- Speaker #0
Petit pont, petit gabarit, mais surtout pas petit joueur, footballeur adulé par la France mais espagnol d'adoption, retraité des Bleus à 33 ans, Antoine Griezmann n'est pas que cet athlète génial, célébrissime et grassement payé, il a aussi raconté sa vie dans une autobiographie intitulée Derrière le sourire et parue en 2017. Je l'ai lu et je vous raconte. Bienvenue dans Version Officielle. Dans ce podcast, je lis des autobiographies de célébrités que personne ne lit, après celles de Stéphane Bern, Diams, Omar Sy et Lynn Renaud. je sors de ma zone de confort et je lis celle d'un sportif, Antoine Griezmann, aussi appelé Grisou, même s'il préfère Grisie. N'oubliez pas de partager cet épisode si vous l'avez aimé, et de rejoindre la commu sur Insta ou Substack, et puis aussi de m'envoyer vos mots doux si vous trouvez ça génial, j'adore me faire mousser. Allez, c'est parti ! Vous l'aurez peut-être deviné, je ne suis pas une grande sportive. Je n'en fais que pour une seule raison, parce que le lobby de la médecine m'a fait croire que c'était bon pour la santé, et aussi parce que les influenceurs disent que c'est addictif. Et en tant que fan d'addiction, je voulais celle-ci à mon tableau de chasse. Mais spoiler, c'est faux. Ça fait environ un an que je me donne au pilates et au yoga, et si oui, j'ai vu quelques changements physiques, franchement, ça a pas changé ma vie comme je m'attendais à ce qu'elle change. Ne vous faites pas avoir, ne faites pas de sport. J'ai jamais fait de foot. Littéralement, je pense que j'ai dû jouer au foot une heure cumulée dans toute ma vie. Je n'en regarde même plus tant. Avant, je regardais pas mal de matchs. J'ai des souvenirs de chaleur extrême pour l'Euro, de verre qui vole au troquet, de aller les bleus. Avant, j'avais plaisir à aller hurler dans les bars rue Princesse et me prendre de la bière dans la gueule. Mais maintenant, j'ai des acouphènes et j'ai mal à la nuque quand je dois me tourner vers la télé. Voilà ce que vous fait la vie, mes amis. Mais je sais bien que je suis la minorité, les 1%. Le foot, c'est le sport le plus populaire en France. Il compte 2,4 millions de licenciés, un chiffre qui est d'ailleurs en hausse ces dernières années. Le foot, c'est un sport sportif, mais par sa popularité, c'est aussi un sport social. Des millions de personnes se retrouvent dans les stades, devant la télé ou au café pour en discuter. C'est un small talk au même titre que la météo, et ça fait du lien social. Donc j'avais pas le choix. Pour version officielle, il me fallait lire l'autobiographie d'un sportif, et notamment d'un joueur de foot. Et parmi nos joueurs francophones qui en ont écrit une, j'avais le choix. Valbuena, Giroud, Thuram, Evra... J'ai même fait une petite entorse à ma liste de francophones, car j'y ai ajouté ce bon vieux Zlatan, qui nous a écrit une autobiographie qui doit être tout bonnement immense, nommée « Moi, Zlatan Ibrahimović » . C'est dans ma pile à lire, ne vous inquiétez pas. Mais bref, comme j'y connaissais rien, j'étais pas particulièrement inspirée. Et c'est là que Grisou, comme il a sauvé la France, m'a aussi sauvé moi. Derrière le sourire... est un titre assez chou pour son autobiographie. Elle est parue en 2017, alors qu'il n'avait que 26 ans. Quand j'ai dit autour de moi que j'allais la lire, tout le monde avait un peu son petit avis. Parce qu'Antoine Griezmann est trop beau, parce qu'il est trop fort, parce qu'il a pris sa retraite internationale en septembre 2024, parce qu'il a obtenu pour la France une deuxième étoile au mondial, parce qu'il a fait une blackface en se déguisant, guillemets, en un joueur de la NBA, parce qu'il en a bavé avant de devenir une superstar du foot. Bref. pour tout un tas de raisons qui m'échappaient un peu. J'ai pas été passionnée, passionnée par ce bouquin, mais avant toute chose, je dois dire que je ne suis pas une grande lectrice de la presse sportive, et que j'ai été quand même pas mal amusée et surprise des expressions utilisées pour parler de trucs. Et puis il y avait plein de fois où je comprenais absolument rien de ce qui était écrit, vu comme c'était alambiqué. Je sais pas, mais Arnaud Ramsey, le journaliste qui a co-écrit le bouquin, semble avoir une peur bleue des répétitions, et veut absolument les éviter, quitte à être méga lourd. Un exemple, quand... Antoine Griezmann raconte sa déception après la Coupe du Monde de foot que la France perd en quart de finale. Il écrit Les larmes soulages mais en plus d'être une promesse d'avenir racontent des choses. Ce liquide lacrymal impossible à réfréner était ma manière d'illustrer la cruauté de cette issue. les larmes, les gouttes d'eau salée, les sanglots, le liquide lacrymal... J'avoue, j'ai trop rigolé. J'ai trouvé ça énorme. Donc ouais, un style un peu spécial où les buts sont des réalisations, où on peut rester muet devant les cages sans parvenir à retrouver le chemin des filets, où on distille des passes et où un score peut être nul et vierge. Mais bon, apparemment c'est tout à fait normal, ce sont les expressions de la presse sportive, il semblerait. Par ailleurs, et pour info, lire des matchs, c'est vraiment super chiant. J'aurais pu m'en douter parce qu'Antoine Griezmann est footballeur, mais il passe pas mal de temps à raconter les matchs et donc à dire à telle minute ce qui s'est passé, comment il a passé la balle, où il était et tout ça. C'est vraiment super chiant à lire. Mieux vaut le regarder. Donc je suis sans doute pas la cible, car il y a plein de trucs qu'ils expliquent pas et qui étaient pas clairs pour moi. Plus j'ai trouvé ça un peu relou. Mais probablement qu'un footeux aurait kiffé, donc je propose qu'un footeux lise le livre et on en parle parce que là c'était vraiment pas clair pour moi. Sinon avant de commencer, un fun fact que j'ai pas su où caler. Aujourd'hui Antoine Griezmann a quatre enfants dont trois, les trois premiers, sont nés un 8 avril. C'est pas un truc de ouf ? Voilà, trop dingue. Bon bref, pour moi, dans ce bouquin, il y a trois chapitres. Chapitre 1 Antoine, président du FC Petit. Chapitre 2 Grisie bleuait dans la panade. Et chapitre 3 Génération Griezmann. Chapitre 1, Antoine, président du FC Petit. Antoine Griezmann fait 1m75. Il n'a pas le gabarit typique des joueurs, en France en tout cas, car par exemple Lionel Messi qui est argentin fait 1m70. Antoine Griezmann a toujours été un gros gros footeux, mais les centres de formation français l'ont tous rabroué un à un du fait de son gabarit trop petit, trop frêle, pas adapté à la compétition selon eux. Les recruteurs ne voulaient pas de vous.
- Speaker #1
Exactement, j'ai dû faire 8-9 clubs. Et c'était toujours la même réponse, t'es trop petit, on va attendre encore une année, voir si tu grandis.
- Speaker #0
Et c'est quoi le truc le plus désagréable que vous avez vécu à l'époque ?
- Speaker #1
À Metz. Vous aviez quel âge ? J'avais 13 ans. Et on m'avait dit, voilà c'est fait, on va signer un contrat et tes parents pourront venir le week-end pour te voir jouer. Et une semaine après, ils m'ont appelé et m'ont dit que c'était pas possible.
- Speaker #0
À cause de quoi ?
- Speaker #1
À cause de la taille.
- Speaker #0
Dans le bouquin, il en parle ainsi. Les clubs cherchaient surtout de grands gabarits, puissants et physiques, sans trop varier les profils, oubliant de penser à demain. Les critères de sélection pouvaient consister à tester la vitesse sur 40 mètres. Si on ne descendait pas en dessous d'un temps minimum, nous étions éliminés. Drôle de conception du footballeur. Et moi aussi, en vrai, je trouve ça dégueulasse. Parce que moi aussi, je fais partie du FC Petit. Je fais 1m55, mes deux parents quasiment pareils. Et je dois tous les jours combattre la petitophobie de mon entourage. Et encore, heureusement, je suis une meuf. À la limite, chez moi, il y a un vieux truc de « c'est cute » . Alors que bon, je suis petite, on s'en bat les couilles. Mais pour les garçons, en vrai, il y a un vrai truc où c'est la honte, c'est inimaginable, même pour certaines femmes, de se retrouver avec un mec plus petit. Je pense d'ailleurs à une copine qui refuse catégoriquement de draguer et de se faire draguer par un mec qui fait moins d'1m80. À ce niveau-là, c'est de l'eugénisme. Et je lui ai dit. Je n'ai pas peur. Ce qui est fou, et que j'ai découvert, c'est que les centres de formation de foot font faire des radios du poignet aux enfants pour connaître leur future taille. Le graphique exponentiel à double entrée du carnet de santé ne suffit plus à ce niveau-là de sport. On veut avoir des données précises et scientifiques avant d'investir dans un poulain. Et pas de bol pour Antoine Griezmann, les résultats sont formels, il sera petit. Oh la honte, tu es petit ! C'est pas vrai, c'est super d'être petit. Griezou, est choqué et déçu des résultats, mais aussi de l'attitude des clubs français qui ne voient que ça. Et il en souffre beaucoup de se faire refuser de un à un de tous les centres de formation. Et il en parle dans cet extrait.
- Speaker #1
Dans le centre de formation français, on regardait plus les qualités physiques. Maintenant, je ne sais pas comment ça se passe, mais en Espagne, c'était plus la qualité avec le ballon au pied.
- Speaker #0
Finalement, c'est grâce à un genre de sélectionneur, Eric Olatz. qu'il est repéré et qui va pouvoir intégrer un club de foot qui s'appelle la Real Sociedad, mais pas en France, en Espagne. Dans le bouquin, il parle de comment là-bas aussi, c'était dur. Il a quand même dû partir de chez lui à 13 ans, dans le Pays Basque, et faire ses études à Bayonne, alors que toute sa famille vient de Macon, donc hyper loin. Il vit chez Eric Hollatz, et du coup, son adolescence est quand même assez spéciale. Le soir, il dit qu'il pleurait d'être seul et sans sa famille. C'est assez fou quand même quand on y pense, de devoir faire autant de sacrifices à cet âge-là, et de voir comment sa famille l'y a poussé. Je me dis que l'histoire d'Antoine Griezmann, c'est l'histoire parfaite du gars qui a persévéré et qui a réussi. L'histoire qu'on nous ressasse et qu'on veut probablement tous pour nous-mêmes. Mais dans la vraie vie, persévérer ne veut pas forcément dire réussir. Combien de gosses ont fait ce parcours avec Griezy, mais n'ont pas percé comme lui ? Comment tu grandis avec cet échec, et alors que t'as sacrifié une partie de ton adolescence à ça ? J'ai lu quelques articles là-dessus, des enfants qui ont été dégoûtés de ne pas avoir été choisis dans certains clubs. Et en vrai c'est hyper dur parce qu'ils y ont passé la moitié de leur vie quasiment, et à 20 ans ils sont pas pris, donc en fait c'est fini quoi. L'histoire d'Antoine Griezmann c'est vraiment la méritocratie à l'état pur. Il a réussi parce qu'il méritait de réussir, parce qu'il est super fort et qu'il a réussi à le prouver. Mais évidemment on met de côté la chance, les opportunités, les autres qui l'ont aidé, bref. Dans tous les cas, pour Antoine Griezmann ça marche. Il pète les scores avec la Real Sociedad, l'équipe de Saint-Sébastien, et il intègre les Bleuets, c'est-à-dire les Baby Blues, les bébés bleus, enfin en gros les bleus plus jeunes quoi, l'équipe de France des petits. Mais à ce moment-là, ils foncent trop près du soleil. Chapitre 2, Grisie, Bleuets dans la panade. Donc l'équipe des petits bleus, on les appelle les Bleuets, ce que j'ai trouvé assez chou, mais c'est à ce moment-là que Griezmann... perd un peu le nord. Son parcours n'est pas tout rose, non non non. Grisou n'est pas si parfait que ça. En 2012, catastrophe au Havre. Antoine Griezmann a récemment intégré les Bleuets, l'équipe des Baby, il joue donc aux couleurs de la France pour gagner le championnat d'Europe des moins de 20 ans. Pas mal, beau parcours, ça commence bien pour Grisou. Petit apporté, mais moi, LH, c'est ma vie. Je voulais y aller depuis que j'étais toute petite et j'ai réussi à convaincre mes amis d'y aller pour un week-end pour mon anniversaire. C'était trop génial. on a visité le port du Havre, on a vu des postes conteneurs de 400 mètres de long, c'était trop bien. Mais Antoine Griezmann est là-bas, et lui, une fois qu'il a gagné son match, la seule chose qu'il veut faire, c'est se barrer du Havre. Parce qu'il veut faire la teuf, mais pas au Dream, comme nous on l'a fait. Le Dream, pour info, gratuit pour les meufs, 10 balles pour les mecs. Le barman n'a pas d'eau dans son bar, pas de bière pression, pas de Red Bull. C'est vodka corneberry à 14 balles ou tu rentres chez toi. Et évidemment pour Griezmann, c'était non. Donc ils ont décidé avec un des... quatre autres copains d'aller plutôt à Paris, sur les champs, pour aller fêter leur victoire. Sauf que le lendemain, ils devaient prendre un avion et aller encore continuer à faire un match contre Chepaki. Bref, c'était pas tout à fait gagné. Mais bon, ils étaient du murguirette et ils ont décidé de prendre un taxi, prendre une caisse et d'aller à Paris. Paris-Le Havre, c'est quand même deux heures de route. Donc ils sont partis genre à 23h, ils sont arrivés à 1h du match, ils sont restés 1h et ils sont partis. Enfin, ça devait être un peu chiant en vrai, comme ça. Mais bon. Évidemment, ils se font cramer. et le lendemain, ils perdent lamentablement leur match contre la Norvège. Dans le bouquin, Antoine Griezmann raconte l'anecdote ainsi. Il était très tard lorsque nous sommes arrivés à la soirée qui avait lieu au Crystal Lounge, une boîte de nuit branchée à deux pas des Champs-Élysées. Nous nous sommes attardés sur place à peine une heure, il convenait d'une certaine façon de rester raisonnable. Puis, nous sommes repartis le dimanche à l'aube, demandant au chauffeur de rentrer au plus vite au Havre, histoire de dormir une poignée d'heures, et surtout de ne pas se faire griller. Au retour, revenu dans ma chambre, la pression était retombée, j'étais calmée. Et j'ai senti que je venais de commettre une bêtise, une grosse bêtise. Oui, j'avais fait le con. Moi, j'avais jamais entendu parler de cette histoire. Et en vrai, je me dis, vas-y, ils ont fait le mur. Ils avaient 19 ans. Bon, ça va, il y a pire, quoi. Mais apparemment, ça a quand même bien chialé dans les chaumières. Et il fait couler beaucoup d'encre, cette histoire. Parce qu'en fait, il a présenté la France et c'était l'équipe de France. Et aussi parce que l'équipe de France, la vraie, les bleus, sortait... à peine de sa période hyper sombre, les gens appellent ça sur Internet comme ça, la période sombre, les années d'Auménie, c'est-à-dire, pour rappel, le coup de boule, la grève du bus, qui était, en fait, incroyable. Enfin, j'ai revu, du coup, pour les biens de ce podcast, je suis allée revoir des vidéos de ce moment-là. C'est tout bonnement magique. Donc, il y a une espèce d'embrouille pendant la mi-temps du match Mexique-France pendant la Coupe du Monde d'Afrique du Sud. Anelka insulte le sélectionneur Domenech, ça sort dans la presse. Conférence de presse, Patrice Evra, le capitaine, ne trouve rien de mieux à dire que il y a un traître parmi nous et nous devons le trouver et l'éliminer, mais vraiment en mode loup-garou quoi. Donc ça déjà c'est hilarant, mais encore plus drôle, les choses s'accélèrent puisque genre quelques jours plus tard ils font un entraînement public devant les supporters français qui se sont quand même déplacés jusqu'en Afrique du Sud. L'entraînement se passe très mal. Les gens s'embrouillent, le staff de la FFF s'embrouille avec les joueurs, quelqu'un lance son chronomètre, enfin bref ça part en couille, et là, grève du bus. C'est l'image qui a fait le tour du monde.
- Speaker #2
Le bus des Bleus,
- Speaker #1
à l'arrêt,
- Speaker #0
et les joueurs à l'intérieur, rideaux fermés. Ils font grève. Donc ça pour moi, ça trop drôle, je trouverais toujours ça trop drôle en vrai, même si je crois que ça n'a pas plu du tout. Mais les images sont incroyables. On les voit monter dans le bus, fermer les rideaux et faire la gueule. Enfin, trop marrant. Et là, c'est toujours pas terminé, parce qu'ils décident, les joueurs, d'écrire un communiqué de presse, bing, bam, boum, et de le faire lire à Domenech, qui, excusez-moi, mais n'aurait jamais dû lire ce texte. C'est pas à lui de porter le message des joueurs, surtout que... C'est ridicule. Tout ça, ça doit se passer en une demi-heure, je pense. Et devant les journalistes, ils lient le truc en disant les joueurs font la grève du bus. C'est énorme. Les joueurs de l'équipe, sans exception, souhaitent affirmer leur opposition à la décision prise par la Fédération française de football d'exclure Nicolas Nelka. Si nous regrettons l'incident qui s'est produit à la mi-temps du match, nous regrettons plus encore. La divulgation d'un événement qui n'appartient qu'à notre groupe et qui reste inhérent à la vie d'une équipe de haut niveau. Combien j'aurais donné ? Combien de ma vie j'aurais donné pour être journaliste à ce moment-là ? Ils devaient... Enfin, ça se voit, ils étaient en folie tous. Enfin, ils étaient trop contents. Enfin, c'était dingue, quoi. Résumé d'un mec à Paris qui est interrogé en mode micro-trottoir. Un mondial pourri. Une équipe de merde. Après la défaite de l'équipe de France en Afrique du Sud à ce moment-là, l'équipe titre la fin d'un monde, ce que j'ai bien kiffé. Tout ça pour dire que l'équipe de France n'est pas très bien et que le fait que les Jöns reproduisent un peu des conneries en mode faire le mur et manquer de respect, là ça parle de respect, et bien en fait ça ne plaît pas du tout. Et là il y a sanction pour les Jöns, c'est-à-dire qu'ils vont être interdits, et Griezmann aussi, d'être sélectionnés. Antoine Griezmann est suspendu 13 mois de toute sélection avec l'équipe de France. Une politique de fermeté incarnée par le nouveau sélectionneur Didier Deschamps.
- Speaker #3
Aujourd'hui, la situation du footballeur français par rapport à l'historique qu'il y a eu ces dernières années, je pense qu'on sera tous unanimes là-dessus. Les joueurs n'ont plus le droit à l'erreur.
- Speaker #0
Ça a servi de leçon pour Griezmann. J'ai trouvé un seul extrait où il parle de ça.
- Speaker #1
Je suis partenaire de l'équipe de France et comme il dit, ça va me servir pour le futur.
- Speaker #0
Voilà, c'est tout. Mais dans le livre, il explique. Quand j'ai été banni des sélections pour 13 mois, j'ai trouvé la peine sévère, un peu disproportionnée. Aujourd'hui que je suis un joueur important de l'équipe de France, je comprends mieux. Et si un partenaire commettait une telle faute ? faisait comme nous le mur pendant un rassemblement pour partir en cachette en soirée, je réclamerais moi aussi une sanction exemplaire. Avec les A, et dès que l'on porte le maillot bleu, on ne peut pas se permettre la moindre incartade en dehors du terrain. Le respect, le respect du maillot, ça Griezmann l'a bien compris et l'a bien assimilé, puisqu'il est désormais vraiment le genre idéal et le préféré de toute l'équipe de France. On dit même maintenant génération Griezmann. Chapitre 3, Génération Griezmann. Comme on est dans un bouquin de foot, de grisou, tout est bien qui finit bien. Il atteint son but. Je fais un clin d'œil là. Vous le voyez pas mais je fais un clin d'œil. C'est-à-dire qu'il participe à une Coupe du Monde. Et il est le plus fort ever donc il est tout content. C'est assez chou d'ailleurs de savoir qu'il a participé et gagné la Coupe du Monde de 2018 parce que dans le livre il en parle. Enfin on est en 2017 dans le livre donc il a pas encore gagné et tout ça. Et il est là genre j'ai trop hâte de gagner ! Je veux gagner ma coupe du monde et tout. C'est vraiment trop chou. Et moi, en lisant ça, j'étais là. Ça va arriver Griezmann, tu vas y arriver, c'est super. À la fin de sa sanction, donc après l'histoire du Havre, le Havregate, il finit par être sélectionné par Deschamps pour le Brésil de 2014.
- Speaker #3
Attaquant Karim Benzema, Olivier Giroud, Antoine Griezmann.
- Speaker #0
Dans le livre, il parle beaucoup de l'image qu'il veut donner en tant que joueur et aussi en tant que personne. Il veut parler de la génération Griezmann. Pour continuer de plaire, il faut gagner des titres, à commencer par la sélection. Il y a eu la génération Platini, la génération Zidane. J'espère qu'un jour, il y aura la génération Griezmann. Être le joueur d'une période enchantée, celui dont on se rappellera dans 10 ou 20 ans, je fais tout pour y arriver. C'est assez intéressant ce côté... La dichotomie entre le fait que le foot soit un sport collectif et en même temps si individuel. Il y a un sociologue qui en a parlé qui s'appelle Frédéric Razra, qui a écrit un bouquin qui s'appelle « Les footballeurs au travail » et qui parle de la dimension collective versus l'individualisme qu'il y a dans le foot.
- Speaker #2
Une tension majeure du métier de footballeur, c'est cette tension entre... double injonction. D'un côté, on leur demande d'être mobilisés en permanence pour le collectif, l'esprit d'équipe. Ça va jusque dans les sociabilités. Il faut être... Il faut entretenir des relations au quotidien, embrasser ses collègues, il faut être un bon partenaire, etc.
- Speaker #3
S'organiser même des soirées, etc. Voilà.
- Speaker #2
Et donc, c'est cet enjeu du collectif qui est très fort. Et en même temps, c'est quand même un univers professionnel. qui est hyper individualisé, individualisé dans les conditions d'emploi, où dans les contrats de travail des joueurs, par exemple, c'est assez commun de voir une prime annuelle en fonction du nombre de matchs joués. Donc effectivement, comme les places sont limitées, les joueurs sont quand même en concurrence financièrement de ce point de vue-là. L'enjeu suprême pour un joueur, c'est quand même de jouer, parce que jouer, c'est toucher ses exercices de passion, donc une dimension existentielle. Et en même temps, jouer, c'est être visible sur le marché du travail. Et pour un joueur, effectivement, ne pas jouer, être mis au placard, c'est un risque très fort. Et même si on a deux, trois ans de contrat de travail devant soi, si on ne joue pas, qu'on joue dans un club de Ligue 2, en équipe préserve, en CFA2, ça pose des gros, gros problèmes. Et l'arrêt de la carrière peut vite venir.
- Speaker #0
Et c'est vrai que ça, pour Griezmann, c'est hyper important, le fait qu'on le reconnaisse, lui. Il veut s'effacer derrière le collectif. il en parle beaucoup du collectif dans le bouquin. C'est quelque chose qu'on apprécie chez lui, le fait qu'il s'efface derrière le collectif et qu'il dise par exemple « je préfère gagner la Coupe du Monde ou un autre trophée collectif plutôt que le Ballon d'Or, car nous ne sommes rien sans l'équipe » . Mais en même temps, sa carrière, elle est personnelle, elle est individuelle, et ça, il doit en jouer aussi, parce qu'il veut qu'on le connaisse lui, il parle de la génération Griezmann, enfin voilà, c'est vraiment... C'est étonnant, cette dualité dont il doit jouer. et dont tous les footballeurs doivent jouer, puisqu'ils doivent se mettre en avant, mais pas trop. Et en même temps, s'ils s'effacent trop derrière le collectif, on risque de ne pas les voir, et donc ils ne deviendront pas de grands sportifs comme ils veulent l'être. Et je pense que Griezmann a réussi à naviguer là-dedans. Plus, et ça je l'ai lu aussi dans pas mal d'articles, Griezmann, c'est encore une fois, le gendre idéal, le beau sourire, il ne fait pas la gueule, il est mignon et tout, et aussi il est blanc. Il représente vraiment ce qu'est la méritocratie, si tu joues bien, tu gagnes. Il y a plein de choses que je ne connaissais pas dans le foot, et notamment ce truc de l'importance du maillot. Enfin, il y a plein de trucs importants que je ne connaissais pas, genre l'importance de la célébration, qui est aussi un truc très individuel, et qui en fait se prépare, genre dans le livre il parle beaucoup de moments de « je m'étais dit que lorsque je marquerais, je ferais telle célébration » , qui est une façon de se mettre en avant, parce que ça va être décrypté, analysé et tout, donc une façon de se mettre en avant par rapport au collectif, en plus d'avoir marqué un but, la célébration le différencie. Et il y a aussi le maillot, donc forcément le numéro et le nom. Et c'est hyper important pour lui qu'il y ait plein de gens qui veuillent mettre Griezmann sur leur maillot. Il l'écrit dans le livre. Je me réjouis que de plus en plus de gens dans les stades choisissent de mettre mon nom sur leur bout de tissu. J'en veux toujours plus. Qu'ils achètent un maillot avec Griezmann marqué dessus est une ambition, un plaisir que je recherche. Quand j'observe des enfants avec celui de Fernando Torres ou Coquet, ou Coque, je ne connais pas ces deux joueurs. En mon fort intérieur, je me dis, je veux qu'ils portent plutôt mon maillot. Montre-leur quelque chose sur le terrain, afin qu'ils aient envie de l'acheter. On est vraiment dans ce truc de rapport individualité-collectif qui se matérialise là-dedans. Je laisse des champs résumés encore mieux que moi, cette histoire de collectif versus individu que Griezmann personnifie.
- Speaker #3
Il est très efficace, il marque beaucoup de buts, il en fait marquer. Et il évolue. sur plusieurs positions, sur la ligne d'attaque. Il est aussi à l'aise des deux côtés, voire aussi dans l'axe. Donc au-delà de son efficacité, c'est un joueur aussi qui a beaucoup de justesse technique dans tout ce qu'il peut faire. Donc c'est pour ça que je l'ai appelé pour ce match-là.
- Speaker #0
Il marque des buts et il en fait marquer. Ça symbolise exactement ça, l'individualité versus le collectif. Je termine avec la rubrique ça fait réfléchir. J'ai eu un peu de mal à en trouver bizarrement, parce qu'en fait j'étais plutôt d'accord avec un peu tout ce qu'il racontait. Donc c'était assez sympa comme lecture là-dessus, parce qu'à chaque fois je me disais ah je vais prendre ça parce que c'est un peu ridicule, et en même temps j'étais là non franchement ça l'est pas, c'est pas du tout ridicule. Mais j'ai quand même trouvé un petit truc, j'ai appelé ce passage Tolérance et Barbecue Walk. Un vestiaire de football est un lieu où se croisent en toute fraternité toutes les religions. En équipe de France, je suis seule en chambre, avec ma Xbox. Lorsque je toque à la porte de Paul Pogba et qu'il ne répond pas, je sais qu'il fait sa prière. Alors je repars et le laisse tranquille. Idem quand je constate qu'il a sorti son tapis. J'aime l'observer, comparer nos pratiques respectives m'intéresse. Je suis respectueux des rites de chacun. Lorsque nous recevons pour un barbecue à la maison, je veille à choisir la bonne viande quand je sais que nous attendons des musulmans. Je me nourris de toutes les croyances. Il n'existe pas ailleurs. plus de mixité que dans le football. Les déplacements, à défaut de tourisme, nous renseignent aussi sur cet aspect-là et sur les diverses cultures qui traversent les pays dans lesquels nous jouons. En Russie, par exemple, le Coca-Cola n'est pas le même. En Espagne, c'est le steak haché qui n'a pas une saveur identique. Je crois que le bon goût de la viande hachée est ce qui me manque le plus de la France. Quand je retourne à ma con, mon petit steak m'attend. Voilà, je sais pas si ça fait réfléchir, mais j'ai trouvé ça assez cute. Et le barbecue wok, j'ai adoré. Je me demande si par contre, ils feraient des steaks de pois chiches aussi pour les vegans. Je sais pas si c'est si wok que ça en vrai. Bref, voilà ma lecture de Derrière le sourire d'Antoine Griezmann. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.