Description
Lacan, en ce temps des premiers séminaires, s’exprimait dans un langage audible par tous et je me suis souvent demandé ce qui avait pu infléchir à ce point son style, au cours des années, quels transferts avaient ainsi modifié son mode d’adresse à ses auditeurs.
Pourquoi aurait-il éprouvé le besoin de devenir de plus en plus hermétique, était-ce survenu en raison et à la mesure de son succès dans les milieux intellectuels français ou bien était-ce plutôt lié son effort de rendre la psychanalyse transmissible par une sorte de mathématisation qui l’aurait nécessité ? Quoiqu’il en soit, il est frappant c’est de constater à quel point dans ces premiers séminaires, il tentait de faire passer son message à ses auditeurs, tandis que, au cours des dernières années, il faisait tout pour leur compliquer la tâche. Il ne parlait plus que par énigme et quiproquos. Comment, par exemple, déchiffrer cet aphorisme qu’il proposait dans son texte si difficile, si ardu, » L’étourdit » : « Une femme ne rejoint L’Homme que dans la psychose » ? Ou encore comment saisir la portée de ce qu’il énonçait dans son texte “Propos introductif à un congrès sur la sexualité féminine”, “ Si la position du sexe différe quant à l’objet c’est de toute la distance qu’il y a entre la forme fétichiste et la forme érotomaniaque de l’amour”.
En associant ces deux formules lacaniennes à propos des femmes et de la psychose, et surtout en prenant appui sur la forme grammaticale que Freud avait donné du délire érotomaniaque : “ Non ce n’est pas elle, ma mère, que j’aime, mais c’est lui, parce qu’il m’aime” on peut rendre compte à la fois du changement d’objet nécessaire aux chemins empruntés par la féminité à savoir l’abandon de la mère comme objet d’amour pour pouvoir entrer dans l’Œdipe en nouant un lien au père et surtout un lien au phallus dont celui-ci est le détenteur, mais aussi de la sortie de l’Oedipe de la petite fille qui pour Freud était resté dans l’ombre, puisque pour lui, la fille se réfugie dans l’Oedipe comme dans un port : Pour lui, il n’est pas question qu’elle mette les voiles ! Or avec ces trois temps du délire érotomaniaque, dont le troisième, avec cette phase de dépit, on peut éclairer ce que Lacan a appelé, la versagung, la fondamentale déception de la fille à l’égard du père, de ne jamais lui avoir donné un enfant.
J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un
des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la
psychanalyse".
( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
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