Speaker #0Et vous, vous êtes-vous déjà surpris, par commodité, facilité, parce que ça vous arrange ou que ça vous aide, de croire?
Pas forcément en Dieu, mais au destin, au karma, l'idée que tout arrive pour une raison, ou au contraire, que rien n'arrive par hasard ?
Einstein dit « Le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito » .
Croire en quelque chose, ce n'est pas une conviction, c'est un refuge, ou parfois une chance.
Croire en quelque chose d'au-dessus de nous permet à certains de traverser des épreuves inhumaines. Ça rend l'inexplicable un peu plus tolérable. Ça apaise l'angoisse de ce qu'on ne maîtrise pas. Ça aide à supporter l'injustice aussi, accepter ce qu'on ne peut pas contrôler.
"Si ça arrive, c'est que c'était écrit"; "si je souffre, c'est pour une raison que je ne comprends pas encore"... Explications ou non-explications qui peuvent en rebuter certains et en rassurer d'autres.
Comme cette patiente à la mort de sa mère qui m'a dit: « Je n'étais pas croyante, vous voyez, mais là, ça m'arrange de croire qu'elle est quelque part, sinon je fais quoi ? Je me dis qu'elle n'est plus nulle part ? C'est trop dur".
"Ça m'arrange de croire". Pas parce que c'est rationnel. Pas parce que c'est prouvé. Mais parce que sinon, c'est le vide abyssal.
Et puis, il y a ceux qui voudraient croire, mais qui n'y arrivent pas.
Comme cette autre patiente très angoissée qui me répète en boucle: "J'aimerais bien avoir la foi, ça m'aiderait, mais je n'y arrive pas, ça ne marche pas".
La foi n'est pas si simple. Ça vient de l'intérieur, ou pas. Suffit pas de la décider.
Ceux qui ont la foi chevillée au corps pensent que c'est une force, c'est être élu, choisi, préféré. Une chance qui fait voir la vie différemment. Un passage qui mène à plus grand. "Venez à moi et je vous guiderai".
Est-ce qu'on trompe quand on croit en Dieu par arrangement ? Est-ce que c'est une arnaque ? Est-ce que cette foi-là a moins de valeur, moins de sens ?
Croire parce que ça nous arrange, c'est pas forcément tricher.
C'est juste une manière de rester debout, de se raccrocher à quelque chose quand tout vacille.
Qui, à un moment ou un autre de sa vie, comme dernier recours, ne s'est pas vu prier avec ferveur, espoir ou désespoir ?
Même ceux qui disent ne croire en rien, ne vous y trompez pas. Ils croient au moins en ça, en rien. Et c'est déjà quelque chose.
Croire en Dieu, en l'univers, en la justice cosmique ou être superstitieux, c'est une façon de donner du sens, une réponse à l'aléatoire, à notre fragilité, aux chaotiques, à nos peurs.
Même les plus sceptiques cherchent des signes, la synchronicité, signe du destin ou simple coïncidence?
Notre quotidien est parsemé de signes auxquels on ne prend pas garde ou au contraire, on se raccroche.
Au fond, c'est rassurant de penser que quelqu'un ou quelque chose tient les rênes.
"Les voies du Seigneur sont impénétrables", phrase qui ne répond à aucun de nos questionnements, mais qui pour certains est un chemin à emprunter, qui les mène à la vérité d'une manière ou d'une autre.
Alors comment vivre avec ça ?
Chacun a sa façon de vivre ce mystère.
Comment vit-on avec cette foi pratique ?
Est-ce qu'on se ment à soi-même quand on croit en Dieu par confort ? Peut-être.
Est-ce que c'est grave ? Pas sûr.
Est-ce que ça compte moins ? Non.
Tant que ça fait du bien, c'est bien là l'essentiel.
Parfois, on peut se dire « mon Dieu, quelle déception s'il n'y avait rien derrière tout ça » , mais en même temps, s'il n'y a rien, on ne le saura jamais.
À ceux et à celles qui croient..., qu'ils ne croient pas!
C'était « Vous m'avez dit » . On se retrouve dimanche prochain à 20h ou en replay. Musique composée par Jean-Manuel Jiménez. Montage Lucas Martinot, Arrangements et direction artistique Brigitte Massiot.
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