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Vie de Maire

#16 - Laurance Bussière - Franc-parler et juste agir - Daubeuf-la-Campagne (27)

#16 - Laurance Bussière - Franc-parler et juste agir - Daubeuf-la-Campagne (27)

55min |23/12/2024
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#16 - Laurance Bussière - Franc-parler et juste agir - Daubeuf-la-Campagne (27)

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55min |23/12/2024
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Description

Dans les communes de moins de 1000 habitants, quel est le rôle d’un maire ? C’est ce que nous continuons d’explorer dans cette série de 3 épisodes enregistrés au Congrès de l'Association des Maires Ruraux de France où nous nous sommes rendues avec Clémentine en octobre dernier.


Notre invité du jour est Laurance Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagne, village de 242 habitants niché dans l’Eure et Présidente de l’association des maires ruraux de l’Eure.


Avec elle, nous avons parlé de : 

  • la lutte contre l’injustice comme moteur d’engagement

  • du tabou tenace sur l’accompagnement psychologique des maires confrontés au suicide d’un de leur administré

  • de son engagement contre les violences intrafamiliales

  • de l’impossibilité d’être apprécié par tous lorsqu’on est “grande gueule”, comme elle aime à se définir.


_______________________________________


Rendez-vous sur Instagram @viedemaire et inscrivez-vous à la newsletter pour être tenu au courant des actualités du podcast et des prochains épisodes. 


Episode animé par Margot Alquier


Crédits : Générique réalisé par Ophélie Baribaud   


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Vies de Mère.

  • Speaker #1

    Je suis Clémentine Guilbeault de Maison et moi Margot Elkier.

  • Speaker #0

    Et dans ce podcast,

  • Speaker #1

    on part à la rencontre des maires de toute la France.

  • Speaker #0

    Notre but ?

  • Speaker #1

    Remonter à la racine de leur engagement.

  • Speaker #0

    Comprendre leur quotidien, leurs difficultés et leurs réussites. Et peut-être vous donner envie de vous bouger vous aussi pour votre commune. Vies de Mère, c'est une sacrée vie de mère. Dans les communes de moins de 1000 habitants, Quel est le rôle d'un maire ? C'est ce que nous continuons d'explorer dans cette série de trois épisodes enregistrés au congrès de l'Association des maires ruraux de France, où nous nous sommes rendus avec Clémentine en octobre dernier. Notre hôte du jour est Laurence Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagne, village de 242 habitants nichés dans l'Eure. Un premier épisode dans lequel le tutoiement sera de mise, parce qu'avec Laurence, nous nous connaissions déjà. Au titre de sa casquette de l'Association des maires ruraux de l'Eure, elle a été une des premières maires à apporter un soutien électoral. indéfectible à l'association Bouche ton coq, dans laquelle je travaille, et dont l'ambition est de changer la vie dans les villages en créant des solutions citoyennes pour lutter contre la désertification des services essentiels. Lorsque j'ai proposé à Laurence de passer derrière le micro de Vie de mer, elle m'a d'abord dit non. Son domaine, c'est l'action,

  • Speaker #1

    pas le blabla.

  • Speaker #0

    Si Laurence n'a pas sa langue dans sa poche, sa réponse illustre la difficulté qu'on peut avoir à parler de soi quand on est tourné tout entier vers le terrain. plus encore à lever la tête et à prendre le temps de réaliser tout ce qui a été accompli. Je suis très heureuse d'avoir finalement eu gain de cause, parce qu'avec Laurence, on a parlé de sujets aussi essentiels que la lutte contre l'injustice comme moteur d'engagement, du tabou tenace sur l'accompagnement psychologique des mères confrontées au suicide d'un de leurs administrés, de son engagement contre les violences intrafamiliales, et de l'impossibilité d'être appréciée de tous lorsqu'on est grande gueule comme elle aime se définir. Bonne écoute ! Laurence, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Un grand merci d'avoir accepté de passer derrière le micro de Vie de Mère aujourd'hui, jour du congrès de l'Association des Mères Ruraux. J'aimerais que pour ce début d'interview, on revienne sur ton enfance. Qu'est-ce que tu rêvais de faire quand tu étais petite ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je rêvais d'être danseuse. Je me mettais devant le miroir, je chantais à toute tête Claude François. Enfin voilà, je voulais être danseuse. Bon, ça a été... Mal barrée parce que je ne suis pas, je n'ai jamais fait de danse et voilà.

  • Speaker #0

    Alors qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé ? J'habitais dans un petit village, il n'y avait pas de cours de danse. Je suis issue d'une grande famille de neuf enfants et dont on est nés et donc dans un milieu très modeste. Donc c'était le foot. Enfin, je faisais du foot avec mes frères. avec mes frères et sœurs et beaucoup de vélo et voilà. Et donc la danse, c'était dans mon univers à moi, devant mon miroir.

  • Speaker #0

    Donc qu'est-ce que tu as fait à la place ?

  • Speaker #1

    À la place, moi à l'école, ce n'était pas trop mon truc. J'étais dyslexique, alors c'était un peu compliqué. Donc j'ai fait l'école hôtelière et je suis partie à l'internat. Et donc voilà, ça c'est... Ce sont des bons souvenirs. Je me souviens que les 15 premiers jours, c'était les pleurs et les pleurs parce que je voulais rentrer chez moi, parce que je ne connaissais pas bien la ville. Et puis après, je me suis fait plein de copains et copines et beaucoup de virées. Enfin, c'était l'univers où on s'est un peu, même beaucoup éclaté entre copains et copines.

  • Speaker #0

    Donc, tu as grandi à la campagne, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait.

  • Speaker #0

    Dans quel univers ?

  • Speaker #1

    C'était, vous savez, une grande famille. Donc, on était tous très proches. On est tous très proches. Dès qu'il y a un problème, dès que j'ai un frère ou une soeur qui a un problème, on est tous là pour réunir, pour régler les problèmes. Enfin, on est très, très, très soudés. Une famille très soudée et avec beaucoup d'amis. Enfin, on est très, très... Enfin, moi, ma famille, on est des personnes très ouvertes. Plus je suis entourée, mieux sert. J'aime beaucoup partager.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te rappelles de ton premier souvenir lié à la politique ?

  • Speaker #1

    Pas du tout, la politique ne m'intéressait pas. Moi, j'ai des parents qui s'intéressaient... Enfin, neuf enfants, c'était déjà beaucoup. Donc, ma famille ne s'intéressait pas du tout. Elle n'avait pas le temps de participer avec des associations. C'était, non, pas du tout, pas de politique, enfin rien. Et je pense que je me suis intéressée à la politique quand j'ai eu mes enfants. J'ai eu trois filles et je me suis mise dans les parents des lèvres. C'est arrivé avec mon mari dans un village, dans le Calvados. Et donc là, je ne connaissais personne parce qu'à chaque fois, on déménageait souvent parce que mon mari était directeur et qu'il fallait suivre. Et donc... Donc, pour faire des connaissances, je me suis mis parent d'élève. Et je pense que c'est là qu'est venue ma passion de m'investir beaucoup. Je suis quelqu'un qui n'aime pas l'injustice. Et donc, dans l'univers de l'école et tout, je voyais des choses qui ne me plaisaient pas. Et donc, voilà, petit à petit, après j'ai déménagé du Calvados, je suis allée dans l'Eure. Et donc, là, pareil, dans le Calvados, on faisait des... Beaucoup d'animation, des marchés de Noël avec les copines et tout, mais c'était une ambiance féérique. Enfin, j'animais beaucoup les choses. Et après, arrivé dans l'heure, j'ai refait la même chose. Il n'y avait pas d'association de parents d'élèves. J'ai créé avec des copines, parce qu'on était une dizaine qui arrivaient dans l'heure, qui étaient d'autres départements, ces personnes. Et donc, on s'est liés. Et aujourd'hui, 30 ans après, on se fait toujours des activités. Enfin, on est toujours restés en lien. Et nos enfants aussi. Et après, petit à petit, il y a eu les élections municipales. Alors, on s'est présenté, je me souviens très bien, à Montor, on s'est présenté l'équipe de parents d'élèves. Et donc c'est des souvenirs, on s'est bien marrés et tout. Enfin, on a fait un programme d'enfer. On a été ratatiner au premier tour, mais on a fêté ça vraiment tous ensemble. C'était vraiment des bons souvenirs. Et ensuite, j'ai déménagé dans un village pas très loin après, de Montor. Et là, j'ai le maire qui est venu me voir, parce qu'il refaisait une liste. parce que pratiquement toute son équipe partait sur une autre équipe et lui restait tout seul avec un conseiller. Donc il est venu me chercher. Donc moi, je lui ai dit que je voulais bien être sur sa liste, mais à une condition, être adjointe, parce que j'étais investie dans beaucoup d'associations, je faisais du bénévolat. Donc je me suis dit, là, je voudrais m'investir vraiment. Et donc le maire m'a dit, il n'y a pas de problème. Donc on a été élus, on était quoi ? On était, je ne me rappelle plus, 7 sur... 11. Et puis, voilà, c'est comme ça que j'ai commencé à faire de la politique. Et puis, voilà, c'est petit à petit. Donc, je suis... Ça, c'était en 2008. En 2009, je suis devenue maire parce que le maire avait des problèmes de santé. Et donc, il a démissionné. Et après, donc, je me suis présentée comme maire. Et là, en sachant que je ne connaissais pas du tout... Je ne connaissais pas du tout ce qui se passait dans les mairies parce que j'avais jamais été conseillère municipale et tout. Mais moi, c'est mes challenges. J'aime bien découvrir. Un premier mandat qui s'est passé bien. Les premiers mois ont été difficiles parce que dans mon équipe, on était... Alors moi, je n'étais pas du village. Donc un petit village de 240... Cinq habitants, pas du village, une femme. Ma première adjointe était une femme, pas du village. Enfin voilà, donc ça posait un peu question auprès de certains. Et puis, je me souviens très bien, une erreur de jeune mère, c'est qu'un jour, on avait une équipe de jeunes qui sont arrivés dans le village et qui cherchaient à nous nuire. On avait dit avec mon adjointe, on va contacter les parents, on va les convoquer et on va discuter. L'erreur à ne pas faire.

  • Speaker #0

    Vous vous êtes mis les parents.

  • Speaker #1

    On a invité des parents tous en même temps. Et là, on s'est fait allumer grave qu'on n'aimait pas les enfants. Donc, on est ressortis.

  • Speaker #0

    Avec la moitié du village.

  • Speaker #1

    Pas la moitié, mais il y avait ses familles. Et donc, après, on a réuni une fois de plus. On a convoqué les parents, mais un parent. Et là, ça s'est super bien passé. Mais je vous rappelle, j'ai vraiment des souvenirs. C'était laborieux avec mon adjointe. Mais bon, ça, c'est des erreurs à ne pas faire. Mais quand on est mère, comme ça, sur le terrain, on n'a pas les outils pour nous dire ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire. Et donc, voilà, je peux vous dire qu'il ne faut pas faire. Réunir les familles entières devant nous. Parce que nous, on pensait qu'on faisait bien, qu'on allait discuter et que les parents allaient dans notre sens. Mais pas du tout. On défend ses enfants, même s'ils ont tort. Et voilà. Donc maintenant, on le sait. Qu'est-ce que vous voulez savoir d'autre ?

  • Speaker #0

    Je me demandais comment est-ce qu'on fait quand on est... quand on se présente maire d'une commune dont on n'est pas originaire, pour se mettre les habitants dans la poche, d'une certaine manière ?

  • Speaker #1

    On ne se met pas les habitants dans la poche. Déjà, on fait une profession de foi, parce qu'on fait une profession de foi de ce qu'on veut mettre en place, de ce qu'on aimerait. Après, on va vers les habitants, vers les habitants leur disant, voilà, on veut faire ça, ça, ça. Ou certains... Parce que dans les petits villages, moi dans mon petit village, la population travaille beaucoup. Ils sont tous en activité, donc ce n'est pas évident de pouvoir les rencontrer. Ou alors on met dans la boîte à lettres notre profession de foi. Et puis éventuellement, si on veut discuter, on prend rendez-vous et on discute. On fait des fêtes. Je me souviens, nous... On avait fait pas mal de fêtes avec le comité des fêtes, mais on faisait tellement de choses qu'à la fin, le comité des fêtes s'épuise et puis aujourd'hui, il n'y a plus de comité des fêtes. Donc on essaye de faire autre chose. Donc moi, j'ai mis en place un conseil municipal de jeunes que je suis super contente de travailler avec eux parce qu'ils veulent faire plein de choses. Et mon premier conseil municipal, il y a une... Une petite jeune qui vient d'avoir 18 ans et elle m'a sollicité pour me dire qu'elle aimerait se présenter sur la liste prochaine des élections. Donc ça c'est quelque part qui me fait très plaisir parce que c'est un peu le but pour que les jeunes s'investissent. Et puis là j'ai un nouveau conseil municipal et c'est pareil j'ai une jeune qui aura 18 ans en 2026 et qui m'a demandé de savoir si elle pouvait se présenter sur ma liste. Je lui ai dit qu'il n'y avait pas de soucis, mais que je n'étais pas certaine de me représenter. Donc je lui ai fait, je vais te soutenir pour que ton vœu puisse voir le jour. Et dans la fierté de ce que j'ai mis et qui a marché, c'est qu'on a mis un verger en place avec le conseil municipal, avec chaque arbre, avec le nom de chaque conseiller des jeunes, avec leur nom, en mettant une pancarte, premier conseil municipal de Daubeuf. avec le nom de chaque conseiller. Ça leur a vraiment beaucoup plu. Et puis aujourd'hui, je vois que les parents viennent faire un tour, voir l'arbre. Et à côté aussi, on a fait la plantation d'un arbre à chaque enfant qui naît dans le village.

  • Speaker #0

    C'est une jolie victoire pour la jeunesse. Parce qu'il y a 240 habitants dans ton village. Donc, quelle proportion de jeunes ?

  • Speaker #1

    J'ai plutôt... 35 jeunes de moins de 12 ans. C'est énorme pour un petit village. Vraiment, c'est des jeunes parents. Et ça bouge beaucoup.

  • Speaker #0

    Et donc, qu'est-ce qu'il y a dans ton village ?

  • Speaker #1

    Rien. Il n'y a rien. Non, mais on n'est pas loin de Louvier. Donc, il y a beaucoup de gens qui travaillent sur Louvier. On n'est pas loin d'Unebourg, pas loin d'Evreux, pas loin de Rouen. Ce n'est pas un village dortoir, mais les gens viennent sur Doboeuf. Dès qu'il y a des habitations à vendre, en deux mois, c'est vendu pratiquement. Donc, on est vraiment bien situé.

  • Speaker #0

    Ça reste assez attractif.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est quoi le quotidien d'un maire d'une commune de 240 habitants ?

  • Speaker #1

    Le quotidien d'Amère, déjà c'est de se diriger chaque matin dans sa mairie pour voir si tout va bien. On pervise. les actions à faire. Quand on a des projets, parce que c'est simple, c'est pareil, on a des maires qui sont très actifs et des maires qui sont moins actifs. Moi, je fais partie des maires qui sont très actifs. Donc là, en ce moment, je veux mettre en place des logements vifs pour violences extra-familiales et je veux faire un parcours pédestre pour faire découvrir le village avec eux. Aux habitants et aux gens qui viennent des alentours. Donc ça, c'est un projet, ça prend beaucoup de temps. C'est des démarches, aller en préfecture, trouver des subventions. Enfin, c'est beaucoup de choses. Et mon troisième projet, là, c'est faire ouvrir l'église qui est fermée depuis 2003. Et là, je rencontre quand même pas mal de difficultés parce qu'au niveau financement, c'est... C'est dur, les plans de financement, c'est pas simple pour un maire, et donc il faut toujours aller chercher, donc ça occupe énormément. Et puis malgré tout, à côté, il y a des choses aussi, entretenir le cimetière, tout ce qui est entretien, donc il faut gérer, il faut regarder, enfin voilà.

  • Speaker #0

    Tu parlais de logements vifs, c'est quoi précisément ?

  • Speaker #1

    Les logements vifs, c'est pour accueillir les femmes qui sont battues. Alors, c'est logement vif d'urgence. Donc, si tu veux, on va travailler en partenariat avec une association, c'est Accueil Service. Donc, là, on va restaurer les logements. Donc, si tu veux, là, c'est un peu compliqué pour trouver des financements, mais apparemment, ça va bientôt aboutir. Et donc, faire l'appel d'offres. Et ensuite, quand les logements seront prêts, c'est l'association Accueil Service. On va confier les clés à cette association pendant 5-6 ans. Et les appartements, c'est cette association qui va proposer des logements dès qu'il y aura des personnes qui auront besoin de logements.

  • Speaker #0

    Tu sens que c'est une problématique prégnante dans ta commune ou au niveau des alentours ? Ou en milieu rural ?

  • Speaker #1

    En milieu rural, on ne voit rien. On ne voit pas ce qui se passe, mais c'est quand même dans le milieu rural où il y a le plus d'intrafamilial. Et donc, il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. C'est qu'il y a bien des gens qui sont victimes. Et donc, c'est quelque chose qui me tient à cœur avec l'Association des Mères Ruraux. Là, je suis en train de voir pour mettre en partenariat avec La Poste. de pouvoir mettre une boîte à lettres dans chaque village où les maires sont adhérents, pour mettre un autocollant, pour dire, déposer un courrier, même si vous n'habitez pas le village, pour pouvoir nous signaler s'il y a un problème. Ça me tient vraiment beaucoup à cœur.

  • Speaker #0

    Donc effectivement, tu es très engagée sur ces sujets-là, au niveau de l'Association des maires ruraux. Il y a un dispositif qui a été créé dernièrement, le dispositif R, c'est ça ? Oui. Ça consiste en quoi précisément ?

  • Speaker #1

    Ça consiste à demander à chaque adhérent à l'association de mettre un référent en place dans chaque commune. De façon que les référents seront formés par une association. Et pour savoir comment accueillir une personne qui est victime. Et savoir aussi surtout les diriger. Les diriger vers certaines associations. C'est simple. Mais ça peut vraiment être un plus pour les victimes.

  • Speaker #0

    Tu as en tête des histoires de femmes qui ont eu recours à ce dispositif et qui, toi, personnellement, t'ont marqué ?

  • Speaker #1

    Moi, ça me tient à cœur parce que quand j'habitais un petit village, j'avais une copine, enfin, une copine comme ça. On buvait de temps en temps le thé qui était très, très, très joyeuse. Et un jour, je l'ai vue passer devant ma maison en hurlant. Et je me demandais ce qui se passait. Et après, j'ai appris qu'elle était battue par sa femme. Et ça, ça m'a fait vraiment beaucoup de mal parce que jamais j'aurais pu penser que cette femme vivait un calvaire chez elle. Et donc, quand on a parlé de ce dispositif, j'ai dit, allez, franco, on y va.

  • Speaker #0

    On en revient à la question de l'injustice et du fait que ça était insupportable. Et alors... Justement, je me posais la question tout à l'heure quand tu en as parlé, est-ce qu'il y a une situation d'injustice que tu as vécue ? Alors peut-être quand tu étais petite ou ça remonte à plus tard, qui a causé ce déclic en te disant j'ai envie de combattre l'injustice ?

  • Speaker #1

    Non, mais de toute façon, toute injustice, que ce soit femme victime ou autre, moi j'ai horreur de l'injustice, des passe-droits. Je pense que quand j'étais petite, on était neuf gamins à la maison, Quand on était à l'école, on était une famille de neufs, on était un peu mis de côté. Et peut-être que c'est ce qui m'a poussée. Quand je suis partie de chez moi, qui m'a dit stop, ça suffit, les choses, la justice, ça doit être pour tout le monde pareil. Et voilà. Et quand on est maire, c'est ce qu'on rencontre. Les problématiques qu'on peut trouver sur le terrain, c'est que les gens sont tous d'accord pour mettre que chacun suive les lois. Mais quand on va voir certaines personnes en disant là, tu es hors de la loi. Non mais là, ce n'est plus possible. Chez le voisin, c'est normal. Mais quand on demande, gentiment, on va aller voir une personne en disant qu'il est interditeur du feu, et dès que tu as le dos tourné, après tu as un sale maire. C'est comme ça. Et puis après, ça va aller voir l'autre voisin. On leur dit, enfin, c'est un peu pénible et c'est un peu frustrant aussi. En tant que mère, tu dois faire appliquer les lois. Et parfois, ce n'est pas simple. Même pour nos amis. Parce qu'on peut avoir des amis aussi dans le village. Et ce n'est pas parce qu'ils sont copains avec le maire qu'ils vont avoir le droit de faire des choses. Mais non, la loi, c'est pour tout le monde pareil. Et ça, c'est un peu difficile. Même pour mon mari, parfois, il me dit oui. Il me dit oui et je vais faire ça. Je dis non, tu ne fais pas ça, tu n'as pas le droit. Donc, il me dit ouais, mais... Ça ne faut pas être le mari du maire. Non, parce qu'on leur demande peut-être...

  • Speaker #0

    de plus en lui disant non tu fais pas ça alors justement comment ça se passe l'imbrication entre ton mandat de mère parce que tu es mère quand même depuis maintenant 2009 donc ça fait bien plus que ça 15 ans quasiment comment ça se passe l'imbrication entre ta vie personnelle et ton mandat et ben là mes familles en ont le bol c'est clair c'est net mes filles me disent il faut arrêter il faut il faut

  • Speaker #1

    Te poser, il faut penser à toi. Et mon mari, c'est pareil, il va arriver à la retraite. Donc, la seule chose qu'il me demande, c'est d'arrêter. Et parfois, je veux arrêter. Parfois, je me dis, bon oui, je vais profiter de mes amis. Enfin, faire plein de choses. Mais le fait, parce que mère, ce n'est pas simple tous les jours. Mais on fait de très belles rencontres et on partage. Donc, c'est ce qui m'embête. d'arrêter parce que après, quand tu arrêtes, tout est terminé. Moi, c'est ce que je pense. Si j'arrête d'être mère, c'est fini. Je reste chez moi. Je vais m'isoler avec mes amis et tout. Je ne vais plus regarder ce qui se passe dans le village. Enfin, il faut savoir tourner la page et dire stop. Parce qu'il y a parfois des mères qui arrêtent, mais qui s'occupent de tout, enfin, qui cherchent. Oui, tu n'as pas le droit de faire ça. certaines choses. Moi, c'est pas ça. C'est le jour où j'arrête, j'arrête vraiment. Donc, voilà. Donc là, je suis en train de voir si j'arrête ou si j'arrête pas.

  • Speaker #0

    Bon, là, je comprends qu'en 15 ans, il pousse un petit peu pour que tu arrêtes, mais comment est-ce que tu l'as vécu, toi, au cours de ces 15 années ?

  • Speaker #1

    Là, si tu vois, en ce moment, j'ai vécu... J'ai fait des choses... Vraiment intéressée, j'ai fait vraiment des belles rencontres, mais en ce moment, c'est un peu difficile dans mon village, avec deux, trois personnes. Et donc là, si tu veux, au niveau santé, ça me prend vraiment beaucoup sur moi. Donc je me dis, voilà, pourquoi pas laisser la place, et puis voilà, j'aurais fait mon temps, mais ce qui m'embête un peu, c'est que mes logements vifs vont voir le jour quand je vais pratiquement partir. Donc voilà. Je ne sais pas aujourd'hui. Puis après, il faut être réélu, parce que c'est pareil. Beaucoup de gens disent on va faire ça pour le prochain mandat. Mais avant, il faut être réélu. Et je me prépare toujours quand je me présente quelque part. Je me présente, mais toujours, je me prépare à ne pas être élu, de façon à ne pas être déçue. Ça ne me fasse pas mal. Donc vraiment, la dernière fois, on est... C'était la première fois où il n'y avait pas de liste dans mon village. Il n'y avait que 200 et quelques habitants, mais il y avait toujours deux listes. Et la dernière fois, il n'y avait qu'une liste. Et on est passé au premier tour. J'avais du mal à le croire. Enfin, j'avais du mal à le croire parce qu'au premier tour, je pensais qu'il n'y aurait un deuxième tour. Il n'y a eu qu'un tour. Et l'avant-dernière fois, il y avait deux listes. Et c'est pareil, on est passé tous au premier tour. Et là, mon mari me dit, tu te rends compte ? Vous êtes tous passés au premier tour. Je m'étais tellement préparée à ne pas passer. Et j'ai mis vraiment peut-être huit jours à me dire, on l'a fait. Donc voilà, c'est des expériences. Mais ce n'est pas simple. Je vois aussi, je me suis présentée en tant que vice-présidente dans un syndicat d'eau. Donc, j'étais la seule femme. Et pour me présenter, la première fois que j'ai demandé à me présenter, présenté au syndicat d'eau le président me dit ah mais non ma liste est faite il n'y a pas de place Et puis, le jour J, il vient me voir, le président, il me dit Bon, je ne te présente pas pour être vice-présidente, mais je te propose d'être au CA, au conseil d'administration. Donc, je lui réponds Oui, mais ce n'est pas ce que je vous ai demandé. Il me dit Oui, ben tu réfléchis. Bon, donc je me suis dit Oh là là, je vais encore mettre le bazar. Et donc, le président repose sa liste. Et donc, il demande si tout le monde est d'accord. Et donc là, j'ai levé la main. J'ai dit maintenant, moi, j'ai voulu me présenter. Vous m'avez refusé ma candidature. Et puis, il y a un monsieur dans le public qui a dit ici, on n'est pas en Russie. Si une personne veut te présenter, vous devez l'accepter. Et puis, il y a une autre personne qui s'est levée et dit moi aussi, on m'a refusé. Donc, il a dit, on vote chaque. on vote chaque vice-présidente, donc on a voté et j'ai eu le plus de voix. C'est une jolie victoire.

  • Speaker #0

    C'est une jolie victoire,

  • Speaker #1

    mais... Il faut toujours se battre. Alors, il y en a qui me disaient Ouais, tu connais rien. Je dis Certes, mais je vais apprendre. Je ne suis pas plus bête qu'une autre. Mais c'est dur. C'est vraiment dur. Et puis, en tant que femme... Ça change parce que les premières années de maire, je peux vous dire que je me souviens aussi d'une anecdote. C'était pour les réseaux, pour l'enfouissement des réseaux. Je demandais à un collège, est-ce qu'on a le droit à des subventions ? Il me dit non, non, tu n'as pas le droit de subvention. Donc je reste là-dessus. Puis deux ans après, je me renseigne un peu plus et en vérité, j'avais vraiment le droit à des subventions. Donc je ne savais pas, je ne savais pas, je demandais et les hommes ont du mal à donner. C'est un monde d'hommes malgré tout. Bon, ça change. Non, mais ce n'est pas simple tous les jours.

  • Speaker #0

    Et toi, comment est-ce que tu sens que tu as évolué en 15 ans ?

  • Speaker #1

    Je suis beaucoup plus posée. Parce qu'avant, dès qu'il y a un truc qui ne me plaisait pas, je montais tout de suite au créneau et j'allais vraiment à fond. Et même pour vous dire, c'est que parfois, il y avait des mères qui venaient me voir en me disant Oui, ça, ce n'est pas normal. Ben oui, on va le dire. Donc... Non, c'était moi. Et puis un jour, j'en ai eu marre. J'ai dit, attends, lui, il se sert de moi et tout. Donc, j'ai dit, un jour, je suis intervenue. Je dis, oui, voilà, je ne trouve pas normal que... Et je fais, c'est M. Intel qui me l'a dit. Plus jamais, il est revenu me voir. Mais bon, voilà. Mais oui, parce que je suis un peu... Je n'aime pas l'injustice. Je n'aime pas que ce soit toujours pour les mêmes. Enfin, voilà, c'est mon côté un peu rébellion. Bon, ça ne me plaît pas toujours, mais bon, c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Tu t'es apaisée, mais tu gardes la niaque quand même.

  • Speaker #1

    Oui, je garde la niaque. Mais oui, je me suis apaisée. Oui, oui, je rentre moins. Je prends beaucoup sur moi et voilà.

  • Speaker #0

    Tu penses que cette niaque, elle est nécessaire pour être un bon maire ?

  • Speaker #1

    Non, tu peux faire les choses sans avoir beaucoup de niaque. Mais moi, c'est mon tempérament. Parfois, je ne mets pas les formes. Donc, on ne me trouve pas très sympathique comme ça.

  • Speaker #0

    Ça, tu le vis comment ?

  • Speaker #1

    Moi, quand je dis des choses, je me rappelle une fois, j'étais intervenue. Je ne vous dira pas ce que j'ai dit. Et je dis, on veut. Donc, je rentre à la maison. Je fais, oui, j'ai dit ça, ça. Il me dit, tu n'as pas fait ça. Je dis, si. Donc, voilà. Bon, ben voilà.

  • Speaker #0

    C'est l'endroit où il ne peut pas y avoir de non-dit.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as dit ? Non, non, je n'ai rien dit. J'avais dit à... Bon, allez, je le dis. De toute façon, c'est du passé. J'avais demandé à l'Assemblée... Enfin, on était dans le bureau de la Comcom. Et j'avais dit qu'il y avait parmi deux personnes un menteur. Donc, je fais lequel de vous deux est le menteur ? Et là, on m'a dit t'abuses un peu et tout, je dis mais si, mais moi je connais la vérité, donc je veux savoir qui ment. Et je savais très bien qui mentait. Et bon, ils ne m'ont pas avoué, mais voilà. Moi, je trouve que voilà, tu peux des fois dire des choses, enfin mentir. Parce que tu es dans l'obligation, mais au moins l'avouer. On dit, oui, écoute, je suis désolée, je l'ai dit, mais non.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que tu gères, toi, l'exposition de toi-même en tant que mère ? Parce que j'imagine que tu prends souvent des coups.

  • Speaker #1

    Alors, devant le public, je gère bien. Enfin, je fais comme si ça ne m'éteignait pas. Mais arrivé à la maison, je peux te dire que ça m'empêche de dormir. Mais c'est comme ça. C'est comme ça parce que ça me prend beaucoup d'énergie et que je réponds. Mais bon, je réponds vraiment moins avant du tac au tac. Avant, j'avais vraiment la niaque et j'avais des formules qui m'arrivaient comme ça. J'étais même surprise de pouvoir sortir telle chose. Mais maintenant, non. Des fois, je ne dis même rien. Ça m'énerve, mais je ne dis rien. Donc après, j'en parle avec mes collègues, maire, et je leur dis, oui, on...

  • Speaker #0

    on n'est pas bon, on n'a pas réagi là-dessus. Ils disent oui, mais pourquoi c'est toujours les mêmes qui... Enfin, ceux qui interviennent, c'est toujours les mêmes en vérité.

  • Speaker #1

    Et tu sens qu'il y a de la solidarité entre pères ? Enfin, entre mères ?

  • Speaker #0

    Entre mères ? Non, moi je ne trouve pas, c'est un milieu... Non, je ne trouve pas. À part... Enfin, moi je trouve qu'entre femmes, il y a beaucoup de solidarité. Entre femmes, on discute, on partage. Je trouve que oui, mais entre les hommes...

  • Speaker #1

    je trouve que parfois c'est pas très sincère La France se porterait mieux si elle était gouvernée par des femmes

  • Speaker #0

    Déjà je trouve qu'il y a beaucoup plus de dialogue avec les femmes je trouve qu'il y a beaucoup plus de dialogue mais nous les femmes dès qu'on a un petit problème on partage entre copines, entre amis en disant, moi je vois quand j'avais mes enfants on partageait entre copines ça fait du bien on discute que je trouve qu'avec les hommes c'est... Il y a une fierté. Chacun ses ennuis, chacun garde ses ennuis. Et voilà. Mais c'est l'être humain peut-être qui est comme ça.

  • Speaker #1

    Mais tu disais tout à l'heure que les choses avaient évolué, notamment au niveau de la place de la femme en politique, depuis que tu as été, depuis ta première élection. Quel constat est-ce que tu fais justement de cette évolution ?

  • Speaker #0

    Quel constat ? Alors déjà, je vois le mandat là, au niveau de la Comcom. il y a eu quand même un grand changement donc des jeunes et je trouve que là ça a changé, on peut vraiment plus se discuter, partager mais avant c'était enfin 2009 c'était, on voyait bien on discutait pas c'est comme ça, le président a dit que c'était comme ça enfin voilà, il proposait ça et voilà, on discutait pas, c'était comme ça mais ça a vraiment changé Au dernier mandat, là.

  • Speaker #1

    En 2020 ?

  • Speaker #0

    Oui, en 2020, oui.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas comment est-ce que c'est sur ton territoire. Il y a des problématiques au niveau du renouvellement des mandats pour 2026 ?

  • Speaker #0

    On dit toujours qu'il n'y aura pas de maires. Enfin, il y a chaque année... Enfin, tu sais, il y a beaucoup de maires qui disent qu'ils ne vont pas se représenter. Ils se représentent. Comme toi, en 2026. Non, moi, je... Non, quand je vais prendre la décision, je vais prendre la décision. Mais là, pour l'instant, je suis encore... Je suis indécise, je ne sais pas. Oui, donc je disais qu'il y a beaucoup de mères qui ne vont pas se représenter, mais qui vont se représenter. Moi, je n'ai pas dit que je n'allais pas me présenter. Je réfléchis, je ne sais pas. Et puis, on trouve toujours quelqu'un pour être mère. C'est... Voilà. Enfin, moi, je pense que là, en vérité, en plus, ça va peut-être changer, parce que pendant les petits villages, ils veulent mettre peut-être... pour de 0 à 500, je crois qu'ils veulent mettre 7 conseillers, enfin un conseil municipal de 7, donc c'est à suivre. Mais moi je pense que ce serait peut-être pas mal, parce que faire une équipe de 11, des fois on va chercher des gens qui me disent, enfin je me souviens qu'il y en avait quelques-uns qui me disaient, moi je veux bien mais je ne vais pas pouvoir être à toutes les réunions, parce que bon je travaille et tout. Et donc si tu n'en prends que 7, mais 7 vraiment qui s'investissent, pourquoi pas ?

  • Speaker #1

    Surtout sur une commune de 240 habitants, 11 c'est énorme.

  • Speaker #0

    J'imagine qu'il y avait deux listes avant, tout le temps.

  • Speaker #1

    Moi c'est une population très engagée.

  • Speaker #0

    Oui, très engagée. Donc voilà, je ne sais pas comment ça va. Mais moi je pense que ça va bien se passer, il y aura toujours... Des gens qui vont s'investir.

  • Speaker #1

    Donc tu es présidente de l'association des maires ruraux de l'Eure depuis 10 ans.

  • Speaker #0

    Ça va faire 10 ans, l'année prochaine. Ça passe vite.

  • Speaker #1

    Donc qu'est-ce qu'on y fait à l'association des maires ruraux ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on y fait ? On essaye de faire pas mal d'ateliers. J'ai fait des ateliers, on a été les premiers en France de faire des ateliers autodéfense pour la défense des maires. Avec un psychologue. Donc ça, ça a été très bien vu. Après, on a vu dans toute la France, ça s'est... Diffusé. Oui, diffusé. Donc voilà, on a fait ça. Qu'est-ce qu'on a fait d'autre dans les maires ruraux ? On fait pas mal d'ateliers avec le tremplin pour comment dialoguer. Ça, c'était vraiment super. Enfin, entre autres, qu'est-ce qu'on fait ? On fait des sorties aussi parce qu'on s'est aperçu qu'il y avait un grand nombre d'élus qui n'étaient jamais allés au Sénat, ni... à l'Assemblée nationale, dont les secrétaires de mairie. Donc on fait des sorties pour les secrétaires de mairie aussi, parce qu'on les oublie parfois, mais c'est notre bras droit. Qu'est-ce qu'on fait d'autre ? Là, on est en train de mettre en place les référents. Qu'est-ce qu'on est en train de voir aussi, de mettre en place, avec le bouton Mon shérif c'est un bouton que tu… Tu télécharges une application et quand tu es agressé, tu appuies sur le bouton. Moi, j'ai mis trois noms, mon mari, mon adjoint et la secrétaire de mairie. Ils sont prévenus si je suis en danger. On est les premiers dans l'heure à mettre ça en place. Là, on va le diffuser parce que ça peut être aussi très bien pour les élus, mais aussi pour le... Nos employés, parce que par exemple, moi, mon jardinier, quand il s'en va faire les tontes, il est tout seul. Et donc, si jamais il a un problème, il peut appuyer et on vient à son secours.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a beaucoup d'insécurité ?

  • Speaker #0

    Non, il n'y a pas beaucoup d'insécurité, mais parfois, il faut mieux prévenir que guérir, on dit, mais il faut mieux prévenir et puis pouvoir venir en aide à nos... à nos agents et puis à nos élus.

  • Speaker #1

    Tu t'es proche de tes administrés ?

  • Speaker #0

    Proche, si tu veux, moi je pars du principe, je ne veux pas m'immiscer dans leur vie. Donc proche, je ne pourrais pas dire que je suis proche. Ma porte est ouverte. Ma porte est ouverte, ils sont tous ceux qui veulent avoir mon numéro de téléphone. Ils l'ont, mais je ne veux pas... aller chez les gens comme ça. Alors, les personnes âgées, je peux aller les voir pour voir si tout va bien. Mais, enfin, généralement, de toute façon, je les... Par exemple, pour Noël, à Noël, le Père Noël passe dans chaque habitation. Et donc là, je vais rentrer dans chaque habitation. Les gens, je les connais. Et ils savent que s'ils ont besoin de moi, s'ils ont un problème, ils peuvent venir me voir. Je leur demande toujours, est-ce que vous allez bien ? Mais aller comme ça chez les gens, comme ça, j'y vais pas. Parce que je trouve que chacun a droit à sa vie privée. Je n'ai pas le droit de savoir. Enfin, je ne veux pas savoir ce qui se passe à l'intérieur. Bon, à part si jamais on me dit, il y a peut-être un petit souci dans telle famille, je vais appeler ou je vais aller les voir. Mais voilà, je ne peux pas dire que je suis proche. Enfin, je ne suis pas...

  • Speaker #1

    C'est déjà arrivé, ça ?

  • Speaker #0

    De quoi ?

  • Speaker #1

    D'intervenir... Dans une famille et peut-être dans un conflit familial ?

  • Speaker #0

    Ah bah oui, des conflits. Oui, oui, ça m'est déjà arrivé. C'est pas facile, mais oui, oui. Chaque mère, je pense, c'est arrivé d'intervenir. Et puis, c'est là qu'on apprend dans les formations qu'il ne faut surtout pas y aller toute seule. Bon, bah oui, mais des fois, on est toute seule et on doit y aller. Parfois, on a peur, mais bon. Ça s'est toujours bien passé, mais voilà. Maintenant, avec le bouton, mon chéri, je me dis, non mais, je me dis, bon j'y vais, s'il y a un problème, j'appuie, il reviendra à mon secours. Mais oui, c'est pas... C'est pas... Il faut faire attention. Voilà.

  • Speaker #1

    Quelle est l'expérience humaine la plus forte que tu aies vécue dans le cadre de ton mandat de mère ?

  • Speaker #0

    Humaine ? Le truc qui m'a vraiment demandé... Qui m'a vraiment... Comment... Fait... Qui m'a vraiment... Je ne sais pas comment dire... Préautripe ? Comment ?

  • Speaker #1

    Préautripe ?

  • Speaker #0

    Oui, non, même pas. J'avais un conseiller municipal que j'aimais beaucoup et qui s'est suicidé et qui avait mis en scène, qui avait tout préparé pour que nous, les élus, on aille... Enfin... le voir, il avait téléphoné à mon adjoint pour dire qu'à 16h il fallait qu'il passe, il avait des choses à lui donner et donc il avait mis en scène la musique de son mariage il était en instant de divorce et il était pendu, et donc là le maire doit venir pour voir pour attester que c'était bien lui et donc ça c'est, toi quand je t'en parle je vois... la personne devant moi. Et ça, c'était... Je m'en suis voulue beaucoup parce que, si tu veux, toutes les semaines, j'ai appelé François pour savoir si ça allait bien et tout. Et là, ça faisait 15 jours que je n'avais pas de nouvelles. Donc, je l'ai appelé. C'était pendant les fêtes de Noël. Il m'a dit, t'inquiète pas, j'ai trouvé une copine, ça va bien. J'étais ravie pour lui. En vérité, trois jours après...

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que c'est terrible et tu n'es pas la première à nous raconter des histoires comme celle-là. Et j'ai un peu l'impression que... Chaque maire, et surtout quand il reste maire plusieurs mandats, est amené à vivre des situations comme ça. Ça pose vraiment la question de quel accompagnement est-ce que vous avez, psychologique, vous avez en tant que mère pour faire face à ce genre de situation ? Ça cause quand même des traumatismes. C'est important.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, la gendarmerie me dit, si vous avez besoin d'un psychologue, il faut aller prendre rendez-vous. Bon, je n'ai pas fait, mais c'est vrai que parfois... Là, je peux vous dire que je vais voir un psychologue parce que j'ai été plusieurs fois... Agressée verbalement, donc là je vais voir quelqu'un et ça m'aide beaucoup. Mais oui, parce que ça te prend les tripes et que parfois tu... En plus, moi je suis une personne qui me remet sans arrêt en question. Grâce à nos demandes, aujourd'hui les mères peuvent avoir un suivi. Donc c'est quand même, c'est impulsant. C'est vraiment impulsant. On se sent moins seule. Donc moi, je vois, tu vas chez le psychologue, c'est pris en charge. Donc c'est vraiment, il ne faut pas hésiter. Il suffit des fois de deux ou trois séances, mais après, tu te libères, tu passes à autre chose.

  • Speaker #1

    Évidemment, vous n'êtes pas des super héros.

  • Speaker #0

    On est humains, on est humains et voilà.

  • Speaker #1

    Ça fait partie du lot de choses à affronter. De manière générale, quand toi tu es arrivée sur ta fonction de maire, comment est-ce que tu t'es formée ? C'est sûr, vraiment, on se forme sur le tas ?

  • Speaker #0

    Tout à fait, on se forme sur le tas, il faut chercher... C'est là que je dis qu'une secrétaire de mairie c'est super important, parce que dès qu'on a des choses, on veut mettre des choses en place, elle sait, elle sait pas, on se met toutes les deux à chercher, et c'est vraiment... La secrétaire de mairie, moi, c'est une complicité. C'est vraiment mon bras droit. Parfois, je me pose lui-même du nom des conseils parce que tu crois faire les choses bien. Et je lui dis, enfin, moi, je sais que ma secrétaire, qu'est-ce que t'en penses ? Est-ce que tu trouves que c'est bien d'avoir un avis ? Et après, je le soumets à mon adjoint et puis à mon conseil. C'est un travail d'équipe et sur le terrain. On apprend sur le terrain. On apprend sur le terrain. Les lois et... Ce qu'on a le droit, ce qu'on n'a pas le droit, ce n'est pas simple. Après, il y a des gens qui ont fait des études, qui ont fait du droit et tout, donc qui ont des connaissances. Mais moi, je sais que quand je suis arrivée...

  • Speaker #1

    Tu penses que ça fait des meilleures mères ?

  • Speaker #0

    Je n'en sais rien. Non, parce que de toute façon, il faut être humain. Après, si tu n'es pas humain... Voilà. Tout le monde est un bon maire, je pense. Parce que pour être maire, il faut vraiment aimer partager, il faut aimer être humain. Enfin, voilà, je pense qu'il faut demander à la population si je suis une bonne maire ou pas. Mais en tout cas, moi, je suis quelqu'un qui me remet beaucoup en question. Après, on ne peut pas plaire à tout le monde. Quoi que tu fasses, parfois, de toute façon, même si c'est bien, même si dans le fond de leur tête, ils pensent que c'est bien, mais comme c'est... La personne qui est devant toi que tu ne supportes pas, c'est comme ça.

  • Speaker #1

    Toi, tu es fière de toi quand même ?

  • Speaker #0

    Je ne me suis jamais posé la question si je suis fière de moi.

  • Speaker #1

    Je te la pose aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Fière de moi, bon. On va dire que je peux être fière de moi. Mais bon, moi, je ne me pose jamais les questions. Je suis quelqu'un qui se pose beaucoup de questions, qui se remet beaucoup en question. Et c'est vrai, est-ce que je suis fière de moi ? Oui, je suis fière de moi. Oui, tu as raison. Je suis fière de moi.

  • Speaker #1

    Je pense que tu peux l'être. Justement, à ce sujet, selon toi, quelle est ta plus grande réussite sur les différents mandats que tu as eus ?

  • Speaker #0

    Ma plus grande réussite ? Je ne sais pas, parce que tu vois, on est des petites communes, alors on fait plein de petites choses, mais des petites choses, tu vois.

  • Speaker #1

    Et mis bout à bout, ça commence.

  • Speaker #0

    Oui, mis bout à bout, ça fait pas mal de choses. mais à dire une grande réussite. Moi, dans ma campagne, enfin dans mon mandat de maire, ce que j'ai vraiment apprécié, c'est le partage que j'ai eu avec le préfet qui ne restait que deux ans. Mais lui, il m'a appris tellement de choses que lui, vraiment, pour moi, c'est un grand homme. Et il m'a vraiment fait voir certaines choses. J'étais en admiration devant cet homme, mais parce qu'il m'a apporté beaucoup de choses. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    C'est un exemple.

  • Speaker #0

    Un exemple. De jamais lâcher, par exemple, pour mes logements vifs. C'est un projet qui m'a vraiment soutenue. Et parfois, je me suis emportée et il me remettait en me disant on se calme, on va faire autrement et tout. Et vraiment, il avait raison, on se calme et on voit après. Mais parce qu'il m'a soutenue, enfin, on a travaillé ensemble et ça, c'est vachement important. Et là, c'est vrai qu'au niveau de la préfecture de l'Eure, avec les sous-préfets qu'on a, vraiment, on peut partager. Et c'est vraiment important parce qu'on partage, mais aussi, on apprend énormément. J'ai passé deux ans vraiment qui m'ont fait vraiment beaucoup de bien et j'ai tellement appris avec les équipes. C'était sympa.

  • Speaker #1

    On te souhaite la même chose pour les nouvelles nominations.

  • Speaker #0

    Oui, j'espère qu'il sera à la hauteur, comme celui que j'avais avant. Mais il n'y a pas de raison.

  • Speaker #1

    Petite pression pour lui s'il nous écoute. Et Alain Vert, est-ce que tu as un échec qui t'a marqué ?

  • Speaker #0

    Je n'ai pas d'échec. Je me suis présentée à la députation. J'avais refusé deux fois. Il est revenu la troisième fois. J'ai dit oui à la députation et au département. Pareil, je ne voulais pas, mais la personne m'avait demandé, qui est venue plusieurs fois. J'ai raté. Enfin, voilà, je suis une joueuse. Je participe, je perds, je perds, je ne veux pas en faire des caisses. Mais je vois que par contre, après, on prend cher. Parce qu'on s'est présenté contre certaines personnes et après...

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, on prend cher ?

  • Speaker #0

    Moi, je prends cher. Tu demandes des subventions et tout. Comme... Je me suis présentée avec telle... Je n'ai pas d'étiquette. Donc, si vous voulez, je ne veux pas avoir d'étiquette parce que je veux dire ce que j'ai envie. Et que ce soit droite, gauche, je m'en fous. Mais de toute façon, la droite, pour moi, il y a des choses qui me tiennent à cœur, qui font des choses, qui vont dans mon sens. Et la gauche aussi. Donc, voilà, c'est pour ça que je n'ai pas d'étiquette. Comme ça, je dis ce que je veux. Mais n'empêche qu'après tout ça, je me fais un peu... quand tu demandes des subventions et des choses, on te casse bien.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est quelque chose qu'on retrouve beaucoup en milieu rural, à savoir la majorité des maires sont sans étiquette. De la raison à ça, tu penses que c'est parce que c'est tout simplement un non-sens de s'encarter ?

  • Speaker #0

    Je trouve qu'aujourd'hui, ça a un non-sens. On ne sait plus... Même les gens ne viennent plus voter parce qu'ils ne savent même plus... Et moi, je les comprends parce que même moi, en tant que maire, je suis perdue aussi. Donc, je ne sais même plus. Parfois, on va... Enfin, là, aux dernières élections, on ne sait même plus qui voter parce qu'on est perdus. On est perdus. Donc, je comprends la population qui ne veut plus venir voter.

  • Speaker #1

    Ta commune a été touchée par l'abstention ?

  • Speaker #0

    Non, pas tant que ça. Non, non, pas tant que ça. Non, non. Mais bon, les résultats, on n'en parle pas.

  • Speaker #1

    Mais justement, tu sens qu'il y a une décorrélation entre... Ce que tes habitants votent aux élections nationales et toi, le rapport que tu peux avoir avec eux dans ton action locale ?

  • Speaker #0

    Non, parce que de toute façon, les gens, je pense, les citoyens votent pour un programme, pour ce qu'on veut mettre, ce qu'on veut mettre en place. Moi, dans mon conseil municipal, je ne peux pas dire qui vote quoi. Et je m'en fous complètement. Je m'en fous complètement. À part... À part les extrêmes. Mais bon, je ne sais pas dans mon conseil municipal, qui vote pour qui. Et je m'en moque complètement. Moi, je veux, c'est qu'on ait fait un programme, on était tous d'accord sur le programme. Et après, c'est le mettre en place, notre programme.

  • Speaker #1

    Et quelle est la réalité de vie dans une petite commune rurale ?

  • Speaker #0

    La réalité de vie ?

  • Speaker #1

    Dans ta commune, est-ce que tu as des commerces ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai qu'un distributeur. J'ai pu mettre un distributeur de... pain et ça, c'est vraiment un vrai succès. Mais tu sais, moi, je vous disais que j'ai plus de 35 enfants de moins de 12 ans. Tout le monde travaille. Donc le soir, moi, j'ai été maman, j'ai eu trois enfants. Le soir, tu rentres, tu as les activités des enfants, tu as les leçons et tout. Donc les gens ne s'occupent pas vraiment de ce qui se passe dans la commune. Chacun fait son train-train. Le week-end, il y a les courses. Et moi, je comprends vraiment que on... On dit que les gens ne s'impliquent plus dans les communes, mais ils ont tellement un train de vie qui demande plus, plus, plus. Donc, on ne peut pas tout faire. On ne peut pas être super maman, super papa, et puis en plus s'investir en plus dans les communes. Moi, je comprends. Moi, j'ai eu trois enfants. Mon mari était toujours en déplacement. Je m'investissais dans l'après-midi pour les parents d'élèves, mais le soir et tout, ce n'est pas possible. Le week-end, on est bien content de tous se réunir et de pouvoir partager en famille. Donc voilà, on a un train de vie, enfin les gens, enfin les citoyens ont un train de vie qui est quand même, qui demande beaucoup.

  • Speaker #1

    L'interview a touché à sa fin. Une des questions de phare de vie de mère et de savoir si tu te verrais mère pendant encore longtemps, on y a déjà plus ou moins répondu. Mais est-ce que tu te vois au moins engagée pendant encore longtemps ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi, si j'arrête d'être mère, après, je vais vraiment penser à moi, je vais vraiment partager avec mes amis, faire ce que j'ai envie, faire des activités avec... Avec mes amis, ma famille, vraiment profiter de moi. Parce que là, aujourd'hui, je ne fais plus de sport. La commune me prend beaucoup de temps. Et donc, si j'arrête en 2026, ça sera vraiment pour penser à moi. Et puis à mon mari et à mes enfants. Donc après, je me dis, si je fais, je repars en 2026. Ça sera peut-être pour 2-3 ans pour préparer les choses, mais il faut savoir s'arrêter. Parce que moi, je vois... Sérieusement, je pense qu'un maire devrait être maire jusqu'à 70 ans et après arrêter, laisser la place aux autres. Il faut savoir s'arrêter, on n'est pas indispensable. Et il y a un moment aussi... Moi, je vois qu'il y a des personnes qui fatiguent. Il faut savoir s'arrêter, on n'est pas indispensable.

  • Speaker #1

    Tu as 70 ans, toi tu as encore un petit peu de marge, on est peut-être en fait sur 2 ou 3 mandats supplémentaires. Non, non, non,

  • Speaker #0

    là ce serait la séparation avec mon mari parce qu'il m'a dit encore si tu veux faire un mandat, un demi-mandat, il n'y a pas de souci, mais non, là il faut savoir s'arrêter. Non, mais moi je sais m'arrêter, je sais qu'il faut laisser la place aux autres aussi.

  • Speaker #1

    Et ton mari t'a soutenu pendant tous tes mandats successifs ?

  • Speaker #0

    Alors, oui, mon mari me soutient, mais bon, si tu veux, il me soutient. Mais à chaque fois, je lui dis, je fais telle chose et telle chose. Il va me casser, il va me dire... Mais par contre, quand je suis partie pour être mère, je n'ai pas demandé l'avis à personne. On est venu me voir. Est-ce que tu veux être conseiller municipal ? J'ai dit oui tout de suite. Moi, je n'ai pas demandé à mon mari. Mon mari, lui, il vit sa vie... Et après, on partage, si tu veux. Mais de ce côté-là, on est très libre. Chacun fait ce qu'il veut. Non, mais là, si tu veux, je dis, je veux arrêter tout. Parce qu'on arrive à un moment, à la retraite aussi. Donc, il faut savoir, là, j'ai deux amis qui sont décédés à mon âge. Et là, ça te fait réfléchir. Tu te dis, mince, il n'a même pas été à la retraite qu'il est décédé. des cancers, tu te dis maintenant il faut savoir profiter de la vie aussi. C'est bien beau de partager plein de choses avec les autres, mais il faut penser aussi à sa famille et à soi. Donc voilà. Ce sera le mot de la fin, Marie.

  • Speaker #1

    Si on se projette sur la passation, quel conseil est-ce que tu donnerais à un jeune qui souhaiterait monter une liste municipale en 2026 ?

  • Speaker #0

    Moi je dis qu'il faut se lancer si on veut faire quelque chose. Il faut se lancer. Être mère, c'est une super expérience, mais on rencontre quand même beaucoup de difficultés. C'est dur pour la vie de famille. Moi, je me souviens, un 4 juillet, le jour de mon anniversaire, tous mes enfants étaient à la maison, mes gendres et tout. Ils m'attendaient pour faire la fête et on a eu des inondations. J'ai été prise de cinq heures. de 17h jusqu'à 3h du mat, je peux vous dire que quand je suis rentrée à la maison, j'avais vraiment... Ma famille n'était pas contente. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Et plein de petites choses comme ça. Des fois, on me prépare des surprises, et au dernier moment, non. Donc, moi, je dis, si vous voulez vous engager, il faut s'engager, mais il faut savoir que vous partez dans... Dans une vie qui va être peut-être un peu compliquée, mais ça vaut le coup. On apprend plein de choses et on partage plein de choses. Mais la vie de famille, c'est quand même un peu plus dur.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin. Un grand merci, Laurence. Loin des grandes messes médiatiques, Laurence nous rappelle que l'engagement municipal est avant tout une histoire d'humanité, de proximité et de passion, mais surtout de moteur. Le sien est l'intolérance de l'injustice, et il en existe autant que d'individus, à condition que l'on ait envie de le mettre en marche au profit du collectif. Mais à côté des moteurs, il y a la question des freins à l'engagement. Sur ce point, une phrase de Laurence m'est restée en tête. Je peux le faire, je ne suis pas plus bête qu'un autre Et elle a raison, elle nous enseigne que la politique locale n'est pas une compétence réservée à quelques-uns, mais un état d'esprit qui nécessite peut-être un brin de courage. Alors osons, osons nous engager, osons proposer des idées, osons être des acteurs de la transformation de nos territoires. Parce que c'est comme ça qu'on fera bouger les lignes.

  • Speaker #0

    Vous avez écouté ce podcast jusqu'au bout, alors on imagine qu'il vous a plu.

  • Speaker #1

    Pour nous soutenir, laissez-nous des étoiles, des commentaires, partagez l'épisode à vos copains et suivez-nous sur Instagram, à T'Vis de Mer.

  • Speaker #0

    Chaque soutien est hyper précieux.

  • Speaker #1

    À bientôt dans une prochaine vie de mère.

Description

Dans les communes de moins de 1000 habitants, quel est le rôle d’un maire ? C’est ce que nous continuons d’explorer dans cette série de 3 épisodes enregistrés au Congrès de l'Association des Maires Ruraux de France où nous nous sommes rendues avec Clémentine en octobre dernier.


Notre invité du jour est Laurance Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagne, village de 242 habitants niché dans l’Eure et Présidente de l’association des maires ruraux de l’Eure.


Avec elle, nous avons parlé de : 

  • la lutte contre l’injustice comme moteur d’engagement

  • du tabou tenace sur l’accompagnement psychologique des maires confrontés au suicide d’un de leur administré

  • de son engagement contre les violences intrafamiliales

  • de l’impossibilité d’être apprécié par tous lorsqu’on est “grande gueule”, comme elle aime à se définir.


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Episode animé par Margot Alquier


Crédits : Générique réalisé par Ophélie Baribaud   


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Vies de Mère.

  • Speaker #1

    Je suis Clémentine Guilbeault de Maison et moi Margot Elkier.

  • Speaker #0

    Et dans ce podcast,

  • Speaker #1

    on part à la rencontre des maires de toute la France.

  • Speaker #0

    Notre but ?

  • Speaker #1

    Remonter à la racine de leur engagement.

  • Speaker #0

    Comprendre leur quotidien, leurs difficultés et leurs réussites. Et peut-être vous donner envie de vous bouger vous aussi pour votre commune. Vies de Mère, c'est une sacrée vie de mère. Dans les communes de moins de 1000 habitants, Quel est le rôle d'un maire ? C'est ce que nous continuons d'explorer dans cette série de trois épisodes enregistrés au congrès de l'Association des maires ruraux de France, où nous nous sommes rendus avec Clémentine en octobre dernier. Notre hôte du jour est Laurence Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagne, village de 242 habitants nichés dans l'Eure. Un premier épisode dans lequel le tutoiement sera de mise, parce qu'avec Laurence, nous nous connaissions déjà. Au titre de sa casquette de l'Association des maires ruraux de l'Eure, elle a été une des premières maires à apporter un soutien électoral. indéfectible à l'association Bouche ton coq, dans laquelle je travaille, et dont l'ambition est de changer la vie dans les villages en créant des solutions citoyennes pour lutter contre la désertification des services essentiels. Lorsque j'ai proposé à Laurence de passer derrière le micro de Vie de mer, elle m'a d'abord dit non. Son domaine, c'est l'action,

  • Speaker #1

    pas le blabla.

  • Speaker #0

    Si Laurence n'a pas sa langue dans sa poche, sa réponse illustre la difficulté qu'on peut avoir à parler de soi quand on est tourné tout entier vers le terrain. plus encore à lever la tête et à prendre le temps de réaliser tout ce qui a été accompli. Je suis très heureuse d'avoir finalement eu gain de cause, parce qu'avec Laurence, on a parlé de sujets aussi essentiels que la lutte contre l'injustice comme moteur d'engagement, du tabou tenace sur l'accompagnement psychologique des mères confrontées au suicide d'un de leurs administrés, de son engagement contre les violences intrafamiliales, et de l'impossibilité d'être appréciée de tous lorsqu'on est grande gueule comme elle aime se définir. Bonne écoute ! Laurence, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Un grand merci d'avoir accepté de passer derrière le micro de Vie de Mère aujourd'hui, jour du congrès de l'Association des Mères Ruraux. J'aimerais que pour ce début d'interview, on revienne sur ton enfance. Qu'est-ce que tu rêvais de faire quand tu étais petite ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je rêvais d'être danseuse. Je me mettais devant le miroir, je chantais à toute tête Claude François. Enfin voilà, je voulais être danseuse. Bon, ça a été... Mal barrée parce que je ne suis pas, je n'ai jamais fait de danse et voilà.

  • Speaker #0

    Alors qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé ? J'habitais dans un petit village, il n'y avait pas de cours de danse. Je suis issue d'une grande famille de neuf enfants et dont on est nés et donc dans un milieu très modeste. Donc c'était le foot. Enfin, je faisais du foot avec mes frères. avec mes frères et sœurs et beaucoup de vélo et voilà. Et donc la danse, c'était dans mon univers à moi, devant mon miroir.

  • Speaker #0

    Donc qu'est-ce que tu as fait à la place ?

  • Speaker #1

    À la place, moi à l'école, ce n'était pas trop mon truc. J'étais dyslexique, alors c'était un peu compliqué. Donc j'ai fait l'école hôtelière et je suis partie à l'internat. Et donc voilà, ça c'est... Ce sont des bons souvenirs. Je me souviens que les 15 premiers jours, c'était les pleurs et les pleurs parce que je voulais rentrer chez moi, parce que je ne connaissais pas bien la ville. Et puis après, je me suis fait plein de copains et copines et beaucoup de virées. Enfin, c'était l'univers où on s'est un peu, même beaucoup éclaté entre copains et copines.

  • Speaker #0

    Donc, tu as grandi à la campagne, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait.

  • Speaker #0

    Dans quel univers ?

  • Speaker #1

    C'était, vous savez, une grande famille. Donc, on était tous très proches. On est tous très proches. Dès qu'il y a un problème, dès que j'ai un frère ou une soeur qui a un problème, on est tous là pour réunir, pour régler les problèmes. Enfin, on est très, très, très soudés. Une famille très soudée et avec beaucoup d'amis. Enfin, on est très, très... Enfin, moi, ma famille, on est des personnes très ouvertes. Plus je suis entourée, mieux sert. J'aime beaucoup partager.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te rappelles de ton premier souvenir lié à la politique ?

  • Speaker #1

    Pas du tout, la politique ne m'intéressait pas. Moi, j'ai des parents qui s'intéressaient... Enfin, neuf enfants, c'était déjà beaucoup. Donc, ma famille ne s'intéressait pas du tout. Elle n'avait pas le temps de participer avec des associations. C'était, non, pas du tout, pas de politique, enfin rien. Et je pense que je me suis intéressée à la politique quand j'ai eu mes enfants. J'ai eu trois filles et je me suis mise dans les parents des lèvres. C'est arrivé avec mon mari dans un village, dans le Calvados. Et donc là, je ne connaissais personne parce qu'à chaque fois, on déménageait souvent parce que mon mari était directeur et qu'il fallait suivre. Et donc... Donc, pour faire des connaissances, je me suis mis parent d'élève. Et je pense que c'est là qu'est venue ma passion de m'investir beaucoup. Je suis quelqu'un qui n'aime pas l'injustice. Et donc, dans l'univers de l'école et tout, je voyais des choses qui ne me plaisaient pas. Et donc, voilà, petit à petit, après j'ai déménagé du Calvados, je suis allée dans l'Eure. Et donc, là, pareil, dans le Calvados, on faisait des... Beaucoup d'animation, des marchés de Noël avec les copines et tout, mais c'était une ambiance féérique. Enfin, j'animais beaucoup les choses. Et après, arrivé dans l'heure, j'ai refait la même chose. Il n'y avait pas d'association de parents d'élèves. J'ai créé avec des copines, parce qu'on était une dizaine qui arrivaient dans l'heure, qui étaient d'autres départements, ces personnes. Et donc, on s'est liés. Et aujourd'hui, 30 ans après, on se fait toujours des activités. Enfin, on est toujours restés en lien. Et nos enfants aussi. Et après, petit à petit, il y a eu les élections municipales. Alors, on s'est présenté, je me souviens très bien, à Montor, on s'est présenté l'équipe de parents d'élèves. Et donc c'est des souvenirs, on s'est bien marrés et tout. Enfin, on a fait un programme d'enfer. On a été ratatiner au premier tour, mais on a fêté ça vraiment tous ensemble. C'était vraiment des bons souvenirs. Et ensuite, j'ai déménagé dans un village pas très loin après, de Montor. Et là, j'ai le maire qui est venu me voir, parce qu'il refaisait une liste. parce que pratiquement toute son équipe partait sur une autre équipe et lui restait tout seul avec un conseiller. Donc il est venu me chercher. Donc moi, je lui ai dit que je voulais bien être sur sa liste, mais à une condition, être adjointe, parce que j'étais investie dans beaucoup d'associations, je faisais du bénévolat. Donc je me suis dit, là, je voudrais m'investir vraiment. Et donc le maire m'a dit, il n'y a pas de problème. Donc on a été élus, on était quoi ? On était, je ne me rappelle plus, 7 sur... 11. Et puis, voilà, c'est comme ça que j'ai commencé à faire de la politique. Et puis, voilà, c'est petit à petit. Donc, je suis... Ça, c'était en 2008. En 2009, je suis devenue maire parce que le maire avait des problèmes de santé. Et donc, il a démissionné. Et après, donc, je me suis présentée comme maire. Et là, en sachant que je ne connaissais pas du tout... Je ne connaissais pas du tout ce qui se passait dans les mairies parce que j'avais jamais été conseillère municipale et tout. Mais moi, c'est mes challenges. J'aime bien découvrir. Un premier mandat qui s'est passé bien. Les premiers mois ont été difficiles parce que dans mon équipe, on était... Alors moi, je n'étais pas du village. Donc un petit village de 240... Cinq habitants, pas du village, une femme. Ma première adjointe était une femme, pas du village. Enfin voilà, donc ça posait un peu question auprès de certains. Et puis, je me souviens très bien, une erreur de jeune mère, c'est qu'un jour, on avait une équipe de jeunes qui sont arrivés dans le village et qui cherchaient à nous nuire. On avait dit avec mon adjointe, on va contacter les parents, on va les convoquer et on va discuter. L'erreur à ne pas faire.

  • Speaker #0

    Vous vous êtes mis les parents.

  • Speaker #1

    On a invité des parents tous en même temps. Et là, on s'est fait allumer grave qu'on n'aimait pas les enfants. Donc, on est ressortis.

  • Speaker #0

    Avec la moitié du village.

  • Speaker #1

    Pas la moitié, mais il y avait ses familles. Et donc, après, on a réuni une fois de plus. On a convoqué les parents, mais un parent. Et là, ça s'est super bien passé. Mais je vous rappelle, j'ai vraiment des souvenirs. C'était laborieux avec mon adjointe. Mais bon, ça, c'est des erreurs à ne pas faire. Mais quand on est mère, comme ça, sur le terrain, on n'a pas les outils pour nous dire ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire. Et donc, voilà, je peux vous dire qu'il ne faut pas faire. Réunir les familles entières devant nous. Parce que nous, on pensait qu'on faisait bien, qu'on allait discuter et que les parents allaient dans notre sens. Mais pas du tout. On défend ses enfants, même s'ils ont tort. Et voilà. Donc maintenant, on le sait. Qu'est-ce que vous voulez savoir d'autre ?

  • Speaker #0

    Je me demandais comment est-ce qu'on fait quand on est... quand on se présente maire d'une commune dont on n'est pas originaire, pour se mettre les habitants dans la poche, d'une certaine manière ?

  • Speaker #1

    On ne se met pas les habitants dans la poche. Déjà, on fait une profession de foi, parce qu'on fait une profession de foi de ce qu'on veut mettre en place, de ce qu'on aimerait. Après, on va vers les habitants, vers les habitants leur disant, voilà, on veut faire ça, ça, ça. Ou certains... Parce que dans les petits villages, moi dans mon petit village, la population travaille beaucoup. Ils sont tous en activité, donc ce n'est pas évident de pouvoir les rencontrer. Ou alors on met dans la boîte à lettres notre profession de foi. Et puis éventuellement, si on veut discuter, on prend rendez-vous et on discute. On fait des fêtes. Je me souviens, nous... On avait fait pas mal de fêtes avec le comité des fêtes, mais on faisait tellement de choses qu'à la fin, le comité des fêtes s'épuise et puis aujourd'hui, il n'y a plus de comité des fêtes. Donc on essaye de faire autre chose. Donc moi, j'ai mis en place un conseil municipal de jeunes que je suis super contente de travailler avec eux parce qu'ils veulent faire plein de choses. Et mon premier conseil municipal, il y a une... Une petite jeune qui vient d'avoir 18 ans et elle m'a sollicité pour me dire qu'elle aimerait se présenter sur la liste prochaine des élections. Donc ça c'est quelque part qui me fait très plaisir parce que c'est un peu le but pour que les jeunes s'investissent. Et puis là j'ai un nouveau conseil municipal et c'est pareil j'ai une jeune qui aura 18 ans en 2026 et qui m'a demandé de savoir si elle pouvait se présenter sur ma liste. Je lui ai dit qu'il n'y avait pas de soucis, mais que je n'étais pas certaine de me représenter. Donc je lui ai fait, je vais te soutenir pour que ton vœu puisse voir le jour. Et dans la fierté de ce que j'ai mis et qui a marché, c'est qu'on a mis un verger en place avec le conseil municipal, avec chaque arbre, avec le nom de chaque conseiller des jeunes, avec leur nom, en mettant une pancarte, premier conseil municipal de Daubeuf. avec le nom de chaque conseiller. Ça leur a vraiment beaucoup plu. Et puis aujourd'hui, je vois que les parents viennent faire un tour, voir l'arbre. Et à côté aussi, on a fait la plantation d'un arbre à chaque enfant qui naît dans le village.

  • Speaker #0

    C'est une jolie victoire pour la jeunesse. Parce qu'il y a 240 habitants dans ton village. Donc, quelle proportion de jeunes ?

  • Speaker #1

    J'ai plutôt... 35 jeunes de moins de 12 ans. C'est énorme pour un petit village. Vraiment, c'est des jeunes parents. Et ça bouge beaucoup.

  • Speaker #0

    Et donc, qu'est-ce qu'il y a dans ton village ?

  • Speaker #1

    Rien. Il n'y a rien. Non, mais on n'est pas loin de Louvier. Donc, il y a beaucoup de gens qui travaillent sur Louvier. On n'est pas loin d'Unebourg, pas loin d'Evreux, pas loin de Rouen. Ce n'est pas un village dortoir, mais les gens viennent sur Doboeuf. Dès qu'il y a des habitations à vendre, en deux mois, c'est vendu pratiquement. Donc, on est vraiment bien situé.

  • Speaker #0

    Ça reste assez attractif.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est quoi le quotidien d'un maire d'une commune de 240 habitants ?

  • Speaker #1

    Le quotidien d'Amère, déjà c'est de se diriger chaque matin dans sa mairie pour voir si tout va bien. On pervise. les actions à faire. Quand on a des projets, parce que c'est simple, c'est pareil, on a des maires qui sont très actifs et des maires qui sont moins actifs. Moi, je fais partie des maires qui sont très actifs. Donc là, en ce moment, je veux mettre en place des logements vifs pour violences extra-familiales et je veux faire un parcours pédestre pour faire découvrir le village avec eux. Aux habitants et aux gens qui viennent des alentours. Donc ça, c'est un projet, ça prend beaucoup de temps. C'est des démarches, aller en préfecture, trouver des subventions. Enfin, c'est beaucoup de choses. Et mon troisième projet, là, c'est faire ouvrir l'église qui est fermée depuis 2003. Et là, je rencontre quand même pas mal de difficultés parce qu'au niveau financement, c'est... C'est dur, les plans de financement, c'est pas simple pour un maire, et donc il faut toujours aller chercher, donc ça occupe énormément. Et puis malgré tout, à côté, il y a des choses aussi, entretenir le cimetière, tout ce qui est entretien, donc il faut gérer, il faut regarder, enfin voilà.

  • Speaker #0

    Tu parlais de logements vifs, c'est quoi précisément ?

  • Speaker #1

    Les logements vifs, c'est pour accueillir les femmes qui sont battues. Alors, c'est logement vif d'urgence. Donc, si tu veux, on va travailler en partenariat avec une association, c'est Accueil Service. Donc, là, on va restaurer les logements. Donc, si tu veux, là, c'est un peu compliqué pour trouver des financements, mais apparemment, ça va bientôt aboutir. Et donc, faire l'appel d'offres. Et ensuite, quand les logements seront prêts, c'est l'association Accueil Service. On va confier les clés à cette association pendant 5-6 ans. Et les appartements, c'est cette association qui va proposer des logements dès qu'il y aura des personnes qui auront besoin de logements.

  • Speaker #0

    Tu sens que c'est une problématique prégnante dans ta commune ou au niveau des alentours ? Ou en milieu rural ?

  • Speaker #1

    En milieu rural, on ne voit rien. On ne voit pas ce qui se passe, mais c'est quand même dans le milieu rural où il y a le plus d'intrafamilial. Et donc, il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. C'est qu'il y a bien des gens qui sont victimes. Et donc, c'est quelque chose qui me tient à cœur avec l'Association des Mères Ruraux. Là, je suis en train de voir pour mettre en partenariat avec La Poste. de pouvoir mettre une boîte à lettres dans chaque village où les maires sont adhérents, pour mettre un autocollant, pour dire, déposer un courrier, même si vous n'habitez pas le village, pour pouvoir nous signaler s'il y a un problème. Ça me tient vraiment beaucoup à cœur.

  • Speaker #0

    Donc effectivement, tu es très engagée sur ces sujets-là, au niveau de l'Association des maires ruraux. Il y a un dispositif qui a été créé dernièrement, le dispositif R, c'est ça ? Oui. Ça consiste en quoi précisément ?

  • Speaker #1

    Ça consiste à demander à chaque adhérent à l'association de mettre un référent en place dans chaque commune. De façon que les référents seront formés par une association. Et pour savoir comment accueillir une personne qui est victime. Et savoir aussi surtout les diriger. Les diriger vers certaines associations. C'est simple. Mais ça peut vraiment être un plus pour les victimes.

  • Speaker #0

    Tu as en tête des histoires de femmes qui ont eu recours à ce dispositif et qui, toi, personnellement, t'ont marqué ?

  • Speaker #1

    Moi, ça me tient à cœur parce que quand j'habitais un petit village, j'avais une copine, enfin, une copine comme ça. On buvait de temps en temps le thé qui était très, très, très joyeuse. Et un jour, je l'ai vue passer devant ma maison en hurlant. Et je me demandais ce qui se passait. Et après, j'ai appris qu'elle était battue par sa femme. Et ça, ça m'a fait vraiment beaucoup de mal parce que jamais j'aurais pu penser que cette femme vivait un calvaire chez elle. Et donc, quand on a parlé de ce dispositif, j'ai dit, allez, franco, on y va.

  • Speaker #0

    On en revient à la question de l'injustice et du fait que ça était insupportable. Et alors... Justement, je me posais la question tout à l'heure quand tu en as parlé, est-ce qu'il y a une situation d'injustice que tu as vécue ? Alors peut-être quand tu étais petite ou ça remonte à plus tard, qui a causé ce déclic en te disant j'ai envie de combattre l'injustice ?

  • Speaker #1

    Non, mais de toute façon, toute injustice, que ce soit femme victime ou autre, moi j'ai horreur de l'injustice, des passe-droits. Je pense que quand j'étais petite, on était neuf gamins à la maison, Quand on était à l'école, on était une famille de neufs, on était un peu mis de côté. Et peut-être que c'est ce qui m'a poussée. Quand je suis partie de chez moi, qui m'a dit stop, ça suffit, les choses, la justice, ça doit être pour tout le monde pareil. Et voilà. Et quand on est maire, c'est ce qu'on rencontre. Les problématiques qu'on peut trouver sur le terrain, c'est que les gens sont tous d'accord pour mettre que chacun suive les lois. Mais quand on va voir certaines personnes en disant là, tu es hors de la loi. Non mais là, ce n'est plus possible. Chez le voisin, c'est normal. Mais quand on demande, gentiment, on va aller voir une personne en disant qu'il est interditeur du feu, et dès que tu as le dos tourné, après tu as un sale maire. C'est comme ça. Et puis après, ça va aller voir l'autre voisin. On leur dit, enfin, c'est un peu pénible et c'est un peu frustrant aussi. En tant que mère, tu dois faire appliquer les lois. Et parfois, ce n'est pas simple. Même pour nos amis. Parce qu'on peut avoir des amis aussi dans le village. Et ce n'est pas parce qu'ils sont copains avec le maire qu'ils vont avoir le droit de faire des choses. Mais non, la loi, c'est pour tout le monde pareil. Et ça, c'est un peu difficile. Même pour mon mari, parfois, il me dit oui. Il me dit oui et je vais faire ça. Je dis non, tu ne fais pas ça, tu n'as pas le droit. Donc, il me dit ouais, mais... Ça ne faut pas être le mari du maire. Non, parce qu'on leur demande peut-être...

  • Speaker #0

    de plus en lui disant non tu fais pas ça alors justement comment ça se passe l'imbrication entre ton mandat de mère parce que tu es mère quand même depuis maintenant 2009 donc ça fait bien plus que ça 15 ans quasiment comment ça se passe l'imbrication entre ta vie personnelle et ton mandat et ben là mes familles en ont le bol c'est clair c'est net mes filles me disent il faut arrêter il faut il faut

  • Speaker #1

    Te poser, il faut penser à toi. Et mon mari, c'est pareil, il va arriver à la retraite. Donc, la seule chose qu'il me demande, c'est d'arrêter. Et parfois, je veux arrêter. Parfois, je me dis, bon oui, je vais profiter de mes amis. Enfin, faire plein de choses. Mais le fait, parce que mère, ce n'est pas simple tous les jours. Mais on fait de très belles rencontres et on partage. Donc, c'est ce qui m'embête. d'arrêter parce que après, quand tu arrêtes, tout est terminé. Moi, c'est ce que je pense. Si j'arrête d'être mère, c'est fini. Je reste chez moi. Je vais m'isoler avec mes amis et tout. Je ne vais plus regarder ce qui se passe dans le village. Enfin, il faut savoir tourner la page et dire stop. Parce qu'il y a parfois des mères qui arrêtent, mais qui s'occupent de tout, enfin, qui cherchent. Oui, tu n'as pas le droit de faire ça. certaines choses. Moi, c'est pas ça. C'est le jour où j'arrête, j'arrête vraiment. Donc, voilà. Donc là, je suis en train de voir si j'arrête ou si j'arrête pas.

  • Speaker #0

    Bon, là, je comprends qu'en 15 ans, il pousse un petit peu pour que tu arrêtes, mais comment est-ce que tu l'as vécu, toi, au cours de ces 15 années ?

  • Speaker #1

    Là, si tu vois, en ce moment, j'ai vécu... J'ai fait des choses... Vraiment intéressée, j'ai fait vraiment des belles rencontres, mais en ce moment, c'est un peu difficile dans mon village, avec deux, trois personnes. Et donc là, si tu veux, au niveau santé, ça me prend vraiment beaucoup sur moi. Donc je me dis, voilà, pourquoi pas laisser la place, et puis voilà, j'aurais fait mon temps, mais ce qui m'embête un peu, c'est que mes logements vifs vont voir le jour quand je vais pratiquement partir. Donc voilà. Je ne sais pas aujourd'hui. Puis après, il faut être réélu, parce que c'est pareil. Beaucoup de gens disent on va faire ça pour le prochain mandat. Mais avant, il faut être réélu. Et je me prépare toujours quand je me présente quelque part. Je me présente, mais toujours, je me prépare à ne pas être élu, de façon à ne pas être déçue. Ça ne me fasse pas mal. Donc vraiment, la dernière fois, on est... C'était la première fois où il n'y avait pas de liste dans mon village. Il n'y avait que 200 et quelques habitants, mais il y avait toujours deux listes. Et la dernière fois, il n'y avait qu'une liste. Et on est passé au premier tour. J'avais du mal à le croire. Enfin, j'avais du mal à le croire parce qu'au premier tour, je pensais qu'il n'y aurait un deuxième tour. Il n'y a eu qu'un tour. Et l'avant-dernière fois, il y avait deux listes. Et c'est pareil, on est passé tous au premier tour. Et là, mon mari me dit, tu te rends compte ? Vous êtes tous passés au premier tour. Je m'étais tellement préparée à ne pas passer. Et j'ai mis vraiment peut-être huit jours à me dire, on l'a fait. Donc voilà, c'est des expériences. Mais ce n'est pas simple. Je vois aussi, je me suis présentée en tant que vice-présidente dans un syndicat d'eau. Donc, j'étais la seule femme. Et pour me présenter, la première fois que j'ai demandé à me présenter, présenté au syndicat d'eau le président me dit ah mais non ma liste est faite il n'y a pas de place Et puis, le jour J, il vient me voir, le président, il me dit Bon, je ne te présente pas pour être vice-présidente, mais je te propose d'être au CA, au conseil d'administration. Donc, je lui réponds Oui, mais ce n'est pas ce que je vous ai demandé. Il me dit Oui, ben tu réfléchis. Bon, donc je me suis dit Oh là là, je vais encore mettre le bazar. Et donc, le président repose sa liste. Et donc, il demande si tout le monde est d'accord. Et donc là, j'ai levé la main. J'ai dit maintenant, moi, j'ai voulu me présenter. Vous m'avez refusé ma candidature. Et puis, il y a un monsieur dans le public qui a dit ici, on n'est pas en Russie. Si une personne veut te présenter, vous devez l'accepter. Et puis, il y a une autre personne qui s'est levée et dit moi aussi, on m'a refusé. Donc, il a dit, on vote chaque. on vote chaque vice-présidente, donc on a voté et j'ai eu le plus de voix. C'est une jolie victoire.

  • Speaker #0

    C'est une jolie victoire,

  • Speaker #1

    mais... Il faut toujours se battre. Alors, il y en a qui me disaient Ouais, tu connais rien. Je dis Certes, mais je vais apprendre. Je ne suis pas plus bête qu'une autre. Mais c'est dur. C'est vraiment dur. Et puis, en tant que femme... Ça change parce que les premières années de maire, je peux vous dire que je me souviens aussi d'une anecdote. C'était pour les réseaux, pour l'enfouissement des réseaux. Je demandais à un collège, est-ce qu'on a le droit à des subventions ? Il me dit non, non, tu n'as pas le droit de subvention. Donc je reste là-dessus. Puis deux ans après, je me renseigne un peu plus et en vérité, j'avais vraiment le droit à des subventions. Donc je ne savais pas, je ne savais pas, je demandais et les hommes ont du mal à donner. C'est un monde d'hommes malgré tout. Bon, ça change. Non, mais ce n'est pas simple tous les jours.

  • Speaker #0

    Et toi, comment est-ce que tu sens que tu as évolué en 15 ans ?

  • Speaker #1

    Je suis beaucoup plus posée. Parce qu'avant, dès qu'il y a un truc qui ne me plaisait pas, je montais tout de suite au créneau et j'allais vraiment à fond. Et même pour vous dire, c'est que parfois, il y avait des mères qui venaient me voir en me disant Oui, ça, ce n'est pas normal. Ben oui, on va le dire. Donc... Non, c'était moi. Et puis un jour, j'en ai eu marre. J'ai dit, attends, lui, il se sert de moi et tout. Donc, j'ai dit, un jour, je suis intervenue. Je dis, oui, voilà, je ne trouve pas normal que... Et je fais, c'est M. Intel qui me l'a dit. Plus jamais, il est revenu me voir. Mais bon, voilà. Mais oui, parce que je suis un peu... Je n'aime pas l'injustice. Je n'aime pas que ce soit toujours pour les mêmes. Enfin, voilà, c'est mon côté un peu rébellion. Bon, ça ne me plaît pas toujours, mais bon, c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Tu t'es apaisée, mais tu gardes la niaque quand même.

  • Speaker #1

    Oui, je garde la niaque. Mais oui, je me suis apaisée. Oui, oui, je rentre moins. Je prends beaucoup sur moi et voilà.

  • Speaker #0

    Tu penses que cette niaque, elle est nécessaire pour être un bon maire ?

  • Speaker #1

    Non, tu peux faire les choses sans avoir beaucoup de niaque. Mais moi, c'est mon tempérament. Parfois, je ne mets pas les formes. Donc, on ne me trouve pas très sympathique comme ça.

  • Speaker #0

    Ça, tu le vis comment ?

  • Speaker #1

    Moi, quand je dis des choses, je me rappelle une fois, j'étais intervenue. Je ne vous dira pas ce que j'ai dit. Et je dis, on veut. Donc, je rentre à la maison. Je fais, oui, j'ai dit ça, ça. Il me dit, tu n'as pas fait ça. Je dis, si. Donc, voilà. Bon, ben voilà.

  • Speaker #0

    C'est l'endroit où il ne peut pas y avoir de non-dit.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as dit ? Non, non, je n'ai rien dit. J'avais dit à... Bon, allez, je le dis. De toute façon, c'est du passé. J'avais demandé à l'Assemblée... Enfin, on était dans le bureau de la Comcom. Et j'avais dit qu'il y avait parmi deux personnes un menteur. Donc, je fais lequel de vous deux est le menteur ? Et là, on m'a dit t'abuses un peu et tout, je dis mais si, mais moi je connais la vérité, donc je veux savoir qui ment. Et je savais très bien qui mentait. Et bon, ils ne m'ont pas avoué, mais voilà. Moi, je trouve que voilà, tu peux des fois dire des choses, enfin mentir. Parce que tu es dans l'obligation, mais au moins l'avouer. On dit, oui, écoute, je suis désolée, je l'ai dit, mais non.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que tu gères, toi, l'exposition de toi-même en tant que mère ? Parce que j'imagine que tu prends souvent des coups.

  • Speaker #1

    Alors, devant le public, je gère bien. Enfin, je fais comme si ça ne m'éteignait pas. Mais arrivé à la maison, je peux te dire que ça m'empêche de dormir. Mais c'est comme ça. C'est comme ça parce que ça me prend beaucoup d'énergie et que je réponds. Mais bon, je réponds vraiment moins avant du tac au tac. Avant, j'avais vraiment la niaque et j'avais des formules qui m'arrivaient comme ça. J'étais même surprise de pouvoir sortir telle chose. Mais maintenant, non. Des fois, je ne dis même rien. Ça m'énerve, mais je ne dis rien. Donc après, j'en parle avec mes collègues, maire, et je leur dis, oui, on...

  • Speaker #0

    on n'est pas bon, on n'a pas réagi là-dessus. Ils disent oui, mais pourquoi c'est toujours les mêmes qui... Enfin, ceux qui interviennent, c'est toujours les mêmes en vérité.

  • Speaker #1

    Et tu sens qu'il y a de la solidarité entre pères ? Enfin, entre mères ?

  • Speaker #0

    Entre mères ? Non, moi je ne trouve pas, c'est un milieu... Non, je ne trouve pas. À part... Enfin, moi je trouve qu'entre femmes, il y a beaucoup de solidarité. Entre femmes, on discute, on partage. Je trouve que oui, mais entre les hommes...

  • Speaker #1

    je trouve que parfois c'est pas très sincère La France se porterait mieux si elle était gouvernée par des femmes

  • Speaker #0

    Déjà je trouve qu'il y a beaucoup plus de dialogue avec les femmes je trouve qu'il y a beaucoup plus de dialogue mais nous les femmes dès qu'on a un petit problème on partage entre copines, entre amis en disant, moi je vois quand j'avais mes enfants on partageait entre copines ça fait du bien on discute que je trouve qu'avec les hommes c'est... Il y a une fierté. Chacun ses ennuis, chacun garde ses ennuis. Et voilà. Mais c'est l'être humain peut-être qui est comme ça.

  • Speaker #1

    Mais tu disais tout à l'heure que les choses avaient évolué, notamment au niveau de la place de la femme en politique, depuis que tu as été, depuis ta première élection. Quel constat est-ce que tu fais justement de cette évolution ?

  • Speaker #0

    Quel constat ? Alors déjà, je vois le mandat là, au niveau de la Comcom. il y a eu quand même un grand changement donc des jeunes et je trouve que là ça a changé, on peut vraiment plus se discuter, partager mais avant c'était enfin 2009 c'était, on voyait bien on discutait pas c'est comme ça, le président a dit que c'était comme ça enfin voilà, il proposait ça et voilà, on discutait pas, c'était comme ça mais ça a vraiment changé Au dernier mandat, là.

  • Speaker #1

    En 2020 ?

  • Speaker #0

    Oui, en 2020, oui.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas comment est-ce que c'est sur ton territoire. Il y a des problématiques au niveau du renouvellement des mandats pour 2026 ?

  • Speaker #0

    On dit toujours qu'il n'y aura pas de maires. Enfin, il y a chaque année... Enfin, tu sais, il y a beaucoup de maires qui disent qu'ils ne vont pas se représenter. Ils se représentent. Comme toi, en 2026. Non, moi, je... Non, quand je vais prendre la décision, je vais prendre la décision. Mais là, pour l'instant, je suis encore... Je suis indécise, je ne sais pas. Oui, donc je disais qu'il y a beaucoup de mères qui ne vont pas se représenter, mais qui vont se représenter. Moi, je n'ai pas dit que je n'allais pas me présenter. Je réfléchis, je ne sais pas. Et puis, on trouve toujours quelqu'un pour être mère. C'est... Voilà. Enfin, moi, je pense que là, en vérité, en plus, ça va peut-être changer, parce que pendant les petits villages, ils veulent mettre peut-être... pour de 0 à 500, je crois qu'ils veulent mettre 7 conseillers, enfin un conseil municipal de 7, donc c'est à suivre. Mais moi je pense que ce serait peut-être pas mal, parce que faire une équipe de 11, des fois on va chercher des gens qui me disent, enfin je me souviens qu'il y en avait quelques-uns qui me disaient, moi je veux bien mais je ne vais pas pouvoir être à toutes les réunions, parce que bon je travaille et tout. Et donc si tu n'en prends que 7, mais 7 vraiment qui s'investissent, pourquoi pas ?

  • Speaker #1

    Surtout sur une commune de 240 habitants, 11 c'est énorme.

  • Speaker #0

    J'imagine qu'il y avait deux listes avant, tout le temps.

  • Speaker #1

    Moi c'est une population très engagée.

  • Speaker #0

    Oui, très engagée. Donc voilà, je ne sais pas comment ça va. Mais moi je pense que ça va bien se passer, il y aura toujours... Des gens qui vont s'investir.

  • Speaker #1

    Donc tu es présidente de l'association des maires ruraux de l'Eure depuis 10 ans.

  • Speaker #0

    Ça va faire 10 ans, l'année prochaine. Ça passe vite.

  • Speaker #1

    Donc qu'est-ce qu'on y fait à l'association des maires ruraux ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on y fait ? On essaye de faire pas mal d'ateliers. J'ai fait des ateliers, on a été les premiers en France de faire des ateliers autodéfense pour la défense des maires. Avec un psychologue. Donc ça, ça a été très bien vu. Après, on a vu dans toute la France, ça s'est... Diffusé. Oui, diffusé. Donc voilà, on a fait ça. Qu'est-ce qu'on a fait d'autre dans les maires ruraux ? On fait pas mal d'ateliers avec le tremplin pour comment dialoguer. Ça, c'était vraiment super. Enfin, entre autres, qu'est-ce qu'on fait ? On fait des sorties aussi parce qu'on s'est aperçu qu'il y avait un grand nombre d'élus qui n'étaient jamais allés au Sénat, ni... à l'Assemblée nationale, dont les secrétaires de mairie. Donc on fait des sorties pour les secrétaires de mairie aussi, parce qu'on les oublie parfois, mais c'est notre bras droit. Qu'est-ce qu'on fait d'autre ? Là, on est en train de mettre en place les référents. Qu'est-ce qu'on est en train de voir aussi, de mettre en place, avec le bouton Mon shérif c'est un bouton que tu… Tu télécharges une application et quand tu es agressé, tu appuies sur le bouton. Moi, j'ai mis trois noms, mon mari, mon adjoint et la secrétaire de mairie. Ils sont prévenus si je suis en danger. On est les premiers dans l'heure à mettre ça en place. Là, on va le diffuser parce que ça peut être aussi très bien pour les élus, mais aussi pour le... Nos employés, parce que par exemple, moi, mon jardinier, quand il s'en va faire les tontes, il est tout seul. Et donc, si jamais il a un problème, il peut appuyer et on vient à son secours.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a beaucoup d'insécurité ?

  • Speaker #0

    Non, il n'y a pas beaucoup d'insécurité, mais parfois, il faut mieux prévenir que guérir, on dit, mais il faut mieux prévenir et puis pouvoir venir en aide à nos... à nos agents et puis à nos élus.

  • Speaker #1

    Tu t'es proche de tes administrés ?

  • Speaker #0

    Proche, si tu veux, moi je pars du principe, je ne veux pas m'immiscer dans leur vie. Donc proche, je ne pourrais pas dire que je suis proche. Ma porte est ouverte. Ma porte est ouverte, ils sont tous ceux qui veulent avoir mon numéro de téléphone. Ils l'ont, mais je ne veux pas... aller chez les gens comme ça. Alors, les personnes âgées, je peux aller les voir pour voir si tout va bien. Mais, enfin, généralement, de toute façon, je les... Par exemple, pour Noël, à Noël, le Père Noël passe dans chaque habitation. Et donc là, je vais rentrer dans chaque habitation. Les gens, je les connais. Et ils savent que s'ils ont besoin de moi, s'ils ont un problème, ils peuvent venir me voir. Je leur demande toujours, est-ce que vous allez bien ? Mais aller comme ça chez les gens, comme ça, j'y vais pas. Parce que je trouve que chacun a droit à sa vie privée. Je n'ai pas le droit de savoir. Enfin, je ne veux pas savoir ce qui se passe à l'intérieur. Bon, à part si jamais on me dit, il y a peut-être un petit souci dans telle famille, je vais appeler ou je vais aller les voir. Mais voilà, je ne peux pas dire que je suis proche. Enfin, je ne suis pas...

  • Speaker #1

    C'est déjà arrivé, ça ?

  • Speaker #0

    De quoi ?

  • Speaker #1

    D'intervenir... Dans une famille et peut-être dans un conflit familial ?

  • Speaker #0

    Ah bah oui, des conflits. Oui, oui, ça m'est déjà arrivé. C'est pas facile, mais oui, oui. Chaque mère, je pense, c'est arrivé d'intervenir. Et puis, c'est là qu'on apprend dans les formations qu'il ne faut surtout pas y aller toute seule. Bon, bah oui, mais des fois, on est toute seule et on doit y aller. Parfois, on a peur, mais bon. Ça s'est toujours bien passé, mais voilà. Maintenant, avec le bouton, mon chéri, je me dis, non mais, je me dis, bon j'y vais, s'il y a un problème, j'appuie, il reviendra à mon secours. Mais oui, c'est pas... C'est pas... Il faut faire attention. Voilà.

  • Speaker #1

    Quelle est l'expérience humaine la plus forte que tu aies vécue dans le cadre de ton mandat de mère ?

  • Speaker #0

    Humaine ? Le truc qui m'a vraiment demandé... Qui m'a vraiment... Comment... Fait... Qui m'a vraiment... Je ne sais pas comment dire... Préautripe ? Comment ?

  • Speaker #1

    Préautripe ?

  • Speaker #0

    Oui, non, même pas. J'avais un conseiller municipal que j'aimais beaucoup et qui s'est suicidé et qui avait mis en scène, qui avait tout préparé pour que nous, les élus, on aille... Enfin... le voir, il avait téléphoné à mon adjoint pour dire qu'à 16h il fallait qu'il passe, il avait des choses à lui donner et donc il avait mis en scène la musique de son mariage il était en instant de divorce et il était pendu, et donc là le maire doit venir pour voir pour attester que c'était bien lui et donc ça c'est, toi quand je t'en parle je vois... la personne devant moi. Et ça, c'était... Je m'en suis voulue beaucoup parce que, si tu veux, toutes les semaines, j'ai appelé François pour savoir si ça allait bien et tout. Et là, ça faisait 15 jours que je n'avais pas de nouvelles. Donc, je l'ai appelé. C'était pendant les fêtes de Noël. Il m'a dit, t'inquiète pas, j'ai trouvé une copine, ça va bien. J'étais ravie pour lui. En vérité, trois jours après...

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que c'est terrible et tu n'es pas la première à nous raconter des histoires comme celle-là. Et j'ai un peu l'impression que... Chaque maire, et surtout quand il reste maire plusieurs mandats, est amené à vivre des situations comme ça. Ça pose vraiment la question de quel accompagnement est-ce que vous avez, psychologique, vous avez en tant que mère pour faire face à ce genre de situation ? Ça cause quand même des traumatismes. C'est important.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, la gendarmerie me dit, si vous avez besoin d'un psychologue, il faut aller prendre rendez-vous. Bon, je n'ai pas fait, mais c'est vrai que parfois... Là, je peux vous dire que je vais voir un psychologue parce que j'ai été plusieurs fois... Agressée verbalement, donc là je vais voir quelqu'un et ça m'aide beaucoup. Mais oui, parce que ça te prend les tripes et que parfois tu... En plus, moi je suis une personne qui me remet sans arrêt en question. Grâce à nos demandes, aujourd'hui les mères peuvent avoir un suivi. Donc c'est quand même, c'est impulsant. C'est vraiment impulsant. On se sent moins seule. Donc moi, je vois, tu vas chez le psychologue, c'est pris en charge. Donc c'est vraiment, il ne faut pas hésiter. Il suffit des fois de deux ou trois séances, mais après, tu te libères, tu passes à autre chose.

  • Speaker #1

    Évidemment, vous n'êtes pas des super héros.

  • Speaker #0

    On est humains, on est humains et voilà.

  • Speaker #1

    Ça fait partie du lot de choses à affronter. De manière générale, quand toi tu es arrivée sur ta fonction de maire, comment est-ce que tu t'es formée ? C'est sûr, vraiment, on se forme sur le tas ?

  • Speaker #0

    Tout à fait, on se forme sur le tas, il faut chercher... C'est là que je dis qu'une secrétaire de mairie c'est super important, parce que dès qu'on a des choses, on veut mettre des choses en place, elle sait, elle sait pas, on se met toutes les deux à chercher, et c'est vraiment... La secrétaire de mairie, moi, c'est une complicité. C'est vraiment mon bras droit. Parfois, je me pose lui-même du nom des conseils parce que tu crois faire les choses bien. Et je lui dis, enfin, moi, je sais que ma secrétaire, qu'est-ce que t'en penses ? Est-ce que tu trouves que c'est bien d'avoir un avis ? Et après, je le soumets à mon adjoint et puis à mon conseil. C'est un travail d'équipe et sur le terrain. On apprend sur le terrain. On apprend sur le terrain. Les lois et... Ce qu'on a le droit, ce qu'on n'a pas le droit, ce n'est pas simple. Après, il y a des gens qui ont fait des études, qui ont fait du droit et tout, donc qui ont des connaissances. Mais moi, je sais que quand je suis arrivée...

  • Speaker #1

    Tu penses que ça fait des meilleures mères ?

  • Speaker #0

    Je n'en sais rien. Non, parce que de toute façon, il faut être humain. Après, si tu n'es pas humain... Voilà. Tout le monde est un bon maire, je pense. Parce que pour être maire, il faut vraiment aimer partager, il faut aimer être humain. Enfin, voilà, je pense qu'il faut demander à la population si je suis une bonne maire ou pas. Mais en tout cas, moi, je suis quelqu'un qui me remet beaucoup en question. Après, on ne peut pas plaire à tout le monde. Quoi que tu fasses, parfois, de toute façon, même si c'est bien, même si dans le fond de leur tête, ils pensent que c'est bien, mais comme c'est... La personne qui est devant toi que tu ne supportes pas, c'est comme ça.

  • Speaker #1

    Toi, tu es fière de toi quand même ?

  • Speaker #0

    Je ne me suis jamais posé la question si je suis fière de moi.

  • Speaker #1

    Je te la pose aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Fière de moi, bon. On va dire que je peux être fière de moi. Mais bon, moi, je ne me pose jamais les questions. Je suis quelqu'un qui se pose beaucoup de questions, qui se remet beaucoup en question. Et c'est vrai, est-ce que je suis fière de moi ? Oui, je suis fière de moi. Oui, tu as raison. Je suis fière de moi.

  • Speaker #1

    Je pense que tu peux l'être. Justement, à ce sujet, selon toi, quelle est ta plus grande réussite sur les différents mandats que tu as eus ?

  • Speaker #0

    Ma plus grande réussite ? Je ne sais pas, parce que tu vois, on est des petites communes, alors on fait plein de petites choses, mais des petites choses, tu vois.

  • Speaker #1

    Et mis bout à bout, ça commence.

  • Speaker #0

    Oui, mis bout à bout, ça fait pas mal de choses. mais à dire une grande réussite. Moi, dans ma campagne, enfin dans mon mandat de maire, ce que j'ai vraiment apprécié, c'est le partage que j'ai eu avec le préfet qui ne restait que deux ans. Mais lui, il m'a appris tellement de choses que lui, vraiment, pour moi, c'est un grand homme. Et il m'a vraiment fait voir certaines choses. J'étais en admiration devant cet homme, mais parce qu'il m'a apporté beaucoup de choses. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    C'est un exemple.

  • Speaker #0

    Un exemple. De jamais lâcher, par exemple, pour mes logements vifs. C'est un projet qui m'a vraiment soutenue. Et parfois, je me suis emportée et il me remettait en me disant on se calme, on va faire autrement et tout. Et vraiment, il avait raison, on se calme et on voit après. Mais parce qu'il m'a soutenue, enfin, on a travaillé ensemble et ça, c'est vachement important. Et là, c'est vrai qu'au niveau de la préfecture de l'Eure, avec les sous-préfets qu'on a, vraiment, on peut partager. Et c'est vraiment important parce qu'on partage, mais aussi, on apprend énormément. J'ai passé deux ans vraiment qui m'ont fait vraiment beaucoup de bien et j'ai tellement appris avec les équipes. C'était sympa.

  • Speaker #1

    On te souhaite la même chose pour les nouvelles nominations.

  • Speaker #0

    Oui, j'espère qu'il sera à la hauteur, comme celui que j'avais avant. Mais il n'y a pas de raison.

  • Speaker #1

    Petite pression pour lui s'il nous écoute. Et Alain Vert, est-ce que tu as un échec qui t'a marqué ?

  • Speaker #0

    Je n'ai pas d'échec. Je me suis présentée à la députation. J'avais refusé deux fois. Il est revenu la troisième fois. J'ai dit oui à la députation et au département. Pareil, je ne voulais pas, mais la personne m'avait demandé, qui est venue plusieurs fois. J'ai raté. Enfin, voilà, je suis une joueuse. Je participe, je perds, je perds, je ne veux pas en faire des caisses. Mais je vois que par contre, après, on prend cher. Parce qu'on s'est présenté contre certaines personnes et après...

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, on prend cher ?

  • Speaker #0

    Moi, je prends cher. Tu demandes des subventions et tout. Comme... Je me suis présentée avec telle... Je n'ai pas d'étiquette. Donc, si vous voulez, je ne veux pas avoir d'étiquette parce que je veux dire ce que j'ai envie. Et que ce soit droite, gauche, je m'en fous. Mais de toute façon, la droite, pour moi, il y a des choses qui me tiennent à cœur, qui font des choses, qui vont dans mon sens. Et la gauche aussi. Donc, voilà, c'est pour ça que je n'ai pas d'étiquette. Comme ça, je dis ce que je veux. Mais n'empêche qu'après tout ça, je me fais un peu... quand tu demandes des subventions et des choses, on te casse bien.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est quelque chose qu'on retrouve beaucoup en milieu rural, à savoir la majorité des maires sont sans étiquette. De la raison à ça, tu penses que c'est parce que c'est tout simplement un non-sens de s'encarter ?

  • Speaker #0

    Je trouve qu'aujourd'hui, ça a un non-sens. On ne sait plus... Même les gens ne viennent plus voter parce qu'ils ne savent même plus... Et moi, je les comprends parce que même moi, en tant que maire, je suis perdue aussi. Donc, je ne sais même plus. Parfois, on va... Enfin, là, aux dernières élections, on ne sait même plus qui voter parce qu'on est perdus. On est perdus. Donc, je comprends la population qui ne veut plus venir voter.

  • Speaker #1

    Ta commune a été touchée par l'abstention ?

  • Speaker #0

    Non, pas tant que ça. Non, non, pas tant que ça. Non, non. Mais bon, les résultats, on n'en parle pas.

  • Speaker #1

    Mais justement, tu sens qu'il y a une décorrélation entre... Ce que tes habitants votent aux élections nationales et toi, le rapport que tu peux avoir avec eux dans ton action locale ?

  • Speaker #0

    Non, parce que de toute façon, les gens, je pense, les citoyens votent pour un programme, pour ce qu'on veut mettre, ce qu'on veut mettre en place. Moi, dans mon conseil municipal, je ne peux pas dire qui vote quoi. Et je m'en fous complètement. Je m'en fous complètement. À part... À part les extrêmes. Mais bon, je ne sais pas dans mon conseil municipal, qui vote pour qui. Et je m'en moque complètement. Moi, je veux, c'est qu'on ait fait un programme, on était tous d'accord sur le programme. Et après, c'est le mettre en place, notre programme.

  • Speaker #1

    Et quelle est la réalité de vie dans une petite commune rurale ?

  • Speaker #0

    La réalité de vie ?

  • Speaker #1

    Dans ta commune, est-ce que tu as des commerces ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai qu'un distributeur. J'ai pu mettre un distributeur de... pain et ça, c'est vraiment un vrai succès. Mais tu sais, moi, je vous disais que j'ai plus de 35 enfants de moins de 12 ans. Tout le monde travaille. Donc le soir, moi, j'ai été maman, j'ai eu trois enfants. Le soir, tu rentres, tu as les activités des enfants, tu as les leçons et tout. Donc les gens ne s'occupent pas vraiment de ce qui se passe dans la commune. Chacun fait son train-train. Le week-end, il y a les courses. Et moi, je comprends vraiment que on... On dit que les gens ne s'impliquent plus dans les communes, mais ils ont tellement un train de vie qui demande plus, plus, plus. Donc, on ne peut pas tout faire. On ne peut pas être super maman, super papa, et puis en plus s'investir en plus dans les communes. Moi, je comprends. Moi, j'ai eu trois enfants. Mon mari était toujours en déplacement. Je m'investissais dans l'après-midi pour les parents d'élèves, mais le soir et tout, ce n'est pas possible. Le week-end, on est bien content de tous se réunir et de pouvoir partager en famille. Donc voilà, on a un train de vie, enfin les gens, enfin les citoyens ont un train de vie qui est quand même, qui demande beaucoup.

  • Speaker #1

    L'interview a touché à sa fin. Une des questions de phare de vie de mère et de savoir si tu te verrais mère pendant encore longtemps, on y a déjà plus ou moins répondu. Mais est-ce que tu te vois au moins engagée pendant encore longtemps ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi, si j'arrête d'être mère, après, je vais vraiment penser à moi, je vais vraiment partager avec mes amis, faire ce que j'ai envie, faire des activités avec... Avec mes amis, ma famille, vraiment profiter de moi. Parce que là, aujourd'hui, je ne fais plus de sport. La commune me prend beaucoup de temps. Et donc, si j'arrête en 2026, ça sera vraiment pour penser à moi. Et puis à mon mari et à mes enfants. Donc après, je me dis, si je fais, je repars en 2026. Ça sera peut-être pour 2-3 ans pour préparer les choses, mais il faut savoir s'arrêter. Parce que moi, je vois... Sérieusement, je pense qu'un maire devrait être maire jusqu'à 70 ans et après arrêter, laisser la place aux autres. Il faut savoir s'arrêter, on n'est pas indispensable. Et il y a un moment aussi... Moi, je vois qu'il y a des personnes qui fatiguent. Il faut savoir s'arrêter, on n'est pas indispensable.

  • Speaker #1

    Tu as 70 ans, toi tu as encore un petit peu de marge, on est peut-être en fait sur 2 ou 3 mandats supplémentaires. Non, non, non,

  • Speaker #0

    là ce serait la séparation avec mon mari parce qu'il m'a dit encore si tu veux faire un mandat, un demi-mandat, il n'y a pas de souci, mais non, là il faut savoir s'arrêter. Non, mais moi je sais m'arrêter, je sais qu'il faut laisser la place aux autres aussi.

  • Speaker #1

    Et ton mari t'a soutenu pendant tous tes mandats successifs ?

  • Speaker #0

    Alors, oui, mon mari me soutient, mais bon, si tu veux, il me soutient. Mais à chaque fois, je lui dis, je fais telle chose et telle chose. Il va me casser, il va me dire... Mais par contre, quand je suis partie pour être mère, je n'ai pas demandé l'avis à personne. On est venu me voir. Est-ce que tu veux être conseiller municipal ? J'ai dit oui tout de suite. Moi, je n'ai pas demandé à mon mari. Mon mari, lui, il vit sa vie... Et après, on partage, si tu veux. Mais de ce côté-là, on est très libre. Chacun fait ce qu'il veut. Non, mais là, si tu veux, je dis, je veux arrêter tout. Parce qu'on arrive à un moment, à la retraite aussi. Donc, il faut savoir, là, j'ai deux amis qui sont décédés à mon âge. Et là, ça te fait réfléchir. Tu te dis, mince, il n'a même pas été à la retraite qu'il est décédé. des cancers, tu te dis maintenant il faut savoir profiter de la vie aussi. C'est bien beau de partager plein de choses avec les autres, mais il faut penser aussi à sa famille et à soi. Donc voilà. Ce sera le mot de la fin, Marie.

  • Speaker #1

    Si on se projette sur la passation, quel conseil est-ce que tu donnerais à un jeune qui souhaiterait monter une liste municipale en 2026 ?

  • Speaker #0

    Moi je dis qu'il faut se lancer si on veut faire quelque chose. Il faut se lancer. Être mère, c'est une super expérience, mais on rencontre quand même beaucoup de difficultés. C'est dur pour la vie de famille. Moi, je me souviens, un 4 juillet, le jour de mon anniversaire, tous mes enfants étaient à la maison, mes gendres et tout. Ils m'attendaient pour faire la fête et on a eu des inondations. J'ai été prise de cinq heures. de 17h jusqu'à 3h du mat, je peux vous dire que quand je suis rentrée à la maison, j'avais vraiment... Ma famille n'était pas contente. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Et plein de petites choses comme ça. Des fois, on me prépare des surprises, et au dernier moment, non. Donc, moi, je dis, si vous voulez vous engager, il faut s'engager, mais il faut savoir que vous partez dans... Dans une vie qui va être peut-être un peu compliquée, mais ça vaut le coup. On apprend plein de choses et on partage plein de choses. Mais la vie de famille, c'est quand même un peu plus dur.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin. Un grand merci, Laurence. Loin des grandes messes médiatiques, Laurence nous rappelle que l'engagement municipal est avant tout une histoire d'humanité, de proximité et de passion, mais surtout de moteur. Le sien est l'intolérance de l'injustice, et il en existe autant que d'individus, à condition que l'on ait envie de le mettre en marche au profit du collectif. Mais à côté des moteurs, il y a la question des freins à l'engagement. Sur ce point, une phrase de Laurence m'est restée en tête. Je peux le faire, je ne suis pas plus bête qu'un autre Et elle a raison, elle nous enseigne que la politique locale n'est pas une compétence réservée à quelques-uns, mais un état d'esprit qui nécessite peut-être un brin de courage. Alors osons, osons nous engager, osons proposer des idées, osons être des acteurs de la transformation de nos territoires. Parce que c'est comme ça qu'on fera bouger les lignes.

  • Speaker #0

    Vous avez écouté ce podcast jusqu'au bout, alors on imagine qu'il vous a plu.

  • Speaker #1

    Pour nous soutenir, laissez-nous des étoiles, des commentaires, partagez l'épisode à vos copains et suivez-nous sur Instagram, à T'Vis de Mer.

  • Speaker #0

    Chaque soutien est hyper précieux.

  • Speaker #1

    À bientôt dans une prochaine vie de mère.

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Description

Dans les communes de moins de 1000 habitants, quel est le rôle d’un maire ? C’est ce que nous continuons d’explorer dans cette série de 3 épisodes enregistrés au Congrès de l'Association des Maires Ruraux de France où nous nous sommes rendues avec Clémentine en octobre dernier.


Notre invité du jour est Laurance Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagne, village de 242 habitants niché dans l’Eure et Présidente de l’association des maires ruraux de l’Eure.


Avec elle, nous avons parlé de : 

  • la lutte contre l’injustice comme moteur d’engagement

  • du tabou tenace sur l’accompagnement psychologique des maires confrontés au suicide d’un de leur administré

  • de son engagement contre les violences intrafamiliales

  • de l’impossibilité d’être apprécié par tous lorsqu’on est “grande gueule”, comme elle aime à se définir.


_______________________________________


Rendez-vous sur Instagram @viedemaire et inscrivez-vous à la newsletter pour être tenu au courant des actualités du podcast et des prochains épisodes. 


Episode animé par Margot Alquier


Crédits : Générique réalisé par Ophélie Baribaud   


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Vies de Mère.

  • Speaker #1

    Je suis Clémentine Guilbeault de Maison et moi Margot Elkier.

  • Speaker #0

    Et dans ce podcast,

  • Speaker #1

    on part à la rencontre des maires de toute la France.

  • Speaker #0

    Notre but ?

  • Speaker #1

    Remonter à la racine de leur engagement.

  • Speaker #0

    Comprendre leur quotidien, leurs difficultés et leurs réussites. Et peut-être vous donner envie de vous bouger vous aussi pour votre commune. Vies de Mère, c'est une sacrée vie de mère. Dans les communes de moins de 1000 habitants, Quel est le rôle d'un maire ? C'est ce que nous continuons d'explorer dans cette série de trois épisodes enregistrés au congrès de l'Association des maires ruraux de France, où nous nous sommes rendus avec Clémentine en octobre dernier. Notre hôte du jour est Laurence Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagne, village de 242 habitants nichés dans l'Eure. Un premier épisode dans lequel le tutoiement sera de mise, parce qu'avec Laurence, nous nous connaissions déjà. Au titre de sa casquette de l'Association des maires ruraux de l'Eure, elle a été une des premières maires à apporter un soutien électoral. indéfectible à l'association Bouche ton coq, dans laquelle je travaille, et dont l'ambition est de changer la vie dans les villages en créant des solutions citoyennes pour lutter contre la désertification des services essentiels. Lorsque j'ai proposé à Laurence de passer derrière le micro de Vie de mer, elle m'a d'abord dit non. Son domaine, c'est l'action,

  • Speaker #1

    pas le blabla.

  • Speaker #0

    Si Laurence n'a pas sa langue dans sa poche, sa réponse illustre la difficulté qu'on peut avoir à parler de soi quand on est tourné tout entier vers le terrain. plus encore à lever la tête et à prendre le temps de réaliser tout ce qui a été accompli. Je suis très heureuse d'avoir finalement eu gain de cause, parce qu'avec Laurence, on a parlé de sujets aussi essentiels que la lutte contre l'injustice comme moteur d'engagement, du tabou tenace sur l'accompagnement psychologique des mères confrontées au suicide d'un de leurs administrés, de son engagement contre les violences intrafamiliales, et de l'impossibilité d'être appréciée de tous lorsqu'on est grande gueule comme elle aime se définir. Bonne écoute ! Laurence, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Un grand merci d'avoir accepté de passer derrière le micro de Vie de Mère aujourd'hui, jour du congrès de l'Association des Mères Ruraux. J'aimerais que pour ce début d'interview, on revienne sur ton enfance. Qu'est-ce que tu rêvais de faire quand tu étais petite ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je rêvais d'être danseuse. Je me mettais devant le miroir, je chantais à toute tête Claude François. Enfin voilà, je voulais être danseuse. Bon, ça a été... Mal barrée parce que je ne suis pas, je n'ai jamais fait de danse et voilà.

  • Speaker #0

    Alors qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé ? J'habitais dans un petit village, il n'y avait pas de cours de danse. Je suis issue d'une grande famille de neuf enfants et dont on est nés et donc dans un milieu très modeste. Donc c'était le foot. Enfin, je faisais du foot avec mes frères. avec mes frères et sœurs et beaucoup de vélo et voilà. Et donc la danse, c'était dans mon univers à moi, devant mon miroir.

  • Speaker #0

    Donc qu'est-ce que tu as fait à la place ?

  • Speaker #1

    À la place, moi à l'école, ce n'était pas trop mon truc. J'étais dyslexique, alors c'était un peu compliqué. Donc j'ai fait l'école hôtelière et je suis partie à l'internat. Et donc voilà, ça c'est... Ce sont des bons souvenirs. Je me souviens que les 15 premiers jours, c'était les pleurs et les pleurs parce que je voulais rentrer chez moi, parce que je ne connaissais pas bien la ville. Et puis après, je me suis fait plein de copains et copines et beaucoup de virées. Enfin, c'était l'univers où on s'est un peu, même beaucoup éclaté entre copains et copines.

  • Speaker #0

    Donc, tu as grandi à la campagne, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait.

  • Speaker #0

    Dans quel univers ?

  • Speaker #1

    C'était, vous savez, une grande famille. Donc, on était tous très proches. On est tous très proches. Dès qu'il y a un problème, dès que j'ai un frère ou une soeur qui a un problème, on est tous là pour réunir, pour régler les problèmes. Enfin, on est très, très, très soudés. Une famille très soudée et avec beaucoup d'amis. Enfin, on est très, très... Enfin, moi, ma famille, on est des personnes très ouvertes. Plus je suis entourée, mieux sert. J'aime beaucoup partager.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te rappelles de ton premier souvenir lié à la politique ?

  • Speaker #1

    Pas du tout, la politique ne m'intéressait pas. Moi, j'ai des parents qui s'intéressaient... Enfin, neuf enfants, c'était déjà beaucoup. Donc, ma famille ne s'intéressait pas du tout. Elle n'avait pas le temps de participer avec des associations. C'était, non, pas du tout, pas de politique, enfin rien. Et je pense que je me suis intéressée à la politique quand j'ai eu mes enfants. J'ai eu trois filles et je me suis mise dans les parents des lèvres. C'est arrivé avec mon mari dans un village, dans le Calvados. Et donc là, je ne connaissais personne parce qu'à chaque fois, on déménageait souvent parce que mon mari était directeur et qu'il fallait suivre. Et donc... Donc, pour faire des connaissances, je me suis mis parent d'élève. Et je pense que c'est là qu'est venue ma passion de m'investir beaucoup. Je suis quelqu'un qui n'aime pas l'injustice. Et donc, dans l'univers de l'école et tout, je voyais des choses qui ne me plaisaient pas. Et donc, voilà, petit à petit, après j'ai déménagé du Calvados, je suis allée dans l'Eure. Et donc, là, pareil, dans le Calvados, on faisait des... Beaucoup d'animation, des marchés de Noël avec les copines et tout, mais c'était une ambiance féérique. Enfin, j'animais beaucoup les choses. Et après, arrivé dans l'heure, j'ai refait la même chose. Il n'y avait pas d'association de parents d'élèves. J'ai créé avec des copines, parce qu'on était une dizaine qui arrivaient dans l'heure, qui étaient d'autres départements, ces personnes. Et donc, on s'est liés. Et aujourd'hui, 30 ans après, on se fait toujours des activités. Enfin, on est toujours restés en lien. Et nos enfants aussi. Et après, petit à petit, il y a eu les élections municipales. Alors, on s'est présenté, je me souviens très bien, à Montor, on s'est présenté l'équipe de parents d'élèves. Et donc c'est des souvenirs, on s'est bien marrés et tout. Enfin, on a fait un programme d'enfer. On a été ratatiner au premier tour, mais on a fêté ça vraiment tous ensemble. C'était vraiment des bons souvenirs. Et ensuite, j'ai déménagé dans un village pas très loin après, de Montor. Et là, j'ai le maire qui est venu me voir, parce qu'il refaisait une liste. parce que pratiquement toute son équipe partait sur une autre équipe et lui restait tout seul avec un conseiller. Donc il est venu me chercher. Donc moi, je lui ai dit que je voulais bien être sur sa liste, mais à une condition, être adjointe, parce que j'étais investie dans beaucoup d'associations, je faisais du bénévolat. Donc je me suis dit, là, je voudrais m'investir vraiment. Et donc le maire m'a dit, il n'y a pas de problème. Donc on a été élus, on était quoi ? On était, je ne me rappelle plus, 7 sur... 11. Et puis, voilà, c'est comme ça que j'ai commencé à faire de la politique. Et puis, voilà, c'est petit à petit. Donc, je suis... Ça, c'était en 2008. En 2009, je suis devenue maire parce que le maire avait des problèmes de santé. Et donc, il a démissionné. Et après, donc, je me suis présentée comme maire. Et là, en sachant que je ne connaissais pas du tout... Je ne connaissais pas du tout ce qui se passait dans les mairies parce que j'avais jamais été conseillère municipale et tout. Mais moi, c'est mes challenges. J'aime bien découvrir. Un premier mandat qui s'est passé bien. Les premiers mois ont été difficiles parce que dans mon équipe, on était... Alors moi, je n'étais pas du village. Donc un petit village de 240... Cinq habitants, pas du village, une femme. Ma première adjointe était une femme, pas du village. Enfin voilà, donc ça posait un peu question auprès de certains. Et puis, je me souviens très bien, une erreur de jeune mère, c'est qu'un jour, on avait une équipe de jeunes qui sont arrivés dans le village et qui cherchaient à nous nuire. On avait dit avec mon adjointe, on va contacter les parents, on va les convoquer et on va discuter. L'erreur à ne pas faire.

  • Speaker #0

    Vous vous êtes mis les parents.

  • Speaker #1

    On a invité des parents tous en même temps. Et là, on s'est fait allumer grave qu'on n'aimait pas les enfants. Donc, on est ressortis.

  • Speaker #0

    Avec la moitié du village.

  • Speaker #1

    Pas la moitié, mais il y avait ses familles. Et donc, après, on a réuni une fois de plus. On a convoqué les parents, mais un parent. Et là, ça s'est super bien passé. Mais je vous rappelle, j'ai vraiment des souvenirs. C'était laborieux avec mon adjointe. Mais bon, ça, c'est des erreurs à ne pas faire. Mais quand on est mère, comme ça, sur le terrain, on n'a pas les outils pour nous dire ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire. Et donc, voilà, je peux vous dire qu'il ne faut pas faire. Réunir les familles entières devant nous. Parce que nous, on pensait qu'on faisait bien, qu'on allait discuter et que les parents allaient dans notre sens. Mais pas du tout. On défend ses enfants, même s'ils ont tort. Et voilà. Donc maintenant, on le sait. Qu'est-ce que vous voulez savoir d'autre ?

  • Speaker #0

    Je me demandais comment est-ce qu'on fait quand on est... quand on se présente maire d'une commune dont on n'est pas originaire, pour se mettre les habitants dans la poche, d'une certaine manière ?

  • Speaker #1

    On ne se met pas les habitants dans la poche. Déjà, on fait une profession de foi, parce qu'on fait une profession de foi de ce qu'on veut mettre en place, de ce qu'on aimerait. Après, on va vers les habitants, vers les habitants leur disant, voilà, on veut faire ça, ça, ça. Ou certains... Parce que dans les petits villages, moi dans mon petit village, la population travaille beaucoup. Ils sont tous en activité, donc ce n'est pas évident de pouvoir les rencontrer. Ou alors on met dans la boîte à lettres notre profession de foi. Et puis éventuellement, si on veut discuter, on prend rendez-vous et on discute. On fait des fêtes. Je me souviens, nous... On avait fait pas mal de fêtes avec le comité des fêtes, mais on faisait tellement de choses qu'à la fin, le comité des fêtes s'épuise et puis aujourd'hui, il n'y a plus de comité des fêtes. Donc on essaye de faire autre chose. Donc moi, j'ai mis en place un conseil municipal de jeunes que je suis super contente de travailler avec eux parce qu'ils veulent faire plein de choses. Et mon premier conseil municipal, il y a une... Une petite jeune qui vient d'avoir 18 ans et elle m'a sollicité pour me dire qu'elle aimerait se présenter sur la liste prochaine des élections. Donc ça c'est quelque part qui me fait très plaisir parce que c'est un peu le but pour que les jeunes s'investissent. Et puis là j'ai un nouveau conseil municipal et c'est pareil j'ai une jeune qui aura 18 ans en 2026 et qui m'a demandé de savoir si elle pouvait se présenter sur ma liste. Je lui ai dit qu'il n'y avait pas de soucis, mais que je n'étais pas certaine de me représenter. Donc je lui ai fait, je vais te soutenir pour que ton vœu puisse voir le jour. Et dans la fierté de ce que j'ai mis et qui a marché, c'est qu'on a mis un verger en place avec le conseil municipal, avec chaque arbre, avec le nom de chaque conseiller des jeunes, avec leur nom, en mettant une pancarte, premier conseil municipal de Daubeuf. avec le nom de chaque conseiller. Ça leur a vraiment beaucoup plu. Et puis aujourd'hui, je vois que les parents viennent faire un tour, voir l'arbre. Et à côté aussi, on a fait la plantation d'un arbre à chaque enfant qui naît dans le village.

  • Speaker #0

    C'est une jolie victoire pour la jeunesse. Parce qu'il y a 240 habitants dans ton village. Donc, quelle proportion de jeunes ?

  • Speaker #1

    J'ai plutôt... 35 jeunes de moins de 12 ans. C'est énorme pour un petit village. Vraiment, c'est des jeunes parents. Et ça bouge beaucoup.

  • Speaker #0

    Et donc, qu'est-ce qu'il y a dans ton village ?

  • Speaker #1

    Rien. Il n'y a rien. Non, mais on n'est pas loin de Louvier. Donc, il y a beaucoup de gens qui travaillent sur Louvier. On n'est pas loin d'Unebourg, pas loin d'Evreux, pas loin de Rouen. Ce n'est pas un village dortoir, mais les gens viennent sur Doboeuf. Dès qu'il y a des habitations à vendre, en deux mois, c'est vendu pratiquement. Donc, on est vraiment bien situé.

  • Speaker #0

    Ça reste assez attractif.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est quoi le quotidien d'un maire d'une commune de 240 habitants ?

  • Speaker #1

    Le quotidien d'Amère, déjà c'est de se diriger chaque matin dans sa mairie pour voir si tout va bien. On pervise. les actions à faire. Quand on a des projets, parce que c'est simple, c'est pareil, on a des maires qui sont très actifs et des maires qui sont moins actifs. Moi, je fais partie des maires qui sont très actifs. Donc là, en ce moment, je veux mettre en place des logements vifs pour violences extra-familiales et je veux faire un parcours pédestre pour faire découvrir le village avec eux. Aux habitants et aux gens qui viennent des alentours. Donc ça, c'est un projet, ça prend beaucoup de temps. C'est des démarches, aller en préfecture, trouver des subventions. Enfin, c'est beaucoup de choses. Et mon troisième projet, là, c'est faire ouvrir l'église qui est fermée depuis 2003. Et là, je rencontre quand même pas mal de difficultés parce qu'au niveau financement, c'est... C'est dur, les plans de financement, c'est pas simple pour un maire, et donc il faut toujours aller chercher, donc ça occupe énormément. Et puis malgré tout, à côté, il y a des choses aussi, entretenir le cimetière, tout ce qui est entretien, donc il faut gérer, il faut regarder, enfin voilà.

  • Speaker #0

    Tu parlais de logements vifs, c'est quoi précisément ?

  • Speaker #1

    Les logements vifs, c'est pour accueillir les femmes qui sont battues. Alors, c'est logement vif d'urgence. Donc, si tu veux, on va travailler en partenariat avec une association, c'est Accueil Service. Donc, là, on va restaurer les logements. Donc, si tu veux, là, c'est un peu compliqué pour trouver des financements, mais apparemment, ça va bientôt aboutir. Et donc, faire l'appel d'offres. Et ensuite, quand les logements seront prêts, c'est l'association Accueil Service. On va confier les clés à cette association pendant 5-6 ans. Et les appartements, c'est cette association qui va proposer des logements dès qu'il y aura des personnes qui auront besoin de logements.

  • Speaker #0

    Tu sens que c'est une problématique prégnante dans ta commune ou au niveau des alentours ? Ou en milieu rural ?

  • Speaker #1

    En milieu rural, on ne voit rien. On ne voit pas ce qui se passe, mais c'est quand même dans le milieu rural où il y a le plus d'intrafamilial. Et donc, il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. C'est qu'il y a bien des gens qui sont victimes. Et donc, c'est quelque chose qui me tient à cœur avec l'Association des Mères Ruraux. Là, je suis en train de voir pour mettre en partenariat avec La Poste. de pouvoir mettre une boîte à lettres dans chaque village où les maires sont adhérents, pour mettre un autocollant, pour dire, déposer un courrier, même si vous n'habitez pas le village, pour pouvoir nous signaler s'il y a un problème. Ça me tient vraiment beaucoup à cœur.

  • Speaker #0

    Donc effectivement, tu es très engagée sur ces sujets-là, au niveau de l'Association des maires ruraux. Il y a un dispositif qui a été créé dernièrement, le dispositif R, c'est ça ? Oui. Ça consiste en quoi précisément ?

  • Speaker #1

    Ça consiste à demander à chaque adhérent à l'association de mettre un référent en place dans chaque commune. De façon que les référents seront formés par une association. Et pour savoir comment accueillir une personne qui est victime. Et savoir aussi surtout les diriger. Les diriger vers certaines associations. C'est simple. Mais ça peut vraiment être un plus pour les victimes.

  • Speaker #0

    Tu as en tête des histoires de femmes qui ont eu recours à ce dispositif et qui, toi, personnellement, t'ont marqué ?

  • Speaker #1

    Moi, ça me tient à cœur parce que quand j'habitais un petit village, j'avais une copine, enfin, une copine comme ça. On buvait de temps en temps le thé qui était très, très, très joyeuse. Et un jour, je l'ai vue passer devant ma maison en hurlant. Et je me demandais ce qui se passait. Et après, j'ai appris qu'elle était battue par sa femme. Et ça, ça m'a fait vraiment beaucoup de mal parce que jamais j'aurais pu penser que cette femme vivait un calvaire chez elle. Et donc, quand on a parlé de ce dispositif, j'ai dit, allez, franco, on y va.

  • Speaker #0

    On en revient à la question de l'injustice et du fait que ça était insupportable. Et alors... Justement, je me posais la question tout à l'heure quand tu en as parlé, est-ce qu'il y a une situation d'injustice que tu as vécue ? Alors peut-être quand tu étais petite ou ça remonte à plus tard, qui a causé ce déclic en te disant j'ai envie de combattre l'injustice ?

  • Speaker #1

    Non, mais de toute façon, toute injustice, que ce soit femme victime ou autre, moi j'ai horreur de l'injustice, des passe-droits. Je pense que quand j'étais petite, on était neuf gamins à la maison, Quand on était à l'école, on était une famille de neufs, on était un peu mis de côté. Et peut-être que c'est ce qui m'a poussée. Quand je suis partie de chez moi, qui m'a dit stop, ça suffit, les choses, la justice, ça doit être pour tout le monde pareil. Et voilà. Et quand on est maire, c'est ce qu'on rencontre. Les problématiques qu'on peut trouver sur le terrain, c'est que les gens sont tous d'accord pour mettre que chacun suive les lois. Mais quand on va voir certaines personnes en disant là, tu es hors de la loi. Non mais là, ce n'est plus possible. Chez le voisin, c'est normal. Mais quand on demande, gentiment, on va aller voir une personne en disant qu'il est interditeur du feu, et dès que tu as le dos tourné, après tu as un sale maire. C'est comme ça. Et puis après, ça va aller voir l'autre voisin. On leur dit, enfin, c'est un peu pénible et c'est un peu frustrant aussi. En tant que mère, tu dois faire appliquer les lois. Et parfois, ce n'est pas simple. Même pour nos amis. Parce qu'on peut avoir des amis aussi dans le village. Et ce n'est pas parce qu'ils sont copains avec le maire qu'ils vont avoir le droit de faire des choses. Mais non, la loi, c'est pour tout le monde pareil. Et ça, c'est un peu difficile. Même pour mon mari, parfois, il me dit oui. Il me dit oui et je vais faire ça. Je dis non, tu ne fais pas ça, tu n'as pas le droit. Donc, il me dit ouais, mais... Ça ne faut pas être le mari du maire. Non, parce qu'on leur demande peut-être...

  • Speaker #0

    de plus en lui disant non tu fais pas ça alors justement comment ça se passe l'imbrication entre ton mandat de mère parce que tu es mère quand même depuis maintenant 2009 donc ça fait bien plus que ça 15 ans quasiment comment ça se passe l'imbrication entre ta vie personnelle et ton mandat et ben là mes familles en ont le bol c'est clair c'est net mes filles me disent il faut arrêter il faut il faut

  • Speaker #1

    Te poser, il faut penser à toi. Et mon mari, c'est pareil, il va arriver à la retraite. Donc, la seule chose qu'il me demande, c'est d'arrêter. Et parfois, je veux arrêter. Parfois, je me dis, bon oui, je vais profiter de mes amis. Enfin, faire plein de choses. Mais le fait, parce que mère, ce n'est pas simple tous les jours. Mais on fait de très belles rencontres et on partage. Donc, c'est ce qui m'embête. d'arrêter parce que après, quand tu arrêtes, tout est terminé. Moi, c'est ce que je pense. Si j'arrête d'être mère, c'est fini. Je reste chez moi. Je vais m'isoler avec mes amis et tout. Je ne vais plus regarder ce qui se passe dans le village. Enfin, il faut savoir tourner la page et dire stop. Parce qu'il y a parfois des mères qui arrêtent, mais qui s'occupent de tout, enfin, qui cherchent. Oui, tu n'as pas le droit de faire ça. certaines choses. Moi, c'est pas ça. C'est le jour où j'arrête, j'arrête vraiment. Donc, voilà. Donc là, je suis en train de voir si j'arrête ou si j'arrête pas.

  • Speaker #0

    Bon, là, je comprends qu'en 15 ans, il pousse un petit peu pour que tu arrêtes, mais comment est-ce que tu l'as vécu, toi, au cours de ces 15 années ?

  • Speaker #1

    Là, si tu vois, en ce moment, j'ai vécu... J'ai fait des choses... Vraiment intéressée, j'ai fait vraiment des belles rencontres, mais en ce moment, c'est un peu difficile dans mon village, avec deux, trois personnes. Et donc là, si tu veux, au niveau santé, ça me prend vraiment beaucoup sur moi. Donc je me dis, voilà, pourquoi pas laisser la place, et puis voilà, j'aurais fait mon temps, mais ce qui m'embête un peu, c'est que mes logements vifs vont voir le jour quand je vais pratiquement partir. Donc voilà. Je ne sais pas aujourd'hui. Puis après, il faut être réélu, parce que c'est pareil. Beaucoup de gens disent on va faire ça pour le prochain mandat. Mais avant, il faut être réélu. Et je me prépare toujours quand je me présente quelque part. Je me présente, mais toujours, je me prépare à ne pas être élu, de façon à ne pas être déçue. Ça ne me fasse pas mal. Donc vraiment, la dernière fois, on est... C'était la première fois où il n'y avait pas de liste dans mon village. Il n'y avait que 200 et quelques habitants, mais il y avait toujours deux listes. Et la dernière fois, il n'y avait qu'une liste. Et on est passé au premier tour. J'avais du mal à le croire. Enfin, j'avais du mal à le croire parce qu'au premier tour, je pensais qu'il n'y aurait un deuxième tour. Il n'y a eu qu'un tour. Et l'avant-dernière fois, il y avait deux listes. Et c'est pareil, on est passé tous au premier tour. Et là, mon mari me dit, tu te rends compte ? Vous êtes tous passés au premier tour. Je m'étais tellement préparée à ne pas passer. Et j'ai mis vraiment peut-être huit jours à me dire, on l'a fait. Donc voilà, c'est des expériences. Mais ce n'est pas simple. Je vois aussi, je me suis présentée en tant que vice-présidente dans un syndicat d'eau. Donc, j'étais la seule femme. Et pour me présenter, la première fois que j'ai demandé à me présenter, présenté au syndicat d'eau le président me dit ah mais non ma liste est faite il n'y a pas de place Et puis, le jour J, il vient me voir, le président, il me dit Bon, je ne te présente pas pour être vice-présidente, mais je te propose d'être au CA, au conseil d'administration. Donc, je lui réponds Oui, mais ce n'est pas ce que je vous ai demandé. Il me dit Oui, ben tu réfléchis. Bon, donc je me suis dit Oh là là, je vais encore mettre le bazar. Et donc, le président repose sa liste. Et donc, il demande si tout le monde est d'accord. Et donc là, j'ai levé la main. J'ai dit maintenant, moi, j'ai voulu me présenter. Vous m'avez refusé ma candidature. Et puis, il y a un monsieur dans le public qui a dit ici, on n'est pas en Russie. Si une personne veut te présenter, vous devez l'accepter. Et puis, il y a une autre personne qui s'est levée et dit moi aussi, on m'a refusé. Donc, il a dit, on vote chaque. on vote chaque vice-présidente, donc on a voté et j'ai eu le plus de voix. C'est une jolie victoire.

  • Speaker #0

    C'est une jolie victoire,

  • Speaker #1

    mais... Il faut toujours se battre. Alors, il y en a qui me disaient Ouais, tu connais rien. Je dis Certes, mais je vais apprendre. Je ne suis pas plus bête qu'une autre. Mais c'est dur. C'est vraiment dur. Et puis, en tant que femme... Ça change parce que les premières années de maire, je peux vous dire que je me souviens aussi d'une anecdote. C'était pour les réseaux, pour l'enfouissement des réseaux. Je demandais à un collège, est-ce qu'on a le droit à des subventions ? Il me dit non, non, tu n'as pas le droit de subvention. Donc je reste là-dessus. Puis deux ans après, je me renseigne un peu plus et en vérité, j'avais vraiment le droit à des subventions. Donc je ne savais pas, je ne savais pas, je demandais et les hommes ont du mal à donner. C'est un monde d'hommes malgré tout. Bon, ça change. Non, mais ce n'est pas simple tous les jours.

  • Speaker #0

    Et toi, comment est-ce que tu sens que tu as évolué en 15 ans ?

  • Speaker #1

    Je suis beaucoup plus posée. Parce qu'avant, dès qu'il y a un truc qui ne me plaisait pas, je montais tout de suite au créneau et j'allais vraiment à fond. Et même pour vous dire, c'est que parfois, il y avait des mères qui venaient me voir en me disant Oui, ça, ce n'est pas normal. Ben oui, on va le dire. Donc... Non, c'était moi. Et puis un jour, j'en ai eu marre. J'ai dit, attends, lui, il se sert de moi et tout. Donc, j'ai dit, un jour, je suis intervenue. Je dis, oui, voilà, je ne trouve pas normal que... Et je fais, c'est M. Intel qui me l'a dit. Plus jamais, il est revenu me voir. Mais bon, voilà. Mais oui, parce que je suis un peu... Je n'aime pas l'injustice. Je n'aime pas que ce soit toujours pour les mêmes. Enfin, voilà, c'est mon côté un peu rébellion. Bon, ça ne me plaît pas toujours, mais bon, c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Tu t'es apaisée, mais tu gardes la niaque quand même.

  • Speaker #1

    Oui, je garde la niaque. Mais oui, je me suis apaisée. Oui, oui, je rentre moins. Je prends beaucoup sur moi et voilà.

  • Speaker #0

    Tu penses que cette niaque, elle est nécessaire pour être un bon maire ?

  • Speaker #1

    Non, tu peux faire les choses sans avoir beaucoup de niaque. Mais moi, c'est mon tempérament. Parfois, je ne mets pas les formes. Donc, on ne me trouve pas très sympathique comme ça.

  • Speaker #0

    Ça, tu le vis comment ?

  • Speaker #1

    Moi, quand je dis des choses, je me rappelle une fois, j'étais intervenue. Je ne vous dira pas ce que j'ai dit. Et je dis, on veut. Donc, je rentre à la maison. Je fais, oui, j'ai dit ça, ça. Il me dit, tu n'as pas fait ça. Je dis, si. Donc, voilà. Bon, ben voilà.

  • Speaker #0

    C'est l'endroit où il ne peut pas y avoir de non-dit.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as dit ? Non, non, je n'ai rien dit. J'avais dit à... Bon, allez, je le dis. De toute façon, c'est du passé. J'avais demandé à l'Assemblée... Enfin, on était dans le bureau de la Comcom. Et j'avais dit qu'il y avait parmi deux personnes un menteur. Donc, je fais lequel de vous deux est le menteur ? Et là, on m'a dit t'abuses un peu et tout, je dis mais si, mais moi je connais la vérité, donc je veux savoir qui ment. Et je savais très bien qui mentait. Et bon, ils ne m'ont pas avoué, mais voilà. Moi, je trouve que voilà, tu peux des fois dire des choses, enfin mentir. Parce que tu es dans l'obligation, mais au moins l'avouer. On dit, oui, écoute, je suis désolée, je l'ai dit, mais non.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que tu gères, toi, l'exposition de toi-même en tant que mère ? Parce que j'imagine que tu prends souvent des coups.

  • Speaker #1

    Alors, devant le public, je gère bien. Enfin, je fais comme si ça ne m'éteignait pas. Mais arrivé à la maison, je peux te dire que ça m'empêche de dormir. Mais c'est comme ça. C'est comme ça parce que ça me prend beaucoup d'énergie et que je réponds. Mais bon, je réponds vraiment moins avant du tac au tac. Avant, j'avais vraiment la niaque et j'avais des formules qui m'arrivaient comme ça. J'étais même surprise de pouvoir sortir telle chose. Mais maintenant, non. Des fois, je ne dis même rien. Ça m'énerve, mais je ne dis rien. Donc après, j'en parle avec mes collègues, maire, et je leur dis, oui, on...

  • Speaker #0

    on n'est pas bon, on n'a pas réagi là-dessus. Ils disent oui, mais pourquoi c'est toujours les mêmes qui... Enfin, ceux qui interviennent, c'est toujours les mêmes en vérité.

  • Speaker #1

    Et tu sens qu'il y a de la solidarité entre pères ? Enfin, entre mères ?

  • Speaker #0

    Entre mères ? Non, moi je ne trouve pas, c'est un milieu... Non, je ne trouve pas. À part... Enfin, moi je trouve qu'entre femmes, il y a beaucoup de solidarité. Entre femmes, on discute, on partage. Je trouve que oui, mais entre les hommes...

  • Speaker #1

    je trouve que parfois c'est pas très sincère La France se porterait mieux si elle était gouvernée par des femmes

  • Speaker #0

    Déjà je trouve qu'il y a beaucoup plus de dialogue avec les femmes je trouve qu'il y a beaucoup plus de dialogue mais nous les femmes dès qu'on a un petit problème on partage entre copines, entre amis en disant, moi je vois quand j'avais mes enfants on partageait entre copines ça fait du bien on discute que je trouve qu'avec les hommes c'est... Il y a une fierté. Chacun ses ennuis, chacun garde ses ennuis. Et voilà. Mais c'est l'être humain peut-être qui est comme ça.

  • Speaker #1

    Mais tu disais tout à l'heure que les choses avaient évolué, notamment au niveau de la place de la femme en politique, depuis que tu as été, depuis ta première élection. Quel constat est-ce que tu fais justement de cette évolution ?

  • Speaker #0

    Quel constat ? Alors déjà, je vois le mandat là, au niveau de la Comcom. il y a eu quand même un grand changement donc des jeunes et je trouve que là ça a changé, on peut vraiment plus se discuter, partager mais avant c'était enfin 2009 c'était, on voyait bien on discutait pas c'est comme ça, le président a dit que c'était comme ça enfin voilà, il proposait ça et voilà, on discutait pas, c'était comme ça mais ça a vraiment changé Au dernier mandat, là.

  • Speaker #1

    En 2020 ?

  • Speaker #0

    Oui, en 2020, oui.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas comment est-ce que c'est sur ton territoire. Il y a des problématiques au niveau du renouvellement des mandats pour 2026 ?

  • Speaker #0

    On dit toujours qu'il n'y aura pas de maires. Enfin, il y a chaque année... Enfin, tu sais, il y a beaucoup de maires qui disent qu'ils ne vont pas se représenter. Ils se représentent. Comme toi, en 2026. Non, moi, je... Non, quand je vais prendre la décision, je vais prendre la décision. Mais là, pour l'instant, je suis encore... Je suis indécise, je ne sais pas. Oui, donc je disais qu'il y a beaucoup de mères qui ne vont pas se représenter, mais qui vont se représenter. Moi, je n'ai pas dit que je n'allais pas me présenter. Je réfléchis, je ne sais pas. Et puis, on trouve toujours quelqu'un pour être mère. C'est... Voilà. Enfin, moi, je pense que là, en vérité, en plus, ça va peut-être changer, parce que pendant les petits villages, ils veulent mettre peut-être... pour de 0 à 500, je crois qu'ils veulent mettre 7 conseillers, enfin un conseil municipal de 7, donc c'est à suivre. Mais moi je pense que ce serait peut-être pas mal, parce que faire une équipe de 11, des fois on va chercher des gens qui me disent, enfin je me souviens qu'il y en avait quelques-uns qui me disaient, moi je veux bien mais je ne vais pas pouvoir être à toutes les réunions, parce que bon je travaille et tout. Et donc si tu n'en prends que 7, mais 7 vraiment qui s'investissent, pourquoi pas ?

  • Speaker #1

    Surtout sur une commune de 240 habitants, 11 c'est énorme.

  • Speaker #0

    J'imagine qu'il y avait deux listes avant, tout le temps.

  • Speaker #1

    Moi c'est une population très engagée.

  • Speaker #0

    Oui, très engagée. Donc voilà, je ne sais pas comment ça va. Mais moi je pense que ça va bien se passer, il y aura toujours... Des gens qui vont s'investir.

  • Speaker #1

    Donc tu es présidente de l'association des maires ruraux de l'Eure depuis 10 ans.

  • Speaker #0

    Ça va faire 10 ans, l'année prochaine. Ça passe vite.

  • Speaker #1

    Donc qu'est-ce qu'on y fait à l'association des maires ruraux ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on y fait ? On essaye de faire pas mal d'ateliers. J'ai fait des ateliers, on a été les premiers en France de faire des ateliers autodéfense pour la défense des maires. Avec un psychologue. Donc ça, ça a été très bien vu. Après, on a vu dans toute la France, ça s'est... Diffusé. Oui, diffusé. Donc voilà, on a fait ça. Qu'est-ce qu'on a fait d'autre dans les maires ruraux ? On fait pas mal d'ateliers avec le tremplin pour comment dialoguer. Ça, c'était vraiment super. Enfin, entre autres, qu'est-ce qu'on fait ? On fait des sorties aussi parce qu'on s'est aperçu qu'il y avait un grand nombre d'élus qui n'étaient jamais allés au Sénat, ni... à l'Assemblée nationale, dont les secrétaires de mairie. Donc on fait des sorties pour les secrétaires de mairie aussi, parce qu'on les oublie parfois, mais c'est notre bras droit. Qu'est-ce qu'on fait d'autre ? Là, on est en train de mettre en place les référents. Qu'est-ce qu'on est en train de voir aussi, de mettre en place, avec le bouton Mon shérif c'est un bouton que tu… Tu télécharges une application et quand tu es agressé, tu appuies sur le bouton. Moi, j'ai mis trois noms, mon mari, mon adjoint et la secrétaire de mairie. Ils sont prévenus si je suis en danger. On est les premiers dans l'heure à mettre ça en place. Là, on va le diffuser parce que ça peut être aussi très bien pour les élus, mais aussi pour le... Nos employés, parce que par exemple, moi, mon jardinier, quand il s'en va faire les tontes, il est tout seul. Et donc, si jamais il a un problème, il peut appuyer et on vient à son secours.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a beaucoup d'insécurité ?

  • Speaker #0

    Non, il n'y a pas beaucoup d'insécurité, mais parfois, il faut mieux prévenir que guérir, on dit, mais il faut mieux prévenir et puis pouvoir venir en aide à nos... à nos agents et puis à nos élus.

  • Speaker #1

    Tu t'es proche de tes administrés ?

  • Speaker #0

    Proche, si tu veux, moi je pars du principe, je ne veux pas m'immiscer dans leur vie. Donc proche, je ne pourrais pas dire que je suis proche. Ma porte est ouverte. Ma porte est ouverte, ils sont tous ceux qui veulent avoir mon numéro de téléphone. Ils l'ont, mais je ne veux pas... aller chez les gens comme ça. Alors, les personnes âgées, je peux aller les voir pour voir si tout va bien. Mais, enfin, généralement, de toute façon, je les... Par exemple, pour Noël, à Noël, le Père Noël passe dans chaque habitation. Et donc là, je vais rentrer dans chaque habitation. Les gens, je les connais. Et ils savent que s'ils ont besoin de moi, s'ils ont un problème, ils peuvent venir me voir. Je leur demande toujours, est-ce que vous allez bien ? Mais aller comme ça chez les gens, comme ça, j'y vais pas. Parce que je trouve que chacun a droit à sa vie privée. Je n'ai pas le droit de savoir. Enfin, je ne veux pas savoir ce qui se passe à l'intérieur. Bon, à part si jamais on me dit, il y a peut-être un petit souci dans telle famille, je vais appeler ou je vais aller les voir. Mais voilà, je ne peux pas dire que je suis proche. Enfin, je ne suis pas...

  • Speaker #1

    C'est déjà arrivé, ça ?

  • Speaker #0

    De quoi ?

  • Speaker #1

    D'intervenir... Dans une famille et peut-être dans un conflit familial ?

  • Speaker #0

    Ah bah oui, des conflits. Oui, oui, ça m'est déjà arrivé. C'est pas facile, mais oui, oui. Chaque mère, je pense, c'est arrivé d'intervenir. Et puis, c'est là qu'on apprend dans les formations qu'il ne faut surtout pas y aller toute seule. Bon, bah oui, mais des fois, on est toute seule et on doit y aller. Parfois, on a peur, mais bon. Ça s'est toujours bien passé, mais voilà. Maintenant, avec le bouton, mon chéri, je me dis, non mais, je me dis, bon j'y vais, s'il y a un problème, j'appuie, il reviendra à mon secours. Mais oui, c'est pas... C'est pas... Il faut faire attention. Voilà.

  • Speaker #1

    Quelle est l'expérience humaine la plus forte que tu aies vécue dans le cadre de ton mandat de mère ?

  • Speaker #0

    Humaine ? Le truc qui m'a vraiment demandé... Qui m'a vraiment... Comment... Fait... Qui m'a vraiment... Je ne sais pas comment dire... Préautripe ? Comment ?

  • Speaker #1

    Préautripe ?

  • Speaker #0

    Oui, non, même pas. J'avais un conseiller municipal que j'aimais beaucoup et qui s'est suicidé et qui avait mis en scène, qui avait tout préparé pour que nous, les élus, on aille... Enfin... le voir, il avait téléphoné à mon adjoint pour dire qu'à 16h il fallait qu'il passe, il avait des choses à lui donner et donc il avait mis en scène la musique de son mariage il était en instant de divorce et il était pendu, et donc là le maire doit venir pour voir pour attester que c'était bien lui et donc ça c'est, toi quand je t'en parle je vois... la personne devant moi. Et ça, c'était... Je m'en suis voulue beaucoup parce que, si tu veux, toutes les semaines, j'ai appelé François pour savoir si ça allait bien et tout. Et là, ça faisait 15 jours que je n'avais pas de nouvelles. Donc, je l'ai appelé. C'était pendant les fêtes de Noël. Il m'a dit, t'inquiète pas, j'ai trouvé une copine, ça va bien. J'étais ravie pour lui. En vérité, trois jours après...

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que c'est terrible et tu n'es pas la première à nous raconter des histoires comme celle-là. Et j'ai un peu l'impression que... Chaque maire, et surtout quand il reste maire plusieurs mandats, est amené à vivre des situations comme ça. Ça pose vraiment la question de quel accompagnement est-ce que vous avez, psychologique, vous avez en tant que mère pour faire face à ce genre de situation ? Ça cause quand même des traumatismes. C'est important.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, la gendarmerie me dit, si vous avez besoin d'un psychologue, il faut aller prendre rendez-vous. Bon, je n'ai pas fait, mais c'est vrai que parfois... Là, je peux vous dire que je vais voir un psychologue parce que j'ai été plusieurs fois... Agressée verbalement, donc là je vais voir quelqu'un et ça m'aide beaucoup. Mais oui, parce que ça te prend les tripes et que parfois tu... En plus, moi je suis une personne qui me remet sans arrêt en question. Grâce à nos demandes, aujourd'hui les mères peuvent avoir un suivi. Donc c'est quand même, c'est impulsant. C'est vraiment impulsant. On se sent moins seule. Donc moi, je vois, tu vas chez le psychologue, c'est pris en charge. Donc c'est vraiment, il ne faut pas hésiter. Il suffit des fois de deux ou trois séances, mais après, tu te libères, tu passes à autre chose.

  • Speaker #1

    Évidemment, vous n'êtes pas des super héros.

  • Speaker #0

    On est humains, on est humains et voilà.

  • Speaker #1

    Ça fait partie du lot de choses à affronter. De manière générale, quand toi tu es arrivée sur ta fonction de maire, comment est-ce que tu t'es formée ? C'est sûr, vraiment, on se forme sur le tas ?

  • Speaker #0

    Tout à fait, on se forme sur le tas, il faut chercher... C'est là que je dis qu'une secrétaire de mairie c'est super important, parce que dès qu'on a des choses, on veut mettre des choses en place, elle sait, elle sait pas, on se met toutes les deux à chercher, et c'est vraiment... La secrétaire de mairie, moi, c'est une complicité. C'est vraiment mon bras droit. Parfois, je me pose lui-même du nom des conseils parce que tu crois faire les choses bien. Et je lui dis, enfin, moi, je sais que ma secrétaire, qu'est-ce que t'en penses ? Est-ce que tu trouves que c'est bien d'avoir un avis ? Et après, je le soumets à mon adjoint et puis à mon conseil. C'est un travail d'équipe et sur le terrain. On apprend sur le terrain. On apprend sur le terrain. Les lois et... Ce qu'on a le droit, ce qu'on n'a pas le droit, ce n'est pas simple. Après, il y a des gens qui ont fait des études, qui ont fait du droit et tout, donc qui ont des connaissances. Mais moi, je sais que quand je suis arrivée...

  • Speaker #1

    Tu penses que ça fait des meilleures mères ?

  • Speaker #0

    Je n'en sais rien. Non, parce que de toute façon, il faut être humain. Après, si tu n'es pas humain... Voilà. Tout le monde est un bon maire, je pense. Parce que pour être maire, il faut vraiment aimer partager, il faut aimer être humain. Enfin, voilà, je pense qu'il faut demander à la population si je suis une bonne maire ou pas. Mais en tout cas, moi, je suis quelqu'un qui me remet beaucoup en question. Après, on ne peut pas plaire à tout le monde. Quoi que tu fasses, parfois, de toute façon, même si c'est bien, même si dans le fond de leur tête, ils pensent que c'est bien, mais comme c'est... La personne qui est devant toi que tu ne supportes pas, c'est comme ça.

  • Speaker #1

    Toi, tu es fière de toi quand même ?

  • Speaker #0

    Je ne me suis jamais posé la question si je suis fière de moi.

  • Speaker #1

    Je te la pose aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Fière de moi, bon. On va dire que je peux être fière de moi. Mais bon, moi, je ne me pose jamais les questions. Je suis quelqu'un qui se pose beaucoup de questions, qui se remet beaucoup en question. Et c'est vrai, est-ce que je suis fière de moi ? Oui, je suis fière de moi. Oui, tu as raison. Je suis fière de moi.

  • Speaker #1

    Je pense que tu peux l'être. Justement, à ce sujet, selon toi, quelle est ta plus grande réussite sur les différents mandats que tu as eus ?

  • Speaker #0

    Ma plus grande réussite ? Je ne sais pas, parce que tu vois, on est des petites communes, alors on fait plein de petites choses, mais des petites choses, tu vois.

  • Speaker #1

    Et mis bout à bout, ça commence.

  • Speaker #0

    Oui, mis bout à bout, ça fait pas mal de choses. mais à dire une grande réussite. Moi, dans ma campagne, enfin dans mon mandat de maire, ce que j'ai vraiment apprécié, c'est le partage que j'ai eu avec le préfet qui ne restait que deux ans. Mais lui, il m'a appris tellement de choses que lui, vraiment, pour moi, c'est un grand homme. Et il m'a vraiment fait voir certaines choses. J'étais en admiration devant cet homme, mais parce qu'il m'a apporté beaucoup de choses. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    C'est un exemple.

  • Speaker #0

    Un exemple. De jamais lâcher, par exemple, pour mes logements vifs. C'est un projet qui m'a vraiment soutenue. Et parfois, je me suis emportée et il me remettait en me disant on se calme, on va faire autrement et tout. Et vraiment, il avait raison, on se calme et on voit après. Mais parce qu'il m'a soutenue, enfin, on a travaillé ensemble et ça, c'est vachement important. Et là, c'est vrai qu'au niveau de la préfecture de l'Eure, avec les sous-préfets qu'on a, vraiment, on peut partager. Et c'est vraiment important parce qu'on partage, mais aussi, on apprend énormément. J'ai passé deux ans vraiment qui m'ont fait vraiment beaucoup de bien et j'ai tellement appris avec les équipes. C'était sympa.

  • Speaker #1

    On te souhaite la même chose pour les nouvelles nominations.

  • Speaker #0

    Oui, j'espère qu'il sera à la hauteur, comme celui que j'avais avant. Mais il n'y a pas de raison.

  • Speaker #1

    Petite pression pour lui s'il nous écoute. Et Alain Vert, est-ce que tu as un échec qui t'a marqué ?

  • Speaker #0

    Je n'ai pas d'échec. Je me suis présentée à la députation. J'avais refusé deux fois. Il est revenu la troisième fois. J'ai dit oui à la députation et au département. Pareil, je ne voulais pas, mais la personne m'avait demandé, qui est venue plusieurs fois. J'ai raté. Enfin, voilà, je suis une joueuse. Je participe, je perds, je perds, je ne veux pas en faire des caisses. Mais je vois que par contre, après, on prend cher. Parce qu'on s'est présenté contre certaines personnes et après...

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, on prend cher ?

  • Speaker #0

    Moi, je prends cher. Tu demandes des subventions et tout. Comme... Je me suis présentée avec telle... Je n'ai pas d'étiquette. Donc, si vous voulez, je ne veux pas avoir d'étiquette parce que je veux dire ce que j'ai envie. Et que ce soit droite, gauche, je m'en fous. Mais de toute façon, la droite, pour moi, il y a des choses qui me tiennent à cœur, qui font des choses, qui vont dans mon sens. Et la gauche aussi. Donc, voilà, c'est pour ça que je n'ai pas d'étiquette. Comme ça, je dis ce que je veux. Mais n'empêche qu'après tout ça, je me fais un peu... quand tu demandes des subventions et des choses, on te casse bien.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est quelque chose qu'on retrouve beaucoup en milieu rural, à savoir la majorité des maires sont sans étiquette. De la raison à ça, tu penses que c'est parce que c'est tout simplement un non-sens de s'encarter ?

  • Speaker #0

    Je trouve qu'aujourd'hui, ça a un non-sens. On ne sait plus... Même les gens ne viennent plus voter parce qu'ils ne savent même plus... Et moi, je les comprends parce que même moi, en tant que maire, je suis perdue aussi. Donc, je ne sais même plus. Parfois, on va... Enfin, là, aux dernières élections, on ne sait même plus qui voter parce qu'on est perdus. On est perdus. Donc, je comprends la population qui ne veut plus venir voter.

  • Speaker #1

    Ta commune a été touchée par l'abstention ?

  • Speaker #0

    Non, pas tant que ça. Non, non, pas tant que ça. Non, non. Mais bon, les résultats, on n'en parle pas.

  • Speaker #1

    Mais justement, tu sens qu'il y a une décorrélation entre... Ce que tes habitants votent aux élections nationales et toi, le rapport que tu peux avoir avec eux dans ton action locale ?

  • Speaker #0

    Non, parce que de toute façon, les gens, je pense, les citoyens votent pour un programme, pour ce qu'on veut mettre, ce qu'on veut mettre en place. Moi, dans mon conseil municipal, je ne peux pas dire qui vote quoi. Et je m'en fous complètement. Je m'en fous complètement. À part... À part les extrêmes. Mais bon, je ne sais pas dans mon conseil municipal, qui vote pour qui. Et je m'en moque complètement. Moi, je veux, c'est qu'on ait fait un programme, on était tous d'accord sur le programme. Et après, c'est le mettre en place, notre programme.

  • Speaker #1

    Et quelle est la réalité de vie dans une petite commune rurale ?

  • Speaker #0

    La réalité de vie ?

  • Speaker #1

    Dans ta commune, est-ce que tu as des commerces ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai qu'un distributeur. J'ai pu mettre un distributeur de... pain et ça, c'est vraiment un vrai succès. Mais tu sais, moi, je vous disais que j'ai plus de 35 enfants de moins de 12 ans. Tout le monde travaille. Donc le soir, moi, j'ai été maman, j'ai eu trois enfants. Le soir, tu rentres, tu as les activités des enfants, tu as les leçons et tout. Donc les gens ne s'occupent pas vraiment de ce qui se passe dans la commune. Chacun fait son train-train. Le week-end, il y a les courses. Et moi, je comprends vraiment que on... On dit que les gens ne s'impliquent plus dans les communes, mais ils ont tellement un train de vie qui demande plus, plus, plus. Donc, on ne peut pas tout faire. On ne peut pas être super maman, super papa, et puis en plus s'investir en plus dans les communes. Moi, je comprends. Moi, j'ai eu trois enfants. Mon mari était toujours en déplacement. Je m'investissais dans l'après-midi pour les parents d'élèves, mais le soir et tout, ce n'est pas possible. Le week-end, on est bien content de tous se réunir et de pouvoir partager en famille. Donc voilà, on a un train de vie, enfin les gens, enfin les citoyens ont un train de vie qui est quand même, qui demande beaucoup.

  • Speaker #1

    L'interview a touché à sa fin. Une des questions de phare de vie de mère et de savoir si tu te verrais mère pendant encore longtemps, on y a déjà plus ou moins répondu. Mais est-ce que tu te vois au moins engagée pendant encore longtemps ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi, si j'arrête d'être mère, après, je vais vraiment penser à moi, je vais vraiment partager avec mes amis, faire ce que j'ai envie, faire des activités avec... Avec mes amis, ma famille, vraiment profiter de moi. Parce que là, aujourd'hui, je ne fais plus de sport. La commune me prend beaucoup de temps. Et donc, si j'arrête en 2026, ça sera vraiment pour penser à moi. Et puis à mon mari et à mes enfants. Donc après, je me dis, si je fais, je repars en 2026. Ça sera peut-être pour 2-3 ans pour préparer les choses, mais il faut savoir s'arrêter. Parce que moi, je vois... Sérieusement, je pense qu'un maire devrait être maire jusqu'à 70 ans et après arrêter, laisser la place aux autres. Il faut savoir s'arrêter, on n'est pas indispensable. Et il y a un moment aussi... Moi, je vois qu'il y a des personnes qui fatiguent. Il faut savoir s'arrêter, on n'est pas indispensable.

  • Speaker #1

    Tu as 70 ans, toi tu as encore un petit peu de marge, on est peut-être en fait sur 2 ou 3 mandats supplémentaires. Non, non, non,

  • Speaker #0

    là ce serait la séparation avec mon mari parce qu'il m'a dit encore si tu veux faire un mandat, un demi-mandat, il n'y a pas de souci, mais non, là il faut savoir s'arrêter. Non, mais moi je sais m'arrêter, je sais qu'il faut laisser la place aux autres aussi.

  • Speaker #1

    Et ton mari t'a soutenu pendant tous tes mandats successifs ?

  • Speaker #0

    Alors, oui, mon mari me soutient, mais bon, si tu veux, il me soutient. Mais à chaque fois, je lui dis, je fais telle chose et telle chose. Il va me casser, il va me dire... Mais par contre, quand je suis partie pour être mère, je n'ai pas demandé l'avis à personne. On est venu me voir. Est-ce que tu veux être conseiller municipal ? J'ai dit oui tout de suite. Moi, je n'ai pas demandé à mon mari. Mon mari, lui, il vit sa vie... Et après, on partage, si tu veux. Mais de ce côté-là, on est très libre. Chacun fait ce qu'il veut. Non, mais là, si tu veux, je dis, je veux arrêter tout. Parce qu'on arrive à un moment, à la retraite aussi. Donc, il faut savoir, là, j'ai deux amis qui sont décédés à mon âge. Et là, ça te fait réfléchir. Tu te dis, mince, il n'a même pas été à la retraite qu'il est décédé. des cancers, tu te dis maintenant il faut savoir profiter de la vie aussi. C'est bien beau de partager plein de choses avec les autres, mais il faut penser aussi à sa famille et à soi. Donc voilà. Ce sera le mot de la fin, Marie.

  • Speaker #1

    Si on se projette sur la passation, quel conseil est-ce que tu donnerais à un jeune qui souhaiterait monter une liste municipale en 2026 ?

  • Speaker #0

    Moi je dis qu'il faut se lancer si on veut faire quelque chose. Il faut se lancer. Être mère, c'est une super expérience, mais on rencontre quand même beaucoup de difficultés. C'est dur pour la vie de famille. Moi, je me souviens, un 4 juillet, le jour de mon anniversaire, tous mes enfants étaient à la maison, mes gendres et tout. Ils m'attendaient pour faire la fête et on a eu des inondations. J'ai été prise de cinq heures. de 17h jusqu'à 3h du mat, je peux vous dire que quand je suis rentrée à la maison, j'avais vraiment... Ma famille n'était pas contente. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Et plein de petites choses comme ça. Des fois, on me prépare des surprises, et au dernier moment, non. Donc, moi, je dis, si vous voulez vous engager, il faut s'engager, mais il faut savoir que vous partez dans... Dans une vie qui va être peut-être un peu compliquée, mais ça vaut le coup. On apprend plein de choses et on partage plein de choses. Mais la vie de famille, c'est quand même un peu plus dur.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin. Un grand merci, Laurence. Loin des grandes messes médiatiques, Laurence nous rappelle que l'engagement municipal est avant tout une histoire d'humanité, de proximité et de passion, mais surtout de moteur. Le sien est l'intolérance de l'injustice, et il en existe autant que d'individus, à condition que l'on ait envie de le mettre en marche au profit du collectif. Mais à côté des moteurs, il y a la question des freins à l'engagement. Sur ce point, une phrase de Laurence m'est restée en tête. Je peux le faire, je ne suis pas plus bête qu'un autre Et elle a raison, elle nous enseigne que la politique locale n'est pas une compétence réservée à quelques-uns, mais un état d'esprit qui nécessite peut-être un brin de courage. Alors osons, osons nous engager, osons proposer des idées, osons être des acteurs de la transformation de nos territoires. Parce que c'est comme ça qu'on fera bouger les lignes.

  • Speaker #0

    Vous avez écouté ce podcast jusqu'au bout, alors on imagine qu'il vous a plu.

  • Speaker #1

    Pour nous soutenir, laissez-nous des étoiles, des commentaires, partagez l'épisode à vos copains et suivez-nous sur Instagram, à T'Vis de Mer.

  • Speaker #0

    Chaque soutien est hyper précieux.

  • Speaker #1

    À bientôt dans une prochaine vie de mère.

Description

Dans les communes de moins de 1000 habitants, quel est le rôle d’un maire ? C’est ce que nous continuons d’explorer dans cette série de 3 épisodes enregistrés au Congrès de l'Association des Maires Ruraux de France où nous nous sommes rendues avec Clémentine en octobre dernier.


Notre invité du jour est Laurance Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagne, village de 242 habitants niché dans l’Eure et Présidente de l’association des maires ruraux de l’Eure.


Avec elle, nous avons parlé de : 

  • la lutte contre l’injustice comme moteur d’engagement

  • du tabou tenace sur l’accompagnement psychologique des maires confrontés au suicide d’un de leur administré

  • de son engagement contre les violences intrafamiliales

  • de l’impossibilité d’être apprécié par tous lorsqu’on est “grande gueule”, comme elle aime à se définir.


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Rendez-vous sur Instagram @viedemaire et inscrivez-vous à la newsletter pour être tenu au courant des actualités du podcast et des prochains épisodes. 


Episode animé par Margot Alquier


Crédits : Générique réalisé par Ophélie Baribaud   


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Vies de Mère.

  • Speaker #1

    Je suis Clémentine Guilbeault de Maison et moi Margot Elkier.

  • Speaker #0

    Et dans ce podcast,

  • Speaker #1

    on part à la rencontre des maires de toute la France.

  • Speaker #0

    Notre but ?

  • Speaker #1

    Remonter à la racine de leur engagement.

  • Speaker #0

    Comprendre leur quotidien, leurs difficultés et leurs réussites. Et peut-être vous donner envie de vous bouger vous aussi pour votre commune. Vies de Mère, c'est une sacrée vie de mère. Dans les communes de moins de 1000 habitants, Quel est le rôle d'un maire ? C'est ce que nous continuons d'explorer dans cette série de trois épisodes enregistrés au congrès de l'Association des maires ruraux de France, où nous nous sommes rendus avec Clémentine en octobre dernier. Notre hôte du jour est Laurence Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagne, village de 242 habitants nichés dans l'Eure. Un premier épisode dans lequel le tutoiement sera de mise, parce qu'avec Laurence, nous nous connaissions déjà. Au titre de sa casquette de l'Association des maires ruraux de l'Eure, elle a été une des premières maires à apporter un soutien électoral. indéfectible à l'association Bouche ton coq, dans laquelle je travaille, et dont l'ambition est de changer la vie dans les villages en créant des solutions citoyennes pour lutter contre la désertification des services essentiels. Lorsque j'ai proposé à Laurence de passer derrière le micro de Vie de mer, elle m'a d'abord dit non. Son domaine, c'est l'action,

  • Speaker #1

    pas le blabla.

  • Speaker #0

    Si Laurence n'a pas sa langue dans sa poche, sa réponse illustre la difficulté qu'on peut avoir à parler de soi quand on est tourné tout entier vers le terrain. plus encore à lever la tête et à prendre le temps de réaliser tout ce qui a été accompli. Je suis très heureuse d'avoir finalement eu gain de cause, parce qu'avec Laurence, on a parlé de sujets aussi essentiels que la lutte contre l'injustice comme moteur d'engagement, du tabou tenace sur l'accompagnement psychologique des mères confrontées au suicide d'un de leurs administrés, de son engagement contre les violences intrafamiliales, et de l'impossibilité d'être appréciée de tous lorsqu'on est grande gueule comme elle aime se définir. Bonne écoute ! Laurence, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Un grand merci d'avoir accepté de passer derrière le micro de Vie de Mère aujourd'hui, jour du congrès de l'Association des Mères Ruraux. J'aimerais que pour ce début d'interview, on revienne sur ton enfance. Qu'est-ce que tu rêvais de faire quand tu étais petite ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je rêvais d'être danseuse. Je me mettais devant le miroir, je chantais à toute tête Claude François. Enfin voilà, je voulais être danseuse. Bon, ça a été... Mal barrée parce que je ne suis pas, je n'ai jamais fait de danse et voilà.

  • Speaker #0

    Alors qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé ? J'habitais dans un petit village, il n'y avait pas de cours de danse. Je suis issue d'une grande famille de neuf enfants et dont on est nés et donc dans un milieu très modeste. Donc c'était le foot. Enfin, je faisais du foot avec mes frères. avec mes frères et sœurs et beaucoup de vélo et voilà. Et donc la danse, c'était dans mon univers à moi, devant mon miroir.

  • Speaker #0

    Donc qu'est-ce que tu as fait à la place ?

  • Speaker #1

    À la place, moi à l'école, ce n'était pas trop mon truc. J'étais dyslexique, alors c'était un peu compliqué. Donc j'ai fait l'école hôtelière et je suis partie à l'internat. Et donc voilà, ça c'est... Ce sont des bons souvenirs. Je me souviens que les 15 premiers jours, c'était les pleurs et les pleurs parce que je voulais rentrer chez moi, parce que je ne connaissais pas bien la ville. Et puis après, je me suis fait plein de copains et copines et beaucoup de virées. Enfin, c'était l'univers où on s'est un peu, même beaucoup éclaté entre copains et copines.

  • Speaker #0

    Donc, tu as grandi à la campagne, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #1

    tout à fait.

  • Speaker #0

    Dans quel univers ?

  • Speaker #1

    C'était, vous savez, une grande famille. Donc, on était tous très proches. On est tous très proches. Dès qu'il y a un problème, dès que j'ai un frère ou une soeur qui a un problème, on est tous là pour réunir, pour régler les problèmes. Enfin, on est très, très, très soudés. Une famille très soudée et avec beaucoup d'amis. Enfin, on est très, très... Enfin, moi, ma famille, on est des personnes très ouvertes. Plus je suis entourée, mieux sert. J'aime beaucoup partager.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te rappelles de ton premier souvenir lié à la politique ?

  • Speaker #1

    Pas du tout, la politique ne m'intéressait pas. Moi, j'ai des parents qui s'intéressaient... Enfin, neuf enfants, c'était déjà beaucoup. Donc, ma famille ne s'intéressait pas du tout. Elle n'avait pas le temps de participer avec des associations. C'était, non, pas du tout, pas de politique, enfin rien. Et je pense que je me suis intéressée à la politique quand j'ai eu mes enfants. J'ai eu trois filles et je me suis mise dans les parents des lèvres. C'est arrivé avec mon mari dans un village, dans le Calvados. Et donc là, je ne connaissais personne parce qu'à chaque fois, on déménageait souvent parce que mon mari était directeur et qu'il fallait suivre. Et donc... Donc, pour faire des connaissances, je me suis mis parent d'élève. Et je pense que c'est là qu'est venue ma passion de m'investir beaucoup. Je suis quelqu'un qui n'aime pas l'injustice. Et donc, dans l'univers de l'école et tout, je voyais des choses qui ne me plaisaient pas. Et donc, voilà, petit à petit, après j'ai déménagé du Calvados, je suis allée dans l'Eure. Et donc, là, pareil, dans le Calvados, on faisait des... Beaucoup d'animation, des marchés de Noël avec les copines et tout, mais c'était une ambiance féérique. Enfin, j'animais beaucoup les choses. Et après, arrivé dans l'heure, j'ai refait la même chose. Il n'y avait pas d'association de parents d'élèves. J'ai créé avec des copines, parce qu'on était une dizaine qui arrivaient dans l'heure, qui étaient d'autres départements, ces personnes. Et donc, on s'est liés. Et aujourd'hui, 30 ans après, on se fait toujours des activités. Enfin, on est toujours restés en lien. Et nos enfants aussi. Et après, petit à petit, il y a eu les élections municipales. Alors, on s'est présenté, je me souviens très bien, à Montor, on s'est présenté l'équipe de parents d'élèves. Et donc c'est des souvenirs, on s'est bien marrés et tout. Enfin, on a fait un programme d'enfer. On a été ratatiner au premier tour, mais on a fêté ça vraiment tous ensemble. C'était vraiment des bons souvenirs. Et ensuite, j'ai déménagé dans un village pas très loin après, de Montor. Et là, j'ai le maire qui est venu me voir, parce qu'il refaisait une liste. parce que pratiquement toute son équipe partait sur une autre équipe et lui restait tout seul avec un conseiller. Donc il est venu me chercher. Donc moi, je lui ai dit que je voulais bien être sur sa liste, mais à une condition, être adjointe, parce que j'étais investie dans beaucoup d'associations, je faisais du bénévolat. Donc je me suis dit, là, je voudrais m'investir vraiment. Et donc le maire m'a dit, il n'y a pas de problème. Donc on a été élus, on était quoi ? On était, je ne me rappelle plus, 7 sur... 11. Et puis, voilà, c'est comme ça que j'ai commencé à faire de la politique. Et puis, voilà, c'est petit à petit. Donc, je suis... Ça, c'était en 2008. En 2009, je suis devenue maire parce que le maire avait des problèmes de santé. Et donc, il a démissionné. Et après, donc, je me suis présentée comme maire. Et là, en sachant que je ne connaissais pas du tout... Je ne connaissais pas du tout ce qui se passait dans les mairies parce que j'avais jamais été conseillère municipale et tout. Mais moi, c'est mes challenges. J'aime bien découvrir. Un premier mandat qui s'est passé bien. Les premiers mois ont été difficiles parce que dans mon équipe, on était... Alors moi, je n'étais pas du village. Donc un petit village de 240... Cinq habitants, pas du village, une femme. Ma première adjointe était une femme, pas du village. Enfin voilà, donc ça posait un peu question auprès de certains. Et puis, je me souviens très bien, une erreur de jeune mère, c'est qu'un jour, on avait une équipe de jeunes qui sont arrivés dans le village et qui cherchaient à nous nuire. On avait dit avec mon adjointe, on va contacter les parents, on va les convoquer et on va discuter. L'erreur à ne pas faire.

  • Speaker #0

    Vous vous êtes mis les parents.

  • Speaker #1

    On a invité des parents tous en même temps. Et là, on s'est fait allumer grave qu'on n'aimait pas les enfants. Donc, on est ressortis.

  • Speaker #0

    Avec la moitié du village.

  • Speaker #1

    Pas la moitié, mais il y avait ses familles. Et donc, après, on a réuni une fois de plus. On a convoqué les parents, mais un parent. Et là, ça s'est super bien passé. Mais je vous rappelle, j'ai vraiment des souvenirs. C'était laborieux avec mon adjointe. Mais bon, ça, c'est des erreurs à ne pas faire. Mais quand on est mère, comme ça, sur le terrain, on n'a pas les outils pour nous dire ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire. Et donc, voilà, je peux vous dire qu'il ne faut pas faire. Réunir les familles entières devant nous. Parce que nous, on pensait qu'on faisait bien, qu'on allait discuter et que les parents allaient dans notre sens. Mais pas du tout. On défend ses enfants, même s'ils ont tort. Et voilà. Donc maintenant, on le sait. Qu'est-ce que vous voulez savoir d'autre ?

  • Speaker #0

    Je me demandais comment est-ce qu'on fait quand on est... quand on se présente maire d'une commune dont on n'est pas originaire, pour se mettre les habitants dans la poche, d'une certaine manière ?

  • Speaker #1

    On ne se met pas les habitants dans la poche. Déjà, on fait une profession de foi, parce qu'on fait une profession de foi de ce qu'on veut mettre en place, de ce qu'on aimerait. Après, on va vers les habitants, vers les habitants leur disant, voilà, on veut faire ça, ça, ça. Ou certains... Parce que dans les petits villages, moi dans mon petit village, la population travaille beaucoup. Ils sont tous en activité, donc ce n'est pas évident de pouvoir les rencontrer. Ou alors on met dans la boîte à lettres notre profession de foi. Et puis éventuellement, si on veut discuter, on prend rendez-vous et on discute. On fait des fêtes. Je me souviens, nous... On avait fait pas mal de fêtes avec le comité des fêtes, mais on faisait tellement de choses qu'à la fin, le comité des fêtes s'épuise et puis aujourd'hui, il n'y a plus de comité des fêtes. Donc on essaye de faire autre chose. Donc moi, j'ai mis en place un conseil municipal de jeunes que je suis super contente de travailler avec eux parce qu'ils veulent faire plein de choses. Et mon premier conseil municipal, il y a une... Une petite jeune qui vient d'avoir 18 ans et elle m'a sollicité pour me dire qu'elle aimerait se présenter sur la liste prochaine des élections. Donc ça c'est quelque part qui me fait très plaisir parce que c'est un peu le but pour que les jeunes s'investissent. Et puis là j'ai un nouveau conseil municipal et c'est pareil j'ai une jeune qui aura 18 ans en 2026 et qui m'a demandé de savoir si elle pouvait se présenter sur ma liste. Je lui ai dit qu'il n'y avait pas de soucis, mais que je n'étais pas certaine de me représenter. Donc je lui ai fait, je vais te soutenir pour que ton vœu puisse voir le jour. Et dans la fierté de ce que j'ai mis et qui a marché, c'est qu'on a mis un verger en place avec le conseil municipal, avec chaque arbre, avec le nom de chaque conseiller des jeunes, avec leur nom, en mettant une pancarte, premier conseil municipal de Daubeuf. avec le nom de chaque conseiller. Ça leur a vraiment beaucoup plu. Et puis aujourd'hui, je vois que les parents viennent faire un tour, voir l'arbre. Et à côté aussi, on a fait la plantation d'un arbre à chaque enfant qui naît dans le village.

  • Speaker #0

    C'est une jolie victoire pour la jeunesse. Parce qu'il y a 240 habitants dans ton village. Donc, quelle proportion de jeunes ?

  • Speaker #1

    J'ai plutôt... 35 jeunes de moins de 12 ans. C'est énorme pour un petit village. Vraiment, c'est des jeunes parents. Et ça bouge beaucoup.

  • Speaker #0

    Et donc, qu'est-ce qu'il y a dans ton village ?

  • Speaker #1

    Rien. Il n'y a rien. Non, mais on n'est pas loin de Louvier. Donc, il y a beaucoup de gens qui travaillent sur Louvier. On n'est pas loin d'Unebourg, pas loin d'Evreux, pas loin de Rouen. Ce n'est pas un village dortoir, mais les gens viennent sur Doboeuf. Dès qu'il y a des habitations à vendre, en deux mois, c'est vendu pratiquement. Donc, on est vraiment bien situé.

  • Speaker #0

    Ça reste assez attractif.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est quoi le quotidien d'un maire d'une commune de 240 habitants ?

  • Speaker #1

    Le quotidien d'Amère, déjà c'est de se diriger chaque matin dans sa mairie pour voir si tout va bien. On pervise. les actions à faire. Quand on a des projets, parce que c'est simple, c'est pareil, on a des maires qui sont très actifs et des maires qui sont moins actifs. Moi, je fais partie des maires qui sont très actifs. Donc là, en ce moment, je veux mettre en place des logements vifs pour violences extra-familiales et je veux faire un parcours pédestre pour faire découvrir le village avec eux. Aux habitants et aux gens qui viennent des alentours. Donc ça, c'est un projet, ça prend beaucoup de temps. C'est des démarches, aller en préfecture, trouver des subventions. Enfin, c'est beaucoup de choses. Et mon troisième projet, là, c'est faire ouvrir l'église qui est fermée depuis 2003. Et là, je rencontre quand même pas mal de difficultés parce qu'au niveau financement, c'est... C'est dur, les plans de financement, c'est pas simple pour un maire, et donc il faut toujours aller chercher, donc ça occupe énormément. Et puis malgré tout, à côté, il y a des choses aussi, entretenir le cimetière, tout ce qui est entretien, donc il faut gérer, il faut regarder, enfin voilà.

  • Speaker #0

    Tu parlais de logements vifs, c'est quoi précisément ?

  • Speaker #1

    Les logements vifs, c'est pour accueillir les femmes qui sont battues. Alors, c'est logement vif d'urgence. Donc, si tu veux, on va travailler en partenariat avec une association, c'est Accueil Service. Donc, là, on va restaurer les logements. Donc, si tu veux, là, c'est un peu compliqué pour trouver des financements, mais apparemment, ça va bientôt aboutir. Et donc, faire l'appel d'offres. Et ensuite, quand les logements seront prêts, c'est l'association Accueil Service. On va confier les clés à cette association pendant 5-6 ans. Et les appartements, c'est cette association qui va proposer des logements dès qu'il y aura des personnes qui auront besoin de logements.

  • Speaker #0

    Tu sens que c'est une problématique prégnante dans ta commune ou au niveau des alentours ? Ou en milieu rural ?

  • Speaker #1

    En milieu rural, on ne voit rien. On ne voit pas ce qui se passe, mais c'est quand même dans le milieu rural où il y a le plus d'intrafamilial. Et donc, il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. C'est qu'il y a bien des gens qui sont victimes. Et donc, c'est quelque chose qui me tient à cœur avec l'Association des Mères Ruraux. Là, je suis en train de voir pour mettre en partenariat avec La Poste. de pouvoir mettre une boîte à lettres dans chaque village où les maires sont adhérents, pour mettre un autocollant, pour dire, déposer un courrier, même si vous n'habitez pas le village, pour pouvoir nous signaler s'il y a un problème. Ça me tient vraiment beaucoup à cœur.

  • Speaker #0

    Donc effectivement, tu es très engagée sur ces sujets-là, au niveau de l'Association des maires ruraux. Il y a un dispositif qui a été créé dernièrement, le dispositif R, c'est ça ? Oui. Ça consiste en quoi précisément ?

  • Speaker #1

    Ça consiste à demander à chaque adhérent à l'association de mettre un référent en place dans chaque commune. De façon que les référents seront formés par une association. Et pour savoir comment accueillir une personne qui est victime. Et savoir aussi surtout les diriger. Les diriger vers certaines associations. C'est simple. Mais ça peut vraiment être un plus pour les victimes.

  • Speaker #0

    Tu as en tête des histoires de femmes qui ont eu recours à ce dispositif et qui, toi, personnellement, t'ont marqué ?

  • Speaker #1

    Moi, ça me tient à cœur parce que quand j'habitais un petit village, j'avais une copine, enfin, une copine comme ça. On buvait de temps en temps le thé qui était très, très, très joyeuse. Et un jour, je l'ai vue passer devant ma maison en hurlant. Et je me demandais ce qui se passait. Et après, j'ai appris qu'elle était battue par sa femme. Et ça, ça m'a fait vraiment beaucoup de mal parce que jamais j'aurais pu penser que cette femme vivait un calvaire chez elle. Et donc, quand on a parlé de ce dispositif, j'ai dit, allez, franco, on y va.

  • Speaker #0

    On en revient à la question de l'injustice et du fait que ça était insupportable. Et alors... Justement, je me posais la question tout à l'heure quand tu en as parlé, est-ce qu'il y a une situation d'injustice que tu as vécue ? Alors peut-être quand tu étais petite ou ça remonte à plus tard, qui a causé ce déclic en te disant j'ai envie de combattre l'injustice ?

  • Speaker #1

    Non, mais de toute façon, toute injustice, que ce soit femme victime ou autre, moi j'ai horreur de l'injustice, des passe-droits. Je pense que quand j'étais petite, on était neuf gamins à la maison, Quand on était à l'école, on était une famille de neufs, on était un peu mis de côté. Et peut-être que c'est ce qui m'a poussée. Quand je suis partie de chez moi, qui m'a dit stop, ça suffit, les choses, la justice, ça doit être pour tout le monde pareil. Et voilà. Et quand on est maire, c'est ce qu'on rencontre. Les problématiques qu'on peut trouver sur le terrain, c'est que les gens sont tous d'accord pour mettre que chacun suive les lois. Mais quand on va voir certaines personnes en disant là, tu es hors de la loi. Non mais là, ce n'est plus possible. Chez le voisin, c'est normal. Mais quand on demande, gentiment, on va aller voir une personne en disant qu'il est interditeur du feu, et dès que tu as le dos tourné, après tu as un sale maire. C'est comme ça. Et puis après, ça va aller voir l'autre voisin. On leur dit, enfin, c'est un peu pénible et c'est un peu frustrant aussi. En tant que mère, tu dois faire appliquer les lois. Et parfois, ce n'est pas simple. Même pour nos amis. Parce qu'on peut avoir des amis aussi dans le village. Et ce n'est pas parce qu'ils sont copains avec le maire qu'ils vont avoir le droit de faire des choses. Mais non, la loi, c'est pour tout le monde pareil. Et ça, c'est un peu difficile. Même pour mon mari, parfois, il me dit oui. Il me dit oui et je vais faire ça. Je dis non, tu ne fais pas ça, tu n'as pas le droit. Donc, il me dit ouais, mais... Ça ne faut pas être le mari du maire. Non, parce qu'on leur demande peut-être...

  • Speaker #0

    de plus en lui disant non tu fais pas ça alors justement comment ça se passe l'imbrication entre ton mandat de mère parce que tu es mère quand même depuis maintenant 2009 donc ça fait bien plus que ça 15 ans quasiment comment ça se passe l'imbrication entre ta vie personnelle et ton mandat et ben là mes familles en ont le bol c'est clair c'est net mes filles me disent il faut arrêter il faut il faut

  • Speaker #1

    Te poser, il faut penser à toi. Et mon mari, c'est pareil, il va arriver à la retraite. Donc, la seule chose qu'il me demande, c'est d'arrêter. Et parfois, je veux arrêter. Parfois, je me dis, bon oui, je vais profiter de mes amis. Enfin, faire plein de choses. Mais le fait, parce que mère, ce n'est pas simple tous les jours. Mais on fait de très belles rencontres et on partage. Donc, c'est ce qui m'embête. d'arrêter parce que après, quand tu arrêtes, tout est terminé. Moi, c'est ce que je pense. Si j'arrête d'être mère, c'est fini. Je reste chez moi. Je vais m'isoler avec mes amis et tout. Je ne vais plus regarder ce qui se passe dans le village. Enfin, il faut savoir tourner la page et dire stop. Parce qu'il y a parfois des mères qui arrêtent, mais qui s'occupent de tout, enfin, qui cherchent. Oui, tu n'as pas le droit de faire ça. certaines choses. Moi, c'est pas ça. C'est le jour où j'arrête, j'arrête vraiment. Donc, voilà. Donc là, je suis en train de voir si j'arrête ou si j'arrête pas.

  • Speaker #0

    Bon, là, je comprends qu'en 15 ans, il pousse un petit peu pour que tu arrêtes, mais comment est-ce que tu l'as vécu, toi, au cours de ces 15 années ?

  • Speaker #1

    Là, si tu vois, en ce moment, j'ai vécu... J'ai fait des choses... Vraiment intéressée, j'ai fait vraiment des belles rencontres, mais en ce moment, c'est un peu difficile dans mon village, avec deux, trois personnes. Et donc là, si tu veux, au niveau santé, ça me prend vraiment beaucoup sur moi. Donc je me dis, voilà, pourquoi pas laisser la place, et puis voilà, j'aurais fait mon temps, mais ce qui m'embête un peu, c'est que mes logements vifs vont voir le jour quand je vais pratiquement partir. Donc voilà. Je ne sais pas aujourd'hui. Puis après, il faut être réélu, parce que c'est pareil. Beaucoup de gens disent on va faire ça pour le prochain mandat. Mais avant, il faut être réélu. Et je me prépare toujours quand je me présente quelque part. Je me présente, mais toujours, je me prépare à ne pas être élu, de façon à ne pas être déçue. Ça ne me fasse pas mal. Donc vraiment, la dernière fois, on est... C'était la première fois où il n'y avait pas de liste dans mon village. Il n'y avait que 200 et quelques habitants, mais il y avait toujours deux listes. Et la dernière fois, il n'y avait qu'une liste. Et on est passé au premier tour. J'avais du mal à le croire. Enfin, j'avais du mal à le croire parce qu'au premier tour, je pensais qu'il n'y aurait un deuxième tour. Il n'y a eu qu'un tour. Et l'avant-dernière fois, il y avait deux listes. Et c'est pareil, on est passé tous au premier tour. Et là, mon mari me dit, tu te rends compte ? Vous êtes tous passés au premier tour. Je m'étais tellement préparée à ne pas passer. Et j'ai mis vraiment peut-être huit jours à me dire, on l'a fait. Donc voilà, c'est des expériences. Mais ce n'est pas simple. Je vois aussi, je me suis présentée en tant que vice-présidente dans un syndicat d'eau. Donc, j'étais la seule femme. Et pour me présenter, la première fois que j'ai demandé à me présenter, présenté au syndicat d'eau le président me dit ah mais non ma liste est faite il n'y a pas de place Et puis, le jour J, il vient me voir, le président, il me dit Bon, je ne te présente pas pour être vice-présidente, mais je te propose d'être au CA, au conseil d'administration. Donc, je lui réponds Oui, mais ce n'est pas ce que je vous ai demandé. Il me dit Oui, ben tu réfléchis. Bon, donc je me suis dit Oh là là, je vais encore mettre le bazar. Et donc, le président repose sa liste. Et donc, il demande si tout le monde est d'accord. Et donc là, j'ai levé la main. J'ai dit maintenant, moi, j'ai voulu me présenter. Vous m'avez refusé ma candidature. Et puis, il y a un monsieur dans le public qui a dit ici, on n'est pas en Russie. Si une personne veut te présenter, vous devez l'accepter. Et puis, il y a une autre personne qui s'est levée et dit moi aussi, on m'a refusé. Donc, il a dit, on vote chaque. on vote chaque vice-présidente, donc on a voté et j'ai eu le plus de voix. C'est une jolie victoire.

  • Speaker #0

    C'est une jolie victoire,

  • Speaker #1

    mais... Il faut toujours se battre. Alors, il y en a qui me disaient Ouais, tu connais rien. Je dis Certes, mais je vais apprendre. Je ne suis pas plus bête qu'une autre. Mais c'est dur. C'est vraiment dur. Et puis, en tant que femme... Ça change parce que les premières années de maire, je peux vous dire que je me souviens aussi d'une anecdote. C'était pour les réseaux, pour l'enfouissement des réseaux. Je demandais à un collège, est-ce qu'on a le droit à des subventions ? Il me dit non, non, tu n'as pas le droit de subvention. Donc je reste là-dessus. Puis deux ans après, je me renseigne un peu plus et en vérité, j'avais vraiment le droit à des subventions. Donc je ne savais pas, je ne savais pas, je demandais et les hommes ont du mal à donner. C'est un monde d'hommes malgré tout. Bon, ça change. Non, mais ce n'est pas simple tous les jours.

  • Speaker #0

    Et toi, comment est-ce que tu sens que tu as évolué en 15 ans ?

  • Speaker #1

    Je suis beaucoup plus posée. Parce qu'avant, dès qu'il y a un truc qui ne me plaisait pas, je montais tout de suite au créneau et j'allais vraiment à fond. Et même pour vous dire, c'est que parfois, il y avait des mères qui venaient me voir en me disant Oui, ça, ce n'est pas normal. Ben oui, on va le dire. Donc... Non, c'était moi. Et puis un jour, j'en ai eu marre. J'ai dit, attends, lui, il se sert de moi et tout. Donc, j'ai dit, un jour, je suis intervenue. Je dis, oui, voilà, je ne trouve pas normal que... Et je fais, c'est M. Intel qui me l'a dit. Plus jamais, il est revenu me voir. Mais bon, voilà. Mais oui, parce que je suis un peu... Je n'aime pas l'injustice. Je n'aime pas que ce soit toujours pour les mêmes. Enfin, voilà, c'est mon côté un peu rébellion. Bon, ça ne me plaît pas toujours, mais bon, c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Tu t'es apaisée, mais tu gardes la niaque quand même.

  • Speaker #1

    Oui, je garde la niaque. Mais oui, je me suis apaisée. Oui, oui, je rentre moins. Je prends beaucoup sur moi et voilà.

  • Speaker #0

    Tu penses que cette niaque, elle est nécessaire pour être un bon maire ?

  • Speaker #1

    Non, tu peux faire les choses sans avoir beaucoup de niaque. Mais moi, c'est mon tempérament. Parfois, je ne mets pas les formes. Donc, on ne me trouve pas très sympathique comme ça.

  • Speaker #0

    Ça, tu le vis comment ?

  • Speaker #1

    Moi, quand je dis des choses, je me rappelle une fois, j'étais intervenue. Je ne vous dira pas ce que j'ai dit. Et je dis, on veut. Donc, je rentre à la maison. Je fais, oui, j'ai dit ça, ça. Il me dit, tu n'as pas fait ça. Je dis, si. Donc, voilà. Bon, ben voilà.

  • Speaker #0

    C'est l'endroit où il ne peut pas y avoir de non-dit.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as dit ? Non, non, je n'ai rien dit. J'avais dit à... Bon, allez, je le dis. De toute façon, c'est du passé. J'avais demandé à l'Assemblée... Enfin, on était dans le bureau de la Comcom. Et j'avais dit qu'il y avait parmi deux personnes un menteur. Donc, je fais lequel de vous deux est le menteur ? Et là, on m'a dit t'abuses un peu et tout, je dis mais si, mais moi je connais la vérité, donc je veux savoir qui ment. Et je savais très bien qui mentait. Et bon, ils ne m'ont pas avoué, mais voilà. Moi, je trouve que voilà, tu peux des fois dire des choses, enfin mentir. Parce que tu es dans l'obligation, mais au moins l'avouer. On dit, oui, écoute, je suis désolée, je l'ai dit, mais non.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que tu gères, toi, l'exposition de toi-même en tant que mère ? Parce que j'imagine que tu prends souvent des coups.

  • Speaker #1

    Alors, devant le public, je gère bien. Enfin, je fais comme si ça ne m'éteignait pas. Mais arrivé à la maison, je peux te dire que ça m'empêche de dormir. Mais c'est comme ça. C'est comme ça parce que ça me prend beaucoup d'énergie et que je réponds. Mais bon, je réponds vraiment moins avant du tac au tac. Avant, j'avais vraiment la niaque et j'avais des formules qui m'arrivaient comme ça. J'étais même surprise de pouvoir sortir telle chose. Mais maintenant, non. Des fois, je ne dis même rien. Ça m'énerve, mais je ne dis rien. Donc après, j'en parle avec mes collègues, maire, et je leur dis, oui, on...

  • Speaker #0

    on n'est pas bon, on n'a pas réagi là-dessus. Ils disent oui, mais pourquoi c'est toujours les mêmes qui... Enfin, ceux qui interviennent, c'est toujours les mêmes en vérité.

  • Speaker #1

    Et tu sens qu'il y a de la solidarité entre pères ? Enfin, entre mères ?

  • Speaker #0

    Entre mères ? Non, moi je ne trouve pas, c'est un milieu... Non, je ne trouve pas. À part... Enfin, moi je trouve qu'entre femmes, il y a beaucoup de solidarité. Entre femmes, on discute, on partage. Je trouve que oui, mais entre les hommes...

  • Speaker #1

    je trouve que parfois c'est pas très sincère La France se porterait mieux si elle était gouvernée par des femmes

  • Speaker #0

    Déjà je trouve qu'il y a beaucoup plus de dialogue avec les femmes je trouve qu'il y a beaucoup plus de dialogue mais nous les femmes dès qu'on a un petit problème on partage entre copines, entre amis en disant, moi je vois quand j'avais mes enfants on partageait entre copines ça fait du bien on discute que je trouve qu'avec les hommes c'est... Il y a une fierté. Chacun ses ennuis, chacun garde ses ennuis. Et voilà. Mais c'est l'être humain peut-être qui est comme ça.

  • Speaker #1

    Mais tu disais tout à l'heure que les choses avaient évolué, notamment au niveau de la place de la femme en politique, depuis que tu as été, depuis ta première élection. Quel constat est-ce que tu fais justement de cette évolution ?

  • Speaker #0

    Quel constat ? Alors déjà, je vois le mandat là, au niveau de la Comcom. il y a eu quand même un grand changement donc des jeunes et je trouve que là ça a changé, on peut vraiment plus se discuter, partager mais avant c'était enfin 2009 c'était, on voyait bien on discutait pas c'est comme ça, le président a dit que c'était comme ça enfin voilà, il proposait ça et voilà, on discutait pas, c'était comme ça mais ça a vraiment changé Au dernier mandat, là.

  • Speaker #1

    En 2020 ?

  • Speaker #0

    Oui, en 2020, oui.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas comment est-ce que c'est sur ton territoire. Il y a des problématiques au niveau du renouvellement des mandats pour 2026 ?

  • Speaker #0

    On dit toujours qu'il n'y aura pas de maires. Enfin, il y a chaque année... Enfin, tu sais, il y a beaucoup de maires qui disent qu'ils ne vont pas se représenter. Ils se représentent. Comme toi, en 2026. Non, moi, je... Non, quand je vais prendre la décision, je vais prendre la décision. Mais là, pour l'instant, je suis encore... Je suis indécise, je ne sais pas. Oui, donc je disais qu'il y a beaucoup de mères qui ne vont pas se représenter, mais qui vont se représenter. Moi, je n'ai pas dit que je n'allais pas me présenter. Je réfléchis, je ne sais pas. Et puis, on trouve toujours quelqu'un pour être mère. C'est... Voilà. Enfin, moi, je pense que là, en vérité, en plus, ça va peut-être changer, parce que pendant les petits villages, ils veulent mettre peut-être... pour de 0 à 500, je crois qu'ils veulent mettre 7 conseillers, enfin un conseil municipal de 7, donc c'est à suivre. Mais moi je pense que ce serait peut-être pas mal, parce que faire une équipe de 11, des fois on va chercher des gens qui me disent, enfin je me souviens qu'il y en avait quelques-uns qui me disaient, moi je veux bien mais je ne vais pas pouvoir être à toutes les réunions, parce que bon je travaille et tout. Et donc si tu n'en prends que 7, mais 7 vraiment qui s'investissent, pourquoi pas ?

  • Speaker #1

    Surtout sur une commune de 240 habitants, 11 c'est énorme.

  • Speaker #0

    J'imagine qu'il y avait deux listes avant, tout le temps.

  • Speaker #1

    Moi c'est une population très engagée.

  • Speaker #0

    Oui, très engagée. Donc voilà, je ne sais pas comment ça va. Mais moi je pense que ça va bien se passer, il y aura toujours... Des gens qui vont s'investir.

  • Speaker #1

    Donc tu es présidente de l'association des maires ruraux de l'Eure depuis 10 ans.

  • Speaker #0

    Ça va faire 10 ans, l'année prochaine. Ça passe vite.

  • Speaker #1

    Donc qu'est-ce qu'on y fait à l'association des maires ruraux ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on y fait ? On essaye de faire pas mal d'ateliers. J'ai fait des ateliers, on a été les premiers en France de faire des ateliers autodéfense pour la défense des maires. Avec un psychologue. Donc ça, ça a été très bien vu. Après, on a vu dans toute la France, ça s'est... Diffusé. Oui, diffusé. Donc voilà, on a fait ça. Qu'est-ce qu'on a fait d'autre dans les maires ruraux ? On fait pas mal d'ateliers avec le tremplin pour comment dialoguer. Ça, c'était vraiment super. Enfin, entre autres, qu'est-ce qu'on fait ? On fait des sorties aussi parce qu'on s'est aperçu qu'il y avait un grand nombre d'élus qui n'étaient jamais allés au Sénat, ni... à l'Assemblée nationale, dont les secrétaires de mairie. Donc on fait des sorties pour les secrétaires de mairie aussi, parce qu'on les oublie parfois, mais c'est notre bras droit. Qu'est-ce qu'on fait d'autre ? Là, on est en train de mettre en place les référents. Qu'est-ce qu'on est en train de voir aussi, de mettre en place, avec le bouton Mon shérif c'est un bouton que tu… Tu télécharges une application et quand tu es agressé, tu appuies sur le bouton. Moi, j'ai mis trois noms, mon mari, mon adjoint et la secrétaire de mairie. Ils sont prévenus si je suis en danger. On est les premiers dans l'heure à mettre ça en place. Là, on va le diffuser parce que ça peut être aussi très bien pour les élus, mais aussi pour le... Nos employés, parce que par exemple, moi, mon jardinier, quand il s'en va faire les tontes, il est tout seul. Et donc, si jamais il a un problème, il peut appuyer et on vient à son secours.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a beaucoup d'insécurité ?

  • Speaker #0

    Non, il n'y a pas beaucoup d'insécurité, mais parfois, il faut mieux prévenir que guérir, on dit, mais il faut mieux prévenir et puis pouvoir venir en aide à nos... à nos agents et puis à nos élus.

  • Speaker #1

    Tu t'es proche de tes administrés ?

  • Speaker #0

    Proche, si tu veux, moi je pars du principe, je ne veux pas m'immiscer dans leur vie. Donc proche, je ne pourrais pas dire que je suis proche. Ma porte est ouverte. Ma porte est ouverte, ils sont tous ceux qui veulent avoir mon numéro de téléphone. Ils l'ont, mais je ne veux pas... aller chez les gens comme ça. Alors, les personnes âgées, je peux aller les voir pour voir si tout va bien. Mais, enfin, généralement, de toute façon, je les... Par exemple, pour Noël, à Noël, le Père Noël passe dans chaque habitation. Et donc là, je vais rentrer dans chaque habitation. Les gens, je les connais. Et ils savent que s'ils ont besoin de moi, s'ils ont un problème, ils peuvent venir me voir. Je leur demande toujours, est-ce que vous allez bien ? Mais aller comme ça chez les gens, comme ça, j'y vais pas. Parce que je trouve que chacun a droit à sa vie privée. Je n'ai pas le droit de savoir. Enfin, je ne veux pas savoir ce qui se passe à l'intérieur. Bon, à part si jamais on me dit, il y a peut-être un petit souci dans telle famille, je vais appeler ou je vais aller les voir. Mais voilà, je ne peux pas dire que je suis proche. Enfin, je ne suis pas...

  • Speaker #1

    C'est déjà arrivé, ça ?

  • Speaker #0

    De quoi ?

  • Speaker #1

    D'intervenir... Dans une famille et peut-être dans un conflit familial ?

  • Speaker #0

    Ah bah oui, des conflits. Oui, oui, ça m'est déjà arrivé. C'est pas facile, mais oui, oui. Chaque mère, je pense, c'est arrivé d'intervenir. Et puis, c'est là qu'on apprend dans les formations qu'il ne faut surtout pas y aller toute seule. Bon, bah oui, mais des fois, on est toute seule et on doit y aller. Parfois, on a peur, mais bon. Ça s'est toujours bien passé, mais voilà. Maintenant, avec le bouton, mon chéri, je me dis, non mais, je me dis, bon j'y vais, s'il y a un problème, j'appuie, il reviendra à mon secours. Mais oui, c'est pas... C'est pas... Il faut faire attention. Voilà.

  • Speaker #1

    Quelle est l'expérience humaine la plus forte que tu aies vécue dans le cadre de ton mandat de mère ?

  • Speaker #0

    Humaine ? Le truc qui m'a vraiment demandé... Qui m'a vraiment... Comment... Fait... Qui m'a vraiment... Je ne sais pas comment dire... Préautripe ? Comment ?

  • Speaker #1

    Préautripe ?

  • Speaker #0

    Oui, non, même pas. J'avais un conseiller municipal que j'aimais beaucoup et qui s'est suicidé et qui avait mis en scène, qui avait tout préparé pour que nous, les élus, on aille... Enfin... le voir, il avait téléphoné à mon adjoint pour dire qu'à 16h il fallait qu'il passe, il avait des choses à lui donner et donc il avait mis en scène la musique de son mariage il était en instant de divorce et il était pendu, et donc là le maire doit venir pour voir pour attester que c'était bien lui et donc ça c'est, toi quand je t'en parle je vois... la personne devant moi. Et ça, c'était... Je m'en suis voulue beaucoup parce que, si tu veux, toutes les semaines, j'ai appelé François pour savoir si ça allait bien et tout. Et là, ça faisait 15 jours que je n'avais pas de nouvelles. Donc, je l'ai appelé. C'était pendant les fêtes de Noël. Il m'a dit, t'inquiète pas, j'ai trouvé une copine, ça va bien. J'étais ravie pour lui. En vérité, trois jours après...

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que c'est terrible et tu n'es pas la première à nous raconter des histoires comme celle-là. Et j'ai un peu l'impression que... Chaque maire, et surtout quand il reste maire plusieurs mandats, est amené à vivre des situations comme ça. Ça pose vraiment la question de quel accompagnement est-ce que vous avez, psychologique, vous avez en tant que mère pour faire face à ce genre de situation ? Ça cause quand même des traumatismes. C'est important.

  • Speaker #0

    Je me rappelle, la gendarmerie me dit, si vous avez besoin d'un psychologue, il faut aller prendre rendez-vous. Bon, je n'ai pas fait, mais c'est vrai que parfois... Là, je peux vous dire que je vais voir un psychologue parce que j'ai été plusieurs fois... Agressée verbalement, donc là je vais voir quelqu'un et ça m'aide beaucoup. Mais oui, parce que ça te prend les tripes et que parfois tu... En plus, moi je suis une personne qui me remet sans arrêt en question. Grâce à nos demandes, aujourd'hui les mères peuvent avoir un suivi. Donc c'est quand même, c'est impulsant. C'est vraiment impulsant. On se sent moins seule. Donc moi, je vois, tu vas chez le psychologue, c'est pris en charge. Donc c'est vraiment, il ne faut pas hésiter. Il suffit des fois de deux ou trois séances, mais après, tu te libères, tu passes à autre chose.

  • Speaker #1

    Évidemment, vous n'êtes pas des super héros.

  • Speaker #0

    On est humains, on est humains et voilà.

  • Speaker #1

    Ça fait partie du lot de choses à affronter. De manière générale, quand toi tu es arrivée sur ta fonction de maire, comment est-ce que tu t'es formée ? C'est sûr, vraiment, on se forme sur le tas ?

  • Speaker #0

    Tout à fait, on se forme sur le tas, il faut chercher... C'est là que je dis qu'une secrétaire de mairie c'est super important, parce que dès qu'on a des choses, on veut mettre des choses en place, elle sait, elle sait pas, on se met toutes les deux à chercher, et c'est vraiment... La secrétaire de mairie, moi, c'est une complicité. C'est vraiment mon bras droit. Parfois, je me pose lui-même du nom des conseils parce que tu crois faire les choses bien. Et je lui dis, enfin, moi, je sais que ma secrétaire, qu'est-ce que t'en penses ? Est-ce que tu trouves que c'est bien d'avoir un avis ? Et après, je le soumets à mon adjoint et puis à mon conseil. C'est un travail d'équipe et sur le terrain. On apprend sur le terrain. On apprend sur le terrain. Les lois et... Ce qu'on a le droit, ce qu'on n'a pas le droit, ce n'est pas simple. Après, il y a des gens qui ont fait des études, qui ont fait du droit et tout, donc qui ont des connaissances. Mais moi, je sais que quand je suis arrivée...

  • Speaker #1

    Tu penses que ça fait des meilleures mères ?

  • Speaker #0

    Je n'en sais rien. Non, parce que de toute façon, il faut être humain. Après, si tu n'es pas humain... Voilà. Tout le monde est un bon maire, je pense. Parce que pour être maire, il faut vraiment aimer partager, il faut aimer être humain. Enfin, voilà, je pense qu'il faut demander à la population si je suis une bonne maire ou pas. Mais en tout cas, moi, je suis quelqu'un qui me remet beaucoup en question. Après, on ne peut pas plaire à tout le monde. Quoi que tu fasses, parfois, de toute façon, même si c'est bien, même si dans le fond de leur tête, ils pensent que c'est bien, mais comme c'est... La personne qui est devant toi que tu ne supportes pas, c'est comme ça.

  • Speaker #1

    Toi, tu es fière de toi quand même ?

  • Speaker #0

    Je ne me suis jamais posé la question si je suis fière de moi.

  • Speaker #1

    Je te la pose aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Fière de moi, bon. On va dire que je peux être fière de moi. Mais bon, moi, je ne me pose jamais les questions. Je suis quelqu'un qui se pose beaucoup de questions, qui se remet beaucoup en question. Et c'est vrai, est-ce que je suis fière de moi ? Oui, je suis fière de moi. Oui, tu as raison. Je suis fière de moi.

  • Speaker #1

    Je pense que tu peux l'être. Justement, à ce sujet, selon toi, quelle est ta plus grande réussite sur les différents mandats que tu as eus ?

  • Speaker #0

    Ma plus grande réussite ? Je ne sais pas, parce que tu vois, on est des petites communes, alors on fait plein de petites choses, mais des petites choses, tu vois.

  • Speaker #1

    Et mis bout à bout, ça commence.

  • Speaker #0

    Oui, mis bout à bout, ça fait pas mal de choses. mais à dire une grande réussite. Moi, dans ma campagne, enfin dans mon mandat de maire, ce que j'ai vraiment apprécié, c'est le partage que j'ai eu avec le préfet qui ne restait que deux ans. Mais lui, il m'a appris tellement de choses que lui, vraiment, pour moi, c'est un grand homme. Et il m'a vraiment fait voir certaines choses. J'étais en admiration devant cet homme, mais parce qu'il m'a apporté beaucoup de choses. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    C'est un exemple.

  • Speaker #0

    Un exemple. De jamais lâcher, par exemple, pour mes logements vifs. C'est un projet qui m'a vraiment soutenue. Et parfois, je me suis emportée et il me remettait en me disant on se calme, on va faire autrement et tout. Et vraiment, il avait raison, on se calme et on voit après. Mais parce qu'il m'a soutenue, enfin, on a travaillé ensemble et ça, c'est vachement important. Et là, c'est vrai qu'au niveau de la préfecture de l'Eure, avec les sous-préfets qu'on a, vraiment, on peut partager. Et c'est vraiment important parce qu'on partage, mais aussi, on apprend énormément. J'ai passé deux ans vraiment qui m'ont fait vraiment beaucoup de bien et j'ai tellement appris avec les équipes. C'était sympa.

  • Speaker #1

    On te souhaite la même chose pour les nouvelles nominations.

  • Speaker #0

    Oui, j'espère qu'il sera à la hauteur, comme celui que j'avais avant. Mais il n'y a pas de raison.

  • Speaker #1

    Petite pression pour lui s'il nous écoute. Et Alain Vert, est-ce que tu as un échec qui t'a marqué ?

  • Speaker #0

    Je n'ai pas d'échec. Je me suis présentée à la députation. J'avais refusé deux fois. Il est revenu la troisième fois. J'ai dit oui à la députation et au département. Pareil, je ne voulais pas, mais la personne m'avait demandé, qui est venue plusieurs fois. J'ai raté. Enfin, voilà, je suis une joueuse. Je participe, je perds, je perds, je ne veux pas en faire des caisses. Mais je vois que par contre, après, on prend cher. Parce qu'on s'est présenté contre certaines personnes et après...

  • Speaker #1

    C'est-à-dire, on prend cher ?

  • Speaker #0

    Moi, je prends cher. Tu demandes des subventions et tout. Comme... Je me suis présentée avec telle... Je n'ai pas d'étiquette. Donc, si vous voulez, je ne veux pas avoir d'étiquette parce que je veux dire ce que j'ai envie. Et que ce soit droite, gauche, je m'en fous. Mais de toute façon, la droite, pour moi, il y a des choses qui me tiennent à cœur, qui font des choses, qui vont dans mon sens. Et la gauche aussi. Donc, voilà, c'est pour ça que je n'ai pas d'étiquette. Comme ça, je dis ce que je veux. Mais n'empêche qu'après tout ça, je me fais un peu... quand tu demandes des subventions et des choses, on te casse bien.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est quelque chose qu'on retrouve beaucoup en milieu rural, à savoir la majorité des maires sont sans étiquette. De la raison à ça, tu penses que c'est parce que c'est tout simplement un non-sens de s'encarter ?

  • Speaker #0

    Je trouve qu'aujourd'hui, ça a un non-sens. On ne sait plus... Même les gens ne viennent plus voter parce qu'ils ne savent même plus... Et moi, je les comprends parce que même moi, en tant que maire, je suis perdue aussi. Donc, je ne sais même plus. Parfois, on va... Enfin, là, aux dernières élections, on ne sait même plus qui voter parce qu'on est perdus. On est perdus. Donc, je comprends la population qui ne veut plus venir voter.

  • Speaker #1

    Ta commune a été touchée par l'abstention ?

  • Speaker #0

    Non, pas tant que ça. Non, non, pas tant que ça. Non, non. Mais bon, les résultats, on n'en parle pas.

  • Speaker #1

    Mais justement, tu sens qu'il y a une décorrélation entre... Ce que tes habitants votent aux élections nationales et toi, le rapport que tu peux avoir avec eux dans ton action locale ?

  • Speaker #0

    Non, parce que de toute façon, les gens, je pense, les citoyens votent pour un programme, pour ce qu'on veut mettre, ce qu'on veut mettre en place. Moi, dans mon conseil municipal, je ne peux pas dire qui vote quoi. Et je m'en fous complètement. Je m'en fous complètement. À part... À part les extrêmes. Mais bon, je ne sais pas dans mon conseil municipal, qui vote pour qui. Et je m'en moque complètement. Moi, je veux, c'est qu'on ait fait un programme, on était tous d'accord sur le programme. Et après, c'est le mettre en place, notre programme.

  • Speaker #1

    Et quelle est la réalité de vie dans une petite commune rurale ?

  • Speaker #0

    La réalité de vie ?

  • Speaker #1

    Dans ta commune, est-ce que tu as des commerces ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai qu'un distributeur. J'ai pu mettre un distributeur de... pain et ça, c'est vraiment un vrai succès. Mais tu sais, moi, je vous disais que j'ai plus de 35 enfants de moins de 12 ans. Tout le monde travaille. Donc le soir, moi, j'ai été maman, j'ai eu trois enfants. Le soir, tu rentres, tu as les activités des enfants, tu as les leçons et tout. Donc les gens ne s'occupent pas vraiment de ce qui se passe dans la commune. Chacun fait son train-train. Le week-end, il y a les courses. Et moi, je comprends vraiment que on... On dit que les gens ne s'impliquent plus dans les communes, mais ils ont tellement un train de vie qui demande plus, plus, plus. Donc, on ne peut pas tout faire. On ne peut pas être super maman, super papa, et puis en plus s'investir en plus dans les communes. Moi, je comprends. Moi, j'ai eu trois enfants. Mon mari était toujours en déplacement. Je m'investissais dans l'après-midi pour les parents d'élèves, mais le soir et tout, ce n'est pas possible. Le week-end, on est bien content de tous se réunir et de pouvoir partager en famille. Donc voilà, on a un train de vie, enfin les gens, enfin les citoyens ont un train de vie qui est quand même, qui demande beaucoup.

  • Speaker #1

    L'interview a touché à sa fin. Une des questions de phare de vie de mère et de savoir si tu te verrais mère pendant encore longtemps, on y a déjà plus ou moins répondu. Mais est-ce que tu te vois au moins engagée pendant encore longtemps ?

  • Speaker #0

    Non, mais moi, si j'arrête d'être mère, après, je vais vraiment penser à moi, je vais vraiment partager avec mes amis, faire ce que j'ai envie, faire des activités avec... Avec mes amis, ma famille, vraiment profiter de moi. Parce que là, aujourd'hui, je ne fais plus de sport. La commune me prend beaucoup de temps. Et donc, si j'arrête en 2026, ça sera vraiment pour penser à moi. Et puis à mon mari et à mes enfants. Donc après, je me dis, si je fais, je repars en 2026. Ça sera peut-être pour 2-3 ans pour préparer les choses, mais il faut savoir s'arrêter. Parce que moi, je vois... Sérieusement, je pense qu'un maire devrait être maire jusqu'à 70 ans et après arrêter, laisser la place aux autres. Il faut savoir s'arrêter, on n'est pas indispensable. Et il y a un moment aussi... Moi, je vois qu'il y a des personnes qui fatiguent. Il faut savoir s'arrêter, on n'est pas indispensable.

  • Speaker #1

    Tu as 70 ans, toi tu as encore un petit peu de marge, on est peut-être en fait sur 2 ou 3 mandats supplémentaires. Non, non, non,

  • Speaker #0

    là ce serait la séparation avec mon mari parce qu'il m'a dit encore si tu veux faire un mandat, un demi-mandat, il n'y a pas de souci, mais non, là il faut savoir s'arrêter. Non, mais moi je sais m'arrêter, je sais qu'il faut laisser la place aux autres aussi.

  • Speaker #1

    Et ton mari t'a soutenu pendant tous tes mandats successifs ?

  • Speaker #0

    Alors, oui, mon mari me soutient, mais bon, si tu veux, il me soutient. Mais à chaque fois, je lui dis, je fais telle chose et telle chose. Il va me casser, il va me dire... Mais par contre, quand je suis partie pour être mère, je n'ai pas demandé l'avis à personne. On est venu me voir. Est-ce que tu veux être conseiller municipal ? J'ai dit oui tout de suite. Moi, je n'ai pas demandé à mon mari. Mon mari, lui, il vit sa vie... Et après, on partage, si tu veux. Mais de ce côté-là, on est très libre. Chacun fait ce qu'il veut. Non, mais là, si tu veux, je dis, je veux arrêter tout. Parce qu'on arrive à un moment, à la retraite aussi. Donc, il faut savoir, là, j'ai deux amis qui sont décédés à mon âge. Et là, ça te fait réfléchir. Tu te dis, mince, il n'a même pas été à la retraite qu'il est décédé. des cancers, tu te dis maintenant il faut savoir profiter de la vie aussi. C'est bien beau de partager plein de choses avec les autres, mais il faut penser aussi à sa famille et à soi. Donc voilà. Ce sera le mot de la fin, Marie.

  • Speaker #1

    Si on se projette sur la passation, quel conseil est-ce que tu donnerais à un jeune qui souhaiterait monter une liste municipale en 2026 ?

  • Speaker #0

    Moi je dis qu'il faut se lancer si on veut faire quelque chose. Il faut se lancer. Être mère, c'est une super expérience, mais on rencontre quand même beaucoup de difficultés. C'est dur pour la vie de famille. Moi, je me souviens, un 4 juillet, le jour de mon anniversaire, tous mes enfants étaient à la maison, mes gendres et tout. Ils m'attendaient pour faire la fête et on a eu des inondations. J'ai été prise de cinq heures. de 17h jusqu'à 3h du mat, je peux vous dire que quand je suis rentrée à la maison, j'avais vraiment... Ma famille n'était pas contente. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Et plein de petites choses comme ça. Des fois, on me prépare des surprises, et au dernier moment, non. Donc, moi, je dis, si vous voulez vous engager, il faut s'engager, mais il faut savoir que vous partez dans... Dans une vie qui va être peut-être un peu compliquée, mais ça vaut le coup. On apprend plein de choses et on partage plein de choses. Mais la vie de famille, c'est quand même un peu plus dur.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin. Un grand merci, Laurence. Loin des grandes messes médiatiques, Laurence nous rappelle que l'engagement municipal est avant tout une histoire d'humanité, de proximité et de passion, mais surtout de moteur. Le sien est l'intolérance de l'injustice, et il en existe autant que d'individus, à condition que l'on ait envie de le mettre en marche au profit du collectif. Mais à côté des moteurs, il y a la question des freins à l'engagement. Sur ce point, une phrase de Laurence m'est restée en tête. Je peux le faire, je ne suis pas plus bête qu'un autre Et elle a raison, elle nous enseigne que la politique locale n'est pas une compétence réservée à quelques-uns, mais un état d'esprit qui nécessite peut-être un brin de courage. Alors osons, osons nous engager, osons proposer des idées, osons être des acteurs de la transformation de nos territoires. Parce que c'est comme ça qu'on fera bouger les lignes.

  • Speaker #0

    Vous avez écouté ce podcast jusqu'au bout, alors on imagine qu'il vous a plu.

  • Speaker #1

    Pour nous soutenir, laissez-nous des étoiles, des commentaires, partagez l'épisode à vos copains et suivez-nous sur Instagram, à T'Vis de Mer.

  • Speaker #0

    Chaque soutien est hyper précieux.

  • Speaker #1

    À bientôt dans une prochaine vie de mère.

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