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altérité

Maladie au travail : en parler... ou pas ?

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24min |25/04/2024
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Description

Aujourd'hui, nous abordons le sujet sensible et délicat de la maladie et plus particulièrement du cancer. Chaque année, près de 400 000 personnes apprennent qu'elles ont un cancer. Passé le choc de l'annonce, arrive très vite la question d'en parler ou non à son entourage personnel, mais aussi et surtout professionnel. Même si les choses évoluent, la santé est encore souvent un sujet tabou dans le monde du travail. Il peut parfois être délicat de baisser la garde et d'oser parler. Alors comment trouver la balance entre indicible et transparence ? S'exprimer ou non sur sa maladie, c'est un choix très personnel. Pour Pauline Trequesser, parler de son combat contre celui qu'elle surnomme Krabi a pourtant été une évidence. Pauline, c'est cette femme vitaminée, pleine de ressources, qui a toujours mille idées en tête et des projets pour au moins trois vies. Pourtant, à seulement 32 ans, son monde bascule lorsqu'on lui détecte un cancer du sein de stade 3 sur 4. C'est le début d'un parcours du combattant durant lequel Pauline s'accroche, ne lâche rien, munie d'un optimisme à toute épreuve, entourée de ses proches mais aussi des membres de son collectif. Alors comment lever les tabous et les croyances sur la maladie ? Comment aborder l'annonce de la maladie à ses proches et son environnement professionnel ? Comment retrouver le rythme de la vie après avoir affronté l'obscurité de la maladie ? Ce sont toutes ces questions que nous allons aborder au cours de cet épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Altérité, le podcast d'Alter Egales, le réseau mixité du groupe Caisse des dépôts, un réseau qui s'engage sur les enjeux d'égalité, de diversité et d'inclusion en s'appuyant sur des témoignages qui donnent envie de bouger les lignes pour une plus grande égalité des chances. Aujourd'hui, nous abordons le sujet sensible et délicat de la maladie et plus particulièrement du cancer. Chaque année, près de 400 000 personnes apprennent qu'elles ont un cancer. Passé le choc de l'annonce, arrive très vite la question d'en parler ou non à son entourage personnel, mais aussi et surtout professionnel. Même si les choses évoluent, la santé est encore souvent un sujet tabou dans le monde du travail. Il peut parfois être délicat de baisser la garde et d'oser parler. Alors comment trouver la balance entre indicible et transparence ? S'exprimer ou non sur sa maladie, c'est un choix très personnel. Pour Pauline Conquesser, parler de son combat contre celui qu'elle surnomme Krabi a pourtant été une évidence. Pauline, c'est cette femme vitaminée, pleine de ressources, qui a toujours mille idées en tête et des projets pour au moins trois vies. Pourtant, à seulement 32 ans, son monde bascule lorsqu'on lui détecte un cancer du sein de stade 3 sur 4. C'est le début d'un parcours du combattant durant lequel Pauline s'accroche, ne lâche rien, munie d'un optimisme à toute épreuve, entourée de ses proches mais aussi des membres de son collectif. Alors comment lever les tabous et les croyances sur la maladie ? Comment aborder l'annonce de la maladie à ses proches et son environnement professionnel ? Comment retrouver le rythme de la vie après avoir affronté l'obscurité de la maladie ? Ce sont toutes ces questions que nous allons aborder au cours de cet épisode.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline. Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Alors avant de commencer, est-ce que tu peux te présenter, nous raconter d'où tu viens et ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui avec plaisir, du coup je m'appelle Pauline Frequesser, j'ai 35 ans, je suis maman d'un petit garçon de 4 ans et je suis en couple depuis 12 ans maintenant. Je suis bretonne purbeur, j'habite du côté de Vannes, dans le Morbihan, je ne sais pas si tu connais, mais ça fait 12 ans que je vis à Bordeaux, donc du coup Bordeaux c'est un peu ma ville de cœur. J'ai grandi en Bretagne, j'y suis restée pendant 18 ans. J'ai des parents qui ont des petites sociétés en Bretagne et donc du coup j'ai un peu toujours brassé, toujours un peu vécu dans l'entrepreneuriat. En 2018, j'ai lancé mon projet entrepreneurial à moi, qui s'appelle Collectif Cosme. Cosme, c'est du coup un collectif de freelance engagé et structuré. Et du coup, on s'est lancé en partant d'une communauté sur Facebook en 2016. Et dans cette communauté, du coup, il y a plus de 2000 freelances. Et c'est comme ça qu'est né, quelques mois après, le collectif Cosme. On est une quinzaine, du coup, d'associés aujourd'hui. Et donc, voilà, ma vie était très, très rythmée et bien remplie jusqu'en 2021, où du coup, je suis tombée malade. Je suis tombée malade au moment où ma société, justement... Cosme était en pleine croissance. J'avais une vie trépidante, un petit garçon qui avait à cette époque-là un an et demi. Je faisais aussi une mission auprès de la ministre du Travail, donc une mission auprès du gouvernement. J'avais acheté une maison, je faisais des travaux dans cette maison. C'était un peu la folie. Et ma grand-mère est décédée. Et c'est 15 jours après, du coup, que malheureusement, on m'a détecté mon cancer du sein.

  • Speaker #0

    Alors, ce qu'il faut savoir, c'est que... Tu es loin d'être un cas isolé puisqu'en France, un homme sur cinq et une femme sur six développeront un cancer au cours de leur vie. Donc comment tu as appris ton cancer et comment les choses se sont ensuite enchaînées après cette annonce ?

  • Speaker #1

    En fait, je suis partie un week-end au Pays Basque avec mon conjoint et mon fils. Et je me souviens très très bien, mon conjoint était en train de coucher mon petit garçon. Je me suis allongée sur le lit, j'avais un t-shirt blanc. Et tu vois, sous ces petits détails, finalement, ils restent, ils reviennent. Et j'ai vu que quelque chose dépassait, qu'il y avait une grosseur au niveau de ma poitrine. Et c'est là que j'ai touché et j'ai senti vraiment quelque chose de très dur. J'ai fait toucher à mon conjoint quelques minutes après. Je me suis dit que ce n'était rien de trop grave, que ça devait être un petit kiss. Souvent, on entend beaucoup de gens qui ont des kiss au sein. C'est assez normal pour des jeunes femmes qui ont de la boîterine. Je ne me suis pas plus inquiétée que ça. J'ai attrapé un gros rhume au Pays Basque. Le lundi, je suis partie chez ma médecin généraliste. C'était la première fois que je la voyais en plus, parce que je venais d'aménager dans ma maison. et je viens l'avoir pour un rhume, et je lui ai montré, du coup, cette grosseur au sein. Et après examen, voilà, le diagnostic est tombé, et c'était un cancer. Alors, je vous passe les détails des étapes entre la médecin généraliste qui a un doute et qui se dit, on va aller regarder et faire une écho. Dix jours après, j'ai réussi à avoir le rendez-vous pour faire cette écho. Puis la mammographie m'ont gardée dans la foulée. Et trois jours après, l'Institut Bergogne, qui est spécialisé dans les cancers à Bordeaux, m'a contactée en me disant que je devais venir rapidement. Et c'est là que la grande annonce tombe. Alors là, à ce moment-là, c'est terrible. Déjà le geste chirurgical d'avoir une seringue dans le sein pour vérifier si cette grosseur tumeur est cancéreuse ou pas est difficile, elle fait mal. Et ensuite, c'est tombé de 15 étages d'un immeuble. C'est marrant parce que toutes les personnes à qui on annonce des faits graves, des cancers ou des choses aussi graves, plein d'autres choses qui pourraient être le cas, à un moment donné, il y a un bruit sourd dans l'oreille et on n'entend plus rien. C'est vraiment, j'ai entendu ça dans la bouche de beaucoup de gens qui sont tombés malades. Alors, on entend les mots évolutifs, fulgurants, agressifs. et du coup qu'il faut agir très très vite. On m'annonce à ce moment-là que la tumeur fait 5 cm. En général, tu vois, c'est plutôt des cancers du sein de 1-2 cm. 5 cm, tu commences à rentrer un petit peu dans d'autres sphères, et on est sur un stade 3 sur 4. Donc forcément, quand on t'annonce ça, ta première pensée, c'est que tu vas y passer. tu ne vas pas pouvoir vivre longtemps. Et puis là, ça va extrêmement vite ensuite, puisque le traitement démarre quelques jours après. Et 15 jours après la première injection de chimiothérapie, jour pour jour, je perds mes cheveux. À ce moment-là, du coup, je me prends une énorme claque, évidemment, mais je me mets tout de suite en mode combat. Et j'ai comme tous mes soldats autour de moi, ma famille, mes amis. et pour moi il n'y a aucune autre issue que d'y arriver, de m'en sortir en gros ça ne démarre quand même pas très très bien, le diagnostic n'est quand même pas bon donc je pense que le mental a beaucoup joué aussi et donc là c'est le début de mon protocole, la tumeur elle est tellement grosse 5 cm qu'ils doivent d'abord faire la chimiothérapie, c'est ce qu'on appelle une chimiothérapie néoadjuvante, l'enjeu c'est de la faire diminuer au préalable parce qu'en fait ils ne peuvent pas l'enlever si elle fait 5 cm Donc du coup, j'ai eu six mois de chimiothérapie et grâce à la chimio, on est passé de 5 cm à 0,8 cm. C'est absolument incroyable. Alors bon, par contre, ça... Ça nécessite énormément de puiser dans des ressources insoupçonnées. C'est très très dur les chimiothérapies. Au total, en fait, j'en ai pas eu que 12, ce qui était prévu au départ. On m'en a rajouté 13 après. Donc j'ai eu 25 chimiothérapies, une mastectomie totale de mon sein gauche. Et du coup, j'ai eu ma quatrième opération de reconstruction au mois de novembre. Donc pour essayer de reconstruire mon sein et 25 séances de rayon. Donc c'est un protocole long, difficile. Et tu vois, là, ça fait du coup deux ans et demi, Marie, qu'on m'a diagnostiquée. Et je suis encore cette année en train de reconstruire mon sein.

  • Speaker #0

    Évidemment, c'est ce que tu nous racontes. Ton monde bascule à ce moment-là. Tu commences un processus de vie très différent de ce que tu as vécu jusqu'à maintenant. Il y a évidemment le choc de l'annonce, puis les premiers soins auxquels tu ne sais pas forcément à quoi t'attendre. Comme tu dis, ce sont des soins longs, difficiles. Et puis vient à ce moment-là l'annonce à tes proches. Alors évidemment, tu es proche dans ton entourage personnel. Il faut évidemment les prendre en compte dans toute cette information qui t'arrive aussi à toi personnellement. Et puis, le choix d'en parler ou non à son entourage professionnel. Comment ça s'est passé pour toi, toute cette phase de partage aussi de ce qui t'est arrivé à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Je te propose de commencer peut-être par le personnel et puis ensuite par le professionnel. Alors bon, ça commence déjà par une première chose qui est que je suis dans une pièce avec des médecins, que j'ai pris la claque de ma vie et que mon conjoint est derrière la porte. Et que cette porte, il va falloir évidemment l'ouvrir et il va falloir dire les choses. Donc je te le disais un peu tout à l'heure, ce fameux bruit sourd, la violence de l'annonce. Et tout de suite, en fait, le rôle de l'aidant se met en marche. Tu n'imagines même pas le nombre de choses qu'on te dit les deux heures après cette annonce. Et la pile d'ordonnances et de rendez-vous médicaux avec lesquels... Tu ressors de cet institut. C'est hallucinant. Donc le rôle de mon conjoint, Maxime, démarre tout de suite. Et il devient tout de suite finalement un proche aidant. Je suis incapable de rien à ce moment-là, évidemment. Je pleure, c'est très dur. Lui prend des notes. Je vois qu'il essaie vraiment d'accueillir cette nouvelle-là. Lui reste très pragmatique, prend des notes et voit que... Il va tout de suite devoir être très organisé. Et en fait, tout de suite, on est en mode organisation de notre vie. Plus largement, concernant du coup ma famille, mon conjoint était en plein pendant le Covid. On avait été reconfinés. Donc on avait laissé mon fils en Bretagne, à Saint-Malo, chez ses grands-parents. Nous, on était à Bordeaux tous les deux pour aller faire cet examen d'urgence. Donc on avait bravé les frontières. On a dû passer les péages, limite, avec cet examen médical. On a fait affaire à Bordeaux, à des kilomètres. Et donc là, on est remonté du coup en Bretagne et c'est là qu'on a commencé à faire finalement l'annonce. Au fur et à mesure, on a commencé. Alors, on a pris notre temps. C'est-à-dire qu'on a d'abord prévenu nos amis les plus proches. Genre cinq personnes chacun, donc vraiment nos meilleurs amis, parrains, marraines de notre enfant, vraiment, et nos parents, nos frères et sœurs. Donc ça démarre par là, évidemment, et puis là, en fait, tu mets, déjà, tu accueilles cette nouvelle très difficile, tu mets en œuvre du plan d'action basique d'organisation de vie, qui est que quand tu as des enfants, il va falloir quand même s'organiser, trouver des solutions à tout ça. On digère. Il y a plusieurs jours, ce choc, et puis petit à petit, il faut l'annoncer plus largement, donc un peu au cercle 2 finalement, tes amis aussi, mais qui ne sont pas tes très très proches. Donc tout ton écosystème personnel, et puis vient évidemment l'écosystème professionnel. J'ai appelé Alice, qui est mon associée depuis 4 ans au collectif Cosme, on va dire un petit peu ma binôme de travail, et je l'ai contactée pour lui demander de prendre la main. Je lui ai annoncé mon cancer du sein, je lui ai dit que je devrais sûrement m'arrêter à des moments et que j'aurais besoin d'elle. Et tout de suite, bien sûr, elle m'a dit qu'elle prendrait la main et que je pouvais le prendre le temps que je voulais et que dans tous les cas, elle prenait la suite. Donc elle a été d'une aide extraordinaire. Et il y a finalement quand même directement cette gestion de crise qui se met en place. On décide de digérer l'information, de se mettre en ordre de marche aussi nous deux d'abord, puis ensuite de prévenir le reste de l'équipe. On a attendu d'être en présentiel du coup à Bordeaux. On a attendu mon retour dix jours après. Et lors d'un co-working, d'une journée où en effet on se réunit tous ensemble pour travailler, c'est sur la pause du midi que j'ai choisi du coup d'en parler. à toute l'équipe. Donc ça a été aussi très difficile, mais avec Alice, on avait bien préparé ce moment-là. Donc c'est ce qu'on appelle vraiment de la communication de crise. De là, toute l'équipe a été vraiment extraordinaire. Ils ont été beaucoup en soutien et ils l'ont été pendant toute la durée de ma maladie. Et encore aujourd'hui, dans l'après, j'ai vraiment été très, très, très bien entourée. Alors très vite, il y a un gros parti pris, de la transparence. et du choix d'en parler publiquement ou pas. Alors, ça dépend, je crois, de son caractère. Ça dépend aussi de qui on est, finalement. Moi, je suis entrepreneuse, donc j'ai de la visibilité. J'ai de la visibilité dans mon écosystème professionnel, au niveau local à Bordeaux, mais aussi au niveau national. Je parle dans les médias. Donc, en fait, c'était un parti pris de me dire, soit j'en parle, soit je me mets chez moi à huis clos pendant six mois. J'attends de perdre mes cheveux et j'attends que ça repousse un peu. Et finalement, j'ai... tellement bien fait d'en parler, puisque tu vois, on m'a rajouté 13 chimiothérapies, donc 7 mois de traitement. En fait, finalement, c'est tellement long. En fait, ça ne s'arrête pas. En fait, toute ta vie, après, ça te fuit. Donc, les gens qui cachent ça, je leur tire mon chapeau et je ne sais pas si je suis admirative ou pas vraiment, mais je n'aurais finalement pas du tout pu le faire, puisque ce n'était pas du tout dans ma personnalité que de le garder pour moi. En fait, ce qui s'est passé, c'est que j'ai décidé d'en faire un post sur Instagram, sur les réseaux sociaux. Et j'ai commencé à dérouler un fil, le fil de l'entrepreneuriat, Et donc j'ai décidé de le raconter sous cet angle-là. Pour évangéliser, raconter mon histoire, justement éviter les non-dits, les tabous qu'il y aurait autour de cette maladie. Pourquoi est-ce que finalement je me cacherais ? Pourquoi est-ce que je ne dirais pas la vérité ? Pourquoi est-ce que les gens ne parlent pas quand ils ne vont pas bien, quand ils sont vulnérables, quand ils sont plus faibles ? Et c'est ça que j'ai voulu déconstruire comme croyance. L'annonce à son entourage, c'est fatigant. Et le fait d'être passée par Instagram, d'en parler librement, sans filtre, ça a été hyper salvateur pour moi. Et aussi le fait de donner le même niveau d'information à tout le monde. Puisque finalement, sur Instagram, il y avait ma famille, mes amis, mais aussi mes clients qui me suivaient, mes partenaires, les gens de mon écosystème. C'était fou. Mes clients, du coup, me contactaient. Pauline, j'ai vu que tu étais en chimie aujourd'hui. Le devis, la prestat, ça peut attendre, ne t'inquiète pas, quelques jours. incroyable comme les gens peuvent se mobiliser. Et donc il y a cet aspect solidarité qui est hyper important, avec Alice qui me dit, coûte que coûte, je serai là, tu peux compter sur moi jusqu'au bout, jusqu'à ce que tu aies besoin de moi. À sa place, tu vois, je dis souvent que je ne sais pas si j'aurais fait pareil. Alors je suis très empathique, donc je pense que si, évidemment, au fond de moi, mais quand même, parfois tu te poses la question. Et elle a été là ces trois dernières années, et elle est toujours là d'ailleurs, et ils sont tous toujours là, et on est même devenus tous associés à 15. Donc là, c'est la belle histoire, ça. C'est la très très belle histoire. Alors mes collaborateurs, ils ont été extraordinaires, ils se sont beaucoup inquiétés, mais tu vois, j'ai jamais eu un regard de leur part, j'ai jamais senti dans mon... et de la part de mes collaborateurs, et de la part de mon entourage, un regard de... de tristesse, de peine, un peu de pitié finalement. On ne m'a jamais regardée comme une malade. Et du coup, dans une entreprise, le rôle des collaborateurs, je crois, et du manager, c'est précieux en fait, c'est primordial. Si les gens qui nous écoutent sont en entreprise, ce qui est le cas, ne regardez jamais une personne différente par ta maladie, par son handicap, par autre chose, de manière différente. Il faut faire comprendre en fait à cette personne qu'elle aura toujours sa place. Il ne faut pas la mettre en situation, tu vois, de... de difficultés à ce moment-là. On a juste besoin d'amour, de soutien et de bonnes vibes. Je dirais que grâce à mon compte Instagram, j'ai aussi noué des amitiés avec des femmes car elles sont passées par là aussi. Elles ont été malades aussi. Ces femmes, c'est des femmes qui étaient aussi atteintes d'un cancer du sein comme moi. Et on dit souvent de moi que je suis une femme de communauté, on me l'a souvent répété ces dix dernières années, et c'est-à-dire que j'ai découvert encore une nouvelle communauté, une communauté de femmes malades, de mon âge, moins de 40 ans, atteintes du même cancer ou presque que moi, parce qu'il y a plusieurs typologies de cancer du sein, et vraiment... Et ça m'a donné des ailes, en fait, de faire partie de cette communauté de femmes-là. Et du coup, j'ai gardé ce fameux journal de bord que j'ai écrit et qui, après trois ans, je dirais, a été thérapeutique. Ça m'a sauvée, vraiment.

  • Speaker #0

    On peut dire finalement que toi, tu n'es pas non plus la même qu'avant et que du coup, partager aussi qui tu es maintenant, c'est essentiel pour toi pour rester proche aussi peut-être des gens qui t'entourent et leur permettre d'évoluer avec toi dans cette femme que tu étais avant et puis cette femme peut-être que tu es aujourd'hui. Parce qu'on va le voir après, mais on sait qu'une fois que le cancer traité, ce n'est pas pour autant qu'il est terminé, évidemment médicalement parlant, mais aussi dans ton histoire, toi, de femme. Donc ensuite, tu es entrée dans cette phase de rémission qui ouvre une nouvelle étape dans ton processus de guérison et qui peut être aussi difficile. Pourquoi ? Parce qu'il faut évidemment du temps pour toi, pour la personne malade, comme pour ses proches, pour retrouver une vie normale, un quotidien qui aura été pas mal chamboulé pendant plusieurs mois. Comment tu as géré la reprise de cette vie et qu'est-ce qui a pu changer justement dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Du coup, j'ai eu mes dernières chimios en juillet 2021, si je ne te dis pas de bêtises. Et puis, en effet, après des opérations successives. Donc, en fait, tu es tout le temps quand même un petit peu rattachée à ça. Tu sais, souvent, on dit que quand on fait un enfant, il faut neuf mois pour le faire et neuf mois pour s'en défaire. On est maman toutes les deux, donc du coup, on comprend de quoi il s'agit. C'est pareil un peu pour la maladie. 2,5 ans pour le faire, on va dire, c'est-à-dire de diagnostic en passant par le traitement, en passant par les reconstructions, et physiques et psychologiques, et 2,5, 3 ans pour s'en défaire minimum. Parce qu'en fait, quand tu as vécu ça, finalement, ça te suit quand même toute ta vie. Tu y penses le matin, le midi, le soir. En fait, j'y pense tout le temps. Mais de moi en moi, là, tu vois, je vois que j'en parle de moins en moins. C'est aussi un souhait pour moi de moins en moins en parler sur le réseau social, où j'ai été quand même très active, j'en ai beaucoup parlé. J'ai fait quasiment ce qu'on appelle un building public de ma maladie. Mais je sais que j'ai joué un rôle crucial pour énormément de femmes que j'ai aidées. Et ça, c'est très précieux pour moi de me dire que j'ai sensibilisé à mon échelle avec les vidéos que je faisais, les photos que je faisais. photos que je prenais. Et donc... T'as toujours cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. T'as peur de la récidive. Là, j'ai des examens tous les six mois pour les cinq prochaines années, donc des IRM. J'ai eu le dernier il n'y a pas très longtemps. Et d'ailleurs, c'est à l'issue de ce dernier IRM que je me suis dit que j'avais pas envie de surmonter ça. Tous les six mois, de me demander si j'allais avoir un... Un problème dans mon autre sein. Et d'ailleurs, du coup, j'ai décidé de faire une mastectomie prophylactique qui aura lieu dans les quatre mois à venir, là, en avril 2024. Et j'ai décidé d'enlever mon autre sein. C'est-à-dire que le combat, la maladie, les chimiothérapies, les interventions à répétition ont été tellement difficiles, tellement éprouvantes, que je préfère. faire une ablation de mon sein qui n'est pas malade pour éviter de resurmonter ça une deuxième fois, pour être certaine que ça ne reviendra pas. Donc voilà ce que je peux partager un petit peu avec toi, Marie. Et aussi, il y a peut-être ce sujet qui est l'insouciance. J'aurais bien aimé, en fait, finalement, que ça arrive un peu plus tard. Je pense que du coup, j'avais ce gêne en moi, ce gêne du cancer du sein. Il aurait dû se réveiller un jour. Alors, il s'est réveillé tôt, peut-être par une succession de... d'un trop plein de choses à un moment donné de ma vie. C'est ce que je crois au fond de moi. Donc je l'aurais peut-être eu à 40, 50, 60 ans, 70 ans, ce cancer. Il était là, il se serait réveillé un jour. Il s'est réveillé à 32 ans et j'aurais aimé qu'il se réveille juste un tout petit peu plus tard. Et après, évidemment, il y a la vulnérabilité. L'après, il est très fatigant. Et tu sais, c'est un sujet qui n'est pas du tout abordé, l'après-cancer. Mon année 2023, elle a été tumultueuse, très fatigante. J'ai dû me reconstruire. Je n'étais plus trop moi-même, en fait. J'ai dû me reconstruire. Essayer de sortir justement de ce cancer, avec mon conjoint parfois d'ailleurs, on me disait à des gens, écoutez ce soir on n'a pas envie de parler de ça, on aimerait bien ne pas parler du cancer de Pauline. Et on a vécu au travers de ça pendant trois années, il faut sortir de ça et ne pas hésiter aussi à dire aux gens, ben voilà maintenant j'aimerais bien ne plus parler de ça et j'aimerais bien me refocuser sur moi, Pauline. La femme qui n'est pas malade, la femme pleine de vie, hyper positive, hyper enjouée, la femme maman, la femme entrepreneuse qui cartonne, je veux qu'on me refocus et qu'on remette un petit peu finalement l'énergie là-dessus. Je dirais que c'est un changement total dans ma perception, dans ma manière de gérer ma vie, mes émotions, évidemment beaucoup d'émotions. Donc l'après-cancer c'est tout aussi difficile. que le cancer, la gestion du cancer en tant que telle. Et on a besoin de se faire accompagner, donc il faut beaucoup en parler autour de soi, à des psychologues, faire de l'hypnose, en tout cas c'est ce que moi je fais, parce qu'il y a beaucoup de dépressions post-cancer. C'est hyper tabou et très difficile, donc il faut faire attention aux gens, si vous en connaissez autour de vous, qui sont malades, prenez bien soin d'eux dans l'après. Et du coup, je peux peut-être terminer en te disant que à l'issue de mon cancer, en octobre 2022, j'ai lancé un podcast qui s'appelle Puissance Care. C'est le podcast qui prend soin de la santé physique et mentale des entrepreneurs. Parce qu'en fait, je me suis rendu compte que t'as le commun des mortels qui tombent malades. Mais les entrepreneurs, les freelances comme moi qui sont à leur compte, eh bien on les a un petit peu oubliés. Finalement, quand t'es salarié et que tu tombes malade, tu fermes ton ordinateur, tu rentres chez toi, t'es pris en charge et tu peux te reposer vraiment. Quand t'es entrepreneur, quand t'es freelance, c'est pas du tout le cas. T'es pas protégé. Souvent, en fait, t'as oublié de prendre une prévoyance. et ça peut être très très chaud et donc du coup j'ai vraiment décidé de tresser de ce sujet là dans le podcast donc n'hésitez pas à l'écouter si vous le souhaitez

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Pauline pour ce témoignage très inspirant évidemment avec beaucoup d'émotion est-ce que avant de conclure cet épisode tu souhaites partager un dernier message avec notre auditoire ?

  • Speaker #1

    Oui peut-être que vous dire que si vous êtes entouré en effet de personnes qui vivent ou qui ont vécu la même chose que moi Évidemment qu'il faut prendre soin d'eux. Et je crois que le maître mot de toute cette histoire, c'est la solidarité. C'est le fait que quand on a une tragédie de vie, il faut pouvoir être entouré. Et ce n'est pas possible de laisser quelqu'un seul vivre ça. En fait, c'est trop dur. Donc l'entourer personnellement, professionnellement, d'une manière ou d'une autre. Et sur la durée, c'est-à-dire pas avant. pendant ou après uniquement, mais pendant toutes ces phases-là. C'est vraiment puissant de recevoir de l'amour et d'être entouré dans ces moments de vie-là. Et finalement, j'aimerais bien terminer sur une note positive et je vais finir sur une note positive, mais je crois que tous les humains vont vivre des moments difficiles dans leur vie de ce type maladie, grave ou moins grave, et qu'on mérite tous d'être entourés. Donc voilà, je dirais le mot de la fin, solidarité, prenez soin des gens qui sont vulnérables.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Pauline et à très bientôt sur le podcast

  • Speaker #1

    Altérité. Merci beaucoup pour ton accueil Marie.

  • Speaker #0

    Merci de nous avoir écouté. Ce podcast a été réalisé en collaboration avec le Curiosity Club, l'organisation qui agit pour l'égalité entre les femmes et les hommes en permettant à chacun, particuliers comme entreprise, de s'engager et de passer à l'action pour un monde plus harmonieux.

Description

Aujourd'hui, nous abordons le sujet sensible et délicat de la maladie et plus particulièrement du cancer. Chaque année, près de 400 000 personnes apprennent qu'elles ont un cancer. Passé le choc de l'annonce, arrive très vite la question d'en parler ou non à son entourage personnel, mais aussi et surtout professionnel. Même si les choses évoluent, la santé est encore souvent un sujet tabou dans le monde du travail. Il peut parfois être délicat de baisser la garde et d'oser parler. Alors comment trouver la balance entre indicible et transparence ? S'exprimer ou non sur sa maladie, c'est un choix très personnel. Pour Pauline Trequesser, parler de son combat contre celui qu'elle surnomme Krabi a pourtant été une évidence. Pauline, c'est cette femme vitaminée, pleine de ressources, qui a toujours mille idées en tête et des projets pour au moins trois vies. Pourtant, à seulement 32 ans, son monde bascule lorsqu'on lui détecte un cancer du sein de stade 3 sur 4. C'est le début d'un parcours du combattant durant lequel Pauline s'accroche, ne lâche rien, munie d'un optimisme à toute épreuve, entourée de ses proches mais aussi des membres de son collectif. Alors comment lever les tabous et les croyances sur la maladie ? Comment aborder l'annonce de la maladie à ses proches et son environnement professionnel ? Comment retrouver le rythme de la vie après avoir affronté l'obscurité de la maladie ? Ce sont toutes ces questions que nous allons aborder au cours de cet épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Altérité, le podcast d'Alter Egales, le réseau mixité du groupe Caisse des dépôts, un réseau qui s'engage sur les enjeux d'égalité, de diversité et d'inclusion en s'appuyant sur des témoignages qui donnent envie de bouger les lignes pour une plus grande égalité des chances. Aujourd'hui, nous abordons le sujet sensible et délicat de la maladie et plus particulièrement du cancer. Chaque année, près de 400 000 personnes apprennent qu'elles ont un cancer. Passé le choc de l'annonce, arrive très vite la question d'en parler ou non à son entourage personnel, mais aussi et surtout professionnel. Même si les choses évoluent, la santé est encore souvent un sujet tabou dans le monde du travail. Il peut parfois être délicat de baisser la garde et d'oser parler. Alors comment trouver la balance entre indicible et transparence ? S'exprimer ou non sur sa maladie, c'est un choix très personnel. Pour Pauline Conquesser, parler de son combat contre celui qu'elle surnomme Krabi a pourtant été une évidence. Pauline, c'est cette femme vitaminée, pleine de ressources, qui a toujours mille idées en tête et des projets pour au moins trois vies. Pourtant, à seulement 32 ans, son monde bascule lorsqu'on lui détecte un cancer du sein de stade 3 sur 4. C'est le début d'un parcours du combattant durant lequel Pauline s'accroche, ne lâche rien, munie d'un optimisme à toute épreuve, entourée de ses proches mais aussi des membres de son collectif. Alors comment lever les tabous et les croyances sur la maladie ? Comment aborder l'annonce de la maladie à ses proches et son environnement professionnel ? Comment retrouver le rythme de la vie après avoir affronté l'obscurité de la maladie ? Ce sont toutes ces questions que nous allons aborder au cours de cet épisode.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline. Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Alors avant de commencer, est-ce que tu peux te présenter, nous raconter d'où tu viens et ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui avec plaisir, du coup je m'appelle Pauline Frequesser, j'ai 35 ans, je suis maman d'un petit garçon de 4 ans et je suis en couple depuis 12 ans maintenant. Je suis bretonne purbeur, j'habite du côté de Vannes, dans le Morbihan, je ne sais pas si tu connais, mais ça fait 12 ans que je vis à Bordeaux, donc du coup Bordeaux c'est un peu ma ville de cœur. J'ai grandi en Bretagne, j'y suis restée pendant 18 ans. J'ai des parents qui ont des petites sociétés en Bretagne et donc du coup j'ai un peu toujours brassé, toujours un peu vécu dans l'entrepreneuriat. En 2018, j'ai lancé mon projet entrepreneurial à moi, qui s'appelle Collectif Cosme. Cosme, c'est du coup un collectif de freelance engagé et structuré. Et du coup, on s'est lancé en partant d'une communauté sur Facebook en 2016. Et dans cette communauté, du coup, il y a plus de 2000 freelances. Et c'est comme ça qu'est né, quelques mois après, le collectif Cosme. On est une quinzaine, du coup, d'associés aujourd'hui. Et donc, voilà, ma vie était très, très rythmée et bien remplie jusqu'en 2021, où du coup, je suis tombée malade. Je suis tombée malade au moment où ma société, justement... Cosme était en pleine croissance. J'avais une vie trépidante, un petit garçon qui avait à cette époque-là un an et demi. Je faisais aussi une mission auprès de la ministre du Travail, donc une mission auprès du gouvernement. J'avais acheté une maison, je faisais des travaux dans cette maison. C'était un peu la folie. Et ma grand-mère est décédée. Et c'est 15 jours après, du coup, que malheureusement, on m'a détecté mon cancer du sein.

  • Speaker #0

    Alors, ce qu'il faut savoir, c'est que... Tu es loin d'être un cas isolé puisqu'en France, un homme sur cinq et une femme sur six développeront un cancer au cours de leur vie. Donc comment tu as appris ton cancer et comment les choses se sont ensuite enchaînées après cette annonce ?

  • Speaker #1

    En fait, je suis partie un week-end au Pays Basque avec mon conjoint et mon fils. Et je me souviens très très bien, mon conjoint était en train de coucher mon petit garçon. Je me suis allongée sur le lit, j'avais un t-shirt blanc. Et tu vois, sous ces petits détails, finalement, ils restent, ils reviennent. Et j'ai vu que quelque chose dépassait, qu'il y avait une grosseur au niveau de ma poitrine. Et c'est là que j'ai touché et j'ai senti vraiment quelque chose de très dur. J'ai fait toucher à mon conjoint quelques minutes après. Je me suis dit que ce n'était rien de trop grave, que ça devait être un petit kiss. Souvent, on entend beaucoup de gens qui ont des kiss au sein. C'est assez normal pour des jeunes femmes qui ont de la boîterine. Je ne me suis pas plus inquiétée que ça. J'ai attrapé un gros rhume au Pays Basque. Le lundi, je suis partie chez ma médecin généraliste. C'était la première fois que je la voyais en plus, parce que je venais d'aménager dans ma maison. et je viens l'avoir pour un rhume, et je lui ai montré, du coup, cette grosseur au sein. Et après examen, voilà, le diagnostic est tombé, et c'était un cancer. Alors, je vous passe les détails des étapes entre la médecin généraliste qui a un doute et qui se dit, on va aller regarder et faire une écho. Dix jours après, j'ai réussi à avoir le rendez-vous pour faire cette écho. Puis la mammographie m'ont gardée dans la foulée. Et trois jours après, l'Institut Bergogne, qui est spécialisé dans les cancers à Bordeaux, m'a contactée en me disant que je devais venir rapidement. Et c'est là que la grande annonce tombe. Alors là, à ce moment-là, c'est terrible. Déjà le geste chirurgical d'avoir une seringue dans le sein pour vérifier si cette grosseur tumeur est cancéreuse ou pas est difficile, elle fait mal. Et ensuite, c'est tombé de 15 étages d'un immeuble. C'est marrant parce que toutes les personnes à qui on annonce des faits graves, des cancers ou des choses aussi graves, plein d'autres choses qui pourraient être le cas, à un moment donné, il y a un bruit sourd dans l'oreille et on n'entend plus rien. C'est vraiment, j'ai entendu ça dans la bouche de beaucoup de gens qui sont tombés malades. Alors, on entend les mots évolutifs, fulgurants, agressifs. et du coup qu'il faut agir très très vite. On m'annonce à ce moment-là que la tumeur fait 5 cm. En général, tu vois, c'est plutôt des cancers du sein de 1-2 cm. 5 cm, tu commences à rentrer un petit peu dans d'autres sphères, et on est sur un stade 3 sur 4. Donc forcément, quand on t'annonce ça, ta première pensée, c'est que tu vas y passer. tu ne vas pas pouvoir vivre longtemps. Et puis là, ça va extrêmement vite ensuite, puisque le traitement démarre quelques jours après. Et 15 jours après la première injection de chimiothérapie, jour pour jour, je perds mes cheveux. À ce moment-là, du coup, je me prends une énorme claque, évidemment, mais je me mets tout de suite en mode combat. Et j'ai comme tous mes soldats autour de moi, ma famille, mes amis. et pour moi il n'y a aucune autre issue que d'y arriver, de m'en sortir en gros ça ne démarre quand même pas très très bien, le diagnostic n'est quand même pas bon donc je pense que le mental a beaucoup joué aussi et donc là c'est le début de mon protocole, la tumeur elle est tellement grosse 5 cm qu'ils doivent d'abord faire la chimiothérapie, c'est ce qu'on appelle une chimiothérapie néoadjuvante, l'enjeu c'est de la faire diminuer au préalable parce qu'en fait ils ne peuvent pas l'enlever si elle fait 5 cm Donc du coup, j'ai eu six mois de chimiothérapie et grâce à la chimio, on est passé de 5 cm à 0,8 cm. C'est absolument incroyable. Alors bon, par contre, ça... Ça nécessite énormément de puiser dans des ressources insoupçonnées. C'est très très dur les chimiothérapies. Au total, en fait, j'en ai pas eu que 12, ce qui était prévu au départ. On m'en a rajouté 13 après. Donc j'ai eu 25 chimiothérapies, une mastectomie totale de mon sein gauche. Et du coup, j'ai eu ma quatrième opération de reconstruction au mois de novembre. Donc pour essayer de reconstruire mon sein et 25 séances de rayon. Donc c'est un protocole long, difficile. Et tu vois, là, ça fait du coup deux ans et demi, Marie, qu'on m'a diagnostiquée. Et je suis encore cette année en train de reconstruire mon sein.

  • Speaker #0

    Évidemment, c'est ce que tu nous racontes. Ton monde bascule à ce moment-là. Tu commences un processus de vie très différent de ce que tu as vécu jusqu'à maintenant. Il y a évidemment le choc de l'annonce, puis les premiers soins auxquels tu ne sais pas forcément à quoi t'attendre. Comme tu dis, ce sont des soins longs, difficiles. Et puis vient à ce moment-là l'annonce à tes proches. Alors évidemment, tu es proche dans ton entourage personnel. Il faut évidemment les prendre en compte dans toute cette information qui t'arrive aussi à toi personnellement. Et puis, le choix d'en parler ou non à son entourage professionnel. Comment ça s'est passé pour toi, toute cette phase de partage aussi de ce qui t'est arrivé à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Je te propose de commencer peut-être par le personnel et puis ensuite par le professionnel. Alors bon, ça commence déjà par une première chose qui est que je suis dans une pièce avec des médecins, que j'ai pris la claque de ma vie et que mon conjoint est derrière la porte. Et que cette porte, il va falloir évidemment l'ouvrir et il va falloir dire les choses. Donc je te le disais un peu tout à l'heure, ce fameux bruit sourd, la violence de l'annonce. Et tout de suite, en fait, le rôle de l'aidant se met en marche. Tu n'imagines même pas le nombre de choses qu'on te dit les deux heures après cette annonce. Et la pile d'ordonnances et de rendez-vous médicaux avec lesquels... Tu ressors de cet institut. C'est hallucinant. Donc le rôle de mon conjoint, Maxime, démarre tout de suite. Et il devient tout de suite finalement un proche aidant. Je suis incapable de rien à ce moment-là, évidemment. Je pleure, c'est très dur. Lui prend des notes. Je vois qu'il essaie vraiment d'accueillir cette nouvelle-là. Lui reste très pragmatique, prend des notes et voit que... Il va tout de suite devoir être très organisé. Et en fait, tout de suite, on est en mode organisation de notre vie. Plus largement, concernant du coup ma famille, mon conjoint était en plein pendant le Covid. On avait été reconfinés. Donc on avait laissé mon fils en Bretagne, à Saint-Malo, chez ses grands-parents. Nous, on était à Bordeaux tous les deux pour aller faire cet examen d'urgence. Donc on avait bravé les frontières. On a dû passer les péages, limite, avec cet examen médical. On a fait affaire à Bordeaux, à des kilomètres. Et donc là, on est remonté du coup en Bretagne et c'est là qu'on a commencé à faire finalement l'annonce. Au fur et à mesure, on a commencé. Alors, on a pris notre temps. C'est-à-dire qu'on a d'abord prévenu nos amis les plus proches. Genre cinq personnes chacun, donc vraiment nos meilleurs amis, parrains, marraines de notre enfant, vraiment, et nos parents, nos frères et sœurs. Donc ça démarre par là, évidemment, et puis là, en fait, tu mets, déjà, tu accueilles cette nouvelle très difficile, tu mets en œuvre du plan d'action basique d'organisation de vie, qui est que quand tu as des enfants, il va falloir quand même s'organiser, trouver des solutions à tout ça. On digère. Il y a plusieurs jours, ce choc, et puis petit à petit, il faut l'annoncer plus largement, donc un peu au cercle 2 finalement, tes amis aussi, mais qui ne sont pas tes très très proches. Donc tout ton écosystème personnel, et puis vient évidemment l'écosystème professionnel. J'ai appelé Alice, qui est mon associée depuis 4 ans au collectif Cosme, on va dire un petit peu ma binôme de travail, et je l'ai contactée pour lui demander de prendre la main. Je lui ai annoncé mon cancer du sein, je lui ai dit que je devrais sûrement m'arrêter à des moments et que j'aurais besoin d'elle. Et tout de suite, bien sûr, elle m'a dit qu'elle prendrait la main et que je pouvais le prendre le temps que je voulais et que dans tous les cas, elle prenait la suite. Donc elle a été d'une aide extraordinaire. Et il y a finalement quand même directement cette gestion de crise qui se met en place. On décide de digérer l'information, de se mettre en ordre de marche aussi nous deux d'abord, puis ensuite de prévenir le reste de l'équipe. On a attendu d'être en présentiel du coup à Bordeaux. On a attendu mon retour dix jours après. Et lors d'un co-working, d'une journée où en effet on se réunit tous ensemble pour travailler, c'est sur la pause du midi que j'ai choisi du coup d'en parler. à toute l'équipe. Donc ça a été aussi très difficile, mais avec Alice, on avait bien préparé ce moment-là. Donc c'est ce qu'on appelle vraiment de la communication de crise. De là, toute l'équipe a été vraiment extraordinaire. Ils ont été beaucoup en soutien et ils l'ont été pendant toute la durée de ma maladie. Et encore aujourd'hui, dans l'après, j'ai vraiment été très, très, très bien entourée. Alors très vite, il y a un gros parti pris, de la transparence. et du choix d'en parler publiquement ou pas. Alors, ça dépend, je crois, de son caractère. Ça dépend aussi de qui on est, finalement. Moi, je suis entrepreneuse, donc j'ai de la visibilité. J'ai de la visibilité dans mon écosystème professionnel, au niveau local à Bordeaux, mais aussi au niveau national. Je parle dans les médias. Donc, en fait, c'était un parti pris de me dire, soit j'en parle, soit je me mets chez moi à huis clos pendant six mois. J'attends de perdre mes cheveux et j'attends que ça repousse un peu. Et finalement, j'ai... tellement bien fait d'en parler, puisque tu vois, on m'a rajouté 13 chimiothérapies, donc 7 mois de traitement. En fait, finalement, c'est tellement long. En fait, ça ne s'arrête pas. En fait, toute ta vie, après, ça te fuit. Donc, les gens qui cachent ça, je leur tire mon chapeau et je ne sais pas si je suis admirative ou pas vraiment, mais je n'aurais finalement pas du tout pu le faire, puisque ce n'était pas du tout dans ma personnalité que de le garder pour moi. En fait, ce qui s'est passé, c'est que j'ai décidé d'en faire un post sur Instagram, sur les réseaux sociaux. Et j'ai commencé à dérouler un fil, le fil de l'entrepreneuriat, Et donc j'ai décidé de le raconter sous cet angle-là. Pour évangéliser, raconter mon histoire, justement éviter les non-dits, les tabous qu'il y aurait autour de cette maladie. Pourquoi est-ce que finalement je me cacherais ? Pourquoi est-ce que je ne dirais pas la vérité ? Pourquoi est-ce que les gens ne parlent pas quand ils ne vont pas bien, quand ils sont vulnérables, quand ils sont plus faibles ? Et c'est ça que j'ai voulu déconstruire comme croyance. L'annonce à son entourage, c'est fatigant. Et le fait d'être passée par Instagram, d'en parler librement, sans filtre, ça a été hyper salvateur pour moi. Et aussi le fait de donner le même niveau d'information à tout le monde. Puisque finalement, sur Instagram, il y avait ma famille, mes amis, mais aussi mes clients qui me suivaient, mes partenaires, les gens de mon écosystème. C'était fou. Mes clients, du coup, me contactaient. Pauline, j'ai vu que tu étais en chimie aujourd'hui. Le devis, la prestat, ça peut attendre, ne t'inquiète pas, quelques jours. incroyable comme les gens peuvent se mobiliser. Et donc il y a cet aspect solidarité qui est hyper important, avec Alice qui me dit, coûte que coûte, je serai là, tu peux compter sur moi jusqu'au bout, jusqu'à ce que tu aies besoin de moi. À sa place, tu vois, je dis souvent que je ne sais pas si j'aurais fait pareil. Alors je suis très empathique, donc je pense que si, évidemment, au fond de moi, mais quand même, parfois tu te poses la question. Et elle a été là ces trois dernières années, et elle est toujours là d'ailleurs, et ils sont tous toujours là, et on est même devenus tous associés à 15. Donc là, c'est la belle histoire, ça. C'est la très très belle histoire. Alors mes collaborateurs, ils ont été extraordinaires, ils se sont beaucoup inquiétés, mais tu vois, j'ai jamais eu un regard de leur part, j'ai jamais senti dans mon... et de la part de mes collaborateurs, et de la part de mon entourage, un regard de... de tristesse, de peine, un peu de pitié finalement. On ne m'a jamais regardée comme une malade. Et du coup, dans une entreprise, le rôle des collaborateurs, je crois, et du manager, c'est précieux en fait, c'est primordial. Si les gens qui nous écoutent sont en entreprise, ce qui est le cas, ne regardez jamais une personne différente par ta maladie, par son handicap, par autre chose, de manière différente. Il faut faire comprendre en fait à cette personne qu'elle aura toujours sa place. Il ne faut pas la mettre en situation, tu vois, de... de difficultés à ce moment-là. On a juste besoin d'amour, de soutien et de bonnes vibes. Je dirais que grâce à mon compte Instagram, j'ai aussi noué des amitiés avec des femmes car elles sont passées par là aussi. Elles ont été malades aussi. Ces femmes, c'est des femmes qui étaient aussi atteintes d'un cancer du sein comme moi. Et on dit souvent de moi que je suis une femme de communauté, on me l'a souvent répété ces dix dernières années, et c'est-à-dire que j'ai découvert encore une nouvelle communauté, une communauté de femmes malades, de mon âge, moins de 40 ans, atteintes du même cancer ou presque que moi, parce qu'il y a plusieurs typologies de cancer du sein, et vraiment... Et ça m'a donné des ailes, en fait, de faire partie de cette communauté de femmes-là. Et du coup, j'ai gardé ce fameux journal de bord que j'ai écrit et qui, après trois ans, je dirais, a été thérapeutique. Ça m'a sauvée, vraiment.

  • Speaker #0

    On peut dire finalement que toi, tu n'es pas non plus la même qu'avant et que du coup, partager aussi qui tu es maintenant, c'est essentiel pour toi pour rester proche aussi peut-être des gens qui t'entourent et leur permettre d'évoluer avec toi dans cette femme que tu étais avant et puis cette femme peut-être que tu es aujourd'hui. Parce qu'on va le voir après, mais on sait qu'une fois que le cancer traité, ce n'est pas pour autant qu'il est terminé, évidemment médicalement parlant, mais aussi dans ton histoire, toi, de femme. Donc ensuite, tu es entrée dans cette phase de rémission qui ouvre une nouvelle étape dans ton processus de guérison et qui peut être aussi difficile. Pourquoi ? Parce qu'il faut évidemment du temps pour toi, pour la personne malade, comme pour ses proches, pour retrouver une vie normale, un quotidien qui aura été pas mal chamboulé pendant plusieurs mois. Comment tu as géré la reprise de cette vie et qu'est-ce qui a pu changer justement dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Du coup, j'ai eu mes dernières chimios en juillet 2021, si je ne te dis pas de bêtises. Et puis, en effet, après des opérations successives. Donc, en fait, tu es tout le temps quand même un petit peu rattachée à ça. Tu sais, souvent, on dit que quand on fait un enfant, il faut neuf mois pour le faire et neuf mois pour s'en défaire. On est maman toutes les deux, donc du coup, on comprend de quoi il s'agit. C'est pareil un peu pour la maladie. 2,5 ans pour le faire, on va dire, c'est-à-dire de diagnostic en passant par le traitement, en passant par les reconstructions, et physiques et psychologiques, et 2,5, 3 ans pour s'en défaire minimum. Parce qu'en fait, quand tu as vécu ça, finalement, ça te suit quand même toute ta vie. Tu y penses le matin, le midi, le soir. En fait, j'y pense tout le temps. Mais de moi en moi, là, tu vois, je vois que j'en parle de moins en moins. C'est aussi un souhait pour moi de moins en moins en parler sur le réseau social, où j'ai été quand même très active, j'en ai beaucoup parlé. J'ai fait quasiment ce qu'on appelle un building public de ma maladie. Mais je sais que j'ai joué un rôle crucial pour énormément de femmes que j'ai aidées. Et ça, c'est très précieux pour moi de me dire que j'ai sensibilisé à mon échelle avec les vidéos que je faisais, les photos que je faisais. photos que je prenais. Et donc... T'as toujours cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. T'as peur de la récidive. Là, j'ai des examens tous les six mois pour les cinq prochaines années, donc des IRM. J'ai eu le dernier il n'y a pas très longtemps. Et d'ailleurs, c'est à l'issue de ce dernier IRM que je me suis dit que j'avais pas envie de surmonter ça. Tous les six mois, de me demander si j'allais avoir un... Un problème dans mon autre sein. Et d'ailleurs, du coup, j'ai décidé de faire une mastectomie prophylactique qui aura lieu dans les quatre mois à venir, là, en avril 2024. Et j'ai décidé d'enlever mon autre sein. C'est-à-dire que le combat, la maladie, les chimiothérapies, les interventions à répétition ont été tellement difficiles, tellement éprouvantes, que je préfère. faire une ablation de mon sein qui n'est pas malade pour éviter de resurmonter ça une deuxième fois, pour être certaine que ça ne reviendra pas. Donc voilà ce que je peux partager un petit peu avec toi, Marie. Et aussi, il y a peut-être ce sujet qui est l'insouciance. J'aurais bien aimé, en fait, finalement, que ça arrive un peu plus tard. Je pense que du coup, j'avais ce gêne en moi, ce gêne du cancer du sein. Il aurait dû se réveiller un jour. Alors, il s'est réveillé tôt, peut-être par une succession de... d'un trop plein de choses à un moment donné de ma vie. C'est ce que je crois au fond de moi. Donc je l'aurais peut-être eu à 40, 50, 60 ans, 70 ans, ce cancer. Il était là, il se serait réveillé un jour. Il s'est réveillé à 32 ans et j'aurais aimé qu'il se réveille juste un tout petit peu plus tard. Et après, évidemment, il y a la vulnérabilité. L'après, il est très fatigant. Et tu sais, c'est un sujet qui n'est pas du tout abordé, l'après-cancer. Mon année 2023, elle a été tumultueuse, très fatigante. J'ai dû me reconstruire. Je n'étais plus trop moi-même, en fait. J'ai dû me reconstruire. Essayer de sortir justement de ce cancer, avec mon conjoint parfois d'ailleurs, on me disait à des gens, écoutez ce soir on n'a pas envie de parler de ça, on aimerait bien ne pas parler du cancer de Pauline. Et on a vécu au travers de ça pendant trois années, il faut sortir de ça et ne pas hésiter aussi à dire aux gens, ben voilà maintenant j'aimerais bien ne plus parler de ça et j'aimerais bien me refocuser sur moi, Pauline. La femme qui n'est pas malade, la femme pleine de vie, hyper positive, hyper enjouée, la femme maman, la femme entrepreneuse qui cartonne, je veux qu'on me refocus et qu'on remette un petit peu finalement l'énergie là-dessus. Je dirais que c'est un changement total dans ma perception, dans ma manière de gérer ma vie, mes émotions, évidemment beaucoup d'émotions. Donc l'après-cancer c'est tout aussi difficile. que le cancer, la gestion du cancer en tant que telle. Et on a besoin de se faire accompagner, donc il faut beaucoup en parler autour de soi, à des psychologues, faire de l'hypnose, en tout cas c'est ce que moi je fais, parce qu'il y a beaucoup de dépressions post-cancer. C'est hyper tabou et très difficile, donc il faut faire attention aux gens, si vous en connaissez autour de vous, qui sont malades, prenez bien soin d'eux dans l'après. Et du coup, je peux peut-être terminer en te disant que à l'issue de mon cancer, en octobre 2022, j'ai lancé un podcast qui s'appelle Puissance Care. C'est le podcast qui prend soin de la santé physique et mentale des entrepreneurs. Parce qu'en fait, je me suis rendu compte que t'as le commun des mortels qui tombent malades. Mais les entrepreneurs, les freelances comme moi qui sont à leur compte, eh bien on les a un petit peu oubliés. Finalement, quand t'es salarié et que tu tombes malade, tu fermes ton ordinateur, tu rentres chez toi, t'es pris en charge et tu peux te reposer vraiment. Quand t'es entrepreneur, quand t'es freelance, c'est pas du tout le cas. T'es pas protégé. Souvent, en fait, t'as oublié de prendre une prévoyance. et ça peut être très très chaud et donc du coup j'ai vraiment décidé de tresser de ce sujet là dans le podcast donc n'hésitez pas à l'écouter si vous le souhaitez

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Pauline pour ce témoignage très inspirant évidemment avec beaucoup d'émotion est-ce que avant de conclure cet épisode tu souhaites partager un dernier message avec notre auditoire ?

  • Speaker #1

    Oui peut-être que vous dire que si vous êtes entouré en effet de personnes qui vivent ou qui ont vécu la même chose que moi Évidemment qu'il faut prendre soin d'eux. Et je crois que le maître mot de toute cette histoire, c'est la solidarité. C'est le fait que quand on a une tragédie de vie, il faut pouvoir être entouré. Et ce n'est pas possible de laisser quelqu'un seul vivre ça. En fait, c'est trop dur. Donc l'entourer personnellement, professionnellement, d'une manière ou d'une autre. Et sur la durée, c'est-à-dire pas avant. pendant ou après uniquement, mais pendant toutes ces phases-là. C'est vraiment puissant de recevoir de l'amour et d'être entouré dans ces moments de vie-là. Et finalement, j'aimerais bien terminer sur une note positive et je vais finir sur une note positive, mais je crois que tous les humains vont vivre des moments difficiles dans leur vie de ce type maladie, grave ou moins grave, et qu'on mérite tous d'être entourés. Donc voilà, je dirais le mot de la fin, solidarité, prenez soin des gens qui sont vulnérables.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Pauline et à très bientôt sur le podcast

  • Speaker #1

    Altérité. Merci beaucoup pour ton accueil Marie.

  • Speaker #0

    Merci de nous avoir écouté. Ce podcast a été réalisé en collaboration avec le Curiosity Club, l'organisation qui agit pour l'égalité entre les femmes et les hommes en permettant à chacun, particuliers comme entreprise, de s'engager et de passer à l'action pour un monde plus harmonieux.

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Description

Aujourd'hui, nous abordons le sujet sensible et délicat de la maladie et plus particulièrement du cancer. Chaque année, près de 400 000 personnes apprennent qu'elles ont un cancer. Passé le choc de l'annonce, arrive très vite la question d'en parler ou non à son entourage personnel, mais aussi et surtout professionnel. Même si les choses évoluent, la santé est encore souvent un sujet tabou dans le monde du travail. Il peut parfois être délicat de baisser la garde et d'oser parler. Alors comment trouver la balance entre indicible et transparence ? S'exprimer ou non sur sa maladie, c'est un choix très personnel. Pour Pauline Trequesser, parler de son combat contre celui qu'elle surnomme Krabi a pourtant été une évidence. Pauline, c'est cette femme vitaminée, pleine de ressources, qui a toujours mille idées en tête et des projets pour au moins trois vies. Pourtant, à seulement 32 ans, son monde bascule lorsqu'on lui détecte un cancer du sein de stade 3 sur 4. C'est le début d'un parcours du combattant durant lequel Pauline s'accroche, ne lâche rien, munie d'un optimisme à toute épreuve, entourée de ses proches mais aussi des membres de son collectif. Alors comment lever les tabous et les croyances sur la maladie ? Comment aborder l'annonce de la maladie à ses proches et son environnement professionnel ? Comment retrouver le rythme de la vie après avoir affronté l'obscurité de la maladie ? Ce sont toutes ces questions que nous allons aborder au cours de cet épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Altérité, le podcast d'Alter Egales, le réseau mixité du groupe Caisse des dépôts, un réseau qui s'engage sur les enjeux d'égalité, de diversité et d'inclusion en s'appuyant sur des témoignages qui donnent envie de bouger les lignes pour une plus grande égalité des chances. Aujourd'hui, nous abordons le sujet sensible et délicat de la maladie et plus particulièrement du cancer. Chaque année, près de 400 000 personnes apprennent qu'elles ont un cancer. Passé le choc de l'annonce, arrive très vite la question d'en parler ou non à son entourage personnel, mais aussi et surtout professionnel. Même si les choses évoluent, la santé est encore souvent un sujet tabou dans le monde du travail. Il peut parfois être délicat de baisser la garde et d'oser parler. Alors comment trouver la balance entre indicible et transparence ? S'exprimer ou non sur sa maladie, c'est un choix très personnel. Pour Pauline Conquesser, parler de son combat contre celui qu'elle surnomme Krabi a pourtant été une évidence. Pauline, c'est cette femme vitaminée, pleine de ressources, qui a toujours mille idées en tête et des projets pour au moins trois vies. Pourtant, à seulement 32 ans, son monde bascule lorsqu'on lui détecte un cancer du sein de stade 3 sur 4. C'est le début d'un parcours du combattant durant lequel Pauline s'accroche, ne lâche rien, munie d'un optimisme à toute épreuve, entourée de ses proches mais aussi des membres de son collectif. Alors comment lever les tabous et les croyances sur la maladie ? Comment aborder l'annonce de la maladie à ses proches et son environnement professionnel ? Comment retrouver le rythme de la vie après avoir affronté l'obscurité de la maladie ? Ce sont toutes ces questions que nous allons aborder au cours de cet épisode.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline. Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Alors avant de commencer, est-ce que tu peux te présenter, nous raconter d'où tu viens et ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui avec plaisir, du coup je m'appelle Pauline Frequesser, j'ai 35 ans, je suis maman d'un petit garçon de 4 ans et je suis en couple depuis 12 ans maintenant. Je suis bretonne purbeur, j'habite du côté de Vannes, dans le Morbihan, je ne sais pas si tu connais, mais ça fait 12 ans que je vis à Bordeaux, donc du coup Bordeaux c'est un peu ma ville de cœur. J'ai grandi en Bretagne, j'y suis restée pendant 18 ans. J'ai des parents qui ont des petites sociétés en Bretagne et donc du coup j'ai un peu toujours brassé, toujours un peu vécu dans l'entrepreneuriat. En 2018, j'ai lancé mon projet entrepreneurial à moi, qui s'appelle Collectif Cosme. Cosme, c'est du coup un collectif de freelance engagé et structuré. Et du coup, on s'est lancé en partant d'une communauté sur Facebook en 2016. Et dans cette communauté, du coup, il y a plus de 2000 freelances. Et c'est comme ça qu'est né, quelques mois après, le collectif Cosme. On est une quinzaine, du coup, d'associés aujourd'hui. Et donc, voilà, ma vie était très, très rythmée et bien remplie jusqu'en 2021, où du coup, je suis tombée malade. Je suis tombée malade au moment où ma société, justement... Cosme était en pleine croissance. J'avais une vie trépidante, un petit garçon qui avait à cette époque-là un an et demi. Je faisais aussi une mission auprès de la ministre du Travail, donc une mission auprès du gouvernement. J'avais acheté une maison, je faisais des travaux dans cette maison. C'était un peu la folie. Et ma grand-mère est décédée. Et c'est 15 jours après, du coup, que malheureusement, on m'a détecté mon cancer du sein.

  • Speaker #0

    Alors, ce qu'il faut savoir, c'est que... Tu es loin d'être un cas isolé puisqu'en France, un homme sur cinq et une femme sur six développeront un cancer au cours de leur vie. Donc comment tu as appris ton cancer et comment les choses se sont ensuite enchaînées après cette annonce ?

  • Speaker #1

    En fait, je suis partie un week-end au Pays Basque avec mon conjoint et mon fils. Et je me souviens très très bien, mon conjoint était en train de coucher mon petit garçon. Je me suis allongée sur le lit, j'avais un t-shirt blanc. Et tu vois, sous ces petits détails, finalement, ils restent, ils reviennent. Et j'ai vu que quelque chose dépassait, qu'il y avait une grosseur au niveau de ma poitrine. Et c'est là que j'ai touché et j'ai senti vraiment quelque chose de très dur. J'ai fait toucher à mon conjoint quelques minutes après. Je me suis dit que ce n'était rien de trop grave, que ça devait être un petit kiss. Souvent, on entend beaucoup de gens qui ont des kiss au sein. C'est assez normal pour des jeunes femmes qui ont de la boîterine. Je ne me suis pas plus inquiétée que ça. J'ai attrapé un gros rhume au Pays Basque. Le lundi, je suis partie chez ma médecin généraliste. C'était la première fois que je la voyais en plus, parce que je venais d'aménager dans ma maison. et je viens l'avoir pour un rhume, et je lui ai montré, du coup, cette grosseur au sein. Et après examen, voilà, le diagnostic est tombé, et c'était un cancer. Alors, je vous passe les détails des étapes entre la médecin généraliste qui a un doute et qui se dit, on va aller regarder et faire une écho. Dix jours après, j'ai réussi à avoir le rendez-vous pour faire cette écho. Puis la mammographie m'ont gardée dans la foulée. Et trois jours après, l'Institut Bergogne, qui est spécialisé dans les cancers à Bordeaux, m'a contactée en me disant que je devais venir rapidement. Et c'est là que la grande annonce tombe. Alors là, à ce moment-là, c'est terrible. Déjà le geste chirurgical d'avoir une seringue dans le sein pour vérifier si cette grosseur tumeur est cancéreuse ou pas est difficile, elle fait mal. Et ensuite, c'est tombé de 15 étages d'un immeuble. C'est marrant parce que toutes les personnes à qui on annonce des faits graves, des cancers ou des choses aussi graves, plein d'autres choses qui pourraient être le cas, à un moment donné, il y a un bruit sourd dans l'oreille et on n'entend plus rien. C'est vraiment, j'ai entendu ça dans la bouche de beaucoup de gens qui sont tombés malades. Alors, on entend les mots évolutifs, fulgurants, agressifs. et du coup qu'il faut agir très très vite. On m'annonce à ce moment-là que la tumeur fait 5 cm. En général, tu vois, c'est plutôt des cancers du sein de 1-2 cm. 5 cm, tu commences à rentrer un petit peu dans d'autres sphères, et on est sur un stade 3 sur 4. Donc forcément, quand on t'annonce ça, ta première pensée, c'est que tu vas y passer. tu ne vas pas pouvoir vivre longtemps. Et puis là, ça va extrêmement vite ensuite, puisque le traitement démarre quelques jours après. Et 15 jours après la première injection de chimiothérapie, jour pour jour, je perds mes cheveux. À ce moment-là, du coup, je me prends une énorme claque, évidemment, mais je me mets tout de suite en mode combat. Et j'ai comme tous mes soldats autour de moi, ma famille, mes amis. et pour moi il n'y a aucune autre issue que d'y arriver, de m'en sortir en gros ça ne démarre quand même pas très très bien, le diagnostic n'est quand même pas bon donc je pense que le mental a beaucoup joué aussi et donc là c'est le début de mon protocole, la tumeur elle est tellement grosse 5 cm qu'ils doivent d'abord faire la chimiothérapie, c'est ce qu'on appelle une chimiothérapie néoadjuvante, l'enjeu c'est de la faire diminuer au préalable parce qu'en fait ils ne peuvent pas l'enlever si elle fait 5 cm Donc du coup, j'ai eu six mois de chimiothérapie et grâce à la chimio, on est passé de 5 cm à 0,8 cm. C'est absolument incroyable. Alors bon, par contre, ça... Ça nécessite énormément de puiser dans des ressources insoupçonnées. C'est très très dur les chimiothérapies. Au total, en fait, j'en ai pas eu que 12, ce qui était prévu au départ. On m'en a rajouté 13 après. Donc j'ai eu 25 chimiothérapies, une mastectomie totale de mon sein gauche. Et du coup, j'ai eu ma quatrième opération de reconstruction au mois de novembre. Donc pour essayer de reconstruire mon sein et 25 séances de rayon. Donc c'est un protocole long, difficile. Et tu vois, là, ça fait du coup deux ans et demi, Marie, qu'on m'a diagnostiquée. Et je suis encore cette année en train de reconstruire mon sein.

  • Speaker #0

    Évidemment, c'est ce que tu nous racontes. Ton monde bascule à ce moment-là. Tu commences un processus de vie très différent de ce que tu as vécu jusqu'à maintenant. Il y a évidemment le choc de l'annonce, puis les premiers soins auxquels tu ne sais pas forcément à quoi t'attendre. Comme tu dis, ce sont des soins longs, difficiles. Et puis vient à ce moment-là l'annonce à tes proches. Alors évidemment, tu es proche dans ton entourage personnel. Il faut évidemment les prendre en compte dans toute cette information qui t'arrive aussi à toi personnellement. Et puis, le choix d'en parler ou non à son entourage professionnel. Comment ça s'est passé pour toi, toute cette phase de partage aussi de ce qui t'est arrivé à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Je te propose de commencer peut-être par le personnel et puis ensuite par le professionnel. Alors bon, ça commence déjà par une première chose qui est que je suis dans une pièce avec des médecins, que j'ai pris la claque de ma vie et que mon conjoint est derrière la porte. Et que cette porte, il va falloir évidemment l'ouvrir et il va falloir dire les choses. Donc je te le disais un peu tout à l'heure, ce fameux bruit sourd, la violence de l'annonce. Et tout de suite, en fait, le rôle de l'aidant se met en marche. Tu n'imagines même pas le nombre de choses qu'on te dit les deux heures après cette annonce. Et la pile d'ordonnances et de rendez-vous médicaux avec lesquels... Tu ressors de cet institut. C'est hallucinant. Donc le rôle de mon conjoint, Maxime, démarre tout de suite. Et il devient tout de suite finalement un proche aidant. Je suis incapable de rien à ce moment-là, évidemment. Je pleure, c'est très dur. Lui prend des notes. Je vois qu'il essaie vraiment d'accueillir cette nouvelle-là. Lui reste très pragmatique, prend des notes et voit que... Il va tout de suite devoir être très organisé. Et en fait, tout de suite, on est en mode organisation de notre vie. Plus largement, concernant du coup ma famille, mon conjoint était en plein pendant le Covid. On avait été reconfinés. Donc on avait laissé mon fils en Bretagne, à Saint-Malo, chez ses grands-parents. Nous, on était à Bordeaux tous les deux pour aller faire cet examen d'urgence. Donc on avait bravé les frontières. On a dû passer les péages, limite, avec cet examen médical. On a fait affaire à Bordeaux, à des kilomètres. Et donc là, on est remonté du coup en Bretagne et c'est là qu'on a commencé à faire finalement l'annonce. Au fur et à mesure, on a commencé. Alors, on a pris notre temps. C'est-à-dire qu'on a d'abord prévenu nos amis les plus proches. Genre cinq personnes chacun, donc vraiment nos meilleurs amis, parrains, marraines de notre enfant, vraiment, et nos parents, nos frères et sœurs. Donc ça démarre par là, évidemment, et puis là, en fait, tu mets, déjà, tu accueilles cette nouvelle très difficile, tu mets en œuvre du plan d'action basique d'organisation de vie, qui est que quand tu as des enfants, il va falloir quand même s'organiser, trouver des solutions à tout ça. On digère. Il y a plusieurs jours, ce choc, et puis petit à petit, il faut l'annoncer plus largement, donc un peu au cercle 2 finalement, tes amis aussi, mais qui ne sont pas tes très très proches. Donc tout ton écosystème personnel, et puis vient évidemment l'écosystème professionnel. J'ai appelé Alice, qui est mon associée depuis 4 ans au collectif Cosme, on va dire un petit peu ma binôme de travail, et je l'ai contactée pour lui demander de prendre la main. Je lui ai annoncé mon cancer du sein, je lui ai dit que je devrais sûrement m'arrêter à des moments et que j'aurais besoin d'elle. Et tout de suite, bien sûr, elle m'a dit qu'elle prendrait la main et que je pouvais le prendre le temps que je voulais et que dans tous les cas, elle prenait la suite. Donc elle a été d'une aide extraordinaire. Et il y a finalement quand même directement cette gestion de crise qui se met en place. On décide de digérer l'information, de se mettre en ordre de marche aussi nous deux d'abord, puis ensuite de prévenir le reste de l'équipe. On a attendu d'être en présentiel du coup à Bordeaux. On a attendu mon retour dix jours après. Et lors d'un co-working, d'une journée où en effet on se réunit tous ensemble pour travailler, c'est sur la pause du midi que j'ai choisi du coup d'en parler. à toute l'équipe. Donc ça a été aussi très difficile, mais avec Alice, on avait bien préparé ce moment-là. Donc c'est ce qu'on appelle vraiment de la communication de crise. De là, toute l'équipe a été vraiment extraordinaire. Ils ont été beaucoup en soutien et ils l'ont été pendant toute la durée de ma maladie. Et encore aujourd'hui, dans l'après, j'ai vraiment été très, très, très bien entourée. Alors très vite, il y a un gros parti pris, de la transparence. et du choix d'en parler publiquement ou pas. Alors, ça dépend, je crois, de son caractère. Ça dépend aussi de qui on est, finalement. Moi, je suis entrepreneuse, donc j'ai de la visibilité. J'ai de la visibilité dans mon écosystème professionnel, au niveau local à Bordeaux, mais aussi au niveau national. Je parle dans les médias. Donc, en fait, c'était un parti pris de me dire, soit j'en parle, soit je me mets chez moi à huis clos pendant six mois. J'attends de perdre mes cheveux et j'attends que ça repousse un peu. Et finalement, j'ai... tellement bien fait d'en parler, puisque tu vois, on m'a rajouté 13 chimiothérapies, donc 7 mois de traitement. En fait, finalement, c'est tellement long. En fait, ça ne s'arrête pas. En fait, toute ta vie, après, ça te fuit. Donc, les gens qui cachent ça, je leur tire mon chapeau et je ne sais pas si je suis admirative ou pas vraiment, mais je n'aurais finalement pas du tout pu le faire, puisque ce n'était pas du tout dans ma personnalité que de le garder pour moi. En fait, ce qui s'est passé, c'est que j'ai décidé d'en faire un post sur Instagram, sur les réseaux sociaux. Et j'ai commencé à dérouler un fil, le fil de l'entrepreneuriat, Et donc j'ai décidé de le raconter sous cet angle-là. Pour évangéliser, raconter mon histoire, justement éviter les non-dits, les tabous qu'il y aurait autour de cette maladie. Pourquoi est-ce que finalement je me cacherais ? Pourquoi est-ce que je ne dirais pas la vérité ? Pourquoi est-ce que les gens ne parlent pas quand ils ne vont pas bien, quand ils sont vulnérables, quand ils sont plus faibles ? Et c'est ça que j'ai voulu déconstruire comme croyance. L'annonce à son entourage, c'est fatigant. Et le fait d'être passée par Instagram, d'en parler librement, sans filtre, ça a été hyper salvateur pour moi. Et aussi le fait de donner le même niveau d'information à tout le monde. Puisque finalement, sur Instagram, il y avait ma famille, mes amis, mais aussi mes clients qui me suivaient, mes partenaires, les gens de mon écosystème. C'était fou. Mes clients, du coup, me contactaient. Pauline, j'ai vu que tu étais en chimie aujourd'hui. Le devis, la prestat, ça peut attendre, ne t'inquiète pas, quelques jours. incroyable comme les gens peuvent se mobiliser. Et donc il y a cet aspect solidarité qui est hyper important, avec Alice qui me dit, coûte que coûte, je serai là, tu peux compter sur moi jusqu'au bout, jusqu'à ce que tu aies besoin de moi. À sa place, tu vois, je dis souvent que je ne sais pas si j'aurais fait pareil. Alors je suis très empathique, donc je pense que si, évidemment, au fond de moi, mais quand même, parfois tu te poses la question. Et elle a été là ces trois dernières années, et elle est toujours là d'ailleurs, et ils sont tous toujours là, et on est même devenus tous associés à 15. Donc là, c'est la belle histoire, ça. C'est la très très belle histoire. Alors mes collaborateurs, ils ont été extraordinaires, ils se sont beaucoup inquiétés, mais tu vois, j'ai jamais eu un regard de leur part, j'ai jamais senti dans mon... et de la part de mes collaborateurs, et de la part de mon entourage, un regard de... de tristesse, de peine, un peu de pitié finalement. On ne m'a jamais regardée comme une malade. Et du coup, dans une entreprise, le rôle des collaborateurs, je crois, et du manager, c'est précieux en fait, c'est primordial. Si les gens qui nous écoutent sont en entreprise, ce qui est le cas, ne regardez jamais une personne différente par ta maladie, par son handicap, par autre chose, de manière différente. Il faut faire comprendre en fait à cette personne qu'elle aura toujours sa place. Il ne faut pas la mettre en situation, tu vois, de... de difficultés à ce moment-là. On a juste besoin d'amour, de soutien et de bonnes vibes. Je dirais que grâce à mon compte Instagram, j'ai aussi noué des amitiés avec des femmes car elles sont passées par là aussi. Elles ont été malades aussi. Ces femmes, c'est des femmes qui étaient aussi atteintes d'un cancer du sein comme moi. Et on dit souvent de moi que je suis une femme de communauté, on me l'a souvent répété ces dix dernières années, et c'est-à-dire que j'ai découvert encore une nouvelle communauté, une communauté de femmes malades, de mon âge, moins de 40 ans, atteintes du même cancer ou presque que moi, parce qu'il y a plusieurs typologies de cancer du sein, et vraiment... Et ça m'a donné des ailes, en fait, de faire partie de cette communauté de femmes-là. Et du coup, j'ai gardé ce fameux journal de bord que j'ai écrit et qui, après trois ans, je dirais, a été thérapeutique. Ça m'a sauvée, vraiment.

  • Speaker #0

    On peut dire finalement que toi, tu n'es pas non plus la même qu'avant et que du coup, partager aussi qui tu es maintenant, c'est essentiel pour toi pour rester proche aussi peut-être des gens qui t'entourent et leur permettre d'évoluer avec toi dans cette femme que tu étais avant et puis cette femme peut-être que tu es aujourd'hui. Parce qu'on va le voir après, mais on sait qu'une fois que le cancer traité, ce n'est pas pour autant qu'il est terminé, évidemment médicalement parlant, mais aussi dans ton histoire, toi, de femme. Donc ensuite, tu es entrée dans cette phase de rémission qui ouvre une nouvelle étape dans ton processus de guérison et qui peut être aussi difficile. Pourquoi ? Parce qu'il faut évidemment du temps pour toi, pour la personne malade, comme pour ses proches, pour retrouver une vie normale, un quotidien qui aura été pas mal chamboulé pendant plusieurs mois. Comment tu as géré la reprise de cette vie et qu'est-ce qui a pu changer justement dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Du coup, j'ai eu mes dernières chimios en juillet 2021, si je ne te dis pas de bêtises. Et puis, en effet, après des opérations successives. Donc, en fait, tu es tout le temps quand même un petit peu rattachée à ça. Tu sais, souvent, on dit que quand on fait un enfant, il faut neuf mois pour le faire et neuf mois pour s'en défaire. On est maman toutes les deux, donc du coup, on comprend de quoi il s'agit. C'est pareil un peu pour la maladie. 2,5 ans pour le faire, on va dire, c'est-à-dire de diagnostic en passant par le traitement, en passant par les reconstructions, et physiques et psychologiques, et 2,5, 3 ans pour s'en défaire minimum. Parce qu'en fait, quand tu as vécu ça, finalement, ça te suit quand même toute ta vie. Tu y penses le matin, le midi, le soir. En fait, j'y pense tout le temps. Mais de moi en moi, là, tu vois, je vois que j'en parle de moins en moins. C'est aussi un souhait pour moi de moins en moins en parler sur le réseau social, où j'ai été quand même très active, j'en ai beaucoup parlé. J'ai fait quasiment ce qu'on appelle un building public de ma maladie. Mais je sais que j'ai joué un rôle crucial pour énormément de femmes que j'ai aidées. Et ça, c'est très précieux pour moi de me dire que j'ai sensibilisé à mon échelle avec les vidéos que je faisais, les photos que je faisais. photos que je prenais. Et donc... T'as toujours cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. T'as peur de la récidive. Là, j'ai des examens tous les six mois pour les cinq prochaines années, donc des IRM. J'ai eu le dernier il n'y a pas très longtemps. Et d'ailleurs, c'est à l'issue de ce dernier IRM que je me suis dit que j'avais pas envie de surmonter ça. Tous les six mois, de me demander si j'allais avoir un... Un problème dans mon autre sein. Et d'ailleurs, du coup, j'ai décidé de faire une mastectomie prophylactique qui aura lieu dans les quatre mois à venir, là, en avril 2024. Et j'ai décidé d'enlever mon autre sein. C'est-à-dire que le combat, la maladie, les chimiothérapies, les interventions à répétition ont été tellement difficiles, tellement éprouvantes, que je préfère. faire une ablation de mon sein qui n'est pas malade pour éviter de resurmonter ça une deuxième fois, pour être certaine que ça ne reviendra pas. Donc voilà ce que je peux partager un petit peu avec toi, Marie. Et aussi, il y a peut-être ce sujet qui est l'insouciance. J'aurais bien aimé, en fait, finalement, que ça arrive un peu plus tard. Je pense que du coup, j'avais ce gêne en moi, ce gêne du cancer du sein. Il aurait dû se réveiller un jour. Alors, il s'est réveillé tôt, peut-être par une succession de... d'un trop plein de choses à un moment donné de ma vie. C'est ce que je crois au fond de moi. Donc je l'aurais peut-être eu à 40, 50, 60 ans, 70 ans, ce cancer. Il était là, il se serait réveillé un jour. Il s'est réveillé à 32 ans et j'aurais aimé qu'il se réveille juste un tout petit peu plus tard. Et après, évidemment, il y a la vulnérabilité. L'après, il est très fatigant. Et tu sais, c'est un sujet qui n'est pas du tout abordé, l'après-cancer. Mon année 2023, elle a été tumultueuse, très fatigante. J'ai dû me reconstruire. Je n'étais plus trop moi-même, en fait. J'ai dû me reconstruire. Essayer de sortir justement de ce cancer, avec mon conjoint parfois d'ailleurs, on me disait à des gens, écoutez ce soir on n'a pas envie de parler de ça, on aimerait bien ne pas parler du cancer de Pauline. Et on a vécu au travers de ça pendant trois années, il faut sortir de ça et ne pas hésiter aussi à dire aux gens, ben voilà maintenant j'aimerais bien ne plus parler de ça et j'aimerais bien me refocuser sur moi, Pauline. La femme qui n'est pas malade, la femme pleine de vie, hyper positive, hyper enjouée, la femme maman, la femme entrepreneuse qui cartonne, je veux qu'on me refocus et qu'on remette un petit peu finalement l'énergie là-dessus. Je dirais que c'est un changement total dans ma perception, dans ma manière de gérer ma vie, mes émotions, évidemment beaucoup d'émotions. Donc l'après-cancer c'est tout aussi difficile. que le cancer, la gestion du cancer en tant que telle. Et on a besoin de se faire accompagner, donc il faut beaucoup en parler autour de soi, à des psychologues, faire de l'hypnose, en tout cas c'est ce que moi je fais, parce qu'il y a beaucoup de dépressions post-cancer. C'est hyper tabou et très difficile, donc il faut faire attention aux gens, si vous en connaissez autour de vous, qui sont malades, prenez bien soin d'eux dans l'après. Et du coup, je peux peut-être terminer en te disant que à l'issue de mon cancer, en octobre 2022, j'ai lancé un podcast qui s'appelle Puissance Care. C'est le podcast qui prend soin de la santé physique et mentale des entrepreneurs. Parce qu'en fait, je me suis rendu compte que t'as le commun des mortels qui tombent malades. Mais les entrepreneurs, les freelances comme moi qui sont à leur compte, eh bien on les a un petit peu oubliés. Finalement, quand t'es salarié et que tu tombes malade, tu fermes ton ordinateur, tu rentres chez toi, t'es pris en charge et tu peux te reposer vraiment. Quand t'es entrepreneur, quand t'es freelance, c'est pas du tout le cas. T'es pas protégé. Souvent, en fait, t'as oublié de prendre une prévoyance. et ça peut être très très chaud et donc du coup j'ai vraiment décidé de tresser de ce sujet là dans le podcast donc n'hésitez pas à l'écouter si vous le souhaitez

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Pauline pour ce témoignage très inspirant évidemment avec beaucoup d'émotion est-ce que avant de conclure cet épisode tu souhaites partager un dernier message avec notre auditoire ?

  • Speaker #1

    Oui peut-être que vous dire que si vous êtes entouré en effet de personnes qui vivent ou qui ont vécu la même chose que moi Évidemment qu'il faut prendre soin d'eux. Et je crois que le maître mot de toute cette histoire, c'est la solidarité. C'est le fait que quand on a une tragédie de vie, il faut pouvoir être entouré. Et ce n'est pas possible de laisser quelqu'un seul vivre ça. En fait, c'est trop dur. Donc l'entourer personnellement, professionnellement, d'une manière ou d'une autre. Et sur la durée, c'est-à-dire pas avant. pendant ou après uniquement, mais pendant toutes ces phases-là. C'est vraiment puissant de recevoir de l'amour et d'être entouré dans ces moments de vie-là. Et finalement, j'aimerais bien terminer sur une note positive et je vais finir sur une note positive, mais je crois que tous les humains vont vivre des moments difficiles dans leur vie de ce type maladie, grave ou moins grave, et qu'on mérite tous d'être entourés. Donc voilà, je dirais le mot de la fin, solidarité, prenez soin des gens qui sont vulnérables.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Pauline et à très bientôt sur le podcast

  • Speaker #1

    Altérité. Merci beaucoup pour ton accueil Marie.

  • Speaker #0

    Merci de nous avoir écouté. Ce podcast a été réalisé en collaboration avec le Curiosity Club, l'organisation qui agit pour l'égalité entre les femmes et les hommes en permettant à chacun, particuliers comme entreprise, de s'engager et de passer à l'action pour un monde plus harmonieux.

Description

Aujourd'hui, nous abordons le sujet sensible et délicat de la maladie et plus particulièrement du cancer. Chaque année, près de 400 000 personnes apprennent qu'elles ont un cancer. Passé le choc de l'annonce, arrive très vite la question d'en parler ou non à son entourage personnel, mais aussi et surtout professionnel. Même si les choses évoluent, la santé est encore souvent un sujet tabou dans le monde du travail. Il peut parfois être délicat de baisser la garde et d'oser parler. Alors comment trouver la balance entre indicible et transparence ? S'exprimer ou non sur sa maladie, c'est un choix très personnel. Pour Pauline Trequesser, parler de son combat contre celui qu'elle surnomme Krabi a pourtant été une évidence. Pauline, c'est cette femme vitaminée, pleine de ressources, qui a toujours mille idées en tête et des projets pour au moins trois vies. Pourtant, à seulement 32 ans, son monde bascule lorsqu'on lui détecte un cancer du sein de stade 3 sur 4. C'est le début d'un parcours du combattant durant lequel Pauline s'accroche, ne lâche rien, munie d'un optimisme à toute épreuve, entourée de ses proches mais aussi des membres de son collectif. Alors comment lever les tabous et les croyances sur la maladie ? Comment aborder l'annonce de la maladie à ses proches et son environnement professionnel ? Comment retrouver le rythme de la vie après avoir affronté l'obscurité de la maladie ? Ce sont toutes ces questions que nous allons aborder au cours de cet épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Altérité, le podcast d'Alter Egales, le réseau mixité du groupe Caisse des dépôts, un réseau qui s'engage sur les enjeux d'égalité, de diversité et d'inclusion en s'appuyant sur des témoignages qui donnent envie de bouger les lignes pour une plus grande égalité des chances. Aujourd'hui, nous abordons le sujet sensible et délicat de la maladie et plus particulièrement du cancer. Chaque année, près de 400 000 personnes apprennent qu'elles ont un cancer. Passé le choc de l'annonce, arrive très vite la question d'en parler ou non à son entourage personnel, mais aussi et surtout professionnel. Même si les choses évoluent, la santé est encore souvent un sujet tabou dans le monde du travail. Il peut parfois être délicat de baisser la garde et d'oser parler. Alors comment trouver la balance entre indicible et transparence ? S'exprimer ou non sur sa maladie, c'est un choix très personnel. Pour Pauline Conquesser, parler de son combat contre celui qu'elle surnomme Krabi a pourtant été une évidence. Pauline, c'est cette femme vitaminée, pleine de ressources, qui a toujours mille idées en tête et des projets pour au moins trois vies. Pourtant, à seulement 32 ans, son monde bascule lorsqu'on lui détecte un cancer du sein de stade 3 sur 4. C'est le début d'un parcours du combattant durant lequel Pauline s'accroche, ne lâche rien, munie d'un optimisme à toute épreuve, entourée de ses proches mais aussi des membres de son collectif. Alors comment lever les tabous et les croyances sur la maladie ? Comment aborder l'annonce de la maladie à ses proches et son environnement professionnel ? Comment retrouver le rythme de la vie après avoir affronté l'obscurité de la maladie ? Ce sont toutes ces questions que nous allons aborder au cours de cet épisode.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline. Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Alors avant de commencer, est-ce que tu peux te présenter, nous raconter d'où tu viens et ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui avec plaisir, du coup je m'appelle Pauline Frequesser, j'ai 35 ans, je suis maman d'un petit garçon de 4 ans et je suis en couple depuis 12 ans maintenant. Je suis bretonne purbeur, j'habite du côté de Vannes, dans le Morbihan, je ne sais pas si tu connais, mais ça fait 12 ans que je vis à Bordeaux, donc du coup Bordeaux c'est un peu ma ville de cœur. J'ai grandi en Bretagne, j'y suis restée pendant 18 ans. J'ai des parents qui ont des petites sociétés en Bretagne et donc du coup j'ai un peu toujours brassé, toujours un peu vécu dans l'entrepreneuriat. En 2018, j'ai lancé mon projet entrepreneurial à moi, qui s'appelle Collectif Cosme. Cosme, c'est du coup un collectif de freelance engagé et structuré. Et du coup, on s'est lancé en partant d'une communauté sur Facebook en 2016. Et dans cette communauté, du coup, il y a plus de 2000 freelances. Et c'est comme ça qu'est né, quelques mois après, le collectif Cosme. On est une quinzaine, du coup, d'associés aujourd'hui. Et donc, voilà, ma vie était très, très rythmée et bien remplie jusqu'en 2021, où du coup, je suis tombée malade. Je suis tombée malade au moment où ma société, justement... Cosme était en pleine croissance. J'avais une vie trépidante, un petit garçon qui avait à cette époque-là un an et demi. Je faisais aussi une mission auprès de la ministre du Travail, donc une mission auprès du gouvernement. J'avais acheté une maison, je faisais des travaux dans cette maison. C'était un peu la folie. Et ma grand-mère est décédée. Et c'est 15 jours après, du coup, que malheureusement, on m'a détecté mon cancer du sein.

  • Speaker #0

    Alors, ce qu'il faut savoir, c'est que... Tu es loin d'être un cas isolé puisqu'en France, un homme sur cinq et une femme sur six développeront un cancer au cours de leur vie. Donc comment tu as appris ton cancer et comment les choses se sont ensuite enchaînées après cette annonce ?

  • Speaker #1

    En fait, je suis partie un week-end au Pays Basque avec mon conjoint et mon fils. Et je me souviens très très bien, mon conjoint était en train de coucher mon petit garçon. Je me suis allongée sur le lit, j'avais un t-shirt blanc. Et tu vois, sous ces petits détails, finalement, ils restent, ils reviennent. Et j'ai vu que quelque chose dépassait, qu'il y avait une grosseur au niveau de ma poitrine. Et c'est là que j'ai touché et j'ai senti vraiment quelque chose de très dur. J'ai fait toucher à mon conjoint quelques minutes après. Je me suis dit que ce n'était rien de trop grave, que ça devait être un petit kiss. Souvent, on entend beaucoup de gens qui ont des kiss au sein. C'est assez normal pour des jeunes femmes qui ont de la boîterine. Je ne me suis pas plus inquiétée que ça. J'ai attrapé un gros rhume au Pays Basque. Le lundi, je suis partie chez ma médecin généraliste. C'était la première fois que je la voyais en plus, parce que je venais d'aménager dans ma maison. et je viens l'avoir pour un rhume, et je lui ai montré, du coup, cette grosseur au sein. Et après examen, voilà, le diagnostic est tombé, et c'était un cancer. Alors, je vous passe les détails des étapes entre la médecin généraliste qui a un doute et qui se dit, on va aller regarder et faire une écho. Dix jours après, j'ai réussi à avoir le rendez-vous pour faire cette écho. Puis la mammographie m'ont gardée dans la foulée. Et trois jours après, l'Institut Bergogne, qui est spécialisé dans les cancers à Bordeaux, m'a contactée en me disant que je devais venir rapidement. Et c'est là que la grande annonce tombe. Alors là, à ce moment-là, c'est terrible. Déjà le geste chirurgical d'avoir une seringue dans le sein pour vérifier si cette grosseur tumeur est cancéreuse ou pas est difficile, elle fait mal. Et ensuite, c'est tombé de 15 étages d'un immeuble. C'est marrant parce que toutes les personnes à qui on annonce des faits graves, des cancers ou des choses aussi graves, plein d'autres choses qui pourraient être le cas, à un moment donné, il y a un bruit sourd dans l'oreille et on n'entend plus rien. C'est vraiment, j'ai entendu ça dans la bouche de beaucoup de gens qui sont tombés malades. Alors, on entend les mots évolutifs, fulgurants, agressifs. et du coup qu'il faut agir très très vite. On m'annonce à ce moment-là que la tumeur fait 5 cm. En général, tu vois, c'est plutôt des cancers du sein de 1-2 cm. 5 cm, tu commences à rentrer un petit peu dans d'autres sphères, et on est sur un stade 3 sur 4. Donc forcément, quand on t'annonce ça, ta première pensée, c'est que tu vas y passer. tu ne vas pas pouvoir vivre longtemps. Et puis là, ça va extrêmement vite ensuite, puisque le traitement démarre quelques jours après. Et 15 jours après la première injection de chimiothérapie, jour pour jour, je perds mes cheveux. À ce moment-là, du coup, je me prends une énorme claque, évidemment, mais je me mets tout de suite en mode combat. Et j'ai comme tous mes soldats autour de moi, ma famille, mes amis. et pour moi il n'y a aucune autre issue que d'y arriver, de m'en sortir en gros ça ne démarre quand même pas très très bien, le diagnostic n'est quand même pas bon donc je pense que le mental a beaucoup joué aussi et donc là c'est le début de mon protocole, la tumeur elle est tellement grosse 5 cm qu'ils doivent d'abord faire la chimiothérapie, c'est ce qu'on appelle une chimiothérapie néoadjuvante, l'enjeu c'est de la faire diminuer au préalable parce qu'en fait ils ne peuvent pas l'enlever si elle fait 5 cm Donc du coup, j'ai eu six mois de chimiothérapie et grâce à la chimio, on est passé de 5 cm à 0,8 cm. C'est absolument incroyable. Alors bon, par contre, ça... Ça nécessite énormément de puiser dans des ressources insoupçonnées. C'est très très dur les chimiothérapies. Au total, en fait, j'en ai pas eu que 12, ce qui était prévu au départ. On m'en a rajouté 13 après. Donc j'ai eu 25 chimiothérapies, une mastectomie totale de mon sein gauche. Et du coup, j'ai eu ma quatrième opération de reconstruction au mois de novembre. Donc pour essayer de reconstruire mon sein et 25 séances de rayon. Donc c'est un protocole long, difficile. Et tu vois, là, ça fait du coup deux ans et demi, Marie, qu'on m'a diagnostiquée. Et je suis encore cette année en train de reconstruire mon sein.

  • Speaker #0

    Évidemment, c'est ce que tu nous racontes. Ton monde bascule à ce moment-là. Tu commences un processus de vie très différent de ce que tu as vécu jusqu'à maintenant. Il y a évidemment le choc de l'annonce, puis les premiers soins auxquels tu ne sais pas forcément à quoi t'attendre. Comme tu dis, ce sont des soins longs, difficiles. Et puis vient à ce moment-là l'annonce à tes proches. Alors évidemment, tu es proche dans ton entourage personnel. Il faut évidemment les prendre en compte dans toute cette information qui t'arrive aussi à toi personnellement. Et puis, le choix d'en parler ou non à son entourage professionnel. Comment ça s'est passé pour toi, toute cette phase de partage aussi de ce qui t'est arrivé à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Je te propose de commencer peut-être par le personnel et puis ensuite par le professionnel. Alors bon, ça commence déjà par une première chose qui est que je suis dans une pièce avec des médecins, que j'ai pris la claque de ma vie et que mon conjoint est derrière la porte. Et que cette porte, il va falloir évidemment l'ouvrir et il va falloir dire les choses. Donc je te le disais un peu tout à l'heure, ce fameux bruit sourd, la violence de l'annonce. Et tout de suite, en fait, le rôle de l'aidant se met en marche. Tu n'imagines même pas le nombre de choses qu'on te dit les deux heures après cette annonce. Et la pile d'ordonnances et de rendez-vous médicaux avec lesquels... Tu ressors de cet institut. C'est hallucinant. Donc le rôle de mon conjoint, Maxime, démarre tout de suite. Et il devient tout de suite finalement un proche aidant. Je suis incapable de rien à ce moment-là, évidemment. Je pleure, c'est très dur. Lui prend des notes. Je vois qu'il essaie vraiment d'accueillir cette nouvelle-là. Lui reste très pragmatique, prend des notes et voit que... Il va tout de suite devoir être très organisé. Et en fait, tout de suite, on est en mode organisation de notre vie. Plus largement, concernant du coup ma famille, mon conjoint était en plein pendant le Covid. On avait été reconfinés. Donc on avait laissé mon fils en Bretagne, à Saint-Malo, chez ses grands-parents. Nous, on était à Bordeaux tous les deux pour aller faire cet examen d'urgence. Donc on avait bravé les frontières. On a dû passer les péages, limite, avec cet examen médical. On a fait affaire à Bordeaux, à des kilomètres. Et donc là, on est remonté du coup en Bretagne et c'est là qu'on a commencé à faire finalement l'annonce. Au fur et à mesure, on a commencé. Alors, on a pris notre temps. C'est-à-dire qu'on a d'abord prévenu nos amis les plus proches. Genre cinq personnes chacun, donc vraiment nos meilleurs amis, parrains, marraines de notre enfant, vraiment, et nos parents, nos frères et sœurs. Donc ça démarre par là, évidemment, et puis là, en fait, tu mets, déjà, tu accueilles cette nouvelle très difficile, tu mets en œuvre du plan d'action basique d'organisation de vie, qui est que quand tu as des enfants, il va falloir quand même s'organiser, trouver des solutions à tout ça. On digère. Il y a plusieurs jours, ce choc, et puis petit à petit, il faut l'annoncer plus largement, donc un peu au cercle 2 finalement, tes amis aussi, mais qui ne sont pas tes très très proches. Donc tout ton écosystème personnel, et puis vient évidemment l'écosystème professionnel. J'ai appelé Alice, qui est mon associée depuis 4 ans au collectif Cosme, on va dire un petit peu ma binôme de travail, et je l'ai contactée pour lui demander de prendre la main. Je lui ai annoncé mon cancer du sein, je lui ai dit que je devrais sûrement m'arrêter à des moments et que j'aurais besoin d'elle. Et tout de suite, bien sûr, elle m'a dit qu'elle prendrait la main et que je pouvais le prendre le temps que je voulais et que dans tous les cas, elle prenait la suite. Donc elle a été d'une aide extraordinaire. Et il y a finalement quand même directement cette gestion de crise qui se met en place. On décide de digérer l'information, de se mettre en ordre de marche aussi nous deux d'abord, puis ensuite de prévenir le reste de l'équipe. On a attendu d'être en présentiel du coup à Bordeaux. On a attendu mon retour dix jours après. Et lors d'un co-working, d'une journée où en effet on se réunit tous ensemble pour travailler, c'est sur la pause du midi que j'ai choisi du coup d'en parler. à toute l'équipe. Donc ça a été aussi très difficile, mais avec Alice, on avait bien préparé ce moment-là. Donc c'est ce qu'on appelle vraiment de la communication de crise. De là, toute l'équipe a été vraiment extraordinaire. Ils ont été beaucoup en soutien et ils l'ont été pendant toute la durée de ma maladie. Et encore aujourd'hui, dans l'après, j'ai vraiment été très, très, très bien entourée. Alors très vite, il y a un gros parti pris, de la transparence. et du choix d'en parler publiquement ou pas. Alors, ça dépend, je crois, de son caractère. Ça dépend aussi de qui on est, finalement. Moi, je suis entrepreneuse, donc j'ai de la visibilité. J'ai de la visibilité dans mon écosystème professionnel, au niveau local à Bordeaux, mais aussi au niveau national. Je parle dans les médias. Donc, en fait, c'était un parti pris de me dire, soit j'en parle, soit je me mets chez moi à huis clos pendant six mois. J'attends de perdre mes cheveux et j'attends que ça repousse un peu. Et finalement, j'ai... tellement bien fait d'en parler, puisque tu vois, on m'a rajouté 13 chimiothérapies, donc 7 mois de traitement. En fait, finalement, c'est tellement long. En fait, ça ne s'arrête pas. En fait, toute ta vie, après, ça te fuit. Donc, les gens qui cachent ça, je leur tire mon chapeau et je ne sais pas si je suis admirative ou pas vraiment, mais je n'aurais finalement pas du tout pu le faire, puisque ce n'était pas du tout dans ma personnalité que de le garder pour moi. En fait, ce qui s'est passé, c'est que j'ai décidé d'en faire un post sur Instagram, sur les réseaux sociaux. Et j'ai commencé à dérouler un fil, le fil de l'entrepreneuriat, Et donc j'ai décidé de le raconter sous cet angle-là. Pour évangéliser, raconter mon histoire, justement éviter les non-dits, les tabous qu'il y aurait autour de cette maladie. Pourquoi est-ce que finalement je me cacherais ? Pourquoi est-ce que je ne dirais pas la vérité ? Pourquoi est-ce que les gens ne parlent pas quand ils ne vont pas bien, quand ils sont vulnérables, quand ils sont plus faibles ? Et c'est ça que j'ai voulu déconstruire comme croyance. L'annonce à son entourage, c'est fatigant. Et le fait d'être passée par Instagram, d'en parler librement, sans filtre, ça a été hyper salvateur pour moi. Et aussi le fait de donner le même niveau d'information à tout le monde. Puisque finalement, sur Instagram, il y avait ma famille, mes amis, mais aussi mes clients qui me suivaient, mes partenaires, les gens de mon écosystème. C'était fou. Mes clients, du coup, me contactaient. Pauline, j'ai vu que tu étais en chimie aujourd'hui. Le devis, la prestat, ça peut attendre, ne t'inquiète pas, quelques jours. incroyable comme les gens peuvent se mobiliser. Et donc il y a cet aspect solidarité qui est hyper important, avec Alice qui me dit, coûte que coûte, je serai là, tu peux compter sur moi jusqu'au bout, jusqu'à ce que tu aies besoin de moi. À sa place, tu vois, je dis souvent que je ne sais pas si j'aurais fait pareil. Alors je suis très empathique, donc je pense que si, évidemment, au fond de moi, mais quand même, parfois tu te poses la question. Et elle a été là ces trois dernières années, et elle est toujours là d'ailleurs, et ils sont tous toujours là, et on est même devenus tous associés à 15. Donc là, c'est la belle histoire, ça. C'est la très très belle histoire. Alors mes collaborateurs, ils ont été extraordinaires, ils se sont beaucoup inquiétés, mais tu vois, j'ai jamais eu un regard de leur part, j'ai jamais senti dans mon... et de la part de mes collaborateurs, et de la part de mon entourage, un regard de... de tristesse, de peine, un peu de pitié finalement. On ne m'a jamais regardée comme une malade. Et du coup, dans une entreprise, le rôle des collaborateurs, je crois, et du manager, c'est précieux en fait, c'est primordial. Si les gens qui nous écoutent sont en entreprise, ce qui est le cas, ne regardez jamais une personne différente par ta maladie, par son handicap, par autre chose, de manière différente. Il faut faire comprendre en fait à cette personne qu'elle aura toujours sa place. Il ne faut pas la mettre en situation, tu vois, de... de difficultés à ce moment-là. On a juste besoin d'amour, de soutien et de bonnes vibes. Je dirais que grâce à mon compte Instagram, j'ai aussi noué des amitiés avec des femmes car elles sont passées par là aussi. Elles ont été malades aussi. Ces femmes, c'est des femmes qui étaient aussi atteintes d'un cancer du sein comme moi. Et on dit souvent de moi que je suis une femme de communauté, on me l'a souvent répété ces dix dernières années, et c'est-à-dire que j'ai découvert encore une nouvelle communauté, une communauté de femmes malades, de mon âge, moins de 40 ans, atteintes du même cancer ou presque que moi, parce qu'il y a plusieurs typologies de cancer du sein, et vraiment... Et ça m'a donné des ailes, en fait, de faire partie de cette communauté de femmes-là. Et du coup, j'ai gardé ce fameux journal de bord que j'ai écrit et qui, après trois ans, je dirais, a été thérapeutique. Ça m'a sauvée, vraiment.

  • Speaker #0

    On peut dire finalement que toi, tu n'es pas non plus la même qu'avant et que du coup, partager aussi qui tu es maintenant, c'est essentiel pour toi pour rester proche aussi peut-être des gens qui t'entourent et leur permettre d'évoluer avec toi dans cette femme que tu étais avant et puis cette femme peut-être que tu es aujourd'hui. Parce qu'on va le voir après, mais on sait qu'une fois que le cancer traité, ce n'est pas pour autant qu'il est terminé, évidemment médicalement parlant, mais aussi dans ton histoire, toi, de femme. Donc ensuite, tu es entrée dans cette phase de rémission qui ouvre une nouvelle étape dans ton processus de guérison et qui peut être aussi difficile. Pourquoi ? Parce qu'il faut évidemment du temps pour toi, pour la personne malade, comme pour ses proches, pour retrouver une vie normale, un quotidien qui aura été pas mal chamboulé pendant plusieurs mois. Comment tu as géré la reprise de cette vie et qu'est-ce qui a pu changer justement dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Du coup, j'ai eu mes dernières chimios en juillet 2021, si je ne te dis pas de bêtises. Et puis, en effet, après des opérations successives. Donc, en fait, tu es tout le temps quand même un petit peu rattachée à ça. Tu sais, souvent, on dit que quand on fait un enfant, il faut neuf mois pour le faire et neuf mois pour s'en défaire. On est maman toutes les deux, donc du coup, on comprend de quoi il s'agit. C'est pareil un peu pour la maladie. 2,5 ans pour le faire, on va dire, c'est-à-dire de diagnostic en passant par le traitement, en passant par les reconstructions, et physiques et psychologiques, et 2,5, 3 ans pour s'en défaire minimum. Parce qu'en fait, quand tu as vécu ça, finalement, ça te suit quand même toute ta vie. Tu y penses le matin, le midi, le soir. En fait, j'y pense tout le temps. Mais de moi en moi, là, tu vois, je vois que j'en parle de moins en moins. C'est aussi un souhait pour moi de moins en moins en parler sur le réseau social, où j'ai été quand même très active, j'en ai beaucoup parlé. J'ai fait quasiment ce qu'on appelle un building public de ma maladie. Mais je sais que j'ai joué un rôle crucial pour énormément de femmes que j'ai aidées. Et ça, c'est très précieux pour moi de me dire que j'ai sensibilisé à mon échelle avec les vidéos que je faisais, les photos que je faisais. photos que je prenais. Et donc... T'as toujours cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. T'as peur de la récidive. Là, j'ai des examens tous les six mois pour les cinq prochaines années, donc des IRM. J'ai eu le dernier il n'y a pas très longtemps. Et d'ailleurs, c'est à l'issue de ce dernier IRM que je me suis dit que j'avais pas envie de surmonter ça. Tous les six mois, de me demander si j'allais avoir un... Un problème dans mon autre sein. Et d'ailleurs, du coup, j'ai décidé de faire une mastectomie prophylactique qui aura lieu dans les quatre mois à venir, là, en avril 2024. Et j'ai décidé d'enlever mon autre sein. C'est-à-dire que le combat, la maladie, les chimiothérapies, les interventions à répétition ont été tellement difficiles, tellement éprouvantes, que je préfère. faire une ablation de mon sein qui n'est pas malade pour éviter de resurmonter ça une deuxième fois, pour être certaine que ça ne reviendra pas. Donc voilà ce que je peux partager un petit peu avec toi, Marie. Et aussi, il y a peut-être ce sujet qui est l'insouciance. J'aurais bien aimé, en fait, finalement, que ça arrive un peu plus tard. Je pense que du coup, j'avais ce gêne en moi, ce gêne du cancer du sein. Il aurait dû se réveiller un jour. Alors, il s'est réveillé tôt, peut-être par une succession de... d'un trop plein de choses à un moment donné de ma vie. C'est ce que je crois au fond de moi. Donc je l'aurais peut-être eu à 40, 50, 60 ans, 70 ans, ce cancer. Il était là, il se serait réveillé un jour. Il s'est réveillé à 32 ans et j'aurais aimé qu'il se réveille juste un tout petit peu plus tard. Et après, évidemment, il y a la vulnérabilité. L'après, il est très fatigant. Et tu sais, c'est un sujet qui n'est pas du tout abordé, l'après-cancer. Mon année 2023, elle a été tumultueuse, très fatigante. J'ai dû me reconstruire. Je n'étais plus trop moi-même, en fait. J'ai dû me reconstruire. Essayer de sortir justement de ce cancer, avec mon conjoint parfois d'ailleurs, on me disait à des gens, écoutez ce soir on n'a pas envie de parler de ça, on aimerait bien ne pas parler du cancer de Pauline. Et on a vécu au travers de ça pendant trois années, il faut sortir de ça et ne pas hésiter aussi à dire aux gens, ben voilà maintenant j'aimerais bien ne plus parler de ça et j'aimerais bien me refocuser sur moi, Pauline. La femme qui n'est pas malade, la femme pleine de vie, hyper positive, hyper enjouée, la femme maman, la femme entrepreneuse qui cartonne, je veux qu'on me refocus et qu'on remette un petit peu finalement l'énergie là-dessus. Je dirais que c'est un changement total dans ma perception, dans ma manière de gérer ma vie, mes émotions, évidemment beaucoup d'émotions. Donc l'après-cancer c'est tout aussi difficile. que le cancer, la gestion du cancer en tant que telle. Et on a besoin de se faire accompagner, donc il faut beaucoup en parler autour de soi, à des psychologues, faire de l'hypnose, en tout cas c'est ce que moi je fais, parce qu'il y a beaucoup de dépressions post-cancer. C'est hyper tabou et très difficile, donc il faut faire attention aux gens, si vous en connaissez autour de vous, qui sont malades, prenez bien soin d'eux dans l'après. Et du coup, je peux peut-être terminer en te disant que à l'issue de mon cancer, en octobre 2022, j'ai lancé un podcast qui s'appelle Puissance Care. C'est le podcast qui prend soin de la santé physique et mentale des entrepreneurs. Parce qu'en fait, je me suis rendu compte que t'as le commun des mortels qui tombent malades. Mais les entrepreneurs, les freelances comme moi qui sont à leur compte, eh bien on les a un petit peu oubliés. Finalement, quand t'es salarié et que tu tombes malade, tu fermes ton ordinateur, tu rentres chez toi, t'es pris en charge et tu peux te reposer vraiment. Quand t'es entrepreneur, quand t'es freelance, c'est pas du tout le cas. T'es pas protégé. Souvent, en fait, t'as oublié de prendre une prévoyance. et ça peut être très très chaud et donc du coup j'ai vraiment décidé de tresser de ce sujet là dans le podcast donc n'hésitez pas à l'écouter si vous le souhaitez

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Pauline pour ce témoignage très inspirant évidemment avec beaucoup d'émotion est-ce que avant de conclure cet épisode tu souhaites partager un dernier message avec notre auditoire ?

  • Speaker #1

    Oui peut-être que vous dire que si vous êtes entouré en effet de personnes qui vivent ou qui ont vécu la même chose que moi Évidemment qu'il faut prendre soin d'eux. Et je crois que le maître mot de toute cette histoire, c'est la solidarité. C'est le fait que quand on a une tragédie de vie, il faut pouvoir être entouré. Et ce n'est pas possible de laisser quelqu'un seul vivre ça. En fait, c'est trop dur. Donc l'entourer personnellement, professionnellement, d'une manière ou d'une autre. Et sur la durée, c'est-à-dire pas avant. pendant ou après uniquement, mais pendant toutes ces phases-là. C'est vraiment puissant de recevoir de l'amour et d'être entouré dans ces moments de vie-là. Et finalement, j'aimerais bien terminer sur une note positive et je vais finir sur une note positive, mais je crois que tous les humains vont vivre des moments difficiles dans leur vie de ce type maladie, grave ou moins grave, et qu'on mérite tous d'être entourés. Donc voilà, je dirais le mot de la fin, solidarité, prenez soin des gens qui sont vulnérables.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Pauline et à très bientôt sur le podcast

  • Speaker #1

    Altérité. Merci beaucoup pour ton accueil Marie.

  • Speaker #0

    Merci de nous avoir écouté. Ce podcast a été réalisé en collaboration avec le Curiosity Club, l'organisation qui agit pour l'égalité entre les femmes et les hommes en permettant à chacun, particuliers comme entreprise, de s'engager et de passer à l'action pour un monde plus harmonieux.

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