Speaker #0Salut tout le monde, ici Octobre. Bienvenue sur Vicos, le podcast où on parle des victimes et où on les aime. Excusez-moi, je vous interromps tout de suite, c'est Octobre de la post-production. Voilà, je fais une petite interruption dans le podcast pour vous dire que désormais, nous allons additionner ce nouveau temps de parole comme ça en surprise, car je me rends compte que parfois, j'ai envie de préciser mon propos après le tournage. Quand je tourne, ça dure à peu près deux ou trois heures, ensuite je monte, il y a des petites choses que je laisse passer ou que je ne développe pas pas ou ne précise pas suffisamment et je pense que sur ce genre de sujet, il faut être précis et précise. Voilà, je vous embrasse, à tout à l'heure et puis je reprends mon histoire, là où elle s'était arrêtée c'est-à-dire je sors de la brigade des mineurs et je rentre chez moi. Donc je suis rentrée chez moi avec la tête bien embrumée et j'ai décidé d'en parler à mes parents puisque le policier m'a dit que vu que j'entamais des procédures Merci. Vu que j'avais porté plainte et qu'un procès allait exister sûrement suite à la confrontation avec Nicolas, il fallait que j'en parle à mes parents. J'étais hyper stressée, hyper effrayée. Je me demandais comment aborder le sujet. Et c'est vrai que j'avais moins peur de le dire à ma mère qu'à mon père, puisque avec mon père, c'est moins évident de parler de sujets intimes. Voilà, c'est quelqu'un qui est assez... ses secrets. Bon, avec ma mère, c'était un peu plus simple et puis, comme j'étais en dépression pendant tout ce moment-là, elle venait souvent me voir dans ma chambre parce que je sortais pas de ma chambre et tout. Et donc, le soir, je rentre et puis je me mets dans ma chambre et puis elle monte. Puis là, je lui dis, je mets beaucoup de temps, je bégaye beaucoup, je tourne en rond. Je pense que, d'un moment, elle s'attendait à quelque chose. Enfin, à mon avis, vu le temps que j'ai mis pour arriver à à raconter l'histoire. Je pense qu'elle a compris au bout de deux mots, mais bon, elle m'a laissé finir. J'ai recommencé du début, j'ai parlé de la colo. Je ne me rappelle pas beaucoup de ce moment-là, en fait. Déjà de un, parce que j'allais très très mal et que quand on va très très très très mal, la mémoire nous joue des tours. C'est-à-dire qu'il y a des moments où on ne sait plus bien ce qui se passait parce qu'on avait une vision de la réalité qui était complètement altérée. Et puis aussi parce que c'est un moment d'émotion tellement grand que j'ai l'impression qu'il fallait mieux que j'oublie. Je me souviens de la position, j'avais la tête sur ses genoux, je pleurais beaucoup, elle était assise sur mon lit, elle n'a rien dit, il me semble que j'ai bégayé, colonie, moniteur et puis agression. Dans ma tête, ça s'est fini comme ça. Moi j'avais trop peur d'en parler à mon père, j'étais trop inquiète de sa réaction, non pas que je pensais qu'il allait m'en vouloir et tout, mais potentiellement je le mettais aussi en danger lui, en le mettant dans une situation émotionnelle, peut-être qu'il ne serait pas capable de gérer devant moi. Voilà, j'ai dit à ma mère de lui en parler, à lui. Et puis, ça s'est fait comme ça. Et ça n'a pas été un grand événement dans ma vie. Parce qu'ils ont réagi comme s'ils étaient au courant depuis des années. Alors que je pense vraiment qu'ils n'étaient pas au courant. Enfin, je ne sais pas, je ne suis pas dans la tête de mes parents. Peut-être qu'ils ont imaginé des choses à des moments, qu'ils étaient inquiets et tout. Mais en tout cas, ce n'était pas pertes et fracas, ce n'était pas les cris, ce n'était pas les larmes. Ils ont accueilli ça très... très silencieusement finalement. Je parle avec du recul, c'est pas pour émettre un jugement sur leur réaction, je parle de cette réaction pour parler de réactions possibles de proches, et dans mon cas ça a été comme ça. Puis dans d'autres cas ce sera autrement. Je crois pas qu'il y ait de bonnes ou de mauvaises situations. Non putain, j'ai failli partir en astérix obélix. Je crois pas qu'il y ait de bonnes... Mais oui, mais c'est ça, je crois pas qu'il y ait de bonnes ou de mauvaises réactions. En tout cas, je sais que moi, je me suis imaginée des réactions. J'ai fantasmé ce moment et que ça ne s'est pas du tout passé comme je l'avais imaginé, ni en bien ni en mal. Ça ne s'est pas passé comme je l'ai imaginé. Ce qui est fou dans l'aveu, c'est que moi, dans tous les moments où j'ai pris la parole, j'ai attendu quelque chose des auditeurices en face, que ce soit lors de mon procès, que ce soit lors de l'aveu à mes différents proches. J'ai attendu quelque chose et ça je crois que c'était pas cool de ma part, pour moi-même en fait, parce que ce sont des individus à part entière, je peux leur faire confiance dans leur façon de gérer l'accueil et c'est pas eux qui vont sauver quelque chose par leur réaction. Mais j'ai compris plus tard pourquoi j'attendais tant de ce moment, c'est parce que pour moi les réactions c'était aussi un indicateur, une prise de conscience que ça arrive vraiment. Il me semble que j'en avais déjà parlé dans les autres épisodes, mais je continue aujourd'hui, en 2025, de réaliser que ça m'est arrivé. Ce n'est pas quelque chose qui est acquis avec moi-même. Je continue. Et c'est étrange comme voyage de se rendre compte que ce n'est jamais acquis la réalisation de la violence que j'ai pu subir. Et à différents niveaux, évidemment, parce que Vicose parle aussi des répercussions de ce traumatisme et comment il les va affecter plus tard. mon cerveau, mes mécanismes physiques et psychologiques, on y reviendra. Du coup, ce qui crée une attente dans le regard des autres, pour ma part, j'ai attendu de comprendre ce qui m'arrivait en voyant la réaction des autres. Et parfois, quand la réaction n'était pas à la hauteur de la violence que j'ai ressentie, ça pouvait... quelque part minimiser ou remettre en question ce que j'avais vécu. Je me disais, tiens, finalement, ce n'est pas si grave. Et ça, je ne veux absolument pas que les auditorices qui écoutent ça se disent qu'il faut... Non, restez vous-même dans l'accueil de propos, évidemment. Je pense que c'est le problème de la victime qui, à ce moment-là, ne peut pas attendre de quelqu'un d'autre une réaction qui lui permettrait de réaliser. Ce n'est pas du tout ça que je veux dire, mais... Je remarque, en tout cas, moi, ça a été ça. Je pense que ça joue encore chez moi fort ce truc de quand je raconte une histoire, le diapason que je mets sur la réaction de la personne en face de moi. Si je vois un énorme choc sur la personne, je me dis, putain, oui, effectivement, c'est grave, t'as raison d'en parler, ta souffrance est légitime. Mais ça, c'est évidemment un problème qui m'appartient et que je dois travailler tout simplement. Juste, je l'évoque parce que c'est ma réalité. Mais revenons à nos moutons. Une fois l'aveu fait à mes parents, je continue de sombrer dans une dépression qui s'empire chaque jour. Et puis, c'était le Covid encore, donc ça m'arrangeait bien parce qu'il n'y avait rien d'autre à foutre que de ne pas sortir. Donc, je ne voyais personne, ça m'arrangeait bien. personne ne pouvait constater les hardcore dans lequel j'étais, je n'avais à justifier de rien à personne. Donc c'était trop pratique. Le policier m'appelle et me dit qu'ils vont interpeller Nicolas à son travail et que je devais me tenir prête à venir faire la confrontation. Donc je suis restée chez moi, j'attendais. Je n'ai rien fait d'autre qu'attendre vraiment. J'attendais. J'attendais de recevoir cet appel. avec l'envie de mourir chaque seconde, donc c'est compliqué. C'est vraiment un marasme, j'ai plus du tout d'images qui me reviennent. Parce que tout ça, ça s'est fait en plusieurs mois, et entre les événements, j'ai plus d'images, plus de sons, quoi. C'est comme si j'étais déjà un peu morte. Et puis l'appel est venu, donc c'était très tôt le matin, ils vont l'interpeller à 6h du matin. Ils le mettent en garde à vue pendant, je ne sais pas, 2-3 heures. Ils lui posent des questions et on passe à la confrontation. Je ne sais plus si c'était le matin ou l'après-midi. Je sais juste que j'y suis allée avec mes parents, mon accompagné. Il me semble aussi qu'il y avait Héloïse, mais je ne suis plus sûre. J'ai tellement attendu ce moment que j'étais dans une sorte de flottement. Et j'étais vraiment en dissociation. C'est-à-dire que pendant tout le trajet allé, je n'étais pas là. J'étais tellement stressée. C'est fou de revoir son agresseur 15 ans après, c'est fou. Je me suis fait des images, j'ai rêvé de lui, j'ai cauchemardé de lui tellement de fois. A la fois je me rappelle très bien de sa tête et à la fois elle était un peu floue. Mais il avait des traits du visage que je reconnaissais tellement que souvent dans la rue ou quand je rencontrais des nouvelles personnes qui avaient des traits similaires, vous savez des fois, il y a des personnes qui se ressemblent beaucoup ou qui ont des traits un peu similaires. Quand je rencontrais ces gens-là, je les détestais immanquablement. Je les détestais d'avance. Je les évitais parce que je les retrouvais trop. Je les retrouvais trop, ça ne me plaisait pas du tout. Et puis, j'arrive au commissariat, au même que la brigade des mineurs. Et pareil que la dernière fois, mes parents, Héloïse et toutes celles qui m'ont accompagnée, je ne me rappelle plus bien, restent en bas, puis moi je monte. Et puis même couloir avec les dessins d'enfants. Et je ressens le malaise qui monte et puis mon cœur qui s'accélère, j'ai très très peur. Et puis, la première fois que j'y suis allée, je suis rentrée directement dans un bureau. Mais là, le policier me dit qu'il faut que j'attende dans la salle d'attente. Et donc, je me retrouve dans une petite salle. C'était une petite salle avec vraiment des affiches de dessins animés partout. Et c'était vraiment une salle d'attente de docteur. Et il y avait une table au milieu avec des magazines, Picsou Magazine et... Et je ne sais quel autre magazine pour enfants, avec des crayons de couleurs partout, des feutres. Vraiment une salle d'attente de médecins avec des petites chaises pour enfants, qui faisaient vraiment genre 10 cm, les petites chaises colorées avec des grosses fleurs, là en forme de grosses fleurs. Et je me suis assise et il y avait déjà une petite fille qui attendait avec sa maman. Et on était assises face à face, vous savez c'est des carrés, on était assises face à face avec la petite fille. Et on s'est regardées, pas longtemps, mais on s'est regardées. Et je pense qu'elle et moi on a dû se dire la même chose, c'est-à-dire qu'est-ce que l'autre fout là ? Parce que j'avais clairement pas l'âge d'être une enfant. Et moi qui me disais, mon dieu, comment c'est possible que cette gamine de... Je sais pas, 6-8 ans, soit là. Déjà, comment elle a fait pour parler ? Bravo, moi j'étais en mode ok. Puis en même temps, je me disais, non mais c'est pas possible, pourquoi t'es là ? On se regardait pas avec la mère, je pense qu'on s'évitait du regard. J'étais vraiment hyper triste de la voir. Et j'avais envie de lui faire un câlin, et de l'encourager, de lui dire qu'elle était courageuse et tout. Puis j'ai rien dit, évidemment, j'étais bien trop stressée. J'arrivais plus à respirer, enfin moi j'étais déjà en attaque de panique, mon cœur y battait à 200 000 à l'heure. J'étais terrorisée, c'est même pas le mot, j'étais... En fait je crois qu'il n'y a pas de mot qui puisse décrire cet état. Et puis le policier vient me chercher et m'emmène dans le bureau d'en face. C'était une pièce tout en long et au fond de cette pièce, il y avait le bureau du policier avec son ordinateur, il s'est mis derrière. Et Nicolas était devant moi, sur une chaise devant moi, mais il était dos à moi. Quand je suis rentrée dans la salle, il était dos à moi, il s'est pas retourné, donc j'ai pas vu son visage. Il portait une marinière, ça je m'en rappelle très bien, et il avait les cheveux longs et gris, ce qui me paraissait fou parce que... Moi quand je l'ai connu, c'était pas du tout ça quoi. Et j'étais hyper curieuse de voir son visage et en même temps je voulais pas du tout le voir. Et le policier m'a dit, assieds-toi, Nicolas ne se retournera pas, il n'en a pas le droit, donc tu ne verras pas son visage. Et c'était comme ça qu'ils avaient... qui m'avait protégée. Donc je me suis installée derrière lui, donc je parlais littéralement à son dos. Le policier a mis en route la caméra, et très simplement, il a dit, « Vas-y Octobre, raconte-nous l'histoire. » Et il y a eu un silence, et je me suis... Et c'est horrible les silences, parce qu'il faut casser le silence, et le premier son qui sort, moi j'avais envie qu'il soit affirmé, un son sûr, un son d'une personne qui a grandi, qui est... prête quoi, bah c'était pas du tout ça c'était pas du tout ça, j'ai bégayé j'avais une voix chevrotante et je savais pas par où commencer, je savais pas si parler à la troisième personne ou dire je et ce qui était dur dans ce moment c'est que j'avais très très fort envie de dissocier et quand on dissocie ça veut dire on sort de son corps, pour moi l'événement était trop fort l'émotion était trop, tout était trop Trop lunaire, trop incroyable, incroyable dans le mauvais sens, c'est-à-dire pas croyable, genre trop... C'était un film, c'était tellement un film que je regardais le film de ma vie, c'est-à-dire que je n'étais plus dans mon corps, et en même temps, je sentais que je partais, que je ne pouvais pas vivre cet événement, donc j'essayais de tirer, enfin je ne sais pas comment dire, vous voyez cette image, comme dans les films, des gens qui sortent de leur corps, le fantôme qui sort du corps, qui se regarde et puis qui s'envole, ben... Je me voyais comme ça, je me voyais sortir de mon corps et me regarder. Et en fait, je voulais tellement, je savais qu'il n'y en aurait qu'une seule de confrontation. Et je veux tellement la vivre pleinement pour ne pas la regretter, de ne pas avoir de là ou de ne pas avoir pu dire, que j'essaie de tirer sur mon âme. Enfin, c'est trop bizarre, c'est pas du tout... Mais j'essaie de rester dans mon corps pour être en pleine conscience. Et j'y arrivais pas parce que les mots, c'était trop pour moi. Donc j'ai passé mon temps à lutter comme ça dans un entre-deux de soi-même, où j'essayais de tirer, tirer, tirer. J'ai cette image-là en fait, d'essayer de tirer sur mon âme comme sur un ballon pour qu'il revienne dans mon corps, à l'intérieur de mon corps. C'était horrible. Et du coup, j'essayais de m'attraper le genou, enfin de me toucher des parties de mon corps pour rester bien là, pour raconter l'histoire. Et j'ai raconté l'histoire. et puis euh je vais À un moment donné, pendant l'histoire, il a explosé en sanglots, il s'est mis à pleurer. Et ça, j'ai trouvé ça tellement odieux, tellement insupportable, que ça m'a mise en colère très très fort. Et là, j'ai commencé à monter le ton parce qu'il pleurait et je voyais son dos qui sanglotait, qui faisait des soubresauts, qui faisait... Vous savez, quand on fait ça, les sanglots, on a le corps qui... tremble, on a le dos qui bouge et je voyais son dos bouger dans sa marinière insupportable, j'avais envie de lui exploser le dos et lui dire mais tu te fous de ma gueule, c'est moi qui devrais pleurer est-ce que tu rigoles ? Et moi je pleurais pas, je racontais ça et je pleurais pas et je me disais, j'arrive pas à pleurer et ça m'agacait parce que, en fait je me disais je veux pleurer, je veux pleurer pour vivre mon émotion et puis après que ça parte que ce soit terminé et je pleurais pas parce qu'en fait C'est impossible. C'est à la fois le temps est beaucoup trop lent et à la fois c'est beaucoup trop rapide. Et j'étais dans une frustration de... Il faut saisir le temps, il faut saisir sa chance de dire. Et ça m'effilochait entre les doigts comme du porc effiloché. Je ne sais pas comment décrire cette frustration, ce sentiment d'impuissance, même dans les mots, quand les mots ne suffisent plus, quand l'émotion ne suffit plus, quand plus rien de ce que je peux produire comme son ne suffit pour, et à la fois me permettre de vivre mon moment, et de dire et d'être digne, et à la fois ne pas m'effondrer pour ne plus rien dire ou pour juste geindre. Et c'était terrible parce que quand j'ai fini de parler, il a dit une phrase que je n'oublierai jamais. Et je ne sais pas pourquoi ça me fait sourire, ça me fait sourire de mépris, de haine, enfin, c'est parce que les larmes ne pourront jamais pleurer suffisamment cette phrase, mais... Il a dit... J'ai souillé son innocence. Et il l'a dit d'une manière... Il n'a pas dit oui, c'est-à-dire que quand j'ai décrit les agressions, il n'a pas dit oui, j'ai fait ça, mais il a dit j'ai souillé son innocence. Et bien sûr qu'on était filmé et que ça comptait immédiatement comme un aveu, mais moi je l'ai très mal pris. Parce que ce n'est pas un aveu comme les autres, ce n'est pas oui, c'est vrai, elle a raison, elle dit la vérité. Non seulement il ne dit pas ça, et j'avais besoin qu'il le dise, mais il n'a pas dit ça. Il a dit Plus tard, il a dit « elle ne ment pas » par la négative. Elle n'a pas dit « elle dit la vérité » . Il a dit « elle ne ment pas » . Et pour moi, c'est encore ne pas me donner encore les pleins pouvoirs. Et ça me fait gerber. Mais j'ai son innocence. Il y a une grande forme d'emprise. Il y a une grande forme de pouvoir. Et il y a aussi une forme de fierté et de plaisir encore. Il y a un plaisir. et Pour ça, j'ai ressenti une colère, une haine hors de ma possibilité. Parce que je me suis dit, ah le bâtard, il jouit encore de ça. Ouais, ouais, là, je... Ouais, ouais, c'est... C'est... C'est... Ouais, c'est... Bah, la violence ressentie, elle est... Elle est lunaire, je ne peux qu'en rire. J'avais des envies de meurtre. J'avais... C'était terrible. Et ensuite, il a pris la parole sur les agressions. Parce que j'ai détaillé les agressions. Comme j'avais expliqué dans l'épisode précédent, le policier m'avait demandé de détailler les attouchements, s'il y a pénétration, etc. Et il a avoué une partie, mais il n'a pas tout avoué. il a dit que le reste Si vous voulez, tout ce qui s'est passé en haut du corps, il a reconnu, il a avoué. Et à partir du moment où j'ai commencé à parler du bas du corps, il a dit qu'il ne s'en souvenait pas. Et là, on ne peut pas, si l'agresseur refuse de dire, en fait on ne peut rien faire. Bon, il a avoué une partie, donc c'est condamnable. Ça vaut pour le procès. Et d'ailleurs, les policiers ne cherchent même pas plus. C'est-à-dire qu'à partir du moment où il a avoué un petit truc, on s'en fout qu'il n'ait pas tout avoué. On prend ce qu'il y a, on l'emmène au tribunal. Ce qui est à la fois bien et pas bien, puisque moi, j'aurais voulu qu'ils reconnaissent tout en intégrité. Après, comme moi, j'ai des blackouts aussi, c'est compliqué. de refaire le puzzle et en même temps ben c'est vrai qu'à partir du moment où c'est tellement rare déjà d'avoir un aveu et tout que partir du moment où ça part en procès ça part en procès et que pour eux ça suffit on y va quoi c'est bon et ensuite il s'est passé une scène un peu étrange c'est que le policier m'a dit bon bah très bien il a avoué je veux faire les papiers on va signer et puis je vais vous laisser enfin je vais vous laisser partir on va vous ramener en cellule et tout enfin vous on vous emmène et puis Octave va rentrer chez elle en attendant la date du procès. Enfin, avant le procès, il y a eu quand même l'enquête. Et donc, le policier se lève et je le vois passer devant Nicolas, qui, je le rappelle, était devant moi, assis devant moi. Il marche et il arrive à ma hauteur. Et là, je lui attrape le poignet et je le regarde droit dans les yeux. Je lui dis, mais vous allez où ? Il me dit, t'inquiète pas, je vais faire des photocopies. Je suis juste derrière la porte. Et il me fait un clin d'œil. Et je me dis mais il me laisse toute seule ? Il me laisse toute seule dans la pièce avec lui ? Je me dis mais... Et en fait il me dit vas-y quoi, dis-lui ce que tu as à lui dire, moi je pars. Et là je bug, je suis terrorisée parce que je me retrouve toute seule dans la pièce avec Nicolas. Alors le policier était à 5 mètres derrière moi, dans le couloir en train de faire des photocopies. évidemment il aurait rien pu se passer mais moi j'étais terrorisée que Nicolas se retourne et me regarde moi c'était ma seule peur, je savais qu'il n'allait pas avoir d'agression mais je ne voulais pas que Nicolas se retourne et me regarde, parce que du coup j'avais préservé mon visage et c'était tout ce qui m'importait alors comme on était en Covid, on avait les masques mais je voulais quand même pas qu'il me voit et puis qu'il voit ce que je suis devenue, et puis là j'ai commencé à parler et puis je l'ai insulté je l'insultais je l'insultais mais ça me faisait pas du bien, c'est étrange je me rendais compte que plus je parlais plus c'était intarissable et puis plus ça me faisait rien en fait j'essayais vainement de me faire du bien en l'insultant et tout mais c'était tellement la douleur ressentie était tellement incommensurable que les mots n'était pas suffisant. Mais même si dans un univers, je l'avais frappé, par exemple, je ne suis même pas sûre que ça aurait suffi. Enfin, je pense que j'étais complètement... Déjà, j'essayais de ne pas dissocier, mais en même temps, je pense que je dissociais beaucoup. Je pense que j'étais complètement désarmée. On était au-delà de tout. J'étais dans un état de vulnérabilité, puis dans un état brut qui était inconnu jusqu'à... qu'avant et mon corps n'arrivait pas du tout à encaper l'info de cet état du choc émotionnel que j'étais en train de vivre parce que c'est un choc de revoir son agresseur je vais pas mentir là dessus pour moi ça a été un choc revoir son agresseur ou son agresseuse c'est c'est pas piqué des hannetons c'est un délire voilà je l'ai insulté et puis le policier est revenu Et il m'a dit, ah tiens, je pensais que tu aurais crié plus fort. Et je l'ai regardé. Je me suis dit, mais il est malade ou quoi ? En fait, je ne peux pas, mais même si je pouvais, mais je... Mais j'ai plus rien là. En plus, ça me faisait culpabiliser parce que je me disais, ah bah, j'aurais dû crier plus fort en plus. J'ai pas été assez efficace. Et voilà, tu vas regretter maintenant. C'est ça que j'ai ressenti. Je me suis dit, et bah voilà, même là, t'es une merde. Tu peux pas insulter assez fort. Non, mais de toute façon, je pense que le move de ce policier était bizarre. Et puis que c'était bien tenté. Je pense qu'il y avait un bon délire derrière. Mais bon, j'étais pas vraiment en état, quoi. Puis il m'a fait sortir. J'avais les jambes qui flageolaient. Et ensuite, j'ai retrouvé mes parents comme un fantôme, un petit zombie. Et on est rentrés. La seule chose dont je me souviens, c'est mon lit. De retourner dans mon lit. Mon lit, c'était mon seul endroit de repère. Il n'y a que quand j'étais allongée dans mon lit que je me sentais à peu près bien et à peu près en sécurité. D'ailleurs, ça a laissé des traces. Souvent, quand je suis très stressée, il faut que je m'allonge dans mon lit. Parce que c'est le seul endroit que je repère comme un espèce de bateau en sécure. Et voilà les amis, je vous laisse. la suite au prochain épisode. Oui, Kim, tu vas devoir patienter. Je vous remercie infiniment de m'avoir écoutée. Merci pour les retours, les commentaires, bienveillants, constructifs. Tout ça m'aide énormément, me fait très très chaud au cœur. Désolée, il y a mon chat qui joue juste à côté de moi, mais on l'aime très fort, il s'appelle Vic. N'hésitez pas à partager en masse et à continuer de me faire des retours. Tout ça m'aide une aide extrêmement précieuse. Je vous embrasse, prenez soin de vous. Les numéros sont dans la barre d'infos toujours. N'hésitez pas si vous avez besoin d'aide. Je vous raconte la suite de l'enquête. Nous arrivons bientôt au procès. Accrochez-vous bien, mesdames et messieurs. Allez, je vous embrasse fort. Ciao !