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Les Malheurs de Sophie - Chapitre 1&2 cover
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AnthroPolis

Les Malheurs de Sophie - Chapitre 1&2

Les Malheurs de Sophie - Chapitre 1&2

11min |04/12/2024|

73

Play
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Description

Les Malheurs de Sophie est un roman classique pour enfants écrit par la comtesse de Ségur et publié en 1858. Ce récit met en scène Sophie, une fillette vive, espiègle et un peu maladroite, qui multiplie les bêtises et les maladresses, souvent avec de bonnes intentions. À travers ses mésaventures, le livre aborde des thèmes comme l'obéissance, les conséquences des actions et l'apprentissage de la vie. Rempli d'humour et de tendresse, ce roman est un miroir des mœurs de l'époque tout en offrant une morale douce destinée à enseigner aux jeunes lecteurs.

Le Podcast "Les malheurs de Sophie est constitué d'un teaser qui présente le livre et des 20 chapitres du livre.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Où les enfants ? Découvrons ensemble le récit des malheurs de Sophie. Chapitre 1. La poupée de cire. Ma bonne, ma bonne ! dit un jour Sophie en accourant dans sa chambre. Venez vite ouvrir une caisse que papa m'a envoyée de Paris. Je crois que c'est une poupée de cire car il m'en a promis une. La bonne. Où est la caisse ? Sophie. Dans l'antichambre. L'antichambre, c'est la pièce qui est juste à côté. Venez vite, ma bonne, je vous en supplie. La bonne posa son ouvrage et suivit Sophie à l'antichambre. Une caisse de bois blanc était placée sur une chaise. La bonne l'ouvrit. Sophie aperçut la tête blonde et frisée d'une jolie poupée de cire. Elle poussa un cri de joie et voulut saisir la poupée qui était encore couverte d'un papier d'emballage. La bonne, prenez garde ! Ne tirez pas encore, vous allez tout casser. La poupée tient par des cordons. Sophie. Cassez-les, arrachez-les, vite ma bonne, que j'ai ma poupée. La bonne, au lieu de tirer et d'arracher, prit ses ciseaux, coupa les cordons, enleva les papiers et Sophie put prendre la plus jolie poupée qu'elle eut jamais vue. Les jouets étaient roses, avec des petites faussettes, les yeux bleus et brillants. Le cou, la poitrine, les bras en cire, charmant et potelé. La toilette était très simple, une robe de coton festonnée, une ceinture bleue, des bas de coton et des brodequins noirs en peau vernis. Brodequin, ça signifie petite chaussure. Sophie l'embrassa plus de vingt fois et la tenant par ses bras, elle se mit à sauter et à danser. Son cousin Paul, qui avait cinq ans, et qui était en visite pour quelques jours chez Sophie, accourut au cri de joie qu'elle poussait. Paul, regarde quelle jolie poupée m'a envoyé papa ! s'écria Sophie. Paul, donne-la-moi, que je la vois mieux. Sophie. Non, tu la casserais. Paul, je t'assure que j'y prendrai bien garde, je te la rendrai tout de suite. Sophie donna la poupée à son cousin en lui recommandant encore de prendre bien garde de la faire tomber. Paul la retourna, la regarda de tous les côtés, puis la rendit à Sophie en secouant la tête. Sophie, pourquoi secoues-tu la tête ? Paul, parce que cette poupée n'est pas solide. Je crains que tu ne la casses. Sophie, oh, sois tranquille, je vais la soigner tant, tant que je ne la casserai jamais. Je vais demander à maman d'inviter Camille et Madeleine à déjeuner avec nous pour leur faire voir ma jolie poupée. Paul. Elles vont te la casser. Sophie. Non, elles sont trop bonnes pour me faire de la peine en cassant ma pauvre poupée. Le lendemain, Sophie peigna et habilla sa poupée parce que ses amis devaient venir. En l'habillant, elle la trouva bien pâle. Peut-être, se dit-elle, a-t-elle froid. D'ailleurs, ses pieds sont glacés. Je vais la mettre un peu au soleil pour que mes amis voient que j'en ai bien soin et que je la tiens bien chaudement. Sophie alla porter sa poupée au soleil sur la fenêtre du salon. Que fais-tu à la fenêtre, Sophie ? lui demanda sa maman. Sophie, je veux réchauffer ma poupée, maman. Elle a très froid. La maman. Prends garde, Sophie. Tu vas la faire fondre. Oh non, maman ! Il n'y a pas de danger. Elle est dure comme du bois. La maman. Mais la chaleur la rendra molle. Il lui arrivera quelques malheurs, je t'en préviens. Sophie ne voulut pas croire sa maman. Elle mit la poupée étendue tout de son long au soleil, qui était brûlant. Au même instant, elle entendit le bruit d'une voiture. C'était ses amis qui arrivaient. Elle courut au-devant d'elle. Paul les avait attendues sur le perron. Elles entrèrent au salon en courant et parlant toutes à la fois. Malgré leur impatience de voir la poupée, elles commencèrent par dire bonjour à Madame de Réan, la maman de Sophie. Elles allèrent ensuite à Sophie qui tenait sa poupée et la regardaient d'un air consterné. Madeleine, regardant la poupée, Mais la poupée est aveugle, elle n'a pas Dieu ! Camille, Quel dommage ! Comme elle est jolie ! Madeleine, mais comment est-elle devenue aveugle ? Elle devait avoir des yeux. Sophie ne disait rien. Elle regardait sa poupée et pleurait. Madame de Réan, je t'avais dit, Sophie, qu'il arriverait malheur à ta poupée si tu t'obstinais à la mettre au soleil. Heureusement que la figure et les bras n'ont pas eu le temps de fondre. Voyons ne pleure pas. Je suis très habile médecin, je pourrais peut-être lui rendre ses yeux. Sophie en pleurant. C'est impossible, maman, ils n'y sont plus. Madame de Réan prit la poupée en souriant et la secoua un peu. On entendit comme quelque chose qui roulait dans sa tête. Ce sont les yeux qui font le bruit que tu entends, dit Madame de Réan. La cire a fondu autour des yeux et ils sont tombés. Mais je tâcherai de les ravoir. Déshabillez la poupée, mes enfants, pendant que je préparerai mes instruments. Aussitôt, Paul et les trois petites filles se précipitèrent sur la poupée pour la déshabiller. Sophie ne pleurait plus. Elle attendait avec impatience ce qui allait arriver. La maman revint, prit ses ciseaux, détacha le corps cousu à la poitrine. Les yeux, qui étaient dans la tête, tombèrent sur ses genoux. Elle les prit avec des pinces, les replaça. où il devait être et, pour les empêcher de tomber encore, elle coula dans la tête et sur la place où étaient les yeux de la cire fondue qu'elle avait apportée dans une petite casserole. Elle attendit quelques minutes que la cire fût refroidie et puis elle recousit le corps à la tête. Les petites filles n'avaient pas bougé. Sophie regardait avec crainte toutes ces opérations. Elle avait peur que ce ne fût pas bien, mais quand elle vit sa poupée raccommodée et aussi jolie qu'auparavant, elle sauta au cou de sa maman et l'embrassa dix fois. Merci ma chère maman ! disait-elle. Merci ! Une autre fois, je vous écouterai bien sûr. On rhabilla bien vite la poupée, on l'assit sur un petit fauteuil et on l'emmena promener en triomphe en chantant Vive maman ! De baiser je la mange, vive maman, elle est notre bonne ange. La poupée vécut très longtemps, bien soignée, bien aimée. Mais petit à petit, elle perdit ses charmes, voici comment. Un jour, Sophie pensa qu'il était bon de laver les poupées puisqu'on lavait les enfants. Elle prit de l'eau, une éponge, du savon et se mit à débarbouiller sa poupée. Elle la débarbouilla si bien qu'elle lui enleva toutes ses couleurs. Les joues et les lèvres devinrent pâles comme si elle était malade et restèrent toujours sans couleur. Sophie pleura, mais la poupée resta pâle. Un autre jour, Sophie pensa qu'il fallait lui friser les cheveux. Elle lui mit donc des papillotes. Elle les passa au fer chaud pour que les cheveux fussent mieux frisés. Quand elle lui ôta ses papillotes, les cheveux restèrent dedans. Le fer était trop chaud. Sophie avait brûlé les cheveux de sa poupée qui était chauve. Sophie pleura, mais la poupée resta chauve. Un autre jour encore, Sophie qui s'occupait beaucoup de l'éducation de sa poupée voulut lui apprendre à faire des tours de force. Elle la suspendit par les bras à une ficelle. La poupée, qui ne tenait pas bien, tomba et se cassa un bras. La maman essaya de la raccommoder. Mais comme il manquait des morceaux, il fallut chauffer beaucoup la cire et le bras resta plus court que l'autre. Sophie pleura, mais le bras resta plus court. Une autre fois, Sophie songea qu'un bain de pied serait très utile à sa poupée puisque les grandes personnes en prenaient. Elle versa de l'eau bouillante dans un petit seau, y plongea les pieds de la poupée et quand elle la retira, les pieds s'étaient fondus et étaient restés dans le seau. Sophie pleura, mais la poupée resta sans jambes. Depuis tous ces malheurs, Sophie n'aimait plus sa poupée qui était devenue affreuse et dont ses amis se moquaient. Enfin, un dernier jour, Sophie voulut lui apprendre à grimper aux arbres. Elle la fit monter sur une branche, la fit asseoir. Mais la poupée, qui ne tenait pas bien, tomba. Sa tête frappa contre des pierres et se cassa en cent morceaux. Sophie ne pleura pas, mais elle invita ses amis à venir enterrer sa poupée. Chapitre 2. L'enterrement. Camille et Madeleine arrivèrent un matin pour l'enterrement de la poupée. Elles étaient enchantées. Sophie et Paul n'étaient pas moins heureux. Sophie, venez vite mes amis, nous vous attendons pour faire le cercueil de la poupée. Camille, mais dans quoi la mettrons-nous ? Sophie, j'ai une vieille boîte à joujoux, ma bonne la recouverte de tissu rose, c'est très joli, venez voir. Les petites coururent chez Madame de Réan, où la bonne finissait l'oreiller et le matelas qu'on devait mettre dans la boîte. Les enfants admirèrent ce charmant cercueil. Elles y mirent la poupée. Et pour qu'on ne voit pas la tête brisée, les pieds fondus et le bras cassé, elle la recouvrit avec un petit couvre-pied de taffeta rose. On plaça la boîte sur un brancard que la maman leur avait fait faire. Elle voulait tout le porter. C'était pourtant impossible puisqu'il n'y avait place que pour deux. Après qu'ils se furent un peu poussés, disputés, on décida que Sophie et Paul, les deux plus petits, porteraient le brancard et que... Camille et Madeleine marcheraient l'une derrière, l'autre devant, portant un panier de fleurs et de feuilles qu'on devait jeter sur la tombe. Quand la procession arriva au petit jardin de Sophie, on mit par terre le brancard avec la boîte qui contenait les restes de la malheureuse poupée. Les enfants se mirent à creuser la fosse, ils y descendirent la boîte, jetèrent dessus des fleurs et des feuilles, puis la terre qu'ils avaient retirée. Ils ratissèrent proprement tout autour et y plantèrent deux lilas. Pour terminer la fête, ils coururent au bassin du potager et y remplirent leurs petits arrosoirs pour arroser les lilas. Ce fut l'occasion de nouveaux jeux et de nouveaux rires parce qu'ils s'arrosaient les jambes, qu'ils se poursuivaient et se sauvaient en riant et en criant. On n'avait jamais vu un enterrement plus gai. Il est vrai que la morte était une vieille poupée sans couleur, sans cheveux, sans jambes et sans tête et que... personne ne l'aimait ni ne la regrettait. La journée se termina gaiement et lorsque Camille et Madeleine s'en allèrent, elles demandèrent à Paul et à Sophie de casser bien vite une autre poupée pour pouvoir recommencer un enterrement aussi amusant.

Description

Les Malheurs de Sophie est un roman classique pour enfants écrit par la comtesse de Ségur et publié en 1858. Ce récit met en scène Sophie, une fillette vive, espiègle et un peu maladroite, qui multiplie les bêtises et les maladresses, souvent avec de bonnes intentions. À travers ses mésaventures, le livre aborde des thèmes comme l'obéissance, les conséquences des actions et l'apprentissage de la vie. Rempli d'humour et de tendresse, ce roman est un miroir des mœurs de l'époque tout en offrant une morale douce destinée à enseigner aux jeunes lecteurs.

Le Podcast "Les malheurs de Sophie est constitué d'un teaser qui présente le livre et des 20 chapitres du livre.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Où les enfants ? Découvrons ensemble le récit des malheurs de Sophie. Chapitre 1. La poupée de cire. Ma bonne, ma bonne ! dit un jour Sophie en accourant dans sa chambre. Venez vite ouvrir une caisse que papa m'a envoyée de Paris. Je crois que c'est une poupée de cire car il m'en a promis une. La bonne. Où est la caisse ? Sophie. Dans l'antichambre. L'antichambre, c'est la pièce qui est juste à côté. Venez vite, ma bonne, je vous en supplie. La bonne posa son ouvrage et suivit Sophie à l'antichambre. Une caisse de bois blanc était placée sur une chaise. La bonne l'ouvrit. Sophie aperçut la tête blonde et frisée d'une jolie poupée de cire. Elle poussa un cri de joie et voulut saisir la poupée qui était encore couverte d'un papier d'emballage. La bonne, prenez garde ! Ne tirez pas encore, vous allez tout casser. La poupée tient par des cordons. Sophie. Cassez-les, arrachez-les, vite ma bonne, que j'ai ma poupée. La bonne, au lieu de tirer et d'arracher, prit ses ciseaux, coupa les cordons, enleva les papiers et Sophie put prendre la plus jolie poupée qu'elle eut jamais vue. Les jouets étaient roses, avec des petites faussettes, les yeux bleus et brillants. Le cou, la poitrine, les bras en cire, charmant et potelé. La toilette était très simple, une robe de coton festonnée, une ceinture bleue, des bas de coton et des brodequins noirs en peau vernis. Brodequin, ça signifie petite chaussure. Sophie l'embrassa plus de vingt fois et la tenant par ses bras, elle se mit à sauter et à danser. Son cousin Paul, qui avait cinq ans, et qui était en visite pour quelques jours chez Sophie, accourut au cri de joie qu'elle poussait. Paul, regarde quelle jolie poupée m'a envoyé papa ! s'écria Sophie. Paul, donne-la-moi, que je la vois mieux. Sophie. Non, tu la casserais. Paul, je t'assure que j'y prendrai bien garde, je te la rendrai tout de suite. Sophie donna la poupée à son cousin en lui recommandant encore de prendre bien garde de la faire tomber. Paul la retourna, la regarda de tous les côtés, puis la rendit à Sophie en secouant la tête. Sophie, pourquoi secoues-tu la tête ? Paul, parce que cette poupée n'est pas solide. Je crains que tu ne la casses. Sophie, oh, sois tranquille, je vais la soigner tant, tant que je ne la casserai jamais. Je vais demander à maman d'inviter Camille et Madeleine à déjeuner avec nous pour leur faire voir ma jolie poupée. Paul. Elles vont te la casser. Sophie. Non, elles sont trop bonnes pour me faire de la peine en cassant ma pauvre poupée. Le lendemain, Sophie peigna et habilla sa poupée parce que ses amis devaient venir. En l'habillant, elle la trouva bien pâle. Peut-être, se dit-elle, a-t-elle froid. D'ailleurs, ses pieds sont glacés. Je vais la mettre un peu au soleil pour que mes amis voient que j'en ai bien soin et que je la tiens bien chaudement. Sophie alla porter sa poupée au soleil sur la fenêtre du salon. Que fais-tu à la fenêtre, Sophie ? lui demanda sa maman. Sophie, je veux réchauffer ma poupée, maman. Elle a très froid. La maman. Prends garde, Sophie. Tu vas la faire fondre. Oh non, maman ! Il n'y a pas de danger. Elle est dure comme du bois. La maman. Mais la chaleur la rendra molle. Il lui arrivera quelques malheurs, je t'en préviens. Sophie ne voulut pas croire sa maman. Elle mit la poupée étendue tout de son long au soleil, qui était brûlant. Au même instant, elle entendit le bruit d'une voiture. C'était ses amis qui arrivaient. Elle courut au-devant d'elle. Paul les avait attendues sur le perron. Elles entrèrent au salon en courant et parlant toutes à la fois. Malgré leur impatience de voir la poupée, elles commencèrent par dire bonjour à Madame de Réan, la maman de Sophie. Elles allèrent ensuite à Sophie qui tenait sa poupée et la regardaient d'un air consterné. Madeleine, regardant la poupée, Mais la poupée est aveugle, elle n'a pas Dieu ! Camille, Quel dommage ! Comme elle est jolie ! Madeleine, mais comment est-elle devenue aveugle ? Elle devait avoir des yeux. Sophie ne disait rien. Elle regardait sa poupée et pleurait. Madame de Réan, je t'avais dit, Sophie, qu'il arriverait malheur à ta poupée si tu t'obstinais à la mettre au soleil. Heureusement que la figure et les bras n'ont pas eu le temps de fondre. Voyons ne pleure pas. Je suis très habile médecin, je pourrais peut-être lui rendre ses yeux. Sophie en pleurant. C'est impossible, maman, ils n'y sont plus. Madame de Réan prit la poupée en souriant et la secoua un peu. On entendit comme quelque chose qui roulait dans sa tête. Ce sont les yeux qui font le bruit que tu entends, dit Madame de Réan. La cire a fondu autour des yeux et ils sont tombés. Mais je tâcherai de les ravoir. Déshabillez la poupée, mes enfants, pendant que je préparerai mes instruments. Aussitôt, Paul et les trois petites filles se précipitèrent sur la poupée pour la déshabiller. Sophie ne pleurait plus. Elle attendait avec impatience ce qui allait arriver. La maman revint, prit ses ciseaux, détacha le corps cousu à la poitrine. Les yeux, qui étaient dans la tête, tombèrent sur ses genoux. Elle les prit avec des pinces, les replaça. où il devait être et, pour les empêcher de tomber encore, elle coula dans la tête et sur la place où étaient les yeux de la cire fondue qu'elle avait apportée dans une petite casserole. Elle attendit quelques minutes que la cire fût refroidie et puis elle recousit le corps à la tête. Les petites filles n'avaient pas bougé. Sophie regardait avec crainte toutes ces opérations. Elle avait peur que ce ne fût pas bien, mais quand elle vit sa poupée raccommodée et aussi jolie qu'auparavant, elle sauta au cou de sa maman et l'embrassa dix fois. Merci ma chère maman ! disait-elle. Merci ! Une autre fois, je vous écouterai bien sûr. On rhabilla bien vite la poupée, on l'assit sur un petit fauteuil et on l'emmena promener en triomphe en chantant Vive maman ! De baiser je la mange, vive maman, elle est notre bonne ange. La poupée vécut très longtemps, bien soignée, bien aimée. Mais petit à petit, elle perdit ses charmes, voici comment. Un jour, Sophie pensa qu'il était bon de laver les poupées puisqu'on lavait les enfants. Elle prit de l'eau, une éponge, du savon et se mit à débarbouiller sa poupée. Elle la débarbouilla si bien qu'elle lui enleva toutes ses couleurs. Les joues et les lèvres devinrent pâles comme si elle était malade et restèrent toujours sans couleur. Sophie pleura, mais la poupée resta pâle. Un autre jour, Sophie pensa qu'il fallait lui friser les cheveux. Elle lui mit donc des papillotes. Elle les passa au fer chaud pour que les cheveux fussent mieux frisés. Quand elle lui ôta ses papillotes, les cheveux restèrent dedans. Le fer était trop chaud. Sophie avait brûlé les cheveux de sa poupée qui était chauve. Sophie pleura, mais la poupée resta chauve. Un autre jour encore, Sophie qui s'occupait beaucoup de l'éducation de sa poupée voulut lui apprendre à faire des tours de force. Elle la suspendit par les bras à une ficelle. La poupée, qui ne tenait pas bien, tomba et se cassa un bras. La maman essaya de la raccommoder. Mais comme il manquait des morceaux, il fallut chauffer beaucoup la cire et le bras resta plus court que l'autre. Sophie pleura, mais le bras resta plus court. Une autre fois, Sophie songea qu'un bain de pied serait très utile à sa poupée puisque les grandes personnes en prenaient. Elle versa de l'eau bouillante dans un petit seau, y plongea les pieds de la poupée et quand elle la retira, les pieds s'étaient fondus et étaient restés dans le seau. Sophie pleura, mais la poupée resta sans jambes. Depuis tous ces malheurs, Sophie n'aimait plus sa poupée qui était devenue affreuse et dont ses amis se moquaient. Enfin, un dernier jour, Sophie voulut lui apprendre à grimper aux arbres. Elle la fit monter sur une branche, la fit asseoir. Mais la poupée, qui ne tenait pas bien, tomba. Sa tête frappa contre des pierres et se cassa en cent morceaux. Sophie ne pleura pas, mais elle invita ses amis à venir enterrer sa poupée. Chapitre 2. L'enterrement. Camille et Madeleine arrivèrent un matin pour l'enterrement de la poupée. Elles étaient enchantées. Sophie et Paul n'étaient pas moins heureux. Sophie, venez vite mes amis, nous vous attendons pour faire le cercueil de la poupée. Camille, mais dans quoi la mettrons-nous ? Sophie, j'ai une vieille boîte à joujoux, ma bonne la recouverte de tissu rose, c'est très joli, venez voir. Les petites coururent chez Madame de Réan, où la bonne finissait l'oreiller et le matelas qu'on devait mettre dans la boîte. Les enfants admirèrent ce charmant cercueil. Elles y mirent la poupée. Et pour qu'on ne voit pas la tête brisée, les pieds fondus et le bras cassé, elle la recouvrit avec un petit couvre-pied de taffeta rose. On plaça la boîte sur un brancard que la maman leur avait fait faire. Elle voulait tout le porter. C'était pourtant impossible puisqu'il n'y avait place que pour deux. Après qu'ils se furent un peu poussés, disputés, on décida que Sophie et Paul, les deux plus petits, porteraient le brancard et que... Camille et Madeleine marcheraient l'une derrière, l'autre devant, portant un panier de fleurs et de feuilles qu'on devait jeter sur la tombe. Quand la procession arriva au petit jardin de Sophie, on mit par terre le brancard avec la boîte qui contenait les restes de la malheureuse poupée. Les enfants se mirent à creuser la fosse, ils y descendirent la boîte, jetèrent dessus des fleurs et des feuilles, puis la terre qu'ils avaient retirée. Ils ratissèrent proprement tout autour et y plantèrent deux lilas. Pour terminer la fête, ils coururent au bassin du potager et y remplirent leurs petits arrosoirs pour arroser les lilas. Ce fut l'occasion de nouveaux jeux et de nouveaux rires parce qu'ils s'arrosaient les jambes, qu'ils se poursuivaient et se sauvaient en riant et en criant. On n'avait jamais vu un enterrement plus gai. Il est vrai que la morte était une vieille poupée sans couleur, sans cheveux, sans jambes et sans tête et que... personne ne l'aimait ni ne la regrettait. La journée se termina gaiement et lorsque Camille et Madeleine s'en allèrent, elles demandèrent à Paul et à Sophie de casser bien vite une autre poupée pour pouvoir recommencer un enterrement aussi amusant.

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Les Malheurs de Sophie est un roman classique pour enfants écrit par la comtesse de Ségur et publié en 1858. Ce récit met en scène Sophie, une fillette vive, espiègle et un peu maladroite, qui multiplie les bêtises et les maladresses, souvent avec de bonnes intentions. À travers ses mésaventures, le livre aborde des thèmes comme l'obéissance, les conséquences des actions et l'apprentissage de la vie. Rempli d'humour et de tendresse, ce roman est un miroir des mœurs de l'époque tout en offrant une morale douce destinée à enseigner aux jeunes lecteurs.

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    Où les enfants ? Découvrons ensemble le récit des malheurs de Sophie. Chapitre 1. La poupée de cire. Ma bonne, ma bonne ! dit un jour Sophie en accourant dans sa chambre. Venez vite ouvrir une caisse que papa m'a envoyée de Paris. Je crois que c'est une poupée de cire car il m'en a promis une. La bonne. Où est la caisse ? Sophie. Dans l'antichambre. L'antichambre, c'est la pièce qui est juste à côté. Venez vite, ma bonne, je vous en supplie. La bonne posa son ouvrage et suivit Sophie à l'antichambre. Une caisse de bois blanc était placée sur une chaise. La bonne l'ouvrit. Sophie aperçut la tête blonde et frisée d'une jolie poupée de cire. Elle poussa un cri de joie et voulut saisir la poupée qui était encore couverte d'un papier d'emballage. La bonne, prenez garde ! Ne tirez pas encore, vous allez tout casser. La poupée tient par des cordons. Sophie. Cassez-les, arrachez-les, vite ma bonne, que j'ai ma poupée. La bonne, au lieu de tirer et d'arracher, prit ses ciseaux, coupa les cordons, enleva les papiers et Sophie put prendre la plus jolie poupée qu'elle eut jamais vue. Les jouets étaient roses, avec des petites faussettes, les yeux bleus et brillants. Le cou, la poitrine, les bras en cire, charmant et potelé. La toilette était très simple, une robe de coton festonnée, une ceinture bleue, des bas de coton et des brodequins noirs en peau vernis. Brodequin, ça signifie petite chaussure. Sophie l'embrassa plus de vingt fois et la tenant par ses bras, elle se mit à sauter et à danser. Son cousin Paul, qui avait cinq ans, et qui était en visite pour quelques jours chez Sophie, accourut au cri de joie qu'elle poussait. Paul, regarde quelle jolie poupée m'a envoyé papa ! s'écria Sophie. Paul, donne-la-moi, que je la vois mieux. Sophie. Non, tu la casserais. Paul, je t'assure que j'y prendrai bien garde, je te la rendrai tout de suite. Sophie donna la poupée à son cousin en lui recommandant encore de prendre bien garde de la faire tomber. Paul la retourna, la regarda de tous les côtés, puis la rendit à Sophie en secouant la tête. Sophie, pourquoi secoues-tu la tête ? Paul, parce que cette poupée n'est pas solide. Je crains que tu ne la casses. Sophie, oh, sois tranquille, je vais la soigner tant, tant que je ne la casserai jamais. Je vais demander à maman d'inviter Camille et Madeleine à déjeuner avec nous pour leur faire voir ma jolie poupée. Paul. Elles vont te la casser. Sophie. Non, elles sont trop bonnes pour me faire de la peine en cassant ma pauvre poupée. Le lendemain, Sophie peigna et habilla sa poupée parce que ses amis devaient venir. En l'habillant, elle la trouva bien pâle. Peut-être, se dit-elle, a-t-elle froid. D'ailleurs, ses pieds sont glacés. Je vais la mettre un peu au soleil pour que mes amis voient que j'en ai bien soin et que je la tiens bien chaudement. Sophie alla porter sa poupée au soleil sur la fenêtre du salon. Que fais-tu à la fenêtre, Sophie ? lui demanda sa maman. Sophie, je veux réchauffer ma poupée, maman. Elle a très froid. La maman. Prends garde, Sophie. Tu vas la faire fondre. Oh non, maman ! Il n'y a pas de danger. Elle est dure comme du bois. La maman. Mais la chaleur la rendra molle. Il lui arrivera quelques malheurs, je t'en préviens. Sophie ne voulut pas croire sa maman. Elle mit la poupée étendue tout de son long au soleil, qui était brûlant. Au même instant, elle entendit le bruit d'une voiture. C'était ses amis qui arrivaient. Elle courut au-devant d'elle. Paul les avait attendues sur le perron. Elles entrèrent au salon en courant et parlant toutes à la fois. Malgré leur impatience de voir la poupée, elles commencèrent par dire bonjour à Madame de Réan, la maman de Sophie. Elles allèrent ensuite à Sophie qui tenait sa poupée et la regardaient d'un air consterné. Madeleine, regardant la poupée, Mais la poupée est aveugle, elle n'a pas Dieu ! Camille, Quel dommage ! Comme elle est jolie ! Madeleine, mais comment est-elle devenue aveugle ? Elle devait avoir des yeux. Sophie ne disait rien. Elle regardait sa poupée et pleurait. Madame de Réan, je t'avais dit, Sophie, qu'il arriverait malheur à ta poupée si tu t'obstinais à la mettre au soleil. Heureusement que la figure et les bras n'ont pas eu le temps de fondre. Voyons ne pleure pas. Je suis très habile médecin, je pourrais peut-être lui rendre ses yeux. Sophie en pleurant. C'est impossible, maman, ils n'y sont plus. Madame de Réan prit la poupée en souriant et la secoua un peu. On entendit comme quelque chose qui roulait dans sa tête. Ce sont les yeux qui font le bruit que tu entends, dit Madame de Réan. La cire a fondu autour des yeux et ils sont tombés. Mais je tâcherai de les ravoir. Déshabillez la poupée, mes enfants, pendant que je préparerai mes instruments. Aussitôt, Paul et les trois petites filles se précipitèrent sur la poupée pour la déshabiller. Sophie ne pleurait plus. Elle attendait avec impatience ce qui allait arriver. La maman revint, prit ses ciseaux, détacha le corps cousu à la poitrine. Les yeux, qui étaient dans la tête, tombèrent sur ses genoux. Elle les prit avec des pinces, les replaça. où il devait être et, pour les empêcher de tomber encore, elle coula dans la tête et sur la place où étaient les yeux de la cire fondue qu'elle avait apportée dans une petite casserole. Elle attendit quelques minutes que la cire fût refroidie et puis elle recousit le corps à la tête. Les petites filles n'avaient pas bougé. Sophie regardait avec crainte toutes ces opérations. Elle avait peur que ce ne fût pas bien, mais quand elle vit sa poupée raccommodée et aussi jolie qu'auparavant, elle sauta au cou de sa maman et l'embrassa dix fois. Merci ma chère maman ! disait-elle. Merci ! Une autre fois, je vous écouterai bien sûr. On rhabilla bien vite la poupée, on l'assit sur un petit fauteuil et on l'emmena promener en triomphe en chantant Vive maman ! De baiser je la mange, vive maman, elle est notre bonne ange. La poupée vécut très longtemps, bien soignée, bien aimée. Mais petit à petit, elle perdit ses charmes, voici comment. Un jour, Sophie pensa qu'il était bon de laver les poupées puisqu'on lavait les enfants. Elle prit de l'eau, une éponge, du savon et se mit à débarbouiller sa poupée. Elle la débarbouilla si bien qu'elle lui enleva toutes ses couleurs. Les joues et les lèvres devinrent pâles comme si elle était malade et restèrent toujours sans couleur. Sophie pleura, mais la poupée resta pâle. Un autre jour, Sophie pensa qu'il fallait lui friser les cheveux. Elle lui mit donc des papillotes. Elle les passa au fer chaud pour que les cheveux fussent mieux frisés. Quand elle lui ôta ses papillotes, les cheveux restèrent dedans. Le fer était trop chaud. Sophie avait brûlé les cheveux de sa poupée qui était chauve. Sophie pleura, mais la poupée resta chauve. Un autre jour encore, Sophie qui s'occupait beaucoup de l'éducation de sa poupée voulut lui apprendre à faire des tours de force. Elle la suspendit par les bras à une ficelle. La poupée, qui ne tenait pas bien, tomba et se cassa un bras. La maman essaya de la raccommoder. Mais comme il manquait des morceaux, il fallut chauffer beaucoup la cire et le bras resta plus court que l'autre. Sophie pleura, mais le bras resta plus court. Une autre fois, Sophie songea qu'un bain de pied serait très utile à sa poupée puisque les grandes personnes en prenaient. Elle versa de l'eau bouillante dans un petit seau, y plongea les pieds de la poupée et quand elle la retira, les pieds s'étaient fondus et étaient restés dans le seau. Sophie pleura, mais la poupée resta sans jambes. Depuis tous ces malheurs, Sophie n'aimait plus sa poupée qui était devenue affreuse et dont ses amis se moquaient. Enfin, un dernier jour, Sophie voulut lui apprendre à grimper aux arbres. Elle la fit monter sur une branche, la fit asseoir. Mais la poupée, qui ne tenait pas bien, tomba. Sa tête frappa contre des pierres et se cassa en cent morceaux. Sophie ne pleura pas, mais elle invita ses amis à venir enterrer sa poupée. Chapitre 2. L'enterrement. Camille et Madeleine arrivèrent un matin pour l'enterrement de la poupée. Elles étaient enchantées. Sophie et Paul n'étaient pas moins heureux. Sophie, venez vite mes amis, nous vous attendons pour faire le cercueil de la poupée. Camille, mais dans quoi la mettrons-nous ? Sophie, j'ai une vieille boîte à joujoux, ma bonne la recouverte de tissu rose, c'est très joli, venez voir. Les petites coururent chez Madame de Réan, où la bonne finissait l'oreiller et le matelas qu'on devait mettre dans la boîte. Les enfants admirèrent ce charmant cercueil. Elles y mirent la poupée. Et pour qu'on ne voit pas la tête brisée, les pieds fondus et le bras cassé, elle la recouvrit avec un petit couvre-pied de taffeta rose. On plaça la boîte sur un brancard que la maman leur avait fait faire. Elle voulait tout le porter. C'était pourtant impossible puisqu'il n'y avait place que pour deux. Après qu'ils se furent un peu poussés, disputés, on décida que Sophie et Paul, les deux plus petits, porteraient le brancard et que... Camille et Madeleine marcheraient l'une derrière, l'autre devant, portant un panier de fleurs et de feuilles qu'on devait jeter sur la tombe. Quand la procession arriva au petit jardin de Sophie, on mit par terre le brancard avec la boîte qui contenait les restes de la malheureuse poupée. Les enfants se mirent à creuser la fosse, ils y descendirent la boîte, jetèrent dessus des fleurs et des feuilles, puis la terre qu'ils avaient retirée. Ils ratissèrent proprement tout autour et y plantèrent deux lilas. Pour terminer la fête, ils coururent au bassin du potager et y remplirent leurs petits arrosoirs pour arroser les lilas. Ce fut l'occasion de nouveaux jeux et de nouveaux rires parce qu'ils s'arrosaient les jambes, qu'ils se poursuivaient et se sauvaient en riant et en criant. On n'avait jamais vu un enterrement plus gai. Il est vrai que la morte était une vieille poupée sans couleur, sans cheveux, sans jambes et sans tête et que... personne ne l'aimait ni ne la regrettait. La journée se termina gaiement et lorsque Camille et Madeleine s'en allèrent, elles demandèrent à Paul et à Sophie de casser bien vite une autre poupée pour pouvoir recommencer un enterrement aussi amusant.

Description

Les Malheurs de Sophie est un roman classique pour enfants écrit par la comtesse de Ségur et publié en 1858. Ce récit met en scène Sophie, une fillette vive, espiègle et un peu maladroite, qui multiplie les bêtises et les maladresses, souvent avec de bonnes intentions. À travers ses mésaventures, le livre aborde des thèmes comme l'obéissance, les conséquences des actions et l'apprentissage de la vie. Rempli d'humour et de tendresse, ce roman est un miroir des mœurs de l'époque tout en offrant une morale douce destinée à enseigner aux jeunes lecteurs.

Le Podcast "Les malheurs de Sophie est constitué d'un teaser qui présente le livre et des 20 chapitres du livre.


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Transcription

  • Speaker #0

    Où les enfants ? Découvrons ensemble le récit des malheurs de Sophie. Chapitre 1. La poupée de cire. Ma bonne, ma bonne ! dit un jour Sophie en accourant dans sa chambre. Venez vite ouvrir une caisse que papa m'a envoyée de Paris. Je crois que c'est une poupée de cire car il m'en a promis une. La bonne. Où est la caisse ? Sophie. Dans l'antichambre. L'antichambre, c'est la pièce qui est juste à côté. Venez vite, ma bonne, je vous en supplie. La bonne posa son ouvrage et suivit Sophie à l'antichambre. Une caisse de bois blanc était placée sur une chaise. La bonne l'ouvrit. Sophie aperçut la tête blonde et frisée d'une jolie poupée de cire. Elle poussa un cri de joie et voulut saisir la poupée qui était encore couverte d'un papier d'emballage. La bonne, prenez garde ! Ne tirez pas encore, vous allez tout casser. La poupée tient par des cordons. Sophie. Cassez-les, arrachez-les, vite ma bonne, que j'ai ma poupée. La bonne, au lieu de tirer et d'arracher, prit ses ciseaux, coupa les cordons, enleva les papiers et Sophie put prendre la plus jolie poupée qu'elle eut jamais vue. Les jouets étaient roses, avec des petites faussettes, les yeux bleus et brillants. Le cou, la poitrine, les bras en cire, charmant et potelé. La toilette était très simple, une robe de coton festonnée, une ceinture bleue, des bas de coton et des brodequins noirs en peau vernis. Brodequin, ça signifie petite chaussure. Sophie l'embrassa plus de vingt fois et la tenant par ses bras, elle se mit à sauter et à danser. Son cousin Paul, qui avait cinq ans, et qui était en visite pour quelques jours chez Sophie, accourut au cri de joie qu'elle poussait. Paul, regarde quelle jolie poupée m'a envoyé papa ! s'écria Sophie. Paul, donne-la-moi, que je la vois mieux. Sophie. Non, tu la casserais. Paul, je t'assure que j'y prendrai bien garde, je te la rendrai tout de suite. Sophie donna la poupée à son cousin en lui recommandant encore de prendre bien garde de la faire tomber. Paul la retourna, la regarda de tous les côtés, puis la rendit à Sophie en secouant la tête. Sophie, pourquoi secoues-tu la tête ? Paul, parce que cette poupée n'est pas solide. Je crains que tu ne la casses. Sophie, oh, sois tranquille, je vais la soigner tant, tant que je ne la casserai jamais. Je vais demander à maman d'inviter Camille et Madeleine à déjeuner avec nous pour leur faire voir ma jolie poupée. Paul. Elles vont te la casser. Sophie. Non, elles sont trop bonnes pour me faire de la peine en cassant ma pauvre poupée. Le lendemain, Sophie peigna et habilla sa poupée parce que ses amis devaient venir. En l'habillant, elle la trouva bien pâle. Peut-être, se dit-elle, a-t-elle froid. D'ailleurs, ses pieds sont glacés. Je vais la mettre un peu au soleil pour que mes amis voient que j'en ai bien soin et que je la tiens bien chaudement. Sophie alla porter sa poupée au soleil sur la fenêtre du salon. Que fais-tu à la fenêtre, Sophie ? lui demanda sa maman. Sophie, je veux réchauffer ma poupée, maman. Elle a très froid. La maman. Prends garde, Sophie. Tu vas la faire fondre. Oh non, maman ! Il n'y a pas de danger. Elle est dure comme du bois. La maman. Mais la chaleur la rendra molle. Il lui arrivera quelques malheurs, je t'en préviens. Sophie ne voulut pas croire sa maman. Elle mit la poupée étendue tout de son long au soleil, qui était brûlant. Au même instant, elle entendit le bruit d'une voiture. C'était ses amis qui arrivaient. Elle courut au-devant d'elle. Paul les avait attendues sur le perron. Elles entrèrent au salon en courant et parlant toutes à la fois. Malgré leur impatience de voir la poupée, elles commencèrent par dire bonjour à Madame de Réan, la maman de Sophie. Elles allèrent ensuite à Sophie qui tenait sa poupée et la regardaient d'un air consterné. Madeleine, regardant la poupée, Mais la poupée est aveugle, elle n'a pas Dieu ! Camille, Quel dommage ! Comme elle est jolie ! Madeleine, mais comment est-elle devenue aveugle ? Elle devait avoir des yeux. Sophie ne disait rien. Elle regardait sa poupée et pleurait. Madame de Réan, je t'avais dit, Sophie, qu'il arriverait malheur à ta poupée si tu t'obstinais à la mettre au soleil. Heureusement que la figure et les bras n'ont pas eu le temps de fondre. Voyons ne pleure pas. Je suis très habile médecin, je pourrais peut-être lui rendre ses yeux. Sophie en pleurant. C'est impossible, maman, ils n'y sont plus. Madame de Réan prit la poupée en souriant et la secoua un peu. On entendit comme quelque chose qui roulait dans sa tête. Ce sont les yeux qui font le bruit que tu entends, dit Madame de Réan. La cire a fondu autour des yeux et ils sont tombés. Mais je tâcherai de les ravoir. Déshabillez la poupée, mes enfants, pendant que je préparerai mes instruments. Aussitôt, Paul et les trois petites filles se précipitèrent sur la poupée pour la déshabiller. Sophie ne pleurait plus. Elle attendait avec impatience ce qui allait arriver. La maman revint, prit ses ciseaux, détacha le corps cousu à la poitrine. Les yeux, qui étaient dans la tête, tombèrent sur ses genoux. Elle les prit avec des pinces, les replaça. où il devait être et, pour les empêcher de tomber encore, elle coula dans la tête et sur la place où étaient les yeux de la cire fondue qu'elle avait apportée dans une petite casserole. Elle attendit quelques minutes que la cire fût refroidie et puis elle recousit le corps à la tête. Les petites filles n'avaient pas bougé. Sophie regardait avec crainte toutes ces opérations. Elle avait peur que ce ne fût pas bien, mais quand elle vit sa poupée raccommodée et aussi jolie qu'auparavant, elle sauta au cou de sa maman et l'embrassa dix fois. Merci ma chère maman ! disait-elle. Merci ! Une autre fois, je vous écouterai bien sûr. On rhabilla bien vite la poupée, on l'assit sur un petit fauteuil et on l'emmena promener en triomphe en chantant Vive maman ! De baiser je la mange, vive maman, elle est notre bonne ange. La poupée vécut très longtemps, bien soignée, bien aimée. Mais petit à petit, elle perdit ses charmes, voici comment. Un jour, Sophie pensa qu'il était bon de laver les poupées puisqu'on lavait les enfants. Elle prit de l'eau, une éponge, du savon et se mit à débarbouiller sa poupée. Elle la débarbouilla si bien qu'elle lui enleva toutes ses couleurs. Les joues et les lèvres devinrent pâles comme si elle était malade et restèrent toujours sans couleur. Sophie pleura, mais la poupée resta pâle. Un autre jour, Sophie pensa qu'il fallait lui friser les cheveux. Elle lui mit donc des papillotes. Elle les passa au fer chaud pour que les cheveux fussent mieux frisés. Quand elle lui ôta ses papillotes, les cheveux restèrent dedans. Le fer était trop chaud. Sophie avait brûlé les cheveux de sa poupée qui était chauve. Sophie pleura, mais la poupée resta chauve. Un autre jour encore, Sophie qui s'occupait beaucoup de l'éducation de sa poupée voulut lui apprendre à faire des tours de force. Elle la suspendit par les bras à une ficelle. La poupée, qui ne tenait pas bien, tomba et se cassa un bras. La maman essaya de la raccommoder. Mais comme il manquait des morceaux, il fallut chauffer beaucoup la cire et le bras resta plus court que l'autre. Sophie pleura, mais le bras resta plus court. Une autre fois, Sophie songea qu'un bain de pied serait très utile à sa poupée puisque les grandes personnes en prenaient. Elle versa de l'eau bouillante dans un petit seau, y plongea les pieds de la poupée et quand elle la retira, les pieds s'étaient fondus et étaient restés dans le seau. Sophie pleura, mais la poupée resta sans jambes. Depuis tous ces malheurs, Sophie n'aimait plus sa poupée qui était devenue affreuse et dont ses amis se moquaient. Enfin, un dernier jour, Sophie voulut lui apprendre à grimper aux arbres. Elle la fit monter sur une branche, la fit asseoir. Mais la poupée, qui ne tenait pas bien, tomba. Sa tête frappa contre des pierres et se cassa en cent morceaux. Sophie ne pleura pas, mais elle invita ses amis à venir enterrer sa poupée. Chapitre 2. L'enterrement. Camille et Madeleine arrivèrent un matin pour l'enterrement de la poupée. Elles étaient enchantées. Sophie et Paul n'étaient pas moins heureux. Sophie, venez vite mes amis, nous vous attendons pour faire le cercueil de la poupée. Camille, mais dans quoi la mettrons-nous ? Sophie, j'ai une vieille boîte à joujoux, ma bonne la recouverte de tissu rose, c'est très joli, venez voir. Les petites coururent chez Madame de Réan, où la bonne finissait l'oreiller et le matelas qu'on devait mettre dans la boîte. Les enfants admirèrent ce charmant cercueil. Elles y mirent la poupée. Et pour qu'on ne voit pas la tête brisée, les pieds fondus et le bras cassé, elle la recouvrit avec un petit couvre-pied de taffeta rose. On plaça la boîte sur un brancard que la maman leur avait fait faire. Elle voulait tout le porter. C'était pourtant impossible puisqu'il n'y avait place que pour deux. Après qu'ils se furent un peu poussés, disputés, on décida que Sophie et Paul, les deux plus petits, porteraient le brancard et que... Camille et Madeleine marcheraient l'une derrière, l'autre devant, portant un panier de fleurs et de feuilles qu'on devait jeter sur la tombe. Quand la procession arriva au petit jardin de Sophie, on mit par terre le brancard avec la boîte qui contenait les restes de la malheureuse poupée. Les enfants se mirent à creuser la fosse, ils y descendirent la boîte, jetèrent dessus des fleurs et des feuilles, puis la terre qu'ils avaient retirée. Ils ratissèrent proprement tout autour et y plantèrent deux lilas. Pour terminer la fête, ils coururent au bassin du potager et y remplirent leurs petits arrosoirs pour arroser les lilas. Ce fut l'occasion de nouveaux jeux et de nouveaux rires parce qu'ils s'arrosaient les jambes, qu'ils se poursuivaient et se sauvaient en riant et en criant. On n'avait jamais vu un enterrement plus gai. Il est vrai que la morte était une vieille poupée sans couleur, sans cheveux, sans jambes et sans tête et que... personne ne l'aimait ni ne la regrettait. La journée se termina gaiement et lorsque Camille et Madeleine s'en allèrent, elles demandèrent à Paul et à Sophie de casser bien vite une autre poupée pour pouvoir recommencer un enterrement aussi amusant.

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