Virginie MontmartinVous vous posez des questions sur l'agriculture ? Vous êtes au bon endroit. Je m'appelle Virginie, je suis journaliste agricole, mais aussi 100% urbaine et pas du tout issue du monde agricole. Depuis que je travaille dans ce domaine, je vois bien qu'on a tous des milliers de questions sur le sujet. Dans Agriquoi... j'ai décidé d'essayer de répondre à toutes ces questions qu'on n'ose pas poser. Bonne écoute ! Bonjour tout le monde et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Agriquoi. On entend souvent que la France est une grande puissance agricole. Je me suis souvent demandé en quoi ça consistait exactement. Souvent, ça se rapporte à ce qu'on importe des autres pays et ce qu'on exporte vers les autres pays, en gros notre balance commerciale. Dans cet épisode, on va parler des trois produits alimentaires que la France importe le plus, donc c'est-à-dire ce qu'elle va acheter chez nos voisins parfois, voire plus loin, vous allez voir. Et dans l'épisode suivant, je vous parlerai de l'inverse, des exportations, à savoir ce qu'on vend aux autres pays du monde. Alors, qu'est-ce qu'on importe le plus selon vous ? Déjà, afin de mettre fin à ce suspense absolument insoutenable, n'est-ce pas ? Oui, en premier, il y a le café, le cacao et les fruits exotiques, à savoir des choses que l'on ne produit pas chez nous. Mais dans cet épisode, j'avais plutôt envie de vous parler des produits que l'on importe, mais qu'on peut produire en fait chez nous. De un peu tous ces produits, vous allez voir, qu'on a au quotidien, et qu'on ne se doute pas qu'on en importe pas mal. Pour cet épisode, je me base sur un rapport de France Agrimaire, qui est un institut public, qui publie justement des bilans et des analyses économiques sur l'agriculture. Ce rapport, c'est celui sur la souveraineté alimentaire, publié en février 2023. et qui revient justement sur les exportations et les importations. Ce petit classement que je vous ai fait, il n'est pas fait par rapport au volume que l'on importe, il est davantage fait par rapport à notre dépendance aux importations. Allez, du coup, on enchaîne. En premier, il y a, roulement de tambour, le poisson. Et oui, la France, elle est dépendante à 89% des importations. Ça peut étonner parce qu'on peut se dire qu'on a largement de quoi faire avec l'océan qui est proche quand même, on a pas mal de côtes et même les quantités d'eau douce que l'on a en France. Et pourtant... on importe beaucoup de poissons. Donc on est totalement dépendant, et de qui ? De la Norvège et du Royaume-Uni. On est dépendant pour deux raisons. La première, c'est que nous sommes en fait les 3e plus gros consommateurs de poissons en Europe, et qu'on ne produit tout simplement pas assez par rapport à la demande de poissons que l'on a en France. Donc déjà, première chose. Et ensuite, le deuxième point, c'est surtout qu'on ne mange pas les poissons que l'on a ici en fait. On mange beaucoup de saumon, de cabillaud ou de crevette. qui dans ce dernier cas vient d'Équateur en majorité, alors qu'en France en fait on produit beaucoup, vous vous en doutez, d'huîtres, de moules, de merlues, de sols, bref d'autres poissons que ce qu'on consomme au quotidien. Ce qui fait que par rapport aux poissons qui nous plaît, on importe énormément. Et d'ailleurs la filière pêche essaye de développer un petit peu plus ces produits qui nous plaisent parce que pour limiter notre dépendance et également pour rattraper un petit peu le retard accumulé par rapport à d'autres pays comme la Norvège qui... qui fait du saumon d'élevage depuis des années et des années. En deuxième, là aussi peut-être que ça va vous étonner, c'est le blé dur, le blé utilisé pour faire des pâtes. Et oui, nous sommes dépendants à 75% des importations, mais on a une capacité d'exportation de blé dur à 58%. En gros, on exporte beaucoup et on importe beaucoup. Est-ce qu'on est complètement devenu fou ? C'est une question que l'on peut légitimement se poser. Mais non, ne vous inquiétez pas, en fait, le blé dur, c'est le blé utilisé pour faire les pâtes, comme je disais. Donc les grandes marques françaises fabriquent des pâtes en majorité avec du blé dur français. Mais on a un pays voisin là, vous voyez, l'Italie, qui fabrique aussi, paraît-il, beaucoup de pâtes. Et donc, en gros, on leur renvoie notre blé dur et on importe leurs pâtes. Selon le rapport de France Agrimaire dont je vous parlais, la France importe environ les deux tiers des pâtes alimentaires consommées en France. Et pour info, on produit et on mange tellement de pâtes en Europe qu'on n'a pas assez de blé dur. dans toute l'Europe et le premier pays exportateur de blé dur au monde, c'est le Canada. Donc là aussi, pareil que pour la pêche, la production de blé dur en France est aussi en diminution et c'est également une filière qui est en pleine transition également pour essayer de remonter un petit peu la pente, mais c'est une culture assez technique et qui doit aussi être rentable financièrement, vous vous en doutez. Donc la question du blé dur et de notre paquet de pâtes, je vous en reparlerai, je n'en doute pas. Et en troisième, vous en avez aussi sûrement entendu parler, c'est la viande. A commencer par la viande ovine, l'agneau et le mouton. On a une dépendance aux importations de 53%. On importe surtout de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni parce qu'il n'y en aurait pas assez en France. Et en plus, l'agneau de Nouvelle-Zélande, il est moins cher, vu que les exploitations sont beaucoup plus grosses qu'en France. Donc en fait, ils arrivent à faire des économies d'échelle, c'est aussi simple que ça. Et en plus, les moutons en Nouvelle-Zélande sont... toute l'année dehors à manger de l'herbe, donc il n'y a pas de bâtiment, il n'y a pas d'achat d'aliments en plus, donc ils ont en plus beaucoup moins de charges que nous en France que souvent les moutons sont en bâtiment l'hiver. Et d'ailleurs, il y a un accord commercial qui est en cours et qui devrait permettre à la Nouvelle-Zélande d'exporter vers l'Europe 38 000 tonnes de viande au vin sans avoir à payer de droits de douane. On n'est pas prêt de faire remonter la filière au vin. Et pourtant, pour info, vous savez, la filière ovine, les brebis viande, ce sont celles qui vont notamment en alpage et qui s'occupent du coup des territoires et de nos montagnes, notamment pour qu'on puisse aller randonner l'été en grande partie. Donc la place de la filière ovine en France, c'est un vrai problème. Moi qui suis basée dans l'Isère, j'en entends pas mal parler et ouais, gros enjeux autour de cette production. Je vous rajoute des petits bonus parce que j'ai du mal à m'arrêter à trois. Je vais être honnête avec vous. En bonus, je rajoute le poulet aussi dans cette partie viande. 42% de dépendance aux importations. La France a différentes formes, on va dire, de poulet. On a le poulet qui s'appelle le prêt à cuire, le poulet rôti du dimanche, si vous voulez, et des filières qui sont assez haut de gamme, contrairement à ce qu'on pourrait penser, comme le label rouge, et même des poulets produits en bio, et donc du coup, ce qui font que ce sont des produits assez coûteux, alors qu'en fait, on mange beaucoup de poulet en France, mais beaucoup de... poulet dans les fast-foods, les plaques cuisinées et plein de choses comme ça, beaucoup plus que des poulets rôtis le dimanche. Et en fait, c'est pas le même poulet parce que c'est pas le même coût, tout simplement. Alors oui, on produit du poulet standard en France, clairement, qui peuvent être mis dans ces fast-foods, sauf que là encore, nos exploitations en France sont parfois plus petites que les pays dans lesquels on importe ce poulet, et qui sont notamment la Pologne et l'Ukraine, et également les Pays-Bas. Au passage, pour répondre à cette demande... et qui, eux, se sont spécialisés dans ce poulet fast-food, on va appeler ça comme ça, depuis beaucoup plus longtemps que nous. Et donc justement, la France essaye de rattraper ça. C'est aussi pour ça que vous entendez beaucoup parler de giga-exploitation avec beaucoup de poulets. C'est pour rattraper notre retard sur ces importations et par rapport à nos voisins. Mais là encore, ça pose des questions, honnêtement, de vous à moi, en tant que consommateur, ce qu'on veut manger, en fait. Il faut aussi être clair sur les enjeux qu'il y a dans le monde agricole. C'est bien pour ça que j'ai lancé ce podcast agricois. Donc quand vous prendrez votre pâte... de taille poulet. Pensez à moi, pensez au poulet que vous mangez, et sachez qu'il a de fortes chances d'être importé. Voilà. Et donc ce sont les trois produits les plus importés, donc le poisson, le blé dur et le poulet, mais ne pensez pas que le reste va bien. Les fruits et légumes tempérés sont importés autour des 35%, en premier lieu d'Espagne, donc il y a aussi pas mal à faire. On importe aussi beaucoup de riz, par exemple, parce que bien sûr la camargue ne suffit pas à ce qu'on mange. Et en plus de tout ça, j'en rajoute rapidement un en plus. parce qu'en fait, je vous ai un petit peu menti, je le reconnais. Il y en a un autre qui est dans le top 3 et qui se glisse entre le blé dur et la viande, l'agneau et le poulet dont je vous ai parlé, c'est le soja. On est dépendant à 67% des importations pour le soja. Je ne vous en ai pas parlé dans le top 3 parce que je tenais absolument à vous parler de l'alimentation humaine, ce que l'on peut voir directement quand on fait ses courses comme produit importé. Mais en fait, il y a également le soja qui est en fait surtout importé pour l'alimentation animale, l'alimentation des animaux d'élevage sous forme de tourteaux. Je vous en parlais dans l'épisode Pourquoi les vaches mangent du soja ? Je vous le mettrai en lien de l'épisode. Et du coup, on importe beaucoup de ces tourteaux en France. Mais pour info, quand on fabrique un tourteau... on extrait l'huile de soja et l'huile de soja va à l'alimentation humaine. Donc bon, quelque part, ça va toujours des deux côtés, j'ai envie de dire. Voilà, je vous ai pas parlé du soja, mais gardez quand même à l'esprit qu'il y a également cet enjeu-là. Pour conclure ce petit épisode, la France, c'est bien une grande puissance agricole, mais en valeur, en fait, les importations alimentaires du pays ont doublé depuis 2000. Il y a bien sûr les produits français en termes de coût de production de certaines denrées, par exemple pour les fruits et légumes ou encore pour le type de produit comme le poulet, ça ne correspond plus trop à la demande des consommateurs. Et donc aujourd'hui, les importations en France augmentent et vous allez voir que pour les exportations, ça fluctue également. Donc oui, on est toujours une grande puissance, mais il y a quand même pas mal d'enjeux sur la filière agricole. Et pour finir, le rapport France Agrimaire conseille donc à la fin de rechercher une plus grande diversité et une plus grande sécurité. dans nos flux d'importation et d'exportation pour améliorer notre souveraineté alimentaire. Donc à nous de voir ce qu'on va apporter par la suite et on se parle des exportations dans le prochain épisode également. Comme ça vous pourrez voir un petit peu plus ce qu'on met dans notre assiette. Et j'en profite de vous avoir que vous êtes en août, j'espère, tranquillement posé pendant vos vacances. Je ne le demande pas souvent, je voudrais savoir si vous pourriez mettre 5 étoiles sur Spotify, sur Apple Podcasts ou même mettre un commentaire tout simplement pour pouvoir faire grandir le podcast. Parce que vous le voyez, j'ai eu du mal à être régulière cette année dans la sortie des épisodes. Et ce sont, j'allais dire des enfoirés, non, ça ne se dit pas, mais c'est fou comment la régularité joue sur la visibilité du podcast. Alors n'hésitez pas à lui donner un petit peu de force pour pouvoir me soutenir dans le projet et également faire comprendre à Spotify et Apple Podcast que coucou, je suis là et je compte bien y rester parce que j'adore parler avec vous. Voilà, donc bonnes vacances à vous et j'espère que vous pourriez me mettre une petite note. A bientôt sur les exportations et d'autres sujets. Bonnes vacances !