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Les accords de Munich : la Tchécoslovaquie abandonnée à Hitler ?

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28min |06/04/2025|

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Description

Pourquoi la France et la Grande-Bretagne ont-elles laissé Hitler annexer une partie de la Tchécoslovaquie en 1938 ? Comment ont-elles pu croire que ceci pourrait garantir la paix en Europe ?
Retour sur un fiasco diplomatique qui peut faire écho à des situations plus contemporaines.



SOURCES : 


  • Claude Quétel, La Seconde Guerre Mondiale, Perrin, 2015

  • Olivier Wieviorka, Histoire totale de la Seconde Guerre Mondiale, Perrin, 2023

  • Pierre Vallaud, La Seconde Guerre Mondiale Tome 1 : l’agression hitlérienne 1938-1941, Acropole, 2002

  • Arnaud Pautel, Histoire du monde contemporain, Autrement, 2019

  • Frédéric Dessberg, De Locarno à Munich in L’Europe dans la construction politique et identitaire et identitaire russe, Rue d’Ulm, 2022

  • Philippe Bretton, Les négociations germano-tchécoslovaques sur l’accord de Munich de 1938, in Annuaire Français de Droit international, 1973

  • Philippe Chassaigne, La société britannique, la guerre et la paix 1914-1945 in Histoire, économie et société, 2004

  • Mathilde Damgé, Ces citations que Winston Churchill n’a jamais prononcées in Le Monde du 27 janvier 2015

  • https://venividisensivvs.wordpress.com/2021/09/27/lhistoire-a-quoi-bon/



CREDITS SONS :



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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et bonjour à tous. Le 30 septembre 1938, par des accords officiels signés à Munich, la France et la Grande-Bretagne autorisaient Hitler à annexer une partie de la Tchécoslovaquie pour éviter une guerre généralisée en Europe. Autant les gouvernements français et britanniques étaient persuadés que, avec ces accords, la paix était garantie en Europe pour très longtemps, autant pour Hitler, au contraire, ça a été un encouragement. à aller plus loin, à démanteler la Tchécoslovaquie, puis à envahir la Pologne, ce qui a déclenché en Europe la Seconde Guerre mondiale. Et voilà comment les accords de Munich, qui devaient normalement être le symbole de la paix, sont devenus un symbole à la fois de faiblesse, de naïveté, voire de lâcheté. Avec le recul du temps, c'est à se demander comment les Français et les Britanniques ont pu être tellement naïfs, tellement aveugles. Avec le recul du temps... Et justement, mieux vaut éviter une vision a posteriori qui serait anachronique, d'où l'épisode d'aujourd'hui, où on va faire en sorte de bien comprendre le pourquoi, le comment, les causes et conséquences des accords de Munich. Avant, n'oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Allez, on démarre A Munich en 1938, ça n'était pas du tout la première fois que la France et la Grande-Bretagne reculaient devant Hitler. Flashback, Hitler est nommé chancelier d'Allemagne le 31 janvier 1933. En quelques mois, il installe la dictature du parti nazi. Ensuite, dès le 14 octobre 1933, il annonce que l'Allemagne quitte la SDN et la conférence sur le désarmement. La SDN, c'est l'abrégé de la Société des Nations. Un peu l'équivalent de l'ONU à l'époque. La conférence sur le désarmement, c'était une conférence internationale qui se tenait depuis un peu plus d'un an. La décision de Hitler provoque l'indignation côté français. Mais par contre, côté britannique, on répond en conseillant à la France de réduire son potentiel militaire. Suite au traité de Versailles, imposé en 1979 après sa défaite, l'Allemagne avait le droit de garder qu'une armée très réduite. quelques centaines de milliers de soldats, sans service militaire. Or, le 16 mars 1935, Hitler annonce la recréation d'une armée allemande complète appelée la Wehrmacht. Pas longtemps après, suivent la création d'une marine de guerre et d'une armée de l'air. Et là, ça réagit. La France, la Grande-Bretagne et l'Italie protestent contre ce qui est clairement un réarmement allemand. Les trois pays se réunissent à Stresa en Italie en avril 1935. Ils y affirment leur opposition à tout ce qui pourrait être une menace pour la paix. Mais à peine deux mois plus tard, le 18 juin 1935, la Grande-Bretagne signe avec l'Allemagne un traité naval, où les Britanniques reconnaissent à l'Allemagne le droit de posséder une marine de guerre, à la condition qu'elle ne représente pas plus de 35% de la marine de guerre britannique. Mais Hitler a quand même l'accord pour développer une marine de guerre. En octobre 1935, l'Italie envahit l'Ethiopie. Une invasion condamnée par la France et par la Grande-Bretagne, mais soutenue par l'Allemagne. Donc l'Italie, pays jusque-là plutôt adversaire de l'Allemagne, devient son allié. Et résultat, en Europe continentale, la France reste la seule puissance opposée à l'Allemagne. Encore que, elle a signé avec l'URSS. le 2 mai 1935, un pacte d'assistance mutuelle. Le 27 février 1936, les députés français votent officiellement la ratification de ce pacte. Et là, en réaction, le 7 mars, Hitler fait un discours où il dénonce ce pacte comme une alliance anti-allemande, ce qui, entre parenthèses, est vrai. Le Führer déclare, je cite, Aux offres amicales et aux assurances pacifiques de l'Allemagne, la France a répondu. par une alliance militaire avec l'Union soviétique, qui est exclusivement dirigée contre l'Allemagne. Et donc, en réaction, Hitler annonce la remilitarisation de la Rhénanie. Suite au traité de Versailles, l'Allemagne n'avait pas le droit d'y avoir des soldats. Ce que le Führer décide de ne plus respecter. Le gouvernement français proteste, mais sans réagir militairement. Pendant toute l'année 1937, le Führer ne fait pas de nouvelles provocations. Il reste calme. Bon, le 5 novembre 1937, il réunit quand même ses principaux lieutenants pour les informer de sa décision d'aller plus loin. Et il va effectivement aller largement plus loin. Cette fois en annexant un pays, l'Autriche, en mars 1938, ce qu'on a appelé l'Anschluss. Une annexion obtenue sans tirer un seul coup de feu, mais au moyen de différentes pressions et menaces contre le gouvernement autrichien. Et là encore, les réactions côté britannique et français sont très mesurées. Deux jours après l'Anschluss, le 14 mars 1938, le premier ministre britannique, Chamberlain, fait cette déclaration devant la Chambre des communes. Pas le moment de prendre des décisions hâtives ou de dire des paroles imprudentes. Nous devons considérer la nouvelle situation rapidement, mais froid nous. Là c'est le moment de s'arrêter un moment, pour comprendre le pourquoi de tous ces reculs face à Hitler. Du côté de la Grande-Bretagne, l'accord naval de 1935 peut s'expliquer par la même politique étrangère menée par Londres depuis plusieurs siècles. Éviter qu'en Europe, un pays soit dominant. Le réarmement de l'Allemagne, vu de Londres, ça passait tant que l'Allemagne ne réarmait pas trop. Ça équilibrait la puissance militaire française. Du coup, côté français, en cas de conflit avec l'Allemagne, pas trop de confiance en la Grande-Bretagne. Et surtout pas en l'Italie. Le seul pays important avec lequel un traité anti-allemand a été signé, c'est l'URSS, de Staline. Un pays dont on se méfie. Et surtout... un pays qui n'a pas de frontières avec l'Allemagne. Pour attaquer l'Allemagne, il faudrait que l'armée soviétique puisse passer par la Pologne. Pour les Polonais, évidemment, qui ont été occupés par la Russie, et que les bolcheviques en 1920 ont essayé d'envahir, c'est même pas un rêve. Et donc, en cas de conflit avec l'Allemagne, la France peut avoir peur de se retrouver seule. Surtout que la puissance militaire allemande est très surestimée. En mars 1936, quand Hitler a réarmé la Rhénanie, les petits français voulaient y aller, ils voulaient contre-attaquer. Mais ce sont les autorités militaires qui ont conseillé de ne pas bouger. Parce qu'elles pensaient que l'Allemagne était beaucoup plus puissante militairement que ce qu'elle était vraiment. Et donc, en France, on préfère gagner du temps, prendre le temps de réarmer. Le gouvernement du Front Populaire commence à réarmer le pays à partir de 1936. Seulement, ça fait entrer dans un cercle vicieux. Parce que ça pousse à attendre encore et encore que la France soit assez forte militairement. Parce qu'on a peur qu'elle ne le soit jamais assez. Si on veut absolument éviter un nouveau conflit, c'est aussi parce qu'il y a un esprit pacifiste très répandu. Le souvenir de la boucherie des batailles de 14-18, qu'on ne veut surtout pas revivre. Plein d'anciens combattants sont là pour en témoigner. Bon. Vous me direz, Hitler et certains de ses lieutenants comme Hermann Göring, eux aussi, ils ont été combattants en 1418. Ça n'en fait pas pour autant des pacifistes. Il faut dire qu'ils ont combattu pour un pays qui a été vaincu. Donc, pour eux, les massacres, les boucheries de 1418, ce sont des massacres qui ont eu lieu pour rien. Une source de frustration, d'envie de revanche. Les anciens combattants français et britanniques, eux, ils peuvent être... plus facilement pacifistes, parce que leurs pays ont gagné, ont été vainqueurs. Après la première guerre mondiale, il y a eu la création de la SDN, dont j'ai parlé tout à l'heure, et aussi les accords de Locarno, signés en 1925, entre les puissances européennes. Des accords qui visent à garantir la sécurité collective en Europe. Côté français, côté britannique, on ne veut pas gâcher tout ça, on veut y croire. Et là, vous allez peut-être me dire, oui enfin bon, croire à la paix et à la sécurité avec Hitler. Justement, Hitler et le régime nazi, à cette époque, ils n'avaient pas l'image très négative qui leur a été associée après. À cette époque, en Europe, les régimes de dictature, avec répression et déportation des opposants, c'était plus la norme que l'exception. Il y avait par exemple l'Italie du Mussolini, le Portugal de Salazar, l'Autriche, la Pologne du Pliszewski, la Hongrie de Horty, la Turquie du Mustafa Kemal, etc. La Shoah, l'extermination des juifs n'avait pas encore eu lieu. Alors oui, les juifs allemands subissaient déjà des discriminations dures. Mais d'autres pays d'Europe imposaient aussi des lois du même genre. Et puis les indigènes, comme on les appelait, des colonies françaises et britanniques, eux aussi, ils vivaient des discriminations parfaitement officielles. Ce que je veux dire, c'est que la répression des opposants, les discriminations officielles imposées dans l'Europe de l'époque, ça n'était pas une exclusivité du régime de Hitler. Et donc que ce régime ne suscitait pas forcément autant de rejets qu'on pourrait penser. Il pouvait même donner une bonne image, une impression de modernité, avec la chute du taux de chômage, le retour de la croissance économique. Un peu comme le régime de Mustafa Kemal en Turquie. Un régime de dictature assez dur qui empêchait par la force les Kurdes d'être indépendants, qui avaient... imposer le silence sur le souvenir du génocide arménien, mais aussi un régime qui avait mis en place une constitution laïque, qui voulait moderniser le pays sur le modèle occidental. Bon, autant Mustafa Kemal ne voulait pas reformer l'Empire Ottoman, autant Hitler, lui, il avait une volonté affirmée de revanche sur la défaite du 1918, une volonté de reconquête militaire, un militarisme assumé. Il avait écrit ça dès 1924 dans le livre Mein Kampf. Seulement, Mein Kampf n'a pas été traduit en français avant 1934. Même traduit, il n'a pas été imprimé en beaucoup d'exemplaires. Et pas mal de celles et ceux qui l'ont ouvert n'ont pas dû aller jusqu'au bout, tellement il est pénible à lire, avec un style très lourd, très répétitif. Je le sais, j'ai lu Mein Kampf. Celles et ceux qui ont lu Mein Kampf jusqu'au bout ont pu quand même y remarquer une chose. Là-dedans, même si la France est désignée clairement comme une ennemie de Allemagne, Hitler écrit aussi très clairement que ses projets d'invasion, de conquête territoriale, d'annexion, ils ne sont pas dirigés vers l'Ouest de l'Europe, mais vers l'Est, vers l'URSS, entre autres. Je me souviens d'une phrase ou à propos de l'URSS. Hitler écrit que, je cite, Le gigantesque empire de l'Est est mûr pour l'effondrement A posteriori, il y a des remarques qui font un peu sourire. Mais est-ce que certains décideurs politiques, français ou britanniques, ont pu être rassurés en lisant ça Se dire que Hitler ne voulait pas attaquer la France et la Grande-Bretagne. Évidemment, ça peut sembler franchement cynique ou très lâche. Et puis l'hypothèse est un peu gratuite. Je le reconnais. Mais ça peut expliquer au moins en partie le recul des Français et des Britanniques devant Hitler. Et ça peut expliquer aussi ce qui se passera après à Munich. Il y a une autre chose qui peut expliquer pourquoi les Français et les Britanniques ont tellement reculé devant Hitler. Le Führer avait commencé à réarmer l'Allemagne, au motif que la paix qui lui avait été imposée après la Première Guerre mondiale était profondément injuste, inéquitable, ce qui est plutôt vrai. Quand le traité de Versailles a été imposé à l'Allemagne en juin 1919, les vainqueurs ont considéré que les Allemands étaient tous coupables collectivement d'avoir déclenché la première guerre mondiale. D'où un traité particulièrement dur, avec un montant de réparation énorme. et des territoires habités par des Allemands qui ont été annexés par d'autres pays. La ville d'Antique, par exemple, devenue polonaise, ou le territoire de Memel. Les vainqueurs de 1918 ont refusé d'appliquer à l'Allemagne le principe des nationalités, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, dont eux-mêmes se réclamaient pourtant. Dans le même genre, on a aussi interdit à l'Autriche d'engendre l'Allemagne. Parce que suite à la fin de l'empire d'Autriche-Hongrie, l'Autriche devenait limitée à ses territoires peuplés de gens de langue allemande. Pas mal de ses habitants étaient alors ok pour intégrer l'Allemagne, ce que la France et la Grande-Bretagne ont refusé. Si ça avait été accepté, l'Allemagne serait sortie du premier conflit mondial plus peuplée, plus forte qu'en 1914. Mais là aussi, on a refusé d'appliquer le principe des nationalités. Le droit des peuples a disposé d'eux-mêmes. Donc, la propagande du Hitler, qui dénonçait les traités de paix de la Première Guerre mondiale comme injustes, elle pouvait avoir un écho. Une partie de l'opinion publique, une partie des milieux dirigeants français et britanniques pouvaient l'entendre. Le réarmement de l'Allemagne, l'annexion de l'Autriche, pouvait être vu et entendu comme quelque chose de justifié, la correction d'une injustice. Bref, voilà toutes les raisons qui peuvent expliquer pourquoi la France et la Grande-Bretagne ont laissé Hitler réarmer l'Allemagne, annexer l'Autriche, respecter de moins en moins le traité de Versailles et pourquoi elles vont encore céder devant lui à Munich. Alors justement, à l'origine des accords de Munich, il y a la question du territoire des Sudètes, auquel Hitler va s'intéresser juste après avoir annexé l'Autriche. Les Sudètes, à l'époque, c'est un territoire de l'ouest de la Tchécoslovaquie qui borde toute la frontière allemande, du nord au sud. et d'est en ouest. Un territoire assez grand où vivent plus de 3 millions de personnes de langue allemande. Au moment de la création de la Tchécoslovaquie en 1918, les Sudètes auraient pu être rattachés à l'Allemagne. Mais ça aurait été la même chose que pour l'Autriche. Ça aurait signifié le territoire allemand agrandi, l'Allemagne plus forte. Surtout que les Sudètes c'est une région riche où il y a pas mal d'industrie. Et aussi des zones montagneuses qui sont une bonne défense naturelle en cas de conflit avec l'Allemagne. Autant de raisons en plus pour les rattacher à la Tchécoslovaquie. Les populations qui habitent les Sudètes, on les appelle parfois les Allemands des Sudètes. Ce qui, au sens strict, n'est pas forcément très vrai, parce que historiquement, ce territoire, c'était l'Empire d'Autriche, pas l'Allemagne. Mais bon, tout le monde les appelle les Allemands des Sudètes. En Tchécoslovaquie, ils n'étaient ni persécutés, ni discriminés. La Tchécoslovaquie est depuis ses créations en 1918 sous régime démocratique. Malgré ça, certains Allemands des Sudètes pouvaient ne pas se sentir vraiment Tchécoslovaques, mais Allemands d'abord. Pas tous. Un parti politique qui a pas mal d'influence chez eux, c'est le Parti communiste tchécoslovaque, dont la ligne politique n'est pas vraiment nationaliste. Seulement un parti politique. beaucoup plus influent c'est le parti allemand des sudètes dirigé par conrad online soutenu par hitler c'est vous dire que c'est un parti bien nationaliste le 24 avril 1938 alors que ça fait à peine plus d'un mois que l'allemagne a annexé l'autriche le parti allemand des sudètes rembaudit officiellement la création d'un gouvernement sudètes autonomes Dans les mois qui suivent, les tensions vont monter entre ce parti et le gouvernement tchécoslovaque. Et puis, le 12 septembre 1938, dans un discours, le Führer réclame pour les Allemands des sujets d'être opprimés, opprimés d'après Hitler bien sûr, il réclame donc pour eux le droit à l'autodétermination. La tension monte vite entre les gouvernements allemands et tchécoslovaques. La France ne peut pas ne pas s'en mêler. Elle a signé avec la Tchécoslovaquie, un traité d'amitié dans les années 1920. Ce n'est pas explicitement une alliance militaire anti-allemande, mais on est dans cet esprit. La réponse à Hitler va venir de la Grande-Bretagne. Le premier ministre britannique, Néville Chamberlain, décide d'arranger les choses. Le 15 septembre, il va voir Hitler, en Bavière. Là où Hitler a son quartier général de Burschhausgaden. Le 22 septembre, Chamberlain y retourne. Et ça ne se passe pas très bien. Hitler ne se calme pas. Au contraire, il est mollasse d'envahir la Tchécoslovaquie. À ce moment-là, l'Europe est au bord de la guerre. Le 21 septembre, donc avant la seconde rencontre entre Hitler et Chamberlain, l'URSS mobilise des troupes, qu'elle concentre en Biélorussie et en Ukraine. Le 23 septembre, la Tchécoslovaquie décide la mobilisation générale. La France, elle, attend le 27 septembre. Même pas pour décider officiellement de la mobilisation générale, mais pour appeler ses réservistes. Ce qui est déjà beaucoup. La France semble bien décider à soutenir son allié tchécoslovaque. Et c'est là que Mussolini, le chef d'État italien, propose sa médiation. On décide d'une conférence à plusieurs pour arranger les choses par la négociation. Et cette conférence s'ouvre à Munich le 29 septembre 1938. Elle regroupe quatre personnes, Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier, les chefs de gouvernement allemands, italiens, britanniques et français. Uniquement. La Tchécoslovaquie n'est pas invitée à cette conférence, alors qu'elle est pourtant la première concernée. Le 30 septembre 1938, Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier se mettent d'accord. La France et la Grande-Bretagne acceptent que Hitler annexe les Sudètes. En échange, Hitler promet que c'est la dernière de ses exigences. Ses accords de Munich sont officiellement signés. Le retour de Chamberlain et de Daladier dans leurs pays respectifs est un... triomphe. Quand il arrive à Londres par avion, Jean Borla improvise un discours où il parle avec un optimisme débordant de l'accord de paix qui a été signé avec Hitler. Pour le français Daladier, lui, c'est moins la joie. Quand il arrive au Bourget, il est accueilli par une foule de gens enthousiastes. Et en les voyant, il aurait dit à un de ses collaborateurs Ah les cons s'ils savaient Bon, il n'est pas sûr du tout qu'il ait dit ça. Mais qu'on voit l'expression qu'il a sur les images d'archives, Daladier ne devait pas en penser moins. La France a complètement lâché un de ses alliés. Elle a cédé sur des menaces d'agression. Et pourtant, en France et en Grande-Bretagne, les opinions publiques, dans leur grande majorité, sont enthousiastes à la signature des accords de Munich. La guerre a été évitée. La paix est garantie pour longtemps. Croit-on. Côté Tchécoslovaque. L'ambiance est moins à la fête. Le gouvernement se résigne à accepter des accords qui ont été décidés sans lui, contre lui. L'Allemagne annexe les Sudètes, sans avoir à tirer un coup de feu. Les Tchèques qui y habitent sont expulsés. La Pologne profite de la situation pour annexer la région de Téchen. Le 5 octobre, le président tchécoslovaque, Édouard Médège, démissionne. En France et en Grande-Bretagne, certains esprits sont quand même... assez conscients de la situation. Côté français, le leader socialiste Léon Blum se dit partagé entre un lâche soulagement et la honte. Un autre français, Henri de Kérys, va déclarer devant la Chambre des députés. L'Allemagne est insatiable devant les faibles. L'Allemagne ne respecte que l'effort et nous venons de lui montrer que nous ne l'étions pas. Côté britannique, le travailliste Hugh Dalton déclare que les accords de Munich sont un morceau de papier arraché à Mein Kampf. Et côté britannique, il y a aussi Winston Churchill, qui avant la conférence de Munich, avait écrit à Hello George, l'ancien Premier ministre. J'ai l'impression que nous allons devoir quitter pendant les prochaines semaines entre la guerre et le déshonneur, et j'ai assez peu de doutes sur l'issue de ce choix. Et après la ceinture des accords de Munich... Enrique Churchill fait le discours suivant devant la Chambre des communes. N'allez pas croire que ce soit la fin. Ce n'est encore que le commencement du grand règlement de compte. Ce n'est qu'un simple avant-goût. Nous n'avons bu que du bout des lèvres à la coupe amère qui nous sera tendue année après année. À moins que nous ne retrouvions, par un suprême effort, notre santé morale et notre vigueur martiale. Cette coupe amère dont Churchill parle, elle ne va pas attendre des années pour être tendue. Dès le mois de novembre 1938, la Hongrie annexe le sud de la Slovaquie. Et en mars 1939, l'Allemagne occupe toute la partie ouest de la Tchécoslovaquie, qui devient le protectorat allemand de Bohém-Moravie. La Slovaquie devient indépendante. En clair, la Tchécoslovaquie est démantelée. Suite aux accords de Munich, Staline a bien pris conscience que, en cas de guerre avec l'Allemagne, il ne peut pas faire confiance à la France et à la Grande-Bretagne. Ce qui va l'amener fin août 1939 à la signature du pacte germano-soviétique. Un pacte de non-agression qui va encourager Hitler à envahir la Pologne début septembre 1939. Et là, la France et la Grande-Bretagne, vous Enfin, si j'ose dire, déclarer la guerre à l'Allemagne. Mais après trois jours, oui trois jours, comme si on espérait encore faire reculer Hitler, le faire changer d'avis. Ou comme si on n'osait pas vraiment aller en guerre, toujours un peu dans l'esprit des accords de Munich. Les accords de Munich sont restés dans l'histoire comme un symbole à la fois d'aveuglement, d'idiotie, de lâcheté. On y fait régulièrement référence dans les crises internationales, qu'on veut alerter sur le fait qu'il ne faut pas être naïf, qu'il ne faut surtout pas faire confiance à des dirigeants politiques dangereux. Ça a été le cas, par exemple, pendant la nationalisation du canal de Suez en 1956, l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, ou l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014. D'ailleurs, on ne va pas se mentir. Il y a quelques semaines, je n'avais pas du tout l'idée d'écrire cet épisode. C'est le contexte international actuel qui me l'a inspiré. La situation de l'Ukraine, plus exactement. Car là, en ce moment, en mars 2025, au moment où j'écris ce script, l'Ukraine risque d'être partagée... entre la Russie et les États-Unis. Parce que son principal allié, les États-Unis, a décidé de la lâcher. Une façon, on va dire, éthiquement assez écœurante où les déclarations et les actions du gouvernement fédéral américain hésitent entre la mauvaise foi, le mensonge, le cynisme, l'idiotie et la lâcheté. Bon, bien sûr, comparaison n'est pas toujours raison. L'histoire ne se répète pas. jamais même si elle peut donner l'impression de bégayer les parallèles historiques sont souvent faux en fait le problème c'est que ces parallèles historiques qui sont souvent utilisés pour justifier tel narratif des discours actuel et pour ça on va chercher dans le passé les comparaisons qui nous arrange sans hésiter à déformer à éluder ou à mentir par exemple quand le président égyptien Nasser nationalise le canal de Suez en 1156, le gouvernement français le qualifie de nouvel Hitler une façon de discréditer, de nier ce que la nationalisation du canal de Suez pouvait avoir de justifié. Des situations actuelles peuvent être similaires ou en tout cas sembler similaires à des situations passées. Par exemple, l'Ukraine lâchée actuellement par les États-Unis, comme la Tchécoslovaquie, avait été lâchée par la France. et par la Grande-Bretagne en 1938. Seulement, situation similaire ne veut pas dire situation identique. Et surtout, même similaire, ces situations sont menées par des contextes différents. Rappelez-vous de ce que je vous ai dit dans cet épisode sur les raisons qui ont fait que les gouvernements français et britanniques ont régulièrement reculé devant Hitler. Ça s'explique par un contexte bien particulier qui n'est pas du tout le même que maintenant. Un contexte... qui ne se reproduira plus. L'Ukraine de 2025, ça n'est pas la Tchèque-Slovakie de 1938. La Russie de Poutine, ça n'est pas l'Allemagne de Hitler. Et les États-Unis de Trump, ça n'est pas la France ou la Grande-Bretagne de 1938. Je vous conseille de garder ça en tête quand vous pensez à faire des parallèles historiques. Ils peuvent être utiles, ils peuvent être féconds quand ils sont bien utilisés. Voilà Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a appris quelque chose, qu'il vous a plu. Si oui, partagez-le à vos amis, à vos connaissances, que vous l'écoutiez sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcast, sur YouTube ou ailleurs. Likez-le, notez-le. Et si vous le pouvez, mettez un commentaire, ça me fait un feedback et ça m'aide à être mieux référencé. Vous pouvez aussi soutenir mon travail en me laissant un pouvoir sur Tipeee. Et surtout, abonnez-vous au podcast pour ne rien rater. des prochains épisodes. A très bientôt, ciao

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Des reculs réguliers face à Hitler

    01:48

  • Hitler vu comme un gentleman ?

    06:07

  • De la crise des Sudètes aux accords de Munich

    15:33

  • Soulagement, honte et inquiétudes

    20:23

  • Le passé peut aider à comprendre le présent mais ...

    24:31

  • Conclusion et remerciements

    27:54

Description

Pourquoi la France et la Grande-Bretagne ont-elles laissé Hitler annexer une partie de la Tchécoslovaquie en 1938 ? Comment ont-elles pu croire que ceci pourrait garantir la paix en Europe ?
Retour sur un fiasco diplomatique qui peut faire écho à des situations plus contemporaines.



SOURCES : 


  • Claude Quétel, La Seconde Guerre Mondiale, Perrin, 2015

  • Olivier Wieviorka, Histoire totale de la Seconde Guerre Mondiale, Perrin, 2023

  • Pierre Vallaud, La Seconde Guerre Mondiale Tome 1 : l’agression hitlérienne 1938-1941, Acropole, 2002

  • Arnaud Pautel, Histoire du monde contemporain, Autrement, 2019

  • Frédéric Dessberg, De Locarno à Munich in L’Europe dans la construction politique et identitaire et identitaire russe, Rue d’Ulm, 2022

  • Philippe Bretton, Les négociations germano-tchécoslovaques sur l’accord de Munich de 1938, in Annuaire Français de Droit international, 1973

  • Philippe Chassaigne, La société britannique, la guerre et la paix 1914-1945 in Histoire, économie et société, 2004

  • Mathilde Damgé, Ces citations que Winston Churchill n’a jamais prononcées in Le Monde du 27 janvier 2015

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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et bonjour à tous. Le 30 septembre 1938, par des accords officiels signés à Munich, la France et la Grande-Bretagne autorisaient Hitler à annexer une partie de la Tchécoslovaquie pour éviter une guerre généralisée en Europe. Autant les gouvernements français et britanniques étaient persuadés que, avec ces accords, la paix était garantie en Europe pour très longtemps, autant pour Hitler, au contraire, ça a été un encouragement. à aller plus loin, à démanteler la Tchécoslovaquie, puis à envahir la Pologne, ce qui a déclenché en Europe la Seconde Guerre mondiale. Et voilà comment les accords de Munich, qui devaient normalement être le symbole de la paix, sont devenus un symbole à la fois de faiblesse, de naïveté, voire de lâcheté. Avec le recul du temps, c'est à se demander comment les Français et les Britanniques ont pu être tellement naïfs, tellement aveugles. Avec le recul du temps... Et justement, mieux vaut éviter une vision a posteriori qui serait anachronique, d'où l'épisode d'aujourd'hui, où on va faire en sorte de bien comprendre le pourquoi, le comment, les causes et conséquences des accords de Munich. Avant, n'oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Allez, on démarre A Munich en 1938, ça n'était pas du tout la première fois que la France et la Grande-Bretagne reculaient devant Hitler. Flashback, Hitler est nommé chancelier d'Allemagne le 31 janvier 1933. En quelques mois, il installe la dictature du parti nazi. Ensuite, dès le 14 octobre 1933, il annonce que l'Allemagne quitte la SDN et la conférence sur le désarmement. La SDN, c'est l'abrégé de la Société des Nations. Un peu l'équivalent de l'ONU à l'époque. La conférence sur le désarmement, c'était une conférence internationale qui se tenait depuis un peu plus d'un an. La décision de Hitler provoque l'indignation côté français. Mais par contre, côté britannique, on répond en conseillant à la France de réduire son potentiel militaire. Suite au traité de Versailles, imposé en 1979 après sa défaite, l'Allemagne avait le droit de garder qu'une armée très réduite. quelques centaines de milliers de soldats, sans service militaire. Or, le 16 mars 1935, Hitler annonce la recréation d'une armée allemande complète appelée la Wehrmacht. Pas longtemps après, suivent la création d'une marine de guerre et d'une armée de l'air. Et là, ça réagit. La France, la Grande-Bretagne et l'Italie protestent contre ce qui est clairement un réarmement allemand. Les trois pays se réunissent à Stresa en Italie en avril 1935. Ils y affirment leur opposition à tout ce qui pourrait être une menace pour la paix. Mais à peine deux mois plus tard, le 18 juin 1935, la Grande-Bretagne signe avec l'Allemagne un traité naval, où les Britanniques reconnaissent à l'Allemagne le droit de posséder une marine de guerre, à la condition qu'elle ne représente pas plus de 35% de la marine de guerre britannique. Mais Hitler a quand même l'accord pour développer une marine de guerre. En octobre 1935, l'Italie envahit l'Ethiopie. Une invasion condamnée par la France et par la Grande-Bretagne, mais soutenue par l'Allemagne. Donc l'Italie, pays jusque-là plutôt adversaire de l'Allemagne, devient son allié. Et résultat, en Europe continentale, la France reste la seule puissance opposée à l'Allemagne. Encore que, elle a signé avec l'URSS. le 2 mai 1935, un pacte d'assistance mutuelle. Le 27 février 1936, les députés français votent officiellement la ratification de ce pacte. Et là, en réaction, le 7 mars, Hitler fait un discours où il dénonce ce pacte comme une alliance anti-allemande, ce qui, entre parenthèses, est vrai. Le Führer déclare, je cite, Aux offres amicales et aux assurances pacifiques de l'Allemagne, la France a répondu. par une alliance militaire avec l'Union soviétique, qui est exclusivement dirigée contre l'Allemagne. Et donc, en réaction, Hitler annonce la remilitarisation de la Rhénanie. Suite au traité de Versailles, l'Allemagne n'avait pas le droit d'y avoir des soldats. Ce que le Führer décide de ne plus respecter. Le gouvernement français proteste, mais sans réagir militairement. Pendant toute l'année 1937, le Führer ne fait pas de nouvelles provocations. Il reste calme. Bon, le 5 novembre 1937, il réunit quand même ses principaux lieutenants pour les informer de sa décision d'aller plus loin. Et il va effectivement aller largement plus loin. Cette fois en annexant un pays, l'Autriche, en mars 1938, ce qu'on a appelé l'Anschluss. Une annexion obtenue sans tirer un seul coup de feu, mais au moyen de différentes pressions et menaces contre le gouvernement autrichien. Et là encore, les réactions côté britannique et français sont très mesurées. Deux jours après l'Anschluss, le 14 mars 1938, le premier ministre britannique, Chamberlain, fait cette déclaration devant la Chambre des communes. Pas le moment de prendre des décisions hâtives ou de dire des paroles imprudentes. Nous devons considérer la nouvelle situation rapidement, mais froid nous. Là c'est le moment de s'arrêter un moment, pour comprendre le pourquoi de tous ces reculs face à Hitler. Du côté de la Grande-Bretagne, l'accord naval de 1935 peut s'expliquer par la même politique étrangère menée par Londres depuis plusieurs siècles. Éviter qu'en Europe, un pays soit dominant. Le réarmement de l'Allemagne, vu de Londres, ça passait tant que l'Allemagne ne réarmait pas trop. Ça équilibrait la puissance militaire française. Du coup, côté français, en cas de conflit avec l'Allemagne, pas trop de confiance en la Grande-Bretagne. Et surtout pas en l'Italie. Le seul pays important avec lequel un traité anti-allemand a été signé, c'est l'URSS, de Staline. Un pays dont on se méfie. Et surtout... un pays qui n'a pas de frontières avec l'Allemagne. Pour attaquer l'Allemagne, il faudrait que l'armée soviétique puisse passer par la Pologne. Pour les Polonais, évidemment, qui ont été occupés par la Russie, et que les bolcheviques en 1920 ont essayé d'envahir, c'est même pas un rêve. Et donc, en cas de conflit avec l'Allemagne, la France peut avoir peur de se retrouver seule. Surtout que la puissance militaire allemande est très surestimée. En mars 1936, quand Hitler a réarmé la Rhénanie, les petits français voulaient y aller, ils voulaient contre-attaquer. Mais ce sont les autorités militaires qui ont conseillé de ne pas bouger. Parce qu'elles pensaient que l'Allemagne était beaucoup plus puissante militairement que ce qu'elle était vraiment. Et donc, en France, on préfère gagner du temps, prendre le temps de réarmer. Le gouvernement du Front Populaire commence à réarmer le pays à partir de 1936. Seulement, ça fait entrer dans un cercle vicieux. Parce que ça pousse à attendre encore et encore que la France soit assez forte militairement. Parce qu'on a peur qu'elle ne le soit jamais assez. Si on veut absolument éviter un nouveau conflit, c'est aussi parce qu'il y a un esprit pacifiste très répandu. Le souvenir de la boucherie des batailles de 14-18, qu'on ne veut surtout pas revivre. Plein d'anciens combattants sont là pour en témoigner. Bon. Vous me direz, Hitler et certains de ses lieutenants comme Hermann Göring, eux aussi, ils ont été combattants en 1418. Ça n'en fait pas pour autant des pacifistes. Il faut dire qu'ils ont combattu pour un pays qui a été vaincu. Donc, pour eux, les massacres, les boucheries de 1418, ce sont des massacres qui ont eu lieu pour rien. Une source de frustration, d'envie de revanche. Les anciens combattants français et britanniques, eux, ils peuvent être... plus facilement pacifistes, parce que leurs pays ont gagné, ont été vainqueurs. Après la première guerre mondiale, il y a eu la création de la SDN, dont j'ai parlé tout à l'heure, et aussi les accords de Locarno, signés en 1925, entre les puissances européennes. Des accords qui visent à garantir la sécurité collective en Europe. Côté français, côté britannique, on ne veut pas gâcher tout ça, on veut y croire. Et là, vous allez peut-être me dire, oui enfin bon, croire à la paix et à la sécurité avec Hitler. Justement, Hitler et le régime nazi, à cette époque, ils n'avaient pas l'image très négative qui leur a été associée après. À cette époque, en Europe, les régimes de dictature, avec répression et déportation des opposants, c'était plus la norme que l'exception. Il y avait par exemple l'Italie du Mussolini, le Portugal de Salazar, l'Autriche, la Pologne du Pliszewski, la Hongrie de Horty, la Turquie du Mustafa Kemal, etc. La Shoah, l'extermination des juifs n'avait pas encore eu lieu. Alors oui, les juifs allemands subissaient déjà des discriminations dures. Mais d'autres pays d'Europe imposaient aussi des lois du même genre. Et puis les indigènes, comme on les appelait, des colonies françaises et britanniques, eux aussi, ils vivaient des discriminations parfaitement officielles. Ce que je veux dire, c'est que la répression des opposants, les discriminations officielles imposées dans l'Europe de l'époque, ça n'était pas une exclusivité du régime de Hitler. Et donc que ce régime ne suscitait pas forcément autant de rejets qu'on pourrait penser. Il pouvait même donner une bonne image, une impression de modernité, avec la chute du taux de chômage, le retour de la croissance économique. Un peu comme le régime de Mustafa Kemal en Turquie. Un régime de dictature assez dur qui empêchait par la force les Kurdes d'être indépendants, qui avaient... imposer le silence sur le souvenir du génocide arménien, mais aussi un régime qui avait mis en place une constitution laïque, qui voulait moderniser le pays sur le modèle occidental. Bon, autant Mustafa Kemal ne voulait pas reformer l'Empire Ottoman, autant Hitler, lui, il avait une volonté affirmée de revanche sur la défaite du 1918, une volonté de reconquête militaire, un militarisme assumé. Il avait écrit ça dès 1924 dans le livre Mein Kampf. Seulement, Mein Kampf n'a pas été traduit en français avant 1934. Même traduit, il n'a pas été imprimé en beaucoup d'exemplaires. Et pas mal de celles et ceux qui l'ont ouvert n'ont pas dû aller jusqu'au bout, tellement il est pénible à lire, avec un style très lourd, très répétitif. Je le sais, j'ai lu Mein Kampf. Celles et ceux qui ont lu Mein Kampf jusqu'au bout ont pu quand même y remarquer une chose. Là-dedans, même si la France est désignée clairement comme une ennemie de Allemagne, Hitler écrit aussi très clairement que ses projets d'invasion, de conquête territoriale, d'annexion, ils ne sont pas dirigés vers l'Ouest de l'Europe, mais vers l'Est, vers l'URSS, entre autres. Je me souviens d'une phrase ou à propos de l'URSS. Hitler écrit que, je cite, Le gigantesque empire de l'Est est mûr pour l'effondrement A posteriori, il y a des remarques qui font un peu sourire. Mais est-ce que certains décideurs politiques, français ou britanniques, ont pu être rassurés en lisant ça Se dire que Hitler ne voulait pas attaquer la France et la Grande-Bretagne. Évidemment, ça peut sembler franchement cynique ou très lâche. Et puis l'hypothèse est un peu gratuite. Je le reconnais. Mais ça peut expliquer au moins en partie le recul des Français et des Britanniques devant Hitler. Et ça peut expliquer aussi ce qui se passera après à Munich. Il y a une autre chose qui peut expliquer pourquoi les Français et les Britanniques ont tellement reculé devant Hitler. Le Führer avait commencé à réarmer l'Allemagne, au motif que la paix qui lui avait été imposée après la Première Guerre mondiale était profondément injuste, inéquitable, ce qui est plutôt vrai. Quand le traité de Versailles a été imposé à l'Allemagne en juin 1919, les vainqueurs ont considéré que les Allemands étaient tous coupables collectivement d'avoir déclenché la première guerre mondiale. D'où un traité particulièrement dur, avec un montant de réparation énorme. et des territoires habités par des Allemands qui ont été annexés par d'autres pays. La ville d'Antique, par exemple, devenue polonaise, ou le territoire de Memel. Les vainqueurs de 1918 ont refusé d'appliquer à l'Allemagne le principe des nationalités, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, dont eux-mêmes se réclamaient pourtant. Dans le même genre, on a aussi interdit à l'Autriche d'engendre l'Allemagne. Parce que suite à la fin de l'empire d'Autriche-Hongrie, l'Autriche devenait limitée à ses territoires peuplés de gens de langue allemande. Pas mal de ses habitants étaient alors ok pour intégrer l'Allemagne, ce que la France et la Grande-Bretagne ont refusé. Si ça avait été accepté, l'Allemagne serait sortie du premier conflit mondial plus peuplée, plus forte qu'en 1914. Mais là aussi, on a refusé d'appliquer le principe des nationalités. Le droit des peuples a disposé d'eux-mêmes. Donc, la propagande du Hitler, qui dénonçait les traités de paix de la Première Guerre mondiale comme injustes, elle pouvait avoir un écho. Une partie de l'opinion publique, une partie des milieux dirigeants français et britanniques pouvaient l'entendre. Le réarmement de l'Allemagne, l'annexion de l'Autriche, pouvait être vu et entendu comme quelque chose de justifié, la correction d'une injustice. Bref, voilà toutes les raisons qui peuvent expliquer pourquoi la France et la Grande-Bretagne ont laissé Hitler réarmer l'Allemagne, annexer l'Autriche, respecter de moins en moins le traité de Versailles et pourquoi elles vont encore céder devant lui à Munich. Alors justement, à l'origine des accords de Munich, il y a la question du territoire des Sudètes, auquel Hitler va s'intéresser juste après avoir annexé l'Autriche. Les Sudètes, à l'époque, c'est un territoire de l'ouest de la Tchécoslovaquie qui borde toute la frontière allemande, du nord au sud. et d'est en ouest. Un territoire assez grand où vivent plus de 3 millions de personnes de langue allemande. Au moment de la création de la Tchécoslovaquie en 1918, les Sudètes auraient pu être rattachés à l'Allemagne. Mais ça aurait été la même chose que pour l'Autriche. Ça aurait signifié le territoire allemand agrandi, l'Allemagne plus forte. Surtout que les Sudètes c'est une région riche où il y a pas mal d'industrie. Et aussi des zones montagneuses qui sont une bonne défense naturelle en cas de conflit avec l'Allemagne. Autant de raisons en plus pour les rattacher à la Tchécoslovaquie. Les populations qui habitent les Sudètes, on les appelle parfois les Allemands des Sudètes. Ce qui, au sens strict, n'est pas forcément très vrai, parce que historiquement, ce territoire, c'était l'Empire d'Autriche, pas l'Allemagne. Mais bon, tout le monde les appelle les Allemands des Sudètes. En Tchécoslovaquie, ils n'étaient ni persécutés, ni discriminés. La Tchécoslovaquie est depuis ses créations en 1918 sous régime démocratique. Malgré ça, certains Allemands des Sudètes pouvaient ne pas se sentir vraiment Tchécoslovaques, mais Allemands d'abord. Pas tous. Un parti politique qui a pas mal d'influence chez eux, c'est le Parti communiste tchécoslovaque, dont la ligne politique n'est pas vraiment nationaliste. Seulement un parti politique. beaucoup plus influent c'est le parti allemand des sudètes dirigé par conrad online soutenu par hitler c'est vous dire que c'est un parti bien nationaliste le 24 avril 1938 alors que ça fait à peine plus d'un mois que l'allemagne a annexé l'autriche le parti allemand des sudètes rembaudit officiellement la création d'un gouvernement sudètes autonomes Dans les mois qui suivent, les tensions vont monter entre ce parti et le gouvernement tchécoslovaque. Et puis, le 12 septembre 1938, dans un discours, le Führer réclame pour les Allemands des sujets d'être opprimés, opprimés d'après Hitler bien sûr, il réclame donc pour eux le droit à l'autodétermination. La tension monte vite entre les gouvernements allemands et tchécoslovaques. La France ne peut pas ne pas s'en mêler. Elle a signé avec la Tchécoslovaquie, un traité d'amitié dans les années 1920. Ce n'est pas explicitement une alliance militaire anti-allemande, mais on est dans cet esprit. La réponse à Hitler va venir de la Grande-Bretagne. Le premier ministre britannique, Néville Chamberlain, décide d'arranger les choses. Le 15 septembre, il va voir Hitler, en Bavière. Là où Hitler a son quartier général de Burschhausgaden. Le 22 septembre, Chamberlain y retourne. Et ça ne se passe pas très bien. Hitler ne se calme pas. Au contraire, il est mollasse d'envahir la Tchécoslovaquie. À ce moment-là, l'Europe est au bord de la guerre. Le 21 septembre, donc avant la seconde rencontre entre Hitler et Chamberlain, l'URSS mobilise des troupes, qu'elle concentre en Biélorussie et en Ukraine. Le 23 septembre, la Tchécoslovaquie décide la mobilisation générale. La France, elle, attend le 27 septembre. Même pas pour décider officiellement de la mobilisation générale, mais pour appeler ses réservistes. Ce qui est déjà beaucoup. La France semble bien décider à soutenir son allié tchécoslovaque. Et c'est là que Mussolini, le chef d'État italien, propose sa médiation. On décide d'une conférence à plusieurs pour arranger les choses par la négociation. Et cette conférence s'ouvre à Munich le 29 septembre 1938. Elle regroupe quatre personnes, Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier, les chefs de gouvernement allemands, italiens, britanniques et français. Uniquement. La Tchécoslovaquie n'est pas invitée à cette conférence, alors qu'elle est pourtant la première concernée. Le 30 septembre 1938, Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier se mettent d'accord. La France et la Grande-Bretagne acceptent que Hitler annexe les Sudètes. En échange, Hitler promet que c'est la dernière de ses exigences. Ses accords de Munich sont officiellement signés. Le retour de Chamberlain et de Daladier dans leurs pays respectifs est un... triomphe. Quand il arrive à Londres par avion, Jean Borla improvise un discours où il parle avec un optimisme débordant de l'accord de paix qui a été signé avec Hitler. Pour le français Daladier, lui, c'est moins la joie. Quand il arrive au Bourget, il est accueilli par une foule de gens enthousiastes. Et en les voyant, il aurait dit à un de ses collaborateurs Ah les cons s'ils savaient Bon, il n'est pas sûr du tout qu'il ait dit ça. Mais qu'on voit l'expression qu'il a sur les images d'archives, Daladier ne devait pas en penser moins. La France a complètement lâché un de ses alliés. Elle a cédé sur des menaces d'agression. Et pourtant, en France et en Grande-Bretagne, les opinions publiques, dans leur grande majorité, sont enthousiastes à la signature des accords de Munich. La guerre a été évitée. La paix est garantie pour longtemps. Croit-on. Côté Tchécoslovaque. L'ambiance est moins à la fête. Le gouvernement se résigne à accepter des accords qui ont été décidés sans lui, contre lui. L'Allemagne annexe les Sudètes, sans avoir à tirer un coup de feu. Les Tchèques qui y habitent sont expulsés. La Pologne profite de la situation pour annexer la région de Téchen. Le 5 octobre, le président tchécoslovaque, Édouard Médège, démissionne. En France et en Grande-Bretagne, certains esprits sont quand même... assez conscients de la situation. Côté français, le leader socialiste Léon Blum se dit partagé entre un lâche soulagement et la honte. Un autre français, Henri de Kérys, va déclarer devant la Chambre des députés. L'Allemagne est insatiable devant les faibles. L'Allemagne ne respecte que l'effort et nous venons de lui montrer que nous ne l'étions pas. Côté britannique, le travailliste Hugh Dalton déclare que les accords de Munich sont un morceau de papier arraché à Mein Kampf. Et côté britannique, il y a aussi Winston Churchill, qui avant la conférence de Munich, avait écrit à Hello George, l'ancien Premier ministre. J'ai l'impression que nous allons devoir quitter pendant les prochaines semaines entre la guerre et le déshonneur, et j'ai assez peu de doutes sur l'issue de ce choix. Et après la ceinture des accords de Munich... Enrique Churchill fait le discours suivant devant la Chambre des communes. N'allez pas croire que ce soit la fin. Ce n'est encore que le commencement du grand règlement de compte. Ce n'est qu'un simple avant-goût. Nous n'avons bu que du bout des lèvres à la coupe amère qui nous sera tendue année après année. À moins que nous ne retrouvions, par un suprême effort, notre santé morale et notre vigueur martiale. Cette coupe amère dont Churchill parle, elle ne va pas attendre des années pour être tendue. Dès le mois de novembre 1938, la Hongrie annexe le sud de la Slovaquie. Et en mars 1939, l'Allemagne occupe toute la partie ouest de la Tchécoslovaquie, qui devient le protectorat allemand de Bohém-Moravie. La Slovaquie devient indépendante. En clair, la Tchécoslovaquie est démantelée. Suite aux accords de Munich, Staline a bien pris conscience que, en cas de guerre avec l'Allemagne, il ne peut pas faire confiance à la France et à la Grande-Bretagne. Ce qui va l'amener fin août 1939 à la signature du pacte germano-soviétique. Un pacte de non-agression qui va encourager Hitler à envahir la Pologne début septembre 1939. Et là, la France et la Grande-Bretagne, vous Enfin, si j'ose dire, déclarer la guerre à l'Allemagne. Mais après trois jours, oui trois jours, comme si on espérait encore faire reculer Hitler, le faire changer d'avis. Ou comme si on n'osait pas vraiment aller en guerre, toujours un peu dans l'esprit des accords de Munich. Les accords de Munich sont restés dans l'histoire comme un symbole à la fois d'aveuglement, d'idiotie, de lâcheté. On y fait régulièrement référence dans les crises internationales, qu'on veut alerter sur le fait qu'il ne faut pas être naïf, qu'il ne faut surtout pas faire confiance à des dirigeants politiques dangereux. Ça a été le cas, par exemple, pendant la nationalisation du canal de Suez en 1956, l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, ou l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014. D'ailleurs, on ne va pas se mentir. Il y a quelques semaines, je n'avais pas du tout l'idée d'écrire cet épisode. C'est le contexte international actuel qui me l'a inspiré. La situation de l'Ukraine, plus exactement. Car là, en ce moment, en mars 2025, au moment où j'écris ce script, l'Ukraine risque d'être partagée... entre la Russie et les États-Unis. Parce que son principal allié, les États-Unis, a décidé de la lâcher. Une façon, on va dire, éthiquement assez écœurante où les déclarations et les actions du gouvernement fédéral américain hésitent entre la mauvaise foi, le mensonge, le cynisme, l'idiotie et la lâcheté. Bon, bien sûr, comparaison n'est pas toujours raison. L'histoire ne se répète pas. jamais même si elle peut donner l'impression de bégayer les parallèles historiques sont souvent faux en fait le problème c'est que ces parallèles historiques qui sont souvent utilisés pour justifier tel narratif des discours actuel et pour ça on va chercher dans le passé les comparaisons qui nous arrange sans hésiter à déformer à éluder ou à mentir par exemple quand le président égyptien Nasser nationalise le canal de Suez en 1156, le gouvernement français le qualifie de nouvel Hitler une façon de discréditer, de nier ce que la nationalisation du canal de Suez pouvait avoir de justifié. Des situations actuelles peuvent être similaires ou en tout cas sembler similaires à des situations passées. Par exemple, l'Ukraine lâchée actuellement par les États-Unis, comme la Tchécoslovaquie, avait été lâchée par la France. et par la Grande-Bretagne en 1938. Seulement, situation similaire ne veut pas dire situation identique. Et surtout, même similaire, ces situations sont menées par des contextes différents. Rappelez-vous de ce que je vous ai dit dans cet épisode sur les raisons qui ont fait que les gouvernements français et britanniques ont régulièrement reculé devant Hitler. Ça s'explique par un contexte bien particulier qui n'est pas du tout le même que maintenant. Un contexte... qui ne se reproduira plus. L'Ukraine de 2025, ça n'est pas la Tchèque-Slovakie de 1938. La Russie de Poutine, ça n'est pas l'Allemagne de Hitler. Et les États-Unis de Trump, ça n'est pas la France ou la Grande-Bretagne de 1938. Je vous conseille de garder ça en tête quand vous pensez à faire des parallèles historiques. Ils peuvent être utiles, ils peuvent être féconds quand ils sont bien utilisés. Voilà Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a appris quelque chose, qu'il vous a plu. Si oui, partagez-le à vos amis, à vos connaissances, que vous l'écoutiez sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcast, sur YouTube ou ailleurs. Likez-le, notez-le. Et si vous le pouvez, mettez un commentaire, ça me fait un feedback et ça m'aide à être mieux référencé. Vous pouvez aussi soutenir mon travail en me laissant un pouvoir sur Tipeee. Et surtout, abonnez-vous au podcast pour ne rien rater. des prochains épisodes. A très bientôt, ciao

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Des reculs réguliers face à Hitler

    01:48

  • Hitler vu comme un gentleman ?

    06:07

  • De la crise des Sudètes aux accords de Munich

    15:33

  • Soulagement, honte et inquiétudes

    20:23

  • Le passé peut aider à comprendre le présent mais ...

    24:31

  • Conclusion et remerciements

    27:54

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Description

Pourquoi la France et la Grande-Bretagne ont-elles laissé Hitler annexer une partie de la Tchécoslovaquie en 1938 ? Comment ont-elles pu croire que ceci pourrait garantir la paix en Europe ?
Retour sur un fiasco diplomatique qui peut faire écho à des situations plus contemporaines.



SOURCES : 


  • Claude Quétel, La Seconde Guerre Mondiale, Perrin, 2015

  • Olivier Wieviorka, Histoire totale de la Seconde Guerre Mondiale, Perrin, 2023

  • Pierre Vallaud, La Seconde Guerre Mondiale Tome 1 : l’agression hitlérienne 1938-1941, Acropole, 2002

  • Arnaud Pautel, Histoire du monde contemporain, Autrement, 2019

  • Frédéric Dessberg, De Locarno à Munich in L’Europe dans la construction politique et identitaire et identitaire russe, Rue d’Ulm, 2022

  • Philippe Bretton, Les négociations germano-tchécoslovaques sur l’accord de Munich de 1938, in Annuaire Français de Droit international, 1973

  • Philippe Chassaigne, La société britannique, la guerre et la paix 1914-1945 in Histoire, économie et société, 2004

  • Mathilde Damgé, Ces citations que Winston Churchill n’a jamais prononcées in Le Monde du 27 janvier 2015

  • https://venividisensivvs.wordpress.com/2021/09/27/lhistoire-a-quoi-bon/



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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et bonjour à tous. Le 30 septembre 1938, par des accords officiels signés à Munich, la France et la Grande-Bretagne autorisaient Hitler à annexer une partie de la Tchécoslovaquie pour éviter une guerre généralisée en Europe. Autant les gouvernements français et britanniques étaient persuadés que, avec ces accords, la paix était garantie en Europe pour très longtemps, autant pour Hitler, au contraire, ça a été un encouragement. à aller plus loin, à démanteler la Tchécoslovaquie, puis à envahir la Pologne, ce qui a déclenché en Europe la Seconde Guerre mondiale. Et voilà comment les accords de Munich, qui devaient normalement être le symbole de la paix, sont devenus un symbole à la fois de faiblesse, de naïveté, voire de lâcheté. Avec le recul du temps, c'est à se demander comment les Français et les Britanniques ont pu être tellement naïfs, tellement aveugles. Avec le recul du temps... Et justement, mieux vaut éviter une vision a posteriori qui serait anachronique, d'où l'épisode d'aujourd'hui, où on va faire en sorte de bien comprendre le pourquoi, le comment, les causes et conséquences des accords de Munich. Avant, n'oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Allez, on démarre A Munich en 1938, ça n'était pas du tout la première fois que la France et la Grande-Bretagne reculaient devant Hitler. Flashback, Hitler est nommé chancelier d'Allemagne le 31 janvier 1933. En quelques mois, il installe la dictature du parti nazi. Ensuite, dès le 14 octobre 1933, il annonce que l'Allemagne quitte la SDN et la conférence sur le désarmement. La SDN, c'est l'abrégé de la Société des Nations. Un peu l'équivalent de l'ONU à l'époque. La conférence sur le désarmement, c'était une conférence internationale qui se tenait depuis un peu plus d'un an. La décision de Hitler provoque l'indignation côté français. Mais par contre, côté britannique, on répond en conseillant à la France de réduire son potentiel militaire. Suite au traité de Versailles, imposé en 1979 après sa défaite, l'Allemagne avait le droit de garder qu'une armée très réduite. quelques centaines de milliers de soldats, sans service militaire. Or, le 16 mars 1935, Hitler annonce la recréation d'une armée allemande complète appelée la Wehrmacht. Pas longtemps après, suivent la création d'une marine de guerre et d'une armée de l'air. Et là, ça réagit. La France, la Grande-Bretagne et l'Italie protestent contre ce qui est clairement un réarmement allemand. Les trois pays se réunissent à Stresa en Italie en avril 1935. Ils y affirment leur opposition à tout ce qui pourrait être une menace pour la paix. Mais à peine deux mois plus tard, le 18 juin 1935, la Grande-Bretagne signe avec l'Allemagne un traité naval, où les Britanniques reconnaissent à l'Allemagne le droit de posséder une marine de guerre, à la condition qu'elle ne représente pas plus de 35% de la marine de guerre britannique. Mais Hitler a quand même l'accord pour développer une marine de guerre. En octobre 1935, l'Italie envahit l'Ethiopie. Une invasion condamnée par la France et par la Grande-Bretagne, mais soutenue par l'Allemagne. Donc l'Italie, pays jusque-là plutôt adversaire de l'Allemagne, devient son allié. Et résultat, en Europe continentale, la France reste la seule puissance opposée à l'Allemagne. Encore que, elle a signé avec l'URSS. le 2 mai 1935, un pacte d'assistance mutuelle. Le 27 février 1936, les députés français votent officiellement la ratification de ce pacte. Et là, en réaction, le 7 mars, Hitler fait un discours où il dénonce ce pacte comme une alliance anti-allemande, ce qui, entre parenthèses, est vrai. Le Führer déclare, je cite, Aux offres amicales et aux assurances pacifiques de l'Allemagne, la France a répondu. par une alliance militaire avec l'Union soviétique, qui est exclusivement dirigée contre l'Allemagne. Et donc, en réaction, Hitler annonce la remilitarisation de la Rhénanie. Suite au traité de Versailles, l'Allemagne n'avait pas le droit d'y avoir des soldats. Ce que le Führer décide de ne plus respecter. Le gouvernement français proteste, mais sans réagir militairement. Pendant toute l'année 1937, le Führer ne fait pas de nouvelles provocations. Il reste calme. Bon, le 5 novembre 1937, il réunit quand même ses principaux lieutenants pour les informer de sa décision d'aller plus loin. Et il va effectivement aller largement plus loin. Cette fois en annexant un pays, l'Autriche, en mars 1938, ce qu'on a appelé l'Anschluss. Une annexion obtenue sans tirer un seul coup de feu, mais au moyen de différentes pressions et menaces contre le gouvernement autrichien. Et là encore, les réactions côté britannique et français sont très mesurées. Deux jours après l'Anschluss, le 14 mars 1938, le premier ministre britannique, Chamberlain, fait cette déclaration devant la Chambre des communes. Pas le moment de prendre des décisions hâtives ou de dire des paroles imprudentes. Nous devons considérer la nouvelle situation rapidement, mais froid nous. Là c'est le moment de s'arrêter un moment, pour comprendre le pourquoi de tous ces reculs face à Hitler. Du côté de la Grande-Bretagne, l'accord naval de 1935 peut s'expliquer par la même politique étrangère menée par Londres depuis plusieurs siècles. Éviter qu'en Europe, un pays soit dominant. Le réarmement de l'Allemagne, vu de Londres, ça passait tant que l'Allemagne ne réarmait pas trop. Ça équilibrait la puissance militaire française. Du coup, côté français, en cas de conflit avec l'Allemagne, pas trop de confiance en la Grande-Bretagne. Et surtout pas en l'Italie. Le seul pays important avec lequel un traité anti-allemand a été signé, c'est l'URSS, de Staline. Un pays dont on se méfie. Et surtout... un pays qui n'a pas de frontières avec l'Allemagne. Pour attaquer l'Allemagne, il faudrait que l'armée soviétique puisse passer par la Pologne. Pour les Polonais, évidemment, qui ont été occupés par la Russie, et que les bolcheviques en 1920 ont essayé d'envahir, c'est même pas un rêve. Et donc, en cas de conflit avec l'Allemagne, la France peut avoir peur de se retrouver seule. Surtout que la puissance militaire allemande est très surestimée. En mars 1936, quand Hitler a réarmé la Rhénanie, les petits français voulaient y aller, ils voulaient contre-attaquer. Mais ce sont les autorités militaires qui ont conseillé de ne pas bouger. Parce qu'elles pensaient que l'Allemagne était beaucoup plus puissante militairement que ce qu'elle était vraiment. Et donc, en France, on préfère gagner du temps, prendre le temps de réarmer. Le gouvernement du Front Populaire commence à réarmer le pays à partir de 1936. Seulement, ça fait entrer dans un cercle vicieux. Parce que ça pousse à attendre encore et encore que la France soit assez forte militairement. Parce qu'on a peur qu'elle ne le soit jamais assez. Si on veut absolument éviter un nouveau conflit, c'est aussi parce qu'il y a un esprit pacifiste très répandu. Le souvenir de la boucherie des batailles de 14-18, qu'on ne veut surtout pas revivre. Plein d'anciens combattants sont là pour en témoigner. Bon. Vous me direz, Hitler et certains de ses lieutenants comme Hermann Göring, eux aussi, ils ont été combattants en 1418. Ça n'en fait pas pour autant des pacifistes. Il faut dire qu'ils ont combattu pour un pays qui a été vaincu. Donc, pour eux, les massacres, les boucheries de 1418, ce sont des massacres qui ont eu lieu pour rien. Une source de frustration, d'envie de revanche. Les anciens combattants français et britanniques, eux, ils peuvent être... plus facilement pacifistes, parce que leurs pays ont gagné, ont été vainqueurs. Après la première guerre mondiale, il y a eu la création de la SDN, dont j'ai parlé tout à l'heure, et aussi les accords de Locarno, signés en 1925, entre les puissances européennes. Des accords qui visent à garantir la sécurité collective en Europe. Côté français, côté britannique, on ne veut pas gâcher tout ça, on veut y croire. Et là, vous allez peut-être me dire, oui enfin bon, croire à la paix et à la sécurité avec Hitler. Justement, Hitler et le régime nazi, à cette époque, ils n'avaient pas l'image très négative qui leur a été associée après. À cette époque, en Europe, les régimes de dictature, avec répression et déportation des opposants, c'était plus la norme que l'exception. Il y avait par exemple l'Italie du Mussolini, le Portugal de Salazar, l'Autriche, la Pologne du Pliszewski, la Hongrie de Horty, la Turquie du Mustafa Kemal, etc. La Shoah, l'extermination des juifs n'avait pas encore eu lieu. Alors oui, les juifs allemands subissaient déjà des discriminations dures. Mais d'autres pays d'Europe imposaient aussi des lois du même genre. Et puis les indigènes, comme on les appelait, des colonies françaises et britanniques, eux aussi, ils vivaient des discriminations parfaitement officielles. Ce que je veux dire, c'est que la répression des opposants, les discriminations officielles imposées dans l'Europe de l'époque, ça n'était pas une exclusivité du régime de Hitler. Et donc que ce régime ne suscitait pas forcément autant de rejets qu'on pourrait penser. Il pouvait même donner une bonne image, une impression de modernité, avec la chute du taux de chômage, le retour de la croissance économique. Un peu comme le régime de Mustafa Kemal en Turquie. Un régime de dictature assez dur qui empêchait par la force les Kurdes d'être indépendants, qui avaient... imposer le silence sur le souvenir du génocide arménien, mais aussi un régime qui avait mis en place une constitution laïque, qui voulait moderniser le pays sur le modèle occidental. Bon, autant Mustafa Kemal ne voulait pas reformer l'Empire Ottoman, autant Hitler, lui, il avait une volonté affirmée de revanche sur la défaite du 1918, une volonté de reconquête militaire, un militarisme assumé. Il avait écrit ça dès 1924 dans le livre Mein Kampf. Seulement, Mein Kampf n'a pas été traduit en français avant 1934. Même traduit, il n'a pas été imprimé en beaucoup d'exemplaires. Et pas mal de celles et ceux qui l'ont ouvert n'ont pas dû aller jusqu'au bout, tellement il est pénible à lire, avec un style très lourd, très répétitif. Je le sais, j'ai lu Mein Kampf. Celles et ceux qui ont lu Mein Kampf jusqu'au bout ont pu quand même y remarquer une chose. Là-dedans, même si la France est désignée clairement comme une ennemie de Allemagne, Hitler écrit aussi très clairement que ses projets d'invasion, de conquête territoriale, d'annexion, ils ne sont pas dirigés vers l'Ouest de l'Europe, mais vers l'Est, vers l'URSS, entre autres. Je me souviens d'une phrase ou à propos de l'URSS. Hitler écrit que, je cite, Le gigantesque empire de l'Est est mûr pour l'effondrement A posteriori, il y a des remarques qui font un peu sourire. Mais est-ce que certains décideurs politiques, français ou britanniques, ont pu être rassurés en lisant ça Se dire que Hitler ne voulait pas attaquer la France et la Grande-Bretagne. Évidemment, ça peut sembler franchement cynique ou très lâche. Et puis l'hypothèse est un peu gratuite. Je le reconnais. Mais ça peut expliquer au moins en partie le recul des Français et des Britanniques devant Hitler. Et ça peut expliquer aussi ce qui se passera après à Munich. Il y a une autre chose qui peut expliquer pourquoi les Français et les Britanniques ont tellement reculé devant Hitler. Le Führer avait commencé à réarmer l'Allemagne, au motif que la paix qui lui avait été imposée après la Première Guerre mondiale était profondément injuste, inéquitable, ce qui est plutôt vrai. Quand le traité de Versailles a été imposé à l'Allemagne en juin 1919, les vainqueurs ont considéré que les Allemands étaient tous coupables collectivement d'avoir déclenché la première guerre mondiale. D'où un traité particulièrement dur, avec un montant de réparation énorme. et des territoires habités par des Allemands qui ont été annexés par d'autres pays. La ville d'Antique, par exemple, devenue polonaise, ou le territoire de Memel. Les vainqueurs de 1918 ont refusé d'appliquer à l'Allemagne le principe des nationalités, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, dont eux-mêmes se réclamaient pourtant. Dans le même genre, on a aussi interdit à l'Autriche d'engendre l'Allemagne. Parce que suite à la fin de l'empire d'Autriche-Hongrie, l'Autriche devenait limitée à ses territoires peuplés de gens de langue allemande. Pas mal de ses habitants étaient alors ok pour intégrer l'Allemagne, ce que la France et la Grande-Bretagne ont refusé. Si ça avait été accepté, l'Allemagne serait sortie du premier conflit mondial plus peuplée, plus forte qu'en 1914. Mais là aussi, on a refusé d'appliquer le principe des nationalités. Le droit des peuples a disposé d'eux-mêmes. Donc, la propagande du Hitler, qui dénonçait les traités de paix de la Première Guerre mondiale comme injustes, elle pouvait avoir un écho. Une partie de l'opinion publique, une partie des milieux dirigeants français et britanniques pouvaient l'entendre. Le réarmement de l'Allemagne, l'annexion de l'Autriche, pouvait être vu et entendu comme quelque chose de justifié, la correction d'une injustice. Bref, voilà toutes les raisons qui peuvent expliquer pourquoi la France et la Grande-Bretagne ont laissé Hitler réarmer l'Allemagne, annexer l'Autriche, respecter de moins en moins le traité de Versailles et pourquoi elles vont encore céder devant lui à Munich. Alors justement, à l'origine des accords de Munich, il y a la question du territoire des Sudètes, auquel Hitler va s'intéresser juste après avoir annexé l'Autriche. Les Sudètes, à l'époque, c'est un territoire de l'ouest de la Tchécoslovaquie qui borde toute la frontière allemande, du nord au sud. et d'est en ouest. Un territoire assez grand où vivent plus de 3 millions de personnes de langue allemande. Au moment de la création de la Tchécoslovaquie en 1918, les Sudètes auraient pu être rattachés à l'Allemagne. Mais ça aurait été la même chose que pour l'Autriche. Ça aurait signifié le territoire allemand agrandi, l'Allemagne plus forte. Surtout que les Sudètes c'est une région riche où il y a pas mal d'industrie. Et aussi des zones montagneuses qui sont une bonne défense naturelle en cas de conflit avec l'Allemagne. Autant de raisons en plus pour les rattacher à la Tchécoslovaquie. Les populations qui habitent les Sudètes, on les appelle parfois les Allemands des Sudètes. Ce qui, au sens strict, n'est pas forcément très vrai, parce que historiquement, ce territoire, c'était l'Empire d'Autriche, pas l'Allemagne. Mais bon, tout le monde les appelle les Allemands des Sudètes. En Tchécoslovaquie, ils n'étaient ni persécutés, ni discriminés. La Tchécoslovaquie est depuis ses créations en 1918 sous régime démocratique. Malgré ça, certains Allemands des Sudètes pouvaient ne pas se sentir vraiment Tchécoslovaques, mais Allemands d'abord. Pas tous. Un parti politique qui a pas mal d'influence chez eux, c'est le Parti communiste tchécoslovaque, dont la ligne politique n'est pas vraiment nationaliste. Seulement un parti politique. beaucoup plus influent c'est le parti allemand des sudètes dirigé par conrad online soutenu par hitler c'est vous dire que c'est un parti bien nationaliste le 24 avril 1938 alors que ça fait à peine plus d'un mois que l'allemagne a annexé l'autriche le parti allemand des sudètes rembaudit officiellement la création d'un gouvernement sudètes autonomes Dans les mois qui suivent, les tensions vont monter entre ce parti et le gouvernement tchécoslovaque. Et puis, le 12 septembre 1938, dans un discours, le Führer réclame pour les Allemands des sujets d'être opprimés, opprimés d'après Hitler bien sûr, il réclame donc pour eux le droit à l'autodétermination. La tension monte vite entre les gouvernements allemands et tchécoslovaques. La France ne peut pas ne pas s'en mêler. Elle a signé avec la Tchécoslovaquie, un traité d'amitié dans les années 1920. Ce n'est pas explicitement une alliance militaire anti-allemande, mais on est dans cet esprit. La réponse à Hitler va venir de la Grande-Bretagne. Le premier ministre britannique, Néville Chamberlain, décide d'arranger les choses. Le 15 septembre, il va voir Hitler, en Bavière. Là où Hitler a son quartier général de Burschhausgaden. Le 22 septembre, Chamberlain y retourne. Et ça ne se passe pas très bien. Hitler ne se calme pas. Au contraire, il est mollasse d'envahir la Tchécoslovaquie. À ce moment-là, l'Europe est au bord de la guerre. Le 21 septembre, donc avant la seconde rencontre entre Hitler et Chamberlain, l'URSS mobilise des troupes, qu'elle concentre en Biélorussie et en Ukraine. Le 23 septembre, la Tchécoslovaquie décide la mobilisation générale. La France, elle, attend le 27 septembre. Même pas pour décider officiellement de la mobilisation générale, mais pour appeler ses réservistes. Ce qui est déjà beaucoup. La France semble bien décider à soutenir son allié tchécoslovaque. Et c'est là que Mussolini, le chef d'État italien, propose sa médiation. On décide d'une conférence à plusieurs pour arranger les choses par la négociation. Et cette conférence s'ouvre à Munich le 29 septembre 1938. Elle regroupe quatre personnes, Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier, les chefs de gouvernement allemands, italiens, britanniques et français. Uniquement. La Tchécoslovaquie n'est pas invitée à cette conférence, alors qu'elle est pourtant la première concernée. Le 30 septembre 1938, Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier se mettent d'accord. La France et la Grande-Bretagne acceptent que Hitler annexe les Sudètes. En échange, Hitler promet que c'est la dernière de ses exigences. Ses accords de Munich sont officiellement signés. Le retour de Chamberlain et de Daladier dans leurs pays respectifs est un... triomphe. Quand il arrive à Londres par avion, Jean Borla improvise un discours où il parle avec un optimisme débordant de l'accord de paix qui a été signé avec Hitler. Pour le français Daladier, lui, c'est moins la joie. Quand il arrive au Bourget, il est accueilli par une foule de gens enthousiastes. Et en les voyant, il aurait dit à un de ses collaborateurs Ah les cons s'ils savaient Bon, il n'est pas sûr du tout qu'il ait dit ça. Mais qu'on voit l'expression qu'il a sur les images d'archives, Daladier ne devait pas en penser moins. La France a complètement lâché un de ses alliés. Elle a cédé sur des menaces d'agression. Et pourtant, en France et en Grande-Bretagne, les opinions publiques, dans leur grande majorité, sont enthousiastes à la signature des accords de Munich. La guerre a été évitée. La paix est garantie pour longtemps. Croit-on. Côté Tchécoslovaque. L'ambiance est moins à la fête. Le gouvernement se résigne à accepter des accords qui ont été décidés sans lui, contre lui. L'Allemagne annexe les Sudètes, sans avoir à tirer un coup de feu. Les Tchèques qui y habitent sont expulsés. La Pologne profite de la situation pour annexer la région de Téchen. Le 5 octobre, le président tchécoslovaque, Édouard Médège, démissionne. En France et en Grande-Bretagne, certains esprits sont quand même... assez conscients de la situation. Côté français, le leader socialiste Léon Blum se dit partagé entre un lâche soulagement et la honte. Un autre français, Henri de Kérys, va déclarer devant la Chambre des députés. L'Allemagne est insatiable devant les faibles. L'Allemagne ne respecte que l'effort et nous venons de lui montrer que nous ne l'étions pas. Côté britannique, le travailliste Hugh Dalton déclare que les accords de Munich sont un morceau de papier arraché à Mein Kampf. Et côté britannique, il y a aussi Winston Churchill, qui avant la conférence de Munich, avait écrit à Hello George, l'ancien Premier ministre. J'ai l'impression que nous allons devoir quitter pendant les prochaines semaines entre la guerre et le déshonneur, et j'ai assez peu de doutes sur l'issue de ce choix. Et après la ceinture des accords de Munich... Enrique Churchill fait le discours suivant devant la Chambre des communes. N'allez pas croire que ce soit la fin. Ce n'est encore que le commencement du grand règlement de compte. Ce n'est qu'un simple avant-goût. Nous n'avons bu que du bout des lèvres à la coupe amère qui nous sera tendue année après année. À moins que nous ne retrouvions, par un suprême effort, notre santé morale et notre vigueur martiale. Cette coupe amère dont Churchill parle, elle ne va pas attendre des années pour être tendue. Dès le mois de novembre 1938, la Hongrie annexe le sud de la Slovaquie. Et en mars 1939, l'Allemagne occupe toute la partie ouest de la Tchécoslovaquie, qui devient le protectorat allemand de Bohém-Moravie. La Slovaquie devient indépendante. En clair, la Tchécoslovaquie est démantelée. Suite aux accords de Munich, Staline a bien pris conscience que, en cas de guerre avec l'Allemagne, il ne peut pas faire confiance à la France et à la Grande-Bretagne. Ce qui va l'amener fin août 1939 à la signature du pacte germano-soviétique. Un pacte de non-agression qui va encourager Hitler à envahir la Pologne début septembre 1939. Et là, la France et la Grande-Bretagne, vous Enfin, si j'ose dire, déclarer la guerre à l'Allemagne. Mais après trois jours, oui trois jours, comme si on espérait encore faire reculer Hitler, le faire changer d'avis. Ou comme si on n'osait pas vraiment aller en guerre, toujours un peu dans l'esprit des accords de Munich. Les accords de Munich sont restés dans l'histoire comme un symbole à la fois d'aveuglement, d'idiotie, de lâcheté. On y fait régulièrement référence dans les crises internationales, qu'on veut alerter sur le fait qu'il ne faut pas être naïf, qu'il ne faut surtout pas faire confiance à des dirigeants politiques dangereux. Ça a été le cas, par exemple, pendant la nationalisation du canal de Suez en 1956, l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, ou l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014. D'ailleurs, on ne va pas se mentir. Il y a quelques semaines, je n'avais pas du tout l'idée d'écrire cet épisode. C'est le contexte international actuel qui me l'a inspiré. La situation de l'Ukraine, plus exactement. Car là, en ce moment, en mars 2025, au moment où j'écris ce script, l'Ukraine risque d'être partagée... entre la Russie et les États-Unis. Parce que son principal allié, les États-Unis, a décidé de la lâcher. Une façon, on va dire, éthiquement assez écœurante où les déclarations et les actions du gouvernement fédéral américain hésitent entre la mauvaise foi, le mensonge, le cynisme, l'idiotie et la lâcheté. Bon, bien sûr, comparaison n'est pas toujours raison. L'histoire ne se répète pas. jamais même si elle peut donner l'impression de bégayer les parallèles historiques sont souvent faux en fait le problème c'est que ces parallèles historiques qui sont souvent utilisés pour justifier tel narratif des discours actuel et pour ça on va chercher dans le passé les comparaisons qui nous arrange sans hésiter à déformer à éluder ou à mentir par exemple quand le président égyptien Nasser nationalise le canal de Suez en 1156, le gouvernement français le qualifie de nouvel Hitler une façon de discréditer, de nier ce que la nationalisation du canal de Suez pouvait avoir de justifié. Des situations actuelles peuvent être similaires ou en tout cas sembler similaires à des situations passées. Par exemple, l'Ukraine lâchée actuellement par les États-Unis, comme la Tchécoslovaquie, avait été lâchée par la France. et par la Grande-Bretagne en 1938. Seulement, situation similaire ne veut pas dire situation identique. Et surtout, même similaire, ces situations sont menées par des contextes différents. Rappelez-vous de ce que je vous ai dit dans cet épisode sur les raisons qui ont fait que les gouvernements français et britanniques ont régulièrement reculé devant Hitler. Ça s'explique par un contexte bien particulier qui n'est pas du tout le même que maintenant. Un contexte... qui ne se reproduira plus. L'Ukraine de 2025, ça n'est pas la Tchèque-Slovakie de 1938. La Russie de Poutine, ça n'est pas l'Allemagne de Hitler. Et les États-Unis de Trump, ça n'est pas la France ou la Grande-Bretagne de 1938. Je vous conseille de garder ça en tête quand vous pensez à faire des parallèles historiques. Ils peuvent être utiles, ils peuvent être féconds quand ils sont bien utilisés. Voilà Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a appris quelque chose, qu'il vous a plu. Si oui, partagez-le à vos amis, à vos connaissances, que vous l'écoutiez sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcast, sur YouTube ou ailleurs. Likez-le, notez-le. Et si vous le pouvez, mettez un commentaire, ça me fait un feedback et ça m'aide à être mieux référencé. Vous pouvez aussi soutenir mon travail en me laissant un pouvoir sur Tipeee. Et surtout, abonnez-vous au podcast pour ne rien rater. des prochains épisodes. A très bientôt, ciao

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Des reculs réguliers face à Hitler

    01:48

  • Hitler vu comme un gentleman ?

    06:07

  • De la crise des Sudètes aux accords de Munich

    15:33

  • Soulagement, honte et inquiétudes

    20:23

  • Le passé peut aider à comprendre le présent mais ...

    24:31

  • Conclusion et remerciements

    27:54

Description

Pourquoi la France et la Grande-Bretagne ont-elles laissé Hitler annexer une partie de la Tchécoslovaquie en 1938 ? Comment ont-elles pu croire que ceci pourrait garantir la paix en Europe ?
Retour sur un fiasco diplomatique qui peut faire écho à des situations plus contemporaines.



SOURCES : 


  • Claude Quétel, La Seconde Guerre Mondiale, Perrin, 2015

  • Olivier Wieviorka, Histoire totale de la Seconde Guerre Mondiale, Perrin, 2023

  • Pierre Vallaud, La Seconde Guerre Mondiale Tome 1 : l’agression hitlérienne 1938-1941, Acropole, 2002

  • Arnaud Pautel, Histoire du monde contemporain, Autrement, 2019

  • Frédéric Dessberg, De Locarno à Munich in L’Europe dans la construction politique et identitaire et identitaire russe, Rue d’Ulm, 2022

  • Philippe Bretton, Les négociations germano-tchécoslovaques sur l’accord de Munich de 1938, in Annuaire Français de Droit international, 1973

  • Philippe Chassaigne, La société britannique, la guerre et la paix 1914-1945 in Histoire, économie et société, 2004

  • Mathilde Damgé, Ces citations que Winston Churchill n’a jamais prononcées in Le Monde du 27 janvier 2015

  • https://venividisensivvs.wordpress.com/2021/09/27/lhistoire-a-quoi-bon/



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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et bonjour à tous. Le 30 septembre 1938, par des accords officiels signés à Munich, la France et la Grande-Bretagne autorisaient Hitler à annexer une partie de la Tchécoslovaquie pour éviter une guerre généralisée en Europe. Autant les gouvernements français et britanniques étaient persuadés que, avec ces accords, la paix était garantie en Europe pour très longtemps, autant pour Hitler, au contraire, ça a été un encouragement. à aller plus loin, à démanteler la Tchécoslovaquie, puis à envahir la Pologne, ce qui a déclenché en Europe la Seconde Guerre mondiale. Et voilà comment les accords de Munich, qui devaient normalement être le symbole de la paix, sont devenus un symbole à la fois de faiblesse, de naïveté, voire de lâcheté. Avec le recul du temps, c'est à se demander comment les Français et les Britanniques ont pu être tellement naïfs, tellement aveugles. Avec le recul du temps... Et justement, mieux vaut éviter une vision a posteriori qui serait anachronique, d'où l'épisode d'aujourd'hui, où on va faire en sorte de bien comprendre le pourquoi, le comment, les causes et conséquences des accords de Munich. Avant, n'oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Allez, on démarre A Munich en 1938, ça n'était pas du tout la première fois que la France et la Grande-Bretagne reculaient devant Hitler. Flashback, Hitler est nommé chancelier d'Allemagne le 31 janvier 1933. En quelques mois, il installe la dictature du parti nazi. Ensuite, dès le 14 octobre 1933, il annonce que l'Allemagne quitte la SDN et la conférence sur le désarmement. La SDN, c'est l'abrégé de la Société des Nations. Un peu l'équivalent de l'ONU à l'époque. La conférence sur le désarmement, c'était une conférence internationale qui se tenait depuis un peu plus d'un an. La décision de Hitler provoque l'indignation côté français. Mais par contre, côté britannique, on répond en conseillant à la France de réduire son potentiel militaire. Suite au traité de Versailles, imposé en 1979 après sa défaite, l'Allemagne avait le droit de garder qu'une armée très réduite. quelques centaines de milliers de soldats, sans service militaire. Or, le 16 mars 1935, Hitler annonce la recréation d'une armée allemande complète appelée la Wehrmacht. Pas longtemps après, suivent la création d'une marine de guerre et d'une armée de l'air. Et là, ça réagit. La France, la Grande-Bretagne et l'Italie protestent contre ce qui est clairement un réarmement allemand. Les trois pays se réunissent à Stresa en Italie en avril 1935. Ils y affirment leur opposition à tout ce qui pourrait être une menace pour la paix. Mais à peine deux mois plus tard, le 18 juin 1935, la Grande-Bretagne signe avec l'Allemagne un traité naval, où les Britanniques reconnaissent à l'Allemagne le droit de posséder une marine de guerre, à la condition qu'elle ne représente pas plus de 35% de la marine de guerre britannique. Mais Hitler a quand même l'accord pour développer une marine de guerre. En octobre 1935, l'Italie envahit l'Ethiopie. Une invasion condamnée par la France et par la Grande-Bretagne, mais soutenue par l'Allemagne. Donc l'Italie, pays jusque-là plutôt adversaire de l'Allemagne, devient son allié. Et résultat, en Europe continentale, la France reste la seule puissance opposée à l'Allemagne. Encore que, elle a signé avec l'URSS. le 2 mai 1935, un pacte d'assistance mutuelle. Le 27 février 1936, les députés français votent officiellement la ratification de ce pacte. Et là, en réaction, le 7 mars, Hitler fait un discours où il dénonce ce pacte comme une alliance anti-allemande, ce qui, entre parenthèses, est vrai. Le Führer déclare, je cite, Aux offres amicales et aux assurances pacifiques de l'Allemagne, la France a répondu. par une alliance militaire avec l'Union soviétique, qui est exclusivement dirigée contre l'Allemagne. Et donc, en réaction, Hitler annonce la remilitarisation de la Rhénanie. Suite au traité de Versailles, l'Allemagne n'avait pas le droit d'y avoir des soldats. Ce que le Führer décide de ne plus respecter. Le gouvernement français proteste, mais sans réagir militairement. Pendant toute l'année 1937, le Führer ne fait pas de nouvelles provocations. Il reste calme. Bon, le 5 novembre 1937, il réunit quand même ses principaux lieutenants pour les informer de sa décision d'aller plus loin. Et il va effectivement aller largement plus loin. Cette fois en annexant un pays, l'Autriche, en mars 1938, ce qu'on a appelé l'Anschluss. Une annexion obtenue sans tirer un seul coup de feu, mais au moyen de différentes pressions et menaces contre le gouvernement autrichien. Et là encore, les réactions côté britannique et français sont très mesurées. Deux jours après l'Anschluss, le 14 mars 1938, le premier ministre britannique, Chamberlain, fait cette déclaration devant la Chambre des communes. Pas le moment de prendre des décisions hâtives ou de dire des paroles imprudentes. Nous devons considérer la nouvelle situation rapidement, mais froid nous. Là c'est le moment de s'arrêter un moment, pour comprendre le pourquoi de tous ces reculs face à Hitler. Du côté de la Grande-Bretagne, l'accord naval de 1935 peut s'expliquer par la même politique étrangère menée par Londres depuis plusieurs siècles. Éviter qu'en Europe, un pays soit dominant. Le réarmement de l'Allemagne, vu de Londres, ça passait tant que l'Allemagne ne réarmait pas trop. Ça équilibrait la puissance militaire française. Du coup, côté français, en cas de conflit avec l'Allemagne, pas trop de confiance en la Grande-Bretagne. Et surtout pas en l'Italie. Le seul pays important avec lequel un traité anti-allemand a été signé, c'est l'URSS, de Staline. Un pays dont on se méfie. Et surtout... un pays qui n'a pas de frontières avec l'Allemagne. Pour attaquer l'Allemagne, il faudrait que l'armée soviétique puisse passer par la Pologne. Pour les Polonais, évidemment, qui ont été occupés par la Russie, et que les bolcheviques en 1920 ont essayé d'envahir, c'est même pas un rêve. Et donc, en cas de conflit avec l'Allemagne, la France peut avoir peur de se retrouver seule. Surtout que la puissance militaire allemande est très surestimée. En mars 1936, quand Hitler a réarmé la Rhénanie, les petits français voulaient y aller, ils voulaient contre-attaquer. Mais ce sont les autorités militaires qui ont conseillé de ne pas bouger. Parce qu'elles pensaient que l'Allemagne était beaucoup plus puissante militairement que ce qu'elle était vraiment. Et donc, en France, on préfère gagner du temps, prendre le temps de réarmer. Le gouvernement du Front Populaire commence à réarmer le pays à partir de 1936. Seulement, ça fait entrer dans un cercle vicieux. Parce que ça pousse à attendre encore et encore que la France soit assez forte militairement. Parce qu'on a peur qu'elle ne le soit jamais assez. Si on veut absolument éviter un nouveau conflit, c'est aussi parce qu'il y a un esprit pacifiste très répandu. Le souvenir de la boucherie des batailles de 14-18, qu'on ne veut surtout pas revivre. Plein d'anciens combattants sont là pour en témoigner. Bon. Vous me direz, Hitler et certains de ses lieutenants comme Hermann Göring, eux aussi, ils ont été combattants en 1418. Ça n'en fait pas pour autant des pacifistes. Il faut dire qu'ils ont combattu pour un pays qui a été vaincu. Donc, pour eux, les massacres, les boucheries de 1418, ce sont des massacres qui ont eu lieu pour rien. Une source de frustration, d'envie de revanche. Les anciens combattants français et britanniques, eux, ils peuvent être... plus facilement pacifistes, parce que leurs pays ont gagné, ont été vainqueurs. Après la première guerre mondiale, il y a eu la création de la SDN, dont j'ai parlé tout à l'heure, et aussi les accords de Locarno, signés en 1925, entre les puissances européennes. Des accords qui visent à garantir la sécurité collective en Europe. Côté français, côté britannique, on ne veut pas gâcher tout ça, on veut y croire. Et là, vous allez peut-être me dire, oui enfin bon, croire à la paix et à la sécurité avec Hitler. Justement, Hitler et le régime nazi, à cette époque, ils n'avaient pas l'image très négative qui leur a été associée après. À cette époque, en Europe, les régimes de dictature, avec répression et déportation des opposants, c'était plus la norme que l'exception. Il y avait par exemple l'Italie du Mussolini, le Portugal de Salazar, l'Autriche, la Pologne du Pliszewski, la Hongrie de Horty, la Turquie du Mustafa Kemal, etc. La Shoah, l'extermination des juifs n'avait pas encore eu lieu. Alors oui, les juifs allemands subissaient déjà des discriminations dures. Mais d'autres pays d'Europe imposaient aussi des lois du même genre. Et puis les indigènes, comme on les appelait, des colonies françaises et britanniques, eux aussi, ils vivaient des discriminations parfaitement officielles. Ce que je veux dire, c'est que la répression des opposants, les discriminations officielles imposées dans l'Europe de l'époque, ça n'était pas une exclusivité du régime de Hitler. Et donc que ce régime ne suscitait pas forcément autant de rejets qu'on pourrait penser. Il pouvait même donner une bonne image, une impression de modernité, avec la chute du taux de chômage, le retour de la croissance économique. Un peu comme le régime de Mustafa Kemal en Turquie. Un régime de dictature assez dur qui empêchait par la force les Kurdes d'être indépendants, qui avaient... imposer le silence sur le souvenir du génocide arménien, mais aussi un régime qui avait mis en place une constitution laïque, qui voulait moderniser le pays sur le modèle occidental. Bon, autant Mustafa Kemal ne voulait pas reformer l'Empire Ottoman, autant Hitler, lui, il avait une volonté affirmée de revanche sur la défaite du 1918, une volonté de reconquête militaire, un militarisme assumé. Il avait écrit ça dès 1924 dans le livre Mein Kampf. Seulement, Mein Kampf n'a pas été traduit en français avant 1934. Même traduit, il n'a pas été imprimé en beaucoup d'exemplaires. Et pas mal de celles et ceux qui l'ont ouvert n'ont pas dû aller jusqu'au bout, tellement il est pénible à lire, avec un style très lourd, très répétitif. Je le sais, j'ai lu Mein Kampf. Celles et ceux qui ont lu Mein Kampf jusqu'au bout ont pu quand même y remarquer une chose. Là-dedans, même si la France est désignée clairement comme une ennemie de Allemagne, Hitler écrit aussi très clairement que ses projets d'invasion, de conquête territoriale, d'annexion, ils ne sont pas dirigés vers l'Ouest de l'Europe, mais vers l'Est, vers l'URSS, entre autres. Je me souviens d'une phrase ou à propos de l'URSS. Hitler écrit que, je cite, Le gigantesque empire de l'Est est mûr pour l'effondrement A posteriori, il y a des remarques qui font un peu sourire. Mais est-ce que certains décideurs politiques, français ou britanniques, ont pu être rassurés en lisant ça Se dire que Hitler ne voulait pas attaquer la France et la Grande-Bretagne. Évidemment, ça peut sembler franchement cynique ou très lâche. Et puis l'hypothèse est un peu gratuite. Je le reconnais. Mais ça peut expliquer au moins en partie le recul des Français et des Britanniques devant Hitler. Et ça peut expliquer aussi ce qui se passera après à Munich. Il y a une autre chose qui peut expliquer pourquoi les Français et les Britanniques ont tellement reculé devant Hitler. Le Führer avait commencé à réarmer l'Allemagne, au motif que la paix qui lui avait été imposée après la Première Guerre mondiale était profondément injuste, inéquitable, ce qui est plutôt vrai. Quand le traité de Versailles a été imposé à l'Allemagne en juin 1919, les vainqueurs ont considéré que les Allemands étaient tous coupables collectivement d'avoir déclenché la première guerre mondiale. D'où un traité particulièrement dur, avec un montant de réparation énorme. et des territoires habités par des Allemands qui ont été annexés par d'autres pays. La ville d'Antique, par exemple, devenue polonaise, ou le territoire de Memel. Les vainqueurs de 1918 ont refusé d'appliquer à l'Allemagne le principe des nationalités, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, dont eux-mêmes se réclamaient pourtant. Dans le même genre, on a aussi interdit à l'Autriche d'engendre l'Allemagne. Parce que suite à la fin de l'empire d'Autriche-Hongrie, l'Autriche devenait limitée à ses territoires peuplés de gens de langue allemande. Pas mal de ses habitants étaient alors ok pour intégrer l'Allemagne, ce que la France et la Grande-Bretagne ont refusé. Si ça avait été accepté, l'Allemagne serait sortie du premier conflit mondial plus peuplée, plus forte qu'en 1914. Mais là aussi, on a refusé d'appliquer le principe des nationalités. Le droit des peuples a disposé d'eux-mêmes. Donc, la propagande du Hitler, qui dénonçait les traités de paix de la Première Guerre mondiale comme injustes, elle pouvait avoir un écho. Une partie de l'opinion publique, une partie des milieux dirigeants français et britanniques pouvaient l'entendre. Le réarmement de l'Allemagne, l'annexion de l'Autriche, pouvait être vu et entendu comme quelque chose de justifié, la correction d'une injustice. Bref, voilà toutes les raisons qui peuvent expliquer pourquoi la France et la Grande-Bretagne ont laissé Hitler réarmer l'Allemagne, annexer l'Autriche, respecter de moins en moins le traité de Versailles et pourquoi elles vont encore céder devant lui à Munich. Alors justement, à l'origine des accords de Munich, il y a la question du territoire des Sudètes, auquel Hitler va s'intéresser juste après avoir annexé l'Autriche. Les Sudètes, à l'époque, c'est un territoire de l'ouest de la Tchécoslovaquie qui borde toute la frontière allemande, du nord au sud. et d'est en ouest. Un territoire assez grand où vivent plus de 3 millions de personnes de langue allemande. Au moment de la création de la Tchécoslovaquie en 1918, les Sudètes auraient pu être rattachés à l'Allemagne. Mais ça aurait été la même chose que pour l'Autriche. Ça aurait signifié le territoire allemand agrandi, l'Allemagne plus forte. Surtout que les Sudètes c'est une région riche où il y a pas mal d'industrie. Et aussi des zones montagneuses qui sont une bonne défense naturelle en cas de conflit avec l'Allemagne. Autant de raisons en plus pour les rattacher à la Tchécoslovaquie. Les populations qui habitent les Sudètes, on les appelle parfois les Allemands des Sudètes. Ce qui, au sens strict, n'est pas forcément très vrai, parce que historiquement, ce territoire, c'était l'Empire d'Autriche, pas l'Allemagne. Mais bon, tout le monde les appelle les Allemands des Sudètes. En Tchécoslovaquie, ils n'étaient ni persécutés, ni discriminés. La Tchécoslovaquie est depuis ses créations en 1918 sous régime démocratique. Malgré ça, certains Allemands des Sudètes pouvaient ne pas se sentir vraiment Tchécoslovaques, mais Allemands d'abord. Pas tous. Un parti politique qui a pas mal d'influence chez eux, c'est le Parti communiste tchécoslovaque, dont la ligne politique n'est pas vraiment nationaliste. Seulement un parti politique. beaucoup plus influent c'est le parti allemand des sudètes dirigé par conrad online soutenu par hitler c'est vous dire que c'est un parti bien nationaliste le 24 avril 1938 alors que ça fait à peine plus d'un mois que l'allemagne a annexé l'autriche le parti allemand des sudètes rembaudit officiellement la création d'un gouvernement sudètes autonomes Dans les mois qui suivent, les tensions vont monter entre ce parti et le gouvernement tchécoslovaque. Et puis, le 12 septembre 1938, dans un discours, le Führer réclame pour les Allemands des sujets d'être opprimés, opprimés d'après Hitler bien sûr, il réclame donc pour eux le droit à l'autodétermination. La tension monte vite entre les gouvernements allemands et tchécoslovaques. La France ne peut pas ne pas s'en mêler. Elle a signé avec la Tchécoslovaquie, un traité d'amitié dans les années 1920. Ce n'est pas explicitement une alliance militaire anti-allemande, mais on est dans cet esprit. La réponse à Hitler va venir de la Grande-Bretagne. Le premier ministre britannique, Néville Chamberlain, décide d'arranger les choses. Le 15 septembre, il va voir Hitler, en Bavière. Là où Hitler a son quartier général de Burschhausgaden. Le 22 septembre, Chamberlain y retourne. Et ça ne se passe pas très bien. Hitler ne se calme pas. Au contraire, il est mollasse d'envahir la Tchécoslovaquie. À ce moment-là, l'Europe est au bord de la guerre. Le 21 septembre, donc avant la seconde rencontre entre Hitler et Chamberlain, l'URSS mobilise des troupes, qu'elle concentre en Biélorussie et en Ukraine. Le 23 septembre, la Tchécoslovaquie décide la mobilisation générale. La France, elle, attend le 27 septembre. Même pas pour décider officiellement de la mobilisation générale, mais pour appeler ses réservistes. Ce qui est déjà beaucoup. La France semble bien décider à soutenir son allié tchécoslovaque. Et c'est là que Mussolini, le chef d'État italien, propose sa médiation. On décide d'une conférence à plusieurs pour arranger les choses par la négociation. Et cette conférence s'ouvre à Munich le 29 septembre 1938. Elle regroupe quatre personnes, Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier, les chefs de gouvernement allemands, italiens, britanniques et français. Uniquement. La Tchécoslovaquie n'est pas invitée à cette conférence, alors qu'elle est pourtant la première concernée. Le 30 septembre 1938, Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier se mettent d'accord. La France et la Grande-Bretagne acceptent que Hitler annexe les Sudètes. En échange, Hitler promet que c'est la dernière de ses exigences. Ses accords de Munich sont officiellement signés. Le retour de Chamberlain et de Daladier dans leurs pays respectifs est un... triomphe. Quand il arrive à Londres par avion, Jean Borla improvise un discours où il parle avec un optimisme débordant de l'accord de paix qui a été signé avec Hitler. Pour le français Daladier, lui, c'est moins la joie. Quand il arrive au Bourget, il est accueilli par une foule de gens enthousiastes. Et en les voyant, il aurait dit à un de ses collaborateurs Ah les cons s'ils savaient Bon, il n'est pas sûr du tout qu'il ait dit ça. Mais qu'on voit l'expression qu'il a sur les images d'archives, Daladier ne devait pas en penser moins. La France a complètement lâché un de ses alliés. Elle a cédé sur des menaces d'agression. Et pourtant, en France et en Grande-Bretagne, les opinions publiques, dans leur grande majorité, sont enthousiastes à la signature des accords de Munich. La guerre a été évitée. La paix est garantie pour longtemps. Croit-on. Côté Tchécoslovaque. L'ambiance est moins à la fête. Le gouvernement se résigne à accepter des accords qui ont été décidés sans lui, contre lui. L'Allemagne annexe les Sudètes, sans avoir à tirer un coup de feu. Les Tchèques qui y habitent sont expulsés. La Pologne profite de la situation pour annexer la région de Téchen. Le 5 octobre, le président tchécoslovaque, Édouard Médège, démissionne. En France et en Grande-Bretagne, certains esprits sont quand même... assez conscients de la situation. Côté français, le leader socialiste Léon Blum se dit partagé entre un lâche soulagement et la honte. Un autre français, Henri de Kérys, va déclarer devant la Chambre des députés. L'Allemagne est insatiable devant les faibles. L'Allemagne ne respecte que l'effort et nous venons de lui montrer que nous ne l'étions pas. Côté britannique, le travailliste Hugh Dalton déclare que les accords de Munich sont un morceau de papier arraché à Mein Kampf. Et côté britannique, il y a aussi Winston Churchill, qui avant la conférence de Munich, avait écrit à Hello George, l'ancien Premier ministre. J'ai l'impression que nous allons devoir quitter pendant les prochaines semaines entre la guerre et le déshonneur, et j'ai assez peu de doutes sur l'issue de ce choix. Et après la ceinture des accords de Munich... Enrique Churchill fait le discours suivant devant la Chambre des communes. N'allez pas croire que ce soit la fin. Ce n'est encore que le commencement du grand règlement de compte. Ce n'est qu'un simple avant-goût. Nous n'avons bu que du bout des lèvres à la coupe amère qui nous sera tendue année après année. À moins que nous ne retrouvions, par un suprême effort, notre santé morale et notre vigueur martiale. Cette coupe amère dont Churchill parle, elle ne va pas attendre des années pour être tendue. Dès le mois de novembre 1938, la Hongrie annexe le sud de la Slovaquie. Et en mars 1939, l'Allemagne occupe toute la partie ouest de la Tchécoslovaquie, qui devient le protectorat allemand de Bohém-Moravie. La Slovaquie devient indépendante. En clair, la Tchécoslovaquie est démantelée. Suite aux accords de Munich, Staline a bien pris conscience que, en cas de guerre avec l'Allemagne, il ne peut pas faire confiance à la France et à la Grande-Bretagne. Ce qui va l'amener fin août 1939 à la signature du pacte germano-soviétique. Un pacte de non-agression qui va encourager Hitler à envahir la Pologne début septembre 1939. Et là, la France et la Grande-Bretagne, vous Enfin, si j'ose dire, déclarer la guerre à l'Allemagne. Mais après trois jours, oui trois jours, comme si on espérait encore faire reculer Hitler, le faire changer d'avis. Ou comme si on n'osait pas vraiment aller en guerre, toujours un peu dans l'esprit des accords de Munich. Les accords de Munich sont restés dans l'histoire comme un symbole à la fois d'aveuglement, d'idiotie, de lâcheté. On y fait régulièrement référence dans les crises internationales, qu'on veut alerter sur le fait qu'il ne faut pas être naïf, qu'il ne faut surtout pas faire confiance à des dirigeants politiques dangereux. Ça a été le cas, par exemple, pendant la nationalisation du canal de Suez en 1956, l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, ou l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014. D'ailleurs, on ne va pas se mentir. Il y a quelques semaines, je n'avais pas du tout l'idée d'écrire cet épisode. C'est le contexte international actuel qui me l'a inspiré. La situation de l'Ukraine, plus exactement. Car là, en ce moment, en mars 2025, au moment où j'écris ce script, l'Ukraine risque d'être partagée... entre la Russie et les États-Unis. Parce que son principal allié, les États-Unis, a décidé de la lâcher. Une façon, on va dire, éthiquement assez écœurante où les déclarations et les actions du gouvernement fédéral américain hésitent entre la mauvaise foi, le mensonge, le cynisme, l'idiotie et la lâcheté. Bon, bien sûr, comparaison n'est pas toujours raison. L'histoire ne se répète pas. jamais même si elle peut donner l'impression de bégayer les parallèles historiques sont souvent faux en fait le problème c'est que ces parallèles historiques qui sont souvent utilisés pour justifier tel narratif des discours actuel et pour ça on va chercher dans le passé les comparaisons qui nous arrange sans hésiter à déformer à éluder ou à mentir par exemple quand le président égyptien Nasser nationalise le canal de Suez en 1156, le gouvernement français le qualifie de nouvel Hitler une façon de discréditer, de nier ce que la nationalisation du canal de Suez pouvait avoir de justifié. Des situations actuelles peuvent être similaires ou en tout cas sembler similaires à des situations passées. Par exemple, l'Ukraine lâchée actuellement par les États-Unis, comme la Tchécoslovaquie, avait été lâchée par la France. et par la Grande-Bretagne en 1938. Seulement, situation similaire ne veut pas dire situation identique. Et surtout, même similaire, ces situations sont menées par des contextes différents. Rappelez-vous de ce que je vous ai dit dans cet épisode sur les raisons qui ont fait que les gouvernements français et britanniques ont régulièrement reculé devant Hitler. Ça s'explique par un contexte bien particulier qui n'est pas du tout le même que maintenant. Un contexte... qui ne se reproduira plus. L'Ukraine de 2025, ça n'est pas la Tchèque-Slovakie de 1938. La Russie de Poutine, ça n'est pas l'Allemagne de Hitler. Et les États-Unis de Trump, ça n'est pas la France ou la Grande-Bretagne de 1938. Je vous conseille de garder ça en tête quand vous pensez à faire des parallèles historiques. Ils peuvent être utiles, ils peuvent être féconds quand ils sont bien utilisés. Voilà Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a appris quelque chose, qu'il vous a plu. Si oui, partagez-le à vos amis, à vos connaissances, que vous l'écoutiez sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcast, sur YouTube ou ailleurs. Likez-le, notez-le. Et si vous le pouvez, mettez un commentaire, ça me fait un feedback et ça m'aide à être mieux référencé. Vous pouvez aussi soutenir mon travail en me laissant un pouvoir sur Tipeee. Et surtout, abonnez-vous au podcast pour ne rien rater. des prochains épisodes. A très bientôt, ciao

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Des reculs réguliers face à Hitler

    01:48

  • Hitler vu comme un gentleman ?

    06:07

  • De la crise des Sudètes aux accords de Munich

    15:33

  • Soulagement, honte et inquiétudes

    20:23

  • Le passé peut aider à comprendre le présent mais ...

    24:31

  • Conclusion et remerciements

    27:54

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