- Jean-Michel Canitrot
La clé du succès, comme on dit, c'est de savoir s'entourer. Tu ne peux pas tout faire tout seul. Donc un artiste qui veut se développer dans une direction quelle qu'elle soit, c'est-à-dire la scène ou aller en direction des radios, doit avoir soit un manager ou un attaché de presse. Sinon, c'est quasiment mission impossible.
- Pascale Wakim
Bonjour à tous et à toutes, bienvenue en direct du Paris Radio Show à la Bellevilloise. Vous écoutez le podcast Agent Double et aujourd'hui on a la chance d'être au cœur de l'événement pour une émission spéciale et ce podcast ne serait pas le même sans mon acolyte. mon associé Pascale Wakim. Salut Pascale. Tu serais mieux.
- Rand Khalek
Non, non.
- Pascale Wakim
On est super heureux de vous accueillir ici et au milieu des pros de la radio, évidemment, de la musique. Et si vous ne connaissez pas encore Agent Double, Agent Double, c'est le podcast où on part à la rencontre des agents artistiques et sportifs pour savoir comment ils créent le succès des autres.
- Rand Khalek
Exactement. Et aujourd'hui, on vous propose un échange passionnant avec un invité qui connaît la musique mieux que personne, Jean-Michel Canitro.
- Jean-Michel Canitrot
Merci. C'est un grand honneur.
- Pascale Wakim
Bienvenue à toi Jean-Michel
- Rand Khalek
Ça va, tout va bien ?
- Jean-Michel Canitrot
Oui super,
- Pascale Wakim
très content d'être là Jean-Michel est un habitué de la radio
- Rand Khalek
C'est vrai, le micro ne lui fait pas peur D'ailleurs, on va te demander Est-ce que tu peux te présenter en une petite minute Pour les gens qui nous écoutent
- Jean-Michel Canitrot
Donc en une petite minute, je suis Bonjour à tous Et à toutes Je suis attaché de presse Depuis un certain nombre d'années J'ai commencé en fait dans les années 80 Donc, j'ai eu la chance de travailler dans différentes maisons de disques. Et il y a à peu près 20 ans, j'ai lancé ma société en indépendant. Ça s'appelle Canitrot & Co. Et je continue à faire ce que je fais depuis des années, c'est-à-dire assurer la promotion des artistes, des jeunes talents. Et continuer à entretenir ce lien privilégié que j'ai. Avec la radio, avec la radio et les gens de radio et aussi parce qu'il m'est arrivé aussi de faire de la radio. Donc voilà, pour moi, c'est le média de prédilection.
- Rand Khalek
Justement, c'est notre première question parce que voilà. En fait,
- Pascale Wakim
on a eu du mal, on ne savait pas par où commencer.
- Rand Khalek
Tu as fait beaucoup de choses dans ta vie, mais on s'est quand même rendu compte que ton amour. c'était la radio.
- Jean-Michel Canitrot
Oui.
- Rand Khalek
C'est quoi ton rapport au micro ?
- Jean-Michel Canitrot
Alors, mon amour, d'abord, c'est la musique. Ouais.
- Rand Khalek
À travers la radio.
- Jean-Michel Canitrot
Voilà, à travers la radio. Parce que la radio, pour moi, c'est un vecteur de transmission de la musique. Après, ça transmet d'autres choses, si on aime l'information ou d'autres choses. Mais pour moi, en priorité, c'est la musique. C'est ma première passion. Et effectivement, pour moi... La façon de pouvoir transmettre cette passion, c'est à la fois dans la défense des artistes que j'ai en promotion, et puis aussi quand j'ai fait de la radio, d'arriver à construire des émissions dans lesquelles je propose mes choix et mes coups de cœur.
- Pascale Wakim
Alors avant de faire de la radio, tu as commencé ta carrière en tant que chanteur.
- Jean-Michel Canitrot
Non.
- Pascale Wakim
Tu ne disais pas que ton rêve était de passer à la télé ?
- Jean-Michel Canitrot
Non.
- Rand Khalek
On a des mauvaises sources. On a des mauvais impôts.
- Pascale Wakim
Qu'est-ce qui se passe ?
- Rand Khalek
Mais par contre, ce qui est vrai, c'est que tu as été DJ et disquaire.
- Jean-Michel Canitrot
Tout à fait. Ah,
- Rand Khalek
voilà.
- Pascale Wakim
Et que tu as une grande collection de vinyles. Tu es un collectionneur de vinyles.
- Jean-Michel Canitrot
Oui, absolument. D'accord.
- Rand Khalek
Quel est le premier vinyle que tu as acheté, tu t'en rappelles ?
- Jean-Michel Canitrot
Bien sûr. Alors, je vais répondre d'abord à Pascal. Je ne sais pas où tu as trouvé cette info. Comme quoi, j'ai rêvé d'être chanteur.
- Pascale Wakim
Google se trompe complètement.
- Jean-Michel Canitrot
À Google, je pense qu'il se trompe, oui, tout à fait. Il n'y a pas Google.
- Pascale Wakim
On a recoupé des sources, mais bizarrement, on n'a pas trouvé.
- Jean-Michel Canitrot
Non, non, non, non. Heureusement, je n'ai jamais essayé d'être chanté parce que je pense que ça aurait été catastrophique. Et puis, j'ai essayé de faire de la musique, mais... Je n'y suis pas vraiment arrivé. Ce n'était pas très probant. Pour moi, le solfège, c'était quelque chose de très, très rébarbatif. Donc, pour moi, la façon de faire de la musique, la meilleure façon pour moi, c'était de passer des disques. Premièrement, dans des discothèques et ensuite à la radio. Et comme je voulais vraiment travailler dans le monde de la musique, mon premier job, ça a été en tant que... On le dit toujours, j'espère, disquaire. Pour répondre à ta question, le premier disque que j'ai acheté ?
- Rand Khalek
Le premier vinyle.
- Jean-Michel Canitrot
Le premier vinyle, bien sûr. Forcément, c'était un vinyle parce que c'est tellement culte. Premier album, j'ai commencé très très fort. J'étais ado. Pour moi, le choc que j'ai eu, c'était le rock, dès le départ. Il faut dire que j'ai été bercé dans mon enfance par ceux qui écoutaient mon papa. Lui, il écoutait les Beatles, il écoutait Pink Floyd, etc. Moi, le premier vrai album que j'ai acheté, c'est un monument du rock, c'est l'album Machine Head de Deep Purple, sur lequel il y a Smoke on the Water. Voilà, c'est du lourd, c'est du lourd, mais il n'y avait pas que Smoke & The Water. L'album en entier était juste monumental. Puis après, évidemment, j'ai acheté d'autres vinyles. Mais c'est vrai qu'à l'époque, quand on achetait des... Je peux parler comme un vieux con, mais quand on achetait des disques... On avait vraiment l'impression, quand on allait dans un magasin à la FNAC ou ailleurs, pour acheter des disques, quand on revenait chez soi, on avait l'impression d'avoir acheté un véritable trésor. C'est un objet,
- Rand Khalek
quoi. Voilà. Il y avait des trucs à lire.
- Jean-Michel Canitrot
Et puis voilà, on découvrait.
- Rand Khalek
Un fantastique sur la pochette.
- Jean-Michel Canitrot
C'est ça, on rentrait dans l'univers d'un artiste parce qu'on écoutait le disque du début jusqu'à la fin.
- Pascale Wakim
Voilà, il y avait ça aussi.
- Jean-Michel Canitrot
Voilà.
- Pascale Wakim
Non compressé.
- Jean-Michel Canitrot
Voilà, non compressé.
- Pascale Wakim
On est bien sur les instruments.
- Jean-Michel Canitrot
C'est ça, absolument, en stéréo. Et puis maintenant, on a peut-être un autre rapport avec la musique qui est peut-être tout aussi intéressant, mais qui n'est peut-être pas forcément le même. C'est-à-dire qu'on découvre la musique, on l'écoute à la radio, évidemment, mais on l'écoute aussi sur les plateformes, sur les Deezer ou Spotify.
- Rand Khalek
Que tu portes dans ton cœur ou pas trop ?
- Jean-Michel Canitrot
Je n'ai pas d'opinion là-dessus. Je trouve que c'est pratique d'un point de vue personnel parce qu'on se fait ses playlists.
- Pascale Wakim
Et puis, on découvre une foule.
- Jean-Michel Canitrot
Voilà.
- Pascale Wakim
C'était incroyable.
- Jean-Michel Canitrot
Alors du coup, on devient aussi un peu… On emmagasine des titres, des titres, des titres. Voilà. Et puis, en fait…
- Pascale Wakim
On va moins dans l'univers.
- Jean-Michel Canitrot
Voilà, c'est ça.
- Pascale Wakim
C'est ça.
- Jean-Michel Canitrot
Mais bon, voilà. Oui, j'ai un compte Spotify. J'ai mes playlists. Maintenant, ce qui manque par rapport à la radio, c'est la proximité. Donc, je pense que les plateformes de stream ne remplaceront jamais cette relation unique qu'on peut avoir avec la radio, avec quelqu'un qui vient vous raconter, qui vient vous porter dans des choix musicaux.
- Pascale Wakim
Et alors, justement, comment tu rentres en radio ? Au début, tu as commencé en étant animateur. On avait noté que tu étais animateur sur Skyrock à un moment donné. Les Skyrock Connection, toujours avec le rock.
- Jean-Michel Canitrot
Absolument.
- Pascale Wakim
Le rock californien en particulier, tous les week-ends.
- Jean-Michel Canitrot
Oui,
- Pascale Wakim
tout à fait. Les sources sont bonnes.
- Jean-Michel Canitrot
Les sources sont bonnes. Là, elles sont très bonnes. Bravo, Pascal.
- Pascale Wakim
Et là, c'était l'âge d'or de la radio pour toi à cette époque ?
- Jean-Michel Canitrot
Oui, alors il a commencé un petit peu avant parce que j'ai eu le privilège. Parce que tu disais comment on rentre en radio. Alors, c'était une époque bénie. C'était le début des années 80. Donc, c'était des radios libres. C'était aussi une époque bénie dans le sens où... C'était pratiquement le plein emploi dans beaucoup de domaines. Moi, quand j'ai travaillé en maison de disque, ça s'est fait assez facilement. Quand j'ai travaillé en discothèque aussi. Et quand j'ai travaillé en radio, suffisait presque de toquer à la porte d'une radio, d'envoyer une cassette et de dire j'ai envie de faire de la radio. Et on te disait, oui, on va vous faire faire un test. Et puis, la plupart du temps, le test était validé, c'était concluant. Donc j'ai travaillé, comme tu le disais, à Skyrock, mais ma première grande aventure radio, parce qu'il y a eu quelques radios libres avant, des petits essais, mais première grande aventure pour moi, ça a été... RFM. Voilà, RFM. À la grande époque d'RFM, c'est-à-dire le lancement de cette radio mythique, et c'était la radio qu'on appelait à l'époque, RFM, la radio couleur, parce que c'était une radio qui, dans son format... puisqu'on emploie ce terme maintenant, mais aussi dans son esprit et dans sa musique. Transporter des auditeurs dans un son californien, west coast, rock, classic rock. C'est tout ce que j'ai aimé, vraiment. Et après, j'ai prolongé ça sur Skyrock, dans l'émission Skyrock Connection.
- Rand Khalek
Et tu décides finalement de lâcher le micro par manque de liberté, tu dis, dans une interview. Parce qu'en fait, on ne te laissait plus trop la possibilité de choisir des titres que tu passais à l'antenne. Est-ce que ça s'est vraiment passé comme ça ?
- Jean-Michel Canitrot
Oui, c'est vrai qu'au début... Les débuts de la radio, ça a donné des vocations pour des gens. Ça a aussi permis de s'exprimer en toute liberté. Alors, il y avait des radios... à l'époque assez intéressante et très référente dans l'esprit liberté d'expression comme Carbone 14 voilà qui était une radio un petit peu provoque même très provoque mais il y a eu aussi effectivement des un peu n'importe quoi dans les radios puisque c'était des radios libres la vraie radio première radio professionnelle sur laquelle j'ai travaillé c'est RFM parce que on nous a donné dès le départ des des codes et des façons de travailler qui sont encore en place maintenant.
- Rand Khalek
Quand tu vois Skyrock aurjourd'hui, ça n'a aucun rapport avec l'époque où toi tu étais.
- Jean-Michel Canitrot
Voilà, alors effectivement, ça n'a aucun rapport.
- Rand Khalek
C'est vraiment même à l'opposé de programmation.
- Jean-Michel Canitrot
C'est à l'opposé, effectivement. D'ailleurs, c'est surprenant que cette radio s'appelle Skyrock alors qu'elle ne passe plus de rock. Depuis très longtemps. Depuis très longtemps et puis trop longtemps. Trop longtemps. Mais bon, voilà, ça, c'est le choix de la direction de Skyrock avec lesquels d'ailleurs... Je garde toujours des bons souvenirs de mon passage chez eux et de bons rapports, mais à un moment, nos chemins se sont séparés. Ce n'est pas moi qui ai décidé de partir. C'est une décision qui a été de la direction de changer le format de Skyrock, qui au début était une radio musicale tout genre confondue, mais avec une dominante rock, puisque au départ c'était... Une radio qui était née sur les bases de cette radio parisienne s'appelait La Voix du Lézard. Après c'est devenu Skyrock. Et donc pendant ces quelques années du début de Skyrock, la super radio, c'est comme ça qu'on l'appelait à l'époque, avec des jingles et des bandes annonces incroyables. Donc cette radio est devenue à un moment... Skyrock, plus de tubes et moins de pubs. Ce qui fait qu'à n'importe quel moment où on se branchait sur Skyrock, on ne devait entendre que des tubes. Du coup, exit toutes les émissions thématiques qu'elles parlent par exemple de cinéma ou d'autres choses. Et aussi la mienne, puisque je passais des tubes, mais je passais pratiquement que du rock. Donc voilà, du coup, j'ai dû partir. Et ça, c'était la période de transition avant que Skyrock devienne la radio du rap. Voilà. Donc du coup, je suis parti de Skyrock. Et puis après, j'ai fait d'autres aventures avec d'autres radios.
- Pascale Wakim
Donc, tu as continué à travailler en radio, mais après, tu es devenu attaché de presse avec une spécialité pour la radio. C'est ça,
- Jean-Michel Canitrot
c'est ça.
- Pascale Wakim
Et ensuite, tu as aussi touché à la direction des services de promotion pour des grandes majors. Donc, tu as... Tu as travaillé avec un petit peu tout le monde, Virgin, Sony, Universal. Oui. Et en fait, c'était quelle année ? C'était, si tu nous un petit peu, parce que sur ton site, on a lu que tu étais amené à défendre des artistes. Alors, je vais dire un petit peu c'est qui les artistes. Donc, on parle quand même de U2, on parle de Michael Jackson, Nirvana, Aerosmith, Genesis. Et c'est vrai que quand on l'a lu sur ton site, on s'est dit, qu'est-ce que ça veut dire défendre ?
- Rand Khalek
Il faut nous éclairer.
- Pascale Wakim
Défendre Michael Jackson, défendre du tout. On n'a pas très bien compris là.
- Jean-Michel Canitrot
Ils ne sont pas indéfendables.
- Rand Khalek
Non, mais j'imagine que quand tu arrives avec un titre d'un de ces artistes-là en radio, personne ne va te dire, je ne sais pas, je vais réfléchir. Ils le prennent tout de suite.
- Jean-Michel Canitrot
Bien sûr, oui, ils le prennent tout de suite.
- Rand Khalek
Dans quel sens tu peux les défendre ? Puisque par définition, ils ont l'air...
- Jean-Michel Canitrot
Disons que pour peut-être être un petit peu plus juste, on les représente. Oui. Voilà. D'accord. Mais pour situer dans le temps, c'est vrai que les deux carrières que j'ai, Centremel et quelque part ce chevauche, parce que j'ai eu ce privilège de travailler pratiquement en simultané, du moins au début de ma carrière, en radio et en maison de disques. Donc j'ai commencé chez Virgin. France, pas la radio, Virgin Records France en 1981. Et j'ai commencé aussi à travailler en parallèle la même année dans quelques radios libres, puis ensuite à RFM. Après, vous avez suivi mon cursus vers Skyrock et d'autres radios. Ça ne m'a pas posé de problème éthique de travailler en radio et à la fois d'être attaché de presse pour amener des nouveautés en radio. Parce que je faisais vraiment le distinguo des deux. C'est-à-dire que quand je suis en radio, je ne passe pas les artistes dont je m'occupe. En tout cas, je ne les mets pas plus en avant que les autres. Et quand je suis dans une maison de disques, je ne fais pas de favoritisme par rapport à la radio dans laquelle j'officie. Et je pense que ça, ça a été très bien compris et perçu par les gens qui ont su que je faisais la part des choses. Et peut-être ça m'a aussi un peu avantagé parce que quand je vais voir les gens de radio... comme je fais ou j'ai fait de la radio, ils ont ce sentiment que je comprends peut-être plus que certains autres.
- Rand Khalek
En forme de légitimité aussi.
- Jean-Michel Canitrot
Leurs problématiques, leurs contraintes ou leurs formats. C'est sûr que je ne vais pas parler d'un artiste dance music à WeFM, par exemple. C'est bizarre. C'est une évidence.
- Rand Khalek
Et tu as été amené à rencontrer ces artistes-là, parfois ?
- Jean-Michel Canitrot
Oui, oui, tout à fait. Donc voilà, alors écoute, ce que vous avez vu sur mon site, ce n'est pas ce qu'on appelle du name dropping. On ne dit pas, ouais, j'ai travaillé avec un tel, avec un tel. Et puis en fait, ce n'est pas vrai. Je les ai rencontrés. J'ai travaillé à un moment sur ces artistes-là. Donc effectivement, moi, au début de ma carrière, j'ai eu la chance de voir l'émergence d'artistes français comme Étienne Dao, comme Rita Mitsouko, avec lesquels j'ai travaillé. Donc forcément, je les ai côtoyés. Ensuite, ce sont adjoints et sont arrivés dans le label où j'étais Virgin, des grands artistes comme Julien Clerc, comme Renaud, comme Téléphone, comme Alain Souchon. Donc forcément, ces gens-là, à un moment, tu les vois, tu les accompagnes, tu les emmènes en interview ou tu vas les voir en concert. Ensuite, quand j'étais chez CBS, Sony Music maintenant, c'était pareil. avec Jean-Jacques Goldman, que j'ai rencontré, que j'ai côtoyé. C'était sur l'album Entre Gris Clair et Gris Foncé, en particulier. J'ai travaillé avec Ausha, avec George Michael. Alors eux, je ne les ai jamais vus, parce qu'il ne faut pas non plus...
- Rand Khalek
Donc les gros internationaux, tu n'avais pas forcément... Non,
- Jean-Michel Canitrot
ils ne venaient pas à Paris. On nous confiait la promotion. Voilà, le seul gros artiste avec lequel j'ai... International... avec lequel j'ai travaillé et j'ai eu la chance de le rencontrer, c'est Michael Jackson. Mais encore une fois, c'était une rencontre assez fortuite à l'occasion d'un concert mémorable à Milan. C'était avant, c'était le Bad Tour, c'était avant qu'il vienne en France. On avait à l'époque, il y avait beaucoup d'argent dans les maisons de disques et on avait emmené carrément le tout Paris Radio, Télé, Presse à Milan pour le premier concert du Bad Tour en Italie.
- Rand Khalek
Tu l'as rencontré dans quel contexte ?
- Jean-Michel Canitrot
C'était une partie après le concert. Il nous a fait un petit signe, comme ça, très classe, très discret. Bonjour, et presque au revoir. Il est reparti.
- Rand Khalek
C'était furtif.
- Jean-Michel Canitrot
Ensuite, j'ai aussi eu la chance de travailler avec U2, que j'ai rencontrés. C'était sur l'album Artung Baby et sur la tournée Zoo TV. J'ai aussi rencontré les gens d'Aerosmith, parce que je les ai accompagnés sur de la promo quand ils sont venus à Paris. Nirvana, j'ai bossé avec eux, mais je ne les ai pas vus, puisque Kurt avait déjà quitté ce monde. Et puis Guns N'Roses, je ne les ai pas vus, mais par contre, j'ai accompagné, quand il est venu en France, sur... en solo Slash, le guitariste de Guns N' Roses.
- Rand Khalek
Qui a toujours son chapeau et sa style.
- Jean-Michel Canitrot
Et il avait un serpent. Je me rappelle d'une visite, on l'avait amené à Disneyland Paris.
- Pascale Wakim
Avec son serpent ?
- Jean-Michel Canitrot
Avec son serpent ! Ça faisait un drôle d'effet.
- Rand Khalek
Et le serpent faisait des attractions avec lui ?
- Jean-Michel Canitrot
Non, il a été dans un restaurant. Il ne faisait pas des attractions.
- Pascale Wakim
Il mange un hot dog.
- Rand Khalek
Et donc en 98, tu décides de te mettre en indépendant ? C'est ça. Et tu fondes Canitro & Co. Qu'est-ce qui t'a poussé à te lancer en indépendant ? C'est quoi le déclic ?
- Jean-Michel Canitrot
Ce qui m'a poussé, ça a commencé par un coup de pied au cul. J'étais chez Universal. Justement, le label dont j'avais la responsabilité au niveau de la promotion, c'était MCA et Geffen. Il y a eu déjà des regroupements dans les maisons de disques, des fusions. Et MCA Géphène a fusionné à l'époque avec ce qui s'appelait Polygramme. Donc c'est devenu Universal, un grand groupe. Et puis, il y avait trop de monde dans l'équipe. Et on nous a dit, il y a un plan social. Vous allez pouvoir soit rester, vous n'êtes pas sûr d'avoir le même poste, ou alors vous partez. On a un chèque. J'ai pris le chèque et j'ai lancé Canitro & Co comme ça, en me disant que ma passion, ça reste ce que je fais, ça reste mon métier. J'ai un carnet d'adresses. Évidemment, ça va me changer du jour au lendemain de me retrouver tout seul devant un téléphone et un ordinateur dans mon bureau, alors qu'avant, j'avais une équipe que je dirigeais. Mais bon, voilà. Après, il faut trouver la force en soi et la motivation pour se dire j'y vais. Je me lance. Je sais le faire. Je peux le faire. La différence qui est appréciable, c'est qu'on ne m'impose plus des artistes, mais je choisis les artistes avec lesquels je travaille.
- Rand Khalek
Tu retrouves une forme de liberté aussi.
- Jean-Michel Canitrot
Voilà. Après, l'inconvénient aussi, c'est qu'on n'a plus les mêmes moyens.
- Rand Khalek
Il n'y a pas de salaire qui est ton clé.
- Jean-Michel Canitrot
Voilà, on n'a plus les mêmes moyens parce que voilà. Quand on est dans une société, dans une major, les budgets marketing, on a la main sur le levier. Quand on est indépendant, ce n'est pas tout à fait pareil.
- Pascale Wakim
Et qu'est-ce que tu fais qu'une major ou qu'un label ne fait pas ?
- Jean-Michel Canitrot
A priori, je fais ce que doit faire une major en termes de promotion. Moi, je parle de la promotion, je ne parle pas de... du marketing ou de la distribution ou de l'artistique. Donc moi, je reste cantonné dans ce que je sais faire. Je n'ai pas envie de me disperser. Donc je reste dans le cadre de la promotion. Donc ce que je fais au niveau de la promotion, c'est qu'une major ou un label, parce qu'il n'y a pas que des majors, mais il y a aussi des labels indépendants. Heureusement, il y en a encore quelques-uns. Donc je fais ce qu'il doit faire, c'est-à-dire accompagner les artistes, les promotionner, les pousser pour qu'ils soient diffusés en radio. Ceci dit, je le fais d'une façon différente parce qu'avec les liens que j'ai tissés depuis des années, des liens que j'ai construits, j'ai une relation un petit peu privilégiée avec pas mal de gens de radio dans ce métier. Et j'ai une façon très personnelle de travailler que n'ont peut-être pas forcément certains dans les maisons de disques, soit parce qu'ils n'ont pas le temps, soit parce qu'il y a un turnover qui fait que certains... qui sont en place n'ont pas forcément le même background que moi.
- Rand Khalek
Ils n'ont pas la même approche non plus.
- Jean-Michel Canitrot
Oui, ils n'ont pas la même approche.
- Rand Khalek
Ils doivent avoir une approche beaucoup plus personnelle.
- Jean-Michel Canitrot
Alors ils ont peut-être une approche un peu plus, on va dire, industrielle. Oui, voilà. Alors que moi, j'ai une approche un petit peu plus artistique. À taille humaine. Oui, un peu. Voilà, je suis un artisan, alors je ne travaille pas sur 50 projets, mais je travaille sur peu de projets, mais je veux bien les travailler. Voilà, je suis un petit peu un électron libre et donc... Moi, ma façon de travailler, c'est aussi de continuer à privilégier cette proximité avec les gens des médias et aussi d'avoir une attention et une relation plus rapprochée avec les artistes que je défends.
- Rand Khalek
Justement, les artistes que tu as aujourd'hui, c'est JJ Wilde, Emma Demas, Divaphone. Bravo. Oui, mais on a beaucoup bossé quand même.
- Jean-Michel Canitrot
Jason Mraz, Kylie Minogue. Voilà.
- Rand Khalek
Quand tu les accompagnes,
- Pascale Wakim
est-ce que tu as un rôle un peu plus attaché de presse ou tu as un rôle un peu plus de les accompagner dans leur carrière, dans leur développement de carrière, dans des conseils ?
- Jean-Michel Canitrot
On peut dire que mon rôle premier, ça reste de toute façon d'être attaché de presse. Attaché de presse, ça veut dire quoi ? Ça veut dire, encore une fois, tu disais défendre, mais peut-être qu'on peut dire plus représenter les artistes. Voilà, donc c'est de les représenter et de gérer au mieux leurs intérêts, de faire en sorte que leurs nouveaux projets, leurs nouveaux singles, leurs nouveaux albums, leurs EP soient... médiatisé, diffusé en radio, ça, c'est une chose. C'est ce qu'on appelle, en termes techniques, le radio plugging. To plug the record on the radio.
- Pascale Wakim
Et...
- Jean-Michel Canitrot
Pardon. Voilà. Et donc, c'est ma vocation première. Mais j'élargis un petit peu parce qu'il y a aussi la construction de planning promo avec des artistes. faire des interviews, les accompagner pour la sortie de leur album et aussi mettre en place un planning de déplacement en province. Alors, soit pour juste déjeuner avec des gens de radio à Paris et en province, soit faire des interviews ou venir pour du live en studio, en acoustique ou être présent sur des plateaux radio.
- Rand Khalek
D'accord. Ce qui est la partie un peu la, ça ressemble quand même pas mal à un rôle d'agent.
- Jean-Michel Canitrot
Oui, là, c'est plus un rôle d'agent parce qu'effectivement, ça fait un peu booker, mais tu dois aussi veiller au bon déroulement de toute l'opération de A jusqu'à Z. Parce que si tu amènes un artiste sur un plateau radio et qu'il y a un couac. C'est toi qui es responsable, même si peut-être les problèmes techniques ne sont pas de ton fait.
- Pascale Wakim
Et là, on va se focaliser un petit peu plus sur la radio, justement. Est-ce que d'après toi, la radio... Bon, alors toi, tu as fondé ton agence en 1998. L'industrie musicale a été métamorphosée depuis cette époque. Est-ce que tu considères aujourd'hui que la radio est toujours indispensable pour le développement d'un artiste ?
- Jean-Michel Canitrot
Oui, absolument. Elle est indispensable, même si malheureusement, à mon grand regret, la radio souffre en ce moment, de par la concurrence des sites de stream. Beaucoup de gens écoutent la musique différemment qu'avant. Avant, il n'y avait que la radio qui était en quasi-monopole. Maintenant, ces radios-là ont de la concurrence. C'est dommage.
- Rand Khalek
Il y a des contre-exemples quand même d'artistes qui ont réussi sans la radio. Oui. Il y en a beaucoup, Ed Sheeran, Orelsan. Ce sont des artistes qui se sont fait connaître d'abord sur Internet et qui ensuite ont eu leur communauté. Et une fois qu'ils étaient un peu connus, ils ont pu être diffusés en radio. Mais ils n'ont pas commencé. à être diffusé en radio.
- Jean-Michel Canitrot
Ed Sheeran, c'est sur une émission de télé-réalité que ça a commencé, il me semble.
- Rand Khalek
Je crois que c'était en ligne, mais peut-être que je me trompe.
- Jean-Michel Canitrot
C'était un radio-crochet, comme on dit, ou un télé-crochet.
- Pascale Wakim
Mais c'était aussi YouTube ?
- Jean-Michel Canitrot
Oui, il y a eu ça.
- Rand Khalek
Il y avait un gros buzz sur les réseaux quand même. Avant la radio, avant ce qu'il est devenu.
- Jean-Michel Canitrot
Les artistes qui émergent indépendamment de la radio, c'est essentiellement, je pense, des artistes urbains. parce qu'ils n'ont pas forcément besoin de passer à la radio pour atteindre des scores. Grégoire, oui, ça a été un site participatif, My Major Company. Mais pour la plupart d'entre eux en ce moment, le développement de ces artistes-là... se fait en dehors de la radio parce que ils ont la possibilité de fédérer tout de suite une communauté de fans et ils sont très présents sur les réseaux sociaux et sur TikTok, etc. Donc du coup, certains se passent des radios ou alors les radios rejoignent le succès après. Mais c'est vrai que je pense que Je pense que la radio reste quand même le média de référence pour le développement des artistes.
- Pascale Wakim
Et si tu prends le cas d'un artiste indépendant qui n'est pas représenté par un label, tu dirais que c'est quoi les prérequis ? Comment il fait pour atterrir à la radio ? Comment il doit s'organiser ? De qui il doit s'entourer ? Ou est-ce qu'il doit s'entourer de personnes en particulier pour y arriver ? Est-ce qu'il peut y arriver seul ?
- Rand Khalek
Il faut qu'il appelle Jean-Michel, déjà.
- Pascale Wakim
Bien sûr, mais en dehors de Jean-Michel...
- Jean-Michel Canitrot
Il n'y a pas que moi. Il y a aussi mes camarades. concurrents et amis. Mais en fait, oui, il ne peut pas y arriver seul. Il ne peut pas y arriver seul. Ça, c'est une évidence.
- Pascale Wakim
Pour quelles raisons ?
- Jean-Michel Canitrot
Parce que la clé du succès, comme on dit, c'est de savoir s'entourer. Donc, tu dois avoir une ou deux personnes. qui t'accompagne. Si tu es un artiste, regarde par exemple si tu veux faire de la scène. Parce que ça, c'est aussi un vecteur important pour développer les artistes. Si tu veux faire des concerts, alors soit tu le fais toi-même et tu prends ton téléphone et tu te book toi-même sur des scènes. Mais tu ne peux pas tout faire tout seul. Donc un artiste qui veut se développer dans une direction quelle qu'elle soit, c'est-à-dire la scène ou aller en direction des radios, doit avoir soit un manager ou un attaché de presse. Sinon, c'est quasiment mission impossible.
- Rand Khalek
Il y a quelque chose que tu disais dans une interview où tu expliquais que l'attaché de presse, il n'est pas magicien par rapport à l'artiste. Et nous, dans notre podcast, on a un peu les agents qui disent la même chose. C'est-à-dire, si l'artiste n'arrive pas avec déjà des choses prêtes,
- Pascale Wakim
une proposition forte, une signature,
- Rand Khalek
il est déjà un peu avancé dans sa carrière, l'agent ne va pas créer pour lui, en fait. Il faut que l'agence se serve déjà de ce qui existe pour pouvoir l'amener plus loin. Et l'attaché de presse, c'est un peu la même chose.
- Jean-Michel Canitrot
Oui, c'est vrai. L'attaché de presse, dans notre métier, on dit qu'on a une obligation de moyens. Mais on n'a pas d'obligation de résultat. Voilà. Donc, on doit tout faire. Si on accepte de travailler sur un artiste, on doit tout faire pour que l'artiste puisse émerger. Mais on n'est pas maître du résultat.
- Rand Khalek
Si tu fais une chanson pour lui,
- Jean-Michel Canitrot
tu ne vas pas décrire ou chanter à sa place. On ne décide pas de ce qui passe à la radio. Tu vois ?
- Pascale Wakim
Mais alors justement, ce qui passe à la radio, aujourd'hui, quand tu défends un titre, Comment tu choisis le titre que tu défends déjà ? Est-ce que c'est quelque chose de très instinctif ou est-ce que c'est quelque chose de très analytique ? Est-ce que tu as une méthodologie que tu répliques ?
- Jean-Michel Canitrot
Alors, quand je décide de défendre un artiste, tu vois, c'est marrant que tu me parles tout à l'heure d'artistes qui n'ont pas de label, qui débutent. Il m'est arrivé de temps en temps de travailler sur des artistes qui n'avaient rien, mais j'y étais au coup de cœur. Voilà. D'accord. à l'instinct mais cette approche subjective des choses me guide dans mes choix pratiquement quotidiens c'est à dire que ce soit des artistes en développement ou des artistes installés si je décide d'y aller c'est parce que je ressens quelque chose par rapport au projet, par rapport à l'artiste aussi et que j'ai une intuition comme quoi le projet a des chances minimales de fonctionner. Si je ne le ressens pas, je n'y vais pas. C'est une question de feeling. Ça, c'est complètement, encore une fois, c'est complètement subjectif.
- Pascale Wakim
Tu peux donner un exemple d'une personne que tu as accompagnée qui n'avait rien justement et qui a vraiment été à l'instinct ?
- Jean-Michel Canitrot
Oui, l'exemple, pour ceux qui sont au Paris Radio Show, on pourrait les voir ce soir, puisqu'ils se sont choqués, c'est Divaphone.
- Pascale Wakim
Ah,
- Jean-Michel Canitrot
ils sont... Voilà, Divaphone, moi j'ai travaillé avec eux, ça fait maintenant pratiquement dix ans que je travaille avec eux, donc on a une longue histoire ensemble, des beaux succès. Au départ, c'est le manager du groupe qui m'appelle et qui me dit... un jour, il travaillait avec moi sur Divaphone et il n'avait pas de label. Ils avaient juste un manager et par contre, ils avaient aussi le soutien et ça, c'est important. C'était un petit peu une chance pour eux. Ils avaient le soutien de leur éditeur, c'est-à-dire Sony Music Publishing. Oui, c'est pas un petit...
- Pascale Wakim
C'est quand même...
- Jean-Michel Canitrot
Voilà. Mais bon, je pense qu'ils ont eu aussi un coup de cœur sur ce groupe-là. et ça a permis à Divaphone d'avoir des moyens pour moi, pour me payer, pour développer leur projet et ensuite avec le succès c'est là où on a réussi à raccrocher les wagons avec un label,
- Pascale Wakim
en l'occurrence Play2 on a reçu un agent de Play2, il n'y a pas longtemps
- Jean-Michel Canitrot
Et donc, c'est grâce à eux que Divaphone a ce statut. Et ils sont toujours chez Playtool, d'ailleurs. Voilà, donc ça, c'est des coups de cœur. Bon, j'ai eu aussi un autre coup de cœur. Bon, récemment, c'est Emma Demas. Voilà, parce qu'elle, ce n'est pas une nouvelle artiste. C'est une artiste. qui est en pleine renaissance. Voilà. Et je l'accompagne depuis pratiquement 18 ans. Et là, en 2024, elle a célébré ses 20 ans de carrière. Et pour l'occasion, on a ressorti son titre iconique, Tu seras. Tu seras, oui. Et ça a été un des plus gros succès de l'année 2024 en radio. Je pense que là, je l'espère en tout cas pour elle, elle est sur une bonne rampe de lancement pour 2025.
- Rand Khalek
Est-ce que tu sens quand tu proposes un artiste à un programmateur radio que la taille de sa communauté sur les réseaux sociaux, ça a un impact ou ça influe ? Quelque chose qui ne rentrait pas en compte il y a 20 ou 30 ans ?
- Jean-Michel Canitrot
Oui, ça influe. Après, c'est vrai que les gens de radio regardent le nombre de followers, regardent les postes, les parutions des artistes. Après, j'ai quand même le sentiment que les radios, sans vouloir leur donner de leçons, il ne faut pas qu'elles oublient quand même qu'elles sont là aussi pour mettre en avant. En priorité, une chanson, une belle chanson, des artistes. Et peut-être que certains d'entre eux ne sont pas encore au top au niveau des réseaux sociaux. Mais ils ont des bons titres. Pour moi, je pense que ça serait peut-être une erreur que la radio soit un miroir à 100% de ce qu'est TikTok, par exemple. La radio, c'est la radio.
- Rand Khalek
Et t'as des radios qui choisissent, par exemple, de prendre le parti pris de diffuser que des hits. Oui. It's music only, pour ne pas la citer.
- Jean-Michel Canitrot
C'est leur choix, je respecte. Et je trouve que ce qu'ils font est très bien.
- Rand Khalek
Mais du coup, ils passent que les numéros 1 ou le top 5 de tout. C'est un cercle fermé, on dirait.
- Jean-Michel Canitrot
Oui, c'est vrai que... C'est pas un entre-soi, parce qu'ils ont des millions d'auditeurs.
- Rand Khalek
Non, je parle dans les choix musicaux. Ah,
- Jean-Michel Canitrot
dans les choix musicaux. Après, c'est leur choix éditorial. Je le respecte. Mais ça rend aussi peut-être... Oui. les choses un petit peu plus difficiles pour nous. Heureusement, nous avons la chance aussi de pouvoir développer nos artistes avec d'autres radios, et en particulier les Indes Radio, qui sont des radios de terrain. Pour moi, c'est des radios avec lesquelles je travaille de façon vraiment privilégiée.
- Pascale Wakim
Rond, tu veux nous faire un petit interlude ?
- Rand Khalek
Oui, parce que j'ai vu que ça s'était pas mal rempli. Donc, merci de nous rejoindre. Merci. Je vous dis qu'on est en direct de la Belle-Villoise au Paris Radio Show. Pascal et moi-même sommes le podcast Agent Double. Je vous incite très gentiment à aller nous suivre sur les réseaux. Notre invité, c'est Jean-Michel Canitraud, attaché de presse depuis bien longtemps. Pas trop longtemps. Il connaît très bien l'univers de la musique. On est en train de discuter tous les trois.
- Pascale Wakim
On a une question au sujet des défis pour développer. Tu travailles à la fois avec des jeunes artistes et des artistes internationaux que tu représentes en France. Les défis sont très différents pour les uns et les autres. par rapport à toi, dans ta façon de les développer ?
- Jean-Michel Canitrot
Oui, les défis sont différents. Pour les artistes en développement, comme pour les artistes internationaux, on a quand même une pression et un objectif, un souhait de réussir ces projets-là. Pour des artistes en développement, c'est quasi capital. C'est leur carrière qui est en jeu. Pour les artistes qui sont déjà installés, c'est tout aussi important. Mais si le projet marchotte, comme on dit, c'est moins préjudiciable. Mais à chaque fois qu'on me confie un projet, je me sens investi d'une responsabilité. C'est pour ça que je ne peux pas me tromper.
- Rand Khalek
Et pour une question un peu plus personnelle, ton regard sur l'évolution de l'industrie de la musique ? entre 30 ans et aujourd'hui sur vraiment l'évolution, toi qui étais au cœur de tout ça, c'est quoi ton regard sur l'évolution ? Et c'est quoi les défis ?
- Jean-Michel Canitrot
Quand tu parles de l'industrie de la musique, tu parles de l'industrie du disque,
- Rand Khalek
c'est ça ? Oui, du disque et puis, oui, oui, du disque.
- Pascale Wakim
Et de l'industrie en général, qui est passée au streaming.
- Rand Khalek
La manière dont on consomme la musique aujourd'hui, comment elle est diffusée ou pas.
- Jean-Michel Canitrot
Moi, je vois effectivement cette évolution de l'industrie. Je regrette certaines orientations qui ont été prises, mais peut-être qu'elles ont été prises un peu soit parce qu'il y avait à un certain moment des gens qui ont fait les mauvais choix.
- Rand Khalek
De quoi ? Tu penses à quoi ?
- Jean-Michel Canitrot
Certains n'ont peut-être pas bien appréhendé justement le streaming. Tu vois, ils ont été un petit peu longs à réagir en France. ils auraient dû s'en inquiéter un petit peu plus et travailler un petit peu plus.
- Rand Khalek
Désolé d'inciter, mais tu penses à qui ? Je ne vois pas... Qui n'a pas pris le train du streaming assez tôt pour toi ?
- Jean-Michel Canitrot
En général, les majors. Parce que bon, si tu veux, par exemple, elles se sont mises vent debout devant Napster. Tu vois, devant le MP3. Alors qu'effectivement, il fallait trouver des moyens de contrer, mais peut-être qu'en même temps, il fallait aussi construire des passerelles avec ces sites et avec l'Ostream. On ne pouvait pas gagner ce combat en les attaquant de front.
- Rand Khalek
D'accord.
- Pascale Wakim
Tu dis que... Alors, on entend beaucoup de choses, l'IA, etc. Je ne sais pas à quel point l'IA est rentrée dans les radios aujourd'hui, mais on se demandait si l'IA a changé la façon dont un programmateur radio travaille. Ou ce n'est pas arrivé à ce stade encore ?
- Jean-Michel Canitrot
Non, ce n'est pas arrivé à ce stade. Pour l'instant, s'il y a l'IA dans les radios, ce n'est pas au niveau de la programmation. Heureusement, c'est peut-être... Là où il y a du souci à se faire, c'est sur l'animation, les intervenants dans les radios qui peuvent être remplacés par des gens qui sont virtuels.
- Rand Khalek
C'est déjà le cas, je crois. Peut-être pas sur des radios généralistes connues, mais je veux dire sur la bande FM. Mais sur Internet, on trouve des radios où il n'y a pas d'animation.
- Jean-Michel Canitrot
Oui, c'est vrai. Je crois qu'il y a eu un cas récent en Pologne. Oui, une radio. avoir celui qui a fait ça. Et en fait, ça a été un échec total. C'est vrai ? Oui. Donc, je ne sais pas. Je pense que...
- Rand Khalek
On est irremplaçable.
- Jean-Michel Canitrot
Je l'espère.
- Rand Khalek
Je pense que les gens sont d'accord. On est irremplaçable. Tout le monde approuve.
- Jean-Michel Canitrot
Bravo. Merci, on est d'accord. Il faut garder le human touch.
- Pascale Wakim
Bien sûr. Exactement. Est-ce que tu penses qu'aujourd'hui, comment tu penses qu'un artiste peut vivre de sa musique aujourd'hui, avec tous les défis ?
- Jean-Michel Canitrot
C'est difficile. Moi, la recommandation que je fais pour un artiste qui veut se lancer, encore une fois, c'est de bien s'entourer, de travailler sa musique, mais de ne pas tout laisser tomber pour faire de la musique. Il faut avoir toujours un truc à côté qui te permet de vivre.
- Rand Khalek
En espérant que la musique prenne, que la carrière se renvole.
- Jean-Michel Canitrot
Moi, j'en connais. Du jour au lendemain, on dit, j'arrête tout, je ne veux faire que de la musique. C'est assez couillu, comme challenge. Voilà. Difficile.
- Rand Khalek
Tu disais aussi que se lancer dans ce métier aujourd'hui, dans ce business, c'est plus compliqué qu'il y a 25 ans.
- Jean-Michel Canitrot
Oui.
- Rand Khalek
Pourquoi ?
- Jean-Michel Canitrot
Parce que la concurrence est plus grande. La concurrence est plus grande et les canaux de diffusion sont, on va dire, sont plus réduits.
- Rand Khalek
C'est paradoxal quand même.
- Jean-Michel Canitrot
Oui, c'est paradoxal parce qu'effectivement, tu as... Je te parle des radios. Les radios, ça se réduit malheureusement. Parce que c'est peut-être aussi le formatage de certaines radios qui fait que c'est plus compliqué. Avant, tu pouvais passer sur un ensemble de radios qui passaient pratiquement de tout. Maintenant, si tu fais du rock, tu sais très bien qu'il y a des radios sur lesquelles tu ne passeras pas. Si tu fais du rap, il y a d'autres radios où tu ne passeras pas. Ou si tu fais de l'électro, c'est pareil. Je pense que c'est plus compliqué. C'est peut-être ça aussi qui fait que, justement, certains artistes privilégient autre chose que la radio.
- Pascale Wakim
Oui, en fait, c'était une de nos questions aussi. On se disait si aujourd'hui, tu devais faire un choix, parce que tu ne peux pas tout faire, surtout si en plus tu travailles à côté pour pouvoir faire fonctionner ta musique. Si tu devais faire un choix, est-ce que tu devrais miser sur un passage en radio sachant que les catalogues sont très réduits, les playlists sont très réduites ? ou développer au contraire ta communauté, ta scène, tes concerts, le live, exactement. Si tu devais conseiller quelqu'un aujourd'hui, tu lui donnerais quel conseil ? Un artiste ?
- Jean-Michel Canitrot
Alors, tout dépend de ce qu'il fait artistiquement. Si c'est de la chanson pop ou de la... Je ne dis pas trop l'expression, mais si c'est de la variété, je pense que le passage en radio est quand même impératif. Maintenant, si tu es dans un truc... un peu plus surdain comme tu le disais spécialisé ou pointu ou de niche là effectivement les réseaux sociaux c'est super important et le live comme tu disais la scène quoi parce que forcément si tu as un succès à la fois sur la scène sur des concerts, ou si tu arrives à avoir une super communauté de fans, à un moment, tu pourras être éligible. Tu pourras avoir une protection de passer en radio.
- Rand Khalek
Et c'est là où on en parlait tout à l'heure. Le programmateur va regarder la communauté et va se dire, là, il y a du potentiel. Ça fonctionne bien.
- Jean-Michel Canitrot
On l'a vu sur des Orelsan dont tu parlais tout à l'heure.
- Rand Khalek
Oui, complètement.
- Jean-Michel Canitrot
À la base, Orelsan...
- Rand Khalek
Vianney aussi, je crois, qui avait commencé comme ça.
- Jean-Michel Canitrot
Vous n'avez pas vocation à passer en radio. Oui.
- Pascale Wakim
Alors, en parlant de live, on va parler de ton fils, Mickaël Canitro.
- Jean-Michel Canitrot
Avec plaisir !
- Pascale Wakim
Le papa qui sourit.
- Rand Khalek
Donc,
- Pascale Wakim
DJ et producteur de musique électronique. Il a été, évidemment, il faisait partie du line-up. Il a été l'un des artistes sélectionnés pour la réouverture de Notre-Dame.
- Jean-Michel Canitrot
Oui, tout à fait.
- Pascale Wakim
Moi, à titre personnel, un petit commentaire. Moi, j'ai particulièrement adoré ces 10 minutes qu'il a fait parce que... Moi aussi.
- Jean-Michel Canitrot
Oui,
- Pascale Wakim
je n'en ai aucun doute. Est-ce que tu étais sur place ?
- Jean-Michel Canitrot
Non.
- Pascale Wakim
Ok.
- Jean-Michel Canitrot
J'ai failli être sur place, mais les conditions météo ont fait... que je n'ai pas pu y aller parce que ce qui est passé pour récapituler pour les gens qui nous écoutent c'était la réouverture de Notre-Dame de Paris, la grande cérémonie qui a eu lieu au mois de décembre avec plein d'artistes et toutes les têtes couronnées et les présidents du monde entier qui étaient à Notre-Dame Donc ça, c'était le samedi soir. Le show avec les artistes et avec Michael Canitro a été diffusé le samedi soir, mais il a été enregistré la veille, le vendredi, avec les conditions météo qui étaient nettement plus favorables. Ce qui fait que nous, on devait être là le lendemain, en vrai, le samedi. Il y avait une tente qui était prête à être dressée devant Notre-Dame à cause de la météo. Ils n'ont pas construit la tente, ou je crois qu'ils l'ont plutôt même démolie. Et tout le monde s'est rabattu à l'intérieur de Notre-Dame.
- Pascale Wakim
Moi, j'ai particulièrement adoré cette partie pour une raison. Déjà, c'est la thématique un petit peu de ce qu'il fait, c'est-à-dire qu'il prend des monuments historiques. Ce n'est pas la première fois qu'il fait ça devant une cathédrale. Et en fait, ce qui est impressionnant, c'est qu'il arrive à mélanger le côté très pierre, ancré, humain. avec quelque chose de la musique électronique, de l'art digital. Et en fait, la façon dont il fait, qui est assez poétique, moi, je trouve, moi, ça m'a donné l'impression de, d'accord, on va vers un monde très digitalisé, mais ça va bien se passer, en fait. Il y a un côté très ancré, parce qu'il le fait devant des monuments. Ça, vraiment, j'ai adoré. Moi, c'était mon ressenti que j'avais. Et la question qu'on se posait, rendez-moi, c'est que, tu es son papa, quand tu regardes ça, est-ce que tu le regardes avec, évidemment, beaucoup de fierté, et ça, on le comprend très bien. Mais est-ce qu'il y a un brin de toi, enfin, il y a une partie de toi où tu te dis, Ah, maintenant, c'est lui et ce n'est plus moi.
- Jean-Michel Canitrot
Pas du tout.
- Pascale Wakim
OK.
- Jean-Michel Canitrot
Pas du tout, pas du tout.
- Pascale Wakim
Donc, c'est un beau passage de flambeau.
- Jean-Michel Canitrot
Il n'y a pas une once de rivalité. Je suis très fier de lui. Je pense qu'il est devenu ce qu'il est devenu aussi grâce à nous. Et quand je dis nous, c'est l'apport, l'équilibre qu'on lui a donné, sa maman et moi. C'est aussi... Il s'est fait lui-même. Il a baigné, effectivement, dans cet univers musical. Il m'a vu grandir, évoluer dans ce métier. Il m'a accompagné dans des radios. Et il a écouté de la musique à la maison. Il m'a piqué mes disques pour faire ses premiers mixes, pour faire ses premières soirées. Voilà, donc, comme on dit, les Ausha ne font pas des chiens. En tout cas, je suis très, très heureux de ce qu'il fait. Et voilà, son projet est juste magnifique. C'est le Monumental Tour. Et comme tu disais, c'est un projet qui est politique, qui rassemble les gens autour d'une thématique.
- Pascale Wakim
Qui rassemble les mondes aussi, je trouve.
- Jean-Michel Canitrot
Voilà, exactement. On en a besoin en ce moment. Et puis, sa mission, elle est géniale parce qu'il met en valeur les monuments historiques de notre patrimoine. en France et commence aussi à l'international maintenant. Et puis, tout ça sur un fond de musique électro. Et quelque part, c'est une façon de démocratiser les monuments parce qu'on a l'impression que ça s'adresse à une élite. Mais en fait, ça doit toucher à la fois un public large et puis en particulier un public jeune qui se retrouve devant ces monuments et qui écoute Michael Canitro et qui font « Waouh ! » C'est juste génial.
- Rand Khalek
Il ne nous reste pas beaucoup de temps. On se demandait... qu'est-ce qui tourne dans ta playlist en ce moment ?
- Jean-Michel Canitrot
Qu'est-ce qui tourne dans ma playlist ? En ce moment, j'ai un groupe américain que j'adore, c'est les Black Keys.
- Pascale Wakim
Oh, j'adore !
- Jean-Michel Canitrot
Voilà. Après, les projets dont je m'occupe en particulier, comme Gigi Wilde. Ouais. comme un groupe qui s'appelle Royal Republic, dont je m'occupe aussi. Voilà, donc j'écoute beaucoup de choses. J'écoute toujours beaucoup, beaucoup de rock, un peu de soul, de la porc. Et puis, comme je le disais tout à l'heure, j'ai mes playlists. Et donc, j'écoute aussi pas mal de classique rock.
- Pascale Wakim
OK. Magnifique. Est-ce qu'on finit avec une dernière question ou on finit avec une conclusion ? tu remarques en ce moment il y a une espèce de mode des biopics on a eu Rocketman, Bohemian Rhapsody Imparfait Inconnu, A Better Man en ce moment au cinéma qu'est-ce qui fascine pourquoi tu penses qu'on a repris toutes ces personnes, on fait des biopics pourquoi cette mode en fait comment tu l'expliques je ne sais pas si c'est une mode je pense que c'est aussi parce qu'on ressent ce besoin
- Jean-Michel Canitrot
d'en savoir plus sur des artistes qu'on a aimé. Il y a eu aussi le film sur Elvis, tu vois.
- Pascale Wakim
Ouais, Arrêta aussi.
- Rand Khalek
Arrêta, Elvis,
- Jean-Michel Canitrot
ouais. Voilà, et on parle aussi d'un biopic en quatre parties sur les Beatles. Exactement. Le casting est le plus grand du monde.
- Rand Khalek
Les photos sur le neveu de Michael aussi, qui ont fuité. Oui. C'est assez troublant,
- Jean-Michel Canitrot
d'ailleurs. Exactement, exactement. Non, je pense que c'est parce que les gens, ils ont... On joue sur la nostalgie, ils ont peut-être envie de se replonger dans ces années-là, parce qu'avant, les biopics, ça ne date pas d'il y a 4-5 ans. Il y a aussi des films comme Souvenirs sur les Dorses. Tu vois ? Donc les gens ont eu envie de se replonger dans l'histoire de ces groupes de légendes. Et voilà, ça joue à la fois sur la nostalgie et sur ce souhait de retrouver des valeurs qui ne sont peut-être plus forcément celles qu'on a aujourd'hui. Mais bon, je trouve ça très très bien, moi, les biopics, à partir du moment où c'est bien fait.
- Pascale Wakim
D'accord. Écoute, c'était une belle conclusion. Merci beaucoup à toi, Jean-Michel Canitro, d'avoir partagé ce moment avec nous.
- Jean-Michel Canitrot
Pour votre accueil, c'était un grand plaisir d'être là.
- Rand Khalek
C'était passionnant. Merci au Paris Radio Show de nous avoir accueillis.
- Pascale Wakim
Merci à Philippe, chapeau. Merci à Nicolas Moulard.
- Jean-Michel Canitrot
Merci à vous.
- Rand Khalek
N'oubliez pas de vous abonner, de nous suivre sur Agent Double, le podcast. On est dispo partout, Deezer, Spotify, YouTube, Instagram.
- Jean-Michel Canitrot
Je vais m'abonner alors.
- Rand Khalek
Évidemment. Et nous, on se retrouve très bientôt.
- Pascale Wakim
dans une semaine. Exactement, pour un nouvel épisode d'Agent Double.
- Jean-Michel Canitrot
Génial,
- Rand Khalek
merci beaucoup.
- Pascale Wakim
A bientôt. Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez, laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu et pour qu'on puisse continuer à le développer, Vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous, et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agent Double.