Speaker #0Bonjour, une petite réflexion sur la fête de Shavuot qui sera célébrée demain et pour ceux qui habitent en dehors d'Israël aussi après demain. La fête de Shavuot, c'est la fête du don de la Torah. On parle de Matan Torah, du don de la Torah, et on parle de Kabbalat Torah, l'acceptation de la Torah. Et il me semblait intéressant de réfléchir ensemble sur un des treize fondements de foi qu'a érigé le Rambam Maïmonide. Un d'entre eux s'appelle Torah Min HaShemayim, sur le fait que la Torah est une Torah Min HaShemayim. Shemayim veut dire le ciel, Min c'est la provenance, en provenance du ciel. Lorsqu'on reçoit un colis Amazon, Amazon, Amazon Prime, il y a... bien évidemment le destinataire, mais il y a aussi l'expéditeur. Et la Torah est mine en chemin. Pourtant, on peut se tromper, car lorsqu'on demande à quelqu'un d'où est-ce qu'il vient, et qu'il nous dit qu'il vient de France, du Maroc, d'Israël, de Russie, d'Espagne, d'Angleterre, des États-Unis, aujourd'hui, il est ici, mais on entend quand même un accent, quelque chose. Qu'en est-il de la Torah ? Est-ce que la Torah, sa provenance, c'est qu'elle était du ciel et que maintenant elle est sur terre ou est-ce qu'il lui reste un accent ? Alors il faut savoir que l'accent il n'est pas circonflexe, l'accent il est très complexe. Est-ce que c'est la Torah qui est devenue terrestre pour être donnée aux êtres de chair et de sang que nous sommes ? Ou est-ce que ce sont les hommes qui se sont élevés au point d'être eux-mêmes des personnes qui ont quelque chose de céleste en eux pour aborder ce qui est normalement quelque chose qui vient du ciel et qui est donc céleste ? À cette question, il faut savoir donner certaines explications pour répondre. En effet, la Torah est la parole de Dieu. Mais la parole divine, comment est-ce qu'elle peut s'aborder et s'appréhender par un être de chair et de sang ? Que ce soit dans notre limitation intellectuelle, dans notre limitation sentimentale, sensitive, dans l'éphémérité de notre vie, dans la dimension organique de notre corps. Comment est-ce qu'on peut aborder quelque chose qui est la parole du Créateur, qui par définition lui est totalement infini ? un être dont on ne peut même pas parler dans son essence, mais qu'on ne peut décrire que dans ses comportements, dans les expressions de sa volonté. On parle de Ratzon Hachem, la volonté de Dieu. Anagot Hachem, les conduites divines. Eh bien, tout simplement, si on pensait que la transcription dans des mots qui ont l'air d'être humains, fait que la Torah est devenue une discipline académique, universitaire, intellectuelle comme les autres, nous nous trompons. Car, on le sait d'ailleurs, les grands experts de l'étude de la Torah qui étudient dans les yeshivot, dans l'école Elim, restent des dizaines d'heures chaque semaine et des dizaines d'années par vie pour étudier les mêmes textes. Alors c'est vrai, les uns vont nous dire mais c'est normal, il y a 2700 pages de Talmud. Oui mais... Il y a beaucoup de personnes qui les étudient et les réétudient. Tout celui qui a déjà fait l'expérience d'une étude de la Torah se rend compte qu'il n'y a rien qui limite ce texte. Et au contraire, dans les limites des mots, on découvre quelque chose qui est totalement infini et insolite. Quand on étudie un verset de la Torah, une Mishnah de la Torah orale, une Gemara dans le Talmud, on comprend tout de suite. qu'on n'a pas affaire avec un livre intéressant, mais on a affaire avec une parole transcendante. Si bien que la Torah, elle se propose dans ce monde-ci, mais elle reste céleste, comme si on avait la possibilité d'attraper, par un fil, un cerf-volant qui est très, très, très, très haut. Et en regardant ce fil, en le contemplant, et en levant les yeux, on arrive à comprendre un peu mieux les mouvements, le sens des choses, mais on ne peut pas penser qu'on l'a saisi intégralement. Car l'intégralité de quelque chose de céleste ne peut pas être saisie par quelque chose et par quelqu'un qui est un être de chair et de sang. L'âme humaine est une partie spirituelle qui nous permet d'appréhender la dimension spirituelle de la Torah. Malheur à celui qui penserait aborder la Torah de manière trop matérielle. L'accomplissement des mitzvot, c'est vrai, il passe par une réalisation matérielle. On doit apposer les téfilines sur le bras, prendre le bouquet du loulav pendant soukhot, etc. Mais il y a tellement de serrel, tellement de profondeur, d'intelligence, de subtilité dans la Torah, qu'on ne doit pas réduire la Torah à sa matérialité, mais comprendre que quand elle est proposée de manière matérielle, de manière littérale, par des mots, Ça n'est qu'une invitation au dépassement de soi-même, une invitation à l'élévation de ce qu'on aurait pu rester comme presque des animaux, des mammifères bien éduqués, parce qu'il ne s'agit pas d'être doctorant en Torah, mais d'être associé à avoir un lien sur cette terre à une Torah qui reste, même quand elle a été donnée, encore ici, une Torah qui est Torah min ha-shemayim, celui qui aborde l'étude de la Torah. En sachant qu'elle est Mina Shamaim, qu'elle est céleste et qu'elle reste céleste, il s'en sent engagé à une étude plus profonde, plus engageante, et surtout à l'accomplissement des mitzvot qui nous attachent à celui qui est dans les cieux et qui nous a donné une mission sur cette terre. Chag Sameach.