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20 Divin, le Podcast du Vin

20 Divin, le podcast du vin #79 : Florence Cathiard, l'art de hisser Smith Haut Lafitte au sommet

20 Divin, le podcast du vin #79 : Florence Cathiard, l'art de hisser Smith Haut Lafitte au sommet

26min |02/05/2025
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20 Divin, le podcast du vin #79 : Florence Cathiard, l'art de hisser Smith Haut Lafitte au sommet

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26min |02/05/2025
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Description

Florence Cathiard, fille de profs, qui a connu son mari Daniel lorsque tous deux étaient en équipe de France de Ski dans les années 60, a un parcours fascinant : après savoir racheté avec son mari la chaîne de magasin Go Sport en 1983, qui sera revendue en 1990 au groupe Casino, elle lance son agence de communication qui sera acquise par le groupe américain Mc Cann.


Ayant été initiés au Cabernet Sauvignon lorsqu’ils étaient athlètes de haut niveau, c’est tout naturellement sur les Bordeaux de la rive Gauche que les Cathiard jettent leur dévolu en rachetant à des négociants en décembre 1990 le domaine Smith Haut Lafitte, Grand Cru classé de Graves en appellation Pessac-Léognan.


Guerre du Golfe, gel, pluie...les débuts sont difficiles mais après avoir restructuré le domaine, introduit la biodynamie et bénéficié d'un premier bon millésime en 1995, Florence et Daniel Cathiard vont propulser en une trentaine d'années château Smith Haut-Lafitte parmi les crus les plus prestigieux de Bordeaux.


J'ai eu le plaisir de la rencontrer 🎙️lors du dernier salon Wine Paris.


A découvrir sur toutes plateformes de podcasts et sur www.20divin.fr


Belle découverte 🎧 !



Si vous avez aimé cet épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à nous faire part de vos commentaires ou à nous créditer de 5⭐sur Apple Podcasts ou Spotify.  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Florence Catiard, qui a connu son mari Daniel lorsque tous deux étaient en équipe de France de ski dans les années 60, a un parcours facile. Après avoir créé avec son mari la chaîne de magasins Gosport, qui sera vendue dans les années 90 au groupe Casino, elle lance son agence de communication qui sera rachetée par le groupe américain McCann. Ayant été initiée au Cabernet Sauvignon lorsqu'il était athlète de haut niveau, c'est tout naturellement sur la rive gauche de Bordeaux que les Catiards jettent leur dévolu, en rachetant fin 90 à des négociants le château Smith-Solafite, grand cru classé de Grave, en appellation Pessa Cléonian. Ils vont tout restructurer et après des débuts difficiles, vont connaître assez vite le succès qui en appellera d'autres. Je m'appelle Philippe Hermé, bienvenue dans Vin Divin. Bonjour Florence.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast Vin Divin. Qu'est-ce qui vous a amené finalement dans le...

  • Speaker #1

    Dans le vin. Dans le vin, c'était un vieux souvenir parce que comme on nous obligeait, comme je vous l'ai dit, à faire des descentes et qu'on était deux ou trois filles dans l'équipe à être beaucoup... plus mince par formaté pour les muscles et la masse musculaire qu'il faut pour les descentes. Sous les conseils de Jean-Claude et de nutritionnistes, on buvait un verre de vin rouge, Cabernet, Bordeaux, Rive-Gauche, parce que c'est le plus digeste des cépages, pour ne pas faire des Obtraken toute la nuit et dormir.

  • Speaker #0

    Ah d'accord, très bien.

  • Speaker #1

    Et du coup, quand on s'est mariés, très jeunes, avec Daniel, sortir de l'équipe, on a dit, écoutez, offrez-nous des bons canons, de bons Bordeaux, rive gauche, cabernet.

  • Speaker #0

    Très bien, donc vous arrivez sur la rive gauche en 1991.

  • Speaker #1

    On a acheté en décembre 1990 et on est arrivé en janvier 1991, enfin Daniel,

  • Speaker #0

    moi j'étais encore en pleine guerre du Golfe.

  • Speaker #1

    Avec ma canne, absolument, absolument, en pleine guerre du Golfe. Et les premières années ont été très très difficiles. Parce qu'en plus de la guerre du Golfe, on a gelé, comme tout Bordeaux. On a récolté 11% de ce qu'on pouvait espérer. Ça, c'était 1991. 1992, il n'a plus tout le temps. 1993, c'était une petite année. J'ai dit on est ruiné. En 2014, légèrement mieux, mais ce n'était pas terrible. Et en 2015, grand blanc, grand rouge. Il était frémentant.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, qu'est-ce que vous avez fait ? Vous êtes entouré des meilleurs ? Quand vous rachetez la propriété, vous n'êtes pas forcément une experte ni votre mari ?

  • Speaker #1

    C'était un terroir magnifique. C'est un monsieur vieille vigne qui nous l'a vendu. Ça ne s'invente pas, ça. D'accord. Et nous, on ne savait pas trop où tomber. Mais il nous a dit, là, c'est un grand terroir, pauvrement managé, mais c'est un grand terroir. Et effectivement, c'était managé par un négociant qui était en perte de vitesse et qui faisait pisser la vigne. Et heureusement, le... Le gérant était approché de l'âge de la retraite et on lui a fait une jolie retraite et mon mari a tout changé derrière. Il m'a même un peu effrayé parce qu'on a vendu pour presque rien la machine à vendanger qui était neuve. On a vendu les cuves qui étaient remplies à ras bord mais qui étaient beaucoup trop grandes. Et il a embauché deux jeunes, un pour la vigne et un pour le vin, qui étaient des jeunes diplômés, un ingénieur agro, un oenologue et un entredologue.

  • Speaker #0

    Et qu'ils ont toujours là ?

  • Speaker #1

    Alors, il y en a un des deux qui est toujours là et l'autre est passé dans une propriété annexe parce que tous les deux voulaient coiffer l'autre au bout de dix ans. Mais c'était légitime.

  • Speaker #0

    C'est Fabien Tétienne qui est resté ? D'accord, très bien. Alors, j'ai entendu ou lu, je ne sais plus, que vous êtes lancé dans la biodynamie grâce au roi d'Angleterre, qui à l'époque était le prince de Galles.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai toujours été fan du prince de Galles. Pourquoi ? Parce que... On est arrivé, donc en 91, on arrive dans une vigne entièrement chimique. Et nous, peut-être à cause de mon père, Walden, j'étais vraiment pénétré des principes de la bio et de la biodynamie. Et on essaye avec Daniel de les appliquer. Un désastre, parce que vous ne passez pas en claquant des doigts d'un vignoble chimique totalement conventionnel à un vignoble bio. Ce qui m'a aidé, c'est les écrits, les interventions du prince de Galles. Parce que lui, vous me direz, il avait déjà 12 jardiniers dans Highgrove, sa ferme bénie. Mais je buvais ses paroles, je lisais ses écrits et je l'ai rencontré un match de polo. Ça, ça devait être en 96 ou quelque chose comme ça. Et j'étais la seule à servir mon vin au milieu des Aston Martin et des gens très chics. Et le prince de Galles est venu, ce qui pour moi était une consécration. Et on a parlé de fumier organique pendant cinq bonnes minutes, ce qui est quand même très long.

  • Speaker #0

    Il est venu effectivement en septembre 2023.

  • Speaker #1

    Et on est le seul château qu'il ait choisi de visiter après que ses équipes, il y avait chaque fois 20 limousines anglaises, 20 limos françaises, et qui nous disaient c'est un ambassadeur, c'est un ministre. Enfin, on savait bien que ça devait être quelqu'un de grand, mais on n'avait aucune idée. Ah,

  • Speaker #0

    vous ne le saviez pas à l'avance ?

  • Speaker #1

    Non, ils sont venus quatre fois avant de nous dire qu'on était choisis.

  • Speaker #0

    Ah d'accord. Ils hésitaient. D'accord.

  • Speaker #1

    Pour tout vous dire, j'avais très peur de Palmaire, parce que Palmaire travaille comme nous, très propre. Oui. Et il est peut-être un peu plus prestige. Oui. Mais finalement...

  • Speaker #0

    Ils vous ont choisi.

  • Speaker #1

    Ils nous ont choisi.

  • Speaker #0

    Donc, vous êtes sûr qu'ils ne nous savent pas rappeler de votre rencontre ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Voilà. Parce qu'on a bavardé comme des vieilles connaissances. Et avec sa femme, Camilla, qui est très sympathique parce qu'elle était fille de marchand de vin.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc elle s'y connaît.

  • Speaker #1

    Elle s'y connaît bien. Et lui a fait une barrique. Et il a vu à mes regards plein d'espoir que j'aurais bien aimé qu'il la signe. Mais il avait un stylo à encre comme il m'a montré.

  • Speaker #0

    D'accord. Et qu'est-ce que vous leur avez servi alors lors de leur visite ?

  • Speaker #1

    Quel millésime ? Alors on leur a servi le 2005.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    On n'avait plus du tout à la vente, mais on a une belle cave privée heureusement.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Et c'était l'année de leur mariage avec Camilla. Ah,

  • Speaker #0

    très bien. J'imagine qu'il y avait un certain nombre de convives.

  • Speaker #1

    Il a fallu servir à 200 personnes. Aujourd'hui, il nous reste trois magnums, je crois. C'était prestigieux. C'était prestigieux. Ils se sont tous régalés. Et c'était très drôle d'ailleurs, parce que tout le monde était dehors. Donc, on était juste avec notre chronologue, Daniel et moi, et le couple royal. Et en fait, il y a le ministre des Armées qui est toujours là, qui s'est glissé au milieu. et les autres ministres des affaires étrangères étaient dehors. Mais je suis sûr du coup qu'il aime bien le vin.

  • Speaker #0

    Sébastien Lecornu ?

  • Speaker #1

    Monsieur Lecornu. D'accord. Il est encore ministre.

  • Speaker #0

    D'accord, tout à fait.

  • Speaker #1

    Peut-être grâce au bon vin de Solafit, espérons.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors moi, je vais vous faire une confidence. Lors d'une dégustation organisée à Paris, juste avant le Covid, j'ai eu un coup de foot pour votre millésime 2017 en blanc. Et je trouve que Smith's ou la fil Blanc, pour moi, c'est un des plus grands Bordeaux blancs. J'en ai d'autres aussi que j'ai pu déguster, mais le blanc, je trouve que c'est vraiment votre marque de fabrique et votre signe distinctif, me semble-t-il. Oui,

  • Speaker #1

    alors non, non, c'est pas personnel. C'est vrai, ça me flatte et en même temps, ça m'attriste un tout petit peu. Je vous explique pourquoi. Parce que notre blanc, on ne le tient pas, même en ces temps difficiles. Bon, il s'avère qu'on a un terroir très spécial en blanc, qu'on travaille à cheval. depuis 93, qui est pentu pour Bordeaux, qui est exposé nord, donc ça veut dire des mûrissements très lents, on travaille comme en sauterne, on a des vieux sauvignons, c'est un blanc qui est séquent, vous l'aimez ou vous ne l'aimez pas, mais si vous l'aimez c'est pour la vie, et on a un club d'affichés au Nadeau qui dès qu'on le sort, il est parti. Et par contre, on est dans les trois meilleurs de blanc. Y compris les Aubrions qui font des grands blancs aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #1

    Mais en rouge, on est dans, maintenant, je pense qu'on est dans les 15 meilleurs de la rive gauche, si je fais. Puisque c'est plus le grand gourou parquerre, maintenant, on en surveille 15. Mais on est toujours dans les 15 meilleurs. Enfin, il y a 15 critiques et nous, on arrive à être dans les 15 meilleurs.

  • Speaker #0

    C'est qui le nouveau parquerre ? C'est Suckling ?

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de nouveau parquerre. Non,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de nouveau parquerre. La région de Bordeaux et la rive gauche en particulier, est-ce qu'elle n'a pas été un peu victime de parquerre, justement ? puisqu'il y avait quand même une orientation très boisée, très...

  • Speaker #1

    Parker du début. Vous savez qu'à la fin, j'aime bien parce que c'est là qu'il nous a mis un sang sur notre 2009, il avait déjà beaucoup évolué. Parker, il a commencé en 82. Oui, oui. Et il n'aimait plus les vins sur stéroïdes, les blockbusters. Il disait que son vin d'île déserte serait au brillant 89, qui est tout en finesse.

  • Speaker #0

    D'accord. Vous avez donc aujourd'hui 80 hectares, c'est ça,

  • Speaker #1

    de vies ? C'est ça, 70 de rouges et 10 de blancs.

  • Speaker #0

    Voilà, le reste, ce sont pour les arbres, les forêts.

  • Speaker #1

    Il y a 45 hectares de forêt, ce qui est un privilège durement gagné parce qu'on est aux portes de Bordeaux.

  • Speaker #0

    D'accord. Et vous avez également d'autres propriétés dans le Bordelais, Château-le-Til et le

  • Speaker #1

    Château-de-Vauregard. Le Tile est de l'autre côté de la forêt. Et en fait, il y avait 10 hectares qui étaient... connecte au nôtre, mais comme c'est un très joli château et qu'il venait avec la vente des 10 hectares, on en a profité pour le réhabiliter et c'est notre fille et notre gendre qui sont propriétaires des sources de Caudalie qui maintenant gèrent le TIL. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors justement, dans la famille Catiard, je voudrais les filles. Vous avez... Aujourd'hui, une fille, Alice et son mari Jérôme, qui gèrent les complexes hôteliers, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ils ne gèrent pas, ils sont propriétaires.

  • Speaker #0

    Ils sont même propriétaires.

  • Speaker #1

    Et nous, on achète nos déjeuners ou nos dîners. Ils achètent nos vins, pas souvent à nous, parce que nous, on ne les livre pas six bouteilles par six bouteilles.

  • Speaker #0

    Et ils sont également à Cheverny, je crois.

  • Speaker #1

    À Cheverny, et ils ont les sources de Cheverny. Ils ont également racheté un magnifique château, personne n'est parfait, c'est en Bourgogne, le château Djili. et ils sont en train de le transformer complètement. Ils sont à deux minutes du Clos d'Oujo et ils ont racheté sur la route des vins en Alsace, le château Clos d'Issambourg aussi. Ils auront les quatre plus beaux endroits des quatre grands vins français.

  • Speaker #0

    D'accord, pas que vous dites que personne n'est parfait, vous êtes un peu un guéguerre.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas un guéguerre, mais quand même. C'est vrai qu'aujourd'hui, ça me prend au moins un bâtard m'enracher pour me calmer avec mon blanc.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Et votre autre fille, Mathilde et son mari Bertrand, ont lancé la gamme de soins à Caudalie. C'est un véritable carton. Eux,

  • Speaker #1

    ils nous ont largués, si je puis dire. Mais la famille, je crois que tout le monde travaille fort, dur dans ma famille. Et tout le monde travaille en couple, ce qui est très original. Et quand le couple marche, je croise les doigts et je touche du bois en vous parlant. Et pour l'instant, tout va bien, mais les résultats sont extraordinaires.

  • Speaker #0

    Alors, est-ce que c'est votre passé d'athlète qui vous a forgé cette... état d'esprit un peu de la compétition on va dire avec les valeurs de courage d'endurance de patience oui alors mes filles me le reproche parfois parce que aujourd'hui elles sont beaucoup

  • Speaker #1

    plus dans le management un peu empathique et me disent qu' on dirait toujours que je suis au départ d'une course internationale quoi alors que j'ai un âge avancé et Mais j'ai un peu de mal avec ces enfants et les petits-enfants maintenant, qui sont tous brillants. Et nos filles ont quand même pris ce style de leur faire faire des bonnes études et beaucoup de sport pour qu'ils ne soient pas des gosses riches.

  • Speaker #0

    Pour rester sur Bordeaux aujourd'hui, on sent quand même qu'il y a une certaine tension.

  • Speaker #1

    Une forte tension.

  • Speaker #0

    Une forte tension dans la région et notamment auprès des négociants et des grands crus. Ils ont beaucoup stocké et ils ont du mal aujourd'hui un petit peu à...

  • Speaker #1

    Les grands plus sont quand même privilégiés. Pas exagéré, on n'arrache pas nos vignes. Bien sûr. Comme l'entre-deux-mères le fait. Et on essaye d'être solidaires. Est-ce qu'on sentait la crise venir ? Nous, on espère que la place de Bordeaux, si vous voulez, les Johnston qui ne parlent que l'automne... Co-cruise qui ne parle qu'à Dieu, ça c'est le proverbe. Maintenant ce sont les enfants qui n'ont pas les deux pieds dans la même barrique. On avait la force de vente la moins chère et la plus belle du monde. Avec une capillarité que la terre entière nous enviait, puisque les meilleurs Californiens, les meilleurs Italiens viennent à Bordeaux pour se vendre. Et d'autres.

  • Speaker #0

    C'est un peu révolu ça.

  • Speaker #1

    C'est grippé. Je ne sais pas si ce n'est qu'une méchante grippe. Ils ont trop profité. des PGE, vous savez, c'est prêt à 0%, des taux de crédit très bas. Et malheureusement, il y a un moment où, in fine, il faut rembourser.

  • Speaker #0

    Et vous disiez lors de votre intervention sur scène il y a deux jours que vous préfériez la nouvelle génération de marchands, de négociants, de winemakers que celle que vous avez connue en arrivant à Bordeaux, qui était un petit peu plus engoncée, on va dire.

  • Speaker #1

    Ah mais c'est sûr, c'était... Nous, on estime qu'on est dans le petit luxe artisan avec Smith & Lafitte, si vous voulez. Mais à l'époque, on était considérés comme des manants. On venait de la distribution et du marketing. C'était un gros mot.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et on s'est fait... Heureusement qu'on était un couple solide parce que ce n'était pas facile. Et aujourd'hui, bien évidemment, je pourrais être leur maman. Mais j'adore, ils bougent. Sauf qu'en ce moment, ils sont coincés. parce qu'ils sont trop endettés et que les prêts ne sont plus au taux où ils étaient et qu'ils se sont un peu trop gavés avec des stocks qui ne sont pas toujours les bons stocks.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui vous a poussé à mettre un pied aux États-Unis ? Est-ce que c'est Opus One ? Est-ce que c'est d'autres vignerons français qui ont décidé d'aller là-bas ?

  • Speaker #1

    Non, en fait, c'était un vieux rêve parce qu'on était allés... Il faut se souvenir que quand on était Go Sport, le grand salon pour les sports d'hiver était à Vegas. Et nous, on passait par la Napa, juste pour voir. Et on avait découvert un endroit absolument merveilleux, même si on ne connaissait rien au vin et on trouvait les vins beaucoup trop musclés et manquants d'élégance. Mais on avait trouvé l'endroit magnifique. Et puis, on avait eu un moment, un peu le rêve de trouver un estate là-bas, un domaine. et en fait on ne nous proposait que des petits blocs de terre trop fertile, sédimentaire dans le plat de la vallée. Or nous si on changeait c'était pour avoir la montagne, les Maniakamas, Hockville ou Rufferford. Et puis on a oublié, enterré ce rêve, et il se trouve qu'en fin 90, out of the blue comme on dit en anglais, comme ça sans prévoir, il y a un Irlandais, qui avait vendu Smiths au Lafite et qu'on avait connu quand on avait racheté, puisqu'il travaillait pour le négociant.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Il a fait une énorme fortune, on n'a pas valé, parce qu'il a vendu à tous les riches étrangers en particulier qui voulaient s'installer dans ce petit paradis. Et il nous a appelés en disant, il y a un domaine qui est en indivision, qui n'est pas officiellement à vendre, qui est magnifique. pauvrement managé, la même histoire que Smith Olaphite, mais verticale. Donc ça doit plaire aux montagnards que vous êtes.

  • Speaker #0

    Alors vous êtes, vous avez toujours le sens du timing parce que vous rachetez Olaphite, Smith Olaphite en pleine guerre du Golfe, là vous rachetez Napa Valley en plein Covid, vous avez le sens du timing.

  • Speaker #1

    Horrible, mais bon, on aime les débuts durs parce que si on survit, ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. C'est ça, c'est ça.

  • Speaker #0

    Alors vous vous parlez d'une anecdote aussi il y a deux jours. Sur le fait que grâce à votre fille juriste, vous avez pu obtenir une dérogation pour aller...

  • Speaker #1

    Elle n'est pas juriste, elle a des bons avocats.

  • Speaker #0

    Elle a des bons avocats, d'accord. Et oui,

  • Speaker #1

    ils ont eu l'idée toute bête de dire... Parce qu'on a tout de suite démarré avec des gros investissements, il y en avait besoin pour transformer ce magnifique terroir en un magnifique vin. Et ils ont eu l'idée de dire, écoutez, c'est très simple, les quatières arrêtent tous les investissements si vous ne les déclarez pas, national, interest, exception, exception d'intérêt national. Et ça, c'est un langage que les Américains comprennent.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, vous avez pu...

  • Speaker #1

    On était seul dans les Boeing et les Airbus. On a pu amener notre chronologue et mon mari a fait un très bon 2020.

  • Speaker #0

    Il faut rappeler que le domaine que vous avez racheté a été créé en 1885 par deux frères écossais.

  • Speaker #1

    Oui, alors écossais, il y a un lien avec Smith-Solafi, puisque George Smith avait sa femme et sa famille en Écosse. même si lui était moitié anglais moitié écossais avec son business à bristol et la james et william rennie ils sont venus on les appelle nous les founding brothers les frères fondateurs oui et on les alors on a fait j'ai fait une étiquette un peu vieillotte qui ressemble à en quelque sorte un entourage de cigares un peu mais mais c'est différent et ça plaît j'ai meublé toutes les salles de dégustation et la maison comme s'il venait de partir avec des Chesterfield du

  • Speaker #0

    19ème. D'accord.

  • Speaker #1

    Il faut venir voir, c'est très beau.

  • Speaker #0

    En sachant qu'ils sont descendants d'un ingénieur qui était à Anoubli pour avoir construit le London Bridge, je crois.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que vous percevez comme différence aujourd'hui entre le marché américain ou la façon de faire des Américains dans la viticulture et la France et Bordeaux en particulier ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, il faut parler des... des méthodes de production qui sont très différentes. Autant vous êtes écrasé de coûts de toutes sortes en Napa, tout est très très cher. L'État de Californie est le plus cher, je crois, de tous les États. Et la Napa, c'est encore pire, si je puis dire. Est-ce que c'est cher les taxes ? Oui, oui, par exemple. Les investissements que vous faites, parce qu'ils estiment que vous ajoutez de la valeur à votre bien. C'est très bizarre, parce que nous, on ne gagne pas d'argent, évidemment. peut-être équilibré cette année. Et par contre, sur le vin, c'est beaucoup plus libre. Nous, on ne fait pas de crush pad, mais puisqu'on veut un vin avec un sens du lieu, on veut traduire le génie du lieu, et c'est magnifique avec un peu de sédimentaire, 20% sur Saint-Hélénas. Ensuite, on attaque avec la fameuse poussière de Rufferford, qui est une poussière magique. Et on monte dans les Mayakamas, où c'est le terroir volcanique. Donc, on gère ces trois... terroir et ça nous permet de faire des assemblages comme je dis À la bordelaise sans l'arrogance peut-être parce qu'il se méfie de nous un peu, mais c'est très élégant. Et puis il y a ces flaveurs de la Napa-Vallée que vous prenez dans le nez qui sont très fortes. Et on s'aperçoit qu'il y a une filière comme ça qui s'installe sur l'harmonie, les tannins dominés et l'élégance. Alors qu'il y a une autre filière qui est toujours boisée un peu. des vagues trop costauds.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous n'êtes quand même pas stressé, inquiète des signes de changement climatique que l'on peut très clairement percevoir, et notamment de tous ces feux qui existent en Californie ? On vient d'en voir un épisode récent.

  • Speaker #1

    On est aussi inquiets à Bordeaux, parce qu'à Bordeaux, maintenant, on a des tempêtes, on a des pluies violentes, on a des coups de chaleur violents. Vous savez qu'à Bordeaux, on n'a pas le droit d'irriguer. On est content d'avoir un très grand terroir avec des poches d'argile qui restent un peu humides. Mais on est inquiet, pas pour les mêmes raisons, des deux côtés dans nos domaines. On trouve que les mesures qui sont prises en Appa-Vallée, enfin pas en Appa justement, mais au niveau de l'Amérique, c'est dur parce qu'ils s'occupent. plus du tout de la planète qui est abîmée au-delà du point où elle peut guérir seule. Ça,

  • Speaker #0

    c'est peut-être lié au nouveau...

  • Speaker #1

    Bien sûr. Le reste, c'est complètement nouveau. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais ça, c'est pas bon. Son attitude vis-à-vis du climat est mauvaise.

  • Speaker #0

    Alors, vous parliez tout à l'heure d'arrogance française. Est-ce que l'arrogance rime avec l'élégance ?

  • Speaker #1

    Non. Enfin, nous, on veut l'élégance et l'harmonie, c'est sûr. Et on pense que la manière dont on arrive à apprivoiser nos tannins, à les rendre veloutés et à avoir une finale très longue, dense, bien qu'elle soit bio, ce qui n'est pas toujours évident, mais ça, on maîtrise bien maintenant. Et ça, c'est la nouvelle tendance. Même Screaming Eagle, le vin le plus cher du monde, il essaie d'être plus cher que la Roumanie-Comté.

  • Speaker #0

    À part le Bordeaux et les vins de la Napa Valley, quels sont vos autres coups de cœur dans le monde du vin ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un peu snob, ce que je vais dire, mais c'est vrai que j'aime bien... Je trouve qu'en Italie, moi, je préfère le Barbaresco. J'aime bien le Nebbiolo parce que c'est le vrai cépage italien dans le Piémont. En Espagne, je trouve par exemple que... Alvaro Palacios, il fait des grands vins aussi, même si les degrés montent un peu. Des meilleurs vins de la planète. Et de temps en temps, j'ai un coup de cœur.

  • Speaker #0

    D'accord. Si vous n'aviez pas été vigneronne, ou en tout cas propriétaire ou copropriétaire de Château-Smith-Solafite, qu'est-ce que vous auriez aimé faire ?

  • Speaker #1

    À un moment, avec Daniel, on pensait partir dans l'or blanc. D'accord. Puisqu'il y avait de la neige à l'époque. Bien sûr, bien sûr. Et on était les seuls à parler anglais. Oui. Et on avait la possibilité de diriger une station.

  • Speaker #0

    À Spain ou… Non,

  • Speaker #1

    pas à Spain, mais c'était… Oui, mais c'était pas mal. Aux États-Unis ? C'était aux États-Unis, bien sûr. D'accord, d'accord. Dans Colorado, oui. D'accord. Et on s'est posé la question. Et puis, lui, il avait quand même une charge de famille et il fallait redresser les affaires. Comme je l'ai dit, c'était pas en très bon état quand le skieur est arrivé pour les reprendre.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors vous avez rencontré, on l'a dit tout à l'heure, le roi d'Angleterre il y a un peu plus d'un an. Quelle personnalité auriez-vous aimé rencontrer dans votre carrière ?

  • Speaker #1

    À part le roi d'Angleterre,

  • Speaker #0

    c'est quand même…

  • Speaker #1

    Le prince de Galles, j'étais focus sur lui depuis très longtemps. Mais il y en a un que j'ai rencontré dont je regrette la disparition tous les jours, c'est Michel Serres. Ah oui. Parce qu'il adorait le vin de Bordeaux, c'était devenu un ami. Et autant ses livres sont durs à lire, quand il parlait, au bout d'un quart d'heure, vous vous sentiez plus intelligent. Donc il me manque.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Alors qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour les prochaines années, tant à Bordeaux que à Caracas ?

  • Speaker #1

    Vous savez, pour faire un grand vin, il faut quatre thématiques. Il y a bien sûr les cépages que vous utilisez, ça on maîtrise parfaitement. Il y a l'équipe et son engagement, elle est fantastique, je ne peux pas rêver de meilleure équipe. C'est une femme d'ailleurs qui est winemaker ? Bien sûr, c'est Justine, qui est ingénieure agro et oenologue et qu'on a formée à Bordeaux. Elle est Head Winemaker and General Manager. Très bien. Et donc, il faut aussi exprimer le génie de son terroir. Ça, on le fait. Par contre, la climatologie, ce qui nous vient du ciel, c'est ça ce qu'il faut me souhaiter. Ne maîtrise pas. Un bon climat, une planète guérie, des gens qui font attention. Nous, on a été les premiers à recycler le CO2 émis par nos cuves en 20 tonnes. en 8 tonnes de bicarbonate de sodium qu'on vend pas cher du tout pour faire de la spiruline. Et on est très heureux que des châteaux comme Montrose ou comme Dujac en Bourgogne ou l'université de Davis qui l'a mis au programme font cela également. C'est bien. Mais bon, c'est des petites gouttes d'eau. Il faut un engagement mondial.

  • Speaker #0

    Et est-ce que votre prochain projet, ce ne serait pas d'envoyer une caisse de châteaux Smith ou Lafitte à Elon Musk pour qu'il l'embarque sur Mars ?

  • Speaker #1

    Non, j'aimerais mieux qu'ils le boivent et qu'ils ne nous mettent pas de taxes. Ça, c'est sûr. Parce que finalement, il est vice-président.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Très bien. Je crois qu'on arrive au terme de cette interview. Est-ce que vous avez des choses à ajouter ou un point qu'on n'aurait pas abordé ?

  • Speaker #1

    Non, je pense qu'un point qu'on n'a pas vraiment abordé, c'est nos efforts quotidiens pour rendre ce terroir vivant. Comment on a abandonné toutes nos zones de confort pour arrêter de... tous les intrants dans les plantes de la vigne. Et comment on veut apprendre à être biodynamicien en appât. Je commence à connaître les plantes, mais ça va me prendre cinq ans.

  • Speaker #0

    Vous n'êtes pas encore herboriste.

  • Speaker #1

    Ah non, j'ai du mal là-bas.

  • Speaker #0

    Très bien. Merci en tout cas d'être venue jusqu'à nous. Je vous souhaite une bonne fin de salon.

  • Speaker #1

    Merci de m'avoir invitée.

  • Speaker #0

    Et une bonne continuation. C'était sympa.

  • Speaker #1

    Et puis, je connais un ou deux de vos podcasts, mais je vais écouter les autres.

  • Speaker #0

    Très bien. Merci beaucoup. À bientôt. Au revoir. Merci d'avoir pris le temps de nous écouter et de nous être fidèles. Vous pouvez retrouver plus d'informations sur la famille Catiara et le château Smith au Laffitte sur 20divin.fr. Si vous avez apprécié ce contenu, partagez-le autour de vous, abonnez-vous à 20divin sur les plateformes de podcast ou sur les réseaux sociaux. Ce contenu a été créé avec le soutien de Alma, société de conseil en croissance digitale qui accompagne les marques dans leur transformation digitale et leur développement commercial. Pour ma part, je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour un prochain épisode de 20divin. En attendant, portez-vous bien.

Description

Florence Cathiard, fille de profs, qui a connu son mari Daniel lorsque tous deux étaient en équipe de France de Ski dans les années 60, a un parcours fascinant : après savoir racheté avec son mari la chaîne de magasin Go Sport en 1983, qui sera revendue en 1990 au groupe Casino, elle lance son agence de communication qui sera acquise par le groupe américain Mc Cann.


Ayant été initiés au Cabernet Sauvignon lorsqu’ils étaient athlètes de haut niveau, c’est tout naturellement sur les Bordeaux de la rive Gauche que les Cathiard jettent leur dévolu en rachetant à des négociants en décembre 1990 le domaine Smith Haut Lafitte, Grand Cru classé de Graves en appellation Pessac-Léognan.


Guerre du Golfe, gel, pluie...les débuts sont difficiles mais après avoir restructuré le domaine, introduit la biodynamie et bénéficié d'un premier bon millésime en 1995, Florence et Daniel Cathiard vont propulser en une trentaine d'années château Smith Haut-Lafitte parmi les crus les plus prestigieux de Bordeaux.


J'ai eu le plaisir de la rencontrer 🎙️lors du dernier salon Wine Paris.


A découvrir sur toutes plateformes de podcasts et sur www.20divin.fr


Belle découverte 🎧 !



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Florence Catiard, qui a connu son mari Daniel lorsque tous deux étaient en équipe de France de ski dans les années 60, a un parcours facile. Après avoir créé avec son mari la chaîne de magasins Gosport, qui sera vendue dans les années 90 au groupe Casino, elle lance son agence de communication qui sera rachetée par le groupe américain McCann. Ayant été initiée au Cabernet Sauvignon lorsqu'il était athlète de haut niveau, c'est tout naturellement sur la rive gauche de Bordeaux que les Catiards jettent leur dévolu, en rachetant fin 90 à des négociants le château Smith-Solafite, grand cru classé de Grave, en appellation Pessa Cléonian. Ils vont tout restructurer et après des débuts difficiles, vont connaître assez vite le succès qui en appellera d'autres. Je m'appelle Philippe Hermé, bienvenue dans Vin Divin. Bonjour Florence.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast Vin Divin. Qu'est-ce qui vous a amené finalement dans le...

  • Speaker #1

    Dans le vin. Dans le vin, c'était un vieux souvenir parce que comme on nous obligeait, comme je vous l'ai dit, à faire des descentes et qu'on était deux ou trois filles dans l'équipe à être beaucoup... plus mince par formaté pour les muscles et la masse musculaire qu'il faut pour les descentes. Sous les conseils de Jean-Claude et de nutritionnistes, on buvait un verre de vin rouge, Cabernet, Bordeaux, Rive-Gauche, parce que c'est le plus digeste des cépages, pour ne pas faire des Obtraken toute la nuit et dormir.

  • Speaker #0

    Ah d'accord, très bien.

  • Speaker #1

    Et du coup, quand on s'est mariés, très jeunes, avec Daniel, sortir de l'équipe, on a dit, écoutez, offrez-nous des bons canons, de bons Bordeaux, rive gauche, cabernet.

  • Speaker #0

    Très bien, donc vous arrivez sur la rive gauche en 1991.

  • Speaker #1

    On a acheté en décembre 1990 et on est arrivé en janvier 1991, enfin Daniel,

  • Speaker #0

    moi j'étais encore en pleine guerre du Golfe.

  • Speaker #1

    Avec ma canne, absolument, absolument, en pleine guerre du Golfe. Et les premières années ont été très très difficiles. Parce qu'en plus de la guerre du Golfe, on a gelé, comme tout Bordeaux. On a récolté 11% de ce qu'on pouvait espérer. Ça, c'était 1991. 1992, il n'a plus tout le temps. 1993, c'était une petite année. J'ai dit on est ruiné. En 2014, légèrement mieux, mais ce n'était pas terrible. Et en 2015, grand blanc, grand rouge. Il était frémentant.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, qu'est-ce que vous avez fait ? Vous êtes entouré des meilleurs ? Quand vous rachetez la propriété, vous n'êtes pas forcément une experte ni votre mari ?

  • Speaker #1

    C'était un terroir magnifique. C'est un monsieur vieille vigne qui nous l'a vendu. Ça ne s'invente pas, ça. D'accord. Et nous, on ne savait pas trop où tomber. Mais il nous a dit, là, c'est un grand terroir, pauvrement managé, mais c'est un grand terroir. Et effectivement, c'était managé par un négociant qui était en perte de vitesse et qui faisait pisser la vigne. Et heureusement, le... Le gérant était approché de l'âge de la retraite et on lui a fait une jolie retraite et mon mari a tout changé derrière. Il m'a même un peu effrayé parce qu'on a vendu pour presque rien la machine à vendanger qui était neuve. On a vendu les cuves qui étaient remplies à ras bord mais qui étaient beaucoup trop grandes. Et il a embauché deux jeunes, un pour la vigne et un pour le vin, qui étaient des jeunes diplômés, un ingénieur agro, un oenologue et un entredologue.

  • Speaker #0

    Et qu'ils ont toujours là ?

  • Speaker #1

    Alors, il y en a un des deux qui est toujours là et l'autre est passé dans une propriété annexe parce que tous les deux voulaient coiffer l'autre au bout de dix ans. Mais c'était légitime.

  • Speaker #0

    C'est Fabien Tétienne qui est resté ? D'accord, très bien. Alors, j'ai entendu ou lu, je ne sais plus, que vous êtes lancé dans la biodynamie grâce au roi d'Angleterre, qui à l'époque était le prince de Galles.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai toujours été fan du prince de Galles. Pourquoi ? Parce que... On est arrivé, donc en 91, on arrive dans une vigne entièrement chimique. Et nous, peut-être à cause de mon père, Walden, j'étais vraiment pénétré des principes de la bio et de la biodynamie. Et on essaye avec Daniel de les appliquer. Un désastre, parce que vous ne passez pas en claquant des doigts d'un vignoble chimique totalement conventionnel à un vignoble bio. Ce qui m'a aidé, c'est les écrits, les interventions du prince de Galles. Parce que lui, vous me direz, il avait déjà 12 jardiniers dans Highgrove, sa ferme bénie. Mais je buvais ses paroles, je lisais ses écrits et je l'ai rencontré un match de polo. Ça, ça devait être en 96 ou quelque chose comme ça. Et j'étais la seule à servir mon vin au milieu des Aston Martin et des gens très chics. Et le prince de Galles est venu, ce qui pour moi était une consécration. Et on a parlé de fumier organique pendant cinq bonnes minutes, ce qui est quand même très long.

  • Speaker #0

    Il est venu effectivement en septembre 2023.

  • Speaker #1

    Et on est le seul château qu'il ait choisi de visiter après que ses équipes, il y avait chaque fois 20 limousines anglaises, 20 limos françaises, et qui nous disaient c'est un ambassadeur, c'est un ministre. Enfin, on savait bien que ça devait être quelqu'un de grand, mais on n'avait aucune idée. Ah,

  • Speaker #0

    vous ne le saviez pas à l'avance ?

  • Speaker #1

    Non, ils sont venus quatre fois avant de nous dire qu'on était choisis.

  • Speaker #0

    Ah d'accord. Ils hésitaient. D'accord.

  • Speaker #1

    Pour tout vous dire, j'avais très peur de Palmaire, parce que Palmaire travaille comme nous, très propre. Oui. Et il est peut-être un peu plus prestige. Oui. Mais finalement...

  • Speaker #0

    Ils vous ont choisi.

  • Speaker #1

    Ils nous ont choisi.

  • Speaker #0

    Donc, vous êtes sûr qu'ils ne nous savent pas rappeler de votre rencontre ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Voilà. Parce qu'on a bavardé comme des vieilles connaissances. Et avec sa femme, Camilla, qui est très sympathique parce qu'elle était fille de marchand de vin.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc elle s'y connaît.

  • Speaker #1

    Elle s'y connaît bien. Et lui a fait une barrique. Et il a vu à mes regards plein d'espoir que j'aurais bien aimé qu'il la signe. Mais il avait un stylo à encre comme il m'a montré.

  • Speaker #0

    D'accord. Et qu'est-ce que vous leur avez servi alors lors de leur visite ?

  • Speaker #1

    Quel millésime ? Alors on leur a servi le 2005.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    On n'avait plus du tout à la vente, mais on a une belle cave privée heureusement.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Et c'était l'année de leur mariage avec Camilla. Ah,

  • Speaker #0

    très bien. J'imagine qu'il y avait un certain nombre de convives.

  • Speaker #1

    Il a fallu servir à 200 personnes. Aujourd'hui, il nous reste trois magnums, je crois. C'était prestigieux. C'était prestigieux. Ils se sont tous régalés. Et c'était très drôle d'ailleurs, parce que tout le monde était dehors. Donc, on était juste avec notre chronologue, Daniel et moi, et le couple royal. Et en fait, il y a le ministre des Armées qui est toujours là, qui s'est glissé au milieu. et les autres ministres des affaires étrangères étaient dehors. Mais je suis sûr du coup qu'il aime bien le vin.

  • Speaker #0

    Sébastien Lecornu ?

  • Speaker #1

    Monsieur Lecornu. D'accord. Il est encore ministre.

  • Speaker #0

    D'accord, tout à fait.

  • Speaker #1

    Peut-être grâce au bon vin de Solafit, espérons.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors moi, je vais vous faire une confidence. Lors d'une dégustation organisée à Paris, juste avant le Covid, j'ai eu un coup de foot pour votre millésime 2017 en blanc. Et je trouve que Smith's ou la fil Blanc, pour moi, c'est un des plus grands Bordeaux blancs. J'en ai d'autres aussi que j'ai pu déguster, mais le blanc, je trouve que c'est vraiment votre marque de fabrique et votre signe distinctif, me semble-t-il. Oui,

  • Speaker #1

    alors non, non, c'est pas personnel. C'est vrai, ça me flatte et en même temps, ça m'attriste un tout petit peu. Je vous explique pourquoi. Parce que notre blanc, on ne le tient pas, même en ces temps difficiles. Bon, il s'avère qu'on a un terroir très spécial en blanc, qu'on travaille à cheval. depuis 93, qui est pentu pour Bordeaux, qui est exposé nord, donc ça veut dire des mûrissements très lents, on travaille comme en sauterne, on a des vieux sauvignons, c'est un blanc qui est séquent, vous l'aimez ou vous ne l'aimez pas, mais si vous l'aimez c'est pour la vie, et on a un club d'affichés au Nadeau qui dès qu'on le sort, il est parti. Et par contre, on est dans les trois meilleurs de blanc. Y compris les Aubrions qui font des grands blancs aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #1

    Mais en rouge, on est dans, maintenant, je pense qu'on est dans les 15 meilleurs de la rive gauche, si je fais. Puisque c'est plus le grand gourou parquerre, maintenant, on en surveille 15. Mais on est toujours dans les 15 meilleurs. Enfin, il y a 15 critiques et nous, on arrive à être dans les 15 meilleurs.

  • Speaker #0

    C'est qui le nouveau parquerre ? C'est Suckling ?

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de nouveau parquerre. Non,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de nouveau parquerre. La région de Bordeaux et la rive gauche en particulier, est-ce qu'elle n'a pas été un peu victime de parquerre, justement ? puisqu'il y avait quand même une orientation très boisée, très...

  • Speaker #1

    Parker du début. Vous savez qu'à la fin, j'aime bien parce que c'est là qu'il nous a mis un sang sur notre 2009, il avait déjà beaucoup évolué. Parker, il a commencé en 82. Oui, oui. Et il n'aimait plus les vins sur stéroïdes, les blockbusters. Il disait que son vin d'île déserte serait au brillant 89, qui est tout en finesse.

  • Speaker #0

    D'accord. Vous avez donc aujourd'hui 80 hectares, c'est ça,

  • Speaker #1

    de vies ? C'est ça, 70 de rouges et 10 de blancs.

  • Speaker #0

    Voilà, le reste, ce sont pour les arbres, les forêts.

  • Speaker #1

    Il y a 45 hectares de forêt, ce qui est un privilège durement gagné parce qu'on est aux portes de Bordeaux.

  • Speaker #0

    D'accord. Et vous avez également d'autres propriétés dans le Bordelais, Château-le-Til et le

  • Speaker #1

    Château-de-Vauregard. Le Tile est de l'autre côté de la forêt. Et en fait, il y avait 10 hectares qui étaient... connecte au nôtre, mais comme c'est un très joli château et qu'il venait avec la vente des 10 hectares, on en a profité pour le réhabiliter et c'est notre fille et notre gendre qui sont propriétaires des sources de Caudalie qui maintenant gèrent le TIL. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors justement, dans la famille Catiard, je voudrais les filles. Vous avez... Aujourd'hui, une fille, Alice et son mari Jérôme, qui gèrent les complexes hôteliers, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ils ne gèrent pas, ils sont propriétaires.

  • Speaker #0

    Ils sont même propriétaires.

  • Speaker #1

    Et nous, on achète nos déjeuners ou nos dîners. Ils achètent nos vins, pas souvent à nous, parce que nous, on ne les livre pas six bouteilles par six bouteilles.

  • Speaker #0

    Et ils sont également à Cheverny, je crois.

  • Speaker #1

    À Cheverny, et ils ont les sources de Cheverny. Ils ont également racheté un magnifique château, personne n'est parfait, c'est en Bourgogne, le château Djili. et ils sont en train de le transformer complètement. Ils sont à deux minutes du Clos d'Oujo et ils ont racheté sur la route des vins en Alsace, le château Clos d'Issambourg aussi. Ils auront les quatre plus beaux endroits des quatre grands vins français.

  • Speaker #0

    D'accord, pas que vous dites que personne n'est parfait, vous êtes un peu un guéguerre.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas un guéguerre, mais quand même. C'est vrai qu'aujourd'hui, ça me prend au moins un bâtard m'enracher pour me calmer avec mon blanc.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Et votre autre fille, Mathilde et son mari Bertrand, ont lancé la gamme de soins à Caudalie. C'est un véritable carton. Eux,

  • Speaker #1

    ils nous ont largués, si je puis dire. Mais la famille, je crois que tout le monde travaille fort, dur dans ma famille. Et tout le monde travaille en couple, ce qui est très original. Et quand le couple marche, je croise les doigts et je touche du bois en vous parlant. Et pour l'instant, tout va bien, mais les résultats sont extraordinaires.

  • Speaker #0

    Alors, est-ce que c'est votre passé d'athlète qui vous a forgé cette... état d'esprit un peu de la compétition on va dire avec les valeurs de courage d'endurance de patience oui alors mes filles me le reproche parfois parce que aujourd'hui elles sont beaucoup

  • Speaker #1

    plus dans le management un peu empathique et me disent qu' on dirait toujours que je suis au départ d'une course internationale quoi alors que j'ai un âge avancé et Mais j'ai un peu de mal avec ces enfants et les petits-enfants maintenant, qui sont tous brillants. Et nos filles ont quand même pris ce style de leur faire faire des bonnes études et beaucoup de sport pour qu'ils ne soient pas des gosses riches.

  • Speaker #0

    Pour rester sur Bordeaux aujourd'hui, on sent quand même qu'il y a une certaine tension.

  • Speaker #1

    Une forte tension.

  • Speaker #0

    Une forte tension dans la région et notamment auprès des négociants et des grands crus. Ils ont beaucoup stocké et ils ont du mal aujourd'hui un petit peu à...

  • Speaker #1

    Les grands plus sont quand même privilégiés. Pas exagéré, on n'arrache pas nos vignes. Bien sûr. Comme l'entre-deux-mères le fait. Et on essaye d'être solidaires. Est-ce qu'on sentait la crise venir ? Nous, on espère que la place de Bordeaux, si vous voulez, les Johnston qui ne parlent que l'automne... Co-cruise qui ne parle qu'à Dieu, ça c'est le proverbe. Maintenant ce sont les enfants qui n'ont pas les deux pieds dans la même barrique. On avait la force de vente la moins chère et la plus belle du monde. Avec une capillarité que la terre entière nous enviait, puisque les meilleurs Californiens, les meilleurs Italiens viennent à Bordeaux pour se vendre. Et d'autres.

  • Speaker #0

    C'est un peu révolu ça.

  • Speaker #1

    C'est grippé. Je ne sais pas si ce n'est qu'une méchante grippe. Ils ont trop profité. des PGE, vous savez, c'est prêt à 0%, des taux de crédit très bas. Et malheureusement, il y a un moment où, in fine, il faut rembourser.

  • Speaker #0

    Et vous disiez lors de votre intervention sur scène il y a deux jours que vous préfériez la nouvelle génération de marchands, de négociants, de winemakers que celle que vous avez connue en arrivant à Bordeaux, qui était un petit peu plus engoncée, on va dire.

  • Speaker #1

    Ah mais c'est sûr, c'était... Nous, on estime qu'on est dans le petit luxe artisan avec Smith & Lafitte, si vous voulez. Mais à l'époque, on était considérés comme des manants. On venait de la distribution et du marketing. C'était un gros mot.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et on s'est fait... Heureusement qu'on était un couple solide parce que ce n'était pas facile. Et aujourd'hui, bien évidemment, je pourrais être leur maman. Mais j'adore, ils bougent. Sauf qu'en ce moment, ils sont coincés. parce qu'ils sont trop endettés et que les prêts ne sont plus au taux où ils étaient et qu'ils se sont un peu trop gavés avec des stocks qui ne sont pas toujours les bons stocks.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui vous a poussé à mettre un pied aux États-Unis ? Est-ce que c'est Opus One ? Est-ce que c'est d'autres vignerons français qui ont décidé d'aller là-bas ?

  • Speaker #1

    Non, en fait, c'était un vieux rêve parce qu'on était allés... Il faut se souvenir que quand on était Go Sport, le grand salon pour les sports d'hiver était à Vegas. Et nous, on passait par la Napa, juste pour voir. Et on avait découvert un endroit absolument merveilleux, même si on ne connaissait rien au vin et on trouvait les vins beaucoup trop musclés et manquants d'élégance. Mais on avait trouvé l'endroit magnifique. Et puis, on avait eu un moment, un peu le rêve de trouver un estate là-bas, un domaine. et en fait on ne nous proposait que des petits blocs de terre trop fertile, sédimentaire dans le plat de la vallée. Or nous si on changeait c'était pour avoir la montagne, les Maniakamas, Hockville ou Rufferford. Et puis on a oublié, enterré ce rêve, et il se trouve qu'en fin 90, out of the blue comme on dit en anglais, comme ça sans prévoir, il y a un Irlandais, qui avait vendu Smiths au Lafite et qu'on avait connu quand on avait racheté, puisqu'il travaillait pour le négociant.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Il a fait une énorme fortune, on n'a pas valé, parce qu'il a vendu à tous les riches étrangers en particulier qui voulaient s'installer dans ce petit paradis. Et il nous a appelés en disant, il y a un domaine qui est en indivision, qui n'est pas officiellement à vendre, qui est magnifique. pauvrement managé, la même histoire que Smith Olaphite, mais verticale. Donc ça doit plaire aux montagnards que vous êtes.

  • Speaker #0

    Alors vous êtes, vous avez toujours le sens du timing parce que vous rachetez Olaphite, Smith Olaphite en pleine guerre du Golfe, là vous rachetez Napa Valley en plein Covid, vous avez le sens du timing.

  • Speaker #1

    Horrible, mais bon, on aime les débuts durs parce que si on survit, ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. C'est ça, c'est ça.

  • Speaker #0

    Alors vous vous parlez d'une anecdote aussi il y a deux jours. Sur le fait que grâce à votre fille juriste, vous avez pu obtenir une dérogation pour aller...

  • Speaker #1

    Elle n'est pas juriste, elle a des bons avocats.

  • Speaker #0

    Elle a des bons avocats, d'accord. Et oui,

  • Speaker #1

    ils ont eu l'idée toute bête de dire... Parce qu'on a tout de suite démarré avec des gros investissements, il y en avait besoin pour transformer ce magnifique terroir en un magnifique vin. Et ils ont eu l'idée de dire, écoutez, c'est très simple, les quatières arrêtent tous les investissements si vous ne les déclarez pas, national, interest, exception, exception d'intérêt national. Et ça, c'est un langage que les Américains comprennent.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, vous avez pu...

  • Speaker #1

    On était seul dans les Boeing et les Airbus. On a pu amener notre chronologue et mon mari a fait un très bon 2020.

  • Speaker #0

    Il faut rappeler que le domaine que vous avez racheté a été créé en 1885 par deux frères écossais.

  • Speaker #1

    Oui, alors écossais, il y a un lien avec Smith-Solafi, puisque George Smith avait sa femme et sa famille en Écosse. même si lui était moitié anglais moitié écossais avec son business à bristol et la james et william rennie ils sont venus on les appelle nous les founding brothers les frères fondateurs oui et on les alors on a fait j'ai fait une étiquette un peu vieillotte qui ressemble à en quelque sorte un entourage de cigares un peu mais mais c'est différent et ça plaît j'ai meublé toutes les salles de dégustation et la maison comme s'il venait de partir avec des Chesterfield du

  • Speaker #0

    19ème. D'accord.

  • Speaker #1

    Il faut venir voir, c'est très beau.

  • Speaker #0

    En sachant qu'ils sont descendants d'un ingénieur qui était à Anoubli pour avoir construit le London Bridge, je crois.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que vous percevez comme différence aujourd'hui entre le marché américain ou la façon de faire des Américains dans la viticulture et la France et Bordeaux en particulier ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, il faut parler des... des méthodes de production qui sont très différentes. Autant vous êtes écrasé de coûts de toutes sortes en Napa, tout est très très cher. L'État de Californie est le plus cher, je crois, de tous les États. Et la Napa, c'est encore pire, si je puis dire. Est-ce que c'est cher les taxes ? Oui, oui, par exemple. Les investissements que vous faites, parce qu'ils estiment que vous ajoutez de la valeur à votre bien. C'est très bizarre, parce que nous, on ne gagne pas d'argent, évidemment. peut-être équilibré cette année. Et par contre, sur le vin, c'est beaucoup plus libre. Nous, on ne fait pas de crush pad, mais puisqu'on veut un vin avec un sens du lieu, on veut traduire le génie du lieu, et c'est magnifique avec un peu de sédimentaire, 20% sur Saint-Hélénas. Ensuite, on attaque avec la fameuse poussière de Rufferford, qui est une poussière magique. Et on monte dans les Mayakamas, où c'est le terroir volcanique. Donc, on gère ces trois... terroir et ça nous permet de faire des assemblages comme je dis À la bordelaise sans l'arrogance peut-être parce qu'il se méfie de nous un peu, mais c'est très élégant. Et puis il y a ces flaveurs de la Napa-Vallée que vous prenez dans le nez qui sont très fortes. Et on s'aperçoit qu'il y a une filière comme ça qui s'installe sur l'harmonie, les tannins dominés et l'élégance. Alors qu'il y a une autre filière qui est toujours boisée un peu. des vagues trop costauds.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous n'êtes quand même pas stressé, inquiète des signes de changement climatique que l'on peut très clairement percevoir, et notamment de tous ces feux qui existent en Californie ? On vient d'en voir un épisode récent.

  • Speaker #1

    On est aussi inquiets à Bordeaux, parce qu'à Bordeaux, maintenant, on a des tempêtes, on a des pluies violentes, on a des coups de chaleur violents. Vous savez qu'à Bordeaux, on n'a pas le droit d'irriguer. On est content d'avoir un très grand terroir avec des poches d'argile qui restent un peu humides. Mais on est inquiet, pas pour les mêmes raisons, des deux côtés dans nos domaines. On trouve que les mesures qui sont prises en Appa-Vallée, enfin pas en Appa justement, mais au niveau de l'Amérique, c'est dur parce qu'ils s'occupent. plus du tout de la planète qui est abîmée au-delà du point où elle peut guérir seule. Ça,

  • Speaker #0

    c'est peut-être lié au nouveau...

  • Speaker #1

    Bien sûr. Le reste, c'est complètement nouveau. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais ça, c'est pas bon. Son attitude vis-à-vis du climat est mauvaise.

  • Speaker #0

    Alors, vous parliez tout à l'heure d'arrogance française. Est-ce que l'arrogance rime avec l'élégance ?

  • Speaker #1

    Non. Enfin, nous, on veut l'élégance et l'harmonie, c'est sûr. Et on pense que la manière dont on arrive à apprivoiser nos tannins, à les rendre veloutés et à avoir une finale très longue, dense, bien qu'elle soit bio, ce qui n'est pas toujours évident, mais ça, on maîtrise bien maintenant. Et ça, c'est la nouvelle tendance. Même Screaming Eagle, le vin le plus cher du monde, il essaie d'être plus cher que la Roumanie-Comté.

  • Speaker #0

    À part le Bordeaux et les vins de la Napa Valley, quels sont vos autres coups de cœur dans le monde du vin ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un peu snob, ce que je vais dire, mais c'est vrai que j'aime bien... Je trouve qu'en Italie, moi, je préfère le Barbaresco. J'aime bien le Nebbiolo parce que c'est le vrai cépage italien dans le Piémont. En Espagne, je trouve par exemple que... Alvaro Palacios, il fait des grands vins aussi, même si les degrés montent un peu. Des meilleurs vins de la planète. Et de temps en temps, j'ai un coup de cœur.

  • Speaker #0

    D'accord. Si vous n'aviez pas été vigneronne, ou en tout cas propriétaire ou copropriétaire de Château-Smith-Solafite, qu'est-ce que vous auriez aimé faire ?

  • Speaker #1

    À un moment, avec Daniel, on pensait partir dans l'or blanc. D'accord. Puisqu'il y avait de la neige à l'époque. Bien sûr, bien sûr. Et on était les seuls à parler anglais. Oui. Et on avait la possibilité de diriger une station.

  • Speaker #0

    À Spain ou… Non,

  • Speaker #1

    pas à Spain, mais c'était… Oui, mais c'était pas mal. Aux États-Unis ? C'était aux États-Unis, bien sûr. D'accord, d'accord. Dans Colorado, oui. D'accord. Et on s'est posé la question. Et puis, lui, il avait quand même une charge de famille et il fallait redresser les affaires. Comme je l'ai dit, c'était pas en très bon état quand le skieur est arrivé pour les reprendre.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors vous avez rencontré, on l'a dit tout à l'heure, le roi d'Angleterre il y a un peu plus d'un an. Quelle personnalité auriez-vous aimé rencontrer dans votre carrière ?

  • Speaker #1

    À part le roi d'Angleterre,

  • Speaker #0

    c'est quand même…

  • Speaker #1

    Le prince de Galles, j'étais focus sur lui depuis très longtemps. Mais il y en a un que j'ai rencontré dont je regrette la disparition tous les jours, c'est Michel Serres. Ah oui. Parce qu'il adorait le vin de Bordeaux, c'était devenu un ami. Et autant ses livres sont durs à lire, quand il parlait, au bout d'un quart d'heure, vous vous sentiez plus intelligent. Donc il me manque.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Alors qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour les prochaines années, tant à Bordeaux que à Caracas ?

  • Speaker #1

    Vous savez, pour faire un grand vin, il faut quatre thématiques. Il y a bien sûr les cépages que vous utilisez, ça on maîtrise parfaitement. Il y a l'équipe et son engagement, elle est fantastique, je ne peux pas rêver de meilleure équipe. C'est une femme d'ailleurs qui est winemaker ? Bien sûr, c'est Justine, qui est ingénieure agro et oenologue et qu'on a formée à Bordeaux. Elle est Head Winemaker and General Manager. Très bien. Et donc, il faut aussi exprimer le génie de son terroir. Ça, on le fait. Par contre, la climatologie, ce qui nous vient du ciel, c'est ça ce qu'il faut me souhaiter. Ne maîtrise pas. Un bon climat, une planète guérie, des gens qui font attention. Nous, on a été les premiers à recycler le CO2 émis par nos cuves en 20 tonnes. en 8 tonnes de bicarbonate de sodium qu'on vend pas cher du tout pour faire de la spiruline. Et on est très heureux que des châteaux comme Montrose ou comme Dujac en Bourgogne ou l'université de Davis qui l'a mis au programme font cela également. C'est bien. Mais bon, c'est des petites gouttes d'eau. Il faut un engagement mondial.

  • Speaker #0

    Et est-ce que votre prochain projet, ce ne serait pas d'envoyer une caisse de châteaux Smith ou Lafitte à Elon Musk pour qu'il l'embarque sur Mars ?

  • Speaker #1

    Non, j'aimerais mieux qu'ils le boivent et qu'ils ne nous mettent pas de taxes. Ça, c'est sûr. Parce que finalement, il est vice-président.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Très bien. Je crois qu'on arrive au terme de cette interview. Est-ce que vous avez des choses à ajouter ou un point qu'on n'aurait pas abordé ?

  • Speaker #1

    Non, je pense qu'un point qu'on n'a pas vraiment abordé, c'est nos efforts quotidiens pour rendre ce terroir vivant. Comment on a abandonné toutes nos zones de confort pour arrêter de... tous les intrants dans les plantes de la vigne. Et comment on veut apprendre à être biodynamicien en appât. Je commence à connaître les plantes, mais ça va me prendre cinq ans.

  • Speaker #0

    Vous n'êtes pas encore herboriste.

  • Speaker #1

    Ah non, j'ai du mal là-bas.

  • Speaker #0

    Très bien. Merci en tout cas d'être venue jusqu'à nous. Je vous souhaite une bonne fin de salon.

  • Speaker #1

    Merci de m'avoir invitée.

  • Speaker #0

    Et une bonne continuation. C'était sympa.

  • Speaker #1

    Et puis, je connais un ou deux de vos podcasts, mais je vais écouter les autres.

  • Speaker #0

    Très bien. Merci beaucoup. À bientôt. Au revoir. Merci d'avoir pris le temps de nous écouter et de nous être fidèles. Vous pouvez retrouver plus d'informations sur la famille Catiara et le château Smith au Laffitte sur 20divin.fr. Si vous avez apprécié ce contenu, partagez-le autour de vous, abonnez-vous à 20divin sur les plateformes de podcast ou sur les réseaux sociaux. Ce contenu a été créé avec le soutien de Alma, société de conseil en croissance digitale qui accompagne les marques dans leur transformation digitale et leur développement commercial. Pour ma part, je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour un prochain épisode de 20divin. En attendant, portez-vous bien.

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Description

Florence Cathiard, fille de profs, qui a connu son mari Daniel lorsque tous deux étaient en équipe de France de Ski dans les années 60, a un parcours fascinant : après savoir racheté avec son mari la chaîne de magasin Go Sport en 1983, qui sera revendue en 1990 au groupe Casino, elle lance son agence de communication qui sera acquise par le groupe américain Mc Cann.


Ayant été initiés au Cabernet Sauvignon lorsqu’ils étaient athlètes de haut niveau, c’est tout naturellement sur les Bordeaux de la rive Gauche que les Cathiard jettent leur dévolu en rachetant à des négociants en décembre 1990 le domaine Smith Haut Lafitte, Grand Cru classé de Graves en appellation Pessac-Léognan.


Guerre du Golfe, gel, pluie...les débuts sont difficiles mais après avoir restructuré le domaine, introduit la biodynamie et bénéficié d'un premier bon millésime en 1995, Florence et Daniel Cathiard vont propulser en une trentaine d'années château Smith Haut-Lafitte parmi les crus les plus prestigieux de Bordeaux.


J'ai eu le plaisir de la rencontrer 🎙️lors du dernier salon Wine Paris.


A découvrir sur toutes plateformes de podcasts et sur www.20divin.fr


Belle découverte 🎧 !



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Florence Catiard, qui a connu son mari Daniel lorsque tous deux étaient en équipe de France de ski dans les années 60, a un parcours facile. Après avoir créé avec son mari la chaîne de magasins Gosport, qui sera vendue dans les années 90 au groupe Casino, elle lance son agence de communication qui sera rachetée par le groupe américain McCann. Ayant été initiée au Cabernet Sauvignon lorsqu'il était athlète de haut niveau, c'est tout naturellement sur la rive gauche de Bordeaux que les Catiards jettent leur dévolu, en rachetant fin 90 à des négociants le château Smith-Solafite, grand cru classé de Grave, en appellation Pessa Cléonian. Ils vont tout restructurer et après des débuts difficiles, vont connaître assez vite le succès qui en appellera d'autres. Je m'appelle Philippe Hermé, bienvenue dans Vin Divin. Bonjour Florence.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast Vin Divin. Qu'est-ce qui vous a amené finalement dans le...

  • Speaker #1

    Dans le vin. Dans le vin, c'était un vieux souvenir parce que comme on nous obligeait, comme je vous l'ai dit, à faire des descentes et qu'on était deux ou trois filles dans l'équipe à être beaucoup... plus mince par formaté pour les muscles et la masse musculaire qu'il faut pour les descentes. Sous les conseils de Jean-Claude et de nutritionnistes, on buvait un verre de vin rouge, Cabernet, Bordeaux, Rive-Gauche, parce que c'est le plus digeste des cépages, pour ne pas faire des Obtraken toute la nuit et dormir.

  • Speaker #0

    Ah d'accord, très bien.

  • Speaker #1

    Et du coup, quand on s'est mariés, très jeunes, avec Daniel, sortir de l'équipe, on a dit, écoutez, offrez-nous des bons canons, de bons Bordeaux, rive gauche, cabernet.

  • Speaker #0

    Très bien, donc vous arrivez sur la rive gauche en 1991.

  • Speaker #1

    On a acheté en décembre 1990 et on est arrivé en janvier 1991, enfin Daniel,

  • Speaker #0

    moi j'étais encore en pleine guerre du Golfe.

  • Speaker #1

    Avec ma canne, absolument, absolument, en pleine guerre du Golfe. Et les premières années ont été très très difficiles. Parce qu'en plus de la guerre du Golfe, on a gelé, comme tout Bordeaux. On a récolté 11% de ce qu'on pouvait espérer. Ça, c'était 1991. 1992, il n'a plus tout le temps. 1993, c'était une petite année. J'ai dit on est ruiné. En 2014, légèrement mieux, mais ce n'était pas terrible. Et en 2015, grand blanc, grand rouge. Il était frémentant.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, qu'est-ce que vous avez fait ? Vous êtes entouré des meilleurs ? Quand vous rachetez la propriété, vous n'êtes pas forcément une experte ni votre mari ?

  • Speaker #1

    C'était un terroir magnifique. C'est un monsieur vieille vigne qui nous l'a vendu. Ça ne s'invente pas, ça. D'accord. Et nous, on ne savait pas trop où tomber. Mais il nous a dit, là, c'est un grand terroir, pauvrement managé, mais c'est un grand terroir. Et effectivement, c'était managé par un négociant qui était en perte de vitesse et qui faisait pisser la vigne. Et heureusement, le... Le gérant était approché de l'âge de la retraite et on lui a fait une jolie retraite et mon mari a tout changé derrière. Il m'a même un peu effrayé parce qu'on a vendu pour presque rien la machine à vendanger qui était neuve. On a vendu les cuves qui étaient remplies à ras bord mais qui étaient beaucoup trop grandes. Et il a embauché deux jeunes, un pour la vigne et un pour le vin, qui étaient des jeunes diplômés, un ingénieur agro, un oenologue et un entredologue.

  • Speaker #0

    Et qu'ils ont toujours là ?

  • Speaker #1

    Alors, il y en a un des deux qui est toujours là et l'autre est passé dans une propriété annexe parce que tous les deux voulaient coiffer l'autre au bout de dix ans. Mais c'était légitime.

  • Speaker #0

    C'est Fabien Tétienne qui est resté ? D'accord, très bien. Alors, j'ai entendu ou lu, je ne sais plus, que vous êtes lancé dans la biodynamie grâce au roi d'Angleterre, qui à l'époque était le prince de Galles.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai toujours été fan du prince de Galles. Pourquoi ? Parce que... On est arrivé, donc en 91, on arrive dans une vigne entièrement chimique. Et nous, peut-être à cause de mon père, Walden, j'étais vraiment pénétré des principes de la bio et de la biodynamie. Et on essaye avec Daniel de les appliquer. Un désastre, parce que vous ne passez pas en claquant des doigts d'un vignoble chimique totalement conventionnel à un vignoble bio. Ce qui m'a aidé, c'est les écrits, les interventions du prince de Galles. Parce que lui, vous me direz, il avait déjà 12 jardiniers dans Highgrove, sa ferme bénie. Mais je buvais ses paroles, je lisais ses écrits et je l'ai rencontré un match de polo. Ça, ça devait être en 96 ou quelque chose comme ça. Et j'étais la seule à servir mon vin au milieu des Aston Martin et des gens très chics. Et le prince de Galles est venu, ce qui pour moi était une consécration. Et on a parlé de fumier organique pendant cinq bonnes minutes, ce qui est quand même très long.

  • Speaker #0

    Il est venu effectivement en septembre 2023.

  • Speaker #1

    Et on est le seul château qu'il ait choisi de visiter après que ses équipes, il y avait chaque fois 20 limousines anglaises, 20 limos françaises, et qui nous disaient c'est un ambassadeur, c'est un ministre. Enfin, on savait bien que ça devait être quelqu'un de grand, mais on n'avait aucune idée. Ah,

  • Speaker #0

    vous ne le saviez pas à l'avance ?

  • Speaker #1

    Non, ils sont venus quatre fois avant de nous dire qu'on était choisis.

  • Speaker #0

    Ah d'accord. Ils hésitaient. D'accord.

  • Speaker #1

    Pour tout vous dire, j'avais très peur de Palmaire, parce que Palmaire travaille comme nous, très propre. Oui. Et il est peut-être un peu plus prestige. Oui. Mais finalement...

  • Speaker #0

    Ils vous ont choisi.

  • Speaker #1

    Ils nous ont choisi.

  • Speaker #0

    Donc, vous êtes sûr qu'ils ne nous savent pas rappeler de votre rencontre ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Voilà. Parce qu'on a bavardé comme des vieilles connaissances. Et avec sa femme, Camilla, qui est très sympathique parce qu'elle était fille de marchand de vin.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc elle s'y connaît.

  • Speaker #1

    Elle s'y connaît bien. Et lui a fait une barrique. Et il a vu à mes regards plein d'espoir que j'aurais bien aimé qu'il la signe. Mais il avait un stylo à encre comme il m'a montré.

  • Speaker #0

    D'accord. Et qu'est-ce que vous leur avez servi alors lors de leur visite ?

  • Speaker #1

    Quel millésime ? Alors on leur a servi le 2005.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    On n'avait plus du tout à la vente, mais on a une belle cave privée heureusement.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Et c'était l'année de leur mariage avec Camilla. Ah,

  • Speaker #0

    très bien. J'imagine qu'il y avait un certain nombre de convives.

  • Speaker #1

    Il a fallu servir à 200 personnes. Aujourd'hui, il nous reste trois magnums, je crois. C'était prestigieux. C'était prestigieux. Ils se sont tous régalés. Et c'était très drôle d'ailleurs, parce que tout le monde était dehors. Donc, on était juste avec notre chronologue, Daniel et moi, et le couple royal. Et en fait, il y a le ministre des Armées qui est toujours là, qui s'est glissé au milieu. et les autres ministres des affaires étrangères étaient dehors. Mais je suis sûr du coup qu'il aime bien le vin.

  • Speaker #0

    Sébastien Lecornu ?

  • Speaker #1

    Monsieur Lecornu. D'accord. Il est encore ministre.

  • Speaker #0

    D'accord, tout à fait.

  • Speaker #1

    Peut-être grâce au bon vin de Solafit, espérons.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors moi, je vais vous faire une confidence. Lors d'une dégustation organisée à Paris, juste avant le Covid, j'ai eu un coup de foot pour votre millésime 2017 en blanc. Et je trouve que Smith's ou la fil Blanc, pour moi, c'est un des plus grands Bordeaux blancs. J'en ai d'autres aussi que j'ai pu déguster, mais le blanc, je trouve que c'est vraiment votre marque de fabrique et votre signe distinctif, me semble-t-il. Oui,

  • Speaker #1

    alors non, non, c'est pas personnel. C'est vrai, ça me flatte et en même temps, ça m'attriste un tout petit peu. Je vous explique pourquoi. Parce que notre blanc, on ne le tient pas, même en ces temps difficiles. Bon, il s'avère qu'on a un terroir très spécial en blanc, qu'on travaille à cheval. depuis 93, qui est pentu pour Bordeaux, qui est exposé nord, donc ça veut dire des mûrissements très lents, on travaille comme en sauterne, on a des vieux sauvignons, c'est un blanc qui est séquent, vous l'aimez ou vous ne l'aimez pas, mais si vous l'aimez c'est pour la vie, et on a un club d'affichés au Nadeau qui dès qu'on le sort, il est parti. Et par contre, on est dans les trois meilleurs de blanc. Y compris les Aubrions qui font des grands blancs aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #1

    Mais en rouge, on est dans, maintenant, je pense qu'on est dans les 15 meilleurs de la rive gauche, si je fais. Puisque c'est plus le grand gourou parquerre, maintenant, on en surveille 15. Mais on est toujours dans les 15 meilleurs. Enfin, il y a 15 critiques et nous, on arrive à être dans les 15 meilleurs.

  • Speaker #0

    C'est qui le nouveau parquerre ? C'est Suckling ?

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de nouveau parquerre. Non,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de nouveau parquerre. La région de Bordeaux et la rive gauche en particulier, est-ce qu'elle n'a pas été un peu victime de parquerre, justement ? puisqu'il y avait quand même une orientation très boisée, très...

  • Speaker #1

    Parker du début. Vous savez qu'à la fin, j'aime bien parce que c'est là qu'il nous a mis un sang sur notre 2009, il avait déjà beaucoup évolué. Parker, il a commencé en 82. Oui, oui. Et il n'aimait plus les vins sur stéroïdes, les blockbusters. Il disait que son vin d'île déserte serait au brillant 89, qui est tout en finesse.

  • Speaker #0

    D'accord. Vous avez donc aujourd'hui 80 hectares, c'est ça,

  • Speaker #1

    de vies ? C'est ça, 70 de rouges et 10 de blancs.

  • Speaker #0

    Voilà, le reste, ce sont pour les arbres, les forêts.

  • Speaker #1

    Il y a 45 hectares de forêt, ce qui est un privilège durement gagné parce qu'on est aux portes de Bordeaux.

  • Speaker #0

    D'accord. Et vous avez également d'autres propriétés dans le Bordelais, Château-le-Til et le

  • Speaker #1

    Château-de-Vauregard. Le Tile est de l'autre côté de la forêt. Et en fait, il y avait 10 hectares qui étaient... connecte au nôtre, mais comme c'est un très joli château et qu'il venait avec la vente des 10 hectares, on en a profité pour le réhabiliter et c'est notre fille et notre gendre qui sont propriétaires des sources de Caudalie qui maintenant gèrent le TIL. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors justement, dans la famille Catiard, je voudrais les filles. Vous avez... Aujourd'hui, une fille, Alice et son mari Jérôme, qui gèrent les complexes hôteliers, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ils ne gèrent pas, ils sont propriétaires.

  • Speaker #0

    Ils sont même propriétaires.

  • Speaker #1

    Et nous, on achète nos déjeuners ou nos dîners. Ils achètent nos vins, pas souvent à nous, parce que nous, on ne les livre pas six bouteilles par six bouteilles.

  • Speaker #0

    Et ils sont également à Cheverny, je crois.

  • Speaker #1

    À Cheverny, et ils ont les sources de Cheverny. Ils ont également racheté un magnifique château, personne n'est parfait, c'est en Bourgogne, le château Djili. et ils sont en train de le transformer complètement. Ils sont à deux minutes du Clos d'Oujo et ils ont racheté sur la route des vins en Alsace, le château Clos d'Issambourg aussi. Ils auront les quatre plus beaux endroits des quatre grands vins français.

  • Speaker #0

    D'accord, pas que vous dites que personne n'est parfait, vous êtes un peu un guéguerre.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas un guéguerre, mais quand même. C'est vrai qu'aujourd'hui, ça me prend au moins un bâtard m'enracher pour me calmer avec mon blanc.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Et votre autre fille, Mathilde et son mari Bertrand, ont lancé la gamme de soins à Caudalie. C'est un véritable carton. Eux,

  • Speaker #1

    ils nous ont largués, si je puis dire. Mais la famille, je crois que tout le monde travaille fort, dur dans ma famille. Et tout le monde travaille en couple, ce qui est très original. Et quand le couple marche, je croise les doigts et je touche du bois en vous parlant. Et pour l'instant, tout va bien, mais les résultats sont extraordinaires.

  • Speaker #0

    Alors, est-ce que c'est votre passé d'athlète qui vous a forgé cette... état d'esprit un peu de la compétition on va dire avec les valeurs de courage d'endurance de patience oui alors mes filles me le reproche parfois parce que aujourd'hui elles sont beaucoup

  • Speaker #1

    plus dans le management un peu empathique et me disent qu' on dirait toujours que je suis au départ d'une course internationale quoi alors que j'ai un âge avancé et Mais j'ai un peu de mal avec ces enfants et les petits-enfants maintenant, qui sont tous brillants. Et nos filles ont quand même pris ce style de leur faire faire des bonnes études et beaucoup de sport pour qu'ils ne soient pas des gosses riches.

  • Speaker #0

    Pour rester sur Bordeaux aujourd'hui, on sent quand même qu'il y a une certaine tension.

  • Speaker #1

    Une forte tension.

  • Speaker #0

    Une forte tension dans la région et notamment auprès des négociants et des grands crus. Ils ont beaucoup stocké et ils ont du mal aujourd'hui un petit peu à...

  • Speaker #1

    Les grands plus sont quand même privilégiés. Pas exagéré, on n'arrache pas nos vignes. Bien sûr. Comme l'entre-deux-mères le fait. Et on essaye d'être solidaires. Est-ce qu'on sentait la crise venir ? Nous, on espère que la place de Bordeaux, si vous voulez, les Johnston qui ne parlent que l'automne... Co-cruise qui ne parle qu'à Dieu, ça c'est le proverbe. Maintenant ce sont les enfants qui n'ont pas les deux pieds dans la même barrique. On avait la force de vente la moins chère et la plus belle du monde. Avec une capillarité que la terre entière nous enviait, puisque les meilleurs Californiens, les meilleurs Italiens viennent à Bordeaux pour se vendre. Et d'autres.

  • Speaker #0

    C'est un peu révolu ça.

  • Speaker #1

    C'est grippé. Je ne sais pas si ce n'est qu'une méchante grippe. Ils ont trop profité. des PGE, vous savez, c'est prêt à 0%, des taux de crédit très bas. Et malheureusement, il y a un moment où, in fine, il faut rembourser.

  • Speaker #0

    Et vous disiez lors de votre intervention sur scène il y a deux jours que vous préfériez la nouvelle génération de marchands, de négociants, de winemakers que celle que vous avez connue en arrivant à Bordeaux, qui était un petit peu plus engoncée, on va dire.

  • Speaker #1

    Ah mais c'est sûr, c'était... Nous, on estime qu'on est dans le petit luxe artisan avec Smith & Lafitte, si vous voulez. Mais à l'époque, on était considérés comme des manants. On venait de la distribution et du marketing. C'était un gros mot.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et on s'est fait... Heureusement qu'on était un couple solide parce que ce n'était pas facile. Et aujourd'hui, bien évidemment, je pourrais être leur maman. Mais j'adore, ils bougent. Sauf qu'en ce moment, ils sont coincés. parce qu'ils sont trop endettés et que les prêts ne sont plus au taux où ils étaient et qu'ils se sont un peu trop gavés avec des stocks qui ne sont pas toujours les bons stocks.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui vous a poussé à mettre un pied aux États-Unis ? Est-ce que c'est Opus One ? Est-ce que c'est d'autres vignerons français qui ont décidé d'aller là-bas ?

  • Speaker #1

    Non, en fait, c'était un vieux rêve parce qu'on était allés... Il faut se souvenir que quand on était Go Sport, le grand salon pour les sports d'hiver était à Vegas. Et nous, on passait par la Napa, juste pour voir. Et on avait découvert un endroit absolument merveilleux, même si on ne connaissait rien au vin et on trouvait les vins beaucoup trop musclés et manquants d'élégance. Mais on avait trouvé l'endroit magnifique. Et puis, on avait eu un moment, un peu le rêve de trouver un estate là-bas, un domaine. et en fait on ne nous proposait que des petits blocs de terre trop fertile, sédimentaire dans le plat de la vallée. Or nous si on changeait c'était pour avoir la montagne, les Maniakamas, Hockville ou Rufferford. Et puis on a oublié, enterré ce rêve, et il se trouve qu'en fin 90, out of the blue comme on dit en anglais, comme ça sans prévoir, il y a un Irlandais, qui avait vendu Smiths au Lafite et qu'on avait connu quand on avait racheté, puisqu'il travaillait pour le négociant.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Il a fait une énorme fortune, on n'a pas valé, parce qu'il a vendu à tous les riches étrangers en particulier qui voulaient s'installer dans ce petit paradis. Et il nous a appelés en disant, il y a un domaine qui est en indivision, qui n'est pas officiellement à vendre, qui est magnifique. pauvrement managé, la même histoire que Smith Olaphite, mais verticale. Donc ça doit plaire aux montagnards que vous êtes.

  • Speaker #0

    Alors vous êtes, vous avez toujours le sens du timing parce que vous rachetez Olaphite, Smith Olaphite en pleine guerre du Golfe, là vous rachetez Napa Valley en plein Covid, vous avez le sens du timing.

  • Speaker #1

    Horrible, mais bon, on aime les débuts durs parce que si on survit, ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. C'est ça, c'est ça.

  • Speaker #0

    Alors vous vous parlez d'une anecdote aussi il y a deux jours. Sur le fait que grâce à votre fille juriste, vous avez pu obtenir une dérogation pour aller...

  • Speaker #1

    Elle n'est pas juriste, elle a des bons avocats.

  • Speaker #0

    Elle a des bons avocats, d'accord. Et oui,

  • Speaker #1

    ils ont eu l'idée toute bête de dire... Parce qu'on a tout de suite démarré avec des gros investissements, il y en avait besoin pour transformer ce magnifique terroir en un magnifique vin. Et ils ont eu l'idée de dire, écoutez, c'est très simple, les quatières arrêtent tous les investissements si vous ne les déclarez pas, national, interest, exception, exception d'intérêt national. Et ça, c'est un langage que les Américains comprennent.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, vous avez pu...

  • Speaker #1

    On était seul dans les Boeing et les Airbus. On a pu amener notre chronologue et mon mari a fait un très bon 2020.

  • Speaker #0

    Il faut rappeler que le domaine que vous avez racheté a été créé en 1885 par deux frères écossais.

  • Speaker #1

    Oui, alors écossais, il y a un lien avec Smith-Solafi, puisque George Smith avait sa femme et sa famille en Écosse. même si lui était moitié anglais moitié écossais avec son business à bristol et la james et william rennie ils sont venus on les appelle nous les founding brothers les frères fondateurs oui et on les alors on a fait j'ai fait une étiquette un peu vieillotte qui ressemble à en quelque sorte un entourage de cigares un peu mais mais c'est différent et ça plaît j'ai meublé toutes les salles de dégustation et la maison comme s'il venait de partir avec des Chesterfield du

  • Speaker #0

    19ème. D'accord.

  • Speaker #1

    Il faut venir voir, c'est très beau.

  • Speaker #0

    En sachant qu'ils sont descendants d'un ingénieur qui était à Anoubli pour avoir construit le London Bridge, je crois.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que vous percevez comme différence aujourd'hui entre le marché américain ou la façon de faire des Américains dans la viticulture et la France et Bordeaux en particulier ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, il faut parler des... des méthodes de production qui sont très différentes. Autant vous êtes écrasé de coûts de toutes sortes en Napa, tout est très très cher. L'État de Californie est le plus cher, je crois, de tous les États. Et la Napa, c'est encore pire, si je puis dire. Est-ce que c'est cher les taxes ? Oui, oui, par exemple. Les investissements que vous faites, parce qu'ils estiment que vous ajoutez de la valeur à votre bien. C'est très bizarre, parce que nous, on ne gagne pas d'argent, évidemment. peut-être équilibré cette année. Et par contre, sur le vin, c'est beaucoup plus libre. Nous, on ne fait pas de crush pad, mais puisqu'on veut un vin avec un sens du lieu, on veut traduire le génie du lieu, et c'est magnifique avec un peu de sédimentaire, 20% sur Saint-Hélénas. Ensuite, on attaque avec la fameuse poussière de Rufferford, qui est une poussière magique. Et on monte dans les Mayakamas, où c'est le terroir volcanique. Donc, on gère ces trois... terroir et ça nous permet de faire des assemblages comme je dis À la bordelaise sans l'arrogance peut-être parce qu'il se méfie de nous un peu, mais c'est très élégant. Et puis il y a ces flaveurs de la Napa-Vallée que vous prenez dans le nez qui sont très fortes. Et on s'aperçoit qu'il y a une filière comme ça qui s'installe sur l'harmonie, les tannins dominés et l'élégance. Alors qu'il y a une autre filière qui est toujours boisée un peu. des vagues trop costauds.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous n'êtes quand même pas stressé, inquiète des signes de changement climatique que l'on peut très clairement percevoir, et notamment de tous ces feux qui existent en Californie ? On vient d'en voir un épisode récent.

  • Speaker #1

    On est aussi inquiets à Bordeaux, parce qu'à Bordeaux, maintenant, on a des tempêtes, on a des pluies violentes, on a des coups de chaleur violents. Vous savez qu'à Bordeaux, on n'a pas le droit d'irriguer. On est content d'avoir un très grand terroir avec des poches d'argile qui restent un peu humides. Mais on est inquiet, pas pour les mêmes raisons, des deux côtés dans nos domaines. On trouve que les mesures qui sont prises en Appa-Vallée, enfin pas en Appa justement, mais au niveau de l'Amérique, c'est dur parce qu'ils s'occupent. plus du tout de la planète qui est abîmée au-delà du point où elle peut guérir seule. Ça,

  • Speaker #0

    c'est peut-être lié au nouveau...

  • Speaker #1

    Bien sûr. Le reste, c'est complètement nouveau. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais ça, c'est pas bon. Son attitude vis-à-vis du climat est mauvaise.

  • Speaker #0

    Alors, vous parliez tout à l'heure d'arrogance française. Est-ce que l'arrogance rime avec l'élégance ?

  • Speaker #1

    Non. Enfin, nous, on veut l'élégance et l'harmonie, c'est sûr. Et on pense que la manière dont on arrive à apprivoiser nos tannins, à les rendre veloutés et à avoir une finale très longue, dense, bien qu'elle soit bio, ce qui n'est pas toujours évident, mais ça, on maîtrise bien maintenant. Et ça, c'est la nouvelle tendance. Même Screaming Eagle, le vin le plus cher du monde, il essaie d'être plus cher que la Roumanie-Comté.

  • Speaker #0

    À part le Bordeaux et les vins de la Napa Valley, quels sont vos autres coups de cœur dans le monde du vin ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un peu snob, ce que je vais dire, mais c'est vrai que j'aime bien... Je trouve qu'en Italie, moi, je préfère le Barbaresco. J'aime bien le Nebbiolo parce que c'est le vrai cépage italien dans le Piémont. En Espagne, je trouve par exemple que... Alvaro Palacios, il fait des grands vins aussi, même si les degrés montent un peu. Des meilleurs vins de la planète. Et de temps en temps, j'ai un coup de cœur.

  • Speaker #0

    D'accord. Si vous n'aviez pas été vigneronne, ou en tout cas propriétaire ou copropriétaire de Château-Smith-Solafite, qu'est-ce que vous auriez aimé faire ?

  • Speaker #1

    À un moment, avec Daniel, on pensait partir dans l'or blanc. D'accord. Puisqu'il y avait de la neige à l'époque. Bien sûr, bien sûr. Et on était les seuls à parler anglais. Oui. Et on avait la possibilité de diriger une station.

  • Speaker #0

    À Spain ou… Non,

  • Speaker #1

    pas à Spain, mais c'était… Oui, mais c'était pas mal. Aux États-Unis ? C'était aux États-Unis, bien sûr. D'accord, d'accord. Dans Colorado, oui. D'accord. Et on s'est posé la question. Et puis, lui, il avait quand même une charge de famille et il fallait redresser les affaires. Comme je l'ai dit, c'était pas en très bon état quand le skieur est arrivé pour les reprendre.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors vous avez rencontré, on l'a dit tout à l'heure, le roi d'Angleterre il y a un peu plus d'un an. Quelle personnalité auriez-vous aimé rencontrer dans votre carrière ?

  • Speaker #1

    À part le roi d'Angleterre,

  • Speaker #0

    c'est quand même…

  • Speaker #1

    Le prince de Galles, j'étais focus sur lui depuis très longtemps. Mais il y en a un que j'ai rencontré dont je regrette la disparition tous les jours, c'est Michel Serres. Ah oui. Parce qu'il adorait le vin de Bordeaux, c'était devenu un ami. Et autant ses livres sont durs à lire, quand il parlait, au bout d'un quart d'heure, vous vous sentiez plus intelligent. Donc il me manque.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Alors qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour les prochaines années, tant à Bordeaux que à Caracas ?

  • Speaker #1

    Vous savez, pour faire un grand vin, il faut quatre thématiques. Il y a bien sûr les cépages que vous utilisez, ça on maîtrise parfaitement. Il y a l'équipe et son engagement, elle est fantastique, je ne peux pas rêver de meilleure équipe. C'est une femme d'ailleurs qui est winemaker ? Bien sûr, c'est Justine, qui est ingénieure agro et oenologue et qu'on a formée à Bordeaux. Elle est Head Winemaker and General Manager. Très bien. Et donc, il faut aussi exprimer le génie de son terroir. Ça, on le fait. Par contre, la climatologie, ce qui nous vient du ciel, c'est ça ce qu'il faut me souhaiter. Ne maîtrise pas. Un bon climat, une planète guérie, des gens qui font attention. Nous, on a été les premiers à recycler le CO2 émis par nos cuves en 20 tonnes. en 8 tonnes de bicarbonate de sodium qu'on vend pas cher du tout pour faire de la spiruline. Et on est très heureux que des châteaux comme Montrose ou comme Dujac en Bourgogne ou l'université de Davis qui l'a mis au programme font cela également. C'est bien. Mais bon, c'est des petites gouttes d'eau. Il faut un engagement mondial.

  • Speaker #0

    Et est-ce que votre prochain projet, ce ne serait pas d'envoyer une caisse de châteaux Smith ou Lafitte à Elon Musk pour qu'il l'embarque sur Mars ?

  • Speaker #1

    Non, j'aimerais mieux qu'ils le boivent et qu'ils ne nous mettent pas de taxes. Ça, c'est sûr. Parce que finalement, il est vice-président.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Très bien. Je crois qu'on arrive au terme de cette interview. Est-ce que vous avez des choses à ajouter ou un point qu'on n'aurait pas abordé ?

  • Speaker #1

    Non, je pense qu'un point qu'on n'a pas vraiment abordé, c'est nos efforts quotidiens pour rendre ce terroir vivant. Comment on a abandonné toutes nos zones de confort pour arrêter de... tous les intrants dans les plantes de la vigne. Et comment on veut apprendre à être biodynamicien en appât. Je commence à connaître les plantes, mais ça va me prendre cinq ans.

  • Speaker #0

    Vous n'êtes pas encore herboriste.

  • Speaker #1

    Ah non, j'ai du mal là-bas.

  • Speaker #0

    Très bien. Merci en tout cas d'être venue jusqu'à nous. Je vous souhaite une bonne fin de salon.

  • Speaker #1

    Merci de m'avoir invitée.

  • Speaker #0

    Et une bonne continuation. C'était sympa.

  • Speaker #1

    Et puis, je connais un ou deux de vos podcasts, mais je vais écouter les autres.

  • Speaker #0

    Très bien. Merci beaucoup. À bientôt. Au revoir. Merci d'avoir pris le temps de nous écouter et de nous être fidèles. Vous pouvez retrouver plus d'informations sur la famille Catiara et le château Smith au Laffitte sur 20divin.fr. Si vous avez apprécié ce contenu, partagez-le autour de vous, abonnez-vous à 20divin sur les plateformes de podcast ou sur les réseaux sociaux. Ce contenu a été créé avec le soutien de Alma, société de conseil en croissance digitale qui accompagne les marques dans leur transformation digitale et leur développement commercial. Pour ma part, je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour un prochain épisode de 20divin. En attendant, portez-vous bien.

Description

Florence Cathiard, fille de profs, qui a connu son mari Daniel lorsque tous deux étaient en équipe de France de Ski dans les années 60, a un parcours fascinant : après savoir racheté avec son mari la chaîne de magasin Go Sport en 1983, qui sera revendue en 1990 au groupe Casino, elle lance son agence de communication qui sera acquise par le groupe américain Mc Cann.


Ayant été initiés au Cabernet Sauvignon lorsqu’ils étaient athlètes de haut niveau, c’est tout naturellement sur les Bordeaux de la rive Gauche que les Cathiard jettent leur dévolu en rachetant à des négociants en décembre 1990 le domaine Smith Haut Lafitte, Grand Cru classé de Graves en appellation Pessac-Léognan.


Guerre du Golfe, gel, pluie...les débuts sont difficiles mais après avoir restructuré le domaine, introduit la biodynamie et bénéficié d'un premier bon millésime en 1995, Florence et Daniel Cathiard vont propulser en une trentaine d'années château Smith Haut-Lafitte parmi les crus les plus prestigieux de Bordeaux.


J'ai eu le plaisir de la rencontrer 🎙️lors du dernier salon Wine Paris.


A découvrir sur toutes plateformes de podcasts et sur www.20divin.fr


Belle découverte 🎧 !



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Florence Catiard, qui a connu son mari Daniel lorsque tous deux étaient en équipe de France de ski dans les années 60, a un parcours facile. Après avoir créé avec son mari la chaîne de magasins Gosport, qui sera vendue dans les années 90 au groupe Casino, elle lance son agence de communication qui sera rachetée par le groupe américain McCann. Ayant été initiée au Cabernet Sauvignon lorsqu'il était athlète de haut niveau, c'est tout naturellement sur la rive gauche de Bordeaux que les Catiards jettent leur dévolu, en rachetant fin 90 à des négociants le château Smith-Solafite, grand cru classé de Grave, en appellation Pessa Cléonian. Ils vont tout restructurer et après des débuts difficiles, vont connaître assez vite le succès qui en appellera d'autres. Je m'appelle Philippe Hermé, bienvenue dans Vin Divin. Bonjour Florence.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast Vin Divin. Qu'est-ce qui vous a amené finalement dans le...

  • Speaker #1

    Dans le vin. Dans le vin, c'était un vieux souvenir parce que comme on nous obligeait, comme je vous l'ai dit, à faire des descentes et qu'on était deux ou trois filles dans l'équipe à être beaucoup... plus mince par formaté pour les muscles et la masse musculaire qu'il faut pour les descentes. Sous les conseils de Jean-Claude et de nutritionnistes, on buvait un verre de vin rouge, Cabernet, Bordeaux, Rive-Gauche, parce que c'est le plus digeste des cépages, pour ne pas faire des Obtraken toute la nuit et dormir.

  • Speaker #0

    Ah d'accord, très bien.

  • Speaker #1

    Et du coup, quand on s'est mariés, très jeunes, avec Daniel, sortir de l'équipe, on a dit, écoutez, offrez-nous des bons canons, de bons Bordeaux, rive gauche, cabernet.

  • Speaker #0

    Très bien, donc vous arrivez sur la rive gauche en 1991.

  • Speaker #1

    On a acheté en décembre 1990 et on est arrivé en janvier 1991, enfin Daniel,

  • Speaker #0

    moi j'étais encore en pleine guerre du Golfe.

  • Speaker #1

    Avec ma canne, absolument, absolument, en pleine guerre du Golfe. Et les premières années ont été très très difficiles. Parce qu'en plus de la guerre du Golfe, on a gelé, comme tout Bordeaux. On a récolté 11% de ce qu'on pouvait espérer. Ça, c'était 1991. 1992, il n'a plus tout le temps. 1993, c'était une petite année. J'ai dit on est ruiné. En 2014, légèrement mieux, mais ce n'était pas terrible. Et en 2015, grand blanc, grand rouge. Il était frémentant.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, qu'est-ce que vous avez fait ? Vous êtes entouré des meilleurs ? Quand vous rachetez la propriété, vous n'êtes pas forcément une experte ni votre mari ?

  • Speaker #1

    C'était un terroir magnifique. C'est un monsieur vieille vigne qui nous l'a vendu. Ça ne s'invente pas, ça. D'accord. Et nous, on ne savait pas trop où tomber. Mais il nous a dit, là, c'est un grand terroir, pauvrement managé, mais c'est un grand terroir. Et effectivement, c'était managé par un négociant qui était en perte de vitesse et qui faisait pisser la vigne. Et heureusement, le... Le gérant était approché de l'âge de la retraite et on lui a fait une jolie retraite et mon mari a tout changé derrière. Il m'a même un peu effrayé parce qu'on a vendu pour presque rien la machine à vendanger qui était neuve. On a vendu les cuves qui étaient remplies à ras bord mais qui étaient beaucoup trop grandes. Et il a embauché deux jeunes, un pour la vigne et un pour le vin, qui étaient des jeunes diplômés, un ingénieur agro, un oenologue et un entredologue.

  • Speaker #0

    Et qu'ils ont toujours là ?

  • Speaker #1

    Alors, il y en a un des deux qui est toujours là et l'autre est passé dans une propriété annexe parce que tous les deux voulaient coiffer l'autre au bout de dix ans. Mais c'était légitime.

  • Speaker #0

    C'est Fabien Tétienne qui est resté ? D'accord, très bien. Alors, j'ai entendu ou lu, je ne sais plus, que vous êtes lancé dans la biodynamie grâce au roi d'Angleterre, qui à l'époque était le prince de Galles.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai toujours été fan du prince de Galles. Pourquoi ? Parce que... On est arrivé, donc en 91, on arrive dans une vigne entièrement chimique. Et nous, peut-être à cause de mon père, Walden, j'étais vraiment pénétré des principes de la bio et de la biodynamie. Et on essaye avec Daniel de les appliquer. Un désastre, parce que vous ne passez pas en claquant des doigts d'un vignoble chimique totalement conventionnel à un vignoble bio. Ce qui m'a aidé, c'est les écrits, les interventions du prince de Galles. Parce que lui, vous me direz, il avait déjà 12 jardiniers dans Highgrove, sa ferme bénie. Mais je buvais ses paroles, je lisais ses écrits et je l'ai rencontré un match de polo. Ça, ça devait être en 96 ou quelque chose comme ça. Et j'étais la seule à servir mon vin au milieu des Aston Martin et des gens très chics. Et le prince de Galles est venu, ce qui pour moi était une consécration. Et on a parlé de fumier organique pendant cinq bonnes minutes, ce qui est quand même très long.

  • Speaker #0

    Il est venu effectivement en septembre 2023.

  • Speaker #1

    Et on est le seul château qu'il ait choisi de visiter après que ses équipes, il y avait chaque fois 20 limousines anglaises, 20 limos françaises, et qui nous disaient c'est un ambassadeur, c'est un ministre. Enfin, on savait bien que ça devait être quelqu'un de grand, mais on n'avait aucune idée. Ah,

  • Speaker #0

    vous ne le saviez pas à l'avance ?

  • Speaker #1

    Non, ils sont venus quatre fois avant de nous dire qu'on était choisis.

  • Speaker #0

    Ah d'accord. Ils hésitaient. D'accord.

  • Speaker #1

    Pour tout vous dire, j'avais très peur de Palmaire, parce que Palmaire travaille comme nous, très propre. Oui. Et il est peut-être un peu plus prestige. Oui. Mais finalement...

  • Speaker #0

    Ils vous ont choisi.

  • Speaker #1

    Ils nous ont choisi.

  • Speaker #0

    Donc, vous êtes sûr qu'ils ne nous savent pas rappeler de votre rencontre ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Voilà. Parce qu'on a bavardé comme des vieilles connaissances. Et avec sa femme, Camilla, qui est très sympathique parce qu'elle était fille de marchand de vin.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc elle s'y connaît.

  • Speaker #1

    Elle s'y connaît bien. Et lui a fait une barrique. Et il a vu à mes regards plein d'espoir que j'aurais bien aimé qu'il la signe. Mais il avait un stylo à encre comme il m'a montré.

  • Speaker #0

    D'accord. Et qu'est-ce que vous leur avez servi alors lors de leur visite ?

  • Speaker #1

    Quel millésime ? Alors on leur a servi le 2005.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    On n'avait plus du tout à la vente, mais on a une belle cave privée heureusement.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Et c'était l'année de leur mariage avec Camilla. Ah,

  • Speaker #0

    très bien. J'imagine qu'il y avait un certain nombre de convives.

  • Speaker #1

    Il a fallu servir à 200 personnes. Aujourd'hui, il nous reste trois magnums, je crois. C'était prestigieux. C'était prestigieux. Ils se sont tous régalés. Et c'était très drôle d'ailleurs, parce que tout le monde était dehors. Donc, on était juste avec notre chronologue, Daniel et moi, et le couple royal. Et en fait, il y a le ministre des Armées qui est toujours là, qui s'est glissé au milieu. et les autres ministres des affaires étrangères étaient dehors. Mais je suis sûr du coup qu'il aime bien le vin.

  • Speaker #0

    Sébastien Lecornu ?

  • Speaker #1

    Monsieur Lecornu. D'accord. Il est encore ministre.

  • Speaker #0

    D'accord, tout à fait.

  • Speaker #1

    Peut-être grâce au bon vin de Solafit, espérons.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors moi, je vais vous faire une confidence. Lors d'une dégustation organisée à Paris, juste avant le Covid, j'ai eu un coup de foot pour votre millésime 2017 en blanc. Et je trouve que Smith's ou la fil Blanc, pour moi, c'est un des plus grands Bordeaux blancs. J'en ai d'autres aussi que j'ai pu déguster, mais le blanc, je trouve que c'est vraiment votre marque de fabrique et votre signe distinctif, me semble-t-il. Oui,

  • Speaker #1

    alors non, non, c'est pas personnel. C'est vrai, ça me flatte et en même temps, ça m'attriste un tout petit peu. Je vous explique pourquoi. Parce que notre blanc, on ne le tient pas, même en ces temps difficiles. Bon, il s'avère qu'on a un terroir très spécial en blanc, qu'on travaille à cheval. depuis 93, qui est pentu pour Bordeaux, qui est exposé nord, donc ça veut dire des mûrissements très lents, on travaille comme en sauterne, on a des vieux sauvignons, c'est un blanc qui est séquent, vous l'aimez ou vous ne l'aimez pas, mais si vous l'aimez c'est pour la vie, et on a un club d'affichés au Nadeau qui dès qu'on le sort, il est parti. Et par contre, on est dans les trois meilleurs de blanc. Y compris les Aubrions qui font des grands blancs aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #1

    Mais en rouge, on est dans, maintenant, je pense qu'on est dans les 15 meilleurs de la rive gauche, si je fais. Puisque c'est plus le grand gourou parquerre, maintenant, on en surveille 15. Mais on est toujours dans les 15 meilleurs. Enfin, il y a 15 critiques et nous, on arrive à être dans les 15 meilleurs.

  • Speaker #0

    C'est qui le nouveau parquerre ? C'est Suckling ?

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de nouveau parquerre. Non,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de nouveau parquerre. La région de Bordeaux et la rive gauche en particulier, est-ce qu'elle n'a pas été un peu victime de parquerre, justement ? puisqu'il y avait quand même une orientation très boisée, très...

  • Speaker #1

    Parker du début. Vous savez qu'à la fin, j'aime bien parce que c'est là qu'il nous a mis un sang sur notre 2009, il avait déjà beaucoup évolué. Parker, il a commencé en 82. Oui, oui. Et il n'aimait plus les vins sur stéroïdes, les blockbusters. Il disait que son vin d'île déserte serait au brillant 89, qui est tout en finesse.

  • Speaker #0

    D'accord. Vous avez donc aujourd'hui 80 hectares, c'est ça,

  • Speaker #1

    de vies ? C'est ça, 70 de rouges et 10 de blancs.

  • Speaker #0

    Voilà, le reste, ce sont pour les arbres, les forêts.

  • Speaker #1

    Il y a 45 hectares de forêt, ce qui est un privilège durement gagné parce qu'on est aux portes de Bordeaux.

  • Speaker #0

    D'accord. Et vous avez également d'autres propriétés dans le Bordelais, Château-le-Til et le

  • Speaker #1

    Château-de-Vauregard. Le Tile est de l'autre côté de la forêt. Et en fait, il y avait 10 hectares qui étaient... connecte au nôtre, mais comme c'est un très joli château et qu'il venait avec la vente des 10 hectares, on en a profité pour le réhabiliter et c'est notre fille et notre gendre qui sont propriétaires des sources de Caudalie qui maintenant gèrent le TIL. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors justement, dans la famille Catiard, je voudrais les filles. Vous avez... Aujourd'hui, une fille, Alice et son mari Jérôme, qui gèrent les complexes hôteliers, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ils ne gèrent pas, ils sont propriétaires.

  • Speaker #0

    Ils sont même propriétaires.

  • Speaker #1

    Et nous, on achète nos déjeuners ou nos dîners. Ils achètent nos vins, pas souvent à nous, parce que nous, on ne les livre pas six bouteilles par six bouteilles.

  • Speaker #0

    Et ils sont également à Cheverny, je crois.

  • Speaker #1

    À Cheverny, et ils ont les sources de Cheverny. Ils ont également racheté un magnifique château, personne n'est parfait, c'est en Bourgogne, le château Djili. et ils sont en train de le transformer complètement. Ils sont à deux minutes du Clos d'Oujo et ils ont racheté sur la route des vins en Alsace, le château Clos d'Issambourg aussi. Ils auront les quatre plus beaux endroits des quatre grands vins français.

  • Speaker #0

    D'accord, pas que vous dites que personne n'est parfait, vous êtes un peu un guéguerre.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas un guéguerre, mais quand même. C'est vrai qu'aujourd'hui, ça me prend au moins un bâtard m'enracher pour me calmer avec mon blanc.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Et votre autre fille, Mathilde et son mari Bertrand, ont lancé la gamme de soins à Caudalie. C'est un véritable carton. Eux,

  • Speaker #1

    ils nous ont largués, si je puis dire. Mais la famille, je crois que tout le monde travaille fort, dur dans ma famille. Et tout le monde travaille en couple, ce qui est très original. Et quand le couple marche, je croise les doigts et je touche du bois en vous parlant. Et pour l'instant, tout va bien, mais les résultats sont extraordinaires.

  • Speaker #0

    Alors, est-ce que c'est votre passé d'athlète qui vous a forgé cette... état d'esprit un peu de la compétition on va dire avec les valeurs de courage d'endurance de patience oui alors mes filles me le reproche parfois parce que aujourd'hui elles sont beaucoup

  • Speaker #1

    plus dans le management un peu empathique et me disent qu' on dirait toujours que je suis au départ d'une course internationale quoi alors que j'ai un âge avancé et Mais j'ai un peu de mal avec ces enfants et les petits-enfants maintenant, qui sont tous brillants. Et nos filles ont quand même pris ce style de leur faire faire des bonnes études et beaucoup de sport pour qu'ils ne soient pas des gosses riches.

  • Speaker #0

    Pour rester sur Bordeaux aujourd'hui, on sent quand même qu'il y a une certaine tension.

  • Speaker #1

    Une forte tension.

  • Speaker #0

    Une forte tension dans la région et notamment auprès des négociants et des grands crus. Ils ont beaucoup stocké et ils ont du mal aujourd'hui un petit peu à...

  • Speaker #1

    Les grands plus sont quand même privilégiés. Pas exagéré, on n'arrache pas nos vignes. Bien sûr. Comme l'entre-deux-mères le fait. Et on essaye d'être solidaires. Est-ce qu'on sentait la crise venir ? Nous, on espère que la place de Bordeaux, si vous voulez, les Johnston qui ne parlent que l'automne... Co-cruise qui ne parle qu'à Dieu, ça c'est le proverbe. Maintenant ce sont les enfants qui n'ont pas les deux pieds dans la même barrique. On avait la force de vente la moins chère et la plus belle du monde. Avec une capillarité que la terre entière nous enviait, puisque les meilleurs Californiens, les meilleurs Italiens viennent à Bordeaux pour se vendre. Et d'autres.

  • Speaker #0

    C'est un peu révolu ça.

  • Speaker #1

    C'est grippé. Je ne sais pas si ce n'est qu'une méchante grippe. Ils ont trop profité. des PGE, vous savez, c'est prêt à 0%, des taux de crédit très bas. Et malheureusement, il y a un moment où, in fine, il faut rembourser.

  • Speaker #0

    Et vous disiez lors de votre intervention sur scène il y a deux jours que vous préfériez la nouvelle génération de marchands, de négociants, de winemakers que celle que vous avez connue en arrivant à Bordeaux, qui était un petit peu plus engoncée, on va dire.

  • Speaker #1

    Ah mais c'est sûr, c'était... Nous, on estime qu'on est dans le petit luxe artisan avec Smith & Lafitte, si vous voulez. Mais à l'époque, on était considérés comme des manants. On venait de la distribution et du marketing. C'était un gros mot.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et on s'est fait... Heureusement qu'on était un couple solide parce que ce n'était pas facile. Et aujourd'hui, bien évidemment, je pourrais être leur maman. Mais j'adore, ils bougent. Sauf qu'en ce moment, ils sont coincés. parce qu'ils sont trop endettés et que les prêts ne sont plus au taux où ils étaient et qu'ils se sont un peu trop gavés avec des stocks qui ne sont pas toujours les bons stocks.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui vous a poussé à mettre un pied aux États-Unis ? Est-ce que c'est Opus One ? Est-ce que c'est d'autres vignerons français qui ont décidé d'aller là-bas ?

  • Speaker #1

    Non, en fait, c'était un vieux rêve parce qu'on était allés... Il faut se souvenir que quand on était Go Sport, le grand salon pour les sports d'hiver était à Vegas. Et nous, on passait par la Napa, juste pour voir. Et on avait découvert un endroit absolument merveilleux, même si on ne connaissait rien au vin et on trouvait les vins beaucoup trop musclés et manquants d'élégance. Mais on avait trouvé l'endroit magnifique. Et puis, on avait eu un moment, un peu le rêve de trouver un estate là-bas, un domaine. et en fait on ne nous proposait que des petits blocs de terre trop fertile, sédimentaire dans le plat de la vallée. Or nous si on changeait c'était pour avoir la montagne, les Maniakamas, Hockville ou Rufferford. Et puis on a oublié, enterré ce rêve, et il se trouve qu'en fin 90, out of the blue comme on dit en anglais, comme ça sans prévoir, il y a un Irlandais, qui avait vendu Smiths au Lafite et qu'on avait connu quand on avait racheté, puisqu'il travaillait pour le négociant.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Il a fait une énorme fortune, on n'a pas valé, parce qu'il a vendu à tous les riches étrangers en particulier qui voulaient s'installer dans ce petit paradis. Et il nous a appelés en disant, il y a un domaine qui est en indivision, qui n'est pas officiellement à vendre, qui est magnifique. pauvrement managé, la même histoire que Smith Olaphite, mais verticale. Donc ça doit plaire aux montagnards que vous êtes.

  • Speaker #0

    Alors vous êtes, vous avez toujours le sens du timing parce que vous rachetez Olaphite, Smith Olaphite en pleine guerre du Golfe, là vous rachetez Napa Valley en plein Covid, vous avez le sens du timing.

  • Speaker #1

    Horrible, mais bon, on aime les débuts durs parce que si on survit, ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. C'est ça, c'est ça.

  • Speaker #0

    Alors vous vous parlez d'une anecdote aussi il y a deux jours. Sur le fait que grâce à votre fille juriste, vous avez pu obtenir une dérogation pour aller...

  • Speaker #1

    Elle n'est pas juriste, elle a des bons avocats.

  • Speaker #0

    Elle a des bons avocats, d'accord. Et oui,

  • Speaker #1

    ils ont eu l'idée toute bête de dire... Parce qu'on a tout de suite démarré avec des gros investissements, il y en avait besoin pour transformer ce magnifique terroir en un magnifique vin. Et ils ont eu l'idée de dire, écoutez, c'est très simple, les quatières arrêtent tous les investissements si vous ne les déclarez pas, national, interest, exception, exception d'intérêt national. Et ça, c'est un langage que les Américains comprennent.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, vous avez pu...

  • Speaker #1

    On était seul dans les Boeing et les Airbus. On a pu amener notre chronologue et mon mari a fait un très bon 2020.

  • Speaker #0

    Il faut rappeler que le domaine que vous avez racheté a été créé en 1885 par deux frères écossais.

  • Speaker #1

    Oui, alors écossais, il y a un lien avec Smith-Solafi, puisque George Smith avait sa femme et sa famille en Écosse. même si lui était moitié anglais moitié écossais avec son business à bristol et la james et william rennie ils sont venus on les appelle nous les founding brothers les frères fondateurs oui et on les alors on a fait j'ai fait une étiquette un peu vieillotte qui ressemble à en quelque sorte un entourage de cigares un peu mais mais c'est différent et ça plaît j'ai meublé toutes les salles de dégustation et la maison comme s'il venait de partir avec des Chesterfield du

  • Speaker #0

    19ème. D'accord.

  • Speaker #1

    Il faut venir voir, c'est très beau.

  • Speaker #0

    En sachant qu'ils sont descendants d'un ingénieur qui était à Anoubli pour avoir construit le London Bridge, je crois.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que vous percevez comme différence aujourd'hui entre le marché américain ou la façon de faire des Américains dans la viticulture et la France et Bordeaux en particulier ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, il faut parler des... des méthodes de production qui sont très différentes. Autant vous êtes écrasé de coûts de toutes sortes en Napa, tout est très très cher. L'État de Californie est le plus cher, je crois, de tous les États. Et la Napa, c'est encore pire, si je puis dire. Est-ce que c'est cher les taxes ? Oui, oui, par exemple. Les investissements que vous faites, parce qu'ils estiment que vous ajoutez de la valeur à votre bien. C'est très bizarre, parce que nous, on ne gagne pas d'argent, évidemment. peut-être équilibré cette année. Et par contre, sur le vin, c'est beaucoup plus libre. Nous, on ne fait pas de crush pad, mais puisqu'on veut un vin avec un sens du lieu, on veut traduire le génie du lieu, et c'est magnifique avec un peu de sédimentaire, 20% sur Saint-Hélénas. Ensuite, on attaque avec la fameuse poussière de Rufferford, qui est une poussière magique. Et on monte dans les Mayakamas, où c'est le terroir volcanique. Donc, on gère ces trois... terroir et ça nous permet de faire des assemblages comme je dis À la bordelaise sans l'arrogance peut-être parce qu'il se méfie de nous un peu, mais c'est très élégant. Et puis il y a ces flaveurs de la Napa-Vallée que vous prenez dans le nez qui sont très fortes. Et on s'aperçoit qu'il y a une filière comme ça qui s'installe sur l'harmonie, les tannins dominés et l'élégance. Alors qu'il y a une autre filière qui est toujours boisée un peu. des vagues trop costauds.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous n'êtes quand même pas stressé, inquiète des signes de changement climatique que l'on peut très clairement percevoir, et notamment de tous ces feux qui existent en Californie ? On vient d'en voir un épisode récent.

  • Speaker #1

    On est aussi inquiets à Bordeaux, parce qu'à Bordeaux, maintenant, on a des tempêtes, on a des pluies violentes, on a des coups de chaleur violents. Vous savez qu'à Bordeaux, on n'a pas le droit d'irriguer. On est content d'avoir un très grand terroir avec des poches d'argile qui restent un peu humides. Mais on est inquiet, pas pour les mêmes raisons, des deux côtés dans nos domaines. On trouve que les mesures qui sont prises en Appa-Vallée, enfin pas en Appa justement, mais au niveau de l'Amérique, c'est dur parce qu'ils s'occupent. plus du tout de la planète qui est abîmée au-delà du point où elle peut guérir seule. Ça,

  • Speaker #0

    c'est peut-être lié au nouveau...

  • Speaker #1

    Bien sûr. Le reste, c'est complètement nouveau. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais ça, c'est pas bon. Son attitude vis-à-vis du climat est mauvaise.

  • Speaker #0

    Alors, vous parliez tout à l'heure d'arrogance française. Est-ce que l'arrogance rime avec l'élégance ?

  • Speaker #1

    Non. Enfin, nous, on veut l'élégance et l'harmonie, c'est sûr. Et on pense que la manière dont on arrive à apprivoiser nos tannins, à les rendre veloutés et à avoir une finale très longue, dense, bien qu'elle soit bio, ce qui n'est pas toujours évident, mais ça, on maîtrise bien maintenant. Et ça, c'est la nouvelle tendance. Même Screaming Eagle, le vin le plus cher du monde, il essaie d'être plus cher que la Roumanie-Comté.

  • Speaker #0

    À part le Bordeaux et les vins de la Napa Valley, quels sont vos autres coups de cœur dans le monde du vin ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un peu snob, ce que je vais dire, mais c'est vrai que j'aime bien... Je trouve qu'en Italie, moi, je préfère le Barbaresco. J'aime bien le Nebbiolo parce que c'est le vrai cépage italien dans le Piémont. En Espagne, je trouve par exemple que... Alvaro Palacios, il fait des grands vins aussi, même si les degrés montent un peu. Des meilleurs vins de la planète. Et de temps en temps, j'ai un coup de cœur.

  • Speaker #0

    D'accord. Si vous n'aviez pas été vigneronne, ou en tout cas propriétaire ou copropriétaire de Château-Smith-Solafite, qu'est-ce que vous auriez aimé faire ?

  • Speaker #1

    À un moment, avec Daniel, on pensait partir dans l'or blanc. D'accord. Puisqu'il y avait de la neige à l'époque. Bien sûr, bien sûr. Et on était les seuls à parler anglais. Oui. Et on avait la possibilité de diriger une station.

  • Speaker #0

    À Spain ou… Non,

  • Speaker #1

    pas à Spain, mais c'était… Oui, mais c'était pas mal. Aux États-Unis ? C'était aux États-Unis, bien sûr. D'accord, d'accord. Dans Colorado, oui. D'accord. Et on s'est posé la question. Et puis, lui, il avait quand même une charge de famille et il fallait redresser les affaires. Comme je l'ai dit, c'était pas en très bon état quand le skieur est arrivé pour les reprendre.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors vous avez rencontré, on l'a dit tout à l'heure, le roi d'Angleterre il y a un peu plus d'un an. Quelle personnalité auriez-vous aimé rencontrer dans votre carrière ?

  • Speaker #1

    À part le roi d'Angleterre,

  • Speaker #0

    c'est quand même…

  • Speaker #1

    Le prince de Galles, j'étais focus sur lui depuis très longtemps. Mais il y en a un que j'ai rencontré dont je regrette la disparition tous les jours, c'est Michel Serres. Ah oui. Parce qu'il adorait le vin de Bordeaux, c'était devenu un ami. Et autant ses livres sont durs à lire, quand il parlait, au bout d'un quart d'heure, vous vous sentiez plus intelligent. Donc il me manque.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Alors qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour les prochaines années, tant à Bordeaux que à Caracas ?

  • Speaker #1

    Vous savez, pour faire un grand vin, il faut quatre thématiques. Il y a bien sûr les cépages que vous utilisez, ça on maîtrise parfaitement. Il y a l'équipe et son engagement, elle est fantastique, je ne peux pas rêver de meilleure équipe. C'est une femme d'ailleurs qui est winemaker ? Bien sûr, c'est Justine, qui est ingénieure agro et oenologue et qu'on a formée à Bordeaux. Elle est Head Winemaker and General Manager. Très bien. Et donc, il faut aussi exprimer le génie de son terroir. Ça, on le fait. Par contre, la climatologie, ce qui nous vient du ciel, c'est ça ce qu'il faut me souhaiter. Ne maîtrise pas. Un bon climat, une planète guérie, des gens qui font attention. Nous, on a été les premiers à recycler le CO2 émis par nos cuves en 20 tonnes. en 8 tonnes de bicarbonate de sodium qu'on vend pas cher du tout pour faire de la spiruline. Et on est très heureux que des châteaux comme Montrose ou comme Dujac en Bourgogne ou l'université de Davis qui l'a mis au programme font cela également. C'est bien. Mais bon, c'est des petites gouttes d'eau. Il faut un engagement mondial.

  • Speaker #0

    Et est-ce que votre prochain projet, ce ne serait pas d'envoyer une caisse de châteaux Smith ou Lafitte à Elon Musk pour qu'il l'embarque sur Mars ?

  • Speaker #1

    Non, j'aimerais mieux qu'ils le boivent et qu'ils ne nous mettent pas de taxes. Ça, c'est sûr. Parce que finalement, il est vice-président.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Très bien. Je crois qu'on arrive au terme de cette interview. Est-ce que vous avez des choses à ajouter ou un point qu'on n'aurait pas abordé ?

  • Speaker #1

    Non, je pense qu'un point qu'on n'a pas vraiment abordé, c'est nos efforts quotidiens pour rendre ce terroir vivant. Comment on a abandonné toutes nos zones de confort pour arrêter de... tous les intrants dans les plantes de la vigne. Et comment on veut apprendre à être biodynamicien en appât. Je commence à connaître les plantes, mais ça va me prendre cinq ans.

  • Speaker #0

    Vous n'êtes pas encore herboriste.

  • Speaker #1

    Ah non, j'ai du mal là-bas.

  • Speaker #0

    Très bien. Merci en tout cas d'être venue jusqu'à nous. Je vous souhaite une bonne fin de salon.

  • Speaker #1

    Merci de m'avoir invitée.

  • Speaker #0

    Et une bonne continuation. C'était sympa.

  • Speaker #1

    Et puis, je connais un ou deux de vos podcasts, mais je vais écouter les autres.

  • Speaker #0

    Très bien. Merci beaucoup. À bientôt. Au revoir. Merci d'avoir pris le temps de nous écouter et de nous être fidèles. Vous pouvez retrouver plus d'informations sur la famille Catiara et le château Smith au Laffitte sur 20divin.fr. Si vous avez apprécié ce contenu, partagez-le autour de vous, abonnez-vous à 20divin sur les plateformes de podcast ou sur les réseaux sociaux. Ce contenu a été créé avec le soutien de Alma, société de conseil en croissance digitale qui accompagne les marques dans leur transformation digitale et leur développement commercial. Pour ma part, je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour un prochain épisode de 20divin. En attendant, portez-vous bien.

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