- Speaker #0
Bienvenue sur le podcast Vibre le diabète à la recherche de l'équilibre. Je suis Nathalie, diabétique de type 1 depuis février 2010. Je suis également patient expert et RU, représentante des usagers. Après dix ans de service dévoué dans une association en lien avec le diabète, j'ai décidé de partir vers de nouvelles aventures. En créant ce podcast, je veux continuer à accompagner les patients diabétiques et à partager mon expérience. En outre, en utilisant mon expertise, je veux t'aider à comprendre que plus tu apprends sur le diabète, mieux tu arrives à le gérer efficacement et à améliorer ta qualité de vie avec cette maladie chronique. Je m'adresse à toi qui viens de déclarer un diabète, à toi qui es diabétique de type 1 ou de type 2, ou à toi qui es en pré-diabète. mais aussi à toi qui soutiens et aides, que tu sois parent ou conjoint, etc. Je m'adresse également à toute personne désireuse de savoir ce qu'est le diabète vu par une patiente diabétique. Je te laisse maintenant avec l'épisode du jour. Je suis ravie d'accueillir Benoît Ouellt, diabétique de type 1, sportif confirmé. Nous allons aborder ensemble un sujet fort intéressant, diabète et activité physique. Bonjour Benoît.
- Speaker #1
Bonjour Nathalie. Écoute, ça me fait plaisir de discuter avec toi.
- Speaker #0
Alors Benoît, peux-tu te présenter ?
- Speaker #1
Je m'appelle Benoît Ouellt, comme tu l'as si bien dit. J'ai 42 ans. J'habite actuellement entre Toulouse et Aix-les-Bains. Toulouse qui était mon ancien lieu de vie. il y a quelques mois. J'ai pas mal bougé ces derniers mois et je m'installe sur Aix-les-Bains, donc au pied des Alpes, à partir de lundi prochain.
- Speaker #0
Pour ceux qui ne savent pas comme moi, peux-tu nous dire où est Aix-les-Bains ?
- Speaker #1
Aix-les-Bains, c'est au pied des Alpes. C'est à l'est de Lyon, entre Grenoble et Ancy, juste à côté de Chambéry, dans la région de Chambéry-Alberville. Il y a un grand lac des montagnes à côté. C'est un endroit sympa.
- Speaker #0
Oui, ça doit être magnifique. Et tu fais quoi dans la vie ?
- Speaker #1
Moi, j'ai quitté mon job il y a quatre ans. J'étais directeur supply chain, donc industriel, dans le milieu aéronautique. On m'a proposé un poste de direction Europe à Paris. J'ai refusé parce que je ne me voyais pas partir dans la capitale. Je l'habitais à Toulouse à l'époque. Et du coup, j'ai décidé de créer une petite start-up dans le milieu de la rentrée du trail. que j'ai fait fonctionner pendant deux ans. J'avais quelques contrats avec la Fédération française de randonnée et des courses comme le marathon de la Rochelle, par exemple, en France. Et en parallèle, là, du coup, je me suis remis dans le milieu industriel en faisant du conseil en stratégie industrielle pour des courses PME. Donc, j'aide principalement des patrons d'entreprises à réorganiser la partie industrielle et à recruter potentiellement leur cadre. pour la gestion de production, la solution, ce type d'activité.
- Speaker #0
Ok, tout un programme quoi.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Ok, super. Alors, parle-nous de ton diabète.
- Speaker #1
Je suis diabétique depuis un peu plus de deux ans. Donc c'était pour mes 40 ans. Donc je suis rentré à l'hôpital environ, c'était en décembre 2021, donc quelques jours après mes 40 ans. avec des symptômes qu'on connaît tous en tant que diabétique. J'avais très soif, j'allais beaucoup aux toilettes. J'ai fait tenir le sujet pendant pas mal de semaines. Et un jour, après cinq nuits d'insomnie totale, j'ai quand même décidé de prendre rendez-vous avec un médecin, faire des analyses. Et c'est à ce moment-là que j'ai découvert que j'avais le diabète de type 1.
- Speaker #0
Ok, on t'a dit pourquoi. C'est sûr qu'à 40 ans, c'est pas très... À 40 ans, ce n'est pas rare, mais oui.
- Speaker #1
Je ne sais pas trop. Quand on m'a annoncé ça, je pense qu'il y a plein d'hypothèses. Il y avait le Covid à l'époque, il y avait des histoires de vaccination. J'avais quand même eu une vie, les années précédentes, où j'avais modifié pas mal de choses. J'avais quitté mon boulot, j'avais monté une société. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qui se mélangent. Je vais peut-être rester à ce point-là. post-chromatique. Et au final, en fait, je ne cherche pas forcément les raisons de ce qui m'arrive, surtout quand c'est irréversible. Donc, je n'ai pas trop pesé le sujet. La seule chose que je me suis dit, c'est que maintenant, je l'avais et qu'il fallait que je le vive avec. Donc, je n'ai pas... J'aurais pu passer des mois à chercher des hypothèses et j'aurais pu trouver plein d'hypothèses différentes. et que je préférais utiliser mon temps à la reconstruction d'une vie avec le diabète, qu'à l'analyse des raisons pour lesquelles j'étais devenu diabétique.
- Speaker #0
Et au niveau de la gestion, comment tu as fait ? Comment ça s'est passé ?
- Speaker #1
Au début, alors moi je suis très scientifique, je n'ai pas envie de te dire que le diabète a été une bonne nouvelle, mais c'est vrai que quand on m'a annoncé le diabète de type 1, j'ai compris trois choses. Un, que c'était irréversible, donc du coup de toute façon j'allais vivre avec. Deux, que je n'étais pas spécifiquement le fautif. C'est une maladie auto-immune qui arrive comme ça, donc je n'étais pas le responsable de ma maladie. Donc quelque part, c'est rassurant aussi, parce que du coup, tu n'as pas ce sentiment de culpabilité. Et ensuite, on m'a expliqué que le sport pouvait être un très bon médicament ou un très bon allié à la gestion du diabète. Donc ça aussi, ça me rassurait. Donc ces trois choses, finalement, m'ont permis d'accepter, je ne sais pas si on peut dire accepter, mais disons de...
- Speaker #0
T'accommoder.
- Speaker #1
de m'accommoder sur le fait qu'il fallait que je me prenne en main et que l'activité physique serait mon allié à ce moment-là. Donc, dès que je suis sorti de l'hôpital, on m'a expliqué un peu le système de dosage, etc. Je l'ai compris assez rapidement. À l'hôpital, le personnel médical m'a dit que j'apprenais vite. Après, j'ai toujours été assez scientifique et je comprends relativement bien le fonctionnement du corps. Je ne sais pas si ça m'a aidé. Et puis, en fait, dès le lendemain de mon retour à... Chez moi, j'étais homme-traîneur à faire du vélo avec un stock de bananes sur la table à côté. Et puis, je commençais à essayer de voir de quelle façon, en faisant de l'activité physique, ma glycémie allait évoluer. Donc, j'ai beaucoup expérimenté. La chance que j'avais à ce moment-là, c'était que, du coup, travaillant à mon compte, je n'avais pas non plus de contraintes. Donc, c'est toujours plus simple, en fait, quand tu n'as pas de contraintes, de faire des expérimentations sur toi-même parce que tu as le temps, tu as la possibilité de te faire à manger. Dans un premier temps, on imitait certains aliments. Tu as forcément de stress parce que tu n'as pas de réunion, tu n'as pas de travail, tu n'as pas de rythme imposé. J'ai passé pas mal de temps, je pense les trois premiers mois, à expérimenter des différents protocoles me permettant de vivre avec le diabète. Je ne te dis pas que ça a été facile tous les jours. J'ai eu des journées assis dans mon canapé, alterné entre hypo, hyper. à surcharger en sucre, surcharger en insuline et avoir des variations énormes qui, à un moment donné, te donnent l'impression de ne plus rien comprendre. Mais voilà, comme je te dis, je pense que la chance que j'avais à ce moment-là, c'était de pas être un professionnel. Et finalement, de pouvoir accepter de perdre une journée ou voire deux journées, faire le yo-yo sur ma glycémie et essayer de comprendre comment tout ça fonctionnait.
- Speaker #0
Est-ce que tu as fait l'insulinothérapie fonctionnelle ?
- Speaker #1
Alors moi, je n'ai pas fait grand-chose. Tu vois, ça fait un peu plus de deux ans que je suis diabétique. J'ai vu deux fois mon diabétologue. Je n'ai pas eu énormément de formation sur tout ça. J'ai pu expérimenter dans mon coin. Donc, je n'ai pas fait l'insulinothérapie.
- Speaker #0
Donc, du coup, l'insulinothérapie, tu te l'es fait tout seul, en bidouillant, si je puis me permettre.
- Speaker #1
C'est ça. En fait, à l'hôpital, on m'a dit que... Il fallait que je mette 8 unités d'insuline rapide à chaque repas et 16 unités d'insuline lente le soir par rapport à un niveau standard qui était mon alimentation à peu près standard à ce moment-là. Et 4 jours après, j'ai été hospitalier pendant 4 jours et en rentrant chez moi, j'ai appliqué ce protocole et j'ai vu que j'avais des variations de glycémie. Donc intellectuellement, je suis plutôt assez perfectionniste sur tout ce qui touche à la science. Et voyant ces variations, du coup, j'ai fait mes propres ajustements assez rapidement. Donc, au lieu d'être à 8, parfois j'étais à 6, parfois j'étais à 12. Et puis, j'ai compris en lisant 2-3 articles sur Internet que c'était associé à un volume de glucides que je pouvais manger. Et donc, j'ai mis en place mon propre protocole personnel et mes propres ajustements en fonction de mes observations. D'autant plus que je faisais du sport à ce moment-là, donc je me rendais compte que faisant du sport aussi, ça me permettait de limiter... la prise d'insuline à certaines périodes de la journée. Donc tout ça, je l'ai construit dans mon coin, sans forcément avoir un support particulier.
- Speaker #0
Et ça a fonctionné du tonnerre ?
- Speaker #1
Et bien ça a fonctionné du tonnerre, parce que j'étais hospitalisé en décembre, j'ai revu mon diabétologue au mois de mars, quatre mois après, et à ce moment-là, il a été surpris, parce que j'avais une hémoglobine cliquée à 5,2%, donc quatre mois après. Mon ami est sur l'hôpital, donc là mon dévétologue m'a dit que j'avais compris le fonctionnement de l'insulinothérapie. Je pense que le fait que je... J'ai réussi à avoir ce résultat parce que j'étais assez strict sur mon mode de vie, peut-être un peu trop. Je m'imposais quand même des contraintes qui étaient assez importantes. Et en fait, en ayant ce résultat et en discutant avec mon diabétologue, ça m'a permis aussi de comprendre que je pouvais l'acquérir un peu plus de l'Est sur mon mode de vie et m'accorder un peu plus de liberté dans ma façon de m'alimenter et de vivre mon diabète. Ce qui fait que là, aujourd'hui, je suis... Je suis environ à 5,4 de hémoglobine biquée. Aujourd'hui, je ne fais plus du tout attention. Vu le sport que je fais, je n'ai plus besoin de surveiller ma glycémie dans la journée. Je sais à peu près de tête où j'en suis. J'ai rarement de grosses surprises sur l'évolution de ma glycémie. Je fais 15 à 20 heures de sport par semaine. C'est le secret. J'ai réduit l'enveil.
- Speaker #0
C'est vraiment le secret. L'activité physique.
- Speaker #1
Je pense que c'est le secret. Parce que le secret, je pense que ça fait partie des choses. Le secret c'est tout. C'est le secret dans le sens où je pense qu'il y a plein de secrets. C'est-à-dire que finalement, en fonction de ton alimentation, je pense que tu peux ne pas faire d'activités physiques et avoir une alimentation saine qui te permet de réguler ta glycémie. Après, quand tu fais 15 à 20 heures de sport par semaine, tu peux t'autoriser deux McDo par semaine si tu veux. Tu peux t'autoriser des excès un peu plus importants. juste après l'activité physique, puisque ton corps consomme ce que tu es en train d'assimiler.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Donc du coup, tu as un plus grand degré de liberté, je pense, quand tu fais de l'activité physique sur ton alimentation, que tu ne peux l'avoir quand tu fais un peu moins d'activité physique. Je pense qu'on peut gérer quelle que soit la situation. Par contre, le sport s'offre de la liberté dans ta gestion.
- Speaker #0
Oui, c'est tout à fait ça. C'est vraiment... Il faut faire... Enfin, il faut. Il est bien de faire de l'activité physique en fonction de ce qu'on mange. Si on mange beaucoup, on en fait beaucoup. Si on mange plus, un peu.
- Speaker #1
Je vois plutôt à l'inverse. Je vois plutôt le côté, je fais du sport et j'adapte mon alimentation en fonction du sport que je fais. Je ne cherche pas à faire du sport pour compenser quelque chose. Moi, j'aime le sport. Donc, je fais du sport. Par contre, l'alimentation, c'est mon énergie, c'est mon moteur. C'est ce qui vient alimenter ma pratique sportive. J'ai peut-être aussi développé, ce qui n'était pas le cas avant, mais grâce au diabète et au sport, aujourd'hui, je perçois plus l'alimentation comme étant de l'énergie. J'ai vraiment compris le fonctionnement des calories, des micronutriments, des glucides, des lipides, des protéines, etc. Donc, d'équilibrer un petit peu tout ça, ce que je comprenais déjà un petit peu avant, mais pas aussi bien qu'aujourd'hui. Mais donc, aujourd'hui, j'assimile plutôt l'alimentation comme étant un moyen... d'avoir de l'énergie pour pouvoir vivre. Donc peut-être que j'aurais fait moins le plaisir, c'est-à-dire que j'ai quand même coupé par la même chose, que je m'autorise de temps en temps, par contre en fonction de l'activité sportive. Par contre, je n'ai pas de frustration. Avant, pendant les premiers mois de ma vie diabétique, j'avais des frustrations alimentaires. J'ai changé mon hygiène alimentaire. Et aujourd'hui, si tu veux, ces frustrations n'existent plus parce que j'ai changé mon mode de vie en fait. Donc en changeant mon mode de vie, j'ai changé mes habitudes. Et mes anciennes habitudes qui auparavant étaient impliquées à modifier, j'étais un fan de fromage, je mangeais beaucoup de fromage avec du pain plusieurs fois dans la journée. Donc au début, quand je me suis dit que ce n'était pas forcément très bon pour la gestion de mon diabète, puisque je mangeais beaucoup de glucides et donc du coup je mettais beaucoup d'insuline, chaque fois que j'avais envie de manger du fromage, je faisais 10 pompes. Et donc du coup, j'essayais de transférer une habitude en faisant autre chose. peut-être une forme de punition, tu vois. Mais voilà, j'ai essayé de trouver toujours des clés pour essayer de modifier un peu mes habitudes alimentaires. C'est pas forcément ce que je conseille à tout le monde, moi, c'était ma décision personnelle. Et aujourd'hui, j'ai plus de frustration. En fait, t'as six mois qui sont difficiles, quand tu changes une habitude, et au bout de ces six mois de changements d'habitude qui sont parfois plus sentiers, difficiles, tu rentres dans d'autres habitudes, finalement, qui te font oublier la frustration précédente.
- Speaker #0
Mais le sport, tu en fais depuis longtemps. Ce n'est pas le diabète qui t'a mis au sport. Tu étais déjà sportif.
- Speaker #1
Alors, j'ai toujours été sportif. Pas autant qu'aujourd'hui. J'ai toujours aimé le sport. Mais j'aimais beaucoup... J'avais moins de temps aussi pour en faire. Et puis, je sortais peut-être plus auparavant. Donc, je buvais plus de pot avec les copains. Et j'étais souvent dehors le soir. Donc en modifiant un peu mon rythme de vie aussi, je me suis octroyé plus de temps pour faire du sport. Donc aujourd'hui, je pense que je fais beaucoup. Deux fois plus, trois fois plus de sport aujourd'hui que j'en faisais auparavant. Parce que j'ai transformé ma vie, tout simplement. J'ai changé mes habitudes. Et le sport, en fait, beaucoup de choses que je voulais modifier, beaucoup d'habitudes que je voulais modifier, je les ai remplacées par la pratique sportive. Parce que tu as toujours du mal à remplacer des habitudes si tu ne trouves pas autre chose. Et donc, moi, chaque habitude que je voulais modifier, qui impactait ma glycémie, je l'ai remplacée par une heure de sport supplémentaire, deux heures de sport supplémentaire. Et comme j'avais le temps de faire tout ce sport, j'en ai profité.
- Speaker #0
Et du coup, tu sais quoi comme sport ?
- Speaker #1
Alors, je fais beaucoup de choses. Je fais de la course à pied, pas mal de ski l'hiver. L'été, je fais du kitesurf et du wingfoil. Le wingfoil, c'est de la planche à voile sans le mât de la voile. C'est une voile que tu tiens dans la main, une bordelle. et ensuite t'as une planche avec un foil donc en fait ça te permet de voler au-dessus de l'eau oui ça y est je vois je fais un peu de vélo je fais de la randonnée j'aime bien toucher un peu à tout donc ça par exemple donne
- Speaker #0
nous un emploi du temps par exemple sur une semaine puisque tu en fais vachement du sport comment tu t'organises comment tu te motives Est-ce que c'est toujours par rapport à une envie de faire du sport ? Oui, tout à l'heure, tu nous disais que c'est aussi pour le diabète, évidemment. Donc voilà, comment tu...
- Speaker #1
Aujourd'hui, c'est plus tant que ça pour le diabète. En fait, aujourd'hui, si tu veux, la dernière fois, je me posais la question et je me demandais si je n'avais plus le diabète aujourd'hui, est-ce que je modifierais mon mode de vie ? Et en fait, la réponse, elle est non. Parce que le mode de vie que j'ai aujourd'hui me convient bien. le sport, attention à mon alimentation et à mon hygiène de vie. J'essaye de favoriser mon sommeil. Et en fait, ça m'a apporté plein de choses à côté. Je suis un peu plus créatif. J'ai peut-être plus de temps pour lire. Je me sens plus en forme, plus motivé pour plein de choses. Aujourd'hui, je suis content de ce rythme-là. Ce n'est plus pour le diabète que je fais ça. Et après, pour le sport, on peut se faire entre une à trois heures par jour. Ok. Comme je suis à mon compte et que j'ai pas mal de temps, je m'adapte pas mal en fonction de la météo. Donc quand je sens qu'il y a une belle journée et qu'il fait beau le matin, je vais faire trois heures. Et puis quand je sens qu'il y a une journée un peu plus vivieuse, je vais peut-être en faire une heure. Et j'ai essayé de cibler entre deux averses. Donc voilà, j'organise en fait au quotidien en fonction des conditions météo et de ma motivation. Si j'ai mal dormi, je fais un peu moins de sport. Si j'ai bien dormi, je fais un peu plus de sport. Je pense pouvoir m'adapter assez facilement à tout ça.
- Speaker #0
Et du coup, ta motivation, tu l'as toujours eue ou elle est venue au fil du temps ? Ou il a fallu quand même que tu travailles la motivation ?
- Speaker #1
Je l'ai beaucoup travaillée au début. Je pense qu'au début, si tu veux, mon objectif après avoir eu le diabète, donc moi j'avais déjà couru des marathons. Le marathon que j'avais couru qui était le plus rapide avant le diabète, c'était environ 2h30. Je me suis fait fixer l'objectif après le diabète. Je me suis mis six mois à retrouver un rythme sportif après le diabète. Au bout de ces six mois, je me suis dit que dans six mois, il faut que je trouve un moyen pour courir un marathon en moins de trois heures. Parce qu'il me fallait un objectif. Je suis en train de modifier le poste dans ma vie. Il me fallait un but. J'étais à la recherche d'un but. Je pense que j'avais une certaine forme de frustration ou de colère. à effacer ou à mettre de côté. Le sport, en fait, est venu en compensation de cette frustration et de cette colère, je pense. Parce que, bon, malgré tout, même si c'est réversible par moments, on en a un petit peu marre, tu vois, de s'auto-gérer au quotidien, de devoir se réguler. Je ne suis pas dans la comparaison avec les autres, moi, donc je n'ai pas forcément de sentiment de ne pas être normal ou d'être normal et tout ça. Je le sentais qu'il fallait que j'ai un but parce qu'il fallait que je donne, en fait, un sens à tout ça. Et le sens, je l'ai trouvé dans cet objectif de courir un marathon en moins de 3 heures. Au moment où j'avais ce but, j'ai pris l'activation, parce que c'était quelque chose qui venait canaliser ma frustration, de devoir m'auto-gérer au quotidien. Finalement, je n'ai pas couru en 3 heures, j'ai couru en 3h11, mais je suis très content parce que je courais un marathon plus rapidement qu'avant le diabète, ce qui m'a quand même permis de... me démontre ça moi-même, m'auto-prouver que je pouvais être meilleur sportivement avec un mot.
- Speaker #0
Une chose que je ne t'ai pas demandé, c'est quel est ton traitement ? Est-ce que tu es sous pompe ou avec des stylos ?
- Speaker #1
Moi, je fais au stylo.
- Speaker #0
D'accord. Et ça te convient, je veux dire, par rapport à ta pratique sportive ? Et tu as un capteur ?
- Speaker #1
J'ai un capteur sur le bras, un Freestyle 2. Et après, ouais, je suis sur le stylo. Ça me convient, disons que je connais que ça, donc oui, je le gère. Je ne sais pas si ce serait mieux ou pas souvent, parce que je n'ai jamais essayé. Mais aujourd'hui, je ne vis pas le stylo comme étant une contrainte particulière. Donc, comme étant une contrainte. Bien sûr que c'est une contrainte, ça donne pas mal de logistique, mais c'est devenu une habitude aujourd'hui. Oui,
- Speaker #0
il n'y a pas de stylo. Ce n'est pas un choix. Tu étais au stylo depuis le début, donc tu ne t'es pas posé la question plus que ça.
- Speaker #1
Non, je me suis posé la question quelques fois. Et en fait, si tu veux, je trouve que l'intérêt du stylo, c'est qu'à chaque fois que je me pique, C'est un petit peu aussi une piqûre de rappel. C'est la piqûre de rappel du fais attention à ton hygiène de vie, fais gaffe, tu piques Donc tu as quand même ce geste-là, c'est un symbole en fait. Donc je pense que ce symbole, en fait, quelque part, il me motive aussi à essayer de conserver un peu une hygiène qui est relativement saine. Et comme je te le dis, elle me fait… Moi, j'aime bien cette hygiène de vie actuelle. Et cette piqûre, c'est la piqûre de rappel. C'est la piqûre de rappel du… Fais attention à ta santé, c'est important. Même si ce n'est pas ta santé qui est la cause de ton diabète, c'est quand même important de faire attention à ta santé et essaye de faire les choses correctement dans ta grande épée. Moi, ce que j'ai vu, c'est qu'en me renseignant pas mal, j'ai vu que le niveau, principalement dans le trail, a été sous stylo. Donc je me suis dit, si les sportifs qui sont bons dans le trail sont sous stylo, il y a peut-être une raison qui est associée à ça. J'ai pas trop essayé de creuser les raisons, mais tu vois, sur un trail de 25 heures, potentiellement, tu peux arracher ta pompe, tu peux avoir des problèmes de fonctionnement, etc. Un stylo tombe rarement en panne et s'arrache rarement. Il est dans une poche, dans ton short, et à part des variations de chaleur, t'as pas trop de risques. Et je pense que ça fait partie aussi, sur toi, de les... En fait, si t'as une pompe sur un trail de 20 heures, tu vas être obligé d'avoir ton stylo sur toi. Parce que du coup, si ta pompe tombe en panne ou elle s'arrache, t'as besoin d'avoir un moyen de compenser. Donc finalement d'avoir le stylo, je l'ai et puis si j'en ai besoin, j'utilise.
- Speaker #0
C'était surtout pour la basale en fait, pour la lente. Oui,
- Speaker #1
alors après moi ce que je vois, l'intérêt du stylo, c'est que du coup tu as deux produits différents. Et moi, la lente que je mets la veille, quand je fais beaucoup de sport, en fait elle me suffit. Je n'ai plus besoin de mettre de l'aspirine rapide le lendemain. je me suis dit que je venais à 4 heures de sport par jour. En fait, je n'ai plus qu'à réguler ma basale et je sais à peu près comment l'activer. Par exemple, quand j'ai une course, si j'ai mis de la basale la veille, je ne prends pas de rapide, non, je mets de la lentus. Donc, si je mets de la lentus la veille et que je ne prends pas d'inspiration rapide au petit déjeuner, je sais que si j'ai couru 2 km à un rythme très cool, ça va réactiver un peu l'insuline lente et ça va me permettre de m'alimenter pendant l'effort physique. En fait, je n'ai pas très peur de l'hypoglycémie, parce que j'ai l'impression qu'une hypoglycémie, c'est plus facile à rattraper en mangeant du sucre qu'une hyperglycémie, où finalement, si tu es en hyper pendant une course, il faut que tu t'injectes de l'insuline, et le temps de réaction de l'insuline, tu vas beaucoup moins la maîtriser que l'absorption de sucre. Donc finalement, je vais plutôt préférer être assez bas quand je cours, ou pas, je suis très bas quand je cours. J'ai fait mes courses, parce qu'en fait, j'ai favorisé l'absorption de sucre, et j'essaie de manger le plus possible. Parce que quand tu fais des efforts lourds, en fait, le problème, c'est que si tu ne manges pas suffisamment, à un moment donné, tu as ce qu'on appelle le mur où tu as des problématiques de gestion d'énergie. Et donc moi, je suis plutôt dans une gestion où je vais essayer de sur-m'alimenter pour pouvoir avoir de l'énergie en permanence. Et donc c'est pour ça que j'aime bien aussi l'utilisation de l'insuline menthe que tu n'as pas quand tu es sous pompe, puisque finalement, tu n'as que le même produit qui va être injecté d'une façon différente. Je ne l'ai pas essayé. C'est mon ressenti. Ce n'est pas une vérité scientifique. Mais c'est comme ça, aujourd'hui, que je le perçois. Et ça me va.
- Speaker #0
C'est l'essentiel. C'est que ça vient pour toi, en fait.
- Speaker #1
Je pense qu'il y a beaucoup de psychologique là-dedans. C'est-à-dire que si tu sens que quelque chose te convient, il faut rester dans ce qui te convient. Parce que le psychologique peut aussi te permettre de mieux gérer les choses.
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
Et il y a aussi le fait que... je ne suis peut-être pas encore suffisamment prêt à exposer une pompe qui est un peu plus grosse que mon capteur sur mon corps. Je pense qu'il y a peut-être aussi une petite barrière psychologique à l'entrée de l'intégration d'un dispositif médical supplémentaire sur ma peau.
- Speaker #0
Mais en fait, c'est vrai que les sportifs de haut niveau, ils n'ont pas de pompe. Là, de mémoire, je n'arrive pas à les voir avec une pompe. En fait, je les vois à chaque fois avec un stylo. Donc, c'est que ça doit être une...
- Speaker #1
Je n'ai pas la raison principale. Je sais que sur Trail, j'avais discuté avec Andrew Simon, qui est un ultra-trailer, qui est très connu dans le monde parce qu'il a gagné la Saint-Élion, par exemple, qui n'a gagné pas. La Saint-Élion, c'est une course très connue en France. En discutant avec lui, ce qu'il m'avait dit, c'est que lui, il avait peur de l'arrachement. Finalement, parce qu'en fait, quand tu fais du Trail, tu cours au milieu des arbres, des buissons, des laroches, etc. Donc, il préférait être sous stylo. Et puis, parce qu'en plus, pour les mêmes raisons, lui, en fait, il régulait sa lentus avec deux injections par jour. Donc, ce qu'il fait, c'est qu'il fait deux injections par jour, une le matin et une en cours d'après-midi. En fait, il divise par deux ses unités d'insuline lente. Et c'est comme ça qu'il régule, en fait, son effort à venir. D'accord.
- Speaker #0
Et au niveau du sport, enfin... comment dire, de la pratique, quand tu cours, est-ce que ça te fait monter la glycémie ou plutôt descendre ? Parce que, bon, moi, je sais, enfin, si je prends ma petite échelle, moi, ça dépend ce que je fais et des fois, j'ai la glycémie qui descend et si je fais, par exemple, des efforts, par exemple, beaucoup de cardio, j'ai l'insuline qui remonte. Est-ce que ça te fait pareil ?
- Speaker #1
Oui, alors ça dépend beaucoup de l'intensité.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Moi, je cours beaucoup au cardio, donc j'ai ma montre avec ma ceinture cardiaque. Et effectivement, quand tu es dans un rythme d'endurance, donc cardio bas, ça a tendance à faire descendre la glycémie. Et quand tu es dans un rythme cardio haut, ça va faire monter la glycémie parce qu'en fait, tu as une génération de cortisol et d'adrénaline qui en fait produisent de la... Les glucides supplémentaires, ils sont hyper glycémisants, ça. C'est ça. Et donc, du coup, en fait, si t'es vraiment sur des courses très rapides, tu vas avoir tendance à avoir une montée d'insuline, euh, montée de glycémie au début, si t'es sur de l'endurance, ça va baisser.
- Speaker #0
D'accord, ok, bon, ben c'est...
- Speaker #1
Alors, encore une fois, je pense que... Encore une fois, ce que je dis, c'est pas des vérités, c'est des observations personnelles. Peut-être que pour certains, c'est différent, mais...
- Speaker #0
Oui, mais moi, ça me fait pareil, hein. C'est...
- Speaker #1
Oui, je pense que ça fait pareil pour beaucoup de monde, mais j'ai vu aussi des gens pour qui c'était différent. Oui, c'est vrai. En fait, je me demande comment tu te sens. Un diabétique,
- Speaker #0
même que son voisin.
- Speaker #1
Exactement. Et puis, tu te rends compte aussi que ton métabolisme joue beaucoup. Tu vois, moi, j'ai un métabolisme de personne qui est endurante, parce que je fais beaucoup de courses longues. Et donc, du coup, j'ai un métabolisme qui est assez optimisé aussi pour la consommation des graisses. Donc, j'ai un besoin en sucre qui va être moins important que certaines personnes parce que j'ai un processus épidique qui fonctionne plutôt pas mal.
- Speaker #0
Alors, dis-nous si tu as des nouveaux challenges qui arrivent, des projets au niveau sportif. Parce qu'on te voit sur les réseaux sociaux avec ton compte Instagram DT1Runner, c'est ça ?
- Speaker #1
DT1Runner, oui.
- Speaker #0
Et du coup, moi, je te suis sur Instagram. Et alors, qu'est-ce que tu fais ? qu'est-ce que tu as comme projet ?
- Speaker #1
J'ai pas mal de courses encore cette année. Je ne vais pas faire l'aventure de toutes les courses. Les deux plus principaux objectifs, ça va être le marathon de Paris au mois d'avril. Toujours avec l'objectif de le courir en 3 heures. Le premier marathon, j'avais couru en 3h11, comme j'ai dit tout à l'heure. J'ai refait un marathon 6 mois après que j'ai couru en 3h07. J'espère bien que cette année, j'ai réussi à franchir la barre des 3 heures. Et après, l'objectif, ce serait l'instruction à l'heure où on tourne ce podcast, et c'est demain, pour la course du Bourbon, qui est une course dans la diagonale des Faux à La Réunion. Donc, c'est une course de 100 kilomètres qui aura lieu au mois d'octobre. Et l'idée, ce serait d'essayer d'aller faire un bon classement à ces courses. Donc, je vais m'entraîner principalement pour le Marathon de Paris et pour ces courses-là.
- Speaker #0
À La Réunion,
- Speaker #1
ok. C'est ça, c'est à La Réunion en octobre.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Et après, cet été, j'ai découvert... Je fais pas mal de courses entre 60 et 80 kilomètres.
- Speaker #0
C'est la distance que j'aime bien parce que j'aime bien quand c'est long. Et ça permet d'avoir une gestion un peu plus complexe. J'aime quand c'est compliqué.
- Speaker #1
Justement, je parlais d'Instagram. Et est-ce que tu peux nous dire, de nous en parler de ce compte et de la communauté ? Est-ce que ça t'aide ? Est-ce que ça t'a aidé ? Et puis, de ce que tu veux mettre en place par rapport à des randonnées ? J'ai vu passer... Une demande, savoir si tu veux organiser des choses, si tu veux nous en parler.
- Speaker #0
Oui, alors le compte Insta m'a beaucoup aidé. J'ai créé pour ça. C'est-à-dire que moi, quand on a eu le diabète, je cherchais pas mal de contenu sur le sport et le diabète. Ce n'est pas simple à trouver. Alors, tu te trouves du contenu, c'est-à-dire qu'on te dit, tu peux faire un footing, etc. Mon objectif, ce n'était pas de faire un footing, c'était de courir un marathon en trois heures. Donc après, ça nous passe à un niveau qui est peut-être un peu... plus important. Je cherchais du contenu sur avoir un niveau de performance intéressant et avoir le diabète de type H, je ne trouvais pas grand-chose. Donc un jour, ça m'a un peu énervé. Je suis allé créer ce compte Instagram en me disant je vais créer un compte, je vais témoigner, peut-être qu'il y a des gens qui vont me suivre et avec qui je pourrais discuter et prendre un peu tout ça. C'est un peu la raison pour laquelle j'ai créé ce compte-là et assez rapidement, effectivement, j'ai pu échanger avec des personnes que j'ai rencontrées par la suite. J'ai aussi découvert l'association type 1 en team, qui est l'association de coureurs diabétiques, dans laquelle il y a beaucoup d'échanges aussi sur toute la gestion dans les courses. Et petit à petit, ce compte s'est développé, et j'ai eu beaucoup de retours très sympathiques, principalement au début de parents qui me disaient que ça leur donnait du courage pour leurs enfants. Et finalement, le fait de sentir que j'avais aussi peut-être ce pouvoir d'influence. Par rapport à ce que je faisais, ça m'a donné envie de continuer. Surtout quand ça touche aux enfants, je me suis dit, si tu peux motiver un enfant ou deux, ou un parent ou deux, parce que c'est pour les parents que ça motive. Et si ça peut les rassurer de voir qu'il y a des gens qui ont le diabète et qui font du sport, autant continuer à animer ce truc. Je ne suis pas un influenceur dans l'âme. J'ai souvent du mal à poster quelque chose ou à me mettre en avant. Mais je le fais. Je le fais parce que je pense que ça peut avoir une certaine forme d'utilité.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et c'est compliqué.
- Speaker #1
En fait, ça donne en plus ce que tu montres, ça donne envie, franchement. Et puis on se dit, c'est possible. Tu vois, c'est possible, c'est très important. De dire, si lui, il le fait, pourquoi je ne pourrais pas le faire ? Et que tu parles des parents. Franchement, moi, je connais des enfants dans ma région et qui ont compris que grâce au sport, ils pouvaient moins se piquer, moins montrer, être moins diabétiques, en fait. Et avoir moins de...
- Speaker #0
Une gestion plus simple, oui.
- Speaker #1
Voilà, une gestion plus simple, moins de contraintes. Et franchement, une fois qu'ils ont compris ça, ils ont tout compris, comme tu disais tout à l'heure.
- Speaker #0
C'est ça, oui. C'est toujours difficile d'afficher ça sur les réseaux sociaux parce que ça reste même un domaine médical. Tu n'as pas envie de faire de bêtises non plus dans ce que tu dis. Donc, je n'ai pas trop envie de donner de conseils. J'essaie plutôt d'insister sur le fait que je témoigne de ce que je fais moi. avec mon propre corps mais que c'est pas forcément en copiant ce que je fais voilà en fait j'aime bien ouvrir des axes de réflexion et souvent plus ces axes de réflexion on vient en discuter avec moi et donc ça me fait réfléchir aussi et moi j'apprends beaucoup en fait je pense que j'apprends peut-être même plus des gens qui viennent discuter avec moi de ce que j'affiche et donc c'est ça qui m'intéresse et cette idée de randonnée ou de hum J'ai eu beaucoup de questions justement sur des gens qui avaient du mal à passer à l'action en étant tout seul. Donc pour moi, c'est une idée que j'ai. Moi, comme je te le disais...
- Speaker #1
Tu disais quelque chose, c'est ça ?
- Speaker #0
Ouais, ce serait peut-être même plusieurs choses pour tout type de niveau. Je sais qu'il y a des gens qui ont peur de partir en bivouac et de dormir dans une tente. Donc c'est quelque chose que moi je fais assez régulièrement. Même tout seul, ça m'arrive de partir tout seul avec mon diabète, une tente et dormir en montagne.
- Speaker #1
Tu n'es pas tout seul avec ton diabète.
- Speaker #0
Je ne suis pas tout seul, il y a les vaches aussi. Il y a les vaches et les moutons.
- Speaker #1
Tu dis que tu pars tout seul avec mon diabète et ma tente.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
C'est rigolo.
- Speaker #0
On est trois alors. Mon diabète et ma tente. Mais voilà. Donc ça, je sais que moi, je n'ai pas peur de tout ça en fait. Je me dis que ça sent toujours une façon de gérer. Ça c'est géré. Je suis allé faire du kitesurf au milieu du Sahara, en Mauritanie, au milieu de la mer, faire des grandes traversées, etc. J'avais un cas sur le dos et je partais. Et de toute façon, je me dis, c'est en essayant qu'on comprend. Mon bidon personnel, je dis qu'il ne faut pas le couper, c'est qu'à chaque fois que j'ai eu des moments difficiles, j'ai toujours réussi à trouver une solution. Ou à le virer, ou mon corps, il a géré pour moi parce qu'il a la saine survie et il ne lâche pas, exactement. Donc, même dans des situations où j'étais sur l'eau, en hippo à 55, et qu'il fallait que je rentre sur la plage pour trouver... une source de sucre dans un thé marocain ou quoi que ce soit, mon corps a tenu jusqu'à ce qu'il puisse trouver sa sorte d'énergie. Donc voilà, je pense que le corps il a le choix.
- Speaker #1
Je dis toujours, le corps ne nous laisse pas mourir.
- Speaker #0
Je pense.
- Speaker #1
On va pas exagérer non plus.
- Speaker #0
Voilà, faut pas pousser le vis, mais toi je fais souvent la comparaison avec quelqu'un qui surfe et qui se fait manger la jambe par un requin. il arrive toujours à trouver la force de rentrer à la plage. En général, c'est quand il sait que les secours le prennent en charge qu'il tombe dans les pommes. C'est-à-dire que le corps a l'intensité de survie qui fait qu'à un moment donné, il va s'accrocher jusqu'à être en sécurité. Et je pense que souvent, on s'auto-limite. Et en fait, nos limites sont beaucoup plus lointaines que celles qu'on imagine. Et donc, on peut s'autoriser beaucoup de choses. Notre cerveau va nous bloquer très rapidement, alors que, corporellement, je pense que notre corps peut aller très loin. et moi j'aime bien cette recherche justement de la limite réelle en fait c'est pas ça non c'est pas de la peur parce qu'en fait je suis persuadé que le corps il a des capacités impressionnantes bien plus impressionnantes que celles qu'on imagine je suis persuadé qu'on a 84% de nos peurs qui sont infondées et donc je pense que souvent on a peur de quelque chose qui n'est pas une peur réelle c'est plutôt une Une obsession qu'on va faire sur un risque potentiel.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Mais tant qu'on n'est pas dans la situation, en fait, ça reste un risque potentiel. Exactement. C'est une obsession de nos peurs éventuelles. Donc je me dis, en fait, moi, je suis un peu formaté comme ça depuis toujours. Je ne sais pas si c'est une chance ou pas. Je n'ai jamais eu peur de passer à l'action sur plein de sujets. Et je me dis, s'il y a des gens qui ont un peu plus de mal à partir en montagne, faire de la rando, des bivouacs et des tours du Mont Blanc, ça peut être aussi l'occasion de...
- Speaker #1
Écoute, on va te suivre. Pour pouvoir avoir les infos. Dès que tu organises ça, tu nous dis.
- Speaker #0
J'y réfléchis, mais oui, ça va. Je vais faire des propositions, je pense.
- Speaker #1
Ah oui, moi j'attends ça. Donc toi, tu as la chance d'être dans un contexte un peu très favorable et puis avoir fait du sport depuis longtemps, on va dire. Tout le monde n'est pas au même niveau. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Speaker #0
Moi, j'en pense que je vois souvent passer sur les réseaux sociaux qu'on peut tous faire l'effort. Moi, je suis assez mesuré sur cette question-là parce que j'ai beaucoup travaillé dans des milieux industriels où tu as beaucoup de classes ouvrières. Et souvent, la classe ouvrière, c'est des gens qui sont très contraints par leur productivité sur leur poste de travail et donc n'ont pas forcément le temps de... leur machine de production pour aller faire une petite marche à midi ou on va forcément non plus le choix de leur alimentation parce qu'en fait c'est des gens qui sont payés au SMIC et qui finalement mangent avec leurs quatre enfants ce qui peuvent se payer aussi, n'ont pas forcément le temps de ne pas rien manger le soir. Moi j'avais dans mes équipes de choix par exemple des gens qui faisaient des métiers qui étaient très contraignants, très difficiles et finalement c'était des personnes Les seules personnes qui acceptaient de faire ces métiers-là, c'était des personnes qui étaient vraiment en galère personnelle, qui étaient veuves ou veuves et qui finalement cherchaient de l'argent pour pouvoir nourrir leurs enfants parce qu'elles avaient quatre enfants et qu'il fallait s'en occuper. Donc je pense qu'en fonction du contexte personnel de ta vie, de ton éducation, de ton niveau social, on n'est pas tous égaux face à notre capacité à mettre en place des démarches pour gérer le diabète. Donc moi je pense qu'on a l'air. Il y a des gens qui ont plus de chance, des gens qui en ont un petit peu moins. Donc je ne suis pas dans le... Je pense qu'il faut que chacun arrive à faire ce qu'il arrive à faire. Je pense qu'il ne faut pas être dans la culpabilisation de ne pas en faire autant qu'un autre ou de trouver son rythme. Forcément, on sait que le sport, c'est bon pour la santé, que c'est bon pour la gestion du diabète, mais je pense qu'on n'a pas tous le temps de mettre en place certaines démarches. Donc ouais, c'est difficile à toi de conseiller ces choses-là. Et c'est sûr que si on peut monter deux étages à pied, puis prendre l'ascenseur, c'est toujours ça de pris. Donc je dirais qu'il faut essayer de prendre ce qu'on peut prendre. Mais forcément, quand on a été dans une famille où on a pas eu l'habitude de faire du sport, on a été dans une famille où on n'a pas appris l'alimentation. Tu vois, ma maman était prof de cuisine, donc depuis très jeune, je sais comment fonctionnent les équilibres alimentaires. Ouais, tout le monde n'a pas cette chance-là. Et c'est compliqué à apprendre, c'est pas simple. Moi, j'ai une famille en orthographe, j'ai des films d'orthographe, et j'ai beau essayer d'apprendre et de lire des livres, je fais toujours des films d'orthographe. Je pense qu'on a tous des capacités qui ne sont pas les mêmes. Moi, je suis nul en français, je suis nul en orthographe, je suis bon en science, c'est comme ça. Je pense qu'il y a d'autres personnes qui sont peut-être meilleurs aussi en orthographe et qui ont plus de difficultés pour comprendre certains concepts scientifiques. Et c'est comme ça, et ce n'est pas grave. Chacun a son niveau, chacun a sa compétence et chacun a ses qualités, et je pense qu'on est tous. Nos qualités, on en a tous, mais qui sont différentes.
- Speaker #1
Tout à fait. L'activité physique, elle peut se faire en faisant le ménage, en allant dans le jardin, comme tu dis, en montant les escaliers, en allant acheter le pain à pied. Il y a plein de choses qu'on peut trouver. Ou bien se lever un petit peu plus tôt pour faire un quart d'heure ou 20 minutes de sport à la maison, le matin, avant de s'en aller travailler. Après, c'est une question de motivation aussi.
- Speaker #0
Oui, mais c'est peut-être une question... Enfin, tu vois, j'en sais rien. Je reprends l'exemple. des personnes qui travaillaient dans mes équipes à l'époque, qui faisaient de boulot parfois parce que leur premier boulot ne leur permettait pas de nourrir la totalité de leurs enfants et qui du coup après une journée de production allaient faire le ménage dans un hôtel et puis rentraient à 23h, minuit et puis le matin à 5h du matin pour pouvoir commencer à s'occuper de leurs enfants, faire à manger, les amener à l'école. Je pense qu'en fait, ces gens-là, il y en a beaucoup. J'en suis persuadé parce que dans l'industrie, 80% de la population, on va dire 70% de la population, c'est une population ouvrière, sans dénigrer les professions. Mais il y a beaucoup de gens qui sont sur des standards téléphoniques. Quand tu es sur un standard téléphonique, on t'appelle, il doit être pour répondre. Tu dois être devant ton poste, tu as des pauses. Mais je pense qu'effectivement il y a de la motivation, par contre la motivation elle vient aussi de ton éducation, c'est à dire que c'est plus simple de se motiver quand tu as été éduqué d'une certaine façon. Donc tu as beaucoup de choses qui te définissent, ton histoire te définit beaucoup, ton environnement te définit beaucoup. Et souvent quand on veut changer, il faut aussi apprendre à changer son environnement, parce qu'on est le fruit de notre environnement et souvent changer son environnement c'est compliqué. Moi, j'ai réussi à changer mon environnement. J'ai quitté mon travail, j'ai déménagé, etc. J'ai pris ces décisions-là. Et j'ai aussi la chance de pouvoir les prendre parce que peut-être que j'ai moins de problèmes d'argent à ce moment-là et que du coup, c'est sortable pour moi aussi de le faire. Peut-être que j'ai une éducation qui fait que j'ai moins peur. J'ai plus à même de prendre des décisions félines pour certains. Je pense que tout ça, c'est...
- Speaker #1
Il y a plein de facteurs.
- Speaker #0
C'est propre à chacun. Oui, il y a plein de facteurs. Et c'est très compliqué. C'est pour ça que je pense qu'il faut... Moi, je donne peu de conseils. Je pense qu'il y a chaque personne différente. Après, peut-être qu'on rentre dans des cas particuliers, tu arrives à trouver des clés et des solutions.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
et puis il y a des clics,
- Speaker #1
mais bon, c'est très dur. C'est pas de...
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
C'est très dur.
- Speaker #0
Comme le diabète. Le diabète, je pense que ça ne génère pas forcément le même déclic pour tout le monde. Donc, on est plein de diabétiques. Le jour où le diabète... est arrivé, on n'a pas tous eu les mêmes déclics. Je pense que c'était aussi associé à notre environnement social. Moi, le déclic, ça a été de dire, tiens, c'est rigolo, il m'arrive. Deux ans après que j'ai quitté mon boulot, que je sois dans une transition professionnelle, que j'ai du temps. Donc, c'est le moment pour que je mette en place des choses différentes. Donc, moi, mon déclic a été associé à mon histoire, en fait. Prendre quelqu'un qui déclenche le diabète alors qu'il est en... en pleine procédure de divorce, qu'il est au chômage et que je ne sais pas quoi, il va avoir une assimilation du diabète qui va être totalement différente parce que ça va venir s'ajouter à un bagage qui est déjà lourd. Et voilà, je pense que la vie, elle est faite de situations et de ce qui nous arrive dans ces situations-là.
- Speaker #1
Et le tout, c'est de ne pas culpabiliser, de prendre ce qui est à prendre.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Voilà, on fait avec les moyens qu'on a, c'est sûr, tout le monde n'est pas, on n'est pas égaux face à la maladie.
- Speaker #0
Ben ouais, et puis la vie est difficile, je pense, la vie est difficile, je pense que ça c'est une vérité, par contre je pense que c'est notre faculté à avancer dans cette vie. qui peut-être fait que certaines personnes sont un peu différentes que d'autres. Mais oui, elle est difficile pour tout le monde et on n'a pas tous les mêmes facultés, je pense, à la positiver dans certaines situations ou à se prendre en main. Et je pense qu'il faut culpabiliser quelques-uns de nos situations. Il faut accepter aussi que c'est difficile.
- Speaker #1
Après, on a l'impression, si je puis dire, d'avoir une belle communauté de gens qui s'entraident, comme on essaye de le faire aujourd'hui. dans le sens où on essaye de positiver quand même et de montrer que de toute manière, il y a plein de possibilités.
- Speaker #0
C'est ça. Et je pense qu'il y a plein de gens différents justement sur la communauté qui n'ont pas forcément tous les mêmes idées. Et c'est ça qui est intéressant, c'est que du coup, je pense qu'il y a une richesse d'exemples différents. Et comme nous-mêmes, en tant qu'êtres humains, on est tous différents, ça nous permet aussi peut-être de s'approcher plutôt d'une personne que d'une autre et de voir un peu les... les méthodes qui nous vont personnellement. Et je pense que c'est une richesse, c'est différent, c'est parfois d'avoir des idées qui ne sont pas les mêmes. Et même si on est en désaccord, il en faut pour tout le monde. C'est ça qui est bien, oui.
- Speaker #1
C'est clair. C'est tout à fait ça. Ça aide tellement. Un autre diabétique comprend tellement vite. En tout cas, si on peut, allez, un petit conseil, c'est de se rapprocher, d'être entre diabétiques, de... de personnes bienveillantes,
- Speaker #0
surtout. C'est ça.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Je pense que c'est important, ça. Je pense que l'entourage, moi, très rapidement, il a fait que j'en comptais des gens qui avaient le diabète parce que ça m'a permis aussi de me sentir compris. Je pense que souvent, si on ne cherche pas à se sentir compris, on est flusqué dans son coin. Et ça, par contre, ça peut être un peu néfaste pour la gestion. Il faut être entouré de gens qui aiment nous comprendre et, comme tu le dis, de gens bienveillants. Oui. Et de ne pas avoir de jugement. C'est ça.
- Speaker #1
Et d'apprendre notre maladie. Parce qu'en fait, elle est tellement immense.
- Speaker #0
Moi, ça, j'ai laissé tomber. Je ne cherche plus à ce que les gens qui n'ont pas le diabète me comprennent.
- Speaker #1
Que nous, on apprenne notre maladie.
- Speaker #0
Ah oui, ça, c'est essentiel.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
comprendre notre maladie, comprendre le fonctionnement de notre corps et tout ça, je pense que c'est une perle aussi parfois.
- Speaker #1
Et puis on apprend beaucoup de choses, c'est incroyable.
- Speaker #0
C'est génial, quand t'aimes la science, quand t'aimes le métabolisme, quand t'aimes le sport, t'apprends tout le cas.
- Speaker #1
Donc c'est ça, c'est la communauté, voir d'autres diabétiques et apprendre sa maladie, et comme ça normalement, la gestion se fait mieux.
- Speaker #0
Ouais, ouais. se fait mieux. Je pense qu'il faut surtout faire de son mieux en fonction de ce qu'on peut faire. La conclusion, c'est chacun à son niveau, essaye de faire ce qu'il peut faire. Après, moi, mon conseil, si j'avais un conseil, c'est qu'on devrait tous faire du sport et avoir une hygiène de vie et pas pour le diabète. Parce que la vie, même d'un non diabétique, nécessiterait qu'on soit tous dans un rythme où on fait un peu plus d'activités. Il y a les JO qui arrivent, on en parle beaucoup, mais l'activité physique, c'est super important. temps et l'hygiène alimentaire aussi et le sommeil aussi. Quand on parle de sport, on dit souvent que l'entraînement, ça vient en quatrième. Si déjà, tu dors bien, tu manges bien et tu prends soin de ton corps, tu as déjà fait une grande partie de ton entraînement sportif.
- Speaker #1
Nous pouvons te trouver sur ton compte Instagram DT1Runner que je mettrai dans les notes du podcast.
- Speaker #0
Super.
- Speaker #1
Voilà, pour qu'on puisse te suivre. Benoît, je te remercie sincèrement pour ce partage passionnant et qui, j'espère, aidera la communauté à avoir l'activité physique sur son meilleur angle. Au revoir à toutes et à tous et prenez bien soin de vous.
- Speaker #0
Merci Nathalie de m'avoir reçu. C'était très sympa comme échange. Au revoir à tous aussi et prenez soin de vous.
- Speaker #2
Je te remercie pour ton écoute. Si cet épisode t'a plu, que tu souhaites soutenir le podcast, je t'invite à le partager autour de toi, à t'abonner pour être averti du prochain épisode, à laisser 5 étoiles et un avis sur ta plateforme d'écoute. Tu as la possibilité aussi de me contacter, soit sur mon compte Instagram, soit par e-mail que tu trouveras dans les notes du podcast. Je te dis à très vite pour un nouvel épisode de Vivre le diabète à la recherche de l'équilibre. Prends bien soin de toi.