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1204 : la vraie chute de Constantinople ?

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20min |09/03/2025|

139

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Description

Quand on parle de la chute de Constantinople, on pense souvent à 1453, l'année de la prise de la ville par les Turcs Ottomans.
Et si la vraie fin de l’empire byzantin, la vraie chute de Constantinople, ça n’était pas plutôt l’année 1204 ? Quand la ville a été prise, mise à sac et l’Empire byzantin démantelé, non pas par les Turcs musulmans, mais par des chrétiens.

SOURCES : 


CREDITS SONS :




Carte de l’Empire byzantin démantelé après 1204 : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:LatinEmpire-fr.png. original work: Varanaderivative works: LatinEmpire, Rowanwindwhistler, GrandEscogriffe, CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0), via Wikimedia Commons.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et bonjour à tous. Quand on parle de la chute de Constantinople, on pense souvent à l'année 1453, quand la ville a été prise par les turcs ottomans, quand l'Empire Byzantin a disparu. Et si la vraie chute de Constantinople, ça n'était pas plutôt l'année 1204 ? Car cette année-là, la ville a été prise, pillée, l'empereur chassé, l'Empire Byzantin démantelé, annexé par ses ennemis. Et ses ennemis, ça n'était pas des turcs musulmans, c'était des chrétiens, oui. L'armée de la 4ème croisade. Une croisade qui au départ était partie pour prendre Jérusalem, mais qui s'est détournée vers Constantinople. Comment ça s'est passé ? Pourquoi ? Avec les conséquences ? C'est justement ce qu'on va voir aujourd'hui. Avant de commencer, n'oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Allez, on démarre. Pour commencer, on rappelle le contexte. S'il y a eu une quatrième croisade, c'est qu'avant, il y en a eu trois. Oui, je sais compter, merci ! La première croisade est lancée en 1096, après que le pape urbain II ait lancé un appel pour délivrer Jérusalem des musulmans. Le Proche et le Moyen-Orient sont alors dominés par les turcs séduquides, pas très tendres avec les pèlerins qui vont à Jérusalem. Des milliers de personnes se mettent en marche pour la Terre Sainte. Résultat ? Prise de Jérusalem en 1099 et formation des États latins d'Orient. Le long d'une façade maritime qui va du sud au nord de Gaza à la Syrie actuelle, ces États latins d'Orient, c'est le royaume de Jérusalem, le comté de Tripoli, la principauté d'Antioche, le comté d'Hédès. Des États dans une situation assez précaire face aux Séjoukides. Les Séjoukides qui reprennent Hédès en 1146, ce qui déclenche en 1147 le lancement d'une seconde croisade, pour renforcer la position des États latins d'Orient. Une croisade dirigée par le roi des Francs Louis VII, qui va jusqu'à Damas et qui repart en Europe en 1149. En 1187, le sultan d'Egypte Saladin reprend Jérusalem, donc lancement en 1189 d'une troisième croisade pour reprendre la ville sainte. Croisade qui va avoir à sa tête l'empereur germanique Frédéric Barberousse, le roi des Francs Philippe Auguste et le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion. Une croisade qui se termine en 1192 par un échec, Jérusalem reste musulmane. Donc, lancement en 1202 d'une nouvelle croisade, la quatrième, pour reprendre Jérusalem. Cette fois, il n'y a aucun roi ou empereur qui en prend la tête. Du côté du Saint-Empire, le successeur de Frédéric Barberousse, Henri VI, avait lancé en 1620 1997 une tentative de croisade en terre sainte qui a fait chou blanc donc une croisade non merci richard cordelion est mort son successeur jean santerre à d'autres Ausha fouettés que d'aller guerroyer en terre sainte comme philippe auguste le roi des francs Donc, la quatrième croisade va être dirigée par des grands aristocrates, d'où son nom de croisade des barons. Alors cette fois, plutôt que d'aller directement à Jérusalem, on prend comme objectif l'Égypte. Pourquoi ? Parce que c'est un état riche, puissant, donc une excellente base pour prendre Jérusalem et s'y maintenir. Seulement, pour aller en Égypte, il faut des bateaux. Et des bateaux, les croisés, ils n'en ont pas. Donc ils décident d'aller en demander à Venise. A cette époque, Venise, c'est une république indépendante qui fait beaucoup de commerce maritime et qui a donc pas mal de bateaux. Les croisés vont donc à Venise. Là-bas, ils sont accueillis par le doge Enrico Dandolo. Les doges, ce sont les magistrats élus de Venise. Enrico Dandolo veut bien être un bon chrétien, mais il est d'abord un bon commerçant. Donc, d'accord pour céder aux croisés les bateaux qu'ils demandent, mais en échange du paiement de 85 000 marres d'argent. Et 85 000 marres d'argent, c'est une somme énorme que les croisés n'ont pas. Ok, pas de problème. Enrico Dandolo veut bien faire un juste commercial. D'accord pour donner les bateaux demandés. Les 85 000 marres d'argent, les croisés les paieront plus tard, quand ils pourront. Ceci en échange d'un petit service de nature militaire. Elle conquérir pour Venise la ville de Zara sur la côte sud-est adriatique, qui avant appartenait à Venise et qui lui a été piquée par la Hongrie. Problème, Zara c'est une ville chrétienne. Donc que au nom d'une croisade contre les musulmans, des chrétiens attaquent d'autres chrétiens, pour une partie des croisés, c'est non. Ils quittent Venise et ils rentrent chez eux. Mais les croisés, dans la grande majorité, disent d'accord. Et donc, ils vont à Zara. Le 24 novembre 1202, la ville est attaquée, éprise. Quand il apprend ça, innocent droit, le pape est furieux. Il laisse communier les croisés. Être excommunié, ça veut dire être exclu de la communauté des chrétiens. A cette époque, ça n'est pas rien. Et pourtant, les croisés, ça ne leur pose aucun problème. Aucun. Ils se préparent à passer l'hiver à Venise, en attendant, au printemps suivant, de prendre la mer pour l'Egypte. Et là, début 1203, un membre de la famille impériale byzantine paie une proposition aux croisés. Une proposition qui va complètement changer le cours des choses. Là, c'est le moment de faire un point sur l'Empire byzantin. ou du moins ce qu'on appelle l'Empire Byzantin, parce qu'il ne s'est jamais appelé comme ça. Ce nom a été donné à Posser Iuri, au XVIe siècle, pour désigner un État qu'on avait un peu de mal à reconnaître comme l'Empire Romain. Parce que l'Empire Byzantin, c'est l'Empire Romain, qui continue d'exister, en tout cas sa partie orientale, issue de la séparation Orient-Occident en 395. Ses habitants, ses dirigeants, se sont toujours considérés comme les Romains et désignés comme les Romains. Bon, il faut quand même dire que depuis le 7e siècle, la langue de l'administration, la langue des élites, ce n'est plus le latin, c'est le grec. L'empereur lui-même, il ne se fait plus appeler impérator, titre latin, mais basileus, un titre grec. Au départ, l'Empire Romain d'Orient, bon vous savez quoi, comme tout le monde l'appelle l'Empire Byzantin, même les historiens de métier, on va faire comme tout le monde et on va l'appeler l'Empire Byzantin, c'est plus simple. Donc au départ, l'Empire Byzantin recouvrait tout l'Est de la Méditerranée. En 1203 par contre, il a bien rétréci, il recouvre le Sud de la Péinsule des Balkans, l'Ouest et le Nord-Est de l'Anatolie, les îles de la Mérigée, la Crète, le Sud de la Crimée. Alors attention, ne croyez pas que depuis le début, l'Empire soit en recul continu. Après le 7e siècle, oui, l'Empire a connu des gros problèmes, des défaites militaires en série. Il a perdu énormément de territoire. Il a failli disparaître. Mais après, l'Empire est reparti de l'avant. Au 10e siècle, il a repris une partie des territoires qu'il avait perdus. Une époque de conquête qui prend fin au 11e siècle, quand les turcs séduquides prennent l'Anatolie. Après la première croisade, l'Empire repart à nouveau en conquête. En 1903, ça s'est calmé. L'Empire est en recul. La Serbie et Chypre ont pris leur indépendance. Les Sédjoukides remettent la pression en Anatolie. L'Empire n'est pas en déclin irrémédiable. Mais bon, il est quand même en difficulté. Autre difficulté, les relations avec l'Europe occidentale qui sont compliquées. En 1054, suite à un schisme, l'église byzantine, dite orthodoxe, a rompu avec l'église catholique romaine. Pendant la première croisade, les croisés qui allaient en Terre Sainte sont passés par l'Empire byzantin, par Constantinople. Les byzantins et les croisés se sont battus ensemble contre les séduquides. Mais après, pour différentes raisons, les croisés ont soupçonné les byzantins d'être des traîtres, des fourbes qui faisaient double jeu avec les musulmans. Ces soupçons se sont encore exprimés pendant la deuxième croisade. En 1182, les habitants de Constantinople ont massacré les latins de leur ville. En 1185, au tour des grecs de Thessalonique d'être massacrés par les normands. Pendant la troisième croisade, les armées de Frédéric Barberousse étaient passées par l'Empire Byzantin pour aller à Jérusalem. Et là, il y a eu des affrontements, des combats entre les croisés et les Byzantins. Assez logique, à ce moment-là, les sympathies des Byzantins allaient plus vers Saladin que Valais-Croisé. Les choses ont failli dégénérer en guerre ouverte. On y échappait, mais les croisés ont de quoi accuser les Byzantins d'être des traîtres. La gestion de ces problématiques, côté byzantin, elle n'est pas aidée par la violence, l'instabilité au sommet de l'État. En 1185, la dynastie des Comnen a été renversée, remplacée par celle des anges, qui entre eux ne le sont pas, des anges. En 1195, l'empereur Isaac II a été renversé par son frère, Alexis III, devenu empereur à sa place. Alors, il faut savoir que ce type de succession, par la violence, à Constantinople, c'est très courant. Non seulement les dynasties changent par des coups d'État, des guerres civiles, mais même dans une famille impériale. Les successions se font parfois dans la violence. Les empereurs ou les impératrices écartent parfois leurs héritiers, directs ou indirects, pour rester empereurs plus longtemps. Quand ce ne sont pas les héritiers qui renversent l'empereur en fonction, pour devenir empereur plus vite. Par contre, on ne fait pas toujours assassiner ou exécuter son adversaire. Parfois on l'épargne, on lui fait juste crever les yeux avant de le mettre en prison. Tous les charmes de l'Orient. à la fois raffinée et cruelle. Charme qui a vécu Isaac II. Après l'avoir renversé, Alexis III, son frère, lui a fait crever les yeux et il l'a emprisonné. Alexis IV, le fils d'Isaac II, a quitté l'Empire. Il s'est réfugié en Occident. De là, il ne désespère pas de reprendre le trône impérial, qui pour lui est le sien légitime. Et donc Alexis IV voit d'un bon oeil l'armée de la 4ème croisade. Début 1203, il propose aux croisés 200 000 marges d'argent, la fin du schisme de 1054, plusieurs milliers d'hommes pour les aider à prendre l'Egypte, ceci en échange d'une aide pour l'aider lui à reprendre le trône de Constantinople. Comme pour la question de Zara quelques mois avant, certains des croisés disent non, mais pour la grande majorité, c'est oui. Et donc, au printemps 1203, tout le monde, les croisés, Enrico d'Andolo, Alexis IV, tout le monde prend la mer pour Constantinople. Le 23 juin, on accoste au Bosphore. Le 6 juillet, on se présente devant Constantinople. La ville est défendue par des murailles impressionnantes. Mais bon, Alexis IV espère honnêtement que, en le voyant, les habitants de Constantinople vont se révolter. Ils vont renverser Alexis III. Et ils vont le choisir lui comme empereur. Ce qui ne se passe pas. La population de Constantinople ne bouge pas. Les jours passent. Et puis coup de théâtre, le 17 juillet, Alexis III prend la fuite. Il quitte Constantinople. Du coup, Isaac II est sorti de prison, Alexie IV peut entrer en ville. Isaac II redevient empereur, Alexie IV devient son co-empereur, empereur associé. Bon, dans la réalité, c'est Alexie IV le vrai dirigeant. Oui, rappelez-vous qu'Isaac II est aveugle. En tout cas, mission accomplie. Les croisés ont aidé Alexis IV à monter sur le trône. A lui maintenant de les récompenser comme prévu. Et là, problème. Alexis IV ne peut pas payer les croisés. Il n'a pas l'argent promis. Ça fait des années qu'il ne vit plus à Constantinople. Le trésor impérial est moins riche qu'il le croyait. En plus, en prenant la fuite, Alexis III a emporté avec lui une partie du trésor impérial. Pour couronner le tout, certaines régions de l'Empire restent fidèles à Alexis III. Autant de sources de revenus en moins pour Alexis IV. Pas le choix. Pour payer les croisés comme prévu, Alexis IV va taxer les habitants de Constantinople. Et en attendant, il demande aux croisés de patienter. Les croisés patientent des jours, des semaines, des mois, et ils finissent par s'impatienter. Pour eux, ce retard dans le paiement de la récompense qu'on leur a promis, c'est de plus en plus une preuve que les Byzantins sont des fourbes et des traîtres. Et pour les habitants de Constantinople, eux, c'est Crozet-Latin qui stationne dans leur empire, près de leur capitale, au profit desquels on les taxe, ce sont des envahisseurs, des barbares et Alexis IV leur pantin. A la fin de l'été 1203, un accrochage a lieu entre des Crozet et les habitants de Constantinople. Résultat, une mosquée de la ville prend feu. L'incendie se propage d'une bonne partie de la ville. Vous avez bien entendu, une mosquée à Constantinople, ville chrétienne. Mais c'est très logique. L'Empire byzantin est depuis des siècles en contact avec les États musulmans. Il a vécu des échanges culturels, économiques, des échanges de population. Donc, des musulmans vivent à Constantinople. Mais pour les croisés, la présence de cette mosquée, c'est la preuve que les Byzantins sont des alliés des musulmans, des traîtres, des fourbes. Et par contre, pour les Byzantins, cette mosquée incendiée C'est la preuve que les croisés sont des barbares dangereux. Les Byzantins finissent par en avoir plus qu'assez. Le 5 février 1204, Alexis IV est renversé. Et non, on ne lui crève pas les yeux. On l'exécute. Trois jours après. Isaac II est à nouveau jeté de prison, où il va mourir. Quelques jours après aussi. Le nouvel empereur, c'est Alexis V, du clan d'Oukas, un ennemi déclaré décroisé. Ils leur ferment les portes de Constantinople et bien sûr, plus question de leur payer un seul marre d'argent. Les croisés auraient pu se déclarer vaincus et se réembarquer, mais ils restent. Oui, depuis un an qu'ils ont accepté d'aller à Constantinople, les croisés en ont assez de se faire bananer. La récompense qu'on leur a promis, ils décident de la prendre eux-mêmes. Au printemps 1204, les croisés mettent Constantinople en état de siège. Après quelques jours, les défenses cèdent. Le 13 avril 1204, les croisés entrent dans la ville. Pendant trois jours, Constantinople est complètement pillée, mise à sac. Les habitants ne sont pas non plus épargnés, même s'il y a relativement peu de violence. On a le témoignage d'un habitant de Constantinople, Nicetas Cognates, qui a raconté comment ça s'est passé. On l'écoute. Le jour de la prise de la ville, ces brigands demandaient au maître où ils avaient caché leur argent, usant de violence envers les uns, de caresses envers les autres et de menaces envers tous pour les obliger à le découvrir. Ceux qui étaient si simples que d'apporter ce qu'ils avaient caché ne furent pas traités avec plus de douceur. Je ne saurais par où commencer le récit des impiétés que ces scélérats commirent. Ils brisaient les saintes images. Jetaient les reliques sacrées des martyrs en des lieux que j'ai honte de nommer. On ne saurait songer avec horreur à la profanation qu'ils firent de l'église de Sainte-Sophie. Ils y firent entrer des mulets et des chevaux pour emporter les vases sacrés, l'argent ciselé, doré qu'ils avaient arraché de la chair, du pupitre et des portes. Et quelques-unes de ces bêtes étant tombées sur le pavé qui était fort glissant, ils les perterrent à coups d'épée et sauvirent l'église de leur sang et de leurs ordures. Après la prise de Comte-Antinople, une fois installés sur place, les croisés vont continuer au quotidien à en humilier les habitants, à s'amuser, à leur faire peur, à se comporter comme la caricature d'une armée d'occupation. On laisse parler à nouveau Nicetas Coniates. Ils se revêtaient, les croisés, pour en montrer le ridicule de robes peintes, vêtements ordinaires des grecs. Quelques-uns tenaient dans leurs mains du papier, de l'encre et des écritoires pour nous railler, comme si nous n'étions que des mauvais scribes ou de simples copistes. Ces barbares n'ont usé d'humanité avec personne. Satan regardait les belles femmes avec les mêmes yeux que s'ils eussent dû en jouir à leur même. Nous mîmes ces femmes avec nous comme dans une bergerie et les avertîmes de salir leur visage avec de la boue. J'ai bien dit que les croisés se sont installés à Constantinople. Oui, parce que, après le pillage de la ville, oubliez Jérusalem, oubliez la Terre Sainte. Les croisés et les vénitiens s'installent, ils se partagent l'Empire Byzantin. Constantinople et sa région, avec les deux côtés du détroit du Bosphore, forment l'Empire Lata de Constantinople. La Grèce est partagée en, entre autres, un duché d'Athènes, un royaume de Thessalonique et une seigneurie d'Achaïe. Venise se sert aussi largement. Elle annexe Corfou, la Crète, une partie des îles de la mer Égée. Seulement certains territoires de l'Empire échappent aux croisés. Ils forment des États indépendants qui se réclament de l'héritage de Byzance. C'est le Despotat des Pires, grosso modo l'Albanie actuelle, l'Empire de Trébizonde au nord-est de l'Anatolie et l'Empire de Nicée à l'ouest de l'Anatolie. De ces trois États, le plus puissant, c'est l'Empire de Nicée. Au fur et à mesure des années, l'Empire latin de Constantinople va s'affaiblir. L'Empire de Nicée, lui, se renforcer. Et en 1261, l'Empereur de Nicée, Michel Paléologue, réussit à prendre Constantinople. L'Empire de Nicée annexe l'Empire latin de Constantinople. Oui, je sais pas si je vous l'ai dit, les deux états se touchent. L'Empire byzantin est reformé avec Constantinople à nouveau comme capitale. Seulement, tous les autres territoires contrôlés par les Croisés et les Viniciens lui échappent. Même le Despotat des Pires et l'Empire de Trébizonde restent indépendants. Du coup, le nouvel Empire byzantin est beaucoup plus petit, moins riche et moins puissant que l'Empire de 1204. A partir du 14e siècle, il va connaître un déclin continu, un recul territorial permanent, jusqu'à ce qu'en 1453, les Ottomans prennent Constantinople. A ce moment-là, les territoires de l'Empire étaient réduits à quasiment rien. En 410, quand les Gauls ont pillé Rome, ils se sont contentés, entre guillemets, de la piller, et après de repartir. L'Empire d'Occident, ses structures politiques, son organisation, sont restées intactes. Par contre, en 1204, l'Empire byzantin disparaît. Il est démantelé, l'empereur est chassé, la grande majorité de son territoire, dont sa capitale, est annexée. On peut défendre l'idée que l'Empire qui est refondé en 1261, ce n'est pas le même État, que l'Empire byzantin a disparu en 1204, et même sans ça. Admettons que c'est le même Empire qui est recréé en 1261. Il était tellement plus faible, moins riche, moins fort militairement, que sa disparition. en 1453, c'est la conséquence de ce qui s'est passé en 1204. Une autre conséquence de ce qui s'est passé en 1204, ça a été la mise en place d'un fossé orient-occident. Et je ne parle pas d'un Occident chrétien opposé à un Orient musulman. Non, je parle d'un Occident chrétien catholique de culture latine opposé à un Orient chrétien orthodoxe de culture grecque. C'était la suite du schisme de 1054 entre l'Église de Rome et celle de Byzance. Pourtant, ça n'avait pas été une rupture complète. Au début, il y avait toujours des contacts entre Rome et Byzance, et toujours des pèlerins qui allaient de l'Europe occidentale jusqu'à Constantinople. En plus, ce n'était pas la première fois qu'un schisme avait lieu dans l'Église. Pas beaucoup de monde croyait que ce schisme durerait longtemps. Avant 1204. Parce que, après 1204, la haine des Byzantins envers les Latins a fait que l'orthodoxie est devenue un vrai élément d'identité. Les Byzantins se sont repliés sur cette identité grecque orthodoxe. Et c'est à cause de ça que le schisme de 1054 a perduré. C'est suite à ça que la religion orthodoxe existe toujours maintenant. C'est ça qui fait que cette religion orthodoxe a fait et fait encore partie de l'identité nationale de certains pays. Un bon exemple de comment l'histoire aide à mieux comprendre le présent. Je vous remercie d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a pris quelque chose, qu'il vous a plu. Si oui, partagez-le à vos amis, à vos connaissances, que vous l'écoutiez sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcast, sur YouTube ou ailleurs. Likez-le, notez-le. Si vous le pouvez, mettez un commentaire. ça me fait un feedback, ça m'aide à être mieux référencé. Vous pouvez aussi soutenir mon travail en me laissant un pouvoir sur Tipeee. Et surtout, abonnez-vous au podcast pour ne rien rater des prochains épisodes. A très bientôt, ciao !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • De la première à la quatrième croisade

    01:02

  • La quatrième croisade se lance

    02:34

  • L’Empire byzantin entre en scène

    05:25

  • la croisade à Constantinople

    09:57

  • Constantinople saccagée, l’Empire byzantin démantelé

    14:16

  • Le nouvel Empire byzantin

    17:24

  • 1204 : la vraie chute de l’Empire byzantin ?

    18:07

  • Conséquence : un fossé Orient-Occident

    18:55

  • Conclusion et remerciements

    20:11

Description

Quand on parle de la chute de Constantinople, on pense souvent à 1453, l'année de la prise de la ville par les Turcs Ottomans.
Et si la vraie fin de l’empire byzantin, la vraie chute de Constantinople, ça n’était pas plutôt l’année 1204 ? Quand la ville a été prise, mise à sac et l’Empire byzantin démantelé, non pas par les Turcs musulmans, mais par des chrétiens.

SOURCES : 


CREDITS SONS :




Carte de l’Empire byzantin démantelé après 1204 : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:LatinEmpire-fr.png. original work: Varanaderivative works: LatinEmpire, Rowanwindwhistler, GrandEscogriffe, CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0), via Wikimedia Commons.


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    Bonjour à toutes et bonjour à tous. Quand on parle de la chute de Constantinople, on pense souvent à l'année 1453, quand la ville a été prise par les turcs ottomans, quand l'Empire Byzantin a disparu. Et si la vraie chute de Constantinople, ça n'était pas plutôt l'année 1204 ? Car cette année-là, la ville a été prise, pillée, l'empereur chassé, l'Empire Byzantin démantelé, annexé par ses ennemis. Et ses ennemis, ça n'était pas des turcs musulmans, c'était des chrétiens, oui. L'armée de la 4ème croisade. Une croisade qui au départ était partie pour prendre Jérusalem, mais qui s'est détournée vers Constantinople. Comment ça s'est passé ? Pourquoi ? Avec les conséquences ? C'est justement ce qu'on va voir aujourd'hui. Avant de commencer, n'oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Allez, on démarre. Pour commencer, on rappelle le contexte. S'il y a eu une quatrième croisade, c'est qu'avant, il y en a eu trois. Oui, je sais compter, merci ! La première croisade est lancée en 1096, après que le pape urbain II ait lancé un appel pour délivrer Jérusalem des musulmans. Le Proche et le Moyen-Orient sont alors dominés par les turcs séduquides, pas très tendres avec les pèlerins qui vont à Jérusalem. Des milliers de personnes se mettent en marche pour la Terre Sainte. Résultat ? Prise de Jérusalem en 1099 et formation des États latins d'Orient. Le long d'une façade maritime qui va du sud au nord de Gaza à la Syrie actuelle, ces États latins d'Orient, c'est le royaume de Jérusalem, le comté de Tripoli, la principauté d'Antioche, le comté d'Hédès. Des États dans une situation assez précaire face aux Séjoukides. Les Séjoukides qui reprennent Hédès en 1146, ce qui déclenche en 1147 le lancement d'une seconde croisade, pour renforcer la position des États latins d'Orient. Une croisade dirigée par le roi des Francs Louis VII, qui va jusqu'à Damas et qui repart en Europe en 1149. En 1187, le sultan d'Egypte Saladin reprend Jérusalem, donc lancement en 1189 d'une troisième croisade pour reprendre la ville sainte. Croisade qui va avoir à sa tête l'empereur germanique Frédéric Barberousse, le roi des Francs Philippe Auguste et le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion. Une croisade qui se termine en 1192 par un échec, Jérusalem reste musulmane. Donc, lancement en 1202 d'une nouvelle croisade, la quatrième, pour reprendre Jérusalem. Cette fois, il n'y a aucun roi ou empereur qui en prend la tête. Du côté du Saint-Empire, le successeur de Frédéric Barberousse, Henri VI, avait lancé en 1620 1997 une tentative de croisade en terre sainte qui a fait chou blanc donc une croisade non merci richard cordelion est mort son successeur jean santerre à d'autres Ausha fouettés que d'aller guerroyer en terre sainte comme philippe auguste le roi des francs Donc, la quatrième croisade va être dirigée par des grands aristocrates, d'où son nom de croisade des barons. Alors cette fois, plutôt que d'aller directement à Jérusalem, on prend comme objectif l'Égypte. Pourquoi ? Parce que c'est un état riche, puissant, donc une excellente base pour prendre Jérusalem et s'y maintenir. Seulement, pour aller en Égypte, il faut des bateaux. Et des bateaux, les croisés, ils n'en ont pas. Donc ils décident d'aller en demander à Venise. A cette époque, Venise, c'est une république indépendante qui fait beaucoup de commerce maritime et qui a donc pas mal de bateaux. Les croisés vont donc à Venise. Là-bas, ils sont accueillis par le doge Enrico Dandolo. Les doges, ce sont les magistrats élus de Venise. Enrico Dandolo veut bien être un bon chrétien, mais il est d'abord un bon commerçant. Donc, d'accord pour céder aux croisés les bateaux qu'ils demandent, mais en échange du paiement de 85 000 marres d'argent. Et 85 000 marres d'argent, c'est une somme énorme que les croisés n'ont pas. Ok, pas de problème. Enrico Dandolo veut bien faire un juste commercial. D'accord pour donner les bateaux demandés. Les 85 000 marres d'argent, les croisés les paieront plus tard, quand ils pourront. Ceci en échange d'un petit service de nature militaire. Elle conquérir pour Venise la ville de Zara sur la côte sud-est adriatique, qui avant appartenait à Venise et qui lui a été piquée par la Hongrie. Problème, Zara c'est une ville chrétienne. Donc que au nom d'une croisade contre les musulmans, des chrétiens attaquent d'autres chrétiens, pour une partie des croisés, c'est non. Ils quittent Venise et ils rentrent chez eux. Mais les croisés, dans la grande majorité, disent d'accord. Et donc, ils vont à Zara. Le 24 novembre 1202, la ville est attaquée, éprise. Quand il apprend ça, innocent droit, le pape est furieux. Il laisse communier les croisés. Être excommunié, ça veut dire être exclu de la communauté des chrétiens. A cette époque, ça n'est pas rien. Et pourtant, les croisés, ça ne leur pose aucun problème. Aucun. Ils se préparent à passer l'hiver à Venise, en attendant, au printemps suivant, de prendre la mer pour l'Egypte. Et là, début 1203, un membre de la famille impériale byzantine paie une proposition aux croisés. Une proposition qui va complètement changer le cours des choses. Là, c'est le moment de faire un point sur l'Empire byzantin. ou du moins ce qu'on appelle l'Empire Byzantin, parce qu'il ne s'est jamais appelé comme ça. Ce nom a été donné à Posser Iuri, au XVIe siècle, pour désigner un État qu'on avait un peu de mal à reconnaître comme l'Empire Romain. Parce que l'Empire Byzantin, c'est l'Empire Romain, qui continue d'exister, en tout cas sa partie orientale, issue de la séparation Orient-Occident en 395. Ses habitants, ses dirigeants, se sont toujours considérés comme les Romains et désignés comme les Romains. Bon, il faut quand même dire que depuis le 7e siècle, la langue de l'administration, la langue des élites, ce n'est plus le latin, c'est le grec. L'empereur lui-même, il ne se fait plus appeler impérator, titre latin, mais basileus, un titre grec. Au départ, l'Empire Romain d'Orient, bon vous savez quoi, comme tout le monde l'appelle l'Empire Byzantin, même les historiens de métier, on va faire comme tout le monde et on va l'appeler l'Empire Byzantin, c'est plus simple. Donc au départ, l'Empire Byzantin recouvrait tout l'Est de la Méditerranée. En 1203 par contre, il a bien rétréci, il recouvre le Sud de la Péinsule des Balkans, l'Ouest et le Nord-Est de l'Anatolie, les îles de la Mérigée, la Crète, le Sud de la Crimée. Alors attention, ne croyez pas que depuis le début, l'Empire soit en recul continu. Après le 7e siècle, oui, l'Empire a connu des gros problèmes, des défaites militaires en série. Il a perdu énormément de territoire. Il a failli disparaître. Mais après, l'Empire est reparti de l'avant. Au 10e siècle, il a repris une partie des territoires qu'il avait perdus. Une époque de conquête qui prend fin au 11e siècle, quand les turcs séduquides prennent l'Anatolie. Après la première croisade, l'Empire repart à nouveau en conquête. En 1903, ça s'est calmé. L'Empire est en recul. La Serbie et Chypre ont pris leur indépendance. Les Sédjoukides remettent la pression en Anatolie. L'Empire n'est pas en déclin irrémédiable. Mais bon, il est quand même en difficulté. Autre difficulté, les relations avec l'Europe occidentale qui sont compliquées. En 1054, suite à un schisme, l'église byzantine, dite orthodoxe, a rompu avec l'église catholique romaine. Pendant la première croisade, les croisés qui allaient en Terre Sainte sont passés par l'Empire byzantin, par Constantinople. Les byzantins et les croisés se sont battus ensemble contre les séduquides. Mais après, pour différentes raisons, les croisés ont soupçonné les byzantins d'être des traîtres, des fourbes qui faisaient double jeu avec les musulmans. Ces soupçons se sont encore exprimés pendant la deuxième croisade. En 1182, les habitants de Constantinople ont massacré les latins de leur ville. En 1185, au tour des grecs de Thessalonique d'être massacrés par les normands. Pendant la troisième croisade, les armées de Frédéric Barberousse étaient passées par l'Empire Byzantin pour aller à Jérusalem. Et là, il y a eu des affrontements, des combats entre les croisés et les Byzantins. Assez logique, à ce moment-là, les sympathies des Byzantins allaient plus vers Saladin que Valais-Croisé. Les choses ont failli dégénérer en guerre ouverte. On y échappait, mais les croisés ont de quoi accuser les Byzantins d'être des traîtres. La gestion de ces problématiques, côté byzantin, elle n'est pas aidée par la violence, l'instabilité au sommet de l'État. En 1185, la dynastie des Comnen a été renversée, remplacée par celle des anges, qui entre eux ne le sont pas, des anges. En 1195, l'empereur Isaac II a été renversé par son frère, Alexis III, devenu empereur à sa place. Alors, il faut savoir que ce type de succession, par la violence, à Constantinople, c'est très courant. Non seulement les dynasties changent par des coups d'État, des guerres civiles, mais même dans une famille impériale. Les successions se font parfois dans la violence. Les empereurs ou les impératrices écartent parfois leurs héritiers, directs ou indirects, pour rester empereurs plus longtemps. Quand ce ne sont pas les héritiers qui renversent l'empereur en fonction, pour devenir empereur plus vite. Par contre, on ne fait pas toujours assassiner ou exécuter son adversaire. Parfois on l'épargne, on lui fait juste crever les yeux avant de le mettre en prison. Tous les charmes de l'Orient. à la fois raffinée et cruelle. Charme qui a vécu Isaac II. Après l'avoir renversé, Alexis III, son frère, lui a fait crever les yeux et il l'a emprisonné. Alexis IV, le fils d'Isaac II, a quitté l'Empire. Il s'est réfugié en Occident. De là, il ne désespère pas de reprendre le trône impérial, qui pour lui est le sien légitime. Et donc Alexis IV voit d'un bon oeil l'armée de la 4ème croisade. Début 1203, il propose aux croisés 200 000 marges d'argent, la fin du schisme de 1054, plusieurs milliers d'hommes pour les aider à prendre l'Egypte, ceci en échange d'une aide pour l'aider lui à reprendre le trône de Constantinople. Comme pour la question de Zara quelques mois avant, certains des croisés disent non, mais pour la grande majorité, c'est oui. Et donc, au printemps 1203, tout le monde, les croisés, Enrico d'Andolo, Alexis IV, tout le monde prend la mer pour Constantinople. Le 23 juin, on accoste au Bosphore. Le 6 juillet, on se présente devant Constantinople. La ville est défendue par des murailles impressionnantes. Mais bon, Alexis IV espère honnêtement que, en le voyant, les habitants de Constantinople vont se révolter. Ils vont renverser Alexis III. Et ils vont le choisir lui comme empereur. Ce qui ne se passe pas. La population de Constantinople ne bouge pas. Les jours passent. Et puis coup de théâtre, le 17 juillet, Alexis III prend la fuite. Il quitte Constantinople. Du coup, Isaac II est sorti de prison, Alexie IV peut entrer en ville. Isaac II redevient empereur, Alexie IV devient son co-empereur, empereur associé. Bon, dans la réalité, c'est Alexie IV le vrai dirigeant. Oui, rappelez-vous qu'Isaac II est aveugle. En tout cas, mission accomplie. Les croisés ont aidé Alexis IV à monter sur le trône. A lui maintenant de les récompenser comme prévu. Et là, problème. Alexis IV ne peut pas payer les croisés. Il n'a pas l'argent promis. Ça fait des années qu'il ne vit plus à Constantinople. Le trésor impérial est moins riche qu'il le croyait. En plus, en prenant la fuite, Alexis III a emporté avec lui une partie du trésor impérial. Pour couronner le tout, certaines régions de l'Empire restent fidèles à Alexis III. Autant de sources de revenus en moins pour Alexis IV. Pas le choix. Pour payer les croisés comme prévu, Alexis IV va taxer les habitants de Constantinople. Et en attendant, il demande aux croisés de patienter. Les croisés patientent des jours, des semaines, des mois, et ils finissent par s'impatienter. Pour eux, ce retard dans le paiement de la récompense qu'on leur a promis, c'est de plus en plus une preuve que les Byzantins sont des fourbes et des traîtres. Et pour les habitants de Constantinople, eux, c'est Crozet-Latin qui stationne dans leur empire, près de leur capitale, au profit desquels on les taxe, ce sont des envahisseurs, des barbares et Alexis IV leur pantin. A la fin de l'été 1203, un accrochage a lieu entre des Crozet et les habitants de Constantinople. Résultat, une mosquée de la ville prend feu. L'incendie se propage d'une bonne partie de la ville. Vous avez bien entendu, une mosquée à Constantinople, ville chrétienne. Mais c'est très logique. L'Empire byzantin est depuis des siècles en contact avec les États musulmans. Il a vécu des échanges culturels, économiques, des échanges de population. Donc, des musulmans vivent à Constantinople. Mais pour les croisés, la présence de cette mosquée, c'est la preuve que les Byzantins sont des alliés des musulmans, des traîtres, des fourbes. Et par contre, pour les Byzantins, cette mosquée incendiée C'est la preuve que les croisés sont des barbares dangereux. Les Byzantins finissent par en avoir plus qu'assez. Le 5 février 1204, Alexis IV est renversé. Et non, on ne lui crève pas les yeux. On l'exécute. Trois jours après. Isaac II est à nouveau jeté de prison, où il va mourir. Quelques jours après aussi. Le nouvel empereur, c'est Alexis V, du clan d'Oukas, un ennemi déclaré décroisé. Ils leur ferment les portes de Constantinople et bien sûr, plus question de leur payer un seul marre d'argent. Les croisés auraient pu se déclarer vaincus et se réembarquer, mais ils restent. Oui, depuis un an qu'ils ont accepté d'aller à Constantinople, les croisés en ont assez de se faire bananer. La récompense qu'on leur a promis, ils décident de la prendre eux-mêmes. Au printemps 1204, les croisés mettent Constantinople en état de siège. Après quelques jours, les défenses cèdent. Le 13 avril 1204, les croisés entrent dans la ville. Pendant trois jours, Constantinople est complètement pillée, mise à sac. Les habitants ne sont pas non plus épargnés, même s'il y a relativement peu de violence. On a le témoignage d'un habitant de Constantinople, Nicetas Cognates, qui a raconté comment ça s'est passé. On l'écoute. Le jour de la prise de la ville, ces brigands demandaient au maître où ils avaient caché leur argent, usant de violence envers les uns, de caresses envers les autres et de menaces envers tous pour les obliger à le découvrir. Ceux qui étaient si simples que d'apporter ce qu'ils avaient caché ne furent pas traités avec plus de douceur. Je ne saurais par où commencer le récit des impiétés que ces scélérats commirent. Ils brisaient les saintes images. Jetaient les reliques sacrées des martyrs en des lieux que j'ai honte de nommer. On ne saurait songer avec horreur à la profanation qu'ils firent de l'église de Sainte-Sophie. Ils y firent entrer des mulets et des chevaux pour emporter les vases sacrés, l'argent ciselé, doré qu'ils avaient arraché de la chair, du pupitre et des portes. Et quelques-unes de ces bêtes étant tombées sur le pavé qui était fort glissant, ils les perterrent à coups d'épée et sauvirent l'église de leur sang et de leurs ordures. Après la prise de Comte-Antinople, une fois installés sur place, les croisés vont continuer au quotidien à en humilier les habitants, à s'amuser, à leur faire peur, à se comporter comme la caricature d'une armée d'occupation. On laisse parler à nouveau Nicetas Coniates. Ils se revêtaient, les croisés, pour en montrer le ridicule de robes peintes, vêtements ordinaires des grecs. Quelques-uns tenaient dans leurs mains du papier, de l'encre et des écritoires pour nous railler, comme si nous n'étions que des mauvais scribes ou de simples copistes. Ces barbares n'ont usé d'humanité avec personne. Satan regardait les belles femmes avec les mêmes yeux que s'ils eussent dû en jouir à leur même. Nous mîmes ces femmes avec nous comme dans une bergerie et les avertîmes de salir leur visage avec de la boue. J'ai bien dit que les croisés se sont installés à Constantinople. Oui, parce que, après le pillage de la ville, oubliez Jérusalem, oubliez la Terre Sainte. Les croisés et les vénitiens s'installent, ils se partagent l'Empire Byzantin. Constantinople et sa région, avec les deux côtés du détroit du Bosphore, forment l'Empire Lata de Constantinople. La Grèce est partagée en, entre autres, un duché d'Athènes, un royaume de Thessalonique et une seigneurie d'Achaïe. Venise se sert aussi largement. Elle annexe Corfou, la Crète, une partie des îles de la mer Égée. Seulement certains territoires de l'Empire échappent aux croisés. Ils forment des États indépendants qui se réclament de l'héritage de Byzance. C'est le Despotat des Pires, grosso modo l'Albanie actuelle, l'Empire de Trébizonde au nord-est de l'Anatolie et l'Empire de Nicée à l'ouest de l'Anatolie. De ces trois États, le plus puissant, c'est l'Empire de Nicée. Au fur et à mesure des années, l'Empire latin de Constantinople va s'affaiblir. L'Empire de Nicée, lui, se renforcer. Et en 1261, l'Empereur de Nicée, Michel Paléologue, réussit à prendre Constantinople. L'Empire de Nicée annexe l'Empire latin de Constantinople. Oui, je sais pas si je vous l'ai dit, les deux états se touchent. L'Empire byzantin est reformé avec Constantinople à nouveau comme capitale. Seulement, tous les autres territoires contrôlés par les Croisés et les Viniciens lui échappent. Même le Despotat des Pires et l'Empire de Trébizonde restent indépendants. Du coup, le nouvel Empire byzantin est beaucoup plus petit, moins riche et moins puissant que l'Empire de 1204. A partir du 14e siècle, il va connaître un déclin continu, un recul territorial permanent, jusqu'à ce qu'en 1453, les Ottomans prennent Constantinople. A ce moment-là, les territoires de l'Empire étaient réduits à quasiment rien. En 410, quand les Gauls ont pillé Rome, ils se sont contentés, entre guillemets, de la piller, et après de repartir. L'Empire d'Occident, ses structures politiques, son organisation, sont restées intactes. Par contre, en 1204, l'Empire byzantin disparaît. Il est démantelé, l'empereur est chassé, la grande majorité de son territoire, dont sa capitale, est annexée. On peut défendre l'idée que l'Empire qui est refondé en 1261, ce n'est pas le même État, que l'Empire byzantin a disparu en 1204, et même sans ça. Admettons que c'est le même Empire qui est recréé en 1261. Il était tellement plus faible, moins riche, moins fort militairement, que sa disparition. en 1453, c'est la conséquence de ce qui s'est passé en 1204. Une autre conséquence de ce qui s'est passé en 1204, ça a été la mise en place d'un fossé orient-occident. Et je ne parle pas d'un Occident chrétien opposé à un Orient musulman. Non, je parle d'un Occident chrétien catholique de culture latine opposé à un Orient chrétien orthodoxe de culture grecque. C'était la suite du schisme de 1054 entre l'Église de Rome et celle de Byzance. Pourtant, ça n'avait pas été une rupture complète. Au début, il y avait toujours des contacts entre Rome et Byzance, et toujours des pèlerins qui allaient de l'Europe occidentale jusqu'à Constantinople. En plus, ce n'était pas la première fois qu'un schisme avait lieu dans l'Église. Pas beaucoup de monde croyait que ce schisme durerait longtemps. Avant 1204. Parce que, après 1204, la haine des Byzantins envers les Latins a fait que l'orthodoxie est devenue un vrai élément d'identité. Les Byzantins se sont repliés sur cette identité grecque orthodoxe. Et c'est à cause de ça que le schisme de 1054 a perduré. C'est suite à ça que la religion orthodoxe existe toujours maintenant. C'est ça qui fait que cette religion orthodoxe a fait et fait encore partie de l'identité nationale de certains pays. Un bon exemple de comment l'histoire aide à mieux comprendre le présent. Je vous remercie d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a pris quelque chose, qu'il vous a plu. Si oui, partagez-le à vos amis, à vos connaissances, que vous l'écoutiez sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcast, sur YouTube ou ailleurs. Likez-le, notez-le. Si vous le pouvez, mettez un commentaire. ça me fait un feedback, ça m'aide à être mieux référencé. Vous pouvez aussi soutenir mon travail en me laissant un pouvoir sur Tipeee. Et surtout, abonnez-vous au podcast pour ne rien rater des prochains épisodes. A très bientôt, ciao !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • De la première à la quatrième croisade

    01:02

  • La quatrième croisade se lance

    02:34

  • L’Empire byzantin entre en scène

    05:25

  • la croisade à Constantinople

    09:57

  • Constantinople saccagée, l’Empire byzantin démantelé

    14:16

  • Le nouvel Empire byzantin

    17:24

  • 1204 : la vraie chute de l’Empire byzantin ?

    18:07

  • Conséquence : un fossé Orient-Occident

    18:55

  • Conclusion et remerciements

    20:11

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Description

Quand on parle de la chute de Constantinople, on pense souvent à 1453, l'année de la prise de la ville par les Turcs Ottomans.
Et si la vraie fin de l’empire byzantin, la vraie chute de Constantinople, ça n’était pas plutôt l’année 1204 ? Quand la ville a été prise, mise à sac et l’Empire byzantin démantelé, non pas par les Turcs musulmans, mais par des chrétiens.

SOURCES : 


CREDITS SONS :




Carte de l’Empire byzantin démantelé après 1204 : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:LatinEmpire-fr.png. original work: Varanaderivative works: LatinEmpire, Rowanwindwhistler, GrandEscogriffe, CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0), via Wikimedia Commons.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et bonjour à tous. Quand on parle de la chute de Constantinople, on pense souvent à l'année 1453, quand la ville a été prise par les turcs ottomans, quand l'Empire Byzantin a disparu. Et si la vraie chute de Constantinople, ça n'était pas plutôt l'année 1204 ? Car cette année-là, la ville a été prise, pillée, l'empereur chassé, l'Empire Byzantin démantelé, annexé par ses ennemis. Et ses ennemis, ça n'était pas des turcs musulmans, c'était des chrétiens, oui. L'armée de la 4ème croisade. Une croisade qui au départ était partie pour prendre Jérusalem, mais qui s'est détournée vers Constantinople. Comment ça s'est passé ? Pourquoi ? Avec les conséquences ? C'est justement ce qu'on va voir aujourd'hui. Avant de commencer, n'oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Allez, on démarre. Pour commencer, on rappelle le contexte. S'il y a eu une quatrième croisade, c'est qu'avant, il y en a eu trois. Oui, je sais compter, merci ! La première croisade est lancée en 1096, après que le pape urbain II ait lancé un appel pour délivrer Jérusalem des musulmans. Le Proche et le Moyen-Orient sont alors dominés par les turcs séduquides, pas très tendres avec les pèlerins qui vont à Jérusalem. Des milliers de personnes se mettent en marche pour la Terre Sainte. Résultat ? Prise de Jérusalem en 1099 et formation des États latins d'Orient. Le long d'une façade maritime qui va du sud au nord de Gaza à la Syrie actuelle, ces États latins d'Orient, c'est le royaume de Jérusalem, le comté de Tripoli, la principauté d'Antioche, le comté d'Hédès. Des États dans une situation assez précaire face aux Séjoukides. Les Séjoukides qui reprennent Hédès en 1146, ce qui déclenche en 1147 le lancement d'une seconde croisade, pour renforcer la position des États latins d'Orient. Une croisade dirigée par le roi des Francs Louis VII, qui va jusqu'à Damas et qui repart en Europe en 1149. En 1187, le sultan d'Egypte Saladin reprend Jérusalem, donc lancement en 1189 d'une troisième croisade pour reprendre la ville sainte. Croisade qui va avoir à sa tête l'empereur germanique Frédéric Barberousse, le roi des Francs Philippe Auguste et le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion. Une croisade qui se termine en 1192 par un échec, Jérusalem reste musulmane. Donc, lancement en 1202 d'une nouvelle croisade, la quatrième, pour reprendre Jérusalem. Cette fois, il n'y a aucun roi ou empereur qui en prend la tête. Du côté du Saint-Empire, le successeur de Frédéric Barberousse, Henri VI, avait lancé en 1620 1997 une tentative de croisade en terre sainte qui a fait chou blanc donc une croisade non merci richard cordelion est mort son successeur jean santerre à d'autres Ausha fouettés que d'aller guerroyer en terre sainte comme philippe auguste le roi des francs Donc, la quatrième croisade va être dirigée par des grands aristocrates, d'où son nom de croisade des barons. Alors cette fois, plutôt que d'aller directement à Jérusalem, on prend comme objectif l'Égypte. Pourquoi ? Parce que c'est un état riche, puissant, donc une excellente base pour prendre Jérusalem et s'y maintenir. Seulement, pour aller en Égypte, il faut des bateaux. Et des bateaux, les croisés, ils n'en ont pas. Donc ils décident d'aller en demander à Venise. A cette époque, Venise, c'est une république indépendante qui fait beaucoup de commerce maritime et qui a donc pas mal de bateaux. Les croisés vont donc à Venise. Là-bas, ils sont accueillis par le doge Enrico Dandolo. Les doges, ce sont les magistrats élus de Venise. Enrico Dandolo veut bien être un bon chrétien, mais il est d'abord un bon commerçant. Donc, d'accord pour céder aux croisés les bateaux qu'ils demandent, mais en échange du paiement de 85 000 marres d'argent. Et 85 000 marres d'argent, c'est une somme énorme que les croisés n'ont pas. Ok, pas de problème. Enrico Dandolo veut bien faire un juste commercial. D'accord pour donner les bateaux demandés. Les 85 000 marres d'argent, les croisés les paieront plus tard, quand ils pourront. Ceci en échange d'un petit service de nature militaire. Elle conquérir pour Venise la ville de Zara sur la côte sud-est adriatique, qui avant appartenait à Venise et qui lui a été piquée par la Hongrie. Problème, Zara c'est une ville chrétienne. Donc que au nom d'une croisade contre les musulmans, des chrétiens attaquent d'autres chrétiens, pour une partie des croisés, c'est non. Ils quittent Venise et ils rentrent chez eux. Mais les croisés, dans la grande majorité, disent d'accord. Et donc, ils vont à Zara. Le 24 novembre 1202, la ville est attaquée, éprise. Quand il apprend ça, innocent droit, le pape est furieux. Il laisse communier les croisés. Être excommunié, ça veut dire être exclu de la communauté des chrétiens. A cette époque, ça n'est pas rien. Et pourtant, les croisés, ça ne leur pose aucun problème. Aucun. Ils se préparent à passer l'hiver à Venise, en attendant, au printemps suivant, de prendre la mer pour l'Egypte. Et là, début 1203, un membre de la famille impériale byzantine paie une proposition aux croisés. Une proposition qui va complètement changer le cours des choses. Là, c'est le moment de faire un point sur l'Empire byzantin. ou du moins ce qu'on appelle l'Empire Byzantin, parce qu'il ne s'est jamais appelé comme ça. Ce nom a été donné à Posser Iuri, au XVIe siècle, pour désigner un État qu'on avait un peu de mal à reconnaître comme l'Empire Romain. Parce que l'Empire Byzantin, c'est l'Empire Romain, qui continue d'exister, en tout cas sa partie orientale, issue de la séparation Orient-Occident en 395. Ses habitants, ses dirigeants, se sont toujours considérés comme les Romains et désignés comme les Romains. Bon, il faut quand même dire que depuis le 7e siècle, la langue de l'administration, la langue des élites, ce n'est plus le latin, c'est le grec. L'empereur lui-même, il ne se fait plus appeler impérator, titre latin, mais basileus, un titre grec. Au départ, l'Empire Romain d'Orient, bon vous savez quoi, comme tout le monde l'appelle l'Empire Byzantin, même les historiens de métier, on va faire comme tout le monde et on va l'appeler l'Empire Byzantin, c'est plus simple. Donc au départ, l'Empire Byzantin recouvrait tout l'Est de la Méditerranée. En 1203 par contre, il a bien rétréci, il recouvre le Sud de la Péinsule des Balkans, l'Ouest et le Nord-Est de l'Anatolie, les îles de la Mérigée, la Crète, le Sud de la Crimée. Alors attention, ne croyez pas que depuis le début, l'Empire soit en recul continu. Après le 7e siècle, oui, l'Empire a connu des gros problèmes, des défaites militaires en série. Il a perdu énormément de territoire. Il a failli disparaître. Mais après, l'Empire est reparti de l'avant. Au 10e siècle, il a repris une partie des territoires qu'il avait perdus. Une époque de conquête qui prend fin au 11e siècle, quand les turcs séduquides prennent l'Anatolie. Après la première croisade, l'Empire repart à nouveau en conquête. En 1903, ça s'est calmé. L'Empire est en recul. La Serbie et Chypre ont pris leur indépendance. Les Sédjoukides remettent la pression en Anatolie. L'Empire n'est pas en déclin irrémédiable. Mais bon, il est quand même en difficulté. Autre difficulté, les relations avec l'Europe occidentale qui sont compliquées. En 1054, suite à un schisme, l'église byzantine, dite orthodoxe, a rompu avec l'église catholique romaine. Pendant la première croisade, les croisés qui allaient en Terre Sainte sont passés par l'Empire byzantin, par Constantinople. Les byzantins et les croisés se sont battus ensemble contre les séduquides. Mais après, pour différentes raisons, les croisés ont soupçonné les byzantins d'être des traîtres, des fourbes qui faisaient double jeu avec les musulmans. Ces soupçons se sont encore exprimés pendant la deuxième croisade. En 1182, les habitants de Constantinople ont massacré les latins de leur ville. En 1185, au tour des grecs de Thessalonique d'être massacrés par les normands. Pendant la troisième croisade, les armées de Frédéric Barberousse étaient passées par l'Empire Byzantin pour aller à Jérusalem. Et là, il y a eu des affrontements, des combats entre les croisés et les Byzantins. Assez logique, à ce moment-là, les sympathies des Byzantins allaient plus vers Saladin que Valais-Croisé. Les choses ont failli dégénérer en guerre ouverte. On y échappait, mais les croisés ont de quoi accuser les Byzantins d'être des traîtres. La gestion de ces problématiques, côté byzantin, elle n'est pas aidée par la violence, l'instabilité au sommet de l'État. En 1185, la dynastie des Comnen a été renversée, remplacée par celle des anges, qui entre eux ne le sont pas, des anges. En 1195, l'empereur Isaac II a été renversé par son frère, Alexis III, devenu empereur à sa place. Alors, il faut savoir que ce type de succession, par la violence, à Constantinople, c'est très courant. Non seulement les dynasties changent par des coups d'État, des guerres civiles, mais même dans une famille impériale. Les successions se font parfois dans la violence. Les empereurs ou les impératrices écartent parfois leurs héritiers, directs ou indirects, pour rester empereurs plus longtemps. Quand ce ne sont pas les héritiers qui renversent l'empereur en fonction, pour devenir empereur plus vite. Par contre, on ne fait pas toujours assassiner ou exécuter son adversaire. Parfois on l'épargne, on lui fait juste crever les yeux avant de le mettre en prison. Tous les charmes de l'Orient. à la fois raffinée et cruelle. Charme qui a vécu Isaac II. Après l'avoir renversé, Alexis III, son frère, lui a fait crever les yeux et il l'a emprisonné. Alexis IV, le fils d'Isaac II, a quitté l'Empire. Il s'est réfugié en Occident. De là, il ne désespère pas de reprendre le trône impérial, qui pour lui est le sien légitime. Et donc Alexis IV voit d'un bon oeil l'armée de la 4ème croisade. Début 1203, il propose aux croisés 200 000 marges d'argent, la fin du schisme de 1054, plusieurs milliers d'hommes pour les aider à prendre l'Egypte, ceci en échange d'une aide pour l'aider lui à reprendre le trône de Constantinople. Comme pour la question de Zara quelques mois avant, certains des croisés disent non, mais pour la grande majorité, c'est oui. Et donc, au printemps 1203, tout le monde, les croisés, Enrico d'Andolo, Alexis IV, tout le monde prend la mer pour Constantinople. Le 23 juin, on accoste au Bosphore. Le 6 juillet, on se présente devant Constantinople. La ville est défendue par des murailles impressionnantes. Mais bon, Alexis IV espère honnêtement que, en le voyant, les habitants de Constantinople vont se révolter. Ils vont renverser Alexis III. Et ils vont le choisir lui comme empereur. Ce qui ne se passe pas. La population de Constantinople ne bouge pas. Les jours passent. Et puis coup de théâtre, le 17 juillet, Alexis III prend la fuite. Il quitte Constantinople. Du coup, Isaac II est sorti de prison, Alexie IV peut entrer en ville. Isaac II redevient empereur, Alexie IV devient son co-empereur, empereur associé. Bon, dans la réalité, c'est Alexie IV le vrai dirigeant. Oui, rappelez-vous qu'Isaac II est aveugle. En tout cas, mission accomplie. Les croisés ont aidé Alexis IV à monter sur le trône. A lui maintenant de les récompenser comme prévu. Et là, problème. Alexis IV ne peut pas payer les croisés. Il n'a pas l'argent promis. Ça fait des années qu'il ne vit plus à Constantinople. Le trésor impérial est moins riche qu'il le croyait. En plus, en prenant la fuite, Alexis III a emporté avec lui une partie du trésor impérial. Pour couronner le tout, certaines régions de l'Empire restent fidèles à Alexis III. Autant de sources de revenus en moins pour Alexis IV. Pas le choix. Pour payer les croisés comme prévu, Alexis IV va taxer les habitants de Constantinople. Et en attendant, il demande aux croisés de patienter. Les croisés patientent des jours, des semaines, des mois, et ils finissent par s'impatienter. Pour eux, ce retard dans le paiement de la récompense qu'on leur a promis, c'est de plus en plus une preuve que les Byzantins sont des fourbes et des traîtres. Et pour les habitants de Constantinople, eux, c'est Crozet-Latin qui stationne dans leur empire, près de leur capitale, au profit desquels on les taxe, ce sont des envahisseurs, des barbares et Alexis IV leur pantin. A la fin de l'été 1203, un accrochage a lieu entre des Crozet et les habitants de Constantinople. Résultat, une mosquée de la ville prend feu. L'incendie se propage d'une bonne partie de la ville. Vous avez bien entendu, une mosquée à Constantinople, ville chrétienne. Mais c'est très logique. L'Empire byzantin est depuis des siècles en contact avec les États musulmans. Il a vécu des échanges culturels, économiques, des échanges de population. Donc, des musulmans vivent à Constantinople. Mais pour les croisés, la présence de cette mosquée, c'est la preuve que les Byzantins sont des alliés des musulmans, des traîtres, des fourbes. Et par contre, pour les Byzantins, cette mosquée incendiée C'est la preuve que les croisés sont des barbares dangereux. Les Byzantins finissent par en avoir plus qu'assez. Le 5 février 1204, Alexis IV est renversé. Et non, on ne lui crève pas les yeux. On l'exécute. Trois jours après. Isaac II est à nouveau jeté de prison, où il va mourir. Quelques jours après aussi. Le nouvel empereur, c'est Alexis V, du clan d'Oukas, un ennemi déclaré décroisé. Ils leur ferment les portes de Constantinople et bien sûr, plus question de leur payer un seul marre d'argent. Les croisés auraient pu se déclarer vaincus et se réembarquer, mais ils restent. Oui, depuis un an qu'ils ont accepté d'aller à Constantinople, les croisés en ont assez de se faire bananer. La récompense qu'on leur a promis, ils décident de la prendre eux-mêmes. Au printemps 1204, les croisés mettent Constantinople en état de siège. Après quelques jours, les défenses cèdent. Le 13 avril 1204, les croisés entrent dans la ville. Pendant trois jours, Constantinople est complètement pillée, mise à sac. Les habitants ne sont pas non plus épargnés, même s'il y a relativement peu de violence. On a le témoignage d'un habitant de Constantinople, Nicetas Cognates, qui a raconté comment ça s'est passé. On l'écoute. Le jour de la prise de la ville, ces brigands demandaient au maître où ils avaient caché leur argent, usant de violence envers les uns, de caresses envers les autres et de menaces envers tous pour les obliger à le découvrir. Ceux qui étaient si simples que d'apporter ce qu'ils avaient caché ne furent pas traités avec plus de douceur. Je ne saurais par où commencer le récit des impiétés que ces scélérats commirent. Ils brisaient les saintes images. Jetaient les reliques sacrées des martyrs en des lieux que j'ai honte de nommer. On ne saurait songer avec horreur à la profanation qu'ils firent de l'église de Sainte-Sophie. Ils y firent entrer des mulets et des chevaux pour emporter les vases sacrés, l'argent ciselé, doré qu'ils avaient arraché de la chair, du pupitre et des portes. Et quelques-unes de ces bêtes étant tombées sur le pavé qui était fort glissant, ils les perterrent à coups d'épée et sauvirent l'église de leur sang et de leurs ordures. Après la prise de Comte-Antinople, une fois installés sur place, les croisés vont continuer au quotidien à en humilier les habitants, à s'amuser, à leur faire peur, à se comporter comme la caricature d'une armée d'occupation. On laisse parler à nouveau Nicetas Coniates. Ils se revêtaient, les croisés, pour en montrer le ridicule de robes peintes, vêtements ordinaires des grecs. Quelques-uns tenaient dans leurs mains du papier, de l'encre et des écritoires pour nous railler, comme si nous n'étions que des mauvais scribes ou de simples copistes. Ces barbares n'ont usé d'humanité avec personne. Satan regardait les belles femmes avec les mêmes yeux que s'ils eussent dû en jouir à leur même. Nous mîmes ces femmes avec nous comme dans une bergerie et les avertîmes de salir leur visage avec de la boue. J'ai bien dit que les croisés se sont installés à Constantinople. Oui, parce que, après le pillage de la ville, oubliez Jérusalem, oubliez la Terre Sainte. Les croisés et les vénitiens s'installent, ils se partagent l'Empire Byzantin. Constantinople et sa région, avec les deux côtés du détroit du Bosphore, forment l'Empire Lata de Constantinople. La Grèce est partagée en, entre autres, un duché d'Athènes, un royaume de Thessalonique et une seigneurie d'Achaïe. Venise se sert aussi largement. Elle annexe Corfou, la Crète, une partie des îles de la mer Égée. Seulement certains territoires de l'Empire échappent aux croisés. Ils forment des États indépendants qui se réclament de l'héritage de Byzance. C'est le Despotat des Pires, grosso modo l'Albanie actuelle, l'Empire de Trébizonde au nord-est de l'Anatolie et l'Empire de Nicée à l'ouest de l'Anatolie. De ces trois États, le plus puissant, c'est l'Empire de Nicée. Au fur et à mesure des années, l'Empire latin de Constantinople va s'affaiblir. L'Empire de Nicée, lui, se renforcer. Et en 1261, l'Empereur de Nicée, Michel Paléologue, réussit à prendre Constantinople. L'Empire de Nicée annexe l'Empire latin de Constantinople. Oui, je sais pas si je vous l'ai dit, les deux états se touchent. L'Empire byzantin est reformé avec Constantinople à nouveau comme capitale. Seulement, tous les autres territoires contrôlés par les Croisés et les Viniciens lui échappent. Même le Despotat des Pires et l'Empire de Trébizonde restent indépendants. Du coup, le nouvel Empire byzantin est beaucoup plus petit, moins riche et moins puissant que l'Empire de 1204. A partir du 14e siècle, il va connaître un déclin continu, un recul territorial permanent, jusqu'à ce qu'en 1453, les Ottomans prennent Constantinople. A ce moment-là, les territoires de l'Empire étaient réduits à quasiment rien. En 410, quand les Gauls ont pillé Rome, ils se sont contentés, entre guillemets, de la piller, et après de repartir. L'Empire d'Occident, ses structures politiques, son organisation, sont restées intactes. Par contre, en 1204, l'Empire byzantin disparaît. Il est démantelé, l'empereur est chassé, la grande majorité de son territoire, dont sa capitale, est annexée. On peut défendre l'idée que l'Empire qui est refondé en 1261, ce n'est pas le même État, que l'Empire byzantin a disparu en 1204, et même sans ça. Admettons que c'est le même Empire qui est recréé en 1261. Il était tellement plus faible, moins riche, moins fort militairement, que sa disparition. en 1453, c'est la conséquence de ce qui s'est passé en 1204. Une autre conséquence de ce qui s'est passé en 1204, ça a été la mise en place d'un fossé orient-occident. Et je ne parle pas d'un Occident chrétien opposé à un Orient musulman. Non, je parle d'un Occident chrétien catholique de culture latine opposé à un Orient chrétien orthodoxe de culture grecque. C'était la suite du schisme de 1054 entre l'Église de Rome et celle de Byzance. Pourtant, ça n'avait pas été une rupture complète. Au début, il y avait toujours des contacts entre Rome et Byzance, et toujours des pèlerins qui allaient de l'Europe occidentale jusqu'à Constantinople. En plus, ce n'était pas la première fois qu'un schisme avait lieu dans l'Église. Pas beaucoup de monde croyait que ce schisme durerait longtemps. Avant 1204. Parce que, après 1204, la haine des Byzantins envers les Latins a fait que l'orthodoxie est devenue un vrai élément d'identité. Les Byzantins se sont repliés sur cette identité grecque orthodoxe. Et c'est à cause de ça que le schisme de 1054 a perduré. C'est suite à ça que la religion orthodoxe existe toujours maintenant. C'est ça qui fait que cette religion orthodoxe a fait et fait encore partie de l'identité nationale de certains pays. Un bon exemple de comment l'histoire aide à mieux comprendre le présent. Je vous remercie d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a pris quelque chose, qu'il vous a plu. Si oui, partagez-le à vos amis, à vos connaissances, que vous l'écoutiez sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcast, sur YouTube ou ailleurs. Likez-le, notez-le. Si vous le pouvez, mettez un commentaire. ça me fait un feedback, ça m'aide à être mieux référencé. Vous pouvez aussi soutenir mon travail en me laissant un pouvoir sur Tipeee. Et surtout, abonnez-vous au podcast pour ne rien rater des prochains épisodes. A très bientôt, ciao !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • De la première à la quatrième croisade

    01:02

  • La quatrième croisade se lance

    02:34

  • L’Empire byzantin entre en scène

    05:25

  • la croisade à Constantinople

    09:57

  • Constantinople saccagée, l’Empire byzantin démantelé

    14:16

  • Le nouvel Empire byzantin

    17:24

  • 1204 : la vraie chute de l’Empire byzantin ?

    18:07

  • Conséquence : un fossé Orient-Occident

    18:55

  • Conclusion et remerciements

    20:11

Description

Quand on parle de la chute de Constantinople, on pense souvent à 1453, l'année de la prise de la ville par les Turcs Ottomans.
Et si la vraie fin de l’empire byzantin, la vraie chute de Constantinople, ça n’était pas plutôt l’année 1204 ? Quand la ville a été prise, mise à sac et l’Empire byzantin démantelé, non pas par les Turcs musulmans, mais par des chrétiens.

SOURCES : 


CREDITS SONS :




Carte de l’Empire byzantin démantelé après 1204 : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:LatinEmpire-fr.png. original work: Varanaderivative works: LatinEmpire, Rowanwindwhistler, GrandEscogriffe, CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0), via Wikimedia Commons.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et bonjour à tous. Quand on parle de la chute de Constantinople, on pense souvent à l'année 1453, quand la ville a été prise par les turcs ottomans, quand l'Empire Byzantin a disparu. Et si la vraie chute de Constantinople, ça n'était pas plutôt l'année 1204 ? Car cette année-là, la ville a été prise, pillée, l'empereur chassé, l'Empire Byzantin démantelé, annexé par ses ennemis. Et ses ennemis, ça n'était pas des turcs musulmans, c'était des chrétiens, oui. L'armée de la 4ème croisade. Une croisade qui au départ était partie pour prendre Jérusalem, mais qui s'est détournée vers Constantinople. Comment ça s'est passé ? Pourquoi ? Avec les conséquences ? C'est justement ce qu'on va voir aujourd'hui. Avant de commencer, n'oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne pas rater les prochains épisodes. Allez, on démarre. Pour commencer, on rappelle le contexte. S'il y a eu une quatrième croisade, c'est qu'avant, il y en a eu trois. Oui, je sais compter, merci ! La première croisade est lancée en 1096, après que le pape urbain II ait lancé un appel pour délivrer Jérusalem des musulmans. Le Proche et le Moyen-Orient sont alors dominés par les turcs séduquides, pas très tendres avec les pèlerins qui vont à Jérusalem. Des milliers de personnes se mettent en marche pour la Terre Sainte. Résultat ? Prise de Jérusalem en 1099 et formation des États latins d'Orient. Le long d'une façade maritime qui va du sud au nord de Gaza à la Syrie actuelle, ces États latins d'Orient, c'est le royaume de Jérusalem, le comté de Tripoli, la principauté d'Antioche, le comté d'Hédès. Des États dans une situation assez précaire face aux Séjoukides. Les Séjoukides qui reprennent Hédès en 1146, ce qui déclenche en 1147 le lancement d'une seconde croisade, pour renforcer la position des États latins d'Orient. Une croisade dirigée par le roi des Francs Louis VII, qui va jusqu'à Damas et qui repart en Europe en 1149. En 1187, le sultan d'Egypte Saladin reprend Jérusalem, donc lancement en 1189 d'une troisième croisade pour reprendre la ville sainte. Croisade qui va avoir à sa tête l'empereur germanique Frédéric Barberousse, le roi des Francs Philippe Auguste et le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion. Une croisade qui se termine en 1192 par un échec, Jérusalem reste musulmane. Donc, lancement en 1202 d'une nouvelle croisade, la quatrième, pour reprendre Jérusalem. Cette fois, il n'y a aucun roi ou empereur qui en prend la tête. Du côté du Saint-Empire, le successeur de Frédéric Barberousse, Henri VI, avait lancé en 1620 1997 une tentative de croisade en terre sainte qui a fait chou blanc donc une croisade non merci richard cordelion est mort son successeur jean santerre à d'autres Ausha fouettés que d'aller guerroyer en terre sainte comme philippe auguste le roi des francs Donc, la quatrième croisade va être dirigée par des grands aristocrates, d'où son nom de croisade des barons. Alors cette fois, plutôt que d'aller directement à Jérusalem, on prend comme objectif l'Égypte. Pourquoi ? Parce que c'est un état riche, puissant, donc une excellente base pour prendre Jérusalem et s'y maintenir. Seulement, pour aller en Égypte, il faut des bateaux. Et des bateaux, les croisés, ils n'en ont pas. Donc ils décident d'aller en demander à Venise. A cette époque, Venise, c'est une république indépendante qui fait beaucoup de commerce maritime et qui a donc pas mal de bateaux. Les croisés vont donc à Venise. Là-bas, ils sont accueillis par le doge Enrico Dandolo. Les doges, ce sont les magistrats élus de Venise. Enrico Dandolo veut bien être un bon chrétien, mais il est d'abord un bon commerçant. Donc, d'accord pour céder aux croisés les bateaux qu'ils demandent, mais en échange du paiement de 85 000 marres d'argent. Et 85 000 marres d'argent, c'est une somme énorme que les croisés n'ont pas. Ok, pas de problème. Enrico Dandolo veut bien faire un juste commercial. D'accord pour donner les bateaux demandés. Les 85 000 marres d'argent, les croisés les paieront plus tard, quand ils pourront. Ceci en échange d'un petit service de nature militaire. Elle conquérir pour Venise la ville de Zara sur la côte sud-est adriatique, qui avant appartenait à Venise et qui lui a été piquée par la Hongrie. Problème, Zara c'est une ville chrétienne. Donc que au nom d'une croisade contre les musulmans, des chrétiens attaquent d'autres chrétiens, pour une partie des croisés, c'est non. Ils quittent Venise et ils rentrent chez eux. Mais les croisés, dans la grande majorité, disent d'accord. Et donc, ils vont à Zara. Le 24 novembre 1202, la ville est attaquée, éprise. Quand il apprend ça, innocent droit, le pape est furieux. Il laisse communier les croisés. Être excommunié, ça veut dire être exclu de la communauté des chrétiens. A cette époque, ça n'est pas rien. Et pourtant, les croisés, ça ne leur pose aucun problème. Aucun. Ils se préparent à passer l'hiver à Venise, en attendant, au printemps suivant, de prendre la mer pour l'Egypte. Et là, début 1203, un membre de la famille impériale byzantine paie une proposition aux croisés. Une proposition qui va complètement changer le cours des choses. Là, c'est le moment de faire un point sur l'Empire byzantin. ou du moins ce qu'on appelle l'Empire Byzantin, parce qu'il ne s'est jamais appelé comme ça. Ce nom a été donné à Posser Iuri, au XVIe siècle, pour désigner un État qu'on avait un peu de mal à reconnaître comme l'Empire Romain. Parce que l'Empire Byzantin, c'est l'Empire Romain, qui continue d'exister, en tout cas sa partie orientale, issue de la séparation Orient-Occident en 395. Ses habitants, ses dirigeants, se sont toujours considérés comme les Romains et désignés comme les Romains. Bon, il faut quand même dire que depuis le 7e siècle, la langue de l'administration, la langue des élites, ce n'est plus le latin, c'est le grec. L'empereur lui-même, il ne se fait plus appeler impérator, titre latin, mais basileus, un titre grec. Au départ, l'Empire Romain d'Orient, bon vous savez quoi, comme tout le monde l'appelle l'Empire Byzantin, même les historiens de métier, on va faire comme tout le monde et on va l'appeler l'Empire Byzantin, c'est plus simple. Donc au départ, l'Empire Byzantin recouvrait tout l'Est de la Méditerranée. En 1203 par contre, il a bien rétréci, il recouvre le Sud de la Péinsule des Balkans, l'Ouest et le Nord-Est de l'Anatolie, les îles de la Mérigée, la Crète, le Sud de la Crimée. Alors attention, ne croyez pas que depuis le début, l'Empire soit en recul continu. Après le 7e siècle, oui, l'Empire a connu des gros problèmes, des défaites militaires en série. Il a perdu énormément de territoire. Il a failli disparaître. Mais après, l'Empire est reparti de l'avant. Au 10e siècle, il a repris une partie des territoires qu'il avait perdus. Une époque de conquête qui prend fin au 11e siècle, quand les turcs séduquides prennent l'Anatolie. Après la première croisade, l'Empire repart à nouveau en conquête. En 1903, ça s'est calmé. L'Empire est en recul. La Serbie et Chypre ont pris leur indépendance. Les Sédjoukides remettent la pression en Anatolie. L'Empire n'est pas en déclin irrémédiable. Mais bon, il est quand même en difficulté. Autre difficulté, les relations avec l'Europe occidentale qui sont compliquées. En 1054, suite à un schisme, l'église byzantine, dite orthodoxe, a rompu avec l'église catholique romaine. Pendant la première croisade, les croisés qui allaient en Terre Sainte sont passés par l'Empire byzantin, par Constantinople. Les byzantins et les croisés se sont battus ensemble contre les séduquides. Mais après, pour différentes raisons, les croisés ont soupçonné les byzantins d'être des traîtres, des fourbes qui faisaient double jeu avec les musulmans. Ces soupçons se sont encore exprimés pendant la deuxième croisade. En 1182, les habitants de Constantinople ont massacré les latins de leur ville. En 1185, au tour des grecs de Thessalonique d'être massacrés par les normands. Pendant la troisième croisade, les armées de Frédéric Barberousse étaient passées par l'Empire Byzantin pour aller à Jérusalem. Et là, il y a eu des affrontements, des combats entre les croisés et les Byzantins. Assez logique, à ce moment-là, les sympathies des Byzantins allaient plus vers Saladin que Valais-Croisé. Les choses ont failli dégénérer en guerre ouverte. On y échappait, mais les croisés ont de quoi accuser les Byzantins d'être des traîtres. La gestion de ces problématiques, côté byzantin, elle n'est pas aidée par la violence, l'instabilité au sommet de l'État. En 1185, la dynastie des Comnen a été renversée, remplacée par celle des anges, qui entre eux ne le sont pas, des anges. En 1195, l'empereur Isaac II a été renversé par son frère, Alexis III, devenu empereur à sa place. Alors, il faut savoir que ce type de succession, par la violence, à Constantinople, c'est très courant. Non seulement les dynasties changent par des coups d'État, des guerres civiles, mais même dans une famille impériale. Les successions se font parfois dans la violence. Les empereurs ou les impératrices écartent parfois leurs héritiers, directs ou indirects, pour rester empereurs plus longtemps. Quand ce ne sont pas les héritiers qui renversent l'empereur en fonction, pour devenir empereur plus vite. Par contre, on ne fait pas toujours assassiner ou exécuter son adversaire. Parfois on l'épargne, on lui fait juste crever les yeux avant de le mettre en prison. Tous les charmes de l'Orient. à la fois raffinée et cruelle. Charme qui a vécu Isaac II. Après l'avoir renversé, Alexis III, son frère, lui a fait crever les yeux et il l'a emprisonné. Alexis IV, le fils d'Isaac II, a quitté l'Empire. Il s'est réfugié en Occident. De là, il ne désespère pas de reprendre le trône impérial, qui pour lui est le sien légitime. Et donc Alexis IV voit d'un bon oeil l'armée de la 4ème croisade. Début 1203, il propose aux croisés 200 000 marges d'argent, la fin du schisme de 1054, plusieurs milliers d'hommes pour les aider à prendre l'Egypte, ceci en échange d'une aide pour l'aider lui à reprendre le trône de Constantinople. Comme pour la question de Zara quelques mois avant, certains des croisés disent non, mais pour la grande majorité, c'est oui. Et donc, au printemps 1203, tout le monde, les croisés, Enrico d'Andolo, Alexis IV, tout le monde prend la mer pour Constantinople. Le 23 juin, on accoste au Bosphore. Le 6 juillet, on se présente devant Constantinople. La ville est défendue par des murailles impressionnantes. Mais bon, Alexis IV espère honnêtement que, en le voyant, les habitants de Constantinople vont se révolter. Ils vont renverser Alexis III. Et ils vont le choisir lui comme empereur. Ce qui ne se passe pas. La population de Constantinople ne bouge pas. Les jours passent. Et puis coup de théâtre, le 17 juillet, Alexis III prend la fuite. Il quitte Constantinople. Du coup, Isaac II est sorti de prison, Alexie IV peut entrer en ville. Isaac II redevient empereur, Alexie IV devient son co-empereur, empereur associé. Bon, dans la réalité, c'est Alexie IV le vrai dirigeant. Oui, rappelez-vous qu'Isaac II est aveugle. En tout cas, mission accomplie. Les croisés ont aidé Alexis IV à monter sur le trône. A lui maintenant de les récompenser comme prévu. Et là, problème. Alexis IV ne peut pas payer les croisés. Il n'a pas l'argent promis. Ça fait des années qu'il ne vit plus à Constantinople. Le trésor impérial est moins riche qu'il le croyait. En plus, en prenant la fuite, Alexis III a emporté avec lui une partie du trésor impérial. Pour couronner le tout, certaines régions de l'Empire restent fidèles à Alexis III. Autant de sources de revenus en moins pour Alexis IV. Pas le choix. Pour payer les croisés comme prévu, Alexis IV va taxer les habitants de Constantinople. Et en attendant, il demande aux croisés de patienter. Les croisés patientent des jours, des semaines, des mois, et ils finissent par s'impatienter. Pour eux, ce retard dans le paiement de la récompense qu'on leur a promis, c'est de plus en plus une preuve que les Byzantins sont des fourbes et des traîtres. Et pour les habitants de Constantinople, eux, c'est Crozet-Latin qui stationne dans leur empire, près de leur capitale, au profit desquels on les taxe, ce sont des envahisseurs, des barbares et Alexis IV leur pantin. A la fin de l'été 1203, un accrochage a lieu entre des Crozet et les habitants de Constantinople. Résultat, une mosquée de la ville prend feu. L'incendie se propage d'une bonne partie de la ville. Vous avez bien entendu, une mosquée à Constantinople, ville chrétienne. Mais c'est très logique. L'Empire byzantin est depuis des siècles en contact avec les États musulmans. Il a vécu des échanges culturels, économiques, des échanges de population. Donc, des musulmans vivent à Constantinople. Mais pour les croisés, la présence de cette mosquée, c'est la preuve que les Byzantins sont des alliés des musulmans, des traîtres, des fourbes. Et par contre, pour les Byzantins, cette mosquée incendiée C'est la preuve que les croisés sont des barbares dangereux. Les Byzantins finissent par en avoir plus qu'assez. Le 5 février 1204, Alexis IV est renversé. Et non, on ne lui crève pas les yeux. On l'exécute. Trois jours après. Isaac II est à nouveau jeté de prison, où il va mourir. Quelques jours après aussi. Le nouvel empereur, c'est Alexis V, du clan d'Oukas, un ennemi déclaré décroisé. Ils leur ferment les portes de Constantinople et bien sûr, plus question de leur payer un seul marre d'argent. Les croisés auraient pu se déclarer vaincus et se réembarquer, mais ils restent. Oui, depuis un an qu'ils ont accepté d'aller à Constantinople, les croisés en ont assez de se faire bananer. La récompense qu'on leur a promis, ils décident de la prendre eux-mêmes. Au printemps 1204, les croisés mettent Constantinople en état de siège. Après quelques jours, les défenses cèdent. Le 13 avril 1204, les croisés entrent dans la ville. Pendant trois jours, Constantinople est complètement pillée, mise à sac. Les habitants ne sont pas non plus épargnés, même s'il y a relativement peu de violence. On a le témoignage d'un habitant de Constantinople, Nicetas Cognates, qui a raconté comment ça s'est passé. On l'écoute. Le jour de la prise de la ville, ces brigands demandaient au maître où ils avaient caché leur argent, usant de violence envers les uns, de caresses envers les autres et de menaces envers tous pour les obliger à le découvrir. Ceux qui étaient si simples que d'apporter ce qu'ils avaient caché ne furent pas traités avec plus de douceur. Je ne saurais par où commencer le récit des impiétés que ces scélérats commirent. Ils brisaient les saintes images. Jetaient les reliques sacrées des martyrs en des lieux que j'ai honte de nommer. On ne saurait songer avec horreur à la profanation qu'ils firent de l'église de Sainte-Sophie. Ils y firent entrer des mulets et des chevaux pour emporter les vases sacrés, l'argent ciselé, doré qu'ils avaient arraché de la chair, du pupitre et des portes. Et quelques-unes de ces bêtes étant tombées sur le pavé qui était fort glissant, ils les perterrent à coups d'épée et sauvirent l'église de leur sang et de leurs ordures. Après la prise de Comte-Antinople, une fois installés sur place, les croisés vont continuer au quotidien à en humilier les habitants, à s'amuser, à leur faire peur, à se comporter comme la caricature d'une armée d'occupation. On laisse parler à nouveau Nicetas Coniates. Ils se revêtaient, les croisés, pour en montrer le ridicule de robes peintes, vêtements ordinaires des grecs. Quelques-uns tenaient dans leurs mains du papier, de l'encre et des écritoires pour nous railler, comme si nous n'étions que des mauvais scribes ou de simples copistes. Ces barbares n'ont usé d'humanité avec personne. Satan regardait les belles femmes avec les mêmes yeux que s'ils eussent dû en jouir à leur même. Nous mîmes ces femmes avec nous comme dans une bergerie et les avertîmes de salir leur visage avec de la boue. J'ai bien dit que les croisés se sont installés à Constantinople. Oui, parce que, après le pillage de la ville, oubliez Jérusalem, oubliez la Terre Sainte. Les croisés et les vénitiens s'installent, ils se partagent l'Empire Byzantin. Constantinople et sa région, avec les deux côtés du détroit du Bosphore, forment l'Empire Lata de Constantinople. La Grèce est partagée en, entre autres, un duché d'Athènes, un royaume de Thessalonique et une seigneurie d'Achaïe. Venise se sert aussi largement. Elle annexe Corfou, la Crète, une partie des îles de la mer Égée. Seulement certains territoires de l'Empire échappent aux croisés. Ils forment des États indépendants qui se réclament de l'héritage de Byzance. C'est le Despotat des Pires, grosso modo l'Albanie actuelle, l'Empire de Trébizonde au nord-est de l'Anatolie et l'Empire de Nicée à l'ouest de l'Anatolie. De ces trois États, le plus puissant, c'est l'Empire de Nicée. Au fur et à mesure des années, l'Empire latin de Constantinople va s'affaiblir. L'Empire de Nicée, lui, se renforcer. Et en 1261, l'Empereur de Nicée, Michel Paléologue, réussit à prendre Constantinople. L'Empire de Nicée annexe l'Empire latin de Constantinople. Oui, je sais pas si je vous l'ai dit, les deux états se touchent. L'Empire byzantin est reformé avec Constantinople à nouveau comme capitale. Seulement, tous les autres territoires contrôlés par les Croisés et les Viniciens lui échappent. Même le Despotat des Pires et l'Empire de Trébizonde restent indépendants. Du coup, le nouvel Empire byzantin est beaucoup plus petit, moins riche et moins puissant que l'Empire de 1204. A partir du 14e siècle, il va connaître un déclin continu, un recul territorial permanent, jusqu'à ce qu'en 1453, les Ottomans prennent Constantinople. A ce moment-là, les territoires de l'Empire étaient réduits à quasiment rien. En 410, quand les Gauls ont pillé Rome, ils se sont contentés, entre guillemets, de la piller, et après de repartir. L'Empire d'Occident, ses structures politiques, son organisation, sont restées intactes. Par contre, en 1204, l'Empire byzantin disparaît. Il est démantelé, l'empereur est chassé, la grande majorité de son territoire, dont sa capitale, est annexée. On peut défendre l'idée que l'Empire qui est refondé en 1261, ce n'est pas le même État, que l'Empire byzantin a disparu en 1204, et même sans ça. Admettons que c'est le même Empire qui est recréé en 1261. Il était tellement plus faible, moins riche, moins fort militairement, que sa disparition. en 1453, c'est la conséquence de ce qui s'est passé en 1204. Une autre conséquence de ce qui s'est passé en 1204, ça a été la mise en place d'un fossé orient-occident. Et je ne parle pas d'un Occident chrétien opposé à un Orient musulman. Non, je parle d'un Occident chrétien catholique de culture latine opposé à un Orient chrétien orthodoxe de culture grecque. C'était la suite du schisme de 1054 entre l'Église de Rome et celle de Byzance. Pourtant, ça n'avait pas été une rupture complète. Au début, il y avait toujours des contacts entre Rome et Byzance, et toujours des pèlerins qui allaient de l'Europe occidentale jusqu'à Constantinople. En plus, ce n'était pas la première fois qu'un schisme avait lieu dans l'Église. Pas beaucoup de monde croyait que ce schisme durerait longtemps. Avant 1204. Parce que, après 1204, la haine des Byzantins envers les Latins a fait que l'orthodoxie est devenue un vrai élément d'identité. Les Byzantins se sont repliés sur cette identité grecque orthodoxe. Et c'est à cause de ça que le schisme de 1054 a perduré. C'est suite à ça que la religion orthodoxe existe toujours maintenant. C'est ça qui fait que cette religion orthodoxe a fait et fait encore partie de l'identité nationale de certains pays. Un bon exemple de comment l'histoire aide à mieux comprendre le présent. Je vous remercie d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a pris quelque chose, qu'il vous a plu. Si oui, partagez-le à vos amis, à vos connaissances, que vous l'écoutiez sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcast, sur YouTube ou ailleurs. Likez-le, notez-le. Si vous le pouvez, mettez un commentaire. ça me fait un feedback, ça m'aide à être mieux référencé. Vous pouvez aussi soutenir mon travail en me laissant un pouvoir sur Tipeee. Et surtout, abonnez-vous au podcast pour ne rien rater des prochains épisodes. A très bientôt, ciao !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • De la première à la quatrième croisade

    01:02

  • La quatrième croisade se lance

    02:34

  • L’Empire byzantin entre en scène

    05:25

  • la croisade à Constantinople

    09:57

  • Constantinople saccagée, l’Empire byzantin démantelé

    14:16

  • Le nouvel Empire byzantin

    17:24

  • 1204 : la vraie chute de l’Empire byzantin ?

    18:07

  • Conséquence : un fossé Orient-Occident

    18:55

  • Conclusion et remerciements

    20:11

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