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Altérité

Le syndrome du wonder parent

Le syndrome du wonder parent

11min |02/09/2024
Play
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Altérité

Le syndrome du wonder parent

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11min |02/09/2024
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Description

Le « syndrome du wonder parent » c'est travailler comme si on n’avait pas d’enfants, élever nos enfants comme si on n’avait pas de travail. 

Un problème de société porté individuellement, quel que soit l’âge des enfants.

Que nous dit ce syndrome au sujet du monde du travail ? Quelle histoire cela raconte sur l’évolution de la place des femmes dans l’entreprise ? Quels sont les facteurs qui conduisent à un quotidien où il est difficile de reprendre son souffle ? Qu’est-ce que les nouvelles générations viennent questionner ?


Anne Peymirat propose des outils pour gérer au mieux un équilibre difficile à trouver : vie professionnelle / vie personnelle

Quelles sont les bonnes questions à se poser ? Les prises de conscience individuelles et collectives à prendre ?

Tout ceci au bénéfice d’un collectif de travail apaisé et inclusif.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    vous écoutez le podcast d'alter égal le réseau mit cité du groupe caisse des dépôts qui traitent d'égalité d'altérité et de diversité parlons-en Anne Pémira qui a récemment témoigné pour le réseau Alter Egal sur le sujet du syndrome du wonder parent, un enjeu en prise avec les questions d'égalité professionnelle et d'inclusion. Alors plongeons tout de suite dans le sujet. Qu'est-ce que le syndrome du wonder parent ?

  • Speaker #1

    Le wonder parent c'est la recherche de perfection. C'est essayer d'être le parent parfait tout en ne lâchant rien au travail. Et le syndrome, par définition, c'est l'ensemble des comportements révélateurs d'une situation jugée défavorable. En l'occurrence, la Wonder Parentalité. Et donc derrière, c'est préparer des petites purées bio soi-même, c'est organiser l'anniversaire de son enfant des semaines à l'avance pour que tout soit parfait avec le gâteau à trois étages et les confettis partout. Et c'est aller à Disney alors qu'on déteste les parcs d'attraction. Côté professionnel, c'est ne pas oser dire non à une réunion, c'est prendre un call alors qu'on est en train de donner le bain à son enfant. ou raser les murs en partant parce qu'il faut aller chercher son enfant à la crèche. Et donc, finalement, le syndrome du bonheur parent, c'est essayer de répondre à la double injonction sociétale, travailler comme si on n'avait pas d'enfants, élever nos enfants comme si on n'avait pas de travail.

  • Speaker #0

    Et il vient d'où ce syndrome ?

  • Speaker #1

    Il y a une explication sociétale. En fait, la société a évolué, mais sans qu'on aille au bout de cette évolution. Je vais remonter un petit peu dans le temps pour l'expliquer. notamment à la révolution industrielle, au moment où on a eu une répartition très genrée des rôles, où les hommes sont partis à l'usine, dans les bureaux, les femmes sont restées globalement à la maison pour s'occuper des enfants. Et pendant tout le XXe siècle, on a eu cette évolution incroyable autour de l'émancipation des femmes, qui a correspondu à l'arrivée massive des femmes dans le monde du travail, visibles et rémunérées. Ce n'est pas qu'elles ne faisaient rien avant, c'est jusque-là, c'était visibles et rémunérées. Et donc, à ce mouvement où on est passé à peu près de 30% des femmes au début du 20e, à 70% aujourd'hui qui sont dans le monde du travail, finalement, ça n'a correspondu à aucune réflexion. Et on ne s'est jamais posé la question, mais qui va s'occuper des enfants à la maison ? Et donc, on se retrouve finalement dans une situation où, encore aujourd'hui, deux tiers des enfants ont leurs deux parents qui travaillent, leurs parents à charge qui travaillent. sans prendre une réflexion sur le sujet, à savoir comment fait-on quand à la fois on travaille et on a des enfants. Et effectivement, aujourd'hui, amener ses enfants à l'école et commencer une réunion à 9h, c'est compliqué. Déposer son enfant à son activité extrascolaire à 5h, c'est impossible quand on travaille. Et faire les devoirs le soir avant 21h, ce n'est pas évident non plus. Et donc, on se retrouve finalement par cette évolution sociétale, cette venue sociétale qui ne s'est pas faite jusqu'au bout. dans cette situation de tabou, de déni collectif sur ce sujet de la parentalité dite active, donc le fait d'être parent et de travailler.

  • Speaker #0

    Et finalement, le syndrome des Wander Parents, ça impacte qui ?

  • Speaker #1

    Ça impacte beaucoup de monde. Ça impacte déjà les 80% d'actifs qui sont parents, puisque du fait justement de ce déni qu'il y a autour, de ce tabou qu'il y a autour de la parentalité, ils essayent de recréer la vente. comme s'ils ne rien étaient, ils essayent de travailler comme s'ils n'avaient pas d'enfants, donc ils s'épuisent, ils ont l'impression de jamais être au bon endroit au bon moment, ils le culpabilisent, pas à la fois à s'occuper suffisamment de leurs enfants comme il faudrait, ni de s'investir autant que ce qu'ils pensent devoir dans leur travail. Donc il y a beaucoup finalement de frustration pour les parents, voire parfois de burn-out. Ça impacte aussi les enfants, puisque finalement ils ont des parents qui courent tout le temps partout, mais qui ne sont pas vraiment investis quand ils sont avec eux. Et ça impacte plus globalement un peu le marché du travail, puisque beaucoup de personnes finalement vont renoncer à une carrière ou à des choix professionnels du fait de leur parentalité. Donc on a aussi une perte de talent liée à cette évolution sociétale et à ce manque de prise en compte de la parentalité active.

  • Speaker #0

    Et à votre avis, le télétravail aujourd'hui, est-ce que c'est un facteur aggravant ?

  • Speaker #1

    Le télétravail, c'est déjà une aubaine pour les parents. Et ils le disent tous. C'est vrai que de pouvoir travailler sans avoir de temps de transport, ça fait gagner beaucoup de temps. Mais effectivement, pour moi, il y a des écueils à éviter pour vraiment profiter du télétravail. Il y en a trois principaux. Le premier, c'est l'isolement. C'est-à-dire que finalement on ne va plus au travail, on ne voit plus ses collègues, on n'a plus ses relations avec les collègues qui font partie aussi de l'intérêt du travail. Et donc finalement, on se sent moins engagé, parfois on est même démotivé. Deuxième écueil, c'est la tentation de tout faire. Le monde d'un parent est de retour, à la maison, en essayant à la fois d'être sur la réunion tout en faisant autre chose à côté, mais finalement on n'est en nulle part. Alors qu'il vaut mieux, si on choisit d'aller à une réunion, il vaut mieux justement montrer qu'on est là, y participer, contribuer. plutôt que d'écouter d'une oreille et de faire autre chose en même temps. Et troisième écueil, c'est celui finalement, quand les enfants ne sont pas très loin, ils sont gardés à côté, d'aller aussi d'intervenir. Donc un petit qui pleuve, aller voir. Des enfants qui se disputent, alors qu'ils sont peut-être gardés par le conjoint ou la conjointe, c'est d'intervenir. Et là finalement, c'est un peu la double peine pour le parent, parce que non seulement il n'arrive pas à bien travailler, mais en plus il ne va que pour gérer les ennuis liés aux enfants.

  • Speaker #0

    Quel accompagnement managérial peut soutenir le parent et favoriser son engagement sur l'entreprise ?

  • Speaker #1

    La parentalité est de plus en plus prise en compte par les entreprises, au sein de qualité de vie au travail, inclusion, diversité. Pour moi, il y a quatre aspects qui peuvent faciliter la prise en compte de la parentalité en entreprise. Le premier, c'est l'exemplarité des dirigeants. Finalement, est-ce qu'eux-mêmes, qu'ils soient parents, s'ils ont d'autres contraintes ? personnel, est-ce qu'ils montrent qu'ils aménagent parfois leur organisation, ils tiennent compte de ça, ils en parlent ? Parce que si eux le font, en dessous, les gens pourront s'autoriser à le faire. La deuxième chose, c'est sortir justement de ce déni collectif dont je parlais tout à l'heure sur la parentalité active et toutes les actions que mènent les entreprises sur ce sujet, justement pour plus que ce soit tabou, qu'on puisse en parler. Donc tout ce qui est conferments, ateliers, des accompagnements sur ces sujets de la parentalité, pour moi, sont très aidants. Ensuite, il y a bien sûr l'information, on n'est jamais assez informé. Tout ce qui est guide de la parentalité permet finalement aux collaborateurs parents de savoir ce sur quoi ils peuvent s'appuyer, des bénéfices dont ils peuvent profiter. Et en dernier, je pense que ce qui est important aussi, parce que c'est la clé de voûte quand même de l'expérience des collaborateurs, c'est la formation, la sensibilisation des managers à la parentalité pour pouvoir justement tenir compte de ce qui peut... Être un peu spécifique aux parents, être à l'écoute, ne pas avoir de préjugés, mais être plus en dialogue avec les parents pour être à la fois les EDE, mais aussi collectivement, et puis avoir une équipe plus efficace.

  • Speaker #0

    Et justement, pouvez-vous nous donner quelques conseils de mise en pratique au niveau professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qu'on peut faire individuellement, je vais vous citer trois choses. La première, pour moi, ce qui est important, c'est justement en sortant de ce déni, de ce tabou, c'est de poser, de parler de ces contraintes, mais de manière positive. Ce n'est pas seulement dire je vais partir à 5h30, c'est plutôt de dire si vous avez des demandes à faire, n'oubliez pas le jeudi c'est 4h30 maximum pour que je puisse vous répondre dans la journée. Ou bien ça peut être pour moi pas de réunion avant 9h15 le matin, plutôt que d'essayer de se dépêcher pour être là à 9h, alors c'est très bien que 9 fois sur 10 on ne sera pas, autant demander. Et c'est tout à fait acceptable de le demander, seulement on n'ose pas le faire, donc osez le faire. Ensuite, c'est aussi prioriser, parce que finalement, on a des tout doux qui sont de toute façon toujours trop longues. On aimerait faire deux journées en une, ce n'est pas possible. Donc, prioriser ce qu'on a à faire en allant à ce que nous considérons, en s'écoutant, en étant aligné avec soi-même, en allant à l'essentiel et en laissant tomber certaines choses sans chercher à être parfait partout. Et la troisième piste que je propose aux parents, c'est de s'affranchir des stéréotypes, c'est-à-dire d'affirmer finalement ce dont on a envie sans laisser les autres décider pour soi-même. Puisqu'il y a encore quand même beaucoup de stéréotypes autour de la parentalité. Par exemple, une femme qui a envie de reprendre le travail comme avant son congé maternité, elle a intérêt à exprimer son souhait plutôt que d'attendre, supposer que les autres vont le deviner. Parce qu'on peut avoir tendance à penser qu'une femme veut prendre son temps après son congé maternité. Pareil pour un homme qui voudrait peut-être réaménager son temps pour justement pouvoir s'impliquer plus à la maison. On ne va sans doute pas lui proposer, donc à lui aussi de manifester ce dont il a envie et ses choix personnels.

  • Speaker #0

    Et au niveau personnel ?

  • Speaker #1

    Plusieurs conseils que je peux donner aux parents. Déjà le premier pour moi, c'est vrai qu'on en parle beaucoup et c'est évident, mais on n'arrive pas toujours à le faire, c'est prendre du temps pour soi. Pour faire retomber cette fameuse pression, cette rondeur pression qui pèse sur les parents qui travaillent, pouvoir souffler. pouvoir prendre du recul justement par rapport à ces injonctions. On a l'impression qu'il faut toujours tout faire, mais le fait parfois de se poser, ça permet justement de prendre de la distance par rapport aux injonctions et vraiment faire ce qu'on a envie de faire et pas ce qu'il faut faire. Donc ça, ça aide. Et c'est vrai que les parents que j'accompagne me disent à quel point le fait de réintroduire un petit peu de temps pour eux en semaine, le week-end, ça les aide à se sentir mieux eux-mêmes, à être mieux avec leurs enfants. Et ils me disent même être plus efficaces au travail. Autre piste aussi que je propose aux parents, c'est à la maison, avec les enfants, c'est de rendre les enfants plus autonomes. Parce que finalement, l'autonomisation des enfants... c'est prouvé par les études, c'est bon pour eux, pour leur confiance en soi, pour leur bon développement. Et c'est bien pour nous, parents, parce que c'est plus à nous de préparer le sac, de le défaire, un sac de foot, de piscine, etc. Et donc, c'est comment les parents peuvent accompagner les enfants pour justement les rendre plus autonomes, les aider à développer, justement, selon leur âge, leurs compétences, toutes ces choses qu'ils peuvent faire par eux-mêmes, toutes ces choses dans lesquelles ils peuvent participer à la maison.

  • Speaker #0

    Et maintenant ? Là, c'est notre dernière question. Post-it sur le frigo. Et si on résumait en trois messages clés le syndrome du Rwanda par rapport ?

  • Speaker #1

    Le premier, c'est retenir, se le noter, à l'impossible, nul n'est tenu. Ne pas chercher la perfection, chercher à faire ce qu'on a envie de faire, ce qu'on peut, mais sans se dire que ce sera parfait. Être indulgent avec soi-même, je pense que c'est important aussi. Se dire que, OK, il y a des jours où on y arrive, des jours où on n'y arrive pas, et on fera différemment après. Et la troisième chose, je pense que dans cette course un peu effrénée du quotidien, si on a aussi un peu de place à faire, c'est pour du temps investi, du temps de qualité avec ses enfants. Plutôt que d'y chercher, en faire toujours plus, se poser et retrouver ce pour quoi on a eu nos enfants, passer des bons moments avec eux, même s'ils sont courts, mais des moments dédiés.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Anne-Pémira.

  • Speaker #1

    Vous en avez.

Description

Le « syndrome du wonder parent » c'est travailler comme si on n’avait pas d’enfants, élever nos enfants comme si on n’avait pas de travail. 

Un problème de société porté individuellement, quel que soit l’âge des enfants.

Que nous dit ce syndrome au sujet du monde du travail ? Quelle histoire cela raconte sur l’évolution de la place des femmes dans l’entreprise ? Quels sont les facteurs qui conduisent à un quotidien où il est difficile de reprendre son souffle ? Qu’est-ce que les nouvelles générations viennent questionner ?


Anne Peymirat propose des outils pour gérer au mieux un équilibre difficile à trouver : vie professionnelle / vie personnelle

Quelles sont les bonnes questions à se poser ? Les prises de conscience individuelles et collectives à prendre ?

Tout ceci au bénéfice d’un collectif de travail apaisé et inclusif.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    vous écoutez le podcast d'alter égal le réseau mit cité du groupe caisse des dépôts qui traitent d'égalité d'altérité et de diversité parlons-en Anne Pémira qui a récemment témoigné pour le réseau Alter Egal sur le sujet du syndrome du wonder parent, un enjeu en prise avec les questions d'égalité professionnelle et d'inclusion. Alors plongeons tout de suite dans le sujet. Qu'est-ce que le syndrome du wonder parent ?

  • Speaker #1

    Le wonder parent c'est la recherche de perfection. C'est essayer d'être le parent parfait tout en ne lâchant rien au travail. Et le syndrome, par définition, c'est l'ensemble des comportements révélateurs d'une situation jugée défavorable. En l'occurrence, la Wonder Parentalité. Et donc derrière, c'est préparer des petites purées bio soi-même, c'est organiser l'anniversaire de son enfant des semaines à l'avance pour que tout soit parfait avec le gâteau à trois étages et les confettis partout. Et c'est aller à Disney alors qu'on déteste les parcs d'attraction. Côté professionnel, c'est ne pas oser dire non à une réunion, c'est prendre un call alors qu'on est en train de donner le bain à son enfant. ou raser les murs en partant parce qu'il faut aller chercher son enfant à la crèche. Et donc, finalement, le syndrome du bonheur parent, c'est essayer de répondre à la double injonction sociétale, travailler comme si on n'avait pas d'enfants, élever nos enfants comme si on n'avait pas de travail.

  • Speaker #0

    Et il vient d'où ce syndrome ?

  • Speaker #1

    Il y a une explication sociétale. En fait, la société a évolué, mais sans qu'on aille au bout de cette évolution. Je vais remonter un petit peu dans le temps pour l'expliquer. notamment à la révolution industrielle, au moment où on a eu une répartition très genrée des rôles, où les hommes sont partis à l'usine, dans les bureaux, les femmes sont restées globalement à la maison pour s'occuper des enfants. Et pendant tout le XXe siècle, on a eu cette évolution incroyable autour de l'émancipation des femmes, qui a correspondu à l'arrivée massive des femmes dans le monde du travail, visibles et rémunérées. Ce n'est pas qu'elles ne faisaient rien avant, c'est jusque-là, c'était visibles et rémunérées. Et donc, à ce mouvement où on est passé à peu près de 30% des femmes au début du 20e, à 70% aujourd'hui qui sont dans le monde du travail, finalement, ça n'a correspondu à aucune réflexion. Et on ne s'est jamais posé la question, mais qui va s'occuper des enfants à la maison ? Et donc, on se retrouve finalement dans une situation où, encore aujourd'hui, deux tiers des enfants ont leurs deux parents qui travaillent, leurs parents à charge qui travaillent. sans prendre une réflexion sur le sujet, à savoir comment fait-on quand à la fois on travaille et on a des enfants. Et effectivement, aujourd'hui, amener ses enfants à l'école et commencer une réunion à 9h, c'est compliqué. Déposer son enfant à son activité extrascolaire à 5h, c'est impossible quand on travaille. Et faire les devoirs le soir avant 21h, ce n'est pas évident non plus. Et donc, on se retrouve finalement par cette évolution sociétale, cette venue sociétale qui ne s'est pas faite jusqu'au bout. dans cette situation de tabou, de déni collectif sur ce sujet de la parentalité dite active, donc le fait d'être parent et de travailler.

  • Speaker #0

    Et finalement, le syndrome des Wander Parents, ça impacte qui ?

  • Speaker #1

    Ça impacte beaucoup de monde. Ça impacte déjà les 80% d'actifs qui sont parents, puisque du fait justement de ce déni qu'il y a autour, de ce tabou qu'il y a autour de la parentalité, ils essayent de recréer la vente. comme s'ils ne rien étaient, ils essayent de travailler comme s'ils n'avaient pas d'enfants, donc ils s'épuisent, ils ont l'impression de jamais être au bon endroit au bon moment, ils le culpabilisent, pas à la fois à s'occuper suffisamment de leurs enfants comme il faudrait, ni de s'investir autant que ce qu'ils pensent devoir dans leur travail. Donc il y a beaucoup finalement de frustration pour les parents, voire parfois de burn-out. Ça impacte aussi les enfants, puisque finalement ils ont des parents qui courent tout le temps partout, mais qui ne sont pas vraiment investis quand ils sont avec eux. Et ça impacte plus globalement un peu le marché du travail, puisque beaucoup de personnes finalement vont renoncer à une carrière ou à des choix professionnels du fait de leur parentalité. Donc on a aussi une perte de talent liée à cette évolution sociétale et à ce manque de prise en compte de la parentalité active.

  • Speaker #0

    Et à votre avis, le télétravail aujourd'hui, est-ce que c'est un facteur aggravant ?

  • Speaker #1

    Le télétravail, c'est déjà une aubaine pour les parents. Et ils le disent tous. C'est vrai que de pouvoir travailler sans avoir de temps de transport, ça fait gagner beaucoup de temps. Mais effectivement, pour moi, il y a des écueils à éviter pour vraiment profiter du télétravail. Il y en a trois principaux. Le premier, c'est l'isolement. C'est-à-dire que finalement on ne va plus au travail, on ne voit plus ses collègues, on n'a plus ses relations avec les collègues qui font partie aussi de l'intérêt du travail. Et donc finalement, on se sent moins engagé, parfois on est même démotivé. Deuxième écueil, c'est la tentation de tout faire. Le monde d'un parent est de retour, à la maison, en essayant à la fois d'être sur la réunion tout en faisant autre chose à côté, mais finalement on n'est en nulle part. Alors qu'il vaut mieux, si on choisit d'aller à une réunion, il vaut mieux justement montrer qu'on est là, y participer, contribuer. plutôt que d'écouter d'une oreille et de faire autre chose en même temps. Et troisième écueil, c'est celui finalement, quand les enfants ne sont pas très loin, ils sont gardés à côté, d'aller aussi d'intervenir. Donc un petit qui pleuve, aller voir. Des enfants qui se disputent, alors qu'ils sont peut-être gardés par le conjoint ou la conjointe, c'est d'intervenir. Et là finalement, c'est un peu la double peine pour le parent, parce que non seulement il n'arrive pas à bien travailler, mais en plus il ne va que pour gérer les ennuis liés aux enfants.

  • Speaker #0

    Quel accompagnement managérial peut soutenir le parent et favoriser son engagement sur l'entreprise ?

  • Speaker #1

    La parentalité est de plus en plus prise en compte par les entreprises, au sein de qualité de vie au travail, inclusion, diversité. Pour moi, il y a quatre aspects qui peuvent faciliter la prise en compte de la parentalité en entreprise. Le premier, c'est l'exemplarité des dirigeants. Finalement, est-ce qu'eux-mêmes, qu'ils soient parents, s'ils ont d'autres contraintes ? personnel, est-ce qu'ils montrent qu'ils aménagent parfois leur organisation, ils tiennent compte de ça, ils en parlent ? Parce que si eux le font, en dessous, les gens pourront s'autoriser à le faire. La deuxième chose, c'est sortir justement de ce déni collectif dont je parlais tout à l'heure sur la parentalité active et toutes les actions que mènent les entreprises sur ce sujet, justement pour plus que ce soit tabou, qu'on puisse en parler. Donc tout ce qui est conferments, ateliers, des accompagnements sur ces sujets de la parentalité, pour moi, sont très aidants. Ensuite, il y a bien sûr l'information, on n'est jamais assez informé. Tout ce qui est guide de la parentalité permet finalement aux collaborateurs parents de savoir ce sur quoi ils peuvent s'appuyer, des bénéfices dont ils peuvent profiter. Et en dernier, je pense que ce qui est important aussi, parce que c'est la clé de voûte quand même de l'expérience des collaborateurs, c'est la formation, la sensibilisation des managers à la parentalité pour pouvoir justement tenir compte de ce qui peut... Être un peu spécifique aux parents, être à l'écoute, ne pas avoir de préjugés, mais être plus en dialogue avec les parents pour être à la fois les EDE, mais aussi collectivement, et puis avoir une équipe plus efficace.

  • Speaker #0

    Et justement, pouvez-vous nous donner quelques conseils de mise en pratique au niveau professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qu'on peut faire individuellement, je vais vous citer trois choses. La première, pour moi, ce qui est important, c'est justement en sortant de ce déni, de ce tabou, c'est de poser, de parler de ces contraintes, mais de manière positive. Ce n'est pas seulement dire je vais partir à 5h30, c'est plutôt de dire si vous avez des demandes à faire, n'oubliez pas le jeudi c'est 4h30 maximum pour que je puisse vous répondre dans la journée. Ou bien ça peut être pour moi pas de réunion avant 9h15 le matin, plutôt que d'essayer de se dépêcher pour être là à 9h, alors c'est très bien que 9 fois sur 10 on ne sera pas, autant demander. Et c'est tout à fait acceptable de le demander, seulement on n'ose pas le faire, donc osez le faire. Ensuite, c'est aussi prioriser, parce que finalement, on a des tout doux qui sont de toute façon toujours trop longues. On aimerait faire deux journées en une, ce n'est pas possible. Donc, prioriser ce qu'on a à faire en allant à ce que nous considérons, en s'écoutant, en étant aligné avec soi-même, en allant à l'essentiel et en laissant tomber certaines choses sans chercher à être parfait partout. Et la troisième piste que je propose aux parents, c'est de s'affranchir des stéréotypes, c'est-à-dire d'affirmer finalement ce dont on a envie sans laisser les autres décider pour soi-même. Puisqu'il y a encore quand même beaucoup de stéréotypes autour de la parentalité. Par exemple, une femme qui a envie de reprendre le travail comme avant son congé maternité, elle a intérêt à exprimer son souhait plutôt que d'attendre, supposer que les autres vont le deviner. Parce qu'on peut avoir tendance à penser qu'une femme veut prendre son temps après son congé maternité. Pareil pour un homme qui voudrait peut-être réaménager son temps pour justement pouvoir s'impliquer plus à la maison. On ne va sans doute pas lui proposer, donc à lui aussi de manifester ce dont il a envie et ses choix personnels.

  • Speaker #0

    Et au niveau personnel ?

  • Speaker #1

    Plusieurs conseils que je peux donner aux parents. Déjà le premier pour moi, c'est vrai qu'on en parle beaucoup et c'est évident, mais on n'arrive pas toujours à le faire, c'est prendre du temps pour soi. Pour faire retomber cette fameuse pression, cette rondeur pression qui pèse sur les parents qui travaillent, pouvoir souffler. pouvoir prendre du recul justement par rapport à ces injonctions. On a l'impression qu'il faut toujours tout faire, mais le fait parfois de se poser, ça permet justement de prendre de la distance par rapport aux injonctions et vraiment faire ce qu'on a envie de faire et pas ce qu'il faut faire. Donc ça, ça aide. Et c'est vrai que les parents que j'accompagne me disent à quel point le fait de réintroduire un petit peu de temps pour eux en semaine, le week-end, ça les aide à se sentir mieux eux-mêmes, à être mieux avec leurs enfants. Et ils me disent même être plus efficaces au travail. Autre piste aussi que je propose aux parents, c'est à la maison, avec les enfants, c'est de rendre les enfants plus autonomes. Parce que finalement, l'autonomisation des enfants... c'est prouvé par les études, c'est bon pour eux, pour leur confiance en soi, pour leur bon développement. Et c'est bien pour nous, parents, parce que c'est plus à nous de préparer le sac, de le défaire, un sac de foot, de piscine, etc. Et donc, c'est comment les parents peuvent accompagner les enfants pour justement les rendre plus autonomes, les aider à développer, justement, selon leur âge, leurs compétences, toutes ces choses qu'ils peuvent faire par eux-mêmes, toutes ces choses dans lesquelles ils peuvent participer à la maison.

  • Speaker #0

    Et maintenant ? Là, c'est notre dernière question. Post-it sur le frigo. Et si on résumait en trois messages clés le syndrome du Rwanda par rapport ?

  • Speaker #1

    Le premier, c'est retenir, se le noter, à l'impossible, nul n'est tenu. Ne pas chercher la perfection, chercher à faire ce qu'on a envie de faire, ce qu'on peut, mais sans se dire que ce sera parfait. Être indulgent avec soi-même, je pense que c'est important aussi. Se dire que, OK, il y a des jours où on y arrive, des jours où on n'y arrive pas, et on fera différemment après. Et la troisième chose, je pense que dans cette course un peu effrénée du quotidien, si on a aussi un peu de place à faire, c'est pour du temps investi, du temps de qualité avec ses enfants. Plutôt que d'y chercher, en faire toujours plus, se poser et retrouver ce pour quoi on a eu nos enfants, passer des bons moments avec eux, même s'ils sont courts, mais des moments dédiés.

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    Merci beaucoup Anne-Pémira.

  • Speaker #1

    Vous en avez.

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Un problème de société porté individuellement, quel que soit l’âge des enfants.

Que nous dit ce syndrome au sujet du monde du travail ? Quelle histoire cela raconte sur l’évolution de la place des femmes dans l’entreprise ? Quels sont les facteurs qui conduisent à un quotidien où il est difficile de reprendre son souffle ? Qu’est-ce que les nouvelles générations viennent questionner ?


Anne Peymirat propose des outils pour gérer au mieux un équilibre difficile à trouver : vie professionnelle / vie personnelle

Quelles sont les bonnes questions à se poser ? Les prises de conscience individuelles et collectives à prendre ?

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  • Speaker #0

    vous écoutez le podcast d'alter égal le réseau mit cité du groupe caisse des dépôts qui traitent d'égalité d'altérité et de diversité parlons-en Anne Pémira qui a récemment témoigné pour le réseau Alter Egal sur le sujet du syndrome du wonder parent, un enjeu en prise avec les questions d'égalité professionnelle et d'inclusion. Alors plongeons tout de suite dans le sujet. Qu'est-ce que le syndrome du wonder parent ?

  • Speaker #1

    Le wonder parent c'est la recherche de perfection. C'est essayer d'être le parent parfait tout en ne lâchant rien au travail. Et le syndrome, par définition, c'est l'ensemble des comportements révélateurs d'une situation jugée défavorable. En l'occurrence, la Wonder Parentalité. Et donc derrière, c'est préparer des petites purées bio soi-même, c'est organiser l'anniversaire de son enfant des semaines à l'avance pour que tout soit parfait avec le gâteau à trois étages et les confettis partout. Et c'est aller à Disney alors qu'on déteste les parcs d'attraction. Côté professionnel, c'est ne pas oser dire non à une réunion, c'est prendre un call alors qu'on est en train de donner le bain à son enfant. ou raser les murs en partant parce qu'il faut aller chercher son enfant à la crèche. Et donc, finalement, le syndrome du bonheur parent, c'est essayer de répondre à la double injonction sociétale, travailler comme si on n'avait pas d'enfants, élever nos enfants comme si on n'avait pas de travail.

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    Et il vient d'où ce syndrome ?

  • Speaker #1

    Il y a une explication sociétale. En fait, la société a évolué, mais sans qu'on aille au bout de cette évolution. Je vais remonter un petit peu dans le temps pour l'expliquer. notamment à la révolution industrielle, au moment où on a eu une répartition très genrée des rôles, où les hommes sont partis à l'usine, dans les bureaux, les femmes sont restées globalement à la maison pour s'occuper des enfants. Et pendant tout le XXe siècle, on a eu cette évolution incroyable autour de l'émancipation des femmes, qui a correspondu à l'arrivée massive des femmes dans le monde du travail, visibles et rémunérées. Ce n'est pas qu'elles ne faisaient rien avant, c'est jusque-là, c'était visibles et rémunérées. Et donc, à ce mouvement où on est passé à peu près de 30% des femmes au début du 20e, à 70% aujourd'hui qui sont dans le monde du travail, finalement, ça n'a correspondu à aucune réflexion. Et on ne s'est jamais posé la question, mais qui va s'occuper des enfants à la maison ? Et donc, on se retrouve finalement dans une situation où, encore aujourd'hui, deux tiers des enfants ont leurs deux parents qui travaillent, leurs parents à charge qui travaillent. sans prendre une réflexion sur le sujet, à savoir comment fait-on quand à la fois on travaille et on a des enfants. Et effectivement, aujourd'hui, amener ses enfants à l'école et commencer une réunion à 9h, c'est compliqué. Déposer son enfant à son activité extrascolaire à 5h, c'est impossible quand on travaille. Et faire les devoirs le soir avant 21h, ce n'est pas évident non plus. Et donc, on se retrouve finalement par cette évolution sociétale, cette venue sociétale qui ne s'est pas faite jusqu'au bout. dans cette situation de tabou, de déni collectif sur ce sujet de la parentalité dite active, donc le fait d'être parent et de travailler.

  • Speaker #0

    Et finalement, le syndrome des Wander Parents, ça impacte qui ?

  • Speaker #1

    Ça impacte beaucoup de monde. Ça impacte déjà les 80% d'actifs qui sont parents, puisque du fait justement de ce déni qu'il y a autour, de ce tabou qu'il y a autour de la parentalité, ils essayent de recréer la vente. comme s'ils ne rien étaient, ils essayent de travailler comme s'ils n'avaient pas d'enfants, donc ils s'épuisent, ils ont l'impression de jamais être au bon endroit au bon moment, ils le culpabilisent, pas à la fois à s'occuper suffisamment de leurs enfants comme il faudrait, ni de s'investir autant que ce qu'ils pensent devoir dans leur travail. Donc il y a beaucoup finalement de frustration pour les parents, voire parfois de burn-out. Ça impacte aussi les enfants, puisque finalement ils ont des parents qui courent tout le temps partout, mais qui ne sont pas vraiment investis quand ils sont avec eux. Et ça impacte plus globalement un peu le marché du travail, puisque beaucoup de personnes finalement vont renoncer à une carrière ou à des choix professionnels du fait de leur parentalité. Donc on a aussi une perte de talent liée à cette évolution sociétale et à ce manque de prise en compte de la parentalité active.

  • Speaker #0

    Et à votre avis, le télétravail aujourd'hui, est-ce que c'est un facteur aggravant ?

  • Speaker #1

    Le télétravail, c'est déjà une aubaine pour les parents. Et ils le disent tous. C'est vrai que de pouvoir travailler sans avoir de temps de transport, ça fait gagner beaucoup de temps. Mais effectivement, pour moi, il y a des écueils à éviter pour vraiment profiter du télétravail. Il y en a trois principaux. Le premier, c'est l'isolement. C'est-à-dire que finalement on ne va plus au travail, on ne voit plus ses collègues, on n'a plus ses relations avec les collègues qui font partie aussi de l'intérêt du travail. Et donc finalement, on se sent moins engagé, parfois on est même démotivé. Deuxième écueil, c'est la tentation de tout faire. Le monde d'un parent est de retour, à la maison, en essayant à la fois d'être sur la réunion tout en faisant autre chose à côté, mais finalement on n'est en nulle part. Alors qu'il vaut mieux, si on choisit d'aller à une réunion, il vaut mieux justement montrer qu'on est là, y participer, contribuer. plutôt que d'écouter d'une oreille et de faire autre chose en même temps. Et troisième écueil, c'est celui finalement, quand les enfants ne sont pas très loin, ils sont gardés à côté, d'aller aussi d'intervenir. Donc un petit qui pleuve, aller voir. Des enfants qui se disputent, alors qu'ils sont peut-être gardés par le conjoint ou la conjointe, c'est d'intervenir. Et là finalement, c'est un peu la double peine pour le parent, parce que non seulement il n'arrive pas à bien travailler, mais en plus il ne va que pour gérer les ennuis liés aux enfants.

  • Speaker #0

    Quel accompagnement managérial peut soutenir le parent et favoriser son engagement sur l'entreprise ?

  • Speaker #1

    La parentalité est de plus en plus prise en compte par les entreprises, au sein de qualité de vie au travail, inclusion, diversité. Pour moi, il y a quatre aspects qui peuvent faciliter la prise en compte de la parentalité en entreprise. Le premier, c'est l'exemplarité des dirigeants. Finalement, est-ce qu'eux-mêmes, qu'ils soient parents, s'ils ont d'autres contraintes ? personnel, est-ce qu'ils montrent qu'ils aménagent parfois leur organisation, ils tiennent compte de ça, ils en parlent ? Parce que si eux le font, en dessous, les gens pourront s'autoriser à le faire. La deuxième chose, c'est sortir justement de ce déni collectif dont je parlais tout à l'heure sur la parentalité active et toutes les actions que mènent les entreprises sur ce sujet, justement pour plus que ce soit tabou, qu'on puisse en parler. Donc tout ce qui est conferments, ateliers, des accompagnements sur ces sujets de la parentalité, pour moi, sont très aidants. Ensuite, il y a bien sûr l'information, on n'est jamais assez informé. Tout ce qui est guide de la parentalité permet finalement aux collaborateurs parents de savoir ce sur quoi ils peuvent s'appuyer, des bénéfices dont ils peuvent profiter. Et en dernier, je pense que ce qui est important aussi, parce que c'est la clé de voûte quand même de l'expérience des collaborateurs, c'est la formation, la sensibilisation des managers à la parentalité pour pouvoir justement tenir compte de ce qui peut... Être un peu spécifique aux parents, être à l'écoute, ne pas avoir de préjugés, mais être plus en dialogue avec les parents pour être à la fois les EDE, mais aussi collectivement, et puis avoir une équipe plus efficace.

  • Speaker #0

    Et justement, pouvez-vous nous donner quelques conseils de mise en pratique au niveau professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qu'on peut faire individuellement, je vais vous citer trois choses. La première, pour moi, ce qui est important, c'est justement en sortant de ce déni, de ce tabou, c'est de poser, de parler de ces contraintes, mais de manière positive. Ce n'est pas seulement dire je vais partir à 5h30, c'est plutôt de dire si vous avez des demandes à faire, n'oubliez pas le jeudi c'est 4h30 maximum pour que je puisse vous répondre dans la journée. Ou bien ça peut être pour moi pas de réunion avant 9h15 le matin, plutôt que d'essayer de se dépêcher pour être là à 9h, alors c'est très bien que 9 fois sur 10 on ne sera pas, autant demander. Et c'est tout à fait acceptable de le demander, seulement on n'ose pas le faire, donc osez le faire. Ensuite, c'est aussi prioriser, parce que finalement, on a des tout doux qui sont de toute façon toujours trop longues. On aimerait faire deux journées en une, ce n'est pas possible. Donc, prioriser ce qu'on a à faire en allant à ce que nous considérons, en s'écoutant, en étant aligné avec soi-même, en allant à l'essentiel et en laissant tomber certaines choses sans chercher à être parfait partout. Et la troisième piste que je propose aux parents, c'est de s'affranchir des stéréotypes, c'est-à-dire d'affirmer finalement ce dont on a envie sans laisser les autres décider pour soi-même. Puisqu'il y a encore quand même beaucoup de stéréotypes autour de la parentalité. Par exemple, une femme qui a envie de reprendre le travail comme avant son congé maternité, elle a intérêt à exprimer son souhait plutôt que d'attendre, supposer que les autres vont le deviner. Parce qu'on peut avoir tendance à penser qu'une femme veut prendre son temps après son congé maternité. Pareil pour un homme qui voudrait peut-être réaménager son temps pour justement pouvoir s'impliquer plus à la maison. On ne va sans doute pas lui proposer, donc à lui aussi de manifester ce dont il a envie et ses choix personnels.

  • Speaker #0

    Et au niveau personnel ?

  • Speaker #1

    Plusieurs conseils que je peux donner aux parents. Déjà le premier pour moi, c'est vrai qu'on en parle beaucoup et c'est évident, mais on n'arrive pas toujours à le faire, c'est prendre du temps pour soi. Pour faire retomber cette fameuse pression, cette rondeur pression qui pèse sur les parents qui travaillent, pouvoir souffler. pouvoir prendre du recul justement par rapport à ces injonctions. On a l'impression qu'il faut toujours tout faire, mais le fait parfois de se poser, ça permet justement de prendre de la distance par rapport aux injonctions et vraiment faire ce qu'on a envie de faire et pas ce qu'il faut faire. Donc ça, ça aide. Et c'est vrai que les parents que j'accompagne me disent à quel point le fait de réintroduire un petit peu de temps pour eux en semaine, le week-end, ça les aide à se sentir mieux eux-mêmes, à être mieux avec leurs enfants. Et ils me disent même être plus efficaces au travail. Autre piste aussi que je propose aux parents, c'est à la maison, avec les enfants, c'est de rendre les enfants plus autonomes. Parce que finalement, l'autonomisation des enfants... c'est prouvé par les études, c'est bon pour eux, pour leur confiance en soi, pour leur bon développement. Et c'est bien pour nous, parents, parce que c'est plus à nous de préparer le sac, de le défaire, un sac de foot, de piscine, etc. Et donc, c'est comment les parents peuvent accompagner les enfants pour justement les rendre plus autonomes, les aider à développer, justement, selon leur âge, leurs compétences, toutes ces choses qu'ils peuvent faire par eux-mêmes, toutes ces choses dans lesquelles ils peuvent participer à la maison.

  • Speaker #0

    Et maintenant ? Là, c'est notre dernière question. Post-it sur le frigo. Et si on résumait en trois messages clés le syndrome du Rwanda par rapport ?

  • Speaker #1

    Le premier, c'est retenir, se le noter, à l'impossible, nul n'est tenu. Ne pas chercher la perfection, chercher à faire ce qu'on a envie de faire, ce qu'on peut, mais sans se dire que ce sera parfait. Être indulgent avec soi-même, je pense que c'est important aussi. Se dire que, OK, il y a des jours où on y arrive, des jours où on n'y arrive pas, et on fera différemment après. Et la troisième chose, je pense que dans cette course un peu effrénée du quotidien, si on a aussi un peu de place à faire, c'est pour du temps investi, du temps de qualité avec ses enfants. Plutôt que d'y chercher, en faire toujours plus, se poser et retrouver ce pour quoi on a eu nos enfants, passer des bons moments avec eux, même s'ils sont courts, mais des moments dédiés.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Anne-Pémira.

  • Speaker #1

    Vous en avez.

Description

Le « syndrome du wonder parent » c'est travailler comme si on n’avait pas d’enfants, élever nos enfants comme si on n’avait pas de travail. 

Un problème de société porté individuellement, quel que soit l’âge des enfants.

Que nous dit ce syndrome au sujet du monde du travail ? Quelle histoire cela raconte sur l’évolution de la place des femmes dans l’entreprise ? Quels sont les facteurs qui conduisent à un quotidien où il est difficile de reprendre son souffle ? Qu’est-ce que les nouvelles générations viennent questionner ?


Anne Peymirat propose des outils pour gérer au mieux un équilibre difficile à trouver : vie professionnelle / vie personnelle

Quelles sont les bonnes questions à se poser ? Les prises de conscience individuelles et collectives à prendre ?

Tout ceci au bénéfice d’un collectif de travail apaisé et inclusif.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    vous écoutez le podcast d'alter égal le réseau mit cité du groupe caisse des dépôts qui traitent d'égalité d'altérité et de diversité parlons-en Anne Pémira qui a récemment témoigné pour le réseau Alter Egal sur le sujet du syndrome du wonder parent, un enjeu en prise avec les questions d'égalité professionnelle et d'inclusion. Alors plongeons tout de suite dans le sujet. Qu'est-ce que le syndrome du wonder parent ?

  • Speaker #1

    Le wonder parent c'est la recherche de perfection. C'est essayer d'être le parent parfait tout en ne lâchant rien au travail. Et le syndrome, par définition, c'est l'ensemble des comportements révélateurs d'une situation jugée défavorable. En l'occurrence, la Wonder Parentalité. Et donc derrière, c'est préparer des petites purées bio soi-même, c'est organiser l'anniversaire de son enfant des semaines à l'avance pour que tout soit parfait avec le gâteau à trois étages et les confettis partout. Et c'est aller à Disney alors qu'on déteste les parcs d'attraction. Côté professionnel, c'est ne pas oser dire non à une réunion, c'est prendre un call alors qu'on est en train de donner le bain à son enfant. ou raser les murs en partant parce qu'il faut aller chercher son enfant à la crèche. Et donc, finalement, le syndrome du bonheur parent, c'est essayer de répondre à la double injonction sociétale, travailler comme si on n'avait pas d'enfants, élever nos enfants comme si on n'avait pas de travail.

  • Speaker #0

    Et il vient d'où ce syndrome ?

  • Speaker #1

    Il y a une explication sociétale. En fait, la société a évolué, mais sans qu'on aille au bout de cette évolution. Je vais remonter un petit peu dans le temps pour l'expliquer. notamment à la révolution industrielle, au moment où on a eu une répartition très genrée des rôles, où les hommes sont partis à l'usine, dans les bureaux, les femmes sont restées globalement à la maison pour s'occuper des enfants. Et pendant tout le XXe siècle, on a eu cette évolution incroyable autour de l'émancipation des femmes, qui a correspondu à l'arrivée massive des femmes dans le monde du travail, visibles et rémunérées. Ce n'est pas qu'elles ne faisaient rien avant, c'est jusque-là, c'était visibles et rémunérées. Et donc, à ce mouvement où on est passé à peu près de 30% des femmes au début du 20e, à 70% aujourd'hui qui sont dans le monde du travail, finalement, ça n'a correspondu à aucune réflexion. Et on ne s'est jamais posé la question, mais qui va s'occuper des enfants à la maison ? Et donc, on se retrouve finalement dans une situation où, encore aujourd'hui, deux tiers des enfants ont leurs deux parents qui travaillent, leurs parents à charge qui travaillent. sans prendre une réflexion sur le sujet, à savoir comment fait-on quand à la fois on travaille et on a des enfants. Et effectivement, aujourd'hui, amener ses enfants à l'école et commencer une réunion à 9h, c'est compliqué. Déposer son enfant à son activité extrascolaire à 5h, c'est impossible quand on travaille. Et faire les devoirs le soir avant 21h, ce n'est pas évident non plus. Et donc, on se retrouve finalement par cette évolution sociétale, cette venue sociétale qui ne s'est pas faite jusqu'au bout. dans cette situation de tabou, de déni collectif sur ce sujet de la parentalité dite active, donc le fait d'être parent et de travailler.

  • Speaker #0

    Et finalement, le syndrome des Wander Parents, ça impacte qui ?

  • Speaker #1

    Ça impacte beaucoup de monde. Ça impacte déjà les 80% d'actifs qui sont parents, puisque du fait justement de ce déni qu'il y a autour, de ce tabou qu'il y a autour de la parentalité, ils essayent de recréer la vente. comme s'ils ne rien étaient, ils essayent de travailler comme s'ils n'avaient pas d'enfants, donc ils s'épuisent, ils ont l'impression de jamais être au bon endroit au bon moment, ils le culpabilisent, pas à la fois à s'occuper suffisamment de leurs enfants comme il faudrait, ni de s'investir autant que ce qu'ils pensent devoir dans leur travail. Donc il y a beaucoup finalement de frustration pour les parents, voire parfois de burn-out. Ça impacte aussi les enfants, puisque finalement ils ont des parents qui courent tout le temps partout, mais qui ne sont pas vraiment investis quand ils sont avec eux. Et ça impacte plus globalement un peu le marché du travail, puisque beaucoup de personnes finalement vont renoncer à une carrière ou à des choix professionnels du fait de leur parentalité. Donc on a aussi une perte de talent liée à cette évolution sociétale et à ce manque de prise en compte de la parentalité active.

  • Speaker #0

    Et à votre avis, le télétravail aujourd'hui, est-ce que c'est un facteur aggravant ?

  • Speaker #1

    Le télétravail, c'est déjà une aubaine pour les parents. Et ils le disent tous. C'est vrai que de pouvoir travailler sans avoir de temps de transport, ça fait gagner beaucoup de temps. Mais effectivement, pour moi, il y a des écueils à éviter pour vraiment profiter du télétravail. Il y en a trois principaux. Le premier, c'est l'isolement. C'est-à-dire que finalement on ne va plus au travail, on ne voit plus ses collègues, on n'a plus ses relations avec les collègues qui font partie aussi de l'intérêt du travail. Et donc finalement, on se sent moins engagé, parfois on est même démotivé. Deuxième écueil, c'est la tentation de tout faire. Le monde d'un parent est de retour, à la maison, en essayant à la fois d'être sur la réunion tout en faisant autre chose à côté, mais finalement on n'est en nulle part. Alors qu'il vaut mieux, si on choisit d'aller à une réunion, il vaut mieux justement montrer qu'on est là, y participer, contribuer. plutôt que d'écouter d'une oreille et de faire autre chose en même temps. Et troisième écueil, c'est celui finalement, quand les enfants ne sont pas très loin, ils sont gardés à côté, d'aller aussi d'intervenir. Donc un petit qui pleuve, aller voir. Des enfants qui se disputent, alors qu'ils sont peut-être gardés par le conjoint ou la conjointe, c'est d'intervenir. Et là finalement, c'est un peu la double peine pour le parent, parce que non seulement il n'arrive pas à bien travailler, mais en plus il ne va que pour gérer les ennuis liés aux enfants.

  • Speaker #0

    Quel accompagnement managérial peut soutenir le parent et favoriser son engagement sur l'entreprise ?

  • Speaker #1

    La parentalité est de plus en plus prise en compte par les entreprises, au sein de qualité de vie au travail, inclusion, diversité. Pour moi, il y a quatre aspects qui peuvent faciliter la prise en compte de la parentalité en entreprise. Le premier, c'est l'exemplarité des dirigeants. Finalement, est-ce qu'eux-mêmes, qu'ils soient parents, s'ils ont d'autres contraintes ? personnel, est-ce qu'ils montrent qu'ils aménagent parfois leur organisation, ils tiennent compte de ça, ils en parlent ? Parce que si eux le font, en dessous, les gens pourront s'autoriser à le faire. La deuxième chose, c'est sortir justement de ce déni collectif dont je parlais tout à l'heure sur la parentalité active et toutes les actions que mènent les entreprises sur ce sujet, justement pour plus que ce soit tabou, qu'on puisse en parler. Donc tout ce qui est conferments, ateliers, des accompagnements sur ces sujets de la parentalité, pour moi, sont très aidants. Ensuite, il y a bien sûr l'information, on n'est jamais assez informé. Tout ce qui est guide de la parentalité permet finalement aux collaborateurs parents de savoir ce sur quoi ils peuvent s'appuyer, des bénéfices dont ils peuvent profiter. Et en dernier, je pense que ce qui est important aussi, parce que c'est la clé de voûte quand même de l'expérience des collaborateurs, c'est la formation, la sensibilisation des managers à la parentalité pour pouvoir justement tenir compte de ce qui peut... Être un peu spécifique aux parents, être à l'écoute, ne pas avoir de préjugés, mais être plus en dialogue avec les parents pour être à la fois les EDE, mais aussi collectivement, et puis avoir une équipe plus efficace.

  • Speaker #0

    Et justement, pouvez-vous nous donner quelques conseils de mise en pratique au niveau professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qu'on peut faire individuellement, je vais vous citer trois choses. La première, pour moi, ce qui est important, c'est justement en sortant de ce déni, de ce tabou, c'est de poser, de parler de ces contraintes, mais de manière positive. Ce n'est pas seulement dire je vais partir à 5h30, c'est plutôt de dire si vous avez des demandes à faire, n'oubliez pas le jeudi c'est 4h30 maximum pour que je puisse vous répondre dans la journée. Ou bien ça peut être pour moi pas de réunion avant 9h15 le matin, plutôt que d'essayer de se dépêcher pour être là à 9h, alors c'est très bien que 9 fois sur 10 on ne sera pas, autant demander. Et c'est tout à fait acceptable de le demander, seulement on n'ose pas le faire, donc osez le faire. Ensuite, c'est aussi prioriser, parce que finalement, on a des tout doux qui sont de toute façon toujours trop longues. On aimerait faire deux journées en une, ce n'est pas possible. Donc, prioriser ce qu'on a à faire en allant à ce que nous considérons, en s'écoutant, en étant aligné avec soi-même, en allant à l'essentiel et en laissant tomber certaines choses sans chercher à être parfait partout. Et la troisième piste que je propose aux parents, c'est de s'affranchir des stéréotypes, c'est-à-dire d'affirmer finalement ce dont on a envie sans laisser les autres décider pour soi-même. Puisqu'il y a encore quand même beaucoup de stéréotypes autour de la parentalité. Par exemple, une femme qui a envie de reprendre le travail comme avant son congé maternité, elle a intérêt à exprimer son souhait plutôt que d'attendre, supposer que les autres vont le deviner. Parce qu'on peut avoir tendance à penser qu'une femme veut prendre son temps après son congé maternité. Pareil pour un homme qui voudrait peut-être réaménager son temps pour justement pouvoir s'impliquer plus à la maison. On ne va sans doute pas lui proposer, donc à lui aussi de manifester ce dont il a envie et ses choix personnels.

  • Speaker #0

    Et au niveau personnel ?

  • Speaker #1

    Plusieurs conseils que je peux donner aux parents. Déjà le premier pour moi, c'est vrai qu'on en parle beaucoup et c'est évident, mais on n'arrive pas toujours à le faire, c'est prendre du temps pour soi. Pour faire retomber cette fameuse pression, cette rondeur pression qui pèse sur les parents qui travaillent, pouvoir souffler. pouvoir prendre du recul justement par rapport à ces injonctions. On a l'impression qu'il faut toujours tout faire, mais le fait parfois de se poser, ça permet justement de prendre de la distance par rapport aux injonctions et vraiment faire ce qu'on a envie de faire et pas ce qu'il faut faire. Donc ça, ça aide. Et c'est vrai que les parents que j'accompagne me disent à quel point le fait de réintroduire un petit peu de temps pour eux en semaine, le week-end, ça les aide à se sentir mieux eux-mêmes, à être mieux avec leurs enfants. Et ils me disent même être plus efficaces au travail. Autre piste aussi que je propose aux parents, c'est à la maison, avec les enfants, c'est de rendre les enfants plus autonomes. Parce que finalement, l'autonomisation des enfants... c'est prouvé par les études, c'est bon pour eux, pour leur confiance en soi, pour leur bon développement. Et c'est bien pour nous, parents, parce que c'est plus à nous de préparer le sac, de le défaire, un sac de foot, de piscine, etc. Et donc, c'est comment les parents peuvent accompagner les enfants pour justement les rendre plus autonomes, les aider à développer, justement, selon leur âge, leurs compétences, toutes ces choses qu'ils peuvent faire par eux-mêmes, toutes ces choses dans lesquelles ils peuvent participer à la maison.

  • Speaker #0

    Et maintenant ? Là, c'est notre dernière question. Post-it sur le frigo. Et si on résumait en trois messages clés le syndrome du Rwanda par rapport ?

  • Speaker #1

    Le premier, c'est retenir, se le noter, à l'impossible, nul n'est tenu. Ne pas chercher la perfection, chercher à faire ce qu'on a envie de faire, ce qu'on peut, mais sans se dire que ce sera parfait. Être indulgent avec soi-même, je pense que c'est important aussi. Se dire que, OK, il y a des jours où on y arrive, des jours où on n'y arrive pas, et on fera différemment après. Et la troisième chose, je pense que dans cette course un peu effrénée du quotidien, si on a aussi un peu de place à faire, c'est pour du temps investi, du temps de qualité avec ses enfants. Plutôt que d'y chercher, en faire toujours plus, se poser et retrouver ce pour quoi on a eu nos enfants, passer des bons moments avec eux, même s'ils sont courts, mais des moments dédiés.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Anne-Pémira.

  • Speaker #1

    Vous en avez.

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