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Voice of Industries

Green IT vs IT for Green : le numérique, menace ou levier écologique ?

Green IT vs IT for Green : le numérique, menace ou levier écologique ?

31min |16/09/2025
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Green IT vs IT for Green : le numérique, menace ou levier écologique ?

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Description

Dans cet épisode, Paul Pinault, CEO de DM91.tech, nous emmène au cœur du débat Green IT vs IT for Green. Faut-il réduire l’impact du numérique ou utiliser l’IT pour décarboner l’industrie ? À travers exemples concrets, ordres de grandeur et vision terrain, il montre comment le digital devient un véritable levier écologique à condition d’accompagner les femmes et les hommes qui en feront la réussite.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Paul, merci d'être avec nous pour Voice of Industries. Aujourd'hui, on va parler de Green IT versus IT for Greens. Mais avant de commencer la discussion, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Bonjour Mathieu, merci de me recevoir sur ton podcast. Écoute me présenter, moi je m'appelle Paul, Paul Pinot, je bosse depuis à peu près... J'ai 25 ans maintenant, j'ai passé pas mal d'années dans des grosses industries, j'ai toujours été dans le secteur de l'IT, c'est mon métier, je suis ingénieur de formation, du coup j'espère que je ne vais pas trop faire de charabia ou trop de termes techniques, donc n'hésite pas si jamais tu trouves que je pars un peu dans la technique à me ralentir. Je suis un gars qui vient de la tech, je suis un passionné par la tech, je pense que c'est un truc qui est assez important, comme je disais, je travaille dans l'industrie, dans les systèmes d'information, en général pour un grand groupe qui fait des pneus en France. Et puis, c'est un groupe que j'ai quitté il y a maintenant 5-6 ans pour me consacrer plus à quelque chose qui me passionne, qui est l'Internet des objets. Et puis, sa déclinaison qui est l'Internet des objets industriels aussi, dont je pense qu'on aura l'occasion de parler. Pour un peu adresser ton sujet, moi, je suis arrivé à l'informatique par le code et par l'optimisation du code quand j'étais tout gamin, à une époque où les machines étaient hyper contraintes et où il fallait toujours optimiser, optimiser ce qu'on fait. et puis l'informatique a évolué aujourd'hui on se fait un petit peu plus plaisir quand on écrit du code on consomme plus de ressources le domaine aussi a beaucoup évolué et donc aujourd'hui on parle beaucoup de Green IT mais finalement cette passion pour le code et l'optimisation ça m'amène à beaucoup réfléchir à aussi un autre volet de l'IT qui est l'IT for Green je pense qu'on va démystifier un petit peu tout ça par la suite mais si je dois me résumer en termes de présentation c'est un, un passionné et puis deux, un tech

  • Speaker #0

    C'est une bonne introduction. Clairement, il y a longtemps qu'on ne fait plus de l'optimisation d'assembleur. Je crois qu'on est passé à peu près par la même école. Et effectivement, ça a pas mal d'impact sur la consommation de ressources. Et pour commencer, on parle de Green IT. Qu'est-ce que c'est ? Et puis après, on regardera un peu plus ce que c'est que IT for Green, qui est peut-être un concept un peu moins connu de notre public.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors malheureusement, c'est un peu moins connu. Donc il faut qu'on en parle. C'est vraiment le sujet dont il faut qu'on discute. Le Green IT, c'est un peu ce que tout le monde connaît. Je vais bêtement le schématiser comme on l'entend dans les médias, c'est supprimer ses mails ou éteindre son point d'accès Wi-Fi la nuit. D'une certaine façon, c'est dit autrement l'idée d'éviter de surconsommer de l'informatique, du numérique en général, dans le but de limiter la consommation d'énergie et de réduire l'impact. Les deux exemples que j'ai cités, c'est des exemples qui me font hurler en fait. parce que c'est l'exemple qui illustre ce qui ne sert à rien. Mais par contre, derrière le Green IT, il y a des choses qui sont quand même super importantes. Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que l'IT, à peu près 50% de son impact, il est à la fabrication. Donc, si on regarde ça dans les entreprises, le Green IT, déjà, une des premières choses qui se met en place souvent, c'est de rallonger la vie des PC, rallonger la vie des téléphones, rallonger la vie des serveurs. Parce que si on rajoute un an à un PC, globalement, on élimine 25% de son impact. de fabrication qui représente 50%. On gagne à peu près 12% d'impact sur le parc informatique, ce qui est absolument considérable et intéressant. Donc, le Green IT, je le définirais comme un peu l'ensemble de bonnes pratiques ou de choses à faire qui fait que globalement, l'impact environnemental de l'IT va être réduit. Alors, impact environnemental, c'est consommation d'énergie, c'est impact CO2, mais c'est aussi consommation de matières premières et ainsi de suite.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça ne veut pas dire d'ailleurs que si on fait le parallèle avec l'industrie, je dirais la version industrielle de l'IT, c'est les data centers, des gros opérateurs cloud, etc. En fait, ces gens-là ont également des démarches de performance sur ces data centers en mettant des processeurs plus économes en énergie avec des ratios puissance-énergie plus intéressants, en optimisant les systèmes de refroidissement, en mettant de l'énergie décarbonée pour alimenter tout ça. Et quelque part, tu parlais tout à l'heure de la box Wi-Fi qu'on doit éteindre ou des mails sur lesquels on fait le tri, mais derrière la scène, il y a quand même un vrai sujet industriel pour les opérateurs d'infrastructures IT qui est de réduire tout cet impact environnemental parce qu'au final, pour eux, ce sont des coûts quelque part.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Ça, c'est un point qui est important chaque fois qu'une entreprise va faire une démarche de Green IT ou d'IT for Green. À chaque fois qu'on a une démarche comme ça, il y a un volet environnemental, mais il y a aussi un volet économique. En fait, les deux sont complètement liés. Je te disais, si on garde les ordinateurs un an de plus dans les entreprises, on va réduire l'impact environnemental à la fabrication, mais aussi on va réduire l'investissement qu'on va faire dans les équipements. Donc il y a toujours ce volet-là. Moi, j'ai tendance à avoir une vue simpliste, mais qui marche bien, qui est que finalement, l'argent, ça sert avant tout à acheter l'énergie. Si on regarde le truc, in fine, à chaque fois qu'on dépense de l'argent, à un moment ou à un autre, ça finit par revenir à acheter de l'énergie. Et donc l'impact de cet argent va être lié un peu au mix énergétique qu'on a et derrière à l'émission de CO2 par kilowatt qu'on va retrouver. Globalement, c'est l'idée. Mais la réciproque est vraie. C'est-à-dire qu'à chaque fois que je réduis ma consommation d'énergie, donc je réduis le CO2 que j'ai émis et donc je réduis l'énergie qui est consommée, par conséquent, j'ai économisé de l'argent. Et c'est souvent ce qu'on voit d'ailleurs, mais ça c'est plutôt le côté IT for Green qu'on abordera tout à l'heure. La conséquence de ça, c'est qu'à partir du moment où on adopte des technologies numériques, quelque part on le fait parce qu'on fait des économies. C'est plus rapide, c'est plus simple, ça coûte moins cher. Et la conséquence qu'on a derrière, c'est que ces technologies-là, en fait, elles vont avoir un impact environnemental qui va globalement être moindre par rapport au système existant. C'est-à-dire qu'elles rajoutent de l'impact environnemental sur l'IT, c'est ce qu'on essaye de réduire avec le Green IT. mais elles réduisent un impact environnemental sur une façon de faire qui est préexistée avant cette nouvelle solution technologique.

  • Speaker #0

    Donc, on vient de mettre les pieds dans l'IT for Green,

  • Speaker #1

    si tu comprends bien.

  • Speaker #0

    Peut-être avant d'avancer, tu parlais un peu de choses qui te faisaient hurler sur le Green IT. Est-ce que tu as un peu des ordres de grandeur à nous donner ? Tu as pris l'exemple du remplacement de matériel, mais des ordres de grandeur pour nous dire où sont les enjeux dans le Green IT aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pourquoi je te dis que ça me fait un peu hurler ? Je suis convaincu qu'il faut tous qu'on fasse des efforts gigantesques pour sauver notre planète et pour sauver le climat. C'est quelque chose qui me tient depuis longtemps et je sais que ça ne va pas se faire sans effort. Chaque progrès qu'on va vouloir faire dans la réduction, C'est parce qu'individuellement, collectivement, on va faire un effort par rapport à ce qu'on ferait naturellement qui est plus consommateur d'énergie. Et donc, ce que j'essaie de voir, c'est tant qu'à faire un effort, je veux qu'il soit efficace. Alors, si je te prends l'exemple du mail, pour venir à ce que tu dis, c'est de se dire, on me dit, il faudrait que je supprime tous mes mails dans ma boîte aux lettres. Alors, ça, c'est un peu déjà méconnaître le fonctionnement des mailbox. Parce que penser qu'en supprimant les mails, on va vraiment économiser des ressources, c'est loin d'être aussi direct que ça. Mais ça veut dire que trier ma mailbox, c'est passer peut-être des heures dans mon ordinateur à aller sélectionner des mails, les supprimer, les ranger, ainsi de suite, pour faire mon tri. Donc c'est un effort important. Et donc j'essaye de regarder cet effort par rapport à un autre effort. Et l'effort que j'aime bien, parce qu'il est facile à représenter, c'est la distance qu'on pourrait ne pas parcourir en voiture. C'est-à-dire en gros, est-ce que je supprime des mails ou est-ce que je vais acheter le pain à pied ? au lieu de prendre ma voiture. Qu'est-ce que ça représente en termes d'effort ? Et alors, l'email, si on regarde l'effort que ça représente, ne pas s'envoyer d'email, donc là, je ne parle même pas de les supprimer, ce serait carrément ne pas les émettre, ça représente un effort en voiture de 32 cm par jour. Donc, quand je parle de ça, souvent, j'ai tendance à finir sur cette blague-là, qui est de dire, j'ai décidé d'annuler mon empreinte carbone mail, maintenant, quand je me gare chez moi, je me gare un petit peu plus loin de mon rosier, d'à peu près un mètre. Ce qui fait qu'à chaque fois que je me gare, en réalité, je gagne trois jours d'impact environnemental d'email. Et j'invite en général les gens à se poser la question à chaque fois qu'ils ratent un créneau du nombre de jours de mail qui viennent de gaspiller en faisant cette opération-là. Et ça, c'est pour illustrer cette notion d'effort. En fait, il y a des efforts qui ne coûtent pratiquement rien, qui sont en effet d'aller chercher le pain à pied. Et en fait, aller chercher le pain à pied, c'est le même effort que ne pas s'envoyer d'email pendant un an. De quoi j'ai envie de me priver aujourd'hui ? Est-ce que j'ai envie de me priver de ne pas envoyer de mail ? et donc quelque part aujourd'hui me couper du monde ? Ou alors, est-ce que j'ai envie de faire ce petit effort qui consiste à aller chercher le pain à pied au lieu de prendre sa voiture ? Et je pense que l'idée, c'est de dire que se déplacer à vélo, se déplacer à pied, ce genre de choses-là, en fait, ça, c'est vraiment des actes qui vont avoir un impact environnemental qui sont intéressants, qui sont grands, même si c'est des gouttes d'eau dans l'océan, à une finie, mais c'est quand même des impacts qui sont importants et plus importants que ceux sur lesquels on met énormément de focus, qui sont... le mail ou le wifi la nuit, qui est quelque chose qui n'a aucun intérêt en soi. C'est important, je pense, de réfléchir. Et c'est pareil pour les entreprises. C'est de se dire, quand on va aller sur une stratégie, je ne sais pas, je veux dire, par exemple, on ne passe plus le PC, on ne le garde plus de 4 ans, mais on le garde 10 ans. Ça a un impact économique, ça a un impact environnemental. Par contre, au bout de 5 ans, ça risque de demander un sacré effort aux gens. Parce que... Ils vont démarrer le PC le matin, ça va se mettre à aller vraiment très lentement et ils vont avoir le temps d'aller dire un peu bonjour à tout le monde sur le plateau. Et puis à chaque fois qu'ils vont faire quelque chose, ils vont perdre du temps. C'est un effort gigantesque. Donc est-ce que cet effort-là vaut le coup ? Et est-ce qu'il n'y a pas un meilleur effort à faire ailleurs que celui-là ? C'est cette réflexion-là qui est importante à avoir.

  • Speaker #0

    Et ce qui amène, je pense, au sujet de l'IT for Green et de quelque part cette ressource. qu'on va mobiliser au travers des outils informatiques qui vont avoir une empreinte environnementale, à quoi on les utilise, qu'est-ce qu'on va faire avec ? Je vais te laisser poursuivre et nous en dire un peu plus sur l'IT for Green, quelque part, et en particulier son application dans les entreprises et plus particulièrement dans l'industrie.

  • Speaker #1

    Complètement. L'IT for Green, je vais le traduire de cette façon-là. On a parlé tout de suite du Green IT et quelque part, l'IT en termes d'impact environnemental... Il y a plein de débats sur les chiffres et de ce que ça représente aujourd'hui, ce que ça représentera demain, mais on va dire qu'on est aujourd'hui entre 2 et 4% d'impact environnemental et que demain, on se dit qu'on est entre 8 et 10% d'impact environnemental d'après les projections qu'on peut avoir. On va prendre ces chiffres, mais à la limite, je dirais que peu importe. Le Green IT, c'est faire en sorte qu'on réduise au maximum ces 2 à 4% ou ces futurs 8 à 10%. Et donc, je vais dire que si mon effort m'a conduit à réduire de 50% Tout ça, ce qui serait gigantesque, ce qui n'est pas forcément possible. Mais si j'arrivais à faire ça, ça voudrait dire que sur la globalité de l'impact environnemental, j'ai gagné 50% de, mettons, 4%, donc j'ai économisé 2%. Ça, c'est le Green IT. Maintenant, l'IT for Green, c'est dire comment j'utilise la technologie, comment j'utilise l'IT pour aller verdir, pour aller décarboniser les autres domaines. C'est-à-dire, en fait, les 96% qu'on a aujourd'hui. Et donc là, c'est intéressant parce que si, avec mon IT, je fais ne serait-ce que gagner que 10% sur l'ensemble du reste, on a gagné 10% globalement. C'est-à-dire, on a gagné 5 fois plus que ce qu'on aurait gagné dans l'été. C'est là où cette question d'effort auquel je faisais référence, elle est importante. Je peux mettre un effort considérable pour faire du Green IT et de toute façon, il faut mettre de l'effort dessus. Mais si je prends cet effort-là et que je le place dans l'IT for Green, en fait, j'ai un effet levier qui est beaucoup plus important parce que je m'intéresse à plus haut. Quand je te parlais tout à l'heure de ma démarche d'optimisation quand j'étais gamin, moi, je faisais des moteurs 3D, par exemple, codés en C, un peu en assembleur et ainsi de suite. Et typiquement, tu vois, tu n'écris pas un moteur 3D 100% en assembleur. C'est-à-dire trop de code, les trucs sont compliqués. Puis en plus, le compilo, il se débrouille plutôt bien. Par contre... Tu recherches dans ton code en C, quelles sont les 4-5 fonctions que tu appelles tout le temps et qui ne sont pas efficaces en C. Et ces 4-5 fonctions-là, tu places l'effort pour aller les optimiser. Et en faisant ça, ton impact est de 80% grosso modo sur ton code. Je vais prendre un exemple. Tu affichais 10 images par seconde avec ton code avant, tu modifies 10 lignes au bon endroit. Et d'un seul coup, tu passes à 50, 60 frames par seconde. Et donc, tu as quelque chose qui devient complètement fluide. Et en fait, c'est un peu cette idée-là. C'est utiliser l'IT pour aller faire de l'optimisation au bon endroit, là où on a la plus grosse consommation. Si je te prends le monde industriel, clairement, l'impact environnemental de l'IT dans le monde industriel, ce n'est pas là où on a la plus grosse consommation. Je me rappelle d'une discussion avec un directeur industriel d'une entreprise que j'avais rencontrée. dans le cadre de discussions sur l'IoT, et qui avait mis des poteaux photovoltaïques sur son parking. Je lui ai dit que c'était pas mal, ces panneaux, ça couvre un peu un bout de l'usine, le data center, et je lui ai posé la question de façon un peu bête. Il m'a dit que ces panneaux solaires couvrent à peu près la moitié du data center, potentiellement, et encore quand on est sur le pic. Même bien à côté de l'usine. Mais quand on démarre une machine, on est à 0,2% de ce qu'on peut amener. On n'a même pas pensé. Il y a des effets d'échelle comme ça qui sont gigantesques. Je te prends l'exemple d'un industriel avec lequel j'avais discuté à un moment. Et cet industriel me dit « Tu te rends compte ? Mon IT représente l'équivalent d'une usine. » Il se trouve que cet industriel des usines a à peu près 100. Ce qui, globalement, veut dire que son IT ... ça représente 1% de son impact environnemental. Alors, une usine, c'est beaucoup et il faut le prendre en considération. On peut faire des économies là-dessus, c'est bien. Maintenant, ça veut dire autre chose. Ça veut dire que, puisque dans la moyenne mondiale, on est sur un impact IT qui devrait être de 2 à 4%, c'est-à-dire que soit cette entreprise sous-utilise son IT par rapport à la moyenne, soit que ces usines surconsomment, surémettent par rapport à la moyenne. Et on est plutôt en général dans cette situation-là. Le Green IT. C'est donc de gratter quelque chose sur ces 1% de consommation. L'IT for Green, c'est de se dire, si j'utilise mon IT pour aller faire des optimisations dans mes usines, et les optimisations dans les usines, on sait qu'on peut en faire des tonnes. On a par exemple tout ce qui est défaut qualité à la production, ça c'est du gaspillage. On a tout un tas de machines qui sont allumées alors qu'elles ne tournent pas, ça c'est des questions d'habitude, de manque d'automatisation et ainsi de suite. On a de la perte de matière de façon régulière et ainsi de suite. Donc tout ça, on peut le mettre sous contrôle. et annuler la taille de l'IT, ça veut dire faire 1% de gain sur ces usines. C'est-à-dire que cet industriel qui a 100 usines, s'il arrive à faire sa même production sur 99 grâce à de l'IT, 1% de gain, il peut couvrir complètement son impact environnemental de son IT. Or, très honnêtement, les usines peuvent facilement, grâce à l'IT, avoir des gains qui sont de 5 à 10% sur tous ces aspects-là. Et donc, ça veut dire qu'on peut couvrir 10 fois son IT grâce à l'IT. Et ce n'est pas en rajoutant 10 fois plus d'IT. Dans ce domaine-là, on sait que globalement, on va rajouter à ce qu'on a aujourd'hui 10% d'IT supplémentaire pour arriver à gagner 1% sur la production de l'usine. Donc, on a un ratio qui est de l'ordre d'à peu près 10 à 100. C'est-à-dire que j'investis un gramme de CO2 dans mon IT, je vais économiser. quelque chose comme 10 à 100 grammes de CO2 dans mon industrie. Donc c'est vraiment ça l'IT for Green, c'est cette capacité de l'IT à avoir un impact positif considérable sur les autres domaines. Et n'oublions pas, les grands domaines, de façon générale, c'est 30% de l'impact, ça vient du bâtiment, 30% de l'impact, ça vient de tout ce qui est mobilité. Donc là, on a déjà deux gros leviers sur lesquels l'IT peut avoir un impact considérable. sur les chauffages par exemple pour tout ce qui est bâtimentaire et pour ce qui est l'optimisation des transports, pour tout ce qui est déplacement.

  • Speaker #0

    Ce que tu disais sur les ordres de grandeur, moi je suis aussi passé par l'industrie à des postes opérationnels et un des sites sur lequel je suis passé, on a avec de la data et aussi de l'intelligence d'experts du métier, on a réussi à réduire de plus d'un tiers la consommation d'énergie sur le site par tonne de produits, donc vraiment la consommation pour produire une unité de valeur en l'espace de cinq ans. Donc, c'est vraiment des gains très importants. Si on calcule, c'était, je dirais, les gains environnementaux, c'est l'ordre de plusieurs centaines de milliers de tonnes de CO2 à la fin de l'année. Donc, il y a des vrais enjeux. Et finalement, la consommation d'énergie des systèmes qu'on avait, c'était quoi ? Potentiellement, un serveur en plus dans le data center d'usine. Et ça reste très, très raisonnable. Et c'est clair que ce ratio-là, entre la part de la consommation de l'IT et des autres aspects, et en particulier du cœur de métier, dont l'industrie est... carrément à l'avantage de faire de l'IT for Green parce qu'il y a un vrai levier important. Est-ce que, tu nous as déjà parlé de quelques exemples industriels sur les différents leviers qui peuvent être utilisés sur la performance matière, la qualité, etc. C'est quoi un peu ta vision plutôt du futur ? Qu'est-ce qu'on voit comme tendance aujourd'hui qui permette de mettre en œuvre cette IT for Green dans les entreprises industrielles ?

  • Speaker #1

    Je pense que... Tu vois, ce qui doit vraiment changer, en fait, c'est que quelque part, là, on dit qu'on est en train d'utiliser l'IT pour faire de la performance environnementale. Ça fait des années qu'on utilise l'IT pour faire de la performance économique. D'accord ? Et comme je t'ai dit précédemment, pour moi, économie et environnementale, au milieu, il y a l'énergie et grosso modo, tout ça, c'est quand même très, très lié de ce point de vue-là. Donc, d'une certaine façon, ce n'est pas nouveau en soi. Et d'ailleurs, c'est rigolo parce que... Tu vois, depuis toujours, on voit l'IT comme étant un centre de coût. C'est-à-dire que quand on est dans le monde économique, grâce à l'IT, en fait, on a généré énormément de gains business, mais on regarde toujours l'industrie, dans l'industrie, l'IT comme un centre de coût. Et aujourd'hui, où on parle environnement, donc on parle IT for green, qui est ce qui va permettre de faire faire les gains au niveau des business, des usines d'une certaine façon. Et on parle de l'IT comme, encore une fois, être un centre d'impact, donc un centre de coût avec... de Green IT. En fermant cette parenthèse, ce que je veux dire, c'est que le changement, le pivot qu'on a là-dedans, à mon sens, sur l'avenir, pour être vraiment efficace dans l'IT for Green, dans l'usine en tout cas, il faut vraiment qu'on aille sur la chaîne de prod. Tu vois, ce que je veux dire, c'est que l'IT, par le passé, dans l'usine, elle a beaucoup été sur le KPI. Donc, elle a été beaucoup sur le pilotage plutôt financier du système.

  • Speaker #0

    Beaucoup sur l'ERP. Oui,

  • Speaker #1

    très, très, c'est ça, très ERP. Et en fait, si tu veux descendre dans l'impact... environnemental de ta chaîne de production, tu es obligé de descendre dans le process. Et ça, ça change un peu parce que... les informaticiens qui sont en train de traiter de la data sont plutôt des gens qui depuis longtemps sont des gens qui sont des centraux donc il y en a plein qui sont impliqués dans le process et qui le connaissent mais ils ne sont pas au pied de la ligne en train de regarder ce qui se passe et en train de comprendre et donc pour moi la tendance quand on va être dans l'IT for green c'est qu'il faut que les informaticiens aillent dans les métiers pour les comprendre, il va falloir rajouter du data scientist, rajouter de l'IT dans le métier Je peux te prendre un autre exemple. C'est un exemple qui... On sort un peu de l'industrie, mais c'est un exemple qui m'obsède un peu. J'ai changé ma chaudière cet été. Et en fait, ma chaudière, elle n'est pas connectée. Et en fait, ma chaudière, aujourd'hui, c'est un jour rouge, typiquement EDF. Et donc, quand c'est un jour rouge, ma chaudière est hybride. Je vais te passer un peu les détails. Mais en gros, quand c'est un jour rouge, pour que ce soit intéressant, ma chaudière, il faut que je la bascule en fuel. Pour ça, il faut que j'aille changer le prix du kilowatt. il faut que je le fasse manuellement En fait, je n'ai pas la possibilité de m'interfacer avec ma chaudière. En fait, le problème, le fond du truc, c'est que le gars qui a conçu cette chaudière-là, c'est sans doute le même que celui qui l'a conçue il y a 20 ans, alors un petit peu plus moderne en termes d'interface. Mais malgré tout, on n'a pas quelqu'un qui ait de la data, quelqu'un qui ait de l'expérience utilisateur et quelqu'un qui a cette idée de dire comment je peux concevoir mon produit pour qu'on puisse facilement l'utiliser. et moi je voudrais que ma chaudière, elle reçoive la météo. Moi, je voudrais que ma chaudière soit connectée avec la base de données des émissions de CO2 d'EDF et que le jour où EDF démarre des chaudières au fioul pour m'alimenter, me chauffer, à ce moment-là, il vaut mieux que j'utilise mon fioul local. Parce qu'on sait que l'EDF du fioul, il va falloir faire du fioul qui va être transformé en électricité, qui va être transporté avec de la perte, qui va arriver jusqu'à chez moi pour ensuite passer dans mes radiateurs. En fait, c'est beaucoup plus efficace si je produis localement cette chaleur-là. Donc ça, ça devrait être automatisé de bout en bout. Mais pour ça, pour que ça marche, il faut qu'on ait des gens qui aient une vision IT, qui aient une vision cloud, qui aient une vision connectée, tu vois, de ces process là. Donc je te dis ça pour ma maison, peut-être que d'autres personnes sont confrontées à ce genre de réflexion, mais c'est exactement la même chose dans l'usine. C'est si on veut que le process, il devienne intelligent, il faut qu'on mette des gens à côté du process qui le connaissent. Et donc pour moi, c'est ça l'avenir. C'est que les gens de l'IT, soit beaucoup plus impliquée dans le process et que dans les usines, on ait beaucoup plus de data scientiste, d'ingénieurs en informatique qui vont être là pour comprendre, alimenter des systèmes IT qui vont permettre l'optimisation. Et c'est ça, à mon sens, le gros changement qui va s'opérer. Alors,

  • Speaker #0

    c'est intéressant. Je dirais, c'est remettre, c'est mettre quelque part de la data, de la compétence autour de l'IT, de l'utilisation de cette data dans les usines. Nous, une question qu'on se pose, Merci. également comment est-ce qu'on fait monter en compétence les gens du procédé, les gens de la prod, les gens de la maintenance sur leur capacité à utiliser au quotidien la data, que ce soit on va dire par la formation complémentaire, mais également par la mise en place d'outils qui leur permettent de manipuler cette data et ces informations pour avoir les bons éléments pour eux optimiser leur manière de travailler au quotidien. Comment tu vois les choses entre Euh... mettre plus d'IT, plus d'expert data et de l'autre côté aussi faire monter en compétence ces gens du métier. Sachant que nous, on a un concept qui nous tient à cœur, c'est cette idée de démocratiser l'usage de la donnée dans l'organisation industrielle. C'est-à-dire que la même manière qu'il y a 30 ans est arrivée l'informatique, aujourd'hui, c'est impensable de ne pas avoir un ordinateur dans une organisation industrielle, même pour un opérateur. alors que si on revient 30 ans en arrière, c'était quelques privilégiés qui avaient ça. Et pour moi, il y a la même chose sur la data, c'est-à-dire que ça doit être un outil dans la boîte à outils de tout un chacun. Alors tout le monde avec son niveau d'expertise qui sera différent, mais c'est un outil pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Je pense qu'un point important, c'est la culture de la data. Ça, c'est un point commun qu'il faut amener. Maintenant, je ne pense pas que ton ingé process, ça devienne un data scientist, et je ne pense pas que ton data scientist, ça devienne un ingé process. Ce qui est important, c'est comment on va réussir à faire collaborer les deux ensemble. Et le fil conducteur entre les deux, c'est cette culture de la data. Et après, le lien entre les deux, c'est l'outillage. Clairement, l'outil qui est utilisé par le data scientist, ce n'est pas le même que l'outil qui est utilisé par l'ingé process. Par contre, ça doit passer de l'un à l'autre. S'il y a quelqu'un qui fait des simul et qui fait des modèles sur un outil, qui là pour le coup est plutôt le data scientist, de tout ça, ça doit s'intégrer dans l'outil plus opérationnel de l'ingé process qui lui doit pouvoir tirer les bénéfices de ça et ensemble il faut qu'ils puissent discuter. Et donc ça c'est vraiment le rôle de l'IT, globalement l'IT est un outil. C'est un outil, ça prend des décisions maintenant on a l'IA qui arrive, un outil qui réfléchit, mais ça reste un outil qui permet de simplifier, d'accélérer la communication entre les personnes, de comprendre des choses qui sont difficiles, c'est un outil. Et un des éléments qui est important de cet outil, c'est la communication entre les métiers.

  • Speaker #0

    c'est vraiment comme ça que je vois et peut-être est-ce que c'est ce que tu dis par là c'est aussi ce qu'on a vécu tu parlais de la finance, tu faisais le parallèle avec les finances tout à l'heure quelque part l'ERP c'est l'outil qui sous-tend beaucoup d'activités dans une organisation industrielle je veux dire le magasin de pièces détachées géré par la maintenance il est dans l'ERP la logistique est gérée par l'ERP etc beaucoup de choses sont gérées dans l'ERP est-ce que quelque part ça veut pas dire qu'on va voir apparaître Ces plateformes qui vont couvrir un peu l'ensemble des usages de la data dans l'industrie pour être au service de cette performance et de permettre cette IT for Green.

  • Speaker #1

    Clairement, le parallèle qu'on fait avec l'ERP, il est exactement ça. L'ERP, ça permet d'aligner tous les gens sur des process qui soient dans la supply, qui soient dans la finance, qui soient dans le commerce, et ainsi de suite. C'est exactement la même chose dans l'usine. il y a alors le L'ERP, c'est un peu différent parce que là, quand on est dans l'optimisation, on parle pas mal de calcul, plus que de process en soi, même s'il y a quand même cette finalité de monitorer le process de fabrication. Le terme d'ERP serait, à mon sens, pas très adapté, mais on va parler de plateforme. Et je pense qu'en effet, dans l'usine, on a cette notion de plateforme qui se met en place et qui permet la communication entre l'ensemble des métiers, que ce soit la maintenance, on va parler par exemple de maintenance prédictive, que ce soit toute la gestion du planning qui est associée à la maintenance, voilà, le planning de production. et que ce soit le suivi de ta production en temps réel pour arriver à faire tes optimisations qui vont être contextualisées et qui vont alimenter ton ingé process par ailleurs. Et tout ça, en fait, à mon sens, c'est lié. Aujourd'hui, c'est quand même pas mal siloté dans des métiers différents avec des outils différents. Et demain, moi, je pense qu'en effet, il y a une vision qui est beaucoup plus globale, un peu comme le RP dans les systèmes centraux, qui est à l'intérieur de l'usine et qui permet d'adresser un peu tous ces métiers. Je suis assez convaincu de ça. La question que je me pose, c'est est-ce que l'ERP va s'étendre jusque-là ? Pourquoi pas ? Maintenant, je pense que c'est des métiers qui sont assez différents et que ce qu'on a vu dans l'ERP, c'est que c'est bien pour des choses généralistes, c'est-à-dire pour des choses qui sont définies par des normes. Tu vois, la finance, c'est impeccable. Il y a des normes mondiales sur la finance, sur la façon de faire la compta. Donc, globalement, ça ne sert à rien de réinventer la roue. Quand on est dans la production industrielle, chaque ligne de prod, elle a un peu ses spécificités. Chaque usine, chaque fabricant travaille différemment et c'est ce qui fait qu'il est performant sur le marché. Et donc, je ne pense pas qu'on puisse avoir un peu cet outil générique. Donc, comme le RP, on est sur des plateformes qui sont assez hautement customisables parce qu'il faut qu'elles s'adaptent aux environnements. Mais aussi, il y a finalement beaucoup de valeur à créer des choses par soi-même. Alors que le RP, je peux l'acheter et le déployer out of the box. J'adapte toujours un peu mes process. Il y a plein de choses qui sont prêtes à l'emploi. Le côté informatique industriel, on a des outils de base pour visualiser la donnée, par exemple pour stocker la donnée. Mais le processing de la donnée, la façon dont on va la traiter, ça, je suis convaincu qu'il y a énormément de custom. Parce qu'à un moment donné, on doit modéliser ce qui est spécifique à l'usine, à la ligne de production et qui est à chaque fois différent.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a... pas mal fait le tour de ce sujet du Green IT et de l'IT for Green. Qu'est-ce que tu aurais comme mot de conclusion pour ceux qui souhaitent avancer sur ces deux démarches ?

  • Speaker #1

    Si j'ai un petit mot pour conclure, et je vais partir sur un truc qui est un petit peu plus philosophique, je pense qu'aujourd'hui, si on parle beaucoup plus de Green IT que d'IT for Green, c'est aussi un message que nous passe la société. Le message que nous passe la société, à mon sens, c'est que depuis 20 ans, l'IT a un impact dans nos vies qui est considérable. On l'utilise tous tous les jours, ok, mais ça devient un peu pesant. On est de plus en plus nombreux à ne pas réussir à suivre toutes les évolutions. Là, on en prend encore une autre, c'est l'IA. Ça a chamboulé nos métiers, chamboulé nos vies. Et par la force des choses, pour certains d'entre nous, Ça crée une forme de rejet. Et une des traductions de cette forme de rejet, c'est de mettre en exergue l'impact environnemental de l'IT. Pourquoi je dis ça ? C'est parce que dans toute transformation, et entre autres dans une transformation d'IT for Green, on va changer les process, on va changer le quotidien des gens, on va changer leur métier. L'opérateur qui est sur une ligne de prod, son métier a évolué en 20 ans, mais il a évolué un petit peu doucement. C'est devenu un expert de sa machine, sa machine est plus automatisée, mais ça s'est fait étape par étape. Si demain, cet opérateur-là, le système vient lui dire comment faire son métier, ça va énormément l'aider.

  • Speaker #0

    Comme l'IA nous aide, nous développeurs, à écrire du code et nous apprend plein de choses. Mais c'est un changement important. Et ce que je veux dire par là, c'est que faire du Green IT et de l'IT for Green en particulier, ce n'est pas uniquement déployer des outils. C'est vraiment un processus d'accompagnement des équipes. C'est un processus de transformation des métiers. Et donc, ça nécessite à la fois une expertise, ça nécessite un accompagnement et ça nécessite de vraiment prendre ça en compte. Si on veut que ça marche, il faut accompagner les équipes. C'est ça mon message important. L'IT4Green a un impact et un potentiel gigantesque à condition de bien l'accompagner avec les moyens et surtout avec la prise en compte des changements des métiers qu'on va avoir derrière.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Paul, en particulier par cette conclusion qui remet bien l'homme au milieu du sujet. Je pense qu'on oublie de temps en temps dans les organisations mais effectivement, si on veut réussir ce genre de transformation, il faut il faut accompagner et compter sur les femmes et les hommes qui sont dans l'entreprise je te remercie en tout cas pour cet échange très enrichissant, au plaisir

  • Speaker #0

    Merci à toi Mathieu

Description

Dans cet épisode, Paul Pinault, CEO de DM91.tech, nous emmène au cœur du débat Green IT vs IT for Green. Faut-il réduire l’impact du numérique ou utiliser l’IT pour décarboner l’industrie ? À travers exemples concrets, ordres de grandeur et vision terrain, il montre comment le digital devient un véritable levier écologique à condition d’accompagner les femmes et les hommes qui en feront la réussite.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Paul, merci d'être avec nous pour Voice of Industries. Aujourd'hui, on va parler de Green IT versus IT for Greens. Mais avant de commencer la discussion, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Bonjour Mathieu, merci de me recevoir sur ton podcast. Écoute me présenter, moi je m'appelle Paul, Paul Pinot, je bosse depuis à peu près... J'ai 25 ans maintenant, j'ai passé pas mal d'années dans des grosses industries, j'ai toujours été dans le secteur de l'IT, c'est mon métier, je suis ingénieur de formation, du coup j'espère que je ne vais pas trop faire de charabia ou trop de termes techniques, donc n'hésite pas si jamais tu trouves que je pars un peu dans la technique à me ralentir. Je suis un gars qui vient de la tech, je suis un passionné par la tech, je pense que c'est un truc qui est assez important, comme je disais, je travaille dans l'industrie, dans les systèmes d'information, en général pour un grand groupe qui fait des pneus en France. Et puis, c'est un groupe que j'ai quitté il y a maintenant 5-6 ans pour me consacrer plus à quelque chose qui me passionne, qui est l'Internet des objets. Et puis, sa déclinaison qui est l'Internet des objets industriels aussi, dont je pense qu'on aura l'occasion de parler. Pour un peu adresser ton sujet, moi, je suis arrivé à l'informatique par le code et par l'optimisation du code quand j'étais tout gamin, à une époque où les machines étaient hyper contraintes et où il fallait toujours optimiser, optimiser ce qu'on fait. et puis l'informatique a évolué aujourd'hui on se fait un petit peu plus plaisir quand on écrit du code on consomme plus de ressources le domaine aussi a beaucoup évolué et donc aujourd'hui on parle beaucoup de Green IT mais finalement cette passion pour le code et l'optimisation ça m'amène à beaucoup réfléchir à aussi un autre volet de l'IT qui est l'IT for Green je pense qu'on va démystifier un petit peu tout ça par la suite mais si je dois me résumer en termes de présentation c'est un, un passionné et puis deux, un tech

  • Speaker #0

    C'est une bonne introduction. Clairement, il y a longtemps qu'on ne fait plus de l'optimisation d'assembleur. Je crois qu'on est passé à peu près par la même école. Et effectivement, ça a pas mal d'impact sur la consommation de ressources. Et pour commencer, on parle de Green IT. Qu'est-ce que c'est ? Et puis après, on regardera un peu plus ce que c'est que IT for Green, qui est peut-être un concept un peu moins connu de notre public.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors malheureusement, c'est un peu moins connu. Donc il faut qu'on en parle. C'est vraiment le sujet dont il faut qu'on discute. Le Green IT, c'est un peu ce que tout le monde connaît. Je vais bêtement le schématiser comme on l'entend dans les médias, c'est supprimer ses mails ou éteindre son point d'accès Wi-Fi la nuit. D'une certaine façon, c'est dit autrement l'idée d'éviter de surconsommer de l'informatique, du numérique en général, dans le but de limiter la consommation d'énergie et de réduire l'impact. Les deux exemples que j'ai cités, c'est des exemples qui me font hurler en fait. parce que c'est l'exemple qui illustre ce qui ne sert à rien. Mais par contre, derrière le Green IT, il y a des choses qui sont quand même super importantes. Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que l'IT, à peu près 50% de son impact, il est à la fabrication. Donc, si on regarde ça dans les entreprises, le Green IT, déjà, une des premières choses qui se met en place souvent, c'est de rallonger la vie des PC, rallonger la vie des téléphones, rallonger la vie des serveurs. Parce que si on rajoute un an à un PC, globalement, on élimine 25% de son impact. de fabrication qui représente 50%. On gagne à peu près 12% d'impact sur le parc informatique, ce qui est absolument considérable et intéressant. Donc, le Green IT, je le définirais comme un peu l'ensemble de bonnes pratiques ou de choses à faire qui fait que globalement, l'impact environnemental de l'IT va être réduit. Alors, impact environnemental, c'est consommation d'énergie, c'est impact CO2, mais c'est aussi consommation de matières premières et ainsi de suite.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça ne veut pas dire d'ailleurs que si on fait le parallèle avec l'industrie, je dirais la version industrielle de l'IT, c'est les data centers, des gros opérateurs cloud, etc. En fait, ces gens-là ont également des démarches de performance sur ces data centers en mettant des processeurs plus économes en énergie avec des ratios puissance-énergie plus intéressants, en optimisant les systèmes de refroidissement, en mettant de l'énergie décarbonée pour alimenter tout ça. Et quelque part, tu parlais tout à l'heure de la box Wi-Fi qu'on doit éteindre ou des mails sur lesquels on fait le tri, mais derrière la scène, il y a quand même un vrai sujet industriel pour les opérateurs d'infrastructures IT qui est de réduire tout cet impact environnemental parce qu'au final, pour eux, ce sont des coûts quelque part.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Ça, c'est un point qui est important chaque fois qu'une entreprise va faire une démarche de Green IT ou d'IT for Green. À chaque fois qu'on a une démarche comme ça, il y a un volet environnemental, mais il y a aussi un volet économique. En fait, les deux sont complètement liés. Je te disais, si on garde les ordinateurs un an de plus dans les entreprises, on va réduire l'impact environnemental à la fabrication, mais aussi on va réduire l'investissement qu'on va faire dans les équipements. Donc il y a toujours ce volet-là. Moi, j'ai tendance à avoir une vue simpliste, mais qui marche bien, qui est que finalement, l'argent, ça sert avant tout à acheter l'énergie. Si on regarde le truc, in fine, à chaque fois qu'on dépense de l'argent, à un moment ou à un autre, ça finit par revenir à acheter de l'énergie. Et donc l'impact de cet argent va être lié un peu au mix énergétique qu'on a et derrière à l'émission de CO2 par kilowatt qu'on va retrouver. Globalement, c'est l'idée. Mais la réciproque est vraie. C'est-à-dire qu'à chaque fois que je réduis ma consommation d'énergie, donc je réduis le CO2 que j'ai émis et donc je réduis l'énergie qui est consommée, par conséquent, j'ai économisé de l'argent. Et c'est souvent ce qu'on voit d'ailleurs, mais ça c'est plutôt le côté IT for Green qu'on abordera tout à l'heure. La conséquence de ça, c'est qu'à partir du moment où on adopte des technologies numériques, quelque part on le fait parce qu'on fait des économies. C'est plus rapide, c'est plus simple, ça coûte moins cher. Et la conséquence qu'on a derrière, c'est que ces technologies-là, en fait, elles vont avoir un impact environnemental qui va globalement être moindre par rapport au système existant. C'est-à-dire qu'elles rajoutent de l'impact environnemental sur l'IT, c'est ce qu'on essaye de réduire avec le Green IT. mais elles réduisent un impact environnemental sur une façon de faire qui est préexistée avant cette nouvelle solution technologique.

  • Speaker #0

    Donc, on vient de mettre les pieds dans l'IT for Green,

  • Speaker #1

    si tu comprends bien.

  • Speaker #0

    Peut-être avant d'avancer, tu parlais un peu de choses qui te faisaient hurler sur le Green IT. Est-ce que tu as un peu des ordres de grandeur à nous donner ? Tu as pris l'exemple du remplacement de matériel, mais des ordres de grandeur pour nous dire où sont les enjeux dans le Green IT aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pourquoi je te dis que ça me fait un peu hurler ? Je suis convaincu qu'il faut tous qu'on fasse des efforts gigantesques pour sauver notre planète et pour sauver le climat. C'est quelque chose qui me tient depuis longtemps et je sais que ça ne va pas se faire sans effort. Chaque progrès qu'on va vouloir faire dans la réduction, C'est parce qu'individuellement, collectivement, on va faire un effort par rapport à ce qu'on ferait naturellement qui est plus consommateur d'énergie. Et donc, ce que j'essaie de voir, c'est tant qu'à faire un effort, je veux qu'il soit efficace. Alors, si je te prends l'exemple du mail, pour venir à ce que tu dis, c'est de se dire, on me dit, il faudrait que je supprime tous mes mails dans ma boîte aux lettres. Alors, ça, c'est un peu déjà méconnaître le fonctionnement des mailbox. Parce que penser qu'en supprimant les mails, on va vraiment économiser des ressources, c'est loin d'être aussi direct que ça. Mais ça veut dire que trier ma mailbox, c'est passer peut-être des heures dans mon ordinateur à aller sélectionner des mails, les supprimer, les ranger, ainsi de suite, pour faire mon tri. Donc c'est un effort important. Et donc j'essaye de regarder cet effort par rapport à un autre effort. Et l'effort que j'aime bien, parce qu'il est facile à représenter, c'est la distance qu'on pourrait ne pas parcourir en voiture. C'est-à-dire en gros, est-ce que je supprime des mails ou est-ce que je vais acheter le pain à pied ? au lieu de prendre ma voiture. Qu'est-ce que ça représente en termes d'effort ? Et alors, l'email, si on regarde l'effort que ça représente, ne pas s'envoyer d'email, donc là, je ne parle même pas de les supprimer, ce serait carrément ne pas les émettre, ça représente un effort en voiture de 32 cm par jour. Donc, quand je parle de ça, souvent, j'ai tendance à finir sur cette blague-là, qui est de dire, j'ai décidé d'annuler mon empreinte carbone mail, maintenant, quand je me gare chez moi, je me gare un petit peu plus loin de mon rosier, d'à peu près un mètre. Ce qui fait qu'à chaque fois que je me gare, en réalité, je gagne trois jours d'impact environnemental d'email. Et j'invite en général les gens à se poser la question à chaque fois qu'ils ratent un créneau du nombre de jours de mail qui viennent de gaspiller en faisant cette opération-là. Et ça, c'est pour illustrer cette notion d'effort. En fait, il y a des efforts qui ne coûtent pratiquement rien, qui sont en effet d'aller chercher le pain à pied. Et en fait, aller chercher le pain à pied, c'est le même effort que ne pas s'envoyer d'email pendant un an. De quoi j'ai envie de me priver aujourd'hui ? Est-ce que j'ai envie de me priver de ne pas envoyer de mail ? et donc quelque part aujourd'hui me couper du monde ? Ou alors, est-ce que j'ai envie de faire ce petit effort qui consiste à aller chercher le pain à pied au lieu de prendre sa voiture ? Et je pense que l'idée, c'est de dire que se déplacer à vélo, se déplacer à pied, ce genre de choses-là, en fait, ça, c'est vraiment des actes qui vont avoir un impact environnemental qui sont intéressants, qui sont grands, même si c'est des gouttes d'eau dans l'océan, à une finie, mais c'est quand même des impacts qui sont importants et plus importants que ceux sur lesquels on met énormément de focus, qui sont... le mail ou le wifi la nuit, qui est quelque chose qui n'a aucun intérêt en soi. C'est important, je pense, de réfléchir. Et c'est pareil pour les entreprises. C'est de se dire, quand on va aller sur une stratégie, je ne sais pas, je veux dire, par exemple, on ne passe plus le PC, on ne le garde plus de 4 ans, mais on le garde 10 ans. Ça a un impact économique, ça a un impact environnemental. Par contre, au bout de 5 ans, ça risque de demander un sacré effort aux gens. Parce que... Ils vont démarrer le PC le matin, ça va se mettre à aller vraiment très lentement et ils vont avoir le temps d'aller dire un peu bonjour à tout le monde sur le plateau. Et puis à chaque fois qu'ils vont faire quelque chose, ils vont perdre du temps. C'est un effort gigantesque. Donc est-ce que cet effort-là vaut le coup ? Et est-ce qu'il n'y a pas un meilleur effort à faire ailleurs que celui-là ? C'est cette réflexion-là qui est importante à avoir.

  • Speaker #0

    Et ce qui amène, je pense, au sujet de l'IT for Green et de quelque part cette ressource. qu'on va mobiliser au travers des outils informatiques qui vont avoir une empreinte environnementale, à quoi on les utilise, qu'est-ce qu'on va faire avec ? Je vais te laisser poursuivre et nous en dire un peu plus sur l'IT for Green, quelque part, et en particulier son application dans les entreprises et plus particulièrement dans l'industrie.

  • Speaker #1

    Complètement. L'IT for Green, je vais le traduire de cette façon-là. On a parlé tout de suite du Green IT et quelque part, l'IT en termes d'impact environnemental... Il y a plein de débats sur les chiffres et de ce que ça représente aujourd'hui, ce que ça représentera demain, mais on va dire qu'on est aujourd'hui entre 2 et 4% d'impact environnemental et que demain, on se dit qu'on est entre 8 et 10% d'impact environnemental d'après les projections qu'on peut avoir. On va prendre ces chiffres, mais à la limite, je dirais que peu importe. Le Green IT, c'est faire en sorte qu'on réduise au maximum ces 2 à 4% ou ces futurs 8 à 10%. Et donc, je vais dire que si mon effort m'a conduit à réduire de 50% Tout ça, ce qui serait gigantesque, ce qui n'est pas forcément possible. Mais si j'arrivais à faire ça, ça voudrait dire que sur la globalité de l'impact environnemental, j'ai gagné 50% de, mettons, 4%, donc j'ai économisé 2%. Ça, c'est le Green IT. Maintenant, l'IT for Green, c'est dire comment j'utilise la technologie, comment j'utilise l'IT pour aller verdir, pour aller décarboniser les autres domaines. C'est-à-dire, en fait, les 96% qu'on a aujourd'hui. Et donc là, c'est intéressant parce que si, avec mon IT, je fais ne serait-ce que gagner que 10% sur l'ensemble du reste, on a gagné 10% globalement. C'est-à-dire, on a gagné 5 fois plus que ce qu'on aurait gagné dans l'été. C'est là où cette question d'effort auquel je faisais référence, elle est importante. Je peux mettre un effort considérable pour faire du Green IT et de toute façon, il faut mettre de l'effort dessus. Mais si je prends cet effort-là et que je le place dans l'IT for Green, en fait, j'ai un effet levier qui est beaucoup plus important parce que je m'intéresse à plus haut. Quand je te parlais tout à l'heure de ma démarche d'optimisation quand j'étais gamin, moi, je faisais des moteurs 3D, par exemple, codés en C, un peu en assembleur et ainsi de suite. Et typiquement, tu vois, tu n'écris pas un moteur 3D 100% en assembleur. C'est-à-dire trop de code, les trucs sont compliqués. Puis en plus, le compilo, il se débrouille plutôt bien. Par contre... Tu recherches dans ton code en C, quelles sont les 4-5 fonctions que tu appelles tout le temps et qui ne sont pas efficaces en C. Et ces 4-5 fonctions-là, tu places l'effort pour aller les optimiser. Et en faisant ça, ton impact est de 80% grosso modo sur ton code. Je vais prendre un exemple. Tu affichais 10 images par seconde avec ton code avant, tu modifies 10 lignes au bon endroit. Et d'un seul coup, tu passes à 50, 60 frames par seconde. Et donc, tu as quelque chose qui devient complètement fluide. Et en fait, c'est un peu cette idée-là. C'est utiliser l'IT pour aller faire de l'optimisation au bon endroit, là où on a la plus grosse consommation. Si je te prends le monde industriel, clairement, l'impact environnemental de l'IT dans le monde industriel, ce n'est pas là où on a la plus grosse consommation. Je me rappelle d'une discussion avec un directeur industriel d'une entreprise que j'avais rencontrée. dans le cadre de discussions sur l'IoT, et qui avait mis des poteaux photovoltaïques sur son parking. Je lui ai dit que c'était pas mal, ces panneaux, ça couvre un peu un bout de l'usine, le data center, et je lui ai posé la question de façon un peu bête. Il m'a dit que ces panneaux solaires couvrent à peu près la moitié du data center, potentiellement, et encore quand on est sur le pic. Même bien à côté de l'usine. Mais quand on démarre une machine, on est à 0,2% de ce qu'on peut amener. On n'a même pas pensé. Il y a des effets d'échelle comme ça qui sont gigantesques. Je te prends l'exemple d'un industriel avec lequel j'avais discuté à un moment. Et cet industriel me dit « Tu te rends compte ? Mon IT représente l'équivalent d'une usine. » Il se trouve que cet industriel des usines a à peu près 100. Ce qui, globalement, veut dire que son IT ... ça représente 1% de son impact environnemental. Alors, une usine, c'est beaucoup et il faut le prendre en considération. On peut faire des économies là-dessus, c'est bien. Maintenant, ça veut dire autre chose. Ça veut dire que, puisque dans la moyenne mondiale, on est sur un impact IT qui devrait être de 2 à 4%, c'est-à-dire que soit cette entreprise sous-utilise son IT par rapport à la moyenne, soit que ces usines surconsomment, surémettent par rapport à la moyenne. Et on est plutôt en général dans cette situation-là. Le Green IT. C'est donc de gratter quelque chose sur ces 1% de consommation. L'IT for Green, c'est de se dire, si j'utilise mon IT pour aller faire des optimisations dans mes usines, et les optimisations dans les usines, on sait qu'on peut en faire des tonnes. On a par exemple tout ce qui est défaut qualité à la production, ça c'est du gaspillage. On a tout un tas de machines qui sont allumées alors qu'elles ne tournent pas, ça c'est des questions d'habitude, de manque d'automatisation et ainsi de suite. On a de la perte de matière de façon régulière et ainsi de suite. Donc tout ça, on peut le mettre sous contrôle. et annuler la taille de l'IT, ça veut dire faire 1% de gain sur ces usines. C'est-à-dire que cet industriel qui a 100 usines, s'il arrive à faire sa même production sur 99 grâce à de l'IT, 1% de gain, il peut couvrir complètement son impact environnemental de son IT. Or, très honnêtement, les usines peuvent facilement, grâce à l'IT, avoir des gains qui sont de 5 à 10% sur tous ces aspects-là. Et donc, ça veut dire qu'on peut couvrir 10 fois son IT grâce à l'IT. Et ce n'est pas en rajoutant 10 fois plus d'IT. Dans ce domaine-là, on sait que globalement, on va rajouter à ce qu'on a aujourd'hui 10% d'IT supplémentaire pour arriver à gagner 1% sur la production de l'usine. Donc, on a un ratio qui est de l'ordre d'à peu près 10 à 100. C'est-à-dire que j'investis un gramme de CO2 dans mon IT, je vais économiser. quelque chose comme 10 à 100 grammes de CO2 dans mon industrie. Donc c'est vraiment ça l'IT for Green, c'est cette capacité de l'IT à avoir un impact positif considérable sur les autres domaines. Et n'oublions pas, les grands domaines, de façon générale, c'est 30% de l'impact, ça vient du bâtiment, 30% de l'impact, ça vient de tout ce qui est mobilité. Donc là, on a déjà deux gros leviers sur lesquels l'IT peut avoir un impact considérable. sur les chauffages par exemple pour tout ce qui est bâtimentaire et pour ce qui est l'optimisation des transports, pour tout ce qui est déplacement.

  • Speaker #0

    Ce que tu disais sur les ordres de grandeur, moi je suis aussi passé par l'industrie à des postes opérationnels et un des sites sur lequel je suis passé, on a avec de la data et aussi de l'intelligence d'experts du métier, on a réussi à réduire de plus d'un tiers la consommation d'énergie sur le site par tonne de produits, donc vraiment la consommation pour produire une unité de valeur en l'espace de cinq ans. Donc, c'est vraiment des gains très importants. Si on calcule, c'était, je dirais, les gains environnementaux, c'est l'ordre de plusieurs centaines de milliers de tonnes de CO2 à la fin de l'année. Donc, il y a des vrais enjeux. Et finalement, la consommation d'énergie des systèmes qu'on avait, c'était quoi ? Potentiellement, un serveur en plus dans le data center d'usine. Et ça reste très, très raisonnable. Et c'est clair que ce ratio-là, entre la part de la consommation de l'IT et des autres aspects, et en particulier du cœur de métier, dont l'industrie est... carrément à l'avantage de faire de l'IT for Green parce qu'il y a un vrai levier important. Est-ce que, tu nous as déjà parlé de quelques exemples industriels sur les différents leviers qui peuvent être utilisés sur la performance matière, la qualité, etc. C'est quoi un peu ta vision plutôt du futur ? Qu'est-ce qu'on voit comme tendance aujourd'hui qui permette de mettre en œuvre cette IT for Green dans les entreprises industrielles ?

  • Speaker #1

    Je pense que... Tu vois, ce qui doit vraiment changer, en fait, c'est que quelque part, là, on dit qu'on est en train d'utiliser l'IT pour faire de la performance environnementale. Ça fait des années qu'on utilise l'IT pour faire de la performance économique. D'accord ? Et comme je t'ai dit précédemment, pour moi, économie et environnementale, au milieu, il y a l'énergie et grosso modo, tout ça, c'est quand même très, très lié de ce point de vue-là. Donc, d'une certaine façon, ce n'est pas nouveau en soi. Et d'ailleurs, c'est rigolo parce que... Tu vois, depuis toujours, on voit l'IT comme étant un centre de coût. C'est-à-dire que quand on est dans le monde économique, grâce à l'IT, en fait, on a généré énormément de gains business, mais on regarde toujours l'industrie, dans l'industrie, l'IT comme un centre de coût. Et aujourd'hui, où on parle environnement, donc on parle IT for green, qui est ce qui va permettre de faire faire les gains au niveau des business, des usines d'une certaine façon. Et on parle de l'IT comme, encore une fois, être un centre d'impact, donc un centre de coût avec... de Green IT. En fermant cette parenthèse, ce que je veux dire, c'est que le changement, le pivot qu'on a là-dedans, à mon sens, sur l'avenir, pour être vraiment efficace dans l'IT for Green, dans l'usine en tout cas, il faut vraiment qu'on aille sur la chaîne de prod. Tu vois, ce que je veux dire, c'est que l'IT, par le passé, dans l'usine, elle a beaucoup été sur le KPI. Donc, elle a été beaucoup sur le pilotage plutôt financier du système.

  • Speaker #0

    Beaucoup sur l'ERP. Oui,

  • Speaker #1

    très, très, c'est ça, très ERP. Et en fait, si tu veux descendre dans l'impact... environnemental de ta chaîne de production, tu es obligé de descendre dans le process. Et ça, ça change un peu parce que... les informaticiens qui sont en train de traiter de la data sont plutôt des gens qui depuis longtemps sont des gens qui sont des centraux donc il y en a plein qui sont impliqués dans le process et qui le connaissent mais ils ne sont pas au pied de la ligne en train de regarder ce qui se passe et en train de comprendre et donc pour moi la tendance quand on va être dans l'IT for green c'est qu'il faut que les informaticiens aillent dans les métiers pour les comprendre, il va falloir rajouter du data scientist, rajouter de l'IT dans le métier Je peux te prendre un autre exemple. C'est un exemple qui... On sort un peu de l'industrie, mais c'est un exemple qui m'obsède un peu. J'ai changé ma chaudière cet été. Et en fait, ma chaudière, elle n'est pas connectée. Et en fait, ma chaudière, aujourd'hui, c'est un jour rouge, typiquement EDF. Et donc, quand c'est un jour rouge, ma chaudière est hybride. Je vais te passer un peu les détails. Mais en gros, quand c'est un jour rouge, pour que ce soit intéressant, ma chaudière, il faut que je la bascule en fuel. Pour ça, il faut que j'aille changer le prix du kilowatt. il faut que je le fasse manuellement En fait, je n'ai pas la possibilité de m'interfacer avec ma chaudière. En fait, le problème, le fond du truc, c'est que le gars qui a conçu cette chaudière-là, c'est sans doute le même que celui qui l'a conçue il y a 20 ans, alors un petit peu plus moderne en termes d'interface. Mais malgré tout, on n'a pas quelqu'un qui ait de la data, quelqu'un qui ait de l'expérience utilisateur et quelqu'un qui a cette idée de dire comment je peux concevoir mon produit pour qu'on puisse facilement l'utiliser. et moi je voudrais que ma chaudière, elle reçoive la météo. Moi, je voudrais que ma chaudière soit connectée avec la base de données des émissions de CO2 d'EDF et que le jour où EDF démarre des chaudières au fioul pour m'alimenter, me chauffer, à ce moment-là, il vaut mieux que j'utilise mon fioul local. Parce qu'on sait que l'EDF du fioul, il va falloir faire du fioul qui va être transformé en électricité, qui va être transporté avec de la perte, qui va arriver jusqu'à chez moi pour ensuite passer dans mes radiateurs. En fait, c'est beaucoup plus efficace si je produis localement cette chaleur-là. Donc ça, ça devrait être automatisé de bout en bout. Mais pour ça, pour que ça marche, il faut qu'on ait des gens qui aient une vision IT, qui aient une vision cloud, qui aient une vision connectée, tu vois, de ces process là. Donc je te dis ça pour ma maison, peut-être que d'autres personnes sont confrontées à ce genre de réflexion, mais c'est exactement la même chose dans l'usine. C'est si on veut que le process, il devienne intelligent, il faut qu'on mette des gens à côté du process qui le connaissent. Et donc pour moi, c'est ça l'avenir. C'est que les gens de l'IT, soit beaucoup plus impliquée dans le process et que dans les usines, on ait beaucoup plus de data scientiste, d'ingénieurs en informatique qui vont être là pour comprendre, alimenter des systèmes IT qui vont permettre l'optimisation. Et c'est ça, à mon sens, le gros changement qui va s'opérer. Alors,

  • Speaker #0

    c'est intéressant. Je dirais, c'est remettre, c'est mettre quelque part de la data, de la compétence autour de l'IT, de l'utilisation de cette data dans les usines. Nous, une question qu'on se pose, Merci. également comment est-ce qu'on fait monter en compétence les gens du procédé, les gens de la prod, les gens de la maintenance sur leur capacité à utiliser au quotidien la data, que ce soit on va dire par la formation complémentaire, mais également par la mise en place d'outils qui leur permettent de manipuler cette data et ces informations pour avoir les bons éléments pour eux optimiser leur manière de travailler au quotidien. Comment tu vois les choses entre Euh... mettre plus d'IT, plus d'expert data et de l'autre côté aussi faire monter en compétence ces gens du métier. Sachant que nous, on a un concept qui nous tient à cœur, c'est cette idée de démocratiser l'usage de la donnée dans l'organisation industrielle. C'est-à-dire que la même manière qu'il y a 30 ans est arrivée l'informatique, aujourd'hui, c'est impensable de ne pas avoir un ordinateur dans une organisation industrielle, même pour un opérateur. alors que si on revient 30 ans en arrière, c'était quelques privilégiés qui avaient ça. Et pour moi, il y a la même chose sur la data, c'est-à-dire que ça doit être un outil dans la boîte à outils de tout un chacun. Alors tout le monde avec son niveau d'expertise qui sera différent, mais c'est un outil pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Je pense qu'un point important, c'est la culture de la data. Ça, c'est un point commun qu'il faut amener. Maintenant, je ne pense pas que ton ingé process, ça devienne un data scientist, et je ne pense pas que ton data scientist, ça devienne un ingé process. Ce qui est important, c'est comment on va réussir à faire collaborer les deux ensemble. Et le fil conducteur entre les deux, c'est cette culture de la data. Et après, le lien entre les deux, c'est l'outillage. Clairement, l'outil qui est utilisé par le data scientist, ce n'est pas le même que l'outil qui est utilisé par l'ingé process. Par contre, ça doit passer de l'un à l'autre. S'il y a quelqu'un qui fait des simul et qui fait des modèles sur un outil, qui là pour le coup est plutôt le data scientist, de tout ça, ça doit s'intégrer dans l'outil plus opérationnel de l'ingé process qui lui doit pouvoir tirer les bénéfices de ça et ensemble il faut qu'ils puissent discuter. Et donc ça c'est vraiment le rôle de l'IT, globalement l'IT est un outil. C'est un outil, ça prend des décisions maintenant on a l'IA qui arrive, un outil qui réfléchit, mais ça reste un outil qui permet de simplifier, d'accélérer la communication entre les personnes, de comprendre des choses qui sont difficiles, c'est un outil. Et un des éléments qui est important de cet outil, c'est la communication entre les métiers.

  • Speaker #0

    c'est vraiment comme ça que je vois et peut-être est-ce que c'est ce que tu dis par là c'est aussi ce qu'on a vécu tu parlais de la finance, tu faisais le parallèle avec les finances tout à l'heure quelque part l'ERP c'est l'outil qui sous-tend beaucoup d'activités dans une organisation industrielle je veux dire le magasin de pièces détachées géré par la maintenance il est dans l'ERP la logistique est gérée par l'ERP etc beaucoup de choses sont gérées dans l'ERP est-ce que quelque part ça veut pas dire qu'on va voir apparaître Ces plateformes qui vont couvrir un peu l'ensemble des usages de la data dans l'industrie pour être au service de cette performance et de permettre cette IT for Green.

  • Speaker #1

    Clairement, le parallèle qu'on fait avec l'ERP, il est exactement ça. L'ERP, ça permet d'aligner tous les gens sur des process qui soient dans la supply, qui soient dans la finance, qui soient dans le commerce, et ainsi de suite. C'est exactement la même chose dans l'usine. il y a alors le L'ERP, c'est un peu différent parce que là, quand on est dans l'optimisation, on parle pas mal de calcul, plus que de process en soi, même s'il y a quand même cette finalité de monitorer le process de fabrication. Le terme d'ERP serait, à mon sens, pas très adapté, mais on va parler de plateforme. Et je pense qu'en effet, dans l'usine, on a cette notion de plateforme qui se met en place et qui permet la communication entre l'ensemble des métiers, que ce soit la maintenance, on va parler par exemple de maintenance prédictive, que ce soit toute la gestion du planning qui est associée à la maintenance, voilà, le planning de production. et que ce soit le suivi de ta production en temps réel pour arriver à faire tes optimisations qui vont être contextualisées et qui vont alimenter ton ingé process par ailleurs. Et tout ça, en fait, à mon sens, c'est lié. Aujourd'hui, c'est quand même pas mal siloté dans des métiers différents avec des outils différents. Et demain, moi, je pense qu'en effet, il y a une vision qui est beaucoup plus globale, un peu comme le RP dans les systèmes centraux, qui est à l'intérieur de l'usine et qui permet d'adresser un peu tous ces métiers. Je suis assez convaincu de ça. La question que je me pose, c'est est-ce que l'ERP va s'étendre jusque-là ? Pourquoi pas ? Maintenant, je pense que c'est des métiers qui sont assez différents et que ce qu'on a vu dans l'ERP, c'est que c'est bien pour des choses généralistes, c'est-à-dire pour des choses qui sont définies par des normes. Tu vois, la finance, c'est impeccable. Il y a des normes mondiales sur la finance, sur la façon de faire la compta. Donc, globalement, ça ne sert à rien de réinventer la roue. Quand on est dans la production industrielle, chaque ligne de prod, elle a un peu ses spécificités. Chaque usine, chaque fabricant travaille différemment et c'est ce qui fait qu'il est performant sur le marché. Et donc, je ne pense pas qu'on puisse avoir un peu cet outil générique. Donc, comme le RP, on est sur des plateformes qui sont assez hautement customisables parce qu'il faut qu'elles s'adaptent aux environnements. Mais aussi, il y a finalement beaucoup de valeur à créer des choses par soi-même. Alors que le RP, je peux l'acheter et le déployer out of the box. J'adapte toujours un peu mes process. Il y a plein de choses qui sont prêtes à l'emploi. Le côté informatique industriel, on a des outils de base pour visualiser la donnée, par exemple pour stocker la donnée. Mais le processing de la donnée, la façon dont on va la traiter, ça, je suis convaincu qu'il y a énormément de custom. Parce qu'à un moment donné, on doit modéliser ce qui est spécifique à l'usine, à la ligne de production et qui est à chaque fois différent.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a... pas mal fait le tour de ce sujet du Green IT et de l'IT for Green. Qu'est-ce que tu aurais comme mot de conclusion pour ceux qui souhaitent avancer sur ces deux démarches ?

  • Speaker #1

    Si j'ai un petit mot pour conclure, et je vais partir sur un truc qui est un petit peu plus philosophique, je pense qu'aujourd'hui, si on parle beaucoup plus de Green IT que d'IT for Green, c'est aussi un message que nous passe la société. Le message que nous passe la société, à mon sens, c'est que depuis 20 ans, l'IT a un impact dans nos vies qui est considérable. On l'utilise tous tous les jours, ok, mais ça devient un peu pesant. On est de plus en plus nombreux à ne pas réussir à suivre toutes les évolutions. Là, on en prend encore une autre, c'est l'IA. Ça a chamboulé nos métiers, chamboulé nos vies. Et par la force des choses, pour certains d'entre nous, Ça crée une forme de rejet. Et une des traductions de cette forme de rejet, c'est de mettre en exergue l'impact environnemental de l'IT. Pourquoi je dis ça ? C'est parce que dans toute transformation, et entre autres dans une transformation d'IT for Green, on va changer les process, on va changer le quotidien des gens, on va changer leur métier. L'opérateur qui est sur une ligne de prod, son métier a évolué en 20 ans, mais il a évolué un petit peu doucement. C'est devenu un expert de sa machine, sa machine est plus automatisée, mais ça s'est fait étape par étape. Si demain, cet opérateur-là, le système vient lui dire comment faire son métier, ça va énormément l'aider.

  • Speaker #0

    Comme l'IA nous aide, nous développeurs, à écrire du code et nous apprend plein de choses. Mais c'est un changement important. Et ce que je veux dire par là, c'est que faire du Green IT et de l'IT for Green en particulier, ce n'est pas uniquement déployer des outils. C'est vraiment un processus d'accompagnement des équipes. C'est un processus de transformation des métiers. Et donc, ça nécessite à la fois une expertise, ça nécessite un accompagnement et ça nécessite de vraiment prendre ça en compte. Si on veut que ça marche, il faut accompagner les équipes. C'est ça mon message important. L'IT4Green a un impact et un potentiel gigantesque à condition de bien l'accompagner avec les moyens et surtout avec la prise en compte des changements des métiers qu'on va avoir derrière.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Paul, en particulier par cette conclusion qui remet bien l'homme au milieu du sujet. Je pense qu'on oublie de temps en temps dans les organisations mais effectivement, si on veut réussir ce genre de transformation, il faut il faut accompagner et compter sur les femmes et les hommes qui sont dans l'entreprise je te remercie en tout cas pour cet échange très enrichissant, au plaisir

  • Speaker #0

    Merci à toi Mathieu

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Description

Dans cet épisode, Paul Pinault, CEO de DM91.tech, nous emmène au cœur du débat Green IT vs IT for Green. Faut-il réduire l’impact du numérique ou utiliser l’IT pour décarboner l’industrie ? À travers exemples concrets, ordres de grandeur et vision terrain, il montre comment le digital devient un véritable levier écologique à condition d’accompagner les femmes et les hommes qui en feront la réussite.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Paul, merci d'être avec nous pour Voice of Industries. Aujourd'hui, on va parler de Green IT versus IT for Greens. Mais avant de commencer la discussion, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Bonjour Mathieu, merci de me recevoir sur ton podcast. Écoute me présenter, moi je m'appelle Paul, Paul Pinot, je bosse depuis à peu près... J'ai 25 ans maintenant, j'ai passé pas mal d'années dans des grosses industries, j'ai toujours été dans le secteur de l'IT, c'est mon métier, je suis ingénieur de formation, du coup j'espère que je ne vais pas trop faire de charabia ou trop de termes techniques, donc n'hésite pas si jamais tu trouves que je pars un peu dans la technique à me ralentir. Je suis un gars qui vient de la tech, je suis un passionné par la tech, je pense que c'est un truc qui est assez important, comme je disais, je travaille dans l'industrie, dans les systèmes d'information, en général pour un grand groupe qui fait des pneus en France. Et puis, c'est un groupe que j'ai quitté il y a maintenant 5-6 ans pour me consacrer plus à quelque chose qui me passionne, qui est l'Internet des objets. Et puis, sa déclinaison qui est l'Internet des objets industriels aussi, dont je pense qu'on aura l'occasion de parler. Pour un peu adresser ton sujet, moi, je suis arrivé à l'informatique par le code et par l'optimisation du code quand j'étais tout gamin, à une époque où les machines étaient hyper contraintes et où il fallait toujours optimiser, optimiser ce qu'on fait. et puis l'informatique a évolué aujourd'hui on se fait un petit peu plus plaisir quand on écrit du code on consomme plus de ressources le domaine aussi a beaucoup évolué et donc aujourd'hui on parle beaucoup de Green IT mais finalement cette passion pour le code et l'optimisation ça m'amène à beaucoup réfléchir à aussi un autre volet de l'IT qui est l'IT for Green je pense qu'on va démystifier un petit peu tout ça par la suite mais si je dois me résumer en termes de présentation c'est un, un passionné et puis deux, un tech

  • Speaker #0

    C'est une bonne introduction. Clairement, il y a longtemps qu'on ne fait plus de l'optimisation d'assembleur. Je crois qu'on est passé à peu près par la même école. Et effectivement, ça a pas mal d'impact sur la consommation de ressources. Et pour commencer, on parle de Green IT. Qu'est-ce que c'est ? Et puis après, on regardera un peu plus ce que c'est que IT for Green, qui est peut-être un concept un peu moins connu de notre public.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors malheureusement, c'est un peu moins connu. Donc il faut qu'on en parle. C'est vraiment le sujet dont il faut qu'on discute. Le Green IT, c'est un peu ce que tout le monde connaît. Je vais bêtement le schématiser comme on l'entend dans les médias, c'est supprimer ses mails ou éteindre son point d'accès Wi-Fi la nuit. D'une certaine façon, c'est dit autrement l'idée d'éviter de surconsommer de l'informatique, du numérique en général, dans le but de limiter la consommation d'énergie et de réduire l'impact. Les deux exemples que j'ai cités, c'est des exemples qui me font hurler en fait. parce que c'est l'exemple qui illustre ce qui ne sert à rien. Mais par contre, derrière le Green IT, il y a des choses qui sont quand même super importantes. Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que l'IT, à peu près 50% de son impact, il est à la fabrication. Donc, si on regarde ça dans les entreprises, le Green IT, déjà, une des premières choses qui se met en place souvent, c'est de rallonger la vie des PC, rallonger la vie des téléphones, rallonger la vie des serveurs. Parce que si on rajoute un an à un PC, globalement, on élimine 25% de son impact. de fabrication qui représente 50%. On gagne à peu près 12% d'impact sur le parc informatique, ce qui est absolument considérable et intéressant. Donc, le Green IT, je le définirais comme un peu l'ensemble de bonnes pratiques ou de choses à faire qui fait que globalement, l'impact environnemental de l'IT va être réduit. Alors, impact environnemental, c'est consommation d'énergie, c'est impact CO2, mais c'est aussi consommation de matières premières et ainsi de suite.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça ne veut pas dire d'ailleurs que si on fait le parallèle avec l'industrie, je dirais la version industrielle de l'IT, c'est les data centers, des gros opérateurs cloud, etc. En fait, ces gens-là ont également des démarches de performance sur ces data centers en mettant des processeurs plus économes en énergie avec des ratios puissance-énergie plus intéressants, en optimisant les systèmes de refroidissement, en mettant de l'énergie décarbonée pour alimenter tout ça. Et quelque part, tu parlais tout à l'heure de la box Wi-Fi qu'on doit éteindre ou des mails sur lesquels on fait le tri, mais derrière la scène, il y a quand même un vrai sujet industriel pour les opérateurs d'infrastructures IT qui est de réduire tout cet impact environnemental parce qu'au final, pour eux, ce sont des coûts quelque part.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Ça, c'est un point qui est important chaque fois qu'une entreprise va faire une démarche de Green IT ou d'IT for Green. À chaque fois qu'on a une démarche comme ça, il y a un volet environnemental, mais il y a aussi un volet économique. En fait, les deux sont complètement liés. Je te disais, si on garde les ordinateurs un an de plus dans les entreprises, on va réduire l'impact environnemental à la fabrication, mais aussi on va réduire l'investissement qu'on va faire dans les équipements. Donc il y a toujours ce volet-là. Moi, j'ai tendance à avoir une vue simpliste, mais qui marche bien, qui est que finalement, l'argent, ça sert avant tout à acheter l'énergie. Si on regarde le truc, in fine, à chaque fois qu'on dépense de l'argent, à un moment ou à un autre, ça finit par revenir à acheter de l'énergie. Et donc l'impact de cet argent va être lié un peu au mix énergétique qu'on a et derrière à l'émission de CO2 par kilowatt qu'on va retrouver. Globalement, c'est l'idée. Mais la réciproque est vraie. C'est-à-dire qu'à chaque fois que je réduis ma consommation d'énergie, donc je réduis le CO2 que j'ai émis et donc je réduis l'énergie qui est consommée, par conséquent, j'ai économisé de l'argent. Et c'est souvent ce qu'on voit d'ailleurs, mais ça c'est plutôt le côté IT for Green qu'on abordera tout à l'heure. La conséquence de ça, c'est qu'à partir du moment où on adopte des technologies numériques, quelque part on le fait parce qu'on fait des économies. C'est plus rapide, c'est plus simple, ça coûte moins cher. Et la conséquence qu'on a derrière, c'est que ces technologies-là, en fait, elles vont avoir un impact environnemental qui va globalement être moindre par rapport au système existant. C'est-à-dire qu'elles rajoutent de l'impact environnemental sur l'IT, c'est ce qu'on essaye de réduire avec le Green IT. mais elles réduisent un impact environnemental sur une façon de faire qui est préexistée avant cette nouvelle solution technologique.

  • Speaker #0

    Donc, on vient de mettre les pieds dans l'IT for Green,

  • Speaker #1

    si tu comprends bien.

  • Speaker #0

    Peut-être avant d'avancer, tu parlais un peu de choses qui te faisaient hurler sur le Green IT. Est-ce que tu as un peu des ordres de grandeur à nous donner ? Tu as pris l'exemple du remplacement de matériel, mais des ordres de grandeur pour nous dire où sont les enjeux dans le Green IT aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pourquoi je te dis que ça me fait un peu hurler ? Je suis convaincu qu'il faut tous qu'on fasse des efforts gigantesques pour sauver notre planète et pour sauver le climat. C'est quelque chose qui me tient depuis longtemps et je sais que ça ne va pas se faire sans effort. Chaque progrès qu'on va vouloir faire dans la réduction, C'est parce qu'individuellement, collectivement, on va faire un effort par rapport à ce qu'on ferait naturellement qui est plus consommateur d'énergie. Et donc, ce que j'essaie de voir, c'est tant qu'à faire un effort, je veux qu'il soit efficace. Alors, si je te prends l'exemple du mail, pour venir à ce que tu dis, c'est de se dire, on me dit, il faudrait que je supprime tous mes mails dans ma boîte aux lettres. Alors, ça, c'est un peu déjà méconnaître le fonctionnement des mailbox. Parce que penser qu'en supprimant les mails, on va vraiment économiser des ressources, c'est loin d'être aussi direct que ça. Mais ça veut dire que trier ma mailbox, c'est passer peut-être des heures dans mon ordinateur à aller sélectionner des mails, les supprimer, les ranger, ainsi de suite, pour faire mon tri. Donc c'est un effort important. Et donc j'essaye de regarder cet effort par rapport à un autre effort. Et l'effort que j'aime bien, parce qu'il est facile à représenter, c'est la distance qu'on pourrait ne pas parcourir en voiture. C'est-à-dire en gros, est-ce que je supprime des mails ou est-ce que je vais acheter le pain à pied ? au lieu de prendre ma voiture. Qu'est-ce que ça représente en termes d'effort ? Et alors, l'email, si on regarde l'effort que ça représente, ne pas s'envoyer d'email, donc là, je ne parle même pas de les supprimer, ce serait carrément ne pas les émettre, ça représente un effort en voiture de 32 cm par jour. Donc, quand je parle de ça, souvent, j'ai tendance à finir sur cette blague-là, qui est de dire, j'ai décidé d'annuler mon empreinte carbone mail, maintenant, quand je me gare chez moi, je me gare un petit peu plus loin de mon rosier, d'à peu près un mètre. Ce qui fait qu'à chaque fois que je me gare, en réalité, je gagne trois jours d'impact environnemental d'email. Et j'invite en général les gens à se poser la question à chaque fois qu'ils ratent un créneau du nombre de jours de mail qui viennent de gaspiller en faisant cette opération-là. Et ça, c'est pour illustrer cette notion d'effort. En fait, il y a des efforts qui ne coûtent pratiquement rien, qui sont en effet d'aller chercher le pain à pied. Et en fait, aller chercher le pain à pied, c'est le même effort que ne pas s'envoyer d'email pendant un an. De quoi j'ai envie de me priver aujourd'hui ? Est-ce que j'ai envie de me priver de ne pas envoyer de mail ? et donc quelque part aujourd'hui me couper du monde ? Ou alors, est-ce que j'ai envie de faire ce petit effort qui consiste à aller chercher le pain à pied au lieu de prendre sa voiture ? Et je pense que l'idée, c'est de dire que se déplacer à vélo, se déplacer à pied, ce genre de choses-là, en fait, ça, c'est vraiment des actes qui vont avoir un impact environnemental qui sont intéressants, qui sont grands, même si c'est des gouttes d'eau dans l'océan, à une finie, mais c'est quand même des impacts qui sont importants et plus importants que ceux sur lesquels on met énormément de focus, qui sont... le mail ou le wifi la nuit, qui est quelque chose qui n'a aucun intérêt en soi. C'est important, je pense, de réfléchir. Et c'est pareil pour les entreprises. C'est de se dire, quand on va aller sur une stratégie, je ne sais pas, je veux dire, par exemple, on ne passe plus le PC, on ne le garde plus de 4 ans, mais on le garde 10 ans. Ça a un impact économique, ça a un impact environnemental. Par contre, au bout de 5 ans, ça risque de demander un sacré effort aux gens. Parce que... Ils vont démarrer le PC le matin, ça va se mettre à aller vraiment très lentement et ils vont avoir le temps d'aller dire un peu bonjour à tout le monde sur le plateau. Et puis à chaque fois qu'ils vont faire quelque chose, ils vont perdre du temps. C'est un effort gigantesque. Donc est-ce que cet effort-là vaut le coup ? Et est-ce qu'il n'y a pas un meilleur effort à faire ailleurs que celui-là ? C'est cette réflexion-là qui est importante à avoir.

  • Speaker #0

    Et ce qui amène, je pense, au sujet de l'IT for Green et de quelque part cette ressource. qu'on va mobiliser au travers des outils informatiques qui vont avoir une empreinte environnementale, à quoi on les utilise, qu'est-ce qu'on va faire avec ? Je vais te laisser poursuivre et nous en dire un peu plus sur l'IT for Green, quelque part, et en particulier son application dans les entreprises et plus particulièrement dans l'industrie.

  • Speaker #1

    Complètement. L'IT for Green, je vais le traduire de cette façon-là. On a parlé tout de suite du Green IT et quelque part, l'IT en termes d'impact environnemental... Il y a plein de débats sur les chiffres et de ce que ça représente aujourd'hui, ce que ça représentera demain, mais on va dire qu'on est aujourd'hui entre 2 et 4% d'impact environnemental et que demain, on se dit qu'on est entre 8 et 10% d'impact environnemental d'après les projections qu'on peut avoir. On va prendre ces chiffres, mais à la limite, je dirais que peu importe. Le Green IT, c'est faire en sorte qu'on réduise au maximum ces 2 à 4% ou ces futurs 8 à 10%. Et donc, je vais dire que si mon effort m'a conduit à réduire de 50% Tout ça, ce qui serait gigantesque, ce qui n'est pas forcément possible. Mais si j'arrivais à faire ça, ça voudrait dire que sur la globalité de l'impact environnemental, j'ai gagné 50% de, mettons, 4%, donc j'ai économisé 2%. Ça, c'est le Green IT. Maintenant, l'IT for Green, c'est dire comment j'utilise la technologie, comment j'utilise l'IT pour aller verdir, pour aller décarboniser les autres domaines. C'est-à-dire, en fait, les 96% qu'on a aujourd'hui. Et donc là, c'est intéressant parce que si, avec mon IT, je fais ne serait-ce que gagner que 10% sur l'ensemble du reste, on a gagné 10% globalement. C'est-à-dire, on a gagné 5 fois plus que ce qu'on aurait gagné dans l'été. C'est là où cette question d'effort auquel je faisais référence, elle est importante. Je peux mettre un effort considérable pour faire du Green IT et de toute façon, il faut mettre de l'effort dessus. Mais si je prends cet effort-là et que je le place dans l'IT for Green, en fait, j'ai un effet levier qui est beaucoup plus important parce que je m'intéresse à plus haut. Quand je te parlais tout à l'heure de ma démarche d'optimisation quand j'étais gamin, moi, je faisais des moteurs 3D, par exemple, codés en C, un peu en assembleur et ainsi de suite. Et typiquement, tu vois, tu n'écris pas un moteur 3D 100% en assembleur. C'est-à-dire trop de code, les trucs sont compliqués. Puis en plus, le compilo, il se débrouille plutôt bien. Par contre... Tu recherches dans ton code en C, quelles sont les 4-5 fonctions que tu appelles tout le temps et qui ne sont pas efficaces en C. Et ces 4-5 fonctions-là, tu places l'effort pour aller les optimiser. Et en faisant ça, ton impact est de 80% grosso modo sur ton code. Je vais prendre un exemple. Tu affichais 10 images par seconde avec ton code avant, tu modifies 10 lignes au bon endroit. Et d'un seul coup, tu passes à 50, 60 frames par seconde. Et donc, tu as quelque chose qui devient complètement fluide. Et en fait, c'est un peu cette idée-là. C'est utiliser l'IT pour aller faire de l'optimisation au bon endroit, là où on a la plus grosse consommation. Si je te prends le monde industriel, clairement, l'impact environnemental de l'IT dans le monde industriel, ce n'est pas là où on a la plus grosse consommation. Je me rappelle d'une discussion avec un directeur industriel d'une entreprise que j'avais rencontrée. dans le cadre de discussions sur l'IoT, et qui avait mis des poteaux photovoltaïques sur son parking. Je lui ai dit que c'était pas mal, ces panneaux, ça couvre un peu un bout de l'usine, le data center, et je lui ai posé la question de façon un peu bête. Il m'a dit que ces panneaux solaires couvrent à peu près la moitié du data center, potentiellement, et encore quand on est sur le pic. Même bien à côté de l'usine. Mais quand on démarre une machine, on est à 0,2% de ce qu'on peut amener. On n'a même pas pensé. Il y a des effets d'échelle comme ça qui sont gigantesques. Je te prends l'exemple d'un industriel avec lequel j'avais discuté à un moment. Et cet industriel me dit « Tu te rends compte ? Mon IT représente l'équivalent d'une usine. » Il se trouve que cet industriel des usines a à peu près 100. Ce qui, globalement, veut dire que son IT ... ça représente 1% de son impact environnemental. Alors, une usine, c'est beaucoup et il faut le prendre en considération. On peut faire des économies là-dessus, c'est bien. Maintenant, ça veut dire autre chose. Ça veut dire que, puisque dans la moyenne mondiale, on est sur un impact IT qui devrait être de 2 à 4%, c'est-à-dire que soit cette entreprise sous-utilise son IT par rapport à la moyenne, soit que ces usines surconsomment, surémettent par rapport à la moyenne. Et on est plutôt en général dans cette situation-là. Le Green IT. C'est donc de gratter quelque chose sur ces 1% de consommation. L'IT for Green, c'est de se dire, si j'utilise mon IT pour aller faire des optimisations dans mes usines, et les optimisations dans les usines, on sait qu'on peut en faire des tonnes. On a par exemple tout ce qui est défaut qualité à la production, ça c'est du gaspillage. On a tout un tas de machines qui sont allumées alors qu'elles ne tournent pas, ça c'est des questions d'habitude, de manque d'automatisation et ainsi de suite. On a de la perte de matière de façon régulière et ainsi de suite. Donc tout ça, on peut le mettre sous contrôle. et annuler la taille de l'IT, ça veut dire faire 1% de gain sur ces usines. C'est-à-dire que cet industriel qui a 100 usines, s'il arrive à faire sa même production sur 99 grâce à de l'IT, 1% de gain, il peut couvrir complètement son impact environnemental de son IT. Or, très honnêtement, les usines peuvent facilement, grâce à l'IT, avoir des gains qui sont de 5 à 10% sur tous ces aspects-là. Et donc, ça veut dire qu'on peut couvrir 10 fois son IT grâce à l'IT. Et ce n'est pas en rajoutant 10 fois plus d'IT. Dans ce domaine-là, on sait que globalement, on va rajouter à ce qu'on a aujourd'hui 10% d'IT supplémentaire pour arriver à gagner 1% sur la production de l'usine. Donc, on a un ratio qui est de l'ordre d'à peu près 10 à 100. C'est-à-dire que j'investis un gramme de CO2 dans mon IT, je vais économiser. quelque chose comme 10 à 100 grammes de CO2 dans mon industrie. Donc c'est vraiment ça l'IT for Green, c'est cette capacité de l'IT à avoir un impact positif considérable sur les autres domaines. Et n'oublions pas, les grands domaines, de façon générale, c'est 30% de l'impact, ça vient du bâtiment, 30% de l'impact, ça vient de tout ce qui est mobilité. Donc là, on a déjà deux gros leviers sur lesquels l'IT peut avoir un impact considérable. sur les chauffages par exemple pour tout ce qui est bâtimentaire et pour ce qui est l'optimisation des transports, pour tout ce qui est déplacement.

  • Speaker #0

    Ce que tu disais sur les ordres de grandeur, moi je suis aussi passé par l'industrie à des postes opérationnels et un des sites sur lequel je suis passé, on a avec de la data et aussi de l'intelligence d'experts du métier, on a réussi à réduire de plus d'un tiers la consommation d'énergie sur le site par tonne de produits, donc vraiment la consommation pour produire une unité de valeur en l'espace de cinq ans. Donc, c'est vraiment des gains très importants. Si on calcule, c'était, je dirais, les gains environnementaux, c'est l'ordre de plusieurs centaines de milliers de tonnes de CO2 à la fin de l'année. Donc, il y a des vrais enjeux. Et finalement, la consommation d'énergie des systèmes qu'on avait, c'était quoi ? Potentiellement, un serveur en plus dans le data center d'usine. Et ça reste très, très raisonnable. Et c'est clair que ce ratio-là, entre la part de la consommation de l'IT et des autres aspects, et en particulier du cœur de métier, dont l'industrie est... carrément à l'avantage de faire de l'IT for Green parce qu'il y a un vrai levier important. Est-ce que, tu nous as déjà parlé de quelques exemples industriels sur les différents leviers qui peuvent être utilisés sur la performance matière, la qualité, etc. C'est quoi un peu ta vision plutôt du futur ? Qu'est-ce qu'on voit comme tendance aujourd'hui qui permette de mettre en œuvre cette IT for Green dans les entreprises industrielles ?

  • Speaker #1

    Je pense que... Tu vois, ce qui doit vraiment changer, en fait, c'est que quelque part, là, on dit qu'on est en train d'utiliser l'IT pour faire de la performance environnementale. Ça fait des années qu'on utilise l'IT pour faire de la performance économique. D'accord ? Et comme je t'ai dit précédemment, pour moi, économie et environnementale, au milieu, il y a l'énergie et grosso modo, tout ça, c'est quand même très, très lié de ce point de vue-là. Donc, d'une certaine façon, ce n'est pas nouveau en soi. Et d'ailleurs, c'est rigolo parce que... Tu vois, depuis toujours, on voit l'IT comme étant un centre de coût. C'est-à-dire que quand on est dans le monde économique, grâce à l'IT, en fait, on a généré énormément de gains business, mais on regarde toujours l'industrie, dans l'industrie, l'IT comme un centre de coût. Et aujourd'hui, où on parle environnement, donc on parle IT for green, qui est ce qui va permettre de faire faire les gains au niveau des business, des usines d'une certaine façon. Et on parle de l'IT comme, encore une fois, être un centre d'impact, donc un centre de coût avec... de Green IT. En fermant cette parenthèse, ce que je veux dire, c'est que le changement, le pivot qu'on a là-dedans, à mon sens, sur l'avenir, pour être vraiment efficace dans l'IT for Green, dans l'usine en tout cas, il faut vraiment qu'on aille sur la chaîne de prod. Tu vois, ce que je veux dire, c'est que l'IT, par le passé, dans l'usine, elle a beaucoup été sur le KPI. Donc, elle a été beaucoup sur le pilotage plutôt financier du système.

  • Speaker #0

    Beaucoup sur l'ERP. Oui,

  • Speaker #1

    très, très, c'est ça, très ERP. Et en fait, si tu veux descendre dans l'impact... environnemental de ta chaîne de production, tu es obligé de descendre dans le process. Et ça, ça change un peu parce que... les informaticiens qui sont en train de traiter de la data sont plutôt des gens qui depuis longtemps sont des gens qui sont des centraux donc il y en a plein qui sont impliqués dans le process et qui le connaissent mais ils ne sont pas au pied de la ligne en train de regarder ce qui se passe et en train de comprendre et donc pour moi la tendance quand on va être dans l'IT for green c'est qu'il faut que les informaticiens aillent dans les métiers pour les comprendre, il va falloir rajouter du data scientist, rajouter de l'IT dans le métier Je peux te prendre un autre exemple. C'est un exemple qui... On sort un peu de l'industrie, mais c'est un exemple qui m'obsède un peu. J'ai changé ma chaudière cet été. Et en fait, ma chaudière, elle n'est pas connectée. Et en fait, ma chaudière, aujourd'hui, c'est un jour rouge, typiquement EDF. Et donc, quand c'est un jour rouge, ma chaudière est hybride. Je vais te passer un peu les détails. Mais en gros, quand c'est un jour rouge, pour que ce soit intéressant, ma chaudière, il faut que je la bascule en fuel. Pour ça, il faut que j'aille changer le prix du kilowatt. il faut que je le fasse manuellement En fait, je n'ai pas la possibilité de m'interfacer avec ma chaudière. En fait, le problème, le fond du truc, c'est que le gars qui a conçu cette chaudière-là, c'est sans doute le même que celui qui l'a conçue il y a 20 ans, alors un petit peu plus moderne en termes d'interface. Mais malgré tout, on n'a pas quelqu'un qui ait de la data, quelqu'un qui ait de l'expérience utilisateur et quelqu'un qui a cette idée de dire comment je peux concevoir mon produit pour qu'on puisse facilement l'utiliser. et moi je voudrais que ma chaudière, elle reçoive la météo. Moi, je voudrais que ma chaudière soit connectée avec la base de données des émissions de CO2 d'EDF et que le jour où EDF démarre des chaudières au fioul pour m'alimenter, me chauffer, à ce moment-là, il vaut mieux que j'utilise mon fioul local. Parce qu'on sait que l'EDF du fioul, il va falloir faire du fioul qui va être transformé en électricité, qui va être transporté avec de la perte, qui va arriver jusqu'à chez moi pour ensuite passer dans mes radiateurs. En fait, c'est beaucoup plus efficace si je produis localement cette chaleur-là. Donc ça, ça devrait être automatisé de bout en bout. Mais pour ça, pour que ça marche, il faut qu'on ait des gens qui aient une vision IT, qui aient une vision cloud, qui aient une vision connectée, tu vois, de ces process là. Donc je te dis ça pour ma maison, peut-être que d'autres personnes sont confrontées à ce genre de réflexion, mais c'est exactement la même chose dans l'usine. C'est si on veut que le process, il devienne intelligent, il faut qu'on mette des gens à côté du process qui le connaissent. Et donc pour moi, c'est ça l'avenir. C'est que les gens de l'IT, soit beaucoup plus impliquée dans le process et que dans les usines, on ait beaucoup plus de data scientiste, d'ingénieurs en informatique qui vont être là pour comprendre, alimenter des systèmes IT qui vont permettre l'optimisation. Et c'est ça, à mon sens, le gros changement qui va s'opérer. Alors,

  • Speaker #0

    c'est intéressant. Je dirais, c'est remettre, c'est mettre quelque part de la data, de la compétence autour de l'IT, de l'utilisation de cette data dans les usines. Nous, une question qu'on se pose, Merci. également comment est-ce qu'on fait monter en compétence les gens du procédé, les gens de la prod, les gens de la maintenance sur leur capacité à utiliser au quotidien la data, que ce soit on va dire par la formation complémentaire, mais également par la mise en place d'outils qui leur permettent de manipuler cette data et ces informations pour avoir les bons éléments pour eux optimiser leur manière de travailler au quotidien. Comment tu vois les choses entre Euh... mettre plus d'IT, plus d'expert data et de l'autre côté aussi faire monter en compétence ces gens du métier. Sachant que nous, on a un concept qui nous tient à cœur, c'est cette idée de démocratiser l'usage de la donnée dans l'organisation industrielle. C'est-à-dire que la même manière qu'il y a 30 ans est arrivée l'informatique, aujourd'hui, c'est impensable de ne pas avoir un ordinateur dans une organisation industrielle, même pour un opérateur. alors que si on revient 30 ans en arrière, c'était quelques privilégiés qui avaient ça. Et pour moi, il y a la même chose sur la data, c'est-à-dire que ça doit être un outil dans la boîte à outils de tout un chacun. Alors tout le monde avec son niveau d'expertise qui sera différent, mais c'est un outil pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Je pense qu'un point important, c'est la culture de la data. Ça, c'est un point commun qu'il faut amener. Maintenant, je ne pense pas que ton ingé process, ça devienne un data scientist, et je ne pense pas que ton data scientist, ça devienne un ingé process. Ce qui est important, c'est comment on va réussir à faire collaborer les deux ensemble. Et le fil conducteur entre les deux, c'est cette culture de la data. Et après, le lien entre les deux, c'est l'outillage. Clairement, l'outil qui est utilisé par le data scientist, ce n'est pas le même que l'outil qui est utilisé par l'ingé process. Par contre, ça doit passer de l'un à l'autre. S'il y a quelqu'un qui fait des simul et qui fait des modèles sur un outil, qui là pour le coup est plutôt le data scientist, de tout ça, ça doit s'intégrer dans l'outil plus opérationnel de l'ingé process qui lui doit pouvoir tirer les bénéfices de ça et ensemble il faut qu'ils puissent discuter. Et donc ça c'est vraiment le rôle de l'IT, globalement l'IT est un outil. C'est un outil, ça prend des décisions maintenant on a l'IA qui arrive, un outil qui réfléchit, mais ça reste un outil qui permet de simplifier, d'accélérer la communication entre les personnes, de comprendre des choses qui sont difficiles, c'est un outil. Et un des éléments qui est important de cet outil, c'est la communication entre les métiers.

  • Speaker #0

    c'est vraiment comme ça que je vois et peut-être est-ce que c'est ce que tu dis par là c'est aussi ce qu'on a vécu tu parlais de la finance, tu faisais le parallèle avec les finances tout à l'heure quelque part l'ERP c'est l'outil qui sous-tend beaucoup d'activités dans une organisation industrielle je veux dire le magasin de pièces détachées géré par la maintenance il est dans l'ERP la logistique est gérée par l'ERP etc beaucoup de choses sont gérées dans l'ERP est-ce que quelque part ça veut pas dire qu'on va voir apparaître Ces plateformes qui vont couvrir un peu l'ensemble des usages de la data dans l'industrie pour être au service de cette performance et de permettre cette IT for Green.

  • Speaker #1

    Clairement, le parallèle qu'on fait avec l'ERP, il est exactement ça. L'ERP, ça permet d'aligner tous les gens sur des process qui soient dans la supply, qui soient dans la finance, qui soient dans le commerce, et ainsi de suite. C'est exactement la même chose dans l'usine. il y a alors le L'ERP, c'est un peu différent parce que là, quand on est dans l'optimisation, on parle pas mal de calcul, plus que de process en soi, même s'il y a quand même cette finalité de monitorer le process de fabrication. Le terme d'ERP serait, à mon sens, pas très adapté, mais on va parler de plateforme. Et je pense qu'en effet, dans l'usine, on a cette notion de plateforme qui se met en place et qui permet la communication entre l'ensemble des métiers, que ce soit la maintenance, on va parler par exemple de maintenance prédictive, que ce soit toute la gestion du planning qui est associée à la maintenance, voilà, le planning de production. et que ce soit le suivi de ta production en temps réel pour arriver à faire tes optimisations qui vont être contextualisées et qui vont alimenter ton ingé process par ailleurs. Et tout ça, en fait, à mon sens, c'est lié. Aujourd'hui, c'est quand même pas mal siloté dans des métiers différents avec des outils différents. Et demain, moi, je pense qu'en effet, il y a une vision qui est beaucoup plus globale, un peu comme le RP dans les systèmes centraux, qui est à l'intérieur de l'usine et qui permet d'adresser un peu tous ces métiers. Je suis assez convaincu de ça. La question que je me pose, c'est est-ce que l'ERP va s'étendre jusque-là ? Pourquoi pas ? Maintenant, je pense que c'est des métiers qui sont assez différents et que ce qu'on a vu dans l'ERP, c'est que c'est bien pour des choses généralistes, c'est-à-dire pour des choses qui sont définies par des normes. Tu vois, la finance, c'est impeccable. Il y a des normes mondiales sur la finance, sur la façon de faire la compta. Donc, globalement, ça ne sert à rien de réinventer la roue. Quand on est dans la production industrielle, chaque ligne de prod, elle a un peu ses spécificités. Chaque usine, chaque fabricant travaille différemment et c'est ce qui fait qu'il est performant sur le marché. Et donc, je ne pense pas qu'on puisse avoir un peu cet outil générique. Donc, comme le RP, on est sur des plateformes qui sont assez hautement customisables parce qu'il faut qu'elles s'adaptent aux environnements. Mais aussi, il y a finalement beaucoup de valeur à créer des choses par soi-même. Alors que le RP, je peux l'acheter et le déployer out of the box. J'adapte toujours un peu mes process. Il y a plein de choses qui sont prêtes à l'emploi. Le côté informatique industriel, on a des outils de base pour visualiser la donnée, par exemple pour stocker la donnée. Mais le processing de la donnée, la façon dont on va la traiter, ça, je suis convaincu qu'il y a énormément de custom. Parce qu'à un moment donné, on doit modéliser ce qui est spécifique à l'usine, à la ligne de production et qui est à chaque fois différent.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a... pas mal fait le tour de ce sujet du Green IT et de l'IT for Green. Qu'est-ce que tu aurais comme mot de conclusion pour ceux qui souhaitent avancer sur ces deux démarches ?

  • Speaker #1

    Si j'ai un petit mot pour conclure, et je vais partir sur un truc qui est un petit peu plus philosophique, je pense qu'aujourd'hui, si on parle beaucoup plus de Green IT que d'IT for Green, c'est aussi un message que nous passe la société. Le message que nous passe la société, à mon sens, c'est que depuis 20 ans, l'IT a un impact dans nos vies qui est considérable. On l'utilise tous tous les jours, ok, mais ça devient un peu pesant. On est de plus en plus nombreux à ne pas réussir à suivre toutes les évolutions. Là, on en prend encore une autre, c'est l'IA. Ça a chamboulé nos métiers, chamboulé nos vies. Et par la force des choses, pour certains d'entre nous, Ça crée une forme de rejet. Et une des traductions de cette forme de rejet, c'est de mettre en exergue l'impact environnemental de l'IT. Pourquoi je dis ça ? C'est parce que dans toute transformation, et entre autres dans une transformation d'IT for Green, on va changer les process, on va changer le quotidien des gens, on va changer leur métier. L'opérateur qui est sur une ligne de prod, son métier a évolué en 20 ans, mais il a évolué un petit peu doucement. C'est devenu un expert de sa machine, sa machine est plus automatisée, mais ça s'est fait étape par étape. Si demain, cet opérateur-là, le système vient lui dire comment faire son métier, ça va énormément l'aider.

  • Speaker #0

    Comme l'IA nous aide, nous développeurs, à écrire du code et nous apprend plein de choses. Mais c'est un changement important. Et ce que je veux dire par là, c'est que faire du Green IT et de l'IT for Green en particulier, ce n'est pas uniquement déployer des outils. C'est vraiment un processus d'accompagnement des équipes. C'est un processus de transformation des métiers. Et donc, ça nécessite à la fois une expertise, ça nécessite un accompagnement et ça nécessite de vraiment prendre ça en compte. Si on veut que ça marche, il faut accompagner les équipes. C'est ça mon message important. L'IT4Green a un impact et un potentiel gigantesque à condition de bien l'accompagner avec les moyens et surtout avec la prise en compte des changements des métiers qu'on va avoir derrière.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Paul, en particulier par cette conclusion qui remet bien l'homme au milieu du sujet. Je pense qu'on oublie de temps en temps dans les organisations mais effectivement, si on veut réussir ce genre de transformation, il faut il faut accompagner et compter sur les femmes et les hommes qui sont dans l'entreprise je te remercie en tout cas pour cet échange très enrichissant, au plaisir

  • Speaker #0

    Merci à toi Mathieu

Description

Dans cet épisode, Paul Pinault, CEO de DM91.tech, nous emmène au cœur du débat Green IT vs IT for Green. Faut-il réduire l’impact du numérique ou utiliser l’IT pour décarboner l’industrie ? À travers exemples concrets, ordres de grandeur et vision terrain, il montre comment le digital devient un véritable levier écologique à condition d’accompagner les femmes et les hommes qui en feront la réussite.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Paul, merci d'être avec nous pour Voice of Industries. Aujourd'hui, on va parler de Green IT versus IT for Greens. Mais avant de commencer la discussion, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Bonjour Mathieu, merci de me recevoir sur ton podcast. Écoute me présenter, moi je m'appelle Paul, Paul Pinot, je bosse depuis à peu près... J'ai 25 ans maintenant, j'ai passé pas mal d'années dans des grosses industries, j'ai toujours été dans le secteur de l'IT, c'est mon métier, je suis ingénieur de formation, du coup j'espère que je ne vais pas trop faire de charabia ou trop de termes techniques, donc n'hésite pas si jamais tu trouves que je pars un peu dans la technique à me ralentir. Je suis un gars qui vient de la tech, je suis un passionné par la tech, je pense que c'est un truc qui est assez important, comme je disais, je travaille dans l'industrie, dans les systèmes d'information, en général pour un grand groupe qui fait des pneus en France. Et puis, c'est un groupe que j'ai quitté il y a maintenant 5-6 ans pour me consacrer plus à quelque chose qui me passionne, qui est l'Internet des objets. Et puis, sa déclinaison qui est l'Internet des objets industriels aussi, dont je pense qu'on aura l'occasion de parler. Pour un peu adresser ton sujet, moi, je suis arrivé à l'informatique par le code et par l'optimisation du code quand j'étais tout gamin, à une époque où les machines étaient hyper contraintes et où il fallait toujours optimiser, optimiser ce qu'on fait. et puis l'informatique a évolué aujourd'hui on se fait un petit peu plus plaisir quand on écrit du code on consomme plus de ressources le domaine aussi a beaucoup évolué et donc aujourd'hui on parle beaucoup de Green IT mais finalement cette passion pour le code et l'optimisation ça m'amène à beaucoup réfléchir à aussi un autre volet de l'IT qui est l'IT for Green je pense qu'on va démystifier un petit peu tout ça par la suite mais si je dois me résumer en termes de présentation c'est un, un passionné et puis deux, un tech

  • Speaker #0

    C'est une bonne introduction. Clairement, il y a longtemps qu'on ne fait plus de l'optimisation d'assembleur. Je crois qu'on est passé à peu près par la même école. Et effectivement, ça a pas mal d'impact sur la consommation de ressources. Et pour commencer, on parle de Green IT. Qu'est-ce que c'est ? Et puis après, on regardera un peu plus ce que c'est que IT for Green, qui est peut-être un concept un peu moins connu de notre public.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors malheureusement, c'est un peu moins connu. Donc il faut qu'on en parle. C'est vraiment le sujet dont il faut qu'on discute. Le Green IT, c'est un peu ce que tout le monde connaît. Je vais bêtement le schématiser comme on l'entend dans les médias, c'est supprimer ses mails ou éteindre son point d'accès Wi-Fi la nuit. D'une certaine façon, c'est dit autrement l'idée d'éviter de surconsommer de l'informatique, du numérique en général, dans le but de limiter la consommation d'énergie et de réduire l'impact. Les deux exemples que j'ai cités, c'est des exemples qui me font hurler en fait. parce que c'est l'exemple qui illustre ce qui ne sert à rien. Mais par contre, derrière le Green IT, il y a des choses qui sont quand même super importantes. Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que l'IT, à peu près 50% de son impact, il est à la fabrication. Donc, si on regarde ça dans les entreprises, le Green IT, déjà, une des premières choses qui se met en place souvent, c'est de rallonger la vie des PC, rallonger la vie des téléphones, rallonger la vie des serveurs. Parce que si on rajoute un an à un PC, globalement, on élimine 25% de son impact. de fabrication qui représente 50%. On gagne à peu près 12% d'impact sur le parc informatique, ce qui est absolument considérable et intéressant. Donc, le Green IT, je le définirais comme un peu l'ensemble de bonnes pratiques ou de choses à faire qui fait que globalement, l'impact environnemental de l'IT va être réduit. Alors, impact environnemental, c'est consommation d'énergie, c'est impact CO2, mais c'est aussi consommation de matières premières et ainsi de suite.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça ne veut pas dire d'ailleurs que si on fait le parallèle avec l'industrie, je dirais la version industrielle de l'IT, c'est les data centers, des gros opérateurs cloud, etc. En fait, ces gens-là ont également des démarches de performance sur ces data centers en mettant des processeurs plus économes en énergie avec des ratios puissance-énergie plus intéressants, en optimisant les systèmes de refroidissement, en mettant de l'énergie décarbonée pour alimenter tout ça. Et quelque part, tu parlais tout à l'heure de la box Wi-Fi qu'on doit éteindre ou des mails sur lesquels on fait le tri, mais derrière la scène, il y a quand même un vrai sujet industriel pour les opérateurs d'infrastructures IT qui est de réduire tout cet impact environnemental parce qu'au final, pour eux, ce sont des coûts quelque part.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Ça, c'est un point qui est important chaque fois qu'une entreprise va faire une démarche de Green IT ou d'IT for Green. À chaque fois qu'on a une démarche comme ça, il y a un volet environnemental, mais il y a aussi un volet économique. En fait, les deux sont complètement liés. Je te disais, si on garde les ordinateurs un an de plus dans les entreprises, on va réduire l'impact environnemental à la fabrication, mais aussi on va réduire l'investissement qu'on va faire dans les équipements. Donc il y a toujours ce volet-là. Moi, j'ai tendance à avoir une vue simpliste, mais qui marche bien, qui est que finalement, l'argent, ça sert avant tout à acheter l'énergie. Si on regarde le truc, in fine, à chaque fois qu'on dépense de l'argent, à un moment ou à un autre, ça finit par revenir à acheter de l'énergie. Et donc l'impact de cet argent va être lié un peu au mix énergétique qu'on a et derrière à l'émission de CO2 par kilowatt qu'on va retrouver. Globalement, c'est l'idée. Mais la réciproque est vraie. C'est-à-dire qu'à chaque fois que je réduis ma consommation d'énergie, donc je réduis le CO2 que j'ai émis et donc je réduis l'énergie qui est consommée, par conséquent, j'ai économisé de l'argent. Et c'est souvent ce qu'on voit d'ailleurs, mais ça c'est plutôt le côté IT for Green qu'on abordera tout à l'heure. La conséquence de ça, c'est qu'à partir du moment où on adopte des technologies numériques, quelque part on le fait parce qu'on fait des économies. C'est plus rapide, c'est plus simple, ça coûte moins cher. Et la conséquence qu'on a derrière, c'est que ces technologies-là, en fait, elles vont avoir un impact environnemental qui va globalement être moindre par rapport au système existant. C'est-à-dire qu'elles rajoutent de l'impact environnemental sur l'IT, c'est ce qu'on essaye de réduire avec le Green IT. mais elles réduisent un impact environnemental sur une façon de faire qui est préexistée avant cette nouvelle solution technologique.

  • Speaker #0

    Donc, on vient de mettre les pieds dans l'IT for Green,

  • Speaker #1

    si tu comprends bien.

  • Speaker #0

    Peut-être avant d'avancer, tu parlais un peu de choses qui te faisaient hurler sur le Green IT. Est-ce que tu as un peu des ordres de grandeur à nous donner ? Tu as pris l'exemple du remplacement de matériel, mais des ordres de grandeur pour nous dire où sont les enjeux dans le Green IT aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pourquoi je te dis que ça me fait un peu hurler ? Je suis convaincu qu'il faut tous qu'on fasse des efforts gigantesques pour sauver notre planète et pour sauver le climat. C'est quelque chose qui me tient depuis longtemps et je sais que ça ne va pas se faire sans effort. Chaque progrès qu'on va vouloir faire dans la réduction, C'est parce qu'individuellement, collectivement, on va faire un effort par rapport à ce qu'on ferait naturellement qui est plus consommateur d'énergie. Et donc, ce que j'essaie de voir, c'est tant qu'à faire un effort, je veux qu'il soit efficace. Alors, si je te prends l'exemple du mail, pour venir à ce que tu dis, c'est de se dire, on me dit, il faudrait que je supprime tous mes mails dans ma boîte aux lettres. Alors, ça, c'est un peu déjà méconnaître le fonctionnement des mailbox. Parce que penser qu'en supprimant les mails, on va vraiment économiser des ressources, c'est loin d'être aussi direct que ça. Mais ça veut dire que trier ma mailbox, c'est passer peut-être des heures dans mon ordinateur à aller sélectionner des mails, les supprimer, les ranger, ainsi de suite, pour faire mon tri. Donc c'est un effort important. Et donc j'essaye de regarder cet effort par rapport à un autre effort. Et l'effort que j'aime bien, parce qu'il est facile à représenter, c'est la distance qu'on pourrait ne pas parcourir en voiture. C'est-à-dire en gros, est-ce que je supprime des mails ou est-ce que je vais acheter le pain à pied ? au lieu de prendre ma voiture. Qu'est-ce que ça représente en termes d'effort ? Et alors, l'email, si on regarde l'effort que ça représente, ne pas s'envoyer d'email, donc là, je ne parle même pas de les supprimer, ce serait carrément ne pas les émettre, ça représente un effort en voiture de 32 cm par jour. Donc, quand je parle de ça, souvent, j'ai tendance à finir sur cette blague-là, qui est de dire, j'ai décidé d'annuler mon empreinte carbone mail, maintenant, quand je me gare chez moi, je me gare un petit peu plus loin de mon rosier, d'à peu près un mètre. Ce qui fait qu'à chaque fois que je me gare, en réalité, je gagne trois jours d'impact environnemental d'email. Et j'invite en général les gens à se poser la question à chaque fois qu'ils ratent un créneau du nombre de jours de mail qui viennent de gaspiller en faisant cette opération-là. Et ça, c'est pour illustrer cette notion d'effort. En fait, il y a des efforts qui ne coûtent pratiquement rien, qui sont en effet d'aller chercher le pain à pied. Et en fait, aller chercher le pain à pied, c'est le même effort que ne pas s'envoyer d'email pendant un an. De quoi j'ai envie de me priver aujourd'hui ? Est-ce que j'ai envie de me priver de ne pas envoyer de mail ? et donc quelque part aujourd'hui me couper du monde ? Ou alors, est-ce que j'ai envie de faire ce petit effort qui consiste à aller chercher le pain à pied au lieu de prendre sa voiture ? Et je pense que l'idée, c'est de dire que se déplacer à vélo, se déplacer à pied, ce genre de choses-là, en fait, ça, c'est vraiment des actes qui vont avoir un impact environnemental qui sont intéressants, qui sont grands, même si c'est des gouttes d'eau dans l'océan, à une finie, mais c'est quand même des impacts qui sont importants et plus importants que ceux sur lesquels on met énormément de focus, qui sont... le mail ou le wifi la nuit, qui est quelque chose qui n'a aucun intérêt en soi. C'est important, je pense, de réfléchir. Et c'est pareil pour les entreprises. C'est de se dire, quand on va aller sur une stratégie, je ne sais pas, je veux dire, par exemple, on ne passe plus le PC, on ne le garde plus de 4 ans, mais on le garde 10 ans. Ça a un impact économique, ça a un impact environnemental. Par contre, au bout de 5 ans, ça risque de demander un sacré effort aux gens. Parce que... Ils vont démarrer le PC le matin, ça va se mettre à aller vraiment très lentement et ils vont avoir le temps d'aller dire un peu bonjour à tout le monde sur le plateau. Et puis à chaque fois qu'ils vont faire quelque chose, ils vont perdre du temps. C'est un effort gigantesque. Donc est-ce que cet effort-là vaut le coup ? Et est-ce qu'il n'y a pas un meilleur effort à faire ailleurs que celui-là ? C'est cette réflexion-là qui est importante à avoir.

  • Speaker #0

    Et ce qui amène, je pense, au sujet de l'IT for Green et de quelque part cette ressource. qu'on va mobiliser au travers des outils informatiques qui vont avoir une empreinte environnementale, à quoi on les utilise, qu'est-ce qu'on va faire avec ? Je vais te laisser poursuivre et nous en dire un peu plus sur l'IT for Green, quelque part, et en particulier son application dans les entreprises et plus particulièrement dans l'industrie.

  • Speaker #1

    Complètement. L'IT for Green, je vais le traduire de cette façon-là. On a parlé tout de suite du Green IT et quelque part, l'IT en termes d'impact environnemental... Il y a plein de débats sur les chiffres et de ce que ça représente aujourd'hui, ce que ça représentera demain, mais on va dire qu'on est aujourd'hui entre 2 et 4% d'impact environnemental et que demain, on se dit qu'on est entre 8 et 10% d'impact environnemental d'après les projections qu'on peut avoir. On va prendre ces chiffres, mais à la limite, je dirais que peu importe. Le Green IT, c'est faire en sorte qu'on réduise au maximum ces 2 à 4% ou ces futurs 8 à 10%. Et donc, je vais dire que si mon effort m'a conduit à réduire de 50% Tout ça, ce qui serait gigantesque, ce qui n'est pas forcément possible. Mais si j'arrivais à faire ça, ça voudrait dire que sur la globalité de l'impact environnemental, j'ai gagné 50% de, mettons, 4%, donc j'ai économisé 2%. Ça, c'est le Green IT. Maintenant, l'IT for Green, c'est dire comment j'utilise la technologie, comment j'utilise l'IT pour aller verdir, pour aller décarboniser les autres domaines. C'est-à-dire, en fait, les 96% qu'on a aujourd'hui. Et donc là, c'est intéressant parce que si, avec mon IT, je fais ne serait-ce que gagner que 10% sur l'ensemble du reste, on a gagné 10% globalement. C'est-à-dire, on a gagné 5 fois plus que ce qu'on aurait gagné dans l'été. C'est là où cette question d'effort auquel je faisais référence, elle est importante. Je peux mettre un effort considérable pour faire du Green IT et de toute façon, il faut mettre de l'effort dessus. Mais si je prends cet effort-là et que je le place dans l'IT for Green, en fait, j'ai un effet levier qui est beaucoup plus important parce que je m'intéresse à plus haut. Quand je te parlais tout à l'heure de ma démarche d'optimisation quand j'étais gamin, moi, je faisais des moteurs 3D, par exemple, codés en C, un peu en assembleur et ainsi de suite. Et typiquement, tu vois, tu n'écris pas un moteur 3D 100% en assembleur. C'est-à-dire trop de code, les trucs sont compliqués. Puis en plus, le compilo, il se débrouille plutôt bien. Par contre... Tu recherches dans ton code en C, quelles sont les 4-5 fonctions que tu appelles tout le temps et qui ne sont pas efficaces en C. Et ces 4-5 fonctions-là, tu places l'effort pour aller les optimiser. Et en faisant ça, ton impact est de 80% grosso modo sur ton code. Je vais prendre un exemple. Tu affichais 10 images par seconde avec ton code avant, tu modifies 10 lignes au bon endroit. Et d'un seul coup, tu passes à 50, 60 frames par seconde. Et donc, tu as quelque chose qui devient complètement fluide. Et en fait, c'est un peu cette idée-là. C'est utiliser l'IT pour aller faire de l'optimisation au bon endroit, là où on a la plus grosse consommation. Si je te prends le monde industriel, clairement, l'impact environnemental de l'IT dans le monde industriel, ce n'est pas là où on a la plus grosse consommation. Je me rappelle d'une discussion avec un directeur industriel d'une entreprise que j'avais rencontrée. dans le cadre de discussions sur l'IoT, et qui avait mis des poteaux photovoltaïques sur son parking. Je lui ai dit que c'était pas mal, ces panneaux, ça couvre un peu un bout de l'usine, le data center, et je lui ai posé la question de façon un peu bête. Il m'a dit que ces panneaux solaires couvrent à peu près la moitié du data center, potentiellement, et encore quand on est sur le pic. Même bien à côté de l'usine. Mais quand on démarre une machine, on est à 0,2% de ce qu'on peut amener. On n'a même pas pensé. Il y a des effets d'échelle comme ça qui sont gigantesques. Je te prends l'exemple d'un industriel avec lequel j'avais discuté à un moment. Et cet industriel me dit « Tu te rends compte ? Mon IT représente l'équivalent d'une usine. » Il se trouve que cet industriel des usines a à peu près 100. Ce qui, globalement, veut dire que son IT ... ça représente 1% de son impact environnemental. Alors, une usine, c'est beaucoup et il faut le prendre en considération. On peut faire des économies là-dessus, c'est bien. Maintenant, ça veut dire autre chose. Ça veut dire que, puisque dans la moyenne mondiale, on est sur un impact IT qui devrait être de 2 à 4%, c'est-à-dire que soit cette entreprise sous-utilise son IT par rapport à la moyenne, soit que ces usines surconsomment, surémettent par rapport à la moyenne. Et on est plutôt en général dans cette situation-là. Le Green IT. C'est donc de gratter quelque chose sur ces 1% de consommation. L'IT for Green, c'est de se dire, si j'utilise mon IT pour aller faire des optimisations dans mes usines, et les optimisations dans les usines, on sait qu'on peut en faire des tonnes. On a par exemple tout ce qui est défaut qualité à la production, ça c'est du gaspillage. On a tout un tas de machines qui sont allumées alors qu'elles ne tournent pas, ça c'est des questions d'habitude, de manque d'automatisation et ainsi de suite. On a de la perte de matière de façon régulière et ainsi de suite. Donc tout ça, on peut le mettre sous contrôle. et annuler la taille de l'IT, ça veut dire faire 1% de gain sur ces usines. C'est-à-dire que cet industriel qui a 100 usines, s'il arrive à faire sa même production sur 99 grâce à de l'IT, 1% de gain, il peut couvrir complètement son impact environnemental de son IT. Or, très honnêtement, les usines peuvent facilement, grâce à l'IT, avoir des gains qui sont de 5 à 10% sur tous ces aspects-là. Et donc, ça veut dire qu'on peut couvrir 10 fois son IT grâce à l'IT. Et ce n'est pas en rajoutant 10 fois plus d'IT. Dans ce domaine-là, on sait que globalement, on va rajouter à ce qu'on a aujourd'hui 10% d'IT supplémentaire pour arriver à gagner 1% sur la production de l'usine. Donc, on a un ratio qui est de l'ordre d'à peu près 10 à 100. C'est-à-dire que j'investis un gramme de CO2 dans mon IT, je vais économiser. quelque chose comme 10 à 100 grammes de CO2 dans mon industrie. Donc c'est vraiment ça l'IT for Green, c'est cette capacité de l'IT à avoir un impact positif considérable sur les autres domaines. Et n'oublions pas, les grands domaines, de façon générale, c'est 30% de l'impact, ça vient du bâtiment, 30% de l'impact, ça vient de tout ce qui est mobilité. Donc là, on a déjà deux gros leviers sur lesquels l'IT peut avoir un impact considérable. sur les chauffages par exemple pour tout ce qui est bâtimentaire et pour ce qui est l'optimisation des transports, pour tout ce qui est déplacement.

  • Speaker #0

    Ce que tu disais sur les ordres de grandeur, moi je suis aussi passé par l'industrie à des postes opérationnels et un des sites sur lequel je suis passé, on a avec de la data et aussi de l'intelligence d'experts du métier, on a réussi à réduire de plus d'un tiers la consommation d'énergie sur le site par tonne de produits, donc vraiment la consommation pour produire une unité de valeur en l'espace de cinq ans. Donc, c'est vraiment des gains très importants. Si on calcule, c'était, je dirais, les gains environnementaux, c'est l'ordre de plusieurs centaines de milliers de tonnes de CO2 à la fin de l'année. Donc, il y a des vrais enjeux. Et finalement, la consommation d'énergie des systèmes qu'on avait, c'était quoi ? Potentiellement, un serveur en plus dans le data center d'usine. Et ça reste très, très raisonnable. Et c'est clair que ce ratio-là, entre la part de la consommation de l'IT et des autres aspects, et en particulier du cœur de métier, dont l'industrie est... carrément à l'avantage de faire de l'IT for Green parce qu'il y a un vrai levier important. Est-ce que, tu nous as déjà parlé de quelques exemples industriels sur les différents leviers qui peuvent être utilisés sur la performance matière, la qualité, etc. C'est quoi un peu ta vision plutôt du futur ? Qu'est-ce qu'on voit comme tendance aujourd'hui qui permette de mettre en œuvre cette IT for Green dans les entreprises industrielles ?

  • Speaker #1

    Je pense que... Tu vois, ce qui doit vraiment changer, en fait, c'est que quelque part, là, on dit qu'on est en train d'utiliser l'IT pour faire de la performance environnementale. Ça fait des années qu'on utilise l'IT pour faire de la performance économique. D'accord ? Et comme je t'ai dit précédemment, pour moi, économie et environnementale, au milieu, il y a l'énergie et grosso modo, tout ça, c'est quand même très, très lié de ce point de vue-là. Donc, d'une certaine façon, ce n'est pas nouveau en soi. Et d'ailleurs, c'est rigolo parce que... Tu vois, depuis toujours, on voit l'IT comme étant un centre de coût. C'est-à-dire que quand on est dans le monde économique, grâce à l'IT, en fait, on a généré énormément de gains business, mais on regarde toujours l'industrie, dans l'industrie, l'IT comme un centre de coût. Et aujourd'hui, où on parle environnement, donc on parle IT for green, qui est ce qui va permettre de faire faire les gains au niveau des business, des usines d'une certaine façon. Et on parle de l'IT comme, encore une fois, être un centre d'impact, donc un centre de coût avec... de Green IT. En fermant cette parenthèse, ce que je veux dire, c'est que le changement, le pivot qu'on a là-dedans, à mon sens, sur l'avenir, pour être vraiment efficace dans l'IT for Green, dans l'usine en tout cas, il faut vraiment qu'on aille sur la chaîne de prod. Tu vois, ce que je veux dire, c'est que l'IT, par le passé, dans l'usine, elle a beaucoup été sur le KPI. Donc, elle a été beaucoup sur le pilotage plutôt financier du système.

  • Speaker #0

    Beaucoup sur l'ERP. Oui,

  • Speaker #1

    très, très, c'est ça, très ERP. Et en fait, si tu veux descendre dans l'impact... environnemental de ta chaîne de production, tu es obligé de descendre dans le process. Et ça, ça change un peu parce que... les informaticiens qui sont en train de traiter de la data sont plutôt des gens qui depuis longtemps sont des gens qui sont des centraux donc il y en a plein qui sont impliqués dans le process et qui le connaissent mais ils ne sont pas au pied de la ligne en train de regarder ce qui se passe et en train de comprendre et donc pour moi la tendance quand on va être dans l'IT for green c'est qu'il faut que les informaticiens aillent dans les métiers pour les comprendre, il va falloir rajouter du data scientist, rajouter de l'IT dans le métier Je peux te prendre un autre exemple. C'est un exemple qui... On sort un peu de l'industrie, mais c'est un exemple qui m'obsède un peu. J'ai changé ma chaudière cet été. Et en fait, ma chaudière, elle n'est pas connectée. Et en fait, ma chaudière, aujourd'hui, c'est un jour rouge, typiquement EDF. Et donc, quand c'est un jour rouge, ma chaudière est hybride. Je vais te passer un peu les détails. Mais en gros, quand c'est un jour rouge, pour que ce soit intéressant, ma chaudière, il faut que je la bascule en fuel. Pour ça, il faut que j'aille changer le prix du kilowatt. il faut que je le fasse manuellement En fait, je n'ai pas la possibilité de m'interfacer avec ma chaudière. En fait, le problème, le fond du truc, c'est que le gars qui a conçu cette chaudière-là, c'est sans doute le même que celui qui l'a conçue il y a 20 ans, alors un petit peu plus moderne en termes d'interface. Mais malgré tout, on n'a pas quelqu'un qui ait de la data, quelqu'un qui ait de l'expérience utilisateur et quelqu'un qui a cette idée de dire comment je peux concevoir mon produit pour qu'on puisse facilement l'utiliser. et moi je voudrais que ma chaudière, elle reçoive la météo. Moi, je voudrais que ma chaudière soit connectée avec la base de données des émissions de CO2 d'EDF et que le jour où EDF démarre des chaudières au fioul pour m'alimenter, me chauffer, à ce moment-là, il vaut mieux que j'utilise mon fioul local. Parce qu'on sait que l'EDF du fioul, il va falloir faire du fioul qui va être transformé en électricité, qui va être transporté avec de la perte, qui va arriver jusqu'à chez moi pour ensuite passer dans mes radiateurs. En fait, c'est beaucoup plus efficace si je produis localement cette chaleur-là. Donc ça, ça devrait être automatisé de bout en bout. Mais pour ça, pour que ça marche, il faut qu'on ait des gens qui aient une vision IT, qui aient une vision cloud, qui aient une vision connectée, tu vois, de ces process là. Donc je te dis ça pour ma maison, peut-être que d'autres personnes sont confrontées à ce genre de réflexion, mais c'est exactement la même chose dans l'usine. C'est si on veut que le process, il devienne intelligent, il faut qu'on mette des gens à côté du process qui le connaissent. Et donc pour moi, c'est ça l'avenir. C'est que les gens de l'IT, soit beaucoup plus impliquée dans le process et que dans les usines, on ait beaucoup plus de data scientiste, d'ingénieurs en informatique qui vont être là pour comprendre, alimenter des systèmes IT qui vont permettre l'optimisation. Et c'est ça, à mon sens, le gros changement qui va s'opérer. Alors,

  • Speaker #0

    c'est intéressant. Je dirais, c'est remettre, c'est mettre quelque part de la data, de la compétence autour de l'IT, de l'utilisation de cette data dans les usines. Nous, une question qu'on se pose, Merci. également comment est-ce qu'on fait monter en compétence les gens du procédé, les gens de la prod, les gens de la maintenance sur leur capacité à utiliser au quotidien la data, que ce soit on va dire par la formation complémentaire, mais également par la mise en place d'outils qui leur permettent de manipuler cette data et ces informations pour avoir les bons éléments pour eux optimiser leur manière de travailler au quotidien. Comment tu vois les choses entre Euh... mettre plus d'IT, plus d'expert data et de l'autre côté aussi faire monter en compétence ces gens du métier. Sachant que nous, on a un concept qui nous tient à cœur, c'est cette idée de démocratiser l'usage de la donnée dans l'organisation industrielle. C'est-à-dire que la même manière qu'il y a 30 ans est arrivée l'informatique, aujourd'hui, c'est impensable de ne pas avoir un ordinateur dans une organisation industrielle, même pour un opérateur. alors que si on revient 30 ans en arrière, c'était quelques privilégiés qui avaient ça. Et pour moi, il y a la même chose sur la data, c'est-à-dire que ça doit être un outil dans la boîte à outils de tout un chacun. Alors tout le monde avec son niveau d'expertise qui sera différent, mais c'est un outil pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Je pense qu'un point important, c'est la culture de la data. Ça, c'est un point commun qu'il faut amener. Maintenant, je ne pense pas que ton ingé process, ça devienne un data scientist, et je ne pense pas que ton data scientist, ça devienne un ingé process. Ce qui est important, c'est comment on va réussir à faire collaborer les deux ensemble. Et le fil conducteur entre les deux, c'est cette culture de la data. Et après, le lien entre les deux, c'est l'outillage. Clairement, l'outil qui est utilisé par le data scientist, ce n'est pas le même que l'outil qui est utilisé par l'ingé process. Par contre, ça doit passer de l'un à l'autre. S'il y a quelqu'un qui fait des simul et qui fait des modèles sur un outil, qui là pour le coup est plutôt le data scientist, de tout ça, ça doit s'intégrer dans l'outil plus opérationnel de l'ingé process qui lui doit pouvoir tirer les bénéfices de ça et ensemble il faut qu'ils puissent discuter. Et donc ça c'est vraiment le rôle de l'IT, globalement l'IT est un outil. C'est un outil, ça prend des décisions maintenant on a l'IA qui arrive, un outil qui réfléchit, mais ça reste un outil qui permet de simplifier, d'accélérer la communication entre les personnes, de comprendre des choses qui sont difficiles, c'est un outil. Et un des éléments qui est important de cet outil, c'est la communication entre les métiers.

  • Speaker #0

    c'est vraiment comme ça que je vois et peut-être est-ce que c'est ce que tu dis par là c'est aussi ce qu'on a vécu tu parlais de la finance, tu faisais le parallèle avec les finances tout à l'heure quelque part l'ERP c'est l'outil qui sous-tend beaucoup d'activités dans une organisation industrielle je veux dire le magasin de pièces détachées géré par la maintenance il est dans l'ERP la logistique est gérée par l'ERP etc beaucoup de choses sont gérées dans l'ERP est-ce que quelque part ça veut pas dire qu'on va voir apparaître Ces plateformes qui vont couvrir un peu l'ensemble des usages de la data dans l'industrie pour être au service de cette performance et de permettre cette IT for Green.

  • Speaker #1

    Clairement, le parallèle qu'on fait avec l'ERP, il est exactement ça. L'ERP, ça permet d'aligner tous les gens sur des process qui soient dans la supply, qui soient dans la finance, qui soient dans le commerce, et ainsi de suite. C'est exactement la même chose dans l'usine. il y a alors le L'ERP, c'est un peu différent parce que là, quand on est dans l'optimisation, on parle pas mal de calcul, plus que de process en soi, même s'il y a quand même cette finalité de monitorer le process de fabrication. Le terme d'ERP serait, à mon sens, pas très adapté, mais on va parler de plateforme. Et je pense qu'en effet, dans l'usine, on a cette notion de plateforme qui se met en place et qui permet la communication entre l'ensemble des métiers, que ce soit la maintenance, on va parler par exemple de maintenance prédictive, que ce soit toute la gestion du planning qui est associée à la maintenance, voilà, le planning de production. et que ce soit le suivi de ta production en temps réel pour arriver à faire tes optimisations qui vont être contextualisées et qui vont alimenter ton ingé process par ailleurs. Et tout ça, en fait, à mon sens, c'est lié. Aujourd'hui, c'est quand même pas mal siloté dans des métiers différents avec des outils différents. Et demain, moi, je pense qu'en effet, il y a une vision qui est beaucoup plus globale, un peu comme le RP dans les systèmes centraux, qui est à l'intérieur de l'usine et qui permet d'adresser un peu tous ces métiers. Je suis assez convaincu de ça. La question que je me pose, c'est est-ce que l'ERP va s'étendre jusque-là ? Pourquoi pas ? Maintenant, je pense que c'est des métiers qui sont assez différents et que ce qu'on a vu dans l'ERP, c'est que c'est bien pour des choses généralistes, c'est-à-dire pour des choses qui sont définies par des normes. Tu vois, la finance, c'est impeccable. Il y a des normes mondiales sur la finance, sur la façon de faire la compta. Donc, globalement, ça ne sert à rien de réinventer la roue. Quand on est dans la production industrielle, chaque ligne de prod, elle a un peu ses spécificités. Chaque usine, chaque fabricant travaille différemment et c'est ce qui fait qu'il est performant sur le marché. Et donc, je ne pense pas qu'on puisse avoir un peu cet outil générique. Donc, comme le RP, on est sur des plateformes qui sont assez hautement customisables parce qu'il faut qu'elles s'adaptent aux environnements. Mais aussi, il y a finalement beaucoup de valeur à créer des choses par soi-même. Alors que le RP, je peux l'acheter et le déployer out of the box. J'adapte toujours un peu mes process. Il y a plein de choses qui sont prêtes à l'emploi. Le côté informatique industriel, on a des outils de base pour visualiser la donnée, par exemple pour stocker la donnée. Mais le processing de la donnée, la façon dont on va la traiter, ça, je suis convaincu qu'il y a énormément de custom. Parce qu'à un moment donné, on doit modéliser ce qui est spécifique à l'usine, à la ligne de production et qui est à chaque fois différent.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a... pas mal fait le tour de ce sujet du Green IT et de l'IT for Green. Qu'est-ce que tu aurais comme mot de conclusion pour ceux qui souhaitent avancer sur ces deux démarches ?

  • Speaker #1

    Si j'ai un petit mot pour conclure, et je vais partir sur un truc qui est un petit peu plus philosophique, je pense qu'aujourd'hui, si on parle beaucoup plus de Green IT que d'IT for Green, c'est aussi un message que nous passe la société. Le message que nous passe la société, à mon sens, c'est que depuis 20 ans, l'IT a un impact dans nos vies qui est considérable. On l'utilise tous tous les jours, ok, mais ça devient un peu pesant. On est de plus en plus nombreux à ne pas réussir à suivre toutes les évolutions. Là, on en prend encore une autre, c'est l'IA. Ça a chamboulé nos métiers, chamboulé nos vies. Et par la force des choses, pour certains d'entre nous, Ça crée une forme de rejet. Et une des traductions de cette forme de rejet, c'est de mettre en exergue l'impact environnemental de l'IT. Pourquoi je dis ça ? C'est parce que dans toute transformation, et entre autres dans une transformation d'IT for Green, on va changer les process, on va changer le quotidien des gens, on va changer leur métier. L'opérateur qui est sur une ligne de prod, son métier a évolué en 20 ans, mais il a évolué un petit peu doucement. C'est devenu un expert de sa machine, sa machine est plus automatisée, mais ça s'est fait étape par étape. Si demain, cet opérateur-là, le système vient lui dire comment faire son métier, ça va énormément l'aider.

  • Speaker #0

    Comme l'IA nous aide, nous développeurs, à écrire du code et nous apprend plein de choses. Mais c'est un changement important. Et ce que je veux dire par là, c'est que faire du Green IT et de l'IT for Green en particulier, ce n'est pas uniquement déployer des outils. C'est vraiment un processus d'accompagnement des équipes. C'est un processus de transformation des métiers. Et donc, ça nécessite à la fois une expertise, ça nécessite un accompagnement et ça nécessite de vraiment prendre ça en compte. Si on veut que ça marche, il faut accompagner les équipes. C'est ça mon message important. L'IT4Green a un impact et un potentiel gigantesque à condition de bien l'accompagner avec les moyens et surtout avec la prise en compte des changements des métiers qu'on va avoir derrière.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Paul, en particulier par cette conclusion qui remet bien l'homme au milieu du sujet. Je pense qu'on oublie de temps en temps dans les organisations mais effectivement, si on veut réussir ce genre de transformation, il faut il faut accompagner et compter sur les femmes et les hommes qui sont dans l'entreprise je te remercie en tout cas pour cet échange très enrichissant, au plaisir

  • Speaker #0

    Merci à toi Mathieu

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