undefined cover
undefined cover
Agent 019 - Cinéma // Sylvain Cochard, palme des auteurs/réalisateurs cover
Agent 019 - Cinéma // Sylvain Cochard, palme des auteurs/réalisateurs cover
Agent Double

Agent 019 - Cinéma // Sylvain Cochard, palme des auteurs/réalisateurs

Agent 019 - Cinéma // Sylvain Cochard, palme des auteurs/réalisateurs

50min |15/05/2025|

114

Play
undefined cover
undefined cover
Agent 019 - Cinéma // Sylvain Cochard, palme des auteurs/réalisateurs cover
Agent 019 - Cinéma // Sylvain Cochard, palme des auteurs/réalisateurs cover
Agent Double

Agent 019 - Cinéma // Sylvain Cochard, palme des auteurs/réalisateurs

Agent 019 - Cinéma // Sylvain Cochard, palme des auteurs/réalisateurs

50min |15/05/2025|

114

Play

Description

Alors que le Festival de Cannes bat son plein, on a décidé de recevoir un agent pas comme les autres. Au sein de son agence Film Talents, Sylvain Cochard ne s'occupe pas des acteurs et actrices, mais de ceux qui les mettent en scène et racontent leurs histoires à l'instar de François Ozon, Leos Carax ou encore Bertrand Bonello. Un rôle d'agent atypique dans cette industrie planétaire où chacun apporte sa pierre à l'édifice pyramidale d'un film.


Un grand merci à selectionmaisonb et myfunnylevantine pour la laine toute en couleur de Pascale 😍


//////////


Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


🔹 Si cet épisode vous a plu, abonnez-vous pour ne pas galérer à rechercher les prochains😉


🔹 Ce podcast peut peut-être changer une carrière 🚀...Pour booster sa visibilité, rendez-vous sur Apple Podcast et Spotify, laissez 5 étoiles🌟 et un commentaire 🙏

(au bas de la page de présentation du podcast sur Apple Podcast).


🔹 ....Vous cherchez encore les étoiles🌟? Nous avons un tuto sur Instagram, avec plein de contenu exclusif!


🔹 Nos épisodes sont aussi disponibles en vidéo sur notre chaîne YouTube


🔹 Nous finançons entièrement ce podcast. Il n'y a pas de petits dons, que des grands MERCI, si vous souhaitez nous soutenir avec cette cagnotte.


🔹 Pour nous faire un coucou, écrivez-nous sur agentdoublepodcast@gmail.com


//////////


Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Martin Flogny

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et on sait que ça a un impact parfois parce qu'on sait par exemple que certains films ont été montés un peu à l'arrache pour être prêts pour Cannes, qu'ils n'étaient pas encore dans leur meilleure forme, dans leur meilleure version. Et qu'une fois Cannes est passé, il y a eu un remontage de films, c'est déjà arrivé, je pense peut-être à un Scorsese ou à un Tarantino. C'est quelque chose qui est courant finalement ?

  • Speaker #1

    Alors en général, il est courant. Il peut arriver que les films soient envoyés dans des versions non définitives au festival. En général, quand ils sont montrés au festival, ils sont, je pense, à 99%. Que qu'il y ait des montages après, ça doit être assez exceptionnel. Il doit y avoir un ou deux cas, mais c'est exceptionnel. Agent Double.

  • Speaker #2

    Je suis Pascal Wakim.

  • Speaker #0

    Je suis Rand Khalek.

  • Speaker #2

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #0

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #2

    Pour ne rater aucune de nos missions, abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #0

    Et pour des contenus exclusifs, suivez notre page Instagram Agent Double Podcast.

  • Speaker #2

    Alors que le festival de Cannes va s'en plein, on a décidé de recevoir un agent pas comme les autres. Au sein de son agence Film Talent, notre invité ne s'occupe pas des acteurs et actrices, mais de ceux qui les mettent en scène et racontent leur histoire. À l'instar de François Ozon, Léo Scarax ou encore Bertrand Bonello. Un rôle d'agent atypique dans cette industrie planétaire où chacun apporte sa pierre à l'édifice pyramidal d'un film. Bienvenue, Sylvain Cochard.

  • Speaker #0

    Sylvain Cochard, bienvenue dans Agendou. On est ravis de t'accueillir. donc pour ceux qui ne le savent pas tu es agent de réalisateur et de scénariste à travers la société Film Talent et avant de nous raconter ton parcours et ton métier il y a une question qui nous titille tu sais pas c'est quoi ? attends je vais te demander c'était bien Cuba ?

  • Speaker #1

    C'était merveilleux, je n'attendais pas du tout à cette question. Je suivais, je finissais mes études et j'avais fait à l'époque, c'était un mémoire, sur les relations culturelles entre la Havane et Cuba. Et pour finaliser ça, j'avais fait un semestre à l'Université centrale de La Havane, qui était un semestre, un court semestre dans une formation estivale.

  • Speaker #0

    Quel souvenir t'en gardes ?

  • Speaker #1

    J'en garde un souvenir merveilleux. C'était...

  • Speaker #2

    Tu étudiais vraiment ? Oui.

  • Speaker #0

    Il y avait des à côté quand même. Tu peux nous le dire.

  • Speaker #1

    J'en garde un souvenir merveilleux. La formation était effectivement assez peu centrale finalement. C'est pour ça que j'en parle assez peu. Je ne sais pas si vous avez eu l'info. J'en parle relativement peu parce qu'effectivement, j'avais quelques heures de cours par jour pendant quelques semaines. Mais ça a été une formation assez légère. mais J'avais découvert beaucoup de films cubains. J'étais arrivé à l'époque à La Havane avec une petite cinéphilie. On va en reparler, bien entendu. Et c'est vrai que ça avait décalé mon regard autour d'un cinéma latino-américain et cubain, bien évidemment. Et avec le plaisir aussi de... de découvrir un cinéma qui était très décourélé, très déconnecté de notre cinéma européen à nous.

  • Speaker #2

    Donc pour commencer par le début, tu commences par des études de droit et de sciences politiques. Et la question évidemment, c'est comment tu arrives dans le cinéma ?

  • Speaker #1

    De petit décalage en petit décalage. Quand je finis mes études, je suis entraîné par le projet d'un ami, avec qui on a fondé une... boîte de production dans le spectacle vivant le théâtre et la danse lui venait vraiment de ce milieu là et il avait besoin de s'entourer de gens notamment parce qu'il y avait un aspect international ce projet et que moi j'ai fini par désirer études de relations internationales et donc il voulait s'entourer un peu de personnes qui avaient d'autres d'autres réflexes que lui et donc on a monté cette boîte de prod ensemble de prod qui existe toujours qui accompagne toujours des metteurs en scène et ça a été un peu mon entrée par hasard dans le monde de la des arts de la culture et donc j'ai accompagné à travers cette structure pendant cinq six ans des metteurs en scène décoré et j'y ai pris goût et donc j'ai travaillé avec des auteurs, pas exactement à l'endroit où je suis aujourd'hui mais finalement entre la manière dont je travaillais à l'époque et le métier d'agent, même s'il y avait un aspect pris en main de la production qu'il n'y a pas en tant qu'agent, finalement on retrouve les mêmes réflexes, les mêmes rapports aux artistes et des métiers qui finalement sont assez similaires.

  • Speaker #0

    Et tu as tout de suite adapté et compris les tenants et les aboutissants du métier ? Tu n'as pas eu de mal ?

  • Speaker #1

    En tant qu'agent ou dans la boîte de prod ?

  • Speaker #0

    Non, même dans la boîte de prod.

  • Speaker #1

    J'ai été formé, j'ai été formé avec bienveillance, j'ai aussi travaillé avec des artistes qui étaient très bienveillants avec moi et puis on apprend sur le terrain mais j'avais 25, 26, 27 ans et donc on apprend ce que c'est un budget on apprend ce que c'est qu'une compagnie de théâtre, de danse, ce que c'est aussi qu'un artiste et on se forme comme ça au quotidien, au contact au quotidien

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qui fait que tu laisses la boîte ? qui est toujours active aujourd'hui, mais qu'est-ce qui fait que tu laisses la boîte et que tu décides de devenir agent ?

  • Speaker #1

    J'ai accompagné pendant 5-6 ans des metteurs en scène, notamment dans des grosses tournées. Dans des grosses tournées, c'était extrêmement chronophage, ça demandait beaucoup d'énergie. J'étais fatigué de ce métier que j'ai beaucoup aimé. J'avais toujours voulu aller travailler dans le cinéma. Tout à coup, il y a des passerelles qui sont ouvertes, il y a des portes qui sont ouvertes et j'y suis allé.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a un film en particulier qui a fait que tu as voulu bosser dans le cinéma ? Il y a un film qui t'a marqué au point où tu te dis ça, c'est ce que je vais faire de ma vie.

  • Speaker #1

    c'est une très bonne question merci c'est pas toujours mes questions parce que je pense que ça s'est réellement passé comme ça il y a eu un déclic qui était assez jeune j'ai vu un film qui est peut-être aujourd'hui mon film préféré qui est un film de Nani Moriti qui s'appelle Le journal intime où je me suis dit tiens c'est un film en trois parties avec une écriture assez... lisible faussement simple parce que le film est extrêmement brillant c'est nani moretti et je me souviens en voyant ce film m'a dit j'aimerais bien savoir comment ça marche j'aimerais bien faire partie de cette industrie et même si à 15 ans je pense que je me formulais pas les choses en terme d'industrie mais j'ai eu j'ai eu cette envie de voir comment ça se passait et à quelque chose d'assez particulier qui est que je n'ai jamais voulu être acteur j'ai jamais voulu être metteur en scène et donc je me demandais puisque À l'époque, surtout que le métier d'agent, dans les années 90, on ne savait pas que ça existait. Moi, je ne savais pas que ça existait, encore moins pour les agents d'auteurs. Aujourd'hui encore, quand je dis que je suis agent d'auteur, il y a beaucoup de gens qui me disent « on connaît le métier d'agent, on ne savait pas que les auteurs avaient des agents » .

  • Speaker #0

    C'est pour ça que tu es là.

  • Speaker #1

    Exactement, exactement, que les auteurs existent.

  • Speaker #0

    Trop bien.

  • Speaker #1

    Voilà, donc Journal Intime, moi, était le déclic. Ça a été un marqueur de ma cinéphilie. Et après, j'ai vu effectivement beaucoup de films entre mes 15 et mes 25 ans. Ça a été la période faste, je pense, de ma cinéphilie.

  • Speaker #0

    Et un style en particulier.

  • Speaker #1

    un cinéma d'un pays en particulier l'italie où c'était juste du hasard non non non non non c'était du hasard c'était du hasard j'ai regardé beaucoup de cinéma beaucoup de cinéma américain moi j'ai regardé beaucoup de cinéma américain des années 40 Après, il y a aussi eu l'influence d'un certain cinéma américain contemporain, qui dans les années 90 était assez riche. Et puis, j'ai commencé à regarder aussi pas mal de cinéma d'auteurs, même de la nouvelle vague. Et j'ai fait un peu un melting pot avec parfois des angles morts. J'assume aujourd'hui d'avoir des angles morts dans ma... C'est normal.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que tu appelles un angle mort ? Une direction dans laquelle tu vas et tu reviens ?

  • Speaker #1

    Non. Il y a des grands réals dont j'ai vu très peu de films. Je connais très peu. J'ai dû voir, même s'il n'a pas une filmographie énorme, j'ai dû voir trois films de Kubrick, je pense. Je sais qu'il y a des... Voilà. Et notamment, il y a tout un cinéma italien, pour répondre à ta question, que je connais assez peu. J'ai vu tous les films de Paolo Sparaglino. Tu as vu le Partenocle ? Non, exactement. Il est superbe. Je l'ai vu deux fois. Je vais le voir très vite. Je l'attendais beaucoup.

  • Speaker #2

    Donc 2017, tu intègres Film Talent, qui est l'agence dans laquelle tu travailles aujourd'hui. Donc tu l'intègres en tant qu'agent assistant, assistant d'agent. Et en deux ans, tu deviens agent. C'est quand même assez rapide, non, comme progression ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai bénéficié de ce dont on vient de parler, qui est quand même un passé au contact des metteurs en scène. Et qui fait que je n'étais pas totalement junior. Je n'étais pas totalement junior et puis j'ai été formé pendant deux ans. A l'époque j'ai commencé comme agent aussi d'acteur, on avait encore des acteurs. J'étais l'agent, je pense que la première personne que j'accompagnais c'était Noamil Vovski. J'accompagnais très vite aussi Isil Lebesco à l'époque. mais qui sont aussi autrices. Et au bout de deux ans, on m'a proposé de commencer à développer un peu une liste, comme on dit. Et j'ai commencé assez doucement par représenter des jeunes scénaristes qui sortaient de la FEMIS série. Parce que c'était aussi un mouvement dans lequel on est encore aujourd'hui. Mais où la série explosait avec l'arrivée des plateformes. Et donc il y avait aussi des enjeux là purement professionnels de placement, sur lequel était déjà Film Talent, qui représentait déjà beaucoup de... de scénaristes sur la série, sur lesquels moi je me suis mis aussi également. Et puis ça me plaisait, je consommais beaucoup de séries à l'époque, et donc j'ai commencé à accompagner des scénaristes vraiment de séries, et puis après ça s'est développé tranquillement.

  • Speaker #0

    Alors on va citer quelques noms de votre catalogue, mais là on s'est quand même concentrés sur le cinéma, en l'occurrence. Donc François Ozon, Fanny Herreiro, qui est donc une des scénaristes de la série 10%, qui a été importante pour nous aussi.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, quand je t'ai appelé, je t'ai dit, Sylvain, je ne pouvais pas ne pas intéresser.

  • Speaker #0

    l'agent de qui représente un bon les gens se représentent venir c'est quand même quelqu'un important pour nous nabil hayouch on va parler un peu j'ai une histoire un peu intéressante avec nabil hayouch puisque en 2012 on a recréé le festival du film arabe à paris qui s'appelait imagina qui avait été créé par ma mère n'est la calèque via sa boîte de prod à lima et il faisait le film d'ouverture avec les chevaux de dieu donc c'était un moment assez spécial et c'est un super film et c'est un super réel Nabil Voilà, c'était pour la petite anecdote. Bertrand Bonello aussi, avec le film Saint-Laurent. Et le regretté Gaspard Bissou, évidemment. Léo Scarax, qui est très marqué dans son style, avec des films très forts. Et Alexis Langlois, dont on parlait tout à l'heure en off, qui est un jeune réel, qui a été primé à Cannes, je crois déjà.

  • Speaker #1

    Il a été sélectionné, son film est en sélection à Cannes l'année dernière, tout à fait.

  • Speaker #0

    Et on a également Julia Ducournau, qui a remporté la Palme d'Or avec Titan en 2021. et Gala Hernandez qui est également sélectionnée à Cannes cette année dans la quinzaine des cinéastes et Julia Ducournau aussi cette année dans la sélection avec Alpha et il y en a d'autres aussi il y en a beaucoup d'autres d'ailleurs on

  • Speaker #2

    peut faire un petit coucou à nos compatriotes Johanna Aditouma et

  • Speaker #0

    Khalil Ajrej qui sont un duo de scénaristes réalisateurs libanais c'est quand même intéressant d'avoir cette diversité d'artistes et de scénaristes

  • Speaker #1

    réalisateur qu'est ce qui te fait faire des choix aujourd'hui dans ceux avec qui tu veux travailler est ce qu'il ya une ligne directrice que tu veux prendre alors oui et non il peut faire des choix c'est quelque chose d'assez instinctif chacun des profils de réal d'écriture de scénaristes nous parlent ou pas et nous amène à s'instinctivement à savoir si on a envie de les accompagner avec avec cette prudence qu'il faut avoir, je pense, en tant qu'agent. qui est de ne pas forcément trop s'élargir et de rester, de travailler avec des gens dont l'ADN nous corresponde. Parce que sinon, il y a un risque de ne pas comprendre ce qu'ils font. Et c'est certainement pas pour eux et pas pour nous non plus.

  • Speaker #0

    Et ça consiste en quoi d'accompagner un scénariste, par exemple, typiquement ? En quoi tu lui apportes quelque chose ? Est-ce que tu places ces scénarii, tu les proposes à des réels ? Est-ce que tu vas l'aider à écrire dans le processus d'écriture ? Comment ça se passe en agent pour un sénat ?

  • Speaker #1

    Alors je poserai la question différemment en fonction de projets séries et de projets ciné, sachant qu'en France on a quand même la culture du cinéma d'auteur qui fait que les réalisateurs en général écrivent leurs propres longs métrages. Après il peut faire appel bien sûr à des co-scénaristes pour avancer plus vite dans le process ou avoir des échanges, mais il est assez rare en France contrairement à la culture une culture états-unienne d'avoir des longs métrages pour lesquels on va chercher des réalisateurs. L'arrivée des plateformes a un peu changé les choses, puisque effectivement il y a une nouvelle typologie de film pour présenter les choses de manière un peu simplifiée, mais avec effectivement des films plateforme qui peuvent être écrits pour lesquels on va aller chercher des réalisateurs. Mais la culture du cinéma vraiment d'auteur dans le schéma de financement classique fait que les réalisateurs en tout cas écrivent leurs films principalement. Pour la série c'est effectivement autre chose, puisque là on fait vraiment une distinction entre entre ceux qui écrivent les séries et ceux qui les réalisent, quand bien même ça pourrait être les mêmes parfois, bien entendu. Et là, effectivement, les scénaristes que j'accompagne me parlent de projets que moi je propose ensuite à des producteurs, voire à des diffuseurs parfois directement.

  • Speaker #2

    Donc ton rôle, si je reprends la question et si on part du point de vue des réalisateurs, ton rôle c'est de présenter leurs projets à des producteurs et de leur trouver des financements ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. L'aspect négociatif. est un peu évident tant qu'en tant qu'agent effectivement l'enjeu c'est d'avoir quand même cartographie des producteurs en france et de ceux avec lesquels eux-mêmes pourraient travailler en fonction de fonction on revient à l'idée d'adn des projets pour les appeler présenter pour

  • Speaker #0

    les accompagner et ton système de rémunération en tant qu'agent de real Et Scénarist, c'est le même que pour un agent d'acteur ?

  • Speaker #1

    C'est 10%. C'est 10% ? C'est 10%, oui.

  • Speaker #0

    Que ce soit cinéma ou série ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est toujours 10%. D'accord. Il y a un usage à 10%. Alors, un usage qui est réglementé par la loi en France pour les professions comme les acteurs ou comme les réalisateurs techniciens, où là c'est 10%, c'est la loi, pour les auteurs. il n'y a pas de loi. Ça peut être 15%.

  • Speaker #2

    Et comment vous faites pour vous répartir les talents au sein de l'agence ? Parce que tu es un des premiers agents qu'on reçoit et qui fait partie d'une agence. Vous êtes plusieurs dans l'agence. Comment est-ce qu'on distribue le catalogue ?

  • Speaker #1

    Pour le coup... ça fonctionne pas comme ça, on se la distribue pas c'est à dire qu'on est 4 agents c'est Film Talent et on rencontre on rencontre des scénaristes, des réalisateurs, des auteurs et on travaille avec qui on veut travailler tout simplement, on est très libre alors il arrive qu'on co-représente des personnes Fanny Réraud dont vous parliez tout à l'heure est co-représentée par Valérie Guibal et Simon Rey moi-même, quelqu'un comme Benjamin Parent, je le co-représente avec Simon et donc voilà, on a parfois des co-représentations ça peut fonctionner assez bien mais sinon on est très très libre on est totalement indépendant par rapport à la liste des personnes qu'on accompagne.

  • Speaker #2

    L'intérêt d'une co-représentation, bon évidemment pour le talent c'est deux personnes qui travaillent sur son dossier pour vous c'est que chacun a sa spécialité c'est ça ? Chacun va aller chercher des opportunités différentes ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est trouver d'autres dynamiques d'échange avec les auteurs et entre collègues aussi.

  • Speaker #0

    Tu lis beaucoup de scénar' ?

  • Speaker #1

    Oui, je lis beaucoup de scénar'

  • Speaker #2

    On va refaire la question,

  • Speaker #1

    tu lis trop de scénar' ? Non pas trop, oui ça fait partie inhérente du boulot. C'est très chronophage, mais c'est très plaisant. C'est ce qui nous ramène à ce pourquoi on fait ce métier. Moi, je suis entré par ce métier par l'artistique. Après, ce qui m'y fait tenir, c'est aussi d'autres enjeux de développement. de carrière, mais l'entrée dans ce métier, c'est fait par l'artistique. Et oui, c'est important, quand on accompagne des gens, de savoir ce qu'ils écrivent, pour bien parler de leur projet, pour bien parler d'eux. C'est totalement central.

  • Speaker #0

    Mais tu leur fais un retour sur leur travail ou tu n'as pas de...

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as un...

  • Speaker #0

    Alors,

  • Speaker #1

    oui et non. Notre enjeu en tant qu'agent, c'est de donner aux auteurs le plus possible de levier pour...

  • Speaker #2

    Que leur projet se mette en place.

  • Speaker #1

    Oui, puis qu'ils en tirent les bénéfices, qu'ils ont une position de force aussi, parfois facétiques. des diffuseurs, des distributeurs. Et donc la coproduction est un levier. On n'est pas les seuls à faire ça. La coproduction est un levier. Et donc certains auteurs viennent nous voir davantage pour ces compétences-là que pour des retours de lecture.

  • Speaker #0

    Et quand tu dis coproduction, c'est qu'ils investissent eux-mêmes dans le projet ?

  • Speaker #1

    Non, non, non. C'est pas dans ce sens-là ? Non, c'est qu'une partie de leur rémunération sera fléchée sur la rémunération des producteurs.

  • Speaker #0

    D'accord, donc ils ont deux rémunérations.

  • Speaker #1

    Exactement. Ils ont leur rémunération de scénariste, leur rémunération d'auteur réel, leur rémunération de réel technicien et une rémunération quand elle existe de... producteur est ce que parfois tu arrives à décrocher du métier oui bien sûr si c'est un travail c'est un vrai travail c'est un métier si on veut le faire 24 heures sur 24 on peut donc oui on s'astreint mais ça c'est un peu avec avec avec le temps et l'expérience c'est que quand j'ai commencé comme agent je pense qu'il n'y a pas vraiment de manière de faire différemment je travaillais je travaillais vraiment tout le temps tout le temps c'est pas bon c'est pas bon même pour les gens qu'on accompagne donc oui je me force à faire des affaires des pauses à avoir des mêmes des horaires de bureau en termes de disponibilité ça veut pas dire que je travaille que de 9h30 20h ou à 19h30 c'est que je m'impose de de ne pas être disponible tout le temps. Parce qu'il y a quand même une culture chez les agents en France, pas qu'en France, aux Etats-Unis c'est extrêmement présent, de l'omniprésence de l'agent. De l'agent à disposition.

  • Speaker #2

    À n'importe quelle heure du jour et de la nuit.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #2

    Ça t'est arrivé de recevoir des coups de fil la nuit, de devoir répondre à des urgences en pleine nuit ?

  • Speaker #1

    Alors des urgences, non. Si ça avait été des urgences, ça peut arriver, ça ne m'aurait pas posé problème. Oui, ça m'est arrivé, ça m'est peu arrivé. Je ne travaille plus avec ces gens-là. Sauf si vraiment un jour, bien sûr, il y a des vraies urgences. mais ça t'a impacté quoi oui oui ça crée des je bataille au quotidien sur le fait que que l'agent doit être effectivement on travaille beaucoup on est extrêmement à la disposition et ça fait partie du job mais effectivement il y a il y a des limites mais comme pas mais les auteurs le comprennent bien les auteurs comprennent bien l'enjeu des limites et je dois dire que je suis plutôt très bien on est plutôt bien traité cet endroit là toi qui as travaillé avec des acteurs avant donc il y a une différence quand même entre Oui oui oui sont moins exigeants sont moins pronophages c'est pas le même métier Déjà, c'est deux métiers vraiment différents. Il y a des agents qui arrivent à faire les deux. Je les admire quand ils arrivent à faire les deux bien parce que c'est vraiment deux métiers très différents. Je pense que les acteurs, pour prendre leur défense, sont aussi dans une... Les auteurs, comme les acteurs, sont tous dans une précarité. Je préfère dire hiérarchie. Mais les acteurs sont parfois, peut-être, dans une précarité symbolique autre. C'est-à-dire qu'un acteur... Ils sont dans une urgence. Voilà. Un acteur qui n'a pas de visibilité sur ces six prochains mois est dans une réelle... et dans une vision d'une réelle précarité. Là où un auteur a des projets en général plus long terme, ça ne veut pas dire qu'il vit mieux que les acteurs, ça veut dire que sa manière de se projeter est autre. Et donc un acteur qui tout à coup pendant trois mois n'a plus de casting, effectivement c'est une situation délicate pour lui.

  • Speaker #0

    Par définition, l'auteur peut créer la matière, alors que l'acteur ne va pas se créer un scénar pour lui-même. Il est dans l'attente ou dans la prospection d'un rôle.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette dynamique fait que les auteurs sont nécessairement plus patients aussi avec les agents ? Est-ce que tu penses qu'un agent d'auteur est moins exposé aux trahisons par exemple ? Alors que peut-être que des comédiens pourraient être plus enclins à prendre des décisions un petit peu sur le vif ?

  • Speaker #1

    Oui, la pratique nous montre qu'effectivement il y a une autre fidélité chez les auteurs, avec une relation qui se développe davantage dans la durée, avec un rapport à la starification. qui n'est pas le même. Et donc, travailler avec des auteurs, ce n'est pas le même métier. Les auteurs et les acteurs ne font pas le même métier. Et donc, nous, notre position, notre accompagnement n'est pas le même. Leurs attentes ne sont pas les mêmes. Leurs attentes sur les urgences ne sont pas les mêmes. Et leurs attentes sur l'accompagnement d'une carrière ne sont pas les mêmes.

  • Speaker #0

    Ça t'est déjà arrivé de lire un scénario et de te dire ça, c'est un grand film ?

  • Speaker #2

    euh

  • Speaker #1

    Juste à la lecture ? Oui, bien sûr. Ça m'est arrivé de lire des scénarios et de voir qu'ils tenaient leurs promesses. C'est-à-dire qu'on accompagne aussi des auteurs, avec parfois aussi des vues sur ce qu'ils vont écrire, sur ce qu'ils vont faire. Des films dont on se dit, par exemple, qu'ils vont peut-être aller à Cannes, ou du moins dans des festivals de catégorie A. Et puis, on lit des scénarios, on voit les choses se développer et on se dit, tiens, effectivement, l'endroit est juste. Et on s'attient à ces promesses. Mais justement,

  • Speaker #0

    tu parles de Cannes. Comment un film arrive à Cannes ? C'est quoi le process ? Quelqu'un vous appelle, vous dit « Ah, je sais qu'il y a ce film qui se prépare, vite, vite, vite, avant que Cannes commence, on va le sélectionner » ? Ou est-ce que c'est vous qui envoyez au festival ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Oui, il peut y avoir dans certaines sélections des attentes.

  • Speaker #0

    Ils savent que tel réel est sur tel film et que le film est bientôt fini et il faut absolument l'avoir à Cannes en avant-première mondiale.

  • Speaker #1

    Ils savent ce sur quoi travaillent les réels, ils sont en lien beaucoup avec les distributeurs. Donc, ils ont une cartographie bien sûr extrêmement précise des films qui existent. Et du coup, en retour, il y a aussi beaucoup de films dont l'enjeu et la vie passera par la sélection, que ce soit à Cannes, à Venise, parfois à Berlin, qui se font sur des plannings aussi en fonction bien sûr des festivals.

  • Speaker #2

    C'était une de nos questions justement. Si tu nous prenais par exemple sur la construction d'un projet, à partir du moment où tu es en post-prod, est-ce qu'on s'aligne, on regarde le calendrier des sélections des festivals pour sortir ? Est-ce que c'est ça la logique ?

  • Speaker #1

    C'est bien avant la post-prod.

  • Speaker #2

    Ah oui ? Oui.

  • Speaker #1

    C'est même parfois dès... Alors, pas dès le début de l'écriture, parce que l'écriture de long métrage peut se faire sur 3, 4, 5 ans. Mais quand l'écriture se finalise et qu'on commence à réfléchir simplement aux dates de tournage d'un film, tout se met en place par rapport à des objectifs de festival. Pour certains films, bien sûr. Pour certains films dont c'est l'enjeu et dont on pense que la vie du film doit passer par une sélection en festival.

  • Speaker #0

    et on sait que c'est un impasse. impact parfois parce qu'on sait par exemple que certains films ont été montés un peu à l'arrache pour être prêts pour Cannes qu'ils n'étaient pas encore dans leur meilleure forme, dans leur meilleure version et qu'une fois Cannes est passé il y a eu un remontage de films, c'est déjà arrivé, je pense peut-être à un Scorsese ou à un Tarantino, c'est quelque chose qui est courant finalement ?

  • Speaker #1

    Il peut arriver que les films soient envoyés dans des versions non définitives au festival en général quand ils sont montrés au festival ils sont je pense à 99% Oui. qu'il y ait des montages après ça doit être assez exceptionnel il doit y avoir un ou deux cas mais c'est exceptionnel alors au moment où on diffuse cet épisode,

  • Speaker #2

    tu es à Cannes en fait là tout de suite je suis en train de bronzer,

  • Speaker #0

    dis la vérité

  • Speaker #2

    On a fait la séance de 8 heures ce matin. Ton agence a 4 films en compétition. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    On a 4 films présents à Cannes. C'est Julia Ducournau, c'est Pauline Loques, c'est Alex Poukine et c'est Gala Hernandez-Lopez qui sera à la quinzaine.

  • Speaker #2

    D'accord. Est-ce qu'on peut juste pour resituer un petit peu, qui est Julia Ducournau pour ceux qui nous écoutent ? Donc La Palme d'Or en

  • Speaker #1

    2021. Oui,

  • Speaker #2

    tout à fait. Avec Titane.

  • Speaker #1

    qui présente là son troisième long métrage, après Grave, Titan et

  • Speaker #0

    Alpha.

  • Speaker #2

    Comment est-ce que tu apprends que tes talents ou que leurs films sont dans la sélection ? De quelle façon tu l'apprends ?

  • Speaker #1

    Ça dépend des films et ça dépend des sélections. Pour la sélection officielle, pour ce qui est le cas de Julia, je pense qu'on l'apprend vraiment dans les dernières heures ou dans les derniers jours. Après, il peut y avoir aussi des arbitrages entre plusieurs sélections. Pour le film de Gala, je crois que c'était vraiment l'endroit qu'elle visait de toute façon. Et donc, elle l'a su quelques jours avant. Mais globalement, on le sait très peu de temps avant. Et j'ai des exemples de films, notamment en sélection officielle, où on l'a su la veille au soir.

  • Speaker #0

    Tu as le temps de profiter un peu des soirées canoisses ? Dis la vérité.

  • Speaker #1

    Peu. Si, si, on en profite quand c'est les soirées des films qu'on accompagne. Parce que là, il y a quand même... Il y a l'aboutissement de quelque chose, l'aboutissement d'un parcours, où c'est une fête un peu de sympathie, de consécration. Le film a été montré, en général on est quand même dans un état de tension et de stress assez fort. C'est un moment où les choses se relâchent un peu. Et sinon, pour le reste, les autres soirées... Ça reste du networking, ça reste du travail. Effectivement, les soirées dont on profite le plus, c'est vraiment les soirées des films dont on accompagne.

  • Speaker #0

    C'est plus team chez Sandra ou chez Alban ?

  • Speaker #1

    Je suis team.

  • Speaker #2

    C'est vraiment le jargon de Cannes. Oui,

  • Speaker #0

    c'est entre-Cannois, là. C'est vraiment... C'est une petite blague.

  • Speaker #2

    Mais les enjeux, justement, cette semaine, tu disais très intense. C'est quoi les enjeux ? On vise quoi quand on est à Cannes ?

  • Speaker #1

    On vise plusieurs choses, puisque Cannes, ça reste un marché. donc il y a D'une part, bien sûr, les films qu'on accompagne, les réalisateurs qu'on accompagne, avec leur propre enjeu, qui est d'une part la vie du film, mais aussi leurs enjeux peut-être parfois un peu plus long terme, pour certains profils, de leur faire rencontrer d'autres partenaires, de leur faire rencontrer parfois aussi d'autres agents, notamment des agents anglo-saxons, parce que c'est quelque chose qu'on développe beaucoup chez Film Talent, l'aspect international. Donc il peut y avoir des profils dont on sait que... Cannes est le bon moment pour faire rencontrer d'autres agents anglo-saxons avec lesquels on travaillera pour développer leur carrière de manière un peu plus globale et aussi internationale. Et puis nous c'est aussi travailler notre réseau, c'est peut-être accompagner parfois un peu plus à la marge d'autres réalisateurs qui sont pas là mais dont les films sont en financement sur lesquels, puisque Cannes est un marché, on a aussi des réalisateurs qui viennent pour financer leurs films, faire des rendez-vous. Nous, on peut jouer, en général, c'est le rôle des producteurs. Nous, on peut jouer des rôles à la marge, mais on peut jouer ce rôle-là. Et sinon, nous, c'est aussi profiter de ce moment-là pour rencontrer des interlocuteurs qu'on ne connaît pas, parfois des producteurs, sinon des vendeurs, des distributeurs.

  • Speaker #0

    C'est tout le microcosme du cinéma qui se réunit.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Avec parfois des gens qu'on ne rencontre quand même, nous, agents, beaucoup plus qu'on ne rencontre pas en dehors, ou peu, et c'est peut-être mal, en dehors des festivals.

  • Speaker #2

    Tu me disais justement qu'une grande partie de ton travail à l'année, c'était au téléphone.

  • Speaker #0

    Tu regrettes un peu que les gens ne se rencontrent pas. Est-ce qu'on ne fait pas mieux des affaires quand on est face à face ?

  • Speaker #1

    Alors oui, je pense que dans notre métier, le côté personnel est important. Et que notamment en tant qu'agent, où on est souvent dans des rapports de force ou des échanges un peu difficiles avec les producteurs, le fait de les rencontrer ajoute du humain et permet d'enlever un peu ce côté parasite que peuvent avoir... que peuvent avoir les producteurs.

  • Speaker #2

    Très bon film d'ailleurs, par ailleurs.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et donc, oui, mais après, on a des emplois du temps tellement chargés que moi, je fais beaucoup, beaucoup de choses par téléphone. Après, je suis aussi peut-être à un moment de... de ma carrière, même si je suis encore jeune, où mes interlocuteurs, je les connais, les producteurs notamment, pour parler d'eux, je les connais. Et donc j'ai cette facilité à les appeler et pas forcément avoir besoin de les rencontrer tout le temps. Je fais beaucoup moins de rendez-vous aujourd'hui, par exemple, qu'il y a cinq ans.

  • Speaker #0

    Question, pardon, vas-y.

  • Speaker #2

    Non, en continuant ce que tu es en train de raconter, mais c'est quoi du coup la plus grande difficulté aujourd'hui dans ton travail, dans ton métier ?

  • Speaker #1

    C'est de gérer un quotidien entre les urgences, les projets long terme, les rapports de force. Parce que c'est un métier où chaque matin on se réveille, il faut avoir l'énergie d'aller se battre. C'est peut-être ça la plus grande difficulté. L'endurance parfois dans certains rapports de force, le fait que c'est des journées longues de travail. Ce n'est pas le seul métier, mais effectivement c'est de l'endurance de faire de longues heures, des longues journées de travail.

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qui te motive le matin au réveil ?

  • Speaker #1

    les projets... qu'on accompagne et les personnes qu'on accompagne. Je pense que quand on croit au projet, quand on croit aux personnes, même quand on est fatigué, on se rattache toujours à ça. On se souvient des projets, de ce qu'on a lu. on appelle les talents et on se remet en route comme ça parce que finalement, l'envie, elle vient de là. Elle vient par la dynamique et par l'adrénaline qui vient échanger avec les producteurs, avec les auteurs.

  • Speaker #2

    Ça remet tes passions un peu.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Un tout petit peu, pour le coup. Question d'introspection, tu dirais que... C'est quoi ta plus grande force, toi, en tant qu'agent ? Est-ce que tu es quelqu'un qui est très bon en strat ? Tu es très bon en stratégie. Est-ce que c'est la négociation ? C'est le côté humain ? C'est quoi ta patte ?

  • Speaker #1

    Non, mais c'est une bonne question parce que ça fait partie des métiers.

  • Speaker #2

    Je vais commencer à être jaloux, moi.

  • Speaker #1

    Non, parce que ça fait partie des métiers à travers lesquels, comme je pense beaucoup de métiers, à travers lesquels on se découvre. C'est-à-dire que moi, je pensais certainement avoir des qualités, peut-être de patience. Je me suis découvert que je les avais peut-être assez peu. Et je pensais notamment avoir des défauts. Peut-être la capacité à assumer aussi des rapports de force, à être dans beaucoup de relations parfois qui sont conflictuelles, parce qu'il faut assumer simplement des situations conflictuelles, ne pas aller les chercher, mais quand elles se présentent, pour protéger les auteurs, les assumer. Et je me suis peut-être découvert à cet endroit-là, par exemple, une endurance, comme on disait tout à l'heure, que je ne pensais pas avoir. Donc on se découvre, et ma qualité en tant qu'agent, je ne sais pas, peut-être un rapport humain que je peux avoir avec les auteurs.

  • Speaker #2

    Mais c'est qui l'ennemi ? C'est un grand mot, mais l'adversaire des auteurs aujourd'hui, c'est qui ? C'est les plateformes, les grosses boîtes de prod ? Quand tu dis qu'il y a des rapports d'adversité ?

  • Speaker #1

    Non, c'est simplement... Je pense que... Je ne poserai pas la question comme ça.

  • Speaker #2

    Contre qui tu dois défendre leurs intérêts ?

  • Speaker #1

    Parfois, leurs intérêts ne peuvent ne pas être alignés, notamment avec ceux des producteurs. Ce qui ne veut absolument pas dire que les producteurs sont des... sont des adversaires, au contraire, les producteurs. Je vois presque plus ou moins tendance à les considérer peut-être comme des talents, comme peuvent l'être les auteurs. Mais il y a certains moments où, effectivement, par rapport à certaines économies, la question du partage, du rôle aussi, ce n'est pas seulement une question financière, c'est la question du rôle des auteurs, de leur pouvoir, de décision, d'écriture, de leur place dans un projet, comment elle va perdurer dans un projet, notamment. dans des projets de série, là il y a des vrais enjeux. Ils sont au-delà des enjeux purement financiers. Et donc là, il y a des tensions. Mais qui sont légitimes, qui sont quotidiennes. Et les producteurs ressentent les tensions de la même manière de leur côté. Et donc c'est des discussions qui peuvent être vives, mais ce ne sont pas des ennemis. Je ne dis pas ça par politesse, c'est que réellement, il y a des producteurs avec lesquels j'ai de très bons rapports avec la majorité des producteurs. Et on sait qu'on fait tous partie d'une...

  • Speaker #2

    dans le même monde,

  • Speaker #1

    dans le même milieu,

  • Speaker #2

    dans la même industrie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Nous, notre métier, et les producteurs le savent, c'est quand même de protéger paradoxalement la relation d'un producteur, entre autres, avec un auteur. De faire en sorte que l'auteur et le producteur n'aient à parler que artistique. Et donc, à côté de ça, il faut qu'il y ait des gens qui assument cette part plus difficile de conflictualité et de défense des intérêts de l'un. des auteurs quand ils ne peuvent pas eux-mêmes se défendre. Et donc à partir de là, nous on intervient en assumant une part parfois de conflictualité.

  • Speaker #2

    C'est hyper intéressant.

  • Speaker #0

    Et comment on gère la déception du talent quand on doit lui annoncer qu'on n'a pas eu les financements qu'on aurait espéré trouver ? C'est un morceau un peu difficile de ton métier ? Non.

  • Speaker #1

    Ça normalement quand la relation est déjà construite avec l'auteur C'est des discussions qu'on peut avoir de manière assez fluide Ça peut être plus une frustration de notre côté et du sien Mais qui ne joue pas forcément sur notre relation

  • Speaker #2

    Je reviens un peu sur Cannes Et je vois qu'aujourd'hui les plateformes Donc Netflix pour ne pas les citer Produisent également des films qui ont été en compétition Je pense notamment à Okja il y a quelques années Et ça avait fait polémique à l'époque Puisqu'ils sortaient à la fois en salle et à la fois sur Netflix et en France, normalement c'est interdit dans la chronologie des médias est-ce que c'est un truc auquel on pense quand on discute avec des scénaristes ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, si bien sûr, parce que de manière plus générale quand on nous propose un film il y a l'enjeu de savoir comment le film va se financer et si c'est un film qui va partir sur les plateformes et si c'est un film qui va se financer dans un schéma de financement que je qualifierais de... de plus classique tout simplement. Il y a une typologie de film qui effectivement peut être peu parfois certains films de marché qui peuvent exister sur les deux. Et notamment depuis le Covid, on a vu que certains films qui devaient notamment se faire par un schéma de financement classique, finalement sont allés sur les plateformes et donc maintenant, notamment dans chaque négo, il est vraiment entendu, même pour n'importe quel film, que le film pourra partir sur les œuvres. Donc ça c'est nouveau par exemple. C'est une œuvre de SMAD. les sourds Les choses à partir du Covid pourraient avoir plus de souplesse si jamais les films devaient se financer ou se faire autrement, d'avoir la possibilité. L'internationalisation pour nous est un vrai enjeu. On y travaille au quotidien parce qu'elle ouvre simplement de nouveaux marchés à des auteurs qui en ont envie, qui en sont capables. L'arrivée des plateformes aussi a fait bouger un peu les lignes. On a quelqu'un comme Sam Baudin qui avait réalisé il y a quelques années Marianne. Marianne a très bien marché dans certains pays étrangers. Je prends. pendant certains pays anglo-saxons. Et du coup, ça lui a offert la possibilité, effectivement, d'aller réaliser des séries aux États-Unis. Ce que Julia a fait, Julia Ducournau aussi a fait également.

  • Speaker #0

    Et d'après toi, un projet qui a le potentiel de voyager, c'est quoi les éléments qu'il doit avoir ? Je ne sais pas si on peut le quantifier, tu vois, mais c'est quoi un projet qui a ce potentiel ?

  • Speaker #1

    Voyager, c'est-à-dire à l'international ? Oui. on a des auteurs qui ont effectivement parfois des pattes que je qualifierais parfois très franco-françaises, qui correspondent notamment à des enjeux sociaux, sociétaux. À ces Français dont on pense, peut-être parfois à tort, qu'effectivement, ils ne vont pas forcément s'exporter.

  • Speaker #2

    C'est le paradoxe, parce que par exemple, des films comme Amélie Poulain ou Les Choristes, ils ont marché dans le monde entier, et ça reste quand même très parisien ou très français.

  • Speaker #1

    C'est vrai, mais sans être un spécialiste, je pense que c'est quand même des films qui renvoient une certaine image de la France. et une image assez exportable. Moi, je pense plutôt à des films, effectivement, qui traitent d'enjeux purement sociaux et sociétaux français. Il y en a qui marchent très bien en France, mais dont on se doute qu'à l'export, ils vont être plus difficiles. Mais nous, notre enjeu, effectivement, quand on parle d'internationalisation, nous, notre enjeu est plus sur la base de certains succès qu'ils ont pu avoir en festival ou d'ailleurs des projets de séries. On en revient à l'idée de séries aussi. de... de savoir si ces talents, souvent plus facilement pour la réalisation que pour l'écriture, comment ces talents-là peuvent s'exporter et aller réaliser notamment des séries dans les territoires anglo-saxons, souvent les territoires anglo-saxons.

  • Speaker #0

    Tu disais plutôt quelque chose par rapport à l'ADN. J'avais trouvé l'idée hyper intéressante. Tu peux développer un petit peu ? Dans le sens où tu disais que... Est-ce que pour toi, par exemple, la meilleure association, c'est quand un agent comprend vraiment bien l'ADN de son talent ? Je pense que c'est ça que tu as voulu dire. Je ne sais pas si j'ai mal paraphrasé.

  • Speaker #1

    Non, c'est tout à fait ça. Je me suis rendu compte avec un peu d'expérience que oui, c'est... c'est nécessaire. Si vous me donnez aujourd'hui je pense un scénario d'un film vraiment très marché compatible, il se peut que je passe à côté et que je ne comprenne pas et que je ne le comprenne pas.

  • Speaker #2

    Quand tu dis marché compatible, c'est-à-dire bankable qui va...

  • Speaker #1

    Oui, j'ai une idée en tête. Effectivement, c'est vraiment... Je sais que j'ai déjà lu des comédies, effectivement, dont l'enjeu était vraiment de toucher un marché extrêmement large à travers des castings, à travers aussi des réalisateurs extrêmement bankables. Et je me suis rendu compte, à la lecture de ces scénarios, qu'effectivement, il y avait des choses que je pouvais ne pas comprendre. Pour élargir un peu le débat, on est aussi dans une cartographie des agences en France qui peuvent représenter différentes choses aussi. Film Talent ne représente pas les mêmes auteurs et les mêmes réalisateurs que d'autres agences qui comprennent beaucoup mieux certains enjeux de marché mais qui ne saisissent assez peu certains enjeux d'un certain cinéma d'auteur. Et donc, les choses étant bien faites, c'est pour ça que...

  • Speaker #2

    Oui, vous êtes une agence spécialisée, disons, dans tel genre et d'autres agences sont spécialisées dans... Oui,

  • Speaker #1

    et à côté de ça, ça implique aussi une cartographie de producteurs qui n'est pas la même. Les liens avec les plateformes ne sont pas forcément les mêmes. On n'a pas forcément un intérêt à trop s'élargir si c'est pour perdre notre ADN.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous aimeriez créer des duos mythiques, un peu à l'image d'un Bakri Jaoui ou d'un Mathieu Delaporte, Alexandre Delapate-Lière ? Est-ce que c'est quelque chose auquel vous pensez ?

  • Speaker #0

    Le conte de Motté-Christophe.

  • Speaker #2

    Voilà, notamment. On tient aussi scénarisé les trois mousquetards d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Ça pour le coup on le fait vraiment au quotidien. C'est-à-dire au quotidien on matche des scénaristes entre eux sur des projets, on matche des scénaristes...

  • Speaker #2

    On dirait Tinder quand tu dis Roman.

  • Speaker #1

    Tu vois,

  • Speaker #2

    je fais swipe,

  • Speaker #1

    ils s'entendront bien artistiquement, humainement ce qui se passe entre eux on ne peut pas le savoir humainement ils pourront aussi s'entendre tout à fait j'ai déjà eu des projets de séries sur lesquels effectivement qui étaient quasiment dans leur finalité en écriture et il y avait besoin de réalisateurs réalisatrices et j'ai présenté des réalisateurs réalisatrices en disant je pense que là c'est la bonne personne et ça a marché et donc cet enjeu c'est

  • Speaker #2

    toi le lien

  • Speaker #1

    Oui, voilà, peut-être en jeu, il est quotidien. Et pour le coup, ça, effectivement, c'est quelque chose que je dis souvent quand je rencontre des jeunes scénaristes, des jeunes auteurs. Quand on se pose la question de ce qu'on va travailler ensemble, c'est aussi de regarder l'ADN de l'agence, quitte à ce que parfois ça ne soit pas, ça ne nous serve pas. Mais parce que les gens avec lesquels les auteurs vont être amenés à travailler, c'est aussi les gens qu'on accompagne au quotidien.

  • Speaker #0

    Tu t'es lancé dans le cinéma par passion, c'est ce que tu m'avais dit. Et tu me disais aussi que tu as beaucoup moins le temps de voir des films aujourd'hui. C'est vrai. C'est très paradoxal.

  • Speaker #1

    C'est totalement paradoxal et c'est une de mes grandes frustrations. Du coup,

  • Speaker #0

    est-ce que ça te fait regretter ton choix de travailler dans le cinéma ?

  • Speaker #1

    Alors non, mais il y a quelque chose qui est vrai, c'est qu'aujourd'hui à chaque fois que je vois un film, effectivement ça me ramène à mon activité professionnelle, ce qui n'est pas forcément désagréable parce que j'aime le métier que je fais. Mais ça a quand même, ça a bien sûr déformé mon regard. Et notamment quand j'ai envie vraiment de me détendre, je regarde des films américains, je regarde des films italiens pour lesquels je sais qu'il y a assez peu de choses qui ont à voir avec mon quotidien. Et non,

  • Speaker #0

    tu as l'impression de travailler en fait.

  • Speaker #1

    Il y a toujours un moment où ça me rappellera. Ça me rappellera.

  • Speaker #0

    Un mail à envoyer.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais ça ne veut pas dire que je ne regarde pas ces films-là. Mais c'est vrai que maintenant, quand je vois beaucoup de films que je vois, ça me ramène à ma pratique. Mais c'est vrai que je suis arrivé dans ce métier par cinéphilie. Et que finalement, les enjeux se sont décalés. Je n'y reste pas forcément. Je ne vois pas assez de films. mais que maintenant je suis plus sur des enjeux purement professionnels, d'accompagnement de carrière, et ça a décalé mon regard.

  • Speaker #0

    Ça a décalé, ça l'a changé ?

  • Speaker #2

    Ça me rappelle Barbara Premilla qu'on a reçue, qui est agent d'image dans le cinéma. disait que regarder 10% par exemple pouvait enfin mais pas parce que ça la renvoyait tout de suite à son métier c'était c'était assez oppressant quoi d'ailleurs tu trouves que la série assez fidèle à la réalité tu te reconnais dans ce port dans ses portraits alors

  • Speaker #1

    là la série remarquable par ailleurs à quand a quand même pris un angle qui était de toute façon le meilleur angle à prendre sans être scénariste moi même qui est celui des agents d'acteurs des agents d'acteurs d'un p'tit peu de staf là. Et donc effectivement, en tant qu'agent d'auteur, on est dans d'autres problématiques, qui sont notamment vraiment des choses moins glamour ou quotidien. On est quand même en 99% de labeur pour 1% de glamour, c'est ça notre quotidien.

  • Speaker #2

    Sauf à Cannes !

  • Speaker #1

    C'est le 1%. C'est le 1%.

  • Speaker #0

    Des soirées où il ne va pas.

  • Speaker #2

    Je le connais, le petit coquin.

  • Speaker #1

    Nous, en tant qu'agent d'auteur, on est... On est aussi dans des logiques vraiment de comment se finance un film, on est plus dans la fabrication, même les échanges avec les producteurs ne sont pas les échanges qu'ont les agents d'acteurs, on est souvent plus en amont. Mais il y a quelques épisodes de 10% qui sont très justes. Moi je pense à l'épisode avec Isabelle Huppert. L'enjeu de la gestion des plannings, c'est l'enfer de tous les agents d'acteurs et des assistants d'agents. Je pense que pour un agent d'acteur, ça doit être assez difficile de regarder cet épisode-là, parce que ça va le renvoyer tout de suite à tout son stade quotidien, de savoir comment dans son tableau Excel, il va faire rentrer deux journées de tournage le même jour.

  • Speaker #2

    Et c'est quoi ton enfer à toi aujourd'hui ? Est-ce qu'il y en a ?

  • Speaker #1

    Mon enfer, c'est effectivement de lire un scénario, d'accompagner quelqu'un, de croire en son projet et d'avoir une difficulté. à trouver des producteurs, de savoir comment le film va se financer. Parce qu'on peut être parfois, je radote, mais sur des typologies de films dont on sait que le financement va se faire difficilement. Ça, de croire en des projets et de ne pas être sûr qu'ils vont se faire, ça peut être une difficulté. Après, on se bat pour ça au quotidien. C'est pour ça qu'on existe aussi. Et c'est d'autant plus valorisant quand les choses se font. Mais la difficulté, c'est de croire... C'est la difficulté. La difficulté, c'est la durée. du marché une histoire d'argent finalement oui bah des films oui des films ça coûte cher il faut que ça se financent et oui et il ya des rencontres que tu as fait dans ce depuis que tu es dans ce milieu qui t'a marqué une personnalité j'ai un acteur que je représente comme ça ça me permettra de ne pas mettre en difficulté par rapport à tous les autres auteurs je suis l'agent de jean pierre léo et jean pierre léo effectivement je pense que s'il ya une rencontre parce que je l'accompagne depuis longtemps. C'est une très belle rencontre. humaine vu le parcours sur truffaut godard les discussions que j'ai eues avec le cinéma sur sur sur tout ce qu'il a travaillé de discuter quelqu'un qui a qui a travaillé avec pasolini de pouvoir lui demander ce que c'est que très avec pasolini donc voilà jean pierre léaud imagine comment ton métier dans dix ans le métier a tellement changé depuis l'arrivée des plateformes il ya dix ans maintenant il continue à évoluer on verra comment le cinéma français se financent dans dix ans c'est optimiste tout est... Il faut rester optimiste, parce que de toute façon, l'arrivée des plateformes a quand même ouvert, on peut discuter de l'artistique de certains projets, mais l'arrivée des plateformes a quand même ouvert de nouveaux marchés. Et quant au financement du cinéma français, il fonctionne plutôt bien. Donc, il faut rester positif par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Tu sais qu'on avait reçu Florent Lamy, on vous remettra l'épisode en lien, qui lui, amenait des acteurs hollywoodiens dans le marché français. naturellement. nous on penserait que ce serait en général l'inverse c'est ce qu'on entend par internationalisation en général tu vois de plus en plus cette pratique dans le milieu Quelle est ton opinion par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il peut y avoir bien sûr un vrai intérêt de la part des réals en France. Mais il faut juste voir l'ampleur que ça peut prendre. Et bon courage à notre ami, parce que peut-être qu'il va réussir justement à créer réellement quelque chose.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai une question. Est-ce qu'il y a une scène de film qui t'obsède, que tu as tourné dix fois dans ta tête ? Plus qu'un film, ça t'arrive des fois d'avoir ce genre de trip ? Moi, ça m'arrive tout le temps. que ça.

  • Speaker #2

    genre de film, Pascal ?

  • Speaker #0

    D'auteur, je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui, je vais parler d'un réalisateur russe avec lequel j'ai eu travaillé quand il était dans le théâtre il y a quelques années, je ne l'accompagne pas du tout aujourd'hui, qui s'appelle Kirill Sebrinikov. Je pense à une scène de son dernier film, Limoneuf, un travelling qui est absolument spectaculaire. Il faut voir ce film, il faut voir l'oeuvre de Kirill Sebrinikov.

  • Speaker #2

    Je suis fier à voir Parthenopée.

  • Speaker #1

    Exactement. Et l'autre scène que j'aurais pu citer, c'est effectivement dans La Grande des Béliessa. La scène de fête sur le coin, qui est la scène quasiment d'ouverture. Et moi, je me souviens, je connaissais assez peu l'œuvre à l'époque de Sorrentino. Et cette scène m'avait prise comme ça. La manière de filmer une fête était hallucinante.

  • Speaker #0

    Un conseil que tu donnerais à un réalisateur pour trouver un agent ?

  • Speaker #1

    d'en rencontrer d'en rencontrer plusieurs. Parce qu'il n'y a pas de formation d'agents, on a tous des caractères, des formations très différentes, on a tous une vision différente du milieu, donc qu'il échange avec plusieurs agents.

  • Speaker #0

    Et de démarcher directement, de ne pas avoir peur de le faire.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #2

    On a un petit gimmick en fin d'épisode. Agent Sylvain, mission accomplie.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci pour votre invitation.

  • Speaker #0

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez, laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu et pour qu'on puisse continuer à le développer, vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agent Double.

Chapters

  • Introduction – Un agent pas comme les autres

    00:00

  • De Cuba aux plateaux : un parcours inattendu

    04:15

  • Cinéphilie, déclic et arrivée chez Film Talent

    08:45

  • Ce que fait vraiment un agent d’auteurs et de scénaristes

    13:10

  • Séries, cinéma et nouvelles dynamiques du métier

    17:20

  • Gérer la pression, les urgences et les relations

    21:55

  • Le marché, les plateformes et les logiques de production

    27:05

  • L’internationalisation et la cartographie des talents

    32:30

  • L’humain au cœur du métier d’agent

    37:15

  • Cannes, glamour et coulisses du financement

    41:45

Description

Alors que le Festival de Cannes bat son plein, on a décidé de recevoir un agent pas comme les autres. Au sein de son agence Film Talents, Sylvain Cochard ne s'occupe pas des acteurs et actrices, mais de ceux qui les mettent en scène et racontent leurs histoires à l'instar de François Ozon, Leos Carax ou encore Bertrand Bonello. Un rôle d'agent atypique dans cette industrie planétaire où chacun apporte sa pierre à l'édifice pyramidale d'un film.


Un grand merci à selectionmaisonb et myfunnylevantine pour la laine toute en couleur de Pascale 😍


//////////


Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


🔹 Si cet épisode vous a plu, abonnez-vous pour ne pas galérer à rechercher les prochains😉


🔹 Ce podcast peut peut-être changer une carrière 🚀...Pour booster sa visibilité, rendez-vous sur Apple Podcast et Spotify, laissez 5 étoiles🌟 et un commentaire 🙏

(au bas de la page de présentation du podcast sur Apple Podcast).


🔹 ....Vous cherchez encore les étoiles🌟? Nous avons un tuto sur Instagram, avec plein de contenu exclusif!


🔹 Nos épisodes sont aussi disponibles en vidéo sur notre chaîne YouTube


🔹 Nous finançons entièrement ce podcast. Il n'y a pas de petits dons, que des grands MERCI, si vous souhaitez nous soutenir avec cette cagnotte.


🔹 Pour nous faire un coucou, écrivez-nous sur agentdoublepodcast@gmail.com


//////////


Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Martin Flogny

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et on sait que ça a un impact parfois parce qu'on sait par exemple que certains films ont été montés un peu à l'arrache pour être prêts pour Cannes, qu'ils n'étaient pas encore dans leur meilleure forme, dans leur meilleure version. Et qu'une fois Cannes est passé, il y a eu un remontage de films, c'est déjà arrivé, je pense peut-être à un Scorsese ou à un Tarantino. C'est quelque chose qui est courant finalement ?

  • Speaker #1

    Alors en général, il est courant. Il peut arriver que les films soient envoyés dans des versions non définitives au festival. En général, quand ils sont montrés au festival, ils sont, je pense, à 99%. Que qu'il y ait des montages après, ça doit être assez exceptionnel. Il doit y avoir un ou deux cas, mais c'est exceptionnel. Agent Double.

  • Speaker #2

    Je suis Pascal Wakim.

  • Speaker #0

    Je suis Rand Khalek.

  • Speaker #2

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #0

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #2

    Pour ne rater aucune de nos missions, abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #0

    Et pour des contenus exclusifs, suivez notre page Instagram Agent Double Podcast.

  • Speaker #2

    Alors que le festival de Cannes va s'en plein, on a décidé de recevoir un agent pas comme les autres. Au sein de son agence Film Talent, notre invité ne s'occupe pas des acteurs et actrices, mais de ceux qui les mettent en scène et racontent leur histoire. À l'instar de François Ozon, Léo Scarax ou encore Bertrand Bonello. Un rôle d'agent atypique dans cette industrie planétaire où chacun apporte sa pierre à l'édifice pyramidal d'un film. Bienvenue, Sylvain Cochard.

  • Speaker #0

    Sylvain Cochard, bienvenue dans Agendou. On est ravis de t'accueillir. donc pour ceux qui ne le savent pas tu es agent de réalisateur et de scénariste à travers la société Film Talent et avant de nous raconter ton parcours et ton métier il y a une question qui nous titille tu sais pas c'est quoi ? attends je vais te demander c'était bien Cuba ?

  • Speaker #1

    C'était merveilleux, je n'attendais pas du tout à cette question. Je suivais, je finissais mes études et j'avais fait à l'époque, c'était un mémoire, sur les relations culturelles entre la Havane et Cuba. Et pour finaliser ça, j'avais fait un semestre à l'Université centrale de La Havane, qui était un semestre, un court semestre dans une formation estivale.

  • Speaker #0

    Quel souvenir t'en gardes ?

  • Speaker #1

    J'en garde un souvenir merveilleux. C'était...

  • Speaker #2

    Tu étudiais vraiment ? Oui.

  • Speaker #0

    Il y avait des à côté quand même. Tu peux nous le dire.

  • Speaker #1

    J'en garde un souvenir merveilleux. La formation était effectivement assez peu centrale finalement. C'est pour ça que j'en parle assez peu. Je ne sais pas si vous avez eu l'info. J'en parle relativement peu parce qu'effectivement, j'avais quelques heures de cours par jour pendant quelques semaines. Mais ça a été une formation assez légère. mais J'avais découvert beaucoup de films cubains. J'étais arrivé à l'époque à La Havane avec une petite cinéphilie. On va en reparler, bien entendu. Et c'est vrai que ça avait décalé mon regard autour d'un cinéma latino-américain et cubain, bien évidemment. Et avec le plaisir aussi de... de découvrir un cinéma qui était très décourélé, très déconnecté de notre cinéma européen à nous.

  • Speaker #2

    Donc pour commencer par le début, tu commences par des études de droit et de sciences politiques. Et la question évidemment, c'est comment tu arrives dans le cinéma ?

  • Speaker #1

    De petit décalage en petit décalage. Quand je finis mes études, je suis entraîné par le projet d'un ami, avec qui on a fondé une... boîte de production dans le spectacle vivant le théâtre et la danse lui venait vraiment de ce milieu là et il avait besoin de s'entourer de gens notamment parce qu'il y avait un aspect international ce projet et que moi j'ai fini par désirer études de relations internationales et donc il voulait s'entourer un peu de personnes qui avaient d'autres d'autres réflexes que lui et donc on a monté cette boîte de prod ensemble de prod qui existe toujours qui accompagne toujours des metteurs en scène et ça a été un peu mon entrée par hasard dans le monde de la des arts de la culture et donc j'ai accompagné à travers cette structure pendant cinq six ans des metteurs en scène décoré et j'y ai pris goût et donc j'ai travaillé avec des auteurs, pas exactement à l'endroit où je suis aujourd'hui mais finalement entre la manière dont je travaillais à l'époque et le métier d'agent, même s'il y avait un aspect pris en main de la production qu'il n'y a pas en tant qu'agent, finalement on retrouve les mêmes réflexes, les mêmes rapports aux artistes et des métiers qui finalement sont assez similaires.

  • Speaker #0

    Et tu as tout de suite adapté et compris les tenants et les aboutissants du métier ? Tu n'as pas eu de mal ?

  • Speaker #1

    En tant qu'agent ou dans la boîte de prod ?

  • Speaker #0

    Non, même dans la boîte de prod.

  • Speaker #1

    J'ai été formé, j'ai été formé avec bienveillance, j'ai aussi travaillé avec des artistes qui étaient très bienveillants avec moi et puis on apprend sur le terrain mais j'avais 25, 26, 27 ans et donc on apprend ce que c'est un budget on apprend ce que c'est qu'une compagnie de théâtre, de danse, ce que c'est aussi qu'un artiste et on se forme comme ça au quotidien, au contact au quotidien

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qui fait que tu laisses la boîte ? qui est toujours active aujourd'hui, mais qu'est-ce qui fait que tu laisses la boîte et que tu décides de devenir agent ?

  • Speaker #1

    J'ai accompagné pendant 5-6 ans des metteurs en scène, notamment dans des grosses tournées. Dans des grosses tournées, c'était extrêmement chronophage, ça demandait beaucoup d'énergie. J'étais fatigué de ce métier que j'ai beaucoup aimé. J'avais toujours voulu aller travailler dans le cinéma. Tout à coup, il y a des passerelles qui sont ouvertes, il y a des portes qui sont ouvertes et j'y suis allé.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a un film en particulier qui a fait que tu as voulu bosser dans le cinéma ? Il y a un film qui t'a marqué au point où tu te dis ça, c'est ce que je vais faire de ma vie.

  • Speaker #1

    c'est une très bonne question merci c'est pas toujours mes questions parce que je pense que ça s'est réellement passé comme ça il y a eu un déclic qui était assez jeune j'ai vu un film qui est peut-être aujourd'hui mon film préféré qui est un film de Nani Moriti qui s'appelle Le journal intime où je me suis dit tiens c'est un film en trois parties avec une écriture assez... lisible faussement simple parce que le film est extrêmement brillant c'est nani moretti et je me souviens en voyant ce film m'a dit j'aimerais bien savoir comment ça marche j'aimerais bien faire partie de cette industrie et même si à 15 ans je pense que je me formulais pas les choses en terme d'industrie mais j'ai eu j'ai eu cette envie de voir comment ça se passait et à quelque chose d'assez particulier qui est que je n'ai jamais voulu être acteur j'ai jamais voulu être metteur en scène et donc je me demandais puisque À l'époque, surtout que le métier d'agent, dans les années 90, on ne savait pas que ça existait. Moi, je ne savais pas que ça existait, encore moins pour les agents d'auteurs. Aujourd'hui encore, quand je dis que je suis agent d'auteur, il y a beaucoup de gens qui me disent « on connaît le métier d'agent, on ne savait pas que les auteurs avaient des agents » .

  • Speaker #0

    C'est pour ça que tu es là.

  • Speaker #1

    Exactement, exactement, que les auteurs existent.

  • Speaker #0

    Trop bien.

  • Speaker #1

    Voilà, donc Journal Intime, moi, était le déclic. Ça a été un marqueur de ma cinéphilie. Et après, j'ai vu effectivement beaucoup de films entre mes 15 et mes 25 ans. Ça a été la période faste, je pense, de ma cinéphilie.

  • Speaker #0

    Et un style en particulier.

  • Speaker #1

    un cinéma d'un pays en particulier l'italie où c'était juste du hasard non non non non non c'était du hasard c'était du hasard j'ai regardé beaucoup de cinéma beaucoup de cinéma américain moi j'ai regardé beaucoup de cinéma américain des années 40 Après, il y a aussi eu l'influence d'un certain cinéma américain contemporain, qui dans les années 90 était assez riche. Et puis, j'ai commencé à regarder aussi pas mal de cinéma d'auteurs, même de la nouvelle vague. Et j'ai fait un peu un melting pot avec parfois des angles morts. J'assume aujourd'hui d'avoir des angles morts dans ma... C'est normal.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que tu appelles un angle mort ? Une direction dans laquelle tu vas et tu reviens ?

  • Speaker #1

    Non. Il y a des grands réals dont j'ai vu très peu de films. Je connais très peu. J'ai dû voir, même s'il n'a pas une filmographie énorme, j'ai dû voir trois films de Kubrick, je pense. Je sais qu'il y a des... Voilà. Et notamment, il y a tout un cinéma italien, pour répondre à ta question, que je connais assez peu. J'ai vu tous les films de Paolo Sparaglino. Tu as vu le Partenocle ? Non, exactement. Il est superbe. Je l'ai vu deux fois. Je vais le voir très vite. Je l'attendais beaucoup.

  • Speaker #2

    Donc 2017, tu intègres Film Talent, qui est l'agence dans laquelle tu travailles aujourd'hui. Donc tu l'intègres en tant qu'agent assistant, assistant d'agent. Et en deux ans, tu deviens agent. C'est quand même assez rapide, non, comme progression ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai bénéficié de ce dont on vient de parler, qui est quand même un passé au contact des metteurs en scène. Et qui fait que je n'étais pas totalement junior. Je n'étais pas totalement junior et puis j'ai été formé pendant deux ans. A l'époque j'ai commencé comme agent aussi d'acteur, on avait encore des acteurs. J'étais l'agent, je pense que la première personne que j'accompagnais c'était Noamil Vovski. J'accompagnais très vite aussi Isil Lebesco à l'époque. mais qui sont aussi autrices. Et au bout de deux ans, on m'a proposé de commencer à développer un peu une liste, comme on dit. Et j'ai commencé assez doucement par représenter des jeunes scénaristes qui sortaient de la FEMIS série. Parce que c'était aussi un mouvement dans lequel on est encore aujourd'hui. Mais où la série explosait avec l'arrivée des plateformes. Et donc il y avait aussi des enjeux là purement professionnels de placement, sur lequel était déjà Film Talent, qui représentait déjà beaucoup de... de scénaristes sur la série, sur lesquels moi je me suis mis aussi également. Et puis ça me plaisait, je consommais beaucoup de séries à l'époque, et donc j'ai commencé à accompagner des scénaristes vraiment de séries, et puis après ça s'est développé tranquillement.

  • Speaker #0

    Alors on va citer quelques noms de votre catalogue, mais là on s'est quand même concentrés sur le cinéma, en l'occurrence. Donc François Ozon, Fanny Herreiro, qui est donc une des scénaristes de la série 10%, qui a été importante pour nous aussi.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, quand je t'ai appelé, je t'ai dit, Sylvain, je ne pouvais pas ne pas intéresser.

  • Speaker #0

    l'agent de qui représente un bon les gens se représentent venir c'est quand même quelqu'un important pour nous nabil hayouch on va parler un peu j'ai une histoire un peu intéressante avec nabil hayouch puisque en 2012 on a recréé le festival du film arabe à paris qui s'appelait imagina qui avait été créé par ma mère n'est la calèque via sa boîte de prod à lima et il faisait le film d'ouverture avec les chevaux de dieu donc c'était un moment assez spécial et c'est un super film et c'est un super réel Nabil Voilà, c'était pour la petite anecdote. Bertrand Bonello aussi, avec le film Saint-Laurent. Et le regretté Gaspard Bissou, évidemment. Léo Scarax, qui est très marqué dans son style, avec des films très forts. Et Alexis Langlois, dont on parlait tout à l'heure en off, qui est un jeune réel, qui a été primé à Cannes, je crois déjà.

  • Speaker #1

    Il a été sélectionné, son film est en sélection à Cannes l'année dernière, tout à fait.

  • Speaker #0

    Et on a également Julia Ducournau, qui a remporté la Palme d'Or avec Titan en 2021. et Gala Hernandez qui est également sélectionnée à Cannes cette année dans la quinzaine des cinéastes et Julia Ducournau aussi cette année dans la sélection avec Alpha et il y en a d'autres aussi il y en a beaucoup d'autres d'ailleurs on

  • Speaker #2

    peut faire un petit coucou à nos compatriotes Johanna Aditouma et

  • Speaker #0

    Khalil Ajrej qui sont un duo de scénaristes réalisateurs libanais c'est quand même intéressant d'avoir cette diversité d'artistes et de scénaristes

  • Speaker #1

    réalisateur qu'est ce qui te fait faire des choix aujourd'hui dans ceux avec qui tu veux travailler est ce qu'il ya une ligne directrice que tu veux prendre alors oui et non il peut faire des choix c'est quelque chose d'assez instinctif chacun des profils de réal d'écriture de scénaristes nous parlent ou pas et nous amène à s'instinctivement à savoir si on a envie de les accompagner avec avec cette prudence qu'il faut avoir, je pense, en tant qu'agent. qui est de ne pas forcément trop s'élargir et de rester, de travailler avec des gens dont l'ADN nous corresponde. Parce que sinon, il y a un risque de ne pas comprendre ce qu'ils font. Et c'est certainement pas pour eux et pas pour nous non plus.

  • Speaker #0

    Et ça consiste en quoi d'accompagner un scénariste, par exemple, typiquement ? En quoi tu lui apportes quelque chose ? Est-ce que tu places ces scénarii, tu les proposes à des réels ? Est-ce que tu vas l'aider à écrire dans le processus d'écriture ? Comment ça se passe en agent pour un sénat ?

  • Speaker #1

    Alors je poserai la question différemment en fonction de projets séries et de projets ciné, sachant qu'en France on a quand même la culture du cinéma d'auteur qui fait que les réalisateurs en général écrivent leurs propres longs métrages. Après il peut faire appel bien sûr à des co-scénaristes pour avancer plus vite dans le process ou avoir des échanges, mais il est assez rare en France contrairement à la culture une culture états-unienne d'avoir des longs métrages pour lesquels on va chercher des réalisateurs. L'arrivée des plateformes a un peu changé les choses, puisque effectivement il y a une nouvelle typologie de film pour présenter les choses de manière un peu simplifiée, mais avec effectivement des films plateforme qui peuvent être écrits pour lesquels on va aller chercher des réalisateurs. Mais la culture du cinéma vraiment d'auteur dans le schéma de financement classique fait que les réalisateurs en tout cas écrivent leurs films principalement. Pour la série c'est effectivement autre chose, puisque là on fait vraiment une distinction entre entre ceux qui écrivent les séries et ceux qui les réalisent, quand bien même ça pourrait être les mêmes parfois, bien entendu. Et là, effectivement, les scénaristes que j'accompagne me parlent de projets que moi je propose ensuite à des producteurs, voire à des diffuseurs parfois directement.

  • Speaker #2

    Donc ton rôle, si je reprends la question et si on part du point de vue des réalisateurs, ton rôle c'est de présenter leurs projets à des producteurs et de leur trouver des financements ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. L'aspect négociatif. est un peu évident tant qu'en tant qu'agent effectivement l'enjeu c'est d'avoir quand même cartographie des producteurs en france et de ceux avec lesquels eux-mêmes pourraient travailler en fonction de fonction on revient à l'idée d'adn des projets pour les appeler présenter pour

  • Speaker #0

    les accompagner et ton système de rémunération en tant qu'agent de real Et Scénarist, c'est le même que pour un agent d'acteur ?

  • Speaker #1

    C'est 10%. C'est 10% ? C'est 10%, oui.

  • Speaker #0

    Que ce soit cinéma ou série ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est toujours 10%. D'accord. Il y a un usage à 10%. Alors, un usage qui est réglementé par la loi en France pour les professions comme les acteurs ou comme les réalisateurs techniciens, où là c'est 10%, c'est la loi, pour les auteurs. il n'y a pas de loi. Ça peut être 15%.

  • Speaker #2

    Et comment vous faites pour vous répartir les talents au sein de l'agence ? Parce que tu es un des premiers agents qu'on reçoit et qui fait partie d'une agence. Vous êtes plusieurs dans l'agence. Comment est-ce qu'on distribue le catalogue ?

  • Speaker #1

    Pour le coup... ça fonctionne pas comme ça, on se la distribue pas c'est à dire qu'on est 4 agents c'est Film Talent et on rencontre on rencontre des scénaristes, des réalisateurs, des auteurs et on travaille avec qui on veut travailler tout simplement, on est très libre alors il arrive qu'on co-représente des personnes Fanny Réraud dont vous parliez tout à l'heure est co-représentée par Valérie Guibal et Simon Rey moi-même, quelqu'un comme Benjamin Parent, je le co-représente avec Simon et donc voilà, on a parfois des co-représentations ça peut fonctionner assez bien mais sinon on est très très libre on est totalement indépendant par rapport à la liste des personnes qu'on accompagne.

  • Speaker #2

    L'intérêt d'une co-représentation, bon évidemment pour le talent c'est deux personnes qui travaillent sur son dossier pour vous c'est que chacun a sa spécialité c'est ça ? Chacun va aller chercher des opportunités différentes ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est trouver d'autres dynamiques d'échange avec les auteurs et entre collègues aussi.

  • Speaker #0

    Tu lis beaucoup de scénar' ?

  • Speaker #1

    Oui, je lis beaucoup de scénar'

  • Speaker #2

    On va refaire la question,

  • Speaker #1

    tu lis trop de scénar' ? Non pas trop, oui ça fait partie inhérente du boulot. C'est très chronophage, mais c'est très plaisant. C'est ce qui nous ramène à ce pourquoi on fait ce métier. Moi, je suis entré par ce métier par l'artistique. Après, ce qui m'y fait tenir, c'est aussi d'autres enjeux de développement. de carrière, mais l'entrée dans ce métier, c'est fait par l'artistique. Et oui, c'est important, quand on accompagne des gens, de savoir ce qu'ils écrivent, pour bien parler de leur projet, pour bien parler d'eux. C'est totalement central.

  • Speaker #0

    Mais tu leur fais un retour sur leur travail ou tu n'as pas de...

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as un...

  • Speaker #0

    Alors,

  • Speaker #1

    oui et non. Notre enjeu en tant qu'agent, c'est de donner aux auteurs le plus possible de levier pour...

  • Speaker #2

    Que leur projet se mette en place.

  • Speaker #1

    Oui, puis qu'ils en tirent les bénéfices, qu'ils ont une position de force aussi, parfois facétiques. des diffuseurs, des distributeurs. Et donc la coproduction est un levier. On n'est pas les seuls à faire ça. La coproduction est un levier. Et donc certains auteurs viennent nous voir davantage pour ces compétences-là que pour des retours de lecture.

  • Speaker #0

    Et quand tu dis coproduction, c'est qu'ils investissent eux-mêmes dans le projet ?

  • Speaker #1

    Non, non, non. C'est pas dans ce sens-là ? Non, c'est qu'une partie de leur rémunération sera fléchée sur la rémunération des producteurs.

  • Speaker #0

    D'accord, donc ils ont deux rémunérations.

  • Speaker #1

    Exactement. Ils ont leur rémunération de scénariste, leur rémunération d'auteur réel, leur rémunération de réel technicien et une rémunération quand elle existe de... producteur est ce que parfois tu arrives à décrocher du métier oui bien sûr si c'est un travail c'est un vrai travail c'est un métier si on veut le faire 24 heures sur 24 on peut donc oui on s'astreint mais ça c'est un peu avec avec avec le temps et l'expérience c'est que quand j'ai commencé comme agent je pense qu'il n'y a pas vraiment de manière de faire différemment je travaillais je travaillais vraiment tout le temps tout le temps c'est pas bon c'est pas bon même pour les gens qu'on accompagne donc oui je me force à faire des affaires des pauses à avoir des mêmes des horaires de bureau en termes de disponibilité ça veut pas dire que je travaille que de 9h30 20h ou à 19h30 c'est que je m'impose de de ne pas être disponible tout le temps. Parce qu'il y a quand même une culture chez les agents en France, pas qu'en France, aux Etats-Unis c'est extrêmement présent, de l'omniprésence de l'agent. De l'agent à disposition.

  • Speaker #2

    À n'importe quelle heure du jour et de la nuit.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #2

    Ça t'est arrivé de recevoir des coups de fil la nuit, de devoir répondre à des urgences en pleine nuit ?

  • Speaker #1

    Alors des urgences, non. Si ça avait été des urgences, ça peut arriver, ça ne m'aurait pas posé problème. Oui, ça m'est arrivé, ça m'est peu arrivé. Je ne travaille plus avec ces gens-là. Sauf si vraiment un jour, bien sûr, il y a des vraies urgences. mais ça t'a impacté quoi oui oui ça crée des je bataille au quotidien sur le fait que que l'agent doit être effectivement on travaille beaucoup on est extrêmement à la disposition et ça fait partie du job mais effectivement il y a il y a des limites mais comme pas mais les auteurs le comprennent bien les auteurs comprennent bien l'enjeu des limites et je dois dire que je suis plutôt très bien on est plutôt bien traité cet endroit là toi qui as travaillé avec des acteurs avant donc il y a une différence quand même entre Oui oui oui sont moins exigeants sont moins pronophages c'est pas le même métier Déjà, c'est deux métiers vraiment différents. Il y a des agents qui arrivent à faire les deux. Je les admire quand ils arrivent à faire les deux bien parce que c'est vraiment deux métiers très différents. Je pense que les acteurs, pour prendre leur défense, sont aussi dans une... Les auteurs, comme les acteurs, sont tous dans une précarité. Je préfère dire hiérarchie. Mais les acteurs sont parfois, peut-être, dans une précarité symbolique autre. C'est-à-dire qu'un acteur... Ils sont dans une urgence. Voilà. Un acteur qui n'a pas de visibilité sur ces six prochains mois est dans une réelle... et dans une vision d'une réelle précarité. Là où un auteur a des projets en général plus long terme, ça ne veut pas dire qu'il vit mieux que les acteurs, ça veut dire que sa manière de se projeter est autre. Et donc un acteur qui tout à coup pendant trois mois n'a plus de casting, effectivement c'est une situation délicate pour lui.

  • Speaker #0

    Par définition, l'auteur peut créer la matière, alors que l'acteur ne va pas se créer un scénar pour lui-même. Il est dans l'attente ou dans la prospection d'un rôle.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette dynamique fait que les auteurs sont nécessairement plus patients aussi avec les agents ? Est-ce que tu penses qu'un agent d'auteur est moins exposé aux trahisons par exemple ? Alors que peut-être que des comédiens pourraient être plus enclins à prendre des décisions un petit peu sur le vif ?

  • Speaker #1

    Oui, la pratique nous montre qu'effectivement il y a une autre fidélité chez les auteurs, avec une relation qui se développe davantage dans la durée, avec un rapport à la starification. qui n'est pas le même. Et donc, travailler avec des auteurs, ce n'est pas le même métier. Les auteurs et les acteurs ne font pas le même métier. Et donc, nous, notre position, notre accompagnement n'est pas le même. Leurs attentes ne sont pas les mêmes. Leurs attentes sur les urgences ne sont pas les mêmes. Et leurs attentes sur l'accompagnement d'une carrière ne sont pas les mêmes.

  • Speaker #0

    Ça t'est déjà arrivé de lire un scénario et de te dire ça, c'est un grand film ?

  • Speaker #2

    euh

  • Speaker #1

    Juste à la lecture ? Oui, bien sûr. Ça m'est arrivé de lire des scénarios et de voir qu'ils tenaient leurs promesses. C'est-à-dire qu'on accompagne aussi des auteurs, avec parfois aussi des vues sur ce qu'ils vont écrire, sur ce qu'ils vont faire. Des films dont on se dit, par exemple, qu'ils vont peut-être aller à Cannes, ou du moins dans des festivals de catégorie A. Et puis, on lit des scénarios, on voit les choses se développer et on se dit, tiens, effectivement, l'endroit est juste. Et on s'attient à ces promesses. Mais justement,

  • Speaker #0

    tu parles de Cannes. Comment un film arrive à Cannes ? C'est quoi le process ? Quelqu'un vous appelle, vous dit « Ah, je sais qu'il y a ce film qui se prépare, vite, vite, vite, avant que Cannes commence, on va le sélectionner » ? Ou est-ce que c'est vous qui envoyez au festival ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Oui, il peut y avoir dans certaines sélections des attentes.

  • Speaker #0

    Ils savent que tel réel est sur tel film et que le film est bientôt fini et il faut absolument l'avoir à Cannes en avant-première mondiale.

  • Speaker #1

    Ils savent ce sur quoi travaillent les réels, ils sont en lien beaucoup avec les distributeurs. Donc, ils ont une cartographie bien sûr extrêmement précise des films qui existent. Et du coup, en retour, il y a aussi beaucoup de films dont l'enjeu et la vie passera par la sélection, que ce soit à Cannes, à Venise, parfois à Berlin, qui se font sur des plannings aussi en fonction bien sûr des festivals.

  • Speaker #2

    C'était une de nos questions justement. Si tu nous prenais par exemple sur la construction d'un projet, à partir du moment où tu es en post-prod, est-ce qu'on s'aligne, on regarde le calendrier des sélections des festivals pour sortir ? Est-ce que c'est ça la logique ?

  • Speaker #1

    C'est bien avant la post-prod.

  • Speaker #2

    Ah oui ? Oui.

  • Speaker #1

    C'est même parfois dès... Alors, pas dès le début de l'écriture, parce que l'écriture de long métrage peut se faire sur 3, 4, 5 ans. Mais quand l'écriture se finalise et qu'on commence à réfléchir simplement aux dates de tournage d'un film, tout se met en place par rapport à des objectifs de festival. Pour certains films, bien sûr. Pour certains films dont c'est l'enjeu et dont on pense que la vie du film doit passer par une sélection en festival.

  • Speaker #0

    et on sait que c'est un impasse. impact parfois parce qu'on sait par exemple que certains films ont été montés un peu à l'arrache pour être prêts pour Cannes qu'ils n'étaient pas encore dans leur meilleure forme, dans leur meilleure version et qu'une fois Cannes est passé il y a eu un remontage de films, c'est déjà arrivé, je pense peut-être à un Scorsese ou à un Tarantino, c'est quelque chose qui est courant finalement ?

  • Speaker #1

    Il peut arriver que les films soient envoyés dans des versions non définitives au festival en général quand ils sont montrés au festival ils sont je pense à 99% Oui. qu'il y ait des montages après ça doit être assez exceptionnel il doit y avoir un ou deux cas mais c'est exceptionnel alors au moment où on diffuse cet épisode,

  • Speaker #2

    tu es à Cannes en fait là tout de suite je suis en train de bronzer,

  • Speaker #0

    dis la vérité

  • Speaker #2

    On a fait la séance de 8 heures ce matin. Ton agence a 4 films en compétition. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    On a 4 films présents à Cannes. C'est Julia Ducournau, c'est Pauline Loques, c'est Alex Poukine et c'est Gala Hernandez-Lopez qui sera à la quinzaine.

  • Speaker #2

    D'accord. Est-ce qu'on peut juste pour resituer un petit peu, qui est Julia Ducournau pour ceux qui nous écoutent ? Donc La Palme d'Or en

  • Speaker #1

    2021. Oui,

  • Speaker #2

    tout à fait. Avec Titane.

  • Speaker #1

    qui présente là son troisième long métrage, après Grave, Titan et

  • Speaker #0

    Alpha.

  • Speaker #2

    Comment est-ce que tu apprends que tes talents ou que leurs films sont dans la sélection ? De quelle façon tu l'apprends ?

  • Speaker #1

    Ça dépend des films et ça dépend des sélections. Pour la sélection officielle, pour ce qui est le cas de Julia, je pense qu'on l'apprend vraiment dans les dernières heures ou dans les derniers jours. Après, il peut y avoir aussi des arbitrages entre plusieurs sélections. Pour le film de Gala, je crois que c'était vraiment l'endroit qu'elle visait de toute façon. Et donc, elle l'a su quelques jours avant. Mais globalement, on le sait très peu de temps avant. Et j'ai des exemples de films, notamment en sélection officielle, où on l'a su la veille au soir.

  • Speaker #0

    Tu as le temps de profiter un peu des soirées canoisses ? Dis la vérité.

  • Speaker #1

    Peu. Si, si, on en profite quand c'est les soirées des films qu'on accompagne. Parce que là, il y a quand même... Il y a l'aboutissement de quelque chose, l'aboutissement d'un parcours, où c'est une fête un peu de sympathie, de consécration. Le film a été montré, en général on est quand même dans un état de tension et de stress assez fort. C'est un moment où les choses se relâchent un peu. Et sinon, pour le reste, les autres soirées... Ça reste du networking, ça reste du travail. Effectivement, les soirées dont on profite le plus, c'est vraiment les soirées des films dont on accompagne.

  • Speaker #0

    C'est plus team chez Sandra ou chez Alban ?

  • Speaker #1

    Je suis team.

  • Speaker #2

    C'est vraiment le jargon de Cannes. Oui,

  • Speaker #0

    c'est entre-Cannois, là. C'est vraiment... C'est une petite blague.

  • Speaker #2

    Mais les enjeux, justement, cette semaine, tu disais très intense. C'est quoi les enjeux ? On vise quoi quand on est à Cannes ?

  • Speaker #1

    On vise plusieurs choses, puisque Cannes, ça reste un marché. donc il y a D'une part, bien sûr, les films qu'on accompagne, les réalisateurs qu'on accompagne, avec leur propre enjeu, qui est d'une part la vie du film, mais aussi leurs enjeux peut-être parfois un peu plus long terme, pour certains profils, de leur faire rencontrer d'autres partenaires, de leur faire rencontrer parfois aussi d'autres agents, notamment des agents anglo-saxons, parce que c'est quelque chose qu'on développe beaucoup chez Film Talent, l'aspect international. Donc il peut y avoir des profils dont on sait que... Cannes est le bon moment pour faire rencontrer d'autres agents anglo-saxons avec lesquels on travaillera pour développer leur carrière de manière un peu plus globale et aussi internationale. Et puis nous c'est aussi travailler notre réseau, c'est peut-être accompagner parfois un peu plus à la marge d'autres réalisateurs qui sont pas là mais dont les films sont en financement sur lesquels, puisque Cannes est un marché, on a aussi des réalisateurs qui viennent pour financer leurs films, faire des rendez-vous. Nous, on peut jouer, en général, c'est le rôle des producteurs. Nous, on peut jouer des rôles à la marge, mais on peut jouer ce rôle-là. Et sinon, nous, c'est aussi profiter de ce moment-là pour rencontrer des interlocuteurs qu'on ne connaît pas, parfois des producteurs, sinon des vendeurs, des distributeurs.

  • Speaker #0

    C'est tout le microcosme du cinéma qui se réunit.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Avec parfois des gens qu'on ne rencontre quand même, nous, agents, beaucoup plus qu'on ne rencontre pas en dehors, ou peu, et c'est peut-être mal, en dehors des festivals.

  • Speaker #2

    Tu me disais justement qu'une grande partie de ton travail à l'année, c'était au téléphone.

  • Speaker #0

    Tu regrettes un peu que les gens ne se rencontrent pas. Est-ce qu'on ne fait pas mieux des affaires quand on est face à face ?

  • Speaker #1

    Alors oui, je pense que dans notre métier, le côté personnel est important. Et que notamment en tant qu'agent, où on est souvent dans des rapports de force ou des échanges un peu difficiles avec les producteurs, le fait de les rencontrer ajoute du humain et permet d'enlever un peu ce côté parasite que peuvent avoir... que peuvent avoir les producteurs.

  • Speaker #2

    Très bon film d'ailleurs, par ailleurs.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et donc, oui, mais après, on a des emplois du temps tellement chargés que moi, je fais beaucoup, beaucoup de choses par téléphone. Après, je suis aussi peut-être à un moment de... de ma carrière, même si je suis encore jeune, où mes interlocuteurs, je les connais, les producteurs notamment, pour parler d'eux, je les connais. Et donc j'ai cette facilité à les appeler et pas forcément avoir besoin de les rencontrer tout le temps. Je fais beaucoup moins de rendez-vous aujourd'hui, par exemple, qu'il y a cinq ans.

  • Speaker #0

    Question, pardon, vas-y.

  • Speaker #2

    Non, en continuant ce que tu es en train de raconter, mais c'est quoi du coup la plus grande difficulté aujourd'hui dans ton travail, dans ton métier ?

  • Speaker #1

    C'est de gérer un quotidien entre les urgences, les projets long terme, les rapports de force. Parce que c'est un métier où chaque matin on se réveille, il faut avoir l'énergie d'aller se battre. C'est peut-être ça la plus grande difficulté. L'endurance parfois dans certains rapports de force, le fait que c'est des journées longues de travail. Ce n'est pas le seul métier, mais effectivement c'est de l'endurance de faire de longues heures, des longues journées de travail.

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qui te motive le matin au réveil ?

  • Speaker #1

    les projets... qu'on accompagne et les personnes qu'on accompagne. Je pense que quand on croit au projet, quand on croit aux personnes, même quand on est fatigué, on se rattache toujours à ça. On se souvient des projets, de ce qu'on a lu. on appelle les talents et on se remet en route comme ça parce que finalement, l'envie, elle vient de là. Elle vient par la dynamique et par l'adrénaline qui vient échanger avec les producteurs, avec les auteurs.

  • Speaker #2

    Ça remet tes passions un peu.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Un tout petit peu, pour le coup. Question d'introspection, tu dirais que... C'est quoi ta plus grande force, toi, en tant qu'agent ? Est-ce que tu es quelqu'un qui est très bon en strat ? Tu es très bon en stratégie. Est-ce que c'est la négociation ? C'est le côté humain ? C'est quoi ta patte ?

  • Speaker #1

    Non, mais c'est une bonne question parce que ça fait partie des métiers.

  • Speaker #2

    Je vais commencer à être jaloux, moi.

  • Speaker #1

    Non, parce que ça fait partie des métiers à travers lesquels, comme je pense beaucoup de métiers, à travers lesquels on se découvre. C'est-à-dire que moi, je pensais certainement avoir des qualités, peut-être de patience. Je me suis découvert que je les avais peut-être assez peu. Et je pensais notamment avoir des défauts. Peut-être la capacité à assumer aussi des rapports de force, à être dans beaucoup de relations parfois qui sont conflictuelles, parce qu'il faut assumer simplement des situations conflictuelles, ne pas aller les chercher, mais quand elles se présentent, pour protéger les auteurs, les assumer. Et je me suis peut-être découvert à cet endroit-là, par exemple, une endurance, comme on disait tout à l'heure, que je ne pensais pas avoir. Donc on se découvre, et ma qualité en tant qu'agent, je ne sais pas, peut-être un rapport humain que je peux avoir avec les auteurs.

  • Speaker #2

    Mais c'est qui l'ennemi ? C'est un grand mot, mais l'adversaire des auteurs aujourd'hui, c'est qui ? C'est les plateformes, les grosses boîtes de prod ? Quand tu dis qu'il y a des rapports d'adversité ?

  • Speaker #1

    Non, c'est simplement... Je pense que... Je ne poserai pas la question comme ça.

  • Speaker #2

    Contre qui tu dois défendre leurs intérêts ?

  • Speaker #1

    Parfois, leurs intérêts ne peuvent ne pas être alignés, notamment avec ceux des producteurs. Ce qui ne veut absolument pas dire que les producteurs sont des... sont des adversaires, au contraire, les producteurs. Je vois presque plus ou moins tendance à les considérer peut-être comme des talents, comme peuvent l'être les auteurs. Mais il y a certains moments où, effectivement, par rapport à certaines économies, la question du partage, du rôle aussi, ce n'est pas seulement une question financière, c'est la question du rôle des auteurs, de leur pouvoir, de décision, d'écriture, de leur place dans un projet, comment elle va perdurer dans un projet, notamment. dans des projets de série, là il y a des vrais enjeux. Ils sont au-delà des enjeux purement financiers. Et donc là, il y a des tensions. Mais qui sont légitimes, qui sont quotidiennes. Et les producteurs ressentent les tensions de la même manière de leur côté. Et donc c'est des discussions qui peuvent être vives, mais ce ne sont pas des ennemis. Je ne dis pas ça par politesse, c'est que réellement, il y a des producteurs avec lesquels j'ai de très bons rapports avec la majorité des producteurs. Et on sait qu'on fait tous partie d'une...

  • Speaker #2

    dans le même monde,

  • Speaker #1

    dans le même milieu,

  • Speaker #2

    dans la même industrie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Nous, notre métier, et les producteurs le savent, c'est quand même de protéger paradoxalement la relation d'un producteur, entre autres, avec un auteur. De faire en sorte que l'auteur et le producteur n'aient à parler que artistique. Et donc, à côté de ça, il faut qu'il y ait des gens qui assument cette part plus difficile de conflictualité et de défense des intérêts de l'un. des auteurs quand ils ne peuvent pas eux-mêmes se défendre. Et donc à partir de là, nous on intervient en assumant une part parfois de conflictualité.

  • Speaker #2

    C'est hyper intéressant.

  • Speaker #0

    Et comment on gère la déception du talent quand on doit lui annoncer qu'on n'a pas eu les financements qu'on aurait espéré trouver ? C'est un morceau un peu difficile de ton métier ? Non.

  • Speaker #1

    Ça normalement quand la relation est déjà construite avec l'auteur C'est des discussions qu'on peut avoir de manière assez fluide Ça peut être plus une frustration de notre côté et du sien Mais qui ne joue pas forcément sur notre relation

  • Speaker #2

    Je reviens un peu sur Cannes Et je vois qu'aujourd'hui les plateformes Donc Netflix pour ne pas les citer Produisent également des films qui ont été en compétition Je pense notamment à Okja il y a quelques années Et ça avait fait polémique à l'époque Puisqu'ils sortaient à la fois en salle et à la fois sur Netflix et en France, normalement c'est interdit dans la chronologie des médias est-ce que c'est un truc auquel on pense quand on discute avec des scénaristes ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, si bien sûr, parce que de manière plus générale quand on nous propose un film il y a l'enjeu de savoir comment le film va se financer et si c'est un film qui va partir sur les plateformes et si c'est un film qui va se financer dans un schéma de financement que je qualifierais de... de plus classique tout simplement. Il y a une typologie de film qui effectivement peut être peu parfois certains films de marché qui peuvent exister sur les deux. Et notamment depuis le Covid, on a vu que certains films qui devaient notamment se faire par un schéma de financement classique, finalement sont allés sur les plateformes et donc maintenant, notamment dans chaque négo, il est vraiment entendu, même pour n'importe quel film, que le film pourra partir sur les œuvres. Donc ça c'est nouveau par exemple. C'est une œuvre de SMAD. les sourds Les choses à partir du Covid pourraient avoir plus de souplesse si jamais les films devaient se financer ou se faire autrement, d'avoir la possibilité. L'internationalisation pour nous est un vrai enjeu. On y travaille au quotidien parce qu'elle ouvre simplement de nouveaux marchés à des auteurs qui en ont envie, qui en sont capables. L'arrivée des plateformes aussi a fait bouger un peu les lignes. On a quelqu'un comme Sam Baudin qui avait réalisé il y a quelques années Marianne. Marianne a très bien marché dans certains pays étrangers. Je prends. pendant certains pays anglo-saxons. Et du coup, ça lui a offert la possibilité, effectivement, d'aller réaliser des séries aux États-Unis. Ce que Julia a fait, Julia Ducournau aussi a fait également.

  • Speaker #0

    Et d'après toi, un projet qui a le potentiel de voyager, c'est quoi les éléments qu'il doit avoir ? Je ne sais pas si on peut le quantifier, tu vois, mais c'est quoi un projet qui a ce potentiel ?

  • Speaker #1

    Voyager, c'est-à-dire à l'international ? Oui. on a des auteurs qui ont effectivement parfois des pattes que je qualifierais parfois très franco-françaises, qui correspondent notamment à des enjeux sociaux, sociétaux. À ces Français dont on pense, peut-être parfois à tort, qu'effectivement, ils ne vont pas forcément s'exporter.

  • Speaker #2

    C'est le paradoxe, parce que par exemple, des films comme Amélie Poulain ou Les Choristes, ils ont marché dans le monde entier, et ça reste quand même très parisien ou très français.

  • Speaker #1

    C'est vrai, mais sans être un spécialiste, je pense que c'est quand même des films qui renvoient une certaine image de la France. et une image assez exportable. Moi, je pense plutôt à des films, effectivement, qui traitent d'enjeux purement sociaux et sociétaux français. Il y en a qui marchent très bien en France, mais dont on se doute qu'à l'export, ils vont être plus difficiles. Mais nous, notre enjeu, effectivement, quand on parle d'internationalisation, nous, notre enjeu est plus sur la base de certains succès qu'ils ont pu avoir en festival ou d'ailleurs des projets de séries. On en revient à l'idée de séries aussi. de... de savoir si ces talents, souvent plus facilement pour la réalisation que pour l'écriture, comment ces talents-là peuvent s'exporter et aller réaliser notamment des séries dans les territoires anglo-saxons, souvent les territoires anglo-saxons.

  • Speaker #0

    Tu disais plutôt quelque chose par rapport à l'ADN. J'avais trouvé l'idée hyper intéressante. Tu peux développer un petit peu ? Dans le sens où tu disais que... Est-ce que pour toi, par exemple, la meilleure association, c'est quand un agent comprend vraiment bien l'ADN de son talent ? Je pense que c'est ça que tu as voulu dire. Je ne sais pas si j'ai mal paraphrasé.

  • Speaker #1

    Non, c'est tout à fait ça. Je me suis rendu compte avec un peu d'expérience que oui, c'est... c'est nécessaire. Si vous me donnez aujourd'hui je pense un scénario d'un film vraiment très marché compatible, il se peut que je passe à côté et que je ne comprenne pas et que je ne le comprenne pas.

  • Speaker #2

    Quand tu dis marché compatible, c'est-à-dire bankable qui va...

  • Speaker #1

    Oui, j'ai une idée en tête. Effectivement, c'est vraiment... Je sais que j'ai déjà lu des comédies, effectivement, dont l'enjeu était vraiment de toucher un marché extrêmement large à travers des castings, à travers aussi des réalisateurs extrêmement bankables. Et je me suis rendu compte, à la lecture de ces scénarios, qu'effectivement, il y avait des choses que je pouvais ne pas comprendre. Pour élargir un peu le débat, on est aussi dans une cartographie des agences en France qui peuvent représenter différentes choses aussi. Film Talent ne représente pas les mêmes auteurs et les mêmes réalisateurs que d'autres agences qui comprennent beaucoup mieux certains enjeux de marché mais qui ne saisissent assez peu certains enjeux d'un certain cinéma d'auteur. Et donc, les choses étant bien faites, c'est pour ça que...

  • Speaker #2

    Oui, vous êtes une agence spécialisée, disons, dans tel genre et d'autres agences sont spécialisées dans... Oui,

  • Speaker #1

    et à côté de ça, ça implique aussi une cartographie de producteurs qui n'est pas la même. Les liens avec les plateformes ne sont pas forcément les mêmes. On n'a pas forcément un intérêt à trop s'élargir si c'est pour perdre notre ADN.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous aimeriez créer des duos mythiques, un peu à l'image d'un Bakri Jaoui ou d'un Mathieu Delaporte, Alexandre Delapate-Lière ? Est-ce que c'est quelque chose auquel vous pensez ?

  • Speaker #0

    Le conte de Motté-Christophe.

  • Speaker #2

    Voilà, notamment. On tient aussi scénarisé les trois mousquetards d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Ça pour le coup on le fait vraiment au quotidien. C'est-à-dire au quotidien on matche des scénaristes entre eux sur des projets, on matche des scénaristes...

  • Speaker #2

    On dirait Tinder quand tu dis Roman.

  • Speaker #1

    Tu vois,

  • Speaker #2

    je fais swipe,

  • Speaker #1

    ils s'entendront bien artistiquement, humainement ce qui se passe entre eux on ne peut pas le savoir humainement ils pourront aussi s'entendre tout à fait j'ai déjà eu des projets de séries sur lesquels effectivement qui étaient quasiment dans leur finalité en écriture et il y avait besoin de réalisateurs réalisatrices et j'ai présenté des réalisateurs réalisatrices en disant je pense que là c'est la bonne personne et ça a marché et donc cet enjeu c'est

  • Speaker #2

    toi le lien

  • Speaker #1

    Oui, voilà, peut-être en jeu, il est quotidien. Et pour le coup, ça, effectivement, c'est quelque chose que je dis souvent quand je rencontre des jeunes scénaristes, des jeunes auteurs. Quand on se pose la question de ce qu'on va travailler ensemble, c'est aussi de regarder l'ADN de l'agence, quitte à ce que parfois ça ne soit pas, ça ne nous serve pas. Mais parce que les gens avec lesquels les auteurs vont être amenés à travailler, c'est aussi les gens qu'on accompagne au quotidien.

  • Speaker #0

    Tu t'es lancé dans le cinéma par passion, c'est ce que tu m'avais dit. Et tu me disais aussi que tu as beaucoup moins le temps de voir des films aujourd'hui. C'est vrai. C'est très paradoxal.

  • Speaker #1

    C'est totalement paradoxal et c'est une de mes grandes frustrations. Du coup,

  • Speaker #0

    est-ce que ça te fait regretter ton choix de travailler dans le cinéma ?

  • Speaker #1

    Alors non, mais il y a quelque chose qui est vrai, c'est qu'aujourd'hui à chaque fois que je vois un film, effectivement ça me ramène à mon activité professionnelle, ce qui n'est pas forcément désagréable parce que j'aime le métier que je fais. Mais ça a quand même, ça a bien sûr déformé mon regard. Et notamment quand j'ai envie vraiment de me détendre, je regarde des films américains, je regarde des films italiens pour lesquels je sais qu'il y a assez peu de choses qui ont à voir avec mon quotidien. Et non,

  • Speaker #0

    tu as l'impression de travailler en fait.

  • Speaker #1

    Il y a toujours un moment où ça me rappellera. Ça me rappellera.

  • Speaker #0

    Un mail à envoyer.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais ça ne veut pas dire que je ne regarde pas ces films-là. Mais c'est vrai que maintenant, quand je vois beaucoup de films que je vois, ça me ramène à ma pratique. Mais c'est vrai que je suis arrivé dans ce métier par cinéphilie. Et que finalement, les enjeux se sont décalés. Je n'y reste pas forcément. Je ne vois pas assez de films. mais que maintenant je suis plus sur des enjeux purement professionnels, d'accompagnement de carrière, et ça a décalé mon regard.

  • Speaker #0

    Ça a décalé, ça l'a changé ?

  • Speaker #2

    Ça me rappelle Barbara Premilla qu'on a reçue, qui est agent d'image dans le cinéma. disait que regarder 10% par exemple pouvait enfin mais pas parce que ça la renvoyait tout de suite à son métier c'était c'était assez oppressant quoi d'ailleurs tu trouves que la série assez fidèle à la réalité tu te reconnais dans ce port dans ses portraits alors

  • Speaker #1

    là la série remarquable par ailleurs à quand a quand même pris un angle qui était de toute façon le meilleur angle à prendre sans être scénariste moi même qui est celui des agents d'acteurs des agents d'acteurs d'un p'tit peu de staf là. Et donc effectivement, en tant qu'agent d'auteur, on est dans d'autres problématiques, qui sont notamment vraiment des choses moins glamour ou quotidien. On est quand même en 99% de labeur pour 1% de glamour, c'est ça notre quotidien.

  • Speaker #2

    Sauf à Cannes !

  • Speaker #1

    C'est le 1%. C'est le 1%.

  • Speaker #0

    Des soirées où il ne va pas.

  • Speaker #2

    Je le connais, le petit coquin.

  • Speaker #1

    Nous, en tant qu'agent d'auteur, on est... On est aussi dans des logiques vraiment de comment se finance un film, on est plus dans la fabrication, même les échanges avec les producteurs ne sont pas les échanges qu'ont les agents d'acteurs, on est souvent plus en amont. Mais il y a quelques épisodes de 10% qui sont très justes. Moi je pense à l'épisode avec Isabelle Huppert. L'enjeu de la gestion des plannings, c'est l'enfer de tous les agents d'acteurs et des assistants d'agents. Je pense que pour un agent d'acteur, ça doit être assez difficile de regarder cet épisode-là, parce que ça va le renvoyer tout de suite à tout son stade quotidien, de savoir comment dans son tableau Excel, il va faire rentrer deux journées de tournage le même jour.

  • Speaker #2

    Et c'est quoi ton enfer à toi aujourd'hui ? Est-ce qu'il y en a ?

  • Speaker #1

    Mon enfer, c'est effectivement de lire un scénario, d'accompagner quelqu'un, de croire en son projet et d'avoir une difficulté. à trouver des producteurs, de savoir comment le film va se financer. Parce qu'on peut être parfois, je radote, mais sur des typologies de films dont on sait que le financement va se faire difficilement. Ça, de croire en des projets et de ne pas être sûr qu'ils vont se faire, ça peut être une difficulté. Après, on se bat pour ça au quotidien. C'est pour ça qu'on existe aussi. Et c'est d'autant plus valorisant quand les choses se font. Mais la difficulté, c'est de croire... C'est la difficulté. La difficulté, c'est la durée. du marché une histoire d'argent finalement oui bah des films oui des films ça coûte cher il faut que ça se financent et oui et il ya des rencontres que tu as fait dans ce depuis que tu es dans ce milieu qui t'a marqué une personnalité j'ai un acteur que je représente comme ça ça me permettra de ne pas mettre en difficulté par rapport à tous les autres auteurs je suis l'agent de jean pierre léo et jean pierre léo effectivement je pense que s'il ya une rencontre parce que je l'accompagne depuis longtemps. C'est une très belle rencontre. humaine vu le parcours sur truffaut godard les discussions que j'ai eues avec le cinéma sur sur sur tout ce qu'il a travaillé de discuter quelqu'un qui a qui a travaillé avec pasolini de pouvoir lui demander ce que c'est que très avec pasolini donc voilà jean pierre léaud imagine comment ton métier dans dix ans le métier a tellement changé depuis l'arrivée des plateformes il ya dix ans maintenant il continue à évoluer on verra comment le cinéma français se financent dans dix ans c'est optimiste tout est... Il faut rester optimiste, parce que de toute façon, l'arrivée des plateformes a quand même ouvert, on peut discuter de l'artistique de certains projets, mais l'arrivée des plateformes a quand même ouvert de nouveaux marchés. Et quant au financement du cinéma français, il fonctionne plutôt bien. Donc, il faut rester positif par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Tu sais qu'on avait reçu Florent Lamy, on vous remettra l'épisode en lien, qui lui, amenait des acteurs hollywoodiens dans le marché français. naturellement. nous on penserait que ce serait en général l'inverse c'est ce qu'on entend par internationalisation en général tu vois de plus en plus cette pratique dans le milieu Quelle est ton opinion par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il peut y avoir bien sûr un vrai intérêt de la part des réals en France. Mais il faut juste voir l'ampleur que ça peut prendre. Et bon courage à notre ami, parce que peut-être qu'il va réussir justement à créer réellement quelque chose.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai une question. Est-ce qu'il y a une scène de film qui t'obsède, que tu as tourné dix fois dans ta tête ? Plus qu'un film, ça t'arrive des fois d'avoir ce genre de trip ? Moi, ça m'arrive tout le temps. que ça.

  • Speaker #2

    genre de film, Pascal ?

  • Speaker #0

    D'auteur, je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui, je vais parler d'un réalisateur russe avec lequel j'ai eu travaillé quand il était dans le théâtre il y a quelques années, je ne l'accompagne pas du tout aujourd'hui, qui s'appelle Kirill Sebrinikov. Je pense à une scène de son dernier film, Limoneuf, un travelling qui est absolument spectaculaire. Il faut voir ce film, il faut voir l'oeuvre de Kirill Sebrinikov.

  • Speaker #2

    Je suis fier à voir Parthenopée.

  • Speaker #1

    Exactement. Et l'autre scène que j'aurais pu citer, c'est effectivement dans La Grande des Béliessa. La scène de fête sur le coin, qui est la scène quasiment d'ouverture. Et moi, je me souviens, je connaissais assez peu l'œuvre à l'époque de Sorrentino. Et cette scène m'avait prise comme ça. La manière de filmer une fête était hallucinante.

  • Speaker #0

    Un conseil que tu donnerais à un réalisateur pour trouver un agent ?

  • Speaker #1

    d'en rencontrer d'en rencontrer plusieurs. Parce qu'il n'y a pas de formation d'agents, on a tous des caractères, des formations très différentes, on a tous une vision différente du milieu, donc qu'il échange avec plusieurs agents.

  • Speaker #0

    Et de démarcher directement, de ne pas avoir peur de le faire.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #2

    On a un petit gimmick en fin d'épisode. Agent Sylvain, mission accomplie.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci pour votre invitation.

  • Speaker #0

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez, laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu et pour qu'on puisse continuer à le développer, vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agent Double.

Chapters

  • Introduction – Un agent pas comme les autres

    00:00

  • De Cuba aux plateaux : un parcours inattendu

    04:15

  • Cinéphilie, déclic et arrivée chez Film Talent

    08:45

  • Ce que fait vraiment un agent d’auteurs et de scénaristes

    13:10

  • Séries, cinéma et nouvelles dynamiques du métier

    17:20

  • Gérer la pression, les urgences et les relations

    21:55

  • Le marché, les plateformes et les logiques de production

    27:05

  • L’internationalisation et la cartographie des talents

    32:30

  • L’humain au cœur du métier d’agent

    37:15

  • Cannes, glamour et coulisses du financement

    41:45

Share

Embed

You may also like

Description

Alors que le Festival de Cannes bat son plein, on a décidé de recevoir un agent pas comme les autres. Au sein de son agence Film Talents, Sylvain Cochard ne s'occupe pas des acteurs et actrices, mais de ceux qui les mettent en scène et racontent leurs histoires à l'instar de François Ozon, Leos Carax ou encore Bertrand Bonello. Un rôle d'agent atypique dans cette industrie planétaire où chacun apporte sa pierre à l'édifice pyramidale d'un film.


Un grand merci à selectionmaisonb et myfunnylevantine pour la laine toute en couleur de Pascale 😍


//////////


Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


🔹 Si cet épisode vous a plu, abonnez-vous pour ne pas galérer à rechercher les prochains😉


🔹 Ce podcast peut peut-être changer une carrière 🚀...Pour booster sa visibilité, rendez-vous sur Apple Podcast et Spotify, laissez 5 étoiles🌟 et un commentaire 🙏

(au bas de la page de présentation du podcast sur Apple Podcast).


🔹 ....Vous cherchez encore les étoiles🌟? Nous avons un tuto sur Instagram, avec plein de contenu exclusif!


🔹 Nos épisodes sont aussi disponibles en vidéo sur notre chaîne YouTube


🔹 Nous finançons entièrement ce podcast. Il n'y a pas de petits dons, que des grands MERCI, si vous souhaitez nous soutenir avec cette cagnotte.


🔹 Pour nous faire un coucou, écrivez-nous sur agentdoublepodcast@gmail.com


//////////


Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Martin Flogny

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et on sait que ça a un impact parfois parce qu'on sait par exemple que certains films ont été montés un peu à l'arrache pour être prêts pour Cannes, qu'ils n'étaient pas encore dans leur meilleure forme, dans leur meilleure version. Et qu'une fois Cannes est passé, il y a eu un remontage de films, c'est déjà arrivé, je pense peut-être à un Scorsese ou à un Tarantino. C'est quelque chose qui est courant finalement ?

  • Speaker #1

    Alors en général, il est courant. Il peut arriver que les films soient envoyés dans des versions non définitives au festival. En général, quand ils sont montrés au festival, ils sont, je pense, à 99%. Que qu'il y ait des montages après, ça doit être assez exceptionnel. Il doit y avoir un ou deux cas, mais c'est exceptionnel. Agent Double.

  • Speaker #2

    Je suis Pascal Wakim.

  • Speaker #0

    Je suis Rand Khalek.

  • Speaker #2

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #0

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #2

    Pour ne rater aucune de nos missions, abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #0

    Et pour des contenus exclusifs, suivez notre page Instagram Agent Double Podcast.

  • Speaker #2

    Alors que le festival de Cannes va s'en plein, on a décidé de recevoir un agent pas comme les autres. Au sein de son agence Film Talent, notre invité ne s'occupe pas des acteurs et actrices, mais de ceux qui les mettent en scène et racontent leur histoire. À l'instar de François Ozon, Léo Scarax ou encore Bertrand Bonello. Un rôle d'agent atypique dans cette industrie planétaire où chacun apporte sa pierre à l'édifice pyramidal d'un film. Bienvenue, Sylvain Cochard.

  • Speaker #0

    Sylvain Cochard, bienvenue dans Agendou. On est ravis de t'accueillir. donc pour ceux qui ne le savent pas tu es agent de réalisateur et de scénariste à travers la société Film Talent et avant de nous raconter ton parcours et ton métier il y a une question qui nous titille tu sais pas c'est quoi ? attends je vais te demander c'était bien Cuba ?

  • Speaker #1

    C'était merveilleux, je n'attendais pas du tout à cette question. Je suivais, je finissais mes études et j'avais fait à l'époque, c'était un mémoire, sur les relations culturelles entre la Havane et Cuba. Et pour finaliser ça, j'avais fait un semestre à l'Université centrale de La Havane, qui était un semestre, un court semestre dans une formation estivale.

  • Speaker #0

    Quel souvenir t'en gardes ?

  • Speaker #1

    J'en garde un souvenir merveilleux. C'était...

  • Speaker #2

    Tu étudiais vraiment ? Oui.

  • Speaker #0

    Il y avait des à côté quand même. Tu peux nous le dire.

  • Speaker #1

    J'en garde un souvenir merveilleux. La formation était effectivement assez peu centrale finalement. C'est pour ça que j'en parle assez peu. Je ne sais pas si vous avez eu l'info. J'en parle relativement peu parce qu'effectivement, j'avais quelques heures de cours par jour pendant quelques semaines. Mais ça a été une formation assez légère. mais J'avais découvert beaucoup de films cubains. J'étais arrivé à l'époque à La Havane avec une petite cinéphilie. On va en reparler, bien entendu. Et c'est vrai que ça avait décalé mon regard autour d'un cinéma latino-américain et cubain, bien évidemment. Et avec le plaisir aussi de... de découvrir un cinéma qui était très décourélé, très déconnecté de notre cinéma européen à nous.

  • Speaker #2

    Donc pour commencer par le début, tu commences par des études de droit et de sciences politiques. Et la question évidemment, c'est comment tu arrives dans le cinéma ?

  • Speaker #1

    De petit décalage en petit décalage. Quand je finis mes études, je suis entraîné par le projet d'un ami, avec qui on a fondé une... boîte de production dans le spectacle vivant le théâtre et la danse lui venait vraiment de ce milieu là et il avait besoin de s'entourer de gens notamment parce qu'il y avait un aspect international ce projet et que moi j'ai fini par désirer études de relations internationales et donc il voulait s'entourer un peu de personnes qui avaient d'autres d'autres réflexes que lui et donc on a monté cette boîte de prod ensemble de prod qui existe toujours qui accompagne toujours des metteurs en scène et ça a été un peu mon entrée par hasard dans le monde de la des arts de la culture et donc j'ai accompagné à travers cette structure pendant cinq six ans des metteurs en scène décoré et j'y ai pris goût et donc j'ai travaillé avec des auteurs, pas exactement à l'endroit où je suis aujourd'hui mais finalement entre la manière dont je travaillais à l'époque et le métier d'agent, même s'il y avait un aspect pris en main de la production qu'il n'y a pas en tant qu'agent, finalement on retrouve les mêmes réflexes, les mêmes rapports aux artistes et des métiers qui finalement sont assez similaires.

  • Speaker #0

    Et tu as tout de suite adapté et compris les tenants et les aboutissants du métier ? Tu n'as pas eu de mal ?

  • Speaker #1

    En tant qu'agent ou dans la boîte de prod ?

  • Speaker #0

    Non, même dans la boîte de prod.

  • Speaker #1

    J'ai été formé, j'ai été formé avec bienveillance, j'ai aussi travaillé avec des artistes qui étaient très bienveillants avec moi et puis on apprend sur le terrain mais j'avais 25, 26, 27 ans et donc on apprend ce que c'est un budget on apprend ce que c'est qu'une compagnie de théâtre, de danse, ce que c'est aussi qu'un artiste et on se forme comme ça au quotidien, au contact au quotidien

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qui fait que tu laisses la boîte ? qui est toujours active aujourd'hui, mais qu'est-ce qui fait que tu laisses la boîte et que tu décides de devenir agent ?

  • Speaker #1

    J'ai accompagné pendant 5-6 ans des metteurs en scène, notamment dans des grosses tournées. Dans des grosses tournées, c'était extrêmement chronophage, ça demandait beaucoup d'énergie. J'étais fatigué de ce métier que j'ai beaucoup aimé. J'avais toujours voulu aller travailler dans le cinéma. Tout à coup, il y a des passerelles qui sont ouvertes, il y a des portes qui sont ouvertes et j'y suis allé.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a un film en particulier qui a fait que tu as voulu bosser dans le cinéma ? Il y a un film qui t'a marqué au point où tu te dis ça, c'est ce que je vais faire de ma vie.

  • Speaker #1

    c'est une très bonne question merci c'est pas toujours mes questions parce que je pense que ça s'est réellement passé comme ça il y a eu un déclic qui était assez jeune j'ai vu un film qui est peut-être aujourd'hui mon film préféré qui est un film de Nani Moriti qui s'appelle Le journal intime où je me suis dit tiens c'est un film en trois parties avec une écriture assez... lisible faussement simple parce que le film est extrêmement brillant c'est nani moretti et je me souviens en voyant ce film m'a dit j'aimerais bien savoir comment ça marche j'aimerais bien faire partie de cette industrie et même si à 15 ans je pense que je me formulais pas les choses en terme d'industrie mais j'ai eu j'ai eu cette envie de voir comment ça se passait et à quelque chose d'assez particulier qui est que je n'ai jamais voulu être acteur j'ai jamais voulu être metteur en scène et donc je me demandais puisque À l'époque, surtout que le métier d'agent, dans les années 90, on ne savait pas que ça existait. Moi, je ne savais pas que ça existait, encore moins pour les agents d'auteurs. Aujourd'hui encore, quand je dis que je suis agent d'auteur, il y a beaucoup de gens qui me disent « on connaît le métier d'agent, on ne savait pas que les auteurs avaient des agents » .

  • Speaker #0

    C'est pour ça que tu es là.

  • Speaker #1

    Exactement, exactement, que les auteurs existent.

  • Speaker #0

    Trop bien.

  • Speaker #1

    Voilà, donc Journal Intime, moi, était le déclic. Ça a été un marqueur de ma cinéphilie. Et après, j'ai vu effectivement beaucoup de films entre mes 15 et mes 25 ans. Ça a été la période faste, je pense, de ma cinéphilie.

  • Speaker #0

    Et un style en particulier.

  • Speaker #1

    un cinéma d'un pays en particulier l'italie où c'était juste du hasard non non non non non c'était du hasard c'était du hasard j'ai regardé beaucoup de cinéma beaucoup de cinéma américain moi j'ai regardé beaucoup de cinéma américain des années 40 Après, il y a aussi eu l'influence d'un certain cinéma américain contemporain, qui dans les années 90 était assez riche. Et puis, j'ai commencé à regarder aussi pas mal de cinéma d'auteurs, même de la nouvelle vague. Et j'ai fait un peu un melting pot avec parfois des angles morts. J'assume aujourd'hui d'avoir des angles morts dans ma... C'est normal.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que tu appelles un angle mort ? Une direction dans laquelle tu vas et tu reviens ?

  • Speaker #1

    Non. Il y a des grands réals dont j'ai vu très peu de films. Je connais très peu. J'ai dû voir, même s'il n'a pas une filmographie énorme, j'ai dû voir trois films de Kubrick, je pense. Je sais qu'il y a des... Voilà. Et notamment, il y a tout un cinéma italien, pour répondre à ta question, que je connais assez peu. J'ai vu tous les films de Paolo Sparaglino. Tu as vu le Partenocle ? Non, exactement. Il est superbe. Je l'ai vu deux fois. Je vais le voir très vite. Je l'attendais beaucoup.

  • Speaker #2

    Donc 2017, tu intègres Film Talent, qui est l'agence dans laquelle tu travailles aujourd'hui. Donc tu l'intègres en tant qu'agent assistant, assistant d'agent. Et en deux ans, tu deviens agent. C'est quand même assez rapide, non, comme progression ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai bénéficié de ce dont on vient de parler, qui est quand même un passé au contact des metteurs en scène. Et qui fait que je n'étais pas totalement junior. Je n'étais pas totalement junior et puis j'ai été formé pendant deux ans. A l'époque j'ai commencé comme agent aussi d'acteur, on avait encore des acteurs. J'étais l'agent, je pense que la première personne que j'accompagnais c'était Noamil Vovski. J'accompagnais très vite aussi Isil Lebesco à l'époque. mais qui sont aussi autrices. Et au bout de deux ans, on m'a proposé de commencer à développer un peu une liste, comme on dit. Et j'ai commencé assez doucement par représenter des jeunes scénaristes qui sortaient de la FEMIS série. Parce que c'était aussi un mouvement dans lequel on est encore aujourd'hui. Mais où la série explosait avec l'arrivée des plateformes. Et donc il y avait aussi des enjeux là purement professionnels de placement, sur lequel était déjà Film Talent, qui représentait déjà beaucoup de... de scénaristes sur la série, sur lesquels moi je me suis mis aussi également. Et puis ça me plaisait, je consommais beaucoup de séries à l'époque, et donc j'ai commencé à accompagner des scénaristes vraiment de séries, et puis après ça s'est développé tranquillement.

  • Speaker #0

    Alors on va citer quelques noms de votre catalogue, mais là on s'est quand même concentrés sur le cinéma, en l'occurrence. Donc François Ozon, Fanny Herreiro, qui est donc une des scénaristes de la série 10%, qui a été importante pour nous aussi.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, quand je t'ai appelé, je t'ai dit, Sylvain, je ne pouvais pas ne pas intéresser.

  • Speaker #0

    l'agent de qui représente un bon les gens se représentent venir c'est quand même quelqu'un important pour nous nabil hayouch on va parler un peu j'ai une histoire un peu intéressante avec nabil hayouch puisque en 2012 on a recréé le festival du film arabe à paris qui s'appelait imagina qui avait été créé par ma mère n'est la calèque via sa boîte de prod à lima et il faisait le film d'ouverture avec les chevaux de dieu donc c'était un moment assez spécial et c'est un super film et c'est un super réel Nabil Voilà, c'était pour la petite anecdote. Bertrand Bonello aussi, avec le film Saint-Laurent. Et le regretté Gaspard Bissou, évidemment. Léo Scarax, qui est très marqué dans son style, avec des films très forts. Et Alexis Langlois, dont on parlait tout à l'heure en off, qui est un jeune réel, qui a été primé à Cannes, je crois déjà.

  • Speaker #1

    Il a été sélectionné, son film est en sélection à Cannes l'année dernière, tout à fait.

  • Speaker #0

    Et on a également Julia Ducournau, qui a remporté la Palme d'Or avec Titan en 2021. et Gala Hernandez qui est également sélectionnée à Cannes cette année dans la quinzaine des cinéastes et Julia Ducournau aussi cette année dans la sélection avec Alpha et il y en a d'autres aussi il y en a beaucoup d'autres d'ailleurs on

  • Speaker #2

    peut faire un petit coucou à nos compatriotes Johanna Aditouma et

  • Speaker #0

    Khalil Ajrej qui sont un duo de scénaristes réalisateurs libanais c'est quand même intéressant d'avoir cette diversité d'artistes et de scénaristes

  • Speaker #1

    réalisateur qu'est ce qui te fait faire des choix aujourd'hui dans ceux avec qui tu veux travailler est ce qu'il ya une ligne directrice que tu veux prendre alors oui et non il peut faire des choix c'est quelque chose d'assez instinctif chacun des profils de réal d'écriture de scénaristes nous parlent ou pas et nous amène à s'instinctivement à savoir si on a envie de les accompagner avec avec cette prudence qu'il faut avoir, je pense, en tant qu'agent. qui est de ne pas forcément trop s'élargir et de rester, de travailler avec des gens dont l'ADN nous corresponde. Parce que sinon, il y a un risque de ne pas comprendre ce qu'ils font. Et c'est certainement pas pour eux et pas pour nous non plus.

  • Speaker #0

    Et ça consiste en quoi d'accompagner un scénariste, par exemple, typiquement ? En quoi tu lui apportes quelque chose ? Est-ce que tu places ces scénarii, tu les proposes à des réels ? Est-ce que tu vas l'aider à écrire dans le processus d'écriture ? Comment ça se passe en agent pour un sénat ?

  • Speaker #1

    Alors je poserai la question différemment en fonction de projets séries et de projets ciné, sachant qu'en France on a quand même la culture du cinéma d'auteur qui fait que les réalisateurs en général écrivent leurs propres longs métrages. Après il peut faire appel bien sûr à des co-scénaristes pour avancer plus vite dans le process ou avoir des échanges, mais il est assez rare en France contrairement à la culture une culture états-unienne d'avoir des longs métrages pour lesquels on va chercher des réalisateurs. L'arrivée des plateformes a un peu changé les choses, puisque effectivement il y a une nouvelle typologie de film pour présenter les choses de manière un peu simplifiée, mais avec effectivement des films plateforme qui peuvent être écrits pour lesquels on va aller chercher des réalisateurs. Mais la culture du cinéma vraiment d'auteur dans le schéma de financement classique fait que les réalisateurs en tout cas écrivent leurs films principalement. Pour la série c'est effectivement autre chose, puisque là on fait vraiment une distinction entre entre ceux qui écrivent les séries et ceux qui les réalisent, quand bien même ça pourrait être les mêmes parfois, bien entendu. Et là, effectivement, les scénaristes que j'accompagne me parlent de projets que moi je propose ensuite à des producteurs, voire à des diffuseurs parfois directement.

  • Speaker #2

    Donc ton rôle, si je reprends la question et si on part du point de vue des réalisateurs, ton rôle c'est de présenter leurs projets à des producteurs et de leur trouver des financements ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. L'aspect négociatif. est un peu évident tant qu'en tant qu'agent effectivement l'enjeu c'est d'avoir quand même cartographie des producteurs en france et de ceux avec lesquels eux-mêmes pourraient travailler en fonction de fonction on revient à l'idée d'adn des projets pour les appeler présenter pour

  • Speaker #0

    les accompagner et ton système de rémunération en tant qu'agent de real Et Scénarist, c'est le même que pour un agent d'acteur ?

  • Speaker #1

    C'est 10%. C'est 10% ? C'est 10%, oui.

  • Speaker #0

    Que ce soit cinéma ou série ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est toujours 10%. D'accord. Il y a un usage à 10%. Alors, un usage qui est réglementé par la loi en France pour les professions comme les acteurs ou comme les réalisateurs techniciens, où là c'est 10%, c'est la loi, pour les auteurs. il n'y a pas de loi. Ça peut être 15%.

  • Speaker #2

    Et comment vous faites pour vous répartir les talents au sein de l'agence ? Parce que tu es un des premiers agents qu'on reçoit et qui fait partie d'une agence. Vous êtes plusieurs dans l'agence. Comment est-ce qu'on distribue le catalogue ?

  • Speaker #1

    Pour le coup... ça fonctionne pas comme ça, on se la distribue pas c'est à dire qu'on est 4 agents c'est Film Talent et on rencontre on rencontre des scénaristes, des réalisateurs, des auteurs et on travaille avec qui on veut travailler tout simplement, on est très libre alors il arrive qu'on co-représente des personnes Fanny Réraud dont vous parliez tout à l'heure est co-représentée par Valérie Guibal et Simon Rey moi-même, quelqu'un comme Benjamin Parent, je le co-représente avec Simon et donc voilà, on a parfois des co-représentations ça peut fonctionner assez bien mais sinon on est très très libre on est totalement indépendant par rapport à la liste des personnes qu'on accompagne.

  • Speaker #2

    L'intérêt d'une co-représentation, bon évidemment pour le talent c'est deux personnes qui travaillent sur son dossier pour vous c'est que chacun a sa spécialité c'est ça ? Chacun va aller chercher des opportunités différentes ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est trouver d'autres dynamiques d'échange avec les auteurs et entre collègues aussi.

  • Speaker #0

    Tu lis beaucoup de scénar' ?

  • Speaker #1

    Oui, je lis beaucoup de scénar'

  • Speaker #2

    On va refaire la question,

  • Speaker #1

    tu lis trop de scénar' ? Non pas trop, oui ça fait partie inhérente du boulot. C'est très chronophage, mais c'est très plaisant. C'est ce qui nous ramène à ce pourquoi on fait ce métier. Moi, je suis entré par ce métier par l'artistique. Après, ce qui m'y fait tenir, c'est aussi d'autres enjeux de développement. de carrière, mais l'entrée dans ce métier, c'est fait par l'artistique. Et oui, c'est important, quand on accompagne des gens, de savoir ce qu'ils écrivent, pour bien parler de leur projet, pour bien parler d'eux. C'est totalement central.

  • Speaker #0

    Mais tu leur fais un retour sur leur travail ou tu n'as pas de...

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as un...

  • Speaker #0

    Alors,

  • Speaker #1

    oui et non. Notre enjeu en tant qu'agent, c'est de donner aux auteurs le plus possible de levier pour...

  • Speaker #2

    Que leur projet se mette en place.

  • Speaker #1

    Oui, puis qu'ils en tirent les bénéfices, qu'ils ont une position de force aussi, parfois facétiques. des diffuseurs, des distributeurs. Et donc la coproduction est un levier. On n'est pas les seuls à faire ça. La coproduction est un levier. Et donc certains auteurs viennent nous voir davantage pour ces compétences-là que pour des retours de lecture.

  • Speaker #0

    Et quand tu dis coproduction, c'est qu'ils investissent eux-mêmes dans le projet ?

  • Speaker #1

    Non, non, non. C'est pas dans ce sens-là ? Non, c'est qu'une partie de leur rémunération sera fléchée sur la rémunération des producteurs.

  • Speaker #0

    D'accord, donc ils ont deux rémunérations.

  • Speaker #1

    Exactement. Ils ont leur rémunération de scénariste, leur rémunération d'auteur réel, leur rémunération de réel technicien et une rémunération quand elle existe de... producteur est ce que parfois tu arrives à décrocher du métier oui bien sûr si c'est un travail c'est un vrai travail c'est un métier si on veut le faire 24 heures sur 24 on peut donc oui on s'astreint mais ça c'est un peu avec avec avec le temps et l'expérience c'est que quand j'ai commencé comme agent je pense qu'il n'y a pas vraiment de manière de faire différemment je travaillais je travaillais vraiment tout le temps tout le temps c'est pas bon c'est pas bon même pour les gens qu'on accompagne donc oui je me force à faire des affaires des pauses à avoir des mêmes des horaires de bureau en termes de disponibilité ça veut pas dire que je travaille que de 9h30 20h ou à 19h30 c'est que je m'impose de de ne pas être disponible tout le temps. Parce qu'il y a quand même une culture chez les agents en France, pas qu'en France, aux Etats-Unis c'est extrêmement présent, de l'omniprésence de l'agent. De l'agent à disposition.

  • Speaker #2

    À n'importe quelle heure du jour et de la nuit.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #2

    Ça t'est arrivé de recevoir des coups de fil la nuit, de devoir répondre à des urgences en pleine nuit ?

  • Speaker #1

    Alors des urgences, non. Si ça avait été des urgences, ça peut arriver, ça ne m'aurait pas posé problème. Oui, ça m'est arrivé, ça m'est peu arrivé. Je ne travaille plus avec ces gens-là. Sauf si vraiment un jour, bien sûr, il y a des vraies urgences. mais ça t'a impacté quoi oui oui ça crée des je bataille au quotidien sur le fait que que l'agent doit être effectivement on travaille beaucoup on est extrêmement à la disposition et ça fait partie du job mais effectivement il y a il y a des limites mais comme pas mais les auteurs le comprennent bien les auteurs comprennent bien l'enjeu des limites et je dois dire que je suis plutôt très bien on est plutôt bien traité cet endroit là toi qui as travaillé avec des acteurs avant donc il y a une différence quand même entre Oui oui oui sont moins exigeants sont moins pronophages c'est pas le même métier Déjà, c'est deux métiers vraiment différents. Il y a des agents qui arrivent à faire les deux. Je les admire quand ils arrivent à faire les deux bien parce que c'est vraiment deux métiers très différents. Je pense que les acteurs, pour prendre leur défense, sont aussi dans une... Les auteurs, comme les acteurs, sont tous dans une précarité. Je préfère dire hiérarchie. Mais les acteurs sont parfois, peut-être, dans une précarité symbolique autre. C'est-à-dire qu'un acteur... Ils sont dans une urgence. Voilà. Un acteur qui n'a pas de visibilité sur ces six prochains mois est dans une réelle... et dans une vision d'une réelle précarité. Là où un auteur a des projets en général plus long terme, ça ne veut pas dire qu'il vit mieux que les acteurs, ça veut dire que sa manière de se projeter est autre. Et donc un acteur qui tout à coup pendant trois mois n'a plus de casting, effectivement c'est une situation délicate pour lui.

  • Speaker #0

    Par définition, l'auteur peut créer la matière, alors que l'acteur ne va pas se créer un scénar pour lui-même. Il est dans l'attente ou dans la prospection d'un rôle.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette dynamique fait que les auteurs sont nécessairement plus patients aussi avec les agents ? Est-ce que tu penses qu'un agent d'auteur est moins exposé aux trahisons par exemple ? Alors que peut-être que des comédiens pourraient être plus enclins à prendre des décisions un petit peu sur le vif ?

  • Speaker #1

    Oui, la pratique nous montre qu'effectivement il y a une autre fidélité chez les auteurs, avec une relation qui se développe davantage dans la durée, avec un rapport à la starification. qui n'est pas le même. Et donc, travailler avec des auteurs, ce n'est pas le même métier. Les auteurs et les acteurs ne font pas le même métier. Et donc, nous, notre position, notre accompagnement n'est pas le même. Leurs attentes ne sont pas les mêmes. Leurs attentes sur les urgences ne sont pas les mêmes. Et leurs attentes sur l'accompagnement d'une carrière ne sont pas les mêmes.

  • Speaker #0

    Ça t'est déjà arrivé de lire un scénario et de te dire ça, c'est un grand film ?

  • Speaker #2

    euh

  • Speaker #1

    Juste à la lecture ? Oui, bien sûr. Ça m'est arrivé de lire des scénarios et de voir qu'ils tenaient leurs promesses. C'est-à-dire qu'on accompagne aussi des auteurs, avec parfois aussi des vues sur ce qu'ils vont écrire, sur ce qu'ils vont faire. Des films dont on se dit, par exemple, qu'ils vont peut-être aller à Cannes, ou du moins dans des festivals de catégorie A. Et puis, on lit des scénarios, on voit les choses se développer et on se dit, tiens, effectivement, l'endroit est juste. Et on s'attient à ces promesses. Mais justement,

  • Speaker #0

    tu parles de Cannes. Comment un film arrive à Cannes ? C'est quoi le process ? Quelqu'un vous appelle, vous dit « Ah, je sais qu'il y a ce film qui se prépare, vite, vite, vite, avant que Cannes commence, on va le sélectionner » ? Ou est-ce que c'est vous qui envoyez au festival ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Oui, il peut y avoir dans certaines sélections des attentes.

  • Speaker #0

    Ils savent que tel réel est sur tel film et que le film est bientôt fini et il faut absolument l'avoir à Cannes en avant-première mondiale.

  • Speaker #1

    Ils savent ce sur quoi travaillent les réels, ils sont en lien beaucoup avec les distributeurs. Donc, ils ont une cartographie bien sûr extrêmement précise des films qui existent. Et du coup, en retour, il y a aussi beaucoup de films dont l'enjeu et la vie passera par la sélection, que ce soit à Cannes, à Venise, parfois à Berlin, qui se font sur des plannings aussi en fonction bien sûr des festivals.

  • Speaker #2

    C'était une de nos questions justement. Si tu nous prenais par exemple sur la construction d'un projet, à partir du moment où tu es en post-prod, est-ce qu'on s'aligne, on regarde le calendrier des sélections des festivals pour sortir ? Est-ce que c'est ça la logique ?

  • Speaker #1

    C'est bien avant la post-prod.

  • Speaker #2

    Ah oui ? Oui.

  • Speaker #1

    C'est même parfois dès... Alors, pas dès le début de l'écriture, parce que l'écriture de long métrage peut se faire sur 3, 4, 5 ans. Mais quand l'écriture se finalise et qu'on commence à réfléchir simplement aux dates de tournage d'un film, tout se met en place par rapport à des objectifs de festival. Pour certains films, bien sûr. Pour certains films dont c'est l'enjeu et dont on pense que la vie du film doit passer par une sélection en festival.

  • Speaker #0

    et on sait que c'est un impasse. impact parfois parce qu'on sait par exemple que certains films ont été montés un peu à l'arrache pour être prêts pour Cannes qu'ils n'étaient pas encore dans leur meilleure forme, dans leur meilleure version et qu'une fois Cannes est passé il y a eu un remontage de films, c'est déjà arrivé, je pense peut-être à un Scorsese ou à un Tarantino, c'est quelque chose qui est courant finalement ?

  • Speaker #1

    Il peut arriver que les films soient envoyés dans des versions non définitives au festival en général quand ils sont montrés au festival ils sont je pense à 99% Oui. qu'il y ait des montages après ça doit être assez exceptionnel il doit y avoir un ou deux cas mais c'est exceptionnel alors au moment où on diffuse cet épisode,

  • Speaker #2

    tu es à Cannes en fait là tout de suite je suis en train de bronzer,

  • Speaker #0

    dis la vérité

  • Speaker #2

    On a fait la séance de 8 heures ce matin. Ton agence a 4 films en compétition. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    On a 4 films présents à Cannes. C'est Julia Ducournau, c'est Pauline Loques, c'est Alex Poukine et c'est Gala Hernandez-Lopez qui sera à la quinzaine.

  • Speaker #2

    D'accord. Est-ce qu'on peut juste pour resituer un petit peu, qui est Julia Ducournau pour ceux qui nous écoutent ? Donc La Palme d'Or en

  • Speaker #1

    2021. Oui,

  • Speaker #2

    tout à fait. Avec Titane.

  • Speaker #1

    qui présente là son troisième long métrage, après Grave, Titan et

  • Speaker #0

    Alpha.

  • Speaker #2

    Comment est-ce que tu apprends que tes talents ou que leurs films sont dans la sélection ? De quelle façon tu l'apprends ?

  • Speaker #1

    Ça dépend des films et ça dépend des sélections. Pour la sélection officielle, pour ce qui est le cas de Julia, je pense qu'on l'apprend vraiment dans les dernières heures ou dans les derniers jours. Après, il peut y avoir aussi des arbitrages entre plusieurs sélections. Pour le film de Gala, je crois que c'était vraiment l'endroit qu'elle visait de toute façon. Et donc, elle l'a su quelques jours avant. Mais globalement, on le sait très peu de temps avant. Et j'ai des exemples de films, notamment en sélection officielle, où on l'a su la veille au soir.

  • Speaker #0

    Tu as le temps de profiter un peu des soirées canoisses ? Dis la vérité.

  • Speaker #1

    Peu. Si, si, on en profite quand c'est les soirées des films qu'on accompagne. Parce que là, il y a quand même... Il y a l'aboutissement de quelque chose, l'aboutissement d'un parcours, où c'est une fête un peu de sympathie, de consécration. Le film a été montré, en général on est quand même dans un état de tension et de stress assez fort. C'est un moment où les choses se relâchent un peu. Et sinon, pour le reste, les autres soirées... Ça reste du networking, ça reste du travail. Effectivement, les soirées dont on profite le plus, c'est vraiment les soirées des films dont on accompagne.

  • Speaker #0

    C'est plus team chez Sandra ou chez Alban ?

  • Speaker #1

    Je suis team.

  • Speaker #2

    C'est vraiment le jargon de Cannes. Oui,

  • Speaker #0

    c'est entre-Cannois, là. C'est vraiment... C'est une petite blague.

  • Speaker #2

    Mais les enjeux, justement, cette semaine, tu disais très intense. C'est quoi les enjeux ? On vise quoi quand on est à Cannes ?

  • Speaker #1

    On vise plusieurs choses, puisque Cannes, ça reste un marché. donc il y a D'une part, bien sûr, les films qu'on accompagne, les réalisateurs qu'on accompagne, avec leur propre enjeu, qui est d'une part la vie du film, mais aussi leurs enjeux peut-être parfois un peu plus long terme, pour certains profils, de leur faire rencontrer d'autres partenaires, de leur faire rencontrer parfois aussi d'autres agents, notamment des agents anglo-saxons, parce que c'est quelque chose qu'on développe beaucoup chez Film Talent, l'aspect international. Donc il peut y avoir des profils dont on sait que... Cannes est le bon moment pour faire rencontrer d'autres agents anglo-saxons avec lesquels on travaillera pour développer leur carrière de manière un peu plus globale et aussi internationale. Et puis nous c'est aussi travailler notre réseau, c'est peut-être accompagner parfois un peu plus à la marge d'autres réalisateurs qui sont pas là mais dont les films sont en financement sur lesquels, puisque Cannes est un marché, on a aussi des réalisateurs qui viennent pour financer leurs films, faire des rendez-vous. Nous, on peut jouer, en général, c'est le rôle des producteurs. Nous, on peut jouer des rôles à la marge, mais on peut jouer ce rôle-là. Et sinon, nous, c'est aussi profiter de ce moment-là pour rencontrer des interlocuteurs qu'on ne connaît pas, parfois des producteurs, sinon des vendeurs, des distributeurs.

  • Speaker #0

    C'est tout le microcosme du cinéma qui se réunit.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Avec parfois des gens qu'on ne rencontre quand même, nous, agents, beaucoup plus qu'on ne rencontre pas en dehors, ou peu, et c'est peut-être mal, en dehors des festivals.

  • Speaker #2

    Tu me disais justement qu'une grande partie de ton travail à l'année, c'était au téléphone.

  • Speaker #0

    Tu regrettes un peu que les gens ne se rencontrent pas. Est-ce qu'on ne fait pas mieux des affaires quand on est face à face ?

  • Speaker #1

    Alors oui, je pense que dans notre métier, le côté personnel est important. Et que notamment en tant qu'agent, où on est souvent dans des rapports de force ou des échanges un peu difficiles avec les producteurs, le fait de les rencontrer ajoute du humain et permet d'enlever un peu ce côté parasite que peuvent avoir... que peuvent avoir les producteurs.

  • Speaker #2

    Très bon film d'ailleurs, par ailleurs.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et donc, oui, mais après, on a des emplois du temps tellement chargés que moi, je fais beaucoup, beaucoup de choses par téléphone. Après, je suis aussi peut-être à un moment de... de ma carrière, même si je suis encore jeune, où mes interlocuteurs, je les connais, les producteurs notamment, pour parler d'eux, je les connais. Et donc j'ai cette facilité à les appeler et pas forcément avoir besoin de les rencontrer tout le temps. Je fais beaucoup moins de rendez-vous aujourd'hui, par exemple, qu'il y a cinq ans.

  • Speaker #0

    Question, pardon, vas-y.

  • Speaker #2

    Non, en continuant ce que tu es en train de raconter, mais c'est quoi du coup la plus grande difficulté aujourd'hui dans ton travail, dans ton métier ?

  • Speaker #1

    C'est de gérer un quotidien entre les urgences, les projets long terme, les rapports de force. Parce que c'est un métier où chaque matin on se réveille, il faut avoir l'énergie d'aller se battre. C'est peut-être ça la plus grande difficulté. L'endurance parfois dans certains rapports de force, le fait que c'est des journées longues de travail. Ce n'est pas le seul métier, mais effectivement c'est de l'endurance de faire de longues heures, des longues journées de travail.

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qui te motive le matin au réveil ?

  • Speaker #1

    les projets... qu'on accompagne et les personnes qu'on accompagne. Je pense que quand on croit au projet, quand on croit aux personnes, même quand on est fatigué, on se rattache toujours à ça. On se souvient des projets, de ce qu'on a lu. on appelle les talents et on se remet en route comme ça parce que finalement, l'envie, elle vient de là. Elle vient par la dynamique et par l'adrénaline qui vient échanger avec les producteurs, avec les auteurs.

  • Speaker #2

    Ça remet tes passions un peu.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Un tout petit peu, pour le coup. Question d'introspection, tu dirais que... C'est quoi ta plus grande force, toi, en tant qu'agent ? Est-ce que tu es quelqu'un qui est très bon en strat ? Tu es très bon en stratégie. Est-ce que c'est la négociation ? C'est le côté humain ? C'est quoi ta patte ?

  • Speaker #1

    Non, mais c'est une bonne question parce que ça fait partie des métiers.

  • Speaker #2

    Je vais commencer à être jaloux, moi.

  • Speaker #1

    Non, parce que ça fait partie des métiers à travers lesquels, comme je pense beaucoup de métiers, à travers lesquels on se découvre. C'est-à-dire que moi, je pensais certainement avoir des qualités, peut-être de patience. Je me suis découvert que je les avais peut-être assez peu. Et je pensais notamment avoir des défauts. Peut-être la capacité à assumer aussi des rapports de force, à être dans beaucoup de relations parfois qui sont conflictuelles, parce qu'il faut assumer simplement des situations conflictuelles, ne pas aller les chercher, mais quand elles se présentent, pour protéger les auteurs, les assumer. Et je me suis peut-être découvert à cet endroit-là, par exemple, une endurance, comme on disait tout à l'heure, que je ne pensais pas avoir. Donc on se découvre, et ma qualité en tant qu'agent, je ne sais pas, peut-être un rapport humain que je peux avoir avec les auteurs.

  • Speaker #2

    Mais c'est qui l'ennemi ? C'est un grand mot, mais l'adversaire des auteurs aujourd'hui, c'est qui ? C'est les plateformes, les grosses boîtes de prod ? Quand tu dis qu'il y a des rapports d'adversité ?

  • Speaker #1

    Non, c'est simplement... Je pense que... Je ne poserai pas la question comme ça.

  • Speaker #2

    Contre qui tu dois défendre leurs intérêts ?

  • Speaker #1

    Parfois, leurs intérêts ne peuvent ne pas être alignés, notamment avec ceux des producteurs. Ce qui ne veut absolument pas dire que les producteurs sont des... sont des adversaires, au contraire, les producteurs. Je vois presque plus ou moins tendance à les considérer peut-être comme des talents, comme peuvent l'être les auteurs. Mais il y a certains moments où, effectivement, par rapport à certaines économies, la question du partage, du rôle aussi, ce n'est pas seulement une question financière, c'est la question du rôle des auteurs, de leur pouvoir, de décision, d'écriture, de leur place dans un projet, comment elle va perdurer dans un projet, notamment. dans des projets de série, là il y a des vrais enjeux. Ils sont au-delà des enjeux purement financiers. Et donc là, il y a des tensions. Mais qui sont légitimes, qui sont quotidiennes. Et les producteurs ressentent les tensions de la même manière de leur côté. Et donc c'est des discussions qui peuvent être vives, mais ce ne sont pas des ennemis. Je ne dis pas ça par politesse, c'est que réellement, il y a des producteurs avec lesquels j'ai de très bons rapports avec la majorité des producteurs. Et on sait qu'on fait tous partie d'une...

  • Speaker #2

    dans le même monde,

  • Speaker #1

    dans le même milieu,

  • Speaker #2

    dans la même industrie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Nous, notre métier, et les producteurs le savent, c'est quand même de protéger paradoxalement la relation d'un producteur, entre autres, avec un auteur. De faire en sorte que l'auteur et le producteur n'aient à parler que artistique. Et donc, à côté de ça, il faut qu'il y ait des gens qui assument cette part plus difficile de conflictualité et de défense des intérêts de l'un. des auteurs quand ils ne peuvent pas eux-mêmes se défendre. Et donc à partir de là, nous on intervient en assumant une part parfois de conflictualité.

  • Speaker #2

    C'est hyper intéressant.

  • Speaker #0

    Et comment on gère la déception du talent quand on doit lui annoncer qu'on n'a pas eu les financements qu'on aurait espéré trouver ? C'est un morceau un peu difficile de ton métier ? Non.

  • Speaker #1

    Ça normalement quand la relation est déjà construite avec l'auteur C'est des discussions qu'on peut avoir de manière assez fluide Ça peut être plus une frustration de notre côté et du sien Mais qui ne joue pas forcément sur notre relation

  • Speaker #2

    Je reviens un peu sur Cannes Et je vois qu'aujourd'hui les plateformes Donc Netflix pour ne pas les citer Produisent également des films qui ont été en compétition Je pense notamment à Okja il y a quelques années Et ça avait fait polémique à l'époque Puisqu'ils sortaient à la fois en salle et à la fois sur Netflix et en France, normalement c'est interdit dans la chronologie des médias est-ce que c'est un truc auquel on pense quand on discute avec des scénaristes ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, si bien sûr, parce que de manière plus générale quand on nous propose un film il y a l'enjeu de savoir comment le film va se financer et si c'est un film qui va partir sur les plateformes et si c'est un film qui va se financer dans un schéma de financement que je qualifierais de... de plus classique tout simplement. Il y a une typologie de film qui effectivement peut être peu parfois certains films de marché qui peuvent exister sur les deux. Et notamment depuis le Covid, on a vu que certains films qui devaient notamment se faire par un schéma de financement classique, finalement sont allés sur les plateformes et donc maintenant, notamment dans chaque négo, il est vraiment entendu, même pour n'importe quel film, que le film pourra partir sur les œuvres. Donc ça c'est nouveau par exemple. C'est une œuvre de SMAD. les sourds Les choses à partir du Covid pourraient avoir plus de souplesse si jamais les films devaient se financer ou se faire autrement, d'avoir la possibilité. L'internationalisation pour nous est un vrai enjeu. On y travaille au quotidien parce qu'elle ouvre simplement de nouveaux marchés à des auteurs qui en ont envie, qui en sont capables. L'arrivée des plateformes aussi a fait bouger un peu les lignes. On a quelqu'un comme Sam Baudin qui avait réalisé il y a quelques années Marianne. Marianne a très bien marché dans certains pays étrangers. Je prends. pendant certains pays anglo-saxons. Et du coup, ça lui a offert la possibilité, effectivement, d'aller réaliser des séries aux États-Unis. Ce que Julia a fait, Julia Ducournau aussi a fait également.

  • Speaker #0

    Et d'après toi, un projet qui a le potentiel de voyager, c'est quoi les éléments qu'il doit avoir ? Je ne sais pas si on peut le quantifier, tu vois, mais c'est quoi un projet qui a ce potentiel ?

  • Speaker #1

    Voyager, c'est-à-dire à l'international ? Oui. on a des auteurs qui ont effectivement parfois des pattes que je qualifierais parfois très franco-françaises, qui correspondent notamment à des enjeux sociaux, sociétaux. À ces Français dont on pense, peut-être parfois à tort, qu'effectivement, ils ne vont pas forcément s'exporter.

  • Speaker #2

    C'est le paradoxe, parce que par exemple, des films comme Amélie Poulain ou Les Choristes, ils ont marché dans le monde entier, et ça reste quand même très parisien ou très français.

  • Speaker #1

    C'est vrai, mais sans être un spécialiste, je pense que c'est quand même des films qui renvoient une certaine image de la France. et une image assez exportable. Moi, je pense plutôt à des films, effectivement, qui traitent d'enjeux purement sociaux et sociétaux français. Il y en a qui marchent très bien en France, mais dont on se doute qu'à l'export, ils vont être plus difficiles. Mais nous, notre enjeu, effectivement, quand on parle d'internationalisation, nous, notre enjeu est plus sur la base de certains succès qu'ils ont pu avoir en festival ou d'ailleurs des projets de séries. On en revient à l'idée de séries aussi. de... de savoir si ces talents, souvent plus facilement pour la réalisation que pour l'écriture, comment ces talents-là peuvent s'exporter et aller réaliser notamment des séries dans les territoires anglo-saxons, souvent les territoires anglo-saxons.

  • Speaker #0

    Tu disais plutôt quelque chose par rapport à l'ADN. J'avais trouvé l'idée hyper intéressante. Tu peux développer un petit peu ? Dans le sens où tu disais que... Est-ce que pour toi, par exemple, la meilleure association, c'est quand un agent comprend vraiment bien l'ADN de son talent ? Je pense que c'est ça que tu as voulu dire. Je ne sais pas si j'ai mal paraphrasé.

  • Speaker #1

    Non, c'est tout à fait ça. Je me suis rendu compte avec un peu d'expérience que oui, c'est... c'est nécessaire. Si vous me donnez aujourd'hui je pense un scénario d'un film vraiment très marché compatible, il se peut que je passe à côté et que je ne comprenne pas et que je ne le comprenne pas.

  • Speaker #2

    Quand tu dis marché compatible, c'est-à-dire bankable qui va...

  • Speaker #1

    Oui, j'ai une idée en tête. Effectivement, c'est vraiment... Je sais que j'ai déjà lu des comédies, effectivement, dont l'enjeu était vraiment de toucher un marché extrêmement large à travers des castings, à travers aussi des réalisateurs extrêmement bankables. Et je me suis rendu compte, à la lecture de ces scénarios, qu'effectivement, il y avait des choses que je pouvais ne pas comprendre. Pour élargir un peu le débat, on est aussi dans une cartographie des agences en France qui peuvent représenter différentes choses aussi. Film Talent ne représente pas les mêmes auteurs et les mêmes réalisateurs que d'autres agences qui comprennent beaucoup mieux certains enjeux de marché mais qui ne saisissent assez peu certains enjeux d'un certain cinéma d'auteur. Et donc, les choses étant bien faites, c'est pour ça que...

  • Speaker #2

    Oui, vous êtes une agence spécialisée, disons, dans tel genre et d'autres agences sont spécialisées dans... Oui,

  • Speaker #1

    et à côté de ça, ça implique aussi une cartographie de producteurs qui n'est pas la même. Les liens avec les plateformes ne sont pas forcément les mêmes. On n'a pas forcément un intérêt à trop s'élargir si c'est pour perdre notre ADN.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous aimeriez créer des duos mythiques, un peu à l'image d'un Bakri Jaoui ou d'un Mathieu Delaporte, Alexandre Delapate-Lière ? Est-ce que c'est quelque chose auquel vous pensez ?

  • Speaker #0

    Le conte de Motté-Christophe.

  • Speaker #2

    Voilà, notamment. On tient aussi scénarisé les trois mousquetards d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Ça pour le coup on le fait vraiment au quotidien. C'est-à-dire au quotidien on matche des scénaristes entre eux sur des projets, on matche des scénaristes...

  • Speaker #2

    On dirait Tinder quand tu dis Roman.

  • Speaker #1

    Tu vois,

  • Speaker #2

    je fais swipe,

  • Speaker #1

    ils s'entendront bien artistiquement, humainement ce qui se passe entre eux on ne peut pas le savoir humainement ils pourront aussi s'entendre tout à fait j'ai déjà eu des projets de séries sur lesquels effectivement qui étaient quasiment dans leur finalité en écriture et il y avait besoin de réalisateurs réalisatrices et j'ai présenté des réalisateurs réalisatrices en disant je pense que là c'est la bonne personne et ça a marché et donc cet enjeu c'est

  • Speaker #2

    toi le lien

  • Speaker #1

    Oui, voilà, peut-être en jeu, il est quotidien. Et pour le coup, ça, effectivement, c'est quelque chose que je dis souvent quand je rencontre des jeunes scénaristes, des jeunes auteurs. Quand on se pose la question de ce qu'on va travailler ensemble, c'est aussi de regarder l'ADN de l'agence, quitte à ce que parfois ça ne soit pas, ça ne nous serve pas. Mais parce que les gens avec lesquels les auteurs vont être amenés à travailler, c'est aussi les gens qu'on accompagne au quotidien.

  • Speaker #0

    Tu t'es lancé dans le cinéma par passion, c'est ce que tu m'avais dit. Et tu me disais aussi que tu as beaucoup moins le temps de voir des films aujourd'hui. C'est vrai. C'est très paradoxal.

  • Speaker #1

    C'est totalement paradoxal et c'est une de mes grandes frustrations. Du coup,

  • Speaker #0

    est-ce que ça te fait regretter ton choix de travailler dans le cinéma ?

  • Speaker #1

    Alors non, mais il y a quelque chose qui est vrai, c'est qu'aujourd'hui à chaque fois que je vois un film, effectivement ça me ramène à mon activité professionnelle, ce qui n'est pas forcément désagréable parce que j'aime le métier que je fais. Mais ça a quand même, ça a bien sûr déformé mon regard. Et notamment quand j'ai envie vraiment de me détendre, je regarde des films américains, je regarde des films italiens pour lesquels je sais qu'il y a assez peu de choses qui ont à voir avec mon quotidien. Et non,

  • Speaker #0

    tu as l'impression de travailler en fait.

  • Speaker #1

    Il y a toujours un moment où ça me rappellera. Ça me rappellera.

  • Speaker #0

    Un mail à envoyer.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais ça ne veut pas dire que je ne regarde pas ces films-là. Mais c'est vrai que maintenant, quand je vois beaucoup de films que je vois, ça me ramène à ma pratique. Mais c'est vrai que je suis arrivé dans ce métier par cinéphilie. Et que finalement, les enjeux se sont décalés. Je n'y reste pas forcément. Je ne vois pas assez de films. mais que maintenant je suis plus sur des enjeux purement professionnels, d'accompagnement de carrière, et ça a décalé mon regard.

  • Speaker #0

    Ça a décalé, ça l'a changé ?

  • Speaker #2

    Ça me rappelle Barbara Premilla qu'on a reçue, qui est agent d'image dans le cinéma. disait que regarder 10% par exemple pouvait enfin mais pas parce que ça la renvoyait tout de suite à son métier c'était c'était assez oppressant quoi d'ailleurs tu trouves que la série assez fidèle à la réalité tu te reconnais dans ce port dans ses portraits alors

  • Speaker #1

    là la série remarquable par ailleurs à quand a quand même pris un angle qui était de toute façon le meilleur angle à prendre sans être scénariste moi même qui est celui des agents d'acteurs des agents d'acteurs d'un p'tit peu de staf là. Et donc effectivement, en tant qu'agent d'auteur, on est dans d'autres problématiques, qui sont notamment vraiment des choses moins glamour ou quotidien. On est quand même en 99% de labeur pour 1% de glamour, c'est ça notre quotidien.

  • Speaker #2

    Sauf à Cannes !

  • Speaker #1

    C'est le 1%. C'est le 1%.

  • Speaker #0

    Des soirées où il ne va pas.

  • Speaker #2

    Je le connais, le petit coquin.

  • Speaker #1

    Nous, en tant qu'agent d'auteur, on est... On est aussi dans des logiques vraiment de comment se finance un film, on est plus dans la fabrication, même les échanges avec les producteurs ne sont pas les échanges qu'ont les agents d'acteurs, on est souvent plus en amont. Mais il y a quelques épisodes de 10% qui sont très justes. Moi je pense à l'épisode avec Isabelle Huppert. L'enjeu de la gestion des plannings, c'est l'enfer de tous les agents d'acteurs et des assistants d'agents. Je pense que pour un agent d'acteur, ça doit être assez difficile de regarder cet épisode-là, parce que ça va le renvoyer tout de suite à tout son stade quotidien, de savoir comment dans son tableau Excel, il va faire rentrer deux journées de tournage le même jour.

  • Speaker #2

    Et c'est quoi ton enfer à toi aujourd'hui ? Est-ce qu'il y en a ?

  • Speaker #1

    Mon enfer, c'est effectivement de lire un scénario, d'accompagner quelqu'un, de croire en son projet et d'avoir une difficulté. à trouver des producteurs, de savoir comment le film va se financer. Parce qu'on peut être parfois, je radote, mais sur des typologies de films dont on sait que le financement va se faire difficilement. Ça, de croire en des projets et de ne pas être sûr qu'ils vont se faire, ça peut être une difficulté. Après, on se bat pour ça au quotidien. C'est pour ça qu'on existe aussi. Et c'est d'autant plus valorisant quand les choses se font. Mais la difficulté, c'est de croire... C'est la difficulté. La difficulté, c'est la durée. du marché une histoire d'argent finalement oui bah des films oui des films ça coûte cher il faut que ça se financent et oui et il ya des rencontres que tu as fait dans ce depuis que tu es dans ce milieu qui t'a marqué une personnalité j'ai un acteur que je représente comme ça ça me permettra de ne pas mettre en difficulté par rapport à tous les autres auteurs je suis l'agent de jean pierre léo et jean pierre léo effectivement je pense que s'il ya une rencontre parce que je l'accompagne depuis longtemps. C'est une très belle rencontre. humaine vu le parcours sur truffaut godard les discussions que j'ai eues avec le cinéma sur sur sur tout ce qu'il a travaillé de discuter quelqu'un qui a qui a travaillé avec pasolini de pouvoir lui demander ce que c'est que très avec pasolini donc voilà jean pierre léaud imagine comment ton métier dans dix ans le métier a tellement changé depuis l'arrivée des plateformes il ya dix ans maintenant il continue à évoluer on verra comment le cinéma français se financent dans dix ans c'est optimiste tout est... Il faut rester optimiste, parce que de toute façon, l'arrivée des plateformes a quand même ouvert, on peut discuter de l'artistique de certains projets, mais l'arrivée des plateformes a quand même ouvert de nouveaux marchés. Et quant au financement du cinéma français, il fonctionne plutôt bien. Donc, il faut rester positif par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Tu sais qu'on avait reçu Florent Lamy, on vous remettra l'épisode en lien, qui lui, amenait des acteurs hollywoodiens dans le marché français. naturellement. nous on penserait que ce serait en général l'inverse c'est ce qu'on entend par internationalisation en général tu vois de plus en plus cette pratique dans le milieu Quelle est ton opinion par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il peut y avoir bien sûr un vrai intérêt de la part des réals en France. Mais il faut juste voir l'ampleur que ça peut prendre. Et bon courage à notre ami, parce que peut-être qu'il va réussir justement à créer réellement quelque chose.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai une question. Est-ce qu'il y a une scène de film qui t'obsède, que tu as tourné dix fois dans ta tête ? Plus qu'un film, ça t'arrive des fois d'avoir ce genre de trip ? Moi, ça m'arrive tout le temps. que ça.

  • Speaker #2

    genre de film, Pascal ?

  • Speaker #0

    D'auteur, je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui, je vais parler d'un réalisateur russe avec lequel j'ai eu travaillé quand il était dans le théâtre il y a quelques années, je ne l'accompagne pas du tout aujourd'hui, qui s'appelle Kirill Sebrinikov. Je pense à une scène de son dernier film, Limoneuf, un travelling qui est absolument spectaculaire. Il faut voir ce film, il faut voir l'oeuvre de Kirill Sebrinikov.

  • Speaker #2

    Je suis fier à voir Parthenopée.

  • Speaker #1

    Exactement. Et l'autre scène que j'aurais pu citer, c'est effectivement dans La Grande des Béliessa. La scène de fête sur le coin, qui est la scène quasiment d'ouverture. Et moi, je me souviens, je connaissais assez peu l'œuvre à l'époque de Sorrentino. Et cette scène m'avait prise comme ça. La manière de filmer une fête était hallucinante.

  • Speaker #0

    Un conseil que tu donnerais à un réalisateur pour trouver un agent ?

  • Speaker #1

    d'en rencontrer d'en rencontrer plusieurs. Parce qu'il n'y a pas de formation d'agents, on a tous des caractères, des formations très différentes, on a tous une vision différente du milieu, donc qu'il échange avec plusieurs agents.

  • Speaker #0

    Et de démarcher directement, de ne pas avoir peur de le faire.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #2

    On a un petit gimmick en fin d'épisode. Agent Sylvain, mission accomplie.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci pour votre invitation.

  • Speaker #0

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez, laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu et pour qu'on puisse continuer à le développer, vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agent Double.

Chapters

  • Introduction – Un agent pas comme les autres

    00:00

  • De Cuba aux plateaux : un parcours inattendu

    04:15

  • Cinéphilie, déclic et arrivée chez Film Talent

    08:45

  • Ce que fait vraiment un agent d’auteurs et de scénaristes

    13:10

  • Séries, cinéma et nouvelles dynamiques du métier

    17:20

  • Gérer la pression, les urgences et les relations

    21:55

  • Le marché, les plateformes et les logiques de production

    27:05

  • L’internationalisation et la cartographie des talents

    32:30

  • L’humain au cœur du métier d’agent

    37:15

  • Cannes, glamour et coulisses du financement

    41:45

Description

Alors que le Festival de Cannes bat son plein, on a décidé de recevoir un agent pas comme les autres. Au sein de son agence Film Talents, Sylvain Cochard ne s'occupe pas des acteurs et actrices, mais de ceux qui les mettent en scène et racontent leurs histoires à l'instar de François Ozon, Leos Carax ou encore Bertrand Bonello. Un rôle d'agent atypique dans cette industrie planétaire où chacun apporte sa pierre à l'édifice pyramidale d'un film.


Un grand merci à selectionmaisonb et myfunnylevantine pour la laine toute en couleur de Pascale 😍


//////////


Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


🔹 Si cet épisode vous a plu, abonnez-vous pour ne pas galérer à rechercher les prochains😉


🔹 Ce podcast peut peut-être changer une carrière 🚀...Pour booster sa visibilité, rendez-vous sur Apple Podcast et Spotify, laissez 5 étoiles🌟 et un commentaire 🙏

(au bas de la page de présentation du podcast sur Apple Podcast).


🔹 ....Vous cherchez encore les étoiles🌟? Nous avons un tuto sur Instagram, avec plein de contenu exclusif!


🔹 Nos épisodes sont aussi disponibles en vidéo sur notre chaîne YouTube


🔹 Nous finançons entièrement ce podcast. Il n'y a pas de petits dons, que des grands MERCI, si vous souhaitez nous soutenir avec cette cagnotte.


🔹 Pour nous faire un coucou, écrivez-nous sur agentdoublepodcast@gmail.com


//////////


Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Martin Flogny

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et on sait que ça a un impact parfois parce qu'on sait par exemple que certains films ont été montés un peu à l'arrache pour être prêts pour Cannes, qu'ils n'étaient pas encore dans leur meilleure forme, dans leur meilleure version. Et qu'une fois Cannes est passé, il y a eu un remontage de films, c'est déjà arrivé, je pense peut-être à un Scorsese ou à un Tarantino. C'est quelque chose qui est courant finalement ?

  • Speaker #1

    Alors en général, il est courant. Il peut arriver que les films soient envoyés dans des versions non définitives au festival. En général, quand ils sont montrés au festival, ils sont, je pense, à 99%. Que qu'il y ait des montages après, ça doit être assez exceptionnel. Il doit y avoir un ou deux cas, mais c'est exceptionnel. Agent Double.

  • Speaker #2

    Je suis Pascal Wakim.

  • Speaker #0

    Je suis Rand Khalek.

  • Speaker #2

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #0

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #2

    Pour ne rater aucune de nos missions, abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #0

    Et pour des contenus exclusifs, suivez notre page Instagram Agent Double Podcast.

  • Speaker #2

    Alors que le festival de Cannes va s'en plein, on a décidé de recevoir un agent pas comme les autres. Au sein de son agence Film Talent, notre invité ne s'occupe pas des acteurs et actrices, mais de ceux qui les mettent en scène et racontent leur histoire. À l'instar de François Ozon, Léo Scarax ou encore Bertrand Bonello. Un rôle d'agent atypique dans cette industrie planétaire où chacun apporte sa pierre à l'édifice pyramidal d'un film. Bienvenue, Sylvain Cochard.

  • Speaker #0

    Sylvain Cochard, bienvenue dans Agendou. On est ravis de t'accueillir. donc pour ceux qui ne le savent pas tu es agent de réalisateur et de scénariste à travers la société Film Talent et avant de nous raconter ton parcours et ton métier il y a une question qui nous titille tu sais pas c'est quoi ? attends je vais te demander c'était bien Cuba ?

  • Speaker #1

    C'était merveilleux, je n'attendais pas du tout à cette question. Je suivais, je finissais mes études et j'avais fait à l'époque, c'était un mémoire, sur les relations culturelles entre la Havane et Cuba. Et pour finaliser ça, j'avais fait un semestre à l'Université centrale de La Havane, qui était un semestre, un court semestre dans une formation estivale.

  • Speaker #0

    Quel souvenir t'en gardes ?

  • Speaker #1

    J'en garde un souvenir merveilleux. C'était...

  • Speaker #2

    Tu étudiais vraiment ? Oui.

  • Speaker #0

    Il y avait des à côté quand même. Tu peux nous le dire.

  • Speaker #1

    J'en garde un souvenir merveilleux. La formation était effectivement assez peu centrale finalement. C'est pour ça que j'en parle assez peu. Je ne sais pas si vous avez eu l'info. J'en parle relativement peu parce qu'effectivement, j'avais quelques heures de cours par jour pendant quelques semaines. Mais ça a été une formation assez légère. mais J'avais découvert beaucoup de films cubains. J'étais arrivé à l'époque à La Havane avec une petite cinéphilie. On va en reparler, bien entendu. Et c'est vrai que ça avait décalé mon regard autour d'un cinéma latino-américain et cubain, bien évidemment. Et avec le plaisir aussi de... de découvrir un cinéma qui était très décourélé, très déconnecté de notre cinéma européen à nous.

  • Speaker #2

    Donc pour commencer par le début, tu commences par des études de droit et de sciences politiques. Et la question évidemment, c'est comment tu arrives dans le cinéma ?

  • Speaker #1

    De petit décalage en petit décalage. Quand je finis mes études, je suis entraîné par le projet d'un ami, avec qui on a fondé une... boîte de production dans le spectacle vivant le théâtre et la danse lui venait vraiment de ce milieu là et il avait besoin de s'entourer de gens notamment parce qu'il y avait un aspect international ce projet et que moi j'ai fini par désirer études de relations internationales et donc il voulait s'entourer un peu de personnes qui avaient d'autres d'autres réflexes que lui et donc on a monté cette boîte de prod ensemble de prod qui existe toujours qui accompagne toujours des metteurs en scène et ça a été un peu mon entrée par hasard dans le monde de la des arts de la culture et donc j'ai accompagné à travers cette structure pendant cinq six ans des metteurs en scène décoré et j'y ai pris goût et donc j'ai travaillé avec des auteurs, pas exactement à l'endroit où je suis aujourd'hui mais finalement entre la manière dont je travaillais à l'époque et le métier d'agent, même s'il y avait un aspect pris en main de la production qu'il n'y a pas en tant qu'agent, finalement on retrouve les mêmes réflexes, les mêmes rapports aux artistes et des métiers qui finalement sont assez similaires.

  • Speaker #0

    Et tu as tout de suite adapté et compris les tenants et les aboutissants du métier ? Tu n'as pas eu de mal ?

  • Speaker #1

    En tant qu'agent ou dans la boîte de prod ?

  • Speaker #0

    Non, même dans la boîte de prod.

  • Speaker #1

    J'ai été formé, j'ai été formé avec bienveillance, j'ai aussi travaillé avec des artistes qui étaient très bienveillants avec moi et puis on apprend sur le terrain mais j'avais 25, 26, 27 ans et donc on apprend ce que c'est un budget on apprend ce que c'est qu'une compagnie de théâtre, de danse, ce que c'est aussi qu'un artiste et on se forme comme ça au quotidien, au contact au quotidien

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qui fait que tu laisses la boîte ? qui est toujours active aujourd'hui, mais qu'est-ce qui fait que tu laisses la boîte et que tu décides de devenir agent ?

  • Speaker #1

    J'ai accompagné pendant 5-6 ans des metteurs en scène, notamment dans des grosses tournées. Dans des grosses tournées, c'était extrêmement chronophage, ça demandait beaucoup d'énergie. J'étais fatigué de ce métier que j'ai beaucoup aimé. J'avais toujours voulu aller travailler dans le cinéma. Tout à coup, il y a des passerelles qui sont ouvertes, il y a des portes qui sont ouvertes et j'y suis allé.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a un film en particulier qui a fait que tu as voulu bosser dans le cinéma ? Il y a un film qui t'a marqué au point où tu te dis ça, c'est ce que je vais faire de ma vie.

  • Speaker #1

    c'est une très bonne question merci c'est pas toujours mes questions parce que je pense que ça s'est réellement passé comme ça il y a eu un déclic qui était assez jeune j'ai vu un film qui est peut-être aujourd'hui mon film préféré qui est un film de Nani Moriti qui s'appelle Le journal intime où je me suis dit tiens c'est un film en trois parties avec une écriture assez... lisible faussement simple parce que le film est extrêmement brillant c'est nani moretti et je me souviens en voyant ce film m'a dit j'aimerais bien savoir comment ça marche j'aimerais bien faire partie de cette industrie et même si à 15 ans je pense que je me formulais pas les choses en terme d'industrie mais j'ai eu j'ai eu cette envie de voir comment ça se passait et à quelque chose d'assez particulier qui est que je n'ai jamais voulu être acteur j'ai jamais voulu être metteur en scène et donc je me demandais puisque À l'époque, surtout que le métier d'agent, dans les années 90, on ne savait pas que ça existait. Moi, je ne savais pas que ça existait, encore moins pour les agents d'auteurs. Aujourd'hui encore, quand je dis que je suis agent d'auteur, il y a beaucoup de gens qui me disent « on connaît le métier d'agent, on ne savait pas que les auteurs avaient des agents » .

  • Speaker #0

    C'est pour ça que tu es là.

  • Speaker #1

    Exactement, exactement, que les auteurs existent.

  • Speaker #0

    Trop bien.

  • Speaker #1

    Voilà, donc Journal Intime, moi, était le déclic. Ça a été un marqueur de ma cinéphilie. Et après, j'ai vu effectivement beaucoup de films entre mes 15 et mes 25 ans. Ça a été la période faste, je pense, de ma cinéphilie.

  • Speaker #0

    Et un style en particulier.

  • Speaker #1

    un cinéma d'un pays en particulier l'italie où c'était juste du hasard non non non non non c'était du hasard c'était du hasard j'ai regardé beaucoup de cinéma beaucoup de cinéma américain moi j'ai regardé beaucoup de cinéma américain des années 40 Après, il y a aussi eu l'influence d'un certain cinéma américain contemporain, qui dans les années 90 était assez riche. Et puis, j'ai commencé à regarder aussi pas mal de cinéma d'auteurs, même de la nouvelle vague. Et j'ai fait un peu un melting pot avec parfois des angles morts. J'assume aujourd'hui d'avoir des angles morts dans ma... C'est normal.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que tu appelles un angle mort ? Une direction dans laquelle tu vas et tu reviens ?

  • Speaker #1

    Non. Il y a des grands réals dont j'ai vu très peu de films. Je connais très peu. J'ai dû voir, même s'il n'a pas une filmographie énorme, j'ai dû voir trois films de Kubrick, je pense. Je sais qu'il y a des... Voilà. Et notamment, il y a tout un cinéma italien, pour répondre à ta question, que je connais assez peu. J'ai vu tous les films de Paolo Sparaglino. Tu as vu le Partenocle ? Non, exactement. Il est superbe. Je l'ai vu deux fois. Je vais le voir très vite. Je l'attendais beaucoup.

  • Speaker #2

    Donc 2017, tu intègres Film Talent, qui est l'agence dans laquelle tu travailles aujourd'hui. Donc tu l'intègres en tant qu'agent assistant, assistant d'agent. Et en deux ans, tu deviens agent. C'est quand même assez rapide, non, comme progression ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai bénéficié de ce dont on vient de parler, qui est quand même un passé au contact des metteurs en scène. Et qui fait que je n'étais pas totalement junior. Je n'étais pas totalement junior et puis j'ai été formé pendant deux ans. A l'époque j'ai commencé comme agent aussi d'acteur, on avait encore des acteurs. J'étais l'agent, je pense que la première personne que j'accompagnais c'était Noamil Vovski. J'accompagnais très vite aussi Isil Lebesco à l'époque. mais qui sont aussi autrices. Et au bout de deux ans, on m'a proposé de commencer à développer un peu une liste, comme on dit. Et j'ai commencé assez doucement par représenter des jeunes scénaristes qui sortaient de la FEMIS série. Parce que c'était aussi un mouvement dans lequel on est encore aujourd'hui. Mais où la série explosait avec l'arrivée des plateformes. Et donc il y avait aussi des enjeux là purement professionnels de placement, sur lequel était déjà Film Talent, qui représentait déjà beaucoup de... de scénaristes sur la série, sur lesquels moi je me suis mis aussi également. Et puis ça me plaisait, je consommais beaucoup de séries à l'époque, et donc j'ai commencé à accompagner des scénaristes vraiment de séries, et puis après ça s'est développé tranquillement.

  • Speaker #0

    Alors on va citer quelques noms de votre catalogue, mais là on s'est quand même concentrés sur le cinéma, en l'occurrence. Donc François Ozon, Fanny Herreiro, qui est donc une des scénaristes de la série 10%, qui a été importante pour nous aussi.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, quand je t'ai appelé, je t'ai dit, Sylvain, je ne pouvais pas ne pas intéresser.

  • Speaker #0

    l'agent de qui représente un bon les gens se représentent venir c'est quand même quelqu'un important pour nous nabil hayouch on va parler un peu j'ai une histoire un peu intéressante avec nabil hayouch puisque en 2012 on a recréé le festival du film arabe à paris qui s'appelait imagina qui avait été créé par ma mère n'est la calèque via sa boîte de prod à lima et il faisait le film d'ouverture avec les chevaux de dieu donc c'était un moment assez spécial et c'est un super film et c'est un super réel Nabil Voilà, c'était pour la petite anecdote. Bertrand Bonello aussi, avec le film Saint-Laurent. Et le regretté Gaspard Bissou, évidemment. Léo Scarax, qui est très marqué dans son style, avec des films très forts. Et Alexis Langlois, dont on parlait tout à l'heure en off, qui est un jeune réel, qui a été primé à Cannes, je crois déjà.

  • Speaker #1

    Il a été sélectionné, son film est en sélection à Cannes l'année dernière, tout à fait.

  • Speaker #0

    Et on a également Julia Ducournau, qui a remporté la Palme d'Or avec Titan en 2021. et Gala Hernandez qui est également sélectionnée à Cannes cette année dans la quinzaine des cinéastes et Julia Ducournau aussi cette année dans la sélection avec Alpha et il y en a d'autres aussi il y en a beaucoup d'autres d'ailleurs on

  • Speaker #2

    peut faire un petit coucou à nos compatriotes Johanna Aditouma et

  • Speaker #0

    Khalil Ajrej qui sont un duo de scénaristes réalisateurs libanais c'est quand même intéressant d'avoir cette diversité d'artistes et de scénaristes

  • Speaker #1

    réalisateur qu'est ce qui te fait faire des choix aujourd'hui dans ceux avec qui tu veux travailler est ce qu'il ya une ligne directrice que tu veux prendre alors oui et non il peut faire des choix c'est quelque chose d'assez instinctif chacun des profils de réal d'écriture de scénaristes nous parlent ou pas et nous amène à s'instinctivement à savoir si on a envie de les accompagner avec avec cette prudence qu'il faut avoir, je pense, en tant qu'agent. qui est de ne pas forcément trop s'élargir et de rester, de travailler avec des gens dont l'ADN nous corresponde. Parce que sinon, il y a un risque de ne pas comprendre ce qu'ils font. Et c'est certainement pas pour eux et pas pour nous non plus.

  • Speaker #0

    Et ça consiste en quoi d'accompagner un scénariste, par exemple, typiquement ? En quoi tu lui apportes quelque chose ? Est-ce que tu places ces scénarii, tu les proposes à des réels ? Est-ce que tu vas l'aider à écrire dans le processus d'écriture ? Comment ça se passe en agent pour un sénat ?

  • Speaker #1

    Alors je poserai la question différemment en fonction de projets séries et de projets ciné, sachant qu'en France on a quand même la culture du cinéma d'auteur qui fait que les réalisateurs en général écrivent leurs propres longs métrages. Après il peut faire appel bien sûr à des co-scénaristes pour avancer plus vite dans le process ou avoir des échanges, mais il est assez rare en France contrairement à la culture une culture états-unienne d'avoir des longs métrages pour lesquels on va chercher des réalisateurs. L'arrivée des plateformes a un peu changé les choses, puisque effectivement il y a une nouvelle typologie de film pour présenter les choses de manière un peu simplifiée, mais avec effectivement des films plateforme qui peuvent être écrits pour lesquels on va aller chercher des réalisateurs. Mais la culture du cinéma vraiment d'auteur dans le schéma de financement classique fait que les réalisateurs en tout cas écrivent leurs films principalement. Pour la série c'est effectivement autre chose, puisque là on fait vraiment une distinction entre entre ceux qui écrivent les séries et ceux qui les réalisent, quand bien même ça pourrait être les mêmes parfois, bien entendu. Et là, effectivement, les scénaristes que j'accompagne me parlent de projets que moi je propose ensuite à des producteurs, voire à des diffuseurs parfois directement.

  • Speaker #2

    Donc ton rôle, si je reprends la question et si on part du point de vue des réalisateurs, ton rôle c'est de présenter leurs projets à des producteurs et de leur trouver des financements ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. L'aspect négociatif. est un peu évident tant qu'en tant qu'agent effectivement l'enjeu c'est d'avoir quand même cartographie des producteurs en france et de ceux avec lesquels eux-mêmes pourraient travailler en fonction de fonction on revient à l'idée d'adn des projets pour les appeler présenter pour

  • Speaker #0

    les accompagner et ton système de rémunération en tant qu'agent de real Et Scénarist, c'est le même que pour un agent d'acteur ?

  • Speaker #1

    C'est 10%. C'est 10% ? C'est 10%, oui.

  • Speaker #0

    Que ce soit cinéma ou série ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est toujours 10%. D'accord. Il y a un usage à 10%. Alors, un usage qui est réglementé par la loi en France pour les professions comme les acteurs ou comme les réalisateurs techniciens, où là c'est 10%, c'est la loi, pour les auteurs. il n'y a pas de loi. Ça peut être 15%.

  • Speaker #2

    Et comment vous faites pour vous répartir les talents au sein de l'agence ? Parce que tu es un des premiers agents qu'on reçoit et qui fait partie d'une agence. Vous êtes plusieurs dans l'agence. Comment est-ce qu'on distribue le catalogue ?

  • Speaker #1

    Pour le coup... ça fonctionne pas comme ça, on se la distribue pas c'est à dire qu'on est 4 agents c'est Film Talent et on rencontre on rencontre des scénaristes, des réalisateurs, des auteurs et on travaille avec qui on veut travailler tout simplement, on est très libre alors il arrive qu'on co-représente des personnes Fanny Réraud dont vous parliez tout à l'heure est co-représentée par Valérie Guibal et Simon Rey moi-même, quelqu'un comme Benjamin Parent, je le co-représente avec Simon et donc voilà, on a parfois des co-représentations ça peut fonctionner assez bien mais sinon on est très très libre on est totalement indépendant par rapport à la liste des personnes qu'on accompagne.

  • Speaker #2

    L'intérêt d'une co-représentation, bon évidemment pour le talent c'est deux personnes qui travaillent sur son dossier pour vous c'est que chacun a sa spécialité c'est ça ? Chacun va aller chercher des opportunités différentes ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est trouver d'autres dynamiques d'échange avec les auteurs et entre collègues aussi.

  • Speaker #0

    Tu lis beaucoup de scénar' ?

  • Speaker #1

    Oui, je lis beaucoup de scénar'

  • Speaker #2

    On va refaire la question,

  • Speaker #1

    tu lis trop de scénar' ? Non pas trop, oui ça fait partie inhérente du boulot. C'est très chronophage, mais c'est très plaisant. C'est ce qui nous ramène à ce pourquoi on fait ce métier. Moi, je suis entré par ce métier par l'artistique. Après, ce qui m'y fait tenir, c'est aussi d'autres enjeux de développement. de carrière, mais l'entrée dans ce métier, c'est fait par l'artistique. Et oui, c'est important, quand on accompagne des gens, de savoir ce qu'ils écrivent, pour bien parler de leur projet, pour bien parler d'eux. C'est totalement central.

  • Speaker #0

    Mais tu leur fais un retour sur leur travail ou tu n'as pas de...

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as un...

  • Speaker #0

    Alors,

  • Speaker #1

    oui et non. Notre enjeu en tant qu'agent, c'est de donner aux auteurs le plus possible de levier pour...

  • Speaker #2

    Que leur projet se mette en place.

  • Speaker #1

    Oui, puis qu'ils en tirent les bénéfices, qu'ils ont une position de force aussi, parfois facétiques. des diffuseurs, des distributeurs. Et donc la coproduction est un levier. On n'est pas les seuls à faire ça. La coproduction est un levier. Et donc certains auteurs viennent nous voir davantage pour ces compétences-là que pour des retours de lecture.

  • Speaker #0

    Et quand tu dis coproduction, c'est qu'ils investissent eux-mêmes dans le projet ?

  • Speaker #1

    Non, non, non. C'est pas dans ce sens-là ? Non, c'est qu'une partie de leur rémunération sera fléchée sur la rémunération des producteurs.

  • Speaker #0

    D'accord, donc ils ont deux rémunérations.

  • Speaker #1

    Exactement. Ils ont leur rémunération de scénariste, leur rémunération d'auteur réel, leur rémunération de réel technicien et une rémunération quand elle existe de... producteur est ce que parfois tu arrives à décrocher du métier oui bien sûr si c'est un travail c'est un vrai travail c'est un métier si on veut le faire 24 heures sur 24 on peut donc oui on s'astreint mais ça c'est un peu avec avec avec le temps et l'expérience c'est que quand j'ai commencé comme agent je pense qu'il n'y a pas vraiment de manière de faire différemment je travaillais je travaillais vraiment tout le temps tout le temps c'est pas bon c'est pas bon même pour les gens qu'on accompagne donc oui je me force à faire des affaires des pauses à avoir des mêmes des horaires de bureau en termes de disponibilité ça veut pas dire que je travaille que de 9h30 20h ou à 19h30 c'est que je m'impose de de ne pas être disponible tout le temps. Parce qu'il y a quand même une culture chez les agents en France, pas qu'en France, aux Etats-Unis c'est extrêmement présent, de l'omniprésence de l'agent. De l'agent à disposition.

  • Speaker #2

    À n'importe quelle heure du jour et de la nuit.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #2

    Ça t'est arrivé de recevoir des coups de fil la nuit, de devoir répondre à des urgences en pleine nuit ?

  • Speaker #1

    Alors des urgences, non. Si ça avait été des urgences, ça peut arriver, ça ne m'aurait pas posé problème. Oui, ça m'est arrivé, ça m'est peu arrivé. Je ne travaille plus avec ces gens-là. Sauf si vraiment un jour, bien sûr, il y a des vraies urgences. mais ça t'a impacté quoi oui oui ça crée des je bataille au quotidien sur le fait que que l'agent doit être effectivement on travaille beaucoup on est extrêmement à la disposition et ça fait partie du job mais effectivement il y a il y a des limites mais comme pas mais les auteurs le comprennent bien les auteurs comprennent bien l'enjeu des limites et je dois dire que je suis plutôt très bien on est plutôt bien traité cet endroit là toi qui as travaillé avec des acteurs avant donc il y a une différence quand même entre Oui oui oui sont moins exigeants sont moins pronophages c'est pas le même métier Déjà, c'est deux métiers vraiment différents. Il y a des agents qui arrivent à faire les deux. Je les admire quand ils arrivent à faire les deux bien parce que c'est vraiment deux métiers très différents. Je pense que les acteurs, pour prendre leur défense, sont aussi dans une... Les auteurs, comme les acteurs, sont tous dans une précarité. Je préfère dire hiérarchie. Mais les acteurs sont parfois, peut-être, dans une précarité symbolique autre. C'est-à-dire qu'un acteur... Ils sont dans une urgence. Voilà. Un acteur qui n'a pas de visibilité sur ces six prochains mois est dans une réelle... et dans une vision d'une réelle précarité. Là où un auteur a des projets en général plus long terme, ça ne veut pas dire qu'il vit mieux que les acteurs, ça veut dire que sa manière de se projeter est autre. Et donc un acteur qui tout à coup pendant trois mois n'a plus de casting, effectivement c'est une situation délicate pour lui.

  • Speaker #0

    Par définition, l'auteur peut créer la matière, alors que l'acteur ne va pas se créer un scénar pour lui-même. Il est dans l'attente ou dans la prospection d'un rôle.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette dynamique fait que les auteurs sont nécessairement plus patients aussi avec les agents ? Est-ce que tu penses qu'un agent d'auteur est moins exposé aux trahisons par exemple ? Alors que peut-être que des comédiens pourraient être plus enclins à prendre des décisions un petit peu sur le vif ?

  • Speaker #1

    Oui, la pratique nous montre qu'effectivement il y a une autre fidélité chez les auteurs, avec une relation qui se développe davantage dans la durée, avec un rapport à la starification. qui n'est pas le même. Et donc, travailler avec des auteurs, ce n'est pas le même métier. Les auteurs et les acteurs ne font pas le même métier. Et donc, nous, notre position, notre accompagnement n'est pas le même. Leurs attentes ne sont pas les mêmes. Leurs attentes sur les urgences ne sont pas les mêmes. Et leurs attentes sur l'accompagnement d'une carrière ne sont pas les mêmes.

  • Speaker #0

    Ça t'est déjà arrivé de lire un scénario et de te dire ça, c'est un grand film ?

  • Speaker #2

    euh

  • Speaker #1

    Juste à la lecture ? Oui, bien sûr. Ça m'est arrivé de lire des scénarios et de voir qu'ils tenaient leurs promesses. C'est-à-dire qu'on accompagne aussi des auteurs, avec parfois aussi des vues sur ce qu'ils vont écrire, sur ce qu'ils vont faire. Des films dont on se dit, par exemple, qu'ils vont peut-être aller à Cannes, ou du moins dans des festivals de catégorie A. Et puis, on lit des scénarios, on voit les choses se développer et on se dit, tiens, effectivement, l'endroit est juste. Et on s'attient à ces promesses. Mais justement,

  • Speaker #0

    tu parles de Cannes. Comment un film arrive à Cannes ? C'est quoi le process ? Quelqu'un vous appelle, vous dit « Ah, je sais qu'il y a ce film qui se prépare, vite, vite, vite, avant que Cannes commence, on va le sélectionner » ? Ou est-ce que c'est vous qui envoyez au festival ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Oui, il peut y avoir dans certaines sélections des attentes.

  • Speaker #0

    Ils savent que tel réel est sur tel film et que le film est bientôt fini et il faut absolument l'avoir à Cannes en avant-première mondiale.

  • Speaker #1

    Ils savent ce sur quoi travaillent les réels, ils sont en lien beaucoup avec les distributeurs. Donc, ils ont une cartographie bien sûr extrêmement précise des films qui existent. Et du coup, en retour, il y a aussi beaucoup de films dont l'enjeu et la vie passera par la sélection, que ce soit à Cannes, à Venise, parfois à Berlin, qui se font sur des plannings aussi en fonction bien sûr des festivals.

  • Speaker #2

    C'était une de nos questions justement. Si tu nous prenais par exemple sur la construction d'un projet, à partir du moment où tu es en post-prod, est-ce qu'on s'aligne, on regarde le calendrier des sélections des festivals pour sortir ? Est-ce que c'est ça la logique ?

  • Speaker #1

    C'est bien avant la post-prod.

  • Speaker #2

    Ah oui ? Oui.

  • Speaker #1

    C'est même parfois dès... Alors, pas dès le début de l'écriture, parce que l'écriture de long métrage peut se faire sur 3, 4, 5 ans. Mais quand l'écriture se finalise et qu'on commence à réfléchir simplement aux dates de tournage d'un film, tout se met en place par rapport à des objectifs de festival. Pour certains films, bien sûr. Pour certains films dont c'est l'enjeu et dont on pense que la vie du film doit passer par une sélection en festival.

  • Speaker #0

    et on sait que c'est un impasse. impact parfois parce qu'on sait par exemple que certains films ont été montés un peu à l'arrache pour être prêts pour Cannes qu'ils n'étaient pas encore dans leur meilleure forme, dans leur meilleure version et qu'une fois Cannes est passé il y a eu un remontage de films, c'est déjà arrivé, je pense peut-être à un Scorsese ou à un Tarantino, c'est quelque chose qui est courant finalement ?

  • Speaker #1

    Il peut arriver que les films soient envoyés dans des versions non définitives au festival en général quand ils sont montrés au festival ils sont je pense à 99% Oui. qu'il y ait des montages après ça doit être assez exceptionnel il doit y avoir un ou deux cas mais c'est exceptionnel alors au moment où on diffuse cet épisode,

  • Speaker #2

    tu es à Cannes en fait là tout de suite je suis en train de bronzer,

  • Speaker #0

    dis la vérité

  • Speaker #2

    On a fait la séance de 8 heures ce matin. Ton agence a 4 films en compétition. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    On a 4 films présents à Cannes. C'est Julia Ducournau, c'est Pauline Loques, c'est Alex Poukine et c'est Gala Hernandez-Lopez qui sera à la quinzaine.

  • Speaker #2

    D'accord. Est-ce qu'on peut juste pour resituer un petit peu, qui est Julia Ducournau pour ceux qui nous écoutent ? Donc La Palme d'Or en

  • Speaker #1

    2021. Oui,

  • Speaker #2

    tout à fait. Avec Titane.

  • Speaker #1

    qui présente là son troisième long métrage, après Grave, Titan et

  • Speaker #0

    Alpha.

  • Speaker #2

    Comment est-ce que tu apprends que tes talents ou que leurs films sont dans la sélection ? De quelle façon tu l'apprends ?

  • Speaker #1

    Ça dépend des films et ça dépend des sélections. Pour la sélection officielle, pour ce qui est le cas de Julia, je pense qu'on l'apprend vraiment dans les dernières heures ou dans les derniers jours. Après, il peut y avoir aussi des arbitrages entre plusieurs sélections. Pour le film de Gala, je crois que c'était vraiment l'endroit qu'elle visait de toute façon. Et donc, elle l'a su quelques jours avant. Mais globalement, on le sait très peu de temps avant. Et j'ai des exemples de films, notamment en sélection officielle, où on l'a su la veille au soir.

  • Speaker #0

    Tu as le temps de profiter un peu des soirées canoisses ? Dis la vérité.

  • Speaker #1

    Peu. Si, si, on en profite quand c'est les soirées des films qu'on accompagne. Parce que là, il y a quand même... Il y a l'aboutissement de quelque chose, l'aboutissement d'un parcours, où c'est une fête un peu de sympathie, de consécration. Le film a été montré, en général on est quand même dans un état de tension et de stress assez fort. C'est un moment où les choses se relâchent un peu. Et sinon, pour le reste, les autres soirées... Ça reste du networking, ça reste du travail. Effectivement, les soirées dont on profite le plus, c'est vraiment les soirées des films dont on accompagne.

  • Speaker #0

    C'est plus team chez Sandra ou chez Alban ?

  • Speaker #1

    Je suis team.

  • Speaker #2

    C'est vraiment le jargon de Cannes. Oui,

  • Speaker #0

    c'est entre-Cannois, là. C'est vraiment... C'est une petite blague.

  • Speaker #2

    Mais les enjeux, justement, cette semaine, tu disais très intense. C'est quoi les enjeux ? On vise quoi quand on est à Cannes ?

  • Speaker #1

    On vise plusieurs choses, puisque Cannes, ça reste un marché. donc il y a D'une part, bien sûr, les films qu'on accompagne, les réalisateurs qu'on accompagne, avec leur propre enjeu, qui est d'une part la vie du film, mais aussi leurs enjeux peut-être parfois un peu plus long terme, pour certains profils, de leur faire rencontrer d'autres partenaires, de leur faire rencontrer parfois aussi d'autres agents, notamment des agents anglo-saxons, parce que c'est quelque chose qu'on développe beaucoup chez Film Talent, l'aspect international. Donc il peut y avoir des profils dont on sait que... Cannes est le bon moment pour faire rencontrer d'autres agents anglo-saxons avec lesquels on travaillera pour développer leur carrière de manière un peu plus globale et aussi internationale. Et puis nous c'est aussi travailler notre réseau, c'est peut-être accompagner parfois un peu plus à la marge d'autres réalisateurs qui sont pas là mais dont les films sont en financement sur lesquels, puisque Cannes est un marché, on a aussi des réalisateurs qui viennent pour financer leurs films, faire des rendez-vous. Nous, on peut jouer, en général, c'est le rôle des producteurs. Nous, on peut jouer des rôles à la marge, mais on peut jouer ce rôle-là. Et sinon, nous, c'est aussi profiter de ce moment-là pour rencontrer des interlocuteurs qu'on ne connaît pas, parfois des producteurs, sinon des vendeurs, des distributeurs.

  • Speaker #0

    C'est tout le microcosme du cinéma qui se réunit.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Avec parfois des gens qu'on ne rencontre quand même, nous, agents, beaucoup plus qu'on ne rencontre pas en dehors, ou peu, et c'est peut-être mal, en dehors des festivals.

  • Speaker #2

    Tu me disais justement qu'une grande partie de ton travail à l'année, c'était au téléphone.

  • Speaker #0

    Tu regrettes un peu que les gens ne se rencontrent pas. Est-ce qu'on ne fait pas mieux des affaires quand on est face à face ?

  • Speaker #1

    Alors oui, je pense que dans notre métier, le côté personnel est important. Et que notamment en tant qu'agent, où on est souvent dans des rapports de force ou des échanges un peu difficiles avec les producteurs, le fait de les rencontrer ajoute du humain et permet d'enlever un peu ce côté parasite que peuvent avoir... que peuvent avoir les producteurs.

  • Speaker #2

    Très bon film d'ailleurs, par ailleurs.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et donc, oui, mais après, on a des emplois du temps tellement chargés que moi, je fais beaucoup, beaucoup de choses par téléphone. Après, je suis aussi peut-être à un moment de... de ma carrière, même si je suis encore jeune, où mes interlocuteurs, je les connais, les producteurs notamment, pour parler d'eux, je les connais. Et donc j'ai cette facilité à les appeler et pas forcément avoir besoin de les rencontrer tout le temps. Je fais beaucoup moins de rendez-vous aujourd'hui, par exemple, qu'il y a cinq ans.

  • Speaker #0

    Question, pardon, vas-y.

  • Speaker #2

    Non, en continuant ce que tu es en train de raconter, mais c'est quoi du coup la plus grande difficulté aujourd'hui dans ton travail, dans ton métier ?

  • Speaker #1

    C'est de gérer un quotidien entre les urgences, les projets long terme, les rapports de force. Parce que c'est un métier où chaque matin on se réveille, il faut avoir l'énergie d'aller se battre. C'est peut-être ça la plus grande difficulté. L'endurance parfois dans certains rapports de force, le fait que c'est des journées longues de travail. Ce n'est pas le seul métier, mais effectivement c'est de l'endurance de faire de longues heures, des longues journées de travail.

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qui te motive le matin au réveil ?

  • Speaker #1

    les projets... qu'on accompagne et les personnes qu'on accompagne. Je pense que quand on croit au projet, quand on croit aux personnes, même quand on est fatigué, on se rattache toujours à ça. On se souvient des projets, de ce qu'on a lu. on appelle les talents et on se remet en route comme ça parce que finalement, l'envie, elle vient de là. Elle vient par la dynamique et par l'adrénaline qui vient échanger avec les producteurs, avec les auteurs.

  • Speaker #2

    Ça remet tes passions un peu.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Un tout petit peu, pour le coup. Question d'introspection, tu dirais que... C'est quoi ta plus grande force, toi, en tant qu'agent ? Est-ce que tu es quelqu'un qui est très bon en strat ? Tu es très bon en stratégie. Est-ce que c'est la négociation ? C'est le côté humain ? C'est quoi ta patte ?

  • Speaker #1

    Non, mais c'est une bonne question parce que ça fait partie des métiers.

  • Speaker #2

    Je vais commencer à être jaloux, moi.

  • Speaker #1

    Non, parce que ça fait partie des métiers à travers lesquels, comme je pense beaucoup de métiers, à travers lesquels on se découvre. C'est-à-dire que moi, je pensais certainement avoir des qualités, peut-être de patience. Je me suis découvert que je les avais peut-être assez peu. Et je pensais notamment avoir des défauts. Peut-être la capacité à assumer aussi des rapports de force, à être dans beaucoup de relations parfois qui sont conflictuelles, parce qu'il faut assumer simplement des situations conflictuelles, ne pas aller les chercher, mais quand elles se présentent, pour protéger les auteurs, les assumer. Et je me suis peut-être découvert à cet endroit-là, par exemple, une endurance, comme on disait tout à l'heure, que je ne pensais pas avoir. Donc on se découvre, et ma qualité en tant qu'agent, je ne sais pas, peut-être un rapport humain que je peux avoir avec les auteurs.

  • Speaker #2

    Mais c'est qui l'ennemi ? C'est un grand mot, mais l'adversaire des auteurs aujourd'hui, c'est qui ? C'est les plateformes, les grosses boîtes de prod ? Quand tu dis qu'il y a des rapports d'adversité ?

  • Speaker #1

    Non, c'est simplement... Je pense que... Je ne poserai pas la question comme ça.

  • Speaker #2

    Contre qui tu dois défendre leurs intérêts ?

  • Speaker #1

    Parfois, leurs intérêts ne peuvent ne pas être alignés, notamment avec ceux des producteurs. Ce qui ne veut absolument pas dire que les producteurs sont des... sont des adversaires, au contraire, les producteurs. Je vois presque plus ou moins tendance à les considérer peut-être comme des talents, comme peuvent l'être les auteurs. Mais il y a certains moments où, effectivement, par rapport à certaines économies, la question du partage, du rôle aussi, ce n'est pas seulement une question financière, c'est la question du rôle des auteurs, de leur pouvoir, de décision, d'écriture, de leur place dans un projet, comment elle va perdurer dans un projet, notamment. dans des projets de série, là il y a des vrais enjeux. Ils sont au-delà des enjeux purement financiers. Et donc là, il y a des tensions. Mais qui sont légitimes, qui sont quotidiennes. Et les producteurs ressentent les tensions de la même manière de leur côté. Et donc c'est des discussions qui peuvent être vives, mais ce ne sont pas des ennemis. Je ne dis pas ça par politesse, c'est que réellement, il y a des producteurs avec lesquels j'ai de très bons rapports avec la majorité des producteurs. Et on sait qu'on fait tous partie d'une...

  • Speaker #2

    dans le même monde,

  • Speaker #1

    dans le même milieu,

  • Speaker #2

    dans la même industrie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Nous, notre métier, et les producteurs le savent, c'est quand même de protéger paradoxalement la relation d'un producteur, entre autres, avec un auteur. De faire en sorte que l'auteur et le producteur n'aient à parler que artistique. Et donc, à côté de ça, il faut qu'il y ait des gens qui assument cette part plus difficile de conflictualité et de défense des intérêts de l'un. des auteurs quand ils ne peuvent pas eux-mêmes se défendre. Et donc à partir de là, nous on intervient en assumant une part parfois de conflictualité.

  • Speaker #2

    C'est hyper intéressant.

  • Speaker #0

    Et comment on gère la déception du talent quand on doit lui annoncer qu'on n'a pas eu les financements qu'on aurait espéré trouver ? C'est un morceau un peu difficile de ton métier ? Non.

  • Speaker #1

    Ça normalement quand la relation est déjà construite avec l'auteur C'est des discussions qu'on peut avoir de manière assez fluide Ça peut être plus une frustration de notre côté et du sien Mais qui ne joue pas forcément sur notre relation

  • Speaker #2

    Je reviens un peu sur Cannes Et je vois qu'aujourd'hui les plateformes Donc Netflix pour ne pas les citer Produisent également des films qui ont été en compétition Je pense notamment à Okja il y a quelques années Et ça avait fait polémique à l'époque Puisqu'ils sortaient à la fois en salle et à la fois sur Netflix et en France, normalement c'est interdit dans la chronologie des médias est-ce que c'est un truc auquel on pense quand on discute avec des scénaristes ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, si bien sûr, parce que de manière plus générale quand on nous propose un film il y a l'enjeu de savoir comment le film va se financer et si c'est un film qui va partir sur les plateformes et si c'est un film qui va se financer dans un schéma de financement que je qualifierais de... de plus classique tout simplement. Il y a une typologie de film qui effectivement peut être peu parfois certains films de marché qui peuvent exister sur les deux. Et notamment depuis le Covid, on a vu que certains films qui devaient notamment se faire par un schéma de financement classique, finalement sont allés sur les plateformes et donc maintenant, notamment dans chaque négo, il est vraiment entendu, même pour n'importe quel film, que le film pourra partir sur les œuvres. Donc ça c'est nouveau par exemple. C'est une œuvre de SMAD. les sourds Les choses à partir du Covid pourraient avoir plus de souplesse si jamais les films devaient se financer ou se faire autrement, d'avoir la possibilité. L'internationalisation pour nous est un vrai enjeu. On y travaille au quotidien parce qu'elle ouvre simplement de nouveaux marchés à des auteurs qui en ont envie, qui en sont capables. L'arrivée des plateformes aussi a fait bouger un peu les lignes. On a quelqu'un comme Sam Baudin qui avait réalisé il y a quelques années Marianne. Marianne a très bien marché dans certains pays étrangers. Je prends. pendant certains pays anglo-saxons. Et du coup, ça lui a offert la possibilité, effectivement, d'aller réaliser des séries aux États-Unis. Ce que Julia a fait, Julia Ducournau aussi a fait également.

  • Speaker #0

    Et d'après toi, un projet qui a le potentiel de voyager, c'est quoi les éléments qu'il doit avoir ? Je ne sais pas si on peut le quantifier, tu vois, mais c'est quoi un projet qui a ce potentiel ?

  • Speaker #1

    Voyager, c'est-à-dire à l'international ? Oui. on a des auteurs qui ont effectivement parfois des pattes que je qualifierais parfois très franco-françaises, qui correspondent notamment à des enjeux sociaux, sociétaux. À ces Français dont on pense, peut-être parfois à tort, qu'effectivement, ils ne vont pas forcément s'exporter.

  • Speaker #2

    C'est le paradoxe, parce que par exemple, des films comme Amélie Poulain ou Les Choristes, ils ont marché dans le monde entier, et ça reste quand même très parisien ou très français.

  • Speaker #1

    C'est vrai, mais sans être un spécialiste, je pense que c'est quand même des films qui renvoient une certaine image de la France. et une image assez exportable. Moi, je pense plutôt à des films, effectivement, qui traitent d'enjeux purement sociaux et sociétaux français. Il y en a qui marchent très bien en France, mais dont on se doute qu'à l'export, ils vont être plus difficiles. Mais nous, notre enjeu, effectivement, quand on parle d'internationalisation, nous, notre enjeu est plus sur la base de certains succès qu'ils ont pu avoir en festival ou d'ailleurs des projets de séries. On en revient à l'idée de séries aussi. de... de savoir si ces talents, souvent plus facilement pour la réalisation que pour l'écriture, comment ces talents-là peuvent s'exporter et aller réaliser notamment des séries dans les territoires anglo-saxons, souvent les territoires anglo-saxons.

  • Speaker #0

    Tu disais plutôt quelque chose par rapport à l'ADN. J'avais trouvé l'idée hyper intéressante. Tu peux développer un petit peu ? Dans le sens où tu disais que... Est-ce que pour toi, par exemple, la meilleure association, c'est quand un agent comprend vraiment bien l'ADN de son talent ? Je pense que c'est ça que tu as voulu dire. Je ne sais pas si j'ai mal paraphrasé.

  • Speaker #1

    Non, c'est tout à fait ça. Je me suis rendu compte avec un peu d'expérience que oui, c'est... c'est nécessaire. Si vous me donnez aujourd'hui je pense un scénario d'un film vraiment très marché compatible, il se peut que je passe à côté et que je ne comprenne pas et que je ne le comprenne pas.

  • Speaker #2

    Quand tu dis marché compatible, c'est-à-dire bankable qui va...

  • Speaker #1

    Oui, j'ai une idée en tête. Effectivement, c'est vraiment... Je sais que j'ai déjà lu des comédies, effectivement, dont l'enjeu était vraiment de toucher un marché extrêmement large à travers des castings, à travers aussi des réalisateurs extrêmement bankables. Et je me suis rendu compte, à la lecture de ces scénarios, qu'effectivement, il y avait des choses que je pouvais ne pas comprendre. Pour élargir un peu le débat, on est aussi dans une cartographie des agences en France qui peuvent représenter différentes choses aussi. Film Talent ne représente pas les mêmes auteurs et les mêmes réalisateurs que d'autres agences qui comprennent beaucoup mieux certains enjeux de marché mais qui ne saisissent assez peu certains enjeux d'un certain cinéma d'auteur. Et donc, les choses étant bien faites, c'est pour ça que...

  • Speaker #2

    Oui, vous êtes une agence spécialisée, disons, dans tel genre et d'autres agences sont spécialisées dans... Oui,

  • Speaker #1

    et à côté de ça, ça implique aussi une cartographie de producteurs qui n'est pas la même. Les liens avec les plateformes ne sont pas forcément les mêmes. On n'a pas forcément un intérêt à trop s'élargir si c'est pour perdre notre ADN.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous aimeriez créer des duos mythiques, un peu à l'image d'un Bakri Jaoui ou d'un Mathieu Delaporte, Alexandre Delapate-Lière ? Est-ce que c'est quelque chose auquel vous pensez ?

  • Speaker #0

    Le conte de Motté-Christophe.

  • Speaker #2

    Voilà, notamment. On tient aussi scénarisé les trois mousquetards d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Ça pour le coup on le fait vraiment au quotidien. C'est-à-dire au quotidien on matche des scénaristes entre eux sur des projets, on matche des scénaristes...

  • Speaker #2

    On dirait Tinder quand tu dis Roman.

  • Speaker #1

    Tu vois,

  • Speaker #2

    je fais swipe,

  • Speaker #1

    ils s'entendront bien artistiquement, humainement ce qui se passe entre eux on ne peut pas le savoir humainement ils pourront aussi s'entendre tout à fait j'ai déjà eu des projets de séries sur lesquels effectivement qui étaient quasiment dans leur finalité en écriture et il y avait besoin de réalisateurs réalisatrices et j'ai présenté des réalisateurs réalisatrices en disant je pense que là c'est la bonne personne et ça a marché et donc cet enjeu c'est

  • Speaker #2

    toi le lien

  • Speaker #1

    Oui, voilà, peut-être en jeu, il est quotidien. Et pour le coup, ça, effectivement, c'est quelque chose que je dis souvent quand je rencontre des jeunes scénaristes, des jeunes auteurs. Quand on se pose la question de ce qu'on va travailler ensemble, c'est aussi de regarder l'ADN de l'agence, quitte à ce que parfois ça ne soit pas, ça ne nous serve pas. Mais parce que les gens avec lesquels les auteurs vont être amenés à travailler, c'est aussi les gens qu'on accompagne au quotidien.

  • Speaker #0

    Tu t'es lancé dans le cinéma par passion, c'est ce que tu m'avais dit. Et tu me disais aussi que tu as beaucoup moins le temps de voir des films aujourd'hui. C'est vrai. C'est très paradoxal.

  • Speaker #1

    C'est totalement paradoxal et c'est une de mes grandes frustrations. Du coup,

  • Speaker #0

    est-ce que ça te fait regretter ton choix de travailler dans le cinéma ?

  • Speaker #1

    Alors non, mais il y a quelque chose qui est vrai, c'est qu'aujourd'hui à chaque fois que je vois un film, effectivement ça me ramène à mon activité professionnelle, ce qui n'est pas forcément désagréable parce que j'aime le métier que je fais. Mais ça a quand même, ça a bien sûr déformé mon regard. Et notamment quand j'ai envie vraiment de me détendre, je regarde des films américains, je regarde des films italiens pour lesquels je sais qu'il y a assez peu de choses qui ont à voir avec mon quotidien. Et non,

  • Speaker #0

    tu as l'impression de travailler en fait.

  • Speaker #1

    Il y a toujours un moment où ça me rappellera. Ça me rappellera.

  • Speaker #0

    Un mail à envoyer.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais ça ne veut pas dire que je ne regarde pas ces films-là. Mais c'est vrai que maintenant, quand je vois beaucoup de films que je vois, ça me ramène à ma pratique. Mais c'est vrai que je suis arrivé dans ce métier par cinéphilie. Et que finalement, les enjeux se sont décalés. Je n'y reste pas forcément. Je ne vois pas assez de films. mais que maintenant je suis plus sur des enjeux purement professionnels, d'accompagnement de carrière, et ça a décalé mon regard.

  • Speaker #0

    Ça a décalé, ça l'a changé ?

  • Speaker #2

    Ça me rappelle Barbara Premilla qu'on a reçue, qui est agent d'image dans le cinéma. disait que regarder 10% par exemple pouvait enfin mais pas parce que ça la renvoyait tout de suite à son métier c'était c'était assez oppressant quoi d'ailleurs tu trouves que la série assez fidèle à la réalité tu te reconnais dans ce port dans ses portraits alors

  • Speaker #1

    là la série remarquable par ailleurs à quand a quand même pris un angle qui était de toute façon le meilleur angle à prendre sans être scénariste moi même qui est celui des agents d'acteurs des agents d'acteurs d'un p'tit peu de staf là. Et donc effectivement, en tant qu'agent d'auteur, on est dans d'autres problématiques, qui sont notamment vraiment des choses moins glamour ou quotidien. On est quand même en 99% de labeur pour 1% de glamour, c'est ça notre quotidien.

  • Speaker #2

    Sauf à Cannes !

  • Speaker #1

    C'est le 1%. C'est le 1%.

  • Speaker #0

    Des soirées où il ne va pas.

  • Speaker #2

    Je le connais, le petit coquin.

  • Speaker #1

    Nous, en tant qu'agent d'auteur, on est... On est aussi dans des logiques vraiment de comment se finance un film, on est plus dans la fabrication, même les échanges avec les producteurs ne sont pas les échanges qu'ont les agents d'acteurs, on est souvent plus en amont. Mais il y a quelques épisodes de 10% qui sont très justes. Moi je pense à l'épisode avec Isabelle Huppert. L'enjeu de la gestion des plannings, c'est l'enfer de tous les agents d'acteurs et des assistants d'agents. Je pense que pour un agent d'acteur, ça doit être assez difficile de regarder cet épisode-là, parce que ça va le renvoyer tout de suite à tout son stade quotidien, de savoir comment dans son tableau Excel, il va faire rentrer deux journées de tournage le même jour.

  • Speaker #2

    Et c'est quoi ton enfer à toi aujourd'hui ? Est-ce qu'il y en a ?

  • Speaker #1

    Mon enfer, c'est effectivement de lire un scénario, d'accompagner quelqu'un, de croire en son projet et d'avoir une difficulté. à trouver des producteurs, de savoir comment le film va se financer. Parce qu'on peut être parfois, je radote, mais sur des typologies de films dont on sait que le financement va se faire difficilement. Ça, de croire en des projets et de ne pas être sûr qu'ils vont se faire, ça peut être une difficulté. Après, on se bat pour ça au quotidien. C'est pour ça qu'on existe aussi. Et c'est d'autant plus valorisant quand les choses se font. Mais la difficulté, c'est de croire... C'est la difficulté. La difficulté, c'est la durée. du marché une histoire d'argent finalement oui bah des films oui des films ça coûte cher il faut que ça se financent et oui et il ya des rencontres que tu as fait dans ce depuis que tu es dans ce milieu qui t'a marqué une personnalité j'ai un acteur que je représente comme ça ça me permettra de ne pas mettre en difficulté par rapport à tous les autres auteurs je suis l'agent de jean pierre léo et jean pierre léo effectivement je pense que s'il ya une rencontre parce que je l'accompagne depuis longtemps. C'est une très belle rencontre. humaine vu le parcours sur truffaut godard les discussions que j'ai eues avec le cinéma sur sur sur tout ce qu'il a travaillé de discuter quelqu'un qui a qui a travaillé avec pasolini de pouvoir lui demander ce que c'est que très avec pasolini donc voilà jean pierre léaud imagine comment ton métier dans dix ans le métier a tellement changé depuis l'arrivée des plateformes il ya dix ans maintenant il continue à évoluer on verra comment le cinéma français se financent dans dix ans c'est optimiste tout est... Il faut rester optimiste, parce que de toute façon, l'arrivée des plateformes a quand même ouvert, on peut discuter de l'artistique de certains projets, mais l'arrivée des plateformes a quand même ouvert de nouveaux marchés. Et quant au financement du cinéma français, il fonctionne plutôt bien. Donc, il faut rester positif par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Tu sais qu'on avait reçu Florent Lamy, on vous remettra l'épisode en lien, qui lui, amenait des acteurs hollywoodiens dans le marché français. naturellement. nous on penserait que ce serait en général l'inverse c'est ce qu'on entend par internationalisation en général tu vois de plus en plus cette pratique dans le milieu Quelle est ton opinion par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il peut y avoir bien sûr un vrai intérêt de la part des réals en France. Mais il faut juste voir l'ampleur que ça peut prendre. Et bon courage à notre ami, parce que peut-être qu'il va réussir justement à créer réellement quelque chose.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai une question. Est-ce qu'il y a une scène de film qui t'obsède, que tu as tourné dix fois dans ta tête ? Plus qu'un film, ça t'arrive des fois d'avoir ce genre de trip ? Moi, ça m'arrive tout le temps. que ça.

  • Speaker #2

    genre de film, Pascal ?

  • Speaker #0

    D'auteur, je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui, je vais parler d'un réalisateur russe avec lequel j'ai eu travaillé quand il était dans le théâtre il y a quelques années, je ne l'accompagne pas du tout aujourd'hui, qui s'appelle Kirill Sebrinikov. Je pense à une scène de son dernier film, Limoneuf, un travelling qui est absolument spectaculaire. Il faut voir ce film, il faut voir l'oeuvre de Kirill Sebrinikov.

  • Speaker #2

    Je suis fier à voir Parthenopée.

  • Speaker #1

    Exactement. Et l'autre scène que j'aurais pu citer, c'est effectivement dans La Grande des Béliessa. La scène de fête sur le coin, qui est la scène quasiment d'ouverture. Et moi, je me souviens, je connaissais assez peu l'œuvre à l'époque de Sorrentino. Et cette scène m'avait prise comme ça. La manière de filmer une fête était hallucinante.

  • Speaker #0

    Un conseil que tu donnerais à un réalisateur pour trouver un agent ?

  • Speaker #1

    d'en rencontrer d'en rencontrer plusieurs. Parce qu'il n'y a pas de formation d'agents, on a tous des caractères, des formations très différentes, on a tous une vision différente du milieu, donc qu'il échange avec plusieurs agents.

  • Speaker #0

    Et de démarcher directement, de ne pas avoir peur de le faire.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #2

    On a un petit gimmick en fin d'épisode. Agent Sylvain, mission accomplie.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci pour votre invitation.

  • Speaker #0

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez, laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu et pour qu'on puisse continuer à le développer, vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agent Double.

Chapters

  • Introduction – Un agent pas comme les autres

    00:00

  • De Cuba aux plateaux : un parcours inattendu

    04:15

  • Cinéphilie, déclic et arrivée chez Film Talent

    08:45

  • Ce que fait vraiment un agent d’auteurs et de scénaristes

    13:10

  • Séries, cinéma et nouvelles dynamiques du métier

    17:20

  • Gérer la pression, les urgences et les relations

    21:55

  • Le marché, les plateformes et les logiques de production

    27:05

  • L’internationalisation et la cartographie des talents

    32:30

  • L’humain au cœur du métier d’agent

    37:15

  • Cannes, glamour et coulisses du financement

    41:45

Share

Embed

You may also like