- Speaker #0
Salut, il y a quelques années, j'ai réalisé un podcast qui s'appelait « Le dernier français à Londres » dans lequel le personnage principal, un certain Olivier, raconte son quotidien d'étranger dans un Londres post-Brexit dystopique en se demandant à quelle sauce il allait bien être mangé par le nouveau gouvernement populiste en place. Dans la vraie vie, s'il ne devait encore une fois rester qu'un seul français à Londres, ce ne serait pas moi, non, le vrai dernier français à Londres potentiel, Je le connais depuis plus de dix ans. Il s'appelle Jean-Michel Dufresne. C'est un passionné de Londres et de beaucoup d'autres choses encore. Il va bien sûr nous servir de guide dans cet épisode de Vivre à Londres. Une émission qui s'annonce forcément spéciale. Londres est en ma ville d'adoption depuis vingt ans. En plus, hasard du calendrier, cet épisode est le dernier de l'année avant le Christmas Break. Et surtout le dernier que je vais enregistrer en tant que londonien avant de rentrer en France. Alors bienvenue dans une des meilleures villes du monde.
- Speaker #1
Vivre un,
- Speaker #0
chaque week-end, zoom sur une ville d'expats avec Olivier Joffry. Bonjour Jean-Michel.
- Speaker #2
Bonjour Olivier.
- Speaker #0
Merci beaucoup d'être notre guide aujourd'hui. J'ai failli dire guide spirituel dis donc.
- Speaker #2
Ah non, non, non, je ne pense pas qu'on va faire dans ce registre là.
- Speaker #0
D'accord. L'idée est de découvrir Londres en tout cas avec toi en s'appuyant sur ton expérience perso, ta vie sur place et quelle expérience, ça fait 40 ans que tu vis à Londres, c'est ça ?
- Speaker #2
C'est ça, ça veut dire aussi que j'ai déjà un certain âge, mais on va passer là-dessus.
- Speaker #0
Félicitations parce que tu détiens en fait à ce jour le record de longévité de notre série de podcast depuis le début en septembre dernier, 40 ans.
- Speaker #2
Ah oui, c'est pas rien, je sais, mais même moi, quelques fois, j'ai du mal à le croire.
- Speaker #0
Alors avant de faire la visite à Londres, comme on fait à chaque fois dans ce podcast, c'est toi qui nous intéresse. D'où viens-tu en France ? Qu'est-ce qui t'a fait venir à Londres ? Qu'as-tu fait de beau ici ? On veut presque tout savoir.
- Speaker #2
Je suis un méridional, je suis provençal. Ma ville natale c'est Orange dans le Vaucluse. Je suis venu à Londres, d'abord parce que l'Angleterre m'attirait, mais Londres m'attirait davantage que l'Angleterre. C'est pas très original Olivier, mais je pense qu'à l'origine il y avait une histoire de cœur aussi. C'est ça d'abord qui m'a attiré vers Londres. Et puis, je suis resté pour d'autres raisons, ou en tout cas les raisons du début ne sont pas restées valables très longtemps. Alors, je suis venu en Angleterre, j'avais à peu près 24 ans. Et je suis venu à Londres parce que c'est le premier travail que j'ai trouvé après mes études, après le service militaire. On ne va pas y passer Noël, mais je t'ai déjà parlé de mon âge. Donc, ça veut dire que je suis assez vieux pour avoir fait le service militaire. Et donc, après le service militaire, j'envoyais des candidatures un peu partout. Et la BBC a été la première à me répondre favorablement. Très bien. Et je suis venu à Londres avec ma petite Peugeot 104, avec de l'argent caché un petit peu partout dans la voiture, parce qu'à l'époque, il y avait le contrôle d'échange. et on pouvait sortir du pays que l'équivalent de 2000 francs ou 2500 francs par an, ce qui n'était pas beaucoup pour pouvoir s'installer, pour pouvoir payer des arts sur un appartement. Mais bon, je suis passé comme une lettre à la poste à la frontière, personne n'a trouvé l'argent qui était caché. J'ai d'abord habité Notting Hill Gate, Bayswater, avant ça parce que j'avais une petite amie anglaise, on avait habité... à Brixton, après Brixton je suis allé à East Finchley, après East Finchley je suis allé à West Kensington, je suis reparti à Notting Hill, après dans le quartier d'Olympia, maintenant je suis dans le nord près de Fils-Riport. Donc c'est pour ça que j'ai une vue d'ensemble. Et lorsque j'étais à Londres, puisque tu veux que je parle de moi mais je vais essayer de faire court, j'étais journaliste à la BBC, au Service Mondial. mhm Et j'ai voyagé beaucoup pour mon travail, principalement en Afrique, du nord au sud, au Proche-Orient et dans une demi-douzaine d'anciennes républiques soviétiques. Et ma base, malgré mes voyages, a toujours été Londres. Ok,
- Speaker #0
donc beaucoup d'infos là-dedans, c'est déjà passionnant. Et comment tu vas nous parler de Londres ? Alors j'imagine qu'après 40 ans, on en parle un peu différemment. Et en dehors de où est-ce qu'on peut cacher de l'argent dans une Peugeot 104, quels sont les aspects que tu souhaites aborder, par exemple, pendant cet épisode ?
- Speaker #2
Alors sans être guide spirituel, je pourrais être guide un peu plus, on va dire, personnalisé ou personnel. Alors je pense que je pourrais peut-être te parler de mes endroits préférés, de mes activités préférées à Londres. Mais j'imagine qu'une demi-heure ne va pas suffire, donc il va falloir qu'on fasse des choix. Pour moi, l'endroit le plus magique, le plus beau, le plus impressionnant, ça va peut-être te surprendre. Pour moi, la Tate Modern, c'est vraiment ce qu'on fait de mieux, parce que c'est au bord de la Tamise, parce que c'est un musée, parce que c'est un musée d'art moderne, parce que c'est en face du pont du millénaire, qui a une petite histoire saugrenue à son sujet, parce qu'il n'a pas pu être inauguré au moment où on aurait dû l'inaugurer. C'est l'espace, c'est l'architecture. Et la Tate Modern... C'est un ancien bâtiment industriel, comme il y en a beaucoup à Londres et en Angleterre. Un gros bâtiment imposant de briques rouges, dont la fonction a été complètement transformée de centrale électrique, je crois que c'était. C'est devenu un musée d'art moderne avec un espace absolument incroyable. Je suis sûr que tu connais Olivier. L'entrée elle-même, c'est un immense espace. Et rien que ça, c'est complètement saisissant. L'entrée est sur le côté. Ils ont rajouté un bâtiment derrière. Et l'espace est vraiment magique. Il y a des vues formidables de jour, y compris de nuit, et surtout la nuit en fait.
- Speaker #0
Alors ça, c'est un exemple. Il va y avoir plein d'autres exemples comme ça dans l'épisode « Vivre à Londres » . Alors nos prêcheurs, on attend plein d'infos qu'on ne trouve pas ailleurs. Après quatre décennies sur place, c'est un minimum. Et on va commencer la visite proprement dite dans quelques minutes. Mais avant... Une surprise.
- Speaker #2
C'est une surprise.
- Speaker #0
J'en ai parlé tout à l'heure, voici le premier épisode du podcast Le Dernier Français à Londres, publié à l'origine avant la mise en place du Brexit. Imaginez, vous êtes dans un Londres un peu dystopique quand même, où un gouvernement d'extrême droite fait la chasse aux étrangers, vous êtes tout seul à la maison, vous avez peur de sortir, vous décidez d'enregistrer un journal audio pour raconter votre quotidien. Londres 2021 post-brexit. Mes amis français sont tous rentrés au pays. Et un régime oppressif malsain se met en place au Royaume-Uni. Suis-je le dernier français à Londres ? 31 janvier, dimanche soir, le premier mois post-Brexit se termine enfin, j'ai envie de dire, le premier passé tout seul depuis ce qu'on a appelé entre nous le French Charter. Stéphane, Christelle,
- Speaker #2
Émilie,
- Speaker #0
Mickaël, Nathalie. Cécile, Sylvain, Pascal, Béné, Élisabeth, ils sont tous rentrés en France. Tous. La plupart sont partis très vite en fait, il y a plusieurs mois, pour être sûr de bénéficier du programme d'incitation à rentrer du gouvernement français, avec entre autres remboursement du déménagement, logement temporaire, réduction d'impôts pendant 3 ans, un boulot garanti en arrivant. C'est clair que ça fait réfléchir. Pourtant, ils avaient tous une super situation ici. Consultants, CMO, dans l'IT, avocates, responsables juridiques, enseignantes, coachs. Ils n'étaient pas expats, non non. Ils étaient londoniens avant tout. Avec des salaires souvent bien supérieurs à ceux qu'on trouve en France. Stéphane, Christelle, Émilie et Mickaël aussi, je pensais vraiment qu'ils allaient rester, j'y ai cru. On en a parlé pendant des mois, ils tenaient bon, on se surnommait même les irréductibles, les gaulois. Mais la campagne d'incitation à partir du gouvernement de Boris Johnson les a achevés. Beaucoup trop de pression. Avec suppression du pre-settled status de moins de 5 ans, baisse des salaires pour les étrangers. Mortgage hors de prix, quasi impossibilité de rentrer au UK en cas de voyage en Europe, c'est clair que ça dissuade. En fait, on a célébré le 1er de l'an une semaine avant tout le monde, une semaine avant la date fatidique, en même temps que Noël, avec les derniers du groupe, et ils sont partis quelques jours après. Ça fait maintenant plus d'un mois que je n'ai pas parlé à quelqu'un en français, en face à face. Et passer de conversations quotidiennes entre Frenchies à ça, même à Londres, c'est pas facile. C'est dur même. Et c'est aussi ce qui m'a décidé à lancer ce journal audio, pour être honnête, ça me permet de parler un peu en français. Surréaliste d'ailleurs cette Christmas Eve du 1er de l'an, on a réussi l'exploit de célébrer Noël et la nouvelle année tous les 5, au Beach Blanket Babylon, à Notting Hill, devant quelques anglais poches. Ébahis, puis rapidement bourrés, comme d'hab, profitant de la trêve des restrictions Covid gentiment autorisées par Bojo. Juste pour marquer le coup, en fait, le temps d'oublier la distanciation sociale, le temps d'éclater les support bubbles, et surtout, c'était une formidable occasion de penser à autre chose que ce putain de Brexit. J'aurais pu partir aussi, sans doute. Je n'ai pas vraiment essayé. Pas faute d'avoir été tanné de le faire par tout le monde. Mais je n'ai pas réussi à me décider. Je suis résident permanent, j'ai un bon boulot. En anglais, j'ai plus vraiment d'attache familiale en France, je vis seul. Alors ici ou ailleurs, je me dis que ce sera pareil. J'habite en dehors du centre de Londres, dans le nord-ouest, à Harrow, mais pas on top of the hill, non non. C'est beaucoup trop cher, là-haut je suis bottom of the hill, dans un grand studio près du centre-ville, et juste à côté d'un recreation ground. Un quartier sympa, des voisins corrects, un petit vieux oublié de la société et un couple anglo-australien. Et la gare, pas loin, à pied, qui m'emmène directement à Mabillbonne. Plutôt pratique. Je prends mon vélo de temps en temps en fait pour aller au bureau à Oxford Circus. Il me faut une petite heure à l'aller, ça descend bien, et une bonne heure écart au retour. Mais ça m'évite d'étouffer derrière mon masque dans le métro. Et puis il y a pas mal d'agressivité depuis quelques mois dans les transports, en particulier envers les étrangers. C'est assez malsain. Les français étaient plutôt épargnés jusqu'à maintenant, mais ça a bien changé dernièrement. Le Brexit et le Covid ont libéré les pires personnalités, on dirait. Certains se croient sur les réseaux sociaux derrière leur masque. J'aime pas ça du tout. En septembre... Sans vraiment m'en apercevoir, j'ai passé le cap des 20 ans en Angleterre. Ouch ! Un bel anniversaire et dans un beau contexte. Et sans avoir vu venir ce qui s'est passé 4 ans plus tôt, tout au moins rien de plus que les remontées eurosceptiques régulières qu'on nous inflige depuis des décennies au Royaume-Uni de toute façon. Mais bon, comment en est-on arrivé là ? Voilà, ça c'est une question pour laquelle j'essayais de trouver des réponses avant. Maintenant ? I don't really care anymore. Sauf peut-être quand j'écoute de la musique, qui reste un peu le lot de consolation de ce côté-ci de la manche, tellement le son y est bon. Il y a un morceau de Liam Gallagher que j'aime beaucoup, par exemple, qui a une résonance toute particulière si on le met dans une perspective Brexit. C'est Once. I remember how you used to shine back then. You went down so easy like a glass of wine, my friend. Et pour moi, c'est exactement ça. J'ai le sentiment qu'on a gâché la seule chance qu'on avait dans ce pays. Avant le UK, c'était quoi ? C'était l'Eldorado. Les US de l'Europe, le berceau de tout vraiment pour un gamin de 20 ans. Maintenant... T'as vieilli, c'est sûr, mais tu t'identifies plus comme avant ? C'est pas possible. La déception a remplacé l'admiration. Tu te sens étranger dans ton propre pays. Tu te retrouves isolé. Mais bon, tu restes, en tout cas, je reste, par défaut, coincé à la maison en plus, ayant le privilège, paraît-il, de pouvoir télétravailler pendant le Covid. C'est la double peine, en fait. L'isolement sanitaire et culturel. Et d'après ce qui circule sur Facebook depuis le début de l'année, ça ne va pas aller en s'améliorant. Londres se viderait de sa communauté française, en tout cas, c'est ce qu'affirme la page Frexit UK, page aux 140 000 fans dont je n'avais encore jamais entendu parler jusqu'à la semaine dernière. Dans tous les cas, il va falloir tout recommencer à z��ro. Mais bon, comment je fais moi pour recréer un réseau d'amis français ? Et surtout, comment réapprendre ? Réapprendre à comprendre ce pays. Réapprendre à y croire. Réapprendre à l'envisager.
- Speaker #2
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- Speaker #0
De retour avec Jean-Michel, notre guide cette semaine pour tous ceux qui envisagent de vivre à Londres. Ils ont bien raison, j'ai envie de dire. Alors Jean-Michel, la première étape de ce podcast est toujours de parler des incontournables de la ville. Mais comment on en parle quand on vit sur place depuis plusieurs décennies ? Ces incontournables font depuis longtemps partie de ta routine, j'imagine. La grandeur et même la hauteur maintenant de Londres te font encore de l'effet quelque part ?
- Speaker #2
Je pense que Londres est la ville-monde. Il y a plusieurs villes-monde sur cette planète, mais je pense que vraiment Londres est la ville-monde par excellence. Alors d'abord, parce que c'est une ville... extrêmement cosmopolites. Il y a des gens qui viennent vraiment du monde entier. Quand on se promène dans Londres, on entend évidemment tous les accents de toutes les régions du royaume, mais on entend aussi tous les accents de tous les pays anglophones, Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis, etc. On entend aussi beaucoup d'accent étranger, les accents... européens, des accents typiquement italiens, espagnols, allemands, français aussi bien sûr. Et puis on entend aussi beaucoup de langues étrangères. Et finalement c'est une foule très bigarrée. Et je trouve que cette foule très mélangée a beaucoup de charme, a beaucoup d'attrait. Et quelque chose qui me surprend souvent, c'est que malgré toute cette diversité, malgré toutes ces différences qui pourraient être des causes de conflits, Je trouve que globalement, tous ces gens vivent plutôt bien ensemble. Et ça, c'est assez remarquable. Et non seulement ça se voit physiquement, on n'a qu'à se promener dans la rue pour se rendre compte que, oui, la foule est bariolée, c'est tricoloré. Et la géographie de la ville est dans la même veine. Il y a tous ces quartiers avec des... Des personnalités très fortes avec des communautés surreprésentées quelquefois, les Bengalis, les Indiens, les Turcs, les Polonais, les Irlandais, les Grecs, et tout ça, ça a beaucoup de charme. J'ai une petite anecdote d'ailleurs à ce sujet. Lorsque je suis arrivé à Londres, donc j'étais très jeune, j'avais 24 ans, Et les trois premières années, la vie me paraissait tellement exaltante, excitante, que je ne me suis jamais rendu compte que le soleil ne brillait pas tous les jours. Et quelques mois après avoir commencé à travailler, j'ai été envoyé au Pays de Galles pour couvrir un match de rugby entre le Pays de Galles et la France. Donc j'en ai profité pour me promener un petit peu au Pays de Galles avant et après. et j'ai dans les rues de Cardiff, je trouvais qu'il y avait quelque chose, je sais pas, quelque chose d'un peu bizarre. Et au bout de quelques minutes, j'ai compris, au Pays de Galles, il n'y avait pas cette diversité, il n'y avait pas tout ce côté coloré, et tous les gens se ressemblaient, tous les gens étaient faits sur le même modèle. Et ça, tout à coup, c'est quelque chose qui m'a presque choqué, tellement je m'étais habitué à cette vie qui grouille à l'ombre.
- Speaker #0
Et c'est encore vrai ce côté cosmopolite, sans parler du Brexit, parce qu'on va en parler tout à l'heure avec la présidente de France et du Monde, ADFE, mais est-ce que c'est encore vrai vraiment ce côté multiculturel, cosmopolite de Londres, autant qu'avant ?
- Speaker #2
Lorsqu'il s'agit des Européens, je pense qu'il y a effectivement, si on regarde les statistiques, il y a un peu moins d'Européens. Je pense qu'un certain nombre de Français, d'Allemands, de Polonais sont rentrés chez eux. Un des buts affichés du Brexit, c'était justement de mettre tous les étrangers à la même enseigne. C'est-à-dire, je pense qu'à l'époque, la première ministre Theresa May avait accusé les citoyens européens de ne pas faire la queue comme tout le monde pour entrer dans le pays. Donc, même si c'est plus difficile officiellement, administrativement, de rentrer en Angleterre pour des histoires de visas, de systèmes d'immigration à point, etc. Je pense que Londres est encore un aimant et ce sont des gens de la terre entière qui viennent à Londres. Alors peut-être avec un peu moins d'Européens, mais ça n'enlève rien au côté très diversifié de la population.
- Speaker #0
Je suis d'accord. Alors le Jean-Michel Dufresne, quand il se balade, est-ce qu'il joue encore aux touristes ? Est-ce que tu as une routine ? Est-ce que tu as des... Bâtiment préféré, tu as parlé de la Tate tout à l'heure, quels sont les autres ?
- Speaker #2
Ça fait très longtemps que je suis ici, mais pendant toutes ces années, je me suis toujours réservé des espèces de créneaux dans mes loisirs pour faire de Londres une destination touristique. J'adore me promener dans ma ville comme si j'étais un touriste. Et j'ai souvent des visiteurs qui viennent de l'étranger, des amis, des parents, etc. Alors, ce n'est pas du tout une corvée, plutôt le contraire, c'est toujours un plaisir de leur faire découvrir la ville, mais seulement il faut adapter le circuit en fonction des besoins, des goûts, etc. Alors, soit les gens sont déjà venus et veulent découvrir quelque chose de nouveau, soit ce sont des gens qui ne sont jamais venus, donc il y a des endroits qu'on ne peut pas éviter, même si ça attire beaucoup trop de touristes et que l'amoncellement de touristes rend l'endroit un peu moins attrayant. Géralement, lorsque j'ai des amis qui viennent, qui ne sont jamais venus à Londres, je prends avec eux le métro et je descends à Picadilly Circus, parce que c'est vraiment le centre de la ville. Alors à Londres, il y a plusieurs centres, mais ça je pense que c'est le vrai poumon de la ville. et après ça en fonction des envies et des goûts de mes touristes. Alors il y a Piccadilly qui nous emmène jusqu'à le palais de Buckingham, qui en soi n'est franchement pas un bâtiment très attrayant. Il y a plein d'exemples d'architecture à Londres beaucoup plus intéressantes que le palais de Buckingham. Mais les touristes semblent être absolument subjugués. par tout ce qui a trait à la royauté, donc on ne peut pas l'éviter. Et généralement, un très beau et sympa circuit pour arriver jusqu'à Buckingham, c'est de traverser St. James's Park, parce que St. James's Park, c'est beau, il y a de l'eau, il y a des jets d'eau, il y a des signes dans les mars, il y a des cafés, il y a des allées, il y a des fleurs, et si en plus il fait beau, c'est gagné. Il y a des magasins aussi qui sont, comment dire, qui sont emblématiques de Londres. Alors, Furnam & Mason, chaque fois que j'amenais quelqu'un à Furnam & Mason, tout le monde était complètement sous le charme. Il y a, pour les gens qui sont passionnés de théâtre, quand on est à Piccadilly Circus, il y a tous les théâtres dans la partie nord, etc. Et ça aussi, c'est assez surprenant parce qu'il y a vraiment une concentration de théâtre, une concentration de comédie musicale. Il y a le quartier de Sceaux, qui est en fait un quartier historique aussi. Et ça, c'est un autre poumon de la ville, un autre centre, parce qu'au fil des années, quand toutes les vagues d'immigrants sont arrivées, ils ont d'abord posé leur valise à Sceaux. Il y a eu les Irlandais, il y a eu les Français, il y a eu les Italiens, et ça continue. et dans le centre de Londres Même si c'est un petit peu devenu cliché maintenant, lorsqu'on amène des touristes au marché au puce à Nautil, personne n'est déçu. Ça, c'est pour le centre-centre. Et puis, lorsqu'on veut aller un peu plus loin, et là, je vais très vite et je passe sur plein d'autres possibilités, on peut aller jusque dans l'est de Londres, aller jusque au Dôme du millénaire. prendre le périphérique où on a une vue incroyable tout là-haut, et après prendre le bateau de l'embarcadère du Dome du Millennium jusqu'au pont de Westminster. Et là, pendant ce trajet qui dure à peu près une demi-heure, on a un exemple absolument incroyable de l'architecture, certains diront cacophonique de Londres, mais ça aussi, c'est un attrait parce qu'il y a vraiment beaucoup de style, il y a tous ces bâtiments industriels, Merci. le long du fleuve qui ont été restaurés, qui ont été aménagés. Et moi, je dois dire que ça me donne des envies d'habiter ailleurs chaque fois parce qu'il y a des appartements qui sont superbes, avec des vues incroyables. Quand on prend ce bateau, on passe sous le pont de la Tour, on voit la Tour de Londres. Donc vraiment, ça aussi, c'est un ticket gagnant.
- Speaker #0
On dit parfois qu'à Londres, c'est difficile d'avoir une vie de quartier tellement c'est étendu, tellement c'est grand par rapport à des villes européennes plus petites. Moi, perso, je ne suis pas d'accord. Qu'est-ce que tu en penses, toi ?
- Speaker #2
Non, mais je pense qu'effectivement, avoir une vie de quartier, au contraire, c'est complètement possible. J'ai fait la liste de mes voisins. Il y a des Polonais, il y a des Zimbabweens, il y a des Néo-Zélandais, il y a des Américains, il y a des Grecs, il y a des Turcs, il y a des Indiens. Merci. il y a des bengalais, il y a des péruviens, c'est absolument incroyable. Et je pense qu'étant donné que tous ces gens viennent de loin, même s'ils ont tous envie d'un peu d'exotisme, et c'est pour ça qu'ils ont décidé de quitter leur pays, pour ça ou pour d'autres raisons, je pense que quand on se pose quelque part, ça ne veut pas dire qu'on s'est arraché à ses propres racines, mais on a un peu besoin de faire pousser d'autres racines là où on est. Et je pense que... la meilleure façon de se sentir bien là où on est, de se sentir chez soi, c'est justement de créer ce sentiment communautaire. Et dans le quartier où j'habite, qui est un quartier au nord de Finsbury Park, c'est pratiquement une vie de village. Il y a des voisinades toutes les années, les voisins qui ont des enfants en bas âge ont convaincu le council de fermer la rue un ou deux dimanches par mois pour que les enfants puissent jouer dans la rue avec leur vélo, leur tricycle, jouer au football dans la rue sans qu'il y ait de circulation. Au moment de Noël, tout le monde se fait des cadeaux, il y a une espèce d'exposition, de décoration de Noël dans les fenêtres, c'est comme si c'était un calendrier de l'Avent et chaque maison est un jour du calendrier de l'Avent. Donc, il y a plein, plein, plein d'activités. collective et les gens manifestement ont du plaisir à se retrouver le 1er janvier par exemple dans une des maisons de la rue, il y a la fête du jour de l'an et toutes les années c'est la même famille qui organise la fête portes ouvertes pour tous les gens du quartier. Et ce qui est très drôle c'est que ma femme qui est britannique est native de la ville d'origine de Margaret Thatcher, Grantham. Et lorsqu'elle va voir ses amis qu'elle connaît depuis le lycée, qu'elle leur raconte ce que je viens de vous raconter à propos de la rue où on vit, ces gens qui habitent à Grantham, qui est une petite ville, n'en reviennent pas parce qu'ils ont des préjugés sur Londres. À Londres, les gens ne se parlent pas, à Londres, les gens sont froids, alors qu'eux ne connaissent pas leurs voisins. Et nous, franchement, on a une vie de village. Chaque fois que j'ai des visiteurs qui viennent, entre la maison et la station de métro, Il est impossible de ne pas rencontrer trois personnes qu'on connaît, à qui on dit bonjour, à qui on discute, etc. C'est très, très agréable. Ça, c'est la vie associative au niveau très local. Mais à Londres aussi et dans le reste du pays, les Britanniques ont un rapport assez différent avec la vie associative et tout ce qui est le bénévolat. Alors,
- Speaker #0
tu as commencé à parler de bonnes adresses tout à l'heure. surtout à destination des personnes à qui tu ferais visiter Londres pour la première fois. Mais en ce qui concerne les tiennes, quand tu as envie d'avoir un bon dîner dans un bon restaurant, de boire un bon café, un bon thé, une bonne bière, tu vas où ?
- Speaker #2
En gros, je ne veux pas donner l'impression que je suis négatif, mais je pense que le principal aspect négatif de Londres, c'est son étendue géographique. Pour aller à un endroit qui te fait envie, ça risque de durer trop longtemps, ça risque d'être trop compliqué. Donc, quelquefois, tu adaptes un peu tes envies en fonction des problèmes dans les transports en public ou des travaux sur la route, etc. Mais moi, ce que je dirais, c'est que les Français, puisque c'est une radio destinée aux Français dans le monde, tous les Français ont des préjugés sur tous les pays et les Français ont beaucoup de préjugés sur... sur l'Angleterre et sur Londres. Et un des préjugés majeurs, c'est en Angleterre, on mange mal. En Angleterre, peut être, mais à Londres, pour mal manger, je m'excuse, mais il faut vraiment le faire exprès.
- Speaker #0
C'est vrai.
- Speaker #2
Et il faut... C'est une question d'envie. Alors si on a envie de manger indien, mais le choix est incroyable. Il n'y a pas très longtemps, dans le quartier de Hoxton, complètement par hasard, j'ai découvert un petit restaurant indien qui s'appelle The Five Fingers. où la nourriture est incroyable, où c'est un festival des sens avec toutes les épices, etc. Et il y a quelque chose, moi, qui me plaît dans les restaurants où on mange plutôt bien, où la nourriture est particulièrement bonne. Je ne sais pas si tu es d'accord avec moi. Moi, j'ai remarqué que les menus sont courts. Et je pense que ça, c'est bon signe. Ça veut dire que lorsqu'on a des restaurants où il y a des pages et des pages, on choisit. Ça veut dire que sans doute tout ça est préparé longtemps à l'avance pour être disponible. Dans les restaurants où le choix est moins vaste, généralement la nourriture est meilleure et dans ce restaurant c'est le cas. Donc celui-là je le recommanderais absolument pour si vous avez envie de manger indien, indo-pakistanais on va dire. Et c'est un restaurant qui ne paye pas de mine, c'est un restaurant où le décor est même plutôt moderne. Et moi, par goût personnel, je préfère les restaurants où on respire mieux, où il n'y a pas une ambiance un peu étouffée. J'habite dans un quartier où il y a énormément de restaurants turcs. Vous pouvez aller dans n'importe quel restaurant turc et vous aurez en gros les mêmes maisées partout, etc. Et on peut difficilement mal tomber. les pubs je pense que Les pubs en été et les pubs en hiver sont deux univers différents. Il y a un pub que j'aime bien en été et en hiver, c'est un pub qui est à Hampstead, qui s'appelle The Spaniards Inn, qui est juste aux confins... de Hampstead Heath qui est ce grand parc du nord de Londres où il y a des piscines naturelles pour les hommes, pour les femmes et une piscine mixte. Et ce pub dont je parle, Spaniards Inn, est très très vieux. Il doit avoir 200, 300 ans voire plus. Et là où il y a la route à côté du pub, devant le pub se retraitit parce qu'il y a encore un vieux bâtiment qui est... soit une entrée, soit un poste de garde, là où les voyageurs changeaient leurs chevaux. Donc c'est très très vieux, et on se rend compte qu'à cette époque, il y a 300 ans, 400 ans, la taille moyenne des gens était inférieure, les plafonds sont très bas, mais il y a des boiseries partout, il y a plusieurs étages, et en été, il y a un superbe... Beer Garden, ombragé, donc là pareil, vous pouvez y aller et vous ne serez sans doute pas déçu.
- Speaker #0
En tout cas, Jean-Michel, toujours prêt à faire découvrir ta ville, ça n'a pas changé. Tu n'es pas comme ma fille de 13 ans, par exemple, qui refuse désormais de faire visiter Windsor, parce qu'on n'habite pas loin, à nos invités sous prétexte qu'elle n'en peut plus d'y aller à toutes les vacances.
- Speaker #2
Alors, à la décharge de ta fille, je dirais que Windsor est un peu plus petit que Londres, donc elle a peut-être raison de s'en être lassée.
- Speaker #0
Voilà. On va gratter Londres encore un peu plus dans quelques minutes. Ce sera juste après le replay podcast. Aujourd'hui, la présidente de Français du Monde, ADF, vous savez, cette association démocratique des Français à l'étranger avec qui nous sommes partenaires, Catherine Smadjaf-Rogel, nous parle des conséquences concrètes du Brexit pour les Français qui veulent s'installer en Grande-Bretagne.
- Speaker #2
Le podcast. Mon invité, Catherine Smadja-Frogel. Le 1er février 2020, à midi heure anglaise, retrait du Royaume-Uni de l'Union Européenne. On a appelé ça le Brexit. On peut dire que nous sommes maintenant fin 2023, au moment où nous enregistrons cette interview. Maintenant, le Brexit, c'est concret, c'est réel, ça existe pour du vrai et c'est pas pratique. Alors...
- Speaker #1
Il y a encore des choses qui n'existent pas complètement pour de vrai, et on verra, vous verrez la petite pique, c'est que sur le plan financier, des services financiers, il y a encore des exemptions pour le Royaume-Uni et pour la City, qui un jour se termineront. Mais pour l'instant, là, ils ont encore bien négocié les exemptions. Mais ce qui est très très concret, c'est la liberté de mouvement des personnes. C'est qu'aujourd'hui, un jeune Européen, un jeune Français, moins choc d'ailleurs et qui souhaite faire comme avant, prendre son sac à dos, aller imprimer une cinquantaine de CV et aller faire le tour des bars de Londres, des magasins en disant « est-ce que vous cherchez quelqu'un ? » et le soir même avoir un contrat d'embauche, ça n'existe plus. Aujourd'hui, vous ne pouvez plus venir en Grande-Bretagne travailler. Même un visa étudiant est cher. Et un visa étudiant que vous devez payer et en payant un tarif extrêmement élevé, un tarif pour l'université, vos frais d'université qui peuvent atteindre 30 000 euros par an, ça, il vous faudra un visa. Vous l'aurez, mais c'est quand même très coûteux. Et si vous voulez simplement venir travailler... C'est, je ne dirais pas impossible, parce que bien sûr vous avez des visas qui correspondent à un contrat de travail préalablement signé par votre employeur, qui lui-même paye une surcharge, paye une taxe pour faire venir et faire travailler un étranger. Vous, en tant qu'individu, vous devez payer un visa extrêmement élevé, plus une charge correspondant à la sécurité sociale pour... La durée de votre visa, donc un an, deux ans, trois ans, qui va monter aussi, se monter à plusieurs milliers d'euros. Et le salaire que votre patron doit vous donner est réglementé, c'est-à-dire que vous ne pouvez pas gagner moins d'une certaine somme. Donc ça, c'était déjà très difficile. Mais le gouvernement anglais a considéré qu'il y avait encore trop d'immigrants, trop de personnes qui venaient au Royaume-Uni s'installer. Et donc il a décidé, c'est une loi qui est en train d'être votée, d'augmenter non seulement le salaire minimal qui vous permettra de venir en Grande-Bretagne, mais en plus les charges et le coût du visa. Donc ça veut dire que si vous ne gagnez pas plus de 45 000 euros à peu près par an et n'acceptez pas de payer des frais qui vont être d'environ 3 000 euros par an, Vous ne pourrez pas venir travailler au Royaume-Uni, donc ça devient vraiment très cher.
- Speaker #2
En gros, il y a une vraie volonté de dire stop à l'immigration, de dire on ne garde peut-être que les plus importants, les meilleurs salaires, les meilleurs postes, les plus hauts et tout le reste on va le rendre quasiment impossible ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Et puis c'est purement politique parce que tous les restaurateurs vous diront qu'il manque de main-d'oeuvre. Un certain nombre ont dû fermer quelques midis par semaine ou quelques deux jours par semaine parce qu'ils n'avaient pas assez d'emplois. Vous avez des récoltes qui ont pourri parce qu'il n'y avait pas assez de main-d'oeuvre. Mais ce qui importe au gouvernement, c'est le chiffre de l'immigration.
- Speaker #2
Alors il reste des secteurs un peu privilégiés comme la santé ou le numérique. Là, ils ont eu aussi une idée pour que ça ne fonctionne pas si bien que ça. Oui, vous pouvez venir, mais sans votre famille. C'est quand même un peu un réditsioasisme.
- Speaker #1
C'est-à-dire que ces visas-là ne vous donneront plus automatiquement le droit de faire venir vos dépendants. C'est-à-dire enfants, conjoints, vous ne pourrez plus les faire venir.
- Speaker #2
Et puis on va parler aussi de ceux qui décident de vivre cette aventure en oubliant que la Grande-Bretagne n'est plus en Europe et qu'ils continuent de prendre leur sac à dos et de vivre cette aventure sans visa. Un petit warning parce qu'être en situation irrégulière aujourd'hui, c'est être exposé à des arnaques, il faut en parler quand même, pour les plus jeunes qui voudraient dire bon allez c'est pas grave.
- Speaker #1
Bien sûr, et sur les réseaux sociaux, on voit des jeunes Mais ils ont tenté l'aventure quand même. Alors on leur a dit visa et tout. Ouais, mais bon, d'accord. Il y a du travail à Londres. Puis c'est sympa, on va bien. Ils sont venus. Qu'est-ce qui s'est passé ? Ils ont commencé à travailler. Et on leur a dit, à la fin du mois, on ne paiera. Et puis à la fin du mois, soit on ne les a pas payés du tout. Soit on ne leur a pas payé les heures supplémentaires. Et ils se retrouvent. Ils peuvent aller porter plainte, certes. Mais ils sont illégaux. Ils vont se faire expulser. et interdit de territoire. Certains ont essayé de louer un appartement ou une chambre, mais une agence ou un propriétaire officiel ne leur donnera pas. Il n'a pas le droit d'héberger quelqu'un qui n'a pas son visa. Donc, ils se retrouvent dans des arnaques et énormément de gens s'aperçoivent qu'ils ont donné de l'argent, mais qu'ils n'ont pas de logement. que le propriétaire prend leur logement et ensuite lui dit « Ah, ton visa ! Oh, t'as pas de visa ! » Je t'expulse, mais je garde la caution. Et on a beaucoup de gens comme ça qui se retrouvent dans une situation difficile.
- Speaker #2
Alors aujourd'hui, concrètement, vivre à Londres ou vivre au Royaume-Uni, pour toi, c'est plus difficile pour les gens qui étaient là depuis peu de temps ou les nouveaux arrivants. Pour les gens qui y sont depuis, comme toi, 20 ans, est-ce qu'il y a des changements ?
- Speaker #1
Dire vrai, non, il n'y a pas de changement. Le seul changement, c'est que beaucoup d'entre nous se disent mouler. On ne sait pas, regardez ce qu'ils font, ils changent les règles, il faut peut-être prendre la nationalité britannique. Or, prendre une nationalité, c'est un acte grave, c'est un acte qui touche à votre identité, donc certains le font, d'autres hésitent à le faire. Il n'y a pas vraiment de changement, il y a peut-être quand même, en tout cas moi qui vis sur Londres, peut-être un sentiment de... que la ville est moins cosmopolite qu'avant. Peut-être que ça bouge un petit peu moins qu'avant.
- Speaker #2
Est-ce que toutes ces décisions, elles visent spécifiquement les Français ? On sait que la relation entre nos deux pays, c'est un petit peu qu'un K.A. Même lorsque Renaud fait une chanson sur Margaret Thatcher, ça fait une crispation de nos relations. Est-ce que ces nouvelles règles anti-migration sont ciblées contre les mangeurs de grenouilles ?
- Speaker #1
Non, pas du tout, pas du tout. C'est d'autant... Je dirais d'autant moins que les Anglais sont obligés de faire les... Le gouvernement britannique est obligé de faire attention parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de Britanniques en France. Et qu'on sait bien qu'un certain nombre de relations bilatérales sont toujours réciproques. C'est-à-dire que si vous faites quelque chose contre les ressortissants d'un pays ou pour les ressortissants d'un pays, vos ressortissants dans ce pays-là auront les mêmes avantages ou les mêmes inconvénients. Donc non, je ne pense pas. qui a un sentiment de « je t'aime moins non plus entre la France et la Grande-Bretagne » . Oui, bien sûr, ça ne va pas changer, ça. Mais ça touche tous les Européens, sauf que les jeunes Français et les moins jeunes étaient très nombreux à venir en Grande-Bretagne et vice-versa. Et donc ça, c'est terrible. Je pense que le fait, notamment pour les jeunes des deux pays, de ne plus pouvoir aller facilement faire des études ou prendre un stage ou un petit job, C'est quand même extrêmement triste pour la jeunesse de nos deux pays.
- Speaker #2
Merci beaucoup pour cette interview à retrouver évidemment sur le site françaisdanslemonde.fr. Au plaisir de te retrouver sur cette antenne Catherine.
- Speaker #1
Merci Gauthier, merci pour ta radio.
- Speaker #0
Au revoir. Cet épisode spécial Londres, vivre à Londres, ça fait quoi d'être un fil rouge Jean-Michel ?
- Speaker #2
Alors j'ai beaucoup de mal à m'imaginer en fil rouge parce que je ne suis pas très filiforme déjà. Mais non, moi je suis ravi de pouvoir parler de Londres et je pourrais parler comme on dit en anglais jusqu'à ce que les vaches se rentrent toutes seules à l'étable.
- Speaker #0
Alors plus sérieusement, justement, ça fait quoi de vivre à Londres ? Comment on se sent quand on se balade dans les rues de Londres, à Soho, dont tu parlais tout à l'heure, dans la City, près de Big Ben ? C'est quoi qui est si différent à Londres des autres villes, Paris ou d'autres d'ailleurs ? Comment tu te sens toi quand tu te balades à Londres ?
- Speaker #2
Je vais essayer de ne pas faire de comparaison avec d'autres villes, parce qu'il y a d'autres villes que j'aime aussi, et puis les comparaisons entre Paris et Londres c'est très courant. Et puis comme les parents ne doivent pas faire de différence entre leurs enfants, je ne ferai pas de différence entre Paris et Londres. Ça marche. Mais, alors, il y a le cliché, le vieux cliché qui dit que... lorsqu'un homme est fatigué ou une femme est fatiguée de Londres, il est fatigué de l'Asie. Alors, je ne sais pas si c'est vrai, mais pour moi, c'est vrai. Alors, en tout cas, moi, ça fait 40 ans que je suis ici, mais je ne suis pas fatigué de Londres. Une des raisons pour lesquelles on se sent bien à Londres, c'est que pour moi, il y a une très grande sensation de tolérance qui se dégage. Je pense que s'il y a une ville où il est possible d'être excentrique, C'est Londres plus que Paris. Bon, alors voilà, ce sera la seule comparaison que je vais faire. Et ça, je pense que ça ajoute un côté très sympa. Alors, ça ne veut pas dire que les passants ne remarquent pas, etc. Mais personne ne va être dévisagé des pieds à la tête parce qu'on a une perruque verte avec des poids violets ou quoi que ce soit, ou on a des tenues vestimentaires. complètement abracadabrantesque. Donc je pense que c'est ça aussi. Et puis c'est une grande ville, alors forcément il y a toutes les possibilités qu'offre une grande ville. Moi je suis passionné de théâtre et toute l'année il y a plein de pubs qui sont accompagnés dans le bâtiment. Il y a une salle de théâtre. Elles sont très discrètes, il faut les connaître, mais il y a des productions absolument incroyables. dans tous ces petits pubs qui, encore une fois, ne payent pas de mine. Il y a des... Là, c'est un petit tuyau, si vous voulez. Il y a un site qui s'appelle Central Tickets, où c'est gratuit. On s'enregistre et tous les jours, si on veut, on reçoit la liste de tous les spectacles où tous les billets n'ont pas été vendus et on peut avoir des billets de théâtre, de comédie musicale et d'autres spectacles à des prix très réduits. Donc ça, par exemple, si vous avez envie d'aller au théâtre trois fois par semaine avec Central Tickets, c'est complètement possible. Alors, ce n'est pas de la pub puisque je vous dis que c'est gratuit. Et puis, je vais revenir au côté chamarré, bariolé de Londres. Avec tous les marchés, moi j'adore les marchés aussi. Il y a le marché aux fleurs du Columbia Road du dimanche matin. Il y a le marché aux puces de Brick Lane. il y a le... le marché de Broadway Market qui est devenu un marché pour les gastronomes. Et si on est féru d'architecture, Londres, là encore, est une ville idéale. Il n'y a que de lever la tête. Hier, je sortais du magasin Uniqlo à Oxford Street. J'attendais ma femme qui était à l'intérieur et j'ai regardé les cinq bâtiments qui étaient juste en face. C'était incroyable. c'était cinq styles complètement différents, d'époques complètement différentes. Et je me souviens, avec une certaine nostalgie, mais uniquement pour ça, de l'époque du confinement, de Covid, où marcher dans Londres, c'était un plaisir exponentiel.
- Speaker #0
Alors, tu es arrivé à Londres dans les années 80 ?
- Speaker #2
83, ouais.
- Speaker #0
Donc, il y a plus de 40 ans. Tu n'en es jamais reparti vraiment, même si tu as sûrement voyagé avec le boulot par exemple, comme tu disais. La ville a gardé ce que tu aimais déjà à l'époque, quel que soit l'aspect, ou tu dirais qu'elle est devenue une autre ville que tu aimes beaucoup également, mais très différente ?
- Speaker #2
Il y a eu forcément des changements, car autant ne pas changer, c'est absolument impossible. Il y a des améliorations et puis certains côtés. Ce n'est pas forcément des améliorations. L'amélioration majeure du point de vue touristique, c'est qu'il y a 40 ans, se promener le long de la Tamise, disons du pont de Westminster jusqu'au pont de la Tour, ce n'était pas possible. Et grâce aux investissements au moment du millénaire, toute la promenade le long de la Tamise sur la rive sud a été aménagée. Et ça, c'est superbe parce que c'est là qu'il y a mon fameux Théâtre Modern. Et il y a aussi, le long de cette promenade, qui va jusqu'au pont de la Tour, et qui va jusqu'au marché de Broadway, etc. Il y a le Globe Theatre, le théâtre de Shakespeare. Ce n'est pas l'original, il a été reconstruit à l'identique parce que le théâtre original a brûlé et il était de l'autre côté de la Tamise, en fait. les guides sont des acteurs eux-mêmes. Donc, ce n'est pas du tout une visite convenue, c'est une visite saupoudrée d'anecdotes, d'histoires. Et en sous-sol, il y a un musée, un musée du théâtre, un musée des pièces de Shakespeare, où on entend des dizaines et des dizaines d'enregistrements différents du fameux « to be or not to be » et les enfants adorent ça. alors ce qui est formidable à Londres, c'est qu'il y en a absolument pour tous les goûts. Il y en a plus ou moins pour toutes les bourses. Il y en a pour toutes les envies et il y en a pour tous les âges. Si la visite est réussie et si la visite est suffisamment variée, les touristes, les visiteurs sont absolument éberlués par les différences d'ambiance d'un quartier à l'autre. par certains égards, on a l'impression de... qu'on n'est pas dans la même ville, carrément. Je ne sais pas si on va dans le quartier de Hoxton qui est très hipster, avec des boutiques indépendantes et qu'après, on prend le métro et on va se promener à Camden et qu'on longe le canal et qu'on finit à Little Venice. Ça n'a rien à voir. Ce sont deux univers complètement différents.
- Speaker #0
Une dernière question en ce qui me concerne pour à la fois conclure et résumer. Qu'est-ce qui te fait rester à Londres ? Tu vas sûrement reprendre des points que tu as déjà abordés, mais en deux, trois mots, qu'est-ce qui te fait rester à Londres ?
- Speaker #2
Pour faire simple, je te dirais que j'aime voyager, j'aime beaucoup voyager, je voyage plutôt pas mal, et je suis toujours heureux de revenir à Londres. Et lorsque j'ai arrêté de travailler, Je ne vais pas dire lorsque je suis parti à la retraite parce que ça fait trop vieux. Donc lorsque j'ai arrêté de travailler, évidemment, la question évidente pour tout le monde, c'est « alors maintenant qu'est-ce que tu vas faire ? Tu rentres en France ? » Alors l'idée ne m'avait même pas effleuré. Je leur ai dit « ben non, pourquoi veux-tu que je rentre en France ? » Je veux dire, j'aurais du mal à choisir un endroit. Je n'ai pas forcément envie de... de rentrer là où j'ai commencé ma vie, parce que je pense qu'il y a sans doute autre chose à faire, et puis d'autres choses à découvrir. Et à Londres, c'est ça, t'as tout au bout des doigts. Tu peux aller au théâtre trois fois par semaine, si ça te chante, etc. Et moi, ce qui vraiment finit par me convaincre, c'est le côté qui est ouvert, tolérant et excentrique.
- Speaker #0
Merci énormément pour ce partage Jean-Michel, qui n'est pas un partage d'expat, loin de là. Et c'était exactement l'idée, c'est le retour d'expérience d'un londonien qui se trouve... être français.
- Speaker #2
Voilà, j'ai pas parlé du tiers du quart de la moitié de ce que j'avais prévu, c'est pas grave.
- Speaker #0
Les Anglais disent souvent que nous, les Français, nous avons un côté je ne sais quoi, vous savez, cette fameuse expression. Une sorte de particularité, de qualité indescriptible qui fait que nous ne sommes pas pareils, voire attachants, ou pire, charmants. Mais ce côté je ne sais quoi va tellement mieux aux Anglais, je trouve, et aux Londoniens en particulier. Londres, on l'a dit plusieurs fois dans cet épisode, c'est une une capitale globale. Une vraie ville multiculturelle, ouverte, tolérante et respectueuse, même si les mentalités ont un peu changé, c'est vrai, depuis l'arrivée du Brexit. Vous avez entendu comment Jean-Michel en a parlé de Londres tout au long de notre entretien. Pour quelle autre ville peut-on encore avoir autant la flamme après quatre décennies de vie sur place ? Personnellement, j'en connais pas. Ceci dit, vous avez les infos maintenant, alors si London is calling, décrochez, vous ne serez pas déçus. A bientôt et bon voyage d'ici là.
- Speaker #2
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