévoir où est-ce qu'on peut les placer, si on peut les placer, ce genre de choses.
- Speaker #2
Donc un abri fumeur, c'est comme un abribus un peu, où il y a un truc où s'il pleut, il y a un cendrier, et quelqu'un qui s'occupe de vider le cendrier,
- Speaker #1
tout ça. Exactement. C'est ça, c'est ce qui a été évoqué par le professeur Durlac, c'est qu'on ne veut pas interdire aux fumeurs de fumer, juste on veut leur interdire de fumer sur le campus. Ou alors sur des endroits dédiés pour éviter l'exposition des non-fumeurs à la fumée de cigarette, un, pour leur santé, et deux, parce qu'on sait que l'exposition à la fumée de cigarette, ça va aussi donner en quelque sorte envie aux autres de fumer ou de refumer pour les anciens fumeurs. Donc c'est les installer sur un site, pas forcément les cacher dans un recoin sombre de l'université, mais les mettre sur un site où ils pourront fumer à l'abri, mais aussi à l'abri pour eux. Désintempérés comme tu l'évoquais, mais aussi à l'abri des regards pour éviter qu'ils soient vus au-dessus de tous.
- Speaker #2
Parce qu'il me semble qu'à la Réunion avait été évoqué l'idée de « ok, on va en faire, mais l'idée c'est qu'à terme il n'y en ait plus » . Et donc soit ça négocie de… je me souviens qu'il y avait la question de « est-ce qu'on en fait sachant qu'on va les enlever ? » Ce sera une autre étape où ils vont râler. alors que dans d'autres endroits c'est complètement retiré et ça se passe bien mais bon, on laisse tellement c'est bien d'une certaine manière, c'est très français on laisse beaucoup de place à la personne qui a besoin de râler, de s'exprimer et d'avoir des droits, donc le fumeur râle beaucoup j'ai aucun complexe, j'ai fumé pendant 20 ans j'étais la première à râler, et maintenant moi j'entends ce que ne dit pas suffisamment les non-fumeurs qui veulent bénéficier de leur liberté à ne pas fumer passivement
- Speaker #1
mais eux on les entend pas donc c'est eux qui devraient vous aider de certaine manière c'est tout le problème mais c'est aussi l'objet de l'enquête d'opinion qu'on a faite avec notamment Julien Camilla pour évaluer le nombre de fumeurs qu'on avait sur le campus santé mais pas que puisqu'on cherche aussi à savoir est-ce que dans l'ensemble les usagers alors quand on parle d'usagers on a les étudiants, on a aussi les enseignants le personnel technique et administratif qui participent savoir s'ils sont partisans du projet, parce qu'au final, on avait 6 ou 7% de fumeurs de mémoire, c'est-à-dire qu'on a plus de 90% qui sont non-fumeurs, mais ils sont adhérents au projet. Et s'ils sont adhérents, il faut qu'on leur donne cette parole, et l'enquête permet de faire transpirer leur volonté, ou non, de ce projet. Et pour les abris fumeurs, c'est toujours pareil, c'est ce que tu évoquais aussi un tout petit peu, c'est le côté il faut qu'on y aille aussi un tout petit peu en dou Ou soit on est intransigeant et c'est du jour au lendemain, on décide que plus personne ne fume sur le campus. Ça, on sait que c'est assez mal perçu, pour le coup, par tout le monde.
- Speaker #2
Comment on sait ?
- Speaker #0
Parce que d'aucuns s'expriment, et même je crois me souvenir, je parle sous le contrôle de Julien, pendant la réunion de lancement, quand on a évoqué les possibilités de sanctions. Puisque c'est quand même une question qui se pose, en tout cas sinon de sanctionner, mais avoir des systèmes de contrôle. Un des doyens s'est immédiatement élevé pour dire qu'il n'y aura jamais de sanctions dans ce contexte-là. Donc les doyens, ça peut être un doyen qui dit non, non, non, dans l'état actuel, les sanctions, il n'y en aura pas. Et on est dans un système où le doyen, c'est le chef pour sa discipline. Il fume ? Non, nos doyens ne sont pas fumants. Deux doyens, deux hommes et une femme, et à ma connaissance tous les trois, peut-être anciens fumeurs par contre, l'un d'entre eux je crois, mais pas plus. Alors après, on est confronté à une chose qui est effectivement par rapport à cette question du développement des campus santé sans tabac, qui figure dans le plan de lutte contre le tabagisme 2023-2027 de manière très très explicite. Un paradoxe, c'est qu'on a des textes qui ne sont pas contraignants. Et c'est aussi pour ça que... qu'un certain nombre d'entre nous, qui sommes dans des instances, les sociétés françaises de tabaco, l'Alliance contre le tabagisme, etc., on pense qu'il nous manque une petite étape. Il nous manque un texte qui dit tout simplement aussi bien quand on rentre dans un hôpital que quand on rentre dans une université, c'est-à-dire entre la porte d'entrée du parking et la porte d'entrée du bâtiment, il est interdit de fumer. Ça, ça n'existe pas. Dans les hôpitaux, c'est la même chose. C'est d'ailleurs un élément sur lequel je m'étais interrogé auprès des représentants de la DGS, à cette réunion où nous étions ensemble, parce que c'était quand même un peu surréaliste de les entendre nous expliquer qu'on allait développer l'absence de tabagisme dans les jardins publics, dans les bibliothèques. Mais chère madame, qu'en est-il de l'hôpital où il y a des gens qui sont malades du tabac et des fumeurs qui sont à l'entrée des bâtiments du CHU pour nous aider à mettre en place ces projets ? Et là, la réponse était plus évasive. Donc, il y a clairement, je pense, là, un travail à faire, que nous, en tout cas, on souhaite faire, pour aider les gens qui mettront en place les projets « Lieux santé sans tabac » , « Campus santé sans tabac » , que de faire évoluer les textes. Si on avait un texte contraignant, on serait beaucoup plus à l'aise. Et peut-être que, du coup, on n'aurait même pas besoin de mettre des abris. Parce que les abris sont effectivement un paradoxe, quelque part. On pourrait se dire, un lieu santé sans tabac, il dit bien son nom. C'est un lieu santé sans tabac. Donc, il n'y a pas d'abri. ou de cendriers théoriquement. Et ceci sans stigmatisation des fumeurs, pour que les fumeurs aillent fumer un peu plus loin, pour que les fumeurs aillent poser leur mégot, même si c'est des cendriers, entre guillemets, écologiques. Donc il y a un paradoxe là-dedans. Et ça, je pense qu'il y a encore une possibilité de faire évoluer, on l'espère peut-être même dans cette année, les textes de loi. Mais ça, c'est à un autre niveau, c'est un niveau macro. Là, ce qu'on nous dit, c'est faites... évoluer votre règlement intérieur de l'université, de l'hôpital, etc., pour que les choses soient claires et qu'on puisse mettre en place des lieux santé-santé. D'où des mesures transitionnelles qui passent par informer, enquêter, faire savoir, se donner une étape avec des lieux qui vont être un peu excentrés du bâtiment principal pour les fumeurs. Jusqu'au moment où il n'y en aura plus.
- Speaker #2
Ce que tu as envie de dire par rapport à... Est-ce que tu as l'impression qu'on n'en verra jamais le bout ?
- Speaker #1
Il y a des jours où on a l'impression qu'on n'en verra jamais le bout, parce qu'au final, ça revient toujours à ce que tu disais. Au final, c'est presque la minorité qu'on entend le plus. C'est le faible nombre de fumeurs qu'on entend le plus. Et encore même, c'est presque un petit peu stigmatisant de dire ça, parce que même parmi les fumeurs, il y en a beaucoup qui sont partisans du projet et qui comprennent le côté, oui, le tabac, c'est pas... Les messages de santé publique, il y a plus à les refaire aujourd'hui. Le tabac, c'est pas bon pour la santé. Donc ils comprennent tout ça, ils sont partisans, voire acteurs de ce projet-là. Mais au final, c'est les quelques fumeurs qui ne veulent pas qu'on touche à leur liberté aussi grande soit-elle, qui du coup, on entend beaucoup.
- Speaker #0
Ils ne permettent pas de faire avancer le projet. Et aujourd'hui, le message qu'on cherche aussi à apporter, c'est tout ce qui est problèmes environnementaux liés à l'industrie du tabac au sens large du terme. Et je pense que c'est vraiment là-dessus qu'il faut essayer de discuter aujourd'hui, parce qu'encore une fois, les messages de santé publique du tabac tuent, c'est sur tous les paquets de cigarettes. Tous les fumeurs le savent, ils l'ont entendu au moins une fois dans leur vie. Donc, mis à part l'arlésienne de leur redire... Ce n'est plus tellement intéressant, mais le message n'est plus le même. Or, peut-être que le message écologique, d'autant plus avec les nouvelles générations, aura sûrement un impact plus important, d'autant plus que nous, notre public, il est jeune. Les étudiants seront toujours étudiants, ils seront toujours jeunes. Donc, c'est un message qui pourra peut-être plus les marquer, les porter.
- Speaker #1
Avant de faire la formation en tabacologie, dans les cours, il y avait des informations spécifiques sur le tabac ?
- Speaker #0
Pour le coup, c'est vraiment cette porte d'entrée que nous on a eue. C'est qu'en fait, on sait que le tabac, c'est le facteur de risque avec le diabète des maladies parodontales. Dans les guidelines qu'on va avoir au niveau européen, voire au niveau mondial sur le traitement des maladies parodontales, la première étape, c'est le sevrage tabagique. Et en fait, au cours de nos études, voire même après, quand on rencontre un patient qui fume, mis à part lui dire « faut arrêter de fumer » , voire pour le mieux, c'était aller voir un tabacologue, en fait Notre formation et nos connaissances s'arrêtaient plus ou moins là.
- Speaker #1
Ah oui, parce qu'il n'y a pas des cours qui expliquent comment physiquement ça impacte ?
- Speaker #0
Si, toute la physiopathologie, du tabac sur les maladies périmétales, ça on l'a.
- Speaker #1
Oui, il y a des cours entiers là-dessus.
- Speaker #0
Ça, il y a des cours là-dessus, mais on n'avait pas de notion et pas de cours sur comment est-ce qu'on aide le patient à arrêter de fumer, et même sur des interventions brèves et du repérage précoce, ça on ne l'avait pas du tout. On a vu qu'on avait un spécialiste du sevrage tabagique au sein de l'université, donc on l'a rencontré. A partir de là, je me suis formé et maintenant, j'essaie de prêcher un peu la bonne parole auprès des étudiants et des collègues sans qu'ils fassent du sevrage tabagique pur et dur, au moins qu'ils fassent de l'intervention brève et du repérage précoce pour juste proposer un arrêt du tabac et une consultation avec moi si besoin, voire prescrire. en première intention, les substituts nicotiniques pour vraiment aider le fumeur dans son sevrage.
- Speaker #1
Et alors la prochaine étape, c'est quoi ?
- Speaker #2
Est-ce que je peux juste ajouter une chose avant de dire la prochaine étape ? Ce que dit Johan à propos de la situation des dentistes, c'est-à-dire en gros, on effleure le sujet pendant les études, on n'a pas d'informations sur l'aide au sevrage tabagique. Ce qu'on effleure, c'est le lien entre le tabagisme et la santé. Codentaires, cardiovasculaires, cancérologiques, etc. Donc, clairement, globalement, dans les études, le temps qui est consacré aux addictions, et alors là, je peux parler des études médicales, sur trois années, ça ne doit pas excéder six heures au maximum. Toutes addictions confondues, c'est-à-dire les deux principales qui sont le tabac et l'alcool, et toutes les autres. Et au bout de ça, alors qu'on sait que... Rien n'est plus rentable que de prendre en charge médicalement ces addictions et singulièrement l'aide aux sauvages tabagés, qui n'est pas quelque chose de très compliqué. Ça a une forme, ça nécessite une connaissance, une formation, mais dans le cadre d'années de formation en santé, c'est parfaitement envisageable. Donc ça, ça manque et ça aboutit. Pratiquement le même schéma dans toutes les disciplines, et là je reviens un instant à la médecine, qu'on parle à un cardiologue, un cancérologue, un pneumologue, Un diabétologue, ils vont tous dire, mais le tabac, c'est très mauvais pour la santé. Si vous avez un patient fumeur, il faut qu'il s'arrête. OK, on est d'accord. Mais qu'est-ce qu'on fait pour mieux aller ? Effectivement, on va avoir un flyer qu'on va donner en disant, je vous donne les coordonnées du centre d'aide au sevrage ou le centre d'addicto. Ce n'est pas négligeable, je ne dis pas que c'est rien, mais ce n'est pas une démarche active d'aide au sevrage. voire même un simple conseil. Donc, l'ambition qu'ont un certain nombre de soignants, c'est de dire dans chaque discipline où le tabac prend tant d'importance, qui sont en particulier celles que j'ai mentionnées, eh bien, il faut qu'il y ait quelqu'un qui soit capable, qu'il soit médecin, infirmier, dentiste, kinésithérapeute, sage-femme, ils ont tous le droit en plus maintenant de prescrire des substituts nicotiniques, ce n'était pas le cas il y a cinq ans, qu'il soit capable de mettre en place une action d'aide au sauvage tabagique. effectives. Donc vraiment, la question c'est là, c'est-à-dire, l'éléphant il est au milieu du salon, Et puis on est en train de dire que ce n'est pas bon pour la santé. Et le coût, c'est 156 milliards pour la collectivité. On est en train de parler du déficit public. Là, il faut économiser 20, 50 milliards. Les amis, déjà pour économiser pour la collectivité, pour votre santé, il faut lutter activement contre les méfaits du tabac en aidant les gens à s'arrêter ou en les aidant à ne pas fumer. Je ferme la parenthèse. Donc, dans l'état actuel, notre projet... Et même si ça avance peut-être avec une certaine inertie, comme on l'a évoqué l'un et l'autre, avec une certaine lenteur, le projet avance. Et moi, je me réjouis et je dois le dire parce qu'à nouveau, je suis un professeur d'université très proche de sa retraite. J'ai beaucoup de plaisir, moi, à travailler avec des jeunes maîtres de conférences qui sont très volontaires, dans des disciplines qui sont très différentes des miennes. Moi, je n'ai pas eu de projet transversal dans toute ma carrière universitaire, avec des dentistes et des médecins et des pharmaciens qui travaillent ensemble. C'est très, très stimulant. Donc, ce sont des projets qui sont intéressants, qui sont stimulants intellectuellement et qui sont dynamisants. Après, ça je peux le dire aux plus jeunes, il faut savoir être patient. Et donc, notre étape prochaine, c'est très simple, c'est notre prochain comité de pilotage, c'est très bientôt. Là, on aura deux doyens sur trois, on aura une quinzaine de personnes, paramédicaux, médecins, étudiants. Et on va avancer cette fois sur la partie effective du projet. On met des abris ? Oui, non. Quelles sont les difficultés techniques auxquelles on est confronté ? On en a déjà pas mal parlé parce que ce n'est pas simple quand on a un grand parking, qu'on a un petit espace pour les étudiants, qu'on ne veut pas mettre ces espaces trop près. Les cendriers, qu'est-ce qu'on va prendre ? Au CHU, on a installé des cendriers dits écologiques. On a dealé avec une entreprise qui récupère les mégots et qui les recycle et qui fabrique des goodies, des choses avec, même s'il y a un débat sur le caractère écologique du recyclage des déchets. Et on va surtout diffuser notre enquête qui est en cours d'analyse. C'est notre autre collègue dentiste, Julien Camien, qui est en train d'analyser cette étude. qui nous livrent déjà des informations très intéressantes. Entrée. Eh bien, voilà. Bonjour. Cette fois, c'est la faculté de pharmacie, Fanny Astrid. Et Fanny est vice-doyen de pharmacie. Donc, je pense que Fanny, justement, qui est là, va pouvoir t'en dire plus sur tous les aspects de communication. OK,
- Speaker #1
merci. Donc, je suis ravie de rencontrer Fanny Reuveil, vice-doyen à la fac de pharma. Bonjour, Fanny. Toi, c'est quoi ton rôle dans le projet Campus Santé Sans Tabac ?
- Speaker #3
Alors, mon rôle finalement, c'est de communiquer, ce qui n'est pas forcément le plus simple, mais en tout cas, c'était dans un premier temps de faire savoir à tous les utilisateurs du campus, c'est-à-dire aussi bien les étudiants, mais aussi le personnel, les enseignants-chercheurs, enfin voilà, tous les gens qui travaillent au sein du campus. de leur faire savoir que ce projet allait naître, le Campus Santé Saint-Aba, pour pouvoir discuter avec eux, pour qu'ils comprennent aussi le projet, pour qu'il soit mieux accepté. Donc ça, c'était une première étape avec des réunions d'informations, de présentations. Et puis on a profité du mois Saint-Aba en novembre pour vraiment lancer le projet du Campus Santé Saint-Aba et leur expliquer les différentes étapes. C'est-à-dire... Ce qui allait se passer, il y avait une enquête au départ. C'était aussi une façon de communiquer sur le projet, mais aussi d'avoir leur ressenti. Donc on est en train d'éplucher toutes les réponses. Ensuite, il y a des conférences qui ont eu lieu et qui auront lieu. Il y avait un stand aussi avec l'aide au sevrage tabagique qui est venu dans le hall, qui a eu un petit succès. Pas mal d'étudiants sont venus voir ce qui se passait. il y a un un concours d'affiches. L'idée, c'était vraiment d'expliquer le projet. Et maintenant, on va arriver sur une phase qui est un peu différente. C'est-à-dire que le projet est là, ça y est, on est dans le Campus Santé sans tabac. Et donc maintenant, ça va être bien expliquer les choses en disant que c'est sur le Campus Santé sans tabac qu'on ne fume pas. Après, ce que font les gens en dehors du campus, finalement. Ça ne regarde pas entre guillemets, mais en tout cas, l'intérêt de ne plus fumer sur ce campus et que les gens adhèrent à ce projet avec nous.
- Speaker #1
C'est fou de se dire qu'il y a 50-60 ans, on fumait dans les amphis. Il y avait des cendriers intégrés. Tu te souviens de ça ?
- Speaker #2
Je fais une grande amphi au Saint-Père qui s'appelle l'amphibinet, pour ceux qui sont déjà allés, où il y a plus de 1200 étudiants. Et quand j'étais en première année de médecine, c'était juste une tabagie mais infernale. Quand on sortait de cours, on sentait la clope, c'était une horreur. Alors, Dieu merci, ces temps sont révolus. C'était terrible. Et on était victime du diktat des fumeurs. On se faisait traiter de fachos et on protestait en disant, moi je vais amener mon bâton d'eucalyptus ou autre. pour chasser les odeurs de tabac, ça c'est fini quand même. Dieu merci.
- Speaker #3
Ce n'est pas si vieux, parce que quand j'ai commencé mes études, on fumait encore dans les couloirs, pas dans les amphithéâtres, mais 2004-2005, il y avait encore des fumeurs dans les couloirs. Je ne suis pas de Reims, mais c'était de Caen, en Normandie, et il y avait des cendriers partout dans les couloirs. Finalement, l'interdiction de fumer vient plutôt de la sécurité incendie, que d'une vraie politique.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui t'a donné envie de participer à ce projet ?
- Speaker #3
Au départ, c'était sur la demande et la volonté de Vincent de réunir les trois UFR qui sont présentes sur le pôle santé. Et donc, en tant que vice-doyen de l'UFR de pharmacie, avec aussi le professeur Dukic, on a... On s'est dit que c'était intéressant de faire partie du copil. Et puis après, on se prend facilement en jeu, finalement. Et comme pour l'UFR de pharma, je suis aussi dans la communication, c'était, entre guillemets, plus facile pour moi. J'avais plus de réflexes, on va dire, sur certains fonctionnements autour de la communication à l'université. Donc, c'est comme ça que j'intègre le projet.
- Speaker #1
Toi, quelles sont les difficultés auxquelles tu as été confrontée ou les étonnements ?
- Speaker #3
Pas tellement de... De difficultés à part, je dirais, de personnes qui fument beaucoup dans les enseignants. Ah, il y a clé, il y a clé. Parce que finalement, ce n'est pas les étudiants qui ont le plus répondu. En tout cas, ils n'osent pas peut-être, je ne sais pas. D'ailleurs, l'étudiant qui avait été pris comme exemple... Comme fumeur par le journal local, l'Union, il n'est pas à l'aise du tout avec l'idée que sa photo était mise comme ça en avant dans l'article. Donc, ça montre bien que ce n'est pas toujours facile. Mais par contre, il y a clairement des enseignants et du personnel administratif où là, tout de suite, ils se disent OK, le campus s'entabat, mais pas nous. Oui,
- Speaker #1
c'est pour les étudiants,
- Speaker #3
mais pas nous. Nous, ça ne nous concerne pas. donc c'est là où... il va falloir travailler un peu. Et puis, le problème aussi, c'est de fumer proche des bâtiments. Ils ne se rendent pas forcément compte. Alors là, on est en hiver, tout est fermé. Mais moi, qui ai ma fenêtre pourtant au troisième étage, mais au-dessus de l'entrée, l'été, je peux dire que je sens la cigarette. Quand ils fument dans certains endroits, ça remonte par les escaliers. Donc, quand on prend les escaliers, on sent le tabac. Donc, c'est ça qu'il faut faire comprendre.
- Speaker #1
Oui, le tumeur, tu ne te rends pas compte qu'il peut gêner. Quand j'ai arrêté de fumer, mon voisin à Paris, mon voisin du dessous, fume à sa fenêtre en permanence. C'est l'enfer. L'enfer.
- Speaker #3
Oui, c'est ça. Mais je pense qu'en effet, ils ne se rendent pas compte. Ils ont l'impression que le tabac, c'est leur problème. Voilà. En effet. Mais il y a un espèce de... Moi, l'odeur de cigarette, pourtant, j'ai fumé il y a très longtemps maintenant. Mais l'odeur de cigarette, c'est quelque chose qui me dérange maintenant.
- Speaker #1
Bon, alors du coup, les plans pour Fumer sa clope, les profs, c'est quoi ? Ça va être une salle fermée ou c'est un espace extérieur ?
- Speaker #3
Non, c'est un espace extérieur.
- Speaker #1
On a envie de balancer le lieu ?
- Speaker #3
On pourrait, mais c'est non accessible aux étudiants, en fait. C'est une cour intérieure qui est une zone de détente, mais c'est un accès qui est facile aussi pour les personnes. Et puis, il y a aussi l'arrière du bâtiment, on va dire. Tout ce qui est là où on met les poubelles, finalement. Et là, c'est pareil, c'est facile. Les étudiants n'ont pas accès. On est caché, entre guillemets, de l'extérieur.
- Speaker #2
Au-delà de ça, je pense que là, il y aura aussi un enjeu très important cette année qui va être d'impliquer les étudiants. Parce que dans le projet, il faut qu'on ait des ambassadeurs. Et c'est cette idée des jeunes qui parlent aux jeunes.
- Speaker #1
Comment on trouve un ambassadeur ?
- Speaker #2
C'est justement un des enjeux et de la communication. Pour Fanny. Et juste un point sur lequel, c'est pour ça que j'ai ouvert l'ordinateur, on a fait un concours d'affiches. Peut-être en dire un mot, Fanny, justement.
- Speaker #3
Donc en fait, l'idée, c'était aussi d'attirer les gens sur ce qu'était le campus Santé Saint-Abbas. Donc on a fait un concours d'affiches avec une remise de prix plutôt intéressante parce que le premier prix, c'est 300 euros. Le deuxième prix, c'est 200 euros.
- Speaker #1
Sympa.
- Speaker #3
C'est plutôt intéressant. On a eu pas mal de réponses et avec des affiches, avec des propositions vraiment sympas. Un peu de tous les genres, c'est-à-dire un peu moderne, un peu à l'ancienne. L'idée, c'était qu'il n'y ait pas de cigarette dans les affiches. Et la création d'un petit logo qu'on pourrait reprendre. C'est pour ça que tout en haut, à droite, il y a un petit logo. Et pas l'utilisation d'intelligence artificielle, entre guillemets. Mais bon, il y en a peut-être, d'ailleurs. Mais, on a eu des artistes, on a eu des gens un peu plus terre-à-terre. On voit que c'est assez... C'est à l'ancienne. Il y a des enseignants qui ont participé. Moi, j'ai les noms. Il y a des enseignants, il y a des étudiants, pas mal. Et de tous les UFR, on a même l'IPSI, donc les infirmières, les étudiants qui ont participé.
- Speaker #2
Ça, c'est un élément parmi d'autres, par le biais duquel on espère attirer des étudiants vers nous. Il y en a un autre plus académique qui est qu'on a dans... sur le campus qu'on appelle le service sanitaire, qui s'est mis en place il y a déjà 4-5 ans, dans le principe, et de prendre des étudiants plutôt au début de leur cursus, enfin ça dépend des disciplines, et puis de les faire participer à des projets. Ils sont encadrés par des enseignants universitaires, dentistes, pharmaciens, médecins, et ils sont impliqués sur des projets sur les maladies sexuellement transmissibles, le handicap et les addictions.
- Speaker #0
Pour les ambassadeurs, on avait aussi... dans le cadre du financement de l'ARS, prévu un petit peu de temps humain pour le coup, pour rémunérer, donc encore une fois, sur la période des trois premières années, quelques ambassadeurs qui, en plus floqués, alors on n'avait pas décidé encore, mais d'un t-shirt ou d'un petit vêtement qui pourrait en plus agrémenter du logo créé par un étudiant ou autre d'université, vraiment représenter en fait le campus sans tabac, être vraiment visible. et avoir aussi une petite rémunération pour le travail fait. Et je rajouterais une des difficultés à ce que Fanny disait, c'est qu'effectivement les étudiants vont se reconfronter à des fumeurs. Donc quand c'est un étudiant face à un étudiant, ça peut peut-être être relativement facile. Quand c'est un jeune étudiant par rapport à un étudiant plus âgé, il y a déjà une petite difficulté qui va entrer en compte. Mais dès lors que ça va être un étudiant face à un enseignant, Quelqu'un du personnel administratif ou technique, là on sait qu'il va d'autant plus y avoir la difficulté de l'étudiant qui doit dire à presque une figure d'autorité « ce que vous faites, ce n'est pas bien, ce que vous faites, ce n'est pas dans la démarche du campus sans tabac, donc merci d'aller fumer ou dans un abri fumeur ou carrément à terme, vous sortez du campus » . Donc c'est vrai qu'on peut imaginer la difficulté d'un étudiant de dire à peut-être son enseignant vous sortez.
- Speaker #1
C'est dur parce que là, une mandée de sortir, alors qu'en fait, il faudrait presque tout autour de la fac mettre des panneaux. Ici, ça arrête le fumeur ou quelque chose comme ça.
- Speaker #0
C'est un petit peu l'objet des totems qui, encore une fois, vont être financés, où on aura le logo choisi et l'estampillage Campus Santé sans tabac, avec effectivement, on peut rajouter des messages ici. On ne fume plus, sauf sur les abris fumeurs. Si on a des abris de fumeurs, si on choisit de les conserver. Et puis, encore une fois, on l'avait évoqué, mais à terme, le but, c'est qu'il n'y ait plus de tabac sur le campus, donc plus d'abris de fumeurs. Et c'est aussi de ça qu'on va discuter dans le COPIL. C'est à court terme, on met des abris, OK, mais à long terme, cet espace, qu'est-ce qu'on en fera ? Il ne faut pas qu'on le laisse en jachère ou juste que ce soit un espace plus utilisé par la suite. Donc, c'est aussi dans un développement presque écologique. ou autre, c'est on a un projet, mais comment est-ce qu'il va évoluer ? Comment est-ce que les abris fumeurs vont évoluer ? On avait évoqué par exemple d'utiliser cet abri pour des abris vélo par la suite. Ça peut être une idée, mais on est ouvert ensuite à toute proposition. On aurait pu aussi très bien choisir d'avoir quelque chose de très coercitif et de dire du jour au lendemain, à une date dédiée, plus de tabac du tout. Mais on sait que ça va aussi exacerber... les réfractaires, d'autant plus qu'ils vont se sentir vraiment privés de leur liberté de fumer. Encore une fois, le but, ce n'est pas de les empêcher de fumer, comme on l'a évoqué. Ils font bien ce qu'ils veulent dans leur vie de tous les jours. Mais juste sur le campus, plus de tabac.
- Speaker #3
Pour rejoindre ce que disait Johan, quand on a arrêté, quand le tabac a disparu des restaurants, ça s'est fait du jour au lendemain. Et même si au départ, ça a été compliqué, en fait, les gens ont quand même respecté... de mes souvenirs, ont respecté les règles rapidement et il n'y a pas eu tellement de problèmes et les gens étaient assez contents finalement, enfin maintenant en tout cas, ils sont assez contents de ne plus fumer dans les restaurants. Je pense que ici sur le campus santé Saint-Abar, en fait... Selon l'enquête, les gens sont prêts à ça. Le seul truc maintenant, c'est de communiquer suffisamment, d'avoir les bons moyens de communication en disant ça va arriver, préparez-vous. On n'est pas dans le côté, à partir de maintenant, on ne fume plus. Il y a d'abord cette étape avec les abris, etc. Et en même temps, un des premiers réflexes qu'il y a eu, c'était OK, ça prépare doucement les gens, mais c'est quoi la punition ? Alors qu'on essaie d'y aller en douceur et de préparer les gens au fait que oui, il va y avoir ces étapes qui vont arriver, malgré ça, ce qu'ils attendent, c'est ce que nous, on voulait éviter un peu avec le campus Santé Saint-Tabas, c'était le côté, à partir de maintenant, c'est terminé, vous allez fumer en dehors du campus et si vous ne le faites pas, vous avez une amende, etc. Donc c'est un peu paradoxal finalement. C'est-à-dire, c'est accepté, mais en même temps, ce serait mieux accepté s'il y avait une punition. C'est un peu bizarre. Alors que les gens savent que c'est bon pour leur santé, etc., ils attendent un peu quand même qu'on leur force la main. Mais oui, ils ont besoin de leur santé. Donc c'est ça qui est paradoxal.
- Speaker #1
Et on n'a pas du tout évoqué les cigarettes électroniques. C'est un sujet...
- Speaker #3
Je peux répondre en première. Oui, c'est un sujet. On s'était dit qu'il fallait qu'on en discute parce que la cigarette électronique peut être vue comme une étape aussi pour aider à arrêter de fumer, comme ça peut être vu comme quelque chose aussi qui est associé trop à la cigarette. Donc, il y a débat. Et l'idée, c'était d'en discuter avec le copil et puis d'en discuter avec les usagers aussi.
- Speaker #1
Donc, il n'y a pas encore de décision qui a été prise.
- Speaker #3
Je ne crois pas.
- Speaker #2
Non, il n'y a pas de décision qui a été prise. Effectivement, comme le dit Fanny, il y a divers aspects à ce qu'on préfère appeler la vape. Parce que cigarette électronique, c'est un mauvais terme, puisque ce n'est pas une cigarette. C'est quelque chose qui produit de la vapeur et pas de la fumée.
- Speaker #1
C'est comme le steak végétal.
- Speaker #2
C'est ça. Et donc, on préfère parler de vapoteuse, de vaporette, etc. Bref, intermède sémantique. Et mettre en même temps, à l'inverse, des vapoteurs stricts et des fumeurs, c'est-à-dire les obliger à se retrouver dans des abris fumeurs si on interdit globalement vape et tabagisme, c'est compliqué. Donc le sujet n'est pas simple. Le sujet n'est pas simple. L'attitude des gens qui ont eu une certaine expérience, comme Karine Gallopel à Rennes à nouveau, c'est de dire on interdit l'ensemble. Sinon, on ne s'en sort pas. Donc pas de vapotage, pas de fumée. Comme pour la cigarette, ce n'est pas qu'il est interdit de vapoter, il est interdit de vapoter dans l'enceinte de l'université. Point bas. L'autre serait de dissocier, et ce que font certains, on l'a entendu, à la PHP, donc à Paris, certains hôpitaux ont décidé de séparer, en argant du fait qu'il y a des vapoteurs stricts, et on n'a pas à les considérer comme des fumeurs, ils n'ont pas d'effet néfaste majeur pour la santé. Parfois, ce sont des gens qui se sont arrêtés de fumer, justement. Et peut-être qu'ils vont avoir l'impression d'être stigmatisés comme des fumeurs. Je mets stigmatisés avec des guillemets. Donc, pour le moment, on n'a pas décidé. Je pense que là, le comité de pilotage, dans sa grande sagesse, va arbitrer. Moi, j'étais plutôt de ceux qui étaient dans le sens de la dissociation. Puis, j'ai écouté ce que disaient les collègues. Et je me suis dit, ça va être très compliqué de dissocier. Donc on aura peut-être intérêt à tout mettre dans le même... interdiction sur le lieu et les moutons seront bien gardés.
- Speaker #0
Trancher la question de est-ce qu'on est strict sur au final, ce n'est pas un campus sans tabac mais un campus sans fumée ou est-ce qu'on dissocie les deux et quelle place on laisse aux vapoteurs ?
- Speaker #1
C'est fou toutes les questions qu'on peut se poser pour le bien-être psychologique des fumeurs. Est-ce que, du coup, dans vos réunions, vous pourriez inviter des fumeurs et des vapoteurs pour qu'ils donnent leur avis ?
- Speaker #0
Alors, pour le coup, Dans le cadre du bureau, on est quelques anciens fumeurs, mais on n'est absolument pas fermés. Et au contraire, on espère que des fumeurs actifs viennent participer au COPIL ou viennent nous donner un avis plus largement, viennent nous contacter et communiquer avec nous. Parce que la communication, au final, se fait dans les deux sens. Nous, on communique envers les fumeurs et les non-fumeurs, mais les fumeurs peuvent aussi venir nous voir pour nous dire ça. Je pense que ce n'est peut-être pas une bonne idée, ça c'est une bonne idée, et au contraire leur expérience d'utilisateur au final sera très importante, et aussi bien sur la mise en place que sur l'évolution du campus santé, parce qu'encore une fois, on a des fumeurs qui sont réfractaires, mais on a des fumeurs qui sont totalement partisans du projet. Comme on a été un petit peu surpris, alors là ces deux mois c'était plus sur le lieu santé sans tabac, où même des non-fumeurs étaient relativement réfractaires au projet, parce qu'ils avaient l'impression que c'était une atteinte. aux libertés et où s'arrêter au final de jouer.
- Speaker #1
Oui. Mais alors du coup, oui, pour que ce soit plus démocratique, il faudrait qu'il y ait un fumeur ouvert à l'idée qu'il y ait des restrictions, un fumeur absolument contre, pour voir un peu... Idéalement...
- Speaker #2
Dans un monde parfait. Après, on fera avec ceux qui veulent bien participer au projet. On va pas non plus...
- Speaker #1
Et comment vous allez faire pour que ces personnes-là sachent qu'elles peuvent participer ?
- Speaker #2
Là, quand même, ça fait un moment qu'on en parle. Il y a eu des annonces, il y a eu un lancement qui était un lancement public. Il y a eu des articles dans la presse. Il y a cet espace d'aide au sevrage tabagique. Hier, je faisais un cours à des étudiants de troisième année de médecine sur les facteurs de risque cardiovasculaire, dans lequel j'ai largement parlé, bien sûr, du tabac. Mais il y avait une diapositive sur le campus santé sans tabac en leur disant, nous avons besoin de vous.
- Speaker #1
Ça réagissait ?
- Speaker #2
Oui, alors j'ai eu pas mal d'étudiantes, bon il y a une majorité d'étudiantes, il faut le savoir, à la fac de médecine, qui sont venues me voir pour discuter, j'ai pas eu de volontaires qui se manifestaient, là encore. Mais bon, nous on dépose une graine, et puis on nous en fie pendant nos cours, on en parle, on en parle, on en parle, on en parle. Donc non, je pense que c'est une démarche qui est lentement progressive, mais il faut accepter cette forme de lenteur. Il ne faut pas en éprouver de frustration. C'est un projet qui a une vraie dimension santé publique dans un pays où la culture de la prévention est faible. Et donc, il y a encore beaucoup de travail à faire, mais on avance et on va continuer à avancer dans ce sens-là.
- Speaker #3
En effet, c'est une opération qui est lente et je pense qu'on va réussir, en tout cas, à faire que les gens adhèrent complètement à ce projet. D'ailleurs, c'est déjà un peu gagné sur une grande majorité. On ne s'inquiète pas de la suite.
- Speaker #1
Oui, c'est ça que je retiens. Ça prend du temps, c'est le jeu, il ne faut rien lâcher, et dans tous les cas, ça va se faire.
- Speaker #3
Et en fait, s'il y a une chose qu'on peut dire, c'est qu'on sait, par les expériences précédentes dans d'autres lieux, c'est qu'une personne réfractaire, vraiment réfractaire, peut faire basculer beaucoup de choses. Et c'est pour ça que c'est difficile. On sait qu'on a largement la majorité, et ce n'est pas le cas pour l'instant. En tout cas, moi, je n'ai pas affronté qui que ce soit qui était vraiment contre le projet. Mais si ça doit arriver, c'est là que ça devient un peu plus compliqué.
- Speaker #1
Oh là là, si vous la rencontrez, vous pouvez dire « Je veux bien interviewer cette personne. »
- Speaker #3
Oui,
- Speaker #1
la personne. Réacteur. OK. Trop bien. Merci. Qu'elle se manifeste.
- Speaker #3
Merci, en tout cas.
- Speaker #1
Merci beaucoup. À bientôt.
- Speaker #2
Le mot de la fin, c'est qu'on est optimiste. Le Campus Santabat se mettra en place. Ça prendra un petit peu de temps. On aura peut-être aussi besoin d'une aide plus, je dirais, nationale. Et on essaie de militer aussi pour faire évoluer les textes. Mais la tendance générale est bonne, donc soyons optimistes.
- Speaker #1
Yeah, génial. Merci beaucoup.
- Speaker #2
Je passe le relais. Oui, c'est ça. J'ai quand même 69 ans.
- Speaker #1
donc oui oui oui comme quoi ne pas fumer ça conserve merci j'espère que cet épisode vous a plu sinon bah t'es ou mais au pire je suis sûre qu'il y aura bien un épisode qui vous sera utile dans tous ceux que j'ai mis en ligne et en envoyer un à une personne fumeuse est une jolie manière de créer du lien sans lui imposer quoi que ce soit au pire elle rira parce qu'il y a des épisodes drôles au pire du pire elle ne l'écoutera Mais peut-être qu'elle aime bien lire. Dans ce cas, vous pourriez lui offrir tout il au sable. Mon livre « Apprivoiser enfin son impérieuse envie de fumer » de Astrid Malone, c'est moi, publié chez Erol et disponible partout, sauf dans les bureaux de papa. Bon courage si vous êtes en plein sevrage. Bisous.