- Speaker #0
Là, tu viens de parler aussi de toi, j'imagine, tes sentiments en tant que frère. J'imagine que c'est un désespoir très profond de voir son frère sombrer comme ça. Mais toi aussi, en tant que dirigeant, comment tu vois, pour des gens peut-être qui peuvent vivre des choses similaires, avec un associé qui est défaillant, quelle que soit la raison, comment tu fais la part des choses, comment tu avances, comment tu as réagi dans ces moments-là ?
- Speaker #1
Déjà, sur l'association, on en a parlé pas mal au Club Boostrap. pour ne rien te cacher et c'est vrai que certains dirigeants que j'ai rencontrés en une soirée me disaient ouais écoute c'est chaud avec mon associé, j'ai l'impression de tout faire et puis on a 50-50 on est payé pareil et puis voilà comment tu fais toi en plus avec ton frangin etc donc nous je pense que c'était finalement une force même si au quotidien c'était pas évident de pouvoir se dire les choses et d'être totalement transparent et je pense que c'est un signal important à voir et à capter si tu sens que ton associé justement n'est pas là pour te soutenir quand t'as une galère et que t'es pas bien et qu'il commence à se stresser à te faire des reproches etc je pense que c'est un gros red flag et là il faut faire hyper attention pour la suite et je pense que sortie de dépression il est important de se poser des questions et donc là dessus après comment se relever je pense que chaque personne réagit différemment personnellement moi j'ai jamais vraiment fait mon deuil parce que tu vois j'ai posé une demi journée le temps de l'enterrement ... En fait, je ne me suis pas arrêté du tout. Je suis plongé dans le taf à franc la caisse. Tu as été doublé en mettant dans le truc. Donc, à la fois, je voulais plonger. Je voulais et tout le monde me disait, Julien, fais une pause, fais-toi accompagner, va voir un psy, etc. Et en fait, je me suis dit, non, non, non, il faut que je sois fort. Je n'ai pas envie de me livrer. Là, il faut avancer, il faut relever la barre. Et finalement, c'était mon choix. Et je ne le recommande pas particulièrement. Je pense que ça dépend des personnalités. Ça dépend des gens. moi je pense que se faire accompagner c'est hyper cool aussi S'il y a plein de spécialistes et aujourd'hui qui existent avec plein de démarches différentes, c'est important. Il y a le coaching aussi qui est pas mal. Là, en l'occurrence, moi, mon souhait, c'était de me plonger dedans. Et puis après, ma force, en fait, je l'ai puisé dans l'envie de relever la boîte qui n'était pas en difficulté. À part que moi, je me suis retrouvé du jour au lendemain à avoir aucun suivi sur la compta. sur les chiffres, sur le business, donc c'était hyper chaud.
- Speaker #0
Parce qu'à l'époque, même quand ton frère est décédé, il avait encore une main sur la comptabilité.
- Speaker #1
Oui, c'est lui qui me disait, voilà, les devis, c'est lui qui gère, les factures, c'est lui qui gère. Oui, oui, exactement.
- Speaker #0
Donc il avait gardé quand même un petit rôle pour le tenir à flot.
- Speaker #1
Et puis d'un autre côté, en fait, il ne voulait, je ne pense pas forcément tout lâcher et tout transmettre parce qu'il avait peur aussi que ça l'éloigne encore davantage au D&D.
- Speaker #0
Et en fait,
- Speaker #1
justement, il m'avait dit, non, non, mais j'ai resté admin sur tel truc, tel truc. Donc je le sollicitais. Donc ça a été vraiment compliqué. Puis au bout d'un moment, je lui ai dit, écoute, pour soulager, on va l'arbatterir. Mais je partais de zéro parce qu'on n'avait pas les outils qu'on a aujourd'hui. Et donc ça a été hyper chaud pour tout. Pour recoller les ventes. Pour tout construire l'idée et tout. C'était un peu technique. Et puis après, l'envie de faire en sorte que D&D se relève, poursuivre l'aventure. Juste poursuivre l'aventure, c'est déjà vachement cool. Et puis là, tu as plein d'idées noires en tête. De dire, OK, est-ce que j'ai les épaules ? Est-ce que je ne pourrais pas vendre la boîte ? concours de circonstances, tu as des concurrents qui commencent à s'approcher et te dire « Ouais, Julien, écoute, ça peut être pas mal, la boîte elle est canon, je sais que... » Il y a des concours qui arrivent sur ce genre de monde, c'est ouf. Mais bien sûr, bien sûr. Donc, sous couvert de ces portes aidées, donc voilà, fondamentalement, ils se sont dit « Ouais, il va galérer, et c'est l'occasion de pouvoir peut-être mettre la main sur la boîte, quoi. » Et finalement, cette envie-là, et puis surtout, l'équipe que j'avais, qui est dingue et que j'adore, ils se reconnaîtront évidemment. Mais c'est le choix à un moment donné où tu te dis, le lead développeur devient CTO de la boîte, donc prend la place de mon frangin. Le jeune commercial, il devient un directeur commercial de la boîte. Il avait la vingtaine, donc c'est très jeune. Et il est toujours là aujourd'hui. Thibaut se reconnaîtra évidemment. Et puis pareil, le marketing, Camille qui faisait son alternance, écoute, je te lâche les rênes. La partie créa, pareil. Et ça, c'est génial. Et Geoffrey nous a vachement aidés. Et derrière, on s'est dit, écoute, on va donner un nouveau chapitre à l'agence. Et à la fin, on a fait ce qu'on a pu dans un premier temps. Et puis, progressivement, ça a commencé à voir de la gueule. On s'est dit, bon, il y a peut-être de l'espoir. Et franchement, quand je les ai réunis en cette salle pour dire, voilà, les gars, les filles, moi, je veux continuer l'aventure, mais j'ai besoin de vous. Est-ce que vous me suivez ? Est-ce qu'on y va ? Et aucune hésitation, on dit oui, on y va.
- Speaker #0
Le lendemain, dès le lendemain, tu leur as dit ça ? Et au fond de toi, tu y croyais que tu voulais continuer l'aventure ?
- Speaker #1
Écoute, au fond de moi, j'y croyais oui, parce que ça s'est fait un petit peu avant. C'est-à-dire que quand Christophe a commencé à tomber malade, quand on a restructuré la boîte, c'est à ce moment-là que j'ai demandé s'ils étaient chauds pour continuer l'aventure. Et clairement, il n'y a pas eu une hésitation. J'ai eu certains d'entre eux qui m'ont dit « Julien, nous... » D&D ça a toujours été toi et Christophe mais pas que Christophe et donc là dessus ça m'a donné confiance en moi ils m'ont soutenu, ils étaient là et franchement c'était dur, c'était important et aujourd'hui je suis hyper fier, je les kiffe comme jamais et ce qui est super c'est qu'ils m'ont fait aussi m'entourer de personnes complémentaires et aujourd'hui D&D grâce à eux grâce à des superbes rencontres à des amis qui sont allés chercher dans d'autres boîtes finalement on a constitué Et... une société qui est à l'image de ce que mon frère imaginait, de ce que moi j'imaginais, et je suis hyper fier de ça.
- Speaker #0
C'est beau, je te sens très ému en plus d'en parler, ça rejoint le discours que tu as eu auprès de tes équipes, mais je trouve que c'est tellement la preuve qu'avoir des gens autour de toi qui sont bien sélectionnés, qui sont dans nos valeurs, qui sont des gens bienveillants aussi, pas dans le sens galvaudé, parce qu'on dit la bienveillance a toute sauce aujourd'hui, mais des gens qui vraiment vont être là quand tu vis la période la plus difficile. C'est ça qui te donne la force de continuer en tant que dirigeant, quel que soit le drame que tu vis, parce que plein de gens vivent des drames. Parfois, ça peut être un drame personnel, là, c'est particulier, parce que ça mélange le business et le perso. Mais il y a tellement de gens qui vivent des drames et qui le vivent silencieusement, qui n'en parlent pas et qui, du coup, parfois, plantent leur boîte parce qu'ils n'ont plus d'énergie, plus de force. et donc je trouve que c'est tellement aussi une belle leçon Tu as réussi à en parler vite et agréger les gens autour de toi pour te donner du soutien et te demander de l'aide. Je trouve que c'est vraiment une belle leçon.
- Speaker #1
Chaque histoire est différente. Tu as reçu Alex Monetti qui disait qu'il se faisait harceler quand il était jeune. Lui, il a puiser cette force-là. Tu as Emery aussi qui a eu des difficultés. Tu as le côté enfance. Pour le coup, l'enfance, j'ai l'impression d'avoir une enfance jusqu'au divorce de mes parents relativement bien, clean. J'ai l'impression d'être hyper bien loti. Puis après les choses, le divorce, les complexités de la vie font que finalement, tu découvres un peu la vraie vie. Et je pense que c'est important, mais on n'est pas tous préparés à ça. Et clairement, ça peut être un moteur. Et je pense aussi fondamentalement que les personnes qui m'entourent aujourd'hui ont tous vécu quelque chose qui les a rendus hyper forts et qui leur a donné envie de prendre une revanche sur la vie. Et je pense que c'est ça la force de chaque membre de mon équipe, en tout cas de mon codire. étendu même aujourd'hui, ils ont tous, ceux qui ont vraiment la hargne et qui sont hyper chauds pour nous accompagner, qui s'investissent sans que je leur demande quoi que ce soit, ils ont tous une revanche. Parfois d'être le vilain petit canard de la famille, d'autres d'avoir été élevés un peu à la dure. Et puis finalement, on se réunit tous autour d'une problématique qui peut être vécue différemment par chacun, mais on peut en faire un moteur et pour le coup, ça a été notre cas.