- Emmy
Bonjour et bienvenue sur Antichambre, ton nouveau podcast sans tabou dédié à la sexualité pour toutes et tous. Je m'appelle Emy, j'ai 22 ans et je t'invite à débuter cette aventure ensemble pour explorer et vivre pleinement ta sexualité. Alors mets-toi à l'aise et viens écouter les voix d'Antichambre. Bonjour et bienvenue sur ce nouvel épisode d'Antichambre, définir sa sexualité, je suis accompagnée de Thomas. Merci d'être là aujourd'hui. Bonjour. Est-ce que tu peux rapidement te présenter ?
- Thomas
Moi c'est Thomas, j'ai 40 ans bientôt. Je suis en couple avec une femme, en couple libre, dans une relation libre depuis une dizaine d'années. Et aujourd'hui je me définis comme bisexuel.
- Emmy
Est-ce que c'est quelque chose que tu as toujours su ?
- Thomas
Je dirais que je l'ai toujours su sans le comprendre en fait. J'ai compris tardivement que c'était ça qui se jouait pour moi. Mais quand j'étais jeune, pré-ado, ado, quand les pulsions ont commencé à arriver, je ne comprenais pas du tout pourquoi j'avais ces envies-là. Parce que j'avais aussi des envies envers les filles. Et du coup, ce n'était pas clair pour moi. Donc, en fait, je crois que je l'ai toujours su. Il y a plein d'expériences qui l'ont montré en y réfléchissant à rebours, en fait. Mais sur le moment, je ne comprenais pas trop ce qui se jouait, non.
- Emmy
Et tu as un exemple d'expérience en particulier ? Ou une en y repensant, tu t'es dit, ah mais en fait,c'était sûr.
- Thomas
Au collège, avec des copains qui avaient volé des petits magazines, une... que nous on pensait porno à l'époque, mais qui en fait était plutôt soft en réalité. Playboy, alors oui on voyait des filles à poil et des choses comme ça, mais voilà des Playboy, des entrevues et Union. Et en fait dans ce magazine là, qui était un magazine pour les libertins, on tourne les pages et on tombe sur une page où il y a deux garçons à poil dans une baignoire. Et en fait, c'est un couple et ils racontent leur sexualité de couple. Tous les gars avec qui j'étais, quand on est tombé sur cette page, ils ont tout de suite dit Ah, c'est dégueulasse, on ne veut pas le voir Effet de groupe. Moi j'ai dit aussi, ah c'est dégueulasse. Alors que moi sauf que je n'avais pas trouvé ça dégueulasse, j'avais plutôt trouvé ça intriguant. Je ne dirais pas que je l'ai trouvé excitant tout de suite en tout cas, mais je l'ai trouvé intriguant. Ça ne m'avait pas fait cet effet de rejet comme ils ont pu avoir eux. Au contraire, je m'étais dit, moi j'aime bien. Je me souviens que je m'étais juste posé la question, mais comment ça peut marcher en fait ? Ils étaient tous les deux allongés dans la baignoire en érection et je me disais, bah oui, mais comment ça marche ?
- Emmy
Donc ça, c'était peut-être un des premiers. parce que c'était au collège.
- Thomas
Oui, ça c'était au collège, c'était au début du collège. Mais après, ça fonctionnait un peu par pic, où j'avais des pulsions de temps en temps, où je fantasmais de faire des choses avec des gars. C'était pas personnifié, je ne fantasmais pas sur quelqu'un en particulier. C'était vraiment l'acte sexuel en lui-même qui m'intriguait. Mais voilà, donc ça, ça y restait longtemps, sans que j'ai vraiment d'autres moments où je me dise Ah ouais, là, il se passe un truc Mais comme c'était récurrent... alors que je continuais d'avoir des envies avec les filles, et que j'en avais, parce que j'ai eu des copines à cette période-là, ça a été un peu intriguant pour moi de continuer à avoir ces envies-là, alors que j'avais assouvi mes envies avec des filles.
- Emmy
Alors que tu avais eu ton premier rapport avec une fille, justement, les pulsions restaient, et donc tu étais un peu... Pourquoi est-ce qu'elles sont encore là ?
- Thomas
Exactement. Je me suis demandé... Parce que, oui, j'ai eu des premières expériences avec les filles, finalement assez jeunes, puisque je pense que j'avais, un peu avant 14 ans... ma première expérience. Après, c'était une fille avec qui j'étais amoureux. Enfin, c'était... Ça s'est arrivé parce qu'on s'aimait avec l'amour qu'on met dans une relation d'adolescence de 14 ans ! Voilà. Mais c'était un aboutissement normal après plusieurs mois de relation où on se fréquentait, etc. Mais c'est resté, malgré ça et les copines d'après, j'avais quand même régulièrement ces envies-là de tester avec un garçon et je comprenais pas trop pourquoi j'avais envie de tester avec un garçon vu qu'avec les filles, j'avais bien aimé. donc c'était pas clair pour moi et il faut remettre en perspective le fait que c'était il y a 25 ans et qu'il y a 25 ans l'information sur les formes de sexualité n'était pas la même et que du coup la bisexualité, personne n'en parlait donc pour moi, je me suis dit peut-être que je suis gay et que je refoule ces envies-là et en même temps, comme je n'avais pas essayé avec des garçons, c'était dur de se dire bah oui, c'est ça que j'aime, par exemple ou c'est ça que je préfère donc j'étais dans une forme d'expectative où j'étais un peu perdu. Je comprenais pas trop pourquoi c'était là et je ne savais pas trop non plus à qui en parler parce que c'était pas...
- Emmy
C'était exactement ma question c'était de se dire est-ce qu'il y avait quelqu'un à qui tu pouvais en parler au dehors de toi c'est que moi c'était pas il y a 25 ans mais ma mère où du coup j'ai compris bien plus tard qu'en fait je pense qu'elle avait amené ce sujet parce qu'elle était bisexuelle Mais je faisais un dessin en disant, ouais, j'aimerais être en coloc avec ma meilleure amie. C'était ma meilleure amie de primaire. Donc vraiment, à ce moment-là, moi, je n'avais aucune idée en tête. Et son premier réflexe, ça a été de me dire, mais est-ce que tu l'aimes un peu bien plus plus, Marie, ou pas ? Histoire de, je pense, elle voulait désamorcer la possibilité que si, en fait, je l'aimais bien plus plus, peut-être qu'elle allait essayer de m'accompagner parce qu'au final, c'est vrai que...
- Thomas
Elle aurait été capable.
- Emmy
Elle l'aurait été à ce moment-là, oui. Mais effectivement, et encore, je pense que si ça m'était arrivé autour de moi, à ce moment-là, il n'y avait peut-être qu'elle, mais tout le monde n'a pas toujours quelqu'un aux alentours. Et en plus, la bisexualité, encore aujourd'hui, je trouve qu'elle n'est pas énormément...
- Thomas
C'est encore assez tabou. Enfin, tabou, c'est peut-être un mot un peu fort, mais en tout cas, ce n'est pas très représenté encore aujourd'hui.
- Emmy
On choisit vite des camps, en général.
- Thomas
Et voilà, et encore moins chez les garçons. La bisexualité féminine est quand même aujourd'hui, en tout cas médiatiquement, un peu plus présente. On a vu des chanteuses connues, des actrices connues dire moi je suis bisexuel et ça pose de problème à personne a priori. Alors qu'on attend encore les chanteurs ou les acteurs qui vont dire ouvertement moi je suis bisexuel et je vis bien et c'est super Mais 25 ans en arrière, effectivement, il n'y avait pas ça. C'était quand même les débuts d'internet. Donc on n'était pas là, les débuts des portables, enfin, il faut se représenter ce que c'est 25 ans en arrière, l'accès à l'information sur la sexualité de manière générale. Et en fait, un peu avant les années 2000 en tout cas, quand on avait des pulsions homosexuelles comme je pouvais avoir à ce moment-là, il ne faut pas oublier que l'homosexualité n'était dépénalisée qu'en 82. Donc c'était quand même encore quelque chose sociétalement de très tabou, de pas très bien assumé. Et donc...
- Emmy
T'avais un petit peu peur de si c'était le cas à ce moment-là, quand t'en étais pas encore complètement conscient ?
- Thomas
Oui, oui, oui, j'en avais peur un peu parce que je ne savais pas du tout vers quoi ça m'amenait. Il y avait quand même un côté hyper nébuleux. Et si j'aime les hommes et que les hommes, qu'est-ce que ça dit de moi dans un monde où c'est complètement secret ou en tout cas c'est difficilement assumé ? Ou les modèles qu'on voit à la télé qui sont ouvertement homosexuels, ils sortent quand même un peu plus de la cage au folle que de modèles... le standard, moi je suis une personne "normale" et je suis homosexuel et il n'y a pas de problème. Donc c'est vrai qu'en termes de repères, c'était un peu compliqué. Je pense que ça a joué aussi sur le fait que j'en parle pas ou que je sache pas à qui en parler aussi. J'en ai pas parlé à mes parents, j'en ai pas parlé autour de moi.
- Emmy
Encore actuellement ?
- Thomas
Oui, encore actuellement, mais actuellement c'est différent...
- Emmy
C'est plus un choix que ...
- Thomas
Je m'en fiche un peu en fait, je pense qu'ils s'en fichent aussi en réalité. Ils savent que je suis en couple, que je suis heureux. Tout va bien. Donc, je vois moins l'intérêt aujourd'hui. Mais c'est vrai que plus jeune, ça aurait pu... En tout cas, si ça avait été bien reçu, ça aurait pu être un support. Mais en l'occurrence, ça ne l'a pas été. Je n'en ai pas parlé,en tout cas
- Emmy
eEt ta copine, du coup, elle le sait ? Ça a été compliqué de lui en parler ou c'est venu naturellement ?
- Thomas
Ça a été compliqué d'en parler parce que j'en avais pas parlé avec mes compagnes précédentes, dans le temps de la relation en tout cas. A posteriori c'est arrivé parce que une fois que j'ai commencé moi-même à libérer... ma parole, ça a été un peu plus facile. Mais c'est aussi facilité par le fait qu'on a une sexualité assez libre, qu'elle-même est bisexuelle et qu'elle, elle a fait le pas de dire moi j'ai ces envies-là Donc ça a ouvert un champ des possibles de je peux en parler, on peut en discuter Mais c'était quand même pas évident. Quand tu t'es tut sur un sujet pendant 25 ans, tu n'ouvres pas les vannes facilement.
- Emmy
Et ta première fois avec une femme, ta première fois avec un garçon, elles ont été complètement différentes ?
- Thomas
Complètement. Déjà, ce n'était pas du tout le même mood. Puisque la première fois avec une fille, c'était ma copine, on était amoureux. C'était un aboutissement d'une relation de couple, je dirais.
- Emmy
Tu avais un peu plus vers quoi tu allais ? vu que tout le monde en parle.
- Thomas
Ouais, tout le monde en parle, mais en même temps, on ne savait pas trop comment en faire non plus. Ça reste, quand tu as 14 ans, tu balbuties un peu ta sexualité, je pense. En tout cas, c'était une finalité normale de notre relation. Donc, c'est resté très sobre. On n'a pas fait de folie, etc. Mais c'était hyper agréable parce qu'il y avait des sentiments en jeu. C'était une forme d'aboutissement du duo. On avait atteint une nouvelle étape dans notre relation amoureuse adolescente. Alors qu'avec les garçons, c'était complètement différent parce que j'avais pas particulièrement le souhait d'avoir une relation amoureuse à ce moment-là, en tout cas avec un garçon. Et surtout, vu que j'étais au lycée, j'avais absolument aucune attraction pour les garçons du lycée. Moi, j'avais vraiment plutôt envie de rencontrer quelqu'un qui sache déjà faire. Contrairement aux premières relations avec les filles où tout le monde se découvre en même temps là j'avais plutôt envie de rencontrer quelqu'un qui sache déjà ce qu'il y avait à faire parce que finalement moi je savais pas du tout ce qu'il y avait à faire donc oui c'était très différent Et ta première fois avec un garçon elle s'est passée comment ? c'était très imprévu on va dire puisque comme j'ai dit je voulais pas trop avoir affaire avec des garçons sont de mon âge ou des choses comme ça. Et en fait, la seule personne à qui j'en ai parlé à cette époque, c'est un garçon qui était au lycée avec moi et qui, pour le coup, était ostensiblement gay dans une forme un peu de revendication, que ce soit par les attitudes, les formes d'habillement, des choses comme ça. Et j'ai trouvé le courage d'aller lui parler en me disant peut-être que lui peut m'aider à comprendre ce qui se joue pour moi. Après, il a été assez juste en me disant En fait, tant que tu n'as pas essayé, tu ne peux pas trop savoir. C'est peut-être juste des fantasmes. En fait, tu vas essayer, tu n'as pas du tout de convenir. Et donc, lui, il avait un copain qui avait 10 ans de plus que lui, avec qui il vivait plein de trucs. Et donc, il me racontait leurs histoires tous les deux, ou à plus que deux. Et moi, je me disais, waouh, quand même, ça a l'air incroyable. Je trouvais ça excitant. J'avais envie d'essayer ce truc-là. Et donc, il me dit, écoute, mon copain organise un apéro, une soirée. Il y aura des mecs qui seront là. C'est l'occasion de rencontrer des gens. qui sont hors milieu habituel pour nous, c'est-à-dire pas des lycéens. J'ai dit ok, donc je suis allé à cet apéro et là, il se trouve que j'ai discuté avec plein de gars mais je n'osais pas dire ouvertement que je n'avais pas d'expérience. Je me sentais mal à l'aise à l'idée de dire ça parce qu'eux, ils en avaient tous, évidemment. Et du coup, j'ai commencé à me faire un peu entreprendre par un gars où on était tous les deux sur la terrasse. Ça a duré un peu, on s'est embrassés, il m'a ploté et je sentais bien que j'étais excité. Au final, ça t'a fait de l'effet direct. Ça m'a fait de l'effet et en même temps je pouvais pas trop le cacher donc c'était un peu compliqué parce que j'étais quand même toujours un peu perdu dans ma tête et donc je coupe un peu court en disant on a plus rien à boire, on va chercher un truc à la cuisine et en fait en rentrant dans le salon il y avait trois mecs à poil et devant chacun des gars il y avait un mec en train de sucer et l'autre gars et du coup il m'a regardé en disant oh bah ils ont commencé sans nous et puis il s'est déceint. sa paix et il est allé s'asseoir sur le canapé. Et du coup, je suis resté là en me disant, qu'est-ce que je fais du coup ? Parce que je me suis dit, si j'y vais, il va se rendre compte que j'ai pas d'expérience et que tout ce dont on parle depuis le début, en fait, j'y connais rien et je sais pas faire. Si j'y vais pas, il va pas comprendre non plus, parce que ça fait 30 minutes qu'on se chauffe et voilà. Puis t'avais envie d'y aller. Et d'un côté, j'avais envie d'y aller. D'un autre côté, j'avais peur d'y aller et de me dire, peut-être je vais pas aimer. Qu'est-ce que ça veut dire de moi si j'y vais ? Enfin, j'avais toute...
- Emmy
Il avait fait une groupe aussi, peut-être ? Vu qu'il y avait tout le monde,
- Thomas
je n'y avais pas du tout pensé.
- Emmy
Tu n'y avais pas du tout pensé.
- Thomas
Non, non, c'était vraiment sur le moment. Parce que tout ça, ça a duré deux secondes dans ma tête.
- Emmy
C'est vrai que c'est une fraction,
- Thomas
en fait. Comme si le temps avait stoppé l'espace d'un instant. Et puis du coup, ça a fait blackout dans ma tête. Et je me suis dit, allez, j'y vais. Et voilà, je n'étais pas du tout, du tout à l'aise. pas du tout à l'aise au début du coup j'essaie de regarder un peu le gars d'à côté comment ils faisaient en disant peut-être je vais copier un peu puis en fait assez rapidement je me suis détendu et ça s'est bien passé donc j'ai fait une Et rapidement j'ai arrêté de regarder le gars d'à côté parce que j'étais juste dans ce que je faisais en fait.
- Emmy
Oui tu t'aimais donc tu étais dans ta bulle quoi. Exactement, moi je prenais beaucoup de plaisir et je voyais que lui aussi, en plus il arrêtait pas de dire que je faisais ça bien. Moi, je me disais, oh bah super, ils ne se rendent pas compte que je n'ai jamais fait ça avant. Donc voilà. Donc après, tout a accéléré. Et donc forcément, j'ai été un peu plus loin dans les expériences.
- Thomas
Ce n'est pas banal comme première fois.
- Emmy
Pas vraiment,
- Thomas
non. Tu es rentré... direct dans le vif du sujet.
- Emmy
Exactement. Mais en même temps, ça a été une forme de confirmation, parce que je me suis dit, ah bah oui, en fait, j'aime bien. Voilà, ces envies que j'avais depuis finalement, depuis 5 ans, quelque chose comme ça, 4 ou 5 ans déjà, elles se faisaient, elles se voyaient concrétiser là, et je me suis dit, ah oui, mais en fait, j'aime bien. Bon, après, ça a posé d'autres questions. Je me suis dit, bah mince, j'aime bien ça, mais j'aime bien les filles aussi, du coup, qu'est-ce que ça veut dire ? Mais je ne savais pas. Bon, en soit, Toi, ce qui est bien, c'est aussi d'avoir essayé. Parce que ça se trouve, tu aurais pu très bien essayer et ne pas aimer. Et c'est OK. Et dans ce cas-là, c'est pas grave, tu as essayé. Parce qu'on peut de toute façon avoir une envie de se dire peut-être. Et là, ce qui est génial, c'est qu'en fait, cette première fois, elle n'est pas du tout banale. Que tu as été mis direct dedans. Et en plus, ça s'est super bien passé.
- Thomas
Oui, ça s'est super bien passé. Et en fait, j'ai vite lâché prise. Je ne réfléchissais plus trop. Les choses se sont faites assez naturellement, assez spontanément. Je me suis senti... très vite à l'aise, même si en fait je me suis aperçu que je ne connaissais rien du tout à la sexualité entre mecs. C'est-à-dire que j'avais des représentations qui étaient extrêmement parcellaires de ce que c'était. Donc pour moi, la relation entre deux mecs, c'était la fellation, la sodomie, et voilà. Et en fait, bah non, il y a beaucoup plus que ça, il y a aussi beaucoup plus de manières de pratiquer ces deux actes, mais tout ça, je n'en avais aucune idée. C'est-à-dire, pour moi, la fellation, ça restait, tu prends le sexe du gars, tu le mets dans ta bouche, et voilà. Et en fait, je... concrètement, je ne voyais pas vraiment ce que ça représentait, comment tu pouvais t'y prendre, ce que tu pouvais faire de différent. Donc tout était une découverte en réalité. Même si ça faisait longtemps que je fantasmais ces pratiques-là, à l'arrivée... j'avais vraiment aucune connaissance en réalité du sujet. C'est pour ça que je me dis que j'ai bien fait de ne pas coucher avec quelqu'un du lycée qui aurait été dans le même état que moi, à savoir de rien, connaître à rien. Potentiellement, ça aurait pu être aussi quelqu'un qui avait déjà de l'expérience. Mais voilà, j'ai absolument découvert tout, en fait.
- Emmy
Et dans tout, ça a été juste par exemple les préliminaires ou cette première fois, ça a été une première fois complète ?
- Thomas
Complète. Quand est venue la question de la sodomie, en fait, c'est venu tout seul. C'était normal, en fait, c'était l'aboutissement de la suite du début de notre rencontre à tous les deux. Mais voilà, je ne me suis pas trop posé de questions pendant l'acte, en tout cas, plutôt après.
- Emmy
Thomas, est-ce que tu peux un peu plus nous détailler toutes ces questions qui sont venues après ? Là, tu étais un jeune lycéen, tu viens de découvrir complètement une autre partie de toi, dans le bon sens, un lâcher prise total. Qu'est-ce qui se passe après ?
- Thomas
Après, c'était un mélange entre beaucoup de honte d'un côté, parce que ça restait, comme je l'ai dit au début, c'était encore quelque chose d'assez tabou. Donc je me demandais ce que ça voulait dire. pour moi, qu'est-ce que ça voulait dire au niveau de mon identité ? Est-ce que ça confirmait le fait que je m'étais déjà posé la question ? Est-ce que peut-être je suis gay, mais je me cache derrière mes relations avec les filles ? Et comme là, j'ai vraiment bien aimé, je me suis dit... mince, peut-être que c'est une confirmation de ça. Et en même temps, je continuais dans la journée, par exemple, au lycée, je voyais des filles que j'aimais bien, je me disais, j'aimerais bien qu'on aille plus loin, etc. Donc vraiment, j'étais perdu. Et le fait que pour moi, la bisexualité n'existe pas dans ma représentation des formes de sexualité, ça a contribué au fait que je sois complètement perdu. Parce que je me disais, du coup, je ne suis pas vraiment hétéro, puisque... finalement j'ai essayé avec les mecs et j'aime bien mais je suis pas gay puisque j'aime bien les filles aussi du coup je comprenais pas qui j'étais du coup ça m'a beaucoup perturbé de ne pas savoir dans quelles cases me ranger finalement parce que quand on est au lycée c'est aussi là où on se met un peu dans des cases où on commence à avoir des bandes de potes d'un style c'est un peu rassurant aussi de savoir dire ah donc je me suis affiliée à ça donc là je me sens bien c'est
- Emmy
hyper intéressant ce podcast parce que moi étant dans le cas classique du hétérosexuel c'est vraiment des questions que je ne me suis jamais posées en fait j'ai essayé de me les poser en me disant est-ce que je suis dans le déni de quelque chose finalement non mais j'ai jamais eu cette problématique parce que l'hétérosexualité est représentée tellement partout et avec un panel différent immense, contrairement à la bisexualité ou l'homosexualité qui ne sont souvent pas des clichés. Très peu de catégories au final.
- Thomas
Et un peu caricaturées parfois. Ben oui, je pense que le fait de ne pas pouvoir me positionner soit dans une case, soit dans l'autre, je ne dis pas que ma vie aurait été plus facile si je m'étais dit ok, je suis gay Je vis ma vie comme ça, mais en tout cas, le fait de ne pas pouvoir me positionner, ça a quand même conduit à une forme de clivage, où du coup, ces pulsions, elles sont toujours restées. J'ai toujours continué à avoir envie d'avoir des relations sexuelles avec des hommes, et pourtant, j'ai toujours continué d'avoir envie d'avoir des relations sexuelles avec des femmes. Et du coup, ce clivage, ça a été, en fait, je vis ma sexualité avec les hommes de manière cachée. quelque part, et parfois même caché de moi-même, c'est-à-dire que je rencontrais des gars, il se passait des choses, et puis derrière bon bah je passais à autre chose comme si ça n'avait pas existé je suis un peu loin en disant comme si ça n'avait pas existé mais il y avait une forme de c'est un moment suspendu quelque chose comme ça une forme de déni ou de refoulement parce que la honte de se dire peut-être en fait et aussi la honte parce que c'était quand même pas très bien vu donc ça restait pas très bien vu pour beaucoup de gens en tout cas et encore plus le fait d'être plutôt passif que d'être actif peut-être que si j'avais j'avais été plutôt actif, je l'aurais plus facilement assumé. J'en sais rien, en vrai, peut-être pas du tout. Mais le fait d'être passif, ça renforçait un peu ce truc-là de... Bah oui, mais c'est moi qui ai sucé l'autre, c'est moi qui me suis fait sodomiser. Donc dans la représentation qu'on peut avoir, c'était encore plus difficile à assumer, je dirais.
- Emmy
Parce qu'aujourd'hui, du coup, les relations sexuelles que t'as avec une femme, en termes de... positionnement justement dominant, soumis, etc. C'est complètement différent ou justement, avec une femme aussi, tu vas plutôt avoir tendance à être assez soumis ?
- Thomas
Non, en fait, c'est globalement l'opposé entre les deux. Avec les filles, je suis plutôt dominant ou en tout cas, je dirais que le point commun entre les deux, c'est que je suis très porté sur le fait de donner du plaisir à l'autre et que du coup, c'est vrai que je ne le vis pas de la même manière. Je n'ai pas la même forme de sexuel. avec les femmes qu'avec les hommes en tout cas mais aussi parce que je cherche pas la même chose dans les deux formes de sexualité donc...
- Emmy
Qu'est-ce que tu cherches du coup ?
- Thomas
Bon avec les filles en tout cas c'est plutôt je suis plutôt dans une recherche d'accomplir à deux où je trouve que c'est important que ma partenaire elle prenne du plaisir parce que si elle en prend pas en vrai je m'ennuie assez vite et donc du coup je suis vraiment dans un truc où je veux bien être dominant etc surtout si ça rentre dans elle son cadre de fantasmes et sa manière de prendre du plaisir etc donc ça me convient tout à fait là où avec les hommes ça va plutôt être l'inverse mais c'est plutôt lié au fait que j'avais du mal à assumer mes propres envies plus jeunes et que donc c'était plus facile de rencontrer rencontrer des mecs plutôt dominants parce que ça me permettait après coup de me dire oui ok j'ai fait ça mais c'est lui qui a voulu, c'est lui qui a imposé même si on m'a rien imposé de nous.
- Emmy
Vous étiez quand même d'accord mais c'est lui qui a décidé ce qui était fait.
- Thomas
C'est lui qui a décidé ce qui était fait, l'ordre dans lequel c'était fait et moi en fait j'avais juste à me dire oui bon bah. C'est pas moi qui voulais. C'était pas moi qui ai voulu faire ça comme ça. Alors qu'en fait, évidemment si. Mais c'était plus dur à assumer d'avoir ces envies-là. Donc c'était plus simple d'être plutôt dans une position de soumis avec les hommes. Parce que ça me libérait d'une certaine part de responsabilité, je dirais.
- Emmy
Oui, au final, ça revient sur ta première fois où ça a été un vrai lâcher-prise. Oui. Du coup, là, la relation avec les hommes, elle te permet de... complètement te laisser aller et c'est l'autre qui décide. Alors que dans une relation avec une femme tu vas pouvoir un peu plus décider donc ça fait un système de balance.
- Thomas
Oui oui il y a quelque chose comme ça, ça s'équilibre un peu entre les deux. Après tout est ouvert mais c'est vrai que dans mes relations avec les hommes en tout cas j'ai jamais cherché à avoir une autre forme de de relation. Avec les filles, on peut jouer un peu plus. Mais bon, après, j'ai commencé plus tôt aussi, donc j'ai un peu expérimenté des choses. Mais je pense que ce qui est juste important, c'est de savoir comment on aime prendre du plaisir, comment l'autre aime prendre du plaisir. Une fois que ça, c'est OK, c'est un peu plus facile de rejoindre l'autre sur son terrain ou de le faire rejoindre notre terrain et de jouer à deux comme ça.
- Emmy
Par exemple, tu nous parlais de sodomie. Est-ce que tu ressens l'envie d'aussi être sodomisé par ta partenaire ? Ou non, c'est uniquement avec les hommes du coup ?
- Thomas
Non, pas du tout. Non, non,
- Emmy
pas du tout, tu ne ressens pas l'envie ?
- Thomas
Non, oui, pas du tout, je ne ressens pas l'envie avec ma partenaire. Après, si dans le cadre d'une pratique ça arrivait, pourquoi pas ? Je ne suis pas fermé à l'idée, mais c'est vrai que ce n'est pas ce que je recherche en priorité. Mais je me suis déjà posé la question, un peu en mode, bon, c'est donnant-donnant aujourd'hui. Si tu m'autorises la sortie de vie, du coup, voilà. Je l'ai déjà pensé, mais ce n'est pas du tout une pratique qui me ferait particulièrement plaisir. En tout cas, je serais prêt à le faire si ma conjointe, elle a envie d'essayer ou que ça peut lui faire plaisir, mais ce n'est pas quelque chose auquel... Je tiens particulièrement.
- Emmy
Et donc, cette bisexualité, elle a souvent été cachée ? Est-ce que tu as eu des moments où elle a failli être découverte ? Ou justement, peut-être que tu voyais des hommes alors qu'il y avait des gens qui pouvaient le savoir, etc. ?
- Thomas
C'est arrivé... En tout cas, sur les applications, par exemple, de rencontres, pendant très longtemps, je ne mettais pas mon visage parce que j'avais trop peur que je sois reconnu et que ça se sache. Je pense que j'étais même un peu parano par moments. Au tout début, quand j'ai discuté sur les premiers sites, parce que c'était avant les applis, c'était des sites internet, quand je discutais avec des hommes sur des sites internet, vraiment, je leur posais dix mille questions avant d'être sûr que je ne les connaissais pas et que je ne risquais pas de les croiser dans la vie de l'homme. tous les jours parce que j'avais vraiment peur que ça se sache alors que bon soit il n'y avait rien de honteux particulièrement mais bon pour moi c'était toujours difficile et sur les applications pareil pendant longtemps donc je mettais pas mon visage et je ne montrais la photo de mon visage que quand j'étais sûr que je connaissais pas la personne ou qu'il m'avait déjà envoyé une photo de son visage et que je savais que je le connaissais pas mais oui c'était plus plus caché dans ce sens là et effectivement il est arrivé que je tombe sur des gens que je connais c'est sur les applications.
- Emmy
Mais est-ce qu'ils ne sont pas un peu dans la même situation au final ? Est-ce qu'il y a vraiment quelqu'un qui va se dire, ah j'ai vu...
- Thomas
Bah en fait c'était plus une peur irrationnelle qu'autre chose parce que la première personne... sur qui je suis tombé sur un site et qui m'a reconnu en fait il y a visité mon profil et moi ça m'a envoyé une notification comme quoi telle personne a visité mon profil je regarde la photo et je me dis je le connais et du coup je clique sur son profil pour vérifier que c'est bien le type que tu avais visité son profil oui mais en fait après coup je me suis dit mais c'est débile puisqu'il avait déjà vu mon profil donc de toute façon il savait déjà avait déjà qui j'étais et donc en fait il m'a envoyé un message après tout de suite après que j'ai visité son profil d'ailleurs, en me disant Ah, mais je savais pas ! Et donc en fait, on en a parlé, et en réalité, lui-même était bisexuel, chose que je ne savais pas, j'étais persuadé qu'il était hétéro, donc voilà, c'est resté quelque chose de... Finalement, ça a été pas difficile de garder le secret, même si lui, il s'en cachait pas, en tout cas, mais voilà, ça a pas été difficile de dire Ok, on est discret sur la question. Mais oui, c'est arrivé, évidemment. Et y compris dans mes relations de couple.
- Emmy
Dans des relations de couple ?
- Thomas
Bah oui, j'ai une ex qui m'avait offert des strings parce qu'elle s'était dit que ça me ferait un beau cul ou je sais pas quoi. Et sauf que moi, quand elle m'a offert ça, j'étais persuadé qu'elle savait que j'avais déjà eu des expériences avec des mecs et que j'avais déjà porté des strings avec des mecs, enfin des choses comme ça.
- Emmy
C'est vrai le string, ça veut rien dire.
- Thomas
Alors, c'est une bonne question. On pourrait y revenir. En tout cas, je me suis déjà beaucoup posé la question de pourquoi les vêtements, les sous-vêtements semblent à ce point genrés, en tout cas. Parce que je vois encore beaucoup de réponses de gars sur des applications qui vont dire... qui met des strings, c'est une meuf. En gros, il y a vraiment beaucoup de trucs comme ça. Genre, moi, je ne veux pas de mec qui met des sous-vêtements de meuf. Tu vois, en fait, ça, c'est des strings pour homme. En fait, ça existe, quoi. C'est pas grave. Mais oui, la question se pose parce que l'habit ne fait pas le moine, mais en tout cas, moi, de mon expérience, le sous-vêtement fait la position. Je dirais ça comme ça. Ok, oui.
- Emmy
Ça indique dans quelle partie je suis trop.
- Thomas
Quelque part, voilà. Je ne sais pas si le string en particulier change quelque chose. Je pense que quand Mister Universe pose et exhibe tous ses muscles en string sur une scène à Hollywood... Personne ne se dit qu'il est gay et pourtant il est en string sur scène donc voilà et à côté de ça tu as encore beaucoup d'a priori négatif enfin pas négatif je sais pas si c'est négatif en vrai mais d'a priori stéréotypé je dirais sur sur les vêtements sur les sous vêtements évidemment donc
- Emmy
ouais. Il y a encore vachement cette notion chez les hommes de ce rapport de virilité perdu ou pas alors qu'en soit tu peux très bien être être passif, porter des strings, et ça ne veut pas du tout dire que tu n'es pas viril. Il y a toutes ces connotations qui sont complètement différentes.
- Thomas
Je pense que c'est très lié au livre qui est sur la table, L'homme pénétré. La pénétration pour l'homme, c'est encore un gros tabou au niveau... Au sociétal, c'est un tabou pour beaucoup d'hommes et je pense qu'effectivement pour beaucoup d'hommes, déjà le fait de laisser sa copine une fois mettre un doigt ou passer un coup de langue, ça reste tabou. Donc forcément dans la rue. représentation générale, un homme qui se fait sodomiser par un autre homme, bon, c'est vrai qu'il y a cette symbolique de perte de virilité, de perte de masculinité, voire de fait carrément de féminisation, enfin, il y a quand même tous ces... tous ces paramètres. Et on peut les retrouver aussi dans certains échanges avec des gars sur des applications, par exemple, qui vont utiliser des termes particulièrement féminins pour s'adresser à un mec.
- Emmy
En plus, toi, tu as une sexualité bien définie, mais pas forcément revendiquée. Et c'est là où il y a toute une nuance entre se dire justement que ce podcast, c'est définir son identité. Moi, je suis partisane que c'est bien de définir son identité, de savoir qui on est, ça nous aide. on a des questions qu'on se pose plus et mentalement, physiquement, psychiquement, on se sent mieux. Mais est-ce que pour autant, on a le besoin de le revendiquer ? Forcément, tu nous disais que pour ta famille, ils n'ont pas réellement besoin de savoir, tu n'as pas besoin de crier sur tous les toits.
- Thomas
Moi, je ne le ressens pas comme un besoin, en tout cas, le fait de revendiquer. Je trouve que déjà, j'ai trouvé une forme de... paix intérieure, depuis que j'ai réussi à reconnecter ces deux parts de moi qui étaient clivées depuis longtemps, et de enfin me dire, ben en fait je suis bisexuel, et c'était ça la réponse à ma question depuis que j'ai découvert la sexualité, enfin les premiers émois, même pas la sexualité, les premiers émois, donc ça y est, maintenant je me dis, ok, je suis bisexuel, et je le vis bien, maintenant j'ai pas besoin de le revendiquer, parce qu'en fait je suis déjà bien établi dans ma vie, et je me me bats contre rien, je me bats pas contre la société, j'ai pas envie de me dire, ok, je vais taper du poing sur la table pour que les bisexuels soient plus représentés. Peut-être que je devrais, j'en sais rien, mais en tout cas, pour l'instant, j'ai atteint une forme de confort mental et de confort de vie qui me convient et déjà, ça me fait comme une pause, quelque part, parce que j'ai passé 25 ans à me poser des questions, enfin un peu moins du coup, puisque ça fait 2-3 ans maintenant. maintenant que les choses sont plus claires. Donc je ne dirais pas que j'ai besoin de revendiquer, par contre c'est vrai que depuis que je m'assume tel quel, je vis les choses bien mieux. Et j'ai d'ailleurs eu beaucoup moins d'expérience après, mais de dire, en fait ça y est, je m'assume. Oui, parce que je pense que pendant longtemps, je cherchais toujours la réponse à la question. Donc je sais que j'ai eu moins d'expérience avec les hommes, une fois que je me suis dit, ah non en fait. En fait, c'était ça la réponse.
- Emmy
Il y a eu un petit déclic ? Quelque chose, un événement particulier où tu t'es dit, ah mais en fait, je me suis pris la tête pour rien.
- Thomas
Covid a pas mal joué parce qu'on a eu de vrais longs temps de... non-socialisation, en tout cas où on était isolé chez soi, etc. Et donc c'était aussi un temps propice à la réflexion sur soi-même. Mais en tout cas, c'est à ce moment-là où je me suis dit, ok, j'ai beaucoup réfléchi à ça et en plus on ne pouvait pas rencontrer à cette période, on ne pouvait rencontrer personne. Donc ça jouait aussi, parce que finalement les pulsions étaient toujours là. Ça a été un cheminement, mais ça a été vraiment le déclic, je pense, que je l'ai associé à la période du Covid où j'ai eu le temps finalement, de réfléchir à ça sans me cacher dans je me noie dans le travail ou je me noie dans les relations ou enfin ce genre de choses donc ça a été à mon avis le moment où ça y est, j'ai compris que c'était ça en fait la question qui m'animait depuis le début
- Emmy
Ce qui est bien, je trouve, c'est que donc tu as réussi à définir ton identité, certes peut-être un peu tard, mais maintenant c'est fait donc il te reste encore des années pour rentabiliser Exactement Merci Avec le recul, qu'est-ce que tu dirais au toi de 15 ans ou à là, peut-être quelqu'un qui nous écoute et qui se cherche, qui se pose ses questions ?
- Thomas
Moi, je dirais que déjà, c'est important. Il y a deux choses. Je dirais que c'est important. de prendre le temps d'y réfléchir pour soi et par soi-même. Du coup, je trouve que c'est important d'avoir un temps de réflexion, etc. et qu'on ne se donne pas toujours ce temps-là parce que c'est des questions qui font peur, ou c'est des questions qui peuvent... faire honte ou qui peuvent être difficiles dans certains milieux à évoquer aussi. Je sais que le temps de réflexion qu'on peut avoir sur soi-même il est important, donc de ne pas se noyer non plus, soit dans le travail, soit dans les les relations, soit dans n'importe quoi d'autre d'ailleurs, mais il faut pouvoir prendre le temps de cette réflexion, et puis après, sans imposer aux gens de tenter leur chance, j'ai envie de dire que si ces envies-là sont là, peut-être qu'il faut essayer pour savoir. Ça apporte aussi des réponses, je pense, dans un sens ou dans un autre. Il faut aussi, je pense, ne pas s'arrêter à une expérience négative, et ça, ça vaut pour à peu près tout dans la vie. Je crois que c'est important de... j'allais dire de laisser c'est une seconde chance. On peut très bien imaginer que ma première fois, par exemple, avec des garçons, ça ne serait pas bien passé. Pourtant, les envies, probablement, elles auraient toujours été là, vu qu'en fait, elles ont toujours été là. Donc peut-être qu'il aurait fallu que je passe par une autre expérience et que cette autre expérience, elle soit positive pour que je me dise, en fait, j'aime bien. Mais voilà, je crois que aujourd'hui, il y a quand même plein de supports différents qui existent, des médias différents. Il y a les podcasts, il y a les sites internet, les forums. Enfin, il y a il y a quand même plein de moyens de s'informer qu'on n'avait pas à disposition 25 ans en arrière. Et je pense que les espaces de parole, en tout cas, ou d'échange, sont beaucoup plus nombreux. Et je pense qu'il ne faut vraiment pas hésiter à se tourner vers des sources d'informations, justement comme là, des échanges d'expérience. Parce que de mon expérience, en tout cas, c'est quelque chose qui m'a manqué plus jeune. Et d'ailleurs, ce qui a aussi débloqué la chose, c'est que finalement, j'ai osé parler à quelqu'un. quelqu'un qui lui-même avait eu des expériences et peut-être que la discussion que j'ai eue avec lui elle aurait pu aussi me faire dire oh bah non, non merci c'est pas ce vers quoi je veux aller, mais ça a été l'inverse, donc je crois que il y a quand même plein plein de moyens aujourd'hui en tout cas de s'informer, de se renseigner mais de toute façon ça reste une question intime, par intime j'entends individuelle, à laquelle il faut pouvoir répondre et pour ça le meilleur moyen c'est de de prendre le temps pour soi.
- Emmy
C'est vrai, et puis même si aujourd'hui je trouve qu'il y a plein de supports, comme tu dis, ce qui est aussi important, c'est de se dire que t'es bisexuel, une autre personne peut être bisexuelle et vous n'aurez pas la même bisexualité, et pourtant vous allez quand même chercher des références bisexuelles. Mais c'est individuel et pourtant faut pas chercher à caler sa sexualité. même calqué sur quelque chose d'existant.
- Thomas
Et c'est pas facile.
- Emmy
Parce que justement, cette notion d'inconnu, si on n'a pas de référence, ça nous fait peur, on n'ose pas, alors qu'au final, il suffit de tenter et...
- Thomas
Oui, oui, il y a...
- Emmy
On le sent, évidemment.
- Thomas
C'est vrai qu'aujourd'hui, le modèle... On va dire prépondérant chez beaucoup de jeunes dans la sexualité, ça reste le porno, sauf que le porno c'est pas la vraie vie et que c'est pas toujours facile de faire la part des choses entre ce qui est réel, pas réel, ce qui est une pratique entre guillemets. nématographie, qu'est-ce qui va être une pratique réelle et ça vaut pour à peu près tout ça vaut pour les pratiques, ça vaut pour les physiques aussi pour les tailles de sexe au hasard les formes de vagin, pour la pilosité, enfin tout est impacté Beaucoup plus qu'on ne le pense à mon avis par les représentations qui sont véhiculées dans le porno. Et ça joue beaucoup aussi sur la représentation de qu'est-ce que c'est avoir une sexualité, etc. Moi, 25 ans en arrière, quand j'ai commencé... mes premières expériences avec les garçons, en fait je n'avais pas de représentation de la sexualité. Le porno existait déjà évidemment, mais il était encore pas si facile d'accès en tout cas sur internet et c'est pas sur la base d'une photo que tu sais ce que c'est la sodomie. en tant que pratique, en tant que sensation, en tant que pratique.
- Emmy
Qu'est-ce qui existe ? En fait, est-ce qu'il y a un porno par exemple où il y a trois personnes au moins et deux gens dans ce porno, est-ce que c'est forcément un porno bisexuel ?
- Thomas
C'est-à-dire ?
- Emmy
Justement, je me dis, il y a des pornos homosexuels, il y a des pornos hétérosexuels.
- Thomas
Mais il y a des pornos bi.
- Emmy
Du coup, qu'est-ce qu'un porno bi ?
- Thomas
Soit en général tu as deux hommes, une femme ou deux femmes, un homme.
- Emmy
Mais du coup juste à partir de ce moment-là on peut dire que c'est un pornologue.
- Thomas
En tout cas ils sont classés comme tels. Mais c'est une forme de bisexualité, avoir un plan à trois avec quelqu'un du même sexe pour l'un ou pour l'autre.
- Emmy
Et s'ils se touchent non ? Justement on a des conversations avec des amis qui ont envie de faire des plans à trois. Donc c'est deux garçons qui font souvent des plans à trois avec une fille, mais eux ils font rien ensemble.
- Thomas
Bah du coup non.
- Emmy
Du coup, ça, c'est juste un plan 3. C'est juste un plan 3.
- Thomas
Mais effectivement, tu vas trouver des plans à 3 avec deux hommes, une femme, où les deux hommes n'ont effectivement pas d'interaction homosexuelle entre eux, mais tu peux aussi trouver des pornos bisexuels, où du coup, les trois partenaires ont des interactions les uns avec les autres, ou les unes avec les autres. autres en tout cas. Les deux formes existent. Mais c'est intéressant parce que la bisexualité, enfin je pense si tu vas sur un site porno n'importe, tu tapes bisexuel, machin, on va trouver des plans à trois majoritairement. Et je m'aperçois que, par exemple, c'est pas du tout quelque chose que j'ai envie de regarder parce que c'est pas du tout ma forme de bisexualité. Moi je vis ma bisexualité de manière... C'est pareil, c'est-à-dire que j'ai une sexualité avec les hommes et j'ai une sexualité avec les femmes, et les deux me conviennent. J'ai besoin des deux, mais je ne me vois pas mixer les deux, par exemple. Ça ne m'intéresse pas, ça ne m'attire pas, mais on me l'a déjà proposé. Mais ça ne m'a jamais... jamais intéressé et peut-être que pour certaines personnes la bisexualité c'est ça, c'est je suis en relation de couple avec ma conjointe ou mon conjoint et on fait venir un troisième dans notre relation de couple, ça peut aussi être une forme différente de bisexualité, moi je la vis pas comme ça mais après chacun la vit à sa façon. Ça m'avait été proposé par la même copine qui m'avait offert des strings.
- Emmy
Elle avait du nez.
- Thomas
Elle avait un très gros nez. Elle m'avait proposé de rencontrer un ami à elle, parce qu'elle, ça faisait partie de ses fantasmes, d'imaginer son conjoint coucher avec un autre et regarder. C'était ça son fantasme. Et donc, elle m'avait déjà sollicité en me disant, je connais quelqu'un, voilà, ça Moi, j'aimerais bien te voir coucher avec lui. Mais pour moi, c'était inconcevable. Alors qu'en vrai, j'aurais pu en avoir envie. Mais à ce moment-là, c'était inconcevable et inassumable. Donc forcément, j'ai dit, non, pas du tout. Ce n'est pas du tout ce que j'aime.
- Emmy
Et au final, est-ce qu'elle savait ?
- Thomas
Elle ne savait pas.
- Emmy
Elle ne savait pas.
- Thomas
Quand on en a reparlé bien des années après notre séparation. et qu'on a reparlé de ça, en fait, pas du tout. Même si elle a pu dire qu'elle n'avait pas été surprise. Quelque part, je ne dirais pas qu'elle s'en doutait, parce que ce n'est pas le cas, mais ça ne la surprenait absolument pas par rapport à la personne que je suis. à l'ouverture d'esprit que je pouvais montrer sur certains sujets etc elle s'était toujours dit voilà pourquoi pas c'est fou ça veut dire que vraiment elle sentait sans sentir mais d'un autre côté effectivement toi t'as pu te sentir un peu On se connaissait vraiment très bien, donc je pense qu'elle percevait des choses en moi que moi finalement je savais aussi mais que je n'assumais pas. Mais voilà, je pense qu'on avait vraiment une connexion importante et ça a joué je pense sur comment elle l'a perçu. Mais voilà, moi j'avais un peu l'impression qu'elle mettait ça sur la table parce qu'elle le savait. Alors qu'en fait, elle ne le savait pas.
- Emmy
Un point que je voudrais aborder, c'est définir son identité. Je trouve que c'est important pour définir quel type de personne on aime, etc. Mais il y a aussi comment. Je trouve que là, ton point de vue est assez intéressant. Parce que deux personnes bisexuelles, deux personnes hétérosexuelles ne vont pas vivre la même sexualité. Et donc là, ce que tu as commencé à nous dire tout à l'heure, c'est qu'entre une femme et un homme, déjà... Ton comment, il est complètement différent. Avec, par exemple, les hommes, t'étais plutôt dans le passif, ça peut aller plus loin, ça peut vraiment être du dominant à du semi.
- Thomas
Je pense que c'est resté parce que j'ai commencé par ça et que il y a une forme de plaisir aussi là-dedans, il y a aussi un côté lâcher prise qui n'est pas désagréable, on ne va pas se mentir, parce que la vie de tous les jours est très prenante et que c'est l'occasion de vivre, en tout cas, l'étant d'une parenthèse, un plan cul où tu ne te poses pas de questions et où tu te laisses mener à la baguette de A à Z et ce n'est pas désagréable.
- Emmy
Et est-ce que là, en couple, tu as toujours ces envies-là ?
- Thomas
Oui, oui, je les ai. Ça reste fluctuant, un peu comme... ma bisexualité, du coup c'est fluctuant en fonction des périodes, en fonction des moments. Il m'arrive de pas du tout y penser pendant des semaines ou des mois. Des fois, il peut... Enfin, des mois, j'exagère, mais ça peut arriver ponctuellement de façon rare pendant quelques plusieurs mois. Et puis derrière, il va y avoir des périodes où pendant des semaines, je vais en avoir envie très souvent.
- Emmy
Et c'est ok dans ta relation, justement, de les avoir ? Oui, oui. Là, c'est aussi hyper important, c'est de se dire que vous avez réussi à... pouvoir en parler au point que chacun puisse enfin j'imagine chacun, puisse assouvir ses besoins et que toute personne bisexuelle n'a pas forcément le besoin D'assouvir des relations avec l'autre genre. Tout à fait. Mais que...
- Thomas
Non, et puis, comme je disais, finalement, depuis que je me dis Ah, mais en fait, je suis bisexuel. et que je suis apaisé avec cette question, je m'aperçois que j'ai beaucoup moins de rencontres. Ça ne veut pas dire que j'ai moins d'échanges ou moins de discussions avec des mecs, mais je suis moins...
- Emmy
Dans la recherche, peut-être.
- Thomas
Exactement. Dans la recherche aussi d'une réponse. j'ai trouvé une forme de tranquillité d'esprit parce que j'ai répondu à la question que je me posais depuis longtemps. Et en fait, toutes les relations que j'ai pu avoir avec des mecs au fil des années, en fait, elles n'avaient que pour but de m'orienter vers la réponse. C'est juste qu'il y avait beaucoup de barrières psychiques en place et que ça a mis du temps à tomber. Une barrière, puis une autre, puis une autre. Déjà, il a fallu accepter, enfin, assumer plus qu'accepter, mais les deux se valent, d'aimer ça, ce qui était déjà difficile. Après, Après, il a fallu assumer d'aimer être passif, ce qui n'était pas facile non plus, vu les représentations. Puis, il a fallu assumer mes envies, parce qu'être passif, c'est une chose, mais après, avoir envie de certaines choses, de certaines pratiques, c'était aussi une étape supplémentaire.
- Emmy
Tu peux nous dire quelles pratiques ?
- Thomas
Déjà, juste des pratiques de base. Le simple fait d'assumer avoir envie de sucer un autre homme, c'était déjà pas facile. C'est-à-dire qu'assumer être passif, c'était une chose, mais assumer d'avoir envie... de pratiquer une fellation c'était encore différent donc quand je discutais avec des mecs sur les applications ou les sites souvent je disais et toi t'aimes quoi ? et je disais après oui moi aussi j'aime bien ça ça ça alors que maintenant je suis capable de dire voilà de quoi j'ai envie aujourd'hui et voilà et si je trouve quelqu'un qui a les mêmes envies c'est bien et sinon c'est pas grave mais ça ça a été long aussi du coup j'ai expérimenté plusieurs formes de relations hum en tant que passif, donc avec des dominants, où tu peux être tantôt soumis, tantôt lope, tantôt...
- Emmy
Donc c'est beaucoup plus soumis ?
- Thomas
C'est pas forcément beaucoup... Bah si, c'est beaucoup plus soumis... Enfin, beaucoup plus soumis que soumis, c'est difficile. Mais non, c'est soumis avec pas trop de tabous et une forme de liberté globale sexuelle, où on se cache pas trop des différentes pratiques. D'accord. Il y a aussi ce côté un peu plus débridé, je dirais, que dans une relation dominant-soumis. Après, c'est mon expérience personnelle, ce n'est pas forcément une vérité générale. Mais en tout cas, de mon expérience, je dirais que dans la relation dominant-soumis, il n'y a pas que la sexualité qui est en jeu. Quand on rencontre un gars et qu'on dit moi je suis l'op on parle plutôt de sexualité qu'autre chose. Donc c'est une forme de sexualité. forme de domination-soumission, mais vraiment propre à la sexualité en elle-même. Donc, on va plutôt avoir... Elle va plutôt s'exprimer dans la sexualité, en fait, cette domination-soumission.
- Emmy
Dans une relation amoureuse.
- Thomas
Oui, et pas dans une relation maître-esclave ou quelque chose comme ça. C'est vraiment en mode... Bon, au lit, il y en a un qui est très dominant et l'autre qui est très dominé. Donc, c'est plutôt sur ce format-là.
- Emmy
Et t'as jamais eu une envie de relation amoureuse avec avec des hommes ?
- Thomas
Ça ne s'est pas produit en tant que tel. Après, j'ai déjà eu une attache assez intéressante. Je ne dirais pas que c'était amoureux, en tout cas. Mais avec un gars que j'ai vu assez régulièrement. Et en fait, avec le recul, je me dis aussi... c'est parce qu'on était à ce moment-là vraiment tous les deux sur la même longueur d'onde sexuellement, parce que c'était quand même à la base un plan cul, qui est devenu plutôt un sex-friend, qui est devenu ensuite un peu plus, sans être vraiment une relation sentimentale, en tout cas, le sexe restait le cœur de notre rencontre, et tout s'est organisé autour de ça de toute façon. Mais voilà, ça n'a pas été une relation sentimentale en tout cas. Mais il y avait forcément une forme d'attachement parce que ça a duré quelques mois quand même.
- Emmy
Est-ce que pareil, tous les bisexuels ne sont pas biromantiques, je ne sais pas si c'est exactement le bon terme, mais il y a aussi une différence entre sexualité et romance, et même type de relation, relation ouverte, relation exclusive, etc.
- Thomas
jamais expérimenté en tout cas de romance avec un homme je dis pas que ça n'arrivera jamais mais c'est vrai que a priori c'est pas ma recherche majeure et même pendant longtemps j'avais pas forcément besoin d'avoir une relation comme on pourrait dire, même pas amicale, mais en tout cas cordiale avec la personne. On pouvait juste se rencontrer, se dire on a les mêmes affinités au niveau de la sexualité, allons-y, rencontrons-nous, on couche ensemble, et puis après chacun repart de son côté. Donc c'était beaucoup plus sur le versant plan cul que sur le versant sex friends.
- Emmy
Une fois, ça j'admire. Je sais que personnellement, j'arrive pas à me dire je vois quelqu'un, je couche juste avec, et après on s'en va. Et je sais que ça définit aussi du coup ma sexualité de m'étonner. de me dire, je ne suis pas... Ce n'est pas dans... Oui, dans ma sexualité, de ne pas nouer, entre guillemets, de lien, je n'ai pas envie de dire affectif, mais il faut que moi, je sais qu'il faut que je sois un petit peu à l'aise, que j'ai parlé, que je m'entende bien avec quelqu'un, etc. Et je sais que pendant longtemps, j'ai essayé, du coup, de me dire, allez, t'essayes un one-shot. Et en fait, à chaque fois, j'étais plus que mal à l'aise, ça m'a créé des histoires horribles où je sais que... en colo, donc je travaillais dans cette colo et je m'étais absolument dit ok vas-y Ami tu sors du lycée, il faut que tu fasses des expériences à ça. Pourquoi ? Je sais pas mais donc il y a cet animateur et en plus c'est pas du tout la personne qui m'attirait en règle générale et j'ai essayé et en fait c'était mais horrible, je sentais que je le faisais il y avait une partie de moi qui avait un peu envie en termes de challenge et de me dire bah c'est un peu dans ma nature de pousser mes limites, donc j'avais envie d'essayer. Et une autre partie qui était horrible. On n'était tellement pas sur la même longueur d'onde, donc peut-être aussi pas de chance. Mais je me souviens, il était très grand. On était dans une chambre, parce que moi, je nettoyais les chambres. Donc je savais que je pouvais aller n'importe où. Toute trace, elle allait être enlevée après. Et en fait, il s'est mis à m'étrangler. Alors que moi, je ne m'attendais pas du tout à ça. Sauf que il était tellement grand qu'en fait, je n'arrivais pas à atteindre. pour lui dire non mais stop, stop, stop. Et je me suis dit ok, maintenant tu discutes avec les gens parce qu'au final vous n'êtes pas du tout.
- Thomas
Après c'est vrai que c'est marrant parce qu'avec les gars, sur des one-shot comme ça, on fixe le cadre d'abord. Mais j'ai déjà eu des one-shot avec des filles. Et en fait c'est quelque chose dont on ne parle pas très souvent. Tu ne parles pas avec la fille avec qui tu te dis ouais bon ben ce soir on va coucher ensemble c'est sûr. Tu ne parles pas avec elle de ce que tu vas faire comme pratique, des limites que tu vas poser, etc. Et moi, ça m'avait marqué parce qu'il y avait une fille que je vais rencontrer sur une appli. On a discuté un peu. Ça se passe bien par message. Et puis, donc, elle me dit qu'on se voit ce soir. OK. Donc, elle m'envoie un message. Et en lisant le message qu'elle m'envoie de confirmation pour le soir, je lis. De toute façon, ne te fais pas d'idées. Je ne sais plus comment c'était tourné, mais c'était ne te fais pas d'idées. Il ne se passera rien ce soir ou quelque chose comme ça. Et un peu plus tard. dans l'après-midi, je relis le message et en fait, ce n'était pas ça qu'elle disait. Elle disait l'inverse. Elle disait ce soir, de toute façon, ce soir, on y va. Je ne sais plus du tout la formulation qu'elle avait choisie. De toute façon, ce soir, je ne viens pas pour rien. J'ai fait, ah ok. Mais ça m'avait marqué et on a passé une nuit incroyable. Je ne la connaissais pas. C'était la première fois de ma vie que je la rencontrais en dehors des messages qu'on avait échangés et on a passé une nuit de folie. On l'a fait cinq fois dans la nuit. Même moi, je ne pensais pas pouvoir être là. tenir comme ça. Bref, c'était génial. Et en fait, c'est quelqu'un que, du coup, j'ai revu après, ponctuellement, et qui est toujours, d'ailleurs, une amie. Pas plus, pour l'instant, mais...
- Emmy
Pour l'instant,
- Thomas
oui. Mais ça m'avait marqué, parce que... toutes les autres fois où j'ai eu des one-shot avec des filles, c'était pas du tout évoqué, c'est-à-dire que c'est comme si c'était sous-tendu dans le body language de tout le monde mais personne ne disait ostensiblement bah ce soir,
- Emmy
on se la met quoi on part à la maison j'en suis la cause, je sais que je fais partie justement de celles qui vont pas en parler enfin en fait, on va se chauffer, on va en parler mais je vais pas dire crûment parce que même moi, je ne sais pas en fait je sais toujours au dernier moment si j'ai envie ou pas et j'ai trop peur de si je dis ok j'ai envie qu'il se passe ça arriver là-bas, de me dire, je vais être obligée que ça se passe. Et il y a un garçon que j'avais rencontré, pareil, en me disant, allez, tu te forces à faire des coups d'un soir pour essayer juste de te décoincer aussi, parce que je sais que je suis... Mes premières fois, je suis toujours pas du tout moi au final, donc petit travail sur ma personne. Et déjà, je sais pas, j'ai une montée d'adrénaline, je me dis, ok, j'y vais. Donc je pars en trottinette, j'ai mon sweat pilou-pilou. Mon casque tantinet, il est 2h du matin et je roule dans Paris comme ça. On me dit ok, je vais chez lui. Je ne l'ai jamais vu, je l'ai juste vu sur Tinder. J'ai swipe comme ça et vas-y, on y va quoi. Et j'arrive devant chez lui. Et en fait, j'étais tellement stressée et envie de le connaître que je n'ai fait que parler. Je n'ai fait que parler, il a parlé aussi. Et au bout d'un moment, il me dit du coup, pourquoi tu es venu ? Moi, je dis pour te connaître. Et il m'a dit... mais tu viens pas à 2h du matin j'étais moi, juste pour me connaître j'ai dit bah pourquoi ? Et lui il s'attendait complètement à autre chose et au final même si on s'était un petit peu tourné autour juste nos compréhensions étaient complètement différentes au final ça s'est bien passé cette histoire mais ça a duré mais super longtemps et paradoxalement il
- Thomas
y a une fille qui m'a abordé une fois dans le tramway Donc elle me donne un petit papier au moment de sortir du tramway. Et donc je ne comprends pas trop. Puis c'était tard le soir, j'étais fatigué. Je ne savais pas trop, je n'avais pas levé la tête de mon téléphone. Je prends le papier, je vois la fille descendre, je regarde. de papier, il y avait son numéro de téléphone. Donc, je lui envoie un message le lendemain, et elle me dit en gros qu'elle a flashé sur moi, qu'elle veut qu'on se rencontre, et elle, pour le coup, quand elle est arrivée chez moi, elle m'a sauté dessus direct. Et j'ai été, pour le coup, assez mal à l'aise. Étonnamment. Oui, elle était très entreprenante, presque dans une forme de voracité. Elle avait vraiment flashé.
- Emmy
Oui,
- Thomas
c'était trop. Moi, je n'avais pas spécialement flashé. En fait, quand je lui ai proposé qu'on se voit, c'est parce que je trouvais que c'était fun qu'une fille me filme. Ça change. Ça change, oui, déjà.
- Emmy
Du coup, forcément, c'est plaisant aussi. Parce que pour une fois, c'est quelqu'un qui vient...
- Thomas
Exactement. Et je m'étais dit, au moins on se rencontre. Mais en fait, elle n'était pas venue pour qu'on se rencontre. Comme tu l'expliques très bien, elle n'était pas venue pour qu'on se rencontre de la même manière que j'avais imaginé la rencontrer. Donc finalement, moi, ça m'avait un peu refroidi, on va dire.
- Emmy
Mais c'est vrai qu'il faudrait peut-être un peu plus en parler. Mais d'un autre côté, ça dépend vraiment des personnes. Des garçons, moi, qui vont m'envoyer des messages hyper crus, je vais plutôt être là. C'est beaucoup trop direct pour moi parce que... Dans ma sexualité, j'ai besoin de ce feeling-là. J'ai besoin de connaître sa petite zone de confort, quoi. Nous arrivons à la fin de l'épisode. Et donc, les petites questions qui sont dans un bol. Donc, on va chacun en choisir une. Je te laisse commencer.
- Thomas
Quelle est ta position préférée ? Bon, ça va être assez facile et un peu classique, mais je vais dire que c'est la levrette. Ce qui est moins classique, c'est que je mets la levrette dans les deux cas. Avec les hommes, où c'est moi qui suis en levrette, et avec les femmes, où du coup c'est moi qui suis derrière la levrette.
- Emmy
Au moins tu la vis pleinement.
- Thomas
À 100%.
- Emmy
Quel est l'endroit le plus insolite où tu es fait l'amour ? Eh ben... Oh ça, je sais pas. Insolite, je sais pas. J'ai pas vraiment des endroits très insolites. J'ai des voitures, la mer...
- Thomas
Je pense que pour beaucoup de gens qui ont une sexualité classique, ça peut être insolite. Parce qu'après, bon, insolite, quand on est un peu fou, insolite, ça peut être un parc d'attractions.
- Emmy
Une chambre de colo. Ah si, j'ai un endroit, c'est pas si insolite que ça, mais en fait, donc mon copain actuel, sa famille a une maison dans le sud-ouest, mais un énorme terrain. Vraiment, il y a des... Il y a des chevreuils, etc. qui passent. Et en fait, on allait super loin dans cet endroit-là. Et donc, on l'a fait en pleine nature. Il y avait vraiment toute la faune et la flore. On avait l'impression d'être dans une bulle à part entière. Et au final, je l'ai trouvé assez insolite.
- Thomas
C'était une forme de Disney.
- Emmy
C'était une forme de Disney. Bambi n'était pas le même Bambi. Mais soit c'était dans un jardin. Mais le jardin était tellement particulier que pour moi, elle comptait un peu comme une insolite.
- Thomas
Moi, avec les filles, je... pas fait tellement de lieux insolites, en dehors de, entre guillemets, des classiques, voitures, forêts, plages. Avec les gars non plus, j'ai pas fait tellement de lieux insolites, mais un lieu qui a été insolite, pour moi, la première fois, en tout cas, ça a été les fameux Glory Hall.
- Emmy
Je connais pas d'ici.
- Thomas
Les fameux murs de bite. Donc c'est des murs avec des trous où des gars viennent passer. C'est dans des clubs, évidemment. Voilà, donc ça, pour moi, c'était très insolite parce qu'il y avait aussi tout un truc un peu mythique du Gloriole dans le milieu homosexuel, etc. Donc, c'était un peu comme découvrir un lieu historique ou religieux. Enfin, je n'en sais rien. C'est un truc un peu... Ah, c'est donc ça.
- Emmy
C'est donc ça le fameux...
- Thomas
Donc, j'ai trouvé que c'était insolite, même si je pense que pour... beaucoup de mecs gays ou bi qui vont dans les clubs, ça n'a rien d'insolite mais en tout cas moi j'avais trouvé ça très insolite t'as éveillé ma curiosité,
- Emmy
je me dis à quoi ça ressemble ?
- Thomas
c'est un mur avec des trous et puis il y a des mecs qui viennent derrière le mur mettre leur sexe et puis de l'autre côté des mecs qui viennent soit aller sucer soit plus y affiniter c'est aussi l'anonymat plus plus plus parce que littéralement tu vois rien de la personne en dehors de son sexe donc euh J'ai trouvé le lieu vraiment très insolite, par rapport à une sexualité classique, c'est un truc assez étonnant, on va dire.
- Emmy
Pour conclure cet épisode, si tu avais quelques rapides mots pour définir sa sexualité, le meilleur conseil ?
- Thomas
Le meilleur conseil pour moi, c'est de ne pas rentrer dans une case. Après, c'est mon avis personnel, mais je crois que c'est juste important de vivre sa sexualité pour soi et avec l'autre, mais pas que. C'est important de vivre sa sexualité aussi tout seul, de se découvrir, découvrir son corps. Moi, je sais que j'ai fait plein d'explorations bien avant d'explorer avec des filles ou des gars. Donc, je pense que c'est important. d'avoir ce temps où on se découvre soi-même, où on peut découvrir ses envies, ses fantasmes. Il faut aussi faire la part des choses entre ce qui est du fantasme et du fantasme qui restera, du fantasme et ce qui est réalisable parce que l'envie elle est réelle et que derrière le fantasme il y a une vraie pulsion sexuelle qui est naissante. En fait je ne sais pas si se définir d'une façon ou d'une autre c'est indispensable. Je pense que ça l'aide en certains cas pour se revendiquer justement parce qu'il y a encore aujourd'hui... malheureusement, en tout cas il suffit de suivre l'actualité politique du moment pour s'apercevoir que c'est toujours pas facile de ne pas avoir une sexualité classique mais voilà, je crois que ce qui est important c'est surtout d'être en accord avec soi-même et donc prendre le temps de se découvrir, de découvrir ses envies sans se laisser cataloguer d'une façon ou d'une autre parce que finalement il ne faut pas que ce soit les autres qui nous imposent notre identité je dirais, mais plutôt qu'on se découvre soi et qu'on l'assume pour soi, une fois qu'on l'assume pour soi pour soi, la vie est quand même beaucoup plus facile.
- Emmy
Merci beaucoup Thomas d'être venu.
- Thomas
De rien, merci à vous.
- Emmy
J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, n'hésite pas à le noter ou à commenter sur la plateforme sur laquelle tu nous écoutes. Et à bientôt sur Antichambre.
- Thomas
Une production Studio Moya. Studio Moya !