- Speaker #0
Bonjour, c'est Stéphanie. Bienvenue sur le podcast « Tu joues ou quoi ? » dédié à l'univers du jeu de société. Suivez-moi, je vous emmène dans les coulisses à la rencontre des acteurs de ce monde très créatif. Cette semaine, je vous invite à découvrir le métier d'Amandine. Elle est photographe de jeux de société et a créé dans la boîte son studio en Belgique. Son surnom dans le milieu ludique est Billy et vous l'avez peut-être déjà croisé en festival. avec son couvre-chef plein de canards et son appareil photo. Entre mise en scène du matériel et shooting de parties de jeu, Billy travaille pour de nombreux éditeurs et aussi pour le magazine Philly Mag. Elle est aussi à l'origine de l'association caritative Meeple Solidaires qui a mené plusieurs actions en Belgique et pour l'Ukraine. J'ai eu le plaisir de faire sa connaissance cet été lors du Sommet des Jeux à Valménu.
- Speaker #1
Billy, c'est la première fois que je te rencontre et ça me fait très plaisir de faire plus connaissance avec toi parce que tu as un métier peu connu dans le monde ludique, tu es photographe.
- Speaker #2
C'est vrai.
- Speaker #1
Bienvenue sur le podcast, Billy.
- Speaker #2
Merci.
- Speaker #1
L'histoire du jeu de société pour toi, elle a démarré comment ? Petite ?
- Speaker #2
Oui, moi j'ai commencé, je suis plutôt dans les vieux joueurs, les vieilles joueuses plutôt et donc j'ai commencé quand j'étais vraiment enfant. Mon premier souvenir, c'est d'avoir acheté une boîte de hôtel, l'hôtel de l'époque. en brocante et d'être rentrée chez moi toute contente d'avoir ma vieille boîte. C'était mon premier trésor et puis j'ai joué beaucoup de mes parents. Et comme je suis enfant unique en plus, il fallait trouver des jeux. Ce n'était pas toujours évident et puis c'est un bon moyen de faire des copains, d'aller les voir en disant tiens j'ai un jeu. Donc moi j'ai commencé très tôt.
- Speaker #1
D'accord et alors comment tu as rencontré le jeu moderne, comme on l'appelle aujourd'hui le jeu contemporain ?
- Speaker #2
J'ai continué, étant ado, je sortais pas trop en boîte ou des trucs comme ça, j'ouvrais des boîtes. Du coup, j'allais en magasin, j'achetais les nouveautés, et à l'époque, il n'y avait pas autant de nouveautés. On avait un groupe de copains qui étaient à la base pas du tout, mais pas du tout fans de jeu, et qui ont bien dû s'y habituer. On jouait plutôt les loups-garous, des choses comme ça, parce que c'était des grands groupes. Mais Catan est arrivé assez vite, et je pense que mes premiers salaires sont passés dans les boîtes de jeu, déjà ado. Et j'ai continué jusqu'au moment où j'ai commencé à travailler et puis il a commencé à y avoir des enfants à la maison. Donc leurs premières années, ça a été un peu plus compliqué de trouver du temps pour installer un jeu. En fait, pour prendre du temps, t'es fatigué, t'as pas trop envie de te plonger dans les règles. Mais du coup, une fois que les enfants commençaient à grandir, là j'ai repris un petit peu le monde du jeu en vitesse accélérée, très très accélérée.
- Speaker #1
Le plaisir de jouer aussi avec tes enfants, justement de leur montrer des jeux. La richesse du jeu, d'ailleurs, du monde ludique au niveau enfant, maintenant, par rapport à avant ?
- Speaker #2
Alors, c'est vrai qu'à l'époque, il y avait beaucoup, beaucoup moins. Et mon grand a 12 ans, donc forcément, il a eu tous les classiques, le premier verger, etc. Et puis là, maintenant, j'ai deux kids de 8 ans qui ont pu passer un peu plus dans les jeux modernes pour enfants aussi, dans tout ce qui est proposé maintenant. Alors, il commence à être un peu grand pour tout ce qui sort, en fait. Mais c'est vrai qu'ils ont été baignés dedans. Et puis toujours, on voit que... C'est un réflexe à la maison de sortir une boîte de jeux ou de proposer un jeu avec les copains. Et puis de transmettre aussi ça à l'école, de dire tiens, à la maison on joue. Ça se répand et donc c'est chouette.
- Speaker #1
Oui, c'est ça, ça fait des petits.
- Speaker #2
Oui, quand on voit ici au sommet, il y a 50 enfants, c'est génial en fait. De voir qu'ils ont tous ce réflexe de dire tiens, on se fait des copains, on joue, on découvre des jeux, on prend le temps de s'asseoir, de lire une règle. Je trouve ça génial. Oui,
- Speaker #1
et je pense que quand tu es enfant et que tu vois autant d'adultes jouer, ça doit être assez... C'est super en fait.
- Speaker #2
En fait, les adultes, c'est juste des enfants qui n'ont pas grandi, en tout cas qui ont encore le courage d'aller dans un couloir et de dire « Tiens, j'ai rien à faire là, tu as du temps, on fait une partie de jeu de société avec quelqu'un que tu ne connais pas du tout. » Et ça, en fait, en dehors d'ici, tu ne peux pas le faire. En dehors du monde du jeu de société, ça ne se fait pas d'aller voir des gens que tu ne connais pas en disant « Tu n'as pas envie qu'on aille faire un jeu, qu'on passe du temps à partager ensemble quelque chose ? » Je ne connais pas peut-être le sport, effectivement. Oui,
- Speaker #1
le sport, le sport collectif, effectivement. mais oui c'est plus rare si on est en camping en vacances de dire à l'heure de proposer au voisin de venir oui la pétanque c'est fédérateur ok et alors est-ce que ton conjoint était aussi joueur ou est-ce que c'est toi qui l'as amené vers ça et après ça devient une histoire de famille parfois aussi il
- Speaker #2
n'était pas joueur à la base on a une petite différence d'âge donc du coup lui il était encore la génération avant mais il n'était pas joueur du tout à la base il n'a pas trop le choix on était amis avant d'être en couple donc du coup il jouait au loup-garou tout ça machin on a fait aussi les soirées entre potes Là maintenant il est complètement baigné dedans parce que voilà en fait c'est moi, c'est mon quotidien et puis il aime ça en vrai, il aime vraiment ça. Je crois que parfois il est content aussi de faire un peu autre chose. Vraiment. Mais là, en tout cas, il est content. Il est content de découvrir les jeux.
- Speaker #1
Et alors, comment tu as à un moment donné fait la transition ? Est-ce que tu as commencé à prendre des jeux de société en photo pour le plaisir ? Enfin, comment tu as eu l'idée de dire voilà, parce que c'est ton métier.
- Speaker #2
C'est mon métier principal. Principal,
- Speaker #1
voilà. Donc tu étais déjà photographe, on va dire peut-être plus traditionnel, tout ce qui est mariage.
- Speaker #2
On appelle ça lifestyle, mais en fait c'est tout ce qui est famille, mariage, les événements de la vie en fait, les baptêmes, des choses comme ça, les sens de couple. Et puis, en parallèle, je suis blogueuse aussi. Je suis blogueuse dans plusieurs domaines, mais tout ce qui est famille. Je partage les bons plans, des choses quand les enfants ont grandi, etc. Et puis, je suis blogueuse voyage.
- Speaker #1
C'est comment tes blogs ?
- Speaker #2
Il y en a un, je ne l'alimente plus du tout parce que je n'ai pas le temps. C'était I Love My Pixel et c'est avec celui-là que j'ai commencé les photos de jeu. Et puis, il y a Boussole Magique où là, on partage tout ce qui est voyage. Voyage, excursions, choses à faire en famille, plutôt sur la Belgique.
- Speaker #1
C'est vrai qu'il y a eu toute une période de boost des blogs. Moins maintenant, effectivement. C'est vraiment plus les réseaux sociaux, mais quand même les blogs. L'avantage, c'est que ça reste. Je ne sais pas si c'est encore assez actif en termes de start et tout ça.
- Speaker #2
En vrai, quand j'ai commencé, c'est parce que je suis quelqu'un qui a du mal à être dans l'instant présent. Je suis tout le temps en train de penser à ce qui va se passer après ou ce que j'ai fait avant, mais je n'arrive pas à être ancrée dans le présent. Et la photo, quand tu es quelqu'un qui a peur que le temps passe trop vite et que tu ne profites pas assez du moment, ça te rassure à mort de pouvoir, entre guillemets, capturer l'instant et de pouvoir le prolonger. Et donc, la photo, ça arrivait comme ça. Et puis, j'avais envie de partager. J'avais envie de me dire, OK, en fait, quand on découvre un truc, par exemple, je ne sais pas, un parc, un lieu, une balade, une ville, il y a des fois où je suis quelqu'un qui s'enthousiasme très vite et j'ai envie de le partager et que d'autres personnes puissent le vivre aussi. Et donc, le blog, c'est ça, c'est vraiment pouvoir transmettre facilement et puis tenir une sorte de journal aussi de tout ce que tu as vécu, tout ce que tu as fait. Et j'ai commencé les photos de jeu parce que les enfants ont commencé à grandir, c'était un partenariat, il n'y a rien à faire, j'étais dans les débuts des partenariats en fait. Ça me permettait d'agrandir ma Ludo sans non plus creuser mon budget parce que voilà, je travaillais en fait, on dit un partenariat mais en réalité c'est du travail en fait que tu fais, c'est juste que le deal en fait est différent mais c'est une sorte d'échange qui se fait. C'est pas tu reçois une boîte et puis tout se passe bien, surtout que moi c'était il y a 7 ans je crois, donc à l'époque on n'était vraiment pas beaucoup. Et puis c'est un rapport de confiance qui s'installe. Et puis j'ai commencé à travailler de plus en plus là-dedans. Jamais trop avec les réseaux sociaux parce que je n'aime pas ça. Je ne suis pas très douée là-dedans. Et donc j'ai gardé ce côté blog en me disant je veux que si quelqu'un cherche une information sur Google, il puisse trouver un article complet du détail. Alors dans les boîtes de jeux, pas parce que j'explique très très mal les règles de jeu. Vraiment très mal. Tout le monde le dira. Mais par contre, j'aime... montrer l'univers d'un jeu, j'aime transmettre une émotion.
- Speaker #1
Voir son esthétique. C'est ça ce qui t'intéressait, c'était de mettre en valeur l'objet en lui-même.
- Speaker #2
Le voyage, en fait. Un jeu, ça t'apporte un voyage. C'est un objet à la base, on est tout à fait d'accord, mais avant même que je travaille dans le monde du jeu, j'étais dans les personnes qui sniffent les boîtes, qui sentent que le carton c'est du carton neuf, qui adorent des punchés, qui ont cette espèce d'émotion quand tu ouvres ta boîte de découverte. Ok, ce n'est pas un vrai voyage, mais... Pendant un temps, tu n'es plus là dans ton salon à te dire « je suis fatiguée, j'ai une longue journée » . Non, tu arrêtes le temps et tu fais un jeu de société.
- Speaker #1
Je vois ce que tu veux dire sur le côté aussi très palpable. Ça utilise l'essence, en fait. On utilise vachement l'essence. On a ce côté touché, le dépunchage, c'est très physique.
- Speaker #2
Il y a un côté trésor. Je crois que c'est comme les collectionneurs de cartes. En principe aussi, généralement, les gens qui collectionnent les cartes sont souvent dans le monde du jeu et inversement parce qu'on a ce côté un peu trésor. Et au début, la boîte, elle est belle, tu aimes les illustrations et puis tu te rends compte en fait, en travaillant dans le monde du jeu, que tu aimes les illustrations, mais tu aimes les gens aussi qui sont derrière les illustrations. Tu aimes la mécanique d'un jeu, mais tu aimes l'auteur qui est derrière aussi. Et tout ça, en fait, à travers du carton, on ressent vraiment de l'humain. Et ça, j'ai pas d'autres loisirs. En tout cas, j'ai jamais trouvé de loisirs qui me le permet. Et donc, j'ai commencé comme ça. Et puis, j'ai posté mes photos.
- Speaker #1
Avec tes boîtes au départ.
- Speaker #2
Avec des boîtes et des partenariats. C'était pas mon travail. Il n'y avait pas de rémunération. C'était juste un... des échanges comme ça. Et puis, il y a eu le Covid. Ou la Covid, je ne sais pas trop comment vous dites en France.
- Speaker #1
Oui, il y en a qui disent que le, le, celle-là.
- Speaker #2
En Belgique, celle-le. Non, la Covid. Le Covid, non, le Covid, je m'embrouille. Et en fait, on a dû arrêter les photos de mariage parce que c'était interdit. On n'a plus pu faire des séances, c'était devenu compliqué. Et je me suis rendu compte que j'avais passé plus de 10 ans à faire des photos de mariage et c'était très bien. On a fait plus de 150 mariages et c'était génial. On a rencontré des gens merveilleux. En vrai, il y a la fatigue qui s'installe et puis on vieillit.
- Speaker #1
Et ça prend les week-ends ?
- Speaker #2
Et ça prend les week-ends. Alors franchement, ça prend les week-ends, mais les photos de jeu aussi.
- Speaker #1
Ok, tu vas nous dire pourquoi.
- Speaker #2
Je ne sais pas s'il dit qu'il était bon. Et en fait, à ce moment-là, j'ai commencé à être contactée par des éditeurs qui m'ont dit « Tiens, on aime vraiment tes photos, est-ce qu'on peut te les acheter ? »
- Speaker #1
Donc ça, c'est par le blog en fait ?
- Speaker #2
C'est via le blog, oui.
- Speaker #1
En fait, le blog a servi de vitrine ? Tout à fait.
- Speaker #2
C'était vraiment ça. En fait, l'idée, c'était, je voulais donner envie aux gens, à travers des photos, de se dire, tiens, il y a une DA, il y a un univers, il y a du matériel, il y a quelque chose où tu peux te projeter sur plus. En fait, par exemple, ce que Girl.game fait ou que Marie Grangeux fait, c'est de te donner plus que juste des mécaniques ou qu'un titre de jeu. En fait, on t'emmène dans un univers. Et moi, c'est ce que je fais à travers mes photos. En tout cas, j'essaye. Et du coup, les éditeurs ont commencé à m'appeler pour ça. Il n'y avait plus de festival, il fallait booster la com. C'était une époque où les éditeurs, à l'époque, ne mettaient pas de budget dans la com, parce qu'ils n'avaient pas besoin, en fait. Ce n'était pas encore quelque chose qui était dépendu. Il y avait moins de monde. C'était plus restreint. C'était plus... Je ne sais pas. On voit vraiment que ça a fort changé sur ces dernières années. C'est très bien. Je crois que ça évolue. Mais à l'époque, la com, ça n'existait pas comme maintenant, en tout cas. Et donc, quand ils ont commencé à se dire, en fait, d'envoyer des boîtes et demander des photos à des gens qui font ça bénévolement, qui n'ont pas forcément le matériel, qui n'ont pas forcément le temps, ce n'est même pas uniquement une question de... que ce soit mon métier, que j'ai l'expérience, c'est aussi une question de temps. Et donc, ils ont commencé à se dire « Ok, ce serait bien d'acheter des photos pour pouvoir les utiliser. » Pas seulement s'appuyer sur la communication que font les influenceurs et influenceuses, mais pouvoir aussi avoir un support de communication.
- Speaker #1
Pour les éditeurs, c'est pour alimenter un catalogue, par exemple. C'est quoi l'usage ?
- Speaker #2
Alors, ils peuvent en faire beaucoup de choses. Généralement, c'est déjà les réseaux sociaux. Ça peut être tout ce qui est presse. presse écrite, ça peut être sur des catalogues, ça peut être tout ce qui est les boutiques ça peut être les boutiques en ligne ça peut être sur les catalogues des boutiques en magasin ça peut être sur des publicités ça peut être sur plein de choses selon les besoins les éditeurs en font vraiment des utilisations différentes et c'est toujours chouette de voir en se disant ah tiens ça c'est ma photo et dans différents supports bah ouais c'est ça parce que forcément après peut-être
- Speaker #1
c'est repris par comme tu dis aussi bien un magazine qui va publier une photo pour parler du jeu
- Speaker #2
Le Filimag par exemple Je travaille avec eux Et puis c'est un rapport de confiance Je travaille avec eux depuis quelques années Ils sont devenus des copains que j'adore Et ils utilisent mes photos Et c'est une super vitrine pour moi De pouvoir montrer mon travail comme ça
- Speaker #1
Super ouais Et alors des éditeurs t'ont contacté C'était qui au départ qui a commencé à te faire confiance ?
- Speaker #2
Alors je pense que la première c'est Georgina Qui travaillait chez Holy Grail Games Qui n'existe plus du coup C'était pour le jeu, je crois que c'était Museum Et puis Mathieu de chez Cotel Games aussi m'a vraiment fait confiance au début et ça m'a beaucoup aidé. Et puis en fait, de fil en aiguille, là j'ai la chance de travailler avec beaucoup d'éditeurs depuis de longues années. C'est un rapport de confiance qui s'installe.
- Speaker #1
Oui, c'est comme dans tout, c'est le bouche à oreille aussi qui fonctionne.
- Speaker #2
Là par exemple, je vois des gens avec lesquels je travaille et puis c'est chouette d'échanger, de se dire en fait d'habitude on échange par mail puisque la Belgique c'est pas tout prêt. Et puis c'est bien de pouvoir mettre de l'humain et puis parler entre eux aussi. je n'arrive pas à mettre mon travail en avant je suis pas bonne sur les réseaux sociaux j'arrive pas à faire ça là j'arrive pas à être dans des tweets ou des choses comme ça je suis nulle, j'arrive pas à me montrer je préfère montrer mes images et du coup je suis pas très douée en publicité mais c'est pas grave en fait mais les images parlent d'elles-mêmes sans doute j'espère justement tu travailles à peu près à combien d'éditeurs maintenant ? alors ça dépend parce que par exemple j'ai des éditeurs avec lesquels je travaille sur tout leur jeu par exemple Lucky Duck Games, Ori Games Ils m'ont fait le plaisir et l'honneur de me confier tout leur jeu.
- Speaker #1
Ah oui,
- Speaker #2
d'accord. Et donc, du coup, là, c'est à l'année. Mais il y a des plus petits éditeurs avec lesquels je suis ravie de travailler, que ce soit Bankis, SketchUp ou Gigamic, par exemple. Il y a beaucoup d'éditeurs. Je ne serai pas tous... J'ai aucune idée.
- Speaker #1
Vous irez voir le site internet pour voir la liste.
- Speaker #2
Oui, et puis, en fait, c'est des éditeurs qui sortent moins de jeux par an. Et donc, ouais, c'est...
- Speaker #1
Qu'est-ce qu'on se demande précisément, en fait, de faire ? C'est des photos vraiment de l'objet, sous différents angles, mis en place. en situation de jeu, qu'est-ce qu'on te demande comme type de photo ou est-ce que c'est toi qui propose en disant moi je verrais bien ça sur ce jeu là ?
- Speaker #2
Maintenant la com est vraiment bien rodée chez les éditeurs, on voit que voilà tout s'est mis en place, il a fallu un petit temps pour que ça se mette en place mais là ils savent ce qu'ils ont besoin, ils savent comment les utiliser.
- Speaker #1
C'est assez professionnalisé.
- Speaker #2
Quand ils te demandent des choses ils sont assez précis sur ce qu'ils ont besoin. Moi je propose donc des photos pack shot donc c'est les photos classiques sur fond blanc, ce qu'on trouve dans les catalogues en fait, on voit la boîte comme un 3D mais en fait en photo parce que les éditeurs ont à coeur que... On sait que les joueurs sont assez précis sur les choses et donc un 3D, ce n'est pas toujours la réalité et donc ils ont besoin de mettre des backshots pour que ce soit des vraies photos du matériel sans tricherie et donc qu'on puisse retrouver ça. Je fais des photos de mise en scène, donc là c'est le matériel avec des décors. Et en fait, les éditeurs me laissent vraiment le champ libre. Parfois, ils me font une petite liste en disant « Tiens, on aurait besoin de tel élément, tel élément, tel élément, parce qu'on sait qu'on va communiquer comme ça.
- Speaker #1
Par exemple, d'un très joli pion, ou quelque chose qui s'arrête en avant.
- Speaker #2
Ou une mise en place, en disant, on aimerait bien pouvoir montrer que dans telle situation, ça peut faire ça. Et j'ai certains éditeurs qui me font des listes, et c'est très bien. Mais par contre, pour l'esthétique des séances, ils me font tous confiance. Donc ça, c'est une chance. Et puis, je fais les séances avec des joueurs. Des joueurs-joueuses.
- Speaker #1
Ok. Donc là, c'est de la mise en situation de jeu. Oui. Là, tu fais vraiment jouer. Ce n'est pas on fait semblant. C'est que tu tournes autour des gens pour voir ?
- Speaker #2
Oui, ils jouent vraiment. C'est important parce que... Alors déjà, c'est des vrais... Quand je dis des vraies personnes, ça fait toujours rire parce que forcément, c'est des vraies personnes. Mais ce ne sont pas des mannequins. Ce ne sont pas des gens qui ont l'habitude de faire des séances photo. C'est monsieur, madame, tout le monde. Pas forcément des joueurs à la base. Parce que voilà, des gens qui ont envie de se prêter au jeu. Et puis, ils viennent à la maison parce qu'on a une partie studio à la maison. Et on leur explique les règles et ils sont partis pour jouer. Et on a des vraies expressions, des vraies manières de jouer. Tu vois, il n'y a pas des trucs où les gens sont en train de sourire bêtement, où tu te dis, mais non, mais en fait, certains éditeurs allemands ont tendance à faire des publicités très famille, où en fait, on voit bien que ça...
- Speaker #1
Oui, c'est un peu les pubs kinder.
- Speaker #2
Oui, c'est ça. Voilà, tout à fait.
- Speaker #1
C'est ce que tu veux dire.
- Speaker #2
Et en fait, je sais que cette communication marche très bien aussi, mais moi, ça ne m'intéresse pas de faire ça. Et je ne veux pas faire ça.
- Speaker #1
Mais tu essaies de choper l'émotion ?
- Speaker #2
Je ne veux pas des photos parfaites. Je ne veux pas des photos de catalogue publicitaire, parce que de toute façon, le budget n'est clairement pas le même. Je ne demande pas ce budget-là. Moi, je veux des vraies photos. Je veux des gens qui ne soient pas parfaits, parce qu'en fait on n'est pas parfaits et que je trouve ça ridicule et que je ne veux pas ça. Je veux des gens qui soient réels. Si un enfant a perdu trois dents avant la séance, c'est ok en fait. Il a perdu trois dents, c'est comme ça, c'est un enfant forcément. Je veux des gens qui ont des particularités. Je veux montrer la diversité. Autant d'hommes que de femmes, mais ça de toute façon, tous les éditeurs sont très sensibles là-dessus. Je voudrais montrer de la pluralité aussi au niveau culturel. Ce n'est pas facile, ce n'est vraiment pas facile. Et ce n'est pas possible. parce qu'on ne veut pas. C'est parce que ce n'est pas encore... Les personnes de différentes origines sont surprésentées, en fait. On le voit dans un festival, ça se voit en fait. Tu vas à Cannes, tu le vois. Et donc, faire la démarche d'aller vers eux, leur expliquer « Je fais des séances photo, est-ce que vous êtes OK de venir ? » Ils ont moins ce réflexe. En fait, ce n'est pas grave parce qu'au plus on va montrer que Monsieur et Madame Tout-Monde peuvent faire du jeu, au plus les gens vont se reconnaître dans les communications, au plus ça va changer. En tout cas, c'est ce que j'espère.
- Speaker #1
Oui, complètement. Et alors, comment tu... Tu recrutes ces joueurs prédisposés à être photographiés.
- Speaker #2
Alors, en fait, les joueurs reçoivent une boîte et une rémunération, parce que ça reste un travail. Et donc, c'est vraiment un travail. Donc, il passe un bon moment. Les gens sont toujours super demandeurs de revenir, mais ça reste quand même un boulot. Et je tiens à ce que les gens soient respectés à ce niveau-là aussi pour eux, parce que tous les éditeurs comprennent sans aucun problème. Et on a commencé avec notre entourage. L'avantage d'avoir fait plus de 150 mariages, c'est que tu connais pas mal de gens. Et puis, en fait, les gens en parlent entre eux en disant tiens, on a été faire ça, c'est trop chouette. Et donc, ça s'agrandit petit à petit. Mais on habite dans la campagne en Belgique, dans un vraiment tout petit village. Et donc, encore moins représenté en termes de diversité culturelle. Donc, ce n'est pas toujours évident. Et puis, on habite assez loin.
- Speaker #1
Et ça peut être un petit peu long, ce genre de séance quand même, le temps de la mise en place. Du coup, il faut que tu expliques les règles. Oui, alors j'explique.
- Speaker #2
Alors, j'explique. Marie dira, Marie Gérard des Jeux dira que j'explique très mal les jeux. Pas tout à fait faux, mais en règle générale, même si j'explique mal, on s'amuse bien. Donc voilà, j'ai quand même réussi à me tromper sur certains jeux, mais quand c'est des séances, quand c'est entre nous, c'est pas trop grave. Quand c'est des séances, j'essaie vraiment que tout soit tip top.
- Speaker #1
Donc oui, une séance, on va dire tip, alors tu vas me dire que ça va dépendre du type de jeu, parce que forcément, illustrer trio, ça va pas être pareil que d'illustrer une partie de, je sais pas moi, les aventuriers du Rail Legacy, par exemple. Donc forcément, comment t'organises une séance ?
- Speaker #2
Par exemple, pour te donner un... différence entre les deux. Les séances familles sont plus courtes parce que quand c'est des enfants en très bas âge, 4 ans, 5 ans, au bout d'une heure, ils décrochent. Et en fait, ça ne doit jamais être quelque chose de négatif. Et je pars du principe que les adultes, ils sont là parce qu'ils ont envie de le faire et qu'ils sont conscients de pourquoi ils sont là. Les enfants, ils n'ont rien demandé. Du coup, ça doit vraiment être un jeu, ça doit être un plaisir pour eux. On fait autant de pauses qu'ils ont besoin. On veut que quand l'enfant sourit, ce n'est pas parce qu'on lui a dit « vas-y, souris, fais semblant » . Non, ils doivent passer un bon moment. Si jamais on fait plein de pauses, on fait plein de pauses. C'est comme ça. Les adultes, ils sont là, ils savent pourquoi ils sont là. Donc, quand tu as des jeux d'ambiance, si le jeu, il est... Généralement, ça part assez vite, en fait. On a assez vite ce qu'on a besoin comme expression, mais on ne va jamais couper une partie. Donc, les gens, quand ils jouent, même si on a ce qu'on a besoin, on les laisse terminer toujours,
- Speaker #1
toujours là-bas. C'est super frustrant. Oui, c'est sûr.
- Speaker #2
Et là, cette année, on a fait le plus gros jeu en termes de séance. On a fait la septième citadelle.
- Speaker #1
Ouais, gros jeu.
- Speaker #2
Donc, j'étais... ultra super contente de pouvoir le faire parce que j'adore. Mais j'avoue quand j'ai dû le prendre en faute, j'étais un peu stressée quand même. Heureusement, c'est quelqu'un qui connaissait déjà les règles qui est venu. Ça m'a simplifié la vie parce que je dois lire toutes les règles avant quand je fais des séances, etc. Et parfois, il y a beaucoup, beaucoup de commandes sur très peu de temps. C'est le monde du jeu, donc c'est jamais...
- Speaker #1
Justement, je vais remondir là-dessus. J'imagine qu'il y a des périodes beaucoup plus chargées que d'autres. J'imagine les salons, les gros salons ou les grands avant-salons.
- Speaker #2
Je suis un peu en décalé, je pense, par rapport... Moi, je suis toujours un peu avant les sorties. Donc, par exemple, là, moi, je sais que je suis full, J'ai reçu beaucoup de jeux, je ne sais pas les prendre, je ne suis pas dispo, mais les jeux que j'ai reçus, je les ai reçus début août pour les sorties en septembre. Alors que la plupart des influenceurs ont le rush qui commence en septembre, plutôt avant octobre pour SN. Moi, je suis toujours un peu décalée.
- Speaker #1
T'es en avant-première quand même sur pratiquement tout.
- Speaker #2
Oui, souvent.
- Speaker #1
Oui, obligatoirement, puisque ça doit rentrer dans les catalogues et dans les coms avant influenceurs.
- Speaker #2
Oui, alors parfois, tu sais, je reçois les boîtes au moment où je sors, parce que problème de prod, de retard, etc. C'est très rare, mais tu dois être flexible. C'est un milieu où tu ne peux pas avoir des horaires et dire aux gens « Ah non, non, c'était prévu pour… » Tu dois être flexible et comprendre que le monde du jeu s'adapte en fonction de plein de choses. Il y a plein de paramètres que plein de gens ne peuvent pas gérer, en fait. Tu ne peux pas avoir la main mise sur ce qui va se passer. sur les bateaux, etc.
- Speaker #1
Quel plaisir tu prends à faire ce travail vraiment autour du jeu de société ? Qu'est-ce qui te plaît réellement dans ce travail-là, vraiment sur la thématique du jeu ?
- Speaker #2
En fait, pour être honnête, je crois que j'aimais les jeux avant, et là, maintenant, j'aime les gens, en fait. Et du coup, c'est compliqué parce que... Enfin, c'est pas compliqué, mais en vrai, je pourrais faire le sommet des jeux et pas jouer à un jeu de société. Ça me dérange pas, en fait, parce que j'ai trouvé des gens qui me ressemblent. Et ici, il y a 200 personnes, et bon, il y a les enfants, c'est encore un peu différent, mais... Il y a 150 personnes et j'ai l'impression que ces 150 personnes se ressemblent. Ils ont tous un point commun qui est de dire on veut aller vers l'autre, on veut rencontrer des gens, on ne veut pas se prendre la tête. Ça, je l'ai retrouvé nulle part ailleurs. Ce côté partage, c'est quelque chose que j'ai fondamentalement besoin. Du coup, je pourrais même ne plus jouer à des jeux de société tant que je peux être en contact et passer du temps avec les gens du monde du jeu, ça me va.
- Speaker #0
Ce qui est bizarre, en fait.
- Speaker #1
Oui, mais je comprends ce que tu dis, parce que là, le podcast, il a un an et demi, et je n'ai jamais rencontré autant de gens, et autant de gens sympathiques et qui me ressemblent. Et c'est tout à fait ça. C'est-à-dire qu'on se sent tout de suite bien, en fait.
- Speaker #0
On a tous un petit côté, et j'espère que ça ne sera pas mal pris, mais je pense qu'on a tous un petit côté... J'ai envie de te dire handicapé social, mais ce n'est pas ça le mot. Ce n'est pas aussi loin, ce n'est pas aussi fort, mais c'est ce truc de... Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas forcément à l'aise. d'aller vers les autres ou qui savent pas trop comment créer du lien ou qui savent pas comment, quoi dire autour d'une table quand t'as un souper et que t'es juste mal à l'aise parce que le truc s'éternise et que tu sais juste pas comment placer une phrase ou que tu sais pas si ta phrase elle sera... Et du coup le jeu pour moi c'est salvateur en fait, ok il y a un code social il est sur la table, en fait on a plus besoin de savoir si on est bien, pas bien, si on est adéquat ou pas, en fait on s'en fout, on a juste 5 ans, on est autour d'une table.
- Speaker #1
Ça brise la glace tout de suite.
- Speaker #0
Mais ouais je suis quelqu'un de très angoissé et en fait quand on est dans un cadre du jeu, ça va beaucoup mieux. et donc moi j'ai ce rapport là quand je travaille j'aime toujours créer des jeux mais en fait quand je le fais c'est pas tant pour me dire ah bah tiens je vais la poster sur les réseaux sociaux ça va plaire, je devrais peut-être plus penser à ça mais j'avoue que je l'ai pas, par contre je vais me dire j'adore l'auteur qui est derrière ou j'adore l'illustrateur ou les trois et j'adore la maison d'édition et j'ai envie de véhiculer ou de transmettre en fait l'envie aux gens de passer le cap pour pouvoir faire ce jeu, par exemple je pense à ça mais Inkit de chez Bankis Éditions C'est un jeu que j'ai beaucoup joué cet été et ma fille l'adore, elle adore vraiment ce jeu. Et quand je vois l'émotion que ça met autour d'une table de gens qui découvrent ce jeu, je me dis j'espère que mes photos ont permis, même si c'est pour cinq personnes, mais d'avoir envie de découvrir plus.
- Speaker #1
Et lorsqu'il y a des shootings de photos justement qui t'ont plus marqué que d'autres, que ça soit par un jeu en particulier ou par quelque chose qui s'est passé réellement autour de la table ou qui t'a surpris ?
- Speaker #0
En fait, c'est plus par après. Je vois que les gens, après, ils m'envoient des photos de moments de famille qui jouent avec le jeu. Tu vois, on a fait une séance avec un couple de deux enfants. Et puis, ils m'ont renvoyé un message quelques jours après, en montrant la photo de leur réunion familiale avec le grand-père qui jouait. C'était pour Quarto, je pense. Et je me suis dit, en fait, c'est trop bien parce que du coup, ça n'a pas juste permis de faire des images et ça n'a pas juste fait mon travail. Ça a créé une transmission et peut-être ça va créer un début de quelque chose chez d'autres personnes. Et donc, c'est plus ça. Ouais, on a fait pour Gigamic le jeu mytho. Et donc, tu dois balancer tes cartes. Je ne sais pas si tu connais le jeu. Non,
- Speaker #1
je ne l'ai jamais joué.
- Speaker #0
En fait, du coup, tu dois arriver à débarrasser tes cartes et tu peux te planquer tes cartes dans tes manches. Tu peux tricher, c'est un jeu où tu peux tricher. Et en fait, on a joué à ça. C'est une bande d'amis qui a joué à ça. Et à un moment donné, on s'est rendu compte, quand on avait fini la partie, qu'il manquait une carte. On a fait toute la pièce, on n'a pas retrouvé la carte. Et le lendemain matin, on m'a envoyé un message en disant, elle était dans mon slip. Voilà. T'as la boîte de toute façon, donc c'est à toi. T'en fais ce que tu veux. Les gens, en fait, ou même de voir les grands-parents autour d'une table, qui sont tout gentils quand ils arrivent. Et puis, dès le moment où le jeu se met en place, il n'y a plus aucune pitié. C'est plus ma petite chérie. Non, je joue pour gagner. Et ça, la transformation des gens, c'est chouette aussi.
- Speaker #1
Et du coup, il y a des jeux en particulier que tu as aimés, photographiés par leur esthétique, justement.
- Speaker #0
Il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup. Je vais essayer de trouver dans les derniers que j'ai faits, parce que je crois que j'ai du... passer les 200 jeux facile donc du coup ça devient difficile de me rappeler de tous il y a des challenges plus difficiles que d'autres là par exemple j'ai fait Return to Dark Tower de chez The Games qui est un super matériel dingue mais c'est une tour et c'est ça qui est un challenge chaque séance ces derniers temps la plupart des éditeurs me changent complètement c'est plus des boîtes un plateau et des pions tu te retrouves avec des matériels où tu fais mais comment je vais faire pour mettre ça en valeur assez bien pour que Donc ça, c'était assez chouette. Je réfléchis si jamais j'ai des idées en tête. Parfois, le salon chez moi, il est rempli. Je travaille parfois dans mon salon. Et du coup, j'ai du sable sur la table. Et donc, j'ai des enfants qui arrivent et qui sont avec leurs copains des classes et qui me regardent. Mais qu'est-ce qu'elle fait avec du sable sur sa table de salon et des coquillages ? J'ai beaucoup aimé faire des photos aussi avec de l'aquarelle. J'avais envie de tester un truc. C'était pour chez Ori Games avec l'océan. Écosystème. j'avais dessiné sur ma table de salon j'avais peint avec de l'aquarelle et je me suis éclatée à faire ça tu te crées des décors aussi pour illustrer la photo d'un jeu tu dois arriver à avoir un esprit très créatif tu dois faire avec ce que tu as et tu as des thèmes où c'est facile parce que c'est des trucs qui reviennent souvent les pirates, des choses comme ça tu commences à avoir du matériel, tu achètes des petites choses des éléments de déco ou des choses que tu trouves tout ce qui est forêt aussi j'aime beaucoup donc à la maison on ramène ... Les enfants, parfois, ils font « Ah, elle est belle, cette feuille, pour une séance. »
- Speaker #1
Tu vas faire des photos, justement, en milieu naturel ? Ou tu restes plutôt en studio ?
- Speaker #0
Alors, je reste en principe en studio. Et là, j'ai fait une séance dans un parc. On a un parc en Belgique animalier. Et les décors sont dingues. Et donc, j'avais besoin de faire, pour la boîte de Far Away, j'avais besoin de faire des photos de la boîte. Et du coup, ils ont choisi une parmi celles qui étaient proposées. Et je suis partie me promener ma boîte pendant toute ma journée dans un parc animalier. Les gens me regardaient comme si j'étais folle. Et je me suis éclatée parce qu'il y a des matériaux, des textures, des lumières. C'est quelque chose que j'aime beaucoup.
- Speaker #1
Avec quel matériel tu travailles ? Que ce soit ton matériel photographique et après ton matériel informatique.
- Speaker #0
En photo, je travaille avec un Canon R6 et avec mon Sony A7 III. Je ne suis pas très technique en vrai. J'avoue que moi, en fait... C'est pour ça qu'à la base, le milieu de la photo, ce n'était pas un milieu dans lequel je me sentais adéquate. Parce que moi, parler pendant 15 ans des objectifs, des trucs comme ça, ça ne m'a jamais... Je ne me sentais pas... Tu vas me dire que je parle de jeu et de trucs, c'est à peu près le même principe. Mais bon, voilà. Je travaille souvent avec un grand angle plutôt, pour avoir une vue d'ensemble du jeu. Et puis, en macro, pour avoir des petits détails. D'accord.
- Speaker #1
Et après tu travailles en retouche, tu imagines Photoshop sans doute ? Lightroom plutôt.
- Speaker #0
Je déroche tout avec Photomechanic. Ça me permet de dérocher tout ce que tu n'utilises pas parce que je fais beaucoup trop de photos.
- Speaker #1
Oui parce que le numérique, quand tu as 5 000 photos,
- Speaker #0
c'est compliqué. C'est plutôt le manque de confiance en moi qui fait que je vais faire plus d'images. Et puis en plus quand tu passes du temps à installer ton set, ton sable et tous tes machins. Que t'as fini tout, que tu ranges tout, tu te dis, si jamais j'ai pas la bonne photo, en fait, en vrai, je vais passer deux heures à tout refaire. Non, non, donc...
- Speaker #1
Ouais, forcément.
- Speaker #0
Donc j'en fais plus, mais c'est plus pour me rassurer qu'autre chose, parce qu'en vrai, j'en aurais pas besoin. Et les éditeurs reçoivent une galerie, parfois avec beaucoup trop de photos, et certains me disent... Enfin, voilà.
- Speaker #1
Le choix est souvent peut-être difficile pour eux derrière, s'il y a énormément de photos.
- Speaker #0
Trop de choix tue le choix, mais... Choisir, c'est renoncer. Voilà, c'est les deux grandes phrases, mais choisir, c'est renoncer, je peux pas. Et ça t'arrive pas. Non, je sais pas.
- Speaker #1
Donc les jeux split, jeux split, jeux choisis, c'est compliqué pour toi ?
- Speaker #0
Oui, en vrai, oui. Ça et les stocks ou encore, je ne suis pas très douée. Ça ne me dérange pas en vrai parce que je m'en fous de perdre, mais je ne suis pas très douée.
- Speaker #1
On reviendra après sur les types de jeux qui te plaisent. Du coup, est-ce qu'aussi tu as des demandes de photos en festival, par exemple ?
- Speaker #0
J'en ai eu, mais le problème, c'est qu'on est loin. Et là, je viens de me rendre compte qu'en fait, les enfants, ils étaient aptes. Enfin, aptes, ce n'est pas le bon mot, mais ils se plairaient bien, en fait. Ils s'acclimateraient très bien à un festival. Et je n'ai jamais osé avant. Je ne sais pas pourquoi, en vrai, je ne sais pas. Et donc là, je pense que je vais un peu monopoliser un petit peu l'agenda en disant tiens, on va placer plus de festivals dans le planning parce que pour le moment, on ne fait que Cannes et SN. D'accord,
- Speaker #1
pour les plus gros quand même.
- Speaker #0
Oui, mais je l'ai fait en mode pro, donc je ne fais que des rendez-vous. Et donc, en fait, je ne sais même pas. J'ai fait des photos à Cannes pour Spiral.
- Speaker #1
je ne peux pas rusher sur tout un week-end On va dire que quand tu te déplaces en festival c'est plus pour faire du démarchage ou des rencontres en physique justement avec des gens avec qui tu travailles mais là je te demandais si tu avais justement des demandes pour faire des séances en live en finale de photographie sur
- Speaker #0
des stands J'ai eu ça pour Spiral notamment c'était pour les photos pour Boréal j'ai fait les photos du stand après à Cannes les lumières elles sont pas... pas top top mais suivant les stands c'est assez exigu aussi c'est assez compliqué de tourner autour des joueurs et puis en fait c'est fou mais avant l'appareil photo était quelque chose qui me permet d'aller vers les autres là il a tendance parfois un peu à m'isoler et quand je fais du festival je veux vraiment être totalement connectée aux gens et donc en fait je suis contente de retrouver voir les gens parce que c'est des copains c'est plus tendu des marchages parce qu'en vrai je suis vraiment pas pas très efficace là-dedans mais j'ai l'impression de retrouver voir des copains et donc si je dois passer mon temps à fondre des photos c'est vraiment ça se met entre eux et moi en fait comme un téléphone en fait quand j'ai l'occasion de ne pas le faire, ici je le fais parce que cette semaine est trop dingue et que je pense qu'il faut le marquer parce que je vais rentrer chez moi et je vais me dire est-ce que c'était vraiment aussi dingue que ça, mais oui c'est encore mieux et les photos vont servir à ça mais en vrai je pourrais ne plus faire de photos c'est pas grave au festival je préfère partager du temps avec les gens et quand on me fait des demandes quand je peux le faire je le fais mais c'est plus rare
- Speaker #1
Je reviens un peu sur le studio et le travail avec, pas les modèles mais les figurants,
- Speaker #0
tu appelles ça des figurants C'est des joueurs parce que c'était vraiment des figurants Justement,
- Speaker #1
est-ce qu'ils arrivent assez vite à t'oublier parce que ça c'est peut-être pas évident Mais en fait ça c'est quelque chose qui est fait,
- Speaker #0
on a toujours eu facile que ce soit en mariage ou n'importe quoi avant même de faire des photos tu crées le lien avec les gens, tu leur parles tu joues un peu avec eux dans le sens où même si tu fais des photos, tu continues à interagir avec eux ils doivent vraiment oublier que l'appareil est entre toi et eux Je pense que les gens le font assez vite. Que ce soit des enfants ou des adultes, on n'a jamais eu personne qui était mal à l'aise. On met de la musique, on papote avec eux. En plus, on est deux quand on fait l'essence figurant. Charlie, mon compagnon, souvent travaille avec moi.
- Speaker #1
Vous êtes photographe tous les deux ? Oui.
- Speaker #0
Lui, maintenant, presque plus. Mais on a beaucoup travaillé ensemble. Les mariages, on les faisait ensemble.
- Speaker #1
D'accord. Du coup, vous arrivez à créer une atmosphère suffisamment détendue pour que ça passe... Comme une lettre à la poste, tu as cette expression en Belgique.
- Speaker #0
Oui, on a ça en Belgique. Mais c'est vrai, c'est important. Parce que sinon, si tu vois que les gens sont stressés, on leur explique aussi qu'on n'attend rien d'eux. Et qu'ils ne doivent pas nous faire des sourires ou quoi que ce soit au départ. Au début, ils doivent juste faire un jeu. Et voilà, ils font pas trop attention à ce qu'on fait parce qu'ils sont concentrés sur les règles du jeu, être sûr d'avoir bien compris, tout ça machin. Et puis à partir du moment où ils ont tout bien assimilé, ça arrive qu'on dise, on a besoin de faire une ou deux photos plus spécifiques. Et là, on les aiguille un peu, mais ils sont déjà habitués, donc il n'y a plus aucun problème.
- Speaker #1
Oui, c'est top. Tu vis en Belgique et tu as été à l'initiative d'une belle opération solidaire. Oui. au moment des grandes inondations. Alors, je ne sais plus trop situer les dates.
- Speaker #0
Je t'avoue qu'en vrai, moi non plus, c'était il y a 3-4 ans.
- Speaker #1
Tu peux me parler de ça ? Qu'est-ce que tu as initié et pourquoi ? Dans quel sens ?
- Speaker #0
Alors, en fait, on a eu des inondations. Je pense que la plupart des gens maintenant le savent. Mais on a eu des grosses inondations en Belgique il y a quelques années. Mais à tel point que ça a rasé des villages. Donc, ce n'était pas juste des dégâts matériels. Il y a eu des pertes de vie. Il y a eu des gens qui ont tout perdu, mais littéralement tout perdu. Et qui se sont retrouvés avec plus rien. Mais ça a été tellement énorme qu'en fait l'État n'a pas su suivre direct. En fait, il y a eu des plans d'urgence qui ont été déclarés, mais ça a été assez énorme. Ça a été très vite et c'est là que je suis fière d'être belge. Mais en vrai, en fait, chez nous, on a vraiment ce côté générosité. Et en tout cas, moi, je l'ai toujours ressenti comme ça. Et tout le monde, en fait, est venu aider, que ce soit des gens des autres pays. Tout le monde s'est déplacé pour aller aider ceux qui en avaient besoin. Donc tout de suite, il y a eu une collecte de vêtements. Tout le monde a donné ses vêtements. Donc moi, j'ai fait le tri, j'ai donné tout ce que je pouvais. Mais des collectes de nourriture. Parce qu'il y a eu des épiceries qui se sont créées, des épiceries...
- Speaker #1
Des épiceries solidaires. Oui,
- Speaker #0
voilà, mais vraiment par des citoyens, en fait, dans des halls de sport ou des choses comme ça, où les gens venaient, ils prenaient ce qu'ils voulaient et ils partaient parce qu'en fait, il fallait, ils avaient besoin. Le mouvement de solidarité a été hallucinant, vraiment.
- Speaker #1
Ça a touché la région dans laquelle tu vis ?
- Speaker #0
Non, du tout. Moi, j'ai été complètement épargnée. Il y a eu quelques maisons qui ont été touchées, mais pas pareil. Là, c'était vraiment la région plutôt Liège-Verviers qui a été la plus touchée. Et c'est là que j'ai rencontré une amie qui est ici, d'ailleurs. En fait, quand on s'est rendu sur place... tu as l'impression d'avoir un film d'horreur, vraiment d'avoir eu la fin du monde, littéralement. Tu as des maisons qui étaient éventrées. C'était vraiment... On s'est dit, nous, en fait, on a eu la chance, on n'a rien eu. Et je pense que la plupart des gens, comme moi, se sont sentis un peu coupables de se dire, putain, on a tellement de la chance, on n'a rien eu, et ces gens n'ont plus rien. Et donc, après qu'il y a eu les choses les plus essentielles, l'alimentaire, les vêtements, les soins, l'habitation, etc., on s'est dit, ok, on a fait tout ce qu'on a pu. C'est bête, mais on a donné, on a un potager, tous les légumes, on les donnait aussi. On avait une copine qui allait faire de la soupe, qui faisait la route entre les maisons. Et puis les gens venaient derrière sa voiture. C'était vraiment à une grande ampleur. Et c'était toujours fait avec beaucoup de cœur et les moyens du bord. Je me suis dit, mais en fait, il faut que je fasse quelque chose de plus. Et j'ai posté un message sur Facebook en disant, OK, est-ce qu'il y a des gens qui seraient intéressés de faire quelque chose ? Je ne sais pas quoi, je ne sais pas comment, mais de faire quelque chose dans le monde du jeu. parce que j'avais déjà les contacts puisque je travaillais déjà un peu dans le monde du jeu parce que j'avais eu cette chance-là. Et j'ai créé un groupe. Mais j'ai juste été l'initiative et l'étincelle. On a été 80 personnes à rejoindre le groupe en deux jours,
- Speaker #1
je crois.
- Speaker #0
Donc en une semaine, même pas, on a créé une collecte de jeux.
- Speaker #1
Donc ça s'appelait Meeple Solidaire.
- Speaker #0
L'idée, c'était que les gens pouvaient aller donner leurs jeux usagés, mais en bon étage. en bon état pardon ça devait être complet ça devait être en bon état et ils venaient déposer ça dans des différents magasins en Belgique qui ont participé j'expliquerai après mais il y a vraiment eu plein d'ampleur et ils venaient déposer leurs jeux et tous ces jeux là étaient collectés ils étaient triés, vérifiés parce qu'on pouvait pas donner des jeux qui étaient pas complets donc le travail de tri sur beaucoup de jeux c'était centralisé alors à la base c'était pas chez moi mais on s'est rendu compte à un moment donné qu'en fait ça a pris une ampleur hallucinante on s'était dit si on a un jeu Je ne sais pas si on a 300 jeux, c'est cool.
- Speaker #1
Et puis,
- Speaker #0
en fait, on s'est retrouvés avec 6 000 boîtes de jeux de société. Ah oui, 6 000 boîtes. 6 000 boîtes de jeux.
- Speaker #1
En combien de temps ?
- Speaker #0
En quelques semaines, moins d'un mois. En fait, le mouvement a été énorme dans le sens où des boutiques se sont regroupées pour qu'on ait cette collecte. Ça leur a pris du temps aussi, donc ils étaient disponibles. Donc tout ce qui est Fox, etc. nous a aidés. Et puis, on a eu du soutien de plein d'éditeurs qui nous ont envoyé des tonnes de jeux. On a reçu des palettes de jeux, j'avais des livraisons devant chez moi de camions qui sortaient des palettes de jeux. C'était des jeux qu'on a stockés et qu'on a pu ensuite distribuer.
- Speaker #1
Donc ces jeux-là, forcément, on n'a pas besoin de les trier.
- Speaker #0
Alors les mecs, on ne devait pas les trier,
- Speaker #1
donc ça c'était cool.
- Speaker #0
Mais tous les autres, on a fait des sessions de tri où j'ai eu plein de personnes qui sont venues du monde du jeu, de tous les niveaux, des auteurs, des influenceurs, des illustrateurs, il y a plein de gens.
- Speaker #1
En physique du coup,
- Speaker #0
qui sont venus. On a battu au rivière et on a dû trier des boîtes de jeux chez moi. Tatiana de Girl.game est venue trier des boîtes de jeux chez moi.
- Speaker #1
Vous êtes quelques Belges actifs déjà en Belgique.
- Speaker #0
Il n'y a pas que les Belges, parce que du coup, on avait dit, les Français, en fait, beaucoup de Français nous ont écrit en disant, on veut participer, qu'est-ce qu'on peut faire ? Et donc, on a dit, on va mettre un bondi à la relais, mais on s'est dit, personne ne va envoyer des boîtes. C'est hallucinant, la quantité de solidarité qui est venue de la France. Vraiment, c'est fou. Cette expérience, elle date, et j'en ai toujours la chair de poule.
- Speaker #1
Oui, c'est super chouette.
- Speaker #0
C'est hallucinant en fait quand tu te dis que les réseaux sociaux c'est parfois un peu un truc sauvage où les gens sont méchants, tu fais ça et puis tu te dis waouh.
- Speaker #1
C'est aussi la puissance des réseaux sociaux en inverse. Et alors comment ça s'est organisé après pour distribuer tout ça ?
- Speaker #0
Alors du coup on a tout regroupé. Il y a eu une autre chose aussi, c'est qu'il y a plein d'écoles qui ont été touchées. Et c'était important pour nous de pouvoir trouver aussi une solution pour les écoles et de leur proposer des jeux. On s'est dit c'est l'occasion aussi de sensibiliser les écoles qui avaient déjà des ludothèques avec d'autres jeux etc. Et donc on a créé une tombola. On a organisé un événement avec plein de personnes, il y avait Ben et Lily notamment, il y avait Tatiana, il y avait Marie, il y avait plein de gens qui ont participé à ça. On a organisé une tombola dans un barrageux en Belgique. Et tout l'argent qu'on a récolté, on a quand même réussi à récolter 3000 euros, tout l'argent qu'on a récolté, en fait, on a acheté des jeux chez Gigamic, qui étaient des jeux adaptés. pour les enfants et qui ont été validés par des enseignants. Et donc, on a fait 50 colis qu'on a pu donner à 50 écoles. Donc ça, c'était la première partie, qui était en dehors de tous les jeux qu'on avait déjà. Et puis ensuite, on a créé des points de collecte dans plusieurs écoles qui étaient dans différentes régions, parce qu'il y a eu plusieurs régions en Belgique qui ont été touchées. On voulait que chaque personne puisse avoir un point de collecte à proximité. Et donc, ça a duré six jours où on était là, dans les écoles, avec tous les jeux. On a eu des camions, des sociétés de camions, parce que du coup, tu as 6000 jeux, comment tu fais pour te transporter ? On a eu des sociétés de camions qui sont venues bénévolement nous aider à transporter les jeux. On a eu des écoles à prêter. Enfin, ouais, non, c'était fou. On est passés à la télé aussi, parce que la télé, du coup, à un moment donné, s'est dit... En fait, on avait besoin de faire connaître ça. On s'est dit, mais... Bah oui,
- Speaker #1
il faut que les gens viennent chercher les noeuds aussi. Oui, il faut que les gens viennent,
- Speaker #0
parce que sinon, comment on va faire ? On ne peut pas aller sonner. Enfin, on va aller chez les gens individuellement. Et donc, on est passés à la télé pour parler de tout ça. En fait, c'est une super fierté. Et ça montre encore plus à quel point j'aime le monde du jeu. J'aime les gens.
- Speaker #1
J'imagine que tu as toi-même distribué et justement pour les gens qui avaient été sinistrés, ça représentait quoi en fait finalement ça ? T'as eu des retours aussitôt ?
- Speaker #0
Moi j'ai pas pu tout faire parce qu'en fait on s'est divisé les régions et puis comme ça j'ai fait toute une partie et puis certains ont fait d'autres mais c'est vrai que dans les distributions qu'on a fait il y a plein de gens qui nous ont dit non mais en fait les gens ils ont pas besoin de boîte de jeux, c'est bon, ils ont besoin d'un manger à boire etc, les boîtes de jeux ça sert à rien il faut savoir qu'on a attendu, on a fait la collecte et puis on a attendu, je pense que ça a pris un mois et demi ... deux mois, je pense, ou un mois et demi avant qu'on fasse la distribution. Parce qu'on s'est dit, les gens doivent d'abord avoir une solution pour s'être réinstallés quelque part.
- Speaker #1
Pour s'être physiquement installés.
- Speaker #0
Que les choses importantes soient faites. Et comme ça, ça nous laissait le temps aussi de tout préparer. Et en fait, on a des gens qui sont venus en pleurs en disant, mais vous ne vous rendez pas compte, on est des joueurs. Je pense que les gens qui écoutent ton podcast sont tous des joueurs. Imaginez-vous votre Ludo. Parce que souvent, les ludothèques sont rarement toutes en haut. Elles sont plutôt en bas, quoique la mienne est en haut. Mais c'est souvent plutôt en bas, le salon, ou la première zone qui est inondée. Et les gens disaient, en fait, on voyait nos boîtes de jeux qui flottaient et on a tout perdu, on n'avait plus rien. Tu peux imaginer quand tu es un joueur, ce que ça peut te faire. En fait, tu t'en fous de tes fringues parfois. Ok, j'en rachèterai, mais tu as des boîtes, tu te dis non, en fait, voilà.
- Speaker #1
C'est sentimental.
- Speaker #0
Et puis, tu as des gens qui venaient et qui étaient en pleurs en nous disant, mais en fait, merci, vous ne vous rendez pas compte. Mais nous, ça, ça va nous permettre, quand on va rentrer chez nous, de se mettre autour d'une table et on va pouvoir oublier le temps d'un instant que tout ça se passe autour de nous. Et ça, c'est tellement gratifiant, en fait.
- Speaker #1
Clairement. C'est une belle opération. Et est-ce que du coup, derrière, je sais qu'il n'y a pas des catastrophes tous les jours, heureusement, mais est-ce que cette...
- Speaker #0
A la base, c'était une association de faits parce que c'était dans l'urgence. Et puis en fait, on n'a jamais eu de somme d'argent puisque la tombola, c'était directement géré.
- Speaker #1
Oui, ça n'a pas transité.
- Speaker #0
On n'a jamais touché d'argent de quoi que ce soit, donc on ne devait pas. Et puis, on est parti à Cannes l'année d'après. Cannes, c'est tellement génial. Et puis, on est partis du FIJ. Et en fait, dans la voiture, on a entendu tout ce qui se passait. C'est le moment où il y a eu la guerre en Ukraine qui a commencé. On était tous à Cannes. Et je pense qu'on a tous eu cette douche froide, en fait, en se disant, waouh, on sort de notre bulle, là, de trucs trop chouettes. Ou en fait, ton plus gros stress, c'est de te dire, est-ce que t'auras une boîte d'Arc Nova ou pas ? Parce qu'on a pris sans rupture. Et tu te prends ça et tu te dis, ok, en fait, il faut faire quelque chose, même si, voilà, à notre échelle. C'est juste, en fait, on a toujours... Moi, ma politique, c'est de dire, je sais qu'on ne changera pas le monde. On n'a pas... Mais c'est la légende du colibri. Je ne sais pas si tu la connais ou pas.
- Speaker #1
Non, je veux bien que tu me l'expliques.
- Speaker #0
C'est ce que j'essaie de transmettre à mes enfants, en tout cas. C'est un feu de forêt, en fait. Et tu as tous les animaux qui fouillent. Forcément, la forêt est en feu. Ils partent, ils s'en vont. Et il y a un colibri qui, avec son petit bec, il fait tout à l'air tour. Il va remplir l'eau et il va retourner vers la forêt. Et il y a un animal qui lui dit « Mais non, qu'est-ce que tu fais ? Ça ne sert à rien, en fait. Il faut fouillir, quoi. » Et il dit « Ouais, peut-être, mais moi, je fais ma part. » Et en fait, tu vois, moi, ça, c'est ce que je trouve que ça doit guider. Tu ne peux pas faire plus que ce que tu peux. C'est sûr, même si jamais ce n'est peut-être pas beaucoup, mais au moins tu le fais. Après, tu as fait ta part. Ça te permet de dormir la nuit et de te dire, ok, j'ai essayé. Voilà, nous, c'était l'idée. Meeple Solidaires, ça a été l'idée de se dire, on fait notre part. On doit faire quelque chose parce qu'on ne pourrait pas supporter de rien faire. Ça ne changera peut-être pas grand-chose, mais on fait notre part. Et là, on s'est dit, on ne va pas récolter des boîtes de jeux, ça n'a aucun sens. J'avais reçu un artbook que Yellow avait fait et que je trouvais magnifique. Et je me suis dit... C'est une trop bonne idée. Un artbook, en fait, c'est beau et ça permettrait de mettre en avant aussi d'autres personnes du monde du jeu, ce qui sont les illustrateurs qui font un travail magnifique. Et je pense que l'image véhicule beaucoup de choses et que dans un temps de guerre comme ça, la puissance des images, ça t'apporte de l'espoir, ça t'apporte de la couleur, ça t'apporte plein de choses. Et j'avais envie de ça, j'avais envie. C'était mon initiative en tout cas. Et tout de suite, évidemment, tous les illustrateurs ont suivi. D'ici, des Etats-Unis, enfin voilà, c'est de partout. Parce que ça, je n'ai pas expliqué, mais aussi pour la première partie de Meeple Solidaires, on a reçu énormément de jeux du Québec. Ah ok. Synapse du Québec. Les francophones. Enfin qui étaient déjà en Belgique, ils étaient stockés là, ils n'ont pas revenu par bateau.
- Speaker #1
Mais en tout cas voilà, les francophones solidaires.
- Speaker #0
Oui tout à fait.
- Speaker #1
On ne peut pas se dire ça.
- Speaker #0
Ça a vraiment dépassé les frontières. Et donc on a fait un artbook en se disant que c'est des images détachables que tu peux afficher en fait. Ça te permet d'avoir des affiches dans ta Ludo et si tu as problème de les afficher que tu veux garder juste et que tu peux faire des dédicaces au lieu de prendre ta boîte de jeux, tu prends ton Ilu, tu vas en festival et tu fais dédicacer par l'illustrateur. Et en fait, ça s'est très vite mis en place. Moi, je n'avais jamais fait ça de ma vie. Je n'avais jamais édité un livre. Je ne savais pas comment on faisait. Donc, on a dû devenir éditeur de livres. On a dû avoir un numéro pour ça. Quelque chose qui a une forme juridique pour pouvoir gérer les droits qui nous sont transmis là-dessus. Donc, c'était autre chose. C'était une autre aventure. Et Philibert, pour le coup, nous a aidés énormément. Erwin aussi, qui est une illustratrice absolument géniale, qui a fait toute la maquette. Et Philibert, ils ont géré toute la com. Ils nous ont aidé à gérer les envois. Ils ont géré aussi l'achat,
- Speaker #1
du coup, la plateforme d'achat.
- Speaker #0
Oui, ça aussi, ça nous a permis de récolter de l'argent. Et donc,
- Speaker #1
combien d'artbooks ont été vendus ?
- Speaker #0
Je ne sais même pas. Je crois qu'on était à 500, c'est possible. Je crois que c'était 500, je pense. Non, plus. Je ne sais plus.
- Speaker #1
Et il y a combien d'illustrateurs, d'illustratrices qui ont participé ?
- Speaker #0
Tu sais que moi, les chiffres, je n'ai pas de mémoire. Vraiment pas. On en a eu beaucoup. Plus d'une trentaine. Mais je ne sais pas. plus combien. Et en fait, ce qu'on avait voulu faire aussi, c'est de se dire cet argent, on veut être sûr qu'il aille au bon endroit. Et on avait contacté le patron de chez Lucky Duck Games qui est en Pologne. Et donc, ils étaient vraiment tout prêts de ce qui s'est passé et beaucoup plus au courant que ce que nous, on était au courant. Et ils connaissaient des gens qui étaient dans des ASBL, qui étaient sur le terrain. Et donc, on a choisi 4 ASBL qui étaient des ASBL vraiment pour aider les locaux, que ce soit leur apporter des vives, des médicaments, des choses comme ça dans les régions les plus touchées. Tout l'argent qu'on a gagné en fait ont été directement inversés, ne me demande plus combien, je crois que c'est des six mille, je crois qu'on est arrivé à des six mille euros je crois.
- Speaker #1
Juste et que c'est arrivé à bon port et bien utilisé logiquement.
- Speaker #0
Et ça c'est important en fait, on a fait notre part tu vois, c'est juste le principe du compte-prix. C'est super. Et j'espère ne plus jamais devoir le faire. Alors,
- Speaker #1
c'est ce que j'allais dire.
- Speaker #0
J'espère qu'on n'aura plus jamais besoin de le faire.
- Speaker #1
C'est ce que j'allais dire. Meeple, finalement, Meeple Solidaire est en sommeil. Enfin, logiquement, un petit peu.
- Speaker #0
Alors, il existe. Tu vois, la SBL, elle existe.
- Speaker #1
Donc, à voir si besoin, en tout cas, tu es prête à arder Guenicke.
- Speaker #0
Franchement, oui. Honnêtement, Denis, en fait, tu donnes ton temps et ça te le rend tellement fort. Et puis, humainement, en fait, c'est un truc, ça te transcende. Et du coup, oui, si jamais il le faut, je le ferai avec grand plaisir. Vraiment. Mais en vrai, moi, je suis juste un catalyseur à la base. J'ai juste regroupé les gens qui avaient tous la même initiative et la même envie. Je n'ai pas plus de mérite que ça, d'avoir juste, à un moment donné, dit « Tiens, les gars, on ne ferait pas un truc. » Et puis, j'ai coordonné et ça prend un peu de temps, un peu d'énergie. Mais c'est tellement chouette.
- Speaker #1
C'est super. C'est vraiment une belle initiative. Bravo.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Pour revenir plus au milieu professionnel, comment tu imagines évoluer ? Est-ce qu'il y a des envies particulières, des projets particuliers sur lesquels tu travailles ?
- Speaker #0
Alors, c'est flou. Je crois comme beaucoup de gens dans le monde du jeu Moi mon métier en fait il existe que depuis Je dirais 3 ans Avant 3 ans il n'y avait pas de photographe de jeu de société C'était pas un métier alors tu vas me dire c'est pas vraiment un vrai métier C'est pas très nombreux quand même Je crois que dans le monde on doit pas être plus que 20 A mon avis En Belgique je suis la seule En France je pense qu'il doit y avoir 2-3 personnes Non peut-être même pas En Pologne ils sont plus nombreux, aux Etats-Unis aussi C'est pas un métier qui est encore très répandu Tant mieux Merci J'étais dans les premières en tout cas Il y a Board Game Shoot qui est très connu qui est en Pologne C'est à ton tour qu'il y a un Québécois Martin qui est très chouette Il y en a d'autres aussi, il y a plein d'autres personnes mais dans les gens que je connais ou que je connais leur travail
- Speaker #1
C'est un peu au gré des rencontres j'imagine aussi peut-être les projets Je te demande ça parce que tu pourrais très bien avoir un projet comme il y a des artbooks de dessinateurs ou très bien avoir des albums de photos aussi de jeux, pourquoi pas Ouais,
- Speaker #0
non Je sais qu'aux Etats-Unis, ils ont fait un principe un peu comme ça, avec un artbook de photos de jeux avec des cuisses. Mais moi, ça ne me... Ouais, non, ce n'est pas encore trop...
- Speaker #1
Quelque chose sur l'histoire du jeu, tu vois, ce genre de choses où tu te dis, il y a l'évolution. Parce que tu dois le voir aussi, l'évolution, finalement, de qualité ou d'esthétisme, etc. Ça a tellement pris d'ampleur, le jeu de société, qu'aujourd'hui, c'est vraiment hyper important pour les éditeurs.
- Speaker #0
Je sais qu'il y a des jeux qui sont moins beaux que d'autres, et j'en avais parlé avec Lorraine aussi lors d'une autre discussion, en disant que pour moi, un jeu moche, c'était un peu un pyjama, mais en pilou-pilou, parce que ça te rassure. Mais je pense qu'en fait, tu peux vraiment avoir des sensibilités tellement différentes sur un design de jeu, que c'est difficile de te dire, est-ce que ça a tant évolué ? Oui, sans doute. Après, il y a des vieux jeux, je les trouve toujours si beaux. Un Colosseum, ça date de 2000...
- Speaker #1
Qu'est-ce qu'on appelle après un vieux jeu ?
- Speaker #0
C'est ça aussi. Il a quand même presque 20 ans.
- Speaker #1
Si ça a 20 ans, c'est vieux.
- Speaker #0
Il va être réédité. L'appartement où le jeu est réédité.
- Speaker #1
C'est vrai que ça fonctionne souvent comme ça. Quand c'est réédité, on dit que c'est un vieux jeu.
- Speaker #0
Pour moi, c'est un jeu qui est toujours aussi beau. Un Takenoko, ce n'est pas tout jeune. Mais c'est un beau jeu. Je crois que chacun a sa sensibilité.
- Speaker #1
C'est pareil, c'est aussi très personnel. Si tu étais un mode de jeu, est-ce que tu serais plutôt un mode solo, compétitif, ou plutôt coopératif, ou semi-coop ?
- Speaker #0
Non, coop. Coop à fond. Coop, sans nul doute. Ça ne me dérange pas de perdre, ça dépend à quel jeu. Il y en a juste Ark Nova où j'ai envie de tout péter, mais c'est plus simple, je trouve. Comme on joue beaucoup à deux, en vrai on joue beaucoup à deux ou alors on a un autre couple d'amis avec lesquels on joue beaucoup j'ai pas envie d'avoir une tension autour de la table en fait j'ai pas la gagne je suis pas quelqu'un qui va jouer pour la gagne je vais pas analyser le jeu en me disant tiens si je fais ça ça va m'apporter ça et donc je vais gagner j'ai pas ça en fait,
- Speaker #1
j'ai pas cette réflexion moi je suis juste trop contente de partager un moment avec les gens là un peu naïf tu vois et du coup je réfléchis pas à comment gagner donc plutôt envie de gagner ensemble ou perdre ensemble si tu étais une mécanique de jeu qu'est-ce qui te ressemblerait le plus ? de la pose d'ouvrier du narratif à 100%
- Speaker #0
et je sais que c'est ce qu'il n'y a pas beaucoup ça commence à aller un peu mieux mais ça se développe bien aussi ça mais moi c'est 100% narratif, j'adore ça j'ai besoin de vivre une aventure ou du legacy, le legacy aussi c'est aussi une aventure, moi je suis plus là-dedans j'aime bien le reste, on le stoppe ou encore je ne suis pas très douée mais voilà le narratif c'est vraiment ce que je préfère c'est le truc où en fait, quand je reparle de certaines parties Même 5 ans après, genre Détective, ça fait je sais pas combien d'années que j'y ai joué, je crois que c'était 2017, un truc comme ça. Ouais,
- Speaker #1
facile ouais.
- Speaker #0
Eh ben je peux encore en parler, j'ai encore la chair de poule quoi.
- Speaker #1
C'est ce que ça procure quoi, le fait d'être immergée complètement dans un jeu.
- Speaker #0
Le souvenir de l'émotion que j'ai ressentie à ce moment-là, je l'oublie pas.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Alors que tu vois, la pause ouvrier, savoir si j'ai gagné, combien de points j'ai fait, c'est rien.
- Speaker #1
T'es pas du genre à tenir tes stats.
- Speaker #0
Ah non, non non non non. J'aime bien garder les feuilles de score parce que ça me permet de me dire « ah ouais, j'avais joué avec un tel, mais par contre je m'en fous de combien j'ai fait de points quoi » .
- Speaker #1
Alors peut-être plus dur, si tu étais un auteur ou une autrice de jeu, qui tu aimerais être ?
- Speaker #0
En vrai, ça je ne sais même pas qui je te dirais. Mon auteur préféré, c'est parce que c'est un ami, c'est Yohann Levé. Mais je ne prétendrai pas avoir son intelligence et sa capacité à faire des jeux de déduction.
- Speaker #1
Parce que tu disais que tu n'aimais pas les chiffres.
- Speaker #0
Non, je n'aime pas les chiffres. Mais en fait, à cause de lui, j'aime bien les jeux de déduction. Après, il fait des jeux de déduction sans chiffres. Mais justement. Technologique, ça marche. Pour moi, c'est parfait. Il y a presque une histoire.
- Speaker #1
c'est vrai, j'arrive beaucoup mieux à chronologie qu'à Curie Machine moi il m'a dit, c'est un jeu de déduction avec une histoire ça soulage ok super, et alors si tu avais quelqu'un à me proposer d'autres dans le milieu ludique pour une prochaine interview sur le podcast à qui tu penserais ?
- Speaker #0
j'ai honte, je ne connais pas tous les gens que tu as interviewés c'est pas grave,
- Speaker #1
tu peux dire si c'est déjà fait je te le dirai
- Speaker #0
Le parcours de Tatiana, de Girl.game, est hyper riche et hyper intéressant. Et puis, oui, elle fait aussi... Maintenant, elle fait la com pour les éditeurs. Et donc, du coup, c'est aussi un métier qui s'est créé.
- Speaker #1
Bah oui, écoute, je ne l'ai jamais rencontrée.
- Speaker #0
En plus, c'est une Belge. C'est une amie et c'est une Belge.
- Speaker #1
Restant en Belgique, alors. Ok, écoute, je note. Super. Merci beaucoup, Billy, d'avoir accepté cette interview improvisée durant la semaine. C'est vrai.
- Speaker #0
Entre la piscine et le laser game.
- Speaker #1
C'est ça. Et écoute, merci beaucoup. Je te souhaite plein de bonnes chances pour la suite de l'aventure ludique.
- Speaker #0
Merci beaucoup. Moi aussi, merci de m'avoir interviewée.
- Speaker #1
Et on termine toujours le podcast par la même phrase. C'est alors, avec Billy, tu joues ou quoi ? Tu joues ou quoi ? On le fait ensemble.
- Speaker #0
D'accord. Ok.
- Speaker #1
Alors, avec Billy,
- Speaker #0
tu joues ou quoi ?
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté cette interview jusqu'au bout. Si vous avez aimé cet épisode, je vous invite à laisser un commentaire sur Instagram ou la chaîne YouTube Tu Joues Ou Quoi ? Vous pouvez aussi manifester votre soutien en parlant du podcast autour de vous. Dans deux semaines, je serai avec un autre podcasteur, Mathieu Biéry, de l'émission On joue-tu, qui vient de sortir en co-autora son premier jeu, Naïchi, dont les critiques sont plutôt bonnes. Alors, restez bien à l'écoute !