- Speaker #0
Bonjour,
- Speaker #1
vous écoutez le podcast de Virage. On vous donne des pistes pour aller de l'avant et ça se fait parfois à contre-courant. Si face à un problème, quel qu'il soit, vous vous êtes déjà dit j'ai tout essayé, rien ne va, je ne sais plus quoi faire alors vous êtes au bon endroit.
- Speaker #0
Je suis Marina Blanchard, psychologue, formatrice et fondatrice de Virage. Mon école s'inscrit dans la lignée de celle de Palo Alto, c'est-à-dire de la thérapie brève.
- Speaker #1
Et je suis Peggy Van Lierde, chef d'entreprise, journaliste et coach en développement personnel.
- Speaker #0
Ensemble, nous proposons des réflexions pour avancer autrement.
- Speaker #1
On retrouve Dorothée Costur pour ce nouvel épisode consacré à la médiation et au coaching. Bonjour Dorothée.
- Speaker #2
Bonjour Aurélie, bonjour Marina.
- Speaker #1
Alors on rappelle pour ceux qui éventuellement n'auraient pas eu l'occasion encore d'écouter l'épisode de la semaine passée et qui vont le faire après celui-ci.
- Speaker #0
Bien évidemment.
- Speaker #1
On rappelle Dorothée que tu es avocate, tu es médiatrice, tu as un cabinet à la HULP. à Bruxelles aussi, tu consultes et tu as rajouté une corde à ton arc plus récemment, qui est celle du coaching systémique. Et là, tu consultes dans le cabinet de virage à XL.
- Speaker #2
Oui, tout à fait.
- Speaker #1
Alors, on t'avait demandé la semaine passée si on pouvait faire une petite intrusion dans ton cabinet pour voir un petit peu comment ça se passe en fait, comment se passe une médiation, comment est-ce qu'on doit parfois naviguer entre la médiation et le coaching pour en fait aider. et répondre à la demande des personnes qui viennent te voir. Marina, tu avais des cas très concrets à exposer, je pense.
- Speaker #0
Moi, j'ai quelques questions qui me viennent de patients à moi. Mais si je vais en médiation, je vais me faire avoir parce que je sais que mon conjoint est beaucoup plus manipulateur et qu'il va réussir à tourner. D'abord, il va réussir à manipuler la médiatrice ou le médiateur, ça, j'ai déjà entendu aussi. Et il va réussir à l'avoir dans son camp. Et puis, moi, je vais tout. perdre ou j'ai rien à gagner, sans doute qu'il vaut mieux que j'aille au procès, des choses comme ça.
- Speaker #2
C'est clair que quand on va devant un médiateur, le médiateur, comme on l'a dit dans le premier épisode, il est neutre et impartial, donc il ne va pas prendre parti, même s'il est avocat, ce qui est mon cas, il ne peut pas non plus donner des conseils juridiques, il peut donner une information au niveau légal. Donc c'est important que les personnes effectivement qui se sentent en tout cas, qui craignent d'être face à quelqu'un qui soit plus fort, qui soit mieux informé, qui manipule, de se faire... lui-même accompagné, dans le cas de la médiation c'est tout à fait possible, par un avocat qui peut être présent ou qui peut voir entre les séances. Au-delà de ça, nous en tant que médiateur, on est aussi quand même garant du cadre, donc tout ne peut pas être dit. Il y a des choses effectivement pour lesquelles le médiateur va intervenir et puis il est aussi garant que l'accord qui sera signé par les parties et que les parties le signent en connaissance de cause. Moi je dis toujours, on peut renoncer à tout mais il faut savoir à quoi on renonce. Il faut que les dispositions légales soient quand même respectées. Et si le médiateur considère que l'accord n'est pas équilibré, il peut refuser de signer l'accord, qui donc du coup ne pourrait pas être homologué par un tribunal. Et alors en matière familiale, il faut savoir que l'accord doit respecter l'intérêt de l'enfant. Et en tant que médiateur, on est tenu aussi de pouvoir questionner la situation des enfants. Éventuellement, si le médiateur est formé, ce qui est mon cas, on peut recevoir les enfants pour également entendre un peu comment ils vivent la situation. Et si on estime que l'accord ne respecte pas, par exemple, l'intérêt des enfants, on peut aussi refuser de signer.
- Speaker #0
Vous pouvez vraiment refuser de signer un accord si une des personnes est lésée, par exemple, de manière trop importante. Je ne sais pas comment c'est, le trop.
- Speaker #2
Oui, c'est ça. Même si la personne dit si, si, moi je veux signer, ou qu'elle n'est pas en état, il n'y a personne qui peut aussi être dans cette situation où elle n'est tellement pas bien qu'elle pourrait signer n'importe quoi en se disant comme ça c'est fini. Mais non, évidemment. Voilà, en tant que médiateur, on doit être attentif à ça et inviter, et donc ça arrive régulièrement, inviter les personnes à se faire accompagner au niveau juridique, au niveau aussi par un coach, de pouvoir se faire accompagner pour surmonter cette épreuve, pour traverser le deuil. Et également sur le plan légal, pour qu'on puisse aussi leur dire, attention, s'il n'y a pas d'accord, voilà ce qu'un juge pourrait décider par rapport aux enfants, par rapport aux financiers. Donc c'est important de pouvoir, nous on peut en tant que médiateur informer mais pas conseiller, donc on doit aussi pouvoir renvoyer vers des professionnels pour qu'effectivement les gens soient protégés.
- Speaker #0
Il y a aussi le côté effectivement émotionnel, et ça je l'ai déjà entendu aussi, on a été voir un médiateur, ça c'est plus après, et en fait c'était froid, ça j'ai entendu avec les avocats aussi évidemment, bon souvent moi je réponds, ben oui ils sont pas vos psys, le psy ou le coach. va pouvoir vous rejoindre, etc., prendre le temps d'entendre vos émotions, de les y sortir. Ce n'est pas le rôle du médiateur ou de l'avocat, mais je ne sais pas ce que toi tu en penses.
- Speaker #2
Je crois que ça dépend un peu de la formation du médiateur ou de l'avocat. Je pense que si, les émotions ont leur place en médiation, clairement. Donc, passer à côté, ce serait passer à côté d'une bonne médiation. Donc, les émotions sont importantes. pouvoir sortir parce que c'est le lieu et le moment où on peut se dire les choses dans un cadre. On ne l'a pas dit, mais c'est vrai que c'est important, la médiation est confidentielle. Donc ça veut dire aussi que tout ce qui se discute en médiation est confidentiel. Donc c'est aussi le moment de pouvoir, entre guillemets, lâcher.
- Speaker #1
Alors qu'on ne peut pas le faire quand on est devant un juge ou qu'on est dans une cour. En fait, c'est ça aussi.
- Speaker #2
émotionnellement, si on déborde devant le tribunal, ça arrive, mais effectivement, le juge ne va pas prendre le temps d'entendre, en tout cas pas suffisamment le temps, comme on peut le faire en médiation. Puis les médiateurs, ils sont formés quand même à l'écoute, à la gestion des émotions, au règlement des conflits. Donc, ils ont tous des outils qu'ils peuvent mettre en place aussi pour accueillir ces émotions. Donc, clairement, elles ont leur place. Vraiment, maintenant... Elles ont leur place, mais effectivement, par rapport, et ça je le vois moi dans les accompagnements que j'ai, puisque j'accompagne des personnes qui vivent des séparations, mais donc de manière individuelle, tout le travail du deuil qui doit vraiment se faire en accompagnement individuel ne peut évidemment pas se faire par le médiateur. C'est ça. Et c'est vrai que ce qui arrive très souvent, c'est que les gens, quand ils se séparent... Et au niveau professionnel, c'est la même chose. Ils ne sont souvent pas dans la même temporalité. C'est-à-dire qu'il y en a un pour lequel c'est déjà très clair et qui a déjà son plan en vue. Et donc, qui a fait le deuil de la relation et qui donc est hyper concret en disant Voilà, c'est très simple, on va faire ça, ça, ça avec les enfants, on va faire ça, ça, ça avec la maison, etc. Alors qu'on a de l'autre côté une personne qui ne s'y attend éventuellement pas du tout ou qui n'a pas encore du tout imaginé cette situation et qui donc est en panique totale. Et on va faire donc un travail aussi en médiation de pouvoir mettre des mots sur ce qui se passe, mais c'est clair que l'accompagnement vraiment plus en profondeur pour aider à rejoindre, je veux dire monter dans le train, nécessite parfois d'être alors accompagné à l'extérieur par un coach ou par un avocat. Mais on travaille quand même ces choses-là en médiation.
- Speaker #0
Les émotions ont leur place, elles peuvent être exprimées, entendues, mais on ne peut pas travailler la problématique qui est à l'origine des émotions en médiation.
- Speaker #2
En tout cas, de manière individuelle, vraiment personnelle, pour aider la personne à la confiance, en prescrivant des tâches pour aider à affronter, par exemple, la peur du changement, les craintes, etc. Tout ça, on peut le faire, mais on ne le fera pas de manière aussi approfondie, parce que déjà, on le fait en séance, en plénière, même si on peut faire des caucus par moment, mais c'est important dans la confiance. En fait... la personne doit avoir confiance dans le médiateur. Et si le débat... Le focus, il faut peut-être que tu dis ce que tu veux. Le focus, c'est quand effectivement, on peut voir le médiateur, donc les parties peuvent voir le médiateur de manière individuelle. Dans ce cas-là, c'est confidentiel. Et le médiateur, pour respecter l'équilibre, alors voit chacune des parties, les parrains membres. Et alors, c'est confidentiel, sauf que la personne souhaite, est d'accord de pouvoir le dire en plénière. Mais la médiation fonctionne si toutes les parties ont confiance dans la neutralité du médiateur. Donc si une des parties a l'impression que le médiateur est plus proche d'une partie plutôt qu'une autre, il risque de ne plus avoir confiance, il n'a plus confiance, il risque à un moment donné de dire alors moi je n'ai pas signé parce qu'en fait cet accord n'est peut-être pas au format de mes intérêts logiques Et quand on est un peu obligé de faire une médiation,
- Speaker #0
donc si on ne veut pas la faire, de toute façon il suffit de saboter la première séance, si j'ai bien compris. Ce n'est pas que je veux donner ce conseil-là, mais je veux dire c'est un peu ce qui est... Mais c'est dommage parce que le coup de rire, il est quand même costaud.
- Speaker #2
Voilà. Moi, quand je suis désignée par le juge comme médiateur, je reçois d'abord les parties, ça c'est une de mes pratiques, séparément. Ce que je ne fais pas en médiation volontaire. Pourquoi ? Parce qu'effectivement, je ne veux pas qu'ils viennent en médiation parce que le juge leur a dit qu'ils devaient. Je pense que ça va fonctionner s'ils trouvent qu'ils adhèrent. S'ils adhèrent. Et qu'ils s'y retrouvent. Et c'est vrai que... C'est chouette comme pratique. Voilà, et clairement, à partir du moment où ils étaient entendus dans leur demande et qu'on a compris quelles étaient leurs craintes et qu'on ne peut y répondre, ou pas, mais au moins, ils ont compris la décision, eux, de se mettre autour de la table et de faire une médiation. Et dans ce cas-là, l'état d'esprit est complètement... C'est clair que si c'est le juge qui pousse et qui se dit Non, non, en fait, ça ne sert à rien, je n'y crois pas, je n'y crois pas ça ne va pas fonctionner.
- Speaker #0
Et pour réussir sa médiation, si par exemple, imaginons, moi j'ai vraiment envie que ça marche, je me dis Voilà, je vais faire une médiation, imaginons, avec mon mari dans le cadre d'une séparation, comment est-ce que je peux tout mettre, enfin j'ai envie de dire, sans tout lâcher à l'autre, mais faire en sorte quand même qu'on arrive à un accord alors que voilà l'autre. Est-ce qu'il y a une manière d'aborder ça pour donner le plus de chances possible, j'ai envie de dire, à la médiation de bien fonctionner ?
- Speaker #2
Moi je dirais, donc ça dépend comme tu disais, un peu de l'état d'esprit dans lequel on va, se faire accompagner si c'est nécessaire. et puis effectivement pouvoir entre les séances peut-être un peu mais donc dans dans la médiation il ya vraiment un processus donc le médiateur va quand même invité les parties à se préparer je pense que c'est c'est dire les choses expliquer comment on vit les choses et donc je pense aussi faire confiance dans le dans le processus et de pouvoir éventuellement dire à un moment donné, voilà, je suis inquiète par rapport à ce qui se passe, je n'ai pas confiance ou j'ai l'impression que je pourrais me faire avoir. Je pense qu'il faut dire en fait les choses pour justement permettre aux médiateurs, un, de savoir comment les personnes vivent les choses et pouvoir les faire accompagner pour justement ne pas rentrer dans quelque chose dans lequel en fait ils ne se sentent pas suffisamment. accompagnés et assistés pour arriver à un accord qu'en beaucourse, ils ne vont pas signer parce qu'en fait, ils ne savent pas qu'ils sont lésés. Oui,
- Speaker #0
c'est ça. Donc, c'est dans la confiance en fait. C'est vraiment, je l'entends plusieurs fois que tu dis, c'est vraiment faire confiance au médiateur, à toute sa pratique, à son engagement à la neutralité.
- Speaker #2
Ça,
- Speaker #0
je pense que c'est important vraiment de se dire, voilà, il est vraiment neutre et tout ça. Et puis, alors aussi, se faire assez confiance que pour... exprimer où on en est pour que le médiateur puisse en tenir compte justement et en faire quelque chose quoi.
- Speaker #2
Oui, et se faire accompagner. Alors évidemment, ça a toujours un coût, mais de toute façon, entre le coût d'une médiation, même si on se fait accompagner par moment, et le coût d'une procédure judiciaire, en général, le calcul est vite fait.
- Speaker #1
Et puis peut-être aussi une posture qui ne soit pas tout à fait fermée, parce que, voilà, je dirais à un moment donné, il faut quand même... Avoir cette ouverture pour pouvoir aboutir à quelque chose, même si ce n'est pas 100% de ce qu'on aurait aimé obtenir. À force de rester braqué, je pense que...
- Speaker #0
Oui, tu as raison. Donc c'est peut-être aussi aller en médiation en étant prêt ou en sachant qu'on va devoir lâcher des choses.
- Speaker #2
En tout cas, en étant ouvert à pouvoir entendre les propositions. Pas aller en se disant je veux obtenir ça absolument C'est vraiment de se dire bon, ben voilà ce que je... L'objectif que je fixe, l'idée, et ça la médiation va normalement le permettre, c'est de pouvoir dire, mais au fond, par rapport à sa demande, mais qu'est-ce qui est important pour la personne, c'est quoi ses besoins, et pour voir, ils vont ouvrir le champ du possible en fait. Donc être ouvert à d'autres possibilités. Et ça c'est évidemment important. Et que ça peut être des idées qui viennent de l'autre, mais aussi dans le cas de la co-construction, donc justement les options. En fait, il y a une idée, il va en amener une autre. Donc, on peut très bien au départ venir avec une idée, puis en fait, soi-même venir avec d'autres idées.
- Speaker #0
Et le médiateur, il donne des idées aussi ?
- Speaker #2
Alors, normalement, non. En tout cas, il n'est pas censé en donner.
- Speaker #0
Je me dis,
- Speaker #2
il a de l'expérience de ce type.
- Speaker #0
Je pense à la séparation de couple, parce que mes patients font plus ça que des procédures commerciales. Mais du coup, effectivement, il a l'expérience de bonnes solutions qui ont fonctionné avec d'autres personnes. Et il n'est pas censé en donner ?
- Speaker #2
Alors, pas donner des conseils. Maintenant, il peut donner des informations. Donc, dire, ben voilà, je ne sais pas moi, il y a différents types d'hébergement qui existent, ou de dire, ben tiens, voilà, la loi dit telle ou telle chose au niveau financier. Donc, de l'information. Mais des conseils par rapport à cette situation-là. Le médiateur est devenu par une déontologie qui ne lui permet pas.
- Speaker #1
Et donc, ça veut dire aussi que la posture du médiateur, pour terminer peut-être là-dessus, c'est... C'est finalement une posture d'écoute avant tout. J'imagine de libérer la parole de l'un et de l'autre, mais d'écouter, puisque tu n'es pas là pour conseiller ou pour orienter.
- Speaker #2
Voilà, d'écoute, oui, évidemment. Et puis quand même, il y a un processus. Donc la première phase, ça va être d'écouter et puis déterminer avec tout ce que les personnes amènent, quelles sont les questions à régler. Donc une fois, questions à régler pour pouvoir rédiger un accord. Une fois qu'on a défini les questions à régler, on parle de sujets, on va décliner quels sont les besoins de chacun. pour atteindre leurs objectifs, c'est quoi leurs besoins. On les note d'ailleurs souvent en tableau. Et puis, on va les faire réfléchir en fonction des sujets et de leurs besoins à des options, donc des solutions qui sont palliantes, puisqu'on est un peu comme un brainstorming. Et puis, une fois que tout est mis sur la table, après on va un petit peu faire le tri avec eux, objectiver les choses pour arriver à un accord. À voir ce qu'on met par écrit. Voilà, ce qu'on met par écrit. Donc, ce n'est pas qu'une posture des codis. Il y a vraiment un travail quand même. De médiateur. De médiateur. On se rend une patience. Voilà, qui est amené. Évidemment, c'est pour ça que tous les outils qu'on a vont nous aider, vont aider les personnes à processer. Les questions vont les amener à réfléchir à des solutions. à se questionner, à pouvoir se renseigner sur ce qui est important pour eux, au niveau légal, qu'est-ce qu'elles peuvent obtenir ou pas. Donc c'est ça aussi qui amène la construction de l'accord avec lequel, en tout cas, ils sauront vivre avec ce qu'il va faire, qu'ils vont signer. Ce ne sera peut-être pas ce qu'ils voulaient au départ, mais ça répond à suffisamment de besoins que pour... que ça soit signé.
- Speaker #0
Merci beaucoup. C'est super intéressant,
- Speaker #2
je trouve. Avec plaisir. Merci à vous. Merci,
- Speaker #1
Dorothée, d'avoir partagé et d'avoir fait un peu la lumière entre les différentes facettes de ton métier.
- Speaker #2
À très bientôt. À bientôt.
- Speaker #1
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