- Speaker #0
Salut Internet et bienvenue sur Vie, ma vie d'artiste ratée le podcast qui te dévoile l'enfer du décor d'une vocation très souvent fantasmée. Alors aujourd'hui, pas d'enfer ni de fantasme, mais je suis avec Swanee. Salut Swanee.
- Speaker #1
Salut. Salut, c'était une belle présentation.
- Speaker #0
Ouais,
- Speaker #1
c'est marrant.
- Speaker #0
Que veux-je dire ? Swanee, t'es batteuse ? Oui. Tu étais batteuse dans les groupes de rock, surtout.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux me parler un peu de ton parcours ?
- Speaker #1
Tu aimes bien que je réponde juste par oui, comme ça ?
- Speaker #0
Je vais essayer de poser des questions. C'est pas la même chose que oui,
- Speaker #1
alors. Oui, je fais de la batterie, effectivement. Depuis... J'ai fêté mes 20 ans derrière une batterie.
- Speaker #0
20 ans de batterie ?
- Speaker #1
Oui, j'ai fêté mes 20 ans de batterie. Ça fait un peu bizarre, quand même. Mais voilà, je fais de la batterie depuis 20 ans. dans des groupes plutôt un peu pop, rock, variété. On va appeler ça comme ça. Un peu garage, un peu blues aussi. Et voilà, je fais de la basse aussi avec mes copains pour rigoler. Et du chant. Et du chant aussi dans un merveilleux groupe de reprise de Katy Perry uniquement. Trop bien. En tribute à Katy Perry. Voilà.
- Speaker #0
Ok. Je suis apprécié. Donc ça fait beaucoup de casquettes quand même.
- Speaker #1
Ouais c'est pas mal mais c'est très complémentaire finalement tout ça parce que c'est quand même bien de faire de la basse quand tu fais de la batterie et ce serait bien aussi de faire de la batterie quand tu fais de la basse mais bon ça c'est pas trop à demander non plus.
- Speaker #0
Je le prends personnellement.
- Speaker #1
Celui-là pas, jamais. Mais genre... Mais et aussi je trouve ça en fait hyper intéressant de se retrouver en front même, de faire le chant quand tu es aussi à un instrument, t'es quand même tout le temps derrière. quasiment à 90% du temps, soit derrière un plexiglas, soit en fond de scène où personne ne te voit. Et donc c'est quand même intéressant aussi de se retrouver vraiment devant, avec un micro et rien dans les mains, et essayer de se débrouiller avec ça. Et aussi d'arriver à communiquer avec les musiciens, avec un batteur. Et du coup je me retrouve à être très exigeante et un peu relou avec les batteurs. Je comprends,
- Speaker #0
je comprends, je vois tout à fait.
- Speaker #1
et qu'est-ce qui t'a attiré dans la batterie qu'est-ce qui a fait que t'as commencé par la batterie en fait je me suis posé la question il n'y a pas longtemps parce que je fais du coup mon petit bilan personnel de mes 20 ans derrière la batterie et c'est vrai qu'à un moment tu te dis pourquoi tu te retrouves à cette place là qui est un peu particulière quand même, c'est pas un instrument qui paraît hyper facile d'accès qu'est-ce que t'entends par facile d'accès parce que c'est quand même rien qu'en termes de volume sonore et de place quoi. C'est pas le genre de truc que tu peux faire dans ta chambre gratouillée à 23h sans vouloir être dérégulable on voit nos amis guitaristes. Mais voilà c'est pas le genre d'instrument que tu peux pratiquer à n'importe quelle heure de la journée, que tu installes dans ta chambre dans un coin, c'est vraiment un instrument qui prend une place énorme et qu'on entend probablement derrière, voilà donc les balances d'un autre groupe. Donc ça prend de la place, ça fait énormément de bruit. Donc si on est en appart, on oublie. Moi, j'étais en maison chez mes parents, mais en fait, la batterie, elle était au milieu du salon. Donc à un moment, c'est juste que je pense que j'ai réussi à avoir une batterie parce que mon père voulait jouer de la batterie quand il était jeune.
- Speaker #0
Ah, d'accord. Donc ils n'ont pas sacrifié la télé pour la batterie, c'est juste que ton père...
- Speaker #1
En fait, mon père, il avait un groupe quand il était jeune et il y avait déjà un batteur. Donc il s'est retrouvé au clavier alors qu'il n'avait pas du tout envie de faire du clavier. Et en fait, je pense qu'il aurait aimé faire de la batterie. Donc quand je lui ai dit, viens, on achète une batterie. Il a dit, yes, d'accord, super. Mais bon, ça ne change pas le fait finalement, même si mon père était très content d'avoir une batterie.
- Speaker #0
Tu avais quel âge à ce moment-là ?
- Speaker #1
J'avais 18 ans. J'ai commencé à 18 ans.
- Speaker #0
Et ça faisait longtemps que tu lorgnais sur la batterie ? Pas du tout.
- Speaker #1
Absolument pas. Non, c'était un pur hasard. Vraiment, on a croisé une batterie sur une brocante avec mon père. Et en fait c'est vraiment genre bah vas-y viens, viens on achète une batterie quoi. Ah trop bien. C'est parti de...
- Speaker #0
Et ce qui veut dire aussi que t'as commencé la musique à 18 ans et que ça t'a pas empêché pour autant d'en faire ton métier après.
- Speaker #1
Non c'est vrai mais je pense que ça a quand même joué beaucoup parce qu'en fait je ne pensais pas que je pourrais en faire mon métier. Pas une seconde jusqu'à mais je pense 28 ou 29 ans. Je me suis dit que je pourrais gagner ma vie avec cet instrument. En fait, j'ai eu tout un apprentissage. Finalement, c'est un peu décomplexé, c'est un peu tranquille où j'ai été en conservatoire. j'ai pas eu de prof un peu tyrannique, j'ai pas passé de diplôme, en fait j'ai vraiment pratiqué mon instrument plutôt dans le plaisir de le faire.
- Speaker #0
Oui, c'est pas la réussite.
- Speaker #1
Je me sens pas du tout. Et même, parce qu'en plus quand on commence tard, moi je me suis dit, en fait j'arriverai jamais à avoir le niveau pour être pro, parce que je commence trop tard, je pars de trop loin. Et je me dis, je vais mettre 10 ans à faire des trucs que les mecs ont appris depuis tout petit. Et donc, c'est vrai que finalement, je pense que je ne me suis jamais mis la pression. Et en fait, plutôt toujours un sentiment un peu de dire, de toute façon, moi, je fais ça juste pour rigoler, pour le plaisir. Et on verra. J'ai eu des petits groupes et tout. Et on faisait des concerts, on kiffait. Mais en fait, par un instant, je me suis dit que c'était possible d'en faire un métier.
- Speaker #0
Je comprends. Et ça a été quoi le moment de balance où tu t'es dit, tiens, c'est possible, c'est possible, j'ai envie ?
- Speaker #1
Je pense que c'est venu un peu petit à petit. Et aussi parce qu'il y a un moment, il y a toujours des petits moments, des petits virages dans la vie. Là, moi, c'était plutôt aux alentours de 25 ans, quand tu as un peu fini tes études. Je ne savais pas trop ce que j'allais faire dans la vie parce que finalement mes études, j'ai fait des études d'histoire de l'art. C'était quand même très... ça fermait quand même pas mal de portes. Après je me suis retrouvée à vendre des instruments de musique chez Milonga, un magasin de musique. Donc il y avait un petit moment un peu de flottement comme ça où je ne savais pas trop quoi faire. Et en fait à force d'avoir des groupes, de discuter avec des gens un peu plus âgés aussi qui étaient musiciens, j'ai eu quelques personnes qui m'ont encouragée et qui m'ont dit... En fait, en gros, je vois pas pourquoi toi, tu pourrais pas le faire. C'est... Il y a... Enfin, si tu travailles, et ils m'ont tous dit ça, c'était quand même unanime, c'était, tu es une fille, donc ça va être plus dur pour toi, et tu es en retard, donc il va falloir que tu bosses beaucoup plus que les autres. Mais c'est possible.
- Speaker #0
Ah, ça, tu l'as entendu, t'es une fille, donc ça va être plus difficile ?
- Speaker #1
Je l'ai entendu par mon prof de batterie de l'époque, qui m'a dit ça. Mais quelque part, je pense qu'il avait raison dans un sens et tort dans l'autre.
- Speaker #0
En quoi tu donnerais raison à ça ? Parce que c'est un milieu de mecs,
- Speaker #1
surtout. Oui, mais il y a eu un moment où c'est vrai que peut-être, j'avais l'impression qu'il fallait que les femmes fassent plus leur preuve quand elles arrivent sur un espace de musique quelconque, un concert, un studio.
- Speaker #0
C'est quelque chose que tu sentais, oui ?
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Pas trop, parce qu'en fait, moi, je crois que j'ai tout de suite, direct, adopté une certaine posture. un peu bonjour je suis musicien en fait je suis le musicien je suis un musicien qui fait partie du groupe en essayant de ne pas enfin vraiment en disant je ferme les yeux en fait tu vois moi je viens je fais de la musique on n'est pas là pour discuter de genre ou de quoi que ce soit juste voilà il y a le bassiste le batteur à ce moment là c'était bien un peu de masculiniser quelque part un peu le truc Et comme j'ai toujours un peu été garçon manqué quand même, c'est vrai que t'arrives, c'est con, mais en fait, tu te mets en jean, tu te mets des fringues un peu amples. Il y avait vraiment un truc d'essayer de me fondre dans la masse des gens que je côtoyais, en fait. Oui, oui. Mais ce n'était pas très réfléchi. C'était spontané,
- Speaker #0
c'était ta façon d'être.
- Speaker #1
C'est ça, c'était ma façon d'être. Et en fait, du coup, comme ça, quelque part, je pense que je me suis évité pas mal de commentaires. En fait, les gens, au bout de cinq minutes, ils ont vu que je... Je maîtrisais mon instrument, que je savais le régler, que je savais l'installer, que je savais jouer à peu près dessus. Donc en fait, ils ne m'ont jamais embêtée. Mais c'est vrai qu'il y a toujours eu ce truc de mon prof de batterie qui m'avait dit, ça va être plus difficile pour toi parce que c'est un milieu qui est difficile.
- Speaker #0
Est-ce que ça, tu ne penses pas que c'est la parole de l'ancienne génération et que là, on est en train de complètement switcher dans autre chose ? Oui. Il y a le mouvement More Women on Stage. Le mouvement More Women Backstage, et c'est vrai que, tu vois, moi je me rappelle la tournée de Pomme en backstage, donc de sa conductrice de camion à sa régisseuse générale, c'est que des meufs, que des nanas. Et sur scène, je crois que c'est... Alors je me demande s'il n'y a pas un garçon.
- Speaker #1
Oui, si, si, il y a Corentin, Corentin qui joue de la guitare, je crois. Mais oui, effectivement, je trouve que ça a beaucoup évolué, on aime... Depuis MeToo, en fait, je pense vraiment depuis 2018, il y a quand même quelque chose qu'il y a aussi un peu dans la société, dans le général et dans la musique. Je le vois parce que moi aussi, on m'appelle de plus en plus parce que je suis une femme. Il y a aussi ce truc où là, j'ai plein de copines batteuses. qui cherchent constamment des batteuses. Et des fois, je me demande même, des fois c'est à l'inverse, je me demande est-ce que ça peut être aussi ce plan, cette audition, est-ce que ça peut être ouvert aussi à un garçon ? Et parfois on me dit non. Donc il y a un switch qui s'est effectué, comme je pense dans plein de domaines de la vie. Les femmes, elles prennent la place qu'elles n'ont pas pris pendant des années, ou peu pris. Parce que moi quand j'ai commencé la batterie, il y avait zéro femme, je connaissais vraiment. que les grosses stars comme Sheila E. ou Cindy Blackman.
- Speaker #0
Oui, oui.
- Speaker #1
Mais en France,
- Speaker #0
il y en a une. Même dans cet imaginaire un peu désuet qu'on peut avoir sur la batterie, on imagine le vieux batteur en Marcel Suant. Donc c'est vrai que...
- Speaker #1
Oui, ça n'a pas aidé l'imaginaire.
- Speaker #0
Mais cet imaginaire, il est en train d'être reconstruit, refalsonné, je pense. Je pense aussi,
- Speaker #1
parce que même quand tu vois... Des fois, il y a des pubs, je ne sais pas, des pubs pour... J'avais vu une fois une pub pour SFR, je crois, et tu avais une meuf derrière une batterie. Il y a plein de choses qui évoluent, que ce soit dans les médias, dans tout. Je pense que c'est juste une question de visibilité. C'est parce que pendant des années, on ne voyait pas de femmes. Donc, dès qu'il y avait une femme derrière une batterie, c'est genre Ah, waouh, c'est incroyable ! Elle est forte quand même alors que c'est une fille ! Et en fait, aujourd'hui, on voit qu'il y a plus de femmes qui font de la batterie. Donc, ça devient normal. En fait, c'est ça qu'il faut qu'on arrive à avoir, c'est atteindre un degré de normalité.
- Speaker #0
Plus le truc où on se dit Ah, c'est une nana, mais c'est normal !
- Speaker #1
Plus quand, par exemple, c'est un groupe entièrement féminin. qu'il n'y ait plus de réflexion en disant Ah, c'est un groupe entièrement féminin. Parce que le truc, c'est, est-ce que quand c'est un groupe entièrement masculin, on dit Ah, c'est un groupe entièrement masculin. Non. Non,
- Speaker #0
c'est vrai.
- Speaker #1
Mais ça, c'est des choses à déconstruire et qui sont très très lentes à déconstruire. Par exemple, hier, tu vois, j'ai joué à Toulouse et donc nous, je joue aussi dans un spectacle féministe. J'accompagne Noémie Delattre qui est une humoriste. Et en fait, on n'est que des femmes sur scène. Et là, il se trouve qu'on a aussi un gesson, Pauline. Donc, on est arrivé un peu en force avec plus de femmes que d'hommes. Et la personne qui nous a accueillis à Toulouse, au Casino Barrière de Toulouse, c'est très sympa. Et c'est la première chose qu'il m'a dit, c'est qu'il s'est excusé qu'il n'y ait que des hommes au plateau. Ah, d'accord. C'est carrément, il m'a dit bonjour et excuse-moi, je suis vraiment désolée, mais nous, c'est vrai que la parité, chez nous, ça n'existe pas trop et on n'est que des hommes. Et je n'ai pas envie de lui dire... Il n'y a pas de soucis. C'est pas grave. Mais tu vois, le mec, je ne sais pas, il s'est senti con d'un coup de... Merde, on n'a pas réfléchi à ça depuis toutes ces années. Il n'y a pas de femmes.
- Speaker #0
C'est vrai que dans le milieu de la technique, il y a encore un petit décalage par rapport à l'artistique.
- Speaker #1
Mais c'est marrant. Le gars, il ne sait pas encore... Il faut déconstruire un petit peu ces choses-là.
- Speaker #0
Mais lui, dans sa tête, c'est qu'il est déjà un peu dans ce paradigme, parce qu'il se rend compte que...
- Speaker #1
Il s'en rend compte, mais il le dit, il aurait pu juste le penser, ne pas le dire, mais c'est vrai que l'excuse tout de suite, je suis désolée, pardon, il n'y a pas de femmes, mais ce n'est pas grave, en fait, je ne suis pas non plus pour embaucher des femmes pour des femmes, encore une fois, il faut embaucher des bonnes personnes aux bons endroits, et que ce soit des femmes ou des hommes, ou des gens qui ne se reconnaissent ni hommes ni femmes, en fait, peu importe, on s'en fiche, vraiment, il faut... que ce soit la personne qui soit compétente pour le poste, c'est vraiment la chose qui est prioritaire. Après, on a des années de patriarcat et de choses, d'idées un petit peu à déconstruire, donc forcément...
- Speaker #0
Est-ce que tu dirais que cette idée de patriarcat et ce monde très masculin, est-ce qu'à un moment, tu as l'impression d'en avoir souffert dans ta carrière ? Ou non, le côté je fonce et j'y vais ?
- Speaker #1
Pas plus que ça, mais... Après, c'est plutôt des constantes petites réflexions. Donc, ce n'est pas blessant, mais c'est fatigant. Parce que parfois, tu n'as juste pas envie d'entendre et même de relever ou d'avoir à répondre à des gars. C'est les hommes, évidemment, qui font ce genre de réflexions. Par exemple, je joue avec Nina Attal, on avait un tribute Hendrix au féminin. On est 7 femmes, donc on arrive à 7 dans un festival. Et là, le mec, il nous emmène de la gare à Cognac. C'était au Cognac Blues Festival. Je ne devrais pas trop dire les noms.
- Speaker #0
Ça balance. On a des noms.
- Speaker #1
Heureusement, j'ai une très mauvaise mémoire. Je ne me rappelle jamais les noms. Et le mec... nous conduit et tout genre ah ouais nan nan nan vous êtes des femmes vous faites du rock ah toi tu fais quoi machin la guitare toi tu fais quoi la batterie et là il me dit ah bah ça doit pas rigoler à la maison tu dois le mener à la baguette le monsieur
- Speaker #0
Ah ouais, je comprends que ça fait passer un peu grincer.
- Speaker #1
Et en fait, c'est pas méchant.
- Speaker #0
C'est pas méchant, mais c'est pas drôle.
- Speaker #1
Alors non seulement ce n'est pas drôle, c'est mal placé, c'est tout ça, mais c'est une espèce de vieille blague de boomer que je pense même mon grand-père, il disait pas en fait. Mais en fait, t'es là, est-ce que je vais rentrer dedans ? Non, on va pas commencer, ça fait à peu près 4 minutes que je suis dans la voiture, je vais pas aller rentrer dedans. Et tu fais, tu ris jaune et t'attends que ça passe. Donc c'est plutôt des centaines, je pense que vraiment, je pourrais écrire un livre juste de phrases misogynes, quelque part, comme ça.
- Speaker #0
Mais ce moment de rire jaune, là, est-ce qu'en y réfléchissant après, tu te dis, merde, j'aurais pas dû rire jaune, j'aurais dû rentrer dans l'art et dire vraiment ce que je pensais, ou tu te dis, non, c'est OK d'avoir eu ce rire jaune à un moment, parce que de toute façon, la personne n'était pas prête.
- Speaker #1
Je pense que ça dépend. Parfois, je rentre dedans, parce que, je ne sais pas, il y a des jours aussi, ça te saoule, quoi, vraiment. Tu n'as pas envie de laisser passer. Ou quand c'est un peu, ou quand vraiment, c'est un peu, pas humiliant, mais qu'il y a un truc un peu, tu vois, un peu désagréable. Là, l'exemple que je t'ai donné, c'est une vieille blague. Nul.
- Speaker #0
Bon,
- Speaker #1
tu te dis, ça sert à rien, en fait. Je ne vais pas rentrer dans une discussion avec ce monsieur. Mais par contre, quand c'est un mec qui te considère un peu moyen ou, ouais, genre, qui va te dire un truc sur, ah bah, ton homme, il est à l'envers ou je ne sais pas quoi, alors que c'est un truc que tu fais consciemment.
- Speaker #0
Ah, tu veux que je te raconte une anecdote ? Une copine violoniste. Concert, elle joue sur... Donc concert baroque, elle joue sur des cordes baroques, donc c'est assez fragile au violon. Et sa corde pète pendant le concert. Donc on a un petit orchestre, on est pas nombreux, un violoniste en moins ça fait chier. Et euh... Y'a un collègue qui voit qu'elle a une corde pétée, il lui envoie une corde, elle récupère la corde, elle se met de côté et elle change sa corde. Elle s'accorde et elle continue le concert. Donc si tu veux, béton la meuf. Elle finit le concert et t'as un vieux gars qui vient les voir, il fait hop... Mais est-ce que c'est réellement dans les cordes d'une femme de pouvoir changer une corde comme ça ? Je ne sais plus ce qu'il a dit, mais tu vois, c'était hyper maladroit, au mauvais moment en plus, puisque c'était une sortie de scène. Et Alice Duvaux, je crois qu'elle a été un peu choquée. Je crois qu'elle n'a pas eu la répartie pour le casser en deux. Oui,
- Speaker #1
parce qu'en fait, toi, tu es là à faire ton travail. C'est ça. En fait, tu arrives, tu fais tes balances, tes machins, tes trucs. Et en fait, d'un coup, tu te prends une réflexion d'un mec qui sort de nulle part. et donc évidemment que t'as pas la répartie parce qu'en fait t'es pas prête t'es pas dans ce truc là tu te dis pas je vais m'en prendre une je vais répondre, toi t'es en train de faire ton travail et c'est pour ça aussi que je pense que les femmes de manière générale on pourrait dire à un moment tu ris jaune quand en fait tu réponds pas parce qu'en fait franchement le gars qui me dit ça doit taper à la maison je sais pas quoi je m'y attendais pas donc évidemment t'es là bah hein À part faire... D'accord, ouais, super. Enfin, en fait, tu... Alors, de temps en temps, effectivement, moi, je pense qu'il faut... Tu peux remettre... Ou alors dire gentiment, non, là, par contre, là, tu es allé trop loin. Gentiment, tu vas dire, là, en fait, cette blague, elle me fait pas rire, ou... Ouais, juste, là, non. Non, là, c'est trop. Je crois que je l'ai déjà fait une fois ou deux, ou dire, bah, non, faut être là. Ouais, cette blague-là, c'est...
- Speaker #0
C'est pas obligé.
- Speaker #1
C'est nul.
- Speaker #0
Ok. Donc ça fait combien de temps que c'est ton métier là ?
- Speaker #1
Je pense que je suis intermittente depuis 7 ans, je pense. 7 ou 8 ans. Il y a 20 ans de batterie, mais il n'y a que finalement 8 ans d'intermittence. Ce qui est...
- Speaker #0
C'est déjà pas mal, 8 ans, c'est déjà une belle petite vie, une belle expérience.
- Speaker #1
Oui, carrément. Mais c'est aussi beaucoup d'années où...
- Speaker #0
Est-ce que depuis que t'es professionnelle, depuis ces 8 dernières années, est-ce que t'as eu des vrais moments de galère, des vrais moments de doute où tu t'es dit, je suis pas sûr que ce métier soit fait pour moi, ou c'est trop dur, ou est-ce que je pourrais pas le faire ? Tu vois ce que je veux dire un peu ?
- Speaker #1
Je pense que, enfin, moi je sais que je me remets en question beaucoup, tout le temps, et je pense que toutes ces questions-là, c'est plutôt juste avant l'intermittence, où tu sais, tu commences à avoir tes cachets, et t'es à 30 cachets. 35 cachets, et tu galères à avoir tes 5 derniers cachets. Et en fait, c'est là plutôt ce moment-là où je me suis dit, non, vas-y, c'est mort, je ne vais jamais y arriver. C'est bon, je n'ai pas de niveau. La vie est partie sans moi, ils ne m'ont pas attendu, ce n'est pas grave. Et puis, évidemment, souvent, c'est là qu'il se passe quand même quelque chose et que tu arrives à enchaîner. Moi, c'est ce qui s'est passé. Mais c'est plutôt parce que... évidemment c'est un métier merveilleux c'est le métier que j'ai choisi c'est un métier merveilleux mais il n'est pas facile je pense que ton podcast on en parle souvent on en parle et c'est plutôt Je me dis qu'il y a une espèce d'usure un peu mentale et physique qui s'installe très doucement. Ouais. Et je me rends compte qu'elle est un peu, quand même, je la retrouve chez beaucoup d'artistes, que ce soit...
- Speaker #0
Et chez toi, tu peux me parler comment elle se manifeste, cette forme d'usure ? Est-ce que c'est la vie en tournée ? Est-ce que c'est le fait d'enchaîner beaucoup de répétitions avec différents projets, de ne plus savoir où donner de la tête ?
- Speaker #1
Il y a un peu la charge mentale, clairement, de... En ce moment, j'ai quatre projets qui tournent. Donc évidemment, la logistique, c'est con. Mais juste, quel matériel, avec quel groupe, prendre quel train, enchaîner les trucs. Ce matin, j'ai pris un train à 6h du matin parce que je joue à Toulouse hier, à La Rochelle ce soir. En fait, c'est une logistique de vie qui est un petit peu compliquée. Mais ça, finalement, quand on est habitué et qu'on se... ménage quelques pauses entre temps, ça marche.
- Speaker #0
Est-ce que tu as un rituel de pause ? Tu as des choses qui te ressourcent vraiment, justement ?
- Speaker #1
Moi, je n'habite pas à Paris, j'habite en région parisienne. Et c'est vrai que, par exemple, c'est con, mais être chez moi, rentrer chez moi et ne pas être à Paris, ça me fait un bien fou. Et juste, en fait, être un peu toute seule, tranquille, dans un espace où il n'y a pas trop de bruit. avoir un peu son lieu sûr son lieu reçu c'est sûr que ça c'est important et que j'en ai besoin mais c'est vrai que moi c'est plutôt finalement la logistique tout ça bon tout le monde a géré ce genre de truc et puis à un moment on s'en sort quand même mais je trouve que ce qui est plutôt usant outre la fatigue physique parce que quand même on fait des instruments qui sont physiques oui porte plein de choses. Je t'en parlais tout à l'heure, je suis un peu en sciatique, mais en tendinite. Et puis c'est le lot de tous les batteurs. Là, j'ai un ami batteur, il s'est fait les ménisques. Les deux genoux. Et ce n'est pas le sport. C'est le sport plus la batterie. Il y a une mesure physique qui est réelle. Je crois qu'il y a des... C'est vrai qu'on en parle assez. Il y a des critiques sur...
- Speaker #0
Mais on en parle encore assez peu de la souffrance physique de l'artiste.
- Speaker #1
Je ne sais pas, un filmoniste, on en parle. Je pense que, clairement, il doit avoir le dos un peu pété, la contrebasse... Enfin, la contrebasse...
- Speaker #0
Ah oui, on se casse bien le dos à la contrebasse.
- Speaker #1
Tu te casses le dos, la batterie, tu portes des trucs, tu fais des gestes répétitifs. Donc, c'est Tandini, t'as Gogo. En fait, si t'es pas préparé musculairement, si tu t'entretiens pas, ça passe à 20 ans, ça passe plus à 40. Ouais.
- Speaker #0
Mais tu vois, la différence d'un sportif, c'est qu'un sportif, dès qu'il va se blesser, on va mettre tout un appareil médical autour de lui. Attention, qu'est-ce qu'il y a ? Ils sont vraiment en avance là-dessus. Nous, parfois, même nous, on peut être aveugle à notre propre sécrange et se dire, j'ai un tennisel beau, tu vois, mais je continue, ça va.
- Speaker #1
Oui, mais parce que tu ne peux pas l'arrêter. Parce que ma kiné m'a dit ça, elle m'a dit, tu ne peux pas t'arrêter. Je lui ai dit, non, je ne peux pas m'arrêter. J'ai des groupes sur lesquels je ne peux pas me faire remplacer. Enfin, après... On est obligé de porter nos trucs. Il n'y a personne qui peut porter pour moi. C'est pour ça qu'il faut se ménager des espaces, des moments où tu peux, je ne sais pas, faire ton sport, aller à la piscine, manger des légumes, je n'en sais rien, courir dans la forêt, marcher les pieds nus, dans l'air, vous voyez. Marcher pieds nus. Marcher pieds nus. En fait, c'est vraiment chacun sa manière de se ressourcer. Mais je pense que les musiciens, vraiment, à 20 ans, à 25 ans, tu fais un peu ce que tu veux. Oui. Mais quand tu fais encore ce métier à 40 ans, et mine de rien, des gens qui tiennent dans la longueur, c'est peut-être pas pour rien aussi qu'il n'y en a pas non plus. Oui, c'est vrai. On arrête parce que c'est usant. Et outre l'usure physique, il y a l'usure psychologique, parce qu'on travaille quand même aussi avec des gens qui aiment bien profiter du fait que ce soit un métier passion. Oui. Il y a eu une blague du Gorafi il n'y a pas longtemps, c'était je fais un métier passion pour toucher mon RSA plaisir Ça m'a fait beaucoup rire, parce que c'est ça. Et en ce moment, j'en parle beaucoup avec plein de gens, plein d'amis, de la manière dont les productions traitent les gens avec qui ils travaillent, de manière générale. Et c'est compliqué. Et depuis le Covid, ça ne s'est pas arrangé. Tout le monde dit qu'il n'y a pas d'argent, qu'en fait... On s'est encore dit hier que le SMIC augmente tous les ans, peut-être, je ne sais pas si c'est tous les ans. Le minimum pour un intermittent n'augmente pas.
- Speaker #0
Non, non, non.
- Speaker #1
Nous, ça n'augmente pas. Ça fait des années qu'on peut être payé 100 euros pour un concert, voire moins. En fait, ce minimum légal, je crois, n'a pas augmenté, jamais.
- Speaker #0
Non, d'ailleurs, je ne sais même pas s'il est légal de se fâcher à 100 euros.
- Speaker #1
Parce que je n'ai pas trouvé. Le minimum légal. Je ne sais pas ce que c'est. C'est très obscur.
- Speaker #0
J'avais eu une discussion un moment avec quelqu'un de France Travail à l'époque qui s'appelait Paul Emploi. Il m'avait dit que normalement, les cachets à 100 euros, ils ne pouvaient pas les comptabiliser parce que au niveau du SMIC horaire, on passait en dessous du... Et finalement, ça passe quand même... Il y a une opacité là-dessus. Oui,
- Speaker #1
France Travail ne vérifie pas le montant des cachets. Audience ne vérifie pas le montant des cachets. Donc en fait, il y a un truc où on travaille clairement pour... On est en dessous du SMIC, en fait. C'est ça aussi qu'il faut se rendre compte. C'est que c'est pas parce que ça fait 20 ans que tu bosses que tu vas pas être mieux payé. En fait, tu peux continuellement baisser ton salaire. Alors que toi, par contre, ton expérience, elle augmente, mais ton salaire, lui, soit il stagne, soit carrément il baisse. Ton taux journalier, il peut baisser. Et c'est vrai que ça, je me dis que ça n'existe pas en fait. Dans n'importe quel métier, tu progresses dans ton salaire, tu vois.
- Speaker #0
Oui, normalement, c'est la... Normalement. Oui,
- Speaker #1
oui. Je ne sais pas, il y a peut-être des contraintes.
- Speaker #0
Non, mais c'est vrai que c'est... Oui, notre métier, il marche un peu comme ça. C'est que tu peux être au sommet de l'affiche à un moment et puis après avoir deux années où tu te retrouves à tourner avec des projets où il n'y a pas de sous. Oui. Et puis du jour au lendemain, on dit, ah, mais il y a encore moins de sous. Donc, est-ce que vous acceptez la prochaine tournée, mais encore moins payée ? Voilà. Je crois qu'on a bien échangé, on arrive un peu au bout de notre échange, mais avant de se quitter et de te laisser partir en balance, parce que tu joues ce soir, tu joues avec qui ce soir ?
- Speaker #1
Je joue avec Junior, on entame notre tour en est, on fait quelques dates en France. Et voilà, c'est La Rochelle, demain Rouen et après Lille. Trop bien. Ça va être très cool.
- Speaker #0
Et j'aurais une dernière question. Quel conseil tu donnerais à la petite Swanee quand elle a décidé de se mettre à la batterie ou décider de faire de la musique ? Sans que ce soit un conseil, quelle phrase tu lui dirais ?
- Speaker #1
Moi, je lui dirais de s'en foutre un peu plus. Parce qu'en fait, c'est vrai que quand j'ai commencé à faire de la batterie, même si je ne me mettais pas trop la pression, je me disais toujours que les gens allaient... Que vont penser les gens de mon jeu ? Que vont penser les gens de moi ? Est-ce qu'ils vont trouver que c'est nul ? et puis souvent ça quand même. Et en fait, je me rends compte que plus tu t'en fous, et bien mieux tu joues. Parce que tu t'enlèves vraiment un poids énorme sur les épaules d'arrêter de se regarder aussi un peu, de s'écouter, et de se dire juste, est-ce que les gens qui me regardent pour le coup, et qui m'écoutent, est-ce qu'eux, ils sont contents ? Oui, si oui, si eux, ils sont contents, c'est quand même ça le but de la manœuvre. Et vraiment, je pense que se laisser tranquille, se faire un peu confiance, et s'en foutre. quelque part, un peu, du regard des autres musiciens, de machin, enfin, moi, je pense que ça m'aurait un peu aidé de me dire que je pouvais un peu plus m'en foutre, en fait, et continuer et tracer ma voix comme je l'entends, en tout cas.
- Speaker #0
Ok, trop bien. Je trouve que c'est un très joli message de fin. Faut s'en foutre.
- Speaker #1
Faut s'en foutre.
- Speaker #0
Merci, Swanee, et puis à tout à l'heure, parce que moi, je serai dans le public.
- Speaker #1
Yeah, trop bien.
- Speaker #0
Salut, Swanee.
- Speaker #1
Salut, et merci beaucoup.
- Speaker #0
Voilà mon artiste, c'était tout pour aujourd'hui. Si ça t'a parlé, si ça a résonné pour toi, j'en suis ravi. Partage sur les réseaux sociaux, mets des petits cœurs, mets le maximum d'étoiles sur les plateformes de podcast qu'ils proposent. On se voit vite pour un prochain épisode. D'ici là, porte-toi bien, mange 5 fruits et légumes par jour et à très bientôt. Tsk,
- Speaker #1
tsk, tsk, tsk,
- Speaker #2
tsk, tsk, tsk,
- Speaker #0
tsk,
- Speaker #2
tsk, tsk, tsk, tsk, tsk, tsk, tsk, tsk,
- Speaker #1
tsk,
- Speaker #0
tsk,
- Speaker #2
tsk,
- Speaker #0
tsk, tsk,
- Speaker #2
tsk, t