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Virage

EP 81 Caroline Estremo: J'ai quitté mon mari pour ma témoin de mariage !

EP 81 Caroline Estremo: J'ai quitté mon mari pour ma témoin de mariage !

42min |06/11/2025
Play
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42min |06/11/2025
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Description

La vie de Caroline ressemblait à celle de beaucoup d’autres : infirmière, jeune mariée, entourée de bon.nes ami.e.s. Parmi elles et eux, sa meilleure amie, qui était tout naturellement devenue sa témoin de mariage.


Une vie simple, stable, presque écrite d’avance.

Jusqu’au jour où tout a basculé.


En quelques mois, son histoire a pris les allures d’une véritable série Netflix : Caroline réalise qu’elle est amoureuse… de sa témoin de mariage. Elle-même mariée au… meilleur ami de son mari.


Un scénario impossible ?

Caroline, elle, a choisi la vérité.

Elle a osé regarder en face ce qui se jouait en elle.

Et elle a tout quitté par amour.


Pour la première fois, elle se sent aimée pleinement, entièrement, pour ce qu’elle est. Cette rencontre l’a révélée à elle-même, l’a portée, l’a libérée jusqu’à la conduire à changer de vie et devenir humoriste.


Ensemble, nous avons parlé du moment ou tout a changé dans sa vie. Nous avons aussi parlé d’amour, de courage, et de cette société encore profondément hétéronormée qui laisse si peu d’espace pour questionner son orientation sexuelle.

Nous avons aussi parlé de la puissance des représentations : des couples homosexuels, des familles homoparentales, de la nécessité d’exister dans l’imaginaire collectif.


Son spectacle, joué tous les lundis au Théâtre du Marais, participe à rendre visibles et à normaliser ces réalités. Et ça compte. Immensément.


Je vous souhaite une très belle écoute.


Pour soutenir ce podcast n'hésitez pas à mettre 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et un commentaire, cela m'aide énormément.


Pour suivre les coulisses du podcast n'hésitez pas à me suivre sur Instagram: Pauline_virage!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspire. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage et sur TikTok, virage.podcast. Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Caroline.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Ouais ça va, je suis super contente qu'on enregistre un épisode. On va parler d'un spectacle parce que tu es stand-upeuse, humoriste. En ce moment tu joues un spectacle tous les lundis au Théâtre du Marais.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Un spectacle qui est super, que je vous recommande, qui est grandement inspiré de ta vie.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Que tu décris comme une série Netflix.

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est très bien résumé.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant. On va parler d'abord de ta vie et ensuite de ce que tu as voulu insérer dans le spectacle par rapport à ça. Puisque au-delà de l'humour, il y a aussi, je trouve, une invitation à faire bouger les choses et notamment à faire un peu changer les représentations de la société qui est très hétéronormée. Je pense que c'était un souhait de ta part. En tout cas, je l'ai ressenti comme ça quand je suis allée voir ton spectacle. Tu vas d'abord nous raconter cette histoire qui est complètement folle. Puisqu'alors que tu étais mariée... ta meilleure amie qui était ta témoin de mariage, qui était mariée au meilleur ami,

  • Speaker #1

    quand tu le résumes, ça ne finit pas,

  • Speaker #0

    de ton mari. Un jour, vous vous êtes dit, en fait, on s'ennuie, non ? C'est grave. Si on se mettait ensemble.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes tombées super amoureuses toutes les deux. Et donc, du coup, vous avez toutes les deux quitté vos maris pour démarrer votre histoire d'amour qui dure encore aujourd'hui. Et vous avez deux merveilleuses petites filles. Est-ce que tu peux m'en dire un peu plus déjà ? Est-ce que tu penses que ça vient justement de la société hétéronormée ? Si très jeune, t'as pas vraiment pris conscience de ton homosexualité et que tu t'es tournée vers des hommes ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense qu'il y a un peu de ça. Il y a le fait que déjà à la base, j'ai quand même toujours été attirée par les garçons, mais je sentais qu'il y avait un petit truc sous-jacent, un petit truc avec les femmes quand même. Déjà, si on me tape dans les stéréotypes, j'étais un garçon manqué. Et là où ça a vraiment commencé à mettre la pagaille dans ma tête, je pense que j'avais 12... 13 ans, quelque chose comme ça. Et je vois un reportage à la télé où en fait, ils parlent de l'homosexualité. Et dis-toi, ils disent que l'homosexualité était en fait, dès la naissance. Ce serait dû à une anomalie dans le ventre de la mère. À l'époque, ils disaient ça.

  • Speaker #0

    Je te cite le reportage.

  • Speaker #1

    Et donc, moi, je vois ça, je fais bon, d'accord. Et ils calent la fameuse phrase, c'est pour ça que parfois, les garçons manqués sont en réalité homosexuels. Et là, ça fait clic dans ma tête. Et je me dis, oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Tu vois ? Tout est en train de se mettre en place. Ça me fait une vraie panique. Et je me dis, attends, ça veut dire que... Et là, je pars dans un délire. Je me rassure. Mais non, tu as toujours voulu sortir avec des garçons, fan des Toby Free, des abdos, des obliques. Je m'accroche à des trucs comme ça. Et c'est vrai que je pense que c'est la société qui fait que tu mets des choses sous le tapis. Pour moi, c'était inenvisageable de me dire, peut-être que je suis aussi attirée par les femmes. Ne serait-ce que d'Irby. Pour moi, c'était déjà trop. Je m'imaginais déjà... La déception de mes parents, tu vois. Alors qu'ils n'ont jamais rien dit en faveur de l'homophobie. Ils ont toujours entendu me dire, du moment où vous êtes heureux, en bonne santé, nous on s'en fout. Vous aimez qui vous voulez. Donc tu vois, j'ai été éduquée dans ça. Mais quand même, j'ai toujours eu ce truc pendant très longtemps de dire, non, non, non, non, c'est pas possible. On ne pense pas à ça. On ne pense pas à ça. Donc ouais, tu as raison, je pense que tu es influencée quand même par la société, clairement.

  • Speaker #0

    Déjà à l'école, on est de la même génération. Moi je me souviens quand on était jeunes pas du tout de représentation. Dans l'école, personne n'assumait, enfin en tout cas moi dans mon école, personne n'assumait ouvertement son homosexualité. Et moi je me rappelle, il y avait un ami qui du coup à partir du lycée assumait son homosexualité, mais il était super victime de harcèlement, etc. Enfin c'était hyper dur, c'est pas ce que c'est aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Ah oui, et puis tu savais pas ce que c'était. Moi je sais que quand on en parlait avec mes parents, c'était un sujet que tu chuchotais, tu sais, c'était presque, ah il est homosexuel. Oh ! Voilà, et moi, à poser des questions, je me souviens, un jour, j'ai posé la question à ma mère, elle repassait. Et je disais, mais maman, comment ils font l'amour, du coup, les hommes ? Elle s'était retrouvée. Tu vois, c'était vraiment un sujet tabou. En tout cas, dans ma famille, ce n'était pas grave, mais c'était un sujet où tu baissais le son.

  • Speaker #0

    Tu avais l'impression, malgré le discours bienveillant, que ce qu'on attendait de toi, c'était que tu sois en couple avec un homme.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas qu'on attendait ça de moi, mais en tout cas, que ça aurait été grave. Si je l'avais été. Pour moi, ça a changé radicalement ma vie. Si j'étais gay, ça voulait dire que ma vie, elle était foutue. Et je le dis dans le spectacle, pendant quelques secondes, je me dis, mais en fait, tue-toi. Parce qu'en fait, ça sert à rien. Ça veut dire que tu ne seras pas maman, que tu ne vas pas te marier, ou alors que tu vas vivre caché. Tu vois, je me suis fait un scénario catastrophe. Ce n'était pas la même ouverture d'esprit à l'époque, en tout cas sur l'homosexualité. Donc moi, c'était inenvisageable d'ouvrir cette part de moi, en tout cas d'y avoir accès.

  • Speaker #0

    Et notamment sur la parentalité, par exemple. Quand on a vu le début des débats, les discours étaient effrayants.

  • Speaker #1

    T'es gay, t'as pas d'enfant. Inenvisageable.

  • Speaker #0

    Et quand tu rencontres ton ex-mari, c'était l'amour fou. Ah oui,

  • Speaker #1

    oui. Vraiment. Je l'ai aimé. On s'est rencontrés par le plus grand des hasards sur un site qui s'appelle tchatch.com. C'est l'ancêtre de Tinder. On est sur un vieil, vieil ancêtre. Et en fait, non, non, il m'a plu de suite. Moi, je suis toujours sortie avec des garçons. et Il n'y a eu aucun souci, je suis tombée folle amoureuse de lui, il me plaisait énormément. Mais très vite, au bout d'un an, je me suis rendue compte qu'il avait un sacré caractère et que ce n'était pas forcément toujours un gentil. Mais j'étais folle amoureuse et je disais souvent, c'est un connard, mais c'est mon connard à moi. Déjà, ce n'est pas bon quand tu pars sur ce... Mais après, qu'est-ce qu'on a rigolé, on a eu une énorme complicité, j'étais follement amoureuse de lui et pour moi, c'était vraiment... l'homme de ma vie. Mais, moi j'ai toujours des trucs sous mon tapis, mais j'ai conscience de ce qu'il y a sous mon tapis. Tu te dis, est-ce que ça va durer ? Est-ce que je vais être heureuse avec ce garçon ?

  • Speaker #0

    À cause de son côté justement connard et pas gentil, parce que ça se matérialisait comment ?

  • Speaker #1

    Il rabaissait, il me rabaissait énormément. Et en fait, moi j'attendais de... Je suis très naïve moi en amour, et pour moi en amour, tu portes l'autre. Enfin, t'es pas censée le porter en vrai. Tu l'aimes entièrement tel qu'il est, et moi il ne m'aimait pas entièrement tel que j'étais Moi je suis quelqu'un de très spontanée, gamine, et si j'ai envie de me jeter à l'eau toute habillée dans une piscine, je trouve ça très drôle. Mais ça m'est déjà arrivé de le faire, de ressortir de l'eau, lui il me regardait, c'était devant ses potes, il me dit tu me fais honte en fait. Je te parle d'un truc, on a 19 ans, c'est ridicule en fait, t'avais le recul. Et là où en fait, je pense que c'est ça qui a eu la bascule, c'est que Hélo, à ce moment-là, donc ma femme, c'était ma meilleure amie, et elle, pour le coup, elle kiffait tout ce que j'étais. Elle était très très fière que je sois infirmière, là où mon ex-mari disait oui bon elle est infirmière. Tu vois, en soirée quand on parlait de mes anecdotes croustillantes, lui il avait tendance à couper le sujet en disant oui bon allez c'est bon, encore des histoires.

  • Speaker #0

    Il voulait te façonner quoi.

  • Speaker #1

    Voilà. Je pense que je n'étais pas celle qu'il attendait. Et du coup il était sans arrêt dans un truc de vouloir me façonner comme lui il entendait, et ça marchait pas en fait. Et ça marchait pas. Et c'est pour ça que Hélo elle est arrivée à un moment où en fait elle m'a rendue vivante quoi.

  • Speaker #0

    Elle t'aimait tout entière quoi. Exactement.

  • Speaker #1

    Et là on parle que d'amitié. Elle m'aimait tout entière en amitié. Et ça m'a fait un bien fou. Et en fait, elle ce qui ne marchait pas dans son couple, ce qui ne marchait pas dans mon couple. Mais sans s'en rendre compte, on se l'est apporté mutuellement.

  • Speaker #0

    Et parce que c'est par ton biais qu'elle a rencontré son ex-mari aussi ?

  • Speaker #1

    Non, non, non. Elle était déjà... En fait à la base mon ex-mari était dans la même classe au lycée que Hélo. Et son chéri. Donc c'était vraiment trois potes. C'est moi qui suis venue me greffer.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui foutu la merde, finalement.

  • Speaker #0

    Vous avez sympathisé par ton ex-mari, en fait, avec ta femme.

  • Speaker #1

    Exactement. En fait, à la base, on se voyait de temps en temps comme ça. Et le hasard a fait qu'on est venus habiter à 500 mètres de chez eux. Et en fait, on est devenus les quatre meilleurs potos du monde, quoi. On se voyait tout le temps. C'était génial.

  • Speaker #0

    Et vous passiez du temps seules toutes les deux aussi ? Ou surtout à quatre ?

  • Speaker #1

    Beaucoup à quatre et beaucoup à deux. Parce que le jeudi, c'était son jour de repos. Et comme moi, j'étais infirmière, souvent, tu sais, tu as des jours de repos la semaine, infirmière. Et souvent, c'était notre jour en commun. Donc, nous, c'était la liberté parce qu'on était avec des garçons un peu trop à pas, qui contrôlaient. Il fallait demander pour sortir, tu vois, l'autorisation. On est sur un truc... Ah ouais ? Et en fait, le jeudi, c'était notre journée. On allait en ville. Pardon, moi, je suis toulousaine. Donc, sortir en ville, c'était extraordinaire.

  • Speaker #0

    T'inquiète pas, je suis aussi du sud.

  • Speaker #1

    On buvait deux mojitos, on était des rebelles. Et c'était notre journée. donc c'était vraiment cool On ne devait rien à personne et on était les plus heureuses du monde. Mais à la base, tu vois, c'est meilleur ami, meilleur ami, on se confie tout.

  • Speaker #0

    Vous vous ouvriez l'une à l'autre sur ce qui n'allait pas dans vos couples.

  • Speaker #1

    Moi, beaucoup. Hélo, elle est quand même beaucoup plus pudique. Et puis en comparaison, son couple allait bien. Ça n'a rien à voir avec moi, ce que j'avais. Mais c'est vrai qu'on s'apportait mutuellement cette liberté de penser, de pouvoir sortir. Nos ex, c'était un peu les vieux machos. Tu vois, il fallait... si eux ils sortaient pas il fallait pas qu'on sorte c'était l'exemple type du patriarcat ouais franchement là ils entendraient dire non c'est pas vrai si les gars vous étiez comme ça et c'est dommage mais même nous on aurait dû dire attendez c'est n'importe quoi on était jeunes on avait 20 ans tu sais pas poser tes limites correctement et puis c'est ta normalité j'étais bien avec lui mais au moment où tu veux sortir avec des copines et tu te rends compte que tu réfléchis à ce que tu vas dire pour argumenter sortir Merci. Là tu te rappelles en fait que t'as de nouveau 13 ans et que tu demandes à ton père d'aller au McDo au bout de la rue. C'est pas normal.

  • Speaker #0

    D'une part et puis aussi tu vois il y a une autrice qui s'appelle Chloé Thibault qui a écrit un livre qui s'appelle Désirer la violence. Et dedans en fait elle a fait une enquête sur les purs produits comme toi et moi tu vois qui sont nés dans les années 90 et qui ont appris en fait à romantiser la violence. Parce que si tu penses en fait au film qu'on regardait qui représentait un couple qui pour nous était un couple normal. en fait c'est un couple qui est hyper dysfonctionnel et hyper violent. On ne va même pas parler des Disney, tu vois. Dirty Dancing, tu vois, la relation, elle n'est pas du tout consentie.

  • Speaker #1

    Ah, oh là, tu vois, attends, tu vois, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Puis il y a plein de trucs de la pop culture comme ça, où en fait, nous, on se disait, ah mais en fait, l'amour, ça devait faire mal, pour être intense. En fait, on romantisait ça. Donc ce n'était pas ta faute si tu ne voyais pas que ce n'était pas sain, que ce n'était pas une relation saine.

  • Speaker #1

    Moi, je me rendais compte que ce n'était pas cool, puisque justement, moi, à l'inverse, pour moi, L'histoire d'amour, c'est vraiment les comédies romantiques américaines qu'on a vues. Moi, je pensais qu'un garçon, il courait sous la pluie, il traversait la ville tout entière pour te dire à l'aéroport qu'il t'aimait. Moi, je pensais que c'était ça. Donc, j'avais quand même un truc de me dire, attends, il ne fait pas ça, lui. C'est quoi cet arnaque ? Pourquoi quand on dispute, il me laisse pleurer dans un coin ? Pourquoi il ne vient pas me prendre dans ses bras avec un bouquet de fleurs ? C'est quoi cet arnaque ? Tu vois, moi, je m'attendais à ça.

  • Speaker #0

    OK, je vois.

  • Speaker #1

    Et je me rendais compte que ça, je ne l'avais pas. Mais après, peut-être que c'était moi qui me faisait...

  • Speaker #0

    C'était bien, du coup, si tu avais déjà les clés pour voir que c'était...

  • Speaker #1

    J'avais les clés, mais il y a toujours un petit delta entre ce que tu vois, ce que tu veux et ce que tu vas vraiment finir par faire. Il y a toujours un moment où il manque un petit peu de courage et on a tendance à se contenter de ce qu'on a en disant ça marche. Et je pense que j'étais dans ça.

  • Speaker #0

    Et donc, à quel moment tu te dis que vous allez vous marier ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis bien avec lui, je suis heureuse, je sens qu'il y a des dysfonctionnements, mais je pense que je suis un peu comme les couples qui finissent par faire un bébé alors que ça ne va pas bien dans le couple, en se disant ça va réparer. Et j'ai envie, comme j'ai l'impression qu'il ne me donne pas d'amour, qu'il ne me met pas sur un piédestal, et j'ai besoin de ça, parce que moi je suis dépendante affective et j'ai besoin qu'on me dise qu'on m'aime et qu'on me rassure, c'est débile mais je suis comme ça. Et lui il ne me le donnait pas, donc je me disais, s'il me demande en mariage, ça voudra dire que... Je suis importante pour lui. Je suis la bonne. Je suis la bonne. Et Hélo se marie avant moi, genre un an avant. Et il finit par faire sa demande en mariage. Et donc je suis très heureuse. Au moment où il met son genou au sol, moi j'ai les larmes aux yeux. Mais quand même, j'ai une voix dans ma tête qui me dit « chiette » . Parce que je ne suis pas sûre que je vais être heureuse avec ce garçon. Je connais sa part qui n'est pas gentille. Et je ne suis pas sûre.

  • Speaker #0

    Son côté sombre.

  • Speaker #1

    Voilà, son côté sombre. Ça fait un peu de son côté sombre. Mais je sais qu'en tout cas, cette partie-là, elle va un moment bugger avec moi. Je me dis inconsciemment, je pense qu'à 40 ans, je vais péter un plan et je vais me barrer. Ce n'est pas possible. Mais encore cette histoire de courage. Là, quand tu m'entends, tu dirais, t'es con ou quoi ? Pars, pars et puis c'est fini.

  • Speaker #0

    Je pense que si on entendait le passé de tout le monde, on aurait envie même de s'auto-dire, mais t'étais con ou quoi ? Oui, oui, voilà. Donc non.

  • Speaker #1

    Mais tu t'accroches à ça, il a enfin fait sa demande, je vais enfin... Ça y est, il m'aime, c'est bon, c'est bon. il est un petit peu con mais c'est bon il m'aime quand même ça va ça va

  • Speaker #0

    Ouais, je vois. Et le mariage d'Ello, ça te fait un truc ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je suis jalouse, clairement. Il y a plusieurs trucs dans ma tête. Je suis jalouse parce qu'elle se marie avant moi. Donc je m'accroche un peu à des trucs autres pour essayer de rester ancrée. Mais de l'autre côté, j'ai déjà conscience que les sentiments que j'ai pour elle sont vraiment très forts. Et peut-être même plus forts que l'amitié. J'en ai conscience. Mais je ne veux pas lui en parler parce que je ne veux pas que ça la fasse paniquer. que ça casse notre amitié aussi. Et je me dis, tu vois, voilà, il se marie, donc arrête tes délires, là, et puis allez, on repart sur des bonnes bases. Et en même temps, j'arrive à switcher en me disant je suis sa meilleure amie, je suis sa témoin, je suis fière d'elle, je suis contente qu'elle se marie, etc. Et c'est vrai que pendant le mariage, je lui lis un discours et a posteriori, les gens, je crois que c'est ma belle-mère qui m'a dit, c'est vrai que ce discours, il était très très beau pour un témoin. C'était vraiment très, c'était chargé en amour. Peut-être qu'entre les lignes, tu pouvais déjà percevoir l'admiration et l'affection que j'avais pour elle. Mais j'essayais de partir vraiment sur une bonne base en me disant, allez, allez marier. Moi, je vais suivre l'année prochaine.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant parce que, en plus, tu vois, l'image du témoin amoureux, c'est un truc. Il y a un film américain qui appelle le témoin amoureux. C'est vraiment un truc, vraiment une série Netflix.

  • Speaker #1

    Oui, si je ne dis pas de bêtises, même l'affiche, je crois que tu vois les mariés. Et t'as les mains derrière, tu sais, ils sont de dos et t'as les mains de témoins de la Marie qui se tiennent.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et donc, à quel moment tu te rends compte qu'en fait, c'est elle ?

  • Speaker #1

    Je pense que déjà, il faut quand même tout le temps de digestion. Je me rends compte que mes sentiments sont en train de s'amplifier. Et là où je me dis qu'il faut vraiment être honnête, c'est en voiture. Parce que moi, souvent, c'est en voiture. Tu mets la musique en fond, c'est cliché. Et c'est là où je suis seule dans ma voiture. Donc, je peux me permettre de penser et de parler à voix haute. J'ai trop peur de le marquer dans un journal parce que moi, j'ai toujours écrit mes pensées les plus intimes. et c'est là Je n'ai pas envie de les mettre sur le papier parce que je me dis, si tu les mets sur le papier déjà, elles vont exister. Et deuxièmement, c'est une preuve. Donc non. Et en fait, dans la voiture, je me parle et je me dis, mais Caro, sois réaliste. Tu t'endors, tu penses à elle. Tu te réveilles, tu penses à elle. Dès que je reçois un message d'elle, tu sais, j'ai le petit trilili dans le ventre, tu vois. Et en fait, tous les matins, elle m'écrit, elle me dit, bonne journée. Rien que ça, cette attention-là, tu vois. Et en fait, on est accro, quoi. Et je me dis, mais j'ai besoin d'elle. On fait une soirée. La porte elle se ferme, c'est vraiment jusqu'à la dernière centimètre où je vois son oeil, la porte fermée. J'ai envie d'être avec elle tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et là je me dis je crois que ça, ça s'appelle être amoureuse Caroline. Mais pareil encore au début je me dis mais non mais c'est parce que ça va pas avec ton mec. Donc tu sais là où t'es pas bien, tu retrouves du positif et du vivant dans autre chose. Je me trouve plein plein d'excuses. Les excuses c'est génial, c'est inépuisable. Tu peux en trouver plein plein plein dans ta vie. Mais arrive un moment où tu peux pas ignorer. Et je le dis en rigolant dans le spectacle, mais c'est vrai, je me dis tant qu'il n'y a pas l'attirance physique, ça va, tu parles. Un jour, elle me passe devant, elle monte dans les escaliers, je mate ses fesses et là je dis hop, c'est bon. Une fois que tu as l'attirance physique, c'est pas...

  • Speaker #0

    C'est fini.

  • Speaker #1

    C'est compliqué, là, tu ne peux plus trop nier les choses, c'est vraiment...

  • Speaker #0

    Tu coches toutes les cases, quoi.

  • Speaker #1

    Tu regardes ta meilleure pote dans les yeux et tu te dis quoi qu'il arrive, ne baisse pas les yeux sur ses seins. Non, mais tu vois, ça va trop loin, mais tu te dis, mais c'est pas normal. et puis au-delà de ça, c'est que... Tu l'admires, je la trouve vraiment belle, je te parle de la poitrine et des fesses, mais je pouvais aller jusqu'à bugger sur ses mains, ses avant-bras, elle a des avant-bras magnifiques, je ne vous dis même pas. Tu aimais tout chez elle. J'aimais tout chez elle. Et comment tu...

  • Speaker #0

    Sauf ses oreilles.

  • Speaker #1

    Ça je le dis uniquement pour l'embêter, parce qu'elle me dit, mais personne ne m'avait jamais dit que j'avais des grandes oreilles. Ben si, si.

  • Speaker #0

    Et donc au moment où tu acceptes cette information, comment tu gères la suite ?

  • Speaker #1

    Je pense que je suis partie vomir. Ah ouais ? Bah non, mais t'imagines.

  • Speaker #0

    Difficilement à vrai dire.

  • Speaker #1

    C'est pas bien parce que t'as personne à qui en parler, t'as honte, tu te dis bon si ça relève que du fantasme, je pourrais peut-être m'amuser comme ça pendant des années, puis dans ma tête, tu vois, un truc comme ça. Et en fait non, ça me bouffe, il y a un moment où ça bascule dans ma tête parce que dès que son chéri l'embrasse, moi, ça me... Tu vois, je... Ça devient compliqué et en même temps, je ne peux pas couper les points. J'aimerais, à un moment, j'y pense, mais je me dis que je ne peux pas parce que je vais lui faire du mal. Elle ne va pas comprendre pourquoi je... Et là où il y a la bascule, c'est que je me rends compte, je me dis, mais elle aussi, ce n'est pas possible. Je le vois dans son comportement avec moi. On en rigole maintenant, mais je dis, ton corps parlait à la place de toi. Elle voulait être contre moi. Alors qu'Élodie, elle n'est pas tactile pour un sou. On se faisait des câlins, des câlins en tout bien tout honneur. On voyait qu'on avait tout le temps d'être ensemble. Et elle me l'a dit plus tard, elle m'a dit « Oui, c'est vrai, t'as raison, j'avais besoin d'être contre toi, j'avais besoin d'être avec toi. » Tu sais, tu te fais des films à la fin, parce qu'elle te regarde, puis tu vois qu'elle te regarde la bouche un peu, puis elle change de... Tu fais « Elle m'a regardé la bouche. » Tu deviens tarée, en fait. Et jusqu'au moment où il y a une soirée qui part en steak. Les garçons sont dans la pièce avec nous. Elles détestent quand je raconte ça à Hélo, mais c'est vrai, il faut le raconter parce que ça a quand même été le tournant. eux ils jouent à la console tu vois et nous on est genre deux mètres plus loin on est sur le lit et ça commence un petit peu à se rapprocher, tu vois, et on a ça de s'embrasser, et au dernier moment, je panique et on s'embrasse pas. Je panique, alors que, bon, bref. Genre rêver, au moment où on le culmine, on aurait dit vraiment une comédie romantique. Non, tu sais quand le téléphone sonne, au moment où ils vont s'embrasser. Oh, relou ! Bon.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, tu te dis peut-être que c'est pas le bon moment.

  • Speaker #1

    Et puis je me dis ben non, non, qu'est-ce que tu fais ? Stop, maïdé, maïdé, quoi, tu vois. Les garçons, ils se retournent, ils rigolent, qu'est-ce que vous allez faire et en fait ça passe comme ça tu sais en mode bon soirée entre potes on est un peu désinhibé un peu alcoolisé voilà Sauf que ça verrouille le fait que je n'avais pas halluciné. Elle, elle panique complet. Et en fait, on finit par en parler et se dire, il y a un truc. Et de là, une fois que tu as avoué les choses, c'est compliqué de lutter.

  • Speaker #0

    Donc, votre histoire d'amour commence. Et vous l'annoncez ensuite à vos maris.

  • Speaker #1

    Ça dit comme ça, c'est très beau. Mais non, c'est pas... Mais non, mais non. Mais non, parce qu'on va lutter au début en disant, c'est mal, c'est pas bien, c'est pas bien. Mais en fait, quand on se retrouve toutes les deux, je ne sais pas comment t'expliquer, c'est plus fort que nous. Je le décris avec une chape de plomb, mais c'est ça. C'est viscéral, quoi. C'est comme s'il n'y avait plus de son dans la pièce. Tout s'arrête, tout est au ralenti Tu peux pas t'en empêcher, on a envie de s'aimer, on a envie de s'embrasser, on a envie de... Rien que de se frôler les doigts, c'est extraordinaire les sensations que ça te fait dans tout le corps. Moi j'ai jamais vécu ça, c'est... En comparaison, je sais pas si t'as lu ou vu les 50 nuances de Grey, tu sais quand ils sont dans l'ascenseur et qu'elle explique qu'il y a un truc électrique dans la pièce, ben c'est ça. Tu sais que tu fais de la merde, tu sais que t'es une mauvaise personne, mais ce truc-là te rend vivante comme t'as jamais été vivante de ta vie. C'est une excuse encore une fois de plus, tu peux aussi décider de dire je fais de la merde et tout arrêter. Mais, oh là là, je sais pas que vous dire, c'est mal mais c'est plus fort que nous. Et donc, non, on commence une relation extra-conjugale.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, on essaye de lutter, on essaye de se dire c'est pas bien, c'est pas bien, c'est pas bien. Moi, je sais déjà que je l'aime par-dessus tout et que je veux tout plaquer pour elle. Elle, elle est pas prête. Et ça se comprend, on est... Pour le coup, un an de mariage, moi six mois de mariage, on comprend que c'est compliqué. Et en fait, on s'est fait griller. J'ai mal caché une lettre d'amour qu'Elo m'avait écrite. Ils sont tombés dessus, ils ont demandé l'explication et puis on a été confrontés. Là, je me suis dit, c'est super, c'est la sortie de secours idéale pour partir. Sauf que Elo est repanique, elle dit non, c'est pas possible. Je te la fais accélérer, mais en gros, ils nous ont repris parce qu'on n'a pas trompé avec des garçons. Donc je pense que...

  • Speaker #0

    Oui, leur égo est bien.

  • Speaker #1

    Et puis en fait, ils nous ont regrié parce qu'ils ont vu que sur les portables, on s'écrivait, qu'on se rejoignait. Donc là, ils ont dit, maintenant, prenez une décision. Je suis partie la première et Lo m'a suivie une semaine plus tard.

  • Speaker #0

    Et donc là, la vraie aventure de la vie à deux qui commence.

  • Speaker #1

    J'adorais te dire que oui, mais toujours pas. Parce que moi, je rentre chez mes parents, donc je leur dis voilà. Je me fais un petit peu engueuler parce qu'ils ont payé une partie du mariage. Ça fait que six mois qu'ils ne comprennent pas. Ils pensaient que j'étais heureuse avec mon mec. Mais malgré tout, ils me suivent. Ils me disent, écoute, si t'es heureuse comme ça, je leur raconte l'envers du décor avec ce garçon qui n'était pas toujours gentil. Ils font, nous, on te suit. C'est comme ça. Et Lo, elle a beaucoup plus de mal parce qu'elle se heurte à une famille qui lui fait la gueule, clairement. Par homophobie ? Par soutien de leur gendre.

  • Speaker #0

    Des maris qui connaissent depuis des années. Exactement,

  • Speaker #1

    c'est comme leur fils. Et ma belle-mère, elle te le dira encore maintenant, Ça n'a jamais été un problème. d'homophobie. S'il y aurait été un autre mec, c'était pareil. C'est juste que sa mère s'attendait à ce qu'elle lui dise « Voilà, je suis mariée, je suis enceinte. » Sauf qu'elle est là, elle lui dit « Je suis mariée, je le quitte et je pars avec Haro. » Et en fait, il y a un bug dans le cerveau de ma belle-mère qui se dit « Je ne reconnais pas ma fille. » Hélo, qui est très attachée à la vie de sa famille, s'effondre parce qu'elle se dit « Je les ai déçues. Plus personne ne se parle à la maison. Le peu de choses qu'elle lui dit, sa mère, ce n'est pas gentil. Sa sœur, c'est pareil. » Tout le monde est assez dur avec elle. Elle souffre énormément. Et je pense qu'il y a un moment où elle se dit je pense que je vais quitter Caro et puis revenir dans mon petit moule pour qu'on m'aime de nouveau. Donc non, il y a eu un moment où le couple a failli se...

  • Speaker #0

    Se séparer.

  • Speaker #1

    Se séparer, ouais. Elle ne l'admet pas, moi je sais qu'aussi. Moi je sais qu'aussi. Ce n'aurait pas été moi, mais je pense qu'elle aurait fini par dire non, non, on revient.

  • Speaker #0

    C'est trop dur d'assumer ce regard.

  • Speaker #1

    Elle ne serait peut-être pas revenue avec son mec, mais en tout cas, elle aurait arrêté avec moi pour récupérer sa famille. et il se trouve que dans toute cette merde, mon père, malheureusement, a fait un infarctus. Il est décédé. Et ça a remis l'église au centre du village. Tac. Voilà. Elle a dit à sa mère, écoute, elle vient de perdre son père, donc je vais aller la voir. C'est terrible, mais c'est ce drame qui a fait que elle a dit, attends, je ne peux pas la lâcher maintenant, c'est hors de question. Et en fait, ça a fait comme un... Elle s'est dit, non, celle que j'aime, je vais arrêter mes conneries.

  • Speaker #0

    Et sa famille a fini par accepter.

  • Speaker #1

    J'espère, ça fait 10 ans maintenant. Ma belle-mère me prend dans ses bras, elle me dit qu'elle-même, je pense qu'on est bon. Et du coup, de là, après, ça s'est plus ou moins cicatrisé. On a habité ensemble et là, au fur et à mesure, ma belle-mère, elle a dit, bon, allez, je viens voir votre appart. Mais je pense que je leur en veux d'avoir été horrible avec elles, mais je peux aussi comprendre que tu as un moment de what the fuck. Ma fille n'a jamais été avec des femmes. Elle était heureuse avec ce garçon, ça faisait dix ans qu'ils étaient ensemble. Elles font une connerie, tu vois. C'est pas possible. Elles ont un délire, elles ont les fils qui se touchent, elles font la connerie de leur vie. Donc je peux comprendre le questionnement et la peur des parents.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que rompre le dialogue, c'est toujours... Même si c'est normal, je pense, de paniquer en tant que parent, parce qu'en plus on se dit « J'espère qu'elle ne va pas regretter de prendre une telle décision » ou quoi que ce soit. Mais je pense que rompre le dialogue, je pense que maintenant, en tant que maman, tu te dis... Il n'y a pas grand chose qui mérite de... Moi je ne peux pas.

  • Speaker #1

    Et je n'ai pas été élevée dans ça et c'est hors de question que... Un jour. Là je te dis ça avec beaucoup de prétention, je ne sais pas l'avenir. Mais en tout cas je ferai tout pour ne pas rompre le dialogue avec mes enfants. Il faudrait vraiment que la décision soit un truc...

  • Speaker #0

    Subie quoi, que ce soit ton enfant qui décide de...

  • Speaker #1

    Ouais tu vois, mais encore une fois, si au final... Enfin moi ma mère elle m'a toujours dit ça. Vous êtes en bonne santé ? Tu n'es pas dans un ravin avec ta voiture ? C'est bon là, rien que ça, t'es heureuse, c'est l'essentiel. Et donc c'est pour ça que je te dis que là, comme ça, moi je ne me vois pas rompre le dialogue avec mes filles. Mais depuis cette histoire, tu sais, je garde toujours en tête de me dire, parce que je pense que les gens ont la tendance à juger les comportements des autres, en vrai tant que les choses ne te sont pas arrivées, tu ne sais pas comment tu vas réagir. Donc là en l'état je te dis oui, mais en fait peut-être que je fais la grande maline et que je vais faire moi aussi de la merde. Donc on ne sait pas.

  • Speaker #0

    En tout cas, ce qu'on peut tous comprendre, c'est que ce soit une nouvelle qui, même si elle n'est absolument pas empreinte d'homophobie, parce que même si c'est comme tu disais avec un autre garçon, tu vois du jour au lendemain ta fille hyper heureuse, mariée, tu te dis que ce qu'elle va venir te dire comme tu dis, c'est « Eh, je suis enceinte ! » et en fait, non, pas du tout, je divorce et je me mets avec quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a ça et il y a le fait aussi que... Là, je parle à la place de ma belle-mère, c'est parce que c'est ce qu'elle m'a dit. Elle avait prévu une vie pour sa fille et qu'elle est sortie des rails, elle est sortie de ce chemin. et elle n'a pas compris pourquoi. En fait, elle lui a donné une direction, alors que tu n'as pas à donner une direction à tes enfants. Elle s'est dit, bon, mais moi, elle fera comme moi. Et elle fera comme sa sœur. Non, elle a fait un pas de côté. Ce n'est pas normal. Au point qu'elle se disait, ce n'est pas elle qui a décidé, c'est Caro qui la manipule. Elle n'avait même pas confiance en le choix de sa fille.

  • Speaker #0

    Mais parce qu'aussi, du coup, comme votre amour a été vécu caché pendant tout ce temps-là, je pense que la famille ne l'a pas vu venir. Oui, bien sûr. Quelque chose qui durait depuis très longtemps pour eux est apparu comme super soudain. Et d'ailleurs, il y a un autre virage aussi que tu as opéré puisque tu étais infirmière à l'époque.

  • Speaker #1

    Je fais n'importe quoi dans ma vie. J'ai un talent incroyable pour foutre le bordel dans ma vie.

  • Speaker #0

    Et à quel moment, du coup, tu te dis, est-ce que tu penses que c'est Hélo qui te donne des ailes ?

  • Speaker #1

    Franchement, je pense que oui. Donc, on est installés ensemble depuis un moment. Je pense qu'il y a déjà trois ans qu'on est ensemble. On n'a pas encore notre première fille. Et un matin, je me dis, mais ça me vient comme ça. Je me dis, tu vois, tout T'es infière ? Ah oui, c'est vrai. Mais finalement, ton rêve de gosse, d'être humoriste, tu l'as lâché, tu vois. Mais c'est fou parce que ça vient comme ça et je me dis, oui, bon, tu vois. Mais à aucun moment, je me dis, Hélo va aller à l'encontre de ça, tu vois. Là où dans mon ancienne relation, je pense que j'aurais été empêchée de faire quoi que ce soit. Et donc, en fait, je... Je sais pas, je vais au travail et quand je rentre, j'ai encore passé une journée très sympathique, et quand je rentre... Je pars la voix haute. Je suis dans mes toilettes et je pars la voix haute. Je fais comme si je faisais un sketch. Je me dis, c'est drôle ce que je dis. Et donc, je me filme. Et je mets ça sur YouTube à l'époque. En vrai, la première version de la vidéo, elle dure 11 minutes. C'est infâme pour une vidéo. Je l'envoie à Hello. Elle me dit, franchement, c'est pas mal, mais fais plus court. Je fais 8 minutes. Tout, tout, tout, c'est horrible. Et je le balance sur YouTube. mais comme ça tu vois et Lou elle me dit ouais c'est rigolo vas-y tu vois il n'y a même pas de sauf qu'elle fait le buzz Et de là, ça ouvre plein de portes. On me dit d'écrire un livre sur ma vie d'infirmière. OK. On me contacte en me disant, écris un spectacle et viens le jouer dans mon théâtre. Donc ça, c'était en banlieue parisienne à Tourigny-sur-Marne. Au début, je me dis, c'est une blague. J'ai fait du théâtre, OK, mais je n'ai jamais écrit de spectacle de ma vie. Si si je suis sérieuse viens fais le

  • Speaker #0

    Ok. Et voilà. Et en fait, ça commence comme ça. Génial. Au début, sans prétention, parce que tu te dis que c'est juste une vidéo comme ça, pour faire marrer les copains. Et puis après, une deuxième, une troisième, les médias s'en emparent. Et puis finalement, tu as une petite communauté. Et puis finalement, la première, c'est une salle de 40, c'est complet. Pour moi, c'est déjà énorme. Et puis tu fais une représentation, deux, cinq, ça marche. Et puis au fur et à mesure, je suis toujours infirmière à ce moment-là. Moi, je sais... Je ne connais rien du métier, donc j'appelle à droite, à gauche. Oui, bonjour, j'ai un spectacle sur les infirmières. Je ne sais même pas comment il faut faire. Et je dois peut-être jouer une fois tous les six mois. C'est ridicule, tu vois. Je pense que j'ai un mois de troubles digestifs avant la représentation tellement je suis dans le mal. Enfin, tu vois, je l'ai joué une fois devant 40 personnes. Je ne savais pas si c'était drôle. Je ne l'avais joué devant personne, moi, tu vois. Et puis après, je rencontre Clémence Chardon qui tient la comédie de Toulouse. Et qui me dit, oh, hé, t'as du potentiel, toi. Et voilà, en fait, on se lance. Elle devient ma manageuse. Et puis, au fur et à mesure, j'ai de plus en plus de spectacles. Je suis toujours infirmière. Et ma chef, ma cadre, elle est énorme. Elle arrive à caler mes jours de repos sur les spectacles. Mais bon, ma première fille vient de naître. Il y a eu un moment, je t'avoue que... Tu t'es dit, je ne vais pas y arriver, je suis sous l'eau. C'était sportif, quoi. Je m'occupais des patients. Dès que j'avais un moment où je me cachais dans le local poubelle et je répétais mon spectacle, Le téléphone sonnait, oui, oui, j'arrive. Les gens me disaient, mais t'es où Caro ? Non mais j'arrive. Je me cachais dans les chambres des patients, sans les patients à l'intérieur bien sûr, pour m'entraîner dans mes textes. Donc le deuxième virage vient au moment où tu te dis, bon ben là il y a autant de représentations que de boulots d'infirmière. Parce que je suis comme tout le monde, j'ai un crédit sur le dos, donc tu te dis, avant de te jeter, il faut que financièrement ça tienne. Et comme je touchais l'équivalent d'infirmière, j'ai dit bon ben vas-y, au pire t'as le diplôme, ils auront toujours besoin d'infirmière. Je ne pense pas qu'on dira un jour, non, ça va, on n'a pas assez d'infirmières. Merci. Voilà. Et deuxième virage, je me lance, je prends une dispo et je dis, allez, go, on y va.

  • Speaker #1

    Génial. Et là, ta femme est super soutenante.

  • Speaker #0

    Oui, elle a peur. Parce que, hélo, il faut savoir qu'elle a peur de tout. Elle a peur de tout. Moi, je suis l'enfant, le chien fou qui veut faire plein de choses. Et puis elle, c'est l'adulte du couple qui dit, bon, attends, on va faire par étapes. Tu te calmes. Et tu vois, je te l'ai dit, on a d'abord vérifié que ce que je touchais pendant les spectacles, pouvait couvrir nos besoins. Mais à aucun moment, elle m'a dit, tu fais de la merde, redeviens infirmière. Il n'y a que ce moment qui a été compliqué où la petite venait de naître et elle me disait, tu n'étais pas là. Parce que soit tu étais ennuyée, soit tu étais là, mais comme tu avais fait la nuit, tu dormais. Ou si tu étais réveillée, dans ta tête, tu avais le spectacle. Donc il y a eu un moment qui était hyper sportif.

  • Speaker #1

    Où elle s'est sentie un peu seule à boire, peut-être, pour le début de la maternité.

  • Speaker #0

    Et donc, je pense que le fait d'en avoir plus qu'un seul métier, déjà, on a fait... Quand je rentrais de tournée, j'étais vraiment là. Et je n'avais pas la fatigue accumulée des nuits.

  • Speaker #1

    Et j'imagine que toi, ça a pu prendre mieux ta place de mère.

  • Speaker #0

    Oui, oui, complètement. En fait, je changeais une couche. Oui, j'étais là. Mais je n'étais pas dans le moment, vraiment. Tu réfléchissais à autre chose. Et là, vraiment, j'ai commencé à pouvoir davantage profiter de ma fille et être vraiment là, plus ancrée, en tout cas.

  • Speaker #1

    Et donc pour en arriver à ton spectacle, je le trouve important ton spectacle parce que outre le fait que bien sûr c'est très drôle, notamment je pense, mais on laissera aux gens le loisir de découvrir le personnage de ton frère.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    C'est hyper drôle tu vois. D'ailleurs il se sent comment par rapport à cette représentation ?

  • Speaker #0

    Il est dégoûté. Mon frère, il a mal réagi quand il a appris que j'étais avec Elo. Pas au point de ne plus me parler et d'être méchant. Mais mon frère, c'est... le macho. Là, il dit, oh, c'est pas vrai. Mais il a un truc de base, tu vois. C'est l'homme, il est fort, il va chercher la viande et puis il protège la femme. Et la femme, elle reste à la maison. C'est un peu ce... Le mood. Exactement. Et donc moi, quand je lui dis que je pars avec une femme, la première chose qu'il me dit, c'est qu'est-ce que vont penser mes potes ? Tu vois, c'est pas... Je lui dis, mais j'étais malheureuse avec mon gars. Oui, bon, écoute, tu vois. Il m'a vraiment dit des trucs comme tu pouvais te forcer. Voilà. Et en fait, mon frère, il dit des aberrations. et après tu lui dis mais tu te rends compte que t'as dit ça ? et je lui dis mais quand je vais écrire le spectacle je vais te défoncer Jack quand même on y va pas fort si si je vais dire la vérité et quand il voulait lire le spectacle avant je dis non tu vas pas le lire je limite avec la main sur le pec mais c'est vrai il parle vraiment avec la main sur le pec et tout ce que je lui fais dire dans le spectacle il l'a vraiment dit et c'est des aberrations c'est des aberrations mais son rôle est hyper important parce qu'il vient d'étendre souvent les gars de la salle Merci. qui pensent la même chose. Et c'est honnête en fait. C'était important de le faire exister ce personnage parce que oui déjà, il a existé, qu'il a vraiment dit tout ça, que j'avais une petite vengeance personnelle à faire, et qu'il est un peu le porte-parole de toutes les questions naïves que tous les gens ont dû se poser. Donc en fait, ça détend les gens en se disant « Ah, il n'y a pas que moi qui ai pensé ça. » Et on en rigole tous ensemble. Surtout qu'à la fin, vu qu'on est dans Virage, il y a toujours une bascule de... Tu vois, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. Voilà. Mais c'est vrai que ce personnage, je lui ai dit de toute façon, soit ça passe, soit ça casse. Et à mon avis, tu peux être sûre que c'est le passage qui explose le plus. Alors lui, du coup, tu vois, grâce à moi, le spectacle fonctionne. Il a vraiment dit ça.

  • Speaker #1

    En même temps, ton histoire est tellement incroyable que s'il y a bien une histoire qu'il faut représenter sur scène, c'est cette histoire-là. On n'y croirait pas si on le présentait à une comédie américaine. On dirait, allez, c'est gros.

  • Speaker #0

    Avoue que ça peut terminer sur Netflix. D'ailleurs, si vous êtes intéressés, on peut créer un film, une mini-série.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Moi, tu vois, quand j'ai terminé le premier spectacle, j'aime les gens sur les infirmières. Et qu'on a commencé à me dire, tu penses à quoi pour le prochain ? Tu restes sur le thème infirmière ? Non, je pense qu'il faut qu'on raconte cette histoire. Parce que c'est...

  • Speaker #1

    Vraiment, c'est fou. On pourrait ne pas y croire.

  • Speaker #0

    C'est une série américaine. C'est vraiment un truc que tu pourrais retrouver sur Netflix. Moi, de toute façon, j'aime rire de tout. Et je voulais la raconter. Cette histoire, c'est un champ des possibles. C'est que tu as le côté qui est un peu drôle quand même de mettre un pagaille dans sa vie. On ne va pas se mentir. Et puis, il y a cette honnêteté de dire que parfois, tu vas dans la mauvaise direction. Tu sais que tu y vas. Mais c'est dur de faire Le virage. De remonter le...

  • Speaker #1

    En réalité, tu ne vas pas dans la mauvaise direction parce que c'est juste... Là, en l'occurrence, je pense que tu fais référence au fait que vous soyez passée par une phase de tromperie. Oui. Mais vous auriez pu, sans juger le fait que vous ne l'ayez pas fait, mais je veux dire, moi, je trouverais ça très triste de passer à côté du grand amour de ta vie. Donc, on peut imaginer que vous puissiez dire « Allez, on se sépare. » pour se mettre ensemble.

  • Speaker #0

    Je réadorerais avoir fait un truc propre comme ça.

  • Speaker #1

    On fait tous des erreurs dans la vie. En tout cas, l'erreur, c'est sûr, ce n'est pas d'avoir suivi votre cœur.

  • Speaker #0

    Non, c'est sûr. Je m'en défends beaucoup parce que sur les réseaux, parfois, je me fais un sanglier. C'est une mauvaise personne, elle a trompé. C'est vrai, vous avez raison. Il ne faut pas tromper. Mais encore une fois, tu ne sais pas comment tu vas gérer la situation au moment où elle te tombe dessus. Moi, j'ai toujours fait partie des personnes qui disaient « tromper, c'est mal » . Et c'est vrai, on a fait de la merde. clairement il n'y a pas de si j'avais pu le faire proprement en mode cordialement merci on s'arrête ici franchement j'aurais aimé avoir le courage de le faire mais en tout cas une chose était sûre c'est que je n'allais pas me forcer toute ma vie à être malheureuse alors qu'en fait mon coeur était ailleurs c'est beau et parfois il faut foutre la merde dans sa vie pour voilà je ressors toujours la même expression mais je l'adore c'est avant d'admirer la vue il faut se taper la rando J'ai l'impression que c'est un peu ça le sel de la vie, c'est que les plus belles réussites, les plus beaux moments que tu as, avant il faut galérer. Je ne pense pas que l'univers ne te donne pas les trucs cools comme ça. Et bon ben voilà, ça c'est notre galère et c'est pour ça qu'on était fiers de le raconter puisque dix ans plus tard, on est ensemble, on a deux filles, on est très heureuses. Et je peux dire à ma belle-mère,

  • Speaker #1

    tu vois ?

  • Speaker #0

    T'aurais pas dû ! Je lui dis parfois, tu vois ? Ouais t'es connerie ! Et vos filles, justement, est-ce que le spectacle, elles le voient ? Elles ont quel âge ? Elles ont 7 et 3 ans. Donc 3 ans, peut-être pas, mais 7, est-ce que... 7 ans, elle sait qu'on parle de... Que je parle de notre famille. Mais pour l'instant, tu vois, elle avait vu le premier, mais bon, tu parles, elle est restée 5 minutes dans les loges, je peux la faire, c'est relou. Et donc là, elles savent que je suis sur scène et que je fais des blagues, mais je ne suis pas encore sûre que la grande, elle ait bien conscientisé que c'était sur notre famille. Mais voilà, après, elle a conscience qu'il se passe quelque chose, puisque forcément, sur les réseaux sociaux, parfois, elle passe avec moi devant le portable, mais on fait toujours bien attention à dire, est-ce que tu en as envie ? Donc, on fait la différence. Parfois, on filme des séquences et c'est elle-même qui dit, ça, c'est pour nous, ce n'est pas pour les réseaux. Elle a déjà ce truc de se dire, on ne rentre pas au centre. Non, bien sûr, il y a des moments, ça nous appartient. Je ne pense pas. Tu sais quoi ? Je vais lui poser la question. Parce que je ne suis pas sûre qu'elle sache effectivement de ce dont je parle sur scène.

  • Speaker #1

    Et ça en fait partie du coup, toi, ce qui t'a motivée à montrer votre histoire d'amour et à montrer aussi votre famille, en fait, à tout simplement permettre qu'il y ait des représentations sur scène ?

  • Speaker #0

    Alors pareil, moi je suis toujours, je fais mon truc et après je réalise ce que ça peut apporter. Tu vois, quand j'étais infirmière et que je fais le spectacle J'aime les gens, moi à la base c'est pour raconter mon envers du décor et montrer aux moldus, donc les non-soignants, notre métier croustillant et tout ce que, et malgré la noirceur. toute la lumière qu'on a. Je dis des phrases maléfiques. Et donc, ce spectacle-là, moi, à la base, je le dis pour raconter mon histoire et puis pour dire qu'on n'a qu'une vie et que parfois, c'est compliqué, mais il faut foncer. Et en fait, une fois que tu balances ce spectacle, c'est les gens qui, à la fin du spectacle, viennent me voir et me disent « Mais en fait, ça fait un bien fou parce que moi, je suis amoureuse de ma meilleure amie. Je ne l'ai dit à personne. » Et en fait, je me rends compte que oui. C'est possible. T'as des histoires de vie où c'est parfois des couples de femmes bien plus âgées, donc à l'époque autant te dire que c'était encore plus compliqué, qui au bout de 30 ans de mariage ont quitté leur mari pour partir avec leur meilleur ami. Et en fait tu te rends compte que ça montre une visibilité. Ça montre une visibilité, c'est pas français. Ça offre une visibilité et ça montre aux gens que c'est possible. Mais pas que de partir avec une femme, d'être heureuse avec une femme. Ou d'être heureux tout court, de te dire tu peux changer de trajectoire sans parler d'amour, peu importe. Tu peux très bien te le dire pour ton métier. Tu es ingénieur et puis tu te dis non, moi je vais être agriculteur.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'il y a encore des gens qui réfléchissent comme tu réfléchissais à l'époque, à savoir qu'ils se disent si je suis mon cœur, je devrais renoncer à une partie de ce qui fait que je me visualise heureux, à savoir je n'aurai pas d'enfant, etc. Donc ça c'est hyper important je trouve. de montrer des modèles de parents dans un couple homosexuel. C'est super important.

  • Speaker #0

    Et il y a ça aussi, bien sûr. Et ce que j'aime bien, c'est qu'on me dit souvent, tu parles de ton histoire d'amour, donc tu parles d'homosexualité, d'homoparentalité, mais en même temps, ce n'est pas un sujet. C'est ma vie, en fait. C'est hyper important. Et en fait, ça normalise la chose. Et ça, je pense que ça fait aussi beaucoup de bien. Bon, après, je ne sais pas si j'ai des homophobes dans la salle, mais personne ne s'est encore levé, Donc peut-être qu'il y a des gens qui se retrouvent prisonniers. Oh non ! Et en fait, à la fin, ils disent « Bon, en fait, ils sont très sympas, ces gens-là » .

  • Speaker #1

    Ouais. Comme dans le spectacle qui date de Michel Larocque et Pierre-Alain Palmade, à l'époque où il dit à un moment « Mais venez voir les enfants, il y a des homos, vous n'en avez jamais vu » .

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Mais donc, je ne pense pas que... Non, non, non.

  • Speaker #0

    Mais tu sais que j'ai déjà reçu un message sur les réseaux sociaux de quelqu'un qui me disait « Moi, je ne suis pas homophobe, mais... » C'est quand ça commence comme ça. J'ai rien contre le fait que vous vous mariez, mais par contre, avoir des enfants, ça me gêne. Mais depuis que je vous suis sur les réseaux sociaux, j'ai changé d'avis. Vous êtes très belles. Tu vois, et ça, j'en ai gagné un.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est bien.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais. C'est hyper bien. Mais c'est cool. Ça montre aussi au reste de la population qui se pose peut-être des questions, en se disant, ah oui, en fait, ça va, elles sont relativement normales.

  • Speaker #1

    Oui, surtout qu'en vrai, pour les enfants, il n'y a vraiment aucun sujet. Et pour les enfants entre eux. C'est-à-dire qu'en fait, tu te rends compte que c'est beaucoup ce qu'on projette sur eux. Moi, je sais que ma fille, elle est copine avec une petite fille qui a deux papas. Tu vois, c'est pas du tout un sujet. Elle te demande.

  • Speaker #0

    Et puis,

  • Speaker #1

    quand tu réponds, une réponse toute simple. En fait, pour elle, c'est pas normal d'avoir un papa et une maman si toi, tu lui dis pas.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui. Nous, ça nous arrive beaucoup. Souvent, on arrive à l'école pour chercher les petites. T'as une copine qui arrive comme ça en courant, qui dit « C'est vrai qu'Erika a deux mamans ? » Parce qu'elle, elle y croit pas. c'est incroyable oui Ok, cool, et on part. Et souvent, je dis, tu as des questions ? Non, c'est bon. C'est tout. C'est trop bien. Ou alors, on me dit, elle a trop de la chance, elle a encore plus de câlins. Mais non, les enfants, en fait, on avait peur quand on l'a inscrite à l'école. On s'est dit, comment ça va se passer ? Et en fait, on n'a eu aucun problème. Vraiment, les gens font ok.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'était génial d'en apprendre plus sur ton histoire. et sur l'intention derrière ton spectacle. Encore une fois, je vous recommande d'aller le voir.

  • Speaker #0

    C'est très drôle.

  • Speaker #1

    C'est très drôle. Et puis, vous allez découvrir encore beaucoup de personnages que vous ignorez.

  • Speaker #0

    J'en mets plein la tête à Marielle, ma belle-mère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc, si vous avez envie de vous défouler sur votre propre belle-mère,

  • Speaker #0

    n'hésitez pas. Marielle, c'est pour toi.

  • Speaker #1

    Je te remercie et je te dis à bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt, merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

Description

La vie de Caroline ressemblait à celle de beaucoup d’autres : infirmière, jeune mariée, entourée de bon.nes ami.e.s. Parmi elles et eux, sa meilleure amie, qui était tout naturellement devenue sa témoin de mariage.


Une vie simple, stable, presque écrite d’avance.

Jusqu’au jour où tout a basculé.


En quelques mois, son histoire a pris les allures d’une véritable série Netflix : Caroline réalise qu’elle est amoureuse… de sa témoin de mariage. Elle-même mariée au… meilleur ami de son mari.


Un scénario impossible ?

Caroline, elle, a choisi la vérité.

Elle a osé regarder en face ce qui se jouait en elle.

Et elle a tout quitté par amour.


Pour la première fois, elle se sent aimée pleinement, entièrement, pour ce qu’elle est. Cette rencontre l’a révélée à elle-même, l’a portée, l’a libérée jusqu’à la conduire à changer de vie et devenir humoriste.


Ensemble, nous avons parlé du moment ou tout a changé dans sa vie. Nous avons aussi parlé d’amour, de courage, et de cette société encore profondément hétéronormée qui laisse si peu d’espace pour questionner son orientation sexuelle.

Nous avons aussi parlé de la puissance des représentations : des couples homosexuels, des familles homoparentales, de la nécessité d’exister dans l’imaginaire collectif.


Son spectacle, joué tous les lundis au Théâtre du Marais, participe à rendre visibles et à normaliser ces réalités. Et ça compte. Immensément.


Je vous souhaite une très belle écoute.


Pour soutenir ce podcast n'hésitez pas à mettre 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et un commentaire, cela m'aide énormément.


Pour suivre les coulisses du podcast n'hésitez pas à me suivre sur Instagram: Pauline_virage!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspire. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage et sur TikTok, virage.podcast. Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Caroline.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Ouais ça va, je suis super contente qu'on enregistre un épisode. On va parler d'un spectacle parce que tu es stand-upeuse, humoriste. En ce moment tu joues un spectacle tous les lundis au Théâtre du Marais.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Un spectacle qui est super, que je vous recommande, qui est grandement inspiré de ta vie.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Que tu décris comme une série Netflix.

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est très bien résumé.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant. On va parler d'abord de ta vie et ensuite de ce que tu as voulu insérer dans le spectacle par rapport à ça. Puisque au-delà de l'humour, il y a aussi, je trouve, une invitation à faire bouger les choses et notamment à faire un peu changer les représentations de la société qui est très hétéronormée. Je pense que c'était un souhait de ta part. En tout cas, je l'ai ressenti comme ça quand je suis allée voir ton spectacle. Tu vas d'abord nous raconter cette histoire qui est complètement folle. Puisqu'alors que tu étais mariée... ta meilleure amie qui était ta témoin de mariage, qui était mariée au meilleur ami,

  • Speaker #1

    quand tu le résumes, ça ne finit pas,

  • Speaker #0

    de ton mari. Un jour, vous vous êtes dit, en fait, on s'ennuie, non ? C'est grave. Si on se mettait ensemble.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes tombées super amoureuses toutes les deux. Et donc, du coup, vous avez toutes les deux quitté vos maris pour démarrer votre histoire d'amour qui dure encore aujourd'hui. Et vous avez deux merveilleuses petites filles. Est-ce que tu peux m'en dire un peu plus déjà ? Est-ce que tu penses que ça vient justement de la société hétéronormée ? Si très jeune, t'as pas vraiment pris conscience de ton homosexualité et que tu t'es tournée vers des hommes ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense qu'il y a un peu de ça. Il y a le fait que déjà à la base, j'ai quand même toujours été attirée par les garçons, mais je sentais qu'il y avait un petit truc sous-jacent, un petit truc avec les femmes quand même. Déjà, si on me tape dans les stéréotypes, j'étais un garçon manqué. Et là où ça a vraiment commencé à mettre la pagaille dans ma tête, je pense que j'avais 12... 13 ans, quelque chose comme ça. Et je vois un reportage à la télé où en fait, ils parlent de l'homosexualité. Et dis-toi, ils disent que l'homosexualité était en fait, dès la naissance. Ce serait dû à une anomalie dans le ventre de la mère. À l'époque, ils disaient ça.

  • Speaker #0

    Je te cite le reportage.

  • Speaker #1

    Et donc, moi, je vois ça, je fais bon, d'accord. Et ils calent la fameuse phrase, c'est pour ça que parfois, les garçons manqués sont en réalité homosexuels. Et là, ça fait clic dans ma tête. Et je me dis, oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Tu vois ? Tout est en train de se mettre en place. Ça me fait une vraie panique. Et je me dis, attends, ça veut dire que... Et là, je pars dans un délire. Je me rassure. Mais non, tu as toujours voulu sortir avec des garçons, fan des Toby Free, des abdos, des obliques. Je m'accroche à des trucs comme ça. Et c'est vrai que je pense que c'est la société qui fait que tu mets des choses sous le tapis. Pour moi, c'était inenvisageable de me dire, peut-être que je suis aussi attirée par les femmes. Ne serait-ce que d'Irby. Pour moi, c'était déjà trop. Je m'imaginais déjà... La déception de mes parents, tu vois. Alors qu'ils n'ont jamais rien dit en faveur de l'homophobie. Ils ont toujours entendu me dire, du moment où vous êtes heureux, en bonne santé, nous on s'en fout. Vous aimez qui vous voulez. Donc tu vois, j'ai été éduquée dans ça. Mais quand même, j'ai toujours eu ce truc pendant très longtemps de dire, non, non, non, non, c'est pas possible. On ne pense pas à ça. On ne pense pas à ça. Donc ouais, tu as raison, je pense que tu es influencée quand même par la société, clairement.

  • Speaker #0

    Déjà à l'école, on est de la même génération. Moi je me souviens quand on était jeunes pas du tout de représentation. Dans l'école, personne n'assumait, enfin en tout cas moi dans mon école, personne n'assumait ouvertement son homosexualité. Et moi je me rappelle, il y avait un ami qui du coup à partir du lycée assumait son homosexualité, mais il était super victime de harcèlement, etc. Enfin c'était hyper dur, c'est pas ce que c'est aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Ah oui, et puis tu savais pas ce que c'était. Moi je sais que quand on en parlait avec mes parents, c'était un sujet que tu chuchotais, tu sais, c'était presque, ah il est homosexuel. Oh ! Voilà, et moi, à poser des questions, je me souviens, un jour, j'ai posé la question à ma mère, elle repassait. Et je disais, mais maman, comment ils font l'amour, du coup, les hommes ? Elle s'était retrouvée. Tu vois, c'était vraiment un sujet tabou. En tout cas, dans ma famille, ce n'était pas grave, mais c'était un sujet où tu baissais le son.

  • Speaker #0

    Tu avais l'impression, malgré le discours bienveillant, que ce qu'on attendait de toi, c'était que tu sois en couple avec un homme.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas qu'on attendait ça de moi, mais en tout cas, que ça aurait été grave. Si je l'avais été. Pour moi, ça a changé radicalement ma vie. Si j'étais gay, ça voulait dire que ma vie, elle était foutue. Et je le dis dans le spectacle, pendant quelques secondes, je me dis, mais en fait, tue-toi. Parce qu'en fait, ça sert à rien. Ça veut dire que tu ne seras pas maman, que tu ne vas pas te marier, ou alors que tu vas vivre caché. Tu vois, je me suis fait un scénario catastrophe. Ce n'était pas la même ouverture d'esprit à l'époque, en tout cas sur l'homosexualité. Donc moi, c'était inenvisageable d'ouvrir cette part de moi, en tout cas d'y avoir accès.

  • Speaker #0

    Et notamment sur la parentalité, par exemple. Quand on a vu le début des débats, les discours étaient effrayants.

  • Speaker #1

    T'es gay, t'as pas d'enfant. Inenvisageable.

  • Speaker #0

    Et quand tu rencontres ton ex-mari, c'était l'amour fou. Ah oui,

  • Speaker #1

    oui. Vraiment. Je l'ai aimé. On s'est rencontrés par le plus grand des hasards sur un site qui s'appelle tchatch.com. C'est l'ancêtre de Tinder. On est sur un vieil, vieil ancêtre. Et en fait, non, non, il m'a plu de suite. Moi, je suis toujours sortie avec des garçons. et Il n'y a eu aucun souci, je suis tombée folle amoureuse de lui, il me plaisait énormément. Mais très vite, au bout d'un an, je me suis rendue compte qu'il avait un sacré caractère et que ce n'était pas forcément toujours un gentil. Mais j'étais folle amoureuse et je disais souvent, c'est un connard, mais c'est mon connard à moi. Déjà, ce n'est pas bon quand tu pars sur ce... Mais après, qu'est-ce qu'on a rigolé, on a eu une énorme complicité, j'étais follement amoureuse de lui et pour moi, c'était vraiment... l'homme de ma vie. Mais, moi j'ai toujours des trucs sous mon tapis, mais j'ai conscience de ce qu'il y a sous mon tapis. Tu te dis, est-ce que ça va durer ? Est-ce que je vais être heureuse avec ce garçon ?

  • Speaker #0

    À cause de son côté justement connard et pas gentil, parce que ça se matérialisait comment ?

  • Speaker #1

    Il rabaissait, il me rabaissait énormément. Et en fait, moi j'attendais de... Je suis très naïve moi en amour, et pour moi en amour, tu portes l'autre. Enfin, t'es pas censée le porter en vrai. Tu l'aimes entièrement tel qu'il est, et moi il ne m'aimait pas entièrement tel que j'étais Moi je suis quelqu'un de très spontanée, gamine, et si j'ai envie de me jeter à l'eau toute habillée dans une piscine, je trouve ça très drôle. Mais ça m'est déjà arrivé de le faire, de ressortir de l'eau, lui il me regardait, c'était devant ses potes, il me dit tu me fais honte en fait. Je te parle d'un truc, on a 19 ans, c'est ridicule en fait, t'avais le recul. Et là où en fait, je pense que c'est ça qui a eu la bascule, c'est que Hélo, à ce moment-là, donc ma femme, c'était ma meilleure amie, et elle, pour le coup, elle kiffait tout ce que j'étais. Elle était très très fière que je sois infirmière, là où mon ex-mari disait oui bon elle est infirmière. Tu vois, en soirée quand on parlait de mes anecdotes croustillantes, lui il avait tendance à couper le sujet en disant oui bon allez c'est bon, encore des histoires.

  • Speaker #0

    Il voulait te façonner quoi.

  • Speaker #1

    Voilà. Je pense que je n'étais pas celle qu'il attendait. Et du coup il était sans arrêt dans un truc de vouloir me façonner comme lui il entendait, et ça marchait pas en fait. Et ça marchait pas. Et c'est pour ça que Hélo elle est arrivée à un moment où en fait elle m'a rendue vivante quoi.

  • Speaker #0

    Elle t'aimait tout entière quoi. Exactement.

  • Speaker #1

    Et là on parle que d'amitié. Elle m'aimait tout entière en amitié. Et ça m'a fait un bien fou. Et en fait, elle ce qui ne marchait pas dans son couple, ce qui ne marchait pas dans mon couple. Mais sans s'en rendre compte, on se l'est apporté mutuellement.

  • Speaker #0

    Et parce que c'est par ton biais qu'elle a rencontré son ex-mari aussi ?

  • Speaker #1

    Non, non, non. Elle était déjà... En fait à la base mon ex-mari était dans la même classe au lycée que Hélo. Et son chéri. Donc c'était vraiment trois potes. C'est moi qui suis venue me greffer.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui foutu la merde, finalement.

  • Speaker #0

    Vous avez sympathisé par ton ex-mari, en fait, avec ta femme.

  • Speaker #1

    Exactement. En fait, à la base, on se voyait de temps en temps comme ça. Et le hasard a fait qu'on est venus habiter à 500 mètres de chez eux. Et en fait, on est devenus les quatre meilleurs potos du monde, quoi. On se voyait tout le temps. C'était génial.

  • Speaker #0

    Et vous passiez du temps seules toutes les deux aussi ? Ou surtout à quatre ?

  • Speaker #1

    Beaucoup à quatre et beaucoup à deux. Parce que le jeudi, c'était son jour de repos. Et comme moi, j'étais infirmière, souvent, tu sais, tu as des jours de repos la semaine, infirmière. Et souvent, c'était notre jour en commun. Donc, nous, c'était la liberté parce qu'on était avec des garçons un peu trop à pas, qui contrôlaient. Il fallait demander pour sortir, tu vois, l'autorisation. On est sur un truc... Ah ouais ? Et en fait, le jeudi, c'était notre journée. On allait en ville. Pardon, moi, je suis toulousaine. Donc, sortir en ville, c'était extraordinaire.

  • Speaker #0

    T'inquiète pas, je suis aussi du sud.

  • Speaker #1

    On buvait deux mojitos, on était des rebelles. Et c'était notre journée. donc c'était vraiment cool On ne devait rien à personne et on était les plus heureuses du monde. Mais à la base, tu vois, c'est meilleur ami, meilleur ami, on se confie tout.

  • Speaker #0

    Vous vous ouvriez l'une à l'autre sur ce qui n'allait pas dans vos couples.

  • Speaker #1

    Moi, beaucoup. Hélo, elle est quand même beaucoup plus pudique. Et puis en comparaison, son couple allait bien. Ça n'a rien à voir avec moi, ce que j'avais. Mais c'est vrai qu'on s'apportait mutuellement cette liberté de penser, de pouvoir sortir. Nos ex, c'était un peu les vieux machos. Tu vois, il fallait... si eux ils sortaient pas il fallait pas qu'on sorte c'était l'exemple type du patriarcat ouais franchement là ils entendraient dire non c'est pas vrai si les gars vous étiez comme ça et c'est dommage mais même nous on aurait dû dire attendez c'est n'importe quoi on était jeunes on avait 20 ans tu sais pas poser tes limites correctement et puis c'est ta normalité j'étais bien avec lui mais au moment où tu veux sortir avec des copines et tu te rends compte que tu réfléchis à ce que tu vas dire pour argumenter sortir Merci. Là tu te rappelles en fait que t'as de nouveau 13 ans et que tu demandes à ton père d'aller au McDo au bout de la rue. C'est pas normal.

  • Speaker #0

    D'une part et puis aussi tu vois il y a une autrice qui s'appelle Chloé Thibault qui a écrit un livre qui s'appelle Désirer la violence. Et dedans en fait elle a fait une enquête sur les purs produits comme toi et moi tu vois qui sont nés dans les années 90 et qui ont appris en fait à romantiser la violence. Parce que si tu penses en fait au film qu'on regardait qui représentait un couple qui pour nous était un couple normal. en fait c'est un couple qui est hyper dysfonctionnel et hyper violent. On ne va même pas parler des Disney, tu vois. Dirty Dancing, tu vois, la relation, elle n'est pas du tout consentie.

  • Speaker #1

    Ah, oh là, tu vois, attends, tu vois, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Puis il y a plein de trucs de la pop culture comme ça, où en fait, nous, on se disait, ah mais en fait, l'amour, ça devait faire mal, pour être intense. En fait, on romantisait ça. Donc ce n'était pas ta faute si tu ne voyais pas que ce n'était pas sain, que ce n'était pas une relation saine.

  • Speaker #1

    Moi, je me rendais compte que ce n'était pas cool, puisque justement, moi, à l'inverse, pour moi, L'histoire d'amour, c'est vraiment les comédies romantiques américaines qu'on a vues. Moi, je pensais qu'un garçon, il courait sous la pluie, il traversait la ville tout entière pour te dire à l'aéroport qu'il t'aimait. Moi, je pensais que c'était ça. Donc, j'avais quand même un truc de me dire, attends, il ne fait pas ça, lui. C'est quoi cet arnaque ? Pourquoi quand on dispute, il me laisse pleurer dans un coin ? Pourquoi il ne vient pas me prendre dans ses bras avec un bouquet de fleurs ? C'est quoi cet arnaque ? Tu vois, moi, je m'attendais à ça.

  • Speaker #0

    OK, je vois.

  • Speaker #1

    Et je me rendais compte que ça, je ne l'avais pas. Mais après, peut-être que c'était moi qui me faisait...

  • Speaker #0

    C'était bien, du coup, si tu avais déjà les clés pour voir que c'était...

  • Speaker #1

    J'avais les clés, mais il y a toujours un petit delta entre ce que tu vois, ce que tu veux et ce que tu vas vraiment finir par faire. Il y a toujours un moment où il manque un petit peu de courage et on a tendance à se contenter de ce qu'on a en disant ça marche. Et je pense que j'étais dans ça.

  • Speaker #0

    Et donc, à quel moment tu te dis que vous allez vous marier ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis bien avec lui, je suis heureuse, je sens qu'il y a des dysfonctionnements, mais je pense que je suis un peu comme les couples qui finissent par faire un bébé alors que ça ne va pas bien dans le couple, en se disant ça va réparer. Et j'ai envie, comme j'ai l'impression qu'il ne me donne pas d'amour, qu'il ne me met pas sur un piédestal, et j'ai besoin de ça, parce que moi je suis dépendante affective et j'ai besoin qu'on me dise qu'on m'aime et qu'on me rassure, c'est débile mais je suis comme ça. Et lui il ne me le donnait pas, donc je me disais, s'il me demande en mariage, ça voudra dire que... Je suis importante pour lui. Je suis la bonne. Je suis la bonne. Et Hélo se marie avant moi, genre un an avant. Et il finit par faire sa demande en mariage. Et donc je suis très heureuse. Au moment où il met son genou au sol, moi j'ai les larmes aux yeux. Mais quand même, j'ai une voix dans ma tête qui me dit « chiette » . Parce que je ne suis pas sûre que je vais être heureuse avec ce garçon. Je connais sa part qui n'est pas gentille. Et je ne suis pas sûre.

  • Speaker #0

    Son côté sombre.

  • Speaker #1

    Voilà, son côté sombre. Ça fait un peu de son côté sombre. Mais je sais qu'en tout cas, cette partie-là, elle va un moment bugger avec moi. Je me dis inconsciemment, je pense qu'à 40 ans, je vais péter un plan et je vais me barrer. Ce n'est pas possible. Mais encore cette histoire de courage. Là, quand tu m'entends, tu dirais, t'es con ou quoi ? Pars, pars et puis c'est fini.

  • Speaker #0

    Je pense que si on entendait le passé de tout le monde, on aurait envie même de s'auto-dire, mais t'étais con ou quoi ? Oui, oui, voilà. Donc non.

  • Speaker #1

    Mais tu t'accroches à ça, il a enfin fait sa demande, je vais enfin... Ça y est, il m'aime, c'est bon, c'est bon. il est un petit peu con mais c'est bon il m'aime quand même ça va ça va

  • Speaker #0

    Ouais, je vois. Et le mariage d'Ello, ça te fait un truc ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je suis jalouse, clairement. Il y a plusieurs trucs dans ma tête. Je suis jalouse parce qu'elle se marie avant moi. Donc je m'accroche un peu à des trucs autres pour essayer de rester ancrée. Mais de l'autre côté, j'ai déjà conscience que les sentiments que j'ai pour elle sont vraiment très forts. Et peut-être même plus forts que l'amitié. J'en ai conscience. Mais je ne veux pas lui en parler parce que je ne veux pas que ça la fasse paniquer. que ça casse notre amitié aussi. Et je me dis, tu vois, voilà, il se marie, donc arrête tes délires, là, et puis allez, on repart sur des bonnes bases. Et en même temps, j'arrive à switcher en me disant je suis sa meilleure amie, je suis sa témoin, je suis fière d'elle, je suis contente qu'elle se marie, etc. Et c'est vrai que pendant le mariage, je lui lis un discours et a posteriori, les gens, je crois que c'est ma belle-mère qui m'a dit, c'est vrai que ce discours, il était très très beau pour un témoin. C'était vraiment très, c'était chargé en amour. Peut-être qu'entre les lignes, tu pouvais déjà percevoir l'admiration et l'affection que j'avais pour elle. Mais j'essayais de partir vraiment sur une bonne base en me disant, allez, allez marier. Moi, je vais suivre l'année prochaine.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant parce que, en plus, tu vois, l'image du témoin amoureux, c'est un truc. Il y a un film américain qui appelle le témoin amoureux. C'est vraiment un truc, vraiment une série Netflix.

  • Speaker #1

    Oui, si je ne dis pas de bêtises, même l'affiche, je crois que tu vois les mariés. Et t'as les mains derrière, tu sais, ils sont de dos et t'as les mains de témoins de la Marie qui se tiennent.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et donc, à quel moment tu te rends compte qu'en fait, c'est elle ?

  • Speaker #1

    Je pense que déjà, il faut quand même tout le temps de digestion. Je me rends compte que mes sentiments sont en train de s'amplifier. Et là où je me dis qu'il faut vraiment être honnête, c'est en voiture. Parce que moi, souvent, c'est en voiture. Tu mets la musique en fond, c'est cliché. Et c'est là où je suis seule dans ma voiture. Donc, je peux me permettre de penser et de parler à voix haute. J'ai trop peur de le marquer dans un journal parce que moi, j'ai toujours écrit mes pensées les plus intimes. et c'est là Je n'ai pas envie de les mettre sur le papier parce que je me dis, si tu les mets sur le papier déjà, elles vont exister. Et deuxièmement, c'est une preuve. Donc non. Et en fait, dans la voiture, je me parle et je me dis, mais Caro, sois réaliste. Tu t'endors, tu penses à elle. Tu te réveilles, tu penses à elle. Dès que je reçois un message d'elle, tu sais, j'ai le petit trilili dans le ventre, tu vois. Et en fait, tous les matins, elle m'écrit, elle me dit, bonne journée. Rien que ça, cette attention-là, tu vois. Et en fait, on est accro, quoi. Et je me dis, mais j'ai besoin d'elle. On fait une soirée. La porte elle se ferme, c'est vraiment jusqu'à la dernière centimètre où je vois son oeil, la porte fermée. J'ai envie d'être avec elle tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et là je me dis je crois que ça, ça s'appelle être amoureuse Caroline. Mais pareil encore au début je me dis mais non mais c'est parce que ça va pas avec ton mec. Donc tu sais là où t'es pas bien, tu retrouves du positif et du vivant dans autre chose. Je me trouve plein plein d'excuses. Les excuses c'est génial, c'est inépuisable. Tu peux en trouver plein plein plein dans ta vie. Mais arrive un moment où tu peux pas ignorer. Et je le dis en rigolant dans le spectacle, mais c'est vrai, je me dis tant qu'il n'y a pas l'attirance physique, ça va, tu parles. Un jour, elle me passe devant, elle monte dans les escaliers, je mate ses fesses et là je dis hop, c'est bon. Une fois que tu as l'attirance physique, c'est pas...

  • Speaker #0

    C'est fini.

  • Speaker #1

    C'est compliqué, là, tu ne peux plus trop nier les choses, c'est vraiment...

  • Speaker #0

    Tu coches toutes les cases, quoi.

  • Speaker #1

    Tu regardes ta meilleure pote dans les yeux et tu te dis quoi qu'il arrive, ne baisse pas les yeux sur ses seins. Non, mais tu vois, ça va trop loin, mais tu te dis, mais c'est pas normal. et puis au-delà de ça, c'est que... Tu l'admires, je la trouve vraiment belle, je te parle de la poitrine et des fesses, mais je pouvais aller jusqu'à bugger sur ses mains, ses avant-bras, elle a des avant-bras magnifiques, je ne vous dis même pas. Tu aimais tout chez elle. J'aimais tout chez elle. Et comment tu...

  • Speaker #0

    Sauf ses oreilles.

  • Speaker #1

    Ça je le dis uniquement pour l'embêter, parce qu'elle me dit, mais personne ne m'avait jamais dit que j'avais des grandes oreilles. Ben si, si.

  • Speaker #0

    Et donc au moment où tu acceptes cette information, comment tu gères la suite ?

  • Speaker #1

    Je pense que je suis partie vomir. Ah ouais ? Bah non, mais t'imagines.

  • Speaker #0

    Difficilement à vrai dire.

  • Speaker #1

    C'est pas bien parce que t'as personne à qui en parler, t'as honte, tu te dis bon si ça relève que du fantasme, je pourrais peut-être m'amuser comme ça pendant des années, puis dans ma tête, tu vois, un truc comme ça. Et en fait non, ça me bouffe, il y a un moment où ça bascule dans ma tête parce que dès que son chéri l'embrasse, moi, ça me... Tu vois, je... Ça devient compliqué et en même temps, je ne peux pas couper les points. J'aimerais, à un moment, j'y pense, mais je me dis que je ne peux pas parce que je vais lui faire du mal. Elle ne va pas comprendre pourquoi je... Et là où il y a la bascule, c'est que je me rends compte, je me dis, mais elle aussi, ce n'est pas possible. Je le vois dans son comportement avec moi. On en rigole maintenant, mais je dis, ton corps parlait à la place de toi. Elle voulait être contre moi. Alors qu'Élodie, elle n'est pas tactile pour un sou. On se faisait des câlins, des câlins en tout bien tout honneur. On voyait qu'on avait tout le temps d'être ensemble. Et elle me l'a dit plus tard, elle m'a dit « Oui, c'est vrai, t'as raison, j'avais besoin d'être contre toi, j'avais besoin d'être avec toi. » Tu sais, tu te fais des films à la fin, parce qu'elle te regarde, puis tu vois qu'elle te regarde la bouche un peu, puis elle change de... Tu fais « Elle m'a regardé la bouche. » Tu deviens tarée, en fait. Et jusqu'au moment où il y a une soirée qui part en steak. Les garçons sont dans la pièce avec nous. Elles détestent quand je raconte ça à Hélo, mais c'est vrai, il faut le raconter parce que ça a quand même été le tournant. eux ils jouent à la console tu vois et nous on est genre deux mètres plus loin on est sur le lit et ça commence un petit peu à se rapprocher, tu vois, et on a ça de s'embrasser, et au dernier moment, je panique et on s'embrasse pas. Je panique, alors que, bon, bref. Genre rêver, au moment où on le culmine, on aurait dit vraiment une comédie romantique. Non, tu sais quand le téléphone sonne, au moment où ils vont s'embrasser. Oh, relou ! Bon.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, tu te dis peut-être que c'est pas le bon moment.

  • Speaker #1

    Et puis je me dis ben non, non, qu'est-ce que tu fais ? Stop, maïdé, maïdé, quoi, tu vois. Les garçons, ils se retournent, ils rigolent, qu'est-ce que vous allez faire et en fait ça passe comme ça tu sais en mode bon soirée entre potes on est un peu désinhibé un peu alcoolisé voilà Sauf que ça verrouille le fait que je n'avais pas halluciné. Elle, elle panique complet. Et en fait, on finit par en parler et se dire, il y a un truc. Et de là, une fois que tu as avoué les choses, c'est compliqué de lutter.

  • Speaker #0

    Donc, votre histoire d'amour commence. Et vous l'annoncez ensuite à vos maris.

  • Speaker #1

    Ça dit comme ça, c'est très beau. Mais non, c'est pas... Mais non, mais non. Mais non, parce qu'on va lutter au début en disant, c'est mal, c'est pas bien, c'est pas bien. Mais en fait, quand on se retrouve toutes les deux, je ne sais pas comment t'expliquer, c'est plus fort que nous. Je le décris avec une chape de plomb, mais c'est ça. C'est viscéral, quoi. C'est comme s'il n'y avait plus de son dans la pièce. Tout s'arrête, tout est au ralenti Tu peux pas t'en empêcher, on a envie de s'aimer, on a envie de s'embrasser, on a envie de... Rien que de se frôler les doigts, c'est extraordinaire les sensations que ça te fait dans tout le corps. Moi j'ai jamais vécu ça, c'est... En comparaison, je sais pas si t'as lu ou vu les 50 nuances de Grey, tu sais quand ils sont dans l'ascenseur et qu'elle explique qu'il y a un truc électrique dans la pièce, ben c'est ça. Tu sais que tu fais de la merde, tu sais que t'es une mauvaise personne, mais ce truc-là te rend vivante comme t'as jamais été vivante de ta vie. C'est une excuse encore une fois de plus, tu peux aussi décider de dire je fais de la merde et tout arrêter. Mais, oh là là, je sais pas que vous dire, c'est mal mais c'est plus fort que nous. Et donc, non, on commence une relation extra-conjugale.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, on essaye de lutter, on essaye de se dire c'est pas bien, c'est pas bien, c'est pas bien. Moi, je sais déjà que je l'aime par-dessus tout et que je veux tout plaquer pour elle. Elle, elle est pas prête. Et ça se comprend, on est... Pour le coup, un an de mariage, moi six mois de mariage, on comprend que c'est compliqué. Et en fait, on s'est fait griller. J'ai mal caché une lettre d'amour qu'Elo m'avait écrite. Ils sont tombés dessus, ils ont demandé l'explication et puis on a été confrontés. Là, je me suis dit, c'est super, c'est la sortie de secours idéale pour partir. Sauf que Elo est repanique, elle dit non, c'est pas possible. Je te la fais accélérer, mais en gros, ils nous ont repris parce qu'on n'a pas trompé avec des garçons. Donc je pense que...

  • Speaker #0

    Oui, leur égo est bien.

  • Speaker #1

    Et puis en fait, ils nous ont regrié parce qu'ils ont vu que sur les portables, on s'écrivait, qu'on se rejoignait. Donc là, ils ont dit, maintenant, prenez une décision. Je suis partie la première et Lo m'a suivie une semaine plus tard.

  • Speaker #0

    Et donc là, la vraie aventure de la vie à deux qui commence.

  • Speaker #1

    J'adorais te dire que oui, mais toujours pas. Parce que moi, je rentre chez mes parents, donc je leur dis voilà. Je me fais un petit peu engueuler parce qu'ils ont payé une partie du mariage. Ça fait que six mois qu'ils ne comprennent pas. Ils pensaient que j'étais heureuse avec mon mec. Mais malgré tout, ils me suivent. Ils me disent, écoute, si t'es heureuse comme ça, je leur raconte l'envers du décor avec ce garçon qui n'était pas toujours gentil. Ils font, nous, on te suit. C'est comme ça. Et Lo, elle a beaucoup plus de mal parce qu'elle se heurte à une famille qui lui fait la gueule, clairement. Par homophobie ? Par soutien de leur gendre.

  • Speaker #0

    Des maris qui connaissent depuis des années. Exactement,

  • Speaker #1

    c'est comme leur fils. Et ma belle-mère, elle te le dira encore maintenant, Ça n'a jamais été un problème. d'homophobie. S'il y aurait été un autre mec, c'était pareil. C'est juste que sa mère s'attendait à ce qu'elle lui dise « Voilà, je suis mariée, je suis enceinte. » Sauf qu'elle est là, elle lui dit « Je suis mariée, je le quitte et je pars avec Haro. » Et en fait, il y a un bug dans le cerveau de ma belle-mère qui se dit « Je ne reconnais pas ma fille. » Hélo, qui est très attachée à la vie de sa famille, s'effondre parce qu'elle se dit « Je les ai déçues. Plus personne ne se parle à la maison. Le peu de choses qu'elle lui dit, sa mère, ce n'est pas gentil. Sa sœur, c'est pareil. » Tout le monde est assez dur avec elle. Elle souffre énormément. Et je pense qu'il y a un moment où elle se dit je pense que je vais quitter Caro et puis revenir dans mon petit moule pour qu'on m'aime de nouveau. Donc non, il y a eu un moment où le couple a failli se...

  • Speaker #0

    Se séparer.

  • Speaker #1

    Se séparer, ouais. Elle ne l'admet pas, moi je sais qu'aussi. Moi je sais qu'aussi. Ce n'aurait pas été moi, mais je pense qu'elle aurait fini par dire non, non, on revient.

  • Speaker #0

    C'est trop dur d'assumer ce regard.

  • Speaker #1

    Elle ne serait peut-être pas revenue avec son mec, mais en tout cas, elle aurait arrêté avec moi pour récupérer sa famille. et il se trouve que dans toute cette merde, mon père, malheureusement, a fait un infarctus. Il est décédé. Et ça a remis l'église au centre du village. Tac. Voilà. Elle a dit à sa mère, écoute, elle vient de perdre son père, donc je vais aller la voir. C'est terrible, mais c'est ce drame qui a fait que elle a dit, attends, je ne peux pas la lâcher maintenant, c'est hors de question. Et en fait, ça a fait comme un... Elle s'est dit, non, celle que j'aime, je vais arrêter mes conneries.

  • Speaker #0

    Et sa famille a fini par accepter.

  • Speaker #1

    J'espère, ça fait 10 ans maintenant. Ma belle-mère me prend dans ses bras, elle me dit qu'elle-même, je pense qu'on est bon. Et du coup, de là, après, ça s'est plus ou moins cicatrisé. On a habité ensemble et là, au fur et à mesure, ma belle-mère, elle a dit, bon, allez, je viens voir votre appart. Mais je pense que je leur en veux d'avoir été horrible avec elles, mais je peux aussi comprendre que tu as un moment de what the fuck. Ma fille n'a jamais été avec des femmes. Elle était heureuse avec ce garçon, ça faisait dix ans qu'ils étaient ensemble. Elles font une connerie, tu vois. C'est pas possible. Elles ont un délire, elles ont les fils qui se touchent, elles font la connerie de leur vie. Donc je peux comprendre le questionnement et la peur des parents.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que rompre le dialogue, c'est toujours... Même si c'est normal, je pense, de paniquer en tant que parent, parce qu'en plus on se dit « J'espère qu'elle ne va pas regretter de prendre une telle décision » ou quoi que ce soit. Mais je pense que rompre le dialogue, je pense que maintenant, en tant que maman, tu te dis... Il n'y a pas grand chose qui mérite de... Moi je ne peux pas.

  • Speaker #1

    Et je n'ai pas été élevée dans ça et c'est hors de question que... Un jour. Là je te dis ça avec beaucoup de prétention, je ne sais pas l'avenir. Mais en tout cas je ferai tout pour ne pas rompre le dialogue avec mes enfants. Il faudrait vraiment que la décision soit un truc...

  • Speaker #0

    Subie quoi, que ce soit ton enfant qui décide de...

  • Speaker #1

    Ouais tu vois, mais encore une fois, si au final... Enfin moi ma mère elle m'a toujours dit ça. Vous êtes en bonne santé ? Tu n'es pas dans un ravin avec ta voiture ? C'est bon là, rien que ça, t'es heureuse, c'est l'essentiel. Et donc c'est pour ça que je te dis que là, comme ça, moi je ne me vois pas rompre le dialogue avec mes filles. Mais depuis cette histoire, tu sais, je garde toujours en tête de me dire, parce que je pense que les gens ont la tendance à juger les comportements des autres, en vrai tant que les choses ne te sont pas arrivées, tu ne sais pas comment tu vas réagir. Donc là en l'état je te dis oui, mais en fait peut-être que je fais la grande maline et que je vais faire moi aussi de la merde. Donc on ne sait pas.

  • Speaker #0

    En tout cas, ce qu'on peut tous comprendre, c'est que ce soit une nouvelle qui, même si elle n'est absolument pas empreinte d'homophobie, parce que même si c'est comme tu disais avec un autre garçon, tu vois du jour au lendemain ta fille hyper heureuse, mariée, tu te dis que ce qu'elle va venir te dire comme tu dis, c'est « Eh, je suis enceinte ! » et en fait, non, pas du tout, je divorce et je me mets avec quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a ça et il y a le fait aussi que... Là, je parle à la place de ma belle-mère, c'est parce que c'est ce qu'elle m'a dit. Elle avait prévu une vie pour sa fille et qu'elle est sortie des rails, elle est sortie de ce chemin. et elle n'a pas compris pourquoi. En fait, elle lui a donné une direction, alors que tu n'as pas à donner une direction à tes enfants. Elle s'est dit, bon, mais moi, elle fera comme moi. Et elle fera comme sa sœur. Non, elle a fait un pas de côté. Ce n'est pas normal. Au point qu'elle se disait, ce n'est pas elle qui a décidé, c'est Caro qui la manipule. Elle n'avait même pas confiance en le choix de sa fille.

  • Speaker #0

    Mais parce qu'aussi, du coup, comme votre amour a été vécu caché pendant tout ce temps-là, je pense que la famille ne l'a pas vu venir. Oui, bien sûr. Quelque chose qui durait depuis très longtemps pour eux est apparu comme super soudain. Et d'ailleurs, il y a un autre virage aussi que tu as opéré puisque tu étais infirmière à l'époque.

  • Speaker #1

    Je fais n'importe quoi dans ma vie. J'ai un talent incroyable pour foutre le bordel dans ma vie.

  • Speaker #0

    Et à quel moment, du coup, tu te dis, est-ce que tu penses que c'est Hélo qui te donne des ailes ?

  • Speaker #1

    Franchement, je pense que oui. Donc, on est installés ensemble depuis un moment. Je pense qu'il y a déjà trois ans qu'on est ensemble. On n'a pas encore notre première fille. Et un matin, je me dis, mais ça me vient comme ça. Je me dis, tu vois, tout T'es infière ? Ah oui, c'est vrai. Mais finalement, ton rêve de gosse, d'être humoriste, tu l'as lâché, tu vois. Mais c'est fou parce que ça vient comme ça et je me dis, oui, bon, tu vois. Mais à aucun moment, je me dis, Hélo va aller à l'encontre de ça, tu vois. Là où dans mon ancienne relation, je pense que j'aurais été empêchée de faire quoi que ce soit. Et donc, en fait, je... Je sais pas, je vais au travail et quand je rentre, j'ai encore passé une journée très sympathique, et quand je rentre... Je pars la voix haute. Je suis dans mes toilettes et je pars la voix haute. Je fais comme si je faisais un sketch. Je me dis, c'est drôle ce que je dis. Et donc, je me filme. Et je mets ça sur YouTube à l'époque. En vrai, la première version de la vidéo, elle dure 11 minutes. C'est infâme pour une vidéo. Je l'envoie à Hello. Elle me dit, franchement, c'est pas mal, mais fais plus court. Je fais 8 minutes. Tout, tout, tout, c'est horrible. Et je le balance sur YouTube. mais comme ça tu vois et Lou elle me dit ouais c'est rigolo vas-y tu vois il n'y a même pas de sauf qu'elle fait le buzz Et de là, ça ouvre plein de portes. On me dit d'écrire un livre sur ma vie d'infirmière. OK. On me contacte en me disant, écris un spectacle et viens le jouer dans mon théâtre. Donc ça, c'était en banlieue parisienne à Tourigny-sur-Marne. Au début, je me dis, c'est une blague. J'ai fait du théâtre, OK, mais je n'ai jamais écrit de spectacle de ma vie. Si si je suis sérieuse viens fais le

  • Speaker #0

    Ok. Et voilà. Et en fait, ça commence comme ça. Génial. Au début, sans prétention, parce que tu te dis que c'est juste une vidéo comme ça, pour faire marrer les copains. Et puis après, une deuxième, une troisième, les médias s'en emparent. Et puis finalement, tu as une petite communauté. Et puis finalement, la première, c'est une salle de 40, c'est complet. Pour moi, c'est déjà énorme. Et puis tu fais une représentation, deux, cinq, ça marche. Et puis au fur et à mesure, je suis toujours infirmière à ce moment-là. Moi, je sais... Je ne connais rien du métier, donc j'appelle à droite, à gauche. Oui, bonjour, j'ai un spectacle sur les infirmières. Je ne sais même pas comment il faut faire. Et je dois peut-être jouer une fois tous les six mois. C'est ridicule, tu vois. Je pense que j'ai un mois de troubles digestifs avant la représentation tellement je suis dans le mal. Enfin, tu vois, je l'ai joué une fois devant 40 personnes. Je ne savais pas si c'était drôle. Je ne l'avais joué devant personne, moi, tu vois. Et puis après, je rencontre Clémence Chardon qui tient la comédie de Toulouse. Et qui me dit, oh, hé, t'as du potentiel, toi. Et voilà, en fait, on se lance. Elle devient ma manageuse. Et puis, au fur et à mesure, j'ai de plus en plus de spectacles. Je suis toujours infirmière. Et ma chef, ma cadre, elle est énorme. Elle arrive à caler mes jours de repos sur les spectacles. Mais bon, ma première fille vient de naître. Il y a eu un moment, je t'avoue que... Tu t'es dit, je ne vais pas y arriver, je suis sous l'eau. C'était sportif, quoi. Je m'occupais des patients. Dès que j'avais un moment où je me cachais dans le local poubelle et je répétais mon spectacle, Le téléphone sonnait, oui, oui, j'arrive. Les gens me disaient, mais t'es où Caro ? Non mais j'arrive. Je me cachais dans les chambres des patients, sans les patients à l'intérieur bien sûr, pour m'entraîner dans mes textes. Donc le deuxième virage vient au moment où tu te dis, bon ben là il y a autant de représentations que de boulots d'infirmière. Parce que je suis comme tout le monde, j'ai un crédit sur le dos, donc tu te dis, avant de te jeter, il faut que financièrement ça tienne. Et comme je touchais l'équivalent d'infirmière, j'ai dit bon ben vas-y, au pire t'as le diplôme, ils auront toujours besoin d'infirmière. Je ne pense pas qu'on dira un jour, non, ça va, on n'a pas assez d'infirmières. Merci. Voilà. Et deuxième virage, je me lance, je prends une dispo et je dis, allez, go, on y va.

  • Speaker #1

    Génial. Et là, ta femme est super soutenante.

  • Speaker #0

    Oui, elle a peur. Parce que, hélo, il faut savoir qu'elle a peur de tout. Elle a peur de tout. Moi, je suis l'enfant, le chien fou qui veut faire plein de choses. Et puis elle, c'est l'adulte du couple qui dit, bon, attends, on va faire par étapes. Tu te calmes. Et tu vois, je te l'ai dit, on a d'abord vérifié que ce que je touchais pendant les spectacles, pouvait couvrir nos besoins. Mais à aucun moment, elle m'a dit, tu fais de la merde, redeviens infirmière. Il n'y a que ce moment qui a été compliqué où la petite venait de naître et elle me disait, tu n'étais pas là. Parce que soit tu étais ennuyée, soit tu étais là, mais comme tu avais fait la nuit, tu dormais. Ou si tu étais réveillée, dans ta tête, tu avais le spectacle. Donc il y a eu un moment qui était hyper sportif.

  • Speaker #1

    Où elle s'est sentie un peu seule à boire, peut-être, pour le début de la maternité.

  • Speaker #0

    Et donc, je pense que le fait d'en avoir plus qu'un seul métier, déjà, on a fait... Quand je rentrais de tournée, j'étais vraiment là. Et je n'avais pas la fatigue accumulée des nuits.

  • Speaker #1

    Et j'imagine que toi, ça a pu prendre mieux ta place de mère.

  • Speaker #0

    Oui, oui, complètement. En fait, je changeais une couche. Oui, j'étais là. Mais je n'étais pas dans le moment, vraiment. Tu réfléchissais à autre chose. Et là, vraiment, j'ai commencé à pouvoir davantage profiter de ma fille et être vraiment là, plus ancrée, en tout cas.

  • Speaker #1

    Et donc pour en arriver à ton spectacle, je le trouve important ton spectacle parce que outre le fait que bien sûr c'est très drôle, notamment je pense, mais on laissera aux gens le loisir de découvrir le personnage de ton frère.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    C'est hyper drôle tu vois. D'ailleurs il se sent comment par rapport à cette représentation ?

  • Speaker #0

    Il est dégoûté. Mon frère, il a mal réagi quand il a appris que j'étais avec Elo. Pas au point de ne plus me parler et d'être méchant. Mais mon frère, c'est... le macho. Là, il dit, oh, c'est pas vrai. Mais il a un truc de base, tu vois. C'est l'homme, il est fort, il va chercher la viande et puis il protège la femme. Et la femme, elle reste à la maison. C'est un peu ce... Le mood. Exactement. Et donc moi, quand je lui dis que je pars avec une femme, la première chose qu'il me dit, c'est qu'est-ce que vont penser mes potes ? Tu vois, c'est pas... Je lui dis, mais j'étais malheureuse avec mon gars. Oui, bon, écoute, tu vois. Il m'a vraiment dit des trucs comme tu pouvais te forcer. Voilà. Et en fait, mon frère, il dit des aberrations. et après tu lui dis mais tu te rends compte que t'as dit ça ? et je lui dis mais quand je vais écrire le spectacle je vais te défoncer Jack quand même on y va pas fort si si je vais dire la vérité et quand il voulait lire le spectacle avant je dis non tu vas pas le lire je limite avec la main sur le pec mais c'est vrai il parle vraiment avec la main sur le pec et tout ce que je lui fais dire dans le spectacle il l'a vraiment dit et c'est des aberrations c'est des aberrations mais son rôle est hyper important parce qu'il vient d'étendre souvent les gars de la salle Merci. qui pensent la même chose. Et c'est honnête en fait. C'était important de le faire exister ce personnage parce que oui déjà, il a existé, qu'il a vraiment dit tout ça, que j'avais une petite vengeance personnelle à faire, et qu'il est un peu le porte-parole de toutes les questions naïves que tous les gens ont dû se poser. Donc en fait, ça détend les gens en se disant « Ah, il n'y a pas que moi qui ai pensé ça. » Et on en rigole tous ensemble. Surtout qu'à la fin, vu qu'on est dans Virage, il y a toujours une bascule de... Tu vois, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. Voilà. Mais c'est vrai que ce personnage, je lui ai dit de toute façon, soit ça passe, soit ça casse. Et à mon avis, tu peux être sûre que c'est le passage qui explose le plus. Alors lui, du coup, tu vois, grâce à moi, le spectacle fonctionne. Il a vraiment dit ça.

  • Speaker #1

    En même temps, ton histoire est tellement incroyable que s'il y a bien une histoire qu'il faut représenter sur scène, c'est cette histoire-là. On n'y croirait pas si on le présentait à une comédie américaine. On dirait, allez, c'est gros.

  • Speaker #0

    Avoue que ça peut terminer sur Netflix. D'ailleurs, si vous êtes intéressés, on peut créer un film, une mini-série.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Moi, tu vois, quand j'ai terminé le premier spectacle, j'aime les gens sur les infirmières. Et qu'on a commencé à me dire, tu penses à quoi pour le prochain ? Tu restes sur le thème infirmière ? Non, je pense qu'il faut qu'on raconte cette histoire. Parce que c'est...

  • Speaker #1

    Vraiment, c'est fou. On pourrait ne pas y croire.

  • Speaker #0

    C'est une série américaine. C'est vraiment un truc que tu pourrais retrouver sur Netflix. Moi, de toute façon, j'aime rire de tout. Et je voulais la raconter. Cette histoire, c'est un champ des possibles. C'est que tu as le côté qui est un peu drôle quand même de mettre un pagaille dans sa vie. On ne va pas se mentir. Et puis, il y a cette honnêteté de dire que parfois, tu vas dans la mauvaise direction. Tu sais que tu y vas. Mais c'est dur de faire Le virage. De remonter le...

  • Speaker #1

    En réalité, tu ne vas pas dans la mauvaise direction parce que c'est juste... Là, en l'occurrence, je pense que tu fais référence au fait que vous soyez passée par une phase de tromperie. Oui. Mais vous auriez pu, sans juger le fait que vous ne l'ayez pas fait, mais je veux dire, moi, je trouverais ça très triste de passer à côté du grand amour de ta vie. Donc, on peut imaginer que vous puissiez dire « Allez, on se sépare. » pour se mettre ensemble.

  • Speaker #0

    Je réadorerais avoir fait un truc propre comme ça.

  • Speaker #1

    On fait tous des erreurs dans la vie. En tout cas, l'erreur, c'est sûr, ce n'est pas d'avoir suivi votre cœur.

  • Speaker #0

    Non, c'est sûr. Je m'en défends beaucoup parce que sur les réseaux, parfois, je me fais un sanglier. C'est une mauvaise personne, elle a trompé. C'est vrai, vous avez raison. Il ne faut pas tromper. Mais encore une fois, tu ne sais pas comment tu vas gérer la situation au moment où elle te tombe dessus. Moi, j'ai toujours fait partie des personnes qui disaient « tromper, c'est mal » . Et c'est vrai, on a fait de la merde. clairement il n'y a pas de si j'avais pu le faire proprement en mode cordialement merci on s'arrête ici franchement j'aurais aimé avoir le courage de le faire mais en tout cas une chose était sûre c'est que je n'allais pas me forcer toute ma vie à être malheureuse alors qu'en fait mon coeur était ailleurs c'est beau et parfois il faut foutre la merde dans sa vie pour voilà je ressors toujours la même expression mais je l'adore c'est avant d'admirer la vue il faut se taper la rando J'ai l'impression que c'est un peu ça le sel de la vie, c'est que les plus belles réussites, les plus beaux moments que tu as, avant il faut galérer. Je ne pense pas que l'univers ne te donne pas les trucs cools comme ça. Et bon ben voilà, ça c'est notre galère et c'est pour ça qu'on était fiers de le raconter puisque dix ans plus tard, on est ensemble, on a deux filles, on est très heureuses. Et je peux dire à ma belle-mère,

  • Speaker #1

    tu vois ?

  • Speaker #0

    T'aurais pas dû ! Je lui dis parfois, tu vois ? Ouais t'es connerie ! Et vos filles, justement, est-ce que le spectacle, elles le voient ? Elles ont quel âge ? Elles ont 7 et 3 ans. Donc 3 ans, peut-être pas, mais 7, est-ce que... 7 ans, elle sait qu'on parle de... Que je parle de notre famille. Mais pour l'instant, tu vois, elle avait vu le premier, mais bon, tu parles, elle est restée 5 minutes dans les loges, je peux la faire, c'est relou. Et donc là, elles savent que je suis sur scène et que je fais des blagues, mais je ne suis pas encore sûre que la grande, elle ait bien conscientisé que c'était sur notre famille. Mais voilà, après, elle a conscience qu'il se passe quelque chose, puisque forcément, sur les réseaux sociaux, parfois, elle passe avec moi devant le portable, mais on fait toujours bien attention à dire, est-ce que tu en as envie ? Donc, on fait la différence. Parfois, on filme des séquences et c'est elle-même qui dit, ça, c'est pour nous, ce n'est pas pour les réseaux. Elle a déjà ce truc de se dire, on ne rentre pas au centre. Non, bien sûr, il y a des moments, ça nous appartient. Je ne pense pas. Tu sais quoi ? Je vais lui poser la question. Parce que je ne suis pas sûre qu'elle sache effectivement de ce dont je parle sur scène.

  • Speaker #1

    Et ça en fait partie du coup, toi, ce qui t'a motivée à montrer votre histoire d'amour et à montrer aussi votre famille, en fait, à tout simplement permettre qu'il y ait des représentations sur scène ?

  • Speaker #0

    Alors pareil, moi je suis toujours, je fais mon truc et après je réalise ce que ça peut apporter. Tu vois, quand j'étais infirmière et que je fais le spectacle J'aime les gens, moi à la base c'est pour raconter mon envers du décor et montrer aux moldus, donc les non-soignants, notre métier croustillant et tout ce que, et malgré la noirceur. toute la lumière qu'on a. Je dis des phrases maléfiques. Et donc, ce spectacle-là, moi, à la base, je le dis pour raconter mon histoire et puis pour dire qu'on n'a qu'une vie et que parfois, c'est compliqué, mais il faut foncer. Et en fait, une fois que tu balances ce spectacle, c'est les gens qui, à la fin du spectacle, viennent me voir et me disent « Mais en fait, ça fait un bien fou parce que moi, je suis amoureuse de ma meilleure amie. Je ne l'ai dit à personne. » Et en fait, je me rends compte que oui. C'est possible. T'as des histoires de vie où c'est parfois des couples de femmes bien plus âgées, donc à l'époque autant te dire que c'était encore plus compliqué, qui au bout de 30 ans de mariage ont quitté leur mari pour partir avec leur meilleur ami. Et en fait tu te rends compte que ça montre une visibilité. Ça montre une visibilité, c'est pas français. Ça offre une visibilité et ça montre aux gens que c'est possible. Mais pas que de partir avec une femme, d'être heureuse avec une femme. Ou d'être heureux tout court, de te dire tu peux changer de trajectoire sans parler d'amour, peu importe. Tu peux très bien te le dire pour ton métier. Tu es ingénieur et puis tu te dis non, moi je vais être agriculteur.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'il y a encore des gens qui réfléchissent comme tu réfléchissais à l'époque, à savoir qu'ils se disent si je suis mon cœur, je devrais renoncer à une partie de ce qui fait que je me visualise heureux, à savoir je n'aurai pas d'enfant, etc. Donc ça c'est hyper important je trouve. de montrer des modèles de parents dans un couple homosexuel. C'est super important.

  • Speaker #0

    Et il y a ça aussi, bien sûr. Et ce que j'aime bien, c'est qu'on me dit souvent, tu parles de ton histoire d'amour, donc tu parles d'homosexualité, d'homoparentalité, mais en même temps, ce n'est pas un sujet. C'est ma vie, en fait. C'est hyper important. Et en fait, ça normalise la chose. Et ça, je pense que ça fait aussi beaucoup de bien. Bon, après, je ne sais pas si j'ai des homophobes dans la salle, mais personne ne s'est encore levé, Donc peut-être qu'il y a des gens qui se retrouvent prisonniers. Oh non ! Et en fait, à la fin, ils disent « Bon, en fait, ils sont très sympas, ces gens-là » .

  • Speaker #1

    Ouais. Comme dans le spectacle qui date de Michel Larocque et Pierre-Alain Palmade, à l'époque où il dit à un moment « Mais venez voir les enfants, il y a des homos, vous n'en avez jamais vu » .

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Mais donc, je ne pense pas que... Non, non, non.

  • Speaker #0

    Mais tu sais que j'ai déjà reçu un message sur les réseaux sociaux de quelqu'un qui me disait « Moi, je ne suis pas homophobe, mais... » C'est quand ça commence comme ça. J'ai rien contre le fait que vous vous mariez, mais par contre, avoir des enfants, ça me gêne. Mais depuis que je vous suis sur les réseaux sociaux, j'ai changé d'avis. Vous êtes très belles. Tu vois, et ça, j'en ai gagné un.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est bien.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais. C'est hyper bien. Mais c'est cool. Ça montre aussi au reste de la population qui se pose peut-être des questions, en se disant, ah oui, en fait, ça va, elles sont relativement normales.

  • Speaker #1

    Oui, surtout qu'en vrai, pour les enfants, il n'y a vraiment aucun sujet. Et pour les enfants entre eux. C'est-à-dire qu'en fait, tu te rends compte que c'est beaucoup ce qu'on projette sur eux. Moi, je sais que ma fille, elle est copine avec une petite fille qui a deux papas. Tu vois, c'est pas du tout un sujet. Elle te demande.

  • Speaker #0

    Et puis,

  • Speaker #1

    quand tu réponds, une réponse toute simple. En fait, pour elle, c'est pas normal d'avoir un papa et une maman si toi, tu lui dis pas.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui. Nous, ça nous arrive beaucoup. Souvent, on arrive à l'école pour chercher les petites. T'as une copine qui arrive comme ça en courant, qui dit « C'est vrai qu'Erika a deux mamans ? » Parce qu'elle, elle y croit pas. c'est incroyable oui Ok, cool, et on part. Et souvent, je dis, tu as des questions ? Non, c'est bon. C'est tout. C'est trop bien. Ou alors, on me dit, elle a trop de la chance, elle a encore plus de câlins. Mais non, les enfants, en fait, on avait peur quand on l'a inscrite à l'école. On s'est dit, comment ça va se passer ? Et en fait, on n'a eu aucun problème. Vraiment, les gens font ok.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'était génial d'en apprendre plus sur ton histoire. et sur l'intention derrière ton spectacle. Encore une fois, je vous recommande d'aller le voir.

  • Speaker #0

    C'est très drôle.

  • Speaker #1

    C'est très drôle. Et puis, vous allez découvrir encore beaucoup de personnages que vous ignorez.

  • Speaker #0

    J'en mets plein la tête à Marielle, ma belle-mère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc, si vous avez envie de vous défouler sur votre propre belle-mère,

  • Speaker #0

    n'hésitez pas. Marielle, c'est pour toi.

  • Speaker #1

    Je te remercie et je te dis à bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt, merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

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Description

La vie de Caroline ressemblait à celle de beaucoup d’autres : infirmière, jeune mariée, entourée de bon.nes ami.e.s. Parmi elles et eux, sa meilleure amie, qui était tout naturellement devenue sa témoin de mariage.


Une vie simple, stable, presque écrite d’avance.

Jusqu’au jour où tout a basculé.


En quelques mois, son histoire a pris les allures d’une véritable série Netflix : Caroline réalise qu’elle est amoureuse… de sa témoin de mariage. Elle-même mariée au… meilleur ami de son mari.


Un scénario impossible ?

Caroline, elle, a choisi la vérité.

Elle a osé regarder en face ce qui se jouait en elle.

Et elle a tout quitté par amour.


Pour la première fois, elle se sent aimée pleinement, entièrement, pour ce qu’elle est. Cette rencontre l’a révélée à elle-même, l’a portée, l’a libérée jusqu’à la conduire à changer de vie et devenir humoriste.


Ensemble, nous avons parlé du moment ou tout a changé dans sa vie. Nous avons aussi parlé d’amour, de courage, et de cette société encore profondément hétéronormée qui laisse si peu d’espace pour questionner son orientation sexuelle.

Nous avons aussi parlé de la puissance des représentations : des couples homosexuels, des familles homoparentales, de la nécessité d’exister dans l’imaginaire collectif.


Son spectacle, joué tous les lundis au Théâtre du Marais, participe à rendre visibles et à normaliser ces réalités. Et ça compte. Immensément.


Je vous souhaite une très belle écoute.


Pour soutenir ce podcast n'hésitez pas à mettre 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et un commentaire, cela m'aide énormément.


Pour suivre les coulisses du podcast n'hésitez pas à me suivre sur Instagram: Pauline_virage!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspire. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage et sur TikTok, virage.podcast. Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Caroline.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Ouais ça va, je suis super contente qu'on enregistre un épisode. On va parler d'un spectacle parce que tu es stand-upeuse, humoriste. En ce moment tu joues un spectacle tous les lundis au Théâtre du Marais.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Un spectacle qui est super, que je vous recommande, qui est grandement inspiré de ta vie.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Que tu décris comme une série Netflix.

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est très bien résumé.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant. On va parler d'abord de ta vie et ensuite de ce que tu as voulu insérer dans le spectacle par rapport à ça. Puisque au-delà de l'humour, il y a aussi, je trouve, une invitation à faire bouger les choses et notamment à faire un peu changer les représentations de la société qui est très hétéronormée. Je pense que c'était un souhait de ta part. En tout cas, je l'ai ressenti comme ça quand je suis allée voir ton spectacle. Tu vas d'abord nous raconter cette histoire qui est complètement folle. Puisqu'alors que tu étais mariée... ta meilleure amie qui était ta témoin de mariage, qui était mariée au meilleur ami,

  • Speaker #1

    quand tu le résumes, ça ne finit pas,

  • Speaker #0

    de ton mari. Un jour, vous vous êtes dit, en fait, on s'ennuie, non ? C'est grave. Si on se mettait ensemble.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes tombées super amoureuses toutes les deux. Et donc, du coup, vous avez toutes les deux quitté vos maris pour démarrer votre histoire d'amour qui dure encore aujourd'hui. Et vous avez deux merveilleuses petites filles. Est-ce que tu peux m'en dire un peu plus déjà ? Est-ce que tu penses que ça vient justement de la société hétéronormée ? Si très jeune, t'as pas vraiment pris conscience de ton homosexualité et que tu t'es tournée vers des hommes ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense qu'il y a un peu de ça. Il y a le fait que déjà à la base, j'ai quand même toujours été attirée par les garçons, mais je sentais qu'il y avait un petit truc sous-jacent, un petit truc avec les femmes quand même. Déjà, si on me tape dans les stéréotypes, j'étais un garçon manqué. Et là où ça a vraiment commencé à mettre la pagaille dans ma tête, je pense que j'avais 12... 13 ans, quelque chose comme ça. Et je vois un reportage à la télé où en fait, ils parlent de l'homosexualité. Et dis-toi, ils disent que l'homosexualité était en fait, dès la naissance. Ce serait dû à une anomalie dans le ventre de la mère. À l'époque, ils disaient ça.

  • Speaker #0

    Je te cite le reportage.

  • Speaker #1

    Et donc, moi, je vois ça, je fais bon, d'accord. Et ils calent la fameuse phrase, c'est pour ça que parfois, les garçons manqués sont en réalité homosexuels. Et là, ça fait clic dans ma tête. Et je me dis, oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Tu vois ? Tout est en train de se mettre en place. Ça me fait une vraie panique. Et je me dis, attends, ça veut dire que... Et là, je pars dans un délire. Je me rassure. Mais non, tu as toujours voulu sortir avec des garçons, fan des Toby Free, des abdos, des obliques. Je m'accroche à des trucs comme ça. Et c'est vrai que je pense que c'est la société qui fait que tu mets des choses sous le tapis. Pour moi, c'était inenvisageable de me dire, peut-être que je suis aussi attirée par les femmes. Ne serait-ce que d'Irby. Pour moi, c'était déjà trop. Je m'imaginais déjà... La déception de mes parents, tu vois. Alors qu'ils n'ont jamais rien dit en faveur de l'homophobie. Ils ont toujours entendu me dire, du moment où vous êtes heureux, en bonne santé, nous on s'en fout. Vous aimez qui vous voulez. Donc tu vois, j'ai été éduquée dans ça. Mais quand même, j'ai toujours eu ce truc pendant très longtemps de dire, non, non, non, non, c'est pas possible. On ne pense pas à ça. On ne pense pas à ça. Donc ouais, tu as raison, je pense que tu es influencée quand même par la société, clairement.

  • Speaker #0

    Déjà à l'école, on est de la même génération. Moi je me souviens quand on était jeunes pas du tout de représentation. Dans l'école, personne n'assumait, enfin en tout cas moi dans mon école, personne n'assumait ouvertement son homosexualité. Et moi je me rappelle, il y avait un ami qui du coup à partir du lycée assumait son homosexualité, mais il était super victime de harcèlement, etc. Enfin c'était hyper dur, c'est pas ce que c'est aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Ah oui, et puis tu savais pas ce que c'était. Moi je sais que quand on en parlait avec mes parents, c'était un sujet que tu chuchotais, tu sais, c'était presque, ah il est homosexuel. Oh ! Voilà, et moi, à poser des questions, je me souviens, un jour, j'ai posé la question à ma mère, elle repassait. Et je disais, mais maman, comment ils font l'amour, du coup, les hommes ? Elle s'était retrouvée. Tu vois, c'était vraiment un sujet tabou. En tout cas, dans ma famille, ce n'était pas grave, mais c'était un sujet où tu baissais le son.

  • Speaker #0

    Tu avais l'impression, malgré le discours bienveillant, que ce qu'on attendait de toi, c'était que tu sois en couple avec un homme.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas qu'on attendait ça de moi, mais en tout cas, que ça aurait été grave. Si je l'avais été. Pour moi, ça a changé radicalement ma vie. Si j'étais gay, ça voulait dire que ma vie, elle était foutue. Et je le dis dans le spectacle, pendant quelques secondes, je me dis, mais en fait, tue-toi. Parce qu'en fait, ça sert à rien. Ça veut dire que tu ne seras pas maman, que tu ne vas pas te marier, ou alors que tu vas vivre caché. Tu vois, je me suis fait un scénario catastrophe. Ce n'était pas la même ouverture d'esprit à l'époque, en tout cas sur l'homosexualité. Donc moi, c'était inenvisageable d'ouvrir cette part de moi, en tout cas d'y avoir accès.

  • Speaker #0

    Et notamment sur la parentalité, par exemple. Quand on a vu le début des débats, les discours étaient effrayants.

  • Speaker #1

    T'es gay, t'as pas d'enfant. Inenvisageable.

  • Speaker #0

    Et quand tu rencontres ton ex-mari, c'était l'amour fou. Ah oui,

  • Speaker #1

    oui. Vraiment. Je l'ai aimé. On s'est rencontrés par le plus grand des hasards sur un site qui s'appelle tchatch.com. C'est l'ancêtre de Tinder. On est sur un vieil, vieil ancêtre. Et en fait, non, non, il m'a plu de suite. Moi, je suis toujours sortie avec des garçons. et Il n'y a eu aucun souci, je suis tombée folle amoureuse de lui, il me plaisait énormément. Mais très vite, au bout d'un an, je me suis rendue compte qu'il avait un sacré caractère et que ce n'était pas forcément toujours un gentil. Mais j'étais folle amoureuse et je disais souvent, c'est un connard, mais c'est mon connard à moi. Déjà, ce n'est pas bon quand tu pars sur ce... Mais après, qu'est-ce qu'on a rigolé, on a eu une énorme complicité, j'étais follement amoureuse de lui et pour moi, c'était vraiment... l'homme de ma vie. Mais, moi j'ai toujours des trucs sous mon tapis, mais j'ai conscience de ce qu'il y a sous mon tapis. Tu te dis, est-ce que ça va durer ? Est-ce que je vais être heureuse avec ce garçon ?

  • Speaker #0

    À cause de son côté justement connard et pas gentil, parce que ça se matérialisait comment ?

  • Speaker #1

    Il rabaissait, il me rabaissait énormément. Et en fait, moi j'attendais de... Je suis très naïve moi en amour, et pour moi en amour, tu portes l'autre. Enfin, t'es pas censée le porter en vrai. Tu l'aimes entièrement tel qu'il est, et moi il ne m'aimait pas entièrement tel que j'étais Moi je suis quelqu'un de très spontanée, gamine, et si j'ai envie de me jeter à l'eau toute habillée dans une piscine, je trouve ça très drôle. Mais ça m'est déjà arrivé de le faire, de ressortir de l'eau, lui il me regardait, c'était devant ses potes, il me dit tu me fais honte en fait. Je te parle d'un truc, on a 19 ans, c'est ridicule en fait, t'avais le recul. Et là où en fait, je pense que c'est ça qui a eu la bascule, c'est que Hélo, à ce moment-là, donc ma femme, c'était ma meilleure amie, et elle, pour le coup, elle kiffait tout ce que j'étais. Elle était très très fière que je sois infirmière, là où mon ex-mari disait oui bon elle est infirmière. Tu vois, en soirée quand on parlait de mes anecdotes croustillantes, lui il avait tendance à couper le sujet en disant oui bon allez c'est bon, encore des histoires.

  • Speaker #0

    Il voulait te façonner quoi.

  • Speaker #1

    Voilà. Je pense que je n'étais pas celle qu'il attendait. Et du coup il était sans arrêt dans un truc de vouloir me façonner comme lui il entendait, et ça marchait pas en fait. Et ça marchait pas. Et c'est pour ça que Hélo elle est arrivée à un moment où en fait elle m'a rendue vivante quoi.

  • Speaker #0

    Elle t'aimait tout entière quoi. Exactement.

  • Speaker #1

    Et là on parle que d'amitié. Elle m'aimait tout entière en amitié. Et ça m'a fait un bien fou. Et en fait, elle ce qui ne marchait pas dans son couple, ce qui ne marchait pas dans mon couple. Mais sans s'en rendre compte, on se l'est apporté mutuellement.

  • Speaker #0

    Et parce que c'est par ton biais qu'elle a rencontré son ex-mari aussi ?

  • Speaker #1

    Non, non, non. Elle était déjà... En fait à la base mon ex-mari était dans la même classe au lycée que Hélo. Et son chéri. Donc c'était vraiment trois potes. C'est moi qui suis venue me greffer.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui foutu la merde, finalement.

  • Speaker #0

    Vous avez sympathisé par ton ex-mari, en fait, avec ta femme.

  • Speaker #1

    Exactement. En fait, à la base, on se voyait de temps en temps comme ça. Et le hasard a fait qu'on est venus habiter à 500 mètres de chez eux. Et en fait, on est devenus les quatre meilleurs potos du monde, quoi. On se voyait tout le temps. C'était génial.

  • Speaker #0

    Et vous passiez du temps seules toutes les deux aussi ? Ou surtout à quatre ?

  • Speaker #1

    Beaucoup à quatre et beaucoup à deux. Parce que le jeudi, c'était son jour de repos. Et comme moi, j'étais infirmière, souvent, tu sais, tu as des jours de repos la semaine, infirmière. Et souvent, c'était notre jour en commun. Donc, nous, c'était la liberté parce qu'on était avec des garçons un peu trop à pas, qui contrôlaient. Il fallait demander pour sortir, tu vois, l'autorisation. On est sur un truc... Ah ouais ? Et en fait, le jeudi, c'était notre journée. On allait en ville. Pardon, moi, je suis toulousaine. Donc, sortir en ville, c'était extraordinaire.

  • Speaker #0

    T'inquiète pas, je suis aussi du sud.

  • Speaker #1

    On buvait deux mojitos, on était des rebelles. Et c'était notre journée. donc c'était vraiment cool On ne devait rien à personne et on était les plus heureuses du monde. Mais à la base, tu vois, c'est meilleur ami, meilleur ami, on se confie tout.

  • Speaker #0

    Vous vous ouvriez l'une à l'autre sur ce qui n'allait pas dans vos couples.

  • Speaker #1

    Moi, beaucoup. Hélo, elle est quand même beaucoup plus pudique. Et puis en comparaison, son couple allait bien. Ça n'a rien à voir avec moi, ce que j'avais. Mais c'est vrai qu'on s'apportait mutuellement cette liberté de penser, de pouvoir sortir. Nos ex, c'était un peu les vieux machos. Tu vois, il fallait... si eux ils sortaient pas il fallait pas qu'on sorte c'était l'exemple type du patriarcat ouais franchement là ils entendraient dire non c'est pas vrai si les gars vous étiez comme ça et c'est dommage mais même nous on aurait dû dire attendez c'est n'importe quoi on était jeunes on avait 20 ans tu sais pas poser tes limites correctement et puis c'est ta normalité j'étais bien avec lui mais au moment où tu veux sortir avec des copines et tu te rends compte que tu réfléchis à ce que tu vas dire pour argumenter sortir Merci. Là tu te rappelles en fait que t'as de nouveau 13 ans et que tu demandes à ton père d'aller au McDo au bout de la rue. C'est pas normal.

  • Speaker #0

    D'une part et puis aussi tu vois il y a une autrice qui s'appelle Chloé Thibault qui a écrit un livre qui s'appelle Désirer la violence. Et dedans en fait elle a fait une enquête sur les purs produits comme toi et moi tu vois qui sont nés dans les années 90 et qui ont appris en fait à romantiser la violence. Parce que si tu penses en fait au film qu'on regardait qui représentait un couple qui pour nous était un couple normal. en fait c'est un couple qui est hyper dysfonctionnel et hyper violent. On ne va même pas parler des Disney, tu vois. Dirty Dancing, tu vois, la relation, elle n'est pas du tout consentie.

  • Speaker #1

    Ah, oh là, tu vois, attends, tu vois, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Puis il y a plein de trucs de la pop culture comme ça, où en fait, nous, on se disait, ah mais en fait, l'amour, ça devait faire mal, pour être intense. En fait, on romantisait ça. Donc ce n'était pas ta faute si tu ne voyais pas que ce n'était pas sain, que ce n'était pas une relation saine.

  • Speaker #1

    Moi, je me rendais compte que ce n'était pas cool, puisque justement, moi, à l'inverse, pour moi, L'histoire d'amour, c'est vraiment les comédies romantiques américaines qu'on a vues. Moi, je pensais qu'un garçon, il courait sous la pluie, il traversait la ville tout entière pour te dire à l'aéroport qu'il t'aimait. Moi, je pensais que c'était ça. Donc, j'avais quand même un truc de me dire, attends, il ne fait pas ça, lui. C'est quoi cet arnaque ? Pourquoi quand on dispute, il me laisse pleurer dans un coin ? Pourquoi il ne vient pas me prendre dans ses bras avec un bouquet de fleurs ? C'est quoi cet arnaque ? Tu vois, moi, je m'attendais à ça.

  • Speaker #0

    OK, je vois.

  • Speaker #1

    Et je me rendais compte que ça, je ne l'avais pas. Mais après, peut-être que c'était moi qui me faisait...

  • Speaker #0

    C'était bien, du coup, si tu avais déjà les clés pour voir que c'était...

  • Speaker #1

    J'avais les clés, mais il y a toujours un petit delta entre ce que tu vois, ce que tu veux et ce que tu vas vraiment finir par faire. Il y a toujours un moment où il manque un petit peu de courage et on a tendance à se contenter de ce qu'on a en disant ça marche. Et je pense que j'étais dans ça.

  • Speaker #0

    Et donc, à quel moment tu te dis que vous allez vous marier ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis bien avec lui, je suis heureuse, je sens qu'il y a des dysfonctionnements, mais je pense que je suis un peu comme les couples qui finissent par faire un bébé alors que ça ne va pas bien dans le couple, en se disant ça va réparer. Et j'ai envie, comme j'ai l'impression qu'il ne me donne pas d'amour, qu'il ne me met pas sur un piédestal, et j'ai besoin de ça, parce que moi je suis dépendante affective et j'ai besoin qu'on me dise qu'on m'aime et qu'on me rassure, c'est débile mais je suis comme ça. Et lui il ne me le donnait pas, donc je me disais, s'il me demande en mariage, ça voudra dire que... Je suis importante pour lui. Je suis la bonne. Je suis la bonne. Et Hélo se marie avant moi, genre un an avant. Et il finit par faire sa demande en mariage. Et donc je suis très heureuse. Au moment où il met son genou au sol, moi j'ai les larmes aux yeux. Mais quand même, j'ai une voix dans ma tête qui me dit « chiette » . Parce que je ne suis pas sûre que je vais être heureuse avec ce garçon. Je connais sa part qui n'est pas gentille. Et je ne suis pas sûre.

  • Speaker #0

    Son côté sombre.

  • Speaker #1

    Voilà, son côté sombre. Ça fait un peu de son côté sombre. Mais je sais qu'en tout cas, cette partie-là, elle va un moment bugger avec moi. Je me dis inconsciemment, je pense qu'à 40 ans, je vais péter un plan et je vais me barrer. Ce n'est pas possible. Mais encore cette histoire de courage. Là, quand tu m'entends, tu dirais, t'es con ou quoi ? Pars, pars et puis c'est fini.

  • Speaker #0

    Je pense que si on entendait le passé de tout le monde, on aurait envie même de s'auto-dire, mais t'étais con ou quoi ? Oui, oui, voilà. Donc non.

  • Speaker #1

    Mais tu t'accroches à ça, il a enfin fait sa demande, je vais enfin... Ça y est, il m'aime, c'est bon, c'est bon. il est un petit peu con mais c'est bon il m'aime quand même ça va ça va

  • Speaker #0

    Ouais, je vois. Et le mariage d'Ello, ça te fait un truc ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je suis jalouse, clairement. Il y a plusieurs trucs dans ma tête. Je suis jalouse parce qu'elle se marie avant moi. Donc je m'accroche un peu à des trucs autres pour essayer de rester ancrée. Mais de l'autre côté, j'ai déjà conscience que les sentiments que j'ai pour elle sont vraiment très forts. Et peut-être même plus forts que l'amitié. J'en ai conscience. Mais je ne veux pas lui en parler parce que je ne veux pas que ça la fasse paniquer. que ça casse notre amitié aussi. Et je me dis, tu vois, voilà, il se marie, donc arrête tes délires, là, et puis allez, on repart sur des bonnes bases. Et en même temps, j'arrive à switcher en me disant je suis sa meilleure amie, je suis sa témoin, je suis fière d'elle, je suis contente qu'elle se marie, etc. Et c'est vrai que pendant le mariage, je lui lis un discours et a posteriori, les gens, je crois que c'est ma belle-mère qui m'a dit, c'est vrai que ce discours, il était très très beau pour un témoin. C'était vraiment très, c'était chargé en amour. Peut-être qu'entre les lignes, tu pouvais déjà percevoir l'admiration et l'affection que j'avais pour elle. Mais j'essayais de partir vraiment sur une bonne base en me disant, allez, allez marier. Moi, je vais suivre l'année prochaine.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant parce que, en plus, tu vois, l'image du témoin amoureux, c'est un truc. Il y a un film américain qui appelle le témoin amoureux. C'est vraiment un truc, vraiment une série Netflix.

  • Speaker #1

    Oui, si je ne dis pas de bêtises, même l'affiche, je crois que tu vois les mariés. Et t'as les mains derrière, tu sais, ils sont de dos et t'as les mains de témoins de la Marie qui se tiennent.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et donc, à quel moment tu te rends compte qu'en fait, c'est elle ?

  • Speaker #1

    Je pense que déjà, il faut quand même tout le temps de digestion. Je me rends compte que mes sentiments sont en train de s'amplifier. Et là où je me dis qu'il faut vraiment être honnête, c'est en voiture. Parce que moi, souvent, c'est en voiture. Tu mets la musique en fond, c'est cliché. Et c'est là où je suis seule dans ma voiture. Donc, je peux me permettre de penser et de parler à voix haute. J'ai trop peur de le marquer dans un journal parce que moi, j'ai toujours écrit mes pensées les plus intimes. et c'est là Je n'ai pas envie de les mettre sur le papier parce que je me dis, si tu les mets sur le papier déjà, elles vont exister. Et deuxièmement, c'est une preuve. Donc non. Et en fait, dans la voiture, je me parle et je me dis, mais Caro, sois réaliste. Tu t'endors, tu penses à elle. Tu te réveilles, tu penses à elle. Dès que je reçois un message d'elle, tu sais, j'ai le petit trilili dans le ventre, tu vois. Et en fait, tous les matins, elle m'écrit, elle me dit, bonne journée. Rien que ça, cette attention-là, tu vois. Et en fait, on est accro, quoi. Et je me dis, mais j'ai besoin d'elle. On fait une soirée. La porte elle se ferme, c'est vraiment jusqu'à la dernière centimètre où je vois son oeil, la porte fermée. J'ai envie d'être avec elle tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et là je me dis je crois que ça, ça s'appelle être amoureuse Caroline. Mais pareil encore au début je me dis mais non mais c'est parce que ça va pas avec ton mec. Donc tu sais là où t'es pas bien, tu retrouves du positif et du vivant dans autre chose. Je me trouve plein plein d'excuses. Les excuses c'est génial, c'est inépuisable. Tu peux en trouver plein plein plein dans ta vie. Mais arrive un moment où tu peux pas ignorer. Et je le dis en rigolant dans le spectacle, mais c'est vrai, je me dis tant qu'il n'y a pas l'attirance physique, ça va, tu parles. Un jour, elle me passe devant, elle monte dans les escaliers, je mate ses fesses et là je dis hop, c'est bon. Une fois que tu as l'attirance physique, c'est pas...

  • Speaker #0

    C'est fini.

  • Speaker #1

    C'est compliqué, là, tu ne peux plus trop nier les choses, c'est vraiment...

  • Speaker #0

    Tu coches toutes les cases, quoi.

  • Speaker #1

    Tu regardes ta meilleure pote dans les yeux et tu te dis quoi qu'il arrive, ne baisse pas les yeux sur ses seins. Non, mais tu vois, ça va trop loin, mais tu te dis, mais c'est pas normal. et puis au-delà de ça, c'est que... Tu l'admires, je la trouve vraiment belle, je te parle de la poitrine et des fesses, mais je pouvais aller jusqu'à bugger sur ses mains, ses avant-bras, elle a des avant-bras magnifiques, je ne vous dis même pas. Tu aimais tout chez elle. J'aimais tout chez elle. Et comment tu...

  • Speaker #0

    Sauf ses oreilles.

  • Speaker #1

    Ça je le dis uniquement pour l'embêter, parce qu'elle me dit, mais personne ne m'avait jamais dit que j'avais des grandes oreilles. Ben si, si.

  • Speaker #0

    Et donc au moment où tu acceptes cette information, comment tu gères la suite ?

  • Speaker #1

    Je pense que je suis partie vomir. Ah ouais ? Bah non, mais t'imagines.

  • Speaker #0

    Difficilement à vrai dire.

  • Speaker #1

    C'est pas bien parce que t'as personne à qui en parler, t'as honte, tu te dis bon si ça relève que du fantasme, je pourrais peut-être m'amuser comme ça pendant des années, puis dans ma tête, tu vois, un truc comme ça. Et en fait non, ça me bouffe, il y a un moment où ça bascule dans ma tête parce que dès que son chéri l'embrasse, moi, ça me... Tu vois, je... Ça devient compliqué et en même temps, je ne peux pas couper les points. J'aimerais, à un moment, j'y pense, mais je me dis que je ne peux pas parce que je vais lui faire du mal. Elle ne va pas comprendre pourquoi je... Et là où il y a la bascule, c'est que je me rends compte, je me dis, mais elle aussi, ce n'est pas possible. Je le vois dans son comportement avec moi. On en rigole maintenant, mais je dis, ton corps parlait à la place de toi. Elle voulait être contre moi. Alors qu'Élodie, elle n'est pas tactile pour un sou. On se faisait des câlins, des câlins en tout bien tout honneur. On voyait qu'on avait tout le temps d'être ensemble. Et elle me l'a dit plus tard, elle m'a dit « Oui, c'est vrai, t'as raison, j'avais besoin d'être contre toi, j'avais besoin d'être avec toi. » Tu sais, tu te fais des films à la fin, parce qu'elle te regarde, puis tu vois qu'elle te regarde la bouche un peu, puis elle change de... Tu fais « Elle m'a regardé la bouche. » Tu deviens tarée, en fait. Et jusqu'au moment où il y a une soirée qui part en steak. Les garçons sont dans la pièce avec nous. Elles détestent quand je raconte ça à Hélo, mais c'est vrai, il faut le raconter parce que ça a quand même été le tournant. eux ils jouent à la console tu vois et nous on est genre deux mètres plus loin on est sur le lit et ça commence un petit peu à se rapprocher, tu vois, et on a ça de s'embrasser, et au dernier moment, je panique et on s'embrasse pas. Je panique, alors que, bon, bref. Genre rêver, au moment où on le culmine, on aurait dit vraiment une comédie romantique. Non, tu sais quand le téléphone sonne, au moment où ils vont s'embrasser. Oh, relou ! Bon.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, tu te dis peut-être que c'est pas le bon moment.

  • Speaker #1

    Et puis je me dis ben non, non, qu'est-ce que tu fais ? Stop, maïdé, maïdé, quoi, tu vois. Les garçons, ils se retournent, ils rigolent, qu'est-ce que vous allez faire et en fait ça passe comme ça tu sais en mode bon soirée entre potes on est un peu désinhibé un peu alcoolisé voilà Sauf que ça verrouille le fait que je n'avais pas halluciné. Elle, elle panique complet. Et en fait, on finit par en parler et se dire, il y a un truc. Et de là, une fois que tu as avoué les choses, c'est compliqué de lutter.

  • Speaker #0

    Donc, votre histoire d'amour commence. Et vous l'annoncez ensuite à vos maris.

  • Speaker #1

    Ça dit comme ça, c'est très beau. Mais non, c'est pas... Mais non, mais non. Mais non, parce qu'on va lutter au début en disant, c'est mal, c'est pas bien, c'est pas bien. Mais en fait, quand on se retrouve toutes les deux, je ne sais pas comment t'expliquer, c'est plus fort que nous. Je le décris avec une chape de plomb, mais c'est ça. C'est viscéral, quoi. C'est comme s'il n'y avait plus de son dans la pièce. Tout s'arrête, tout est au ralenti Tu peux pas t'en empêcher, on a envie de s'aimer, on a envie de s'embrasser, on a envie de... Rien que de se frôler les doigts, c'est extraordinaire les sensations que ça te fait dans tout le corps. Moi j'ai jamais vécu ça, c'est... En comparaison, je sais pas si t'as lu ou vu les 50 nuances de Grey, tu sais quand ils sont dans l'ascenseur et qu'elle explique qu'il y a un truc électrique dans la pièce, ben c'est ça. Tu sais que tu fais de la merde, tu sais que t'es une mauvaise personne, mais ce truc-là te rend vivante comme t'as jamais été vivante de ta vie. C'est une excuse encore une fois de plus, tu peux aussi décider de dire je fais de la merde et tout arrêter. Mais, oh là là, je sais pas que vous dire, c'est mal mais c'est plus fort que nous. Et donc, non, on commence une relation extra-conjugale.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, on essaye de lutter, on essaye de se dire c'est pas bien, c'est pas bien, c'est pas bien. Moi, je sais déjà que je l'aime par-dessus tout et que je veux tout plaquer pour elle. Elle, elle est pas prête. Et ça se comprend, on est... Pour le coup, un an de mariage, moi six mois de mariage, on comprend que c'est compliqué. Et en fait, on s'est fait griller. J'ai mal caché une lettre d'amour qu'Elo m'avait écrite. Ils sont tombés dessus, ils ont demandé l'explication et puis on a été confrontés. Là, je me suis dit, c'est super, c'est la sortie de secours idéale pour partir. Sauf que Elo est repanique, elle dit non, c'est pas possible. Je te la fais accélérer, mais en gros, ils nous ont repris parce qu'on n'a pas trompé avec des garçons. Donc je pense que...

  • Speaker #0

    Oui, leur égo est bien.

  • Speaker #1

    Et puis en fait, ils nous ont regrié parce qu'ils ont vu que sur les portables, on s'écrivait, qu'on se rejoignait. Donc là, ils ont dit, maintenant, prenez une décision. Je suis partie la première et Lo m'a suivie une semaine plus tard.

  • Speaker #0

    Et donc là, la vraie aventure de la vie à deux qui commence.

  • Speaker #1

    J'adorais te dire que oui, mais toujours pas. Parce que moi, je rentre chez mes parents, donc je leur dis voilà. Je me fais un petit peu engueuler parce qu'ils ont payé une partie du mariage. Ça fait que six mois qu'ils ne comprennent pas. Ils pensaient que j'étais heureuse avec mon mec. Mais malgré tout, ils me suivent. Ils me disent, écoute, si t'es heureuse comme ça, je leur raconte l'envers du décor avec ce garçon qui n'était pas toujours gentil. Ils font, nous, on te suit. C'est comme ça. Et Lo, elle a beaucoup plus de mal parce qu'elle se heurte à une famille qui lui fait la gueule, clairement. Par homophobie ? Par soutien de leur gendre.

  • Speaker #0

    Des maris qui connaissent depuis des années. Exactement,

  • Speaker #1

    c'est comme leur fils. Et ma belle-mère, elle te le dira encore maintenant, Ça n'a jamais été un problème. d'homophobie. S'il y aurait été un autre mec, c'était pareil. C'est juste que sa mère s'attendait à ce qu'elle lui dise « Voilà, je suis mariée, je suis enceinte. » Sauf qu'elle est là, elle lui dit « Je suis mariée, je le quitte et je pars avec Haro. » Et en fait, il y a un bug dans le cerveau de ma belle-mère qui se dit « Je ne reconnais pas ma fille. » Hélo, qui est très attachée à la vie de sa famille, s'effondre parce qu'elle se dit « Je les ai déçues. Plus personne ne se parle à la maison. Le peu de choses qu'elle lui dit, sa mère, ce n'est pas gentil. Sa sœur, c'est pareil. » Tout le monde est assez dur avec elle. Elle souffre énormément. Et je pense qu'il y a un moment où elle se dit je pense que je vais quitter Caro et puis revenir dans mon petit moule pour qu'on m'aime de nouveau. Donc non, il y a eu un moment où le couple a failli se...

  • Speaker #0

    Se séparer.

  • Speaker #1

    Se séparer, ouais. Elle ne l'admet pas, moi je sais qu'aussi. Moi je sais qu'aussi. Ce n'aurait pas été moi, mais je pense qu'elle aurait fini par dire non, non, on revient.

  • Speaker #0

    C'est trop dur d'assumer ce regard.

  • Speaker #1

    Elle ne serait peut-être pas revenue avec son mec, mais en tout cas, elle aurait arrêté avec moi pour récupérer sa famille. et il se trouve que dans toute cette merde, mon père, malheureusement, a fait un infarctus. Il est décédé. Et ça a remis l'église au centre du village. Tac. Voilà. Elle a dit à sa mère, écoute, elle vient de perdre son père, donc je vais aller la voir. C'est terrible, mais c'est ce drame qui a fait que elle a dit, attends, je ne peux pas la lâcher maintenant, c'est hors de question. Et en fait, ça a fait comme un... Elle s'est dit, non, celle que j'aime, je vais arrêter mes conneries.

  • Speaker #0

    Et sa famille a fini par accepter.

  • Speaker #1

    J'espère, ça fait 10 ans maintenant. Ma belle-mère me prend dans ses bras, elle me dit qu'elle-même, je pense qu'on est bon. Et du coup, de là, après, ça s'est plus ou moins cicatrisé. On a habité ensemble et là, au fur et à mesure, ma belle-mère, elle a dit, bon, allez, je viens voir votre appart. Mais je pense que je leur en veux d'avoir été horrible avec elles, mais je peux aussi comprendre que tu as un moment de what the fuck. Ma fille n'a jamais été avec des femmes. Elle était heureuse avec ce garçon, ça faisait dix ans qu'ils étaient ensemble. Elles font une connerie, tu vois. C'est pas possible. Elles ont un délire, elles ont les fils qui se touchent, elles font la connerie de leur vie. Donc je peux comprendre le questionnement et la peur des parents.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que rompre le dialogue, c'est toujours... Même si c'est normal, je pense, de paniquer en tant que parent, parce qu'en plus on se dit « J'espère qu'elle ne va pas regretter de prendre une telle décision » ou quoi que ce soit. Mais je pense que rompre le dialogue, je pense que maintenant, en tant que maman, tu te dis... Il n'y a pas grand chose qui mérite de... Moi je ne peux pas.

  • Speaker #1

    Et je n'ai pas été élevée dans ça et c'est hors de question que... Un jour. Là je te dis ça avec beaucoup de prétention, je ne sais pas l'avenir. Mais en tout cas je ferai tout pour ne pas rompre le dialogue avec mes enfants. Il faudrait vraiment que la décision soit un truc...

  • Speaker #0

    Subie quoi, que ce soit ton enfant qui décide de...

  • Speaker #1

    Ouais tu vois, mais encore une fois, si au final... Enfin moi ma mère elle m'a toujours dit ça. Vous êtes en bonne santé ? Tu n'es pas dans un ravin avec ta voiture ? C'est bon là, rien que ça, t'es heureuse, c'est l'essentiel. Et donc c'est pour ça que je te dis que là, comme ça, moi je ne me vois pas rompre le dialogue avec mes filles. Mais depuis cette histoire, tu sais, je garde toujours en tête de me dire, parce que je pense que les gens ont la tendance à juger les comportements des autres, en vrai tant que les choses ne te sont pas arrivées, tu ne sais pas comment tu vas réagir. Donc là en l'état je te dis oui, mais en fait peut-être que je fais la grande maline et que je vais faire moi aussi de la merde. Donc on ne sait pas.

  • Speaker #0

    En tout cas, ce qu'on peut tous comprendre, c'est que ce soit une nouvelle qui, même si elle n'est absolument pas empreinte d'homophobie, parce que même si c'est comme tu disais avec un autre garçon, tu vois du jour au lendemain ta fille hyper heureuse, mariée, tu te dis que ce qu'elle va venir te dire comme tu dis, c'est « Eh, je suis enceinte ! » et en fait, non, pas du tout, je divorce et je me mets avec quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a ça et il y a le fait aussi que... Là, je parle à la place de ma belle-mère, c'est parce que c'est ce qu'elle m'a dit. Elle avait prévu une vie pour sa fille et qu'elle est sortie des rails, elle est sortie de ce chemin. et elle n'a pas compris pourquoi. En fait, elle lui a donné une direction, alors que tu n'as pas à donner une direction à tes enfants. Elle s'est dit, bon, mais moi, elle fera comme moi. Et elle fera comme sa sœur. Non, elle a fait un pas de côté. Ce n'est pas normal. Au point qu'elle se disait, ce n'est pas elle qui a décidé, c'est Caro qui la manipule. Elle n'avait même pas confiance en le choix de sa fille.

  • Speaker #0

    Mais parce qu'aussi, du coup, comme votre amour a été vécu caché pendant tout ce temps-là, je pense que la famille ne l'a pas vu venir. Oui, bien sûr. Quelque chose qui durait depuis très longtemps pour eux est apparu comme super soudain. Et d'ailleurs, il y a un autre virage aussi que tu as opéré puisque tu étais infirmière à l'époque.

  • Speaker #1

    Je fais n'importe quoi dans ma vie. J'ai un talent incroyable pour foutre le bordel dans ma vie.

  • Speaker #0

    Et à quel moment, du coup, tu te dis, est-ce que tu penses que c'est Hélo qui te donne des ailes ?

  • Speaker #1

    Franchement, je pense que oui. Donc, on est installés ensemble depuis un moment. Je pense qu'il y a déjà trois ans qu'on est ensemble. On n'a pas encore notre première fille. Et un matin, je me dis, mais ça me vient comme ça. Je me dis, tu vois, tout T'es infière ? Ah oui, c'est vrai. Mais finalement, ton rêve de gosse, d'être humoriste, tu l'as lâché, tu vois. Mais c'est fou parce que ça vient comme ça et je me dis, oui, bon, tu vois. Mais à aucun moment, je me dis, Hélo va aller à l'encontre de ça, tu vois. Là où dans mon ancienne relation, je pense que j'aurais été empêchée de faire quoi que ce soit. Et donc, en fait, je... Je sais pas, je vais au travail et quand je rentre, j'ai encore passé une journée très sympathique, et quand je rentre... Je pars la voix haute. Je suis dans mes toilettes et je pars la voix haute. Je fais comme si je faisais un sketch. Je me dis, c'est drôle ce que je dis. Et donc, je me filme. Et je mets ça sur YouTube à l'époque. En vrai, la première version de la vidéo, elle dure 11 minutes. C'est infâme pour une vidéo. Je l'envoie à Hello. Elle me dit, franchement, c'est pas mal, mais fais plus court. Je fais 8 minutes. Tout, tout, tout, c'est horrible. Et je le balance sur YouTube. mais comme ça tu vois et Lou elle me dit ouais c'est rigolo vas-y tu vois il n'y a même pas de sauf qu'elle fait le buzz Et de là, ça ouvre plein de portes. On me dit d'écrire un livre sur ma vie d'infirmière. OK. On me contacte en me disant, écris un spectacle et viens le jouer dans mon théâtre. Donc ça, c'était en banlieue parisienne à Tourigny-sur-Marne. Au début, je me dis, c'est une blague. J'ai fait du théâtre, OK, mais je n'ai jamais écrit de spectacle de ma vie. Si si je suis sérieuse viens fais le

  • Speaker #0

    Ok. Et voilà. Et en fait, ça commence comme ça. Génial. Au début, sans prétention, parce que tu te dis que c'est juste une vidéo comme ça, pour faire marrer les copains. Et puis après, une deuxième, une troisième, les médias s'en emparent. Et puis finalement, tu as une petite communauté. Et puis finalement, la première, c'est une salle de 40, c'est complet. Pour moi, c'est déjà énorme. Et puis tu fais une représentation, deux, cinq, ça marche. Et puis au fur et à mesure, je suis toujours infirmière à ce moment-là. Moi, je sais... Je ne connais rien du métier, donc j'appelle à droite, à gauche. Oui, bonjour, j'ai un spectacle sur les infirmières. Je ne sais même pas comment il faut faire. Et je dois peut-être jouer une fois tous les six mois. C'est ridicule, tu vois. Je pense que j'ai un mois de troubles digestifs avant la représentation tellement je suis dans le mal. Enfin, tu vois, je l'ai joué une fois devant 40 personnes. Je ne savais pas si c'était drôle. Je ne l'avais joué devant personne, moi, tu vois. Et puis après, je rencontre Clémence Chardon qui tient la comédie de Toulouse. Et qui me dit, oh, hé, t'as du potentiel, toi. Et voilà, en fait, on se lance. Elle devient ma manageuse. Et puis, au fur et à mesure, j'ai de plus en plus de spectacles. Je suis toujours infirmière. Et ma chef, ma cadre, elle est énorme. Elle arrive à caler mes jours de repos sur les spectacles. Mais bon, ma première fille vient de naître. Il y a eu un moment, je t'avoue que... Tu t'es dit, je ne vais pas y arriver, je suis sous l'eau. C'était sportif, quoi. Je m'occupais des patients. Dès que j'avais un moment où je me cachais dans le local poubelle et je répétais mon spectacle, Le téléphone sonnait, oui, oui, j'arrive. Les gens me disaient, mais t'es où Caro ? Non mais j'arrive. Je me cachais dans les chambres des patients, sans les patients à l'intérieur bien sûr, pour m'entraîner dans mes textes. Donc le deuxième virage vient au moment où tu te dis, bon ben là il y a autant de représentations que de boulots d'infirmière. Parce que je suis comme tout le monde, j'ai un crédit sur le dos, donc tu te dis, avant de te jeter, il faut que financièrement ça tienne. Et comme je touchais l'équivalent d'infirmière, j'ai dit bon ben vas-y, au pire t'as le diplôme, ils auront toujours besoin d'infirmière. Je ne pense pas qu'on dira un jour, non, ça va, on n'a pas assez d'infirmières. Merci. Voilà. Et deuxième virage, je me lance, je prends une dispo et je dis, allez, go, on y va.

  • Speaker #1

    Génial. Et là, ta femme est super soutenante.

  • Speaker #0

    Oui, elle a peur. Parce que, hélo, il faut savoir qu'elle a peur de tout. Elle a peur de tout. Moi, je suis l'enfant, le chien fou qui veut faire plein de choses. Et puis elle, c'est l'adulte du couple qui dit, bon, attends, on va faire par étapes. Tu te calmes. Et tu vois, je te l'ai dit, on a d'abord vérifié que ce que je touchais pendant les spectacles, pouvait couvrir nos besoins. Mais à aucun moment, elle m'a dit, tu fais de la merde, redeviens infirmière. Il n'y a que ce moment qui a été compliqué où la petite venait de naître et elle me disait, tu n'étais pas là. Parce que soit tu étais ennuyée, soit tu étais là, mais comme tu avais fait la nuit, tu dormais. Ou si tu étais réveillée, dans ta tête, tu avais le spectacle. Donc il y a eu un moment qui était hyper sportif.

  • Speaker #1

    Où elle s'est sentie un peu seule à boire, peut-être, pour le début de la maternité.

  • Speaker #0

    Et donc, je pense que le fait d'en avoir plus qu'un seul métier, déjà, on a fait... Quand je rentrais de tournée, j'étais vraiment là. Et je n'avais pas la fatigue accumulée des nuits.

  • Speaker #1

    Et j'imagine que toi, ça a pu prendre mieux ta place de mère.

  • Speaker #0

    Oui, oui, complètement. En fait, je changeais une couche. Oui, j'étais là. Mais je n'étais pas dans le moment, vraiment. Tu réfléchissais à autre chose. Et là, vraiment, j'ai commencé à pouvoir davantage profiter de ma fille et être vraiment là, plus ancrée, en tout cas.

  • Speaker #1

    Et donc pour en arriver à ton spectacle, je le trouve important ton spectacle parce que outre le fait que bien sûr c'est très drôle, notamment je pense, mais on laissera aux gens le loisir de découvrir le personnage de ton frère.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    C'est hyper drôle tu vois. D'ailleurs il se sent comment par rapport à cette représentation ?

  • Speaker #0

    Il est dégoûté. Mon frère, il a mal réagi quand il a appris que j'étais avec Elo. Pas au point de ne plus me parler et d'être méchant. Mais mon frère, c'est... le macho. Là, il dit, oh, c'est pas vrai. Mais il a un truc de base, tu vois. C'est l'homme, il est fort, il va chercher la viande et puis il protège la femme. Et la femme, elle reste à la maison. C'est un peu ce... Le mood. Exactement. Et donc moi, quand je lui dis que je pars avec une femme, la première chose qu'il me dit, c'est qu'est-ce que vont penser mes potes ? Tu vois, c'est pas... Je lui dis, mais j'étais malheureuse avec mon gars. Oui, bon, écoute, tu vois. Il m'a vraiment dit des trucs comme tu pouvais te forcer. Voilà. Et en fait, mon frère, il dit des aberrations. et après tu lui dis mais tu te rends compte que t'as dit ça ? et je lui dis mais quand je vais écrire le spectacle je vais te défoncer Jack quand même on y va pas fort si si je vais dire la vérité et quand il voulait lire le spectacle avant je dis non tu vas pas le lire je limite avec la main sur le pec mais c'est vrai il parle vraiment avec la main sur le pec et tout ce que je lui fais dire dans le spectacle il l'a vraiment dit et c'est des aberrations c'est des aberrations mais son rôle est hyper important parce qu'il vient d'étendre souvent les gars de la salle Merci. qui pensent la même chose. Et c'est honnête en fait. C'était important de le faire exister ce personnage parce que oui déjà, il a existé, qu'il a vraiment dit tout ça, que j'avais une petite vengeance personnelle à faire, et qu'il est un peu le porte-parole de toutes les questions naïves que tous les gens ont dû se poser. Donc en fait, ça détend les gens en se disant « Ah, il n'y a pas que moi qui ai pensé ça. » Et on en rigole tous ensemble. Surtout qu'à la fin, vu qu'on est dans Virage, il y a toujours une bascule de... Tu vois, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. Voilà. Mais c'est vrai que ce personnage, je lui ai dit de toute façon, soit ça passe, soit ça casse. Et à mon avis, tu peux être sûre que c'est le passage qui explose le plus. Alors lui, du coup, tu vois, grâce à moi, le spectacle fonctionne. Il a vraiment dit ça.

  • Speaker #1

    En même temps, ton histoire est tellement incroyable que s'il y a bien une histoire qu'il faut représenter sur scène, c'est cette histoire-là. On n'y croirait pas si on le présentait à une comédie américaine. On dirait, allez, c'est gros.

  • Speaker #0

    Avoue que ça peut terminer sur Netflix. D'ailleurs, si vous êtes intéressés, on peut créer un film, une mini-série.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Moi, tu vois, quand j'ai terminé le premier spectacle, j'aime les gens sur les infirmières. Et qu'on a commencé à me dire, tu penses à quoi pour le prochain ? Tu restes sur le thème infirmière ? Non, je pense qu'il faut qu'on raconte cette histoire. Parce que c'est...

  • Speaker #1

    Vraiment, c'est fou. On pourrait ne pas y croire.

  • Speaker #0

    C'est une série américaine. C'est vraiment un truc que tu pourrais retrouver sur Netflix. Moi, de toute façon, j'aime rire de tout. Et je voulais la raconter. Cette histoire, c'est un champ des possibles. C'est que tu as le côté qui est un peu drôle quand même de mettre un pagaille dans sa vie. On ne va pas se mentir. Et puis, il y a cette honnêteté de dire que parfois, tu vas dans la mauvaise direction. Tu sais que tu y vas. Mais c'est dur de faire Le virage. De remonter le...

  • Speaker #1

    En réalité, tu ne vas pas dans la mauvaise direction parce que c'est juste... Là, en l'occurrence, je pense que tu fais référence au fait que vous soyez passée par une phase de tromperie. Oui. Mais vous auriez pu, sans juger le fait que vous ne l'ayez pas fait, mais je veux dire, moi, je trouverais ça très triste de passer à côté du grand amour de ta vie. Donc, on peut imaginer que vous puissiez dire « Allez, on se sépare. » pour se mettre ensemble.

  • Speaker #0

    Je réadorerais avoir fait un truc propre comme ça.

  • Speaker #1

    On fait tous des erreurs dans la vie. En tout cas, l'erreur, c'est sûr, ce n'est pas d'avoir suivi votre cœur.

  • Speaker #0

    Non, c'est sûr. Je m'en défends beaucoup parce que sur les réseaux, parfois, je me fais un sanglier. C'est une mauvaise personne, elle a trompé. C'est vrai, vous avez raison. Il ne faut pas tromper. Mais encore une fois, tu ne sais pas comment tu vas gérer la situation au moment où elle te tombe dessus. Moi, j'ai toujours fait partie des personnes qui disaient « tromper, c'est mal » . Et c'est vrai, on a fait de la merde. clairement il n'y a pas de si j'avais pu le faire proprement en mode cordialement merci on s'arrête ici franchement j'aurais aimé avoir le courage de le faire mais en tout cas une chose était sûre c'est que je n'allais pas me forcer toute ma vie à être malheureuse alors qu'en fait mon coeur était ailleurs c'est beau et parfois il faut foutre la merde dans sa vie pour voilà je ressors toujours la même expression mais je l'adore c'est avant d'admirer la vue il faut se taper la rando J'ai l'impression que c'est un peu ça le sel de la vie, c'est que les plus belles réussites, les plus beaux moments que tu as, avant il faut galérer. Je ne pense pas que l'univers ne te donne pas les trucs cools comme ça. Et bon ben voilà, ça c'est notre galère et c'est pour ça qu'on était fiers de le raconter puisque dix ans plus tard, on est ensemble, on a deux filles, on est très heureuses. Et je peux dire à ma belle-mère,

  • Speaker #1

    tu vois ?

  • Speaker #0

    T'aurais pas dû ! Je lui dis parfois, tu vois ? Ouais t'es connerie ! Et vos filles, justement, est-ce que le spectacle, elles le voient ? Elles ont quel âge ? Elles ont 7 et 3 ans. Donc 3 ans, peut-être pas, mais 7, est-ce que... 7 ans, elle sait qu'on parle de... Que je parle de notre famille. Mais pour l'instant, tu vois, elle avait vu le premier, mais bon, tu parles, elle est restée 5 minutes dans les loges, je peux la faire, c'est relou. Et donc là, elles savent que je suis sur scène et que je fais des blagues, mais je ne suis pas encore sûre que la grande, elle ait bien conscientisé que c'était sur notre famille. Mais voilà, après, elle a conscience qu'il se passe quelque chose, puisque forcément, sur les réseaux sociaux, parfois, elle passe avec moi devant le portable, mais on fait toujours bien attention à dire, est-ce que tu en as envie ? Donc, on fait la différence. Parfois, on filme des séquences et c'est elle-même qui dit, ça, c'est pour nous, ce n'est pas pour les réseaux. Elle a déjà ce truc de se dire, on ne rentre pas au centre. Non, bien sûr, il y a des moments, ça nous appartient. Je ne pense pas. Tu sais quoi ? Je vais lui poser la question. Parce que je ne suis pas sûre qu'elle sache effectivement de ce dont je parle sur scène.

  • Speaker #1

    Et ça en fait partie du coup, toi, ce qui t'a motivée à montrer votre histoire d'amour et à montrer aussi votre famille, en fait, à tout simplement permettre qu'il y ait des représentations sur scène ?

  • Speaker #0

    Alors pareil, moi je suis toujours, je fais mon truc et après je réalise ce que ça peut apporter. Tu vois, quand j'étais infirmière et que je fais le spectacle J'aime les gens, moi à la base c'est pour raconter mon envers du décor et montrer aux moldus, donc les non-soignants, notre métier croustillant et tout ce que, et malgré la noirceur. toute la lumière qu'on a. Je dis des phrases maléfiques. Et donc, ce spectacle-là, moi, à la base, je le dis pour raconter mon histoire et puis pour dire qu'on n'a qu'une vie et que parfois, c'est compliqué, mais il faut foncer. Et en fait, une fois que tu balances ce spectacle, c'est les gens qui, à la fin du spectacle, viennent me voir et me disent « Mais en fait, ça fait un bien fou parce que moi, je suis amoureuse de ma meilleure amie. Je ne l'ai dit à personne. » Et en fait, je me rends compte que oui. C'est possible. T'as des histoires de vie où c'est parfois des couples de femmes bien plus âgées, donc à l'époque autant te dire que c'était encore plus compliqué, qui au bout de 30 ans de mariage ont quitté leur mari pour partir avec leur meilleur ami. Et en fait tu te rends compte que ça montre une visibilité. Ça montre une visibilité, c'est pas français. Ça offre une visibilité et ça montre aux gens que c'est possible. Mais pas que de partir avec une femme, d'être heureuse avec une femme. Ou d'être heureux tout court, de te dire tu peux changer de trajectoire sans parler d'amour, peu importe. Tu peux très bien te le dire pour ton métier. Tu es ingénieur et puis tu te dis non, moi je vais être agriculteur.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'il y a encore des gens qui réfléchissent comme tu réfléchissais à l'époque, à savoir qu'ils se disent si je suis mon cœur, je devrais renoncer à une partie de ce qui fait que je me visualise heureux, à savoir je n'aurai pas d'enfant, etc. Donc ça c'est hyper important je trouve. de montrer des modèles de parents dans un couple homosexuel. C'est super important.

  • Speaker #0

    Et il y a ça aussi, bien sûr. Et ce que j'aime bien, c'est qu'on me dit souvent, tu parles de ton histoire d'amour, donc tu parles d'homosexualité, d'homoparentalité, mais en même temps, ce n'est pas un sujet. C'est ma vie, en fait. C'est hyper important. Et en fait, ça normalise la chose. Et ça, je pense que ça fait aussi beaucoup de bien. Bon, après, je ne sais pas si j'ai des homophobes dans la salle, mais personne ne s'est encore levé, Donc peut-être qu'il y a des gens qui se retrouvent prisonniers. Oh non ! Et en fait, à la fin, ils disent « Bon, en fait, ils sont très sympas, ces gens-là » .

  • Speaker #1

    Ouais. Comme dans le spectacle qui date de Michel Larocque et Pierre-Alain Palmade, à l'époque où il dit à un moment « Mais venez voir les enfants, il y a des homos, vous n'en avez jamais vu » .

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Mais donc, je ne pense pas que... Non, non, non.

  • Speaker #0

    Mais tu sais que j'ai déjà reçu un message sur les réseaux sociaux de quelqu'un qui me disait « Moi, je ne suis pas homophobe, mais... » C'est quand ça commence comme ça. J'ai rien contre le fait que vous vous mariez, mais par contre, avoir des enfants, ça me gêne. Mais depuis que je vous suis sur les réseaux sociaux, j'ai changé d'avis. Vous êtes très belles. Tu vois, et ça, j'en ai gagné un.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est bien.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais. C'est hyper bien. Mais c'est cool. Ça montre aussi au reste de la population qui se pose peut-être des questions, en se disant, ah oui, en fait, ça va, elles sont relativement normales.

  • Speaker #1

    Oui, surtout qu'en vrai, pour les enfants, il n'y a vraiment aucun sujet. Et pour les enfants entre eux. C'est-à-dire qu'en fait, tu te rends compte que c'est beaucoup ce qu'on projette sur eux. Moi, je sais que ma fille, elle est copine avec une petite fille qui a deux papas. Tu vois, c'est pas du tout un sujet. Elle te demande.

  • Speaker #0

    Et puis,

  • Speaker #1

    quand tu réponds, une réponse toute simple. En fait, pour elle, c'est pas normal d'avoir un papa et une maman si toi, tu lui dis pas.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui. Nous, ça nous arrive beaucoup. Souvent, on arrive à l'école pour chercher les petites. T'as une copine qui arrive comme ça en courant, qui dit « C'est vrai qu'Erika a deux mamans ? » Parce qu'elle, elle y croit pas. c'est incroyable oui Ok, cool, et on part. Et souvent, je dis, tu as des questions ? Non, c'est bon. C'est tout. C'est trop bien. Ou alors, on me dit, elle a trop de la chance, elle a encore plus de câlins. Mais non, les enfants, en fait, on avait peur quand on l'a inscrite à l'école. On s'est dit, comment ça va se passer ? Et en fait, on n'a eu aucun problème. Vraiment, les gens font ok.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'était génial d'en apprendre plus sur ton histoire. et sur l'intention derrière ton spectacle. Encore une fois, je vous recommande d'aller le voir.

  • Speaker #0

    C'est très drôle.

  • Speaker #1

    C'est très drôle. Et puis, vous allez découvrir encore beaucoup de personnages que vous ignorez.

  • Speaker #0

    J'en mets plein la tête à Marielle, ma belle-mère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc, si vous avez envie de vous défouler sur votre propre belle-mère,

  • Speaker #0

    n'hésitez pas. Marielle, c'est pour toi.

  • Speaker #1

    Je te remercie et je te dis à bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt, merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

Description

La vie de Caroline ressemblait à celle de beaucoup d’autres : infirmière, jeune mariée, entourée de bon.nes ami.e.s. Parmi elles et eux, sa meilleure amie, qui était tout naturellement devenue sa témoin de mariage.


Une vie simple, stable, presque écrite d’avance.

Jusqu’au jour où tout a basculé.


En quelques mois, son histoire a pris les allures d’une véritable série Netflix : Caroline réalise qu’elle est amoureuse… de sa témoin de mariage. Elle-même mariée au… meilleur ami de son mari.


Un scénario impossible ?

Caroline, elle, a choisi la vérité.

Elle a osé regarder en face ce qui se jouait en elle.

Et elle a tout quitté par amour.


Pour la première fois, elle se sent aimée pleinement, entièrement, pour ce qu’elle est. Cette rencontre l’a révélée à elle-même, l’a portée, l’a libérée jusqu’à la conduire à changer de vie et devenir humoriste.


Ensemble, nous avons parlé du moment ou tout a changé dans sa vie. Nous avons aussi parlé d’amour, de courage, et de cette société encore profondément hétéronormée qui laisse si peu d’espace pour questionner son orientation sexuelle.

Nous avons aussi parlé de la puissance des représentations : des couples homosexuels, des familles homoparentales, de la nécessité d’exister dans l’imaginaire collectif.


Son spectacle, joué tous les lundis au Théâtre du Marais, participe à rendre visibles et à normaliser ces réalités. Et ça compte. Immensément.


Je vous souhaite une très belle écoute.


Pour soutenir ce podcast n'hésitez pas à mettre 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et un commentaire, cela m'aide énormément.


Pour suivre les coulisses du podcast n'hésitez pas à me suivre sur Instagram: Pauline_virage!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspire. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage et sur TikTok, virage.podcast. Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Caroline.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Ça va ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Ouais ça va, je suis super contente qu'on enregistre un épisode. On va parler d'un spectacle parce que tu es stand-upeuse, humoriste. En ce moment tu joues un spectacle tous les lundis au Théâtre du Marais.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Un spectacle qui est super, que je vous recommande, qui est grandement inspiré de ta vie.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Que tu décris comme une série Netflix.

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est très bien résumé.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant. On va parler d'abord de ta vie et ensuite de ce que tu as voulu insérer dans le spectacle par rapport à ça. Puisque au-delà de l'humour, il y a aussi, je trouve, une invitation à faire bouger les choses et notamment à faire un peu changer les représentations de la société qui est très hétéronormée. Je pense que c'était un souhait de ta part. En tout cas, je l'ai ressenti comme ça quand je suis allée voir ton spectacle. Tu vas d'abord nous raconter cette histoire qui est complètement folle. Puisqu'alors que tu étais mariée... ta meilleure amie qui était ta témoin de mariage, qui était mariée au meilleur ami,

  • Speaker #1

    quand tu le résumes, ça ne finit pas,

  • Speaker #0

    de ton mari. Un jour, vous vous êtes dit, en fait, on s'ennuie, non ? C'est grave. Si on se mettait ensemble.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes tombées super amoureuses toutes les deux. Et donc, du coup, vous avez toutes les deux quitté vos maris pour démarrer votre histoire d'amour qui dure encore aujourd'hui. Et vous avez deux merveilleuses petites filles. Est-ce que tu peux m'en dire un peu plus déjà ? Est-ce que tu penses que ça vient justement de la société hétéronormée ? Si très jeune, t'as pas vraiment pris conscience de ton homosexualité et que tu t'es tournée vers des hommes ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense qu'il y a un peu de ça. Il y a le fait que déjà à la base, j'ai quand même toujours été attirée par les garçons, mais je sentais qu'il y avait un petit truc sous-jacent, un petit truc avec les femmes quand même. Déjà, si on me tape dans les stéréotypes, j'étais un garçon manqué. Et là où ça a vraiment commencé à mettre la pagaille dans ma tête, je pense que j'avais 12... 13 ans, quelque chose comme ça. Et je vois un reportage à la télé où en fait, ils parlent de l'homosexualité. Et dis-toi, ils disent que l'homosexualité était en fait, dès la naissance. Ce serait dû à une anomalie dans le ventre de la mère. À l'époque, ils disaient ça.

  • Speaker #0

    Je te cite le reportage.

  • Speaker #1

    Et donc, moi, je vois ça, je fais bon, d'accord. Et ils calent la fameuse phrase, c'est pour ça que parfois, les garçons manqués sont en réalité homosexuels. Et là, ça fait clic dans ma tête. Et je me dis, oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Tu vois ? Tout est en train de se mettre en place. Ça me fait une vraie panique. Et je me dis, attends, ça veut dire que... Et là, je pars dans un délire. Je me rassure. Mais non, tu as toujours voulu sortir avec des garçons, fan des Toby Free, des abdos, des obliques. Je m'accroche à des trucs comme ça. Et c'est vrai que je pense que c'est la société qui fait que tu mets des choses sous le tapis. Pour moi, c'était inenvisageable de me dire, peut-être que je suis aussi attirée par les femmes. Ne serait-ce que d'Irby. Pour moi, c'était déjà trop. Je m'imaginais déjà... La déception de mes parents, tu vois. Alors qu'ils n'ont jamais rien dit en faveur de l'homophobie. Ils ont toujours entendu me dire, du moment où vous êtes heureux, en bonne santé, nous on s'en fout. Vous aimez qui vous voulez. Donc tu vois, j'ai été éduquée dans ça. Mais quand même, j'ai toujours eu ce truc pendant très longtemps de dire, non, non, non, non, c'est pas possible. On ne pense pas à ça. On ne pense pas à ça. Donc ouais, tu as raison, je pense que tu es influencée quand même par la société, clairement.

  • Speaker #0

    Déjà à l'école, on est de la même génération. Moi je me souviens quand on était jeunes pas du tout de représentation. Dans l'école, personne n'assumait, enfin en tout cas moi dans mon école, personne n'assumait ouvertement son homosexualité. Et moi je me rappelle, il y avait un ami qui du coup à partir du lycée assumait son homosexualité, mais il était super victime de harcèlement, etc. Enfin c'était hyper dur, c'est pas ce que c'est aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Ah oui, et puis tu savais pas ce que c'était. Moi je sais que quand on en parlait avec mes parents, c'était un sujet que tu chuchotais, tu sais, c'était presque, ah il est homosexuel. Oh ! Voilà, et moi, à poser des questions, je me souviens, un jour, j'ai posé la question à ma mère, elle repassait. Et je disais, mais maman, comment ils font l'amour, du coup, les hommes ? Elle s'était retrouvée. Tu vois, c'était vraiment un sujet tabou. En tout cas, dans ma famille, ce n'était pas grave, mais c'était un sujet où tu baissais le son.

  • Speaker #0

    Tu avais l'impression, malgré le discours bienveillant, que ce qu'on attendait de toi, c'était que tu sois en couple avec un homme.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas qu'on attendait ça de moi, mais en tout cas, que ça aurait été grave. Si je l'avais été. Pour moi, ça a changé radicalement ma vie. Si j'étais gay, ça voulait dire que ma vie, elle était foutue. Et je le dis dans le spectacle, pendant quelques secondes, je me dis, mais en fait, tue-toi. Parce qu'en fait, ça sert à rien. Ça veut dire que tu ne seras pas maman, que tu ne vas pas te marier, ou alors que tu vas vivre caché. Tu vois, je me suis fait un scénario catastrophe. Ce n'était pas la même ouverture d'esprit à l'époque, en tout cas sur l'homosexualité. Donc moi, c'était inenvisageable d'ouvrir cette part de moi, en tout cas d'y avoir accès.

  • Speaker #0

    Et notamment sur la parentalité, par exemple. Quand on a vu le début des débats, les discours étaient effrayants.

  • Speaker #1

    T'es gay, t'as pas d'enfant. Inenvisageable.

  • Speaker #0

    Et quand tu rencontres ton ex-mari, c'était l'amour fou. Ah oui,

  • Speaker #1

    oui. Vraiment. Je l'ai aimé. On s'est rencontrés par le plus grand des hasards sur un site qui s'appelle tchatch.com. C'est l'ancêtre de Tinder. On est sur un vieil, vieil ancêtre. Et en fait, non, non, il m'a plu de suite. Moi, je suis toujours sortie avec des garçons. et Il n'y a eu aucun souci, je suis tombée folle amoureuse de lui, il me plaisait énormément. Mais très vite, au bout d'un an, je me suis rendue compte qu'il avait un sacré caractère et que ce n'était pas forcément toujours un gentil. Mais j'étais folle amoureuse et je disais souvent, c'est un connard, mais c'est mon connard à moi. Déjà, ce n'est pas bon quand tu pars sur ce... Mais après, qu'est-ce qu'on a rigolé, on a eu une énorme complicité, j'étais follement amoureuse de lui et pour moi, c'était vraiment... l'homme de ma vie. Mais, moi j'ai toujours des trucs sous mon tapis, mais j'ai conscience de ce qu'il y a sous mon tapis. Tu te dis, est-ce que ça va durer ? Est-ce que je vais être heureuse avec ce garçon ?

  • Speaker #0

    À cause de son côté justement connard et pas gentil, parce que ça se matérialisait comment ?

  • Speaker #1

    Il rabaissait, il me rabaissait énormément. Et en fait, moi j'attendais de... Je suis très naïve moi en amour, et pour moi en amour, tu portes l'autre. Enfin, t'es pas censée le porter en vrai. Tu l'aimes entièrement tel qu'il est, et moi il ne m'aimait pas entièrement tel que j'étais Moi je suis quelqu'un de très spontanée, gamine, et si j'ai envie de me jeter à l'eau toute habillée dans une piscine, je trouve ça très drôle. Mais ça m'est déjà arrivé de le faire, de ressortir de l'eau, lui il me regardait, c'était devant ses potes, il me dit tu me fais honte en fait. Je te parle d'un truc, on a 19 ans, c'est ridicule en fait, t'avais le recul. Et là où en fait, je pense que c'est ça qui a eu la bascule, c'est que Hélo, à ce moment-là, donc ma femme, c'était ma meilleure amie, et elle, pour le coup, elle kiffait tout ce que j'étais. Elle était très très fière que je sois infirmière, là où mon ex-mari disait oui bon elle est infirmière. Tu vois, en soirée quand on parlait de mes anecdotes croustillantes, lui il avait tendance à couper le sujet en disant oui bon allez c'est bon, encore des histoires.

  • Speaker #0

    Il voulait te façonner quoi.

  • Speaker #1

    Voilà. Je pense que je n'étais pas celle qu'il attendait. Et du coup il était sans arrêt dans un truc de vouloir me façonner comme lui il entendait, et ça marchait pas en fait. Et ça marchait pas. Et c'est pour ça que Hélo elle est arrivée à un moment où en fait elle m'a rendue vivante quoi.

  • Speaker #0

    Elle t'aimait tout entière quoi. Exactement.

  • Speaker #1

    Et là on parle que d'amitié. Elle m'aimait tout entière en amitié. Et ça m'a fait un bien fou. Et en fait, elle ce qui ne marchait pas dans son couple, ce qui ne marchait pas dans mon couple. Mais sans s'en rendre compte, on se l'est apporté mutuellement.

  • Speaker #0

    Et parce que c'est par ton biais qu'elle a rencontré son ex-mari aussi ?

  • Speaker #1

    Non, non, non. Elle était déjà... En fait à la base mon ex-mari était dans la même classe au lycée que Hélo. Et son chéri. Donc c'était vraiment trois potes. C'est moi qui suis venue me greffer.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui foutu la merde, finalement.

  • Speaker #0

    Vous avez sympathisé par ton ex-mari, en fait, avec ta femme.

  • Speaker #1

    Exactement. En fait, à la base, on se voyait de temps en temps comme ça. Et le hasard a fait qu'on est venus habiter à 500 mètres de chez eux. Et en fait, on est devenus les quatre meilleurs potos du monde, quoi. On se voyait tout le temps. C'était génial.

  • Speaker #0

    Et vous passiez du temps seules toutes les deux aussi ? Ou surtout à quatre ?

  • Speaker #1

    Beaucoup à quatre et beaucoup à deux. Parce que le jeudi, c'était son jour de repos. Et comme moi, j'étais infirmière, souvent, tu sais, tu as des jours de repos la semaine, infirmière. Et souvent, c'était notre jour en commun. Donc, nous, c'était la liberté parce qu'on était avec des garçons un peu trop à pas, qui contrôlaient. Il fallait demander pour sortir, tu vois, l'autorisation. On est sur un truc... Ah ouais ? Et en fait, le jeudi, c'était notre journée. On allait en ville. Pardon, moi, je suis toulousaine. Donc, sortir en ville, c'était extraordinaire.

  • Speaker #0

    T'inquiète pas, je suis aussi du sud.

  • Speaker #1

    On buvait deux mojitos, on était des rebelles. Et c'était notre journée. donc c'était vraiment cool On ne devait rien à personne et on était les plus heureuses du monde. Mais à la base, tu vois, c'est meilleur ami, meilleur ami, on se confie tout.

  • Speaker #0

    Vous vous ouvriez l'une à l'autre sur ce qui n'allait pas dans vos couples.

  • Speaker #1

    Moi, beaucoup. Hélo, elle est quand même beaucoup plus pudique. Et puis en comparaison, son couple allait bien. Ça n'a rien à voir avec moi, ce que j'avais. Mais c'est vrai qu'on s'apportait mutuellement cette liberté de penser, de pouvoir sortir. Nos ex, c'était un peu les vieux machos. Tu vois, il fallait... si eux ils sortaient pas il fallait pas qu'on sorte c'était l'exemple type du patriarcat ouais franchement là ils entendraient dire non c'est pas vrai si les gars vous étiez comme ça et c'est dommage mais même nous on aurait dû dire attendez c'est n'importe quoi on était jeunes on avait 20 ans tu sais pas poser tes limites correctement et puis c'est ta normalité j'étais bien avec lui mais au moment où tu veux sortir avec des copines et tu te rends compte que tu réfléchis à ce que tu vas dire pour argumenter sortir Merci. Là tu te rappelles en fait que t'as de nouveau 13 ans et que tu demandes à ton père d'aller au McDo au bout de la rue. C'est pas normal.

  • Speaker #0

    D'une part et puis aussi tu vois il y a une autrice qui s'appelle Chloé Thibault qui a écrit un livre qui s'appelle Désirer la violence. Et dedans en fait elle a fait une enquête sur les purs produits comme toi et moi tu vois qui sont nés dans les années 90 et qui ont appris en fait à romantiser la violence. Parce que si tu penses en fait au film qu'on regardait qui représentait un couple qui pour nous était un couple normal. en fait c'est un couple qui est hyper dysfonctionnel et hyper violent. On ne va même pas parler des Disney, tu vois. Dirty Dancing, tu vois, la relation, elle n'est pas du tout consentie.

  • Speaker #1

    Ah, oh là, tu vois, attends, tu vois, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Puis il y a plein de trucs de la pop culture comme ça, où en fait, nous, on se disait, ah mais en fait, l'amour, ça devait faire mal, pour être intense. En fait, on romantisait ça. Donc ce n'était pas ta faute si tu ne voyais pas que ce n'était pas sain, que ce n'était pas une relation saine.

  • Speaker #1

    Moi, je me rendais compte que ce n'était pas cool, puisque justement, moi, à l'inverse, pour moi, L'histoire d'amour, c'est vraiment les comédies romantiques américaines qu'on a vues. Moi, je pensais qu'un garçon, il courait sous la pluie, il traversait la ville tout entière pour te dire à l'aéroport qu'il t'aimait. Moi, je pensais que c'était ça. Donc, j'avais quand même un truc de me dire, attends, il ne fait pas ça, lui. C'est quoi cet arnaque ? Pourquoi quand on dispute, il me laisse pleurer dans un coin ? Pourquoi il ne vient pas me prendre dans ses bras avec un bouquet de fleurs ? C'est quoi cet arnaque ? Tu vois, moi, je m'attendais à ça.

  • Speaker #0

    OK, je vois.

  • Speaker #1

    Et je me rendais compte que ça, je ne l'avais pas. Mais après, peut-être que c'était moi qui me faisait...

  • Speaker #0

    C'était bien, du coup, si tu avais déjà les clés pour voir que c'était...

  • Speaker #1

    J'avais les clés, mais il y a toujours un petit delta entre ce que tu vois, ce que tu veux et ce que tu vas vraiment finir par faire. Il y a toujours un moment où il manque un petit peu de courage et on a tendance à se contenter de ce qu'on a en disant ça marche. Et je pense que j'étais dans ça.

  • Speaker #0

    Et donc, à quel moment tu te dis que vous allez vous marier ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis bien avec lui, je suis heureuse, je sens qu'il y a des dysfonctionnements, mais je pense que je suis un peu comme les couples qui finissent par faire un bébé alors que ça ne va pas bien dans le couple, en se disant ça va réparer. Et j'ai envie, comme j'ai l'impression qu'il ne me donne pas d'amour, qu'il ne me met pas sur un piédestal, et j'ai besoin de ça, parce que moi je suis dépendante affective et j'ai besoin qu'on me dise qu'on m'aime et qu'on me rassure, c'est débile mais je suis comme ça. Et lui il ne me le donnait pas, donc je me disais, s'il me demande en mariage, ça voudra dire que... Je suis importante pour lui. Je suis la bonne. Je suis la bonne. Et Hélo se marie avant moi, genre un an avant. Et il finit par faire sa demande en mariage. Et donc je suis très heureuse. Au moment où il met son genou au sol, moi j'ai les larmes aux yeux. Mais quand même, j'ai une voix dans ma tête qui me dit « chiette » . Parce que je ne suis pas sûre que je vais être heureuse avec ce garçon. Je connais sa part qui n'est pas gentille. Et je ne suis pas sûre.

  • Speaker #0

    Son côté sombre.

  • Speaker #1

    Voilà, son côté sombre. Ça fait un peu de son côté sombre. Mais je sais qu'en tout cas, cette partie-là, elle va un moment bugger avec moi. Je me dis inconsciemment, je pense qu'à 40 ans, je vais péter un plan et je vais me barrer. Ce n'est pas possible. Mais encore cette histoire de courage. Là, quand tu m'entends, tu dirais, t'es con ou quoi ? Pars, pars et puis c'est fini.

  • Speaker #0

    Je pense que si on entendait le passé de tout le monde, on aurait envie même de s'auto-dire, mais t'étais con ou quoi ? Oui, oui, voilà. Donc non.

  • Speaker #1

    Mais tu t'accroches à ça, il a enfin fait sa demande, je vais enfin... Ça y est, il m'aime, c'est bon, c'est bon. il est un petit peu con mais c'est bon il m'aime quand même ça va ça va

  • Speaker #0

    Ouais, je vois. Et le mariage d'Ello, ça te fait un truc ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je suis jalouse, clairement. Il y a plusieurs trucs dans ma tête. Je suis jalouse parce qu'elle se marie avant moi. Donc je m'accroche un peu à des trucs autres pour essayer de rester ancrée. Mais de l'autre côté, j'ai déjà conscience que les sentiments que j'ai pour elle sont vraiment très forts. Et peut-être même plus forts que l'amitié. J'en ai conscience. Mais je ne veux pas lui en parler parce que je ne veux pas que ça la fasse paniquer. que ça casse notre amitié aussi. Et je me dis, tu vois, voilà, il se marie, donc arrête tes délires, là, et puis allez, on repart sur des bonnes bases. Et en même temps, j'arrive à switcher en me disant je suis sa meilleure amie, je suis sa témoin, je suis fière d'elle, je suis contente qu'elle se marie, etc. Et c'est vrai que pendant le mariage, je lui lis un discours et a posteriori, les gens, je crois que c'est ma belle-mère qui m'a dit, c'est vrai que ce discours, il était très très beau pour un témoin. C'était vraiment très, c'était chargé en amour. Peut-être qu'entre les lignes, tu pouvais déjà percevoir l'admiration et l'affection que j'avais pour elle. Mais j'essayais de partir vraiment sur une bonne base en me disant, allez, allez marier. Moi, je vais suivre l'année prochaine.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant parce que, en plus, tu vois, l'image du témoin amoureux, c'est un truc. Il y a un film américain qui appelle le témoin amoureux. C'est vraiment un truc, vraiment une série Netflix.

  • Speaker #1

    Oui, si je ne dis pas de bêtises, même l'affiche, je crois que tu vois les mariés. Et t'as les mains derrière, tu sais, ils sont de dos et t'as les mains de témoins de la Marie qui se tiennent.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et donc, à quel moment tu te rends compte qu'en fait, c'est elle ?

  • Speaker #1

    Je pense que déjà, il faut quand même tout le temps de digestion. Je me rends compte que mes sentiments sont en train de s'amplifier. Et là où je me dis qu'il faut vraiment être honnête, c'est en voiture. Parce que moi, souvent, c'est en voiture. Tu mets la musique en fond, c'est cliché. Et c'est là où je suis seule dans ma voiture. Donc, je peux me permettre de penser et de parler à voix haute. J'ai trop peur de le marquer dans un journal parce que moi, j'ai toujours écrit mes pensées les plus intimes. et c'est là Je n'ai pas envie de les mettre sur le papier parce que je me dis, si tu les mets sur le papier déjà, elles vont exister. Et deuxièmement, c'est une preuve. Donc non. Et en fait, dans la voiture, je me parle et je me dis, mais Caro, sois réaliste. Tu t'endors, tu penses à elle. Tu te réveilles, tu penses à elle. Dès que je reçois un message d'elle, tu sais, j'ai le petit trilili dans le ventre, tu vois. Et en fait, tous les matins, elle m'écrit, elle me dit, bonne journée. Rien que ça, cette attention-là, tu vois. Et en fait, on est accro, quoi. Et je me dis, mais j'ai besoin d'elle. On fait une soirée. La porte elle se ferme, c'est vraiment jusqu'à la dernière centimètre où je vois son oeil, la porte fermée. J'ai envie d'être avec elle tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et là je me dis je crois que ça, ça s'appelle être amoureuse Caroline. Mais pareil encore au début je me dis mais non mais c'est parce que ça va pas avec ton mec. Donc tu sais là où t'es pas bien, tu retrouves du positif et du vivant dans autre chose. Je me trouve plein plein d'excuses. Les excuses c'est génial, c'est inépuisable. Tu peux en trouver plein plein plein dans ta vie. Mais arrive un moment où tu peux pas ignorer. Et je le dis en rigolant dans le spectacle, mais c'est vrai, je me dis tant qu'il n'y a pas l'attirance physique, ça va, tu parles. Un jour, elle me passe devant, elle monte dans les escaliers, je mate ses fesses et là je dis hop, c'est bon. Une fois que tu as l'attirance physique, c'est pas...

  • Speaker #0

    C'est fini.

  • Speaker #1

    C'est compliqué, là, tu ne peux plus trop nier les choses, c'est vraiment...

  • Speaker #0

    Tu coches toutes les cases, quoi.

  • Speaker #1

    Tu regardes ta meilleure pote dans les yeux et tu te dis quoi qu'il arrive, ne baisse pas les yeux sur ses seins. Non, mais tu vois, ça va trop loin, mais tu te dis, mais c'est pas normal. et puis au-delà de ça, c'est que... Tu l'admires, je la trouve vraiment belle, je te parle de la poitrine et des fesses, mais je pouvais aller jusqu'à bugger sur ses mains, ses avant-bras, elle a des avant-bras magnifiques, je ne vous dis même pas. Tu aimais tout chez elle. J'aimais tout chez elle. Et comment tu...

  • Speaker #0

    Sauf ses oreilles.

  • Speaker #1

    Ça je le dis uniquement pour l'embêter, parce qu'elle me dit, mais personne ne m'avait jamais dit que j'avais des grandes oreilles. Ben si, si.

  • Speaker #0

    Et donc au moment où tu acceptes cette information, comment tu gères la suite ?

  • Speaker #1

    Je pense que je suis partie vomir. Ah ouais ? Bah non, mais t'imagines.

  • Speaker #0

    Difficilement à vrai dire.

  • Speaker #1

    C'est pas bien parce que t'as personne à qui en parler, t'as honte, tu te dis bon si ça relève que du fantasme, je pourrais peut-être m'amuser comme ça pendant des années, puis dans ma tête, tu vois, un truc comme ça. Et en fait non, ça me bouffe, il y a un moment où ça bascule dans ma tête parce que dès que son chéri l'embrasse, moi, ça me... Tu vois, je... Ça devient compliqué et en même temps, je ne peux pas couper les points. J'aimerais, à un moment, j'y pense, mais je me dis que je ne peux pas parce que je vais lui faire du mal. Elle ne va pas comprendre pourquoi je... Et là où il y a la bascule, c'est que je me rends compte, je me dis, mais elle aussi, ce n'est pas possible. Je le vois dans son comportement avec moi. On en rigole maintenant, mais je dis, ton corps parlait à la place de toi. Elle voulait être contre moi. Alors qu'Élodie, elle n'est pas tactile pour un sou. On se faisait des câlins, des câlins en tout bien tout honneur. On voyait qu'on avait tout le temps d'être ensemble. Et elle me l'a dit plus tard, elle m'a dit « Oui, c'est vrai, t'as raison, j'avais besoin d'être contre toi, j'avais besoin d'être avec toi. » Tu sais, tu te fais des films à la fin, parce qu'elle te regarde, puis tu vois qu'elle te regarde la bouche un peu, puis elle change de... Tu fais « Elle m'a regardé la bouche. » Tu deviens tarée, en fait. Et jusqu'au moment où il y a une soirée qui part en steak. Les garçons sont dans la pièce avec nous. Elles détestent quand je raconte ça à Hélo, mais c'est vrai, il faut le raconter parce que ça a quand même été le tournant. eux ils jouent à la console tu vois et nous on est genre deux mètres plus loin on est sur le lit et ça commence un petit peu à se rapprocher, tu vois, et on a ça de s'embrasser, et au dernier moment, je panique et on s'embrasse pas. Je panique, alors que, bon, bref. Genre rêver, au moment où on le culmine, on aurait dit vraiment une comédie romantique. Non, tu sais quand le téléphone sonne, au moment où ils vont s'embrasser. Oh, relou ! Bon.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, tu te dis peut-être que c'est pas le bon moment.

  • Speaker #1

    Et puis je me dis ben non, non, qu'est-ce que tu fais ? Stop, maïdé, maïdé, quoi, tu vois. Les garçons, ils se retournent, ils rigolent, qu'est-ce que vous allez faire et en fait ça passe comme ça tu sais en mode bon soirée entre potes on est un peu désinhibé un peu alcoolisé voilà Sauf que ça verrouille le fait que je n'avais pas halluciné. Elle, elle panique complet. Et en fait, on finit par en parler et se dire, il y a un truc. Et de là, une fois que tu as avoué les choses, c'est compliqué de lutter.

  • Speaker #0

    Donc, votre histoire d'amour commence. Et vous l'annoncez ensuite à vos maris.

  • Speaker #1

    Ça dit comme ça, c'est très beau. Mais non, c'est pas... Mais non, mais non. Mais non, parce qu'on va lutter au début en disant, c'est mal, c'est pas bien, c'est pas bien. Mais en fait, quand on se retrouve toutes les deux, je ne sais pas comment t'expliquer, c'est plus fort que nous. Je le décris avec une chape de plomb, mais c'est ça. C'est viscéral, quoi. C'est comme s'il n'y avait plus de son dans la pièce. Tout s'arrête, tout est au ralenti Tu peux pas t'en empêcher, on a envie de s'aimer, on a envie de s'embrasser, on a envie de... Rien que de se frôler les doigts, c'est extraordinaire les sensations que ça te fait dans tout le corps. Moi j'ai jamais vécu ça, c'est... En comparaison, je sais pas si t'as lu ou vu les 50 nuances de Grey, tu sais quand ils sont dans l'ascenseur et qu'elle explique qu'il y a un truc électrique dans la pièce, ben c'est ça. Tu sais que tu fais de la merde, tu sais que t'es une mauvaise personne, mais ce truc-là te rend vivante comme t'as jamais été vivante de ta vie. C'est une excuse encore une fois de plus, tu peux aussi décider de dire je fais de la merde et tout arrêter. Mais, oh là là, je sais pas que vous dire, c'est mal mais c'est plus fort que nous. Et donc, non, on commence une relation extra-conjugale.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, on essaye de lutter, on essaye de se dire c'est pas bien, c'est pas bien, c'est pas bien. Moi, je sais déjà que je l'aime par-dessus tout et que je veux tout plaquer pour elle. Elle, elle est pas prête. Et ça se comprend, on est... Pour le coup, un an de mariage, moi six mois de mariage, on comprend que c'est compliqué. Et en fait, on s'est fait griller. J'ai mal caché une lettre d'amour qu'Elo m'avait écrite. Ils sont tombés dessus, ils ont demandé l'explication et puis on a été confrontés. Là, je me suis dit, c'est super, c'est la sortie de secours idéale pour partir. Sauf que Elo est repanique, elle dit non, c'est pas possible. Je te la fais accélérer, mais en gros, ils nous ont repris parce qu'on n'a pas trompé avec des garçons. Donc je pense que...

  • Speaker #0

    Oui, leur égo est bien.

  • Speaker #1

    Et puis en fait, ils nous ont regrié parce qu'ils ont vu que sur les portables, on s'écrivait, qu'on se rejoignait. Donc là, ils ont dit, maintenant, prenez une décision. Je suis partie la première et Lo m'a suivie une semaine plus tard.

  • Speaker #0

    Et donc là, la vraie aventure de la vie à deux qui commence.

  • Speaker #1

    J'adorais te dire que oui, mais toujours pas. Parce que moi, je rentre chez mes parents, donc je leur dis voilà. Je me fais un petit peu engueuler parce qu'ils ont payé une partie du mariage. Ça fait que six mois qu'ils ne comprennent pas. Ils pensaient que j'étais heureuse avec mon mec. Mais malgré tout, ils me suivent. Ils me disent, écoute, si t'es heureuse comme ça, je leur raconte l'envers du décor avec ce garçon qui n'était pas toujours gentil. Ils font, nous, on te suit. C'est comme ça. Et Lo, elle a beaucoup plus de mal parce qu'elle se heurte à une famille qui lui fait la gueule, clairement. Par homophobie ? Par soutien de leur gendre.

  • Speaker #0

    Des maris qui connaissent depuis des années. Exactement,

  • Speaker #1

    c'est comme leur fils. Et ma belle-mère, elle te le dira encore maintenant, Ça n'a jamais été un problème. d'homophobie. S'il y aurait été un autre mec, c'était pareil. C'est juste que sa mère s'attendait à ce qu'elle lui dise « Voilà, je suis mariée, je suis enceinte. » Sauf qu'elle est là, elle lui dit « Je suis mariée, je le quitte et je pars avec Haro. » Et en fait, il y a un bug dans le cerveau de ma belle-mère qui se dit « Je ne reconnais pas ma fille. » Hélo, qui est très attachée à la vie de sa famille, s'effondre parce qu'elle se dit « Je les ai déçues. Plus personne ne se parle à la maison. Le peu de choses qu'elle lui dit, sa mère, ce n'est pas gentil. Sa sœur, c'est pareil. » Tout le monde est assez dur avec elle. Elle souffre énormément. Et je pense qu'il y a un moment où elle se dit je pense que je vais quitter Caro et puis revenir dans mon petit moule pour qu'on m'aime de nouveau. Donc non, il y a eu un moment où le couple a failli se...

  • Speaker #0

    Se séparer.

  • Speaker #1

    Se séparer, ouais. Elle ne l'admet pas, moi je sais qu'aussi. Moi je sais qu'aussi. Ce n'aurait pas été moi, mais je pense qu'elle aurait fini par dire non, non, on revient.

  • Speaker #0

    C'est trop dur d'assumer ce regard.

  • Speaker #1

    Elle ne serait peut-être pas revenue avec son mec, mais en tout cas, elle aurait arrêté avec moi pour récupérer sa famille. et il se trouve que dans toute cette merde, mon père, malheureusement, a fait un infarctus. Il est décédé. Et ça a remis l'église au centre du village. Tac. Voilà. Elle a dit à sa mère, écoute, elle vient de perdre son père, donc je vais aller la voir. C'est terrible, mais c'est ce drame qui a fait que elle a dit, attends, je ne peux pas la lâcher maintenant, c'est hors de question. Et en fait, ça a fait comme un... Elle s'est dit, non, celle que j'aime, je vais arrêter mes conneries.

  • Speaker #0

    Et sa famille a fini par accepter.

  • Speaker #1

    J'espère, ça fait 10 ans maintenant. Ma belle-mère me prend dans ses bras, elle me dit qu'elle-même, je pense qu'on est bon. Et du coup, de là, après, ça s'est plus ou moins cicatrisé. On a habité ensemble et là, au fur et à mesure, ma belle-mère, elle a dit, bon, allez, je viens voir votre appart. Mais je pense que je leur en veux d'avoir été horrible avec elles, mais je peux aussi comprendre que tu as un moment de what the fuck. Ma fille n'a jamais été avec des femmes. Elle était heureuse avec ce garçon, ça faisait dix ans qu'ils étaient ensemble. Elles font une connerie, tu vois. C'est pas possible. Elles ont un délire, elles ont les fils qui se touchent, elles font la connerie de leur vie. Donc je peux comprendre le questionnement et la peur des parents.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que rompre le dialogue, c'est toujours... Même si c'est normal, je pense, de paniquer en tant que parent, parce qu'en plus on se dit « J'espère qu'elle ne va pas regretter de prendre une telle décision » ou quoi que ce soit. Mais je pense que rompre le dialogue, je pense que maintenant, en tant que maman, tu te dis... Il n'y a pas grand chose qui mérite de... Moi je ne peux pas.

  • Speaker #1

    Et je n'ai pas été élevée dans ça et c'est hors de question que... Un jour. Là je te dis ça avec beaucoup de prétention, je ne sais pas l'avenir. Mais en tout cas je ferai tout pour ne pas rompre le dialogue avec mes enfants. Il faudrait vraiment que la décision soit un truc...

  • Speaker #0

    Subie quoi, que ce soit ton enfant qui décide de...

  • Speaker #1

    Ouais tu vois, mais encore une fois, si au final... Enfin moi ma mère elle m'a toujours dit ça. Vous êtes en bonne santé ? Tu n'es pas dans un ravin avec ta voiture ? C'est bon là, rien que ça, t'es heureuse, c'est l'essentiel. Et donc c'est pour ça que je te dis que là, comme ça, moi je ne me vois pas rompre le dialogue avec mes filles. Mais depuis cette histoire, tu sais, je garde toujours en tête de me dire, parce que je pense que les gens ont la tendance à juger les comportements des autres, en vrai tant que les choses ne te sont pas arrivées, tu ne sais pas comment tu vas réagir. Donc là en l'état je te dis oui, mais en fait peut-être que je fais la grande maline et que je vais faire moi aussi de la merde. Donc on ne sait pas.

  • Speaker #0

    En tout cas, ce qu'on peut tous comprendre, c'est que ce soit une nouvelle qui, même si elle n'est absolument pas empreinte d'homophobie, parce que même si c'est comme tu disais avec un autre garçon, tu vois du jour au lendemain ta fille hyper heureuse, mariée, tu te dis que ce qu'elle va venir te dire comme tu dis, c'est « Eh, je suis enceinte ! » et en fait, non, pas du tout, je divorce et je me mets avec quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a ça et il y a le fait aussi que... Là, je parle à la place de ma belle-mère, c'est parce que c'est ce qu'elle m'a dit. Elle avait prévu une vie pour sa fille et qu'elle est sortie des rails, elle est sortie de ce chemin. et elle n'a pas compris pourquoi. En fait, elle lui a donné une direction, alors que tu n'as pas à donner une direction à tes enfants. Elle s'est dit, bon, mais moi, elle fera comme moi. Et elle fera comme sa sœur. Non, elle a fait un pas de côté. Ce n'est pas normal. Au point qu'elle se disait, ce n'est pas elle qui a décidé, c'est Caro qui la manipule. Elle n'avait même pas confiance en le choix de sa fille.

  • Speaker #0

    Mais parce qu'aussi, du coup, comme votre amour a été vécu caché pendant tout ce temps-là, je pense que la famille ne l'a pas vu venir. Oui, bien sûr. Quelque chose qui durait depuis très longtemps pour eux est apparu comme super soudain. Et d'ailleurs, il y a un autre virage aussi que tu as opéré puisque tu étais infirmière à l'époque.

  • Speaker #1

    Je fais n'importe quoi dans ma vie. J'ai un talent incroyable pour foutre le bordel dans ma vie.

  • Speaker #0

    Et à quel moment, du coup, tu te dis, est-ce que tu penses que c'est Hélo qui te donne des ailes ?

  • Speaker #1

    Franchement, je pense que oui. Donc, on est installés ensemble depuis un moment. Je pense qu'il y a déjà trois ans qu'on est ensemble. On n'a pas encore notre première fille. Et un matin, je me dis, mais ça me vient comme ça. Je me dis, tu vois, tout T'es infière ? Ah oui, c'est vrai. Mais finalement, ton rêve de gosse, d'être humoriste, tu l'as lâché, tu vois. Mais c'est fou parce que ça vient comme ça et je me dis, oui, bon, tu vois. Mais à aucun moment, je me dis, Hélo va aller à l'encontre de ça, tu vois. Là où dans mon ancienne relation, je pense que j'aurais été empêchée de faire quoi que ce soit. Et donc, en fait, je... Je sais pas, je vais au travail et quand je rentre, j'ai encore passé une journée très sympathique, et quand je rentre... Je pars la voix haute. Je suis dans mes toilettes et je pars la voix haute. Je fais comme si je faisais un sketch. Je me dis, c'est drôle ce que je dis. Et donc, je me filme. Et je mets ça sur YouTube à l'époque. En vrai, la première version de la vidéo, elle dure 11 minutes. C'est infâme pour une vidéo. Je l'envoie à Hello. Elle me dit, franchement, c'est pas mal, mais fais plus court. Je fais 8 minutes. Tout, tout, tout, c'est horrible. Et je le balance sur YouTube. mais comme ça tu vois et Lou elle me dit ouais c'est rigolo vas-y tu vois il n'y a même pas de sauf qu'elle fait le buzz Et de là, ça ouvre plein de portes. On me dit d'écrire un livre sur ma vie d'infirmière. OK. On me contacte en me disant, écris un spectacle et viens le jouer dans mon théâtre. Donc ça, c'était en banlieue parisienne à Tourigny-sur-Marne. Au début, je me dis, c'est une blague. J'ai fait du théâtre, OK, mais je n'ai jamais écrit de spectacle de ma vie. Si si je suis sérieuse viens fais le

  • Speaker #0

    Ok. Et voilà. Et en fait, ça commence comme ça. Génial. Au début, sans prétention, parce que tu te dis que c'est juste une vidéo comme ça, pour faire marrer les copains. Et puis après, une deuxième, une troisième, les médias s'en emparent. Et puis finalement, tu as une petite communauté. Et puis finalement, la première, c'est une salle de 40, c'est complet. Pour moi, c'est déjà énorme. Et puis tu fais une représentation, deux, cinq, ça marche. Et puis au fur et à mesure, je suis toujours infirmière à ce moment-là. Moi, je sais... Je ne connais rien du métier, donc j'appelle à droite, à gauche. Oui, bonjour, j'ai un spectacle sur les infirmières. Je ne sais même pas comment il faut faire. Et je dois peut-être jouer une fois tous les six mois. C'est ridicule, tu vois. Je pense que j'ai un mois de troubles digestifs avant la représentation tellement je suis dans le mal. Enfin, tu vois, je l'ai joué une fois devant 40 personnes. Je ne savais pas si c'était drôle. Je ne l'avais joué devant personne, moi, tu vois. Et puis après, je rencontre Clémence Chardon qui tient la comédie de Toulouse. Et qui me dit, oh, hé, t'as du potentiel, toi. Et voilà, en fait, on se lance. Elle devient ma manageuse. Et puis, au fur et à mesure, j'ai de plus en plus de spectacles. Je suis toujours infirmière. Et ma chef, ma cadre, elle est énorme. Elle arrive à caler mes jours de repos sur les spectacles. Mais bon, ma première fille vient de naître. Il y a eu un moment, je t'avoue que... Tu t'es dit, je ne vais pas y arriver, je suis sous l'eau. C'était sportif, quoi. Je m'occupais des patients. Dès que j'avais un moment où je me cachais dans le local poubelle et je répétais mon spectacle, Le téléphone sonnait, oui, oui, j'arrive. Les gens me disaient, mais t'es où Caro ? Non mais j'arrive. Je me cachais dans les chambres des patients, sans les patients à l'intérieur bien sûr, pour m'entraîner dans mes textes. Donc le deuxième virage vient au moment où tu te dis, bon ben là il y a autant de représentations que de boulots d'infirmière. Parce que je suis comme tout le monde, j'ai un crédit sur le dos, donc tu te dis, avant de te jeter, il faut que financièrement ça tienne. Et comme je touchais l'équivalent d'infirmière, j'ai dit bon ben vas-y, au pire t'as le diplôme, ils auront toujours besoin d'infirmière. Je ne pense pas qu'on dira un jour, non, ça va, on n'a pas assez d'infirmières. Merci. Voilà. Et deuxième virage, je me lance, je prends une dispo et je dis, allez, go, on y va.

  • Speaker #1

    Génial. Et là, ta femme est super soutenante.

  • Speaker #0

    Oui, elle a peur. Parce que, hélo, il faut savoir qu'elle a peur de tout. Elle a peur de tout. Moi, je suis l'enfant, le chien fou qui veut faire plein de choses. Et puis elle, c'est l'adulte du couple qui dit, bon, attends, on va faire par étapes. Tu te calmes. Et tu vois, je te l'ai dit, on a d'abord vérifié que ce que je touchais pendant les spectacles, pouvait couvrir nos besoins. Mais à aucun moment, elle m'a dit, tu fais de la merde, redeviens infirmière. Il n'y a que ce moment qui a été compliqué où la petite venait de naître et elle me disait, tu n'étais pas là. Parce que soit tu étais ennuyée, soit tu étais là, mais comme tu avais fait la nuit, tu dormais. Ou si tu étais réveillée, dans ta tête, tu avais le spectacle. Donc il y a eu un moment qui était hyper sportif.

  • Speaker #1

    Où elle s'est sentie un peu seule à boire, peut-être, pour le début de la maternité.

  • Speaker #0

    Et donc, je pense que le fait d'en avoir plus qu'un seul métier, déjà, on a fait... Quand je rentrais de tournée, j'étais vraiment là. Et je n'avais pas la fatigue accumulée des nuits.

  • Speaker #1

    Et j'imagine que toi, ça a pu prendre mieux ta place de mère.

  • Speaker #0

    Oui, oui, complètement. En fait, je changeais une couche. Oui, j'étais là. Mais je n'étais pas dans le moment, vraiment. Tu réfléchissais à autre chose. Et là, vraiment, j'ai commencé à pouvoir davantage profiter de ma fille et être vraiment là, plus ancrée, en tout cas.

  • Speaker #1

    Et donc pour en arriver à ton spectacle, je le trouve important ton spectacle parce que outre le fait que bien sûr c'est très drôle, notamment je pense, mais on laissera aux gens le loisir de découvrir le personnage de ton frère.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    C'est hyper drôle tu vois. D'ailleurs il se sent comment par rapport à cette représentation ?

  • Speaker #0

    Il est dégoûté. Mon frère, il a mal réagi quand il a appris que j'étais avec Elo. Pas au point de ne plus me parler et d'être méchant. Mais mon frère, c'est... le macho. Là, il dit, oh, c'est pas vrai. Mais il a un truc de base, tu vois. C'est l'homme, il est fort, il va chercher la viande et puis il protège la femme. Et la femme, elle reste à la maison. C'est un peu ce... Le mood. Exactement. Et donc moi, quand je lui dis que je pars avec une femme, la première chose qu'il me dit, c'est qu'est-ce que vont penser mes potes ? Tu vois, c'est pas... Je lui dis, mais j'étais malheureuse avec mon gars. Oui, bon, écoute, tu vois. Il m'a vraiment dit des trucs comme tu pouvais te forcer. Voilà. Et en fait, mon frère, il dit des aberrations. et après tu lui dis mais tu te rends compte que t'as dit ça ? et je lui dis mais quand je vais écrire le spectacle je vais te défoncer Jack quand même on y va pas fort si si je vais dire la vérité et quand il voulait lire le spectacle avant je dis non tu vas pas le lire je limite avec la main sur le pec mais c'est vrai il parle vraiment avec la main sur le pec et tout ce que je lui fais dire dans le spectacle il l'a vraiment dit et c'est des aberrations c'est des aberrations mais son rôle est hyper important parce qu'il vient d'étendre souvent les gars de la salle Merci. qui pensent la même chose. Et c'est honnête en fait. C'était important de le faire exister ce personnage parce que oui déjà, il a existé, qu'il a vraiment dit tout ça, que j'avais une petite vengeance personnelle à faire, et qu'il est un peu le porte-parole de toutes les questions naïves que tous les gens ont dû se poser. Donc en fait, ça détend les gens en se disant « Ah, il n'y a pas que moi qui ai pensé ça. » Et on en rigole tous ensemble. Surtout qu'à la fin, vu qu'on est dans Virage, il y a toujours une bascule de... Tu vois, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. Voilà. Mais c'est vrai que ce personnage, je lui ai dit de toute façon, soit ça passe, soit ça casse. Et à mon avis, tu peux être sûre que c'est le passage qui explose le plus. Alors lui, du coup, tu vois, grâce à moi, le spectacle fonctionne. Il a vraiment dit ça.

  • Speaker #1

    En même temps, ton histoire est tellement incroyable que s'il y a bien une histoire qu'il faut représenter sur scène, c'est cette histoire-là. On n'y croirait pas si on le présentait à une comédie américaine. On dirait, allez, c'est gros.

  • Speaker #0

    Avoue que ça peut terminer sur Netflix. D'ailleurs, si vous êtes intéressés, on peut créer un film, une mini-série.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Moi, tu vois, quand j'ai terminé le premier spectacle, j'aime les gens sur les infirmières. Et qu'on a commencé à me dire, tu penses à quoi pour le prochain ? Tu restes sur le thème infirmière ? Non, je pense qu'il faut qu'on raconte cette histoire. Parce que c'est...

  • Speaker #1

    Vraiment, c'est fou. On pourrait ne pas y croire.

  • Speaker #0

    C'est une série américaine. C'est vraiment un truc que tu pourrais retrouver sur Netflix. Moi, de toute façon, j'aime rire de tout. Et je voulais la raconter. Cette histoire, c'est un champ des possibles. C'est que tu as le côté qui est un peu drôle quand même de mettre un pagaille dans sa vie. On ne va pas se mentir. Et puis, il y a cette honnêteté de dire que parfois, tu vas dans la mauvaise direction. Tu sais que tu y vas. Mais c'est dur de faire Le virage. De remonter le...

  • Speaker #1

    En réalité, tu ne vas pas dans la mauvaise direction parce que c'est juste... Là, en l'occurrence, je pense que tu fais référence au fait que vous soyez passée par une phase de tromperie. Oui. Mais vous auriez pu, sans juger le fait que vous ne l'ayez pas fait, mais je veux dire, moi, je trouverais ça très triste de passer à côté du grand amour de ta vie. Donc, on peut imaginer que vous puissiez dire « Allez, on se sépare. » pour se mettre ensemble.

  • Speaker #0

    Je réadorerais avoir fait un truc propre comme ça.

  • Speaker #1

    On fait tous des erreurs dans la vie. En tout cas, l'erreur, c'est sûr, ce n'est pas d'avoir suivi votre cœur.

  • Speaker #0

    Non, c'est sûr. Je m'en défends beaucoup parce que sur les réseaux, parfois, je me fais un sanglier. C'est une mauvaise personne, elle a trompé. C'est vrai, vous avez raison. Il ne faut pas tromper. Mais encore une fois, tu ne sais pas comment tu vas gérer la situation au moment où elle te tombe dessus. Moi, j'ai toujours fait partie des personnes qui disaient « tromper, c'est mal » . Et c'est vrai, on a fait de la merde. clairement il n'y a pas de si j'avais pu le faire proprement en mode cordialement merci on s'arrête ici franchement j'aurais aimé avoir le courage de le faire mais en tout cas une chose était sûre c'est que je n'allais pas me forcer toute ma vie à être malheureuse alors qu'en fait mon coeur était ailleurs c'est beau et parfois il faut foutre la merde dans sa vie pour voilà je ressors toujours la même expression mais je l'adore c'est avant d'admirer la vue il faut se taper la rando J'ai l'impression que c'est un peu ça le sel de la vie, c'est que les plus belles réussites, les plus beaux moments que tu as, avant il faut galérer. Je ne pense pas que l'univers ne te donne pas les trucs cools comme ça. Et bon ben voilà, ça c'est notre galère et c'est pour ça qu'on était fiers de le raconter puisque dix ans plus tard, on est ensemble, on a deux filles, on est très heureuses. Et je peux dire à ma belle-mère,

  • Speaker #1

    tu vois ?

  • Speaker #0

    T'aurais pas dû ! Je lui dis parfois, tu vois ? Ouais t'es connerie ! Et vos filles, justement, est-ce que le spectacle, elles le voient ? Elles ont quel âge ? Elles ont 7 et 3 ans. Donc 3 ans, peut-être pas, mais 7, est-ce que... 7 ans, elle sait qu'on parle de... Que je parle de notre famille. Mais pour l'instant, tu vois, elle avait vu le premier, mais bon, tu parles, elle est restée 5 minutes dans les loges, je peux la faire, c'est relou. Et donc là, elles savent que je suis sur scène et que je fais des blagues, mais je ne suis pas encore sûre que la grande, elle ait bien conscientisé que c'était sur notre famille. Mais voilà, après, elle a conscience qu'il se passe quelque chose, puisque forcément, sur les réseaux sociaux, parfois, elle passe avec moi devant le portable, mais on fait toujours bien attention à dire, est-ce que tu en as envie ? Donc, on fait la différence. Parfois, on filme des séquences et c'est elle-même qui dit, ça, c'est pour nous, ce n'est pas pour les réseaux. Elle a déjà ce truc de se dire, on ne rentre pas au centre. Non, bien sûr, il y a des moments, ça nous appartient. Je ne pense pas. Tu sais quoi ? Je vais lui poser la question. Parce que je ne suis pas sûre qu'elle sache effectivement de ce dont je parle sur scène.

  • Speaker #1

    Et ça en fait partie du coup, toi, ce qui t'a motivée à montrer votre histoire d'amour et à montrer aussi votre famille, en fait, à tout simplement permettre qu'il y ait des représentations sur scène ?

  • Speaker #0

    Alors pareil, moi je suis toujours, je fais mon truc et après je réalise ce que ça peut apporter. Tu vois, quand j'étais infirmière et que je fais le spectacle J'aime les gens, moi à la base c'est pour raconter mon envers du décor et montrer aux moldus, donc les non-soignants, notre métier croustillant et tout ce que, et malgré la noirceur. toute la lumière qu'on a. Je dis des phrases maléfiques. Et donc, ce spectacle-là, moi, à la base, je le dis pour raconter mon histoire et puis pour dire qu'on n'a qu'une vie et que parfois, c'est compliqué, mais il faut foncer. Et en fait, une fois que tu balances ce spectacle, c'est les gens qui, à la fin du spectacle, viennent me voir et me disent « Mais en fait, ça fait un bien fou parce que moi, je suis amoureuse de ma meilleure amie. Je ne l'ai dit à personne. » Et en fait, je me rends compte que oui. C'est possible. T'as des histoires de vie où c'est parfois des couples de femmes bien plus âgées, donc à l'époque autant te dire que c'était encore plus compliqué, qui au bout de 30 ans de mariage ont quitté leur mari pour partir avec leur meilleur ami. Et en fait tu te rends compte que ça montre une visibilité. Ça montre une visibilité, c'est pas français. Ça offre une visibilité et ça montre aux gens que c'est possible. Mais pas que de partir avec une femme, d'être heureuse avec une femme. Ou d'être heureux tout court, de te dire tu peux changer de trajectoire sans parler d'amour, peu importe. Tu peux très bien te le dire pour ton métier. Tu es ingénieur et puis tu te dis non, moi je vais être agriculteur.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'il y a encore des gens qui réfléchissent comme tu réfléchissais à l'époque, à savoir qu'ils se disent si je suis mon cœur, je devrais renoncer à une partie de ce qui fait que je me visualise heureux, à savoir je n'aurai pas d'enfant, etc. Donc ça c'est hyper important je trouve. de montrer des modèles de parents dans un couple homosexuel. C'est super important.

  • Speaker #0

    Et il y a ça aussi, bien sûr. Et ce que j'aime bien, c'est qu'on me dit souvent, tu parles de ton histoire d'amour, donc tu parles d'homosexualité, d'homoparentalité, mais en même temps, ce n'est pas un sujet. C'est ma vie, en fait. C'est hyper important. Et en fait, ça normalise la chose. Et ça, je pense que ça fait aussi beaucoup de bien. Bon, après, je ne sais pas si j'ai des homophobes dans la salle, mais personne ne s'est encore levé, Donc peut-être qu'il y a des gens qui se retrouvent prisonniers. Oh non ! Et en fait, à la fin, ils disent « Bon, en fait, ils sont très sympas, ces gens-là » .

  • Speaker #1

    Ouais. Comme dans le spectacle qui date de Michel Larocque et Pierre-Alain Palmade, à l'époque où il dit à un moment « Mais venez voir les enfants, il y a des homos, vous n'en avez jamais vu » .

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Mais donc, je ne pense pas que... Non, non, non.

  • Speaker #0

    Mais tu sais que j'ai déjà reçu un message sur les réseaux sociaux de quelqu'un qui me disait « Moi, je ne suis pas homophobe, mais... » C'est quand ça commence comme ça. J'ai rien contre le fait que vous vous mariez, mais par contre, avoir des enfants, ça me gêne. Mais depuis que je vous suis sur les réseaux sociaux, j'ai changé d'avis. Vous êtes très belles. Tu vois, et ça, j'en ai gagné un.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est bien.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais. C'est hyper bien. Mais c'est cool. Ça montre aussi au reste de la population qui se pose peut-être des questions, en se disant, ah oui, en fait, ça va, elles sont relativement normales.

  • Speaker #1

    Oui, surtout qu'en vrai, pour les enfants, il n'y a vraiment aucun sujet. Et pour les enfants entre eux. C'est-à-dire qu'en fait, tu te rends compte que c'est beaucoup ce qu'on projette sur eux. Moi, je sais que ma fille, elle est copine avec une petite fille qui a deux papas. Tu vois, c'est pas du tout un sujet. Elle te demande.

  • Speaker #0

    Et puis,

  • Speaker #1

    quand tu réponds, une réponse toute simple. En fait, pour elle, c'est pas normal d'avoir un papa et une maman si toi, tu lui dis pas.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui. Nous, ça nous arrive beaucoup. Souvent, on arrive à l'école pour chercher les petites. T'as une copine qui arrive comme ça en courant, qui dit « C'est vrai qu'Erika a deux mamans ? » Parce qu'elle, elle y croit pas. c'est incroyable oui Ok, cool, et on part. Et souvent, je dis, tu as des questions ? Non, c'est bon. C'est tout. C'est trop bien. Ou alors, on me dit, elle a trop de la chance, elle a encore plus de câlins. Mais non, les enfants, en fait, on avait peur quand on l'a inscrite à l'école. On s'est dit, comment ça va se passer ? Et en fait, on n'a eu aucun problème. Vraiment, les gens font ok.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'était génial d'en apprendre plus sur ton histoire. et sur l'intention derrière ton spectacle. Encore une fois, je vous recommande d'aller le voir.

  • Speaker #0

    C'est très drôle.

  • Speaker #1

    C'est très drôle. Et puis, vous allez découvrir encore beaucoup de personnages que vous ignorez.

  • Speaker #0

    J'en mets plein la tête à Marielle, ma belle-mère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc, si vous avez envie de vous défouler sur votre propre belle-mère,

  • Speaker #0

    n'hésitez pas. Marielle, c'est pour toi.

  • Speaker #1

    Je te remercie et je te dis à bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt, merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

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