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Tu joues ou quoi : le podcast des jeux de société

Maud Daujean, responsable marketing chez Lab4Games

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43min |14/11/2025
Play
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Tu joues ou quoi : le podcast des jeux de société

Maud Daujean, responsable marketing chez Lab4Games

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43min |14/11/2025
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Description

Depuis juin 2024, Maud Daujean est responsable du marketing chez Lab4Games, qui regroupe les 5 studios francophones d’Asmodée (Days of Wonder, Space Cowboys, Libellud, Next Move et Repos Production).

Avant, elle occupait le poste de commerciale chez l’éditeur Funforge. Son parcours personnel l’a emmené plusieurs années aux Etat-Unis où Maud a exercé le métier de photographe.


Interview enregistrée au Sommet des Jeux à Valmeinier, en août 2025.


[PODCAST TU JOUES OU QUOI - SAISON 3 - EPISODE 22]


Liens utiles


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Chaîne YouTube : https://www.youtube.com/@TUJOUESOUQUOI

Podcast : https://podcast.ausha.co/tujouesouquoi


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Stéphanie

    Bonjour, c'est Stéphanie, bienvenue sur le podcast Tu Joues ou Quoi, dédié à l'univers du jeu de société. Suivez-moi, je vous emmène dans les coulisses, à la rencontre des acteurs de ce monde très créatif. Cette semaine, je suis accompagnée de Maud Daujean. Depuis juin 2024, elle est responsable du marketing chez Lab4Games, qui regroupe les 5 studios francophones d'Asmodée. Avant, elle occupait le poste de commerciale chez l'éditeur Funforge. Son parcours personnel l'a emmené plusieurs années aux Etats-Unis, où Maud a exercé le métier de photographe. Nous nous sommes rencontrés cet été au Sommet des Jeux à Valménier. Eh bien Maud, merci de me rencontrer au Sommet des Jeux à Valménier. On se voit au sommet, à 1900 mètres précisément. Bienvenue sur le podcast.

  • Maud

    Avec plaisir, merci de m'avoir invitée.

  • Stéphanie

    Eh bien ça fait plaisir de te rencontrer. Pour de vrai. Et puis de retracer un peu ton parcours. Et puis qu'on discute de ton métier dans le monde ludique. Quels sont toi tes débuts de joueuse ? Avant même qu'on parle de travail.

  • Maud

    Moi j'ai appris à compter en jouant aux flippers. J'avais des grands frères qui ne me laissaient jamais gagner. Et ma mère m'a dit pour gagner aux flippers il faut que tu apprennes à compter. Donc j'ai appris à compter très vite. Parce que j'adore le flipper. C'est mon premier jeu.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Les vrais flippers.

  • Stéphanie

    Et t'as des flippers préférés ?

  • Maud

    J'avoue avoir trois flippers à la maison. Mon préféré, c'est le théâtre de magie.

  • Stéphanie

    Et après le jeu de société, ça a fait partie de la vie de famille chez toi ? Oui,

  • Maud

    ça a fait partie de notre vie de famille, mais j'ai commencé par le jeu vidéo avec ma maman. On jouait au jeu vidéo le mercredi après-midi. Elle jouait au jeu vidéo avec nous tous les mercredis sur la console et on s'amusait pendant quelques heures.

  • Stéphanie

    Ok, super. Donc ça a commencé par quoi comme console ?

  • Maud

    Les Sega, avec les Sonic et autres jeux à plateforme comme ça.

  • Stéphanie

    Ok. Le jeu vidéo n'est pas forcément un jeu de plateau à l'époque.

  • Maud

    J'ai quand même joué à tous les La Bonne Paye, Docteur Maboul, Monopoly et autres.

  • Stéphanie

    Bien sûr.

  • Maud

    Et je me suis fait offrir un civilisation à 15 ans, parce que je me suis dit que je voulais absolument découvrir ce monde-là. Et je n'ai pas trouvé de copain pour jouer avec moi alors que j'avais lu toutes les règles. J'étais très triste.

  • Stéphanie

    Première frustration.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Tu as eu aussi, je crois, du jeu de rôle assez rapidement aussi. C'est quelque chose qui t'a intéressée ?

  • Maud

    J'adore raconter des histoires. J'adore lire des histoires. J'adore vivre des histoires. Le jeu de rôle était l'extension rêvée. J'ai découvert le jeu de rôle grâce à mon mari, Cyril, qui a masterisé des parties. Et depuis, je n'ai jamais arrêté. été de lancer des dés et de vivre des aventures.

  • Stéphanie

    Ça va au-delà du jeu de rôle, puisque tu adores les jeux grandeur nature, c'est ça ?

  • Maud

    J'en fais exactement beaucoup par an. J'ai le privilège de pouvoir incarner mille et une vies dans des époques aussi différentes que la Renaissance, Duc Tulu, les Lauriers de Nabucco, l'occupation pendant la guerre. Bientôt, je vais jouer à Battlestar Galactica.

  • Stéphanie

    Ah ouais ?

  • Maud

    Voilà, mille et une vies, tout en costume, avec des personnages qui ont des backgrounds de... Assez étoffé, des histoires, des intrigues, et c'est du jeu de rôle plutôt romanesque. Donc on cherche à vivre des belles histoires, à donner du beau jeu, à recevoir du beau jeu, et à ressentir des émotions assez fortes.

  • Stéphanie

    Et comment ça se prépare, un jeu de grandeur en nature comme ça ?

  • Maud

    On reçoit nos personnages, l'univers, les règles de jeu bien en avance, et il faut tout préparer bien en avance. Par exemple, j'en ai un qui va se dérouler en novembre, qui s'appelle l'ISM, où je dois lire 250 pages. d'histoires personnelles avant de commencer à jouer le jeu.

  • Stéphanie

    Pour pouvoir incarner vraiment l'histoire de ton personnage.

  • Maud

    Exactement.

  • Stéphanie

    Ah oui, ça demande quand même une grande implication ce genre de jeu.

  • Maud

    C'est un investissement, mais ça nous permet de refixer ce qui existe ou ce qui n'existe pas, ce qui aurait pu exister, comme quand on joue des Uchronies. J'adore ça, honnêtement, c'est une véritable chance de pouvoir incarner la vie de quelqu'un. J'ai adoré par exemple être la directrice d'un casino à Cuba.

  • Stéphanie

    Oui, c'est ça, c'est vraiment...

  • Maud

    La révolution.

  • Stéphanie

    Ça permet de vivre mille vies, quoi.

  • Maud

    Mille et une vies.

  • Stéphanie

    C'est un parcours de théâtre, d'impro, quelque chose comme ça ou pas du tout ?

  • Maud

    Je fais du théâtre, jeune, pas plus que ça.

  • Stéphanie

    Ce que je fais, c'est qu'il y a a priori aussi beaucoup de costumes pour pouvoir permettre l'immersion.

  • Maud

    Et effectivement, par le bien de costume et pas de déguisement, on s'approprie notre personnage avec à quoi il ressemble. Souvent, quand on nous donne un personnage, on nous dit, tu as plutôt cette classe sociale, tu appartiens plutôt à ce genre de personnage et on te donne des référents. Donc tu te débrouilles pour soit avoir des costumes toi, soit te faire prêter des costumes, soit en louer.

  • Stéphanie

    Ou les créer peut-être parfois.

  • Maud

    J'ai pas ce talent-là.

  • Stéphanie

    On ne peut pas tout avoir non plus.

  • Maud

    Oui, c'est vrai.

  • Stéphanie

    Et puis le temps aussi.

  • Maud

    C'est vrai, mais j'adorerais. J'ai plein de copines qui font leur crinoline, leur corset et autres et j'avoue que je ne sais pas le faire. Donc souvent je gratte aux portes en disant, est-ce que tu n'aurais pas une crinoline pour moi ? Bouge pas, je t'en prête une et souvent ça fonctionne.

  • Stéphanie

    Jusqu'à combien de joueurs tu as pu faire des grandeurs nature comme ça ?

  • Maud

    Je fais des jeux de rôle romanesques, donc on va dire que ça va jusqu'à 50 personnes, mais ça peut être jusqu'à deux personnes. On peut avoir un jeu de rôle grandeur nature, où c'est une personne versus une autre personne qui se rencontre, où il se passe des choses. Il n'y a pas de format complètement carré. Il y a toutes les possibilités, ce sont vraiment à prendre.

  • Stéphanie

    D'accord, je ne pensais pas qu'on pouvait faire juste à deux.

  • Maud

    On peut.

  • Stéphanie

    Tu es essentiellement joueuse ou ça t'arrive d'être organisatrice ou de pouvoir mener les jeux ?

  • Maud

    Donc là je suis joueuse à 90%. Je suis en train d'écrire un jeu de rôle avec Cyril, mon mari. C'est surtout lui qui écrit et moi qui donne des idées. Et on a aussi un autre co-auteur. Les deux sont extrêmement talentueux, conteurs et avec une imagination débordante. Je suis là pour co-organiser et j'ai rejoint aussi l'organisation d'un jeu de rôle qui se passe à Bagneux, juste après la guerre. C'est un petit bal, c'est un jour de fête. Je fais aussi beaucoup de photos de jeux de rôle grandeur nature. Une fois que j'ai joué les jeux, je prends beaucoup de plaisir à les photographier.

  • Stéphanie

    D'accord, pour que ça reste mémorable.

  • Maud

    En fait, c'est important de donner et de recevoir. Dans la vie, c'est toujours ça. Et quand on nous donne des rôles, quand on nous donne des histoires à vivre qui sont incroyables... Je me dis que c'est chouette de pouvoir participer, de contribuer à la vie, aux joueurs et aux joueuses des jeux de rôle grandeur nature.

  • Stéphanie

    Chouette. Et alors, comment tu es arrivée finalement professionnellement vers ce milieu du jeu de société ? Tu veux démarrer où sur ton parcours, peut-être ?

  • Maud

    Mon parcours commence à Multisim, quasiment au siècle dernier, mais pas tout à fait, on est en 2000. Je rejoins l'équipe de Multisim et je devais m'occuper de trouver un distributeur américain pour le jeu de rôle Agon de Mathieu Gaboury. Et donc j'ai fait la Gen Con, la Gamma, en 2001. À l'époque, le milieu français était assez petit, tout le monde se connaissait. Donc mon mari c'est Cyril Daujean, il est quand même assez connu dans le milieu. C'est grâce à lui que je suis dans ce milieu-là, c'est grâce à lui que j'ai rencontré Bruno Fidouti, Hervé Marli, Philippe Despalières, Thomas Verchex, tous ces gens-là avec qui je jouais tout le temps en fait. On se retrouvait le samedi soir, on montait à Belleville, j'habitais Bastille, et on allait jouer, et on jouait toute la nuit parce qu'on avait 20 ans et que le temps n'a pas d'importance à ce moment-là.

  • Stéphanie

    Donc il était directeur artistique chez Days of Wonder, c'est ça qu'il veut dire ?

  • Maud

    C'est le directeur artistique de Days of Wonder depuis le premier jeu, mais il a travaillé à Multisim avant, il a fait du jeu de rôle, il a travaillé à Casus Belli aussi, première édition. Pour ceux qui ont découvert les plans dans Casus Belli, c'était lui qui les crayonnait quand il était encore adolescent. Donc lui, sa vie était un jeu.

  • Stéphanie

    Et donc toi, tu as commencé, ça a été ta première expérience réelle dans ce milieu, enfin un milieu, le jeu de rôle un petit peu à part quand même, je pense, aujourd'hui par rapport aux jeux de société, même s'il y a des liens. Et ensuite, ça t'a fait cheminer vers quoi ?

  • Maud

    Ensuite, je me suis dirigée vers la bande dessinée et tout ce qui était comics. J'ai rejoint un groupe qui s'appelle Tournon Sémique et je m'occupais de développer la régie publicitaire pour eux. Donc on avait les comics DC Comics, donc Batman était mon super copain. Toute une gamme de nouveaux magazines avec du Coyote Magazine, du Calliope, du Manga Kids et plein d'autres magazines naissants. C'était plutôt tourné sur la culture geek et les cultures de l'imaginaire. Et les régies publicitaires n'existaient pas et j'ai été en charge de développer tout ça.

  • Stéphanie

    Donc oui, du démarchage à ce moment-là et assure un milieu où à ce moment-là le magazine fonctionnait encore plutôt bien Absolument,

  • Maud

    j'ai envie de croire que le magazine continuera encore parce que le papier il y a quelque chose de très agréable, de toucher du papier et pas simplement feuilleter le magazine Je fais partie des gens qui aiment acheter encore les livres même si j'ai une liseuse, je ne m'arrête pas d'acheter des livres ou des magazines parce que j'aime cette sensation de prendre l'objet en main et de découvrir les pages qui vont avec À l'époque, c'était florissant, mais c'était quand même difficile. Rien n'est jamais facile.

  • Stéphanie

    Oui, bien sûr. Et puis, c'est vrai que ça fonctionne que là, pour le coup, l'importance d'une régie publicitaire, c'est souvent grâce vraiment les seuls revenus pratiquement d'un magazine.

  • Maud

    Absolument. Il y a ça et tout ce qui est abonnement, les souscriptions. On le voit dans le milieu du jeu de société. Ce n'est pas non plus si simple, mais on les remercie d'être là. On remercie l'équipe, les équipes journalistiques de faire cet effort-là. Moi, j'avoue que j'apprécie beaucoup feuilleter un plateau magazine, par exemple, pour ne pas le nommer.

  • Stéphanie

    Complètement. Tu as travaillé combien de temps dans ce milieu-là, plus de l'édition, magazine ?

  • Maud

    J'ai travaillé quelques années et malheureusement, il fallait se rendre compte que j'adorais mon métier, mais je n'aimais vraiment pas l'équipe avec laquelle je travaillais et c'était incompatible pour moi. J'ai eu l'opportunité de rejoindre et d'être éditrice d'un annuaire professionnel qui s'appelle le Guide du show business, qui est un annuaire qui existe depuis plus de 40 ans. Et donc, j'ai eu comme mission de le remettre au goût du jour, de refaire une base de données, de le mettre sur Internet. de continuer la régie publicitaire parce que c'est pareil, ça marche grosso modo avec ça.

  • Stéphanie

    Et après, il y a eu une parenthèse aux Etats-Unis, plus ou moins après ?

  • Maud

    Plus ou moins après, j'ai vécu 7 ans aux Etats-Unis, en Californie. Cyril Daujean a eu l'opportunité de rejoindre le bureau de Days of Wonder en Silicon Valley, à Los Altos. Et il m'a proposé d'y aller avec nos enfants, qui avaient 6 ans et 9 ans à l'époque, et de se dire, allez viens, on va faire 2 ans aux Etats-Unis, ça va être une chouette aventure. L'expérience de 2 ans s'est transformée en 7 ans, et ça a été 7 années. assez fabuleuse.

  • Stéphanie

    Et là, tu as touché à d'autres choses, du coup, une partie plus artistique. Tu as travaillé en tant que photographe là-bas.

  • Maud

    Exactement. J'ai eu la chance de réaliser un rêve d'enfant et c'est les Américains qui m'ont donné cette opportunité-là. Ils ont cru en moi et pendant sept ans, j'ai fait de la vidéo, de la photo et avec des projets personnels, des expositions, j'ai rencontré des gens incroyables, des parcours de vie dont je me souviendrai absolument tout le temps.

  • Stéphanie

    C'est un peu ça, j'ai l'impression que toujours aux Etats-Unis, et ça c'est un peu touté Toujours possible. Ils ont cette mentalité-là.

  • Maud

    La grosse différence, c'est qu'en France, on a un peu peur d'essayer parce que par hasard, quand les gens réussissent, souvent, ils sont montrés du doigt. « Ah, mais toi, t'as réussi. Mais t'as forcément volé ton succès ou je ne sais quoi. » Et si tu rates, les gens te disent « On te l'avait bien dit, il ne fallait pas essayer. » Aux États-Unis, la mentalité est différente. Si tu réussis, les gens te disent « Bravo, bien joué. » Et si tu rates, ils te disent « Tu vas avoir appris quelque chose, tu vas rebondir. »

  • Stéphanie

    Oui, la mentalité est plus positive, effectivement.

  • Maud

    Absolument.

  • Stéphanie

    on va de l'avant.

  • Maud

    On n'a pas le choix, en fait, et c'est vrai, la vie, elle est comme ça. J'avoue que ce côté-là de la culture américaine est une chance.

  • Stéphanie

    Oui, je veux bien croire. Et à ce moment-là, ça s'appelle Miss Magic Lantern, j'ai vu ça. Tu t'es lancée à ton compte et tu photographiais beaucoup les gens, notamment.

  • Maud

    Sans vouloir révéler un secret, je crois que c'est ce que j'aime le plus dans la vie, c'est les gens. J'aime les rencontres. Sur mon site internet, il y a énormément de photos, des photos de vie, entre guillemets, un petit peu glanées à droite à gauche. Ce qui me faisait vivre et remplir mon frigo, c'était plutôt le côté corporate et puis les sociétés de la Silicon Valley. Évident que quand je passais des journées avec les familles, à les photographier, à les enregistrer, à faire des vidéos, j'y prenais énormément de plaisir. Parce qu'on se remet à l'essentiel de ce qui est vraiment important.

  • Stéphanie

    Oui, créer les liens et essayer de transparaître par une image des sentiments.

  • Maud

    C'est du lien, du souvenir, du jeu. C'est quand j'allais faire des photos de famille, j'avais effectivement cet outil qui était l'appareil photo, mais ce qu'on allait vivre, je voulais qu'ils se souviennent d'une expérience plus que d'un cliché sorti. Et le cliché sorti n'était que la résultante de ce qu'on avait vécu ensemble.

  • Stéphanie

    Oui, je vais bien croire. Et puis c'est vrai que je pense qu'il faut passer du temps avec des gens. Une séance photo, ce n'est pas juste une heure dans un studio. J'imagine qu'il faut passer du temps pour pouvoir ressortir des choses plus intéressantes.

  • Maud

    Je trouve que c'est très difficile de poser. Je pense que j'ai une grande admiration pour ceux qui en font ce métier-là. C'est très difficile. C'est très difficile d'être naturel. C'est très difficile d'avoir un appareil photo qui vous regarde. essayer d'en faire quelque chose. Mon style en photographie, c'est plutôt du lifestyle, comme on pourrait dire aujourd'hui. Et je parle tout le temps. En fait, je parle tout le temps, tout le temps. Donc, je pense que chaque personne est très belle. On a tous quelque chose de très beau. Pas forcément comme ce qu'il y a dans les magazines, mais on a tous quelque chose qui nous fait rayonner. Et ce que j'aimais chercher, c'était ça.

  • Stéphanie

    C'est toujours en ligne, je crois. On peut voir un peu ton travail.

  • Maud

    J'ai fait surtout trois expos qui ont été plus notables, qui ont été Dancing in the City, qui a été une balade de San Francisco à travers la danse et à travers les âges. Les modèles avaient entre 7 et 77 ans. Je faisais découvrir le San Francisco que j'aime avec les quartiers qui étaient à la fois touristiques mais pas que. On en a fait un bouquin, l'expo a tourné deux ans au consulat. J'ai fait aussi une exposition dans ma ville, donc j'ai habité sept ans à Los Altos. L'expo s'appelait Every Winkle's Tale a Story. Donc, une ride une histoire. J'ai enregistré 35 interviews, photographié 35 personnes sur 35 tranches de vie pour savoir qui étaient les gens qui avaient vu la Silicon Valley sortir de terre. Et là, j'ai glané des informations et des histoires absolument incroyables. Les gens avaient entre 70 et 100 ans. C'était une belle rencontre. Et le dernier gros truc que j'avais fait aux Etats-Unis, c'était le confinement. T'as vécu ça là-bas ? J'ai vécu ça là-bas. J'ai fait 80 portraits, enfin, j'ai fait 80 photos. Le pitch... C'était un jour une photo, je venais devant chez les gens en respectant les distances de sécurité. J'avais fait un deal avec la ville où les gens me montraient en une photo ce qui se passait à l'intérieur. Donc j'avais des musiciens, j'avais des sportifs, j'avais des gens qui étaient en pyjama, j'en avais qui étaient super geeks, il y en avait qui se costumaient, il y en avait qui avaient décidé d'être des stars. Bref, on voit que l'imagination des gens est aussi assez débordante. Ma façon de rester connectée avec le monde, alors qu'on n'avait pas le droit de le faire.

  • Stéphanie

    Et tout ça, on peut le voir, ce travail-là, encore en ligne ou quelque part ?

  • Maud

    Sur missmagiclanterne.com, j'ai aussi un Instagram sur lequel on peut voir mes photos, qui s'appelle Paris by Mode. J'ai changé l'intitulé en revenant à Paris parce que j'ai commencé un projet sur les toits de Paris, où j'ai commencé à photographier les artistes sur les toits pour leur donner la lumière. faire en sorte que les gens qui étaient dans les cabarets puissent aller rejoindre des étoiles et être les étoiles. Mais je me suis rendu compte que 1. Ce n'était pas légal de monter sur les toits de Paris. 2. Les gens avaient souvent le vertige. 3. Les toits n'étaient pas accessibles. Donc c'était un projet qui n'a pas pu vraiment aboutir. J'ai adoré grimper là-haut et voir Paris sous un autre angle. C'était une fausse bonne idée.

  • Stéphanie

    C'est plus facile d'aller dans les catacombes à Paris a priori.

  • Maud

    C'est plus facile d'aller dans les catacombes. En fait, ce que j'aime quand je fais des photos, c'est raconter des histoires. Et là, je n'ai pas de projet photo en cours, aucun.

  • Stéphanie

    Ça pourrait être intéressant d'avoir un projet comme ça dans le milieu du jeu. Je ne sais pas. C'est quelque chose qui te traverse ?

  • Maud

    Je ne sais pas parce qu'il y a déjà des professionnels qui font des photos incroyables. Nous, on travaille franchement chez Laporte Games avec Asmoday et avec des professionnels qui racontent des histoires, enfin qui racontent nos jeux merveilleusement bien. Je ne pense pas que je puisse faire mieux ou différent.

  • Stéphanie

    Oui, mais on est plus sur de la photographie peut-être de l'objet et pas de l'humain qu'il y a derrière, justement. Et ça sera peut-être quelque chose d'intéressant à explorer. Je donne une piste comme ça.

  • Maud

    Peut-être, peut-être. Peut-être qu'un matin, je vais décider, mais je ne sais pas. Les gens sont aussi assez timides. Les gens sont réservés dans ce milieu. Les gens sont pudiques. Ça fait partie des choses que j'apprécie. On ne se dévoile pas si facilement. Et quand on arrive à révéler... Non, je pense que je... C'est une bonne idée, mais ce ne sera pas mon idée.

  • Stéphanie

    Ok. On va quand même parler maintenant de ton retour en France, où là, tu as travaillé pour Funforge. Tu es revenue quand en France ?

  • Maud

    Je suis revenue en juin 2020. J'ai commencé fin juin 2020 avec Funforge. Il se trouve que Philippe Noura, le patron de Funforge, est un ami de 25 ans. Quand il a su que je rentrais en France, il m'a dit « Ah, c'est super, tu viens directement travailler pour moi et tu vas t'occuper de la distribution des jeux en France. » Et je lui ai dit « Mais je ne suis pas commerciale. » Il m'a dit « Ne me pose pas de questions, viens juste travailler. » et j'ai adoré travailler pour eux avec eux c'était une toute petite équipe c'est des gens que je connais très bien. Gardel, Gerson de Chélan, Charlotte, plein de gens. Vraiment, ça a été un pur bonheur. On était huit, il y avait François, Charline, Thomas. Un bonheur pour quatre ans de travail avec eux.

  • Stéphanie

    Une échelle assez humaine aussi pour travailler.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Alors, quelles étaient tes missions à ce moment-là ? Raconte-moi un petit peu le travail que tu as fait chez Funforge.

  • Maud

    Funforge avait une double casquette. Il y avait une casquette d'éditeur et une casquette de distributeur. Et donc, moi, je m'occupais de faire en sorte que toutes les boutiques de France puissent avoir nos jeux dans leur rayonnage, afin que tous les joueurs... puissent jouer à ces merveilleux jeux.

  • Stéphanie

    D'accord. Tu sillonnais pas mal la France, t'allais voir directement les boutiques, c'est ça ?

  • Maud

    Il se trouvait que quand je suis arrivée chez Funforge, je ne connaissais pas les boutiques, parce que je connaissais très bien les éditeurs, je connaissais plutôt bien les auteurs de jeux, j'avais plein d'amis qui travaillaient dans ce milieu-là depuis très longtemps, et les jeux venaient à moi. Donc je ne connaissais pas les boutiques, et la seule boutique que je précontais, c'était Variante à Paris, parce que le vendeur historique de cette boutique, c'est mon cousin.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Donc je ne connaissais pas les boutiques en France et je me suis dit qu'il fallait que je fasse un tour de France des boutiques pour comprendre qui elles étaient. Parce que chaque boutique avait une âme différente, chaque boutique avait un style différent. Et comme on avait un catalogue de jeux varié, je pouvais comprendre un petit peu comment ça fonctionnait. J'ai fait un tour de France, un petit peu le compagnonnage en allant de porte en porte et en liant du lien. Et ça a été des très belles rencontres, vraiment.

  • Stéphanie

    Combien de boutiques comme ça tu as pu sillonner dans ton réseau ?

  • Maud

    Quand on aime, on ne compte pas. Mais j'ai déjà vu quelqu'un dans les Vosges me dire « Ah, mais Maud, j'adorerais que tu viennes. » Je fais « Ok, je viens. » Et en fait, à partir d'un point d'étoile, après tu rayonnes sur toute cette région-là et on y va.

  • Stéphanie

    Ok, donc du coup, là tu venais avec les jeux. Là, l'objectif, c'était de les présenter, de savoir aussi donner les atouts pour que, j'imagine, les ludiquaires puissent parler correctement du jeu ou quels sont les avantages, c'est ça ?

  • Maud

    Absolument, et je les faisais jouer. C'était hyper important pour moi qu'on fasse une partie complète. pour qu'ils puissent comprendre l'intérêt, pour qu'ils puissent vivre et ressentir ce qui se passe autour d'une table. Je pense sincèrement que notre métier, à quel niveau qu'on soit, c'est les joueurs l'essentiel. Le plaisir et le succès, c'est quand on voit des gens jouer à nos jeux, les jeux qu'on a fabriqués, édités, peu importe le maillon qu'on soit dans la chaîne, c'est ça la victoire. La victoire, c'est à ce moment-là.

  • Stéphanie

    J'imagine que la problématique aussi quand on y est... éditeurs essaient effectivement de trouver la bonne place parmi la pléthore de jeux qu'il y a, donc j'imagine qu'en magasin c'était important aussi, ils sont inondés en fait les ludicards donc j'imagine que c'est pas simple non plus pour s'y retrouver pour eux.

  • Maud

    Clairement c'est un avantage que j'avais, moi j'avais décidé que j'allais voir tout le monde et régulièrement et plusieurs fois par an, donc j'étais souvent effectivement sur les routes et les gens disaient ah ouais mais ça fait quand même une différence, on sait que tu vas venir nous présenter tes nouveautés alors ça va nous plaire, ça va pas nous plaire mais forcément quand il faut passer commande C'est plus facile quand on a eu une personne avec qui on a créé du lien et on a échangé plusieurs fois.

  • Stéphanie

    Bien sûr. Malheureusement, il y a eu l'annonce, il n'y a pas très longtemps, de la fin de Funforge. Tu étais déjà partie, mais j'imagine que ça doit être assez difficile pour l'équipe de l'époque. Toi, quel est ton ressenti par rapport à ça ?

  • Maud

    D'abord, c'est des gens merveilleux. Funforge, c'est une histoire de 17 ans. Un grand bravo à Philippe Noura, à son équipe, à Claude, encore une fois, à la gersante. Je ne peux pas tous les nommer, mais vraiment. encore une fois un immense bravo à eux. Ils ont réalisé beaucoup de travail. C'est des échecs, des succès. Oui,

  • Stéphanie

    il y a quand même eu des jeux aujourd'hui qui sont encore... Je veux dire,

  • Maud

    Tokaido, Monumental. Bravo. Voilà, bravo, merci. Vous êtes mes amis, je vous adore. Je sais que vous allez rebondir, j'ai aucun doute là-dessus. C'est juste une tranche de vie, on apprend. Il y a eu des erreurs, il y a eu des succès. C'est comme ça, ça va rebondir, c'est sûr. Je ne peux pas croire ça. Moi, je suis partie de Chef & Forge il y a un peu plus d'un an. En avril 2024, la distribution des jeux avait été redonnée à Asmoday. Donc, mon travail avait été redonné à Asmoday. Donc, ils se sont dit, on va récupérer Maud et on va lui trouver une place. Voilà comment je suis arrivée chez Asmoday.

  • Stéphanie

    Alors justement, aujourd'hui, la transition est toute faite. Quel est ton travail chez Asmoday ? C'est quoi tes missions ?

  • Maud

    Donc moi, je suis Head of Marketing pour Lapport Games. Lapport Games est un studio dans Asmoday. Et Lapport Games, c'est cinq labels. Next move. Repos Productions, Libélude, Space Cowboys et Days of Wonder. J'ai une équipe de 13 personnes qui va s'occuper à la fois du marketing, de la communication, de l'événementiel et tout ce qui est graphique autour de ces 5 labels-là.

  • Stéphanie

    Donc du coup, vous avez tout le catalogue de ces 5 studios. Toi, tes missions ? Forcément de gérer toute cette équipe, mais plus précisément, c'est quoi ton quotidien en fait ?

  • Maud

    si on peut avoir un quotidien le quotidien c'est ça qui est chouette c'est que c'est pas le jour de la marmotte c'est que ça change quand même effectivement tous les jours mon enjeu est de faire circuler l'information du bon côté de la direction vers les équipes des équipes vers la direction de vérifier que tout est fluide il faut savoir qu'il y a deux choses importantes il y a les gammes et les nouveautés on a des jeux emblématiques qui sont extraordinaires chez Lab4Games on a Azul Unlock Seven Wonders Les aventuriers du rail, Pléthore, Dixit, etc. Et il y a des nouveautés. Donc l'enjeu n'est pas exactement le même dans sortir une nouveauté ou continuer à faire vivre des gammes. On établit des stratégies ensemble, avec les équipes. Donc moi j'ai cinq personnes qui réfèrent directement à moi, sachant que d'autres ont des équipes. Je pense notamment à l'équipe de Hélène, qui gère toute la communication. Hélène Delforge, du coup. Oui, sans elle, vraiment, Hélène, si tu m'écoutes, merci d'être là. On définit des stratégies de communication, on met en place des réseaux. C'est elle qui va me proposer des choses et moi, je vais pouvoir les valider. Ce sont mes équipes et c'est ma plus grande satisfaction dans le travail, c'est de se dire que les équipes qui travaillent avec moi sont fières de faire ce qu'ils font, sont fières des réalisations qu'ils font et qu'ils ont tous les outils pour bien travailler. Moi, je veux vraiment que le matin, quand on vient au boulot, qu'on soit en télétravail ou sur site, qu'on y prenne un maximum de plaisir. L'enjeu, c'est vraiment de trouver... trouver des nouvelles astuces, de créer peut-être différents biais de communication ou de marketing ou d'action marketing spécifique.

  • Stéphanie

    En quoi consiste un plan d'action marketing ? Parce que pour plein de gens, ça ne veut pas dire grand-chose en fait. On dit oui, marketing, c'est communiquer pour vendre, en résumé. Mais en quoi consiste un plan d'action ? Sur une nouveauté par exemple ?

  • Maud

    Sur une nouveauté, c'est assez facile. Comment est-ce que tu vas faire en sorte que ton jeu soit connu ? Tu as plusieurs canaux. Tu as tout ce qui est les événementiels. Donc, il faut être sur tous les festivals. Il faut vérifier toute cette partie-là. Il faut être sur tous les réseaux sociaux. Il faut que les influenceurs aient eu tes jeux en main. Il faut que tu aies pu éventuellement faire un petit peu de publicité diversifiée, que ce soit sur les réseaux sociaux, sur des moteurs de recherche. Il y a quand même tout un canal différent. Ça peut être également en boutique avec des opérations de boutique, des opérations plus liées au commercial, mais que nous, on va mettre en place. avec de l'affichage, avec des goodies spécifiques. Là, je pense à Seven Wonders Dice, où le marketing manager fait un super boulot, où il a fait un display de Seven Wonders Dice avec tout ce qu'il y a à l'intérieur. Et donc, les boutiques vont pouvoir s'en servir pour les mettre dans leur vitrine ou sur leur comptoir, avec exactement ce qu'ils vont avoir dans le jeu, etc. Donc, c'est un attrait supplémentaire.

  • Stéphanie

    On va voir comment se rendre visible dans une boutique.

  • Maud

    Exactement. Mais c'est aussi sur Amazon. Est-ce que tu vas faire quelque chose sur Amazon ? Comment est-ce que tu vas construire tes pages ? Est-ce que nous, au sein du studio, il faut qu'on puisse donner et avoir tous les assets graphiques prêts pour tout le monde ? Donc encore une fois, chez Laporte Games, on est un studio de chez Asmoday avec cinq labels différents. Notre job, c'est de faire en sorte que toutes les unités de distribution en France, mais dans le reste du monde, puissent faire la bonne promotion des jeux. Et c'est le job du distributeur de bien faire les choses. nous, au niveau du studio. on l'accompagne, on l'aide. Et il y a des fois où l'Italie va m'appeler en me disant « Moj, j'ai une super idée, est-ce que tu peux nous aider financièrement à concrétiser cette opération-là ? » Et si j'ai encore un peu de budget, et si l'opération me semble intéressante, ça va être avec grand plaisir qu'on fait ça. C'est hyper important de travailler avec les distributeurs du monde entier pour savoir, eux, quelles sont les actions de marketing qu'ils ont faites, quelles sont les actions de communication qu'ils ont faites, quels sont les festivals sur lesquels ils sont allés. Et nous, on regroupe toutes ces informations-là aussi.

  • Stéphanie

    Et donc, tu disais que tu avais une partie forcément événementielle. Donc, ça va être là la présence, comme tu disais, sur les salons. Donc, ça va être quoi ? Ça va être travailler justement la visibilité, le décorum de l'espace pro, les goodies. Comment vous travaillez ça ?

  • Maud

    Alors, ça dépend. Ça dépend des salons. Nous, l'équipe événementielle, elle est composée de trois personnes. Il y en a deux qui sont basées à Bruxelles, Thibaut et Clifford. Et il y en a un qui est basé au Canada, qui s'appelle Stéphane. on va s'occuper il y a les événements majeurs et les petits événements. On ne va pas traiter l'événementiel de la même façon. Il y a certains salons qui sont pris en charge par le groupe ou qui sont pris en charge par les unités de distribution, donc je pense à la GenCon ou à Essen. Et il y a les salons où nous avons, nous, en termes de studio, on a une possibilité plus grande. Le festival le plus emblématique là-dessus, c'est le festival de Cannes. où on va construire et on va pouvoir avoir une imagination débordante sur à quoi vont ressembler l'espace, l'App for Games, donc pour nos cinq labels, pour qu'on puisse faire en sorte que les joueurs s'amusent le plus possible et restent un maximum de temps sur l'espace. On va avoir des animations mobiles, on va avoir effectivement des goodies à gagner,

  • Stéphanie

    on va avoir des versions XL de jeux.

  • Maud

    exactement tout ce genre de possibilités des versions Excel ou des décors je pense à Forerunner à Cannes où effectivement il y avait la salle du trône carrément on essaye en fait de prendre un des 5 labels et de mettre un jeu en exergue un peu où la décoration sera un petit peu plus travaillée que sur les autres et on essaye de changer l'année prochaine ce sera sur Day One d'accord donc un jeu Space Cowboy chaque studio a quand même son identité forte

  • Stéphanie

    avec des jeux forts, donc ça j'imagine qu'il faut aussi le garder, c'est-à-dire que même si tu fais la com et le marketing de ces 5 studios, il faut que chacun garde son identité en ayant un peu la force de frappe de l'ensemble, j'imagine.

  • Maud

    C'est complètement vrai, ça c'est vraiment le travail de Hélène. On ne parle pas des jeux Days of Wonder comme on parle des jeux Nextmove ou des jeux Repos. Chaque personne a sa ligne éditoriale forte. On essaye vraiment de garder une cohérence là-dessus pour qu'un jeu Days soit toujours « Ah bah ouais, c'est un jeu Days, donc évidemment, il y a un réel gage de qualité. »

  • Stéphanie

    Et ils ont quand même chacun leur équipe de com dans les studios ou pas forcément ?

  • Maud

    Non.

  • Stéphanie

    Non ? D'accord, ils travaillent avec tout le monde en commun ?

  • Maud

    Les gens sont dispatchés Il faut bien se rendre compte que Nextmove, le label qui est dit Azul notamment, est à Montréal Repoproduction, ils sont en Belgique, à Bruxelles et à Paris, on a Days of Wonder et Space Cowboys et à Poitiers on a Libélude. Donc on est sur 4 sites différents pour 5 labels et on n'est pas forcément aux mêmes horaires, mais on s'en sort très bien.

  • Stéphanie

    Ça ne doit pas être facile, parce que tu disais 17 personnes dans ton équipe. 13 personnes. 13 personnes dans ton équipe. Vous êtes tous un peu dispatchés ? Oui. Comment ça se passe ? Vous arrivez à vous réunir quand même parfois tous ensemble ? Exactement.

  • Maud

    Non, c'est possible. J'essaie de réunir tout le monde un peu régulièrement. Et surtout, une fois par mois, on refait le point sur ce qui s'est passé, sur les différentes actions. Chacun peut prendre la parole. Ça tourne. C'est hyper important de faire une cohésion d'équipe. Moi, j'ai beaucoup de chance de travailler avec ces humains-là. J'espère qu'ils sont contents et ils auront envie encore de travailler longtemps avec nous.

  • Stéphanie

    Et quelles sont tes contraintes et tes libertés, par rapport à ton métier, mais par rapport aussi à l'ensemble de la partie marketing ?

  • Maud

    On nous demande des résultats, on nous demande des KPI. C'est des gros mots, mais c'est vrai que quand on investit de l'argent, on a besoin de savoir quelles sont les retombées. Est-ce qu'on peut évaluer l'impact ? Il y a différents moyens de mesurer un impact. C'est parfois difficile et c'est important. parce qu'on ne va pas jeter de l'argent par les fenêtres et on veut savoir si les opérations fonctionnent. Donc si elles fonctionnent, on va les renouveler. Si elles ne fonctionnent pas, on pourrait peut-être penser à autre chose.

  • Stéphanie

    Tes contraintes, elles vont être liées effectivement aux retombées. C'est ce que tu dis. Mais sur la liberté justement de créer, de trouver des nouveaux, ça c'est assez libre globalement ?

  • Maud

    Extrêmement libre. Ils nous font confiance. Je veux dire, Asmodé soutient la façon dont on veut communiquer à travers les jeux. A chaque fois, on fait vraiment du brainstorming entre l'événementiel, la communication et le graphique. On essaye vraiment d'être impliqué dès même la création des jeux. Donc on va aller voir les chefs de projet pour le suivi d'un jeu, pour tout ce qui est nouvelles IP. On peut aller voir la personne qui s'occupe de la gamme pour aller en discuter avec lui. L'intérêt, c'est de travailler tous ensemble. On est un studio dans la Power Games où on a à peu près 80 personnes qui utilisent tous les métiers différents. On a une grande liberté et vraiment merci pour ça.

  • Stéphanie

    Vous arrivez en amont quand même sur les projets. Par exemple, je ne sais pas, je prends Take Time qui sort chez Libelud. Ça fait combien de temps, par exemple, que vous travaillez sur ce projet-là ?

  • Maud

    Il faut deux ans à peu près.

  • Stéphanie

    Il me disait qu'il l'avait sourcé à Cannes 2024.

  • Maud

    Tout à fait.

  • Stéphanie

    Et donc, ça arrive assez vite finalement. Mais là, les équipes de com et marketing, vous avez commencé à travailler quand dessus ?

  • Maud

    En fait, on a commencé à le montrer à Cannes l'année dernière. On avait une version XL. Depuis, Take Time a fait le Tour de France, Tour des Festivals, il est en balade avec une équipe qui s'appelle Jeux en Route, qui montre des prototypes et il est en balade avec des WAN chez nous. On a fait une boutique éphémère pendant la période du Flip à Partenay, où pendant 12 jours, il y avait un lieu où on avait complètement thématisé pour Tech Time, avec deux salles différentes, le jour et la nuit. On essaye vraiment de faire en sorte que les joueurs puissent avoir joué et touché le produit et le jeu. hum Enfin, je ne devrais pas dire un produit, c'est n'importe quoi. C'est vraiment une expérience culturelle. Honte à moi de dire ce genre de choses.

  • Stéphanie

    Mais oui, c'est ça, c'est créer une expérience de jeu aussi.

  • Maud

    Oui, c'est hyper important. Aujourd'hui, comme tu l'as dit, il y a énormément de jeux. Qu'est-ce qui fait qu'on va s'arrêter sur un jeu ? Les mécaniques de jeu aujourd'hui sont très bien. Les jeux sont bien édités. C'est beau. La plupart des jeux, c'est ça. Donc, qu'est-ce qui va faire la différence ? Est-ce que tu vas ressentir autour de la table ? À ce moment-là, il va se passer une alchimie ? Est-ce qu'il va se passer quelque chose de particulier ? Est-ce que tu auras envie de rejouer ?

  • Stéphanie

    Je ne sais pas si tu peux répondre à cette question-là, mais quel budget vous avez pour le lancement d'un jeu ? C'est peut-être variable d'un jeu à l'autre, je ne sais pas, par rapport à ce que c'est une gamme, est-ce que c'est une nouveauté ?

  • Maud

    Effectivement, je ne peux pas parler de ça, mais sur les nouveautés, il n'y a pas énormément de budget. Il y a du budget, mais pas énormément. Il faut avoir des bonnes idées. Et c'est important parce qu'il y a un « manuel » pour lancer un jeu et pour pouvoir faire toutes les tâches, pour pouvoir faire en sorte que l'intégralité des gens l'ait vue, en ait entendu parler, etc. Mais il faut être assez créatif. Les gammes, il faut être créatif, mais il faut consolider quelque chose qui existe pour que ça continue à exister encore dans 10-20 ans.

  • Stéphanie

    Et alors, ce qui est important aussi, je ne sais pas si tu me dirais ça, mais les joueurs en général, ceux qui jouent, repèrent facilement les jeux, les nouveautés, etc. Est-ce qu'il y a une volonté aussi d'aller chercher un nouveau public, vraiment complètement novice, sur des gammes de jeux encore aujourd'hui ?

  • Maud

    Évidemment.

  • Stéphanie

    Et dans ce cas-là, la communication, j'imagine, est différente.

  • Maud

    Eh oui, par exemple, j'aimerais faire en sorte que dans toutes les universités, il y ait nos jeux, nos piliers. Faire en sorte qu'un maximum de gens, le premier jeu auquel ils jouent, ce soit un de nos jeux, évidemment.

  • Stéphanie

    Alors comment on s'y prend pour ça ? Ça va être par exemple parler sur des festivals qui ne sont pas des festivals de jeux, par exemple, ce genre de choses ? Travailler avec, je ne sais pas, des influenceurs qui ne seraient pas dans le domaine du jeu ? Comment vous travaillez cette partie-là ?

  • Maud

    Tout ça, mais je ne peux pas tout te révéler parce que ça fait partie des secrets qu'on met. Tu sais, c'est la recette magique qu'on utilise, qui est différente à chaque fois. Mais pour aller chercher des nouveaux joueurs, il faut aller comprendre qui ils sont d'abord. Il faut se dire, mais qui sont les joueurs ? Quel est le profil de la personne qui va pouvoir aimer ce genre de jeu-là ? Donc, il y a des petites composantes avant de faire un plan marketing, un plan de com' pour pouvoir agrandir le cercle.

  • Stéphanie

    D'accord. Qu'est-ce qui a changé pour toi un peu ? Est-ce que tu connais le milieu ludique depuis... quand même de nombreuses années. C'est quoi ton regard un peu sur l'évolution du monde ludique aujourd'hui et quelles sont peut-être ses forces et ses difficultés ?

  • Maud

    Il y a beaucoup plus de monde, il y a beaucoup plus d'acteurs, il y a beaucoup plus de jeux, il y a beaucoup plus d'enjeux. Aujourd'hui, Asmoday, nous, on est une société qui est cotée, on est une société qui est magnifique. Je me souviens, j'ai rencontré toute l'équipe de Asmo il y a fort, fort longtemps, quand on était vraiment très peu dans le marché français. À être là, on s'est professionnalisé, il y a plus de structures, il y a plus de process. On pourrait presque le comparer au milieu de la bande dessinée, il y a 20 ans. C'est difficile pour les structures petites, c'est plus simple pour les gros, mais ça reste difficile, les enjeux sont réels partout.

  • Stéphanie

    Oui, puis il y a eu un espèce de boom, effectivement, qui a été presque bénéfique avec le Covid, pour le jeu en tout cas. Et en fait, il y a eu cette redescente un petit peu derrière qui n'a pas forcément été facile non plus à comprendre. Enfin, le marché a évolué très vite. En fait,

  • Maud

    ce n'est pas vraiment une redescente. On a eu beaucoup plus de gens. Le Covid a été effectivement un accélérateur pour toucher plus de joueurs. Mais quand on regarde les chiffres après Covid, après cette vague fulgurante, on a quand même gagné des joueurs par rapport à avant Covid.

  • Stéphanie

    Oui, c'est sûr. Il y a du coup forcément plus de joueurs qu'avant. Alors, tu parlais tout à l'heure que tu sillonnes les festivals, les conventions. Tu as été à la Gen Con récemment. Cannes, Essen forcément, d'autres festivals. J'ai vu Louisville aussi, Gamma. En quoi c'est important d'être dans ces gros événements ?

  • Maud

    En fait, ça permet de comprendre les marchés locaux. Quand je vais aux Etats-Unis, en Allemagne ou ailleurs, quand on va en Retailers Day, dans les succursales différentes de distribution, ça nous permet de comprendre qui sont les différents acteurs. Ça permet de comprendre avec qui on va travailler et ça permet de créer du lien. Je ne pense pas qu'il y ait de meilleurs moyens de créer du lien que d'être en face de quelqu'un.

  • Stéphanie

    Le marché est peut-être différent aussi d'un pays à l'autre, ce n'est pas les mêmes attentes peut-être du public aussi ?

  • Maud

    Les marchés sont différents, les joueurs sont différents, on ne montre pas forcément la même chose, mais nous, chez Asmoday, on a quand même une identité de marque, on a quand même une façon de se repérer pour que les gens se disent « Ah ouais, mais Asmoday, c'est une super qualité, on sait qu'on va aller découvrir vraiment des expériences ludiques positives. »

  • Stéphanie

    Est-ce qu'il y a des festivals que tu préfères et pourquoi ?

  • Maud

    C'est tricher ces questions-là. J'ai envie de dire que j'ai adoré le flip de Partenais parce que j'ai aussi été membre du jury pendant plusieurs années.

  • Stéphanie

    Alors j'ai vu ça, ouais ouais, effectivement, t'as fait partie du jury des Protos, c'est ça ? Ouais,

  • Maud

    donc j'ai un rapport privilégié à ce jeu-là, à ce festival-là, mais je prends toujours beaucoup de plaisir à aller à Essen ou à Cannes. C'est deux moments, deux rendez-vous de l'année où je vois des professionnels que je ne vois que là-bas. Donc ça permet de continuer à tisser du lien. Là, je suis allée à la Gen Con, mais la dernière fois que j'avais été à la Gen Con, c'était en 2001. Donc, autant me dire que les choses ont beaucoup changé.

  • Stéphanie

    D'accord. Ah oui, tu n'as été pas revenue entre-temps.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    D'accord. Je mène que c'est gigantesque dans la Gen Con.

  • Maud

    C'est très grand. Ça joue partout. Dans la Gen Con, on est dans un hôtel où les gens jouent même par terre sur la moquette. Les gens jouent partout. Ça n'a absolument rien à voir avec nos festivals européens.

  • Stéphanie

    J'avais même vu que c'était dans le stade de foot américain.

  • Maud

    Ouais. Ah non, mais en fait, il y a... Plusieurs endroits, vraiment beaucoup d'endroits où les gens vont jouer, vont créer des lieux, vont créer. Catan a fait une escape dans une salle spéciale. Il y en a partout. Il y avait un tournoi des aventuriers du rail organisé par la Train Gamer Association. Il y en a absolument partout. C'est le festival du jeu aux Etats-Unis dans lequel il faut vraiment aller. C'est très différent les festivals aux Etats-Unis, vraiment différent. Il y a des ludothèques partout, les gens sont plutôt... Enfermés dans des salles, plus que ce soit ouvert sur la ville comme on pourrait avoir en France.

  • Stéphanie

    Oui, puis c'est forcément une autre échelle. J'imagine que les Américains ne font jamais rien de petit non plus.

  • Maud

    Ce n'est pas faux.

  • Stéphanie

    Il y a des plus petits festivals peut-être en France que tu as eu l'occasion de faire quand tu sillonnais beaucoup la France, qui méritent le détour.

  • Maud

    Bien sûr, l'alchimie du jeu, Orléans joue, Ludinor. C'est chouette ce qu'ils font, c'est des passionnés. Les gens ont forcément un métier à côté, ils adorent le jeu de société, ils veulent en parler au maximum. C'est des gens qui sont souvent bénévoles, ils ne comptent pas leurs heures. C'est toujours un plaisir de les accompagner, de les aider dans nos possibilités.

  • Stéphanie

    Alors tu l'as évoqué rapidement tout à l'heure, tu as fait partie du jeu et du flip. Qu'est-ce que tu en gardes comme souvenir de cette expérience ?

  • Maud

    Il fallait lire 180 règles de jeu. de prototypes. Ça, c'est une expérience unique, difficile, et il faut, l'enjeu est d'essayer de repérer une pépite. Ce qui est assez extraordinaire, c'est de se réunir avec les membres du jury pendant quelques jours avant le flip, avant Partenay, avant de découvrir et de pouvoir jouer à la sélection qu'on a sélectionnée. Donc on sélectionne 16 jeux, et on joue à ces 16 jeux, et on joue vraiment, et on fait des retours aux auteurs. C'est un très beau moment. C'est un très bon moment.

  • Stéphanie

    Oui, parce que c'est aussi des retours constructifs, j'imagine, pour les auteurs. Il y a un vrai retour, c'est ça, avec le jury.

  • Maud

    Le jury est composé à la fois d'auteurs, d'illustrateurs, d'éditeurs. C'est vraiment un jury varié, des professionnels, des influenceurs, etc. Et oui, c'est un moment privilégié. Les auteurs sont là et on essaye vraiment de donner un retour constructif à chaque personne pour peut-être améliorer son jeu. Il y a des jeux qui ont été édités après. Les enjeux sont différents.

  • Stéphanie

    Tu saurais me citer des jeux qui sont passés par le flip, justement ? Par le flip ?

  • Maud

    Oui, il y en a. Et non, je n'ai pas les noms là. Donc, je vous invite à aller... On ira voir. Ouais.

  • Stéphanie

    Ok, ça marche. Est-ce que toi, aujourd'hui, tu aimes ton métier ?

  • Maud

    J'adore mon métier. J'ai une chance incroyable. J'ai exactement la vie dont j'avais rêvé.

  • Stéphanie

    Qu'est-ce qui te plaît, en fait, aujourd'hui, dans ta vie, dans ta profession, dans le milieu ?

  • Maud

    Tout. J'ai une chance assez incroyable de connaître les gens depuis fort longtemps. Je travaille avec des équipes... Passionné, professionnel, challengeant, c'est pas si facile, c'est essayer de relever des défis, de comprendre comment est-ce qu'on va adresser un jeu au plus de nombre, comment est-ce qu'on va faire en sorte pour qu'il y ait un maximum de personnes qui aiment nos jeux, jouent à nos jeux, parlent de nos jeux.

  • Stéphanie

    On sent de toute façon qu'il y a aussi, je pense que pour parler le mieux des jeux, c'est d'être passionné et ça se sent, tu as l'air d'être quelqu'un de très passionné.

  • Maud

    J'aime jouer, oui.

  • Stéphanie

    Tu as justement des Madeleines de Proust un peu dans les jeux.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Ce serait lequel ?

  • Maud

    Sans aucune hésitation, Citadel de Bruno Fiduti. Je me souviens très bien, on jouait chez lui le vendredi soir et le samedi soir. La soirée du vendredi soir, Cyril avait été jouer chez Bruno, m'avait réveillé dans la nuit en me disant, Maud, j'ai joué un jeu, il est dingue. Bruno, il a fait un jeu, il est réglé, il faut absolument que tu ailles jouer demain. Donc le lendemain, j'avais été jouer à Citadel, qui était parfaitement réglé. Le dimanche, Cyril était retourné. au bureau pour monter le premier prototype de Citadel. Il a fini Citadel en moins d'une semaine. Ça a été publié par Multisim au départ. Ce jeu, c'est une réelle pupite. C'est une histoire incroyable. J'aurais envie de te dire que j'ai aussi eu la chance de jouer à un prototype qui s'appelait Ticket to Ride. Il venait tout droit de l'Amérique. Un jour où Eric Haute-Mont et Pierre Gobile sont venus dîner à la maison en disant « Ah, les deux gens, j'ai un super jeu, on y joue ! » C'était les aventuriers du rail.

  • Stéphanie

    Ah, quelle histoire !

  • Maud

    En voilà un autre qui a beaucoup compté dans ma vie.

  • Stéphanie

    Je veux bien croire.

  • Maud

    Il faut commencer par les aventuriers du rail.

  • Stéphanie

    On parlait des nouveautés tout à l'heure, mais comment on continue à parler justement des jeux qui sont des longs-sailers, comme ça, qui sont devenus finalement des références, des jeux références, avec Ticket to Ride, par exemple. Comment on travaille là-dessus ?

  • Maud

    Cette année, on a fêté les 20 ans de Ticket to Ride. Donc, on a fait la finale du championnat des 20 ans de Ticket to Ride à Paris, où il y avait... 8 personnes qui étaient venues du monde entier pour faire la compétition, la dernière compétition. On avait fait ça dans un wagon de l'Orient Express, ça avait été un bel événement.

  • Stéphanie

    Costumé aussi, j'ai vu ça.

  • Maud

    On avait fait de l'immersion pour que les gens puissent vraiment vivre quelque chose d'authentique. Julien Delval, l'illustrateur historique, était venu pour dédicacer des boîtes. Mais aujourd'hui, Ticket to Ride a 20 ans. Et aujourd'hui, le monde change, donc Ticket to Ride s'est fait une beauté. On a fait une V2 de la version USA et c'est un plaisir de la voir maintenant relookée au goût du jour pour que justement on puisse faire en sorte que les nouveaux joueurs puissent découvrir le jeu à travers une identité graphique qui correspond beaucoup plus au standard du marché présent.

  • Stéphanie

    Et ça se renouvelle aussi toujours puisqu'il y a quand même eu le Legacy qui a fait une belle percée les années dernières.

  • Maud

    Legacy, il y a les Cities, il y a une gamme de beaucoup de jeux je pense qu'on peut trouver dans Ticket to Ride. Le jeu qui va forcément nous faire découvrir plus le jeu de société.

  • Stéphanie

    Si tu étais un mode de jeu, lequel serais-tu ? Tu serais du coop, du compétitif, du semi-coop, du chelou ?

  • Maud

    Je serais du bluff.

  • Stéphanie

    Du bluff ? Ah ouais.

  • Maud

    Sans aucune hésitation.

  • Stéphanie

    Ah ouais, pourquoi ?

  • Maud

    J'adore ça.

  • Stéphanie

    Ouais.

  • Maud

    Je m'amuse avec beaucoup de types de jeux, mais j'avoue, j'adore les jeux de bluff.

  • Stéphanie

    Quel jeu, par exemple, tu pourrais nous dire qu'il faut y jouer ?

  • Maud

    Cette année, Agent Avenue, j'ai adoré. Gros couture là-dessus. Perrudo, c'est ma petite Madeleine de Proust ludique. Voilà, j'adore les jeux de bluff.

  • Stéphanie

    Ok. Si tu étais un auteur de jeu, lequel serais-tu ?

  • Maud

    Hyper dur, trop dur.

  • Stéphanie

    Trop dur.

  • Maud

    Non, trop dur. J'en aime vraiment plein, très fort.

  • Stéphanie

    Ah, il suffit. C'est pas pour se fâcher. Ah si,

  • Maud

    si, je sais. Je serais Serge Lager.

  • Stéphanie

    Ah, ok. Serge Lager. Et pourquoi alors ? Parce que

  • Maud

    Serge, je le retrouvais tous les ans à Étourvie, le petit réunion que fait Bruno Faidutti. Je le connaissais depuis le siècle dernier. J'ai eu cette chance-là. C'est quelqu'un qui était lumineux. qui était rayonnant, qui a fait des jeux incroyables. Donc je serais Serge Lajet.

  • Stéphanie

    Ok. Et si tu étais une thématique de jeu, laquelle serais-tu ?

  • Maud

    Je ne sais pas, ça c'est une question difficile. L'alchimie.

  • Stéphanie

    L'alchimie. Alors qu'est-ce que tu entends par là ?

  • Maud

    Tout ce qui est en haut est en bas. L'alchimie, c'est un sujet sans fin. Je trouve qu'on peut... Ça permet de mettre des ingrédients pour faire quelque chose de plus grand.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Ah,

  • Stéphanie

    c'est joli. Ok. Et si tu avais donc quelqu'un d'autre ? à me proposer pour une prochaine interview une personne dans le milieu ludique que tu aimerais entendre à mon micro tu pourrais me proposer qui ?

  • Maud

    je te proposerais bien d'interviewer Hélène Delforge qui a une vie incroyable,

  • Stéphanie

    qui fait partie de mon équipe elle aussi elle a plein de vie c'est quelqu'un de bien en tout cas merci Maud d'avoir passé ce moment avec moi et je te propose qu'on conclue le podcast par la phrase habituelle alors Maud, aux jeux édités par Lab4Games tu joues ou quoi ? Je vous remercie pour votre écoute attentive et régulière. Si vous avez apprécié cet épisode et souhaitez me soutenir, n'hésitez pas à parler du podcast autour de vous et à me laisser des commentaires sur Instagram, Facebook ou la chaîne YouTube. La prochaine interview sera consacrée à Bertrand Arpino, le fondateur et gérant de Bankiiz Éditions. Je vous dis rendez-vous dans deux semaines. En attendant, amusez-vous bien !

Chapters

  • Débuts de joueuse

    01:02

  • Parcours pro

    05:58

  • Miss Magic Lantern

    09:16

  • Chez Funforge

    15:43

  • Chez Asmodée

    20:07

  • Plan d'action Marketing

    22:16

  • L'évènementiel

    24:31

  • 5 studios 5 identités

    26:12

  • Contraintes et libertés

    27:44

  • Evolution du monde ludique

    32:12

  • Les Festivals

    33:26

  • Jurée du FLIP

    36:35

  • Aimes-tu ton métier ?

    37:53

  • Des madeleines de Proust

    38:36

  • Portrait chinois ludique

    41:10

Description

Depuis juin 2024, Maud Daujean est responsable du marketing chez Lab4Games, qui regroupe les 5 studios francophones d’Asmodée (Days of Wonder, Space Cowboys, Libellud, Next Move et Repos Production).

Avant, elle occupait le poste de commerciale chez l’éditeur Funforge. Son parcours personnel l’a emmené plusieurs années aux Etat-Unis où Maud a exercé le métier de photographe.


Interview enregistrée au Sommet des Jeux à Valmeinier, en août 2025.


[PODCAST TU JOUES OU QUOI - SAISON 3 - EPISODE 22]


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Transcription

  • Stéphanie

    Bonjour, c'est Stéphanie, bienvenue sur le podcast Tu Joues ou Quoi, dédié à l'univers du jeu de société. Suivez-moi, je vous emmène dans les coulisses, à la rencontre des acteurs de ce monde très créatif. Cette semaine, je suis accompagnée de Maud Daujean. Depuis juin 2024, elle est responsable du marketing chez Lab4Games, qui regroupe les 5 studios francophones d'Asmodée. Avant, elle occupait le poste de commerciale chez l'éditeur Funforge. Son parcours personnel l'a emmené plusieurs années aux Etats-Unis, où Maud a exercé le métier de photographe. Nous nous sommes rencontrés cet été au Sommet des Jeux à Valménier. Eh bien Maud, merci de me rencontrer au Sommet des Jeux à Valménier. On se voit au sommet, à 1900 mètres précisément. Bienvenue sur le podcast.

  • Maud

    Avec plaisir, merci de m'avoir invitée.

  • Stéphanie

    Eh bien ça fait plaisir de te rencontrer. Pour de vrai. Et puis de retracer un peu ton parcours. Et puis qu'on discute de ton métier dans le monde ludique. Quels sont toi tes débuts de joueuse ? Avant même qu'on parle de travail.

  • Maud

    Moi j'ai appris à compter en jouant aux flippers. J'avais des grands frères qui ne me laissaient jamais gagner. Et ma mère m'a dit pour gagner aux flippers il faut que tu apprennes à compter. Donc j'ai appris à compter très vite. Parce que j'adore le flipper. C'est mon premier jeu.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Les vrais flippers.

  • Stéphanie

    Et t'as des flippers préférés ?

  • Maud

    J'avoue avoir trois flippers à la maison. Mon préféré, c'est le théâtre de magie.

  • Stéphanie

    Et après le jeu de société, ça a fait partie de la vie de famille chez toi ? Oui,

  • Maud

    ça a fait partie de notre vie de famille, mais j'ai commencé par le jeu vidéo avec ma maman. On jouait au jeu vidéo le mercredi après-midi. Elle jouait au jeu vidéo avec nous tous les mercredis sur la console et on s'amusait pendant quelques heures.

  • Stéphanie

    Ok, super. Donc ça a commencé par quoi comme console ?

  • Maud

    Les Sega, avec les Sonic et autres jeux à plateforme comme ça.

  • Stéphanie

    Ok. Le jeu vidéo n'est pas forcément un jeu de plateau à l'époque.

  • Maud

    J'ai quand même joué à tous les La Bonne Paye, Docteur Maboul, Monopoly et autres.

  • Stéphanie

    Bien sûr.

  • Maud

    Et je me suis fait offrir un civilisation à 15 ans, parce que je me suis dit que je voulais absolument découvrir ce monde-là. Et je n'ai pas trouvé de copain pour jouer avec moi alors que j'avais lu toutes les règles. J'étais très triste.

  • Stéphanie

    Première frustration.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Tu as eu aussi, je crois, du jeu de rôle assez rapidement aussi. C'est quelque chose qui t'a intéressée ?

  • Maud

    J'adore raconter des histoires. J'adore lire des histoires. J'adore vivre des histoires. Le jeu de rôle était l'extension rêvée. J'ai découvert le jeu de rôle grâce à mon mari, Cyril, qui a masterisé des parties. Et depuis, je n'ai jamais arrêté. été de lancer des dés et de vivre des aventures.

  • Stéphanie

    Ça va au-delà du jeu de rôle, puisque tu adores les jeux grandeur nature, c'est ça ?

  • Maud

    J'en fais exactement beaucoup par an. J'ai le privilège de pouvoir incarner mille et une vies dans des époques aussi différentes que la Renaissance, Duc Tulu, les Lauriers de Nabucco, l'occupation pendant la guerre. Bientôt, je vais jouer à Battlestar Galactica.

  • Stéphanie

    Ah ouais ?

  • Maud

    Voilà, mille et une vies, tout en costume, avec des personnages qui ont des backgrounds de... Assez étoffé, des histoires, des intrigues, et c'est du jeu de rôle plutôt romanesque. Donc on cherche à vivre des belles histoires, à donner du beau jeu, à recevoir du beau jeu, et à ressentir des émotions assez fortes.

  • Stéphanie

    Et comment ça se prépare, un jeu de grandeur en nature comme ça ?

  • Maud

    On reçoit nos personnages, l'univers, les règles de jeu bien en avance, et il faut tout préparer bien en avance. Par exemple, j'en ai un qui va se dérouler en novembre, qui s'appelle l'ISM, où je dois lire 250 pages. d'histoires personnelles avant de commencer à jouer le jeu.

  • Stéphanie

    Pour pouvoir incarner vraiment l'histoire de ton personnage.

  • Maud

    Exactement.

  • Stéphanie

    Ah oui, ça demande quand même une grande implication ce genre de jeu.

  • Maud

    C'est un investissement, mais ça nous permet de refixer ce qui existe ou ce qui n'existe pas, ce qui aurait pu exister, comme quand on joue des Uchronies. J'adore ça, honnêtement, c'est une véritable chance de pouvoir incarner la vie de quelqu'un. J'ai adoré par exemple être la directrice d'un casino à Cuba.

  • Stéphanie

    Oui, c'est ça, c'est vraiment...

  • Maud

    La révolution.

  • Stéphanie

    Ça permet de vivre mille vies, quoi.

  • Maud

    Mille et une vies.

  • Stéphanie

    C'est un parcours de théâtre, d'impro, quelque chose comme ça ou pas du tout ?

  • Maud

    Je fais du théâtre, jeune, pas plus que ça.

  • Stéphanie

    Ce que je fais, c'est qu'il y a a priori aussi beaucoup de costumes pour pouvoir permettre l'immersion.

  • Maud

    Et effectivement, par le bien de costume et pas de déguisement, on s'approprie notre personnage avec à quoi il ressemble. Souvent, quand on nous donne un personnage, on nous dit, tu as plutôt cette classe sociale, tu appartiens plutôt à ce genre de personnage et on te donne des référents. Donc tu te débrouilles pour soit avoir des costumes toi, soit te faire prêter des costumes, soit en louer.

  • Stéphanie

    Ou les créer peut-être parfois.

  • Maud

    J'ai pas ce talent-là.

  • Stéphanie

    On ne peut pas tout avoir non plus.

  • Maud

    Oui, c'est vrai.

  • Stéphanie

    Et puis le temps aussi.

  • Maud

    C'est vrai, mais j'adorerais. J'ai plein de copines qui font leur crinoline, leur corset et autres et j'avoue que je ne sais pas le faire. Donc souvent je gratte aux portes en disant, est-ce que tu n'aurais pas une crinoline pour moi ? Bouge pas, je t'en prête une et souvent ça fonctionne.

  • Stéphanie

    Jusqu'à combien de joueurs tu as pu faire des grandeurs nature comme ça ?

  • Maud

    Je fais des jeux de rôle romanesques, donc on va dire que ça va jusqu'à 50 personnes, mais ça peut être jusqu'à deux personnes. On peut avoir un jeu de rôle grandeur nature, où c'est une personne versus une autre personne qui se rencontre, où il se passe des choses. Il n'y a pas de format complètement carré. Il y a toutes les possibilités, ce sont vraiment à prendre.

  • Stéphanie

    D'accord, je ne pensais pas qu'on pouvait faire juste à deux.

  • Maud

    On peut.

  • Stéphanie

    Tu es essentiellement joueuse ou ça t'arrive d'être organisatrice ou de pouvoir mener les jeux ?

  • Maud

    Donc là je suis joueuse à 90%. Je suis en train d'écrire un jeu de rôle avec Cyril, mon mari. C'est surtout lui qui écrit et moi qui donne des idées. Et on a aussi un autre co-auteur. Les deux sont extrêmement talentueux, conteurs et avec une imagination débordante. Je suis là pour co-organiser et j'ai rejoint aussi l'organisation d'un jeu de rôle qui se passe à Bagneux, juste après la guerre. C'est un petit bal, c'est un jour de fête. Je fais aussi beaucoup de photos de jeux de rôle grandeur nature. Une fois que j'ai joué les jeux, je prends beaucoup de plaisir à les photographier.

  • Stéphanie

    D'accord, pour que ça reste mémorable.

  • Maud

    En fait, c'est important de donner et de recevoir. Dans la vie, c'est toujours ça. Et quand on nous donne des rôles, quand on nous donne des histoires à vivre qui sont incroyables... Je me dis que c'est chouette de pouvoir participer, de contribuer à la vie, aux joueurs et aux joueuses des jeux de rôle grandeur nature.

  • Stéphanie

    Chouette. Et alors, comment tu es arrivée finalement professionnellement vers ce milieu du jeu de société ? Tu veux démarrer où sur ton parcours, peut-être ?

  • Maud

    Mon parcours commence à Multisim, quasiment au siècle dernier, mais pas tout à fait, on est en 2000. Je rejoins l'équipe de Multisim et je devais m'occuper de trouver un distributeur américain pour le jeu de rôle Agon de Mathieu Gaboury. Et donc j'ai fait la Gen Con, la Gamma, en 2001. À l'époque, le milieu français était assez petit, tout le monde se connaissait. Donc mon mari c'est Cyril Daujean, il est quand même assez connu dans le milieu. C'est grâce à lui que je suis dans ce milieu-là, c'est grâce à lui que j'ai rencontré Bruno Fidouti, Hervé Marli, Philippe Despalières, Thomas Verchex, tous ces gens-là avec qui je jouais tout le temps en fait. On se retrouvait le samedi soir, on montait à Belleville, j'habitais Bastille, et on allait jouer, et on jouait toute la nuit parce qu'on avait 20 ans et que le temps n'a pas d'importance à ce moment-là.

  • Stéphanie

    Donc il était directeur artistique chez Days of Wonder, c'est ça qu'il veut dire ?

  • Maud

    C'est le directeur artistique de Days of Wonder depuis le premier jeu, mais il a travaillé à Multisim avant, il a fait du jeu de rôle, il a travaillé à Casus Belli aussi, première édition. Pour ceux qui ont découvert les plans dans Casus Belli, c'était lui qui les crayonnait quand il était encore adolescent. Donc lui, sa vie était un jeu.

  • Stéphanie

    Et donc toi, tu as commencé, ça a été ta première expérience réelle dans ce milieu, enfin un milieu, le jeu de rôle un petit peu à part quand même, je pense, aujourd'hui par rapport aux jeux de société, même s'il y a des liens. Et ensuite, ça t'a fait cheminer vers quoi ?

  • Maud

    Ensuite, je me suis dirigée vers la bande dessinée et tout ce qui était comics. J'ai rejoint un groupe qui s'appelle Tournon Sémique et je m'occupais de développer la régie publicitaire pour eux. Donc on avait les comics DC Comics, donc Batman était mon super copain. Toute une gamme de nouveaux magazines avec du Coyote Magazine, du Calliope, du Manga Kids et plein d'autres magazines naissants. C'était plutôt tourné sur la culture geek et les cultures de l'imaginaire. Et les régies publicitaires n'existaient pas et j'ai été en charge de développer tout ça.

  • Stéphanie

    Donc oui, du démarchage à ce moment-là et assure un milieu où à ce moment-là le magazine fonctionnait encore plutôt bien Absolument,

  • Maud

    j'ai envie de croire que le magazine continuera encore parce que le papier il y a quelque chose de très agréable, de toucher du papier et pas simplement feuilleter le magazine Je fais partie des gens qui aiment acheter encore les livres même si j'ai une liseuse, je ne m'arrête pas d'acheter des livres ou des magazines parce que j'aime cette sensation de prendre l'objet en main et de découvrir les pages qui vont avec À l'époque, c'était florissant, mais c'était quand même difficile. Rien n'est jamais facile.

  • Stéphanie

    Oui, bien sûr. Et puis, c'est vrai que ça fonctionne que là, pour le coup, l'importance d'une régie publicitaire, c'est souvent grâce vraiment les seuls revenus pratiquement d'un magazine.

  • Maud

    Absolument. Il y a ça et tout ce qui est abonnement, les souscriptions. On le voit dans le milieu du jeu de société. Ce n'est pas non plus si simple, mais on les remercie d'être là. On remercie l'équipe, les équipes journalistiques de faire cet effort-là. Moi, j'avoue que j'apprécie beaucoup feuilleter un plateau magazine, par exemple, pour ne pas le nommer.

  • Stéphanie

    Complètement. Tu as travaillé combien de temps dans ce milieu-là, plus de l'édition, magazine ?

  • Maud

    J'ai travaillé quelques années et malheureusement, il fallait se rendre compte que j'adorais mon métier, mais je n'aimais vraiment pas l'équipe avec laquelle je travaillais et c'était incompatible pour moi. J'ai eu l'opportunité de rejoindre et d'être éditrice d'un annuaire professionnel qui s'appelle le Guide du show business, qui est un annuaire qui existe depuis plus de 40 ans. Et donc, j'ai eu comme mission de le remettre au goût du jour, de refaire une base de données, de le mettre sur Internet. de continuer la régie publicitaire parce que c'est pareil, ça marche grosso modo avec ça.

  • Stéphanie

    Et après, il y a eu une parenthèse aux Etats-Unis, plus ou moins après ?

  • Maud

    Plus ou moins après, j'ai vécu 7 ans aux Etats-Unis, en Californie. Cyril Daujean a eu l'opportunité de rejoindre le bureau de Days of Wonder en Silicon Valley, à Los Altos. Et il m'a proposé d'y aller avec nos enfants, qui avaient 6 ans et 9 ans à l'époque, et de se dire, allez viens, on va faire 2 ans aux Etats-Unis, ça va être une chouette aventure. L'expérience de 2 ans s'est transformée en 7 ans, et ça a été 7 années. assez fabuleuse.

  • Stéphanie

    Et là, tu as touché à d'autres choses, du coup, une partie plus artistique. Tu as travaillé en tant que photographe là-bas.

  • Maud

    Exactement. J'ai eu la chance de réaliser un rêve d'enfant et c'est les Américains qui m'ont donné cette opportunité-là. Ils ont cru en moi et pendant sept ans, j'ai fait de la vidéo, de la photo et avec des projets personnels, des expositions, j'ai rencontré des gens incroyables, des parcours de vie dont je me souviendrai absolument tout le temps.

  • Stéphanie

    C'est un peu ça, j'ai l'impression que toujours aux Etats-Unis, et ça c'est un peu touté Toujours possible. Ils ont cette mentalité-là.

  • Maud

    La grosse différence, c'est qu'en France, on a un peu peur d'essayer parce que par hasard, quand les gens réussissent, souvent, ils sont montrés du doigt. « Ah, mais toi, t'as réussi. Mais t'as forcément volé ton succès ou je ne sais quoi. » Et si tu rates, les gens te disent « On te l'avait bien dit, il ne fallait pas essayer. » Aux États-Unis, la mentalité est différente. Si tu réussis, les gens te disent « Bravo, bien joué. » Et si tu rates, ils te disent « Tu vas avoir appris quelque chose, tu vas rebondir. »

  • Stéphanie

    Oui, la mentalité est plus positive, effectivement.

  • Maud

    Absolument.

  • Stéphanie

    on va de l'avant.

  • Maud

    On n'a pas le choix, en fait, et c'est vrai, la vie, elle est comme ça. J'avoue que ce côté-là de la culture américaine est une chance.

  • Stéphanie

    Oui, je veux bien croire. Et à ce moment-là, ça s'appelle Miss Magic Lantern, j'ai vu ça. Tu t'es lancée à ton compte et tu photographiais beaucoup les gens, notamment.

  • Maud

    Sans vouloir révéler un secret, je crois que c'est ce que j'aime le plus dans la vie, c'est les gens. J'aime les rencontres. Sur mon site internet, il y a énormément de photos, des photos de vie, entre guillemets, un petit peu glanées à droite à gauche. Ce qui me faisait vivre et remplir mon frigo, c'était plutôt le côté corporate et puis les sociétés de la Silicon Valley. Évident que quand je passais des journées avec les familles, à les photographier, à les enregistrer, à faire des vidéos, j'y prenais énormément de plaisir. Parce qu'on se remet à l'essentiel de ce qui est vraiment important.

  • Stéphanie

    Oui, créer les liens et essayer de transparaître par une image des sentiments.

  • Maud

    C'est du lien, du souvenir, du jeu. C'est quand j'allais faire des photos de famille, j'avais effectivement cet outil qui était l'appareil photo, mais ce qu'on allait vivre, je voulais qu'ils se souviennent d'une expérience plus que d'un cliché sorti. Et le cliché sorti n'était que la résultante de ce qu'on avait vécu ensemble.

  • Stéphanie

    Oui, je vais bien croire. Et puis c'est vrai que je pense qu'il faut passer du temps avec des gens. Une séance photo, ce n'est pas juste une heure dans un studio. J'imagine qu'il faut passer du temps pour pouvoir ressortir des choses plus intéressantes.

  • Maud

    Je trouve que c'est très difficile de poser. Je pense que j'ai une grande admiration pour ceux qui en font ce métier-là. C'est très difficile. C'est très difficile d'être naturel. C'est très difficile d'avoir un appareil photo qui vous regarde. essayer d'en faire quelque chose. Mon style en photographie, c'est plutôt du lifestyle, comme on pourrait dire aujourd'hui. Et je parle tout le temps. En fait, je parle tout le temps, tout le temps. Donc, je pense que chaque personne est très belle. On a tous quelque chose de très beau. Pas forcément comme ce qu'il y a dans les magazines, mais on a tous quelque chose qui nous fait rayonner. Et ce que j'aimais chercher, c'était ça.

  • Stéphanie

    C'est toujours en ligne, je crois. On peut voir un peu ton travail.

  • Maud

    J'ai fait surtout trois expos qui ont été plus notables, qui ont été Dancing in the City, qui a été une balade de San Francisco à travers la danse et à travers les âges. Les modèles avaient entre 7 et 77 ans. Je faisais découvrir le San Francisco que j'aime avec les quartiers qui étaient à la fois touristiques mais pas que. On en a fait un bouquin, l'expo a tourné deux ans au consulat. J'ai fait aussi une exposition dans ma ville, donc j'ai habité sept ans à Los Altos. L'expo s'appelait Every Winkle's Tale a Story. Donc, une ride une histoire. J'ai enregistré 35 interviews, photographié 35 personnes sur 35 tranches de vie pour savoir qui étaient les gens qui avaient vu la Silicon Valley sortir de terre. Et là, j'ai glané des informations et des histoires absolument incroyables. Les gens avaient entre 70 et 100 ans. C'était une belle rencontre. Et le dernier gros truc que j'avais fait aux Etats-Unis, c'était le confinement. T'as vécu ça là-bas ? J'ai vécu ça là-bas. J'ai fait 80 portraits, enfin, j'ai fait 80 photos. Le pitch... C'était un jour une photo, je venais devant chez les gens en respectant les distances de sécurité. J'avais fait un deal avec la ville où les gens me montraient en une photo ce qui se passait à l'intérieur. Donc j'avais des musiciens, j'avais des sportifs, j'avais des gens qui étaient en pyjama, j'en avais qui étaient super geeks, il y en avait qui se costumaient, il y en avait qui avaient décidé d'être des stars. Bref, on voit que l'imagination des gens est aussi assez débordante. Ma façon de rester connectée avec le monde, alors qu'on n'avait pas le droit de le faire.

  • Stéphanie

    Et tout ça, on peut le voir, ce travail-là, encore en ligne ou quelque part ?

  • Maud

    Sur missmagiclanterne.com, j'ai aussi un Instagram sur lequel on peut voir mes photos, qui s'appelle Paris by Mode. J'ai changé l'intitulé en revenant à Paris parce que j'ai commencé un projet sur les toits de Paris, où j'ai commencé à photographier les artistes sur les toits pour leur donner la lumière. faire en sorte que les gens qui étaient dans les cabarets puissent aller rejoindre des étoiles et être les étoiles. Mais je me suis rendu compte que 1. Ce n'était pas légal de monter sur les toits de Paris. 2. Les gens avaient souvent le vertige. 3. Les toits n'étaient pas accessibles. Donc c'était un projet qui n'a pas pu vraiment aboutir. J'ai adoré grimper là-haut et voir Paris sous un autre angle. C'était une fausse bonne idée.

  • Stéphanie

    C'est plus facile d'aller dans les catacombes à Paris a priori.

  • Maud

    C'est plus facile d'aller dans les catacombes. En fait, ce que j'aime quand je fais des photos, c'est raconter des histoires. Et là, je n'ai pas de projet photo en cours, aucun.

  • Stéphanie

    Ça pourrait être intéressant d'avoir un projet comme ça dans le milieu du jeu. Je ne sais pas. C'est quelque chose qui te traverse ?

  • Maud

    Je ne sais pas parce qu'il y a déjà des professionnels qui font des photos incroyables. Nous, on travaille franchement chez Laporte Games avec Asmoday et avec des professionnels qui racontent des histoires, enfin qui racontent nos jeux merveilleusement bien. Je ne pense pas que je puisse faire mieux ou différent.

  • Stéphanie

    Oui, mais on est plus sur de la photographie peut-être de l'objet et pas de l'humain qu'il y a derrière, justement. Et ça sera peut-être quelque chose d'intéressant à explorer. Je donne une piste comme ça.

  • Maud

    Peut-être, peut-être. Peut-être qu'un matin, je vais décider, mais je ne sais pas. Les gens sont aussi assez timides. Les gens sont réservés dans ce milieu. Les gens sont pudiques. Ça fait partie des choses que j'apprécie. On ne se dévoile pas si facilement. Et quand on arrive à révéler... Non, je pense que je... C'est une bonne idée, mais ce ne sera pas mon idée.

  • Stéphanie

    Ok. On va quand même parler maintenant de ton retour en France, où là, tu as travaillé pour Funforge. Tu es revenue quand en France ?

  • Maud

    Je suis revenue en juin 2020. J'ai commencé fin juin 2020 avec Funforge. Il se trouve que Philippe Noura, le patron de Funforge, est un ami de 25 ans. Quand il a su que je rentrais en France, il m'a dit « Ah, c'est super, tu viens directement travailler pour moi et tu vas t'occuper de la distribution des jeux en France. » Et je lui ai dit « Mais je ne suis pas commerciale. » Il m'a dit « Ne me pose pas de questions, viens juste travailler. » et j'ai adoré travailler pour eux avec eux c'était une toute petite équipe c'est des gens que je connais très bien. Gardel, Gerson de Chélan, Charlotte, plein de gens. Vraiment, ça a été un pur bonheur. On était huit, il y avait François, Charline, Thomas. Un bonheur pour quatre ans de travail avec eux.

  • Stéphanie

    Une échelle assez humaine aussi pour travailler.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Alors, quelles étaient tes missions à ce moment-là ? Raconte-moi un petit peu le travail que tu as fait chez Funforge.

  • Maud

    Funforge avait une double casquette. Il y avait une casquette d'éditeur et une casquette de distributeur. Et donc, moi, je m'occupais de faire en sorte que toutes les boutiques de France puissent avoir nos jeux dans leur rayonnage, afin que tous les joueurs... puissent jouer à ces merveilleux jeux.

  • Stéphanie

    D'accord. Tu sillonnais pas mal la France, t'allais voir directement les boutiques, c'est ça ?

  • Maud

    Il se trouvait que quand je suis arrivée chez Funforge, je ne connaissais pas les boutiques, parce que je connaissais très bien les éditeurs, je connaissais plutôt bien les auteurs de jeux, j'avais plein d'amis qui travaillaient dans ce milieu-là depuis très longtemps, et les jeux venaient à moi. Donc je ne connaissais pas les boutiques, et la seule boutique que je précontais, c'était Variante à Paris, parce que le vendeur historique de cette boutique, c'est mon cousin.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Donc je ne connaissais pas les boutiques en France et je me suis dit qu'il fallait que je fasse un tour de France des boutiques pour comprendre qui elles étaient. Parce que chaque boutique avait une âme différente, chaque boutique avait un style différent. Et comme on avait un catalogue de jeux varié, je pouvais comprendre un petit peu comment ça fonctionnait. J'ai fait un tour de France, un petit peu le compagnonnage en allant de porte en porte et en liant du lien. Et ça a été des très belles rencontres, vraiment.

  • Stéphanie

    Combien de boutiques comme ça tu as pu sillonner dans ton réseau ?

  • Maud

    Quand on aime, on ne compte pas. Mais j'ai déjà vu quelqu'un dans les Vosges me dire « Ah, mais Maud, j'adorerais que tu viennes. » Je fais « Ok, je viens. » Et en fait, à partir d'un point d'étoile, après tu rayonnes sur toute cette région-là et on y va.

  • Stéphanie

    Ok, donc du coup, là tu venais avec les jeux. Là, l'objectif, c'était de les présenter, de savoir aussi donner les atouts pour que, j'imagine, les ludiquaires puissent parler correctement du jeu ou quels sont les avantages, c'est ça ?

  • Maud

    Absolument, et je les faisais jouer. C'était hyper important pour moi qu'on fasse une partie complète. pour qu'ils puissent comprendre l'intérêt, pour qu'ils puissent vivre et ressentir ce qui se passe autour d'une table. Je pense sincèrement que notre métier, à quel niveau qu'on soit, c'est les joueurs l'essentiel. Le plaisir et le succès, c'est quand on voit des gens jouer à nos jeux, les jeux qu'on a fabriqués, édités, peu importe le maillon qu'on soit dans la chaîne, c'est ça la victoire. La victoire, c'est à ce moment-là.

  • Stéphanie

    J'imagine que la problématique aussi quand on y est... éditeurs essaient effectivement de trouver la bonne place parmi la pléthore de jeux qu'il y a, donc j'imagine qu'en magasin c'était important aussi, ils sont inondés en fait les ludicards donc j'imagine que c'est pas simple non plus pour s'y retrouver pour eux.

  • Maud

    Clairement c'est un avantage que j'avais, moi j'avais décidé que j'allais voir tout le monde et régulièrement et plusieurs fois par an, donc j'étais souvent effectivement sur les routes et les gens disaient ah ouais mais ça fait quand même une différence, on sait que tu vas venir nous présenter tes nouveautés alors ça va nous plaire, ça va pas nous plaire mais forcément quand il faut passer commande C'est plus facile quand on a eu une personne avec qui on a créé du lien et on a échangé plusieurs fois.

  • Stéphanie

    Bien sûr. Malheureusement, il y a eu l'annonce, il n'y a pas très longtemps, de la fin de Funforge. Tu étais déjà partie, mais j'imagine que ça doit être assez difficile pour l'équipe de l'époque. Toi, quel est ton ressenti par rapport à ça ?

  • Maud

    D'abord, c'est des gens merveilleux. Funforge, c'est une histoire de 17 ans. Un grand bravo à Philippe Noura, à son équipe, à Claude, encore une fois, à la gersante. Je ne peux pas tous les nommer, mais vraiment. encore une fois un immense bravo à eux. Ils ont réalisé beaucoup de travail. C'est des échecs, des succès. Oui,

  • Stéphanie

    il y a quand même eu des jeux aujourd'hui qui sont encore... Je veux dire,

  • Maud

    Tokaido, Monumental. Bravo. Voilà, bravo, merci. Vous êtes mes amis, je vous adore. Je sais que vous allez rebondir, j'ai aucun doute là-dessus. C'est juste une tranche de vie, on apprend. Il y a eu des erreurs, il y a eu des succès. C'est comme ça, ça va rebondir, c'est sûr. Je ne peux pas croire ça. Moi, je suis partie de Chef & Forge il y a un peu plus d'un an. En avril 2024, la distribution des jeux avait été redonnée à Asmoday. Donc, mon travail avait été redonné à Asmoday. Donc, ils se sont dit, on va récupérer Maud et on va lui trouver une place. Voilà comment je suis arrivée chez Asmoday.

  • Stéphanie

    Alors justement, aujourd'hui, la transition est toute faite. Quel est ton travail chez Asmoday ? C'est quoi tes missions ?

  • Maud

    Donc moi, je suis Head of Marketing pour Lapport Games. Lapport Games est un studio dans Asmoday. Et Lapport Games, c'est cinq labels. Next move. Repos Productions, Libélude, Space Cowboys et Days of Wonder. J'ai une équipe de 13 personnes qui va s'occuper à la fois du marketing, de la communication, de l'événementiel et tout ce qui est graphique autour de ces 5 labels-là.

  • Stéphanie

    Donc du coup, vous avez tout le catalogue de ces 5 studios. Toi, tes missions ? Forcément de gérer toute cette équipe, mais plus précisément, c'est quoi ton quotidien en fait ?

  • Maud

    si on peut avoir un quotidien le quotidien c'est ça qui est chouette c'est que c'est pas le jour de la marmotte c'est que ça change quand même effectivement tous les jours mon enjeu est de faire circuler l'information du bon côté de la direction vers les équipes des équipes vers la direction de vérifier que tout est fluide il faut savoir qu'il y a deux choses importantes il y a les gammes et les nouveautés on a des jeux emblématiques qui sont extraordinaires chez Lab4Games on a Azul Unlock Seven Wonders Les aventuriers du rail, Pléthore, Dixit, etc. Et il y a des nouveautés. Donc l'enjeu n'est pas exactement le même dans sortir une nouveauté ou continuer à faire vivre des gammes. On établit des stratégies ensemble, avec les équipes. Donc moi j'ai cinq personnes qui réfèrent directement à moi, sachant que d'autres ont des équipes. Je pense notamment à l'équipe de Hélène, qui gère toute la communication. Hélène Delforge, du coup. Oui, sans elle, vraiment, Hélène, si tu m'écoutes, merci d'être là. On définit des stratégies de communication, on met en place des réseaux. C'est elle qui va me proposer des choses et moi, je vais pouvoir les valider. Ce sont mes équipes et c'est ma plus grande satisfaction dans le travail, c'est de se dire que les équipes qui travaillent avec moi sont fières de faire ce qu'ils font, sont fières des réalisations qu'ils font et qu'ils ont tous les outils pour bien travailler. Moi, je veux vraiment que le matin, quand on vient au boulot, qu'on soit en télétravail ou sur site, qu'on y prenne un maximum de plaisir. L'enjeu, c'est vraiment de trouver... trouver des nouvelles astuces, de créer peut-être différents biais de communication ou de marketing ou d'action marketing spécifique.

  • Stéphanie

    En quoi consiste un plan d'action marketing ? Parce que pour plein de gens, ça ne veut pas dire grand-chose en fait. On dit oui, marketing, c'est communiquer pour vendre, en résumé. Mais en quoi consiste un plan d'action ? Sur une nouveauté par exemple ?

  • Maud

    Sur une nouveauté, c'est assez facile. Comment est-ce que tu vas faire en sorte que ton jeu soit connu ? Tu as plusieurs canaux. Tu as tout ce qui est les événementiels. Donc, il faut être sur tous les festivals. Il faut vérifier toute cette partie-là. Il faut être sur tous les réseaux sociaux. Il faut que les influenceurs aient eu tes jeux en main. Il faut que tu aies pu éventuellement faire un petit peu de publicité diversifiée, que ce soit sur les réseaux sociaux, sur des moteurs de recherche. Il y a quand même tout un canal différent. Ça peut être également en boutique avec des opérations de boutique, des opérations plus liées au commercial, mais que nous, on va mettre en place. avec de l'affichage, avec des goodies spécifiques. Là, je pense à Seven Wonders Dice, où le marketing manager fait un super boulot, où il a fait un display de Seven Wonders Dice avec tout ce qu'il y a à l'intérieur. Et donc, les boutiques vont pouvoir s'en servir pour les mettre dans leur vitrine ou sur leur comptoir, avec exactement ce qu'ils vont avoir dans le jeu, etc. Donc, c'est un attrait supplémentaire.

  • Stéphanie

    On va voir comment se rendre visible dans une boutique.

  • Maud

    Exactement. Mais c'est aussi sur Amazon. Est-ce que tu vas faire quelque chose sur Amazon ? Comment est-ce que tu vas construire tes pages ? Est-ce que nous, au sein du studio, il faut qu'on puisse donner et avoir tous les assets graphiques prêts pour tout le monde ? Donc encore une fois, chez Laporte Games, on est un studio de chez Asmoday avec cinq labels différents. Notre job, c'est de faire en sorte que toutes les unités de distribution en France, mais dans le reste du monde, puissent faire la bonne promotion des jeux. Et c'est le job du distributeur de bien faire les choses. nous, au niveau du studio. on l'accompagne, on l'aide. Et il y a des fois où l'Italie va m'appeler en me disant « Moj, j'ai une super idée, est-ce que tu peux nous aider financièrement à concrétiser cette opération-là ? » Et si j'ai encore un peu de budget, et si l'opération me semble intéressante, ça va être avec grand plaisir qu'on fait ça. C'est hyper important de travailler avec les distributeurs du monde entier pour savoir, eux, quelles sont les actions de marketing qu'ils ont faites, quelles sont les actions de communication qu'ils ont faites, quels sont les festivals sur lesquels ils sont allés. Et nous, on regroupe toutes ces informations-là aussi.

  • Stéphanie

    Et donc, tu disais que tu avais une partie forcément événementielle. Donc, ça va être là la présence, comme tu disais, sur les salons. Donc, ça va être quoi ? Ça va être travailler justement la visibilité, le décorum de l'espace pro, les goodies. Comment vous travaillez ça ?

  • Maud

    Alors, ça dépend. Ça dépend des salons. Nous, l'équipe événementielle, elle est composée de trois personnes. Il y en a deux qui sont basées à Bruxelles, Thibaut et Clifford. Et il y en a un qui est basé au Canada, qui s'appelle Stéphane. on va s'occuper il y a les événements majeurs et les petits événements. On ne va pas traiter l'événementiel de la même façon. Il y a certains salons qui sont pris en charge par le groupe ou qui sont pris en charge par les unités de distribution, donc je pense à la GenCon ou à Essen. Et il y a les salons où nous avons, nous, en termes de studio, on a une possibilité plus grande. Le festival le plus emblématique là-dessus, c'est le festival de Cannes. où on va construire et on va pouvoir avoir une imagination débordante sur à quoi vont ressembler l'espace, l'App for Games, donc pour nos cinq labels, pour qu'on puisse faire en sorte que les joueurs s'amusent le plus possible et restent un maximum de temps sur l'espace. On va avoir des animations mobiles, on va avoir effectivement des goodies à gagner,

  • Stéphanie

    on va avoir des versions XL de jeux.

  • Maud

    exactement tout ce genre de possibilités des versions Excel ou des décors je pense à Forerunner à Cannes où effectivement il y avait la salle du trône carrément on essaye en fait de prendre un des 5 labels et de mettre un jeu en exergue un peu où la décoration sera un petit peu plus travaillée que sur les autres et on essaye de changer l'année prochaine ce sera sur Day One d'accord donc un jeu Space Cowboy chaque studio a quand même son identité forte

  • Stéphanie

    avec des jeux forts, donc ça j'imagine qu'il faut aussi le garder, c'est-à-dire que même si tu fais la com et le marketing de ces 5 studios, il faut que chacun garde son identité en ayant un peu la force de frappe de l'ensemble, j'imagine.

  • Maud

    C'est complètement vrai, ça c'est vraiment le travail de Hélène. On ne parle pas des jeux Days of Wonder comme on parle des jeux Nextmove ou des jeux Repos. Chaque personne a sa ligne éditoriale forte. On essaye vraiment de garder une cohérence là-dessus pour qu'un jeu Days soit toujours « Ah bah ouais, c'est un jeu Days, donc évidemment, il y a un réel gage de qualité. »

  • Stéphanie

    Et ils ont quand même chacun leur équipe de com dans les studios ou pas forcément ?

  • Maud

    Non.

  • Stéphanie

    Non ? D'accord, ils travaillent avec tout le monde en commun ?

  • Maud

    Les gens sont dispatchés Il faut bien se rendre compte que Nextmove, le label qui est dit Azul notamment, est à Montréal Repoproduction, ils sont en Belgique, à Bruxelles et à Paris, on a Days of Wonder et Space Cowboys et à Poitiers on a Libélude. Donc on est sur 4 sites différents pour 5 labels et on n'est pas forcément aux mêmes horaires, mais on s'en sort très bien.

  • Stéphanie

    Ça ne doit pas être facile, parce que tu disais 17 personnes dans ton équipe. 13 personnes. 13 personnes dans ton équipe. Vous êtes tous un peu dispatchés ? Oui. Comment ça se passe ? Vous arrivez à vous réunir quand même parfois tous ensemble ? Exactement.

  • Maud

    Non, c'est possible. J'essaie de réunir tout le monde un peu régulièrement. Et surtout, une fois par mois, on refait le point sur ce qui s'est passé, sur les différentes actions. Chacun peut prendre la parole. Ça tourne. C'est hyper important de faire une cohésion d'équipe. Moi, j'ai beaucoup de chance de travailler avec ces humains-là. J'espère qu'ils sont contents et ils auront envie encore de travailler longtemps avec nous.

  • Stéphanie

    Et quelles sont tes contraintes et tes libertés, par rapport à ton métier, mais par rapport aussi à l'ensemble de la partie marketing ?

  • Maud

    On nous demande des résultats, on nous demande des KPI. C'est des gros mots, mais c'est vrai que quand on investit de l'argent, on a besoin de savoir quelles sont les retombées. Est-ce qu'on peut évaluer l'impact ? Il y a différents moyens de mesurer un impact. C'est parfois difficile et c'est important. parce qu'on ne va pas jeter de l'argent par les fenêtres et on veut savoir si les opérations fonctionnent. Donc si elles fonctionnent, on va les renouveler. Si elles ne fonctionnent pas, on pourrait peut-être penser à autre chose.

  • Stéphanie

    Tes contraintes, elles vont être liées effectivement aux retombées. C'est ce que tu dis. Mais sur la liberté justement de créer, de trouver des nouveaux, ça c'est assez libre globalement ?

  • Maud

    Extrêmement libre. Ils nous font confiance. Je veux dire, Asmodé soutient la façon dont on veut communiquer à travers les jeux. A chaque fois, on fait vraiment du brainstorming entre l'événementiel, la communication et le graphique. On essaye vraiment d'être impliqué dès même la création des jeux. Donc on va aller voir les chefs de projet pour le suivi d'un jeu, pour tout ce qui est nouvelles IP. On peut aller voir la personne qui s'occupe de la gamme pour aller en discuter avec lui. L'intérêt, c'est de travailler tous ensemble. On est un studio dans la Power Games où on a à peu près 80 personnes qui utilisent tous les métiers différents. On a une grande liberté et vraiment merci pour ça.

  • Stéphanie

    Vous arrivez en amont quand même sur les projets. Par exemple, je ne sais pas, je prends Take Time qui sort chez Libelud. Ça fait combien de temps, par exemple, que vous travaillez sur ce projet-là ?

  • Maud

    Il faut deux ans à peu près.

  • Stéphanie

    Il me disait qu'il l'avait sourcé à Cannes 2024.

  • Maud

    Tout à fait.

  • Stéphanie

    Et donc, ça arrive assez vite finalement. Mais là, les équipes de com et marketing, vous avez commencé à travailler quand dessus ?

  • Maud

    En fait, on a commencé à le montrer à Cannes l'année dernière. On avait une version XL. Depuis, Take Time a fait le Tour de France, Tour des Festivals, il est en balade avec une équipe qui s'appelle Jeux en Route, qui montre des prototypes et il est en balade avec des WAN chez nous. On a fait une boutique éphémère pendant la période du Flip à Partenay, où pendant 12 jours, il y avait un lieu où on avait complètement thématisé pour Tech Time, avec deux salles différentes, le jour et la nuit. On essaye vraiment de faire en sorte que les joueurs puissent avoir joué et touché le produit et le jeu. hum Enfin, je ne devrais pas dire un produit, c'est n'importe quoi. C'est vraiment une expérience culturelle. Honte à moi de dire ce genre de choses.

  • Stéphanie

    Mais oui, c'est ça, c'est créer une expérience de jeu aussi.

  • Maud

    Oui, c'est hyper important. Aujourd'hui, comme tu l'as dit, il y a énormément de jeux. Qu'est-ce qui fait qu'on va s'arrêter sur un jeu ? Les mécaniques de jeu aujourd'hui sont très bien. Les jeux sont bien édités. C'est beau. La plupart des jeux, c'est ça. Donc, qu'est-ce qui va faire la différence ? Est-ce que tu vas ressentir autour de la table ? À ce moment-là, il va se passer une alchimie ? Est-ce qu'il va se passer quelque chose de particulier ? Est-ce que tu auras envie de rejouer ?

  • Stéphanie

    Je ne sais pas si tu peux répondre à cette question-là, mais quel budget vous avez pour le lancement d'un jeu ? C'est peut-être variable d'un jeu à l'autre, je ne sais pas, par rapport à ce que c'est une gamme, est-ce que c'est une nouveauté ?

  • Maud

    Effectivement, je ne peux pas parler de ça, mais sur les nouveautés, il n'y a pas énormément de budget. Il y a du budget, mais pas énormément. Il faut avoir des bonnes idées. Et c'est important parce qu'il y a un « manuel » pour lancer un jeu et pour pouvoir faire toutes les tâches, pour pouvoir faire en sorte que l'intégralité des gens l'ait vue, en ait entendu parler, etc. Mais il faut être assez créatif. Les gammes, il faut être créatif, mais il faut consolider quelque chose qui existe pour que ça continue à exister encore dans 10-20 ans.

  • Stéphanie

    Et alors, ce qui est important aussi, je ne sais pas si tu me dirais ça, mais les joueurs en général, ceux qui jouent, repèrent facilement les jeux, les nouveautés, etc. Est-ce qu'il y a une volonté aussi d'aller chercher un nouveau public, vraiment complètement novice, sur des gammes de jeux encore aujourd'hui ?

  • Maud

    Évidemment.

  • Stéphanie

    Et dans ce cas-là, la communication, j'imagine, est différente.

  • Maud

    Eh oui, par exemple, j'aimerais faire en sorte que dans toutes les universités, il y ait nos jeux, nos piliers. Faire en sorte qu'un maximum de gens, le premier jeu auquel ils jouent, ce soit un de nos jeux, évidemment.

  • Stéphanie

    Alors comment on s'y prend pour ça ? Ça va être par exemple parler sur des festivals qui ne sont pas des festivals de jeux, par exemple, ce genre de choses ? Travailler avec, je ne sais pas, des influenceurs qui ne seraient pas dans le domaine du jeu ? Comment vous travaillez cette partie-là ?

  • Maud

    Tout ça, mais je ne peux pas tout te révéler parce que ça fait partie des secrets qu'on met. Tu sais, c'est la recette magique qu'on utilise, qui est différente à chaque fois. Mais pour aller chercher des nouveaux joueurs, il faut aller comprendre qui ils sont d'abord. Il faut se dire, mais qui sont les joueurs ? Quel est le profil de la personne qui va pouvoir aimer ce genre de jeu-là ? Donc, il y a des petites composantes avant de faire un plan marketing, un plan de com' pour pouvoir agrandir le cercle.

  • Stéphanie

    D'accord. Qu'est-ce qui a changé pour toi un peu ? Est-ce que tu connais le milieu ludique depuis... quand même de nombreuses années. C'est quoi ton regard un peu sur l'évolution du monde ludique aujourd'hui et quelles sont peut-être ses forces et ses difficultés ?

  • Maud

    Il y a beaucoup plus de monde, il y a beaucoup plus d'acteurs, il y a beaucoup plus de jeux, il y a beaucoup plus d'enjeux. Aujourd'hui, Asmoday, nous, on est une société qui est cotée, on est une société qui est magnifique. Je me souviens, j'ai rencontré toute l'équipe de Asmo il y a fort, fort longtemps, quand on était vraiment très peu dans le marché français. À être là, on s'est professionnalisé, il y a plus de structures, il y a plus de process. On pourrait presque le comparer au milieu de la bande dessinée, il y a 20 ans. C'est difficile pour les structures petites, c'est plus simple pour les gros, mais ça reste difficile, les enjeux sont réels partout.

  • Stéphanie

    Oui, puis il y a eu un espèce de boom, effectivement, qui a été presque bénéfique avec le Covid, pour le jeu en tout cas. Et en fait, il y a eu cette redescente un petit peu derrière qui n'a pas forcément été facile non plus à comprendre. Enfin, le marché a évolué très vite. En fait,

  • Maud

    ce n'est pas vraiment une redescente. On a eu beaucoup plus de gens. Le Covid a été effectivement un accélérateur pour toucher plus de joueurs. Mais quand on regarde les chiffres après Covid, après cette vague fulgurante, on a quand même gagné des joueurs par rapport à avant Covid.

  • Stéphanie

    Oui, c'est sûr. Il y a du coup forcément plus de joueurs qu'avant. Alors, tu parlais tout à l'heure que tu sillonnes les festivals, les conventions. Tu as été à la Gen Con récemment. Cannes, Essen forcément, d'autres festivals. J'ai vu Louisville aussi, Gamma. En quoi c'est important d'être dans ces gros événements ?

  • Maud

    En fait, ça permet de comprendre les marchés locaux. Quand je vais aux Etats-Unis, en Allemagne ou ailleurs, quand on va en Retailers Day, dans les succursales différentes de distribution, ça nous permet de comprendre qui sont les différents acteurs. Ça permet de comprendre avec qui on va travailler et ça permet de créer du lien. Je ne pense pas qu'il y ait de meilleurs moyens de créer du lien que d'être en face de quelqu'un.

  • Stéphanie

    Le marché est peut-être différent aussi d'un pays à l'autre, ce n'est pas les mêmes attentes peut-être du public aussi ?

  • Maud

    Les marchés sont différents, les joueurs sont différents, on ne montre pas forcément la même chose, mais nous, chez Asmoday, on a quand même une identité de marque, on a quand même une façon de se repérer pour que les gens se disent « Ah ouais, mais Asmoday, c'est une super qualité, on sait qu'on va aller découvrir vraiment des expériences ludiques positives. »

  • Stéphanie

    Est-ce qu'il y a des festivals que tu préfères et pourquoi ?

  • Maud

    C'est tricher ces questions-là. J'ai envie de dire que j'ai adoré le flip de Partenais parce que j'ai aussi été membre du jury pendant plusieurs années.

  • Stéphanie

    Alors j'ai vu ça, ouais ouais, effectivement, t'as fait partie du jury des Protos, c'est ça ? Ouais,

  • Maud

    donc j'ai un rapport privilégié à ce jeu-là, à ce festival-là, mais je prends toujours beaucoup de plaisir à aller à Essen ou à Cannes. C'est deux moments, deux rendez-vous de l'année où je vois des professionnels que je ne vois que là-bas. Donc ça permet de continuer à tisser du lien. Là, je suis allée à la Gen Con, mais la dernière fois que j'avais été à la Gen Con, c'était en 2001. Donc, autant me dire que les choses ont beaucoup changé.

  • Stéphanie

    D'accord. Ah oui, tu n'as été pas revenue entre-temps.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    D'accord. Je mène que c'est gigantesque dans la Gen Con.

  • Maud

    C'est très grand. Ça joue partout. Dans la Gen Con, on est dans un hôtel où les gens jouent même par terre sur la moquette. Les gens jouent partout. Ça n'a absolument rien à voir avec nos festivals européens.

  • Stéphanie

    J'avais même vu que c'était dans le stade de foot américain.

  • Maud

    Ouais. Ah non, mais en fait, il y a... Plusieurs endroits, vraiment beaucoup d'endroits où les gens vont jouer, vont créer des lieux, vont créer. Catan a fait une escape dans une salle spéciale. Il y en a partout. Il y avait un tournoi des aventuriers du rail organisé par la Train Gamer Association. Il y en a absolument partout. C'est le festival du jeu aux Etats-Unis dans lequel il faut vraiment aller. C'est très différent les festivals aux Etats-Unis, vraiment différent. Il y a des ludothèques partout, les gens sont plutôt... Enfermés dans des salles, plus que ce soit ouvert sur la ville comme on pourrait avoir en France.

  • Stéphanie

    Oui, puis c'est forcément une autre échelle. J'imagine que les Américains ne font jamais rien de petit non plus.

  • Maud

    Ce n'est pas faux.

  • Stéphanie

    Il y a des plus petits festivals peut-être en France que tu as eu l'occasion de faire quand tu sillonnais beaucoup la France, qui méritent le détour.

  • Maud

    Bien sûr, l'alchimie du jeu, Orléans joue, Ludinor. C'est chouette ce qu'ils font, c'est des passionnés. Les gens ont forcément un métier à côté, ils adorent le jeu de société, ils veulent en parler au maximum. C'est des gens qui sont souvent bénévoles, ils ne comptent pas leurs heures. C'est toujours un plaisir de les accompagner, de les aider dans nos possibilités.

  • Stéphanie

    Alors tu l'as évoqué rapidement tout à l'heure, tu as fait partie du jeu et du flip. Qu'est-ce que tu en gardes comme souvenir de cette expérience ?

  • Maud

    Il fallait lire 180 règles de jeu. de prototypes. Ça, c'est une expérience unique, difficile, et il faut, l'enjeu est d'essayer de repérer une pépite. Ce qui est assez extraordinaire, c'est de se réunir avec les membres du jury pendant quelques jours avant le flip, avant Partenay, avant de découvrir et de pouvoir jouer à la sélection qu'on a sélectionnée. Donc on sélectionne 16 jeux, et on joue à ces 16 jeux, et on joue vraiment, et on fait des retours aux auteurs. C'est un très beau moment. C'est un très bon moment.

  • Stéphanie

    Oui, parce que c'est aussi des retours constructifs, j'imagine, pour les auteurs. Il y a un vrai retour, c'est ça, avec le jury.

  • Maud

    Le jury est composé à la fois d'auteurs, d'illustrateurs, d'éditeurs. C'est vraiment un jury varié, des professionnels, des influenceurs, etc. Et oui, c'est un moment privilégié. Les auteurs sont là et on essaye vraiment de donner un retour constructif à chaque personne pour peut-être améliorer son jeu. Il y a des jeux qui ont été édités après. Les enjeux sont différents.

  • Stéphanie

    Tu saurais me citer des jeux qui sont passés par le flip, justement ? Par le flip ?

  • Maud

    Oui, il y en a. Et non, je n'ai pas les noms là. Donc, je vous invite à aller... On ira voir. Ouais.

  • Stéphanie

    Ok, ça marche. Est-ce que toi, aujourd'hui, tu aimes ton métier ?

  • Maud

    J'adore mon métier. J'ai une chance incroyable. J'ai exactement la vie dont j'avais rêvé.

  • Stéphanie

    Qu'est-ce qui te plaît, en fait, aujourd'hui, dans ta vie, dans ta profession, dans le milieu ?

  • Maud

    Tout. J'ai une chance assez incroyable de connaître les gens depuis fort longtemps. Je travaille avec des équipes... Passionné, professionnel, challengeant, c'est pas si facile, c'est essayer de relever des défis, de comprendre comment est-ce qu'on va adresser un jeu au plus de nombre, comment est-ce qu'on va faire en sorte pour qu'il y ait un maximum de personnes qui aiment nos jeux, jouent à nos jeux, parlent de nos jeux.

  • Stéphanie

    On sent de toute façon qu'il y a aussi, je pense que pour parler le mieux des jeux, c'est d'être passionné et ça se sent, tu as l'air d'être quelqu'un de très passionné.

  • Maud

    J'aime jouer, oui.

  • Stéphanie

    Tu as justement des Madeleines de Proust un peu dans les jeux.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Ce serait lequel ?

  • Maud

    Sans aucune hésitation, Citadel de Bruno Fiduti. Je me souviens très bien, on jouait chez lui le vendredi soir et le samedi soir. La soirée du vendredi soir, Cyril avait été jouer chez Bruno, m'avait réveillé dans la nuit en me disant, Maud, j'ai joué un jeu, il est dingue. Bruno, il a fait un jeu, il est réglé, il faut absolument que tu ailles jouer demain. Donc le lendemain, j'avais été jouer à Citadel, qui était parfaitement réglé. Le dimanche, Cyril était retourné. au bureau pour monter le premier prototype de Citadel. Il a fini Citadel en moins d'une semaine. Ça a été publié par Multisim au départ. Ce jeu, c'est une réelle pupite. C'est une histoire incroyable. J'aurais envie de te dire que j'ai aussi eu la chance de jouer à un prototype qui s'appelait Ticket to Ride. Il venait tout droit de l'Amérique. Un jour où Eric Haute-Mont et Pierre Gobile sont venus dîner à la maison en disant « Ah, les deux gens, j'ai un super jeu, on y joue ! » C'était les aventuriers du rail.

  • Stéphanie

    Ah, quelle histoire !

  • Maud

    En voilà un autre qui a beaucoup compté dans ma vie.

  • Stéphanie

    Je veux bien croire.

  • Maud

    Il faut commencer par les aventuriers du rail.

  • Stéphanie

    On parlait des nouveautés tout à l'heure, mais comment on continue à parler justement des jeux qui sont des longs-sailers, comme ça, qui sont devenus finalement des références, des jeux références, avec Ticket to Ride, par exemple. Comment on travaille là-dessus ?

  • Maud

    Cette année, on a fêté les 20 ans de Ticket to Ride. Donc, on a fait la finale du championnat des 20 ans de Ticket to Ride à Paris, où il y avait... 8 personnes qui étaient venues du monde entier pour faire la compétition, la dernière compétition. On avait fait ça dans un wagon de l'Orient Express, ça avait été un bel événement.

  • Stéphanie

    Costumé aussi, j'ai vu ça.

  • Maud

    On avait fait de l'immersion pour que les gens puissent vraiment vivre quelque chose d'authentique. Julien Delval, l'illustrateur historique, était venu pour dédicacer des boîtes. Mais aujourd'hui, Ticket to Ride a 20 ans. Et aujourd'hui, le monde change, donc Ticket to Ride s'est fait une beauté. On a fait une V2 de la version USA et c'est un plaisir de la voir maintenant relookée au goût du jour pour que justement on puisse faire en sorte que les nouveaux joueurs puissent découvrir le jeu à travers une identité graphique qui correspond beaucoup plus au standard du marché présent.

  • Stéphanie

    Et ça se renouvelle aussi toujours puisqu'il y a quand même eu le Legacy qui a fait une belle percée les années dernières.

  • Maud

    Legacy, il y a les Cities, il y a une gamme de beaucoup de jeux je pense qu'on peut trouver dans Ticket to Ride. Le jeu qui va forcément nous faire découvrir plus le jeu de société.

  • Stéphanie

    Si tu étais un mode de jeu, lequel serais-tu ? Tu serais du coop, du compétitif, du semi-coop, du chelou ?

  • Maud

    Je serais du bluff.

  • Stéphanie

    Du bluff ? Ah ouais.

  • Maud

    Sans aucune hésitation.

  • Stéphanie

    Ah ouais, pourquoi ?

  • Maud

    J'adore ça.

  • Stéphanie

    Ouais.

  • Maud

    Je m'amuse avec beaucoup de types de jeux, mais j'avoue, j'adore les jeux de bluff.

  • Stéphanie

    Quel jeu, par exemple, tu pourrais nous dire qu'il faut y jouer ?

  • Maud

    Cette année, Agent Avenue, j'ai adoré. Gros couture là-dessus. Perrudo, c'est ma petite Madeleine de Proust ludique. Voilà, j'adore les jeux de bluff.

  • Stéphanie

    Ok. Si tu étais un auteur de jeu, lequel serais-tu ?

  • Maud

    Hyper dur, trop dur.

  • Stéphanie

    Trop dur.

  • Maud

    Non, trop dur. J'en aime vraiment plein, très fort.

  • Stéphanie

    Ah, il suffit. C'est pas pour se fâcher. Ah si,

  • Maud

    si, je sais. Je serais Serge Lager.

  • Stéphanie

    Ah, ok. Serge Lager. Et pourquoi alors ? Parce que

  • Maud

    Serge, je le retrouvais tous les ans à Étourvie, le petit réunion que fait Bruno Faidutti. Je le connaissais depuis le siècle dernier. J'ai eu cette chance-là. C'est quelqu'un qui était lumineux. qui était rayonnant, qui a fait des jeux incroyables. Donc je serais Serge Lajet.

  • Stéphanie

    Ok. Et si tu étais une thématique de jeu, laquelle serais-tu ?

  • Maud

    Je ne sais pas, ça c'est une question difficile. L'alchimie.

  • Stéphanie

    L'alchimie. Alors qu'est-ce que tu entends par là ?

  • Maud

    Tout ce qui est en haut est en bas. L'alchimie, c'est un sujet sans fin. Je trouve qu'on peut... Ça permet de mettre des ingrédients pour faire quelque chose de plus grand.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Ah,

  • Stéphanie

    c'est joli. Ok. Et si tu avais donc quelqu'un d'autre ? à me proposer pour une prochaine interview une personne dans le milieu ludique que tu aimerais entendre à mon micro tu pourrais me proposer qui ?

  • Maud

    je te proposerais bien d'interviewer Hélène Delforge qui a une vie incroyable,

  • Stéphanie

    qui fait partie de mon équipe elle aussi elle a plein de vie c'est quelqu'un de bien en tout cas merci Maud d'avoir passé ce moment avec moi et je te propose qu'on conclue le podcast par la phrase habituelle alors Maud, aux jeux édités par Lab4Games tu joues ou quoi ? Je vous remercie pour votre écoute attentive et régulière. Si vous avez apprécié cet épisode et souhaitez me soutenir, n'hésitez pas à parler du podcast autour de vous et à me laisser des commentaires sur Instagram, Facebook ou la chaîne YouTube. La prochaine interview sera consacrée à Bertrand Arpino, le fondateur et gérant de Bankiiz Éditions. Je vous dis rendez-vous dans deux semaines. En attendant, amusez-vous bien !

Chapters

  • Débuts de joueuse

    01:02

  • Parcours pro

    05:58

  • Miss Magic Lantern

    09:16

  • Chez Funforge

    15:43

  • Chez Asmodée

    20:07

  • Plan d'action Marketing

    22:16

  • L'évènementiel

    24:31

  • 5 studios 5 identités

    26:12

  • Contraintes et libertés

    27:44

  • Evolution du monde ludique

    32:12

  • Les Festivals

    33:26

  • Jurée du FLIP

    36:35

  • Aimes-tu ton métier ?

    37:53

  • Des madeleines de Proust

    38:36

  • Portrait chinois ludique

    41:10

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Description

Depuis juin 2024, Maud Daujean est responsable du marketing chez Lab4Games, qui regroupe les 5 studios francophones d’Asmodée (Days of Wonder, Space Cowboys, Libellud, Next Move et Repos Production).

Avant, elle occupait le poste de commerciale chez l’éditeur Funforge. Son parcours personnel l’a emmené plusieurs années aux Etat-Unis où Maud a exercé le métier de photographe.


Interview enregistrée au Sommet des Jeux à Valmeinier, en août 2025.


[PODCAST TU JOUES OU QUOI - SAISON 3 - EPISODE 22]


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Transcription

  • Stéphanie

    Bonjour, c'est Stéphanie, bienvenue sur le podcast Tu Joues ou Quoi, dédié à l'univers du jeu de société. Suivez-moi, je vous emmène dans les coulisses, à la rencontre des acteurs de ce monde très créatif. Cette semaine, je suis accompagnée de Maud Daujean. Depuis juin 2024, elle est responsable du marketing chez Lab4Games, qui regroupe les 5 studios francophones d'Asmodée. Avant, elle occupait le poste de commerciale chez l'éditeur Funforge. Son parcours personnel l'a emmené plusieurs années aux Etats-Unis, où Maud a exercé le métier de photographe. Nous nous sommes rencontrés cet été au Sommet des Jeux à Valménier. Eh bien Maud, merci de me rencontrer au Sommet des Jeux à Valménier. On se voit au sommet, à 1900 mètres précisément. Bienvenue sur le podcast.

  • Maud

    Avec plaisir, merci de m'avoir invitée.

  • Stéphanie

    Eh bien ça fait plaisir de te rencontrer. Pour de vrai. Et puis de retracer un peu ton parcours. Et puis qu'on discute de ton métier dans le monde ludique. Quels sont toi tes débuts de joueuse ? Avant même qu'on parle de travail.

  • Maud

    Moi j'ai appris à compter en jouant aux flippers. J'avais des grands frères qui ne me laissaient jamais gagner. Et ma mère m'a dit pour gagner aux flippers il faut que tu apprennes à compter. Donc j'ai appris à compter très vite. Parce que j'adore le flipper. C'est mon premier jeu.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Les vrais flippers.

  • Stéphanie

    Et t'as des flippers préférés ?

  • Maud

    J'avoue avoir trois flippers à la maison. Mon préféré, c'est le théâtre de magie.

  • Stéphanie

    Et après le jeu de société, ça a fait partie de la vie de famille chez toi ? Oui,

  • Maud

    ça a fait partie de notre vie de famille, mais j'ai commencé par le jeu vidéo avec ma maman. On jouait au jeu vidéo le mercredi après-midi. Elle jouait au jeu vidéo avec nous tous les mercredis sur la console et on s'amusait pendant quelques heures.

  • Stéphanie

    Ok, super. Donc ça a commencé par quoi comme console ?

  • Maud

    Les Sega, avec les Sonic et autres jeux à plateforme comme ça.

  • Stéphanie

    Ok. Le jeu vidéo n'est pas forcément un jeu de plateau à l'époque.

  • Maud

    J'ai quand même joué à tous les La Bonne Paye, Docteur Maboul, Monopoly et autres.

  • Stéphanie

    Bien sûr.

  • Maud

    Et je me suis fait offrir un civilisation à 15 ans, parce que je me suis dit que je voulais absolument découvrir ce monde-là. Et je n'ai pas trouvé de copain pour jouer avec moi alors que j'avais lu toutes les règles. J'étais très triste.

  • Stéphanie

    Première frustration.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Tu as eu aussi, je crois, du jeu de rôle assez rapidement aussi. C'est quelque chose qui t'a intéressée ?

  • Maud

    J'adore raconter des histoires. J'adore lire des histoires. J'adore vivre des histoires. Le jeu de rôle était l'extension rêvée. J'ai découvert le jeu de rôle grâce à mon mari, Cyril, qui a masterisé des parties. Et depuis, je n'ai jamais arrêté. été de lancer des dés et de vivre des aventures.

  • Stéphanie

    Ça va au-delà du jeu de rôle, puisque tu adores les jeux grandeur nature, c'est ça ?

  • Maud

    J'en fais exactement beaucoup par an. J'ai le privilège de pouvoir incarner mille et une vies dans des époques aussi différentes que la Renaissance, Duc Tulu, les Lauriers de Nabucco, l'occupation pendant la guerre. Bientôt, je vais jouer à Battlestar Galactica.

  • Stéphanie

    Ah ouais ?

  • Maud

    Voilà, mille et une vies, tout en costume, avec des personnages qui ont des backgrounds de... Assez étoffé, des histoires, des intrigues, et c'est du jeu de rôle plutôt romanesque. Donc on cherche à vivre des belles histoires, à donner du beau jeu, à recevoir du beau jeu, et à ressentir des émotions assez fortes.

  • Stéphanie

    Et comment ça se prépare, un jeu de grandeur en nature comme ça ?

  • Maud

    On reçoit nos personnages, l'univers, les règles de jeu bien en avance, et il faut tout préparer bien en avance. Par exemple, j'en ai un qui va se dérouler en novembre, qui s'appelle l'ISM, où je dois lire 250 pages. d'histoires personnelles avant de commencer à jouer le jeu.

  • Stéphanie

    Pour pouvoir incarner vraiment l'histoire de ton personnage.

  • Maud

    Exactement.

  • Stéphanie

    Ah oui, ça demande quand même une grande implication ce genre de jeu.

  • Maud

    C'est un investissement, mais ça nous permet de refixer ce qui existe ou ce qui n'existe pas, ce qui aurait pu exister, comme quand on joue des Uchronies. J'adore ça, honnêtement, c'est une véritable chance de pouvoir incarner la vie de quelqu'un. J'ai adoré par exemple être la directrice d'un casino à Cuba.

  • Stéphanie

    Oui, c'est ça, c'est vraiment...

  • Maud

    La révolution.

  • Stéphanie

    Ça permet de vivre mille vies, quoi.

  • Maud

    Mille et une vies.

  • Stéphanie

    C'est un parcours de théâtre, d'impro, quelque chose comme ça ou pas du tout ?

  • Maud

    Je fais du théâtre, jeune, pas plus que ça.

  • Stéphanie

    Ce que je fais, c'est qu'il y a a priori aussi beaucoup de costumes pour pouvoir permettre l'immersion.

  • Maud

    Et effectivement, par le bien de costume et pas de déguisement, on s'approprie notre personnage avec à quoi il ressemble. Souvent, quand on nous donne un personnage, on nous dit, tu as plutôt cette classe sociale, tu appartiens plutôt à ce genre de personnage et on te donne des référents. Donc tu te débrouilles pour soit avoir des costumes toi, soit te faire prêter des costumes, soit en louer.

  • Stéphanie

    Ou les créer peut-être parfois.

  • Maud

    J'ai pas ce talent-là.

  • Stéphanie

    On ne peut pas tout avoir non plus.

  • Maud

    Oui, c'est vrai.

  • Stéphanie

    Et puis le temps aussi.

  • Maud

    C'est vrai, mais j'adorerais. J'ai plein de copines qui font leur crinoline, leur corset et autres et j'avoue que je ne sais pas le faire. Donc souvent je gratte aux portes en disant, est-ce que tu n'aurais pas une crinoline pour moi ? Bouge pas, je t'en prête une et souvent ça fonctionne.

  • Stéphanie

    Jusqu'à combien de joueurs tu as pu faire des grandeurs nature comme ça ?

  • Maud

    Je fais des jeux de rôle romanesques, donc on va dire que ça va jusqu'à 50 personnes, mais ça peut être jusqu'à deux personnes. On peut avoir un jeu de rôle grandeur nature, où c'est une personne versus une autre personne qui se rencontre, où il se passe des choses. Il n'y a pas de format complètement carré. Il y a toutes les possibilités, ce sont vraiment à prendre.

  • Stéphanie

    D'accord, je ne pensais pas qu'on pouvait faire juste à deux.

  • Maud

    On peut.

  • Stéphanie

    Tu es essentiellement joueuse ou ça t'arrive d'être organisatrice ou de pouvoir mener les jeux ?

  • Maud

    Donc là je suis joueuse à 90%. Je suis en train d'écrire un jeu de rôle avec Cyril, mon mari. C'est surtout lui qui écrit et moi qui donne des idées. Et on a aussi un autre co-auteur. Les deux sont extrêmement talentueux, conteurs et avec une imagination débordante. Je suis là pour co-organiser et j'ai rejoint aussi l'organisation d'un jeu de rôle qui se passe à Bagneux, juste après la guerre. C'est un petit bal, c'est un jour de fête. Je fais aussi beaucoup de photos de jeux de rôle grandeur nature. Une fois que j'ai joué les jeux, je prends beaucoup de plaisir à les photographier.

  • Stéphanie

    D'accord, pour que ça reste mémorable.

  • Maud

    En fait, c'est important de donner et de recevoir. Dans la vie, c'est toujours ça. Et quand on nous donne des rôles, quand on nous donne des histoires à vivre qui sont incroyables... Je me dis que c'est chouette de pouvoir participer, de contribuer à la vie, aux joueurs et aux joueuses des jeux de rôle grandeur nature.

  • Stéphanie

    Chouette. Et alors, comment tu es arrivée finalement professionnellement vers ce milieu du jeu de société ? Tu veux démarrer où sur ton parcours, peut-être ?

  • Maud

    Mon parcours commence à Multisim, quasiment au siècle dernier, mais pas tout à fait, on est en 2000. Je rejoins l'équipe de Multisim et je devais m'occuper de trouver un distributeur américain pour le jeu de rôle Agon de Mathieu Gaboury. Et donc j'ai fait la Gen Con, la Gamma, en 2001. À l'époque, le milieu français était assez petit, tout le monde se connaissait. Donc mon mari c'est Cyril Daujean, il est quand même assez connu dans le milieu. C'est grâce à lui que je suis dans ce milieu-là, c'est grâce à lui que j'ai rencontré Bruno Fidouti, Hervé Marli, Philippe Despalières, Thomas Verchex, tous ces gens-là avec qui je jouais tout le temps en fait. On se retrouvait le samedi soir, on montait à Belleville, j'habitais Bastille, et on allait jouer, et on jouait toute la nuit parce qu'on avait 20 ans et que le temps n'a pas d'importance à ce moment-là.

  • Stéphanie

    Donc il était directeur artistique chez Days of Wonder, c'est ça qu'il veut dire ?

  • Maud

    C'est le directeur artistique de Days of Wonder depuis le premier jeu, mais il a travaillé à Multisim avant, il a fait du jeu de rôle, il a travaillé à Casus Belli aussi, première édition. Pour ceux qui ont découvert les plans dans Casus Belli, c'était lui qui les crayonnait quand il était encore adolescent. Donc lui, sa vie était un jeu.

  • Stéphanie

    Et donc toi, tu as commencé, ça a été ta première expérience réelle dans ce milieu, enfin un milieu, le jeu de rôle un petit peu à part quand même, je pense, aujourd'hui par rapport aux jeux de société, même s'il y a des liens. Et ensuite, ça t'a fait cheminer vers quoi ?

  • Maud

    Ensuite, je me suis dirigée vers la bande dessinée et tout ce qui était comics. J'ai rejoint un groupe qui s'appelle Tournon Sémique et je m'occupais de développer la régie publicitaire pour eux. Donc on avait les comics DC Comics, donc Batman était mon super copain. Toute une gamme de nouveaux magazines avec du Coyote Magazine, du Calliope, du Manga Kids et plein d'autres magazines naissants. C'était plutôt tourné sur la culture geek et les cultures de l'imaginaire. Et les régies publicitaires n'existaient pas et j'ai été en charge de développer tout ça.

  • Stéphanie

    Donc oui, du démarchage à ce moment-là et assure un milieu où à ce moment-là le magazine fonctionnait encore plutôt bien Absolument,

  • Maud

    j'ai envie de croire que le magazine continuera encore parce que le papier il y a quelque chose de très agréable, de toucher du papier et pas simplement feuilleter le magazine Je fais partie des gens qui aiment acheter encore les livres même si j'ai une liseuse, je ne m'arrête pas d'acheter des livres ou des magazines parce que j'aime cette sensation de prendre l'objet en main et de découvrir les pages qui vont avec À l'époque, c'était florissant, mais c'était quand même difficile. Rien n'est jamais facile.

  • Stéphanie

    Oui, bien sûr. Et puis, c'est vrai que ça fonctionne que là, pour le coup, l'importance d'une régie publicitaire, c'est souvent grâce vraiment les seuls revenus pratiquement d'un magazine.

  • Maud

    Absolument. Il y a ça et tout ce qui est abonnement, les souscriptions. On le voit dans le milieu du jeu de société. Ce n'est pas non plus si simple, mais on les remercie d'être là. On remercie l'équipe, les équipes journalistiques de faire cet effort-là. Moi, j'avoue que j'apprécie beaucoup feuilleter un plateau magazine, par exemple, pour ne pas le nommer.

  • Stéphanie

    Complètement. Tu as travaillé combien de temps dans ce milieu-là, plus de l'édition, magazine ?

  • Maud

    J'ai travaillé quelques années et malheureusement, il fallait se rendre compte que j'adorais mon métier, mais je n'aimais vraiment pas l'équipe avec laquelle je travaillais et c'était incompatible pour moi. J'ai eu l'opportunité de rejoindre et d'être éditrice d'un annuaire professionnel qui s'appelle le Guide du show business, qui est un annuaire qui existe depuis plus de 40 ans. Et donc, j'ai eu comme mission de le remettre au goût du jour, de refaire une base de données, de le mettre sur Internet. de continuer la régie publicitaire parce que c'est pareil, ça marche grosso modo avec ça.

  • Stéphanie

    Et après, il y a eu une parenthèse aux Etats-Unis, plus ou moins après ?

  • Maud

    Plus ou moins après, j'ai vécu 7 ans aux Etats-Unis, en Californie. Cyril Daujean a eu l'opportunité de rejoindre le bureau de Days of Wonder en Silicon Valley, à Los Altos. Et il m'a proposé d'y aller avec nos enfants, qui avaient 6 ans et 9 ans à l'époque, et de se dire, allez viens, on va faire 2 ans aux Etats-Unis, ça va être une chouette aventure. L'expérience de 2 ans s'est transformée en 7 ans, et ça a été 7 années. assez fabuleuse.

  • Stéphanie

    Et là, tu as touché à d'autres choses, du coup, une partie plus artistique. Tu as travaillé en tant que photographe là-bas.

  • Maud

    Exactement. J'ai eu la chance de réaliser un rêve d'enfant et c'est les Américains qui m'ont donné cette opportunité-là. Ils ont cru en moi et pendant sept ans, j'ai fait de la vidéo, de la photo et avec des projets personnels, des expositions, j'ai rencontré des gens incroyables, des parcours de vie dont je me souviendrai absolument tout le temps.

  • Stéphanie

    C'est un peu ça, j'ai l'impression que toujours aux Etats-Unis, et ça c'est un peu touté Toujours possible. Ils ont cette mentalité-là.

  • Maud

    La grosse différence, c'est qu'en France, on a un peu peur d'essayer parce que par hasard, quand les gens réussissent, souvent, ils sont montrés du doigt. « Ah, mais toi, t'as réussi. Mais t'as forcément volé ton succès ou je ne sais quoi. » Et si tu rates, les gens te disent « On te l'avait bien dit, il ne fallait pas essayer. » Aux États-Unis, la mentalité est différente. Si tu réussis, les gens te disent « Bravo, bien joué. » Et si tu rates, ils te disent « Tu vas avoir appris quelque chose, tu vas rebondir. »

  • Stéphanie

    Oui, la mentalité est plus positive, effectivement.

  • Maud

    Absolument.

  • Stéphanie

    on va de l'avant.

  • Maud

    On n'a pas le choix, en fait, et c'est vrai, la vie, elle est comme ça. J'avoue que ce côté-là de la culture américaine est une chance.

  • Stéphanie

    Oui, je veux bien croire. Et à ce moment-là, ça s'appelle Miss Magic Lantern, j'ai vu ça. Tu t'es lancée à ton compte et tu photographiais beaucoup les gens, notamment.

  • Maud

    Sans vouloir révéler un secret, je crois que c'est ce que j'aime le plus dans la vie, c'est les gens. J'aime les rencontres. Sur mon site internet, il y a énormément de photos, des photos de vie, entre guillemets, un petit peu glanées à droite à gauche. Ce qui me faisait vivre et remplir mon frigo, c'était plutôt le côté corporate et puis les sociétés de la Silicon Valley. Évident que quand je passais des journées avec les familles, à les photographier, à les enregistrer, à faire des vidéos, j'y prenais énormément de plaisir. Parce qu'on se remet à l'essentiel de ce qui est vraiment important.

  • Stéphanie

    Oui, créer les liens et essayer de transparaître par une image des sentiments.

  • Maud

    C'est du lien, du souvenir, du jeu. C'est quand j'allais faire des photos de famille, j'avais effectivement cet outil qui était l'appareil photo, mais ce qu'on allait vivre, je voulais qu'ils se souviennent d'une expérience plus que d'un cliché sorti. Et le cliché sorti n'était que la résultante de ce qu'on avait vécu ensemble.

  • Stéphanie

    Oui, je vais bien croire. Et puis c'est vrai que je pense qu'il faut passer du temps avec des gens. Une séance photo, ce n'est pas juste une heure dans un studio. J'imagine qu'il faut passer du temps pour pouvoir ressortir des choses plus intéressantes.

  • Maud

    Je trouve que c'est très difficile de poser. Je pense que j'ai une grande admiration pour ceux qui en font ce métier-là. C'est très difficile. C'est très difficile d'être naturel. C'est très difficile d'avoir un appareil photo qui vous regarde. essayer d'en faire quelque chose. Mon style en photographie, c'est plutôt du lifestyle, comme on pourrait dire aujourd'hui. Et je parle tout le temps. En fait, je parle tout le temps, tout le temps. Donc, je pense que chaque personne est très belle. On a tous quelque chose de très beau. Pas forcément comme ce qu'il y a dans les magazines, mais on a tous quelque chose qui nous fait rayonner. Et ce que j'aimais chercher, c'était ça.

  • Stéphanie

    C'est toujours en ligne, je crois. On peut voir un peu ton travail.

  • Maud

    J'ai fait surtout trois expos qui ont été plus notables, qui ont été Dancing in the City, qui a été une balade de San Francisco à travers la danse et à travers les âges. Les modèles avaient entre 7 et 77 ans. Je faisais découvrir le San Francisco que j'aime avec les quartiers qui étaient à la fois touristiques mais pas que. On en a fait un bouquin, l'expo a tourné deux ans au consulat. J'ai fait aussi une exposition dans ma ville, donc j'ai habité sept ans à Los Altos. L'expo s'appelait Every Winkle's Tale a Story. Donc, une ride une histoire. J'ai enregistré 35 interviews, photographié 35 personnes sur 35 tranches de vie pour savoir qui étaient les gens qui avaient vu la Silicon Valley sortir de terre. Et là, j'ai glané des informations et des histoires absolument incroyables. Les gens avaient entre 70 et 100 ans. C'était une belle rencontre. Et le dernier gros truc que j'avais fait aux Etats-Unis, c'était le confinement. T'as vécu ça là-bas ? J'ai vécu ça là-bas. J'ai fait 80 portraits, enfin, j'ai fait 80 photos. Le pitch... C'était un jour une photo, je venais devant chez les gens en respectant les distances de sécurité. J'avais fait un deal avec la ville où les gens me montraient en une photo ce qui se passait à l'intérieur. Donc j'avais des musiciens, j'avais des sportifs, j'avais des gens qui étaient en pyjama, j'en avais qui étaient super geeks, il y en avait qui se costumaient, il y en avait qui avaient décidé d'être des stars. Bref, on voit que l'imagination des gens est aussi assez débordante. Ma façon de rester connectée avec le monde, alors qu'on n'avait pas le droit de le faire.

  • Stéphanie

    Et tout ça, on peut le voir, ce travail-là, encore en ligne ou quelque part ?

  • Maud

    Sur missmagiclanterne.com, j'ai aussi un Instagram sur lequel on peut voir mes photos, qui s'appelle Paris by Mode. J'ai changé l'intitulé en revenant à Paris parce que j'ai commencé un projet sur les toits de Paris, où j'ai commencé à photographier les artistes sur les toits pour leur donner la lumière. faire en sorte que les gens qui étaient dans les cabarets puissent aller rejoindre des étoiles et être les étoiles. Mais je me suis rendu compte que 1. Ce n'était pas légal de monter sur les toits de Paris. 2. Les gens avaient souvent le vertige. 3. Les toits n'étaient pas accessibles. Donc c'était un projet qui n'a pas pu vraiment aboutir. J'ai adoré grimper là-haut et voir Paris sous un autre angle. C'était une fausse bonne idée.

  • Stéphanie

    C'est plus facile d'aller dans les catacombes à Paris a priori.

  • Maud

    C'est plus facile d'aller dans les catacombes. En fait, ce que j'aime quand je fais des photos, c'est raconter des histoires. Et là, je n'ai pas de projet photo en cours, aucun.

  • Stéphanie

    Ça pourrait être intéressant d'avoir un projet comme ça dans le milieu du jeu. Je ne sais pas. C'est quelque chose qui te traverse ?

  • Maud

    Je ne sais pas parce qu'il y a déjà des professionnels qui font des photos incroyables. Nous, on travaille franchement chez Laporte Games avec Asmoday et avec des professionnels qui racontent des histoires, enfin qui racontent nos jeux merveilleusement bien. Je ne pense pas que je puisse faire mieux ou différent.

  • Stéphanie

    Oui, mais on est plus sur de la photographie peut-être de l'objet et pas de l'humain qu'il y a derrière, justement. Et ça sera peut-être quelque chose d'intéressant à explorer. Je donne une piste comme ça.

  • Maud

    Peut-être, peut-être. Peut-être qu'un matin, je vais décider, mais je ne sais pas. Les gens sont aussi assez timides. Les gens sont réservés dans ce milieu. Les gens sont pudiques. Ça fait partie des choses que j'apprécie. On ne se dévoile pas si facilement. Et quand on arrive à révéler... Non, je pense que je... C'est une bonne idée, mais ce ne sera pas mon idée.

  • Stéphanie

    Ok. On va quand même parler maintenant de ton retour en France, où là, tu as travaillé pour Funforge. Tu es revenue quand en France ?

  • Maud

    Je suis revenue en juin 2020. J'ai commencé fin juin 2020 avec Funforge. Il se trouve que Philippe Noura, le patron de Funforge, est un ami de 25 ans. Quand il a su que je rentrais en France, il m'a dit « Ah, c'est super, tu viens directement travailler pour moi et tu vas t'occuper de la distribution des jeux en France. » Et je lui ai dit « Mais je ne suis pas commerciale. » Il m'a dit « Ne me pose pas de questions, viens juste travailler. » et j'ai adoré travailler pour eux avec eux c'était une toute petite équipe c'est des gens que je connais très bien. Gardel, Gerson de Chélan, Charlotte, plein de gens. Vraiment, ça a été un pur bonheur. On était huit, il y avait François, Charline, Thomas. Un bonheur pour quatre ans de travail avec eux.

  • Stéphanie

    Une échelle assez humaine aussi pour travailler.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Alors, quelles étaient tes missions à ce moment-là ? Raconte-moi un petit peu le travail que tu as fait chez Funforge.

  • Maud

    Funforge avait une double casquette. Il y avait une casquette d'éditeur et une casquette de distributeur. Et donc, moi, je m'occupais de faire en sorte que toutes les boutiques de France puissent avoir nos jeux dans leur rayonnage, afin que tous les joueurs... puissent jouer à ces merveilleux jeux.

  • Stéphanie

    D'accord. Tu sillonnais pas mal la France, t'allais voir directement les boutiques, c'est ça ?

  • Maud

    Il se trouvait que quand je suis arrivée chez Funforge, je ne connaissais pas les boutiques, parce que je connaissais très bien les éditeurs, je connaissais plutôt bien les auteurs de jeux, j'avais plein d'amis qui travaillaient dans ce milieu-là depuis très longtemps, et les jeux venaient à moi. Donc je ne connaissais pas les boutiques, et la seule boutique que je précontais, c'était Variante à Paris, parce que le vendeur historique de cette boutique, c'est mon cousin.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Donc je ne connaissais pas les boutiques en France et je me suis dit qu'il fallait que je fasse un tour de France des boutiques pour comprendre qui elles étaient. Parce que chaque boutique avait une âme différente, chaque boutique avait un style différent. Et comme on avait un catalogue de jeux varié, je pouvais comprendre un petit peu comment ça fonctionnait. J'ai fait un tour de France, un petit peu le compagnonnage en allant de porte en porte et en liant du lien. Et ça a été des très belles rencontres, vraiment.

  • Stéphanie

    Combien de boutiques comme ça tu as pu sillonner dans ton réseau ?

  • Maud

    Quand on aime, on ne compte pas. Mais j'ai déjà vu quelqu'un dans les Vosges me dire « Ah, mais Maud, j'adorerais que tu viennes. » Je fais « Ok, je viens. » Et en fait, à partir d'un point d'étoile, après tu rayonnes sur toute cette région-là et on y va.

  • Stéphanie

    Ok, donc du coup, là tu venais avec les jeux. Là, l'objectif, c'était de les présenter, de savoir aussi donner les atouts pour que, j'imagine, les ludiquaires puissent parler correctement du jeu ou quels sont les avantages, c'est ça ?

  • Maud

    Absolument, et je les faisais jouer. C'était hyper important pour moi qu'on fasse une partie complète. pour qu'ils puissent comprendre l'intérêt, pour qu'ils puissent vivre et ressentir ce qui se passe autour d'une table. Je pense sincèrement que notre métier, à quel niveau qu'on soit, c'est les joueurs l'essentiel. Le plaisir et le succès, c'est quand on voit des gens jouer à nos jeux, les jeux qu'on a fabriqués, édités, peu importe le maillon qu'on soit dans la chaîne, c'est ça la victoire. La victoire, c'est à ce moment-là.

  • Stéphanie

    J'imagine que la problématique aussi quand on y est... éditeurs essaient effectivement de trouver la bonne place parmi la pléthore de jeux qu'il y a, donc j'imagine qu'en magasin c'était important aussi, ils sont inondés en fait les ludicards donc j'imagine que c'est pas simple non plus pour s'y retrouver pour eux.

  • Maud

    Clairement c'est un avantage que j'avais, moi j'avais décidé que j'allais voir tout le monde et régulièrement et plusieurs fois par an, donc j'étais souvent effectivement sur les routes et les gens disaient ah ouais mais ça fait quand même une différence, on sait que tu vas venir nous présenter tes nouveautés alors ça va nous plaire, ça va pas nous plaire mais forcément quand il faut passer commande C'est plus facile quand on a eu une personne avec qui on a créé du lien et on a échangé plusieurs fois.

  • Stéphanie

    Bien sûr. Malheureusement, il y a eu l'annonce, il n'y a pas très longtemps, de la fin de Funforge. Tu étais déjà partie, mais j'imagine que ça doit être assez difficile pour l'équipe de l'époque. Toi, quel est ton ressenti par rapport à ça ?

  • Maud

    D'abord, c'est des gens merveilleux. Funforge, c'est une histoire de 17 ans. Un grand bravo à Philippe Noura, à son équipe, à Claude, encore une fois, à la gersante. Je ne peux pas tous les nommer, mais vraiment. encore une fois un immense bravo à eux. Ils ont réalisé beaucoup de travail. C'est des échecs, des succès. Oui,

  • Stéphanie

    il y a quand même eu des jeux aujourd'hui qui sont encore... Je veux dire,

  • Maud

    Tokaido, Monumental. Bravo. Voilà, bravo, merci. Vous êtes mes amis, je vous adore. Je sais que vous allez rebondir, j'ai aucun doute là-dessus. C'est juste une tranche de vie, on apprend. Il y a eu des erreurs, il y a eu des succès. C'est comme ça, ça va rebondir, c'est sûr. Je ne peux pas croire ça. Moi, je suis partie de Chef & Forge il y a un peu plus d'un an. En avril 2024, la distribution des jeux avait été redonnée à Asmoday. Donc, mon travail avait été redonné à Asmoday. Donc, ils se sont dit, on va récupérer Maud et on va lui trouver une place. Voilà comment je suis arrivée chez Asmoday.

  • Stéphanie

    Alors justement, aujourd'hui, la transition est toute faite. Quel est ton travail chez Asmoday ? C'est quoi tes missions ?

  • Maud

    Donc moi, je suis Head of Marketing pour Lapport Games. Lapport Games est un studio dans Asmoday. Et Lapport Games, c'est cinq labels. Next move. Repos Productions, Libélude, Space Cowboys et Days of Wonder. J'ai une équipe de 13 personnes qui va s'occuper à la fois du marketing, de la communication, de l'événementiel et tout ce qui est graphique autour de ces 5 labels-là.

  • Stéphanie

    Donc du coup, vous avez tout le catalogue de ces 5 studios. Toi, tes missions ? Forcément de gérer toute cette équipe, mais plus précisément, c'est quoi ton quotidien en fait ?

  • Maud

    si on peut avoir un quotidien le quotidien c'est ça qui est chouette c'est que c'est pas le jour de la marmotte c'est que ça change quand même effectivement tous les jours mon enjeu est de faire circuler l'information du bon côté de la direction vers les équipes des équipes vers la direction de vérifier que tout est fluide il faut savoir qu'il y a deux choses importantes il y a les gammes et les nouveautés on a des jeux emblématiques qui sont extraordinaires chez Lab4Games on a Azul Unlock Seven Wonders Les aventuriers du rail, Pléthore, Dixit, etc. Et il y a des nouveautés. Donc l'enjeu n'est pas exactement le même dans sortir une nouveauté ou continuer à faire vivre des gammes. On établit des stratégies ensemble, avec les équipes. Donc moi j'ai cinq personnes qui réfèrent directement à moi, sachant que d'autres ont des équipes. Je pense notamment à l'équipe de Hélène, qui gère toute la communication. Hélène Delforge, du coup. Oui, sans elle, vraiment, Hélène, si tu m'écoutes, merci d'être là. On définit des stratégies de communication, on met en place des réseaux. C'est elle qui va me proposer des choses et moi, je vais pouvoir les valider. Ce sont mes équipes et c'est ma plus grande satisfaction dans le travail, c'est de se dire que les équipes qui travaillent avec moi sont fières de faire ce qu'ils font, sont fières des réalisations qu'ils font et qu'ils ont tous les outils pour bien travailler. Moi, je veux vraiment que le matin, quand on vient au boulot, qu'on soit en télétravail ou sur site, qu'on y prenne un maximum de plaisir. L'enjeu, c'est vraiment de trouver... trouver des nouvelles astuces, de créer peut-être différents biais de communication ou de marketing ou d'action marketing spécifique.

  • Stéphanie

    En quoi consiste un plan d'action marketing ? Parce que pour plein de gens, ça ne veut pas dire grand-chose en fait. On dit oui, marketing, c'est communiquer pour vendre, en résumé. Mais en quoi consiste un plan d'action ? Sur une nouveauté par exemple ?

  • Maud

    Sur une nouveauté, c'est assez facile. Comment est-ce que tu vas faire en sorte que ton jeu soit connu ? Tu as plusieurs canaux. Tu as tout ce qui est les événementiels. Donc, il faut être sur tous les festivals. Il faut vérifier toute cette partie-là. Il faut être sur tous les réseaux sociaux. Il faut que les influenceurs aient eu tes jeux en main. Il faut que tu aies pu éventuellement faire un petit peu de publicité diversifiée, que ce soit sur les réseaux sociaux, sur des moteurs de recherche. Il y a quand même tout un canal différent. Ça peut être également en boutique avec des opérations de boutique, des opérations plus liées au commercial, mais que nous, on va mettre en place. avec de l'affichage, avec des goodies spécifiques. Là, je pense à Seven Wonders Dice, où le marketing manager fait un super boulot, où il a fait un display de Seven Wonders Dice avec tout ce qu'il y a à l'intérieur. Et donc, les boutiques vont pouvoir s'en servir pour les mettre dans leur vitrine ou sur leur comptoir, avec exactement ce qu'ils vont avoir dans le jeu, etc. Donc, c'est un attrait supplémentaire.

  • Stéphanie

    On va voir comment se rendre visible dans une boutique.

  • Maud

    Exactement. Mais c'est aussi sur Amazon. Est-ce que tu vas faire quelque chose sur Amazon ? Comment est-ce que tu vas construire tes pages ? Est-ce que nous, au sein du studio, il faut qu'on puisse donner et avoir tous les assets graphiques prêts pour tout le monde ? Donc encore une fois, chez Laporte Games, on est un studio de chez Asmoday avec cinq labels différents. Notre job, c'est de faire en sorte que toutes les unités de distribution en France, mais dans le reste du monde, puissent faire la bonne promotion des jeux. Et c'est le job du distributeur de bien faire les choses. nous, au niveau du studio. on l'accompagne, on l'aide. Et il y a des fois où l'Italie va m'appeler en me disant « Moj, j'ai une super idée, est-ce que tu peux nous aider financièrement à concrétiser cette opération-là ? » Et si j'ai encore un peu de budget, et si l'opération me semble intéressante, ça va être avec grand plaisir qu'on fait ça. C'est hyper important de travailler avec les distributeurs du monde entier pour savoir, eux, quelles sont les actions de marketing qu'ils ont faites, quelles sont les actions de communication qu'ils ont faites, quels sont les festivals sur lesquels ils sont allés. Et nous, on regroupe toutes ces informations-là aussi.

  • Stéphanie

    Et donc, tu disais que tu avais une partie forcément événementielle. Donc, ça va être là la présence, comme tu disais, sur les salons. Donc, ça va être quoi ? Ça va être travailler justement la visibilité, le décorum de l'espace pro, les goodies. Comment vous travaillez ça ?

  • Maud

    Alors, ça dépend. Ça dépend des salons. Nous, l'équipe événementielle, elle est composée de trois personnes. Il y en a deux qui sont basées à Bruxelles, Thibaut et Clifford. Et il y en a un qui est basé au Canada, qui s'appelle Stéphane. on va s'occuper il y a les événements majeurs et les petits événements. On ne va pas traiter l'événementiel de la même façon. Il y a certains salons qui sont pris en charge par le groupe ou qui sont pris en charge par les unités de distribution, donc je pense à la GenCon ou à Essen. Et il y a les salons où nous avons, nous, en termes de studio, on a une possibilité plus grande. Le festival le plus emblématique là-dessus, c'est le festival de Cannes. où on va construire et on va pouvoir avoir une imagination débordante sur à quoi vont ressembler l'espace, l'App for Games, donc pour nos cinq labels, pour qu'on puisse faire en sorte que les joueurs s'amusent le plus possible et restent un maximum de temps sur l'espace. On va avoir des animations mobiles, on va avoir effectivement des goodies à gagner,

  • Stéphanie

    on va avoir des versions XL de jeux.

  • Maud

    exactement tout ce genre de possibilités des versions Excel ou des décors je pense à Forerunner à Cannes où effectivement il y avait la salle du trône carrément on essaye en fait de prendre un des 5 labels et de mettre un jeu en exergue un peu où la décoration sera un petit peu plus travaillée que sur les autres et on essaye de changer l'année prochaine ce sera sur Day One d'accord donc un jeu Space Cowboy chaque studio a quand même son identité forte

  • Stéphanie

    avec des jeux forts, donc ça j'imagine qu'il faut aussi le garder, c'est-à-dire que même si tu fais la com et le marketing de ces 5 studios, il faut que chacun garde son identité en ayant un peu la force de frappe de l'ensemble, j'imagine.

  • Maud

    C'est complètement vrai, ça c'est vraiment le travail de Hélène. On ne parle pas des jeux Days of Wonder comme on parle des jeux Nextmove ou des jeux Repos. Chaque personne a sa ligne éditoriale forte. On essaye vraiment de garder une cohérence là-dessus pour qu'un jeu Days soit toujours « Ah bah ouais, c'est un jeu Days, donc évidemment, il y a un réel gage de qualité. »

  • Stéphanie

    Et ils ont quand même chacun leur équipe de com dans les studios ou pas forcément ?

  • Maud

    Non.

  • Stéphanie

    Non ? D'accord, ils travaillent avec tout le monde en commun ?

  • Maud

    Les gens sont dispatchés Il faut bien se rendre compte que Nextmove, le label qui est dit Azul notamment, est à Montréal Repoproduction, ils sont en Belgique, à Bruxelles et à Paris, on a Days of Wonder et Space Cowboys et à Poitiers on a Libélude. Donc on est sur 4 sites différents pour 5 labels et on n'est pas forcément aux mêmes horaires, mais on s'en sort très bien.

  • Stéphanie

    Ça ne doit pas être facile, parce que tu disais 17 personnes dans ton équipe. 13 personnes. 13 personnes dans ton équipe. Vous êtes tous un peu dispatchés ? Oui. Comment ça se passe ? Vous arrivez à vous réunir quand même parfois tous ensemble ? Exactement.

  • Maud

    Non, c'est possible. J'essaie de réunir tout le monde un peu régulièrement. Et surtout, une fois par mois, on refait le point sur ce qui s'est passé, sur les différentes actions. Chacun peut prendre la parole. Ça tourne. C'est hyper important de faire une cohésion d'équipe. Moi, j'ai beaucoup de chance de travailler avec ces humains-là. J'espère qu'ils sont contents et ils auront envie encore de travailler longtemps avec nous.

  • Stéphanie

    Et quelles sont tes contraintes et tes libertés, par rapport à ton métier, mais par rapport aussi à l'ensemble de la partie marketing ?

  • Maud

    On nous demande des résultats, on nous demande des KPI. C'est des gros mots, mais c'est vrai que quand on investit de l'argent, on a besoin de savoir quelles sont les retombées. Est-ce qu'on peut évaluer l'impact ? Il y a différents moyens de mesurer un impact. C'est parfois difficile et c'est important. parce qu'on ne va pas jeter de l'argent par les fenêtres et on veut savoir si les opérations fonctionnent. Donc si elles fonctionnent, on va les renouveler. Si elles ne fonctionnent pas, on pourrait peut-être penser à autre chose.

  • Stéphanie

    Tes contraintes, elles vont être liées effectivement aux retombées. C'est ce que tu dis. Mais sur la liberté justement de créer, de trouver des nouveaux, ça c'est assez libre globalement ?

  • Maud

    Extrêmement libre. Ils nous font confiance. Je veux dire, Asmodé soutient la façon dont on veut communiquer à travers les jeux. A chaque fois, on fait vraiment du brainstorming entre l'événementiel, la communication et le graphique. On essaye vraiment d'être impliqué dès même la création des jeux. Donc on va aller voir les chefs de projet pour le suivi d'un jeu, pour tout ce qui est nouvelles IP. On peut aller voir la personne qui s'occupe de la gamme pour aller en discuter avec lui. L'intérêt, c'est de travailler tous ensemble. On est un studio dans la Power Games où on a à peu près 80 personnes qui utilisent tous les métiers différents. On a une grande liberté et vraiment merci pour ça.

  • Stéphanie

    Vous arrivez en amont quand même sur les projets. Par exemple, je ne sais pas, je prends Take Time qui sort chez Libelud. Ça fait combien de temps, par exemple, que vous travaillez sur ce projet-là ?

  • Maud

    Il faut deux ans à peu près.

  • Stéphanie

    Il me disait qu'il l'avait sourcé à Cannes 2024.

  • Maud

    Tout à fait.

  • Stéphanie

    Et donc, ça arrive assez vite finalement. Mais là, les équipes de com et marketing, vous avez commencé à travailler quand dessus ?

  • Maud

    En fait, on a commencé à le montrer à Cannes l'année dernière. On avait une version XL. Depuis, Take Time a fait le Tour de France, Tour des Festivals, il est en balade avec une équipe qui s'appelle Jeux en Route, qui montre des prototypes et il est en balade avec des WAN chez nous. On a fait une boutique éphémère pendant la période du Flip à Partenay, où pendant 12 jours, il y avait un lieu où on avait complètement thématisé pour Tech Time, avec deux salles différentes, le jour et la nuit. On essaye vraiment de faire en sorte que les joueurs puissent avoir joué et touché le produit et le jeu. hum Enfin, je ne devrais pas dire un produit, c'est n'importe quoi. C'est vraiment une expérience culturelle. Honte à moi de dire ce genre de choses.

  • Stéphanie

    Mais oui, c'est ça, c'est créer une expérience de jeu aussi.

  • Maud

    Oui, c'est hyper important. Aujourd'hui, comme tu l'as dit, il y a énormément de jeux. Qu'est-ce qui fait qu'on va s'arrêter sur un jeu ? Les mécaniques de jeu aujourd'hui sont très bien. Les jeux sont bien édités. C'est beau. La plupart des jeux, c'est ça. Donc, qu'est-ce qui va faire la différence ? Est-ce que tu vas ressentir autour de la table ? À ce moment-là, il va se passer une alchimie ? Est-ce qu'il va se passer quelque chose de particulier ? Est-ce que tu auras envie de rejouer ?

  • Stéphanie

    Je ne sais pas si tu peux répondre à cette question-là, mais quel budget vous avez pour le lancement d'un jeu ? C'est peut-être variable d'un jeu à l'autre, je ne sais pas, par rapport à ce que c'est une gamme, est-ce que c'est une nouveauté ?

  • Maud

    Effectivement, je ne peux pas parler de ça, mais sur les nouveautés, il n'y a pas énormément de budget. Il y a du budget, mais pas énormément. Il faut avoir des bonnes idées. Et c'est important parce qu'il y a un « manuel » pour lancer un jeu et pour pouvoir faire toutes les tâches, pour pouvoir faire en sorte que l'intégralité des gens l'ait vue, en ait entendu parler, etc. Mais il faut être assez créatif. Les gammes, il faut être créatif, mais il faut consolider quelque chose qui existe pour que ça continue à exister encore dans 10-20 ans.

  • Stéphanie

    Et alors, ce qui est important aussi, je ne sais pas si tu me dirais ça, mais les joueurs en général, ceux qui jouent, repèrent facilement les jeux, les nouveautés, etc. Est-ce qu'il y a une volonté aussi d'aller chercher un nouveau public, vraiment complètement novice, sur des gammes de jeux encore aujourd'hui ?

  • Maud

    Évidemment.

  • Stéphanie

    Et dans ce cas-là, la communication, j'imagine, est différente.

  • Maud

    Eh oui, par exemple, j'aimerais faire en sorte que dans toutes les universités, il y ait nos jeux, nos piliers. Faire en sorte qu'un maximum de gens, le premier jeu auquel ils jouent, ce soit un de nos jeux, évidemment.

  • Stéphanie

    Alors comment on s'y prend pour ça ? Ça va être par exemple parler sur des festivals qui ne sont pas des festivals de jeux, par exemple, ce genre de choses ? Travailler avec, je ne sais pas, des influenceurs qui ne seraient pas dans le domaine du jeu ? Comment vous travaillez cette partie-là ?

  • Maud

    Tout ça, mais je ne peux pas tout te révéler parce que ça fait partie des secrets qu'on met. Tu sais, c'est la recette magique qu'on utilise, qui est différente à chaque fois. Mais pour aller chercher des nouveaux joueurs, il faut aller comprendre qui ils sont d'abord. Il faut se dire, mais qui sont les joueurs ? Quel est le profil de la personne qui va pouvoir aimer ce genre de jeu-là ? Donc, il y a des petites composantes avant de faire un plan marketing, un plan de com' pour pouvoir agrandir le cercle.

  • Stéphanie

    D'accord. Qu'est-ce qui a changé pour toi un peu ? Est-ce que tu connais le milieu ludique depuis... quand même de nombreuses années. C'est quoi ton regard un peu sur l'évolution du monde ludique aujourd'hui et quelles sont peut-être ses forces et ses difficultés ?

  • Maud

    Il y a beaucoup plus de monde, il y a beaucoup plus d'acteurs, il y a beaucoup plus de jeux, il y a beaucoup plus d'enjeux. Aujourd'hui, Asmoday, nous, on est une société qui est cotée, on est une société qui est magnifique. Je me souviens, j'ai rencontré toute l'équipe de Asmo il y a fort, fort longtemps, quand on était vraiment très peu dans le marché français. À être là, on s'est professionnalisé, il y a plus de structures, il y a plus de process. On pourrait presque le comparer au milieu de la bande dessinée, il y a 20 ans. C'est difficile pour les structures petites, c'est plus simple pour les gros, mais ça reste difficile, les enjeux sont réels partout.

  • Stéphanie

    Oui, puis il y a eu un espèce de boom, effectivement, qui a été presque bénéfique avec le Covid, pour le jeu en tout cas. Et en fait, il y a eu cette redescente un petit peu derrière qui n'a pas forcément été facile non plus à comprendre. Enfin, le marché a évolué très vite. En fait,

  • Maud

    ce n'est pas vraiment une redescente. On a eu beaucoup plus de gens. Le Covid a été effectivement un accélérateur pour toucher plus de joueurs. Mais quand on regarde les chiffres après Covid, après cette vague fulgurante, on a quand même gagné des joueurs par rapport à avant Covid.

  • Stéphanie

    Oui, c'est sûr. Il y a du coup forcément plus de joueurs qu'avant. Alors, tu parlais tout à l'heure que tu sillonnes les festivals, les conventions. Tu as été à la Gen Con récemment. Cannes, Essen forcément, d'autres festivals. J'ai vu Louisville aussi, Gamma. En quoi c'est important d'être dans ces gros événements ?

  • Maud

    En fait, ça permet de comprendre les marchés locaux. Quand je vais aux Etats-Unis, en Allemagne ou ailleurs, quand on va en Retailers Day, dans les succursales différentes de distribution, ça nous permet de comprendre qui sont les différents acteurs. Ça permet de comprendre avec qui on va travailler et ça permet de créer du lien. Je ne pense pas qu'il y ait de meilleurs moyens de créer du lien que d'être en face de quelqu'un.

  • Stéphanie

    Le marché est peut-être différent aussi d'un pays à l'autre, ce n'est pas les mêmes attentes peut-être du public aussi ?

  • Maud

    Les marchés sont différents, les joueurs sont différents, on ne montre pas forcément la même chose, mais nous, chez Asmoday, on a quand même une identité de marque, on a quand même une façon de se repérer pour que les gens se disent « Ah ouais, mais Asmoday, c'est une super qualité, on sait qu'on va aller découvrir vraiment des expériences ludiques positives. »

  • Stéphanie

    Est-ce qu'il y a des festivals que tu préfères et pourquoi ?

  • Maud

    C'est tricher ces questions-là. J'ai envie de dire que j'ai adoré le flip de Partenais parce que j'ai aussi été membre du jury pendant plusieurs années.

  • Stéphanie

    Alors j'ai vu ça, ouais ouais, effectivement, t'as fait partie du jury des Protos, c'est ça ? Ouais,

  • Maud

    donc j'ai un rapport privilégié à ce jeu-là, à ce festival-là, mais je prends toujours beaucoup de plaisir à aller à Essen ou à Cannes. C'est deux moments, deux rendez-vous de l'année où je vois des professionnels que je ne vois que là-bas. Donc ça permet de continuer à tisser du lien. Là, je suis allée à la Gen Con, mais la dernière fois que j'avais été à la Gen Con, c'était en 2001. Donc, autant me dire que les choses ont beaucoup changé.

  • Stéphanie

    D'accord. Ah oui, tu n'as été pas revenue entre-temps.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    D'accord. Je mène que c'est gigantesque dans la Gen Con.

  • Maud

    C'est très grand. Ça joue partout. Dans la Gen Con, on est dans un hôtel où les gens jouent même par terre sur la moquette. Les gens jouent partout. Ça n'a absolument rien à voir avec nos festivals européens.

  • Stéphanie

    J'avais même vu que c'était dans le stade de foot américain.

  • Maud

    Ouais. Ah non, mais en fait, il y a... Plusieurs endroits, vraiment beaucoup d'endroits où les gens vont jouer, vont créer des lieux, vont créer. Catan a fait une escape dans une salle spéciale. Il y en a partout. Il y avait un tournoi des aventuriers du rail organisé par la Train Gamer Association. Il y en a absolument partout. C'est le festival du jeu aux Etats-Unis dans lequel il faut vraiment aller. C'est très différent les festivals aux Etats-Unis, vraiment différent. Il y a des ludothèques partout, les gens sont plutôt... Enfermés dans des salles, plus que ce soit ouvert sur la ville comme on pourrait avoir en France.

  • Stéphanie

    Oui, puis c'est forcément une autre échelle. J'imagine que les Américains ne font jamais rien de petit non plus.

  • Maud

    Ce n'est pas faux.

  • Stéphanie

    Il y a des plus petits festivals peut-être en France que tu as eu l'occasion de faire quand tu sillonnais beaucoup la France, qui méritent le détour.

  • Maud

    Bien sûr, l'alchimie du jeu, Orléans joue, Ludinor. C'est chouette ce qu'ils font, c'est des passionnés. Les gens ont forcément un métier à côté, ils adorent le jeu de société, ils veulent en parler au maximum. C'est des gens qui sont souvent bénévoles, ils ne comptent pas leurs heures. C'est toujours un plaisir de les accompagner, de les aider dans nos possibilités.

  • Stéphanie

    Alors tu l'as évoqué rapidement tout à l'heure, tu as fait partie du jeu et du flip. Qu'est-ce que tu en gardes comme souvenir de cette expérience ?

  • Maud

    Il fallait lire 180 règles de jeu. de prototypes. Ça, c'est une expérience unique, difficile, et il faut, l'enjeu est d'essayer de repérer une pépite. Ce qui est assez extraordinaire, c'est de se réunir avec les membres du jury pendant quelques jours avant le flip, avant Partenay, avant de découvrir et de pouvoir jouer à la sélection qu'on a sélectionnée. Donc on sélectionne 16 jeux, et on joue à ces 16 jeux, et on joue vraiment, et on fait des retours aux auteurs. C'est un très beau moment. C'est un très bon moment.

  • Stéphanie

    Oui, parce que c'est aussi des retours constructifs, j'imagine, pour les auteurs. Il y a un vrai retour, c'est ça, avec le jury.

  • Maud

    Le jury est composé à la fois d'auteurs, d'illustrateurs, d'éditeurs. C'est vraiment un jury varié, des professionnels, des influenceurs, etc. Et oui, c'est un moment privilégié. Les auteurs sont là et on essaye vraiment de donner un retour constructif à chaque personne pour peut-être améliorer son jeu. Il y a des jeux qui ont été édités après. Les enjeux sont différents.

  • Stéphanie

    Tu saurais me citer des jeux qui sont passés par le flip, justement ? Par le flip ?

  • Maud

    Oui, il y en a. Et non, je n'ai pas les noms là. Donc, je vous invite à aller... On ira voir. Ouais.

  • Stéphanie

    Ok, ça marche. Est-ce que toi, aujourd'hui, tu aimes ton métier ?

  • Maud

    J'adore mon métier. J'ai une chance incroyable. J'ai exactement la vie dont j'avais rêvé.

  • Stéphanie

    Qu'est-ce qui te plaît, en fait, aujourd'hui, dans ta vie, dans ta profession, dans le milieu ?

  • Maud

    Tout. J'ai une chance assez incroyable de connaître les gens depuis fort longtemps. Je travaille avec des équipes... Passionné, professionnel, challengeant, c'est pas si facile, c'est essayer de relever des défis, de comprendre comment est-ce qu'on va adresser un jeu au plus de nombre, comment est-ce qu'on va faire en sorte pour qu'il y ait un maximum de personnes qui aiment nos jeux, jouent à nos jeux, parlent de nos jeux.

  • Stéphanie

    On sent de toute façon qu'il y a aussi, je pense que pour parler le mieux des jeux, c'est d'être passionné et ça se sent, tu as l'air d'être quelqu'un de très passionné.

  • Maud

    J'aime jouer, oui.

  • Stéphanie

    Tu as justement des Madeleines de Proust un peu dans les jeux.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Ce serait lequel ?

  • Maud

    Sans aucune hésitation, Citadel de Bruno Fiduti. Je me souviens très bien, on jouait chez lui le vendredi soir et le samedi soir. La soirée du vendredi soir, Cyril avait été jouer chez Bruno, m'avait réveillé dans la nuit en me disant, Maud, j'ai joué un jeu, il est dingue. Bruno, il a fait un jeu, il est réglé, il faut absolument que tu ailles jouer demain. Donc le lendemain, j'avais été jouer à Citadel, qui était parfaitement réglé. Le dimanche, Cyril était retourné. au bureau pour monter le premier prototype de Citadel. Il a fini Citadel en moins d'une semaine. Ça a été publié par Multisim au départ. Ce jeu, c'est une réelle pupite. C'est une histoire incroyable. J'aurais envie de te dire que j'ai aussi eu la chance de jouer à un prototype qui s'appelait Ticket to Ride. Il venait tout droit de l'Amérique. Un jour où Eric Haute-Mont et Pierre Gobile sont venus dîner à la maison en disant « Ah, les deux gens, j'ai un super jeu, on y joue ! » C'était les aventuriers du rail.

  • Stéphanie

    Ah, quelle histoire !

  • Maud

    En voilà un autre qui a beaucoup compté dans ma vie.

  • Stéphanie

    Je veux bien croire.

  • Maud

    Il faut commencer par les aventuriers du rail.

  • Stéphanie

    On parlait des nouveautés tout à l'heure, mais comment on continue à parler justement des jeux qui sont des longs-sailers, comme ça, qui sont devenus finalement des références, des jeux références, avec Ticket to Ride, par exemple. Comment on travaille là-dessus ?

  • Maud

    Cette année, on a fêté les 20 ans de Ticket to Ride. Donc, on a fait la finale du championnat des 20 ans de Ticket to Ride à Paris, où il y avait... 8 personnes qui étaient venues du monde entier pour faire la compétition, la dernière compétition. On avait fait ça dans un wagon de l'Orient Express, ça avait été un bel événement.

  • Stéphanie

    Costumé aussi, j'ai vu ça.

  • Maud

    On avait fait de l'immersion pour que les gens puissent vraiment vivre quelque chose d'authentique. Julien Delval, l'illustrateur historique, était venu pour dédicacer des boîtes. Mais aujourd'hui, Ticket to Ride a 20 ans. Et aujourd'hui, le monde change, donc Ticket to Ride s'est fait une beauté. On a fait une V2 de la version USA et c'est un plaisir de la voir maintenant relookée au goût du jour pour que justement on puisse faire en sorte que les nouveaux joueurs puissent découvrir le jeu à travers une identité graphique qui correspond beaucoup plus au standard du marché présent.

  • Stéphanie

    Et ça se renouvelle aussi toujours puisqu'il y a quand même eu le Legacy qui a fait une belle percée les années dernières.

  • Maud

    Legacy, il y a les Cities, il y a une gamme de beaucoup de jeux je pense qu'on peut trouver dans Ticket to Ride. Le jeu qui va forcément nous faire découvrir plus le jeu de société.

  • Stéphanie

    Si tu étais un mode de jeu, lequel serais-tu ? Tu serais du coop, du compétitif, du semi-coop, du chelou ?

  • Maud

    Je serais du bluff.

  • Stéphanie

    Du bluff ? Ah ouais.

  • Maud

    Sans aucune hésitation.

  • Stéphanie

    Ah ouais, pourquoi ?

  • Maud

    J'adore ça.

  • Stéphanie

    Ouais.

  • Maud

    Je m'amuse avec beaucoup de types de jeux, mais j'avoue, j'adore les jeux de bluff.

  • Stéphanie

    Quel jeu, par exemple, tu pourrais nous dire qu'il faut y jouer ?

  • Maud

    Cette année, Agent Avenue, j'ai adoré. Gros couture là-dessus. Perrudo, c'est ma petite Madeleine de Proust ludique. Voilà, j'adore les jeux de bluff.

  • Stéphanie

    Ok. Si tu étais un auteur de jeu, lequel serais-tu ?

  • Maud

    Hyper dur, trop dur.

  • Stéphanie

    Trop dur.

  • Maud

    Non, trop dur. J'en aime vraiment plein, très fort.

  • Stéphanie

    Ah, il suffit. C'est pas pour se fâcher. Ah si,

  • Maud

    si, je sais. Je serais Serge Lager.

  • Stéphanie

    Ah, ok. Serge Lager. Et pourquoi alors ? Parce que

  • Maud

    Serge, je le retrouvais tous les ans à Étourvie, le petit réunion que fait Bruno Faidutti. Je le connaissais depuis le siècle dernier. J'ai eu cette chance-là. C'est quelqu'un qui était lumineux. qui était rayonnant, qui a fait des jeux incroyables. Donc je serais Serge Lajet.

  • Stéphanie

    Ok. Et si tu étais une thématique de jeu, laquelle serais-tu ?

  • Maud

    Je ne sais pas, ça c'est une question difficile. L'alchimie.

  • Stéphanie

    L'alchimie. Alors qu'est-ce que tu entends par là ?

  • Maud

    Tout ce qui est en haut est en bas. L'alchimie, c'est un sujet sans fin. Je trouve qu'on peut... Ça permet de mettre des ingrédients pour faire quelque chose de plus grand.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Ah,

  • Stéphanie

    c'est joli. Ok. Et si tu avais donc quelqu'un d'autre ? à me proposer pour une prochaine interview une personne dans le milieu ludique que tu aimerais entendre à mon micro tu pourrais me proposer qui ?

  • Maud

    je te proposerais bien d'interviewer Hélène Delforge qui a une vie incroyable,

  • Stéphanie

    qui fait partie de mon équipe elle aussi elle a plein de vie c'est quelqu'un de bien en tout cas merci Maud d'avoir passé ce moment avec moi et je te propose qu'on conclue le podcast par la phrase habituelle alors Maud, aux jeux édités par Lab4Games tu joues ou quoi ? Je vous remercie pour votre écoute attentive et régulière. Si vous avez apprécié cet épisode et souhaitez me soutenir, n'hésitez pas à parler du podcast autour de vous et à me laisser des commentaires sur Instagram, Facebook ou la chaîne YouTube. La prochaine interview sera consacrée à Bertrand Arpino, le fondateur et gérant de Bankiiz Éditions. Je vous dis rendez-vous dans deux semaines. En attendant, amusez-vous bien !

Chapters

  • Débuts de joueuse

    01:02

  • Parcours pro

    05:58

  • Miss Magic Lantern

    09:16

  • Chez Funforge

    15:43

  • Chez Asmodée

    20:07

  • Plan d'action Marketing

    22:16

  • L'évènementiel

    24:31

  • 5 studios 5 identités

    26:12

  • Contraintes et libertés

    27:44

  • Evolution du monde ludique

    32:12

  • Les Festivals

    33:26

  • Jurée du FLIP

    36:35

  • Aimes-tu ton métier ?

    37:53

  • Des madeleines de Proust

    38:36

  • Portrait chinois ludique

    41:10

Description

Depuis juin 2024, Maud Daujean est responsable du marketing chez Lab4Games, qui regroupe les 5 studios francophones d’Asmodée (Days of Wonder, Space Cowboys, Libellud, Next Move et Repos Production).

Avant, elle occupait le poste de commerciale chez l’éditeur Funforge. Son parcours personnel l’a emmené plusieurs années aux Etat-Unis où Maud a exercé le métier de photographe.


Interview enregistrée au Sommet des Jeux à Valmeinier, en août 2025.


[PODCAST TU JOUES OU QUOI - SAISON 3 - EPISODE 22]


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Transcription

  • Stéphanie

    Bonjour, c'est Stéphanie, bienvenue sur le podcast Tu Joues ou Quoi, dédié à l'univers du jeu de société. Suivez-moi, je vous emmène dans les coulisses, à la rencontre des acteurs de ce monde très créatif. Cette semaine, je suis accompagnée de Maud Daujean. Depuis juin 2024, elle est responsable du marketing chez Lab4Games, qui regroupe les 5 studios francophones d'Asmodée. Avant, elle occupait le poste de commerciale chez l'éditeur Funforge. Son parcours personnel l'a emmené plusieurs années aux Etats-Unis, où Maud a exercé le métier de photographe. Nous nous sommes rencontrés cet été au Sommet des Jeux à Valménier. Eh bien Maud, merci de me rencontrer au Sommet des Jeux à Valménier. On se voit au sommet, à 1900 mètres précisément. Bienvenue sur le podcast.

  • Maud

    Avec plaisir, merci de m'avoir invitée.

  • Stéphanie

    Eh bien ça fait plaisir de te rencontrer. Pour de vrai. Et puis de retracer un peu ton parcours. Et puis qu'on discute de ton métier dans le monde ludique. Quels sont toi tes débuts de joueuse ? Avant même qu'on parle de travail.

  • Maud

    Moi j'ai appris à compter en jouant aux flippers. J'avais des grands frères qui ne me laissaient jamais gagner. Et ma mère m'a dit pour gagner aux flippers il faut que tu apprennes à compter. Donc j'ai appris à compter très vite. Parce que j'adore le flipper. C'est mon premier jeu.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Les vrais flippers.

  • Stéphanie

    Et t'as des flippers préférés ?

  • Maud

    J'avoue avoir trois flippers à la maison. Mon préféré, c'est le théâtre de magie.

  • Stéphanie

    Et après le jeu de société, ça a fait partie de la vie de famille chez toi ? Oui,

  • Maud

    ça a fait partie de notre vie de famille, mais j'ai commencé par le jeu vidéo avec ma maman. On jouait au jeu vidéo le mercredi après-midi. Elle jouait au jeu vidéo avec nous tous les mercredis sur la console et on s'amusait pendant quelques heures.

  • Stéphanie

    Ok, super. Donc ça a commencé par quoi comme console ?

  • Maud

    Les Sega, avec les Sonic et autres jeux à plateforme comme ça.

  • Stéphanie

    Ok. Le jeu vidéo n'est pas forcément un jeu de plateau à l'époque.

  • Maud

    J'ai quand même joué à tous les La Bonne Paye, Docteur Maboul, Monopoly et autres.

  • Stéphanie

    Bien sûr.

  • Maud

    Et je me suis fait offrir un civilisation à 15 ans, parce que je me suis dit que je voulais absolument découvrir ce monde-là. Et je n'ai pas trouvé de copain pour jouer avec moi alors que j'avais lu toutes les règles. J'étais très triste.

  • Stéphanie

    Première frustration.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Tu as eu aussi, je crois, du jeu de rôle assez rapidement aussi. C'est quelque chose qui t'a intéressée ?

  • Maud

    J'adore raconter des histoires. J'adore lire des histoires. J'adore vivre des histoires. Le jeu de rôle était l'extension rêvée. J'ai découvert le jeu de rôle grâce à mon mari, Cyril, qui a masterisé des parties. Et depuis, je n'ai jamais arrêté. été de lancer des dés et de vivre des aventures.

  • Stéphanie

    Ça va au-delà du jeu de rôle, puisque tu adores les jeux grandeur nature, c'est ça ?

  • Maud

    J'en fais exactement beaucoup par an. J'ai le privilège de pouvoir incarner mille et une vies dans des époques aussi différentes que la Renaissance, Duc Tulu, les Lauriers de Nabucco, l'occupation pendant la guerre. Bientôt, je vais jouer à Battlestar Galactica.

  • Stéphanie

    Ah ouais ?

  • Maud

    Voilà, mille et une vies, tout en costume, avec des personnages qui ont des backgrounds de... Assez étoffé, des histoires, des intrigues, et c'est du jeu de rôle plutôt romanesque. Donc on cherche à vivre des belles histoires, à donner du beau jeu, à recevoir du beau jeu, et à ressentir des émotions assez fortes.

  • Stéphanie

    Et comment ça se prépare, un jeu de grandeur en nature comme ça ?

  • Maud

    On reçoit nos personnages, l'univers, les règles de jeu bien en avance, et il faut tout préparer bien en avance. Par exemple, j'en ai un qui va se dérouler en novembre, qui s'appelle l'ISM, où je dois lire 250 pages. d'histoires personnelles avant de commencer à jouer le jeu.

  • Stéphanie

    Pour pouvoir incarner vraiment l'histoire de ton personnage.

  • Maud

    Exactement.

  • Stéphanie

    Ah oui, ça demande quand même une grande implication ce genre de jeu.

  • Maud

    C'est un investissement, mais ça nous permet de refixer ce qui existe ou ce qui n'existe pas, ce qui aurait pu exister, comme quand on joue des Uchronies. J'adore ça, honnêtement, c'est une véritable chance de pouvoir incarner la vie de quelqu'un. J'ai adoré par exemple être la directrice d'un casino à Cuba.

  • Stéphanie

    Oui, c'est ça, c'est vraiment...

  • Maud

    La révolution.

  • Stéphanie

    Ça permet de vivre mille vies, quoi.

  • Maud

    Mille et une vies.

  • Stéphanie

    C'est un parcours de théâtre, d'impro, quelque chose comme ça ou pas du tout ?

  • Maud

    Je fais du théâtre, jeune, pas plus que ça.

  • Stéphanie

    Ce que je fais, c'est qu'il y a a priori aussi beaucoup de costumes pour pouvoir permettre l'immersion.

  • Maud

    Et effectivement, par le bien de costume et pas de déguisement, on s'approprie notre personnage avec à quoi il ressemble. Souvent, quand on nous donne un personnage, on nous dit, tu as plutôt cette classe sociale, tu appartiens plutôt à ce genre de personnage et on te donne des référents. Donc tu te débrouilles pour soit avoir des costumes toi, soit te faire prêter des costumes, soit en louer.

  • Stéphanie

    Ou les créer peut-être parfois.

  • Maud

    J'ai pas ce talent-là.

  • Stéphanie

    On ne peut pas tout avoir non plus.

  • Maud

    Oui, c'est vrai.

  • Stéphanie

    Et puis le temps aussi.

  • Maud

    C'est vrai, mais j'adorerais. J'ai plein de copines qui font leur crinoline, leur corset et autres et j'avoue que je ne sais pas le faire. Donc souvent je gratte aux portes en disant, est-ce que tu n'aurais pas une crinoline pour moi ? Bouge pas, je t'en prête une et souvent ça fonctionne.

  • Stéphanie

    Jusqu'à combien de joueurs tu as pu faire des grandeurs nature comme ça ?

  • Maud

    Je fais des jeux de rôle romanesques, donc on va dire que ça va jusqu'à 50 personnes, mais ça peut être jusqu'à deux personnes. On peut avoir un jeu de rôle grandeur nature, où c'est une personne versus une autre personne qui se rencontre, où il se passe des choses. Il n'y a pas de format complètement carré. Il y a toutes les possibilités, ce sont vraiment à prendre.

  • Stéphanie

    D'accord, je ne pensais pas qu'on pouvait faire juste à deux.

  • Maud

    On peut.

  • Stéphanie

    Tu es essentiellement joueuse ou ça t'arrive d'être organisatrice ou de pouvoir mener les jeux ?

  • Maud

    Donc là je suis joueuse à 90%. Je suis en train d'écrire un jeu de rôle avec Cyril, mon mari. C'est surtout lui qui écrit et moi qui donne des idées. Et on a aussi un autre co-auteur. Les deux sont extrêmement talentueux, conteurs et avec une imagination débordante. Je suis là pour co-organiser et j'ai rejoint aussi l'organisation d'un jeu de rôle qui se passe à Bagneux, juste après la guerre. C'est un petit bal, c'est un jour de fête. Je fais aussi beaucoup de photos de jeux de rôle grandeur nature. Une fois que j'ai joué les jeux, je prends beaucoup de plaisir à les photographier.

  • Stéphanie

    D'accord, pour que ça reste mémorable.

  • Maud

    En fait, c'est important de donner et de recevoir. Dans la vie, c'est toujours ça. Et quand on nous donne des rôles, quand on nous donne des histoires à vivre qui sont incroyables... Je me dis que c'est chouette de pouvoir participer, de contribuer à la vie, aux joueurs et aux joueuses des jeux de rôle grandeur nature.

  • Stéphanie

    Chouette. Et alors, comment tu es arrivée finalement professionnellement vers ce milieu du jeu de société ? Tu veux démarrer où sur ton parcours, peut-être ?

  • Maud

    Mon parcours commence à Multisim, quasiment au siècle dernier, mais pas tout à fait, on est en 2000. Je rejoins l'équipe de Multisim et je devais m'occuper de trouver un distributeur américain pour le jeu de rôle Agon de Mathieu Gaboury. Et donc j'ai fait la Gen Con, la Gamma, en 2001. À l'époque, le milieu français était assez petit, tout le monde se connaissait. Donc mon mari c'est Cyril Daujean, il est quand même assez connu dans le milieu. C'est grâce à lui que je suis dans ce milieu-là, c'est grâce à lui que j'ai rencontré Bruno Fidouti, Hervé Marli, Philippe Despalières, Thomas Verchex, tous ces gens-là avec qui je jouais tout le temps en fait. On se retrouvait le samedi soir, on montait à Belleville, j'habitais Bastille, et on allait jouer, et on jouait toute la nuit parce qu'on avait 20 ans et que le temps n'a pas d'importance à ce moment-là.

  • Stéphanie

    Donc il était directeur artistique chez Days of Wonder, c'est ça qu'il veut dire ?

  • Maud

    C'est le directeur artistique de Days of Wonder depuis le premier jeu, mais il a travaillé à Multisim avant, il a fait du jeu de rôle, il a travaillé à Casus Belli aussi, première édition. Pour ceux qui ont découvert les plans dans Casus Belli, c'était lui qui les crayonnait quand il était encore adolescent. Donc lui, sa vie était un jeu.

  • Stéphanie

    Et donc toi, tu as commencé, ça a été ta première expérience réelle dans ce milieu, enfin un milieu, le jeu de rôle un petit peu à part quand même, je pense, aujourd'hui par rapport aux jeux de société, même s'il y a des liens. Et ensuite, ça t'a fait cheminer vers quoi ?

  • Maud

    Ensuite, je me suis dirigée vers la bande dessinée et tout ce qui était comics. J'ai rejoint un groupe qui s'appelle Tournon Sémique et je m'occupais de développer la régie publicitaire pour eux. Donc on avait les comics DC Comics, donc Batman était mon super copain. Toute une gamme de nouveaux magazines avec du Coyote Magazine, du Calliope, du Manga Kids et plein d'autres magazines naissants. C'était plutôt tourné sur la culture geek et les cultures de l'imaginaire. Et les régies publicitaires n'existaient pas et j'ai été en charge de développer tout ça.

  • Stéphanie

    Donc oui, du démarchage à ce moment-là et assure un milieu où à ce moment-là le magazine fonctionnait encore plutôt bien Absolument,

  • Maud

    j'ai envie de croire que le magazine continuera encore parce que le papier il y a quelque chose de très agréable, de toucher du papier et pas simplement feuilleter le magazine Je fais partie des gens qui aiment acheter encore les livres même si j'ai une liseuse, je ne m'arrête pas d'acheter des livres ou des magazines parce que j'aime cette sensation de prendre l'objet en main et de découvrir les pages qui vont avec À l'époque, c'était florissant, mais c'était quand même difficile. Rien n'est jamais facile.

  • Stéphanie

    Oui, bien sûr. Et puis, c'est vrai que ça fonctionne que là, pour le coup, l'importance d'une régie publicitaire, c'est souvent grâce vraiment les seuls revenus pratiquement d'un magazine.

  • Maud

    Absolument. Il y a ça et tout ce qui est abonnement, les souscriptions. On le voit dans le milieu du jeu de société. Ce n'est pas non plus si simple, mais on les remercie d'être là. On remercie l'équipe, les équipes journalistiques de faire cet effort-là. Moi, j'avoue que j'apprécie beaucoup feuilleter un plateau magazine, par exemple, pour ne pas le nommer.

  • Stéphanie

    Complètement. Tu as travaillé combien de temps dans ce milieu-là, plus de l'édition, magazine ?

  • Maud

    J'ai travaillé quelques années et malheureusement, il fallait se rendre compte que j'adorais mon métier, mais je n'aimais vraiment pas l'équipe avec laquelle je travaillais et c'était incompatible pour moi. J'ai eu l'opportunité de rejoindre et d'être éditrice d'un annuaire professionnel qui s'appelle le Guide du show business, qui est un annuaire qui existe depuis plus de 40 ans. Et donc, j'ai eu comme mission de le remettre au goût du jour, de refaire une base de données, de le mettre sur Internet. de continuer la régie publicitaire parce que c'est pareil, ça marche grosso modo avec ça.

  • Stéphanie

    Et après, il y a eu une parenthèse aux Etats-Unis, plus ou moins après ?

  • Maud

    Plus ou moins après, j'ai vécu 7 ans aux Etats-Unis, en Californie. Cyril Daujean a eu l'opportunité de rejoindre le bureau de Days of Wonder en Silicon Valley, à Los Altos. Et il m'a proposé d'y aller avec nos enfants, qui avaient 6 ans et 9 ans à l'époque, et de se dire, allez viens, on va faire 2 ans aux Etats-Unis, ça va être une chouette aventure. L'expérience de 2 ans s'est transformée en 7 ans, et ça a été 7 années. assez fabuleuse.

  • Stéphanie

    Et là, tu as touché à d'autres choses, du coup, une partie plus artistique. Tu as travaillé en tant que photographe là-bas.

  • Maud

    Exactement. J'ai eu la chance de réaliser un rêve d'enfant et c'est les Américains qui m'ont donné cette opportunité-là. Ils ont cru en moi et pendant sept ans, j'ai fait de la vidéo, de la photo et avec des projets personnels, des expositions, j'ai rencontré des gens incroyables, des parcours de vie dont je me souviendrai absolument tout le temps.

  • Stéphanie

    C'est un peu ça, j'ai l'impression que toujours aux Etats-Unis, et ça c'est un peu touté Toujours possible. Ils ont cette mentalité-là.

  • Maud

    La grosse différence, c'est qu'en France, on a un peu peur d'essayer parce que par hasard, quand les gens réussissent, souvent, ils sont montrés du doigt. « Ah, mais toi, t'as réussi. Mais t'as forcément volé ton succès ou je ne sais quoi. » Et si tu rates, les gens te disent « On te l'avait bien dit, il ne fallait pas essayer. » Aux États-Unis, la mentalité est différente. Si tu réussis, les gens te disent « Bravo, bien joué. » Et si tu rates, ils te disent « Tu vas avoir appris quelque chose, tu vas rebondir. »

  • Stéphanie

    Oui, la mentalité est plus positive, effectivement.

  • Maud

    Absolument.

  • Stéphanie

    on va de l'avant.

  • Maud

    On n'a pas le choix, en fait, et c'est vrai, la vie, elle est comme ça. J'avoue que ce côté-là de la culture américaine est une chance.

  • Stéphanie

    Oui, je veux bien croire. Et à ce moment-là, ça s'appelle Miss Magic Lantern, j'ai vu ça. Tu t'es lancée à ton compte et tu photographiais beaucoup les gens, notamment.

  • Maud

    Sans vouloir révéler un secret, je crois que c'est ce que j'aime le plus dans la vie, c'est les gens. J'aime les rencontres. Sur mon site internet, il y a énormément de photos, des photos de vie, entre guillemets, un petit peu glanées à droite à gauche. Ce qui me faisait vivre et remplir mon frigo, c'était plutôt le côté corporate et puis les sociétés de la Silicon Valley. Évident que quand je passais des journées avec les familles, à les photographier, à les enregistrer, à faire des vidéos, j'y prenais énormément de plaisir. Parce qu'on se remet à l'essentiel de ce qui est vraiment important.

  • Stéphanie

    Oui, créer les liens et essayer de transparaître par une image des sentiments.

  • Maud

    C'est du lien, du souvenir, du jeu. C'est quand j'allais faire des photos de famille, j'avais effectivement cet outil qui était l'appareil photo, mais ce qu'on allait vivre, je voulais qu'ils se souviennent d'une expérience plus que d'un cliché sorti. Et le cliché sorti n'était que la résultante de ce qu'on avait vécu ensemble.

  • Stéphanie

    Oui, je vais bien croire. Et puis c'est vrai que je pense qu'il faut passer du temps avec des gens. Une séance photo, ce n'est pas juste une heure dans un studio. J'imagine qu'il faut passer du temps pour pouvoir ressortir des choses plus intéressantes.

  • Maud

    Je trouve que c'est très difficile de poser. Je pense que j'ai une grande admiration pour ceux qui en font ce métier-là. C'est très difficile. C'est très difficile d'être naturel. C'est très difficile d'avoir un appareil photo qui vous regarde. essayer d'en faire quelque chose. Mon style en photographie, c'est plutôt du lifestyle, comme on pourrait dire aujourd'hui. Et je parle tout le temps. En fait, je parle tout le temps, tout le temps. Donc, je pense que chaque personne est très belle. On a tous quelque chose de très beau. Pas forcément comme ce qu'il y a dans les magazines, mais on a tous quelque chose qui nous fait rayonner. Et ce que j'aimais chercher, c'était ça.

  • Stéphanie

    C'est toujours en ligne, je crois. On peut voir un peu ton travail.

  • Maud

    J'ai fait surtout trois expos qui ont été plus notables, qui ont été Dancing in the City, qui a été une balade de San Francisco à travers la danse et à travers les âges. Les modèles avaient entre 7 et 77 ans. Je faisais découvrir le San Francisco que j'aime avec les quartiers qui étaient à la fois touristiques mais pas que. On en a fait un bouquin, l'expo a tourné deux ans au consulat. J'ai fait aussi une exposition dans ma ville, donc j'ai habité sept ans à Los Altos. L'expo s'appelait Every Winkle's Tale a Story. Donc, une ride une histoire. J'ai enregistré 35 interviews, photographié 35 personnes sur 35 tranches de vie pour savoir qui étaient les gens qui avaient vu la Silicon Valley sortir de terre. Et là, j'ai glané des informations et des histoires absolument incroyables. Les gens avaient entre 70 et 100 ans. C'était une belle rencontre. Et le dernier gros truc que j'avais fait aux Etats-Unis, c'était le confinement. T'as vécu ça là-bas ? J'ai vécu ça là-bas. J'ai fait 80 portraits, enfin, j'ai fait 80 photos. Le pitch... C'était un jour une photo, je venais devant chez les gens en respectant les distances de sécurité. J'avais fait un deal avec la ville où les gens me montraient en une photo ce qui se passait à l'intérieur. Donc j'avais des musiciens, j'avais des sportifs, j'avais des gens qui étaient en pyjama, j'en avais qui étaient super geeks, il y en avait qui se costumaient, il y en avait qui avaient décidé d'être des stars. Bref, on voit que l'imagination des gens est aussi assez débordante. Ma façon de rester connectée avec le monde, alors qu'on n'avait pas le droit de le faire.

  • Stéphanie

    Et tout ça, on peut le voir, ce travail-là, encore en ligne ou quelque part ?

  • Maud

    Sur missmagiclanterne.com, j'ai aussi un Instagram sur lequel on peut voir mes photos, qui s'appelle Paris by Mode. J'ai changé l'intitulé en revenant à Paris parce que j'ai commencé un projet sur les toits de Paris, où j'ai commencé à photographier les artistes sur les toits pour leur donner la lumière. faire en sorte que les gens qui étaient dans les cabarets puissent aller rejoindre des étoiles et être les étoiles. Mais je me suis rendu compte que 1. Ce n'était pas légal de monter sur les toits de Paris. 2. Les gens avaient souvent le vertige. 3. Les toits n'étaient pas accessibles. Donc c'était un projet qui n'a pas pu vraiment aboutir. J'ai adoré grimper là-haut et voir Paris sous un autre angle. C'était une fausse bonne idée.

  • Stéphanie

    C'est plus facile d'aller dans les catacombes à Paris a priori.

  • Maud

    C'est plus facile d'aller dans les catacombes. En fait, ce que j'aime quand je fais des photos, c'est raconter des histoires. Et là, je n'ai pas de projet photo en cours, aucun.

  • Stéphanie

    Ça pourrait être intéressant d'avoir un projet comme ça dans le milieu du jeu. Je ne sais pas. C'est quelque chose qui te traverse ?

  • Maud

    Je ne sais pas parce qu'il y a déjà des professionnels qui font des photos incroyables. Nous, on travaille franchement chez Laporte Games avec Asmoday et avec des professionnels qui racontent des histoires, enfin qui racontent nos jeux merveilleusement bien. Je ne pense pas que je puisse faire mieux ou différent.

  • Stéphanie

    Oui, mais on est plus sur de la photographie peut-être de l'objet et pas de l'humain qu'il y a derrière, justement. Et ça sera peut-être quelque chose d'intéressant à explorer. Je donne une piste comme ça.

  • Maud

    Peut-être, peut-être. Peut-être qu'un matin, je vais décider, mais je ne sais pas. Les gens sont aussi assez timides. Les gens sont réservés dans ce milieu. Les gens sont pudiques. Ça fait partie des choses que j'apprécie. On ne se dévoile pas si facilement. Et quand on arrive à révéler... Non, je pense que je... C'est une bonne idée, mais ce ne sera pas mon idée.

  • Stéphanie

    Ok. On va quand même parler maintenant de ton retour en France, où là, tu as travaillé pour Funforge. Tu es revenue quand en France ?

  • Maud

    Je suis revenue en juin 2020. J'ai commencé fin juin 2020 avec Funforge. Il se trouve que Philippe Noura, le patron de Funforge, est un ami de 25 ans. Quand il a su que je rentrais en France, il m'a dit « Ah, c'est super, tu viens directement travailler pour moi et tu vas t'occuper de la distribution des jeux en France. » Et je lui ai dit « Mais je ne suis pas commerciale. » Il m'a dit « Ne me pose pas de questions, viens juste travailler. » et j'ai adoré travailler pour eux avec eux c'était une toute petite équipe c'est des gens que je connais très bien. Gardel, Gerson de Chélan, Charlotte, plein de gens. Vraiment, ça a été un pur bonheur. On était huit, il y avait François, Charline, Thomas. Un bonheur pour quatre ans de travail avec eux.

  • Stéphanie

    Une échelle assez humaine aussi pour travailler.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Alors, quelles étaient tes missions à ce moment-là ? Raconte-moi un petit peu le travail que tu as fait chez Funforge.

  • Maud

    Funforge avait une double casquette. Il y avait une casquette d'éditeur et une casquette de distributeur. Et donc, moi, je m'occupais de faire en sorte que toutes les boutiques de France puissent avoir nos jeux dans leur rayonnage, afin que tous les joueurs... puissent jouer à ces merveilleux jeux.

  • Stéphanie

    D'accord. Tu sillonnais pas mal la France, t'allais voir directement les boutiques, c'est ça ?

  • Maud

    Il se trouvait que quand je suis arrivée chez Funforge, je ne connaissais pas les boutiques, parce que je connaissais très bien les éditeurs, je connaissais plutôt bien les auteurs de jeux, j'avais plein d'amis qui travaillaient dans ce milieu-là depuis très longtemps, et les jeux venaient à moi. Donc je ne connaissais pas les boutiques, et la seule boutique que je précontais, c'était Variante à Paris, parce que le vendeur historique de cette boutique, c'est mon cousin.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Donc je ne connaissais pas les boutiques en France et je me suis dit qu'il fallait que je fasse un tour de France des boutiques pour comprendre qui elles étaient. Parce que chaque boutique avait une âme différente, chaque boutique avait un style différent. Et comme on avait un catalogue de jeux varié, je pouvais comprendre un petit peu comment ça fonctionnait. J'ai fait un tour de France, un petit peu le compagnonnage en allant de porte en porte et en liant du lien. Et ça a été des très belles rencontres, vraiment.

  • Stéphanie

    Combien de boutiques comme ça tu as pu sillonner dans ton réseau ?

  • Maud

    Quand on aime, on ne compte pas. Mais j'ai déjà vu quelqu'un dans les Vosges me dire « Ah, mais Maud, j'adorerais que tu viennes. » Je fais « Ok, je viens. » Et en fait, à partir d'un point d'étoile, après tu rayonnes sur toute cette région-là et on y va.

  • Stéphanie

    Ok, donc du coup, là tu venais avec les jeux. Là, l'objectif, c'était de les présenter, de savoir aussi donner les atouts pour que, j'imagine, les ludiquaires puissent parler correctement du jeu ou quels sont les avantages, c'est ça ?

  • Maud

    Absolument, et je les faisais jouer. C'était hyper important pour moi qu'on fasse une partie complète. pour qu'ils puissent comprendre l'intérêt, pour qu'ils puissent vivre et ressentir ce qui se passe autour d'une table. Je pense sincèrement que notre métier, à quel niveau qu'on soit, c'est les joueurs l'essentiel. Le plaisir et le succès, c'est quand on voit des gens jouer à nos jeux, les jeux qu'on a fabriqués, édités, peu importe le maillon qu'on soit dans la chaîne, c'est ça la victoire. La victoire, c'est à ce moment-là.

  • Stéphanie

    J'imagine que la problématique aussi quand on y est... éditeurs essaient effectivement de trouver la bonne place parmi la pléthore de jeux qu'il y a, donc j'imagine qu'en magasin c'était important aussi, ils sont inondés en fait les ludicards donc j'imagine que c'est pas simple non plus pour s'y retrouver pour eux.

  • Maud

    Clairement c'est un avantage que j'avais, moi j'avais décidé que j'allais voir tout le monde et régulièrement et plusieurs fois par an, donc j'étais souvent effectivement sur les routes et les gens disaient ah ouais mais ça fait quand même une différence, on sait que tu vas venir nous présenter tes nouveautés alors ça va nous plaire, ça va pas nous plaire mais forcément quand il faut passer commande C'est plus facile quand on a eu une personne avec qui on a créé du lien et on a échangé plusieurs fois.

  • Stéphanie

    Bien sûr. Malheureusement, il y a eu l'annonce, il n'y a pas très longtemps, de la fin de Funforge. Tu étais déjà partie, mais j'imagine que ça doit être assez difficile pour l'équipe de l'époque. Toi, quel est ton ressenti par rapport à ça ?

  • Maud

    D'abord, c'est des gens merveilleux. Funforge, c'est une histoire de 17 ans. Un grand bravo à Philippe Noura, à son équipe, à Claude, encore une fois, à la gersante. Je ne peux pas tous les nommer, mais vraiment. encore une fois un immense bravo à eux. Ils ont réalisé beaucoup de travail. C'est des échecs, des succès. Oui,

  • Stéphanie

    il y a quand même eu des jeux aujourd'hui qui sont encore... Je veux dire,

  • Maud

    Tokaido, Monumental. Bravo. Voilà, bravo, merci. Vous êtes mes amis, je vous adore. Je sais que vous allez rebondir, j'ai aucun doute là-dessus. C'est juste une tranche de vie, on apprend. Il y a eu des erreurs, il y a eu des succès. C'est comme ça, ça va rebondir, c'est sûr. Je ne peux pas croire ça. Moi, je suis partie de Chef & Forge il y a un peu plus d'un an. En avril 2024, la distribution des jeux avait été redonnée à Asmoday. Donc, mon travail avait été redonné à Asmoday. Donc, ils se sont dit, on va récupérer Maud et on va lui trouver une place. Voilà comment je suis arrivée chez Asmoday.

  • Stéphanie

    Alors justement, aujourd'hui, la transition est toute faite. Quel est ton travail chez Asmoday ? C'est quoi tes missions ?

  • Maud

    Donc moi, je suis Head of Marketing pour Lapport Games. Lapport Games est un studio dans Asmoday. Et Lapport Games, c'est cinq labels. Next move. Repos Productions, Libélude, Space Cowboys et Days of Wonder. J'ai une équipe de 13 personnes qui va s'occuper à la fois du marketing, de la communication, de l'événementiel et tout ce qui est graphique autour de ces 5 labels-là.

  • Stéphanie

    Donc du coup, vous avez tout le catalogue de ces 5 studios. Toi, tes missions ? Forcément de gérer toute cette équipe, mais plus précisément, c'est quoi ton quotidien en fait ?

  • Maud

    si on peut avoir un quotidien le quotidien c'est ça qui est chouette c'est que c'est pas le jour de la marmotte c'est que ça change quand même effectivement tous les jours mon enjeu est de faire circuler l'information du bon côté de la direction vers les équipes des équipes vers la direction de vérifier que tout est fluide il faut savoir qu'il y a deux choses importantes il y a les gammes et les nouveautés on a des jeux emblématiques qui sont extraordinaires chez Lab4Games on a Azul Unlock Seven Wonders Les aventuriers du rail, Pléthore, Dixit, etc. Et il y a des nouveautés. Donc l'enjeu n'est pas exactement le même dans sortir une nouveauté ou continuer à faire vivre des gammes. On établit des stratégies ensemble, avec les équipes. Donc moi j'ai cinq personnes qui réfèrent directement à moi, sachant que d'autres ont des équipes. Je pense notamment à l'équipe de Hélène, qui gère toute la communication. Hélène Delforge, du coup. Oui, sans elle, vraiment, Hélène, si tu m'écoutes, merci d'être là. On définit des stratégies de communication, on met en place des réseaux. C'est elle qui va me proposer des choses et moi, je vais pouvoir les valider. Ce sont mes équipes et c'est ma plus grande satisfaction dans le travail, c'est de se dire que les équipes qui travaillent avec moi sont fières de faire ce qu'ils font, sont fières des réalisations qu'ils font et qu'ils ont tous les outils pour bien travailler. Moi, je veux vraiment que le matin, quand on vient au boulot, qu'on soit en télétravail ou sur site, qu'on y prenne un maximum de plaisir. L'enjeu, c'est vraiment de trouver... trouver des nouvelles astuces, de créer peut-être différents biais de communication ou de marketing ou d'action marketing spécifique.

  • Stéphanie

    En quoi consiste un plan d'action marketing ? Parce que pour plein de gens, ça ne veut pas dire grand-chose en fait. On dit oui, marketing, c'est communiquer pour vendre, en résumé. Mais en quoi consiste un plan d'action ? Sur une nouveauté par exemple ?

  • Maud

    Sur une nouveauté, c'est assez facile. Comment est-ce que tu vas faire en sorte que ton jeu soit connu ? Tu as plusieurs canaux. Tu as tout ce qui est les événementiels. Donc, il faut être sur tous les festivals. Il faut vérifier toute cette partie-là. Il faut être sur tous les réseaux sociaux. Il faut que les influenceurs aient eu tes jeux en main. Il faut que tu aies pu éventuellement faire un petit peu de publicité diversifiée, que ce soit sur les réseaux sociaux, sur des moteurs de recherche. Il y a quand même tout un canal différent. Ça peut être également en boutique avec des opérations de boutique, des opérations plus liées au commercial, mais que nous, on va mettre en place. avec de l'affichage, avec des goodies spécifiques. Là, je pense à Seven Wonders Dice, où le marketing manager fait un super boulot, où il a fait un display de Seven Wonders Dice avec tout ce qu'il y a à l'intérieur. Et donc, les boutiques vont pouvoir s'en servir pour les mettre dans leur vitrine ou sur leur comptoir, avec exactement ce qu'ils vont avoir dans le jeu, etc. Donc, c'est un attrait supplémentaire.

  • Stéphanie

    On va voir comment se rendre visible dans une boutique.

  • Maud

    Exactement. Mais c'est aussi sur Amazon. Est-ce que tu vas faire quelque chose sur Amazon ? Comment est-ce que tu vas construire tes pages ? Est-ce que nous, au sein du studio, il faut qu'on puisse donner et avoir tous les assets graphiques prêts pour tout le monde ? Donc encore une fois, chez Laporte Games, on est un studio de chez Asmoday avec cinq labels différents. Notre job, c'est de faire en sorte que toutes les unités de distribution en France, mais dans le reste du monde, puissent faire la bonne promotion des jeux. Et c'est le job du distributeur de bien faire les choses. nous, au niveau du studio. on l'accompagne, on l'aide. Et il y a des fois où l'Italie va m'appeler en me disant « Moj, j'ai une super idée, est-ce que tu peux nous aider financièrement à concrétiser cette opération-là ? » Et si j'ai encore un peu de budget, et si l'opération me semble intéressante, ça va être avec grand plaisir qu'on fait ça. C'est hyper important de travailler avec les distributeurs du monde entier pour savoir, eux, quelles sont les actions de marketing qu'ils ont faites, quelles sont les actions de communication qu'ils ont faites, quels sont les festivals sur lesquels ils sont allés. Et nous, on regroupe toutes ces informations-là aussi.

  • Stéphanie

    Et donc, tu disais que tu avais une partie forcément événementielle. Donc, ça va être là la présence, comme tu disais, sur les salons. Donc, ça va être quoi ? Ça va être travailler justement la visibilité, le décorum de l'espace pro, les goodies. Comment vous travaillez ça ?

  • Maud

    Alors, ça dépend. Ça dépend des salons. Nous, l'équipe événementielle, elle est composée de trois personnes. Il y en a deux qui sont basées à Bruxelles, Thibaut et Clifford. Et il y en a un qui est basé au Canada, qui s'appelle Stéphane. on va s'occuper il y a les événements majeurs et les petits événements. On ne va pas traiter l'événementiel de la même façon. Il y a certains salons qui sont pris en charge par le groupe ou qui sont pris en charge par les unités de distribution, donc je pense à la GenCon ou à Essen. Et il y a les salons où nous avons, nous, en termes de studio, on a une possibilité plus grande. Le festival le plus emblématique là-dessus, c'est le festival de Cannes. où on va construire et on va pouvoir avoir une imagination débordante sur à quoi vont ressembler l'espace, l'App for Games, donc pour nos cinq labels, pour qu'on puisse faire en sorte que les joueurs s'amusent le plus possible et restent un maximum de temps sur l'espace. On va avoir des animations mobiles, on va avoir effectivement des goodies à gagner,

  • Stéphanie

    on va avoir des versions XL de jeux.

  • Maud

    exactement tout ce genre de possibilités des versions Excel ou des décors je pense à Forerunner à Cannes où effectivement il y avait la salle du trône carrément on essaye en fait de prendre un des 5 labels et de mettre un jeu en exergue un peu où la décoration sera un petit peu plus travaillée que sur les autres et on essaye de changer l'année prochaine ce sera sur Day One d'accord donc un jeu Space Cowboy chaque studio a quand même son identité forte

  • Stéphanie

    avec des jeux forts, donc ça j'imagine qu'il faut aussi le garder, c'est-à-dire que même si tu fais la com et le marketing de ces 5 studios, il faut que chacun garde son identité en ayant un peu la force de frappe de l'ensemble, j'imagine.

  • Maud

    C'est complètement vrai, ça c'est vraiment le travail de Hélène. On ne parle pas des jeux Days of Wonder comme on parle des jeux Nextmove ou des jeux Repos. Chaque personne a sa ligne éditoriale forte. On essaye vraiment de garder une cohérence là-dessus pour qu'un jeu Days soit toujours « Ah bah ouais, c'est un jeu Days, donc évidemment, il y a un réel gage de qualité. »

  • Stéphanie

    Et ils ont quand même chacun leur équipe de com dans les studios ou pas forcément ?

  • Maud

    Non.

  • Stéphanie

    Non ? D'accord, ils travaillent avec tout le monde en commun ?

  • Maud

    Les gens sont dispatchés Il faut bien se rendre compte que Nextmove, le label qui est dit Azul notamment, est à Montréal Repoproduction, ils sont en Belgique, à Bruxelles et à Paris, on a Days of Wonder et Space Cowboys et à Poitiers on a Libélude. Donc on est sur 4 sites différents pour 5 labels et on n'est pas forcément aux mêmes horaires, mais on s'en sort très bien.

  • Stéphanie

    Ça ne doit pas être facile, parce que tu disais 17 personnes dans ton équipe. 13 personnes. 13 personnes dans ton équipe. Vous êtes tous un peu dispatchés ? Oui. Comment ça se passe ? Vous arrivez à vous réunir quand même parfois tous ensemble ? Exactement.

  • Maud

    Non, c'est possible. J'essaie de réunir tout le monde un peu régulièrement. Et surtout, une fois par mois, on refait le point sur ce qui s'est passé, sur les différentes actions. Chacun peut prendre la parole. Ça tourne. C'est hyper important de faire une cohésion d'équipe. Moi, j'ai beaucoup de chance de travailler avec ces humains-là. J'espère qu'ils sont contents et ils auront envie encore de travailler longtemps avec nous.

  • Stéphanie

    Et quelles sont tes contraintes et tes libertés, par rapport à ton métier, mais par rapport aussi à l'ensemble de la partie marketing ?

  • Maud

    On nous demande des résultats, on nous demande des KPI. C'est des gros mots, mais c'est vrai que quand on investit de l'argent, on a besoin de savoir quelles sont les retombées. Est-ce qu'on peut évaluer l'impact ? Il y a différents moyens de mesurer un impact. C'est parfois difficile et c'est important. parce qu'on ne va pas jeter de l'argent par les fenêtres et on veut savoir si les opérations fonctionnent. Donc si elles fonctionnent, on va les renouveler. Si elles ne fonctionnent pas, on pourrait peut-être penser à autre chose.

  • Stéphanie

    Tes contraintes, elles vont être liées effectivement aux retombées. C'est ce que tu dis. Mais sur la liberté justement de créer, de trouver des nouveaux, ça c'est assez libre globalement ?

  • Maud

    Extrêmement libre. Ils nous font confiance. Je veux dire, Asmodé soutient la façon dont on veut communiquer à travers les jeux. A chaque fois, on fait vraiment du brainstorming entre l'événementiel, la communication et le graphique. On essaye vraiment d'être impliqué dès même la création des jeux. Donc on va aller voir les chefs de projet pour le suivi d'un jeu, pour tout ce qui est nouvelles IP. On peut aller voir la personne qui s'occupe de la gamme pour aller en discuter avec lui. L'intérêt, c'est de travailler tous ensemble. On est un studio dans la Power Games où on a à peu près 80 personnes qui utilisent tous les métiers différents. On a une grande liberté et vraiment merci pour ça.

  • Stéphanie

    Vous arrivez en amont quand même sur les projets. Par exemple, je ne sais pas, je prends Take Time qui sort chez Libelud. Ça fait combien de temps, par exemple, que vous travaillez sur ce projet-là ?

  • Maud

    Il faut deux ans à peu près.

  • Stéphanie

    Il me disait qu'il l'avait sourcé à Cannes 2024.

  • Maud

    Tout à fait.

  • Stéphanie

    Et donc, ça arrive assez vite finalement. Mais là, les équipes de com et marketing, vous avez commencé à travailler quand dessus ?

  • Maud

    En fait, on a commencé à le montrer à Cannes l'année dernière. On avait une version XL. Depuis, Take Time a fait le Tour de France, Tour des Festivals, il est en balade avec une équipe qui s'appelle Jeux en Route, qui montre des prototypes et il est en balade avec des WAN chez nous. On a fait une boutique éphémère pendant la période du Flip à Partenay, où pendant 12 jours, il y avait un lieu où on avait complètement thématisé pour Tech Time, avec deux salles différentes, le jour et la nuit. On essaye vraiment de faire en sorte que les joueurs puissent avoir joué et touché le produit et le jeu. hum Enfin, je ne devrais pas dire un produit, c'est n'importe quoi. C'est vraiment une expérience culturelle. Honte à moi de dire ce genre de choses.

  • Stéphanie

    Mais oui, c'est ça, c'est créer une expérience de jeu aussi.

  • Maud

    Oui, c'est hyper important. Aujourd'hui, comme tu l'as dit, il y a énormément de jeux. Qu'est-ce qui fait qu'on va s'arrêter sur un jeu ? Les mécaniques de jeu aujourd'hui sont très bien. Les jeux sont bien édités. C'est beau. La plupart des jeux, c'est ça. Donc, qu'est-ce qui va faire la différence ? Est-ce que tu vas ressentir autour de la table ? À ce moment-là, il va se passer une alchimie ? Est-ce qu'il va se passer quelque chose de particulier ? Est-ce que tu auras envie de rejouer ?

  • Stéphanie

    Je ne sais pas si tu peux répondre à cette question-là, mais quel budget vous avez pour le lancement d'un jeu ? C'est peut-être variable d'un jeu à l'autre, je ne sais pas, par rapport à ce que c'est une gamme, est-ce que c'est une nouveauté ?

  • Maud

    Effectivement, je ne peux pas parler de ça, mais sur les nouveautés, il n'y a pas énormément de budget. Il y a du budget, mais pas énormément. Il faut avoir des bonnes idées. Et c'est important parce qu'il y a un « manuel » pour lancer un jeu et pour pouvoir faire toutes les tâches, pour pouvoir faire en sorte que l'intégralité des gens l'ait vue, en ait entendu parler, etc. Mais il faut être assez créatif. Les gammes, il faut être créatif, mais il faut consolider quelque chose qui existe pour que ça continue à exister encore dans 10-20 ans.

  • Stéphanie

    Et alors, ce qui est important aussi, je ne sais pas si tu me dirais ça, mais les joueurs en général, ceux qui jouent, repèrent facilement les jeux, les nouveautés, etc. Est-ce qu'il y a une volonté aussi d'aller chercher un nouveau public, vraiment complètement novice, sur des gammes de jeux encore aujourd'hui ?

  • Maud

    Évidemment.

  • Stéphanie

    Et dans ce cas-là, la communication, j'imagine, est différente.

  • Maud

    Eh oui, par exemple, j'aimerais faire en sorte que dans toutes les universités, il y ait nos jeux, nos piliers. Faire en sorte qu'un maximum de gens, le premier jeu auquel ils jouent, ce soit un de nos jeux, évidemment.

  • Stéphanie

    Alors comment on s'y prend pour ça ? Ça va être par exemple parler sur des festivals qui ne sont pas des festivals de jeux, par exemple, ce genre de choses ? Travailler avec, je ne sais pas, des influenceurs qui ne seraient pas dans le domaine du jeu ? Comment vous travaillez cette partie-là ?

  • Maud

    Tout ça, mais je ne peux pas tout te révéler parce que ça fait partie des secrets qu'on met. Tu sais, c'est la recette magique qu'on utilise, qui est différente à chaque fois. Mais pour aller chercher des nouveaux joueurs, il faut aller comprendre qui ils sont d'abord. Il faut se dire, mais qui sont les joueurs ? Quel est le profil de la personne qui va pouvoir aimer ce genre de jeu-là ? Donc, il y a des petites composantes avant de faire un plan marketing, un plan de com' pour pouvoir agrandir le cercle.

  • Stéphanie

    D'accord. Qu'est-ce qui a changé pour toi un peu ? Est-ce que tu connais le milieu ludique depuis... quand même de nombreuses années. C'est quoi ton regard un peu sur l'évolution du monde ludique aujourd'hui et quelles sont peut-être ses forces et ses difficultés ?

  • Maud

    Il y a beaucoup plus de monde, il y a beaucoup plus d'acteurs, il y a beaucoup plus de jeux, il y a beaucoup plus d'enjeux. Aujourd'hui, Asmoday, nous, on est une société qui est cotée, on est une société qui est magnifique. Je me souviens, j'ai rencontré toute l'équipe de Asmo il y a fort, fort longtemps, quand on était vraiment très peu dans le marché français. À être là, on s'est professionnalisé, il y a plus de structures, il y a plus de process. On pourrait presque le comparer au milieu de la bande dessinée, il y a 20 ans. C'est difficile pour les structures petites, c'est plus simple pour les gros, mais ça reste difficile, les enjeux sont réels partout.

  • Stéphanie

    Oui, puis il y a eu un espèce de boom, effectivement, qui a été presque bénéfique avec le Covid, pour le jeu en tout cas. Et en fait, il y a eu cette redescente un petit peu derrière qui n'a pas forcément été facile non plus à comprendre. Enfin, le marché a évolué très vite. En fait,

  • Maud

    ce n'est pas vraiment une redescente. On a eu beaucoup plus de gens. Le Covid a été effectivement un accélérateur pour toucher plus de joueurs. Mais quand on regarde les chiffres après Covid, après cette vague fulgurante, on a quand même gagné des joueurs par rapport à avant Covid.

  • Stéphanie

    Oui, c'est sûr. Il y a du coup forcément plus de joueurs qu'avant. Alors, tu parlais tout à l'heure que tu sillonnes les festivals, les conventions. Tu as été à la Gen Con récemment. Cannes, Essen forcément, d'autres festivals. J'ai vu Louisville aussi, Gamma. En quoi c'est important d'être dans ces gros événements ?

  • Maud

    En fait, ça permet de comprendre les marchés locaux. Quand je vais aux Etats-Unis, en Allemagne ou ailleurs, quand on va en Retailers Day, dans les succursales différentes de distribution, ça nous permet de comprendre qui sont les différents acteurs. Ça permet de comprendre avec qui on va travailler et ça permet de créer du lien. Je ne pense pas qu'il y ait de meilleurs moyens de créer du lien que d'être en face de quelqu'un.

  • Stéphanie

    Le marché est peut-être différent aussi d'un pays à l'autre, ce n'est pas les mêmes attentes peut-être du public aussi ?

  • Maud

    Les marchés sont différents, les joueurs sont différents, on ne montre pas forcément la même chose, mais nous, chez Asmoday, on a quand même une identité de marque, on a quand même une façon de se repérer pour que les gens se disent « Ah ouais, mais Asmoday, c'est une super qualité, on sait qu'on va aller découvrir vraiment des expériences ludiques positives. »

  • Stéphanie

    Est-ce qu'il y a des festivals que tu préfères et pourquoi ?

  • Maud

    C'est tricher ces questions-là. J'ai envie de dire que j'ai adoré le flip de Partenais parce que j'ai aussi été membre du jury pendant plusieurs années.

  • Stéphanie

    Alors j'ai vu ça, ouais ouais, effectivement, t'as fait partie du jury des Protos, c'est ça ? Ouais,

  • Maud

    donc j'ai un rapport privilégié à ce jeu-là, à ce festival-là, mais je prends toujours beaucoup de plaisir à aller à Essen ou à Cannes. C'est deux moments, deux rendez-vous de l'année où je vois des professionnels que je ne vois que là-bas. Donc ça permet de continuer à tisser du lien. Là, je suis allée à la Gen Con, mais la dernière fois que j'avais été à la Gen Con, c'était en 2001. Donc, autant me dire que les choses ont beaucoup changé.

  • Stéphanie

    D'accord. Ah oui, tu n'as été pas revenue entre-temps.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    D'accord. Je mène que c'est gigantesque dans la Gen Con.

  • Maud

    C'est très grand. Ça joue partout. Dans la Gen Con, on est dans un hôtel où les gens jouent même par terre sur la moquette. Les gens jouent partout. Ça n'a absolument rien à voir avec nos festivals européens.

  • Stéphanie

    J'avais même vu que c'était dans le stade de foot américain.

  • Maud

    Ouais. Ah non, mais en fait, il y a... Plusieurs endroits, vraiment beaucoup d'endroits où les gens vont jouer, vont créer des lieux, vont créer. Catan a fait une escape dans une salle spéciale. Il y en a partout. Il y avait un tournoi des aventuriers du rail organisé par la Train Gamer Association. Il y en a absolument partout. C'est le festival du jeu aux Etats-Unis dans lequel il faut vraiment aller. C'est très différent les festivals aux Etats-Unis, vraiment différent. Il y a des ludothèques partout, les gens sont plutôt... Enfermés dans des salles, plus que ce soit ouvert sur la ville comme on pourrait avoir en France.

  • Stéphanie

    Oui, puis c'est forcément une autre échelle. J'imagine que les Américains ne font jamais rien de petit non plus.

  • Maud

    Ce n'est pas faux.

  • Stéphanie

    Il y a des plus petits festivals peut-être en France que tu as eu l'occasion de faire quand tu sillonnais beaucoup la France, qui méritent le détour.

  • Maud

    Bien sûr, l'alchimie du jeu, Orléans joue, Ludinor. C'est chouette ce qu'ils font, c'est des passionnés. Les gens ont forcément un métier à côté, ils adorent le jeu de société, ils veulent en parler au maximum. C'est des gens qui sont souvent bénévoles, ils ne comptent pas leurs heures. C'est toujours un plaisir de les accompagner, de les aider dans nos possibilités.

  • Stéphanie

    Alors tu l'as évoqué rapidement tout à l'heure, tu as fait partie du jeu et du flip. Qu'est-ce que tu en gardes comme souvenir de cette expérience ?

  • Maud

    Il fallait lire 180 règles de jeu. de prototypes. Ça, c'est une expérience unique, difficile, et il faut, l'enjeu est d'essayer de repérer une pépite. Ce qui est assez extraordinaire, c'est de se réunir avec les membres du jury pendant quelques jours avant le flip, avant Partenay, avant de découvrir et de pouvoir jouer à la sélection qu'on a sélectionnée. Donc on sélectionne 16 jeux, et on joue à ces 16 jeux, et on joue vraiment, et on fait des retours aux auteurs. C'est un très beau moment. C'est un très bon moment.

  • Stéphanie

    Oui, parce que c'est aussi des retours constructifs, j'imagine, pour les auteurs. Il y a un vrai retour, c'est ça, avec le jury.

  • Maud

    Le jury est composé à la fois d'auteurs, d'illustrateurs, d'éditeurs. C'est vraiment un jury varié, des professionnels, des influenceurs, etc. Et oui, c'est un moment privilégié. Les auteurs sont là et on essaye vraiment de donner un retour constructif à chaque personne pour peut-être améliorer son jeu. Il y a des jeux qui ont été édités après. Les enjeux sont différents.

  • Stéphanie

    Tu saurais me citer des jeux qui sont passés par le flip, justement ? Par le flip ?

  • Maud

    Oui, il y en a. Et non, je n'ai pas les noms là. Donc, je vous invite à aller... On ira voir. Ouais.

  • Stéphanie

    Ok, ça marche. Est-ce que toi, aujourd'hui, tu aimes ton métier ?

  • Maud

    J'adore mon métier. J'ai une chance incroyable. J'ai exactement la vie dont j'avais rêvé.

  • Stéphanie

    Qu'est-ce qui te plaît, en fait, aujourd'hui, dans ta vie, dans ta profession, dans le milieu ?

  • Maud

    Tout. J'ai une chance assez incroyable de connaître les gens depuis fort longtemps. Je travaille avec des équipes... Passionné, professionnel, challengeant, c'est pas si facile, c'est essayer de relever des défis, de comprendre comment est-ce qu'on va adresser un jeu au plus de nombre, comment est-ce qu'on va faire en sorte pour qu'il y ait un maximum de personnes qui aiment nos jeux, jouent à nos jeux, parlent de nos jeux.

  • Stéphanie

    On sent de toute façon qu'il y a aussi, je pense que pour parler le mieux des jeux, c'est d'être passionné et ça se sent, tu as l'air d'être quelqu'un de très passionné.

  • Maud

    J'aime jouer, oui.

  • Stéphanie

    Tu as justement des Madeleines de Proust un peu dans les jeux.

  • Maud

    Oui.

  • Stéphanie

    Ce serait lequel ?

  • Maud

    Sans aucune hésitation, Citadel de Bruno Fiduti. Je me souviens très bien, on jouait chez lui le vendredi soir et le samedi soir. La soirée du vendredi soir, Cyril avait été jouer chez Bruno, m'avait réveillé dans la nuit en me disant, Maud, j'ai joué un jeu, il est dingue. Bruno, il a fait un jeu, il est réglé, il faut absolument que tu ailles jouer demain. Donc le lendemain, j'avais été jouer à Citadel, qui était parfaitement réglé. Le dimanche, Cyril était retourné. au bureau pour monter le premier prototype de Citadel. Il a fini Citadel en moins d'une semaine. Ça a été publié par Multisim au départ. Ce jeu, c'est une réelle pupite. C'est une histoire incroyable. J'aurais envie de te dire que j'ai aussi eu la chance de jouer à un prototype qui s'appelait Ticket to Ride. Il venait tout droit de l'Amérique. Un jour où Eric Haute-Mont et Pierre Gobile sont venus dîner à la maison en disant « Ah, les deux gens, j'ai un super jeu, on y joue ! » C'était les aventuriers du rail.

  • Stéphanie

    Ah, quelle histoire !

  • Maud

    En voilà un autre qui a beaucoup compté dans ma vie.

  • Stéphanie

    Je veux bien croire.

  • Maud

    Il faut commencer par les aventuriers du rail.

  • Stéphanie

    On parlait des nouveautés tout à l'heure, mais comment on continue à parler justement des jeux qui sont des longs-sailers, comme ça, qui sont devenus finalement des références, des jeux références, avec Ticket to Ride, par exemple. Comment on travaille là-dessus ?

  • Maud

    Cette année, on a fêté les 20 ans de Ticket to Ride. Donc, on a fait la finale du championnat des 20 ans de Ticket to Ride à Paris, où il y avait... 8 personnes qui étaient venues du monde entier pour faire la compétition, la dernière compétition. On avait fait ça dans un wagon de l'Orient Express, ça avait été un bel événement.

  • Stéphanie

    Costumé aussi, j'ai vu ça.

  • Maud

    On avait fait de l'immersion pour que les gens puissent vraiment vivre quelque chose d'authentique. Julien Delval, l'illustrateur historique, était venu pour dédicacer des boîtes. Mais aujourd'hui, Ticket to Ride a 20 ans. Et aujourd'hui, le monde change, donc Ticket to Ride s'est fait une beauté. On a fait une V2 de la version USA et c'est un plaisir de la voir maintenant relookée au goût du jour pour que justement on puisse faire en sorte que les nouveaux joueurs puissent découvrir le jeu à travers une identité graphique qui correspond beaucoup plus au standard du marché présent.

  • Stéphanie

    Et ça se renouvelle aussi toujours puisqu'il y a quand même eu le Legacy qui a fait une belle percée les années dernières.

  • Maud

    Legacy, il y a les Cities, il y a une gamme de beaucoup de jeux je pense qu'on peut trouver dans Ticket to Ride. Le jeu qui va forcément nous faire découvrir plus le jeu de société.

  • Stéphanie

    Si tu étais un mode de jeu, lequel serais-tu ? Tu serais du coop, du compétitif, du semi-coop, du chelou ?

  • Maud

    Je serais du bluff.

  • Stéphanie

    Du bluff ? Ah ouais.

  • Maud

    Sans aucune hésitation.

  • Stéphanie

    Ah ouais, pourquoi ?

  • Maud

    J'adore ça.

  • Stéphanie

    Ouais.

  • Maud

    Je m'amuse avec beaucoup de types de jeux, mais j'avoue, j'adore les jeux de bluff.

  • Stéphanie

    Quel jeu, par exemple, tu pourrais nous dire qu'il faut y jouer ?

  • Maud

    Cette année, Agent Avenue, j'ai adoré. Gros couture là-dessus. Perrudo, c'est ma petite Madeleine de Proust ludique. Voilà, j'adore les jeux de bluff.

  • Stéphanie

    Ok. Si tu étais un auteur de jeu, lequel serais-tu ?

  • Maud

    Hyper dur, trop dur.

  • Stéphanie

    Trop dur.

  • Maud

    Non, trop dur. J'en aime vraiment plein, très fort.

  • Stéphanie

    Ah, il suffit. C'est pas pour se fâcher. Ah si,

  • Maud

    si, je sais. Je serais Serge Lager.

  • Stéphanie

    Ah, ok. Serge Lager. Et pourquoi alors ? Parce que

  • Maud

    Serge, je le retrouvais tous les ans à Étourvie, le petit réunion que fait Bruno Faidutti. Je le connaissais depuis le siècle dernier. J'ai eu cette chance-là. C'est quelqu'un qui était lumineux. qui était rayonnant, qui a fait des jeux incroyables. Donc je serais Serge Lajet.

  • Stéphanie

    Ok. Et si tu étais une thématique de jeu, laquelle serais-tu ?

  • Maud

    Je ne sais pas, ça c'est une question difficile. L'alchimie.

  • Stéphanie

    L'alchimie. Alors qu'est-ce que tu entends par là ?

  • Maud

    Tout ce qui est en haut est en bas. L'alchimie, c'est un sujet sans fin. Je trouve qu'on peut... Ça permet de mettre des ingrédients pour faire quelque chose de plus grand.

  • Stéphanie

    D'accord.

  • Maud

    Ah,

  • Stéphanie

    c'est joli. Ok. Et si tu avais donc quelqu'un d'autre ? à me proposer pour une prochaine interview une personne dans le milieu ludique que tu aimerais entendre à mon micro tu pourrais me proposer qui ?

  • Maud

    je te proposerais bien d'interviewer Hélène Delforge qui a une vie incroyable,

  • Stéphanie

    qui fait partie de mon équipe elle aussi elle a plein de vie c'est quelqu'un de bien en tout cas merci Maud d'avoir passé ce moment avec moi et je te propose qu'on conclue le podcast par la phrase habituelle alors Maud, aux jeux édités par Lab4Games tu joues ou quoi ? Je vous remercie pour votre écoute attentive et régulière. Si vous avez apprécié cet épisode et souhaitez me soutenir, n'hésitez pas à parler du podcast autour de vous et à me laisser des commentaires sur Instagram, Facebook ou la chaîne YouTube. La prochaine interview sera consacrée à Bertrand Arpino, le fondateur et gérant de Bankiiz Éditions. Je vous dis rendez-vous dans deux semaines. En attendant, amusez-vous bien !

Chapters

  • Débuts de joueuse

    01:02

  • Parcours pro

    05:58

  • Miss Magic Lantern

    09:16

  • Chez Funforge

    15:43

  • Chez Asmodée

    20:07

  • Plan d'action Marketing

    22:16

  • L'évènementiel

    24:31

  • 5 studios 5 identités

    26:12

  • Contraintes et libertés

    27:44

  • Evolution du monde ludique

    32:12

  • Les Festivals

    33:26

  • Jurée du FLIP

    36:35

  • Aimes-tu ton métier ?

    37:53

  • Des madeleines de Proust

    38:36

  • Portrait chinois ludique

    41:10

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