- Mirabelle
Une visite personnalisée, presque sur mesure, n'est-ce pas l'ultime expérience visiteur ? Les faire se sentir. comme attendu et leur réserver un accueil toujours plus proche de vous. Plus que des visiteurs, ils sont vos invités. C'est la démarche de plus en plus menée par les propriétaires et gestionnaires de sites patrimoniaux. Faire perdurer ces sites majestueux en révélant leurs secrets. Histoires de famille, passions, ancêtres, coulisses de rénovations et anecdotes font désormais partie des éléments expérientiels de nombreux lieux qui regorgent de vestiges historiques tels que les châteaux, grottes et forteresses.
- Pauline
Pour approfondir ce sujet, nous avons demandé à Gilles Colinet et Simon Jousset, respectivement propriétaires et bras droits de la forteresse de Berrye, de nous partager leur vision d'une expérience personnalisée. Mais jusqu'où tous deux vont-ils pour recevoir plutôt qu'accueillir ? Et comment tentent-ils de redonner vie à ce site historique et viticole, avec l'ambition assumée de faire de ce lieu perdu du sommet noir un domaine de renom du Val-de-Noir ? Bonjour Gilles, bonjour Simon,
- Simon
bonjour. Bonjour, bonjour Pauline et Mirabelle, et merci de nous recevoir.
- Mirabelle
Eh bien, bienvenue sur le podcast Visiteurs 360, les coulisses de l'émotion. Nous sommes ravies de vous recevoir pour cet épisode. Et alors, avant de répondre à toutes ces questions, on aimerait faire appel à vos souvenirs en tant que visiteurs et que vous nous partagiez, tous les deux respectivement, le souvenir d'un lieu visité pour lequel vous avez ressenti une émotion forte. Je ne sais pas qui veut commencer.
- Gilles
Je commence alors, si vous voulez. Écoutez, il y a de très nombreux sites. qui ont qui pour lequel j'ai des souvenirs assez assez ému assez fort c'est je sais pas il y en a enfin les des sites très connus la sainte chapelle le le mont saint michel les grands sites d'andalousie la lambrale jardin du général effet c'est difficile de dire pourquoi la plaine du million de pagodes à pagan en birmanie que sais-je souvent des lieux avec une grande spiritualité ou bien des jardins assez exceptionnel Et effectivement, toujours plus intéressant quand on les visite, non pas en meute, mais en solo ou dans des conditions un peu particulières.
- Simon
Moi, tout comme Gilles, c'est vrai que les lieux avec une grande spiritualité m'ont toujours marqué, mais j'en ai un particulièrement, justement, Gilles parlait un peu de l'Ordalousie avec la Lambra, moi c'est plus la Mezquita de Cordoba, donc la mosquée cathédrale de Cordoue. En fait, déjà le lieu est évidemment exceptionnel, c'est un mélange d'influences islamiques et catholiques. Mais j'ai eu l'occasion de la visiter de nuit. Ils organisent des visites en soirée et une fois la nuit tombée, on découvre la Mezquita et il y a tout un jeu d'illumination. C'est assez exceptionnel et puis justement, je n'apprécie pas trop en général les visites groupées. Mais là, pour le coup, ils ont réussi à donner un côté intimiste dans un lieu qui est extrêmement touristique à visiter. Et je trouvais ça assez impressionnant. On ressentait beaucoup plus, justement, cette charge spirituelle, émotionnelle.
- Pauline
Du fait du petit groupe et du fait que ce soit de nuit ?
- Simon
Oui, je trouvais que c'était... On se sentait quand même privilégiés. Mais ils faisaient en sorte que, justement, on ait cette vision de... de cette mosquée cathédrale de nuit, et on découvrait partie après partie. Donc, on avait vraiment l'impression qu'on prenait une porte dérobée. Et la visite guidée, pour le coup, était super intéressante.
- Pauline
Ce qui est intéressant aussi, c'est que tous deux, vous avez mentionné des sites plutôt patrimoniaux, des sites historiques, on va dire. Donc, c'est bien. On va rester dans cet esprit-là, dans cette interview, et en parlant de la forteresse de Berrye. Mais avant tout... on aimerait aborder aussi votre parcours. C'est ce qu'on aime bien aussi raconter dans ce podcast. Alors, à vous deux, vous êtes à la fois vigneron, hôte, compteur, commercial, chef d'entreprise, pro de marketing aussi, et entrepreneur. Alors, on aimerait bien en apprendre quelques mots sur vos parcours respectifs, et puis comment vous êtes arrivé à la forteresse de Berrye.
- Gilles
Écoutez, en ce qui me concerne, moi, j'ai... À un certain âge, j'ai 65 ans, donc une vie assez longue derrière moi, avec pas mal d'éléments. Je suis à la base ingénieur agronome, je suis originaire de Bretagne, et j'ai un parcours à la fois en tant que salarié très varié dans différentes sociétés financières ou commerciales, donc des choses très variées. souvent très proche quand même du monde de l'agro et de l'agroalimentaire. Et puis, toute la deuxième partie de ma vie, j'étais chef d'entreprise, j'ai repris des sociétés de pépinière, j'ai créé un laboratoire in vitro, et toutes ces entreprises, je les ai revendues il n'y a pas très longtemps. J'avais à cœur de reprendre un domaine viticole, si possible avec quelques vieilles pierres. Tout cela pour pouvoir, je dirais, ne pas trop m'ennuyer lors de ma retraite. Et c'est ainsi que je suis tombé un petit peu amoureux de la forteresse de Berry et des vins qui s'y faisaient. Voilà, en quelques mots, cette reprise a eu lieu toute fin 2019, à laquelle, bien sûr, j'associe entièrement et complètement mon épouse, qui joue un rôle essentiel.
- Pauline
Sandra, vous pouvez venir. J'ai eu l'occasion qui a fait le lien entre toi, Gilles, et toi, Simon, et Ligne de Myre pour organiser ce podcast. Donc, effectivement, sans Sandra, nous ne serions pas là à discuter de la forteresse de Berry et encore plus à permettre à la forteresse de Berry de recevoir des visiteurs et puis de faire valoir aussi ce domaine viticole. En tout cas, question, est-ce que le pari est réussi quant à la... Quand tu as ton souhait de faire en sorte que ta retraite soit vivante et vibrante et de ne pas t'ennuyer ?
- Gilles
Oui, alors peut-être même un peu trop, parce que je me demande si je ne travaille pas plus que quand j'étais chef d'entreprise. Bon, donc on va essayer de trouver un juste milieu quand même, parce que ça commence à... Et heureusement que Simon est là pour m'aider et me décharger aussi mentalement et moralement. Mais oui, c'est assez énorme le travail qu'on a à faire sur tous les fronts.
- Pauline
Oui, j'imagine. Et toi Simon, d'où viens-tu et comment es-tu arrivé à la Forteresse de Berrye ?
- Simon
Je ne suis pas au même stade de ma carrière que Gilles, j'ai 31 ans, mais j'ai un parcours un peu atypique, qui ne me prédisposait pas forcément au patrimoine et au vin. J'ai une formation commerciale de base et puis après, je me suis perdu pendant quelques temps. Donc vraiment dans divers milieux, mais un peu en quête de sens perso et pro, j'ai fini par me réorienter, j'ai fait une reprise d'études dans le milieu du vin, et pas forcément tant par appétence à la base pour le liquide, le breuvage, mais plus pour le côté patrimonial. Donc justement, j'espérais pouvoir potentiellement travailler dans des châteaux ou des lieux avec une atmosphère comme celle-ci. et finalement je suis tombé complètement amoureux aussi du milieu vitipol et puis j'ai eu la chance de faire mon alternance quand j'ai réalisé cette licence à l'ESA d'Angers donc marketing des vins de terroir avec Gilles au tout début du projet donc en fait il commençait juste vraiment à mettre en place la production et la commercialisation des vins et puis moi je suis arrivé dans ce cadre là pour l'aider dans cette mission donc fin 2021 Et puis, j'ai fini ma licence. Et depuis ce jour-là, on ne s'est jamais vraiment relâchés. Donc, je suis vraiment partie prenante dans le projet.
- Mirabelle
Une belle rencontre.
- Simon
Une belle rencontre, oui, c'est ça.
- Mirabelle
Gilles, comment vous avez découvert, au final, la forteresse de Berry ? Et qu'est-ce qui vous a plu dans cette forteresse ?
- Gilles
Mais en fait, dans le projet que j'avais, de reprendre un domaine viticole, et puis donc une propriété avec des pierres...
- Mirabelle
À la base, Gilles cherchait un domaine viticole avec un peu de caractère, un lieu qui raconte quelque chose. Et puis un jour, il tombe sur une photo dans un magazine, la majestueuse Ola, cette grande salle de réception médiévale de la forteresse de Berry. L'image lui reste en tête, jusqu'à ce qu'un an plus tard, il retombe sur le lieu par hasard. Il appelle, il visite, et c'est le coup de cœur. Sauf qu'entre temps... Un acheteur anglais semble déjà sur le coup. Mais rien ne se fait. Les mois passent, Gilles rappelle, attend, insiste. Et au bout de neuf mois, on lui dit que la vente est tombée à l'eau. Et c'est là qu'il se dit que ce lieu, en fait, il était fait pour lui.
- Gilles
Et tout le monde me disait, c'est un peu idiot, mais c'est pour toi, ce lieu t'est destiné. Je dis mais bon, peut-être finalement, peut-être que oui.
- Mirabelle
Qu'est-ce que vous avez plu dans la forteresse ? Qu'est-ce qui fait sa spécificité ?
- Gilles
Alors, la spécificité de cette forteresse, déjà c'est une forteresse qui est essentiellement médiévale, avec une partie 19e, parce qu'il y a eu quelques campagnes de restauration à la fin du 19e siècle, menées par le propriétaire de l'époque qui était l'évêque de Moulins, Monseigneur de Dreubrézé. Mais c'est surtout, donc c'est essentiellement... médiéval, ce qui est assez rare dans le Val-de-Loire, en fait, où tout est plutôt d'époque Renaissance, bien sûr, avec tous ces monuments, ces châteaux magnifiques, voire plus tardifs. Donc ça, ça lui conférait vraiment une certaine austérité, mais en même temps un côté très délicat dans la cour haute, la vieille chapelle, etc. Donc c'est à la fois très ancien, austère, et en même temps avec beaucoup de délicatesse et de spiritualité. Voilà, je ne sais pas vous dire exactement pourquoi. Et puis, tout ce monde souterrain aussi, avec tout un village troglodyte. Ça faisait de ces lieux quelque chose d'assez unique. Un peu comme une belle endormie que plus personne ne connaissait, qu'il fallait restaurer et remettre en lumière.
- Mirabelle
Merci pour ce partage. Et puis, du coup, là, je voudrais parler de la forteresse de Paris, mais surtout sur l'aspect accueil des visiteurs. Parce que vous n'avez qu'à... Parlez du côté vieille pierre, viticole, mais vous proposez aussi plein d'activités différentes pour vos visiteurs, pour justement proposer à votre public différentes expériences. Donc toujours autour du vin, du patrimoine, mais aussi vous proposez de l'hébergement, des mariages, des concerts. Et toute cette offre, en fait, ça ne vous empêche pas pour autant d'aborder chaque expérience, chaque visite avec singularité. Si on revient justement sur l'expérience visiteur et l'accueil des visiteurs, qu'est-ce que cela signifie en fait pour vous ? de recevoir et pas simplement justement de faire visiter le lieu. Concrètement, qu'est-ce que ça change dans votre approche de l'accueil des visiteurs ?
- Simon
Je trouve que nous, déjà, on essaie d'apporter vraiment un ton différent, presque un peu informel, plus personnel, plus familier. Là, je vais parler plutôt des visites pour que ce soit un peu plus concret, mais en fait, on est... plusieurs à pouvoir faire les visites, que ce soit Gilles, Sandra, même Juliette, notre alternante en master tourisme et histoire, ou moi-même. On va vraiment adapter notre visite aussi, selon nous, nos compétences, nos connaissances, et puis surtout on va vraiment avoir cette idée de mettre en confiance les visiteurs et tout de suite de lier un lien de confiance et que vraiment on sorte un petit peu des visites guidées standardisées qu'on peut trouver dans la majorité des sites historiques. Donc nous vraiment, c'est ça notre objectif. En tout cas, moi je sais que j'expérimente comme ça, c'est que j'essaye que ça devienne plus une interaction, vraiment presque une discussion en fait, plutôt qu'une visite guidée avec une trame très rigide. On a plus ou moins, je trouve, cette démarche dans tous les aspects, même que ce soit au niveau du vin, de la dégustation. dans notre approche aussi de gérer l'événementiel ici, les mariages. On va vraiment voir ce côté où on essaye de créer quelque chose de supplémentaire et surtout de vraiment créer quelque chose de très personnel.
- Mirabelle
Oui, mais d'ailleurs, ça se ressent. Je regardais un peu les Google Reviews sur la forteresse de Berry. Dans la très grande majorité, les gens mentionnent la personne qui leur a fait visiter. Donc, il y a vraiment ce lien qui est créé entre vous et... et les visiteurs à chaque fois, la personne est vraiment citée, que ce soit Gilles, Simon, Juliette. Effectivement, je l'ai vu plusieurs fois, Juliette. Donc c'est vrai que c'est intéressant. Vous arrivez vraiment à créer cette interaction dont tu parles, Simon ?
- Simon
C'est vraiment l'objectif. Après, c'est vrai que la fréquentation du site et pour l'instant notre contexte aussi facilite vraiment cette approche. Après, il faudra voir aussi à terme, si on commence à gagner un petit peu en notoriété, est-ce qu'on veut la garder ? Mais dans la tête de tout le monde, oui. Mais c'est vrai qu'on a souvent des visites où on va avoir des couples ou des petits groupes. Et c'est vrai que tout de suite, déjà, ça facilite vraiment ce contact qu'on essaie de mettre en place.
- Gilles
Oui, alors on voit également que les gens s'intéressent aussi à notre aventure, si vous voulez. Donc, ils nous posent beaucoup de questions sur la restauration, sur pourquoi on s'est lancé là-dedans. ils sont d'ailleurs souvent enfin ce qui parce qu'on leur parle beaucoup évidemment du processus, de tout le parcours de restauration et du projet. Et alors souvent la... La réflexion principale qu'ils ont et qui finit par être décourageante d'ailleurs, c'est de dire « Oh là là, qu'est-ce que vous êtes courageux de vous lancer là-dedans en vie ! » Non, non, il ne faut pas. Ça reste assez normal quand même. Mais en tout cas, c'est vrai qu'aujourd'hui les choses ne sont pas standardisées. Alors on a des gens qui réservent, bien sûr, surtout les groupes, etc. On est obligés. Mais quelque part, ils nous interrompent, sans que ce soit du tout négatif, dans nos activités quotidiennes. Ils nous surprennent en train de... de repeindre un truc, d'aller travailler dans les vignes. Donc en fait, ils rentrent au milieu un peu de notre activité, de notre vie quotidienne. Je me rappelle par exemple aussi d'un cas où on était en train de déjeuner tranquillement avec Sandra, en haut là, sur notre galerie, et puis on voit des gens qui rentrent dans la cour haute, et ils disent « on voudrait visiter » , alors on leur demande la permission de finir notre repas. Il ne faut pas que ce soit toujours comme ça, parce que bien entendu, à un moment donné, ça devient difficilement gérable. Mais je pense qu'ils sont assez surpris de rentrer chez nous et qu'on les accueille un peu comme si c'était des visiteurs de passage.
- Mirabelle
Ils entrent dans un lieu de vie, ce n'est pas juste un lieu de vie.
- Gilles
Oui, oui, tout à fait. De toute façon, un lieu comme ça, l'objectif, c'est qu'ils vivent ou plutôt qu'ils revivent, parce qu'on peut imaginer que dans le passé... Il y avait beaucoup d'habitants, il y avait les seigneurs, il y avait les gens qui travaillaient, il y avait les militaires, il y avait les agriculteurs. Donc il fallait imaginer une vie trépidante dans ces lieux-là, avec notamment dans les troglodytes des tas de gens qui vivaient, qui faisaient le vin. Donc l'idée de faire, évidemment modestement, mais renaître un tout petit peu ça, c'est assez gratifiant.
- Pauline
En fait, effectivement, ça fait écho. Tu sais, quand on a préparé l'interview, quand on s'est rencontrés la première fois, tu disais que vous n'étiez pas une usine à visite et que vous avez gardé cet esprit de petit groupe d'invités pour parler de vos visiteurs, d'invités qui aiment le vin, le patrimoine et que vous souhaitiez les inviter chez vous. Oui. Voilà. parce que c'est là où vous vivez une certaine partie de l'année. Et du coup, ça a la personnalisation de l'expérience. Et moi, je voudrais reparler aussi d'un premier épisode qu'on a fait avec Charlotte Elie de La Maison Gainsbourg qui nous expliquait aussi faire écho aussi à finalement un site muséal ou patrimonial ou autre type de site qui accueille des visiteurs où on peut aussi instaurer cette notion d'invité parce qu'elle nous expliquait qu'elle, dans tout le parcours... parcours qu'elle organisait à la Maison Gainsbourg, elle avait un principe fondamental et il fait vraiment écho à ce que tu viens de dire, qui est de recevoir comme si elle les recevait chez elle à dîner un soir, et de leur faire sentir qu'ils ne sont pas tombés. Et je trouve cela assez fort comme approche, parce que ça se ressent clairement lorsqu'on visite des lieux qui ont cette même Ausha. Et bon, effectivement, c'est aussi le sujet de ce podcast-là, mais... Je voudrais savoir, vous avez choisi de proposer des visites qui sont très incarnées. On le disait dans les Google Reviews, on mentionne vos noms. Donc voilà, vous incarnez la forteresse de Berry et tout son univers. Comment vous adaptez le discours ou le parcours selon les profils ? Puisque vous disiez que vous aviez des tout-venants, des invités qui arrivent un petit peu sans prévenir et qui aimeraient visiter. Quelles sont les attentions, même discrètes, que vous pouvez avoir qui marquent la différence pour vos invités ? pour qu'ils se sentent invités et non pas seulement visiteurs.
- Gilles
L'une des façons de faire déjà, c'est de s'intéresser aux gens. C'est-à-dire, on peut le faire quand ils ne sont pas trop nombreux. C'est qu'on essaie de savoir qui ils sont, d'où ils viennent, comment ils nous ont connus. Donc ça entame un dialogue. Et du coup, on se trouve toujours des points communs, des choses dont on peut parler. Ce n'est pas une répétition. d'une visite standardisée. Alors, on n'est pas du tout dans le fast-food du patrimoine, ça c'est sûr. Et le fait qu'on ne fait pas de visite libre, parce qu'on n'a pas pour l'instant la possibilité de le faire aussi, ça renforce cet élément. Par contre, on fait assez souvent des déjeuners avec des planches, des planches repas, des choses comme ça. Et là, on a eu des groupes espagnols, beaucoup de Hollandais aussi, qui viennent à 10-12. Et je pense qu'ils ont vraiment l'impression un peu d'être à la maison. On fait ses planches repas dans les anciennes cuisines, les grandes salles de dégustation. Ça donne vraiment l'impression que ce sont des gens, des amis qu'on invite. Alors, ce n'est pas tout à fait la même chose, mais ça s'en rapproche.
- Mirabelle
Et est-ce que certains des visiteurs viennent avec des demandes ou des attentes particulières quand ils viennent visiter la forteresse ?
- Simon
C'est souvent... Oui, je ne vais pas me répondre. c'est souvent Soit le côté patrimonial, soit le côté viticole. Mais il y a une telle synergie entre les deux, et ils le ressentent tellement lors de la visite, qu'en général, l'un ne va pas sans l'autre. C'est très rare qu'on fasse juste visiter et pas déguster. Ou c'est très rare qu'on fasse juste déguster et pas visiter. Donc on a vraiment ces deux aspects qui sont en synergie. Et puis de toute façon, la personnalisation des visites, elle est finalement assez naturelle, je pense, parce que de toute façon, il y a ce côté intimiste. dont on a pu parler juste avant. Et ce côté très unique, parce que que ce soit J, Sandra, Juliette ou moi-même, on voit de toute façon s'intéresser aux gens, mais ça ne va pas être forcément de la même façon. Donc, il y a vraiment cet aspect du côté évolutif aussi du projet de rénovation qui fait que les gens peuvent visiter chaque année presque. Ce ne sera pas du tout la même visite. Et ça, je trouve que c'est un... C'est un vrai argument qu'on essaie de mettre en avant. C'est que vous pouvez venir à n'importe quel moment, on sera toujours très heureux de vous recevoir et les visites peuvent être vraiment différentes selon les profils, selon ce que vous souhaitez et selon aussi le guide. 6h360.
- Mirabelle
Les coulisses de l'émotion. Les gens peuvent venir sans réserver pour venir visiter le lieu ?
- Gilles
Non, il faut quand même mieux parce que souvent ils peuvent tomber, on n'est pas là. Ça peut arriver, mais bon, il faut quand même qu'on l'organise un petit peu. Donc il vaut mieux réserver, téléphoner quelques jours avant. Bon, ça peut être le matin en pleine saison, mais c'est quand même mieux parce qu'on s'organise et qu'il n'y a pas trop de monde au même moment, par exemple. Donc on préfère qu'il y ait quand même une réservation. C'est souvent le cas. On a des profils très différents. On a des clubs de nos logis. On a des gens qui viennent découvrir la gastronomie en France. On a des... C'est vraiment très divers. On a aussi, par exemple, eu des enterrements de vie de garçons, donc effectivement, tout de suite, ou de vie de jeune fille, d'ailleurs. Donc, on fait tout de suite. Ce n'est pas du tout la même façon de faire, quoi. On leur fait découvrir des lieux un peu différents. On les amène vraiment dans les fins fonds des grottes. Enfin, vous voyez, oui, il y a des choses un peu différentes selon le type de visiteurs que nous avons.
- Mirabelle
Et vous faites du sur-mesure.
- Gilles
Comme ça, mais à l'inspiration, si vous voulez, vraiment à l'inspiration.
- Mirabelle
Enfin, du sur mesure, mais c'est vraiment sur le moment, en fonction des invités qui sont là. Donc, c'est vraiment une expérience qui est très humaine avec une grande interaction. On se demandait, du coup, dans le lieu, la forteresse qui est un lieu chargé d'histoire, avec des siècles d'héritage et porteurs d'un récif fort, comment vous utilisez justement cette richesse historique pour créer, pour chacun de vos invités, de vos visiteurs ? une expérience émotionnelle. Est-ce que justement, vous avez quand même des moments clés ou des anecdotes qui déclenchent à chaque fois une réaction forte, intéressante chez vos visiteurs, quels qu'ils soient ?
- Gilles
Simon, allez-y.
- Simon
Il y en a plusieurs. Après, c'est vrai que de base, le lieu parle de lui-même. Donc, dès qu'on rentre notamment dans la grande salle seigneuriale, l'eau là, il y a toujours des réactions assez vives, assez émerveillées. Après, on a toute l'histoire vis-à-vis de la cheminée qui a été malheureusement déconstruite et vendue au début du XXe siècle. On voit encore son empreinte dans la grande salle, donc c'est toujours assez impressionnant pour les gens. Et puis, il y a plein de petites anecdotes aussi. Le prédécesseur qui cherchait un trésor et qui s'est retrouvé bloqué dans les souterrains et qui n'a pas réussi à remonter. qui a dû se faire aider par l'ancien propriétaire, etc. Enfin, il y a toute une histoire là-dessus. On a également un petit élément disruptif dans la grande salle, qui n'est pas lié à l'histoire, mais c'est une girafe naturalisée. Et souvent, ça crée une sacrée réaction aussi, notamment chez les enfants. de voir cet élément vraiment en plein milieu d'une grande salle médiévale parce que c'était en fait c'est un mâle est un girafe qui s'appelle sacha qui vient du zoo du bio park de douai la fontaine qui est juste à côté de de chez nous et qui était vraiment le patriarche en fait qui a donné naissance à tout le troupeau donc voilà c'est assez drôle aussi de de raconter cette histoire là et puis pourquoi elle est là aussi parce que gilles voilà offerte à sandra pour son anniversaire parce qu'elle est très fan de girafes.
- Pauline
Il y a quand même beaucoup de dimensions personnelles dans cette forteresse.
- Simon
C'est ça aussi qui rapproche encore plus du côté intimiste. Et puis après, il y a tout ce qui est lié au vin. Même la visite des chais, qui est toujours un grand moment pour les gens. Notamment le chai à barriques, avec toutes nos barriques alignées dans les souterrains. C'est impressionnant pour les gens, ils aiment bien prendre des photos de tout ça. Et puis après, les dégustations aussi. Selon la sensibilité des gens, on va aller plus ou moins loin. Moi j'essaye aussi un petit peu d'initier à la dégustation professionnelle quand je sens que les gens sont réceptifs. Donc c'est toujours intéressant pour eux aussi de pouvoir découvrir un petit peu ce monde-là. Et puis le but c'est surtout de décomplexifier. C'est vrai que c'est un milieu qui peut rebuter un petit peu des fois par les termes, par sa complexité. Donc là c'est vraiment, on essaye dans la même continuité, de notre visite qui se fait dans un cadre intimiste, familial. On est pareil, on déguste. C'est un peu comme si on buvait un coup avec les copains à la maison. C'est un petit peu dans cette idée-là aussi.
- Pauline
D'ailleurs, je fais le lien sur la partie dégustation parce que vous disiez que c'est assez courant, voire automatique, que quelqu'un qui vient, un invité, un visiteur, vient visiter la forteresse et du coup, il y a dégustation de vin. Et inversement, il y a de l'égustation et puis il y a forcément une visite du lieu. Du coup, ça fait parler pas mal de sens au final, parce que du coup, il y a le goût au moins,
- Mirabelle
puis la vue,
- Pauline
et puis les odeurs aussi. J'imagine que quand on est dans les sous-sols, avec les barriques de vin, etc., il y a aussi une expérience assez multisensorielle avec l'odeur qu'on connaît ou dont on se souvient. Est-ce que ça, c'est quelque chose qui vous intéresse, Et comment vous arrivez ? Est-ce que vous en faites part, par exemple, lors des visites et du discours que vous tenez, à tous ces aspects sensoriels ?
- Gilles
Je ne sais pas si on ne le présente pas. J'espère que ça vient un petit peu de soi-même. Mais c'est vrai que, par exemple, la visite des chais, qui sont trop gloditiques, avec un changement de température. Il fait très frais en été, il fait chaud en hiver. Et puis on fait des dégustations dans les barriques, ça c'est toujours très apprécié, ça laisse des bons souvenirs. Peu de gens le font finalement, dans les domaines c'est assez rare. Ça, ça plaît beaucoup, c'est difficile à dire. Je pense qu'une partie de l'émotion vient aussi du fait que le lieu est très méconnu, qui se découvre en plusieurs étapes, avec des espaces qui sont très différents entre la cour basse qui est une cour, en plus il y a des travaux en ce moment, qui est vraiment la cour utilitaire, agricole. Et puis la cour haute qui est très mystique, qui est très refermée sur elle-même. Après il y a un troisième univers qui est celui des souterrains. Alors là avec des éléments vraiment mystérieux, c'est-à-dire qu'on ne sait pas pourquoi ça a été fait, on ne sait pas de quand ça date, c'est même antérieur au château. Donc il y a une grande part de mystère et de non-écrit. à la forteresse de Berry, parce que ce n'était pas un lieu historique où des très grandes familles vivaient. Donc en fait, il s'est passé des siècles avec beaucoup d'événements qu'on ne peut guère qu'imaginer. Et ça, moi, j'aime bien cet aspect-là. Donc on dit aux gens, il y a des souterrains qui descendent à plus de 10 mètres. On suppose qu'il y avait un puits de lumière, que c'était un château souterrain. Les gens viennent là, même des scientifiques essaient de comprendre d'où ça vient. Donc, on ne déroule pas un fil historique très précis. On a beaucoup de mal à le faire et ça fait partie de l'ambiance et de l'intérêt du lieu aussi, je pense.
- Mirabelle
Et ça, c'est des choses que vous transmettez, vous, de manière personnelle. On n'a pas des outils de médiation ou autre, c'est vraiment vous qui racontez à chaque fois.
- Gilles
Oui, pour l'instant, c'est vraiment dans le discours. Et comme disait Simon, en plus... On a chacun un discours qui peut varier un petit peu, entre Juliette, Simon, Sandra et moi, chacun apporte sa personnalité. Mais oui, il y a vraiment ce côté mystérieux, où entre le XIIe et le XIXe siècle, en gros, on ne sait pas vraiment ce qui s'est passé ici, mais il s'est certainement passé énormément de choses.
- Pauline
Donc ça laisse place à l'imagination ?
- Gilles
Absolument, absolument. On peut rajouter les chauves-souris, les animaux, parce que c'est aussi un lieu qui est dans une nature quand même encore très agricole, bien sûr, mais encore très, très belle. Pas du tout d'aspect urbain. Donc, c'est aussi très joli.
- Pauline
Vous le savez, vous avez bien compris la thématique phare de Visiteurs 360, ce sont les émotions et plus particulièrement celles que les exploitants de sites accueillant des visiteurs comme vous cherchent à faire vivre à ces derniers. Nous terminerons cette interview avec une dernière question posée à vous deux, Gilles et Simon. Quel type d'émotion, en une phrase, un mot, comme vous voulez, quelle type d'émotion cherchez-vous à faire vivre à vos visiteurs ou à vos invités ?
- Simon
Bon, toutes sortes d'émotions positives. Après, c'est vrai que moi, personnellement, j'aime vraiment provoquer l'émerveillement. C'est vraiment ce que j'aime retrouver dans le regard du visiteur. Et je trouve que c'est même un moyen de revivre, en fait, toujours la découverte des lieux. Et c'est pour ça que moi, personnellement, les visites ne me lassent pas. Parce qu'il y a toujours évidemment ce côté personnel, mais il y a aussi ce regard, en fait, à chaque fois qu'il se porte sur ces lieux. Et du coup, on a l'impression de revivre un petit peu... La première visite et puis la découverte justement de ce lieu chargé d'histoire et de mystère.
- Gilles
Oui, oui, tout à fait. Il y a une dimension héritage, comme disent les Anglais. On est quand même dans un endroit construit par nos ancêtres il y a plus de 800 ans. Donc, il y a toute cette filiation. Et dans une époque où les gens sont un peu... perdu, ne savent plus trop quelle est leur racine, dans quel pays ils vivent. Là, on serait en racine complètement. Et on sent que les gens ont besoin de ça et qu'ils en sont fiers quand même. Donc il y a cette dimension historique. Et puis après, il y a le vin avec tout ce savoir-faire qu'on essaie de faire partager pour arriver à un joli produit qui parle. Mon prédécesseur disait visitez la forteresse et vous comprendrez les vins.
- Pauline
C'est joli. Moi, je n'ai pas le cap de visiter cette forteresse. Je ne suis pas très loin de chez vous, en plus.
- Gilles
Vous êtes invitée.
- Pauline
C'est vrai que je me suis invitée toute seule.Je reçois l'invitation avec grand plaisir.
- Mirabelle
Oui, l'émerveillement et puis je dirais peut-être la reconnexion quelque part. C'est des émotions que je pense que chaque visiteur souhaite vivre. Alors je suis certaine que vous arriverez à atteindre vos objectifs et mèneriez vos projets avec brio. Dans cet épisode, on a parlé de beaucoup de choses et nous avons aussi surtout remplacé le mot visiteur par invité. Donc lorsqu'on aborde l'expérience visiteur avec des sites aux dimensions, on va dire... plus humaine, on a souvent cette notion de proximité, de presque sur-mesure, qu'on a d'ailleurs évoqué. Et c'est un rapport qui est très différent, justement, des grands parcs de loisirs ou des autres grands sites patrimoniaux type Chambord et tous les grands châteaux que l'on connaît. Mais en attendant, en fait, les personnes, les visiteurs, les invités qui décident de venir, justement, à la forteresse de Berry, ils recherchent cette expérience. Ils veulent être reçus, rencontrer les personnes qui font vivre le site et non pas juste le visiter. Et c'est ce que je retiens du coup dans votre offre émotionnelle, c'est cette magie expérientielle où chaque détail compte et où la proximité et la qualité priment sur la quantité. Donc ici, dans le podcast et chez Linde Myr, plus globalement, on va dire, nous avons vraiment la volonté de valoriser toutes les... Ben... les différents types, les différentes versions de l'expérience visiteur. Et on est vraiment ravis d'avoir pu explorer tout ça avec vous, Gilles et Simon. Votre version singulière et très proche de ces visiteurs. Donc, merci beaucoup pour cet échange.
- Simon
Merci à vous.
- Gilles
Merci.
- Mirabelle
Merci Pauline et Mirabelle. A bientôt à la forteresse. A bientôt.
- Pauline
Et c'est ainsi que l'épisode 13 de Visiteurs 360 se termine. Merci à nos invités. Simon Jousset et Gilles Collinet de la Forteresse de Berry d'avoir partagé avec nous et nos auditeurs votre vision de l'expérience visiteur. Vous le savez, mais on vous le rappelle, Visiteur 360, c'est un mardi sur deux sur la plateforme d'écoute de votre choix, Amazon, Apple Podcast, Deezer et autres. Et si cet épisode vous a plu, laissez-nous des étoiles, des commentaires et surtout parlez-en autour de vous. C'est pas un ordre, mais ça nous ferait vraiment très plaisir. Et pour ne rien manquer des tendances et nouveautés, abonnez-vous à notre newsletter Entre les Lignes. A très bientôt pour explorer des nouvelles histoires et plonger dans l'univers captivant des émotions visiteurs.