- Speaker #0
Zéro déchet au boulot !
- Speaker #1
Bienvenue dans le podcast qui vous accompagne vers le zéro déchet au travail. Vous êtes sensible à prendre soin de la planète, œuvrer pour diminuer les déchets à la maison, mais au travail c'est le désastre. Gâchis de papier, d'emballage, indifférence des collègues, vous vous sentez démuni face à l'ampleur de la tâche. Alors bonne nouvelle, ce podcast s'adresse à tous ceux qui souhaitent avancer de manière positive et concrète dans une démarche de diminution des déchets en entreprise. Allez, place au sujet du jour ! Bienvenue dans le podcast Zéro déchet au boulot, un podcast qui explore des solutions concrètes pour réduire nos déchets, surtout dans le monde professionnel. Aujourd'hui, nous allons parler d'une matière vivante, chaleureuse et profondément humaine, l'argile. Une matière qui, entre les mains de celles et ceux qui la façonnent, deviennent bien plus qu'un simple objet. Elle devient un acte de résistance contre le plastique, un geste pour la planète et une invitation à repenser notre rapport aux objets. Je reçois aujourd'hui Carole Minari, potière, au sein du collectif Fer-Argile, un groupe de céramistes engagés qui ont choisi de mettre leur savoir-faire au service d'une cause, remplacer le plastique par des alternatives durables, locales et pleines de sens. Leur slogan ? Plus de céramique, moins de plastique. résume à lui tout seul leur combat. Alors pour la petite histoire, j'ai découvert le collectif Fer-Argile au hasard d'une rencontre sur un marché de producteurs dans le Jura pendant mes vacances estivales. J'ai eu un gros coup de cœur pour ce projet militant, utile et beau. Alors j'ai eu envie de le mettre en lumière à travers cet enregistrement podcast. Carole, bonjour.
- Speaker #0
Bonjour Sophie.
- Speaker #1
Alors pour démarrer cette interview, je vous propose de faire connaissance Carole, l'argile, c'est une matière qui parle au sens. Elle se touche, elle se sent, elle se vit. Comment cette matière est-elle arrivée dans votre vie ? Et pourquoi avez-vous choisi de lui consacrer votre énergie ?
- Speaker #0
L'argile, pour moi, elle a toutes les vertus dont on a besoin, en dehors du fait que j'adore effectivement travailler cette matière. En tout cas, ce qui nous a rassemblés aussi avec le collectif, c'est qu'on la trouve pertinente pour toutes. situation et dans les enjeux écologiques qui sont les nôtres aujourd'hui, celles qui concernent tout le monde aujourd'hui. Et c'est pourquoi on veut la faire valoir comme matière à défendre, comme ZAD, comme MAD, matière à défendre, parce qu'elle est partout, à proximité, sous nos pieds, et qu'on n'a pas besoin d'aller l'extraire à des milliers de kilomètres si on veut. On peut en avoir plutôt à disponibilité si on veut bien aller la chercher.
- Speaker #1
Et comment vous êtes devenue potière ? Comment ce projet est venu à vous ?
- Speaker #0
Moi, c'est venu à moi quand j'étais enfant. Je travaillais plein de matières. J'aimais bien bidouiller toutes les matières. Et quand j'ai découvert l'argile, j'ai vu qu'elle permettait, on peut retirer, enlever, remettre à souhait. Contrairement à d'autres modes de sculpture, le bois, la pierre, on enlève et c'est terminé. Mais la terre, elle permet beaucoup plus. Et puis le contact. instantanée me plaisait beaucoup. Et après, quand j'ai fait des études d'art, j'ai rencontré en histoire de l'art la Grèce antique et les amphores, cette matière dans l'Antiquité qui était une solution de conservation et autres, mais qui m'a beaucoup émue, ce métier ancestral. Et en fait, là, c'était comme une évidence. Du coup, en dehors du modelage et de ce que j'aimais de cette matière au contact, il y avait aussi toute son histoire avec les humains.
- Speaker #1
Et donc, à un moment donné, vous avez passé le pas et créé votre activité de potière ?
- Speaker #0
J'ai fait des études de céramique après un bac à rappliquer. Je suis allée en diplôme des métiers d'art céramique à Paris, à l'école du Perret, pour apprendre diverses techniques. Et ensuite, à l'issue de cette formation, je suis allée faire comme potière au père chez Marianne Friche, qui était elle installée en potière et qui avait quatre enfants. Donc, on partageait atelier et garde d'enfants pour que l'autre ait un temps. Et de là est née aussi notre amitié. Et on est ensemble aujourd'hui dans ce même collectif. Marianne fait partie, bien sûr, à l'origine de ce projet de Ferragi.
- Speaker #1
Alors justement, parlons de ce collectif. Vous êtes un collectif de six potières. Est-ce que vous pouvez nous le présenter, présenter cette organisation ? Et qu'est-ce qui a fait le déclic pour vous organiser ensemble ?
- Speaker #0
Alors à la base, à l'origine, il y a eu le Covid qui a changé beaucoup. beaucoup de choses dans la vie de tous et qui a fait repenser. On avait déjà ce type de questions quant à nos matières, etc. Ce qu'on utilise, comment faire notre métier aujourd'hui. Mais du fait de ne pas pouvoir avoir accès aux expositions, aux marchés, etc. Donc plusieurs potiers, une trentaine de potiers, à la fin du confinement en 2020 se sont retrouvés et ont cherché ensemble la pertinence de ce métier, les objets qui seraient justes à réaliser aujourd'hui, pour qui, pourquoi, comment, comment réduire, comment… Donc plusieurs choses, tout un laboratoire de travail s'est mis en place pendant deux mois à Cluny. Et suite à ça, six filles, donc les six filles de fer, ont continué cette initiative. Ça s'était un peu évaporé après, mais six filles ont voulu continuer. De ce groupe principal, il ne reste maintenant que quatre de ces six, enfin cinq, pardon, cinq. Quatre vraiment qui sont investies, on va dire corps et âme, et dont c'est l'activité maintenant quasi principale. Une cinquième qui est restée. qui n'ont fait plus la production, mais qui restent pour les recherches, ou qui restent disponibles si besoin, mais qui a dû arrêter. Et une sixième aussi qui a arrêté. On a une autre sixième qui intervient d'une manière un peu plus temporaire.
- Speaker #1
Comment vous organisez-vous au quotidien ? Qu'est-ce qui fait que vous vous êtes réunis ensemble pour faire quelque chose de commun ? Qu'est-ce qui vous réunit ?
- Speaker #0
Alors, ce qui nous réunit, c'est l'envie de travailler autrement et de... de faire ce métier d'une autre manière, en tout cas. Mais on n'est pas réunis physiquement, quotidiennement. En fait, on travaille, on a chacune nos ateliers personnels, parce que l'une est à Arras, est dans le Nord-Pas-de-Calais. Une autre, deux autres sont en région parisienne, Essoin et Paris, puis dans le Jura. Donc, ces quatre-là, et puis une en Ménéloire aussi, qui vient temporairement. mais du coup, on n'a évidemment pas... On ne se retrouve pas tous les jours pour travailler. On se retrouve sous forme de session, donc à raison de 15 jours en été, plus plusieurs fois dans l'année et plus si besoin. Mais par contre, on est de manière hebdomadaire régulièrement pour une réunion qui dure tous les lundis et toute la matinée pour revoir ensemble les commandes, ce qu'il y a à faire, etc. Et puis encore toute la semaine, on se rappelle les unes les autres, on fait évoluer le projet plutôt à distance. Mais c'est tant de sessions. ensemble, permettent de bien définir, de se réajuster sur les formes. À la base, on s'est vraiment retrouvés pour concevoir les objets, lesquels, comment, quelle matière. C'est très important, la matière et le discours qui va avec, pourquoi on fait les choses. Donc ça, ça nous prend beaucoup de temps de blabla, on va dire, et le faire ensemble pour élaborer tout ça.
- Speaker #1
Et donc, vous vendez sur un même site internet, c'est ça ?
- Speaker #0
Oui, sur notre site et via la plateforme ÉloiSau. Et puis, alors, des marchés, des expos aussi un peu, mais surtout, ce qu'on voulait, c'était aussi créer une forme, créer une forme qui soit, comment dire, plus, aussi plus en direct. Alors, vous allez me dire, par le site Internet, ce n'est pas le cas. Le site Internet, il permet, par exemple, si on parle de l'acheminement, il permet quand même de mettre l'humain au centre aussi, parce que pour transformer toutes nos commandes, transporter toutes nos commandes, on a mis en place ce qu'on appelle le BlablaPo. Donc le blabla-pot, c'est de l'acheminement, pas de la livraison, c'est de l'acheminement. On fait appel à nos connaissances, les amis, amis d'amis d'amis, qui se déplacent, qui font des voyages réguliers, et eux se mettent en relation avec le commanditaire, le client qui va lui aussi faire une route de chemin. Et c'est ainsi qu'on met moins de camions sur la route, etc. Ça met un peu de temps, mais c'est comme un petit jeu aussi, on se parle les uns les autres et on arrive à... à trouver une façon de se retrouver. Et puis trouver d'autres systèmes, des autres systèmes pour acheminer, des autres systèmes pour ne pas avoir de stock, produire, mais produire à la commande. On n'a pas les ateliers suffisamment grands, on n'a pas d'entrepôt, on n'a pas d'usine. L'idée de faire argile, c'est aussi d'être ensemble pour produire, mais pas de reconstruire un nouveau bâtiment, une nouvelle manufacture. On prend l'existant, c'est-à-dire on a déjà nos ateliers, on était déjà tout. toute potière avant fer argile. Donc, on a nos ateliers, on a notre matériel, on l'utilise. Ce qu'on met en place, c'est des outils de fabrication, de forme, nos outils de travail pour faire des gabarits, des choses comme ça, pour faire les mêmes objets. Nos engobes, c'est la partie de revêtement qui va sur nos pièces. Tout ça, on travaille ensemble. Notre terre, quelle terre, quelle extraction, d'où elle vient, etc. Tout ça, c'est créé ensemble. mais après, chacune dans son atelier peut produire. pour les commandes de fer à l'argile.
- Speaker #1
Je ne suis pas spécialiste de votre métier artisanal. Pour mieux comprendre votre travail, est-ce que vous pouvez nous décrire comment, par exemple, naît un pot en argile, du choix de la terre, la cuisson ? Quelles sont les différentes phases pour obtenir un objet finalisé ?
- Speaker #0
Alors, en céramique, en poterie, on a différentes phases. Il y a la fabrication, après on a un temps de séchage, un temps de cuisson, un autre temps de décoration et un nouveau temps de cuisson. Normalement, on a plutôt deux cuissons. Nous, on a mis en place une charte pour être le plus sobre possible et de ce fait, ça existe déjà, mais on ne fait qu'une seule cuisson. On appelle ça de la monocuisson. Donc, c'est-à-dire qu'on va cuire tout ensemble. la pièce sèche avec déjà son revêtement qui va fondre sur elle-même. Donc, tout en une seule cuisson. C'est un peu de technique, mais c'est une technique un peu différente, mais voilà, ça se passe bien, on y arrive. Donc, on réduit d'une cuisson déjà. Ensuite, les matières premières, maintenant, notre terre qu'on utilise, l'argile qu'on a toujours utilisé. Moi, quand j'ai commencé, et les filles le font aussi. Il y avait encore pas mal de carrières en France et d'extractions plutôt potières, de petits potiers, des petites extractions. Maintenant, de fil en aiguille, tout ça, ça a pris de l'ampleur et c'est devenu de plus en plus grand et récupéré par l'industrie. Des grosses extractions, c'est des assemblages de terres. Et maintenant, ceux qui nous vendent la terre, nous vendent des terres qui sont comme des assemblages, on va dire, avec lesquels on n'est pas d'accord. Nous, on cherche à avoir de la proximité et pas des choses qui viennent de perpète. D'autant plus qu'ils ajoutent des choses telles que des fongicides aujourd'hui dans les terres. Donc, ça n'a aucun intérêt pour nous d'utiliser ces matières. Donc, c'est très compliqué d'obtenir une terre locale, mais on a trouvé pour l'instant quelques filières. Il existe encore des petites carrières. Donc, on cherche avec eux. Pour l'instant, on en travaille une. Alors, la terre que beaucoup de potiers utilisent maintenant, parce que c'est encore une petite carrière, la terre du filet, grâce à Cynthia, une des membres du collectif qui a accès à cette carrière et qui nous fait profiter de cette terre. Sinon, on travaille aussi avec la terre de Boulon, qui est en Bourgogne, et qui reste une extraction locale.
- Speaker #1
Donc, il y a vraiment un enjeu sur la terre qui est important.
- Speaker #0
Oui, les matières premières, oui, c'est très important. D'autant que ce qu'on met sur nos... pièces. Quand je parlais de revêtement, normalement, on met des émeaux dessus pour vitrifier la pièce. Ça, pour nous, ça ne rentre pas dans la charte, parce qu'il y a aussi des matières qui ont été calcinées à haut degré. Il y a des choses qui ne sont pas ce qu'on a envie d'utiliser, ou des choses qui sont extraites loin et pas dans notre éthique en tout cas. Donc, on essaye de réduire aussi ça et on a mis en place beaucoup des engobes. C'est aussi quelque chose qui existe. dans la céramique, on n'a rien inventé. Donc, des engobes, c'est juste une terre et quelque chose qui va faire fondre ou une teinte ou quelque chose. Nous, on utilise donc la terre de Boulogne comme base de notre engobe et on ajoute des cendres, des cendres de nos poêles à bois. Donc, c'est de la récupération de déchets. Du coup, on ne va pas très loin. On ne prend vraiment que l'existant. Tout ça, ça fait partie de réduire et de prendre. Alors, c'est du travail. C'est un peu plus que d'ouvrir un sac tout près, mais c'est... Mais c'est beaucoup plus intéressant et c'est pertinent dans le sens que ça n'a pas le même impact sur l'écologie.
- Speaker #1
C'est aligné avec vos valeurs. On va parler de l'argile comme alternative au plastique. C'est ce qui m'avait interpellée quand j'étais venue sur le marché. Il y avait, je pense, une affiche, l'argile comme alternative au plastique. Et donc, vous présentez l'argile comme une matière à défendre, une MAD. et en quoi est-elle une alternative intéressante pour faire face ? à la marée du plastique qui nous envahit ?
- Speaker #0
Tout d'abord, le plastique n'a pas toujours existé. Avant, justement, les ustensiles étaient plutôt dans des matières telles que l'argile ou le bois, ou autres matières, mais en tout cas pas le plastique. Il répondait à différents usages, autant dans les objets domestiques que dans l'architecture, l'habitation. On peut climatiser, chauffer, enfin... Et donc, pour les utensils culinaires, elles permettent de garder à température la chaleur, la fraîcheur. Le contact avec l'objet, ce n'est pas du tout la même chose. Parce que si on parle de plastique, l'un des objets qu'on fait pour parler du plastique, c'est l'éco-cup. Nous, on fait les gobelets en argile. Parce que les éco-cups en plastique, ils n'ont rien d'éco du tout. C'est peut-être même pire qu'avant. dans leur fabrication, c'est pire qu'avant même. Donc ça n'a rien d'écologique, alors que l'argile, son inocuité, elle est imparable. Vous ne risquez pas de... Alors, bien sûr, ce qu'on nous dit toujours, c'est oui, ça casse. Certes. Bon, normalement... Quand on boit avec, on est censé, je veux dire, on a tous utilisé du verre, on sait faire autrement que de casser. On n'est pas obligé de jeter quelque chose par terre. Bien sûr, ça casse si on le jette par terre, mais normalement, comme ce n'est pas ça sa fonction, ça devrait bien se passer. Et pour autant, oui, c'est un déchet propre, on va dire. Donc, du coup, on a eu envie de faire ces gobelets d'argile, aussi pour remplir nos fours, parce qu'entre les pots à lacto, parce que dans les objets qu'on fait, on fait des objets utiles. Le premier objet qu'on dit objet de lutte, Le premier objet qu'on a fait, c'est le pot à lactofermentation. Du coup, pour sa partie économique en énergie, puisqu'on conserve juste avec du sel et de l'eau, pas de l'électricité. Et puis pour les bienfaits et les vertus apportées. Mais entre nos pots, dans nos fours, il restait des places. Donc, ces petits gobelets sont venus s'insérer pour optimiser la place dans les fours. Et d'autant que vraiment le plastique dans ces EcoCups, c'était un truc qui nous révulsait les unes les autres dans le collectif. Et voilà, donc ils ont quand même un franc succès, ces petits gobelets d'argile, auprès des assos, des tiers-lieux, des festivals, etc. Donc, pour le contact, etc., avec la matière, on dit vraiment que c'est chouette. Donc voilà, ça, c'est une des alternatives. C'est sûr que l'argile, elle peut remplacer, elle a vraiment beaucoup de vertu. Et elle était là avant le plastique et elle n'a rien abîmé du tout dans la terre. Alors que... que le plastique, les pifaces, ça, on en a pour un moment. Il y a grand temps de remédier à ça. C'est vrai que pour nous, c'est une alternative possible et indispensable.
- Speaker #1
Alors justement, pour une entreprise, une collectivité, concrètement, quel contenant ustensile pourriez-vous fabriquer sur mesure pour ces structures-là ?
- Speaker #0
Eh bien, tout. Ça dépend, il faut voir avec eux. Alors, par exemple, pour des cafés, des choses comme ça, des bars, des restaurants. fournit toutes les tailles possibles de petites tasses aux grands gobelets, aux verts, aux gobelets. Et par exemple, là on travaille avec un groupe qui nous demande du coup aussi des bols, mais pour une commande particulière. Mais ils ont aussi envie de faire, parce qu'ils font aussi des plats à emporter, et on est en train de réfléchir à la... parce que toutes ces barquettes à emporter, c'est aussi un problème. Donc, on est en train de réfléchir, mettre au point avec eux ce qu'ils voudraient comme format pour leur plat emporté de quatre personnes. Pour avoir ça. Après, c'est une question de consigne qui change et une valeur qui change sur la consigne. Mais voilà, le plat, on est sûr qu'il restera chaud au moins dans le gré, dans la terre. Oui,
- Speaker #1
chouette. C'est un bel objet.
- Speaker #0
Il suffit de réfléchir ensemble. Nous, on s'adapte. On peut trouver. Il y a plein de choses à faire. On avait aussi envie de faire des systèmes d'irrigation. Il y a plein de recherches encore. à définir. On avait envie de faire des climatiseurs en argile. La demande, il faut juste le temps d'y réfléchir et de trouver les façons de faire. Et ça, on adore.
- Speaker #1
Trouver des opportunités qui vous font travailler votre créativité artistique. Est-ce que vous avez déjà eu une demande insolite ou un défi créatif qui vous a poussé à innover ? À part le plat dont on a parlé pour le plat remporté. Est-ce qu'il y a eu d'autres challenges un peu marrants, un peu insolites ?
- Speaker #0
On a eu quand même une proposition. Alors, elle n'était pas si insolite que ça, mais on a eu une proposition avec la Maison de la céramique de Diolfi de venir travailler en résidence à la Maison de la céramique à Diolfi. Et nous, on avait déjà travaillé sur la casserole, les cocottes et les casseroles lors de notre toute première… Réunion Ferragile en 2020. Donc, quand on a été invité par eux, on a décidé de poursuivre cette recherche sachant que Diolfi était un lieu de poterie où il y avait de la terre avant et où ils faisaient aussi des casseroles. Donc, avec les potiers de là-bas, l'idée était de travailler sur cette thématique. Donc, ça nous a fait, effectivement, c'était challengeant parce que retrouver une... terre qu'on dit terre à feu ou qui va sur la flamme directe, ça nous a fait vraiment aussi nous rendre compte effectivement que les carrières sont fermées, soit parce qu'elles sont terminées, épuisées, soit parce qu'elles ne sont plus extraites, parce que voilà, pour des raisons, l'industrie a pris le pas là-dessus et que ce n'est plus des petites extractions, on ne peut plus se permettre d'extraire à petite échelle, ça coûte trop cher. Donc du coup, très difficile de progresser. procurer une terre et les qualités de la terre avant c'était les potiers ont toujours connu leur sol, leur terre, et quoi en faire avec et comment. Mais ça, ça se perd du fait aussi de l'industrie qui s'empare aussi de ça et qui vend des pâtes toutes prêtes. Mais bon, c'est plus qu'on travaille et on perd aussi des connaissances. Alors ça, ça fait partie des enjeux aussi et ça fait aussi partie de notre résistance potière du jour. C'est de ne pas perdre les connaissances, de comprendre ce qu'on fait, pourquoi, avec quoi. C'est vraiment des bases parce qu'on s'est rendu compte que dans ces recherches de terres qui avaient certaines propriétés, même en sondant les plus vieux potiers ou les potiers qui ont déjà de belles connaissances, ce n'était pas si facile que ça, pour plein de raisons. Et ça, ça nous a vraiment aussi interpellés sur les pratiques, les techniques. Au-delà du geste artistique, il y a vraiment la qualité de la connaissance technique. des propriétés mécaniques de la terre et aussi du geste. Parce que Marianne cite souvent cet exemple-là, mais avant on savait faire des pas de vis, c'est-à-dire qu'on pouvait carrément visser la terre. Maintenant, les potiers ne savent plus vraiment plus le faire du tout. Donc on remplacerait les tupperwares avec un pas de vis, alors ce serait plus lourd. Mais on ne sait plus vraiment faire ça, on sait le faire de manière artisanale, en tout cas on ne sait plus vraiment le faire. Donc il y a des choses qui se perdent, techniques qui se perdent, des propriétés de la terre qui se perdent. Donc, c'est très, très, très important de conserver. Si on veut faire perdurer nos métiers, il faut savoir, il ne faut pas perdre ça.
- Speaker #1
Et donc, si je comprends bien, le défi sur lequel vous avez été sollicité, c'est de fabriquer cette casserole, c'est ça ? Oui. Donc, j'imagine avec un manche, avec un plat rond.
- Speaker #0
Oui, on a fait plusieurs idées de formes. Et puis, à la fin, cette casserole est devenue plutôt une cocotte. Et voilà, il y avait tout un temps de recherche là-bas, à la maison de la céramique. Et puis après, nous, on a continué à terminer ce projet parce que de toute façon, ça faisait partie de nos objets qu'on avait envie de faire valoir. et du coup on a trouvé, on a mis au point une cocotte suffisamment… qui a un pouvoir calorifique qui emmagasine l'énergie de la flamme et de la chaleur, si c'est de la vitrocéramique ou du gaz, elle emmagasine la chaleur et la restitue. Donc on fait des économies d'énergie dans le sens où on coupe le feu une fois que la cocotte est prête et ça continue de cuire. Donc voilà, il y a toujours une recherche d'objets qui ont un sens plutôt d'économie d'énergie.
- Speaker #1
Même plus besoin de marmite d'Anvigène, c'est parfait alors.
- Speaker #0
Elle fait carrément ma remise de normes. Elle toute seule.
- Speaker #1
C'est exactement ça. C'est parfait. Si on parle sensibilisation à l'éducation, vous en avez juste un petit peu parlé avec l'idée de transmettre vos savoir-faire, transmettre vos techniques, ce qui est important. Vous organisez justement des ateliers, des événements. Je pense notamment à la tournée bretonne. Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ? Comment se passent ces événements de partage ? Qu'est-ce qui s'y passe ?
- Speaker #0
Oui, quand je te disais, on veut inventer une forme un peu différente et Du coup, on est toujours en train de chercher à comment diffuser, vendre nos pièces. Donc, bien sûr, il y a les marchés de potiers qui existent, mais on va aussi dans nos réseaux, on travaille un peu quand même. Pourquoi pas un jour travailler avec des agriculteurs et faire des systèmes d'irrigation ? Donc, on va dans les milieux en rapport avec nos objets. Donc, c'est vrai que le poids lacto, la cocotte, ça nous emmène aussi des fois à travailler avec les biocops, on va des fois faire des démonstrations, etc. Donc ça, on le faisait déjà l'année dernière. Et là, cette année, cette tournée bretonne, l'idée nous est venue parce qu'on a été invité à Saint-Jean-la-Poterie, qui est un musée de la céramique et qui organise… Donc, ils ont organisé une expo de deux mois dans laquelle on est invité. Donc, il fallait aller installer cette exposition en Bretagne, alors qu'on vient de Toute d'ailleurs. Puis, 15 jours après, ils nous invitaient aussi à un marché potier de la fête d'Élise. Donc, il fallait revenir. On s'est dit, on ne va pas faire des allers-retours. Merci. produire cet été suffisamment pour honorer l'ensemble et entre les deux dates, il y a 15 jours, on va faire appel aux gens qu'on a là-bas, pourquoi on ne resterait pas là-bas et qu'on n'irait pas parler de notre projet. Donc du coup, on a fait appel autant à nos clients, là-bas on a les sardines à la plage qui est un restaurant qui nous commande régulièrement. Donc c'était l'occasion de les rencontrer, ils nous ont invités chez eux aussi pour présenter les objets. Donc là-bas, on a fait des petites Merci. cuisson, on a posé le stand, on a discuté, c'est se mettre en rapport avec les gens et discuter aussi. Discuter énergie, discuter transport, discuter façon de faire ensemble, discuter à la rencontre des gens. On est allé chez les amis, des amis qui avaient des gîtes, des tiers-lieux. Tout le monde a répondu à l'appel, on a fait un appel et il y a des endroits où on a coulé des gobelets pour montrer comment on fabriquait des gobelets. Il y a des endroits où on a cuisiné dans nos poêles et nos cocottes. Il y a des endroits où on a fait de la lactofermentation. Donc pour parler d'utilité, du sens. les objets, mais aussi la fabrication, etc. Donc cette tournée, elle est venue à, voilà, de comment optimiser le temps, les voyages. C'est toujours dans cet esprit-là. Et puis un peu aussi, comment ça nous a fait penser aussi à la tournée du boulanger avant, dans les villages, où on les a tournées. Comment refaire ? Donc ça, c'est un peu la... C'est pareil, on n'invente rien. Mais en fait, le fait de le remettre à jour, on crée une autre forme de vendre. Il y a eu un accueil hyper chaleureux, enthousiaste et beau. Beaucoup de gens avaient relayé l'info là-bas. Donc, on était même invités à passer à droite, à gauche. On n'a pas réussi à honorer toutes les dates. Il faut qu'on retourne. Mais dans les fermes, dans les amas, tout ça, c'était hyper intéressant. Chez les potiers aussi, il y a eu beaucoup 15 jours denses et qui nous ont vraiment ressourcés aussi parce qu'on sent que les gens sont aussi avides et prêts à trouver des solutions de changement. Et justement, ces alternatives au plastique qu'il y en a, ils sont... en plus de cet objet qui est plutôt sobre, qui lui rend aussi une beauté disons accessible, si on parle d'esthétique, c'est des objets qui sont très simples aussi, qui vont dans tout environnement. On ne fait pas... Il n'y a pas notre expérience personnelle. Ça reste des gammes assez sobres. Tu as vu nos objets sur le marché. C'est très simple, mais c'est efficace.
- Speaker #1
Justement, pour l'idée de la transition, Je pense à une entreprise qui utilise des gobelets jetables ou des éco-cubes. Pourquoi ne pas passer à l'argile ? Qu'est-ce que vous conseilleriez ? Est-ce qu'il faut y aller doucement, progressivement ? Est-ce qu'il faut aller faire un changement radical ? Parfois, on entend aussi des freins. L'argile, ça coûte beaucoup plus cher. Des contenants d'argile, ça va coûter plus cher. Comment on pourrait motiver ces structures à changer leur pratique ? Ce seraient quoi les bons arguments pour leur donner envie ? de switcher et d'aller vers quelque chose de plus écologique.
- Speaker #0
Alors, il y a une petite phrase qu'on nous dit souvent. Par exemple, pour les poils ou les cocottes, on nous dit « essayer, c'est l'adopter » . Alors déjà, peut-être, si ils essayaient un gobelet en terre, ils verraient que le contact dans la bouche n'est pas du tout la même chose que ce plastique qui coupe, le goût. On a quelqu'un qui nous a dit, une onologue qui nous a dit que le vin était meilleur dans le petit. parce qu'on a fait ça pour un tiers-lieu qui fait des soirées avec du vin, etc., pour goûter des bons vins. Et vraiment, ce qui était ressorti, c'était que dans les verres, les petits verres en argile, ça avait des vertus sur la qualité du goût du vin. Donc, ce n'est pas négligeable. Donc, le goût, l'essence, le rapport, ça, c'est déjà pas mal. Si on essaye, je pense qu'on est un peu touché par la matière. Ensuite, je ne sais pas s'il faut être radical. On ne peut pas aller en force contre quelqu'un qui n'est pas. qui n'a pas envie de... Mais par contre, nous, on est avides de trouver des solutions avec qui a envie d'en trouver avec nous. On peut leur proposer, si c'est une question de coût, d'un atelier de faire ensemble, par exemple, pour les écoles, les cantines, de faire une fabrique, une mini-fabrique dans les collectivités où on fera ensemble et que la prestation rentre dans le coût du gobelet, enfin, rentre dans le... finance le coût peut-être du gobelet. Il y a plusieurs façons de le faire. On peut aussi, finalement, à l'achat, ce gobelet, peut-être c'est un investissement de départ, mais il est dans la durée, il n'est pas jetable. Donc, le fait d'être réutilisable, le coût, ça ne revient même pas au même. C'est plus avantageux d'avoir du non jetable. Ensuite, on peut en trouver des arguments. Voilà, la beauté, le coût, l'essence. et puis découvrir cette matière. Nous, on peut aussi faire des petits logos. On a trouvé un système pour faire un tampon très sobre. Pareil, c'est quelque chose où on réutilise des matières pour créer le tampon. Et on ne met juste pas des colorants, on met une terre colorée tout simplement. Ça reste sobre, mais ça permet aussi d'avoir... pour ceux qui ont envié un petit logo de leur entreprise. Mais la plupart des gens s'y retrouvent, parce que si c'est un festival, il y a une histoire de consignation, au lieu d'avoir la consignée à 1 euro, on fait le prix du coût du gobelet, et qu'il serait pour un gobelet de 25 centilitres, au lieu d'un euro, il serait à 6 euros. C'est vrai que c'est plus cher, mais les gens vont faire peut-être plus attention. Il y a aussi notre rapport à l'objet qui doit changer. L'attention qu'on met dans les choses, c'est comme notre rapport à l'environnement. Le soin qu'on prend à respecter les objets, c'est le soin qu'on prend à respecter le vivant en général, de ne pas jeter, de ne pas abîmer. Mais après, si c'est 6 euros une consigne, les gens peuvent aussi se dire « je le garde parce qu'il est très beau et qu'avoir un gobelet à 6 euros, ce n'est pas si cher non plus. » Si on le ramène chez soi plutôt qu'avoir une montagne de gobelets en plastique dont on ne se sert pas.
- Speaker #1
C'est vrai. Il ne faut pas oublier aussi, moi c'est toujours quelque chose, j'ai l'impression que peu de gens le savent, mais le plastique chauffé provoque des migrations de molécules de plastique dans le liquide. Donc c'est quand même assez inquiétant d'avoir cette information-là et de se dire on va boire le café dans une éco-cup par exemple. Pour la santé, ce n'est quand même pas une bonne chose de boire dans des éco-cups, de chauffer du plastique. Et c'est valable pour les plats qu'on réchauffe au micro-ondes, etc.
- Speaker #0
C'est une catastrophe, vous avez raison de le dire, parce que C'est perpétuel, en fait. Dès qu'on va laver notre... Même, il n'y a pas que quand on consomme, il y a aussi ce qu'on remet dans le cycle l'eau indéfiniment chaque fois qu'on lave cet objet. Dès que vous allez le remettre dans le lave-vaisselle, dès que vous allez le rincer, c'est sans cesse, c'est sans fin.
- Speaker #1
Des micros, des nanos. Oui, tout à fait. Alors, j'ai une dernière petite question. C'est le moment de faire votre lettre au Père Noël. Est-ce que vous recherchez des nouveaux partenaires, des aides spécifiques pour votre collectif ? Et si oui, lesquelles ?
- Speaker #0
Alors, on est toujours avide de trouver des blabla porteurs, des gens. Ça nous intéresse, soit par mail, soit sur le site. Ils peuvent nous mettre un petit mot. Les gens qui font toujours certains voyages, Paris-Nantes, je dis des bêtises, mais ça peut être Paris-Nantes, Lyon-Marseille, que sais-je. Les gens qui font des voyages, nous, on adore parce que ça nous permet d'acheminer les pots. Donc ça, souvent, on cherche et on aime bien avoir… Notre lettre au Père Noël, ce serait des blabla porteurs, par exemple, mais aussi, oui, des structures, des associations, des tiers-lieux, des gens qui auraient besoin de gobelets, des gobelets d'argile, ceux qui ont envie de changer. Peut-être, oui, des entreprises qui auraient besoin de changer toute chose en plastique, qui ont envie d'être substituées. Il faut nous contacter, on est prêts à réfléchir. On pensait à, par exemple… On a déjà été contacté, mais par exemple, je sais, tous les contenants tels que le miel, l'huile, tout ça, souvent les petites structures comme ça, on est capable de faire 1 000, 2 000 pièces s'il le faut, parce qu'on peut faire appel, nous, à nos réseaux de potiers et on ne les fera pas à 4, mais on peut les faire à 10, 20, 30. On a d'autres potiers qui seraient capables de faire face à une commande avec nous, c'est aussi l'objet de ce collectif. C'est aussi de donner du travail même pour les grandes commandes. Du moment que ça respecte la charte, c'est de certaines valeurs de notre projet. Mais oui, tel que des bouteilles, des flacons, tout ce qui est en plastique, si l'on va médier, nous, on a la possibilité d'en fabriquer en tout cas.
- Speaker #1
Super. Alors pour finir, est-ce que vous avez un geste zéro déchet à conseiller ? Et si oui, quel serait-il ?
- Speaker #0
Oui, toujours. C'est bête, mais c'est tout ce qu'on a dit. Ce serait utiliser l'argile au maximum.
- Speaker #1
Yes, tout simplement. Merci, Carole Minari, pour cet échange très inspirant et rempli d'espoir. Merci. Merci beaucoup. Votre engagement nous rappelle que chaque geste compte, que derrière chaque objet en argile, il y a une histoire, une intention et un petit peu de magie. Pour découvrir vos créations et soutenir votre combat, rendez-vous sur votre site internet ferargile.fr. Et pour connaître vos actus, allez sur la page Instagram du collectif Ferargile. Voilà, un grand merci Carole et je vous souhaite une belle journée.
- Speaker #0
De même, au revoir Sophie, merci beaucoup.
- Speaker #1
Au plaisir. Merci pour votre écoute. Je suis Sophie Free. Dans la vie, je travaille pour sensibiliser au développement durable. et je parle notamment du zéro déchet. Pour cela, je propose des ateliers, des conférences, des formations professionnalisantes, un blog, Sophia Naturel, et je suis aussi auteur de livres sur le sujet. Retrouvez toutes mes informations sur le site sophie-o-naturel.fr. Au plaisir !