- Speaker #0
Bienvenue dans Vers l'Essentiel, le podcast qui met en lumière les acteurs normands engagés dans une transition durable. Un épisode par mois, des échanges concrets et inspirants pour découvrir celles et ceux qui transforment l'impact en action. Quand on parle communication responsable, la question de l'impression revient souvent. Quel papier choisir ? Quel encre privilégié ? Faut-il imprimer localement ? Est-ce vraiment plus écologique d'éviter l'impression ? En tant que communicante, je travaille régulièrement avec des imprimeurs et ces questions sont au cœur de mes réflexions. Il existe beaucoup d'idées reçues sur l'impact environnemental de l'impression et j'ai voulu y voir plus clair. C'est pourquoi j'ai rencontré Marianne Patarin, technico-commerciale chez N2I, une imprimerie engagée dans une démarche plus durable. Elle a accepté de répondre à mes questions et de nous partager son regard sur l'éco-conception en imprimerie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, je lui laisse le soin de se présenter.
- Speaker #1
Je suis technico-commerciale en industrie graphique depuis 24 ans, dont 8 ans à l'imprimerie N2I. Je m'occupe de toute la partie commerciale, du projet à la livraison, voire la facturation. Ça peut être déjà l'étude du projet, ça va être avec les rendez-vous clientèle, les échanges mail, téléphone. Je m'occupe également de tous les appels d'offres. Je m'occupe de la partie RSE en lien avec ma direction. On travaille aussi ensemble au niveau de la communication avec l'équipe pour la communication. Et je m'occupe aussi de la partie formation des jeunes, dont notamment avec les visites de l'imprimerie, et aussi en intervention dans les écoles.
- Speaker #0
Donc en fait, un vrai couteau suisse !
- Speaker #1
Oui, j'aime bien, ça me va !
- Speaker #0
Au moins, ça va rien,
- Speaker #1
tu t'ennuies pas ? Ah bah non, je m'ennuie déjà le métier en lui-même, on s'ennuie pas, mais d'autant plus avec les activités autour.
- Speaker #0
On entend souvent que l'imprimerie est une catastrophe écologique. L'industrie de l'impression représente environ 2% des émissions mondiales de CO2, et chaque année, L'équivalent de 30 millions d'arbres est utilisé pour produire du papier uniquement destiné aux impressions commerciales. Sans compter l'eau, jusqu'à 10 litres par feuille de papier A4. Est-ce que cette réputation a eu un impact sur le regard que peuvent avoir les clients sur l'imprimerie et leurs projets ?
- Speaker #1
Il y a beaucoup de fausses croyances dans l'imprimerie qui peut être un frein, déjà tout court à la communication papier. Comme quoi on déforeste les forêts. qu'on utilise des produits chimiques à outrance, que plein de choses, que le papier recyclé est 100% et la solution. En fait, il y a plein de choses qui freinent le projet. Mais tout est fait depuis des années dans l'amélioration de nos process et dans l'innovation, dans l'amélioration. Donc non, on n'est pas... Faire une communication papier, c'est pas... Après, j'allais faire des comparatifs qu'il ne faut pas, mais je veux dire... Il ne faut pas croire tout ce qu'on lit. Et non, l'imprimerie, surtout quand on est engagé comme nous, notre équipe, comme mes confrères, on fait tout ce qu'il faut pour faire attention quand même à notre environnement aujourd'hui.
- Speaker #0
Ces chiffres montrent bien l'impact environnemental de l'imprimerie. Mais ils ne racontent pas toute l'histoire. Aujourd'hui, l'industrie évolue pour réduire son empreinte. Le papier est l'un des matériaux les plus recyclés en Europe, avec un taux de recyclage d'environ 74%. Et des alternatives plus responsables émergent. Qu'en est-il pour N2I ? Ces transformations sont-elles récentes ? Ou est-ce que ces questions environnementales ont toujours été présentes au sein de l'industrie ? Et que faites-vous en termes d'amélioration continue ?
- Speaker #1
N2i est dedans, mais en fait je me suis rendu compte qu'N2i, comme d'autres confrères des sociétés dans les deux autres imprimeries dans lesquelles j'ai travaillé également, on a toujours été en fait, sauf qu'on ne mettait pas des mots dessus, on ne disait pas RSE, on ne disait pas des marchés co-responsables, éco-conceptions, mais en fait on a plus ou moins toujours été dans ce milieu travaillé. Mais c'est vrai que du coup, là, on est en plein dedans. Donc, justement, pour faire un point sur la situation, savoir où on en est. Là, on s'est fait accompagner depuis un an et demi maintenant, en 2024, par l'organisme Néode, qui est un organisme normand, qui nous accompagne justement à cette transition plus importante. Donc, de faire un point sur ce qui est déjà fait, sur ce qu'on pourrait faire de mieux, améliorer et mettre en place. D'accord. Donc, ça m'aide moi pas mal, justement, à me recadrer et puis savoir où on en est vraiment, de faire le point. Mais ça a toujours été. On a... On a mis plein de choses en place, je réfléchis aux 24 ans, mais ça peut être les panneaux solaires. Là, ici, chez N2I, c'est le changement du CTP, du CTP sans chimie.
- Speaker #0
C'est quoi le CTP ?
- Speaker #1
Le CTP, c'est le Computer to Plate, qui permet de graver les plaques pour l'impression offset. Donc, l'imprimerie N2I, on a une imprimerie numérique et offset. Et donc, pour le procédé offset, on a besoin de graver des plaques, donc avec les quatre couleurs CMJN, pour pouvoir les installer sur la presse et pour... pour pouvoir imprimer. Et donc le CTP, auparavant, il passait par un procédé chimique pour être gravé. Donc on a supprimé le côté chimie du CTP.
- Speaker #0
Et en interne, les salariés, est-ce qu'eux aussi se sentent beaucoup plus concernés par la question ?
- Speaker #1
Oui, tous, tous, tous. Tous, on est rentrés dedans, tous ensemble, en fait. Et puis, au niveau de ma direction aussi, je veux dire, ils ont mis aussi des choses en place. Donc, il y a le Néode, mais aussi des audits internes où, du coup, tous les salariés peuvent participer. Ce qui nous permet, du coup, nous aussi, en fait, de prendre en mesure de tout ça. Donc, non, non, c'est quotidien. En fait, c'est devenu quotidien pour…
- Speaker #0
Oui, c'est devenu presque une évidence. Pour l'entreprise,
- Speaker #1
et puis on a enchaîné tous avec les papiers recyclés, les encres végétales, dits végétales. On en reparlera peut-être tout à l'heure. Au fur et à mesure, nos projets ont eux aussi évolué. Donc oui, salariés comme clients, tout le monde s'y est mis.
- Speaker #0
Justement, sens-tu que tes clients sont plus sensibles aux impacts de leur production graphique ?
- Speaker #1
Il y a une conscience collective, un engagement collectif. Là, ces dernières années, ce n'est pas vieux. De moi, personnellement, ça fait 2-3 ans. où vraiment j'en entends parler quotidiennement aujourd'hui. Mais c'est vrai qu'auparavant, on me demandait de temps en temps, est-ce que tu as du papier recyclé ? On ne s'intéressait pas du tout à notre process de fabrication. On ne me posait jamais des questions sur notre process de fabrication. C'est vraiment depuis quelques années qu'on me pose des questions, qu'on me demande de visiter, de comprendre, de voir ensemble les fiches papier, que je leur explique. C'est vraiment là, depuis quelques années, il y a eu cette vague. On a tous été pris dans ce tourbillon de... de l'éco-conception, de l'RSE, tout ça.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui freine certains de tes clients à passer le cap ?
- Speaker #1
Alors la clientèle, c'est aujourd'hui bien 70% de ma clientèle qui s'implique vraiment dans une démarche éco-conception. C'est quasiment toutes mes demandes quand je réfléchis, ou alors on me pose des questions en tout cas. Les freins, ça va être des freins budgétaires, parce qu'automatiquement, ça implique des coûts plus importants, parfois selon le choix de papier par exemple. Et après, les gros freins que j'ai au quotidien, c'est la méconnaissance.
- Speaker #0
Une prise de conscience collective est donc bien en marche. Mais les fausses croyances sur l'impression responsable sont encore bien ancrées, et pas seulement celles qui freinent le passage à l'action. Certains pensent qu'il suffit d'opter pour un papier recyclé ou une encre végétale pour qu'un produit imprimé devienne 100% écologique. Mais c'est une illusion. Produire, c'est consommer des ressources et avoir un impact sur l'environnement, que ce soit en termes de matières premières, d'énergie ou d'émissions. L'enjeu n'est donc pas d'arrêter d'imprimer, mais d'imprimer mieux. Cela passe par une compréhension fine des matériaux, des procédés et des certifications qui garantissent une production plus vertueuse. Tous les papiers ne se valent pas en termes d'impact écologique. Alors comment s'y retrouver ? Le papier peut être classé en trois grandes catégories. Le papier vierge, fabriqué à partir de fibres de bois fraîches issues d'arbres coupés. Son impact dépend de l'origine du bois. S'il provient de forêts gérées durablement, il est plus vertueux, mais reste gourmand en ressources. Le papier recyclé est produit à partir de papiers déjà utilisés, réduits en pâtes et transformés à nouveau. Il limite la coupe d'arbres et consomme généralement moins d'eau et d'énergie. Son impact est donc nettement réduit, surtout si les blanchis s'enclarent. Le papier alternatif, quant à lui, est fabriqué à partir de fibres non issues du bois, bambous, chanvre, bagasse, de canne à sucre ou de résidus agricoles. Ces matières se renouvellent plus vite que les arbres et nécessitent souvent moins d'eau et de traitements chimiques. Alors, lequel choisir ? Pour une impression plus responsable, l'idéal est d'opter pour un papier 100% recyclé ou fabriqué à partir de résidus agricoles en vérifiant les certifications et en choisissant... un grammage adapté pour éviter le casse-pillage. Il est d'ailleurs important de choisir un papier non blanchi, car le blanchiment traditionnel utilise du chlore et d'autres produits chimiques qui polluent l'eau et impactent les écosystèmes aquatiques. Il existe, cependant, des alternatives plus respectueuses, comme le blanchiment à l'oxygène ou au péroxyde d'hydrogène. Mais la solution la plus écologique reste d'opter pour un papier recyclé non blanchi. Cela implique d'accepter que son papier ne sera pas d'un blanc éclatant Et c'est ok. Un papier légèrement grisé ou ivoire est la preuve qu'il a eu une seconde vie et qu'il a été produit avec moins d'impact et peut devenir un véritable terrain de jeu créatif. Au-delà du choix du papier, l'encre joue aussi un rôle clé dans l'impact environnemental de nos impressions. Mais là encore, toutes ne se valent pas. Alors quelles sont les options et lesquelles sont les plus responsables ? Les encres à base de solvants ou encres conventionnelles sont les plus répandues. Elles contiennent des solvants pétrochimiques et des composés organiques volatiles qui contribuent à la pollution de l'air et nécessitent des traitements spécifiques pour éviter la contamination des eaux. Elles sont à éviter autant que possible. Les encres végétales remplacent une partie des solvants pétrochimiques par des huiles végétales, soja, lin, colza, etc. Elles émettent moins de composés organiques volatiles, facilitent le recyclage du papier et limitent l'impact sur l'environnement. Mais elles nécessitent toujours des pigments et des additifs chimiques et leur production peut poser des questions de durabilité, monoculture, usage de terres agricoles, etc. Les encres à base d'eau contiennent moins de produits chimiques toxiques et ne dégagent pratiquement pas de composés organiques volatiles. Elles sont souvent utilisées pour l'impression sur emballage alimentaire. Elles sont une bonne alternative, mais leur application reste limitée aux impressions spécifiques. Les encres UV sèchent instantanément grâce à une exposition aux UV, évitant l'évaporation de solvants. Elles permettent une impression rapide et précise, mais leur composition chimique reste un point de vigilance, car elles contiennent encore des substances potentiellement polluantes. Alors, quelle encre choisir ? Les encres végétales sont aujourd'hui la meilleure alternative pour réduire l'impact environnemental d'une impression classique. Comment se tue-tu, Marianne ?
- Speaker #1
Avec l'encre végétale, il y a eu plein de informations qui ont circulé. Et moi, il m'arrive très régulièrement d'avoir des demandes d'encre 100% végétale. En fait, l'encre végétale, ce n'est pas une encre 100% végétale. Il faut savoir que l'encre végétale, c'est juste qu'elle est non minérale. Il n'y a pas de... produits venant de la pétrochine. Mais ça n'empêche que ce n'est pas une huile constituée que d'huile végétale. Et ça, en fait, on ne le sait pas. Moi, je le vois surtout dans les appels d'offres. C'est assez marquant. Depuis un an et demi, il y a pas mal d'appels d'offres que je reçois. On me demande avec un impératif de 100% encre, 100% végétale, papier 100% ... recyclés. Et voilà, qu'avec ça, et puis après, on me demande beaucoup au niveau du questionnement sur nos transports, nos machins, notre papier d'où il vient, tout ça. C'est difficile de répondre à une appelle d'offres quand on vous demande une encre 100% végétale. Donc, on peut poser des questions pendant les appels d'offres, par mail. Il n'y a pas de discussion, il n'y a pas d'échange. Et en fait, je me rends compte qu'en face de moi, parfois, les personnes n'ont pas toutes les informations. pour pouvoir établir ces... Je pense même à mes confrères, je me dis, bon, là, on est tous pareils avec ces impératifs. Donc non, l'encre n'est pas végétale 100%, en fait. C'est vraiment là-dessus où il faut appuyer. Donc c'est une innovation, clairement. Tu arrives drastiquement,
- Speaker #0
quoi qu'il arrive.
- Speaker #1
Mais ça n'existe pas, le 100% végétal. Contrairement au papier, pour le coup, le papier recyclé, lui, on peut avoir du papier 100% recyclé. Mais ça aussi, en fait, on me demande souvent du papier recyclé. Et puis, quand on cherche un peu, on me dit, mais recycler comment ? En fait, le papier recyclé, il peut être recyclé à 40%, à 50%, à 60%, à 100%. Un papier recyclé basique, ça ne veut pas dire qu'il est recyclé à 100%. Il peut y avoir de la pâte vierge dedans et de la pâte recyclée. Mais ce n'est pas automatique. Un papier recyclé n'est pas automatiquement à 100% recyclé. Donc ça aussi, en fait, c'est vraiment la recherche d'informations sur même le papier qu'on choisit.
- Speaker #0
Donc, il est important de bien échanger avec son imprimeur pour bien comprendre les subtilités des solutions alternatives qui existent, pour faire un choix en conscience. C'est d'ailleurs ta recommandation numéro 1, non ?
- Speaker #1
La première, la plus importante, c'est de se rapprocher de son imprimeur. C'est très important, et je le dis à tous les jeunes qui viennent me voir ou je les vois. C'est vraiment de se rapprocher de son imprimeur. Pourquoi ? C'est que je travaille beaucoup avec des chargés de communication, avec des communicants. Et on a... tous des millions d'idées à la seconde, des choses les plus farfelues que les autres, que je rêverais moi aussi de mettre en place. Malheureusement, il y a des contraintes techniques. Donc, c'est pour ça que c'est hyper important. Je donne plein d'exemples, mais j'ai vu des clients venir me voir avec le produit fini. Sauf qu'ils doivent le revendre, eux, derrière à leurs clients des agences, par exemple. Sauf que quand on a... pas poussé la chose sur combien va coûter le papier, est-ce que ces finitions-là ont pas un impact sur ça, du coup, il y a des grosses déceptions derrière quand on se rend compte des coûts, on se rend compte des contraintes, par exemple, des formats complètement fous où, bah oui, même moi, je le dis, c'est super sympa, mais il y a des contraintes, c'est-à-dire que nous, on travaille sur des formats machine, de format de feuilles, si tu me fais des trucs... des formats super fous, super sympas, mais qui sont complètement pas standardisés, il va y avoir de la gâche, il va y avoir des feuilles d'impression en plus. Moi je dis toujours et je le dis à tous les niveaux, votre imprimeur c'est vraiment votre accompagnateur de projet.
- Speaker #0
En effet, les idées reçues sont nombreuses. Le papier recyclé est généralement présenté comme l'alternative idéale pour réduire l'impact environnemental de l'imprimerie. Et effectivement, il permet de préserver les forêts, de réduire la consommation d'eau et d'énergie par rapport à un papier vierge. Mais attention, il ne faut pas s'arrêter à une seule donnée. L'impact caché du transport est un élément clé à prendre en compte.
- Speaker #1
Au niveau du papier recyclé, il y a une structure en France qui se charge de la fabrication du papier recyclé. Après, malheureusement, on est sur des pays un peu plus éloignés, en Europe surtout. Donc il y a effectivement ce transport à prendre en compte qui peut expliquer, entre autres, le coût du papier recyclé. Il y a ce surcoût lié au transport, également au process pour fabriquer du papier recyclé, c'est-à-dire le fait d'aller récupérer aussi les marchandises, le papier à recycler. Donc on pense au papier à recycler, à les récupérer, et après à la fabrication du papier dans les pays d'Europe. Donc ça fait un surcoût au niveau transport.
- Speaker #0
Il faut donc penser plus global et local ?
- Speaker #1
On essaie quand même de travailler au maximum avec des fournisseurs, papier ou autre, qui sont le plus proche de nous. Donc c'est quand même réfléchi, on a quand même réfléchi à cette question. Et donc après, le processus d'impression, de fabrication et d'impression. Et dès que c'est terminé, en livraison, on a déjà cette chance au niveau écologie. de travailler beaucoup en local, majoritairement en local, donc on a notre propre camion, et donc on peut livrer, tout est réfléchi, optimisé, les trajets, on groupe les commandes, on ne fait pas des trajets à tout va, tout est très réfléchi, vu qu'on en parlait tout à l'heure, mais l'équipe aussi est impliquée là-dedans, donc on a pris vraiment une conscience collective par rapport à ça, donc on fait très attention à... à travailler, à étudier nos trajets. Et même moi, je veux dire, je ne me déplace plus autant que je pouvais le faire avant, à tout va, à partir. C'est réfléchi.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
c'est réfléchi. Et c'est parfois même les clients qui me disent « Non, Marianne, ne te déplace pas pour ça » ou « T'inquiète, quand je passe ou quand tu passes à l'occasion. » Je me rends compte que c'est vraiment à tous les niveaux. Donc non, même moi, en fait, quand il y a une nécessité, bien entendu, quand le client a ce besoin qu'on se voit, que je puisse montrer des choses, bien entendu que je me déplace, mais je n'y vais pas pour y aller.
- Speaker #0
Ce qui m'amène à évoquer l'éco-conception. Pour rappel, l'éco-conception, c'est intégrer des critères environnementaux dès la conception d'un produit, afin de réduire son impact tout au long de son cycle de vie, de la fabrication à l'usage jusqu'à sa fin de vie. Et en imprimerie, cela commence dès la phase d'idéation. C'est à ce moment clé qu'il est essentiel d'échanger avec son imprimeur pour explorer les options de papier, choisir les encres les plus adaptées et les moins polluantes, Travailler sur ces taux d'ancrage pour réduire l'utilisation des encres, sélectionner le bon procédé d'impression pour limiter le gaspillage, penser à des techniques alternatives comme le gaufrage en oubliant les vernis et les pelliculages, demander l'origine des matériaux et anticiper la fin de vie du produit imprimé. L'idée est d'optimiser chaque choix pour réduire l'empreinte écologique du projet imprimé sans compromettre son impact visuel et son efficacité, assurant ainsi une cohérence de bout en bout. Mais on ira plus loin sur ce sujet à l'occasion d'un épisode dédié. Et le coût dans tout ça ? Oui, un projet co-conçu peut sembler plus cher à première vue, mais en réalité pas tant que ça. Pourquoi ? Parce que l'éco-conception, ce n'est pas juste choisir un papier recyclé ou une encre végétale, c'est aussi repenser le projet en profondeur. À qui s'adresse-t-il ? Est-ce le bon support pour toucher cette cible ? Est-ce nécessaire d'imprimer autant ? Peut-on optimiser le format, le nombre d'exemplaires et éviter le gaspillage ? Quelle est sa durée de vie ? Plutôt que de produire un support éphémère, peut-on concevoir un outil durable et réutilisable ? En posant ces questions dès le départ, on imprime moins, mais on imprime mieux. Le coût unitaire peut être plus élevé, mais l'investissement est optimisé sur le long terme. Plutôt qu'une impression à usage unique et jetable, on pense pérennité et utilité. Ce qui change complètement la perception du coût. L'idée, ce n'est pas de faire plus, mais de faire juste ce qu'il faut, de la bonne manière. Qu'en penses-tu Marianne ?
- Speaker #1
Si on doit faire une différence entre être vraiment dans un projet éco-conçu 100% et une impression plus classique, si elle est bien travaillée avec son imprimeur, si elle est réfléchie, il peut ne pas y avoir de surcoût. Donc oui, le papier recyclé est toujours un peu plus cher aujourd'hui. Mais après, il y a aussi plein d'autres options. Comme je disais tout à l'heure dans les fausses croyances, on peut aussi travailler sur du papier, puis FCFFC. L'encre, dans tous les cas, elle sera huile végétale. Dans tous les cas, soit classique ou éco-conçue, il y a des choses qui vont se rejoindre. Et si vraiment on veut pousser des choses, on peut se retrouver, donc si on enlève le vernis, on va se retrouver avec une forme de dépouille. Je veux dire, on peut équilibrer. Donc pour moi, il n'y a pas de limite. Et puis en plus, ces choses évoluent énormément. Donc voilà. Je me dis qu'il va y avoir encore plein de nouvelles choses. Donc j'arrive aujourd'hui à équilibrer les budgets. La communication est beaucoup plus réfléchie et donc la rentabilité peut être que meilleure en fait.
- Speaker #0
Je rebondis sur les labels que tu viens de citer. Quand on parle d'impression responsable, on entend souvent des labels comme FSC, PEFC ou en prime vert pour ne citer qu'eux. Mais soyons honnêtes, il est facile de s'y perdre et de ne pas toujours savoir ce qu'ils garantissent réellement.
- Speaker #1
Déjà, on en parle effectivement beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et je me rends compte qu'effectivement, il y a un flou un peu sur ces labels-là. Donc, ce sont toutes des certifications environnementales. Je fais un peu le distinguo moi à mon niveau en tant qu'imprimeur. PFC, FFC pour moi, on va peut-être me reprendre à mon niveau, sont des labels surtout papetiers, papiers, qui concernent la provenance de la matière pour la fabrication du papier. Alors que l'imprime vert c'est vraiment propre à l'imprimerie pour le coup.
- Speaker #0
Si je résume, FSC certifie que le papier provient de forêts gérées de manière responsable avec un équilibre entre exploitation et préservation des écosystèmes. PEFC est similaire au FSC, il garantit une gestion durable des forêts. Et Imprime Vert s'applique directement aux imprimeurs et garantit qu'ils respectent des critères environnementaux comme la gestion des déchets dangereux, la réduction des produits toxiques et la bonne gestion énergétique. Donc comment choisir ? Déjà, ne pas se fier uniquement au label, mais aussi poser des questions sur l'origine des matières et les pratiques de l'imprimeur. Croisez plusieurs critères. Un papier FSC ou PEFC imprimé avec des encres polluantes perd de son intérêt. Et se rappeler qu'un label n'est pas une garantie absolue, mais un repère pour mieux orienter ses choix. Bref, les labels sont des outils utiles, mais ils ne remplacent pas une réflexion globale sur l'éco-conception. Nous avons abordé beaucoup de sujets, mais ce qui m'intéresse maintenant, c'est de connaître ton rapport personnel à ces questions environnementales.
- Speaker #1
Je fais partie de cette conscience collective. peut-être aussi de par mon métier, puisque du coup, l'information est venue aussi à moi. Dans ma vie personnelle, j'ai pris conscience de beaucoup de choses, dans ma surconsommation, dans le fait de mal faire, tout court. Je saoule beaucoup mon adolescente aussi. J'essaie de procéder au changement.
- Speaker #0
Le sujet vaste et passionnant, mais notre épisode touche à sa fin. J'invite d'ailleurs ceux qui veulent creuser et aller un peu plus loin. de lire un super livre sur l'éco-conception écrit par Lucille Quéroux, dont vous retrouverez les informations dans la description. Pour conclure, quel acteur canet ou normand aimerais-tu entendre dans le prochain épisode de Vers l'Essentiel ?
- Speaker #1
Il y en a beaucoup, parce que je parle avec beaucoup de monde. Je suis prête. Il y a pas mal de clients qui se sont énormément investis pour parler de RSE, qui m'ont appris beaucoup de choses, que je suis. il y en a beaucoup il y en a un en particulier qui vraiment a fait un travail super boulot sur leur responsabilité écologique c'est le centre Juno Beach à Courcel vraiment ils sont j'aimerais arriver à ce stade et je pense qu'ils pourraient nous apprendre à tous beaucoup sur ce qu'ils ont mis en place sur toutes leurs recherches sur toutes les améliorations qu'ils ont pu mettre en place ... J'en aurais plein d'autres à te donner, mais comme ça tout de suite, je pense que le Centre Juno Beach mérite d'être entendu aussi.
- Speaker #0
Je te remercie pour cet échange hyper riche et inspirant. Et pour ceux et celles qui veulent en savoir plus sur l'imprimerie N2I, vous trouverez toutes les infos dans la description de l'épisode. Merci d'avoir écouté et rendez-vous le mois prochain pour un nouvel épisode.
- Speaker #1
Merci, au plaisir.