EP 57 - Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles cover
EP 57 - Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles cover
VIVANT - podcast sur la mort, la vie et le deuil par Teddy Bredelet

EP 57 - Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles

EP 57 - Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles

42min |30/09/2024
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EP 57 - Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles cover
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VIVANT - podcast sur la mort, la vie et le deuil par Teddy Bredelet

EP 57 - Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles

EP 57 - Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles

42min |30/09/2024
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Description

J’ai l’immense plaisir de recevoir Julien Charles, auteur du livre On ira voir l’Everest, dans lequel il raconte le deuil de son meilleur ami.

À travers ses mots, Julien nous plonge dans un voyage émotionnel intense, où la souffrance du deuil rencontre la résilience.

Dans cet épisode, on va parler de cette histoire.

On va explorer ce chemin douloureux qu'est le deuil, les étapes de la souffrance, mais aussi la force de la résilience, cette lumière qu’on cherche à atteindre, même quand tout semble sombre.

Que vous ayez traversé un deuil ou non, cet échange vous touchera en plein cœur, car il parle de l’essence même de l’amitié, de la perte, et surtout de ce que cela signifie d’être vivant.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous êtes en train d'écouter l'épisode 57 de Vivant. Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles. Vivant, ce sont toutes les trois semaines des conversations ordinaires mais inspirantes, singulières et rassurantes pour réveiller votre conscience. Mes invités ont accepté de partager leur histoire et avec eux, vous découvrirez que parler de la mort, c'est avant tout parler de la vie. Ici Teddy Brodley de Tranquillité.fr, je vous souhaite la bienvenue dans ce podcast vivant. Bonjour à tous et bonjour à toutes, bienvenue dans cette nouvelle saison de Vivant, où aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Julien Charles, auteur du livre On ira voir l'Everest, dans lequel il raconte le deuil de son meilleur ami. À travers ces mots, Julien nous plonge dans un voyage intense où la souffrance du deuil rencontre la résilience. Dans cet épisode, on va parler de cette histoire, on va explorer ce chemin douloureux qu'est le deuil d'un ami. les étapes de la souffrance, mais aussi la force qu'il faut pour atteindre cette lumière, même quand tout semble sombre. Je ne vous en dis pas plus et laisse place à ma discussion avec Julien Charal. Bonjour Julien, bienvenue dans Vivant. Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, je me sens assez vivant. Déjà bonjour Teddy, je suis ravi d'être là. Et donc je me sens bien. et puis content de commencer cette discussion avec toi.

  • Speaker #0

    Moi aussi, ça fait un petit moment. Alors en fait, pour les gens qui nous écoutent, comment j'ai connu Julien ? Un jour, Julien m'a envoyé un livre, qui était le livre qu'il avait écrit, dont on va parler aujourd'hui. On va parler de toi, de ton parcours et de ton bouquin, avec un petit mot à l'intérieur qui disait Merci pour le podcast, il y a deux, trois épisodes qui m'ont aidé dans mon parcours. Donc ça m'a touché, le bouquin je l'ai reçu il y a peut-être un an et demi, et je suis revenu vers toi il y a quelques mois en m'excusant platement du délai de réponse. Mais voilà, est-ce que tu peux te présenter peut-être pour les gens qui ne te connaissent pas, avant d'aller plus loin ?

  • Speaker #1

    Oui, je m'appelle Julien, j'ai 42 ans, j'ai écrit deux livres, le premier qui s'appelle... Compostelle Thérapie, aux éditions Larousse, qui est l'histoire du chemin de Compostelle. C'est un journal. Et le second, qui s'appelle Nous, dire au revoir l'Everest, aux éditions Erol, qui est également un journal et qui est en fait l'histoire du deuil de mon meilleur ami

  • Speaker #0

    Olivier. Tous les gens qui vivent un deuil ne pensent pas forcément à écrire un livre. cas vont pas juste au bout tu vois il s'est passé quoi c'était quoi les c'était quoi les relations avec avec cet ami avant et qu'est ce qui s'est passé de ce que tu veux nous en raconter bien évidemment si je reprends le

  • Speaker #1

    début de sa phrase tous les ans pense pas écrire un livre alors c'est vrai j'ai perdu ma mère et mon père et c'est vrai qu'à l'époque je n'ai pas écrit de livres et Il y a plusieurs choses. À la base, en fait, ce journal était intime. Donc, il est intime. Je n'avais pas l'intention de le retravailler et de le rendre public. En fait, au début, ce journal, il avait vocation à m'aider à appréhender ce que j'étais en train de traverser, à mettre des mots sur des émotions qui me vampirisait. Et puis, d'une façon un peu plus gaie, c'était pour moi une façon de garder le lien avec Olivier. C'est-à-dire que ce journal s'adresse à lui, un peu comme des lettres. On avait l'habitude l'un et l'autre d'avoir un lien épistolaire. Et donc, j'avais besoin... pour rendre ce deuil plus supportable, de lui écrire ce que je traversais, aussi bien dans le désespoir qu'un peu plus tard, dans une forme de retour à la joie. Et quand tu me demandes qui était Olivier, alors c'est très dur en fait, c'est une question, parce que résumer la beauté intérieure de quelqu'un, c'est vraiment quelque chose de... enfin voilà d'aillez. Il n'y a pas de mots. Mais en revanche, c'est le correspondance épistolaire. m'a permis de me replonger dans ces lettres. Et en fait, les lettres, ça permet quand même de mesurer ce qu'il y a de beau dans une amitié. Et en fait, ce que j'ai redécouvert, c'était toute la tendresse d'Olivier. C'est-à-dire que c'était une amitié qui était extraordinaire. Et ce que j'ai redécouvert, c'est finalement qu'il y avait... C'était un peu une amitié sans nuages et une amitié où l'écoute et puis la joie de voir l'autre s'accomplir, régner. Voilà, enfin c'était... Et c'était un lien qui était très fort. C'était une amitié, un peu une amitié-refuge.

  • Speaker #0

    On parle souvent de parcours de deuil. Comment tu décrirais ton parcours de deuil à toi ?

  • Speaker #1

    Parcours surprise. J'avais beaucoup lu également sur... sur on va dire tout ce qui est un petit peu l'approche psychologisante du deuil avec toutes ces étapes et puis je m'en suis vite écarté moi en fait ce parcours ça a été un parcours de rencontres je m'explique en fait au début du deuil je me suis vite rendu compte que je n'avais envie de parler à personne je m'isolais puisque je me rendais compte que voilà j'étais pas forcément en phase avec les autres et puis les gens qui nous entourent sont pas forcément pas forcément les réactions en fait que l'on souhaiterait qu'ils aient à ce moment-là. Et en fait je me suis réfugié dans les livres avant l'écriture. C'est à dire que j'ai toujours pensé que les livres c'est un petit peu le meilleur remède à toute situation. Et finalement, je me suis fait des nouveaux amis. Alors des amis inanimés, je me suis plongé dans la littérature de personnes qui avaient perdu, eux aussi, de la famille, des amis. Et ça m'a permis finalement de mettre des mots sur une douleur, de me sentir compris, écouté, et un peu comme un groupe de paroles, un peu fictif. Et ça, ça m'a fait beaucoup de bien. Donc c'est ça, ça a été un chemin de rencontre qui, dans un premier temps... J'ai écouté les autres, ce qui m'a permis de comprendre ce qui se passait en moi. Et ensuite, je suis passé à l'action. C'est-à-dire qu'à partir du moment où j'avais, on va dire, récupéré un peu de ressources, Et puis, où la parole des autres m'avait apaisé un peu, j'ai fait un premier pas, puis un second. Et après, c'est un peu la magie de la vie, c'est-à-dire qu'effectivement, on parle de... beaucoup aujourd'hui de travail de deuil. Mais avant le travail de deuil, il y a le processus de deuil. Et le processus de deuil, c'est quelque chose qui est inconscient, un peu comme une cicatrice qui se répare naturellement. C'est-à-dire qu'il y a un processus intérieur qui s'opère et qui échappe à notre volonté. Et donc ça, c'est quelque chose qu'on ne maîtrise pas. La seule chose qu'on peut faire, c'est de se faire un peu plus de travail de deuil. sur laquelle on peut agir, c'est ce fameux travail de deuil. Et ça, c'est ce que j'ai découvert, c'est-à-dire qu'on peut être son propre infirmier, c'est-à-dire essayer d'accompagner du mieux qu'on peut ce processus qui nous échappe. Et moi, ce processus, je l'ai accompagné avec mes petits pansements, et j'en avais trois, qui étaient l'écriture, la marche. et qui comprend la beauté de la nature et puis les rencontres et petit à petit en dehors de toute étape établie, il y a une sorte de gestation qui s'est opérée et puis un jour on se réveille et puis on se rend compte que la peine est là mais on ne souffre plus et puis après la peine se transforme en quelque chose qui ressemble un peu plus à un renouveau de l'amour. Donc la gestation peut durer huit mois, huit ans, une vie, ça fait le parcours de chacun et c'est individuel.

  • Speaker #0

    Tu as dit que Olivier, c'était pas ton premier deuil, tu avais déjà perdu tes parents. On parle rarement, on parle souvent du deuil du conjoint, on parle souvent de différentes typologies de deuil. Le deuil d'un ami, on n'en parle jamais. C'est hyper rare, tu vois, de parler... de parler du deuil d'un ami en fait, il y a un truc, moi j'ai perdu un pote il y a trois semaines pour le coup, on en parle, enfin tu vois, c'est différent et tu te sens pas suffisamment, moi personnellement en tout cas, proche de la famille pour être, tu vois, pour avoir un rôle à jouer ou pour être vraiment présent, t'oses pas, tu te dis ah je vais déranger, ci et ça, puis en même temps tu souffres quand même et est-ce que tu as observé ? Est-ce que je sais que tu es un feu observateur de ce qui se passe à l'intérieur de toi ? Est-ce que tu as observé des différences entre les premiers deuils que tu as vécu et le deuil d'Olivier ? Ou est-ce que finalement, c'est toujours les mêmes processus de gestation, c'est toujours les mêmes processus de transformation intérieure qui font que ça évolue ?

  • Speaker #1

    Déjà, je te présente toutes mes condoléances pour ton ami. Et si j'écris ce livre... C'est aussi parce que j'avais envie de donner la parole au deuil d'un ami. Parce que je me suis rendu compte dans tous les textes que j'ai lus, en fait, il n'y avait pas vraiment de texte, en tout cas de témoignage, enfin pas assez. Et je suis tombé sur une étude. Je t'écoute. Une étude australienne. Ouais. qui disaient que c'était un deuil qui était sous-estimé. Et le fait d'être sous-estimé pouvait aggraver les symptômes du deuil. Et dans leur étude clinique, ils montraient qu'ils faisaient partie des deuils qui pouvaient tomber dans des deuils qu'on appelle pathologiques, et avec en moyenne 4 ans. Et en fait, leur réflexion était assez simple, et je me suis beaucoup reconnu là-dedans. C'est que, en fait, ce qu'il fait... toute la souffrance d'un deuil, c'est la force du lien. Et si on y pense bien, qu'est-ce qui est plus fort qu'un lien avec un ami ? Puisque le lien avec un meilleur ami, c'est l'intimité, c'est la personne à qui on dit tout, c'est la personne à qui on se livre, à qui on se confie, et ce qui est parfait. beaucoup plus fort qu'avec un membre de la famille, où parfois on confie des choses qu'on ne confierait pas à sa conjointe ou à son conjoint. Mais pour autant, la société fait que, y compris en termes de lois, quand vous perdez vos parents, vous devez avoir trois jours de congés payés ou quelque chose comme ça. Et quand vous perdez un ami, vous n'avez rien du tout. Et pour autant, la souffrance peut être beaucoup plus forte. Moi, en ce qui me concerne, le deuil d'Olivier, c'était le deuil le plus douloureux de ma vie. puisque c'était la personne que j'aimais le plus au monde. C'est un ami que j'ai choisi. Et pour autant, c'est vrai que je m'en rends compte. Et puis, c'est quelque chose que les gens ne comprennent pas. C'est-à-dire que la mentalité et les habitudes mentales font qu'on compatit. au deuil d'un parent pendant 15 jours,

  • Speaker #0

    parce qu'après vous avez attendu,

  • Speaker #1

    écoute, le guichet est fermé. Et en revanche, pour un ami, il y a vraiment quelque chose de l'ordre, oh là là, ça va passer, c'est pas très grave. Et c'est ça qui est assez brutal. Finalement, c'est de se rendre compte qu'au-delà de la souffrance, qui peut ne pas être entendue, il y a une incompréhension par rapport à cette perte, à ce lien. un peu comme cette idée reçue bon, un ami ça se remplace un parent non voilà quand on perd un ami proche on sait que c'est un peu plus complexe voilà je reviens sur le livre pourquoi

  • Speaker #0

    tu as choisi ce titre ? moi j'ai la réponse mais pourquoi tu as choisi ce titre ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, c'est une bonne question parce qu'il y a beaucoup de gens qui pensent faire un voyage tous les longs du livre. Comme le chemin de Compostelle, le premier livre, un chemin pendant plusieurs mois au pied de l'Everest. Alors, je l'ai choisi parce qu'Olivier adorait les montagnes. C'était un... un homme qui aimait la contemplation et puis aimait se réfugier, enfin en tout cas s'isoler pour réfléchir, se retrouver dans les montagnes. Et puis on avait parlé de cette montagne qui est un peu… la reine des montagnes, l'Everest. Et en plus, dans la symbolique, le toit du monde, c'est-à-dire que si on va un peu plus loin, c'est une forme d'Olympe, de trait d'union entre le ciel et la terre. Et en fait, sans tout dévoiler, je me suis retrouvé sur la route de l'Everest. Et en fait, j'ai eu le besoin, comme si j'étais invité, c'est-à-dire que ce n'était pas de l'ordre d'une décision, d'aller là-bas, comme pour offrir un peu un... comme pour offrir un endroit. où Olivier pourrait reposer. C'est-à-dire qu'il m'avait accueilli à Bruxelles à un moment de ma vie où j'étais un peu perdu. Et j'avais, d'une certaine façon, peut-être... de lui rendre l'appareil. Et ce que je n'ai pas pu faire pendant l'enterrement, c'est-à-dire que je n'ai pas pu finalement l'emmener dans un endroit qui lui aurait plu, là où il pourrait reposer en paix. Et un jour... j'ai fait un rêve et le lendemain je me suis dit il faut que j'aille là bas et on avait une habitude de ramasser des cailloux ensemble quand on se baladait et donc on avait une boîte à cailloux et j'avais ramassé des cailloux voilà le short de son décès et j'en ai amené un là haut voilà C'est l'histoire du titre. Nous irons voir l'Everest, qui est issu d'une conversation où on s'était dit un jour, on ira voir l'Everest.

  • Speaker #0

    Donc, tout le monde ne pense pas forcément à écrire des livres, tout le monde ne pense pas forcément à gravir l'Everest, parce que là, on n'est pas sur de la métaphore, on est vraiment sur quelque chose que tu as fait.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je suppose que ce genre de choses ne se décident pas du jour au lendemain, même si tu me dis que j'ai été invité à le faire. là je sors un peu du truc mais il y a besoin de préparation il y a besoin d'un truc non ? tu peux pas y aller comme ça comme tu fais Compostelle où tu prends ton bâton et puis tu avances non mais alors c'est on va rentrer dans quelque chose d'assez spirituel mais allons-y

  • Speaker #1

    mais ça a été plus dur pour moi Compostelle, c'est dingue c'est à dire que je me suis levé après avoir fait ce rêve et j'ai appelé J'ai fouillé un peu sur Internet et j'ai appelé cette agence. Alors, je ne suis pas monté à 8800 mètres. Je suis monté à 6000 mètres, ce qui est en fait la…

  • Speaker #0

    Ce qui est déjà pas mal en soi.

  • Speaker #1

    Mais en fait, c'est la limite autorisée pour un premier début. en sachant que on doit avoir fait quelques 5000 mètres avant, ce qui n'était pas du tout mon cas, je n'étais jamais monté à plus de 3000 mètres. Les gens étaient assez réticents à l'idée de me laisser partir. Et je suis parti un mois plus tard. Alors c'est vrai que pendant un mois, je me suis beaucoup entraîné. Mais j'étais porté par quelque chose qui me dépassait en fait. Et je savais... que je devais aller là-bas, que quelque chose là-bas m'attendait, que j'avais d'une certaine façon passé un mois complet avec Olivier. Et donc je pense que tout ça, finalement, m'a fait oublier toutes les peurs, toutes les craintes d'une telle aventure. Et je pense profondément. que ce qui bloque naturellement dans ce type d'aventure c'est tout ce qu'on anticipe et qui peut se passer d'ailleurs, juste au titre mais en tout cas, en fait la magie de retrouver en fait d'être dans une forme un petit peu d'irréel, puisqu'en fait, quand tu es au-dessus de 5000 mètres, tu n'es plus sur Terre, parce qu'il n'y a plus de notion de vie. Déjà, il y a 50% d'oxygène en moins, donc tu es allégé de beaucoup de choses, en termes de pensée. Tu reviens vraiment à quelque chose de très vital, de très essentiel, ta respiration, et ce paysage magnifique qui est très épuré, et il n'y a pas du tout de vie humaine. il n'y a pas de plantes, pas d'animaux. Et donc j'étais porté par ça. Et pour la petite anecdote, j'ai un syndrome rotulien, je le raconte dans le chemin de Compostelle, où très rapidement, au bout d'un certain nombre de kilomètres, j'ai le genou qui se bloque. Et donc j'avais très peur de ça. J'avais vu un médecin du sport qui m'avait donné des antidouleurs, en me disant vous allez vraiment souffrir Je me suis dit c'est pas grave, on va y aller Voilà, Inch'Allah. Et puis, et donc surtout dans les montées et les descentes, c'est très difficile. Mais je mets mon genou. ne m'a créé aucune douleur, rien de tout. Et puis parfois, j'ai avancé, je me suis découvert une sorte d'énergie, de force, alors que j'étais quand même les gens qui écoutent le savent. Enfin, je veux dire, j'étais épuisé, je sortais vraiment de moi et de moi d'épuisement physique, c'est-à-dire que quelques mois plus tôt, je ne pouvais même pas remonter la toute petite rue en pente à côté de chez moi sans être essoufflé. Et là, moi, j'ai eu l'impression par moment, effectivement, que ce n'était pas forcément moi qui tenais les bâtons, en fait. Donc, voilà, pour répondre à la question, je ne peux pas l'expliquer. Et je pense que dans ce type de chemin, de toute façon, de deuil, c'est bien parfois de ne pas expliquer les choses et de laisser une part de mystère. Parce que c'est comme ça, en fait, que... d'une certaine façon que peut renaître en fait une forme de relation d'amour et avec la personne disparue, quelque chose de léger, qui échappe à toute psychologie, à tout raisonnement. Donc moi je peux juste dire que ça a été difficile, parce que j'ai quand même eu une nuit où j'ai cru que j'allais mourir, parce que je me suis réveillé, j'étais en pleine apnée du sommeil, et je ne respirais plus. mais ça a été ça a été une étape en fait et juste le moment où tu es arrivé tout en haut tu peux

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as ressenti ? Est-ce que tu as eu la sensation d'une libération, d'un aboutissement ? Ou en fait, c'était dans la continuité finalement de ce chemin ? Alors,

  • Speaker #1

    il y a eu plusieurs sommets. Parce qu'en fait, pour aller à 6000, je m'étais engagé à monter deux sommets à 5000 avant. Donc sur la route, j'ai monté les sommets. Et le premier sommet que j'ai monté à 5000, qui donnait une vue panoramique sur l'Everest, c'est vraiment... Alors je ne sais pas, on parle, il y a beaucoup de livres sur les délires que peut causer le manque d'oxygène. Mais là, moi j'ai senti Olivier à côté de moi. Et d'un seul coup, c'est comme si une fenêtre éclairée venait de s'ouvrir. C'est-à-dire que j'ai senti que je n'étais pas seul. C'était un peu comme un état de grâce et ça, ça a tout changé. Ça a tout changé. Puisqu'en fait ce qui était douloureux c'était de me dire comment je vais faire pour vivre sans lui, sans cette amitié. Et en fait, le plus dur, et ce que m'a invité en fait ce chemin, c'était à traverser le manque. C'est ça un peu l'histoire en fait de la route de l'Everest. finalement, c'est j'ai assez de force, j'ai réussi à me relever un peu, maintenant, il est temps de traverser le manque, la souffrance. Ce que j'ai toujours refusé de traverser dans les deuils précédents. Et en fait, en traversant ce manque, en le traversant en marchant, justement, en étant en mouvement, et entouré de beauté, parce que c'est... ça change quand même beaucoup de choses ça m'a permis de le retrouver de me sentir accompagné pour la suite du chemin tu as parlé du mot souffrance oui

  • Speaker #0

    tu as dit dans le passé je ne m'y suis jamais confronté donc là ça veut dire que tu t'y es confronté tu auras un mot à partager quand je te dis affronter sa souffrance ou en tout cas aller au devant de sa souffrance ça t'évoque quoi toi ?

  • Speaker #1

    quelque chose qui n'est pas naturel en fait on apprend à on apprend à essayer d'être heureux alors il ya plein de manuel aujourd'hui pour ça mais personne ne nous apprend à bien souffrir en fait et donc moi j'étais J'étais vraiment... Enfin, je fuyais. De toute façon, c'est un mécanisme humain, normal, à fuir tout ce qui nous est désagréable et encore plus aujourd'hui tendre vers encore plus de plaisir. Et donc, on n'est vraiment pas préparé. En tout cas, moi, je ne l'étais pas du tout. Et donc, naturellement... Quand j'ai perdu ma mère, naturellement, je suis allé vers la distraction, le monde, en fait, vers une forme d'ivresse un peu, pour faire rentrer de la vie. Mais ça, c'est l'histoire que je me racontais. En fait, je n'avais même pas conscience que j'essayais de fuir une peine. insondable et puis l'expérience fait que le deuil d'Olivier a été un peu un deuil en conscience c'est-à-dire que je savais très bien que la fuite que la distraction ou le m'enfermer dans le travail ne serait que retarder finalement l'explosion de la bombe et donc bon je me suis engagé sur ce chemin en me disant bon j'ai pas trop le choix j'ai pas envie d'y aller mais en même temps en même temps voilà c'est une étape inévitable et donc j'ai essayé pour traverser cette période enfin voilà périlleuse il fallait essayer d'ajouter des éléments qui me permettraient de traverser ce chemin ce chemin à

  • Speaker #0

    risque en fait tu penses que notre société elle est j'ai déjà la réponse et je sais déjà ta réponse là dessus mais Bon, je vais plutôt poser une affirmation. La société actuelle, elle n'est pas forcément tournée pour accompagner correctement les gens dans leur deuil à tous les niveaux. dans le monde de l'entreprise, familiale, etc. On n'est pas prêt, on ne sait pas quoi dire, on ne sait pas quoi faire. C'est toujours très délicat. Qu'est-ce qui manque selon toi, en fait ? Qu'est-ce qui pourrait faire que notre société soit plus ouverte sur ces questions juste essentielles qui nous concernent tous, du mieux vivre son deuil ? rapport à la mort, finitude à la souffrance.

  • Speaker #1

    Alors là, tu me poses une question, je pense qu'on pourrait faire une thèse de doctorat là-dessus. On peut y aller.

  • Speaker #0

    Et on a encore un moment.

  • Speaker #1

    Mais spontanément, spontanément... spontanément ce qui manque aux gens face et même pas je pense que c'est de la lumière en fait et donc là on peut en arriver dans la spiritualité mais à partir du moment où finalement tu as de l'amour en toi de la confiance que tu en fait cultives la confiance en la vie et non la confiance en toi indifférent, très égocentrique si tu cultives la confiance en la vie naturellement tu n'es pas en recherche de quelque chose pour aller bien, pour être un humain encore meilleur mais finalement tu vis la vie de façon très simple Et donc, tu es disponible pour écouter les gens. Tu n'as pas peur. Et donc, tu écoutes ton collègue, tu parles d'un problème de boulot, tu écoutes ton ami qui a perdu un de ses parents et tu es pleinement avec lui. Puisqu'en fait, même dans cet échange... en fait ça raconte quelque chose de très humain, de très vivant. Et donc je pense que c'est ça, moi, c'est la peur de la souffrance qui est en fait juste la traduction d'un manque d'amour. Voilà. Et donc si j'écoute la peine de l'autre, finalement je vais encore plus m'alourdir, sachant que moi-même je n'ai peut-être pas assez de capacités. Je pense qu'il y a quelque chose vraiment de l'ordre de la confiance en la vie. en fait et de l'amour mais ça c'est quelque chose qui on est vraiment dans la moi j'ai pas vraiment de clé là dessus et je pense que, et heureusement qu'il n'y en a pas je crois que c'est le chemin de la vie en fait tout simplement quand on parle de,

  • Speaker #0

    tu dis le alors je rentre dans des trucs mais quand on met le mot lumière on peut tout mettre dedans et chacun a ses clés de lecture et ses langages et peu importe, ça revient tout à la même chose mais... On a souvent ce truc de... Je fais confiance à la vie. Ah ouais, je fais confiance à la vie, putain, mais il m'arrive que des couilles. Ah putain, il m'arrive des couilles, bordel, mauvaise nouvelle, etc. Et je pense que chaque... J'ai pas envie de dire que chaque épreuve, c'est un truc, mais chaque épreuve, c'est quand même un enseignement, c'est un truc... La vie, c'est pas linéaire, c'est pas juste... Je fais confiance à la vie, donc tout va bien se passer, et il n'y aura jamais une couille, et il n'y aura jamais un truc qui va... qui va nous heurter, c'est pas comme ça que ça fonctionne en fait, ça peut nous heurter et justement c'est une opportunité je pense de faire un travail sur soi, d'approfondir qui on est,

  • Speaker #1

    la connaissance de soi de travailler sur son rapport aux autres alors juste faire confiance en la vie pour moi c'est pas de la psychologie positive faire confiance en la vie et d'ailleurs c'est marrant parce que j'ai le bouquin à côté parce qu'il y a un feuille C'est vraiment pas voulu, mais j'ai compris ça grâce à Olivier. Parce que comme je te disais, on s'écrivait beaucoup. Et la dernière lettre qu'il m'a laissée, alors attends, j'espère que je vais la retrouver très rapidement. La dernière lettre, en fait, il me parle justement... Bon, je ne la retrouve pas, on pourra la redire plus tard. Ah voilà, ça y est, je l'ai. Alors... Alors... Donc il me dit, ce qui est très important, la foi que le monde nous offrira toutes les joies en temps voulu, en suivant cette voie. C'est probablement ce dernier point qui m'a le plus manqué jusqu'à présent. Faire confiance à la vie pour vivre pleinement. Et je pense que je n'avais pas lu, je n'avais pas forcément compris, je pense, ces mots. Et en relisant ça, je me suis dit, oui, en fait, faire confiance à la vie, c'est effectivement de se dire que la vie, c'est un chemin avec des souffrances qu'on veut éviter. Bon, malheureusement, quand on essaie de les contrôler, c'est encore plus difficile. Mais peut-être d'avoir une approche... un peu rempli d'espoir qui se cultive en se disant que, bon, il y a un moment, les chemins ombragés finissent toujours par déboucher sur un peu de ciel bleu. Et voilà. Et ce n'est pas la méthode Coué, mais le fait quand même de se dire qu'en continuant à cheminer, à marcher, à suivre le courant, Et en gardant un peu d'espoir, en temps voulu, il y a quelque chose de beau qui pourra se présenter. Et quelque chose de beau, ce n'est pas forcément un ticket d'or au million. Ça peut être le sourire de quelqu'un qui va vous redonner confiance et vous redonner un élan supplémentaire. Voilà, c'était…

  • Speaker #0

    Après avoir écrit le livre… ça a changé quoi dans ton parcours personnel ? Comment a évolué ta vie perso après l'écriture de livres ? Il y a eu des choses qui ont changé au-delà de ton rapport à toi, ton rapport à la souffrance, etc.

  • Speaker #1

    Ah bah oui, mais tout est encore en cours de transformation. Mais franchement, j'ai vu ça, ça me surprend parfois. en tout cas ce qui est sûr c'est que il y a un apaisement qui se fait et puis surtout il y a cette idée de confiance et quand je parle de confiance c'est à dire que moi je me rends compte aujourd'hui j'en avais pas conscience avant j'ai fait plein de choses qui étaient très importantes pour moi et pour autant je me rends compte que toutes ces choses en fait... répondait un peu à une urgence de vivre. Aujourd'hui, j'ai vraiment l'impression de vivre, c'est-à-dire que je fais les choses sans arrière-pensée. C'est-à-dire que je suis un peu le courant. Avant, j'étais un peu du genre à programmer les choses, de tel week-end, d'aller dans un endroit, parce que j'aimerais rencontrer telle personne. Là, c'est vrai qu'en ce moment, je suis dans une période où je laisse faire la vie. et je dois avouer qu'Olivier avait raison dans ses mots en temps voulu, la vie fait l'art des canots et je réalise Et franchement, ce n'était pas du tout dans mes habitudes. Mais je réalise qu'en ne faisant rien, mais en continuant à avancer, bien évidemment, en ne voulant pas avoir une emprise sur les choses, il se passe plein de trucs. Et d'ailleurs, je suis allé voir le film de Monte Cristo. Et à la fin, la dernière phrase que dit Mondantès, c'est attendre et espérer. Et bien ça résume un peu tout ça. Et je dois avouer que c'est quand même une stratégie très efficace.

  • Speaker #0

    Ah, ça roule. Est-ce que tu aurais un livre à partager avec les gens qui nous écoutent ? Un livre, une ressource, n'importe quoi.

  • Speaker #1

    Oui. Alors un livre que j'ai lu après avoir écrit le livre mais incroyable. Qui est un livre de... Alors, je ne peux pas dire de bêtises. Eli, Eli, ça s'appelle une vie éprouvée, je crois. Ah,

  • Speaker #0

    alors attends, je te le trouve tout de suite.

  • Speaker #1

    Eli, 2-L-Y, étissomme, une vie une vie éprouvée,

  • Speaker #0

    une vie bouleversée. Ah, voilà,

  • Speaker #1

    une vie bouleversée. Alors ce qui est marrant d'ailleurs, c'est plein de poésie, c'est magnifique. Et j'ai lu que les premiers porte-parole du développement personnel s'étaient grandement inspirés de ces écrits. Non, non, mais c'est vraiment incroyable. C'est l'histoire d'une jeune femme très cultivée, poète. qui est en fait dans une démarche finalement assez égocentrique de chemin personnel, comment être mieux avec moi-même. Et puis elle va se retrouver un jour, elle est juive, elle habite aux Pays-Bas, on est en 1943. Et elle va se retrouver, elle va être changée en fait par ça. Et sans révéler, elle va décider de son plein gré d'être déportée pour ne pas... abandonner les siens et elle trouvera dans cette voie l'ouverture et la libération et c'est un livre magnifique, vraiment je conseille à tout le monde de le lire et ça parle effectivement de deuil parce qu'en fait le deuil c'est bien plus que la perte d'une personne c'est un deuil... beaucoup plus vaste et dense. Et ce livre, je trouve, arrive à saisir cette complexité. Et sinon, j'en ai un autre, magnifique, qui s'appelle Le temps d'un soupir, je crois, de Anne Philippe, qui est la femme de Gérard Philippe. Je ne sais pas si on le trouve encore, mais vraiment très très beau. Et un dernier qui s'appelle L'âge. de la souffrance je crois. C'est un moine vietnamien qui a ouvert d'ailleurs je crois le premier temple bouddhiste en France dans les années 70. Tu peux le trouver très facilement parce qu'il est très connu. L'heure de bien souffrir. Ok.

  • Speaker #0

    T'as passé un bon moment Julien.

  • Speaker #1

    Ouais moi je pense que ça se voit non ? Non j'ai passé un bon moment parce que... Parce que c'est ça aussi effectivement la vie. Quand on ne fuit pas les choses qui peuvent nous remuer un peu, on se rend compte que derrière un petit peu ces côtés un peu sombres, il y a de la lumière en fait. Tout finit par passer et la preuve, c'est un peu comme une douche froide. C'est très désagréable. Et puis en fait, après tu te sens bien. Là, j'avais la boule au ventre un peu ce matin. Parce que je me suis dit, je me suis dit, je vais encore me replonger là-dedans. Et puis en fait, d'un seul coup, c'est une invitation à regarder ce qu'il y a, et pas ce qu'il n'y a plus en fait. Et ce qu'il y a, c'est que l'amour de cette relation, il est toujours là en fait. Et d'une certaine façon, cette interview m'a permis de le... cultivé à nouveau. Et donc certainement, il y aura peut-être un petit cadeau sur la route, dans la journée. Merci beaucoup. Merci, c'était vraiment un moment chouette. Et j'espère que...

  • Speaker #0

    que tes auditeurs pourront trouver peut-être un mot quelque chose qui puisse faire du bien j'en suis absolument convaincu merci beaucoup Julien d'avoir accepté l'invitation de l'échange et de... moi je me sens tout léger perso donc c'était vraiment très très chouette, merci beaucoup Julien à très bientôt, prends soin de toi Voilà, c'est fini pour aujourd'hui. Merci d'avoir écouté cet épisode avec Julien. J'espère que ses mots et son histoire vous auront touchés. Si cet épisode vous a parlé, pensez à liker et partager Vivant avec vos proches. Et n'oubliez pas de nous laisser une note 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute comme Spotify ou Apple Podcast. Vos avis sont juste essentiels pour nous permettre de faire découvrir Vivant au plus grand nombre. Pensez également à vous abonner à Vivant sur votre plateforme de podcast ou sur YouTube. Du contenu exclusif vous sera régulièrement proposé. Chaque abonnement nous aide à faire grandir la communauté et à vous offrir des contenus sincères et enrichissants. Enfin, si vous et vos proches sont confrontés à un décès, Tranquillité.fr peut vous aider à simplifier vos démarches administratives et à obtenir les aides et les capitaux financiers qui vous reviennent, tout cela sans risque d'erreur, sans stress. Merci d'être toujours plus nombreux à suivre Vivant. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode. En attendant, prenez soin de vous.

  • Speaker #1

    Sous

Description

J’ai l’immense plaisir de recevoir Julien Charles, auteur du livre On ira voir l’Everest, dans lequel il raconte le deuil de son meilleur ami.

À travers ses mots, Julien nous plonge dans un voyage émotionnel intense, où la souffrance du deuil rencontre la résilience.

Dans cet épisode, on va parler de cette histoire.

On va explorer ce chemin douloureux qu'est le deuil, les étapes de la souffrance, mais aussi la force de la résilience, cette lumière qu’on cherche à atteindre, même quand tout semble sombre.

Que vous ayez traversé un deuil ou non, cet échange vous touchera en plein cœur, car il parle de l’essence même de l’amitié, de la perte, et surtout de ce que cela signifie d’être vivant.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous êtes en train d'écouter l'épisode 57 de Vivant. Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles. Vivant, ce sont toutes les trois semaines des conversations ordinaires mais inspirantes, singulières et rassurantes pour réveiller votre conscience. Mes invités ont accepté de partager leur histoire et avec eux, vous découvrirez que parler de la mort, c'est avant tout parler de la vie. Ici Teddy Brodley de Tranquillité.fr, je vous souhaite la bienvenue dans ce podcast vivant. Bonjour à tous et bonjour à toutes, bienvenue dans cette nouvelle saison de Vivant, où aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Julien Charles, auteur du livre On ira voir l'Everest, dans lequel il raconte le deuil de son meilleur ami. À travers ces mots, Julien nous plonge dans un voyage intense où la souffrance du deuil rencontre la résilience. Dans cet épisode, on va parler de cette histoire, on va explorer ce chemin douloureux qu'est le deuil d'un ami. les étapes de la souffrance, mais aussi la force qu'il faut pour atteindre cette lumière, même quand tout semble sombre. Je ne vous en dis pas plus et laisse place à ma discussion avec Julien Charal. Bonjour Julien, bienvenue dans Vivant. Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, je me sens assez vivant. Déjà bonjour Teddy, je suis ravi d'être là. Et donc je me sens bien. et puis content de commencer cette discussion avec toi.

  • Speaker #0

    Moi aussi, ça fait un petit moment. Alors en fait, pour les gens qui nous écoutent, comment j'ai connu Julien ? Un jour, Julien m'a envoyé un livre, qui était le livre qu'il avait écrit, dont on va parler aujourd'hui. On va parler de toi, de ton parcours et de ton bouquin, avec un petit mot à l'intérieur qui disait Merci pour le podcast, il y a deux, trois épisodes qui m'ont aidé dans mon parcours. Donc ça m'a touché, le bouquin je l'ai reçu il y a peut-être un an et demi, et je suis revenu vers toi il y a quelques mois en m'excusant platement du délai de réponse. Mais voilà, est-ce que tu peux te présenter peut-être pour les gens qui ne te connaissent pas, avant d'aller plus loin ?

  • Speaker #1

    Oui, je m'appelle Julien, j'ai 42 ans, j'ai écrit deux livres, le premier qui s'appelle... Compostelle Thérapie, aux éditions Larousse, qui est l'histoire du chemin de Compostelle. C'est un journal. Et le second, qui s'appelle Nous, dire au revoir l'Everest, aux éditions Erol, qui est également un journal et qui est en fait l'histoire du deuil de mon meilleur ami

  • Speaker #0

    Olivier. Tous les gens qui vivent un deuil ne pensent pas forcément à écrire un livre. cas vont pas juste au bout tu vois il s'est passé quoi c'était quoi les c'était quoi les relations avec avec cet ami avant et qu'est ce qui s'est passé de ce que tu veux nous en raconter bien évidemment si je reprends le

  • Speaker #1

    début de sa phrase tous les ans pense pas écrire un livre alors c'est vrai j'ai perdu ma mère et mon père et c'est vrai qu'à l'époque je n'ai pas écrit de livres et Il y a plusieurs choses. À la base, en fait, ce journal était intime. Donc, il est intime. Je n'avais pas l'intention de le retravailler et de le rendre public. En fait, au début, ce journal, il avait vocation à m'aider à appréhender ce que j'étais en train de traverser, à mettre des mots sur des émotions qui me vampirisait. Et puis, d'une façon un peu plus gaie, c'était pour moi une façon de garder le lien avec Olivier. C'est-à-dire que ce journal s'adresse à lui, un peu comme des lettres. On avait l'habitude l'un et l'autre d'avoir un lien épistolaire. Et donc, j'avais besoin... pour rendre ce deuil plus supportable, de lui écrire ce que je traversais, aussi bien dans le désespoir qu'un peu plus tard, dans une forme de retour à la joie. Et quand tu me demandes qui était Olivier, alors c'est très dur en fait, c'est une question, parce que résumer la beauté intérieure de quelqu'un, c'est vraiment quelque chose de... enfin voilà d'aillez. Il n'y a pas de mots. Mais en revanche, c'est le correspondance épistolaire. m'a permis de me replonger dans ces lettres. Et en fait, les lettres, ça permet quand même de mesurer ce qu'il y a de beau dans une amitié. Et en fait, ce que j'ai redécouvert, c'était toute la tendresse d'Olivier. C'est-à-dire que c'était une amitié qui était extraordinaire. Et ce que j'ai redécouvert, c'est finalement qu'il y avait... C'était un peu une amitié sans nuages et une amitié où l'écoute et puis la joie de voir l'autre s'accomplir, régner. Voilà, enfin c'était... Et c'était un lien qui était très fort. C'était une amitié, un peu une amitié-refuge.

  • Speaker #0

    On parle souvent de parcours de deuil. Comment tu décrirais ton parcours de deuil à toi ?

  • Speaker #1

    Parcours surprise. J'avais beaucoup lu également sur... sur on va dire tout ce qui est un petit peu l'approche psychologisante du deuil avec toutes ces étapes et puis je m'en suis vite écarté moi en fait ce parcours ça a été un parcours de rencontres je m'explique en fait au début du deuil je me suis vite rendu compte que je n'avais envie de parler à personne je m'isolais puisque je me rendais compte que voilà j'étais pas forcément en phase avec les autres et puis les gens qui nous entourent sont pas forcément pas forcément les réactions en fait que l'on souhaiterait qu'ils aient à ce moment-là. Et en fait je me suis réfugié dans les livres avant l'écriture. C'est à dire que j'ai toujours pensé que les livres c'est un petit peu le meilleur remède à toute situation. Et finalement, je me suis fait des nouveaux amis. Alors des amis inanimés, je me suis plongé dans la littérature de personnes qui avaient perdu, eux aussi, de la famille, des amis. Et ça m'a permis finalement de mettre des mots sur une douleur, de me sentir compris, écouté, et un peu comme un groupe de paroles, un peu fictif. Et ça, ça m'a fait beaucoup de bien. Donc c'est ça, ça a été un chemin de rencontre qui, dans un premier temps... J'ai écouté les autres, ce qui m'a permis de comprendre ce qui se passait en moi. Et ensuite, je suis passé à l'action. C'est-à-dire qu'à partir du moment où j'avais, on va dire, récupéré un peu de ressources, Et puis, où la parole des autres m'avait apaisé un peu, j'ai fait un premier pas, puis un second. Et après, c'est un peu la magie de la vie, c'est-à-dire qu'effectivement, on parle de... beaucoup aujourd'hui de travail de deuil. Mais avant le travail de deuil, il y a le processus de deuil. Et le processus de deuil, c'est quelque chose qui est inconscient, un peu comme une cicatrice qui se répare naturellement. C'est-à-dire qu'il y a un processus intérieur qui s'opère et qui échappe à notre volonté. Et donc ça, c'est quelque chose qu'on ne maîtrise pas. La seule chose qu'on peut faire, c'est de se faire un peu plus de travail de deuil. sur laquelle on peut agir, c'est ce fameux travail de deuil. Et ça, c'est ce que j'ai découvert, c'est-à-dire qu'on peut être son propre infirmier, c'est-à-dire essayer d'accompagner du mieux qu'on peut ce processus qui nous échappe. Et moi, ce processus, je l'ai accompagné avec mes petits pansements, et j'en avais trois, qui étaient l'écriture, la marche. et qui comprend la beauté de la nature et puis les rencontres et petit à petit en dehors de toute étape établie, il y a une sorte de gestation qui s'est opérée et puis un jour on se réveille et puis on se rend compte que la peine est là mais on ne souffre plus et puis après la peine se transforme en quelque chose qui ressemble un peu plus à un renouveau de l'amour. Donc la gestation peut durer huit mois, huit ans, une vie, ça fait le parcours de chacun et c'est individuel.

  • Speaker #0

    Tu as dit que Olivier, c'était pas ton premier deuil, tu avais déjà perdu tes parents. On parle rarement, on parle souvent du deuil du conjoint, on parle souvent de différentes typologies de deuil. Le deuil d'un ami, on n'en parle jamais. C'est hyper rare, tu vois, de parler... de parler du deuil d'un ami en fait, il y a un truc, moi j'ai perdu un pote il y a trois semaines pour le coup, on en parle, enfin tu vois, c'est différent et tu te sens pas suffisamment, moi personnellement en tout cas, proche de la famille pour être, tu vois, pour avoir un rôle à jouer ou pour être vraiment présent, t'oses pas, tu te dis ah je vais déranger, ci et ça, puis en même temps tu souffres quand même et est-ce que tu as observé ? Est-ce que je sais que tu es un feu observateur de ce qui se passe à l'intérieur de toi ? Est-ce que tu as observé des différences entre les premiers deuils que tu as vécu et le deuil d'Olivier ? Ou est-ce que finalement, c'est toujours les mêmes processus de gestation, c'est toujours les mêmes processus de transformation intérieure qui font que ça évolue ?

  • Speaker #1

    Déjà, je te présente toutes mes condoléances pour ton ami. Et si j'écris ce livre... C'est aussi parce que j'avais envie de donner la parole au deuil d'un ami. Parce que je me suis rendu compte dans tous les textes que j'ai lus, en fait, il n'y avait pas vraiment de texte, en tout cas de témoignage, enfin pas assez. Et je suis tombé sur une étude. Je t'écoute. Une étude australienne. Ouais. qui disaient que c'était un deuil qui était sous-estimé. Et le fait d'être sous-estimé pouvait aggraver les symptômes du deuil. Et dans leur étude clinique, ils montraient qu'ils faisaient partie des deuils qui pouvaient tomber dans des deuils qu'on appelle pathologiques, et avec en moyenne 4 ans. Et en fait, leur réflexion était assez simple, et je me suis beaucoup reconnu là-dedans. C'est que, en fait, ce qu'il fait... toute la souffrance d'un deuil, c'est la force du lien. Et si on y pense bien, qu'est-ce qui est plus fort qu'un lien avec un ami ? Puisque le lien avec un meilleur ami, c'est l'intimité, c'est la personne à qui on dit tout, c'est la personne à qui on se livre, à qui on se confie, et ce qui est parfait. beaucoup plus fort qu'avec un membre de la famille, où parfois on confie des choses qu'on ne confierait pas à sa conjointe ou à son conjoint. Mais pour autant, la société fait que, y compris en termes de lois, quand vous perdez vos parents, vous devez avoir trois jours de congés payés ou quelque chose comme ça. Et quand vous perdez un ami, vous n'avez rien du tout. Et pour autant, la souffrance peut être beaucoup plus forte. Moi, en ce qui me concerne, le deuil d'Olivier, c'était le deuil le plus douloureux de ma vie. puisque c'était la personne que j'aimais le plus au monde. C'est un ami que j'ai choisi. Et pour autant, c'est vrai que je m'en rends compte. Et puis, c'est quelque chose que les gens ne comprennent pas. C'est-à-dire que la mentalité et les habitudes mentales font qu'on compatit. au deuil d'un parent pendant 15 jours,

  • Speaker #0

    parce qu'après vous avez attendu,

  • Speaker #1

    écoute, le guichet est fermé. Et en revanche, pour un ami, il y a vraiment quelque chose de l'ordre, oh là là, ça va passer, c'est pas très grave. Et c'est ça qui est assez brutal. Finalement, c'est de se rendre compte qu'au-delà de la souffrance, qui peut ne pas être entendue, il y a une incompréhension par rapport à cette perte, à ce lien. un peu comme cette idée reçue bon, un ami ça se remplace un parent non voilà quand on perd un ami proche on sait que c'est un peu plus complexe voilà je reviens sur le livre pourquoi

  • Speaker #0

    tu as choisi ce titre ? moi j'ai la réponse mais pourquoi tu as choisi ce titre ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, c'est une bonne question parce qu'il y a beaucoup de gens qui pensent faire un voyage tous les longs du livre. Comme le chemin de Compostelle, le premier livre, un chemin pendant plusieurs mois au pied de l'Everest. Alors, je l'ai choisi parce qu'Olivier adorait les montagnes. C'était un... un homme qui aimait la contemplation et puis aimait se réfugier, enfin en tout cas s'isoler pour réfléchir, se retrouver dans les montagnes. Et puis on avait parlé de cette montagne qui est un peu… la reine des montagnes, l'Everest. Et en plus, dans la symbolique, le toit du monde, c'est-à-dire que si on va un peu plus loin, c'est une forme d'Olympe, de trait d'union entre le ciel et la terre. Et en fait, sans tout dévoiler, je me suis retrouvé sur la route de l'Everest. Et en fait, j'ai eu le besoin, comme si j'étais invité, c'est-à-dire que ce n'était pas de l'ordre d'une décision, d'aller là-bas, comme pour offrir un peu un... comme pour offrir un endroit. où Olivier pourrait reposer. C'est-à-dire qu'il m'avait accueilli à Bruxelles à un moment de ma vie où j'étais un peu perdu. Et j'avais, d'une certaine façon, peut-être... de lui rendre l'appareil. Et ce que je n'ai pas pu faire pendant l'enterrement, c'est-à-dire que je n'ai pas pu finalement l'emmener dans un endroit qui lui aurait plu, là où il pourrait reposer en paix. Et un jour... j'ai fait un rêve et le lendemain je me suis dit il faut que j'aille là bas et on avait une habitude de ramasser des cailloux ensemble quand on se baladait et donc on avait une boîte à cailloux et j'avais ramassé des cailloux voilà le short de son décès et j'en ai amené un là haut voilà C'est l'histoire du titre. Nous irons voir l'Everest, qui est issu d'une conversation où on s'était dit un jour, on ira voir l'Everest.

  • Speaker #0

    Donc, tout le monde ne pense pas forcément à écrire des livres, tout le monde ne pense pas forcément à gravir l'Everest, parce que là, on n'est pas sur de la métaphore, on est vraiment sur quelque chose que tu as fait.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je suppose que ce genre de choses ne se décident pas du jour au lendemain, même si tu me dis que j'ai été invité à le faire. là je sors un peu du truc mais il y a besoin de préparation il y a besoin d'un truc non ? tu peux pas y aller comme ça comme tu fais Compostelle où tu prends ton bâton et puis tu avances non mais alors c'est on va rentrer dans quelque chose d'assez spirituel mais allons-y

  • Speaker #1

    mais ça a été plus dur pour moi Compostelle, c'est dingue c'est à dire que je me suis levé après avoir fait ce rêve et j'ai appelé J'ai fouillé un peu sur Internet et j'ai appelé cette agence. Alors, je ne suis pas monté à 8800 mètres. Je suis monté à 6000 mètres, ce qui est en fait la…

  • Speaker #0

    Ce qui est déjà pas mal en soi.

  • Speaker #1

    Mais en fait, c'est la limite autorisée pour un premier début. en sachant que on doit avoir fait quelques 5000 mètres avant, ce qui n'était pas du tout mon cas, je n'étais jamais monté à plus de 3000 mètres. Les gens étaient assez réticents à l'idée de me laisser partir. Et je suis parti un mois plus tard. Alors c'est vrai que pendant un mois, je me suis beaucoup entraîné. Mais j'étais porté par quelque chose qui me dépassait en fait. Et je savais... que je devais aller là-bas, que quelque chose là-bas m'attendait, que j'avais d'une certaine façon passé un mois complet avec Olivier. Et donc je pense que tout ça, finalement, m'a fait oublier toutes les peurs, toutes les craintes d'une telle aventure. Et je pense profondément. que ce qui bloque naturellement dans ce type d'aventure c'est tout ce qu'on anticipe et qui peut se passer d'ailleurs, juste au titre mais en tout cas, en fait la magie de retrouver en fait d'être dans une forme un petit peu d'irréel, puisqu'en fait, quand tu es au-dessus de 5000 mètres, tu n'es plus sur Terre, parce qu'il n'y a plus de notion de vie. Déjà, il y a 50% d'oxygène en moins, donc tu es allégé de beaucoup de choses, en termes de pensée. Tu reviens vraiment à quelque chose de très vital, de très essentiel, ta respiration, et ce paysage magnifique qui est très épuré, et il n'y a pas du tout de vie humaine. il n'y a pas de plantes, pas d'animaux. Et donc j'étais porté par ça. Et pour la petite anecdote, j'ai un syndrome rotulien, je le raconte dans le chemin de Compostelle, où très rapidement, au bout d'un certain nombre de kilomètres, j'ai le genou qui se bloque. Et donc j'avais très peur de ça. J'avais vu un médecin du sport qui m'avait donné des antidouleurs, en me disant vous allez vraiment souffrir Je me suis dit c'est pas grave, on va y aller Voilà, Inch'Allah. Et puis, et donc surtout dans les montées et les descentes, c'est très difficile. Mais je mets mon genou. ne m'a créé aucune douleur, rien de tout. Et puis parfois, j'ai avancé, je me suis découvert une sorte d'énergie, de force, alors que j'étais quand même les gens qui écoutent le savent. Enfin, je veux dire, j'étais épuisé, je sortais vraiment de moi et de moi d'épuisement physique, c'est-à-dire que quelques mois plus tôt, je ne pouvais même pas remonter la toute petite rue en pente à côté de chez moi sans être essoufflé. Et là, moi, j'ai eu l'impression par moment, effectivement, que ce n'était pas forcément moi qui tenais les bâtons, en fait. Donc, voilà, pour répondre à la question, je ne peux pas l'expliquer. Et je pense que dans ce type de chemin, de toute façon, de deuil, c'est bien parfois de ne pas expliquer les choses et de laisser une part de mystère. Parce que c'est comme ça, en fait, que... d'une certaine façon que peut renaître en fait une forme de relation d'amour et avec la personne disparue, quelque chose de léger, qui échappe à toute psychologie, à tout raisonnement. Donc moi je peux juste dire que ça a été difficile, parce que j'ai quand même eu une nuit où j'ai cru que j'allais mourir, parce que je me suis réveillé, j'étais en pleine apnée du sommeil, et je ne respirais plus. mais ça a été ça a été une étape en fait et juste le moment où tu es arrivé tout en haut tu peux

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as ressenti ? Est-ce que tu as eu la sensation d'une libération, d'un aboutissement ? Ou en fait, c'était dans la continuité finalement de ce chemin ? Alors,

  • Speaker #1

    il y a eu plusieurs sommets. Parce qu'en fait, pour aller à 6000, je m'étais engagé à monter deux sommets à 5000 avant. Donc sur la route, j'ai monté les sommets. Et le premier sommet que j'ai monté à 5000, qui donnait une vue panoramique sur l'Everest, c'est vraiment... Alors je ne sais pas, on parle, il y a beaucoup de livres sur les délires que peut causer le manque d'oxygène. Mais là, moi j'ai senti Olivier à côté de moi. Et d'un seul coup, c'est comme si une fenêtre éclairée venait de s'ouvrir. C'est-à-dire que j'ai senti que je n'étais pas seul. C'était un peu comme un état de grâce et ça, ça a tout changé. Ça a tout changé. Puisqu'en fait ce qui était douloureux c'était de me dire comment je vais faire pour vivre sans lui, sans cette amitié. Et en fait, le plus dur, et ce que m'a invité en fait ce chemin, c'était à traverser le manque. C'est ça un peu l'histoire en fait de la route de l'Everest. finalement, c'est j'ai assez de force, j'ai réussi à me relever un peu, maintenant, il est temps de traverser le manque, la souffrance. Ce que j'ai toujours refusé de traverser dans les deuils précédents. Et en fait, en traversant ce manque, en le traversant en marchant, justement, en étant en mouvement, et entouré de beauté, parce que c'est... ça change quand même beaucoup de choses ça m'a permis de le retrouver de me sentir accompagné pour la suite du chemin tu as parlé du mot souffrance oui

  • Speaker #0

    tu as dit dans le passé je ne m'y suis jamais confronté donc là ça veut dire que tu t'y es confronté tu auras un mot à partager quand je te dis affronter sa souffrance ou en tout cas aller au devant de sa souffrance ça t'évoque quoi toi ?

  • Speaker #1

    quelque chose qui n'est pas naturel en fait on apprend à on apprend à essayer d'être heureux alors il ya plein de manuel aujourd'hui pour ça mais personne ne nous apprend à bien souffrir en fait et donc moi j'étais J'étais vraiment... Enfin, je fuyais. De toute façon, c'est un mécanisme humain, normal, à fuir tout ce qui nous est désagréable et encore plus aujourd'hui tendre vers encore plus de plaisir. Et donc, on n'est vraiment pas préparé. En tout cas, moi, je ne l'étais pas du tout. Et donc, naturellement... Quand j'ai perdu ma mère, naturellement, je suis allé vers la distraction, le monde, en fait, vers une forme d'ivresse un peu, pour faire rentrer de la vie. Mais ça, c'est l'histoire que je me racontais. En fait, je n'avais même pas conscience que j'essayais de fuir une peine. insondable et puis l'expérience fait que le deuil d'Olivier a été un peu un deuil en conscience c'est-à-dire que je savais très bien que la fuite que la distraction ou le m'enfermer dans le travail ne serait que retarder finalement l'explosion de la bombe et donc bon je me suis engagé sur ce chemin en me disant bon j'ai pas trop le choix j'ai pas envie d'y aller mais en même temps en même temps voilà c'est une étape inévitable et donc j'ai essayé pour traverser cette période enfin voilà périlleuse il fallait essayer d'ajouter des éléments qui me permettraient de traverser ce chemin ce chemin à

  • Speaker #0

    risque en fait tu penses que notre société elle est j'ai déjà la réponse et je sais déjà ta réponse là dessus mais Bon, je vais plutôt poser une affirmation. La société actuelle, elle n'est pas forcément tournée pour accompagner correctement les gens dans leur deuil à tous les niveaux. dans le monde de l'entreprise, familiale, etc. On n'est pas prêt, on ne sait pas quoi dire, on ne sait pas quoi faire. C'est toujours très délicat. Qu'est-ce qui manque selon toi, en fait ? Qu'est-ce qui pourrait faire que notre société soit plus ouverte sur ces questions juste essentielles qui nous concernent tous, du mieux vivre son deuil ? rapport à la mort, finitude à la souffrance.

  • Speaker #1

    Alors là, tu me poses une question, je pense qu'on pourrait faire une thèse de doctorat là-dessus. On peut y aller.

  • Speaker #0

    Et on a encore un moment.

  • Speaker #1

    Mais spontanément, spontanément... spontanément ce qui manque aux gens face et même pas je pense que c'est de la lumière en fait et donc là on peut en arriver dans la spiritualité mais à partir du moment où finalement tu as de l'amour en toi de la confiance que tu en fait cultives la confiance en la vie et non la confiance en toi indifférent, très égocentrique si tu cultives la confiance en la vie naturellement tu n'es pas en recherche de quelque chose pour aller bien, pour être un humain encore meilleur mais finalement tu vis la vie de façon très simple Et donc, tu es disponible pour écouter les gens. Tu n'as pas peur. Et donc, tu écoutes ton collègue, tu parles d'un problème de boulot, tu écoutes ton ami qui a perdu un de ses parents et tu es pleinement avec lui. Puisqu'en fait, même dans cet échange... en fait ça raconte quelque chose de très humain, de très vivant. Et donc je pense que c'est ça, moi, c'est la peur de la souffrance qui est en fait juste la traduction d'un manque d'amour. Voilà. Et donc si j'écoute la peine de l'autre, finalement je vais encore plus m'alourdir, sachant que moi-même je n'ai peut-être pas assez de capacités. Je pense qu'il y a quelque chose vraiment de l'ordre de la confiance en la vie. en fait et de l'amour mais ça c'est quelque chose qui on est vraiment dans la moi j'ai pas vraiment de clé là dessus et je pense que, et heureusement qu'il n'y en a pas je crois que c'est le chemin de la vie en fait tout simplement quand on parle de,

  • Speaker #0

    tu dis le alors je rentre dans des trucs mais quand on met le mot lumière on peut tout mettre dedans et chacun a ses clés de lecture et ses langages et peu importe, ça revient tout à la même chose mais... On a souvent ce truc de... Je fais confiance à la vie. Ah ouais, je fais confiance à la vie, putain, mais il m'arrive que des couilles. Ah putain, il m'arrive des couilles, bordel, mauvaise nouvelle, etc. Et je pense que chaque... J'ai pas envie de dire que chaque épreuve, c'est un truc, mais chaque épreuve, c'est quand même un enseignement, c'est un truc... La vie, c'est pas linéaire, c'est pas juste... Je fais confiance à la vie, donc tout va bien se passer, et il n'y aura jamais une couille, et il n'y aura jamais un truc qui va... qui va nous heurter, c'est pas comme ça que ça fonctionne en fait, ça peut nous heurter et justement c'est une opportunité je pense de faire un travail sur soi, d'approfondir qui on est,

  • Speaker #1

    la connaissance de soi de travailler sur son rapport aux autres alors juste faire confiance en la vie pour moi c'est pas de la psychologie positive faire confiance en la vie et d'ailleurs c'est marrant parce que j'ai le bouquin à côté parce qu'il y a un feuille C'est vraiment pas voulu, mais j'ai compris ça grâce à Olivier. Parce que comme je te disais, on s'écrivait beaucoup. Et la dernière lettre qu'il m'a laissée, alors attends, j'espère que je vais la retrouver très rapidement. La dernière lettre, en fait, il me parle justement... Bon, je ne la retrouve pas, on pourra la redire plus tard. Ah voilà, ça y est, je l'ai. Alors... Alors... Donc il me dit, ce qui est très important, la foi que le monde nous offrira toutes les joies en temps voulu, en suivant cette voie. C'est probablement ce dernier point qui m'a le plus manqué jusqu'à présent. Faire confiance à la vie pour vivre pleinement. Et je pense que je n'avais pas lu, je n'avais pas forcément compris, je pense, ces mots. Et en relisant ça, je me suis dit, oui, en fait, faire confiance à la vie, c'est effectivement de se dire que la vie, c'est un chemin avec des souffrances qu'on veut éviter. Bon, malheureusement, quand on essaie de les contrôler, c'est encore plus difficile. Mais peut-être d'avoir une approche... un peu rempli d'espoir qui se cultive en se disant que, bon, il y a un moment, les chemins ombragés finissent toujours par déboucher sur un peu de ciel bleu. Et voilà. Et ce n'est pas la méthode Coué, mais le fait quand même de se dire qu'en continuant à cheminer, à marcher, à suivre le courant, Et en gardant un peu d'espoir, en temps voulu, il y a quelque chose de beau qui pourra se présenter. Et quelque chose de beau, ce n'est pas forcément un ticket d'or au million. Ça peut être le sourire de quelqu'un qui va vous redonner confiance et vous redonner un élan supplémentaire. Voilà, c'était…

  • Speaker #0

    Après avoir écrit le livre… ça a changé quoi dans ton parcours personnel ? Comment a évolué ta vie perso après l'écriture de livres ? Il y a eu des choses qui ont changé au-delà de ton rapport à toi, ton rapport à la souffrance, etc.

  • Speaker #1

    Ah bah oui, mais tout est encore en cours de transformation. Mais franchement, j'ai vu ça, ça me surprend parfois. en tout cas ce qui est sûr c'est que il y a un apaisement qui se fait et puis surtout il y a cette idée de confiance et quand je parle de confiance c'est à dire que moi je me rends compte aujourd'hui j'en avais pas conscience avant j'ai fait plein de choses qui étaient très importantes pour moi et pour autant je me rends compte que toutes ces choses en fait... répondait un peu à une urgence de vivre. Aujourd'hui, j'ai vraiment l'impression de vivre, c'est-à-dire que je fais les choses sans arrière-pensée. C'est-à-dire que je suis un peu le courant. Avant, j'étais un peu du genre à programmer les choses, de tel week-end, d'aller dans un endroit, parce que j'aimerais rencontrer telle personne. Là, c'est vrai qu'en ce moment, je suis dans une période où je laisse faire la vie. et je dois avouer qu'Olivier avait raison dans ses mots en temps voulu, la vie fait l'art des canots et je réalise Et franchement, ce n'était pas du tout dans mes habitudes. Mais je réalise qu'en ne faisant rien, mais en continuant à avancer, bien évidemment, en ne voulant pas avoir une emprise sur les choses, il se passe plein de trucs. Et d'ailleurs, je suis allé voir le film de Monte Cristo. Et à la fin, la dernière phrase que dit Mondantès, c'est attendre et espérer. Et bien ça résume un peu tout ça. Et je dois avouer que c'est quand même une stratégie très efficace.

  • Speaker #0

    Ah, ça roule. Est-ce que tu aurais un livre à partager avec les gens qui nous écoutent ? Un livre, une ressource, n'importe quoi.

  • Speaker #1

    Oui. Alors un livre que j'ai lu après avoir écrit le livre mais incroyable. Qui est un livre de... Alors, je ne peux pas dire de bêtises. Eli, Eli, ça s'appelle une vie éprouvée, je crois. Ah,

  • Speaker #0

    alors attends, je te le trouve tout de suite.

  • Speaker #1

    Eli, 2-L-Y, étissomme, une vie une vie éprouvée,

  • Speaker #0

    une vie bouleversée. Ah, voilà,

  • Speaker #1

    une vie bouleversée. Alors ce qui est marrant d'ailleurs, c'est plein de poésie, c'est magnifique. Et j'ai lu que les premiers porte-parole du développement personnel s'étaient grandement inspirés de ces écrits. Non, non, mais c'est vraiment incroyable. C'est l'histoire d'une jeune femme très cultivée, poète. qui est en fait dans une démarche finalement assez égocentrique de chemin personnel, comment être mieux avec moi-même. Et puis elle va se retrouver un jour, elle est juive, elle habite aux Pays-Bas, on est en 1943. Et elle va se retrouver, elle va être changée en fait par ça. Et sans révéler, elle va décider de son plein gré d'être déportée pour ne pas... abandonner les siens et elle trouvera dans cette voie l'ouverture et la libération et c'est un livre magnifique, vraiment je conseille à tout le monde de le lire et ça parle effectivement de deuil parce qu'en fait le deuil c'est bien plus que la perte d'une personne c'est un deuil... beaucoup plus vaste et dense. Et ce livre, je trouve, arrive à saisir cette complexité. Et sinon, j'en ai un autre, magnifique, qui s'appelle Le temps d'un soupir, je crois, de Anne Philippe, qui est la femme de Gérard Philippe. Je ne sais pas si on le trouve encore, mais vraiment très très beau. Et un dernier qui s'appelle L'âge. de la souffrance je crois. C'est un moine vietnamien qui a ouvert d'ailleurs je crois le premier temple bouddhiste en France dans les années 70. Tu peux le trouver très facilement parce qu'il est très connu. L'heure de bien souffrir. Ok.

  • Speaker #0

    T'as passé un bon moment Julien.

  • Speaker #1

    Ouais moi je pense que ça se voit non ? Non j'ai passé un bon moment parce que... Parce que c'est ça aussi effectivement la vie. Quand on ne fuit pas les choses qui peuvent nous remuer un peu, on se rend compte que derrière un petit peu ces côtés un peu sombres, il y a de la lumière en fait. Tout finit par passer et la preuve, c'est un peu comme une douche froide. C'est très désagréable. Et puis en fait, après tu te sens bien. Là, j'avais la boule au ventre un peu ce matin. Parce que je me suis dit, je me suis dit, je vais encore me replonger là-dedans. Et puis en fait, d'un seul coup, c'est une invitation à regarder ce qu'il y a, et pas ce qu'il n'y a plus en fait. Et ce qu'il y a, c'est que l'amour de cette relation, il est toujours là en fait. Et d'une certaine façon, cette interview m'a permis de le... cultivé à nouveau. Et donc certainement, il y aura peut-être un petit cadeau sur la route, dans la journée. Merci beaucoup. Merci, c'était vraiment un moment chouette. Et j'espère que...

  • Speaker #0

    que tes auditeurs pourront trouver peut-être un mot quelque chose qui puisse faire du bien j'en suis absolument convaincu merci beaucoup Julien d'avoir accepté l'invitation de l'échange et de... moi je me sens tout léger perso donc c'était vraiment très très chouette, merci beaucoup Julien à très bientôt, prends soin de toi Voilà, c'est fini pour aujourd'hui. Merci d'avoir écouté cet épisode avec Julien. J'espère que ses mots et son histoire vous auront touchés. Si cet épisode vous a parlé, pensez à liker et partager Vivant avec vos proches. Et n'oubliez pas de nous laisser une note 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute comme Spotify ou Apple Podcast. Vos avis sont juste essentiels pour nous permettre de faire découvrir Vivant au plus grand nombre. Pensez également à vous abonner à Vivant sur votre plateforme de podcast ou sur YouTube. Du contenu exclusif vous sera régulièrement proposé. Chaque abonnement nous aide à faire grandir la communauté et à vous offrir des contenus sincères et enrichissants. Enfin, si vous et vos proches sont confrontés à un décès, Tranquillité.fr peut vous aider à simplifier vos démarches administratives et à obtenir les aides et les capitaux financiers qui vous reviennent, tout cela sans risque d'erreur, sans stress. Merci d'être toujours plus nombreux à suivre Vivant. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode. En attendant, prenez soin de vous.

  • Speaker #1

    Sous

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Description

J’ai l’immense plaisir de recevoir Julien Charles, auteur du livre On ira voir l’Everest, dans lequel il raconte le deuil de son meilleur ami.

À travers ses mots, Julien nous plonge dans un voyage émotionnel intense, où la souffrance du deuil rencontre la résilience.

Dans cet épisode, on va parler de cette histoire.

On va explorer ce chemin douloureux qu'est le deuil, les étapes de la souffrance, mais aussi la force de la résilience, cette lumière qu’on cherche à atteindre, même quand tout semble sombre.

Que vous ayez traversé un deuil ou non, cet échange vous touchera en plein cœur, car il parle de l’essence même de l’amitié, de la perte, et surtout de ce que cela signifie d’être vivant.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous êtes en train d'écouter l'épisode 57 de Vivant. Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles. Vivant, ce sont toutes les trois semaines des conversations ordinaires mais inspirantes, singulières et rassurantes pour réveiller votre conscience. Mes invités ont accepté de partager leur histoire et avec eux, vous découvrirez que parler de la mort, c'est avant tout parler de la vie. Ici Teddy Brodley de Tranquillité.fr, je vous souhaite la bienvenue dans ce podcast vivant. Bonjour à tous et bonjour à toutes, bienvenue dans cette nouvelle saison de Vivant, où aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Julien Charles, auteur du livre On ira voir l'Everest, dans lequel il raconte le deuil de son meilleur ami. À travers ces mots, Julien nous plonge dans un voyage intense où la souffrance du deuil rencontre la résilience. Dans cet épisode, on va parler de cette histoire, on va explorer ce chemin douloureux qu'est le deuil d'un ami. les étapes de la souffrance, mais aussi la force qu'il faut pour atteindre cette lumière, même quand tout semble sombre. Je ne vous en dis pas plus et laisse place à ma discussion avec Julien Charal. Bonjour Julien, bienvenue dans Vivant. Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, je me sens assez vivant. Déjà bonjour Teddy, je suis ravi d'être là. Et donc je me sens bien. et puis content de commencer cette discussion avec toi.

  • Speaker #0

    Moi aussi, ça fait un petit moment. Alors en fait, pour les gens qui nous écoutent, comment j'ai connu Julien ? Un jour, Julien m'a envoyé un livre, qui était le livre qu'il avait écrit, dont on va parler aujourd'hui. On va parler de toi, de ton parcours et de ton bouquin, avec un petit mot à l'intérieur qui disait Merci pour le podcast, il y a deux, trois épisodes qui m'ont aidé dans mon parcours. Donc ça m'a touché, le bouquin je l'ai reçu il y a peut-être un an et demi, et je suis revenu vers toi il y a quelques mois en m'excusant platement du délai de réponse. Mais voilà, est-ce que tu peux te présenter peut-être pour les gens qui ne te connaissent pas, avant d'aller plus loin ?

  • Speaker #1

    Oui, je m'appelle Julien, j'ai 42 ans, j'ai écrit deux livres, le premier qui s'appelle... Compostelle Thérapie, aux éditions Larousse, qui est l'histoire du chemin de Compostelle. C'est un journal. Et le second, qui s'appelle Nous, dire au revoir l'Everest, aux éditions Erol, qui est également un journal et qui est en fait l'histoire du deuil de mon meilleur ami

  • Speaker #0

    Olivier. Tous les gens qui vivent un deuil ne pensent pas forcément à écrire un livre. cas vont pas juste au bout tu vois il s'est passé quoi c'était quoi les c'était quoi les relations avec avec cet ami avant et qu'est ce qui s'est passé de ce que tu veux nous en raconter bien évidemment si je reprends le

  • Speaker #1

    début de sa phrase tous les ans pense pas écrire un livre alors c'est vrai j'ai perdu ma mère et mon père et c'est vrai qu'à l'époque je n'ai pas écrit de livres et Il y a plusieurs choses. À la base, en fait, ce journal était intime. Donc, il est intime. Je n'avais pas l'intention de le retravailler et de le rendre public. En fait, au début, ce journal, il avait vocation à m'aider à appréhender ce que j'étais en train de traverser, à mettre des mots sur des émotions qui me vampirisait. Et puis, d'une façon un peu plus gaie, c'était pour moi une façon de garder le lien avec Olivier. C'est-à-dire que ce journal s'adresse à lui, un peu comme des lettres. On avait l'habitude l'un et l'autre d'avoir un lien épistolaire. Et donc, j'avais besoin... pour rendre ce deuil plus supportable, de lui écrire ce que je traversais, aussi bien dans le désespoir qu'un peu plus tard, dans une forme de retour à la joie. Et quand tu me demandes qui était Olivier, alors c'est très dur en fait, c'est une question, parce que résumer la beauté intérieure de quelqu'un, c'est vraiment quelque chose de... enfin voilà d'aillez. Il n'y a pas de mots. Mais en revanche, c'est le correspondance épistolaire. m'a permis de me replonger dans ces lettres. Et en fait, les lettres, ça permet quand même de mesurer ce qu'il y a de beau dans une amitié. Et en fait, ce que j'ai redécouvert, c'était toute la tendresse d'Olivier. C'est-à-dire que c'était une amitié qui était extraordinaire. Et ce que j'ai redécouvert, c'est finalement qu'il y avait... C'était un peu une amitié sans nuages et une amitié où l'écoute et puis la joie de voir l'autre s'accomplir, régner. Voilà, enfin c'était... Et c'était un lien qui était très fort. C'était une amitié, un peu une amitié-refuge.

  • Speaker #0

    On parle souvent de parcours de deuil. Comment tu décrirais ton parcours de deuil à toi ?

  • Speaker #1

    Parcours surprise. J'avais beaucoup lu également sur... sur on va dire tout ce qui est un petit peu l'approche psychologisante du deuil avec toutes ces étapes et puis je m'en suis vite écarté moi en fait ce parcours ça a été un parcours de rencontres je m'explique en fait au début du deuil je me suis vite rendu compte que je n'avais envie de parler à personne je m'isolais puisque je me rendais compte que voilà j'étais pas forcément en phase avec les autres et puis les gens qui nous entourent sont pas forcément pas forcément les réactions en fait que l'on souhaiterait qu'ils aient à ce moment-là. Et en fait je me suis réfugié dans les livres avant l'écriture. C'est à dire que j'ai toujours pensé que les livres c'est un petit peu le meilleur remède à toute situation. Et finalement, je me suis fait des nouveaux amis. Alors des amis inanimés, je me suis plongé dans la littérature de personnes qui avaient perdu, eux aussi, de la famille, des amis. Et ça m'a permis finalement de mettre des mots sur une douleur, de me sentir compris, écouté, et un peu comme un groupe de paroles, un peu fictif. Et ça, ça m'a fait beaucoup de bien. Donc c'est ça, ça a été un chemin de rencontre qui, dans un premier temps... J'ai écouté les autres, ce qui m'a permis de comprendre ce qui se passait en moi. Et ensuite, je suis passé à l'action. C'est-à-dire qu'à partir du moment où j'avais, on va dire, récupéré un peu de ressources, Et puis, où la parole des autres m'avait apaisé un peu, j'ai fait un premier pas, puis un second. Et après, c'est un peu la magie de la vie, c'est-à-dire qu'effectivement, on parle de... beaucoup aujourd'hui de travail de deuil. Mais avant le travail de deuil, il y a le processus de deuil. Et le processus de deuil, c'est quelque chose qui est inconscient, un peu comme une cicatrice qui se répare naturellement. C'est-à-dire qu'il y a un processus intérieur qui s'opère et qui échappe à notre volonté. Et donc ça, c'est quelque chose qu'on ne maîtrise pas. La seule chose qu'on peut faire, c'est de se faire un peu plus de travail de deuil. sur laquelle on peut agir, c'est ce fameux travail de deuil. Et ça, c'est ce que j'ai découvert, c'est-à-dire qu'on peut être son propre infirmier, c'est-à-dire essayer d'accompagner du mieux qu'on peut ce processus qui nous échappe. Et moi, ce processus, je l'ai accompagné avec mes petits pansements, et j'en avais trois, qui étaient l'écriture, la marche. et qui comprend la beauté de la nature et puis les rencontres et petit à petit en dehors de toute étape établie, il y a une sorte de gestation qui s'est opérée et puis un jour on se réveille et puis on se rend compte que la peine est là mais on ne souffre plus et puis après la peine se transforme en quelque chose qui ressemble un peu plus à un renouveau de l'amour. Donc la gestation peut durer huit mois, huit ans, une vie, ça fait le parcours de chacun et c'est individuel.

  • Speaker #0

    Tu as dit que Olivier, c'était pas ton premier deuil, tu avais déjà perdu tes parents. On parle rarement, on parle souvent du deuil du conjoint, on parle souvent de différentes typologies de deuil. Le deuil d'un ami, on n'en parle jamais. C'est hyper rare, tu vois, de parler... de parler du deuil d'un ami en fait, il y a un truc, moi j'ai perdu un pote il y a trois semaines pour le coup, on en parle, enfin tu vois, c'est différent et tu te sens pas suffisamment, moi personnellement en tout cas, proche de la famille pour être, tu vois, pour avoir un rôle à jouer ou pour être vraiment présent, t'oses pas, tu te dis ah je vais déranger, ci et ça, puis en même temps tu souffres quand même et est-ce que tu as observé ? Est-ce que je sais que tu es un feu observateur de ce qui se passe à l'intérieur de toi ? Est-ce que tu as observé des différences entre les premiers deuils que tu as vécu et le deuil d'Olivier ? Ou est-ce que finalement, c'est toujours les mêmes processus de gestation, c'est toujours les mêmes processus de transformation intérieure qui font que ça évolue ?

  • Speaker #1

    Déjà, je te présente toutes mes condoléances pour ton ami. Et si j'écris ce livre... C'est aussi parce que j'avais envie de donner la parole au deuil d'un ami. Parce que je me suis rendu compte dans tous les textes que j'ai lus, en fait, il n'y avait pas vraiment de texte, en tout cas de témoignage, enfin pas assez. Et je suis tombé sur une étude. Je t'écoute. Une étude australienne. Ouais. qui disaient que c'était un deuil qui était sous-estimé. Et le fait d'être sous-estimé pouvait aggraver les symptômes du deuil. Et dans leur étude clinique, ils montraient qu'ils faisaient partie des deuils qui pouvaient tomber dans des deuils qu'on appelle pathologiques, et avec en moyenne 4 ans. Et en fait, leur réflexion était assez simple, et je me suis beaucoup reconnu là-dedans. C'est que, en fait, ce qu'il fait... toute la souffrance d'un deuil, c'est la force du lien. Et si on y pense bien, qu'est-ce qui est plus fort qu'un lien avec un ami ? Puisque le lien avec un meilleur ami, c'est l'intimité, c'est la personne à qui on dit tout, c'est la personne à qui on se livre, à qui on se confie, et ce qui est parfait. beaucoup plus fort qu'avec un membre de la famille, où parfois on confie des choses qu'on ne confierait pas à sa conjointe ou à son conjoint. Mais pour autant, la société fait que, y compris en termes de lois, quand vous perdez vos parents, vous devez avoir trois jours de congés payés ou quelque chose comme ça. Et quand vous perdez un ami, vous n'avez rien du tout. Et pour autant, la souffrance peut être beaucoup plus forte. Moi, en ce qui me concerne, le deuil d'Olivier, c'était le deuil le plus douloureux de ma vie. puisque c'était la personne que j'aimais le plus au monde. C'est un ami que j'ai choisi. Et pour autant, c'est vrai que je m'en rends compte. Et puis, c'est quelque chose que les gens ne comprennent pas. C'est-à-dire que la mentalité et les habitudes mentales font qu'on compatit. au deuil d'un parent pendant 15 jours,

  • Speaker #0

    parce qu'après vous avez attendu,

  • Speaker #1

    écoute, le guichet est fermé. Et en revanche, pour un ami, il y a vraiment quelque chose de l'ordre, oh là là, ça va passer, c'est pas très grave. Et c'est ça qui est assez brutal. Finalement, c'est de se rendre compte qu'au-delà de la souffrance, qui peut ne pas être entendue, il y a une incompréhension par rapport à cette perte, à ce lien. un peu comme cette idée reçue bon, un ami ça se remplace un parent non voilà quand on perd un ami proche on sait que c'est un peu plus complexe voilà je reviens sur le livre pourquoi

  • Speaker #0

    tu as choisi ce titre ? moi j'ai la réponse mais pourquoi tu as choisi ce titre ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, c'est une bonne question parce qu'il y a beaucoup de gens qui pensent faire un voyage tous les longs du livre. Comme le chemin de Compostelle, le premier livre, un chemin pendant plusieurs mois au pied de l'Everest. Alors, je l'ai choisi parce qu'Olivier adorait les montagnes. C'était un... un homme qui aimait la contemplation et puis aimait se réfugier, enfin en tout cas s'isoler pour réfléchir, se retrouver dans les montagnes. Et puis on avait parlé de cette montagne qui est un peu… la reine des montagnes, l'Everest. Et en plus, dans la symbolique, le toit du monde, c'est-à-dire que si on va un peu plus loin, c'est une forme d'Olympe, de trait d'union entre le ciel et la terre. Et en fait, sans tout dévoiler, je me suis retrouvé sur la route de l'Everest. Et en fait, j'ai eu le besoin, comme si j'étais invité, c'est-à-dire que ce n'était pas de l'ordre d'une décision, d'aller là-bas, comme pour offrir un peu un... comme pour offrir un endroit. où Olivier pourrait reposer. C'est-à-dire qu'il m'avait accueilli à Bruxelles à un moment de ma vie où j'étais un peu perdu. Et j'avais, d'une certaine façon, peut-être... de lui rendre l'appareil. Et ce que je n'ai pas pu faire pendant l'enterrement, c'est-à-dire que je n'ai pas pu finalement l'emmener dans un endroit qui lui aurait plu, là où il pourrait reposer en paix. Et un jour... j'ai fait un rêve et le lendemain je me suis dit il faut que j'aille là bas et on avait une habitude de ramasser des cailloux ensemble quand on se baladait et donc on avait une boîte à cailloux et j'avais ramassé des cailloux voilà le short de son décès et j'en ai amené un là haut voilà C'est l'histoire du titre. Nous irons voir l'Everest, qui est issu d'une conversation où on s'était dit un jour, on ira voir l'Everest.

  • Speaker #0

    Donc, tout le monde ne pense pas forcément à écrire des livres, tout le monde ne pense pas forcément à gravir l'Everest, parce que là, on n'est pas sur de la métaphore, on est vraiment sur quelque chose que tu as fait.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je suppose que ce genre de choses ne se décident pas du jour au lendemain, même si tu me dis que j'ai été invité à le faire. là je sors un peu du truc mais il y a besoin de préparation il y a besoin d'un truc non ? tu peux pas y aller comme ça comme tu fais Compostelle où tu prends ton bâton et puis tu avances non mais alors c'est on va rentrer dans quelque chose d'assez spirituel mais allons-y

  • Speaker #1

    mais ça a été plus dur pour moi Compostelle, c'est dingue c'est à dire que je me suis levé après avoir fait ce rêve et j'ai appelé J'ai fouillé un peu sur Internet et j'ai appelé cette agence. Alors, je ne suis pas monté à 8800 mètres. Je suis monté à 6000 mètres, ce qui est en fait la…

  • Speaker #0

    Ce qui est déjà pas mal en soi.

  • Speaker #1

    Mais en fait, c'est la limite autorisée pour un premier début. en sachant que on doit avoir fait quelques 5000 mètres avant, ce qui n'était pas du tout mon cas, je n'étais jamais monté à plus de 3000 mètres. Les gens étaient assez réticents à l'idée de me laisser partir. Et je suis parti un mois plus tard. Alors c'est vrai que pendant un mois, je me suis beaucoup entraîné. Mais j'étais porté par quelque chose qui me dépassait en fait. Et je savais... que je devais aller là-bas, que quelque chose là-bas m'attendait, que j'avais d'une certaine façon passé un mois complet avec Olivier. Et donc je pense que tout ça, finalement, m'a fait oublier toutes les peurs, toutes les craintes d'une telle aventure. Et je pense profondément. que ce qui bloque naturellement dans ce type d'aventure c'est tout ce qu'on anticipe et qui peut se passer d'ailleurs, juste au titre mais en tout cas, en fait la magie de retrouver en fait d'être dans une forme un petit peu d'irréel, puisqu'en fait, quand tu es au-dessus de 5000 mètres, tu n'es plus sur Terre, parce qu'il n'y a plus de notion de vie. Déjà, il y a 50% d'oxygène en moins, donc tu es allégé de beaucoup de choses, en termes de pensée. Tu reviens vraiment à quelque chose de très vital, de très essentiel, ta respiration, et ce paysage magnifique qui est très épuré, et il n'y a pas du tout de vie humaine. il n'y a pas de plantes, pas d'animaux. Et donc j'étais porté par ça. Et pour la petite anecdote, j'ai un syndrome rotulien, je le raconte dans le chemin de Compostelle, où très rapidement, au bout d'un certain nombre de kilomètres, j'ai le genou qui se bloque. Et donc j'avais très peur de ça. J'avais vu un médecin du sport qui m'avait donné des antidouleurs, en me disant vous allez vraiment souffrir Je me suis dit c'est pas grave, on va y aller Voilà, Inch'Allah. Et puis, et donc surtout dans les montées et les descentes, c'est très difficile. Mais je mets mon genou. ne m'a créé aucune douleur, rien de tout. Et puis parfois, j'ai avancé, je me suis découvert une sorte d'énergie, de force, alors que j'étais quand même les gens qui écoutent le savent. Enfin, je veux dire, j'étais épuisé, je sortais vraiment de moi et de moi d'épuisement physique, c'est-à-dire que quelques mois plus tôt, je ne pouvais même pas remonter la toute petite rue en pente à côté de chez moi sans être essoufflé. Et là, moi, j'ai eu l'impression par moment, effectivement, que ce n'était pas forcément moi qui tenais les bâtons, en fait. Donc, voilà, pour répondre à la question, je ne peux pas l'expliquer. Et je pense que dans ce type de chemin, de toute façon, de deuil, c'est bien parfois de ne pas expliquer les choses et de laisser une part de mystère. Parce que c'est comme ça, en fait, que... d'une certaine façon que peut renaître en fait une forme de relation d'amour et avec la personne disparue, quelque chose de léger, qui échappe à toute psychologie, à tout raisonnement. Donc moi je peux juste dire que ça a été difficile, parce que j'ai quand même eu une nuit où j'ai cru que j'allais mourir, parce que je me suis réveillé, j'étais en pleine apnée du sommeil, et je ne respirais plus. mais ça a été ça a été une étape en fait et juste le moment où tu es arrivé tout en haut tu peux

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as ressenti ? Est-ce que tu as eu la sensation d'une libération, d'un aboutissement ? Ou en fait, c'était dans la continuité finalement de ce chemin ? Alors,

  • Speaker #1

    il y a eu plusieurs sommets. Parce qu'en fait, pour aller à 6000, je m'étais engagé à monter deux sommets à 5000 avant. Donc sur la route, j'ai monté les sommets. Et le premier sommet que j'ai monté à 5000, qui donnait une vue panoramique sur l'Everest, c'est vraiment... Alors je ne sais pas, on parle, il y a beaucoup de livres sur les délires que peut causer le manque d'oxygène. Mais là, moi j'ai senti Olivier à côté de moi. Et d'un seul coup, c'est comme si une fenêtre éclairée venait de s'ouvrir. C'est-à-dire que j'ai senti que je n'étais pas seul. C'était un peu comme un état de grâce et ça, ça a tout changé. Ça a tout changé. Puisqu'en fait ce qui était douloureux c'était de me dire comment je vais faire pour vivre sans lui, sans cette amitié. Et en fait, le plus dur, et ce que m'a invité en fait ce chemin, c'était à traverser le manque. C'est ça un peu l'histoire en fait de la route de l'Everest. finalement, c'est j'ai assez de force, j'ai réussi à me relever un peu, maintenant, il est temps de traverser le manque, la souffrance. Ce que j'ai toujours refusé de traverser dans les deuils précédents. Et en fait, en traversant ce manque, en le traversant en marchant, justement, en étant en mouvement, et entouré de beauté, parce que c'est... ça change quand même beaucoup de choses ça m'a permis de le retrouver de me sentir accompagné pour la suite du chemin tu as parlé du mot souffrance oui

  • Speaker #0

    tu as dit dans le passé je ne m'y suis jamais confronté donc là ça veut dire que tu t'y es confronté tu auras un mot à partager quand je te dis affronter sa souffrance ou en tout cas aller au devant de sa souffrance ça t'évoque quoi toi ?

  • Speaker #1

    quelque chose qui n'est pas naturel en fait on apprend à on apprend à essayer d'être heureux alors il ya plein de manuel aujourd'hui pour ça mais personne ne nous apprend à bien souffrir en fait et donc moi j'étais J'étais vraiment... Enfin, je fuyais. De toute façon, c'est un mécanisme humain, normal, à fuir tout ce qui nous est désagréable et encore plus aujourd'hui tendre vers encore plus de plaisir. Et donc, on n'est vraiment pas préparé. En tout cas, moi, je ne l'étais pas du tout. Et donc, naturellement... Quand j'ai perdu ma mère, naturellement, je suis allé vers la distraction, le monde, en fait, vers une forme d'ivresse un peu, pour faire rentrer de la vie. Mais ça, c'est l'histoire que je me racontais. En fait, je n'avais même pas conscience que j'essayais de fuir une peine. insondable et puis l'expérience fait que le deuil d'Olivier a été un peu un deuil en conscience c'est-à-dire que je savais très bien que la fuite que la distraction ou le m'enfermer dans le travail ne serait que retarder finalement l'explosion de la bombe et donc bon je me suis engagé sur ce chemin en me disant bon j'ai pas trop le choix j'ai pas envie d'y aller mais en même temps en même temps voilà c'est une étape inévitable et donc j'ai essayé pour traverser cette période enfin voilà périlleuse il fallait essayer d'ajouter des éléments qui me permettraient de traverser ce chemin ce chemin à

  • Speaker #0

    risque en fait tu penses que notre société elle est j'ai déjà la réponse et je sais déjà ta réponse là dessus mais Bon, je vais plutôt poser une affirmation. La société actuelle, elle n'est pas forcément tournée pour accompagner correctement les gens dans leur deuil à tous les niveaux. dans le monde de l'entreprise, familiale, etc. On n'est pas prêt, on ne sait pas quoi dire, on ne sait pas quoi faire. C'est toujours très délicat. Qu'est-ce qui manque selon toi, en fait ? Qu'est-ce qui pourrait faire que notre société soit plus ouverte sur ces questions juste essentielles qui nous concernent tous, du mieux vivre son deuil ? rapport à la mort, finitude à la souffrance.

  • Speaker #1

    Alors là, tu me poses une question, je pense qu'on pourrait faire une thèse de doctorat là-dessus. On peut y aller.

  • Speaker #0

    Et on a encore un moment.

  • Speaker #1

    Mais spontanément, spontanément... spontanément ce qui manque aux gens face et même pas je pense que c'est de la lumière en fait et donc là on peut en arriver dans la spiritualité mais à partir du moment où finalement tu as de l'amour en toi de la confiance que tu en fait cultives la confiance en la vie et non la confiance en toi indifférent, très égocentrique si tu cultives la confiance en la vie naturellement tu n'es pas en recherche de quelque chose pour aller bien, pour être un humain encore meilleur mais finalement tu vis la vie de façon très simple Et donc, tu es disponible pour écouter les gens. Tu n'as pas peur. Et donc, tu écoutes ton collègue, tu parles d'un problème de boulot, tu écoutes ton ami qui a perdu un de ses parents et tu es pleinement avec lui. Puisqu'en fait, même dans cet échange... en fait ça raconte quelque chose de très humain, de très vivant. Et donc je pense que c'est ça, moi, c'est la peur de la souffrance qui est en fait juste la traduction d'un manque d'amour. Voilà. Et donc si j'écoute la peine de l'autre, finalement je vais encore plus m'alourdir, sachant que moi-même je n'ai peut-être pas assez de capacités. Je pense qu'il y a quelque chose vraiment de l'ordre de la confiance en la vie. en fait et de l'amour mais ça c'est quelque chose qui on est vraiment dans la moi j'ai pas vraiment de clé là dessus et je pense que, et heureusement qu'il n'y en a pas je crois que c'est le chemin de la vie en fait tout simplement quand on parle de,

  • Speaker #0

    tu dis le alors je rentre dans des trucs mais quand on met le mot lumière on peut tout mettre dedans et chacun a ses clés de lecture et ses langages et peu importe, ça revient tout à la même chose mais... On a souvent ce truc de... Je fais confiance à la vie. Ah ouais, je fais confiance à la vie, putain, mais il m'arrive que des couilles. Ah putain, il m'arrive des couilles, bordel, mauvaise nouvelle, etc. Et je pense que chaque... J'ai pas envie de dire que chaque épreuve, c'est un truc, mais chaque épreuve, c'est quand même un enseignement, c'est un truc... La vie, c'est pas linéaire, c'est pas juste... Je fais confiance à la vie, donc tout va bien se passer, et il n'y aura jamais une couille, et il n'y aura jamais un truc qui va... qui va nous heurter, c'est pas comme ça que ça fonctionne en fait, ça peut nous heurter et justement c'est une opportunité je pense de faire un travail sur soi, d'approfondir qui on est,

  • Speaker #1

    la connaissance de soi de travailler sur son rapport aux autres alors juste faire confiance en la vie pour moi c'est pas de la psychologie positive faire confiance en la vie et d'ailleurs c'est marrant parce que j'ai le bouquin à côté parce qu'il y a un feuille C'est vraiment pas voulu, mais j'ai compris ça grâce à Olivier. Parce que comme je te disais, on s'écrivait beaucoup. Et la dernière lettre qu'il m'a laissée, alors attends, j'espère que je vais la retrouver très rapidement. La dernière lettre, en fait, il me parle justement... Bon, je ne la retrouve pas, on pourra la redire plus tard. Ah voilà, ça y est, je l'ai. Alors... Alors... Donc il me dit, ce qui est très important, la foi que le monde nous offrira toutes les joies en temps voulu, en suivant cette voie. C'est probablement ce dernier point qui m'a le plus manqué jusqu'à présent. Faire confiance à la vie pour vivre pleinement. Et je pense que je n'avais pas lu, je n'avais pas forcément compris, je pense, ces mots. Et en relisant ça, je me suis dit, oui, en fait, faire confiance à la vie, c'est effectivement de se dire que la vie, c'est un chemin avec des souffrances qu'on veut éviter. Bon, malheureusement, quand on essaie de les contrôler, c'est encore plus difficile. Mais peut-être d'avoir une approche... un peu rempli d'espoir qui se cultive en se disant que, bon, il y a un moment, les chemins ombragés finissent toujours par déboucher sur un peu de ciel bleu. Et voilà. Et ce n'est pas la méthode Coué, mais le fait quand même de se dire qu'en continuant à cheminer, à marcher, à suivre le courant, Et en gardant un peu d'espoir, en temps voulu, il y a quelque chose de beau qui pourra se présenter. Et quelque chose de beau, ce n'est pas forcément un ticket d'or au million. Ça peut être le sourire de quelqu'un qui va vous redonner confiance et vous redonner un élan supplémentaire. Voilà, c'était…

  • Speaker #0

    Après avoir écrit le livre… ça a changé quoi dans ton parcours personnel ? Comment a évolué ta vie perso après l'écriture de livres ? Il y a eu des choses qui ont changé au-delà de ton rapport à toi, ton rapport à la souffrance, etc.

  • Speaker #1

    Ah bah oui, mais tout est encore en cours de transformation. Mais franchement, j'ai vu ça, ça me surprend parfois. en tout cas ce qui est sûr c'est que il y a un apaisement qui se fait et puis surtout il y a cette idée de confiance et quand je parle de confiance c'est à dire que moi je me rends compte aujourd'hui j'en avais pas conscience avant j'ai fait plein de choses qui étaient très importantes pour moi et pour autant je me rends compte que toutes ces choses en fait... répondait un peu à une urgence de vivre. Aujourd'hui, j'ai vraiment l'impression de vivre, c'est-à-dire que je fais les choses sans arrière-pensée. C'est-à-dire que je suis un peu le courant. Avant, j'étais un peu du genre à programmer les choses, de tel week-end, d'aller dans un endroit, parce que j'aimerais rencontrer telle personne. Là, c'est vrai qu'en ce moment, je suis dans une période où je laisse faire la vie. et je dois avouer qu'Olivier avait raison dans ses mots en temps voulu, la vie fait l'art des canots et je réalise Et franchement, ce n'était pas du tout dans mes habitudes. Mais je réalise qu'en ne faisant rien, mais en continuant à avancer, bien évidemment, en ne voulant pas avoir une emprise sur les choses, il se passe plein de trucs. Et d'ailleurs, je suis allé voir le film de Monte Cristo. Et à la fin, la dernière phrase que dit Mondantès, c'est attendre et espérer. Et bien ça résume un peu tout ça. Et je dois avouer que c'est quand même une stratégie très efficace.

  • Speaker #0

    Ah, ça roule. Est-ce que tu aurais un livre à partager avec les gens qui nous écoutent ? Un livre, une ressource, n'importe quoi.

  • Speaker #1

    Oui. Alors un livre que j'ai lu après avoir écrit le livre mais incroyable. Qui est un livre de... Alors, je ne peux pas dire de bêtises. Eli, Eli, ça s'appelle une vie éprouvée, je crois. Ah,

  • Speaker #0

    alors attends, je te le trouve tout de suite.

  • Speaker #1

    Eli, 2-L-Y, étissomme, une vie une vie éprouvée,

  • Speaker #0

    une vie bouleversée. Ah, voilà,

  • Speaker #1

    une vie bouleversée. Alors ce qui est marrant d'ailleurs, c'est plein de poésie, c'est magnifique. Et j'ai lu que les premiers porte-parole du développement personnel s'étaient grandement inspirés de ces écrits. Non, non, mais c'est vraiment incroyable. C'est l'histoire d'une jeune femme très cultivée, poète. qui est en fait dans une démarche finalement assez égocentrique de chemin personnel, comment être mieux avec moi-même. Et puis elle va se retrouver un jour, elle est juive, elle habite aux Pays-Bas, on est en 1943. Et elle va se retrouver, elle va être changée en fait par ça. Et sans révéler, elle va décider de son plein gré d'être déportée pour ne pas... abandonner les siens et elle trouvera dans cette voie l'ouverture et la libération et c'est un livre magnifique, vraiment je conseille à tout le monde de le lire et ça parle effectivement de deuil parce qu'en fait le deuil c'est bien plus que la perte d'une personne c'est un deuil... beaucoup plus vaste et dense. Et ce livre, je trouve, arrive à saisir cette complexité. Et sinon, j'en ai un autre, magnifique, qui s'appelle Le temps d'un soupir, je crois, de Anne Philippe, qui est la femme de Gérard Philippe. Je ne sais pas si on le trouve encore, mais vraiment très très beau. Et un dernier qui s'appelle L'âge. de la souffrance je crois. C'est un moine vietnamien qui a ouvert d'ailleurs je crois le premier temple bouddhiste en France dans les années 70. Tu peux le trouver très facilement parce qu'il est très connu. L'heure de bien souffrir. Ok.

  • Speaker #0

    T'as passé un bon moment Julien.

  • Speaker #1

    Ouais moi je pense que ça se voit non ? Non j'ai passé un bon moment parce que... Parce que c'est ça aussi effectivement la vie. Quand on ne fuit pas les choses qui peuvent nous remuer un peu, on se rend compte que derrière un petit peu ces côtés un peu sombres, il y a de la lumière en fait. Tout finit par passer et la preuve, c'est un peu comme une douche froide. C'est très désagréable. Et puis en fait, après tu te sens bien. Là, j'avais la boule au ventre un peu ce matin. Parce que je me suis dit, je me suis dit, je vais encore me replonger là-dedans. Et puis en fait, d'un seul coup, c'est une invitation à regarder ce qu'il y a, et pas ce qu'il n'y a plus en fait. Et ce qu'il y a, c'est que l'amour de cette relation, il est toujours là en fait. Et d'une certaine façon, cette interview m'a permis de le... cultivé à nouveau. Et donc certainement, il y aura peut-être un petit cadeau sur la route, dans la journée. Merci beaucoup. Merci, c'était vraiment un moment chouette. Et j'espère que...

  • Speaker #0

    que tes auditeurs pourront trouver peut-être un mot quelque chose qui puisse faire du bien j'en suis absolument convaincu merci beaucoup Julien d'avoir accepté l'invitation de l'échange et de... moi je me sens tout léger perso donc c'était vraiment très très chouette, merci beaucoup Julien à très bientôt, prends soin de toi Voilà, c'est fini pour aujourd'hui. Merci d'avoir écouté cet épisode avec Julien. J'espère que ses mots et son histoire vous auront touchés. Si cet épisode vous a parlé, pensez à liker et partager Vivant avec vos proches. Et n'oubliez pas de nous laisser une note 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute comme Spotify ou Apple Podcast. Vos avis sont juste essentiels pour nous permettre de faire découvrir Vivant au plus grand nombre. Pensez également à vous abonner à Vivant sur votre plateforme de podcast ou sur YouTube. Du contenu exclusif vous sera régulièrement proposé. Chaque abonnement nous aide à faire grandir la communauté et à vous offrir des contenus sincères et enrichissants. Enfin, si vous et vos proches sont confrontés à un décès, Tranquillité.fr peut vous aider à simplifier vos démarches administratives et à obtenir les aides et les capitaux financiers qui vous reviennent, tout cela sans risque d'erreur, sans stress. Merci d'être toujours plus nombreux à suivre Vivant. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode. En attendant, prenez soin de vous.

  • Speaker #1

    Sous

Description

J’ai l’immense plaisir de recevoir Julien Charles, auteur du livre On ira voir l’Everest, dans lequel il raconte le deuil de son meilleur ami.

À travers ses mots, Julien nous plonge dans un voyage émotionnel intense, où la souffrance du deuil rencontre la résilience.

Dans cet épisode, on va parler de cette histoire.

On va explorer ce chemin douloureux qu'est le deuil, les étapes de la souffrance, mais aussi la force de la résilience, cette lumière qu’on cherche à atteindre, même quand tout semble sombre.

Que vous ayez traversé un deuil ou non, cet échange vous touchera en plein cœur, car il parle de l’essence même de l’amitié, de la perte, et surtout de ce que cela signifie d’être vivant.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous êtes en train d'écouter l'épisode 57 de Vivant. Nous irons voir l'Everest avec Julien Charles. Vivant, ce sont toutes les trois semaines des conversations ordinaires mais inspirantes, singulières et rassurantes pour réveiller votre conscience. Mes invités ont accepté de partager leur histoire et avec eux, vous découvrirez que parler de la mort, c'est avant tout parler de la vie. Ici Teddy Brodley de Tranquillité.fr, je vous souhaite la bienvenue dans ce podcast vivant. Bonjour à tous et bonjour à toutes, bienvenue dans cette nouvelle saison de Vivant, où aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Julien Charles, auteur du livre On ira voir l'Everest, dans lequel il raconte le deuil de son meilleur ami. À travers ces mots, Julien nous plonge dans un voyage intense où la souffrance du deuil rencontre la résilience. Dans cet épisode, on va parler de cette histoire, on va explorer ce chemin douloureux qu'est le deuil d'un ami. les étapes de la souffrance, mais aussi la force qu'il faut pour atteindre cette lumière, même quand tout semble sombre. Je ne vous en dis pas plus et laisse place à ma discussion avec Julien Charal. Bonjour Julien, bienvenue dans Vivant. Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, je me sens assez vivant. Déjà bonjour Teddy, je suis ravi d'être là. Et donc je me sens bien. et puis content de commencer cette discussion avec toi.

  • Speaker #0

    Moi aussi, ça fait un petit moment. Alors en fait, pour les gens qui nous écoutent, comment j'ai connu Julien ? Un jour, Julien m'a envoyé un livre, qui était le livre qu'il avait écrit, dont on va parler aujourd'hui. On va parler de toi, de ton parcours et de ton bouquin, avec un petit mot à l'intérieur qui disait Merci pour le podcast, il y a deux, trois épisodes qui m'ont aidé dans mon parcours. Donc ça m'a touché, le bouquin je l'ai reçu il y a peut-être un an et demi, et je suis revenu vers toi il y a quelques mois en m'excusant platement du délai de réponse. Mais voilà, est-ce que tu peux te présenter peut-être pour les gens qui ne te connaissent pas, avant d'aller plus loin ?

  • Speaker #1

    Oui, je m'appelle Julien, j'ai 42 ans, j'ai écrit deux livres, le premier qui s'appelle... Compostelle Thérapie, aux éditions Larousse, qui est l'histoire du chemin de Compostelle. C'est un journal. Et le second, qui s'appelle Nous, dire au revoir l'Everest, aux éditions Erol, qui est également un journal et qui est en fait l'histoire du deuil de mon meilleur ami

  • Speaker #0

    Olivier. Tous les gens qui vivent un deuil ne pensent pas forcément à écrire un livre. cas vont pas juste au bout tu vois il s'est passé quoi c'était quoi les c'était quoi les relations avec avec cet ami avant et qu'est ce qui s'est passé de ce que tu veux nous en raconter bien évidemment si je reprends le

  • Speaker #1

    début de sa phrase tous les ans pense pas écrire un livre alors c'est vrai j'ai perdu ma mère et mon père et c'est vrai qu'à l'époque je n'ai pas écrit de livres et Il y a plusieurs choses. À la base, en fait, ce journal était intime. Donc, il est intime. Je n'avais pas l'intention de le retravailler et de le rendre public. En fait, au début, ce journal, il avait vocation à m'aider à appréhender ce que j'étais en train de traverser, à mettre des mots sur des émotions qui me vampirisait. Et puis, d'une façon un peu plus gaie, c'était pour moi une façon de garder le lien avec Olivier. C'est-à-dire que ce journal s'adresse à lui, un peu comme des lettres. On avait l'habitude l'un et l'autre d'avoir un lien épistolaire. Et donc, j'avais besoin... pour rendre ce deuil plus supportable, de lui écrire ce que je traversais, aussi bien dans le désespoir qu'un peu plus tard, dans une forme de retour à la joie. Et quand tu me demandes qui était Olivier, alors c'est très dur en fait, c'est une question, parce que résumer la beauté intérieure de quelqu'un, c'est vraiment quelque chose de... enfin voilà d'aillez. Il n'y a pas de mots. Mais en revanche, c'est le correspondance épistolaire. m'a permis de me replonger dans ces lettres. Et en fait, les lettres, ça permet quand même de mesurer ce qu'il y a de beau dans une amitié. Et en fait, ce que j'ai redécouvert, c'était toute la tendresse d'Olivier. C'est-à-dire que c'était une amitié qui était extraordinaire. Et ce que j'ai redécouvert, c'est finalement qu'il y avait... C'était un peu une amitié sans nuages et une amitié où l'écoute et puis la joie de voir l'autre s'accomplir, régner. Voilà, enfin c'était... Et c'était un lien qui était très fort. C'était une amitié, un peu une amitié-refuge.

  • Speaker #0

    On parle souvent de parcours de deuil. Comment tu décrirais ton parcours de deuil à toi ?

  • Speaker #1

    Parcours surprise. J'avais beaucoup lu également sur... sur on va dire tout ce qui est un petit peu l'approche psychologisante du deuil avec toutes ces étapes et puis je m'en suis vite écarté moi en fait ce parcours ça a été un parcours de rencontres je m'explique en fait au début du deuil je me suis vite rendu compte que je n'avais envie de parler à personne je m'isolais puisque je me rendais compte que voilà j'étais pas forcément en phase avec les autres et puis les gens qui nous entourent sont pas forcément pas forcément les réactions en fait que l'on souhaiterait qu'ils aient à ce moment-là. Et en fait je me suis réfugié dans les livres avant l'écriture. C'est à dire que j'ai toujours pensé que les livres c'est un petit peu le meilleur remède à toute situation. Et finalement, je me suis fait des nouveaux amis. Alors des amis inanimés, je me suis plongé dans la littérature de personnes qui avaient perdu, eux aussi, de la famille, des amis. Et ça m'a permis finalement de mettre des mots sur une douleur, de me sentir compris, écouté, et un peu comme un groupe de paroles, un peu fictif. Et ça, ça m'a fait beaucoup de bien. Donc c'est ça, ça a été un chemin de rencontre qui, dans un premier temps... J'ai écouté les autres, ce qui m'a permis de comprendre ce qui se passait en moi. Et ensuite, je suis passé à l'action. C'est-à-dire qu'à partir du moment où j'avais, on va dire, récupéré un peu de ressources, Et puis, où la parole des autres m'avait apaisé un peu, j'ai fait un premier pas, puis un second. Et après, c'est un peu la magie de la vie, c'est-à-dire qu'effectivement, on parle de... beaucoup aujourd'hui de travail de deuil. Mais avant le travail de deuil, il y a le processus de deuil. Et le processus de deuil, c'est quelque chose qui est inconscient, un peu comme une cicatrice qui se répare naturellement. C'est-à-dire qu'il y a un processus intérieur qui s'opère et qui échappe à notre volonté. Et donc ça, c'est quelque chose qu'on ne maîtrise pas. La seule chose qu'on peut faire, c'est de se faire un peu plus de travail de deuil. sur laquelle on peut agir, c'est ce fameux travail de deuil. Et ça, c'est ce que j'ai découvert, c'est-à-dire qu'on peut être son propre infirmier, c'est-à-dire essayer d'accompagner du mieux qu'on peut ce processus qui nous échappe. Et moi, ce processus, je l'ai accompagné avec mes petits pansements, et j'en avais trois, qui étaient l'écriture, la marche. et qui comprend la beauté de la nature et puis les rencontres et petit à petit en dehors de toute étape établie, il y a une sorte de gestation qui s'est opérée et puis un jour on se réveille et puis on se rend compte que la peine est là mais on ne souffre plus et puis après la peine se transforme en quelque chose qui ressemble un peu plus à un renouveau de l'amour. Donc la gestation peut durer huit mois, huit ans, une vie, ça fait le parcours de chacun et c'est individuel.

  • Speaker #0

    Tu as dit que Olivier, c'était pas ton premier deuil, tu avais déjà perdu tes parents. On parle rarement, on parle souvent du deuil du conjoint, on parle souvent de différentes typologies de deuil. Le deuil d'un ami, on n'en parle jamais. C'est hyper rare, tu vois, de parler... de parler du deuil d'un ami en fait, il y a un truc, moi j'ai perdu un pote il y a trois semaines pour le coup, on en parle, enfin tu vois, c'est différent et tu te sens pas suffisamment, moi personnellement en tout cas, proche de la famille pour être, tu vois, pour avoir un rôle à jouer ou pour être vraiment présent, t'oses pas, tu te dis ah je vais déranger, ci et ça, puis en même temps tu souffres quand même et est-ce que tu as observé ? Est-ce que je sais que tu es un feu observateur de ce qui se passe à l'intérieur de toi ? Est-ce que tu as observé des différences entre les premiers deuils que tu as vécu et le deuil d'Olivier ? Ou est-ce que finalement, c'est toujours les mêmes processus de gestation, c'est toujours les mêmes processus de transformation intérieure qui font que ça évolue ?

  • Speaker #1

    Déjà, je te présente toutes mes condoléances pour ton ami. Et si j'écris ce livre... C'est aussi parce que j'avais envie de donner la parole au deuil d'un ami. Parce que je me suis rendu compte dans tous les textes que j'ai lus, en fait, il n'y avait pas vraiment de texte, en tout cas de témoignage, enfin pas assez. Et je suis tombé sur une étude. Je t'écoute. Une étude australienne. Ouais. qui disaient que c'était un deuil qui était sous-estimé. Et le fait d'être sous-estimé pouvait aggraver les symptômes du deuil. Et dans leur étude clinique, ils montraient qu'ils faisaient partie des deuils qui pouvaient tomber dans des deuils qu'on appelle pathologiques, et avec en moyenne 4 ans. Et en fait, leur réflexion était assez simple, et je me suis beaucoup reconnu là-dedans. C'est que, en fait, ce qu'il fait... toute la souffrance d'un deuil, c'est la force du lien. Et si on y pense bien, qu'est-ce qui est plus fort qu'un lien avec un ami ? Puisque le lien avec un meilleur ami, c'est l'intimité, c'est la personne à qui on dit tout, c'est la personne à qui on se livre, à qui on se confie, et ce qui est parfait. beaucoup plus fort qu'avec un membre de la famille, où parfois on confie des choses qu'on ne confierait pas à sa conjointe ou à son conjoint. Mais pour autant, la société fait que, y compris en termes de lois, quand vous perdez vos parents, vous devez avoir trois jours de congés payés ou quelque chose comme ça. Et quand vous perdez un ami, vous n'avez rien du tout. Et pour autant, la souffrance peut être beaucoup plus forte. Moi, en ce qui me concerne, le deuil d'Olivier, c'était le deuil le plus douloureux de ma vie. puisque c'était la personne que j'aimais le plus au monde. C'est un ami que j'ai choisi. Et pour autant, c'est vrai que je m'en rends compte. Et puis, c'est quelque chose que les gens ne comprennent pas. C'est-à-dire que la mentalité et les habitudes mentales font qu'on compatit. au deuil d'un parent pendant 15 jours,

  • Speaker #0

    parce qu'après vous avez attendu,

  • Speaker #1

    écoute, le guichet est fermé. Et en revanche, pour un ami, il y a vraiment quelque chose de l'ordre, oh là là, ça va passer, c'est pas très grave. Et c'est ça qui est assez brutal. Finalement, c'est de se rendre compte qu'au-delà de la souffrance, qui peut ne pas être entendue, il y a une incompréhension par rapport à cette perte, à ce lien. un peu comme cette idée reçue bon, un ami ça se remplace un parent non voilà quand on perd un ami proche on sait que c'est un peu plus complexe voilà je reviens sur le livre pourquoi

  • Speaker #0

    tu as choisi ce titre ? moi j'ai la réponse mais pourquoi tu as choisi ce titre ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, c'est une bonne question parce qu'il y a beaucoup de gens qui pensent faire un voyage tous les longs du livre. Comme le chemin de Compostelle, le premier livre, un chemin pendant plusieurs mois au pied de l'Everest. Alors, je l'ai choisi parce qu'Olivier adorait les montagnes. C'était un... un homme qui aimait la contemplation et puis aimait se réfugier, enfin en tout cas s'isoler pour réfléchir, se retrouver dans les montagnes. Et puis on avait parlé de cette montagne qui est un peu… la reine des montagnes, l'Everest. Et en plus, dans la symbolique, le toit du monde, c'est-à-dire que si on va un peu plus loin, c'est une forme d'Olympe, de trait d'union entre le ciel et la terre. Et en fait, sans tout dévoiler, je me suis retrouvé sur la route de l'Everest. Et en fait, j'ai eu le besoin, comme si j'étais invité, c'est-à-dire que ce n'était pas de l'ordre d'une décision, d'aller là-bas, comme pour offrir un peu un... comme pour offrir un endroit. où Olivier pourrait reposer. C'est-à-dire qu'il m'avait accueilli à Bruxelles à un moment de ma vie où j'étais un peu perdu. Et j'avais, d'une certaine façon, peut-être... de lui rendre l'appareil. Et ce que je n'ai pas pu faire pendant l'enterrement, c'est-à-dire que je n'ai pas pu finalement l'emmener dans un endroit qui lui aurait plu, là où il pourrait reposer en paix. Et un jour... j'ai fait un rêve et le lendemain je me suis dit il faut que j'aille là bas et on avait une habitude de ramasser des cailloux ensemble quand on se baladait et donc on avait une boîte à cailloux et j'avais ramassé des cailloux voilà le short de son décès et j'en ai amené un là haut voilà C'est l'histoire du titre. Nous irons voir l'Everest, qui est issu d'une conversation où on s'était dit un jour, on ira voir l'Everest.

  • Speaker #0

    Donc, tout le monde ne pense pas forcément à écrire des livres, tout le monde ne pense pas forcément à gravir l'Everest, parce que là, on n'est pas sur de la métaphore, on est vraiment sur quelque chose que tu as fait.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je suppose que ce genre de choses ne se décident pas du jour au lendemain, même si tu me dis que j'ai été invité à le faire. là je sors un peu du truc mais il y a besoin de préparation il y a besoin d'un truc non ? tu peux pas y aller comme ça comme tu fais Compostelle où tu prends ton bâton et puis tu avances non mais alors c'est on va rentrer dans quelque chose d'assez spirituel mais allons-y

  • Speaker #1

    mais ça a été plus dur pour moi Compostelle, c'est dingue c'est à dire que je me suis levé après avoir fait ce rêve et j'ai appelé J'ai fouillé un peu sur Internet et j'ai appelé cette agence. Alors, je ne suis pas monté à 8800 mètres. Je suis monté à 6000 mètres, ce qui est en fait la…

  • Speaker #0

    Ce qui est déjà pas mal en soi.

  • Speaker #1

    Mais en fait, c'est la limite autorisée pour un premier début. en sachant que on doit avoir fait quelques 5000 mètres avant, ce qui n'était pas du tout mon cas, je n'étais jamais monté à plus de 3000 mètres. Les gens étaient assez réticents à l'idée de me laisser partir. Et je suis parti un mois plus tard. Alors c'est vrai que pendant un mois, je me suis beaucoup entraîné. Mais j'étais porté par quelque chose qui me dépassait en fait. Et je savais... que je devais aller là-bas, que quelque chose là-bas m'attendait, que j'avais d'une certaine façon passé un mois complet avec Olivier. Et donc je pense que tout ça, finalement, m'a fait oublier toutes les peurs, toutes les craintes d'une telle aventure. Et je pense profondément. que ce qui bloque naturellement dans ce type d'aventure c'est tout ce qu'on anticipe et qui peut se passer d'ailleurs, juste au titre mais en tout cas, en fait la magie de retrouver en fait d'être dans une forme un petit peu d'irréel, puisqu'en fait, quand tu es au-dessus de 5000 mètres, tu n'es plus sur Terre, parce qu'il n'y a plus de notion de vie. Déjà, il y a 50% d'oxygène en moins, donc tu es allégé de beaucoup de choses, en termes de pensée. Tu reviens vraiment à quelque chose de très vital, de très essentiel, ta respiration, et ce paysage magnifique qui est très épuré, et il n'y a pas du tout de vie humaine. il n'y a pas de plantes, pas d'animaux. Et donc j'étais porté par ça. Et pour la petite anecdote, j'ai un syndrome rotulien, je le raconte dans le chemin de Compostelle, où très rapidement, au bout d'un certain nombre de kilomètres, j'ai le genou qui se bloque. Et donc j'avais très peur de ça. J'avais vu un médecin du sport qui m'avait donné des antidouleurs, en me disant vous allez vraiment souffrir Je me suis dit c'est pas grave, on va y aller Voilà, Inch'Allah. Et puis, et donc surtout dans les montées et les descentes, c'est très difficile. Mais je mets mon genou. ne m'a créé aucune douleur, rien de tout. Et puis parfois, j'ai avancé, je me suis découvert une sorte d'énergie, de force, alors que j'étais quand même les gens qui écoutent le savent. Enfin, je veux dire, j'étais épuisé, je sortais vraiment de moi et de moi d'épuisement physique, c'est-à-dire que quelques mois plus tôt, je ne pouvais même pas remonter la toute petite rue en pente à côté de chez moi sans être essoufflé. Et là, moi, j'ai eu l'impression par moment, effectivement, que ce n'était pas forcément moi qui tenais les bâtons, en fait. Donc, voilà, pour répondre à la question, je ne peux pas l'expliquer. Et je pense que dans ce type de chemin, de toute façon, de deuil, c'est bien parfois de ne pas expliquer les choses et de laisser une part de mystère. Parce que c'est comme ça, en fait, que... d'une certaine façon que peut renaître en fait une forme de relation d'amour et avec la personne disparue, quelque chose de léger, qui échappe à toute psychologie, à tout raisonnement. Donc moi je peux juste dire que ça a été difficile, parce que j'ai quand même eu une nuit où j'ai cru que j'allais mourir, parce que je me suis réveillé, j'étais en pleine apnée du sommeil, et je ne respirais plus. mais ça a été ça a été une étape en fait et juste le moment où tu es arrivé tout en haut tu peux

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as ressenti ? Est-ce que tu as eu la sensation d'une libération, d'un aboutissement ? Ou en fait, c'était dans la continuité finalement de ce chemin ? Alors,

  • Speaker #1

    il y a eu plusieurs sommets. Parce qu'en fait, pour aller à 6000, je m'étais engagé à monter deux sommets à 5000 avant. Donc sur la route, j'ai monté les sommets. Et le premier sommet que j'ai monté à 5000, qui donnait une vue panoramique sur l'Everest, c'est vraiment... Alors je ne sais pas, on parle, il y a beaucoup de livres sur les délires que peut causer le manque d'oxygène. Mais là, moi j'ai senti Olivier à côté de moi. Et d'un seul coup, c'est comme si une fenêtre éclairée venait de s'ouvrir. C'est-à-dire que j'ai senti que je n'étais pas seul. C'était un peu comme un état de grâce et ça, ça a tout changé. Ça a tout changé. Puisqu'en fait ce qui était douloureux c'était de me dire comment je vais faire pour vivre sans lui, sans cette amitié. Et en fait, le plus dur, et ce que m'a invité en fait ce chemin, c'était à traverser le manque. C'est ça un peu l'histoire en fait de la route de l'Everest. finalement, c'est j'ai assez de force, j'ai réussi à me relever un peu, maintenant, il est temps de traverser le manque, la souffrance. Ce que j'ai toujours refusé de traverser dans les deuils précédents. Et en fait, en traversant ce manque, en le traversant en marchant, justement, en étant en mouvement, et entouré de beauté, parce que c'est... ça change quand même beaucoup de choses ça m'a permis de le retrouver de me sentir accompagné pour la suite du chemin tu as parlé du mot souffrance oui

  • Speaker #0

    tu as dit dans le passé je ne m'y suis jamais confronté donc là ça veut dire que tu t'y es confronté tu auras un mot à partager quand je te dis affronter sa souffrance ou en tout cas aller au devant de sa souffrance ça t'évoque quoi toi ?

  • Speaker #1

    quelque chose qui n'est pas naturel en fait on apprend à on apprend à essayer d'être heureux alors il ya plein de manuel aujourd'hui pour ça mais personne ne nous apprend à bien souffrir en fait et donc moi j'étais J'étais vraiment... Enfin, je fuyais. De toute façon, c'est un mécanisme humain, normal, à fuir tout ce qui nous est désagréable et encore plus aujourd'hui tendre vers encore plus de plaisir. Et donc, on n'est vraiment pas préparé. En tout cas, moi, je ne l'étais pas du tout. Et donc, naturellement... Quand j'ai perdu ma mère, naturellement, je suis allé vers la distraction, le monde, en fait, vers une forme d'ivresse un peu, pour faire rentrer de la vie. Mais ça, c'est l'histoire que je me racontais. En fait, je n'avais même pas conscience que j'essayais de fuir une peine. insondable et puis l'expérience fait que le deuil d'Olivier a été un peu un deuil en conscience c'est-à-dire que je savais très bien que la fuite que la distraction ou le m'enfermer dans le travail ne serait que retarder finalement l'explosion de la bombe et donc bon je me suis engagé sur ce chemin en me disant bon j'ai pas trop le choix j'ai pas envie d'y aller mais en même temps en même temps voilà c'est une étape inévitable et donc j'ai essayé pour traverser cette période enfin voilà périlleuse il fallait essayer d'ajouter des éléments qui me permettraient de traverser ce chemin ce chemin à

  • Speaker #0

    risque en fait tu penses que notre société elle est j'ai déjà la réponse et je sais déjà ta réponse là dessus mais Bon, je vais plutôt poser une affirmation. La société actuelle, elle n'est pas forcément tournée pour accompagner correctement les gens dans leur deuil à tous les niveaux. dans le monde de l'entreprise, familiale, etc. On n'est pas prêt, on ne sait pas quoi dire, on ne sait pas quoi faire. C'est toujours très délicat. Qu'est-ce qui manque selon toi, en fait ? Qu'est-ce qui pourrait faire que notre société soit plus ouverte sur ces questions juste essentielles qui nous concernent tous, du mieux vivre son deuil ? rapport à la mort, finitude à la souffrance.

  • Speaker #1

    Alors là, tu me poses une question, je pense qu'on pourrait faire une thèse de doctorat là-dessus. On peut y aller.

  • Speaker #0

    Et on a encore un moment.

  • Speaker #1

    Mais spontanément, spontanément... spontanément ce qui manque aux gens face et même pas je pense que c'est de la lumière en fait et donc là on peut en arriver dans la spiritualité mais à partir du moment où finalement tu as de l'amour en toi de la confiance que tu en fait cultives la confiance en la vie et non la confiance en toi indifférent, très égocentrique si tu cultives la confiance en la vie naturellement tu n'es pas en recherche de quelque chose pour aller bien, pour être un humain encore meilleur mais finalement tu vis la vie de façon très simple Et donc, tu es disponible pour écouter les gens. Tu n'as pas peur. Et donc, tu écoutes ton collègue, tu parles d'un problème de boulot, tu écoutes ton ami qui a perdu un de ses parents et tu es pleinement avec lui. Puisqu'en fait, même dans cet échange... en fait ça raconte quelque chose de très humain, de très vivant. Et donc je pense que c'est ça, moi, c'est la peur de la souffrance qui est en fait juste la traduction d'un manque d'amour. Voilà. Et donc si j'écoute la peine de l'autre, finalement je vais encore plus m'alourdir, sachant que moi-même je n'ai peut-être pas assez de capacités. Je pense qu'il y a quelque chose vraiment de l'ordre de la confiance en la vie. en fait et de l'amour mais ça c'est quelque chose qui on est vraiment dans la moi j'ai pas vraiment de clé là dessus et je pense que, et heureusement qu'il n'y en a pas je crois que c'est le chemin de la vie en fait tout simplement quand on parle de,

  • Speaker #0

    tu dis le alors je rentre dans des trucs mais quand on met le mot lumière on peut tout mettre dedans et chacun a ses clés de lecture et ses langages et peu importe, ça revient tout à la même chose mais... On a souvent ce truc de... Je fais confiance à la vie. Ah ouais, je fais confiance à la vie, putain, mais il m'arrive que des couilles. Ah putain, il m'arrive des couilles, bordel, mauvaise nouvelle, etc. Et je pense que chaque... J'ai pas envie de dire que chaque épreuve, c'est un truc, mais chaque épreuve, c'est quand même un enseignement, c'est un truc... La vie, c'est pas linéaire, c'est pas juste... Je fais confiance à la vie, donc tout va bien se passer, et il n'y aura jamais une couille, et il n'y aura jamais un truc qui va... qui va nous heurter, c'est pas comme ça que ça fonctionne en fait, ça peut nous heurter et justement c'est une opportunité je pense de faire un travail sur soi, d'approfondir qui on est,

  • Speaker #1

    la connaissance de soi de travailler sur son rapport aux autres alors juste faire confiance en la vie pour moi c'est pas de la psychologie positive faire confiance en la vie et d'ailleurs c'est marrant parce que j'ai le bouquin à côté parce qu'il y a un feuille C'est vraiment pas voulu, mais j'ai compris ça grâce à Olivier. Parce que comme je te disais, on s'écrivait beaucoup. Et la dernière lettre qu'il m'a laissée, alors attends, j'espère que je vais la retrouver très rapidement. La dernière lettre, en fait, il me parle justement... Bon, je ne la retrouve pas, on pourra la redire plus tard. Ah voilà, ça y est, je l'ai. Alors... Alors... Donc il me dit, ce qui est très important, la foi que le monde nous offrira toutes les joies en temps voulu, en suivant cette voie. C'est probablement ce dernier point qui m'a le plus manqué jusqu'à présent. Faire confiance à la vie pour vivre pleinement. Et je pense que je n'avais pas lu, je n'avais pas forcément compris, je pense, ces mots. Et en relisant ça, je me suis dit, oui, en fait, faire confiance à la vie, c'est effectivement de se dire que la vie, c'est un chemin avec des souffrances qu'on veut éviter. Bon, malheureusement, quand on essaie de les contrôler, c'est encore plus difficile. Mais peut-être d'avoir une approche... un peu rempli d'espoir qui se cultive en se disant que, bon, il y a un moment, les chemins ombragés finissent toujours par déboucher sur un peu de ciel bleu. Et voilà. Et ce n'est pas la méthode Coué, mais le fait quand même de se dire qu'en continuant à cheminer, à marcher, à suivre le courant, Et en gardant un peu d'espoir, en temps voulu, il y a quelque chose de beau qui pourra se présenter. Et quelque chose de beau, ce n'est pas forcément un ticket d'or au million. Ça peut être le sourire de quelqu'un qui va vous redonner confiance et vous redonner un élan supplémentaire. Voilà, c'était…

  • Speaker #0

    Après avoir écrit le livre… ça a changé quoi dans ton parcours personnel ? Comment a évolué ta vie perso après l'écriture de livres ? Il y a eu des choses qui ont changé au-delà de ton rapport à toi, ton rapport à la souffrance, etc.

  • Speaker #1

    Ah bah oui, mais tout est encore en cours de transformation. Mais franchement, j'ai vu ça, ça me surprend parfois. en tout cas ce qui est sûr c'est que il y a un apaisement qui se fait et puis surtout il y a cette idée de confiance et quand je parle de confiance c'est à dire que moi je me rends compte aujourd'hui j'en avais pas conscience avant j'ai fait plein de choses qui étaient très importantes pour moi et pour autant je me rends compte que toutes ces choses en fait... répondait un peu à une urgence de vivre. Aujourd'hui, j'ai vraiment l'impression de vivre, c'est-à-dire que je fais les choses sans arrière-pensée. C'est-à-dire que je suis un peu le courant. Avant, j'étais un peu du genre à programmer les choses, de tel week-end, d'aller dans un endroit, parce que j'aimerais rencontrer telle personne. Là, c'est vrai qu'en ce moment, je suis dans une période où je laisse faire la vie. et je dois avouer qu'Olivier avait raison dans ses mots en temps voulu, la vie fait l'art des canots et je réalise Et franchement, ce n'était pas du tout dans mes habitudes. Mais je réalise qu'en ne faisant rien, mais en continuant à avancer, bien évidemment, en ne voulant pas avoir une emprise sur les choses, il se passe plein de trucs. Et d'ailleurs, je suis allé voir le film de Monte Cristo. Et à la fin, la dernière phrase que dit Mondantès, c'est attendre et espérer. Et bien ça résume un peu tout ça. Et je dois avouer que c'est quand même une stratégie très efficace.

  • Speaker #0

    Ah, ça roule. Est-ce que tu aurais un livre à partager avec les gens qui nous écoutent ? Un livre, une ressource, n'importe quoi.

  • Speaker #1

    Oui. Alors un livre que j'ai lu après avoir écrit le livre mais incroyable. Qui est un livre de... Alors, je ne peux pas dire de bêtises. Eli, Eli, ça s'appelle une vie éprouvée, je crois. Ah,

  • Speaker #0

    alors attends, je te le trouve tout de suite.

  • Speaker #1

    Eli, 2-L-Y, étissomme, une vie une vie éprouvée,

  • Speaker #0

    une vie bouleversée. Ah, voilà,

  • Speaker #1

    une vie bouleversée. Alors ce qui est marrant d'ailleurs, c'est plein de poésie, c'est magnifique. Et j'ai lu que les premiers porte-parole du développement personnel s'étaient grandement inspirés de ces écrits. Non, non, mais c'est vraiment incroyable. C'est l'histoire d'une jeune femme très cultivée, poète. qui est en fait dans une démarche finalement assez égocentrique de chemin personnel, comment être mieux avec moi-même. Et puis elle va se retrouver un jour, elle est juive, elle habite aux Pays-Bas, on est en 1943. Et elle va se retrouver, elle va être changée en fait par ça. Et sans révéler, elle va décider de son plein gré d'être déportée pour ne pas... abandonner les siens et elle trouvera dans cette voie l'ouverture et la libération et c'est un livre magnifique, vraiment je conseille à tout le monde de le lire et ça parle effectivement de deuil parce qu'en fait le deuil c'est bien plus que la perte d'une personne c'est un deuil... beaucoup plus vaste et dense. Et ce livre, je trouve, arrive à saisir cette complexité. Et sinon, j'en ai un autre, magnifique, qui s'appelle Le temps d'un soupir, je crois, de Anne Philippe, qui est la femme de Gérard Philippe. Je ne sais pas si on le trouve encore, mais vraiment très très beau. Et un dernier qui s'appelle L'âge. de la souffrance je crois. C'est un moine vietnamien qui a ouvert d'ailleurs je crois le premier temple bouddhiste en France dans les années 70. Tu peux le trouver très facilement parce qu'il est très connu. L'heure de bien souffrir. Ok.

  • Speaker #0

    T'as passé un bon moment Julien.

  • Speaker #1

    Ouais moi je pense que ça se voit non ? Non j'ai passé un bon moment parce que... Parce que c'est ça aussi effectivement la vie. Quand on ne fuit pas les choses qui peuvent nous remuer un peu, on se rend compte que derrière un petit peu ces côtés un peu sombres, il y a de la lumière en fait. Tout finit par passer et la preuve, c'est un peu comme une douche froide. C'est très désagréable. Et puis en fait, après tu te sens bien. Là, j'avais la boule au ventre un peu ce matin. Parce que je me suis dit, je me suis dit, je vais encore me replonger là-dedans. Et puis en fait, d'un seul coup, c'est une invitation à regarder ce qu'il y a, et pas ce qu'il n'y a plus en fait. Et ce qu'il y a, c'est que l'amour de cette relation, il est toujours là en fait. Et d'une certaine façon, cette interview m'a permis de le... cultivé à nouveau. Et donc certainement, il y aura peut-être un petit cadeau sur la route, dans la journée. Merci beaucoup. Merci, c'était vraiment un moment chouette. Et j'espère que...

  • Speaker #0

    que tes auditeurs pourront trouver peut-être un mot quelque chose qui puisse faire du bien j'en suis absolument convaincu merci beaucoup Julien d'avoir accepté l'invitation de l'échange et de... moi je me sens tout léger perso donc c'était vraiment très très chouette, merci beaucoup Julien à très bientôt, prends soin de toi Voilà, c'est fini pour aujourd'hui. Merci d'avoir écouté cet épisode avec Julien. J'espère que ses mots et son histoire vous auront touchés. Si cet épisode vous a parlé, pensez à liker et partager Vivant avec vos proches. Et n'oubliez pas de nous laisser une note 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute comme Spotify ou Apple Podcast. Vos avis sont juste essentiels pour nous permettre de faire découvrir Vivant au plus grand nombre. Pensez également à vous abonner à Vivant sur votre plateforme de podcast ou sur YouTube. Du contenu exclusif vous sera régulièrement proposé. Chaque abonnement nous aide à faire grandir la communauté et à vous offrir des contenus sincères et enrichissants. Enfin, si vous et vos proches sont confrontés à un décès, Tranquillité.fr peut vous aider à simplifier vos démarches administratives et à obtenir les aides et les capitaux financiers qui vous reviennent, tout cela sans risque d'erreur, sans stress. Merci d'être toujours plus nombreux à suivre Vivant. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode. En attendant, prenez soin de vous.

  • Speaker #1

    Sous

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