- Stéphanie
Bonjour, c'est Stéphanie. Bienvenue sur le podcast « Tu joues ou quoi ? » , dédié à l'univers du jeu de société. Suivez-moi, je vous emmène dans les coulisses, à la rencontre des acteurs de ce monde très créatif. J'ai la chance, pour ce nouvel épisode, d'avoir comme invité M. Guillaume Gigleux. Il est l'une des figures incontournables de l'ancien média Trick Track. Guillaume a un parcours riche dans le monde ludique. Animateur, chargé de com', journaliste. auteur. Depuis 2024, il a rejoint l'équipe de Lucky Duck Games en qualité de brand manager et de responsable des relations presse. Il m'a accordé du temps lors du dernier festival des Jeux de Cannes. Je suis toujours sur le festival de Cannes et cette fois-ci avec Guillaume Gigleux, Guillaume Chifoumi, Monsieur Guillaume, c'est comme vous voulez.
- Guillaume
Et les trois marches, Guillaume tout court va très bien aussi.
- Stéphanie
C'est une seule et même personne, mais avec tellement de casquettes et un parcours tellement énorme. Je ne sais pas si on aura assez de temps sur le podcast. Il faudra peut-être faire un volet 1, un volet 2, je ne sais pas, on verra.
- Guillaume
Et après, on ferme les deux volets et il n'y a plus de lumière.
- Stéphanie
Bon, en tout cas, bienvenue sur le podcast. C'est cool que tu aies répondu à l'invitation.
- Guillaume
Avec plaisir.
- Stéphanie
Tu es toujours partant, ça fait plaisir. Alors, effectivement, c'est difficile de comment te présenter. Donc, j'ai envie de te dire comment toi, tu te présentes.
- Guillaume
Oh là là, c'est terriblement difficile pour moi aussi, parce que je ne sais pas par quoi commencer. Tu parlais tout à l'heure de plusieurs casquettes, oui et en même temps non, parce qu'on est tous pareils, on a tous plusieurs vies dans notre vie. Il s'avère que j'ai été joueur très tôt, grâce à une famille et entre autres, en tout cas dans mes souvenirs, une mamie paternelle qui jouait avec nous pendant les vacances. Donc ce côté adulte-enfant a donné une petite aura au jeu de société très tôt chez moi, avec mes frères et sœurs également. Je découvre ensuite les livres dont vous êtes le héros, en même temps presque concomitamment, de façon concomitante, je vais le dire en français, avec les HeroQuest Blood Bowl de l'époque. On est dans les années 80. Le livre dont vous êtes le héros m'amène au jeu de rôle. À côté de ça, je continue mes études plutôt dans le domaine scientifique. Et puis finalement, de côté professionnel, je découvre la langue des signes française, la langue parlée par une partie de la communauté sourde. Et je trouve que cette langue-là, moi qui faisais du théâtre, m'interpelle dans mon corps. Du coup, j'apprends la langue des signes. Au lieu de devenir enseignant comme je pensais l'être, je me dirige vers des études d'interprète en langue des signes, interprète de conférence. Je continue de travailler dans le monde du jeu, c'est-à-dire qu'en plus du jeu de rôle que j'ai découvert, Magic Arrive, les jeux de figurines, je suis vraiment happé par toutes ces découvertes. Donc, je suis plutôt un joueur éclectique. qu'un joueur hyper spécialisé. J'aime toucher à tout et découvrir. Je fais mon boulot d'interprète en même temps que je commence à écrire des reviews et des articles sur un webzine en ligne qui à l'époque s'appelle Petit Peuple. Et puis je me mets à animer sur des salons, je me mets à créer quelques protos en continuant de faire des campagnes de jeux de rôle et en découvrant toujours de nouveaux jeux, y compris la vague à l'époque dite des jeux à l'allemand. Donc là, on est dans les années 2000-2005. Et puis je rencontre différents personnages, en l'occurrence... Une avant-première autour de Claustrophobia me permet de rencontrer Croc. L'interview et le petit reportage photo de la partie de Claustrophobia m'amènent à dire « j'aimerais bien créer un scénario » et au final le scénario sera dans l'extension de Claustrophobia. Dans le même temps, je me dis que j'aimerais bien travailler dans le monde du jeu. Je propose à Days of Wonder la règle des aventuriers du rail en langue des signes en me disant peut-être que je vais pouvoir marier les deux univers. que j'apprécie, la langue des signes et les jeux de société, ce que l'on fait. Et puis, in fine, je me dis que j'aimerais bien travailler dans le monde du jeu. Ça fait un moment que je le ziute, on est dans les années 2010. Et du coup, après avoir fait de l'animation, après avoir travaillé en boutique spécialisée, j'essaye de professionnaliser les choses. Je rencontre le chemin de Philosophia et je rentre en 2013 en tant que chargé de communication et aux événements chez Philosophia, avant de passer en 2015. à Trick Track, en tant que là, plutôt, on va dire, journaliste, même si ce n'est pas vraiment avec la carte journaliste, mais vraiment sur cet aspect culture ludique, compréhension du monde du jeu de société. Ce que je ferai jusqu'en 2023, à l'arrêt de Trick Track, suite au rachat par Asmodee. Et enfin, fin 2024, il y a quelques temps, je rejoins l'équipe Lucky Duck Games. Donc voilà, effectivement, ça fait plusieurs vies, à la fois auteur, puisque dans l'entre-deux, j'ai sorti une bande dessinée. Je suis le scénariste d'une bande dessinée dont vous êtes le héros qui s'appelle l'Obsidienne. Je vais bien qu'on en parle. Si tu veux, avec plaisir. Donc voilà, c'est vrai, plusieurs casquettes.
- Stéphanie
Mais c'est tout un parcours qui se... Tout s'enchaîne assez logiquement, en fait, j'imagine, finalement, pour toi. Oui,
- Guillaume
je trouve. Alors, c'est là où c'est assez étonnant. Je ne vais pas parodier Astérix en disant, oui, moi, je crois surtout que la vie, c'est des rencontres. Mais c'est vrai que tu as raison. Quand je le raconte comme ça et quand je prends un peu de recul en me retournant sur ces années-là, Il y a somme toute quelque chose d'un développement assez logique. Alors après, mon premier Cannes dont j'ai le souvenir, c'est 2004 ou 2005. J'en ai très peu raté depuis, donc ça fait déjà pratiquement 20 années de Cannes. J'arrive très timidement autour d'un jeu de société, d'un univers de jeu de société que j'ai découvert moi par Trick Track à l'époque, mais uniquement via le forum. Et tous les magazines que je lisais, les jeux et stratégies, les jeux en boîte, les casus belli. et d'autres encore, les codex arcanum, bref, je pourrais en citer plein, je le découvre de loin. Et puis, je sens que je suis attiré. Donc, j'essaie de me rapprocher. Je viens à Cannes en 2005, je vois des phales, Bruno Catala, Sébastien Pochon, Cyril Demey, etc. Et je me sens sur le pas de la porte. Je ne sais pas comment rentrer dans cet univers qui m'attire. Donc, du coup... Je commence à écrire en me disant je vais mettre quelques avis sur Trick Track et puis finalement on se retrouve autour d'une équipe, j'écris des articles parce que prendre ce recul et narrer tout ce que j'ai vécu, traversé en essayant de comprendre pourquoi ça marche comme ça, me passionne et de fil en aiguille ça amène à A, A, A, puis ensuite A et donc ça donne ce parcours là. Oui c'est vrai que ça s'enchaîne assez facilement, assez logiquement. en apparence, même si ça prend du temps.
- Stéphanie
Oui, bien sûr. Et puis, il y a sans doute des phases plus ou moins faciles aussi. Oui,
- Guillaume
des remises en question. Est-ce que je cache le boulot d'interprète que j'aime pour aller travailler dans le monde du jeu de société ? Oui, donc bien sûr. Est-ce que je déménage ? Est-ce que je vais au Canada quand Philosophia me propose un poste de game designer après le poste de chargé de com ? Est-ce qu'on va jusqu'au Canada pour ça ? Donc, il y a des oui, il y a des non. On y va. La période la plus difficile, et je ne vais pas te le cacher, c'est l'année 2023. Parce que Trick Track était vraiment quelque chose qui, en tout cas, cet aspect culture ludique, recul, animation de vidéo, c'est quelque chose que j'ai adoré. Et donc, forcément, quand ça s'arrête, c'est le moment où là, tu fais mais c'est bon, je claque la porte, je me barre et puis je fais autre chose.
- Stéphanie
Oui, c'est ça. Et puis, il y a eu effectivement une remise en question. Tu as pris le recul, en fait, tu as dit je prends le temps de réfléchir.
- Guillaume
En tout cas, je l'ai pris pleine face.
- Stéphanie
Déjà, déjà, voilà. Déjà, de première.
- Guillaume
Déjà, je l'ai dit. C'était un peu volant. Voilà, exactement. Tu as complètement raison, Stéphanie. Et puis, dans un deuxième temps, oui, tu prends le recul en disant est-ce que je jette le bébé avec l'eau du bain ? Eh bien non, je continue d'aimer ce milieu-là. Il s'est transformé depuis plus de 20 ans. J'en suis le témoin, en tout cas à mon niveau et avec mes critères d'analyse. Il a vraiment évolué, mais ça reste un milieu que j'apprécie. Et donc, du coup, j'y suis revenu.
- Stéphanie
Et alors, tu as fait quoi pendant ce laps de temps ? Justement, c'était une introspection profonde. Tu es parti au Tibet ou je ne sais pas quoi.
- Guillaume
Presque. Alors oui, introspection, oui, ce qu'on appelle un bilan de compétences. J'en avais un peu peur et au final, j'ai trouvé ça assez génial. En tout cas, ce que j'ai vécu a été assez génial dans cet aspect d'introspection. Oui, comme tu le dis. J'ai essayé plusieurs choses parce que je voulais continuer d'ajouter quelques cordes à mon arc. En tout cas, d'en continuer de comprendre la quasi totalité. C'est un peu orgueilleux de dire ça, mais du parcours d'un jeu de société. Donc, j'ai travaillé avec un imprimeur. cartonnier qui fait des boîtes de jeux en carton, qui les plie avec du papier, quel est le grammage du papier, quel est le grammage du carton, quelles sont les machines qui coupent, qui plient, qui fait de la carte à collectionner, alors du coup les ramettes font quelle taille et puis ensuite on les découpe et puis on fait les bords arrondis et puis on va gérer la rareté des cartes. Donc j'ai fait ce boulot là, j'ai fait aussi du game design en l'occurrence et entre autres parce que c'est ceux qui sont un peu plus connus. pour les Youtubers lynk et terracid autour de leur jeu de cartes à collectionner qui s'appelle Wankule, donc travailler sur la saison 2 et la saison 3. J'ai adoré, j'ai adoré ce travail de game design. J'ai travaillé sur mes prototypes, bon là il y a un autre problème c'est que j'ose pas les sortir. Donc je travaille sur des prototypes mais je ne fais rien. Alors si je l'ai quand même montré par exemple l'année dernière, j'en ai quand même montré quelques-uns et c'est très encourageant mais je suis quelqu'un je crois assez anxieux, je suis quelqu'un qui doute plutôt beaucoup de lui Et donc, il y a encore des gaps. que je n'ai pas franchi malgré cette introspection.
- Stéphanie
Ok, ok, ça viendra, il n'y a pas de raison. Ok, et alors sur tout ce parcours très riche, quelles expériences finalement t'ont peut-être le plus marqué ou laissé plus de traces ?
- Guillaume
Je garde des souvenirs vraiment émus des premiers articles que j'écris. C'est-à-dire vraiment le fait de dire, si je voulais être enseignant, je pense que c'est parce que j'aime l'aspect, alors est-ce que c'est le mot pédagogique ? En tout cas, j'aime l'aspect transmission, j'aime transmettre. Quand j'explique une règle du jeu et donc mes souvenirs d'animation en festival, faire un peu l'espèce de vendeur à poisson pour raconter une histoire, rameuter les foules un petit peu en mode foire et puis les voir embarquer dans une histoire, s'installer à la table et se lancer dans une partie en éclatant de rire. Alors oui, certes, c'est une animation. Ce n'est pas automatiquement ça qu'il y a dans le jeu de société, mais amener ça, j'aime ça.
- Stéphanie
Il y a un truc théâtral.
- Guillaume
Exactement, mais complètement. Le refaire, mais à l'écrit, donc organiser l'écrit pour que De façon assez logique, la personne qui lise, parte dans une histoire, découvre le jeu, aille jusqu'à l'avis sur le jeu, et ensuite se fasse lui-même son propre avis. J'aime beaucoup aussi. Je garde des souvenirs, je le disais, émus des animations qu'on a faites autour de pandémies, donc des pandémies survival, où on est en habit de médecin avec un stéthoscope et on essaye de sauver le monde de l'infection, quelques années avant la pandémie du coronavirus. Et puis enfin, un des plus gros marqueurs, sentiments. partager et ou non, mais c'est effectivement les années Trick Track parce que j'ai eu l'impression tout d'un coup d'être à ma place. Animer une émission, passer le plat comme on le dit, c'est à dire faire en sorte que la personne qui est, mais comme tu le fais en ce moment, la personne qui est en face ou avec toi ne soit pas aussi intimidée par les caméras, le micro ou quoi, soit à l'aise pour ensuite bien démontrer le jeu qu'il est venu amener, j'adore ça. Avoir un recul sur la culture ludique et son histoire. voir des jeux arriver et voir un public. moins connaisseur, mais ce n'est pas un jugement de valeur, dire « Oh mais c'est une mécanique, c'est génial ! » Eh bien tiens, je vais te faire l'histoire de cette mécanique parce qu'en fait, il y a huit ans, il y avait déjà cette mécanique dans ce jeu-là. Et cet aspect culture ludique, j'adore aussi. Donc des souvenirs forts et émouvants, j'en garde beaucoup à chacune de ces étapes.
- Stéphanie
Oui, mais tu es un esprit très curieux aussi, forcément.
- Guillaume
J'aime décortiquer, comprendre et les raconter ensuite. J'aime bien le côté un peu « Père Castor raconte une histoire » .
- Stéphanie
Le père Castor, ça a bercé l'enfance. Alors justement, tu l'as évoqué rapidement tout à l'heure, mais tu as donc la casquette d'auteur. Alors raconte-moi l'histoire de l'Obsidienne, une BD dont vous êtes le héros. Alors moi, si ça a bercé mon enfance, les livres dont vous êtes le héros.
- Guillaume
Quel était ton favori ? Moi, Loup solitaire. Oui,
- Stéphanie
je crois que c'est cette collection-là. Ça ne me revient pas comme ça.
- Guillaume
Il y avait du Défi Fantastique, j'aimais aussi beaucoup Astro d'Or et La Voix du Tigre parce que c'était un ninja.
- Stéphanie
Avec mon frère, on s'amusait. Du coup, je raconte ma vie, mais ce n'est pas mon boulot.
- Guillaume
Il change de bon procès.
- Stéphanie
Chacun lisait de son côté et en fait, on faisait carrément nos cartes. Il y avait des zones où c'était très compliqué de s'y retrouver, parfois des labyrinthes et tout.
- Guillaume
On faisait la map.
- Stéphanie
On faisait la map.
- Guillaume
Avec le numéro du paragraphe pour savoir à peu près où est-ce que ça se fait.
- Stéphanie
C'est à l'infinité, jamais. On a passé du temps.
- Guillaume
C'est exactement cette expérience-là qui m'amène, en passant par le jeu de rôle, pendant de nombreuses années, j'ai fait du jeu de rôle, surtout en tant que maître de jeu. Et lors d'une émission Trick Track, je rencontre Chucky, Chucky Medina, qui est donc le directeur, l'initiateur, celui qui a monté la maison d'édition Macaca, qui est presque la maison d'édition majeure en termes de... bande dessinée dont vous êtes le héros. Et on fait l'émission autour de ma caca, la collection, les BD dont vous êtes le héros. Et je repars le soir à la maison en me disant... Toute la journée, j'avais eu envie de lui dire, mais si j'ai des idées de bande dessinée dont vous êtes le héros, est-ce que je peux te... Et je me le refuse en disant, Guillaume, tu n'es pas là pour ça. Il est là pour présenter sa collection, ses jeux. Toi, tu es là en tant qu'animateur, journaliste, on va dire, entre guillemets. tu te la fermes, tu n'es pas là dans ton intérêt personnel. D'accord. Je ne dis rien.
- Stéphanie
Tu te mets un frein.
- Guillaume
Oui, avec un argument. Ça se comprend, je trouve. Et le soir, je me dis, demain soir, je lui écris à titre personnel, donc pas avec l'adresse pro, à titre personnel, en disant, écoute, je vais quand même oser te demander comment se passe la proposition d'idée de BD dont vous êtes le héros, de scénario et tout, parce que je crois que j'en aurais à te proposer. Mais je ne voulais pas en profiter parce que c'est trick track ou quoi au caisse. Et il me répond, comme avec tout le monde, tu m'écris un mail avec un petit pitch en dix lignes de quelle thématique et quel type de public, avec quel type d'histoire tu souhaiterais écrire. Et on verra ce que ça donne. Et je lui en ai proposé quasi immédiatement, donc le lendemain, preuve que certainement les idées étaient là, je lui en ai proposé trois. Il en a retenu une. Je me suis mis au travail avec beaucoup de candeur et de naïveté. et quelques mois, années plus tard, sortait l'obsidienne.
- Stéphanie
D'accord. Ça a été un travail de longue haleine, d'écriture,
- Guillaume
etc. C'est là où je parle de candeur et naïveté. Moi, je parlais en me disant je vais écrire comme un scénario de jeu de rôle. Donc, je vais l'écrire à la façon d'un roman, mais avec plusieurs types de chapitres. Et il m'a retoqué tout de suite en disant ah non, attends, non, non, il faut que tu l'écrives paragraphe par paragraphe avec toute, imaginez la carte mentale, les embranchements, etc. textes des personnages, puisqu'il va y avoir une bande dessinée, donc une description du paysage. Donc, en gros, c'est comme un storyboard qu'il fallait faire.
- Stéphanie
D'accord, c'est ça.
- Guillaume
Et ça, pour le coup, ça, ce n'est pas une compétence que j'avais imaginée. Moi, je l'avais vu à la mode conteur d'histoire. Je te raconte un truc, il se passe ça. Puis, comme je te l'ai raconté, toi, illustrateur, tu vas le dessiner. Eh bien non, pas du tout. Et effectivement, j'avais donné une deadline et on avait signé le contrat autour de cette deadline. et là j'ai été... stupide parce que naïvement et sans me renseigner, cette deadline a été une vraie pression pour finir. J'ai pris des vacances supplémentaires en disant non mais là, il faut que j'arrête de travailler, il faut que je fasse ça à 100%. Je me levais à 8h, je finissais à 1h30 du mat et j'avais l'impression de me dire bon, là, je peux finir si je fais 10 paragraphes par jour. Et quand le soir, je n'en avais écrit que 8, je savais que je prenais du retard. Alors j'ai rendu le manuscrit avec une dizaine de jours de retard, je crois. et dans un état de délabrement mental fort. Et prouvé. Parce qu'effectivement, naïvement, j'avais cru que raconter des histoires, c'est facile. Non, Guillaume, écrire une bande dessinée dont vous êtes le héros avec tout un storyboard, ce n'est pas facile.
- Stéphanie
Je veux bien croire. C'est une période expériente. Alors raconte-moi, ça parle de quoi l'obsidienne ? C'est quel univers ?
- Guillaume
L'obsidienne, ça partait automatiquement parce que c'est ma madeleine à moi, mon cœur de joueur. C'est du médiéval fantastique. même si le côté fantastique est assez léger parce que je voulais en garder sous le pied s'il devait y avoir un 2, un 3 ou autre, donc médiéval. Et je voulais aussi, parce que de façon personnelle ou de façon inconsciente, réussir à trouver une originalité. Donc je savais qu'il y avait déjà, j'en ai cherché, j'en ai trouvé deux ou trois titres dans lesquels il y a de la stratégie militaire. Donc ça veut dire que vraiment, où est-ce que je place mes troupes ? Comment est-ce que j'analyse le terrain pour essayer de remporter la bataille ? Et du coup, avec ces deux éléments médiéval un peu fantastiques et cet aspect un peu militaire, je me suis dit tiens, dans un livre dont vous êtes le héros ou dans une BD dont vous êtes le héros, on est très souvent. le héros ou l'héroïne, mais on est tout seul et on prend notre destin en main. Qu'est-ce qui se passe si je faisais jouer à un garçon ou à une fille le rôle de quelqu'un qui a charge d'hommes et de femmes ? Et donc, du coup, je me suis dit, ben voilà, ça y est, j'ai mon élément. Je vais jouer le rôle d'un chef, d'un lieutenant, d'une compagnie mercenaire. Donc, j'ai des hommes de différents corps d'armes. Donc, il y a des archers, des cavaliers et des hommes d'armes à pied. Il va y avoir des batailles, on a été embauché par un roi dont le royaume est un peu en révolution avec des ducs qui se lèvent contre lui. Et il va falloir que je mène des batailles, que j'obéisse aux ordres, mais de quelle façon ? Comment je vais analyser les batailles ? Quand je prends une décision, si elle est mauvaise, ce n'est pas forcément que moi que je mets en danger. Il y a des hommes et des femmes qui vont tomber sur le champ de bataille à cause de ma décision. Et je trouvais que ça pouvait éventuellement être intéressant de se dire « Ah mais merde, j'ai fait n'importe quoi et là il y a 50 cavaliers qui viennent de tomber, de mourir. » Alors, ce n'est qu'un livre, ce n'est qu'une BD dont vous êtes le héros. Mais je voulais lui donner cette originalité un petit peu particulière. Et donc, on est parti là-dessus. On est donc le lieutenant d'une compagnie mercenaire aux ordres du roi, si tant est qu'on accepte de suivre ses ordres. Et le destin est lancé.
- Stéphanie
Tu dis combien de temps en final entre le moment de la proposition de l'idée et la sortie du livre ?
- Guillaume
Quasiment deux ans et demi. Mais il y a eu aussi une raison à cela. Ça aurait dû être un an, un an et demi. C'est qu'il y a eu un changement d'illustrateur entre les deux. On a rencontré un premier illustrateur dont le style correspondait bien. C'était un jeune illustrateur qui n'avait pas encore sorti d'album ou autre. Donc, c'est son premier pied à l'étrier. Là encore, la tâche est titanesque. Ce qui fait qu'au bout de quelques mois, plusieurs mois en l'occurrence, il dit non, mais je ne vais pas pouvoir finir ni tenir les délais. J'arrête. Et ça se comprend. Il n'y a pas de souci. Et du coup, c'est Aurélien Delosin qui a repris derrière. Mais il a fallu repartir de zéro. dans la création. Il faut se rendre compte d'une chose dans ce domaine de la bande des Disney, dont vous êtes le héros, et ça n'a rien à voir avec Macaca en lui-même, c'est qu'on va recevoir une avance sur droit. Donc, grosso modo, pour les 8 mois de travail de création du script tel qu'on en a parlé, tu as une première avance sur droit. Là, en l'occurrence, c'était 1 000 et quelques euros, entre 1 000 et 2 000, je ne veux pas dire de bêtises, mais voilà. Donc, 8 mois de travail, 2 000 euros, et... Pour l'illustrateur, c'est la même chose, avec un petit peu plus. Grosso modo, on va te demander, c'est comme ça que ça fonctionne. Une fois encore, il n'y a pas de critique. C'est juste pour se rendre compte de la pression qu'on se met. C'est qu'on prend une avance sur droit pour un travail de plusieurs mois et cette avance, elle correspond au travail, grosso modo, d'un mois. Donc, tu fais un pari. Tu fais un pari pour la suite. L'éditeur, tout pareil, il avance de la trésorerie. C'est un pari sur l'avenir. Ce n'est pas pour se plaindre. C'est juste pour se rendre compte qu'effectivement, oui, la pression peut être forte. Et je comprends complètement ce premier illustrateur qui, au bout d'un moment, dit... Non, mais je ne vais pas arriver à finir. Je suis en train d'y passer toutes mes nuits. Et au final, je ne sais même pas si je vais gagner quelque chose.
- Stéphanie
Oui, bien sûr. Donc, il est sorti en avril 2022. Quel accueil il a reçu ?
- Guillaume
Un premier accueil très bon, vraiment. Alors, je ne vais pas essayer de, là pour le coup, pas être naïf. Certainement que M. Guillaume de Trick Track, ça a, dans le monde du jeu en tout cas, un peu aidé à tirer un bout de lumière pour dire intéressez-vous à la BD, à regarder un petit peu par là. Donc, ça a dû aider pour ce démarrage-là. Et puis ensuite, on a vu assez rapidement des localisations étrangères. Donc là, c'est pareil, ça fait super plaisir de se dire, tiens, ça peut partir. Ça pourrait partir en Pologne, ça peut partir en Espagne, ça peut partir aux États-Unis. On a tout de suite l'impression un peu que c'est l'Eldorado et tout. Ce qui n'est pas forcément le cas, une fois encore, c'est des volumes qui sont finalement faibles, entre guillemets. Ce n'est pas Astérix et Obélix à 50 000, 500 000 albums.
- Stéphanie
Ça reste une niche aussi.
- Guillaume
Voilà, exactement, c'est une niche. Là, pour le coup, il faudrait que je repose la question à Chucky. Mais l'accueil a été bon. La particularité de l'album a été retenue. Mais en même temps, c'est ce qui lui fait sa petite difficulté. C'est que le titre n'est pas évident. Ce n'est pas facile d'aller jusqu'au... Il y a plusieurs fins dans l'obsidienne. Il y a plusieurs fins. Avoir la top top, finir avec cinq étoiles. Il y a une petite accréditation, un peu jeu de société. Finir avec cinq étoiles n'est pas évident. On peut mourir à de nombreuses... occasion, c'est un univers un peu dangereux. Et puis les numéros cachés, il y a des numéros cachés, c'est l'avantage de la BD dont vous êtes le héros, c'est qu'on peut cacher des numéros dans l'illustration. Les numéros cachés sont très bien cachés, donc il y a une vraie difficulté aussi. Ce qui fait que ça le classe dans un grand ado adulte, qui réduit aussi un petit peu le scope. Mais en même temps, je pense que Chucky est très content, me semble-t-il, à lui poser la question, d'avoir justement cette... originalité, cette petite particularité.
- Stéphanie
Oui, il y a toute une gamme quand même pour tous les publics quand même aussi chez Macaca. Donc, tu n'as pas d'idée sur les volumes de vente de billets ?
- Guillaume
Je te dirais bien quelque chose comme 3500, mais je n'en sais rien en vrai.
- Stéphanie
Est-ce que tu as d'autres projets de cet ordre-là ? Parce que tu parlais de l'autorat, c'est toujours un peu dans le domaine des scénarios ou plutôt le mécanique.
- Guillaume
Tu as raison. Il y a eu un scénario de livre dont vous êtes le héros qui est sorti chez The Heist. The Heist, c'est un jeu de rôle un peu particulier puisque ça marche à l'instar d'une saison, d'une série. Les joueurs, avec le maître de jeu, vont organiser des casses, mais avec classe. C'est théorique,
- Stéphanie
ça,
- Guillaume
non ? C'est théorique, et Gabriel Durnerin.
- Stéphanie
Gabriel Gurnerin, je me souviens qu'on en avait parlé avec eux.
- Guillaume
Et donc, ils ont proposé à plusieurs personnes d'écrire un scénario. Et donc, j'ai écrit un scénario qui est dans la boîte de The Heist, autour de Jules Verne et Nemo, et le capitaine Nemo. Donc, ça s'appelle 20 000 pas sous les mers, puisque le casse se passe avant que le Nautilus ne soit... reconnus dans le roman de Jules Verne. Donc ça se passe un peu en amont. On apprend des choses sur Nemo qui sont connues, mais de ceux qui s'intéressent à Nemo. Et puis, il y a eu aussi de nouveaux scénarios lorsque Claustrophobia est ressorti. Donc là, qui sont édités. Et puis après, j'ai effectivement trois, quatre protos, mais que j'ai du mal à... Mais ça me plairait.
- Stéphanie
Peut-être qu'on se reverra un jour sur le premier jeu édité. Ça serait chouette. Ok, alors on va arriver quand même sur aujourd'hui, voilà, chez Lucky Duck Games. Effectivement, tu as intégré l'équipe il y a six mois.
- Guillaume
Septembre.
- Stéphanie
Septembre 2024. Alors, quelles sont tes missions ? Parce que c'est vrai que c'est peut-être un peu obscur pour les gens aussi, souvent des noms compliqués de métiers ou autres. Alors forcément, le premier plus simple, c'est celui de relations, mon presse, etc. Mais ça va au-delà de ça.
- Guillaume
Oui, ça va au-delà de ça. Il faut savoir que courant 2024... Lucky Duck Games, qui est une société qui s'est montée au départ autour des jeux hybrides, puisque Monsieur Vergonjeanne, qui a monté la boîte, venait aussi du jeu vidéo et des applications, et donc démarre avec un Vikings Gone Wild et très vite avec un Chronicles of Crime. Donc jeu d'enquête avec une application. Et dans ce développement-là, ils ont quand même particulièrement performé. Très vite, une image de marque de qualité s'est installée autour de Lucky Duck Games. Je pense que c'est entre autres aussi, bien sûr, il y a des histoires de chiffres d'affaires et tout, mais ce qui attire Goliath au moment où Goliath rachète Lucky Duck Games. Dans cet intervalle de rachat, ils se rendent compte qu'il y a besoin de quelqu'un qui puisse faire le trait d'union entre ce qu'on pourrait appeler le marché hobby ou le marché core, c'est-à-dire celui qui, normalement, si vous écoutez le podcast, c'est ce que vous connaissez. le monde du jeu de société dit moderne tel qu'on le pratique, tel qu'on l'aime, avec les ludicaires, avec plusieurs sorties par an, mais des tirages à faible quantité la plupart du temps, etc. Là où Goliath est plutôt sur l'autre pan du marché, ce que l'on appelle la grande distribution, avec du jeu et jouets, éventuellement de l'action game un peu plastique et tout. Donc, c'est deux univers qui sont, en tout cas, je m'en rends compte encore plus maintenant à mon poste. ces deux univers très différents et ils avaient donc besoin de quelqu'un qui fasse ce trait d'union entre les deux.
- Stéphanie
Ce qui a surpris tout le monde, effectivement, à l'annonce de l'arrivée de Lucky the Game chez Goliath, c'est qu'il y a un peu inquiété.
- Guillaume
Complètement. En se disant, qu'est-ce qui va se passer ? Est-ce que c'est pour retrouver du plastique un peu partout dans les jeux de société ? Une fois encore, je force le trait parce que c'est un peu un jugement à l'emporte-pièce en disant ça, mais ça permet de comprendre rapidement les éléments et la crainte réelle qui existait. Donc est-ce qu'il va y avoir un peu du plastique partout ou est-ce que ça va être avec des prix cassés en grande surface juste pour le plaisir de faire du chiffre, de la quantité.
- Stéphanie
Et puis est-ce que vous allez garder l'âme pour l'âme, la ligne éditoriale, etc.
- Guillaume
Et en l'occurrence, pour l'instant en tout cas, c'est vraiment cet objectif-là. Goliath avait fait des incursions dans le domaine du jeu de société dit moderne, mais sans en avoir potentiellement ou en amont tous les codes. Et donc ça n'avait pas été des expériences hyper faciles. Ils prennent le kit de games en disant visiblement vu ce qui se passe et vu l'historique, vous avez ces codes-là. Donc on a besoin de vous. Donc on va avoir ce marché core qu'il faut absolument respecter parce que c'est comme ça que ça fonctionne, ce marché hobby, et on va voir comment est-ce que le trait d'union peut être fait. On vous apporte ce que nous on peut vous apporter, c'est-à-dire un réseau plus large de distribution et de votre côté vous nous apportez une connaissance, une maîtrise des codes du monde du jeu de société. Une fois encore, je ne veux pas être naïf. Qui que ce soit qui m'écoute là aujourd'hui, y compris de façon professionnelle, Je ne peux pas prédire ce que sera l'avenir. C'est-à-dire qu'à un moment donné, de la même façon que ça a pu se passer et qu'il y a pu y avoir des craintes quand Asmoday a racheté tel ou tel studio de développement ou quand Asmoday a été racheté par tel ou tel investisseur, bien sûr qu'on peut se poser la question, non pas simplement sur du court terme, qu'est-ce que ça va donner sur 5 ans, mais oui, d'accord, mais qu'est-ce que ça va donner sur 10 ou 15 ? Et là-dessus, je ne suis pas Madame Irma. Bien sûr,
- Stéphanie
plus de deux ans,
- Guillaume
plus de plus. Exactement. Et pour l'instant, cette intention, elle s'est concrétisée par mon embauche. En disant, voilà, Guillaume, tu vas être brand manager, tu vas t'occuper de la brand, donc la marque Lucky Duck Games. Non pas pour dire on va éditer tel jeu ou tel jeu, ça c'est Davy et l'équipe Lucky Duck qui s'en occupent très, très bien. Mais pour faire le trait d'union entre les deux. Donc de la communication, mais aussi un petit peu de marketing. Le mot pourrait être un peu galvaudé, c'est-à-dire en fait, une fois encore, de la pédagogie. Et c'est ce que j'aime faire, c'est-à-dire aller voir Culture à la Grande Récré, la FNAC, Leclerc, les espaces culturels, Intermarché et même Monoprix. pour dire quels sont les jeux de société que les personnes qui passent dans vos espaces de vente pourraient trouver, comment peut-on les accompagner, comment peut-on respecter le jeu, etc. Donc, c'est vraiment de la pédagogie.
- Stéphanie
C'est complètement nouveau pour toi, ça. Tu es en phase d'apprentissage, tu es ultra riche et assez complexe.
- Guillaume
Ce qui me permet, en fait, j'ai vu un petit peu Autora, j'ai vu un petit peu Game Development, accompagnement d'un jeu fait par quelqu'un d'autre, mais il faut le développer. Ensuite j'ai vu un petit peu de... Comment est-ce qu'on l'édite ? Comment est-ce qu'on le fabrique ? La qualité du papier, qu'est-ce que ça coûte et pourquoi ? Ensuite, j'ai vu comment est-ce qu'on communique dessus et comment est-ce qu'on va développer le plan marketing. Ensuite, j'ai vu un petit peu de communication et d'animation sur le festival et comment est-ce qu'on le vend, y compris dans le réseau distribution hobby ou grande surface, on va dire, ou grande distribution. Tu as un éventail. C'est un éventail, le panel pour dire, j'ai un petit peu vécu toutes les étapes de vie d'un jeu de société pour essayer de comprendre comment fonctionne cet univers.
- Stéphanie
qui t'a fait... Alors, je ne sais pas, on est venu te chercher, tu as démarché. Comment tu es arrivé chez Lucky The Games ?
- Guillaume
On avait discuté un petit peu en amont dans la période 2023, pas facile, 2024, un petit peu plus, ça y est, un peu plus apaisé avec Davy. Davy savait que je me cherchais. Je me cherchais et tout. Ce qui fait qu'au moment où il y a eu cette ouverture de poste, puisque c'était une ouverture de poste, il m'a recontacté en disant, voilà, ça y est, ça se concrétise. Est-ce que c'est le bon moment ? Est-ce que c'est ce que tu cherches ? Est-ce que ça va correspondre à ce que tu peux proposer à tes attentes ? Sans avoir non plus trop de certitude, parce qu'une fois encore, ça c'était par rapport à l'équipe Lucky Duck Game, et celui qui allait faire l'embauche, c'était l'entité Goliath. Donc voilà, c'est tout, il y a eu cette proposition. J'ai envoyé de façon classique et comme d'autres certainement l'ont fait, des CV, lettres de motivation, puis des entretiens, un, puis deux, puis trois, puis quatre, et puis ensuite une décision.
- Stéphanie
Quelle était ta motivation justement ? Quand il y a... retrouver, que tu aies sorti peut-être un peu la tête de l'eau ?
- Guillaume
Oui, alors il y avait ça, il y avait le fait de se dire loin des yeux, loin du cœur, ça existe aussi. Donc dans le monde du jeu de société, malgré tout, sans écarter, c'est peut-être moi qui suis un peu négatif là-dessus, mais je me suis dit, il ne faut pas non plus trop traîner, parce que j'imagine qu'on peut très vite oublier, et c'est vrai, nul n'est irremplaçable, il n'y a pas de souci là-dessus, mais si je veux pouvoir continuer à évoluer dans ce monde-là, il ne fallait peut-être pas non plus trop traîner, donc ça c'est une première chose. La deuxième chose, c'est que... Je voulais être sûr de travailler avec quelqu'un dont je pouvais respecter fortement la valeur du catalogue. Pour Lucky Duck, ça ne m'a pas semblé trop difficile de dire « Ok, je ne vais pas être obligé d'avoir un espèce de sourire commercial pour parler de jeux auxquels je ne crois pas moi-même. » Donc ça c'était plutôt… Oui,
- Stéphanie
tu avais déjà une appétence avec l'univers.
- Guillaume
Exactement, voilà, et avec les jeux. Goliath a su être rassurant sur l'aspect « je ne vais pas être le boulet de l'équipe communication et marketing » parce que non, au fait… Donc, ton expertise, si tu es novice sur l'aspect grande distribution, ça, c'est quelque chose sur lequel on peut t'accompagner. Sur l'aspect jeu de société, culture ludique, tu seras plutôt notre expert. Donc, c'est plutôt là, toi aussi, qui vas apporter quelque chose. Donc, c'était rassurant pour moi. Donc, voilà, les étoiles étaient a priori assez alignées.
- Stéphanie
Et alors, tes missions plus concrètes, elles sont variées. C'est de quel ordre alors, du coup ?
- Guillaume
Alors, il y a de la communication. aussi bien à destination des professionnels. Donc là, par exemple, c'est pour ça que sur le festival de Cannes, dans notre petit catalogue, on a un QR code pour que tous les ludicaires puissent flasher le QR code. Il y a une petite vidéo de 1 minute, 30, 2 minutes qui permet de présenter le produit un peu comme un pense-bête en disant « Attends, mais c'était quoi déjà Houtan ? » Je scanne, je regarde la petite vidéo que j'ai faite. « Ah oui, il y a de la mécanique, la thématique, les points forts, pour quel public ? » Ok, en 2 minutes, j'ai récupéré. Donc ça, c'est une de mes missions.
- Stéphanie
Créer le contenu qui va permettre justement.
- Guillaume
Une vidéo ou écrit. Et là,
- Stéphanie
destiné plutôt pour les boutiques ?
- Guillaume
Les boutiques, les professionnels, y compris dans la grande distribution avec ce qu'on appelle la fiche produit. Ça va être aussi faire de la communication plutôt à destination de la communauté des joueuses et des joueurs. Donc, un petit peu de ce qu'on appelle du B2C, Business to Consumer, pour le consommateur. Et donc, ça va être Facebook, Instagram, les réseaux.
- Stéphanie
Les petites stories parties par là, la mise en scène.
- Guillaume
Exactement. Et puis enfin, la dernière partie, elle est effectivement plutôt, il faut que j'arrête de dire effectivement, sur l'aspect tic de langage. Je le dis souvent, moi.
- Stéphanie
Tu te rends compte quand je fais le montage ?
- Guillaume
Mais bon, on en a besoin parce qu'en fait, c'est le moment où notre cerveau réfléchit. Et comme il a besoin d'un petit peu de temps de mémoire vive, on place en tant qu'interprète, on place un petit mot qui est en fait un mot tampon. C'est un mot dans lequel on n'a pas besoin de réfléchir et qui nous laisse les une ou deux secondes ou dixièmes de secondes pour que notre cerveau continue de faire la bonne phrase derrière. Et donc, on essaye de supprimer parfois, ça nous est arrivé en tant qu'interprète de conférence, d'essayer de supprimer un tic de langage. pour le voir arriver avec un autre mot ou un autre signe en langue des signes. Parce qu'en fait, c'est notre cerveau qu'on a besoin.
- Stéphanie
C'est un truc qu'on ne peut pas lutter, en fait.
- Guillaume
Difficilement. Si on devait lutter, il faudrait ralentir le rythme et ne pas hésiter à prendre un espace. En disant, tant pis, il y aura un petit moment de blanc, ce petit moment dont j'ai besoin pour réfléchir. Et plutôt que de le remplacer par un mot un peu valise qui arrive comme ça à tout bout de champ, j'ai un petit blanc, mais c'est parce que je réfléchis à ce que je vais dire après.
- Stéphanie
D'accord. Tu vois, je n'avais pas à analyser ça comme ça. Merci.
- Guillaume
Et donc, il y a aussi l'aspect un peu marketing, où là, on va rencontrer les acheteurs de la grande distribution ou les acheteurs des boutiques en leur disant, on vous présente le jeu, ce qu'on appelle le line-up. Voilà ce qui est prévu. Pourquoi on l'a sélectionné ? Voilà quel en est le prix ? Est-ce que oui ? Est-ce que non ? Est-ce que ça s'adapte ? Est-ce que combien vous en voulez ? Pourquoi ? Est-ce que ça va être soutenu par des campagnes de publicité ? Donc, ça, c'est plutôt l'aspect commercial et marketing.
- Stéphanie
D'accord. Donc, il y a une équipe comme marketing qui travaille ensemble. Oui, tout à fait. D'accord. Merci, c'est plus clair. Et un travail évidemment très relationnel, direct avec la presse. Oui,
- Guillaume
bien sûr. Ça fait partie de cette attribution que Guillaume Pouaise avait avant. Je le remplace et donc je garde aussi cette attribution de relation presse, là plutôt côté hobby, corps. Donc ça veut dire que tous les créateurs et créatrices de contenu, que ce soit Instagram, YouTube ou presse écrite. plateaux, ravages, etc.
- Stéphanie
Donc là, tu es avec l'équipe Lucky Duck Games France, c'est ça ? Donc allez-vous me poser comment cette équipe, de combien de personnes et qui fait quoi un peu ?
- Guillaume
Lucky Duck Games France, il y a donc Davy qui est, on va dire un petit peu, à la tête de l'équipe. En tout cas, c'est lui qui sélectionne et choisit les jeux de société qui vont intégrer le catalogue Lucky Duck Games, y compris ceux qui arrivent du studio. Le studio de création Lucky Duck propre est en Pologne. Il choisit, il détermine ensuite les quantités. Est-ce qu'on en fait 4000 ? Est-ce qu'on en fait 5000 ? Il suit un petit peu la cadence. Ensuite, il y a également Guillaume Pouez qui s'occupe maintenant des campagnes de financement participative et également en relation avec le studio sur la cadence, les jeux qui sortent, quel type de jeu est-ce qu'on développe. Ensuite, on a aussi Elric et Nelo qui travaillent du côté éditorial. Ça veut dire qu'ils vont s'occuper de toutes les équipes. de traduction, de tous les liens avec les usines de fabrication. Quand est-ce qu'on a les exemplaires à valider ? Est-ce que les fichiers sont bien remplis ? Avec les délais à respecter, etc. Donc, ça fait 1, 2, 3, 4. Et on termine avec Théo, qui s'occupe, lui, de l'événementiel. Donc, organisation des festivals, envoie des boîtes, formation des animateurs, etc. Donc, ça fait 1, 2, 3, 4, 5 et moi, 6.
- Stéphanie
Et vous êtes tous regroupés dans le même endroit ? Non,
- Guillaume
il y a beaucoup de télétravail. Au final, ils viennent régulièrement au siège qui est à Gennevilliers, le siège de Goliath, maintenant, qui nous rassemble. Moi, de mon côté, comme j'habite plutôt dans la région parisienne, deux fois par semaine, je me rends au siège à Goliath avec l'équipe comme marketing.
- Stéphanie
Alors, dans le catalogue Lucky The Games, est-ce que tu as des coups de cœur ? Vraiment, c'est incontournable pour toi.
- Guillaume
Alors, il y en a un, ce n'est pas parce que c'est la grosse sortie, mais c'est la grosse sortie parce que c'est un coup de cœur, c'est Houtan. parce qu'il a une fluidité et une simplicité d'approche qui n'enlève rien à une profondeur. Alors attention, on parle d'un jeu familial, donc une profondeur, c'est une profondeur qui peut aller jusqu'à de l'initié, c'est-à-dire qu'on va se rendre compte qu'il y a moyen de faire bien mieux avec une petite courbe d'apprentissage. Donc familial, mais avec une courbe d'apprentissage, reforester une forêt tropicale, une forêt amazonienne, en plantant des fleurs très colorées, en faisant pousser des arbres et en attirant des animaux, ça se joue en 30-45 minutes, ça s'explique en deux temps, trois mouvements. Oui, je pense que c'est en tout cas, il a les moyens. Une fois encore, on ne sait jamais. Je ne suis pas Madame Soleil, mais il a tout pour devenir ce qu'on appelle un evergreen. En tout cas, un long-tailer sur le long terme. Le deuxième, j'irais plutôt chercher le coup de cœur du côté jeu ambiance. Ce serait ce jeu est une tuerie. Alors, le titre peut surprendre et je vous l'accorde. Mais parce qu'on a joué sur la double sémantique. C'est une tuerie parce qu'en fait, il y a un alien qui vient de se glisser à bord. Je vous laisse deviner le film. Et il part dans les couloirs de ventilation et il pop à des endroits et il dévore des membres d'équipage qui sont joués par les joueurs. Ça joue de 3 à 10 joueurs. Les parties durent 15 minutes. C'est presque, j'abuse un petit peu et je fais un petit clin d'œil à l'éditeur. C'est presque Nemesis en jeu d'ambiance. Mais sinon, effectivement, oui, c'est Alien le film. Et c'est un petit peu chaotique, un petit peu drôle caché parfois. C'est souvent très drôle. donc oui je trouve que ce jeu est une tuerie Double langage qui marche bien. Et puis le troisième, il y en aurait d'autres. À titre personnel, j'ai beaucoup aimé Tir Nanog parce que c'est un jeu de draft ouvert à réservation. C'est-à-dire qu'on sait toutes les cartes qui vont être draftées, elles sont au centre de la table. Et il va falloir les réserver. Mais qui dit les réserver, ça veut dire qu'il va falloir donner des ordres de priorité pour les récupérer. Donc j'ai beaucoup aimé. Et je dirais, pareil, coup de cœur personnel, Thunder Road. Parce que jouer aux survivants à la Mad Max et faire crisser les pneus de mes bagnoles en faisant semblant de faire... comme un gamin et c'est le gamin qui jouait aux survivants à l'époque et le dernier c'est Critter Kitchen parce que c'est Top Chef et Cauchemar en cuisine en jeu de plateau Merci pour cette sélection aussi très personnelle J'ai du mal à en dire personne Je n'ai même pas choisi
- Stéphanie
Comme il y a d'autres casquettes j'ai aussi d'autres questions par exemple, là on est au Festival de Cannes on vous a donné le magazine à qui le tour ?
- Guillaume
Ah oui, hop ! Voilà ! Tu as fait tes prises de notes !
- Stéphanie
Oui, mais tu vois, je prépare un petit peu quand même aussi.
- Guillaume
Excellent ! Merci Stéphanie !
- Stéphanie
Donc voilà, chaque gros événement ludique, on le reçoit en main. On voit toujours ta petite tête qui fait des grimaces pour l'édito.
- Guillaume
Ça, c'est pour les photos, je ne peux pas être naturel, je me cache. Mais c'est certainement un peu comme le clown. Je pense que c'est cacher cet être angoissé par des grimaces de clown. Oui, c'est assez classique au final.
- Stéphanie
Quel est ton rôle ? Là, tu es rédacteur en chef, je crois.
- Guillaume
Rédacteur en chef, c'est un titre un peu plus sonorifique qu'autre chose. Le magazine à qui le tour, avec l'équipe de Vincent Vandelli, l'objectif était de proposer un gratuit autour de festivals. Donc là, c'est Cannes et Ludinor qui sont à l'origine de ce numéro-là, qui permet deux éléments. Apporter un petit peu de contenu journalistique pour pas que ça ne soit qu'un public rédactionnel. Il y a une partie « publi-rédactionnelle » au sens où les jeux en catalogue sont présentés les uns derrière les autres avec quelques phrases pour le présenter. C'est les jeux qui sont sur les festivals, généralement les nouveautés des éditeurs. Donc ça, c'est la partie qui sert de guide. Exactement, c'est exactement ça en disant où est-ce que je peux le trouver ? Est-ce que celui-là m'intéresse ? Rangé par catégorie et tout. Mais à l'intérieur, il y a aussi quelques pages. plutôt rédactionnel, avec présentation des festivals, avec des thématiques un peu plus travaillées, présentation du travail d'un illustrateur, l'histoire d'un éditeur. Il y a un contenu un peu plus rédactionnel. C'est l'équipe de Vincent Vendelli qui met en place tout cela. C'est comme tout, il y avait peut-être un peu besoin, comme pour le bateau, de la tête de proue, histoire de reconnaître un peu facilement et plus vite le truc. Il faut savoir qu'Akiltour a été auparavant le Tric-Trac Mag. Donc le rapport avec Trick Track était fait, il a changé de pot et de titre pour diverses raisons, c'est devenu Akil Tour et il m'a proposé d'être un petit peu cette figure. Ça risque d'être, j'en sais rien, mais ça pourrait être dans les derniers numéros pour pas que ça se confronte trop par rapport aux autres éditeurs en disant « ah bah oui mais au moins ça va être un peu facile » . ça va être du Lucky Duck derrière. Jusqu'à présent, ça n'a pas été le cas, mais en même temps, c'est le seul numéro pour l'instant qui est fait avec cette double casquette.
- Stéphanie
Il pourrait y avoir conflit d'intérêt.
- Guillaume
Je me sens suffisamment à l'aise avec tout ce que j'ai déjà vécu à Trick Track et avec mon travail d'interprète en langue des signes pour avoir envie de répondre assez vertement. Je vais essayer de garder mon calme. Conflit d'intérêt de où ? Est-ce que vous croyez qu'avec un magazine gratuit et en essayant de caser des jeux Lucky Duck Game, je vais devenir riche ? A millions, je ne crois pas, mais je veux bien entendre que la question puisse se poser en disant « Oui, mais Guillaume, même sans le vouloir ou inconsciemment, est-ce que tu n'aurais peut-être pas tendance à essayer de glisser des trucs et des machins ? » On va se poser la question à plat, sans fioriture, et puis on verra ce qu'il est possible de faire.
- Stéphanie
En tout cas, c'était un truc que tu aimes bien faire aussi, j'imagine.
- Guillaume
Complètement. Oui, ça permet de continuer d'avoir ce pied un petit peu dans l'aspect journalistique qui continue de m'attirer. Cette culture se recule pour ensuite analyser les choses. J'aime beaucoup.
- Stéphanie
Alors, il y a une autre casquette, on va la faire assez vite maintenant, mais tu étais également membre de jury. Oui, plusieurs. Voilà, plusieurs. Le dernier en date, c'était le Festival de Montpellier 2024.
- Guillaume
Le Festival de Montpellier, du côté de l'illustration, il y avait l'Udix du côté de la création ou le Festival de Partenay. Pendant de nombreuses années, j'ai fait partie du Festival de Partenay sur les trophées Flip, donc les trophées créateurs. J'ai fait aussi celui de Boulogne-Biancourt. Oui, enfin, c'est des expériences toujours très chouettes.
- Stéphanie
Alors, justement, comment tu appréhendais ce rôle-là ?
- Guillaume
De façon collégiale. Et c'est ce qui, moi, me rassure. C'est-à-dire qu'il y a moins de chances de se planter. Ça ne veut pas dire qu'on ne se plantera pas. Et on l'a toujours vu. Celui que j'ai fait le plus d'années, c'est celui du Flip. Donc, les trophées Flip, des trophées créateurs Flip. Donc, on travaille sur des prototypes. Et tous les ans, on se rend compte que... On a sélectionné quelqu'un sur la lecture des règles ou on a récompensé quelqu'un, là pour le coup, en ayant joué une ou deux parties. Et en fait, jouer une ou deux parties ou lire les règles, ce n'est pas faire dix parties avec des types de publics différents, etc. Alors bien sûr, oui, ce sont des professionnels la plupart du temps dans ces jurys. Et donc, du coup, ils ont une expérience à laquelle se référer en disant je prends du recul et je vais comparer avec du connu pour dire ah oui, je peux me projeter. Donc j'utilise le passé pour me projeter et voir ce que peut avoir comme portée ce jeu, cette mécanique, cette histoire et tout. de façon collégiale, ça permet de lisser un petit peu les risques d'erreur parce que la parole circule. Et donc, du coup, ça m'a rassuré sur cet aspect-là. Et c'est hyper intéressant, hyper riche d'enseignement de voir à la fois la créativité, à la fois tout ce qui peut se jouer, y compris au niveau humain. Remettre un prix, c'est faire plus de déçus que d'heureux. Et donc, du coup,
- Stéphanie
on se rend compte à quel point.
- Guillaume
Et c'est pour ça que j'adorais passer du temps après la remise de prix. avec ceux qui ne l'avaient pas eu, pour donner un maximum d'informations pour qu'ils puissent du coup rebondir. Et ça, c'était passionnant aussi. Très bien, on avance, on comprend pourquoi. Et ça évite de s'enfermer dans juste un échec.
- Stéphanie
Tirer le positif de cette expérience. Et toi, tu as aimé cette expérience-là ?
- Guillaume
Beaucoup, oui, énormément. C'est presque de l'ordre de l'accompagnement au développement. Et en même temps, il y a un côté plaisant de vivre de façon un petit peu resserrée pendant quelques jours. ou quelques heures avec des gens que tu côtoies plutôt en sous-poudrage. On se voit finalement quelques minutes, quelques dizaines de minutes tout au long de l'année. Là, on a deux ou trois heures ou deux ou trois jours pour être ensemble. Et ça, c'est plutôt chouette de découvrir vraiment qui est un tel et une telle. Et puis la deuxième chose, la troisième chose au final, du coup, c'est toujours, il y a un côté un peu grisant dans les membres du jury. Alors certes, qui peut être une crainte par rapport à la responsabilité qui en incombe, mais qui est grisant de dire mais... Si on ne se plante pas, si ça marche, on a mis en lumière quelque chose et c'est comme une rampe de lancement. Et waouh, on a un petit peu participé à ça. J'imagine que quelqu'un qui a fait le fil électrique dans le compartiment 7B de la fusée, quand le lancement est réussi, on ne peut pas s'empêcher de se dire, c'est un petit peu grâce à moi. Il y en a un qui, pour l'instant, j'ai failli et je le dis. Je pense que celui-là est une espèce de couronnement. C'est bien sûr l'As d'orge de l'année. Ça a failli. Pour l'instant, il n'en est pas là. Et je pense que c'est une pression encore plus forte, comme le spiel des Jahres.
- Stéphanie
Oui, c'est sûr. Tu disais tout à l'heure, tu es dans le game, on peut dire ça comme ça, depuis les années 2000. Quel regard tu portes sur l'évolution du secteur, que ce soit du milieu et du marché ?
- Guillaume
Alors, il n'a plus rien à voir, et c'est normal, avec ce que j'ai connu en tant que joueur, jeune joueur dans les années 80, puis en tant que passionné dans les années 2000, puis en tant que participant à partir des années 2010 et animateur. C'est normal, il s'est industrialisé, il s'est professionnalisé. Ça veut dire qu'effectivement, les... Ah tiens, effectivement, il est revenu. Ça veut dire que les mots comme marketing, marge, des termes très économiques se sont invités, comme publicité, communication, conflit d'intérêt, tout ça. Est-ce qu'il est à maturité ? Je ne crois pas. Il y a encore de la progression. Est-ce qu'il tout saute ? Oui, ça lui arrive de tout sauter par cycle. On l'a vu sur le TCG, par exemple. On s'est dit ça y est, c'est fini. Non, c'était juste un cycle. On est en train de parler du jeu expert. C'est fini. Non, ça diminue. C'est un cycle. Il reviendra. C'est une certitude. Il reviendra. Le marché s'est structuré aussi, c'est-à-dire que le moyen, entre guillemets, est en train de diminuer. parce que soit je fais un grand succès, soit je fais un tout petit tirage. Et un peu comme dans la bande dessinée, on va avoir les grands titres et puis on va avoir l'underground qui de temps en temps voit popper. Ah tiens, celui-là, tout d'un coup, il passe de l'autre côté parce qu'on ne sait pas pourquoi. Un alignement de planètes où forcément l'influence est un marché. Je ne dis pas un trafic, mais un marché qui en ce moment a de l'importance. C'est un peu particulier parce que ça veut dire quand même que là où moi, j'ai envie de... parler de culture ludique et de journalisme, battez-vous. Tous ceux qui ont envie de garder le cap du journalisme et de la culture ludique, allez-y, battez-vous. Pour l'instant, on est un petit peu sur l'image comme influence un peu rapide, réseaux sociaux un peu instantanés. Ça a son importance, certes, mais s'arrêter à ça, ce serait vraiment dommage. Ne perdons pas la culture ludique, ne perdons pas ce recul-là, cette analyse, cette envie, pas forcément pour tout le monde, mais en tout cas pour ceux qui en ont envie, y compris le format papier, etc. Donc oui, il y a eu toutes ces transformations, pas pour le pire, pas toujours pour le meilleur non plus, mais c'est vraiment quelque chose qui est en structuration. Je pense, personnellement, je le vois plutôt comme on est à cette période d'adolescence. C'est pour ça que je ne parlais pas encore de maturité. Il y a donc la crise d'adolescence. On a vu l'année 2024 avec des premiers toussottements, des éditeurs qui ne peuvent plus suivre, des boutiques qui finalement ferment après plusieurs années ou des boutiques s'ouvraient.
- Stéphanie
Il y a eu des années exceptionnelles aussi.
- Guillaume
Il y a eu aussi des années très fortes,
- Stéphanie
bien sûr. Ça a été bizarre aussi, ces périodes-là.
- Guillaume
Oui, complètement. Donc tout ça, on fait un écosystème clairement mouvant, évoluant, qui reste, je trouve en tout cas, moi en tout cas, qui continue à me passionner de le vivre, y compris de l'intérieur et en essayant de prendre un peu de recul.
- Stéphanie
Tu es assez optimiste sur la suite, justement, sur l'évolution.
- Guillaume
Alors, optimiste, il faudrait savoir à quel plan on se parle. Parce que... Sur des plans individuels ou sur des petites structures et tout, il n'y a pas que de l'optimisme. Et forcément, prendre du recul pour parler du marché du jeu de société dans sa globalité, c'est faire abstraction de destins, de personnes qui, eux, ne vont pas dire « pour moi, ça n'a pas été cool » . De façon globale, je suis optimiste. Le monde du jeu de société continue de se démocratiser. Le nombre de gens qui apprécient les vertus du jeu de société, que ce soit pour les seniors, que ce soit pour... l'éducation, que ce soit pour la rééducation, dans le milieu de la santé mentale, dans le milieu du handicap, ça continue de se développer. Jouez ! est vertueux à plein de niveaux. Donc, ça continue de se développer. Il n'empêche que, oui, pour des destins plus individuels ou sur des plans plus petits, resserrés, il y a des moments ou des périodes de difficultés. Il y a des échecs, il y a des drames et ça va continuer aussi. Mais en même temps, c'est tellement la vie humaine de toute façon. Et parce que le jeu, une fois encore, c'est une de mes marottes. Non, un jeu ne peut pas être une merde. Ce n'est pas vrai. une partie de jeu avec des joueurs, même répétés, oui, ça peut être pas bon. Donc, ce jeu-là, avec notre groupe de joueurs, ou avec ce que je suis, il n'est pas bon. Mais, par contre, ce jeu-là, avec tel autre type de joueur, ou à tel autre moment, on a pu rigoler. Pourquoi ? Parce que la boîte de jeu, elle est inanimée. Inanimée. Si je n'y mets pas de joueurs, de joueuses autour, il ne se passera rien. Donc, l'humain, avec toutes ses contradictions, ses illogismes, etc. son inconscient vient transpirer dans la partie de jeu de société.
- Stéphanie
Merci pour tout ce regard. Effectivement, c'est intéressant d'avoir ce point de vue. Quels sont tes projets encore dans le milieu ludique ? Est-ce que tu en as encore ? Est-ce que tu ne le sais peut-être pas encore d'ailleurs ?
- Guillaume
Alors, j'en ai encore. Oui, je crois que ça a transpiré tout au long de ce partage. Et merci pour ce moment partagé avec toi. Travailler sur la culture ludique, avoir un côté journalistique continue de m'intéresser. faire des vidéos ou... Comme on le fait avec toi, on essaye un peu de s'extraire, de prendre du recul pour analyser, comprendre pourquoi c'est ci et pourquoi c'est ça. Ce n'est pas forcément pour tout le monde, ça n'intéresse pas forcément tout le monde, mais il y a de l'intérêt, je trouve, à faire ça. Et j'ai encore envie de faire ça. Je trouve que le game design, le game development m'attire de plus en plus. Peut-être que je réussirai à le faire pour moi, peut-être que je ne suis pas un créateur mais plutôt un développeur, c'est-à-dire qu'on me donne une contrainte et dans cette contrainte je vais développer, ça me fait moins peur que la liberté créative qu'il peut y avoir en parlant de rien. Donc il y a aussi de l'envie et je continue d'aimer raconter des histoires. Donc il y a quelques temps je me suis dit à ce moment-là, écris-le en roman, tu racontes une histoire avec un thème de A à Z et c'est toi qui fais le scénario et c'est toi qui vas jusqu'au bout, donc pourquoi pas, et puis continuez de travailler dans le monde du jeu parce qu'il y a... des gens aussi de qualité. Donc, voilà, il y a encore tout ça et je trouve que c'est ouf. Ça me rassure parce que c'est vivant.
- Stéphanie
Oui, complètement. Écoute, si tu connais le podcast, tu sais qu'on arrive maintenant à la fin et donc au petit portrait chinois ludique.
- Guillaume
Je suis un peu saoulé ?
- Stéphanie
Pas du tout. Moi, je serais prête à continuer depuis ça parce que là, on a des rendez-vous. Mais c'est vrai que... Non, mais clairement, il y a plein de questions qui me venaient en t'écoutant.
- Guillaume
Rien de travail sur... Voilà,
- Stéphanie
j'aurais pu rebondir sur plein de trucs. Mais voilà, j'ai voulu garder le fil mais clairement Je pense qu'on se reverra sans souci. Si tu étais un mode de jeu, lequel serais-tu ?
- Guillaume
Coopératif.
- Stéphanie
D'accord, l'esprit d'équipe toujours.
- Guillaume
Alors en fait, j'aurais peut-être dû dire, plutôt que coopératif, je crois que j'aurais dû dire le collaboratif. Au sens où par exemple, dans une aventure de jeu de rôle, quand je suis maître de jeu, je ne dis pas que je suis en train de coopérer avec les joueurs. pour automatiquement les faire réussir. Mais on collabore ensemble pour que le moment vécu soit génial pour tout le monde. Et du coup, ça veut dire que chacun doit faire attention à être un peu parfois en retrait soi-même pour ne pas écrabouiller tout le monde, laisser de la place à chacun en fonction de la place que chacun veut bien prendre aussi. Mais avoir du coup ce respect les uns aux autres. Ça veut donc dire aussi que dans un jeu de société, l'affrontement n'est pas juste une histoire d'écrabouillage. L'affrontement, il peut être collaboratif, c'est-à-dire... En fait, je veux qu'on passe un bon moment. Oui, je vais essayer de gagner, mais c'est aussi ce qu'on voit dans la vertu du sport. C'est dans le respect de son adversaire. Donc, c'est en ce sens là où j'aurais peut-être dû dire collaboratif. Mais en tout cas, le but du jeu est que chacun puisse vivre un bon moment tout en ayant l'opportunité soi-même de se respecter et d'être ce qu'on est.
- Stéphanie
OK. Si tu étais une mécanique de jeu, laquelle serais-tu ?
- Guillaume
Ah, c'est rigolo. Je crois que celle qui m'est venue directe, donc je vais le dire. direct, même si je n'ai pas eu le temps de l'analyser, c'est le deck building. Parce que du coup, il y a quelque chose de départ. Généralement, ce n'est pas forcément le plus cool et le plus efficace. Et puis, je vais faire en sorte, avec ce qui va arriver, la rivière, deux cartes ou autre, d'aller récupérer des choses qui fonctionnent bien ensemble. On va en enlever des choses qui fonctionnaient un petit peu moins bien pour essayer d'avoir quelque chose in fine, plutôt efficace et de l'améliorer. Oui, c'est rigolo.
- Stéphanie
Alors c'est marrant parce que je ne sais pas, je suis à peu près à une cinquantaine de podcasts là, je vais faire face à mes stats. Pratiquement cette réponse revient très souvent. C'est la majorité.
- Guillaume
C'est la majorité. Pourquoi c'est celui-là qui sort ? Parce qu'il pourrait y avoir de la pose d'ouvrier, mais non, ce n'est pas celle qui me correspondrait le plus. Il y en a beaucoup. Le draft, le bluff, bien sûr, ça aurait pu. Qu'est-ce qui fait qu'on cite Deckbuilding ? Je ne sais pas. Est-ce que Dominion, qui est un des premiers à extrêmement bien marcher, a marqué à ce point-là les esprits qui fait que Deckbuilding, on en parle en premier ? Je ne sais pas.
- Stéphanie
peut-être c'est ça ou peut-être qu'effectivement tous les gens du monde ludique ont une envie d'amélioration c'est vrai mais pourquoi pas tu as raison je préfère l'analyse ok et si tu étais une thématique de jeu à laquelle serais-tu ?
- Guillaume
ah ça c'est chaud alors allez je vais céder à la facilité si j'étais une thématique parce que c'est mon enfance parce que c'est la découverte du seigneur des anneaux et cette adolescence bercée par ces elfes et ces orques je dirais le médiéval fantastique bah oui forcément ça fait partie de toi ouais c'est ça complètement
- Stéphanie
Est-ce que tu aurais quelqu'un à me proposer à mon micro pour un prochain podcast ?
- Guillaume
Eh bien oui, c'est une très bonne idée. Je vais même t'en proposer deux à deux niveaux complètement différents. Je vais faire un peu Team Lucky Duck. N'hésite pas à discuter avec Davy. Davy, parce que justement, cet aspect souvent plus dans l'ombre de quel chiffre, pourquoi, quelle quantité, quel jeu à sélectionner, qu'est-ce que ça veut dire ? Et puis, pourquoi tout d'un coup, tel jeu ne marche pas alors qu'on y croyait forcément très fort ? Voilà, toute cette analyse-là, c'est quelqu'un qu'on n'a pas forcément l'habitude d'aller voir et qui pourtant a automatiquement cette analyse-là. Et puis, l'autre personne que je me permettrais de citer, et là, ce sera Tim Trick-Track, c'est Florian Belmont ou Germain, parce qu'ils ont ce côté approche par l'audiovisuel. Et donc, du coup, comment est-ce que Florian fait de la photo comme Germain, de la réalisation ? de l'illustration, Germain créé des jeux, donc il a aussi un côté artiste. Donc ils ont tous les deux ce côté artistique et comment est-ce qu'on peut approcher ? En fait, c'est une façon de regarder le jeu de société un petit peu particulière, avec un espèce de pas de côté. Florian, ça va être avec un travail autour de la lumière. Germain, ça va être un petit côté, je trouve, un petit peu... inventeur foufou en disant ça dans le jeu, non pas possible d'accord je vais essayer de faire en sorte donc des personnalités attachantes, intéressantes et certainement des regards particuliers.
- Stéphanie
Merci pour ces idées je les note, écoute je te propose de terminer le podcast comme on termine chaque vidéo avec la phrase habituelle, tu la connais bien maintenant, alors avec Guillaume tu joues ou quoi ? Merci d'avoir écouté cette nouvelle interview jusqu'au bout, si vous avez aimé cet épisode partagez-le avec vos amis joueurs Je vous invite à regarder la chaîne « Tu joues ou pas ? » sur YouTube. Avec David, on présente un nouveau format de vidéo qu'on appelle « Double jeu » . Dans deux semaines, je serai avec Mathieu Bonin, chargé de communication freelance dans le monde ludique. Alors restez bien à l'écoute !