- Speaker #0
Je suis le docteur Cyril Fischhoff qui est repracteur spécialiste en échographie musculo-squelettique exerçant à l'île Maurice. Je vous invite à écouter un nouvel épisode du podcast Vertébranco chaque premier et troisième lundi du mois. Ce podcast est consacré à l'univers de la médecine musculo-squelettique et s'adresse à tout public. Il se veut être un outil de vulgarisation au service de chacun. Nous y abordons les mécanismes en jeu, le diagnostic, les traitements, les méthodes de prévention des différentes pathologies musculo-squelettiques au travers de petites histoires cliniques, des dernières recherches scientifiques et d'interviews de spécialistes. Bonjour à tous. Alors aujourd'hui on reçoit un ami et confrère, le docteur Carl Vincent, chiropracteur qui exerce en France. Et de manière un petit peu inhabituelle, je vais tutoyer mon interlocuteur parce que c'est un ami de longue date d'une part, et d'autre part parce que nous avons écrit récemment un livre ensemble consacré à la lombalgie. Et donc c'est de cela que nous allons parler. aujourd'hui. Carl-Vincent, bonjour.
- Speaker #1
Cyril, bonjour.
- Speaker #0
Alors, ton parcours est assez atypique, il est intéressant. Tu as commencé comme kiné, puis tu t'es tourné vers la chiropractie, et maintenant tu es chercheur avec un doctorat en sciences du sport. Alors raconte-nous, qu'est-ce qui t'a donné envie de faire tous ces changements dans ta carrière ?
- Speaker #1
D'abord, j'étais motivé par le sport. Et lorsque j'ai commencé mes études de kinésithérapie, je les ai faites en faisant en même temps un brevet d'état, de sport. Et mon objectif principal à l'époque, c'était de vouloir monter une salle de sport et d'essayer d'aider les sportifs à justement progresser. Et en étant kiné et à la fois prof de sport, je me disais que j'avais les deux bons ingrédients pour pouvoir le faire. Et une fois que j'avais terminé ces études de kinésithérapie, je me suis dit que c'était d'une part insuffisant. Les choses n'allaient pas suffisamment loin. Et je découvrais à travers la kinésithérapie les aspects médicaux. Et ce sont les aspects médicaux, je dirais, d'aller plus loin dans la compréhension des choses, qui m'ont attiré dans un second temps. Et je me suis dit, à ce moment-là, que j'allais continuer à approfondir les choses. J'avais de toute façon que 22 ans et qu'il fallait que je continue.
- Speaker #0
Et donc après, tu es devenu chiropracteur.
- Speaker #1
Voilà, c'est-à-dire qu'en fait, j'ai regardé, CG. étudié, j'ai assisté à deux conférences, notamment celle d'un ostéopathe puis celle d'un chiro. J'avoue avoir été attiré bien plus par la chiropraxie pour plusieurs raisons. La première, c'est que il y avait un aspect scientifique qui était plus clair que celui de l'ostéopathie. Donc, pour moi, ça répondait déjà, si tu veux, à une logique qui me correspondait. Et de l'autre, il y avait cet aspect, on va dire, de... international, avec un statut international, et sachant qu'à l'époque, ni l'ostéopathie, ni la chiropraxie n'étaient reconnues, je me suis dit qu'il vaut mieux partir vers une profession internationale.
- Speaker #0
Très bien. Alors, dans le livre qu'on a écrit, et toi étant évidemment l'auteur principal, TMS pour troubles musculosquelétiques et d'urachie lombaire, très clairement, on voit que la douleur a joué un rôle important pour la chiropraxie et pour la recherche en général. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce qui te fascine dans la douleur. Qu'est-ce que ça t'a appris sur le corps humain et comment ça t'a aidé en tant que praticien ? Pourquoi la douleur, on voit très bien et très clairement dans ce livre qui est une analyse de la douleur, a pu et a, au fur et à mesure du temps, influencé ta pratique ?
- Speaker #1
La réponse à cette question, en fait, est relativement simple. Les gens, quand les gens viennent te voir au cabinet, ils ont mal. Donc, tout commence par la douleur. Et tout le problème, il est dans la douleur. Parce que la première question, c'est d'essayer de savoir quelle est la cause de cette douleur. Donc, il fallait déjà commencer à réfléchir par rapport à ça. Et c'est ce qui a mené un petit peu, comment dirais-je, la réflexion dès le départ. C'est comment, à partir d'une symptomatologie douloureuse qui, a priori, pourrait paraître non spécifique, comment... essaye-t-on de remonter à l'origine ou aux origines au pur réel ? C'est toute la difficulté. Donc, au départ, on a démarré, on va dire, un peu avec des concepts. Moi, j'avais été, bien sûr, influencé par les concepts chiropractiques en disant que c'est une épomobilité qui pouvait créer ça. Après, j'ai étudié, bien sûr, les concepts médicaux avec le dérangement intervertébral mineur mis en place par Obermann, etc. Puis après... On s'est aperçu que progressivement, la douleur avait en fait plusieurs facettes. Des facettes, on va dire, on rentre un petit peu dans le livre là, c'est-à-dire en fait, avec des aspects, on va dire, purement nociceptifs qui partent de l'origine, et puis après, dans la chronicité, une douleur qui change de nature.
- Speaker #0
Voilà, ça on va en parler, je pense, plus en détail après. Et donc, dans ton livre, évidemment... et on voit que dans ta recherche en pratique, forcément tu as été conduit à comprendre davantage ce que cela signifie, tu parles beaucoup de l'approche Evidence-Based Practice, EBP, ou approche scientifique en quelque sorte, en chiropratie et en thérapie manuelle en général. Comment cette approche a-t-elle été créée ? évoluer au fil du temps et quels sont les défis qu'on rencontre encore aujourd'hui pour l'appliquer ?
- Speaker #1
Les aspects evidence-based, parce que si tu veux, c'est tout simple, c'est qu'avec l'evidence-based, on a une compréhension des choses, travaillée de manière empirique, c'est-à-dire simplement sur des notions qui ne sont pas complètement comprises. En tout cas, c'est quelque chose qui, en ce qui me concerne, ne me convient pas du tout. C'est-à-dire qu'il me faut au moins une base, on va dire à la limite logique, ou avec des hypothèses qui partent et qui sont logiques, qui sont compatibles sur un plan physiologique. Et à partir de là, à partir de ces hypothèses, on voit si la clinique colle, et plus encore, on va essayer de faire des études pour savoir si cette logique et cette clinique correspondent à tout ça.
- Speaker #0
Et bien voilà, justement, dans le livre en question, tu présentes un système dit de feu de circulation que je trouve très intéressant par rapport à ça. C'est un outil qui est censé, comme tu le décris, aider les praticiens à prendre de bonnes décisions thérapeutiques, même quand il n'y a pas encore beaucoup de preuves scientifiques à disposition. Alors, est-ce que tu peux nous expliquer, sans rentrer évidemment dans le détail, mais comment ce système de feu de circulation, ça marche et pourquoi c'est utile au quotidien ?
- Speaker #1
C'est utile au quotidien parce que, en fait... Les données en ce qui concerne justement tout ce qui est douleur sont extrêmement compliquées et que donc il faut arriver à prendre des décisions cliniques relativement rationnelles et compte tenu justement qu'il y a des difficultés à interpréter la douleur et que les outils thérapeutiques qui nous sont présentés ou les outils diagnostiques ne sont pas toujours suffisamment clairs, il faut une petite démarche. logique pour essayer d'avoir des traitements qui par rapport au processus de la douleur débouchent sur un travail rationnel. Donc on voit dans un premier temps très simplement si sur ce qu'on utilise, que ce soit un outil thérapeutique, un outil diagnostique, s'il y a des preuves ou pas, si ce n'est pas suffisant, on voit si c'est biologiquement en tout cas envisageable, si ça paraît logique sur un plan. biologique, et si ça ne l'est pas, on se réfère à nos pères, c'est-à-dire à la pratique, la pratique qui nous semble la plus à même, la plus proche, probablement, on reste prudent, de la réalité.
- Speaker #0
Maintenant, on va en arriver au point de départ de ta réflexion, c'est-à-dire la douleur. Est-ce que tu pourrais expliquer, encore une fois, de manière relativement simple, pour nos auditeurs, cette différence qu'il y a entre douleur nociceptive et douleur neuropathique, d'une part, et d'autre part, Pourquoi c'est si important de faire cette distinction lorsqu'on choisit le traitement pour le patient ?
- Speaker #1
Alors il faut faire une différence. Cette différence est fondamentale. Elle est relativement simple à faire. Le premier type de douleur, c'est la douleur, le signal d'alarme. C'est-à-dire en fait, on a une souffrance d'une articulation et ce sont les récepteurs qui sont à l'intérieur qui font mal, qui informent notre système nerveux central d'un dommage ou d'une lésion tissulaire. Le second, c'est déjà quelque chose de plus... C'est-à-dire, en fait, c'est comme si le message douloureux ne partait pas uniquement des récepteurs périphériques, mais que cette douleur allait migrer au sein de notre système nerveux. Et là, ça devient intéressant à plusieurs niveaux. On va dire que nous, pour un modèle un peu didactique, on a considéré qu'il y avait trois niveaux principaux. Lorsque ce message qui au début est nociceptif et devient ensuite, on dit, neuropathique, neuropathique selon trois stades différents.
- Speaker #0
Alors on sait, donc merci pour cette première distinction assez claire et assez simple à comprendre sur les deux niveaux. Et alors on sait que le mental et l'environnement social peuvent jouer un rôle important dans la douleur et la guérison du patient. Comment est-ce que tu prends en compte ces aspects psychologiques et sociaux quand tu prends en charge un patient ?
- Speaker #1
C'est une question... très intéressante dont le lien avec la douleur est en cours de recherche. J'ai été amené à discuter avec le professeur Gordon Waddell qui disait globalement qu'il valait mieux s'occuper du patient que plutôt sa douleur. Alors moi je dirais que je caricature un peu donc ça c'est dire, mais je pense qu'effectivement quand quelqu'un a le mal il y a tout un contexte général lié à ce patient. Et ce contexte général, il faut le comprendre, a-t-on affaire à un patient stressé, à un patient déprimé, à un patient isolé sur le plan social ? Tout un tas de facteurs qui vont pouvoir influencer, on va dire, son comportement vis-à-vis de la douleur et dont le témoin sera avant tout les incapacités. L'incapacité est le marqueur de la composante. psychologique et sociale de la douleur.
- Speaker #0
Quand on parle d'incapacité, on ne parle pas de handicap, on distingue bien les deux choses.
- Speaker #1
L'incapacité, c'est une... l'impossibilité de faire un certain nombre de choses, que ce soit dans la vie quotidienne ou ailleurs, dans le sport, etc., de manière... temporaire alors que le handicap c'est vraiment une incapacité qui devient cette fois-ci permanente. Ce distinguo n'est pas toujours bien clair dans la littérature. Incapacité ça peut être passager, le handicap c'est permanent.
- Speaker #0
Pour résumer un petit peu ces dernières questions qu'on vient d'aborder, on distingue bien ces deux types de douleurs, nociceptives et neuropathiques. On comprend qu'à partir de ce moment-là, la prise en charge du patient va différer parce qu'il y a des notions à intégrer dans le cadre de certaines douleurs neuropathiques. On est toujours sur la douleur. La question qui se pose maintenant, on a beaucoup parlé de diagnostic de lombalgie non spécifique. Donc la douleur, effectivement, on comprend. Mais c'est vrai que ce terme de lombalgie non spécifique est un peu fourre-tout et tu encourages les praticiens à faire un diagnostic plus précis en trouvant la... cause de la douleur, c'est-à-dire essayer d'identifier la lésion responsable de la douleur. Quel outil et quelle méthode tu utilises pour faire ce diagnostic lésionnel, si on peut dire ça comme ça ?
- Speaker #1
Lorsqu'on est face à ce genre de questions de diagnostic, on va dire, d'origine ou de diagnostic lésionnel, il faut se dire qu'il y a une atteinte au niveau du segment intervertébral et lorsqu'il y a une atteinte au niveau de ce segment, il y a forcément une logique clinique qui va dans le sens de la lésion. Et cette logique clinique, on va essayer de la retrouver. D'une part, quand on va poser des questions, est-ce que vous avez mal quand vous toussez dans votre bas du dos, est-ce que vous avez mal pendant l'activité, etc. On va essayer de le retrouver pareil au travers de l'examen physique, de telle manière à reproduire avec une logique clinique la structure qui est éventuellement à l'origine de cette douleur. Et, quelquefois et pas toujours, c'est là où il faut faire très attention si, selon les cas, il y a un lien.
- Speaker #0
avec l'imagerie. Puisque tu parles d'imagerie, c'est vrai que l'IRM est souvent utilisé pour diagnostiquer les problèmes de dos, et je dirais même moi, d'un bon point de vue, souvent prescrits trop précocement. Mais tu expliques que les anomalies qu'on voit sur l'IRM, prenons l'exemple du Nérydiska, c'est peut-être un peu plus compliqué, des anomalies les plus fréquemment rencontrées, que ces anomalies ne sont pas toujours la cause de la douleur. Anomalie ne veut pas forcément dire douleur. Alors comment tu analyses les résultats d'imagerie et comment tu expliques qu'une anomalie ne génère pas forcément de douleur et dans ce cas, comment l'imagerie guide ton traitement ?
- Speaker #1
Il existe des cas où effectivement l'imagerie peut être utile parce qu'il y a des symptômes qui nous l'évoquent. Et à ce moment-là, on va essayer de faire le lien, ça c'est toujours très important, entre ce que l'imagerie peut nous dire et les symptômes du patient. Et à ce moment-là, imaginons quelqu'un qui ait une atteinte discale évidente avec des signes, par exemple... de hernie discale, avec des douleurs en flexion, une impulsivité à la toux, on va utiliser tous ces éléments pour faire un traitement qui va dépendre de cette lésion et de la logique clinique. Par exemple, dans ce cas-là, on utilisera certains types de manipulations qui feront en sorte de ne pas mettre en tension la partie postérieure du disque, faire des techniques... dite de Gonstead avec des manipulations en extension pour éviter justement d'aggraver la lésion et de traiter la douleur.
- Speaker #0
Et bien justement, puisqu'on parle de manipulation vertébrale, c'est vrai que c'est une technique qui est couramment utilisée par les chiropracteurs. Est-ce que tu abordes énormément d'outils, enfin on aborde énormément d'outils dans le livre, mais sur l'item spécifique des manipulations vertébrales, quels sont les effets de cette approche ? en tout cas de cet outil sur le corps, quand est-ce qu'on peut utiliser les manipulations vertébrales ? Quels sont les risques ?
- Speaker #1
Les manipulations vertébrales, à mon avis, d'abord c'est un petit peu l'acte, on va dire, qui a fait en sorte que la profession ostéopathique et la profession chiropractique soient mises en avant. C'est un acte un petit peu central, qui ne se suffit pas à lui-même. Mais en tout cas, les indications... Les manipulations sont véritablement un acte majeur dans notre pratique. Ceci dit, ma pensée actuelle va à, pas l'opposé, mais contredit les notions sur lesquelles on était dans le passé, à savoir qu'il y ait une lésion spécifique qui réponde à la manipulation, par exemple, soit une hypomobilité segmentaire chez les chiropracteurs une espèce de dérangement intervertébral chez les médecins. En fait, je pense que tous les jours, on est amené à manipuler des lésions et que selon le type de la lésion, surtout quand elles ont un caractère mécanique, c'est là où, à mon avis, l'indication des manipulations sera la meilleure. Ceci dit, elles n'auront pas un effet spécifique sur la lésion. Elles auront un effet avant tout de détente musculaire, de diminution de la douleur, de proprioceptif qui donne à mon sens tout l'intérêt des manipulations.
- Speaker #0
Très bien, merci. Donc là, la manipulation vertébrale, c'est un des outils à disposition, notamment du chiropracteur. Et tu insistes beaucoup dans le livre sur l'approche dite multimodale. pour prendre en charge la lombalgie. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que ça veut dire concrètement et comment ça se passe, dans quel cas, ou en tout cas, est-ce que tu peux illustrer par l'exemple d'un patient, dans quel cas s'applique cette approche multimodale, quels sont les outils utilisés ?
- Speaker #1
C'est une question qui est très très très intéressante parce que, si tu veux, il faut en revenir encore à la douleur. Et au début, en tout cas, au type de la douleur, si par exemple on considère que sa douleur est... nociceptives et le fait d'utiliser dans ce cas-là la manipulation va permettre probablement de, selon la phase, le type de la lésion, de diminuer la douleur et améliorer le patient. Ceci dit, on a vu tout à l'heure que, en fait, au fond, cette douleur n'était pas forcément toujours nociceptive, qu'elle pouvait changer de nature, notamment quand elle devenait chronique. Et à ce moment-là, on ne peut pas utiliser qu'un outil. Il faudra utiliser un outil parce que cette douleur va devenir neuropathique. parce que le nerf qui va énerver la structure qui souffre va changer de fonctionnement. Donc il va peut-être falloir essayer de faire changer le mode de fonctionnement de ce nerf. Ou éventuellement, il va y avoir des symptômes qui vont... Une symptomatologie qui va dépasser ce type de douleur neuropathique pour passer à des douleurs neuropathiques qui vont toucher un petit peu le segment médulaire. On appelle ça une douleur neuropathique de type... Et à ce moment-là, on va utiliser des outils thérapeutiques, les manipulations, mais un traitement par exemple des dermatomes pour des dermocellulogies réflexes, des douleurs ténopériostées au niveau des tendons, utiliser des outils spécifiques pour ça. Et aussi quand il y a des cordons myalgiques ou trigger points. Et à ce moment-là, on va utiliser toute la panoplie d'outils qui vont dépendre à la fois cette fois... et de la lésion et du type de la douleur.
- Speaker #0
Donc tu parles effectivement de ces outils. Lorsque tu vas traiter par exemple des cordons myalgiques, pour rester simple, on parle de quoi ?
- Speaker #1
C'est-à-dire que là, lorsqu'on a un cordon myalgique, à notre sens, il n'y a probablement pas forcément de lésion au sein du tissu musculaire qui est douloureux, avec une caractéristique bien sûr pour le diagnostiquer. Mais on va utiliser des outils. thérapeutique susceptible d'enlever ce cordon. Par exemple, on utilisera soit des courants de l'électroacupuncture, en quelque sorte, la neuromodulation percutanée, et utiliser des courants de basse fréquence. On peut utiliser aussi de l'électrolyse percutanée, c'est du courant continu, et on peut aussi utiliser de la... Glucoponcture qui est une nouvelle technique, enfin pas si nouvelle que ça, mais qui est très utile, qui consiste à injecter du glucose à 5% au sein du cordon musculaire.
- Speaker #0
Donc toutes ces techniques ont un effet de désactivation du cordon de myelgie, qui ne traite pas une lésion, mais ils désactivent, pour simplifier, la contracture.
- Speaker #1
Je ne sais pas si on peut dire s'ils désactivent la contracture, en fait on va dire qu'ils désactivent le processus douloureux. que l'on a l'impression de sentir au sein de cette contracture.
- Speaker #0
Outre ces outils qu'on peut appeler de passifs, c'est-à-dire ceux qui sont réalisés par le chiropracteur ou par le praticien de médecine physique en général, quelle est la place des exercices ?
- Speaker #1
La place des exercices est majeure. Alors, si on en revient à notre système de feu de circulation, c'est l'outil thérapeutique qui, sur le plan scientifique... a montré le plus de preuves dans le cas des douleurs lombaires. Donc le renforcement musculaire a probablement à la fois des effets biomécaniques, en simplifiant peut-être de stabilisation de nos vertèbres, et puis de l'autre aussi un effet de neuromodulation de la douleur.
- Speaker #0
Pour ce qui est des médicaments contre la douleur, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou les antalgiques, utilisés bien sûr pour soulager la lombalgie, c'est en général la première ligne d'attaque du médecin généraliste lorsqu'il est consulté par son patient pour une lombalgie, quels sont les avantages et les inconvénients de ces médicaments ?
- Speaker #1
Alors avantages et inconvénients, je pense qu'ils font partie de la panoplie thérapeutique dont on peut avoir besoin, ça c'est la première chose. Mais après, c'est simplement qu'une histoire d'indication. A savoir que, on va dire, pour l'interview lui-même, savoir distinguer des douleurs qui auront plutôt une composante, on va dire, inflammatoire, douleurs nocturnes, déverrouillage matinal, où là on peut se poser la question de l'intérêt des anti-inflammatoires en particulier, et puis de l'autre, des douleurs qui auront plutôt... on va dire, une logique mécanique et pour lesquelles justement les anti-inflammatoires ne seront pas forcément nécessaires. Et c'est donc, on sort on va dire d'une standardisation un peu bête et méchante, où c'est vrai j'ai mal au dos, c'est médicament anti-inflammatoire, faites un peu de rééducation et c'est tout. Non, il faut essayer là encore d'en revenir à quelle est éventuellement l'origine de l'ADB.
- Speaker #0
Et enfin, toujours dans la partie thérapeutique des choses, qu'est-ce qu'il faut penser de la chirurgie ? On sait qu'elle est indiquée.
- Speaker #1
La chirurgie dans la lombalgie est rarement indiquée. Il faut se mettre un petit peu à la place des chirurgiens, à savoir que les cas d'indication sont là lorsqu'il y a un lien évident entre la symptomatologie et l'imagerie. Mais la plupart du temps... Mais les indications sont relativement rares si on regarde bien. Donc on va dire que les indications principales ce sont les conflits disco-radiculaires avec des déficits. Et dans d'autres cas, dans des cas de lombalgie chronique, invalidante, des arthrodèses dans le cadre de canales lombaires étroites, évoluées et d'autres pathologies quelquefois.
- Speaker #0
Et pour ce qui s'agit de l'instabilité lombaire, du point de vue chirurgical, qu'est-ce qu'il faut en penser ?
- Speaker #1
L'instabilité lombaire est un problème assez complexe. Il a d'abord été traité dans le cas de spondylolisthésis dégénératif et lorsqu'il y avait des troubles neurologiques. L'instabilité en fait est une réalité qui est associée au syndrome dégénératif. Ceci dit, lorsqu'il n'y a pas de troubles neurologiques et qu'on est en face d'une lombalgie avec une instabilité, Les enquêtes épidémiologiques, pour l'instant, ne nous permettent pas de dire si ce lien entre la douleur et cette instabilité est direct. Et donc, les indications sont encore très difficiles à poser.
- Speaker #0
Et bien, maintenant, on va parler un petit peu de prévention. Alors, quels sont les conseils qu'on pourrait donner aux patients et pour ceux qui n'ont pas encore mal au dos, justement, pour prévenir l'apparition du lombalgium ?
- Speaker #1
Alors, la prévention... Première remarque, et d'abord le parent pauvre de la plupart des livres qui traitent de la lombalgie. La deuxième chose, c'est que lorsque l'on parle de prévention, il faut savoir de quoi l'on parle. Il y a plusieurs types de prévention. Primaire, c'est avant que la pathologie arrive. Secondaire, c'est quand il y a des premiers symptômes qui sont là, comment on va essayer d'empêcher que la maladie apparaisse. Et la troisième, c'est quand la maladie est apparue et que l'on ne veut pas que cela récidive. Mais globalement, ce qui nous apparaît le plus important, Dans le cadre de la prévention, c'est avant tout, comme on le dit dans le livre, à savoir bien bouger avec un dos fort. Dos fort, ça veut dire un renforcement des muscles paravertébraux avec une physiologie qui est particulière que l'on décrit. Et le deuxième point, c'est de bien bouger, à savoir lorsque l'on fait des efforts, savoir bien verrouiller son dos.
- Speaker #0
Alors, on conseille souvent de se reposer lorsque l'on a une lombalgie aiguë. Mais toi, tu sens plutôt qu'on sait de reprendre l'activité physique rapidement. Pourquoi ? est-ce si important et comment tu expliques cela à tes patients ?
- Speaker #1
Il y a des preuves aujourd'hui que le repos, en tout cas trop de repos, est négatif lorsque l'on a une lombalgie aiguë et a fortiori des radiculopathies. La plupart des temps, les gens ont peur, ont peur de bouger, alors que reprendre une activité le plus rapidement possible est au contraire bénéfique dans ces cas-là.
- Speaker #0
Pour les patients qui souffrent de lombalgie chronique, qu'est-ce qui peut leur donner de l'espoir ?
- Speaker #1
La lombalgie chronique est par définition une pathologie ou des pathologies qui ont tendance à être récurrentes. L'objectif c'est d'expliquer à ces patients qu'il y a besoin d'une prise en charge régulière, par exemple comme une pathologie comme l'asthme. Ce n'est pas une pathologie qui va guérir forcément dans le temps, mais lorsque l'on associe plusieurs thérapeutiques à la fois, des thérapeutiques actives et d'autres techniques encore, on arrive à stabiliser la pathologie, voire à l'améliorer et faire en sorte que le patient se gère.
- Speaker #0
Alors ça c'est un point important. Tu veux dire qu'on a une approche de type maintenance dans ces cas-là ?
- Speaker #1
Absolument. Là aussi, il y a des preuves aujourd'hui. que la rassurance et que la prise en charge chiropractique régulière au travers d'exercices, au travers d'une vie saine, au travers de thérapeutiques ciblées contre la douleur, on arrive encore une fois à stabiliser, voire à améliorer la qualité de vie de nos patients.
- Speaker #0
Alors on va parler un petit peu de futur et d'avancée. Et alors, quelles sont les recherches les plus prometteuses à venir ? pour soigner la lombagie dans le futur ? Quels sont les axes de recherche qui risquent de venir aider à améliorer la prise en charge du patient ?
- Speaker #1
Pour le futur, pour la recherche, je pense qu'il y a trois aspects qui seront développés bientôt. D'abord, je pense à l'imagerie. L'imagerie qui nous permettra de voir de plus en plus de lésions et de faire une association. éventuels avec les symptômes, mais surtout l'imagerie dynamique qui nous permettra de voir là aussi des symptomatologies que l'imagerie classique ne peut pas voir, notamment par exemple certains conflits qui sont évidents en clinique et qu'on n'arrive pas à voir à l'imagerie. Ensuite, l'imagerie en corps qui va nous permettre d'être de plus en plus précis. pendant nos traitements parce que notamment elle pourra nous aider à guider, à faire des traitements par éco-guidage par exemple, de plus en plus précis, avec les scanners aussi ou avec les IRM. Dernier point, je pense que la médecine dite régénérative sera aussi une technique d'avenir parce que par exemple, on pourra à partir de cette imagerie, pour traiter des pathologies telles que la dégénérescence des multifidus, que l'on peut voir commencer à voir avec l'échographie, grâce à des nouvelles techniques telles que la prolothérapie, par exemple.
- Speaker #0
Écoute, je te remercie beaucoup. Je pense qu'on a fait un tour d'horizon un petit peu de ce livre. Alors, à mon tour, je me fais le relais de questions que j'ai pu avoir de confrères suite à la publication de TMS du Rachis Lombert. Et une des questions qui est revenue plusieurs fois, A savoir que dans le livre, on parle de douleurs neuropathiques selon une définition assez anglo-saxonne des choses. Et les retours de confrères francophones semblent vouloir dire que leur notion de douleurs neuropathiques n'est pas la même. Est-ce que tu pourrais répondre à cette distinction afin d'éclairer un petit peu le sujet ?
- Speaker #1
Oui, il s'agit en fait d'une question de définition. On va dire qu'en France notamment, les douleurs neuropathiques... sont associées à des lésions, par exemple une neuropathie diabétique. Alors que dans les pays anglo-saxons, la classification est différente et elle se rattache à une notion de dysfonctionnement neurologique, que ce dysfonctionnement soit périphérique ou que ce dysfonctionnement soit central. Et je pense là que c'est un point majeur et qu'il s'agit d'une originalité. propre à ce livre, à savoir que nous avons distingué trois stades de dysfonctionnement dans le cadre des lombagies, trois stades de douleurs dites neuropathiques.
- Speaker #0
Je te remercie pour cet éclaircissement. Et alors maintenant de ton côté, est-ce que tu as un message particulier que tu pourrais faire passer par rapport à ce livre ?
- Speaker #1
Le message que j'aimerais faire passer, c'est que ça faisait depuis longtemps qu'un livre français sur la lombalgie n'avait pas été publié. Je pense que le point fort de ce livre tient au fait qu'il s'adresse à une population large, que ce livre pourra être lu par tout un tas de professionnels, des ostéopathes, des kinésithérapeutes, évidemment les chiropracteurs, mais aussi les médecins de médecine physique. C'est un livre qui a été fait de manière didactique, c'est un livre qui est associé à de nombreuses images, images venant expliquer le texte ou inversement. Donc je pense que c'est un livre qui se lira facilement et qui permettra à chacun d'entre nous, je l'espère, pouvoir progresser dans leur prise en charge.
- Speaker #0
Très bien, donc là c'est pour tous les praticiens de santé. Est-ce que ce livre a un intérêt pour les patients eux-mêmes ? Est-ce qu'ils ont intérêt à acheter ce livre ?
- Speaker #1
Je pense qu'il y a un chapitre qui est particulièrement important pour les patients, c'est le chapitre sur la prévention justement, parce que c'est un chapitre très simple à comprendre, avec des techniques de rééducation très claires, un programme de rééducation qui peut s'effectuer à chaque stade de la prévention, et qui est accompagné d'ailleurs de vidéos, et qui peut être compris par de nombreux patients.
- Speaker #0
Alors maintenant, si on veut se procurer ce livre, comment on procède ?
- Speaker #1
C'est très simple, on peut déjà taper sur Google TMS, troubles musculosculatiques du rachis lombaire et on va le trouver sur toutes les plateformes, sur Google, sur Amazon, sur la FNAC et donc on pourra le commander très rapidement.
- Speaker #0
Et bien Carl, Vincent, je te remercie beaucoup pour cette interview et puis n'hésitez pas à revenir vers nous si vous avez des questions relatives à ce livre, s'il y a des chapitres qui ne sont pas clairs ou des points bien précis qui ne sont pas clairs. J'essaierai d'y répondre pour ma part et de transmettre également ces questions à Karl.
- Speaker #1
Cyril, un grand merci pour cette interview et à bientôt.
- Speaker #0
A bientôt. Alors, je voudrais faire un petit rappel à la fin de cette interview. Le livre s'appelle TMS, Troubles Musculosquelétiques du Rachis Lombaire, édité chez Elsevier-Masson. Les auteurs sont Karl Vincent, Cyril Fischhoff, Olivier Guénoun et Emmanuel Millery. Je vous donne rendez-vous très bientôt dans un nouvel épisode du podcast Vertèbre & Co. En attendant, portez-vous bien, restez actifs, et si vous avez des questions ou des idées de thèmes que vous souhaitez que nous abordions, n'hésitez pas à me contacter sur la page du podcast vertebre&co.com. Je vous donne rendez-vous très...