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Antidot - Le podcast qui interroge notre rapport au conflit

9. La méthode collaborative, avocats et médiateur au service de la résolution des conflits, avec Nathalie Tisseyre-Boinet

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1h00 |11/07/2024
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Description

Pour ce 9ème épisode et avant-dernier épisode de la saison 1 d'Antidot, j'ai le plaisir de recevoir Nathalie Tisseyre-Boinet, « avocate amiable », médiatrice, formatrice et élue locale.


À l'origine de la méthode collaborative, Nathalie a créé cette approche innovante de la résolution des conflits pour les avocats en s'inspirant de sa pratique professionnelle de médiatrice et du droit collaboratif.


Dans cet épisode, nous évoquons:

  • Comment cette méthode, qui favorise le dialogue et la compréhension mutuelle entre les parties en conflit, diffère du processus judiciaire traditionnel

  • L’importance de la rencontre en présentielle, “parenthèse de désarmement”, et la satisfaction née du travail d'équipe conduit entre et avec les avocats

  • La confiance dans la médiation, l’autorité du médiateur et les relations avocats/médiateur au travers de ses expériences riches à cet égard

  • Le recours aux apartés en médiation, “instruments de déblocage”


Cet épisode offre une vision claire et inspirante de la méthode collaborative à la portée de tous les avocats qui sont soucieux de la satisfaction réelle de leurs clients.


Impossible d’ignorer cette approche si c’est votre cas !


Je vous souhaite une très bonne écoute.
Émilie

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Retrouvez Nathalie Tisseyre-Boinet sur son site internet


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En attendant de se retrouver le 10 de chaque mois pour un nouvel épisode, je vous invite à vous abonner au podcast et à laisser 5 étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée.


Si vous souhaitez continuer la discussion autour de la médiation, retrouvez-moi sur mon compte Linkedin Emilie Thivet-Grivel.


Et si vous souhaitez en savoir plus sur le cabinet ETG Avocats et nos services de médiation, rendez-vous ici.


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Crédits :

Antidot est un podcast d’Emilie Thivet-Grivel.
Stratégie : Mélanie Hong.
Montage et mixage : Morgane Bouchiba.
Designer graphique (vignette) : Emma Wise.
Musique  : Aberdeen, Greg McKay.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous écoutez Antidote, le podcast qui interroge notre rapport au conflit. Je m'appelle Émilie Thivet-Grivelle, je suis avocate et médiatrice, fondatrice du cabinet ETG Avocats. Chaque mois, je vais à la rencontre de professionnels qui ont changé de regard sur la conflictualité et qui l'organisent autrement. Pour ce neuvième épisode, je reçois Nathalie Tisser-Boinet. Avocate, médiatrice, formatrice et élue locale, Nathalie Tisser-Boinet est à l'origine d'une méthode de travail, la méthode collaborative. Cette méthode trouve ses sources dans sa pratique professionnelle, d'avocate et de médiatrice, construite au début des années 2000, et dans le droit collaboratif, devenu aujourd'hui processus collaboratif, dont l'association. française des praticiens de droits collaboratifs, fait la promotion. Dans cet échange, Nathalie nous partage ce qui fait la réussite de ces pratiques professionnelles plébiscitées par ses clients, le changement de paradigme que cela demande à l'avocat et le plaisir qui se dégage dans ce travail d'équipe réalisé par les professionnels. Je vous souhaite une très bonne écoute et je serai ravie de lire vos remarques à l'issue de cet entretien. A bientôt !

  • Speaker #1

    J'ai commencé à être en même temps avocate et médiatrice dans les années 2000 effectivement, en 2001 et précisément, j'ai eu des dossiers de médiation puisque j'avais cette thèse en droit de la santé, je suis devenue médiatrice pour la CRCI. L'indemnisation des victimes d'accidents médicaux. Pendant, j'y suis restée sept ans, et donc j'ai eu des dizaines de dizaines de dossiers de médiation. C'est comme ça que j'ai pu commencer ma pratique. Parce qu'à l'époque, la médiation, déjà, on ne connaissait pas, on n'en parlait pas, et il n'y avait vraiment pas de dossier. Donc j'ai eu cette chance d'avancer plus vite que les autres dans l'amiable. Et de faire la comparaison avec la pratique professionnelle traditionnelle de l'avocat. Et manifestement, les meilleurs retours venaient de la pratique amiable de la part des clients.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu as donc démarré la profession d'avocat et la profession de médiatrice en même temps. Oui. Contrairement à beaucoup d'avocats qui sont devenus médiateurs après plusieurs années d'expérience. D'avocat, toi tu as pris les deux casquettes immédiatement, ce qui a sans doute aussi changé ton approche de la profession dès le départ.

  • Speaker #1

    Je ne connais que la mienne, pour l'avoir vécue. Mais en revanche, comme tu l'as dit, j'ai formé énormément d'avocats à la résolution amiable des conflits, puisque c'est ce qui m'anime très très profondément. Et donc, pour revenir à mon parcours, j'ai constaté cette... Cette efficacité de l'amiable traiteau. Donc, dans ma pratique d'avocat, j'ai commencé à désirer que mes clients, enfin, mon client et la partie adverse, se mettent autour d'une table pour discuter, puisque c'est ce que je faisais en médiation et que ça marchait tellement bien. Donc, j'ai proposé ça, je m'étais mise à faire de la... du droit de la famille, j'avais quitté le droit de la santé, et j'ai proposé ça à mes clients, puis évidemment à mes confrères, et il y a eu des cas où nous y sommes arrivés. Et donc, j'étais comme M. Jourdain, je faisais du processus collaboratif sans le savoir. C'était assez difficile pour moi, pour ne rien te cacher, d'être déjà arrivée dans la profession tardivement, et puis aussi... de la pratiquer d'une façon très originale. Donc, c'était un peu difficile, mais je ne pouvais pas faire autrement, étant donné les résultats, l'efficacité de la méthode. Les remerciements de mes clients, que ce soit en médiation ou dans cette pratique d'avocat que j'initiais, il y avait vraiment un retour qui était plein de gratitude en fait. Donc je voyais bien que ça marchait. Et en 2008 ou en 2009 est arrivé ce qu'on appelait à l'époque le droit collaboratif, qui est devenu le processus collaboratif en France. Donc je me suis tout de suite inscrite à la formation. Et à mon grand soulagement, je me suis aperçue que ce que je faisais, d'autres l'avaient déjà inventé. Donc les Américains, avec vraiment une structure très précise dont je me suis tout de suite emparée, j'ai tout de suite compris à la fois les avantages, mais aussi les inconvénients d'une certaine forme de rigidité du processus collaboratif. Et donc c'est comme ça que j'ai créé cette méthode collaborative qui consiste à s'inspirer. totalement de tous les bénéfices du processus collaboratif, mais en évacuant ce qui n'est pas commode, en fait, et qui est trop rigide et qui en empêche le bon développement.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être qu'on peut juste préciser pour les personnes qui n'ont jamais entendu parler de cette approche, qu'au départ, c'est un avocat américain qui fait le constat, finalement, de l'insatisfaction de ses clients en plusieurs années. Après, ils ont surtout gardé, en dépit du fait qu'ils ont pu gagner leur contention judiciaire, ils ont surtout beaucoup d'amertume et le sentiment de beaucoup de gâchis. Et partant de ce constat-là, cet avocat Stuart Webb essaie de penser une autre façon de travailler et une méthode effectivement très stricte avec des étapes à suivre dans un certain ordre, avec un avocat formé également. Et c'est cette... méthode qui est importée en France et qui est développée par notamment l'association française des praticiens du droit collaboratif. Et toi tu t'en éloignes un petit peu dans la mesure où tu as une approche plus libre, j'ai envie de dire, où tu gardes l'essence mais tu abandonnes ce qui pour toi fait rigidité et ce qui est un frein au déploiement de cette méthode.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait parce qu'en fait j'en avais déjà à la pratique. Donc je savais que ça marchait de la façon dont je pratiquais et que ça marchait plus largement. Alors, en quoi ça consiste ? Le processus collaboratif, il y a une convention dans le processus collaboratif, il y a une convention de départ qui engage les partis et les avocats à travailler de la façon que tu as décrite, donc selon une structure d'entretien successif très précise et véritablement efficace. Et puis il y a aussi cette obligation que les deux avocats soient formés à cette méthode, ce qui demande aujourd'hui 32 heures de formation, alors c'est pas énorme franchement, mais malheureusement tous les avocats n'y sont pas formés, ne le connaissent pas. Donc ce qui réduit considérablement les possibilités dans un dossier d'avoir en face de soi un avocat formé avec lequel on puisse travailler de cette façon-là.

  • Speaker #0

    Autre aspect, on peut aussi préciser, donc la convention dont tu parles, finalement, ça s'apparente un peu à une sorte d'accord de méthode qu'on connaît dans le droit électoral, notamment du travail. Cet accord de méthode, on attend qu'il soit signé des deux parties qui sont en conflit et des avocats. Donc, c'est un accord signé à quatre qui formalise l'entrée dans le processus. Et c'est vrai que la critique qu'on peut faire à cet accord, évidemment, c'est... C'est très confortable. Une fois qu'on a obtenu la signature, on se sent protégé. Mais psychologiquement, c'est aussi un frein. Il y a des dossiers où déjà l'enjeu, c'est de réunir les personnes. Si vous attendez en plus qu'elles vous signent un accord, autant dire qu'elles partiront en courant. Moi, c'est ma petite réserve. Donc, c'est vrai que c'est très confortable. Quand on a obtenu... volonté vers l'adhésion des personnes mais en pratique on sait aussi que ça sera peut-être un repoussoir de se dire avant même de se parler il faut signer quelque chose.

  • Speaker #1

    Alors il y a aussi un autre aspect dans la difficulté de faire signer cet accord c'est qu'il y a une obligation de retrait des avocats au cas où le dossier n'aboutirait pas à l'amiable et serait porté devant le juge. Et là c'est une logique aussi, c'est logique, les avocats doivent être... Comment dire, ils doivent être dépourvus de cette deuxième possibilité d'aller devant le juge, sinon ils ne travailleront pas suffisamment sur la partie amiable. Donc ça c'est tout à fait logique et cohérent, mais... Pour l'instant, ça fait encore peur aux avocats et ça ne fait pas du bien aux clients qui se disent tiens, quand ça ira mal, mon avocat me lâchera Donc, moi, dans ma méthode, j'ai enlevé ça. Alors, il y a aussi autre chose qu'il faut quand même préciser, c'est que cette convention permet, et ça c'est absolument essentiel, d'amener la confidentialité. La confidentialité renforcée, c'est-à-dire elle est valable pour... tout le monde, bien évidemment les avocats, avocats-clients, mais les clients aussi. Donc on ne doit pas ce qui est dévoilé pendant les entretiens, pendant tout le processus, si jamais il devait aboutir ailleurs, et même s'il ne devait pas aboutir ailleurs, doit rester absolument confidentiel.

  • Speaker #0

    Et là, ça devient un engagement contractuel parce qu'il est vrai que... contrairement à la médiation qui est protégée par la confidentialité, on a une source, c'est dans le code de procédure civile, si on fait une réunion dans un cadre collaboratif entre avocats avec les personnes concernées, on n'a pas de fondement qui oblige les personnes à respecter cette confidentialité. Donc l'intérêt de la convention là aussi, c'est que ça ne contre-allume pas. contractualise l'engagement. Même quand on n'a pas cette convention, cela dit, on peut quand même prendre des précautions pour faire respecter cette confidentialité.

  • Speaker #1

    On fait une clause de confidentialité qu'on fait signer à tout le monde, bien sûr.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est le minimum, de toute façon.

  • Speaker #0

    C'est le minimum, mais même ce minimum contractuel, il n'est pas toujours en réalité, on sait bien qu'il n'est pas toujours facile à obtenir.

  • Speaker #1

    Maintenant, Franchement, alors, je fais assez peu de droits des affaires, mais c'est peut-être dans ce cadre-là qu'il y aurait le plus de risques, peut-être, de parler de brevets, de parler de projets, de parler d'avenir, etc., de révéler quelque chose qui soit vraiment fondamental. Sinon, je dois dire que ça fait 23 ans que je pratique de cette façon-là et il n'y a pas véritablement de confidentialité dans ce qui est... énoncées, dans ce qui est montré comme éventuellement comme document et pièce. Voilà, ce sont des choses qui de toute façon devraient être dites si...

  • Speaker #0

    Si on était au contentieux.

  • Speaker #1

    Si il y avait un judiciaire derrière ou côté...

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux justement décrire ce qui fait, selon toi, l'essence de la méthode telle que tu la pratiques aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors donc, elle est dépouillée. Alors moi, en fait, mon point de vue pour l'avoir pratiqué depuis presque toujours dans la profession d'avocat, dans ma pratique d'avocat, c'est qu'il n'est pas besoin d'une convention préalable. C'est une façon de travailler pour l'avocat. Tout simplement, pourquoi ? Parce que, en fait, quand un client arrive dans notre cabinet, sa demande profonde, c'est Maître, sortez-moi de là Il faut qu'on garde ça à l'esprit, qu'il ne nous demande pas. forcément d'aller devant le juge. Il nous voit avec notre robe en train de plaider, mais ça c'est l'image de l'avocat. Mais en vrai, ce qu'il nous demande, c'est de résoudre son problème, de l'aider à résoudre son problème. Voilà. Et comment mieux résoudre la problématique qu'en faisant se reparler les deux personnes en conflit ? N'oublions pas que dans le judiciaire, ce que nous connaissons, c'est une absence totale de dialogue. C'est l'avocat... couvre en quelque sorte, fait couverture en étant le porte-parole de son client auprès du juge, mais il n'y a pas d'échange entre les deux personnes. Et pourquoi ? Parce qu'on dit, ben oui, comme ils sont en conflit, ils peuvent pas se voir, selon l'expression consacrée, et donc on va pas les faire se parler. Mais si, justement, c'est ça. Le truc, c'est que, comme ils sont en conflit, c'est qu'il y a quelque chose entre eux. qui est de l'ordre de l'incompréhensible. Et chacun s'est fait un film sur ce que l'autre a voulu faire. De toute façon, chez tous nos clients, et même moi, si je suis en conflit, j'ai tendance, comme tout individu, à me dire, c'est la faute de l'autre. Et moi, je suis sa victime. Sauf que ce qui est drôle, c'est de savoir qu'en face, c'est pareil. Il dit... que c'est ma faute à moi et qu'il est victime de mes agissements. Donc en fait, les deux personnes en conflit s'inventent une histoire. qui ne correspondent pas à la réalité. Et ce qu'il convient de faire, c'est de les mettre autour d'une table et de tout mettre sur la table. Donc de les faire se reparler, de les faire discuter et de mettre de la compréhension. Oui, tout à fait. Ça fait rêver. De mettre de la compréhension là où il y a une... des malentendus en fait. Tout ça, on est dans l'ordre de l'écoute. C'est malentendu. Pour moi, c'est vraiment ce qui est important, c'est comprendre, faire comprendre et se comprendre. C'est comme ça, c'est ce à quoi on doit aboutir. Et donc, l'essentiel, c'est de se mettre autour d'une table. Alors, en médiation, il y a un médiateur qui gère. En processus collaboratif et dans ma méthode collaborative... on se met tous les quatre autour d'une table et ce sont les avocats qui gèrent la parole et qui gèrent le processus. Sauf que selon moi, on peut faire ça, on peut amener à cette méthode sans que les deux avocats soient nécessairement formés. Pourquoi est-ce que je l'affirme haut et fort ? C'est parce que je le fais tout le temps, en fait. Je le fais tout le temps. Le plus difficile, c'est d'amener notre confrère à... travailler de cette façon-là, ce qui est vraiment novateur encore aujourd'hui. Mais une fois qu'on y arrive, parce que tout simplement, on lui fait comprendre qu'il faut remettre du dialogue entre les parties, que ce serait quand même dommage qu'il y ait cette chance ultime, en fait, pour nos clients d'arriver à se comprendre et à s'apaiser. Et pour nous aussi de... Faire sortir de notre dossier, de toute façon, tout ce qui pèse, que nos clients nous font peser, font peser sur nous. C'est-à-dire, vous savez, les appels des clients qui sont pleins de hargne contre l'autre et qui se défoulent sur nous, les avocats. Tout ce côté un peu lourd, ben non, ça va être sorti pendant les réunions à quatre. Ils vont se parler, ils vont se comprendre. Tout va s'apaiser, forcément. Il y a quelque chose que je voudrais ajouter aussi, que m'a apporté ma pratique, c'est de comprendre que, en fait, les gens ne sont pas de mauvaise foi. Et donc... que les gens sont de bonne foi. Alors, ça paraît bête à dire, mais c'est quelque chose qui aide aussi, parce qu'à force d'entendre toutes les versions de toutes les personnes en présence, j'ai compris que chacun... à ses bonnes raisons d'avoir agi et d'avoir pensé comme il l'a fait, même éventuellement au cours de plein d'années de suite. Mais je ne dis pas que leurs raisons sont bonnes, je dis que chacun a ses bonnes raisons d'avoir fait comme il l'a fait. Et ce qui se passe quand on se met autour d'une table et qu'on libère la parole, chacun comprend que l'autre, il donne sa version, mais que sa version était juste pour lui jusqu'à présent. Et que, petit à petit, on peut mêler ces deux versions et aboutir à quelque chose de commun qui apaise. Et sur la base duquel on peut prendre des décisions pour l'avenir.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc le point cardinal, c'est vraiment la rencontre en présentiel. Oui. Il n'y a pas de méthode collaborative sans rencontre. Ça semble évident. Et c'est une rencontre où on va assez peu parler de droit, ce qui peut paraître déstabilisant parfois pour les africains au début, parce que finalement, on va faire émerger les non-dits, les problématiques relationnelles. Oui. qui font obstacle à la résolution du conflit d'un point de vue strictement juridique et qui d'ailleurs est impuissant. Les outils du droit ne vont pas résoudre très très souvent, et particulièrement en matière familiale, des problématiques de malentendu, d'incompréhension, de ressentiment, de tu m'as blessé, de je me sens trahi, etc. On voit bien que la matière, c'est pas le code civil qui va nous aider à mettre fin.

  • Speaker #0

    Il faut préciser que cette rencontre à quatre, elle n'intervient pas tout de go. Il y a des étapes préalables. Évidemment, la première fois qu'on rencontre son client et qu'on l'amène à envisager cette façon de travailler, le client est toujours d'accord. Toujours. La deuxième étape, c'est de prendre attache avec son confrère et de l'amener. Et là, c'est un peu plus difficile. On ne va pas... Voilà. On ne va pas se cacher ça. Et ensuite, une fois qu'on y est arrivé et qu'on a pris date, on fait une réunion de préparation du client. Et justement, c'est à cette occasion qu'on va lui donner d'abord la façon de communiquer qu'il devra avoir pendant la réunion à 4, parce que, bon, évidemment, il n'y aura pas d'interruption. Ça c'est le propre de tous les modes amiables, de toute façon, c'est l'écoute active et on n'interrompt pas celui qui s'exprime. Donc il faut lui faire comprendre ça. Et puis aussi, parler en jeu, ne pas accuser l'autre en disant tu as fait ceci, tu as fait cela. Il y a toute une préparation du client qui va lui permettre de comprendre comment les choses vont se passer. on va se préparer ensemble à voir quels sont les sujets qu'il voudrait voir abordés pendant cette réunion. Alors on ne va peut-être pas tous les mener pendant cette réunion, mais en tout cas les sujets qui sont importants pour lui, qui devront être résolus. Donc ce n'est pas que des sujets effectivement juridiques, ça va bien au-delà. C'est des sujets d'ordre de la compréhension et puis il y a aussi ce qu'il veut exprimer. qu'il n'a jamais pu vraiment dire à l'autre et ce qu'il ne savait même pas porter en lui parce qu'on le fait un peu travailler sur mais qu'est-ce qui s'est passé en fait dans cette relation ? Il faut aussi qu'il revienne un petit peu sur son histoire. Même, j'ai eu des séparations d'associés, il n'y a pas que le droit de la famille, j'ai eu des séparations d'associés qui revenaient sur, ben oui c'est vrai... On a été presque amis, enfin bon, il y a des émotions aussi, il peut y avoir de la peine, il peut y avoir de la crainte financière énormément, il peut y avoir tout ce que les humains portent en eux et qu'on va faire surgir pendant cette réunion de préparation, avec aussi, de façon plus technique, qu'est-ce qui viendrait à l'appui d'eux. Et là donc, ce qu'on appelle d'habitude des pièces, et moi que je préfère appeler des documents dans cette méthode collaborative, c'est de quoi aurons-nous besoin éventuellement pour ne pas perdre de temps pour cette réunion plénière qui arrive ? Et voilà, de quoi aurions-nous besoin de notre côté ? Et puis de quoi aurions-nous besoin qu'en face, ils nous produisent ? Alors j'aime pas ce terme-là, mais... Donc vraiment une préparation très précise. de la séance qui arrive. Oui,

  • Speaker #1

    c'est important de bien comprendre que certes, il y a une rencontre, c'est le point cardinal, mais c'est une rencontre qui se prépare avec le client, avec même l'avocat.

  • Speaker #0

    Et avec l'avocat ensuite.

  • Speaker #1

    On n'a pas parlé de ça. Voilà. Mais non seulement on a un entretien préparatoire avec notre client, mais on va essayer d'avoir aussi, alors je dis bien essayer, moi ma pratique, ça relève de l'essai, mais qui est assez positif quand même, avec le confrère, parce qu'il est important quand même... d'aider aussi le confrère qui peut lui ne pas être formé à aborder assez sereinement cet entretien 4 parce que c'est quand même une aventure pour certains. On sort d'une forme de zone de confort. C'est vrai qu'on a plus l'habitude des tribunaux où les rôles sont bien identifiés. On prépare notre témoignerie. On sait ce qu'on va dire à l'avance, moins dans les grandes lignes. Là, aller à un rendez-vous, on n'est que dans l'improvisation. En tout cas, c'est du... Du réel, c'est du live, c'est vrai qu'au départ c'est assez désarçonnant et ça peut être aussi déstabilisant pour le confrère qui aborde ce rendez-vous et qui n'est plus sur les repères habituels qui ont pu être les seuls pendant toute sa pratique, à savoir le droit, les rapports de force, il faudrait qu'on parle de ça aussi.

  • Speaker #0

    Alors justement, c'est très très... Très très important. Qu'on vient d'adopter,

  • Speaker #1

    et c'est ça le renversement, je pense. C'est comme ça que je l'ai compris.

  • Speaker #0

    En fait, ce qui caractérise cette façon de faire, que ce soit le processus collaboratif ou la méthode, c'est vraiment le travail d'équipe. Donc il y a les deux équipes avocats-clients, mais il y a aussi une équipe avocat-avocat. Et ça c'est formidable, c'est en ça que c'est collaboratif. Et puis au final, il y aura une équipe de quatre personnes, qui vont plancher sur la résolution de cette problématique qui a surgi entre les deux clients. Et ça, c'est magnifique parce qu'on met toutes nos forces et toutes nos compétences à quatre, en fait, pour se pencher sur cette question, une fois qu'on l'a bien comprise, bien circonscrite, et qu'on va lui donner des solutions, en fait. Et puis les parties vont décider qu'est-ce qui leur convient le mieux comme solution. On va tomber sur un accord qu'on peut faire homologuer. Alors, pour revenir sur les relations entre confrères, clairement, d'abord, on voit bien que dans cette façon de faire, il n'y a pas d'écrit. Il n'y a pas d'écrit. C'est important. Moi, je prends mon téléphone tout le temps et comme je suis dépourvue d'agressivité puisque je ne veux qu'une chose, c'est venir en aide de la meilleure des façons auprès de mon client et venir en aide aussi au client d'en face, puisqu'il ne m'a rien fait, en fait. Il m'a rien fait. J'ai bien compris que aîné a surgi un conflit entre eux, mais ce conflit on va le dégonfler. Et puis voilà, on est des professionnels et on va y arriver. Donc moi, je suis dépourvue d'agressivité. Et le confrère l'entend à ma voix, à la façon dont je parle, etc. Et donc, tout ça est une parenthèse de désarmement. Et je crois que c'est ça qui est vraiment important, c'est on dépose les armes, on voit tout ce qu'on peut faire de bien de cette façon-là. Et si par extraordinaire, ça ne fonctionnait pas, eh bien les clients pourraient aviser et faire différemment. Mais franchement, les taux de réussite sont juste extraordinaires, parce qu'ils dépassent même les taux de réussite de la médiation qui est déjà fabuleuse. C'est foncièrement efficace.

  • Speaker #1

    Moi, je voudrais ajouter quand même pour les confrères qui nous écoutent et qui ne sont pas formés, qu'il y a quand même une bonne nouvelle et qu'il faut se faire confiance, c'est que plus on va adopter cette méthode, plus elle va devenir naturelle, moins on va avoir l'impression de batailler pour convaincre justement le confrère en face de l'utilité de cette démarche. Moi, je vois quand même sur les années qui ont passé. Oui. Voilà, j'ai plus ce que tu évoques, l'agressivité dans la voix, etc. Déjà, on s'en départit, on ne sait plus du tout. Et on embarque quand même le confrère dans cette autre énergie. Et c'est une énergie communicative. C'est ça qui est intéressant. Et pour moi, je te rejoins sur la problématique de la formation des avocats. J'ai eu des très bons moments de rendez-vous à quatre avec des confrères qui au début étaient... dans la réserve, la crainte, avec des mécanismes un peu d'autodéfense finalement, parce que je les emmenais en dehors de leur zone de confort, et qui finalement prenaient un espèce de pli instinctivement très très intelligent. Il y avait une adaptation à la situation, et j'ai envie de dire, c'est à la portée de tout le monde, à partir du moment où on est dans cette autre logique. Et donc, je suis même étonnée de constater que la majeure partie des confrères avec qui j'ai travaillé ainsi, ce n'était pas des confrères qui étaient spécialement formés. Pour le coup, en fait, je n'ai pas fait de processus collaboratif homologué à FPDC, on va dire. Mais par contre, tous les confrères que j'ai embarqués avec moi ont compris la dynamique et ont changé d'état d'esprit, d'attitude en étant même moteurs. Et ça, c'est troublant. C'est-à-dire qu'en réalité, il y a comme un effet de miroir et le confrère va adopter cette attitude qui facilite les échanges. Cette posture qui est donc une posture plus en retrait, puisque évidemment, dans les entretiens, l'avocat va être en soutien de son client, mais ce n'est absolument pas lui qui monopolise la parole, bien au contraire. Donc, il est là pour soutenir la parole de son client, peut-être l'aider à la prendre. mais on est là pour aider les personnes à exprimer ce qui est important pour elles. Oui,

  • Speaker #0

    alors reste quand même le conseil, bien sûr, au moment de la décision, et puis cette espèce de brainstorming qui se fait à quatre, au moment où qu'est-ce qui pourrait être envisagé à l'avenir, et toute la partie proprement juridique, ça on ne nous l'enlèvera pas. Bon, mais bien sûr, alors moi ce que je dis... Ce qui rejoint tout à fait ce que tu viens de dire, c'est qu'on pose une atmosphère.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    je voulais te parler de ça. L'atmosphère, c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    L'atmosphère, l'énergie.

  • Speaker #0

    L'énergie, une énergie de compréhension, d'apaisement, de non-agression. Ce que je constate et je le regrette profondément, c'est que les avocats sont élevés à la défiance. À la défiance. On se méfie terriblement du confrère adverse. On pense que son client a systématiquement tort et on n'en sort pas. Il y a vraiment toute une éducation qui veut que c'est comme ça qu'on défend le mieux les intérêts de son client. Mais en fait, non, non. La façon dont on répond le mieux aux attentes du client, c'est quand on pratique de la façon qu'on vient d'indiquer et puis qu'on fait sauter. augmenter l'agressivité, qu'on laisse tomber le côté victime, coupable.

  • Speaker #1

    Et les jugements qui vont de pair. Parce que les jugements vis-à-vis du client adverse, c'est monnaie courante. Alors nous, on a reçu un saint et bizarrement, l'avocat adverse, lui, a reçu un démon. Toujours. Non mais si on prend juste deux secondes le temps de se dire, oui mais en fait on aurait pu recevoir le client de l'autre et vice-versa. Alors évidemment que... tout de suite notre regard change. C'est aussi ça, je pense qu'il est important de diffuser comme message. Il faut aussi nous nous départir des jugements qu'on va instinctivement plaquer sur le client de l'autre parce qu'on a le récit de notre client qui nous a décrit quelqu'un de très négatif. Donc ça, si on a cette vigilance, on change aussi de regard et on facilite aussi la poursuite du processus.

  • Speaker #0

    Mais pour moi, c'est ça, être un vrai professionnel. Un vrai bon professionnel, c'est celui qui prend de la hauteur parce que nous avons cette chance, normalement, de ne pas être bridés par nos émotions comme le sont nos clients. Quand ils viennent nous trouver, ils ont toujours des émotions. Ils sont en colère, il y a un égo qui a été atteint, ils ont peur pour l'avenir, ils vont peut-être tout perdre, ils ne savent pas, etc. Donc tout ça, c'est parfaitement compréhensible, sauf que nous, en tant que professionnels... nous ne devons surtout pas entrer là-dedans. Donc comme nous sommes dépourvus normalement de leurs émotions, on peut prendre de la hauteur et du coup les regarder avec beaucoup plus d'objectivité et se dire Ok, moi j'ai reçu M. Dupont qui est dans cet état-là et qui me raconte cette version-là de l'histoire. En face, il y a un M. Durand qui lui aussi est plein d'émotions et de subjectivité et qui est en train de rencontrer... raconter à mon confrère, ma consoeur sa version de l'histoire. Prenons de la hauteur, réunissons-nous, et nous deux, les professionnels, les avocats, nous allons les aider, à leur tour, à prendre de la hauteur et à regarder de façon de plus en plus objective ce qui leur est arrivé. Et à partir de là, de prendre de saines décisions pour l'avenir. Et des décisions qui seront, alors... Déjà, parlons d'une chose, c'est qu'il y aura exécution. Et ça, c'est merveilleux. Il y a un gain de temps dans ces façons de travailler qui est absolument fabuleux parce qu'on travaille certes de façon intense, mais sur quelques mois seulement. Et l'exécution sera toujours faite de façon volontaire. Toujours. Il n'y a pas d'exécution forcée parce que ça, c'est le rôle des avocats de bien s'attacher à vérifier. que son client est satisfait de la solution vers laquelle il penche. Donc ça, c'est très important. Mais ça se voit. Ça se voit sur le non-verbal, ça se voit dans sa décontraction nouvelle. Il est satisfait, il est content. On lui laisse un petit peu de temps pour bien y réfléchir et oui, oui, il signe cet accord-là, il est d'accord. Et donc, l'exécution va être faite tout naturellement. Donc, ce sont des processus qui sont terriblement efficaces.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Il n'y a pas de doute là-dessus. Et alors, moi, je voudrais qu'on évoque aussi les relations avocats-médiateurs, parce que j'ai l'impression qu'il y a une forme de méfiance réciproque, parfois, aux avocats, quand il s'agit, pour le coup, quand le processus collaboratif... peut-être insuffisant pour travailler la résolution de conflits, on a parfois besoin de faire appel à ce médiateur. C'est-à-dire que du coup, d'un rendez-vous à quatre, on va aller vers un rendez-vous à cinq, où on aura un médiateur, deux avocats et les deux clients. Donc l'enjeu de faire équipe, il est aussi avec le médiateur. Moi, je me posais la question, comment justement le médiateur peut être ce chef d'orchestre, quelque part, qui va réussir à faire travailler les avocats ensemble ? Parce que... Nous-mêmes, avocats, pour le coup, on va avoir aussi des problématiques relationnelles qui, à un moment donné, peuvent être aussi une difficulté pour la bonne réussite du processus. Parce que si on n'est pas normalement envahi par les émotions de nos clients, on a nous-mêmes nos propres émotions, nos propres interactions. Et on voit bien que quand on a une mauvaise relation avec l'avocat en face, j'ai pas envie de dire adverse, mais l'autre avocat, ça va être une difficulté. pour la réussite du processus. Et là, c'est vrai que moi, j'ai apprécié pouvoir me tourner vers un médiateur qui endossait ce rôle-là. Est-ce que tu le vis comme ça ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, ça ne m'est jamais arrivé d'être demandé en médiation dans un processus collaboratif, ni de demander la présence d'un médiateur, parce que comme je n'ai pas besoin. Mais ce que je vois en tant que médiatrice, c'est que... En fait, et ça je l'ai fait à grande échelle aussi, parce que j'ai fait un gros dossier de médiation l'année dernière, et j'ai fait travailler tous les avocats ensemble l'année dernière, où j'ai eu l'honneur de travailler aux côtés du président Majindy. Et on était deux co-médiateurs donc, et on a travaillé avec les partis, mais aussi énormément avec les différents cabinets d'avocats qui étaient présents, qui étaient en nombre. Donc on avait des réunions très importantes et on a beaucoup, beaucoup fait travailler les avocats entre eux parce que les questions qui se posaient étaient d'ordre tellement technique, il y avait des problèmes juridiques qui étaient tellement pointus que de toute façon les parties là, il y avait des réunions avec les parties et puis des réunions avec les avocats seulement. Et donc c'était... Très performant parce que, pour ne rien te cacher, comme d'habitude, les différents cabinets d'avocats en présence, ils avaient plutôt les couteaux tirés au début, ce qui était absolument normal. Mais on leur a fait comprendre avec le président Majindy que, ben non, on était là pour travailler tous ensemble à la résolution de ce problème. Et donc, on les a amenés à se rencontrer. On a fait des réunions pendant des heures et des heures. Et on a vu que petit à petit, la fameuse défiance dont on parlait a fait place à une forme de sympathie, à une forme de décontraction. Moi, j'ai remarqué à un moment, j'ai entendu qu'ils commençaient à s'appeler tous par leur prénom. Je me suis dit, ah bien, et puis ils tutoyaient tous, tous les avocats. Et vraiment, au final, on a tous collaboré, vraiment. Donc c'était un peu du processus collaboratif grâce à la médiation, sous l'égide de la médiation. Et ça a duré des mois. abouti à un accord très important. Mais cette façon de travailler, je l'avais déjà expérimentée. Je savais très bien ce que je faisais. J'étais là en tant que médiatrice, mais avec tout l'arrière-plan d'avocate que j'ai. Et donc, je parlais beaucoup avec mes confrères. Et il y avait cette répartition des rôles entre le président, le grand magistrat. qui est le président Majindi et puis l'avocate médiatrice qui faisait une répartition des rôles. Et ça s'est vraiment passé de façon passionnante, on peut le dire, vraiment passionnante. Mais encore une fois, j'avais déjà eu moi l'expérience de travailler en tant que médiatrice et de voir que les avocats présents, alors moi je dois faire une parenthèse et dire que j'aime énormément. qu'il y ait des avocats dans les dossiers. Je préfère, je préfère. C'est un appui considérable. Et puis, je me sens moins seule parce que c'est vrai qu'en tant que médiateur, on se sent seule. Bon, dans cette grosse médiation, j'ai eu cette chance énorme de travailler aux côtés du président Majindi et on s'est formidablement bien entendus. Et vraiment, je peux dire qu'on s'appelait tout le temps. On se concertait tout le temps et on se voyait tout le temps. mais sinon en tant que médiateur quand je suis médiatrice je suis quand même toute seule donc je suis ravie qu'il y ait deux autres professionnels avec qui finalement on sent bien qu'il y a une forme de travail collectif qui finit par s'opérer et je me sens moins seule et là là-dessus je voudrais faire une précision concernant le processus collaboratif ou la méthode collaborative c'est ce travail d'équipe que j'ai décrit tout à l'heure il est bien confortable Parce qu'on est deux avocats et on s'épaule. Et c'est sympa. Moi, tous les dossiers que je mène de cette façon-là, mais je ne me souviens pas d'un dossier qui ne soit pas fini à déjeuner avec ma consoeur, devenir copine, se tutoyer, garder contact. Et c'est formidable, en fait.

  • Speaker #1

    Surtout que ça répond aussi à un besoin dans nos professions indépendantes. On est quand même dans un exercice relativement solitaire. Et finalement, on souffre un peu de ça. Et trouver le plaisir de travailler en équipe, en bonne intelligence, c'est vraiment satisfaisant et gratifiant pour tout le monde. On a tout ça gagné à travailler comme ça.

  • Speaker #0

    En fait, ce sont des façons de travailler qui sont extrêmement confortables, à tout point de vue, pour notre agenda, pour les relations avec le client. pour les relations avec le confrère, l'apport de la médiation, l'accord final qui est trouvé quasiment systématiquement, il y a très peu de chances que ça se passe différemment. C'est vraiment d'un grand, grand confort.

  • Speaker #1

    Alors j'avais quand même une question là-dessus. Je voulais qu'on parle de l'autorité du médiateur. Parce que, évidemment, la défiance dont on parlait, elle ne disparaît pas. La défiance que les avocats peuvent avoir les uns vis-à-vis des autres et vis-à-vis du médiateur au début d'une médiation, pour le coup, où les avocats sont présents, elle ne disparaît pas comme par magie. Est-ce que toi, tu as le sentiment d'avoir affirmé davantage une certaine autorité ? en tant que médiateur au fur et à mesure des années. Est-ce que c'est quelque chose que tu affirmais davantage ? Tu peux nous parler. Et comment cela se manifeste ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Tu lis dans ma carrière. C'est tout à fait vrai. J'ai remarqué que j'ai de plus en plus d'autorité, d'autorité naturelle parce que j'ai vraiment une grosse, grosse pratique. Et puis, j'ai une énorme confiance dans la médiation. Du coup, si même moi, je n'ai pas confiance en moi, que je me dis, Ouh là là, j'ai un dossier, ça va être vraiment difficile. Tout de suite après, je me dis, Mais non, attends, tu fais de la médiation. La médiation va y arriver. Nathalie, elle est peut-être perplexe, mais la médiation, elle, elle est tranquille. Donc, j'ai cette tranquillité d'esprit quand même, qui me donne de l'autorité, parce que j'ai l'autorité de la médiation. Ce n'est pas tant moi que celle de la médiation. Et dans la médiation... effectivement, il faut que le médiateur s'impose. Alors, s'impose pas comme au-dessus des partis et des avocats, loin de là, mais s'impose comme portant le processus et étant le garant de ce processus, que ce processus se déroule convenablement. Donc, s'il y a des écarts qui sont soit de la part des avocats, soit de la part des partis, le médiateur doit vraiment être tranchant là-dessus. Et c'est vrai que je me suis aperçue que c'est main de fer dans un gant de velours, quand même, la posture du médiateur. Je suis décontractée et souriante, mais quand il le faut, il m'est arrivé à de nombreuses reprises de me dire, bon, là, ça va plus, enfin, in petto, bon, là, ça va plus, Nathalie, il va falloir que tu tapes du poing sur la table. Et je le fais. Mais ce qui est amusant, c'est que récemment, j'ai eu un dossier avec des personnalités difficiles et je me suis aperçue que pour une fois, j'étais réellement en colère. D'habitude, je feins la colère en disant non, ça suffit maintenant, si ça continue comme ça, je pars, je mets fin à la médiation. Bien évidemment, ce n'est jamais le cas, c'est du bluff, parce que du coup, tout le monde se calme. Mais là, cette fois-là, j'étais vraiment en colère. D'ailleurs, je suis vraiment en colère. Et tout s'est très très bien passé, on a fait un très bon accord au bout de plusieurs réunions. Mais c'est vrai que le médiateur doit poser son autorité et également vis-à-vis des avocats. Si jamais il y a des dérapages, je dois les recadrer, leur demander de s'exprimer différemment, etc. Mais comme depuis des années, c'est le plus souvent les avocats qui me demandent. tout naturellement, ils confient un peu leur dossier à la médiation, et donc à la médiatrice, et ils se laissent quand même guider. Donc je ne considère pas avoir de problème.

  • Speaker #1

    Et alors, tu as évoqué un point sur lequel je voulais t'interroger. Je t'ai souvent entendu évoquer la magie de la médiation, et une forme d'énergie que tu insuffles ou que tu perçois, un optimisme. Une certitude qu'on va y arriver, à sortir de l'impasse. Est-ce que tu peux nous parler de cette énergie particulière ? Est-ce que toi tu en es réceptacle ou est-ce qu'au contraire il s'agit de l'installer ? C'est étonnant parce que c'est vrai que je t'ai souvent entendu dire ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est consacré. Le miracle de la médiation et la magie de la médiation, ça fait partie de notre formation. On nous dit que, et c'est vrai, on le vit ensuite quand on est médiateur. Parfois, pas toujours évidemment, mais parfois et suffisamment de fois pour qu'on le reconnaisse comme étant une vérité. Alors ce miracle, c'est le moment où les deux parties se regardent dans les yeux, se disent des choses qui sont de l'ordre de l'air intime. Et encore une fois, ça ne regarde pas que le droit de la famille. C'est vraiment entre associés, entre co-contractants, entre voisins, etc. Et tout d'un coup, paf, on sent que la confiance est revenue, ils se reparlent, ils se regardent, ils n'ont plus besoin de moi. Et ça, c'est le critère, en fait. Et ça y est, tac, il y a cette bascule qui est quasi miraculeuse. Et on ne sait pas sur quoi, en fait, ça s'est joué. Nous qui sommes à l'extérieur de leur histoire. Mais on voit bien qu'il y a eu ça. Et c'est magique, en fait. C'est fabuleux. Et ça vient de l'atmosphère qu'on a posée, de la confiance. Alors, c'est vrai que j'ai une confiance. ...gigantesque dans la médiation ou dans le processus collaboratif. Ma pratique me le démontre, c'est bon, une fois que c'est lancé. Il y a quelques cas quand même en médiation où ça n'aboutit pas. C'est vrai, j'en ai. Il y a 80% de réussite en médiation et 98% en collaboratif. et je sais pourquoi j'ai fini par comprendre je crois que pas plus tard que cette année justement alors que la médiation est extraordinairement puissante le médiateur passe un peu comme un expert peut passer dans un dossier c'est à dire il ne va pas téléphoner au client en leur disant si revenez la semaine prochaine n'ayez pas d'hésitation on a pris date etc alors que l'avocat lui Il tient son client par la main et lui dit Suivez-moi, je sais où je vous amène Et s'il y a un avocat qui fait lâcher son client, qui autorise son client à lâcher la médiation, le médiateur, il n'y peut rien. il ne peut pas courir derrière le client en disant c'est trop bête, quel gâchis, on allait y arriver, etc. Donc c'est au cours d'un dossier que j'ai paumé comme ça en tant que médiatrice, et ça m'a laissé une empreinte vraiment désagréable encore à ce jour.

  • Speaker #1

    Tu dirais que c'est parce que l'avocat a quitté le bateau finalement. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça, exactement. Donc dans les cas où ça arrive, le médiateur est impuissant. Alors qu'en collaboratif, ça ne peut pas arriver parce que... il y a les deux avocats et les deux clients, ils se tiennent par la main, ils se tiennent un peu par la barbichette, mais dans le bon sens du terme, et du coup, on arrive à presque 100% de réussite.

  • Speaker #1

    La limite que j'apporterais, moi, en tant que praticien du processus collaboratif, c'est qu'encore faut-il vouloir sortir du conflit. Et moi, la limite de l'exercice, c'est quand on a un des deux clients qui finalement s'y trouve bien. Alors, en dépit de toute la bonne volonté de l'autre avocat, avec qui on a fait un bon travail, avec qui on fait équipe, une des personnes peut avoir un intérêt à rester dans cette situation-là. Donc, bon, c'est... j'ai envie de dire...

  • Speaker #0

    Mais là, on touche presque au domaine du psychologique, en fait. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui, c'est une problématique et on sait qu'il peut y avoir un intérêt à rester dans une situation conflictuelle.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, bon, on peut annoncer qu'on a envie d'avoir un dialogue, etc. Puis, intimement, au fond de soi, on a des intérêts contraires qui nous conduisent à penser qu'il y a un intérêt au statu quo conflictuel. Donc, pour moi, c'est ça la limite que j'ai trouvée. Mais finalement, de tous les processus que j'ai conduits, j'ai toujours pu bien travailler avec les confrères. Et dans une immense majorité de cas, les gens étaient extrêmement volontaires à se rencontrer. Ils étaient moteurs, ils étaient... j'ai envie de dire content d'être là tout en commençant parfois les entretiens en disant moi j'ai déjà eu des problématiques de couple où l'un des deux dit mais de toute façon j'ai rien à dire et puis finalement au moment où il prend la parole c'est une cocotte minute qui va faire sortir la pression cette expression aussi et c'était extrêmement nécessaire et ça va être le point de départ de la construction d'une nouvelle relation hum On va regarder différemment.

  • Speaker #0

    Exactement. Et le dossier est refermé.

  • Speaker #1

    Véritablement.

  • Speaker #0

    Et leur vie est transformée. Voilà.

  • Speaker #1

    Dans une grande majorité des cas, c'est ce qui va se passer avec simplement aussi quelques réserves qui tiennent parfois l'intérêt objectif au conflit, finalement.

  • Speaker #0

    Les réserves d'ordre psychologique, psychiatrique, tout ce qui ne permet pas de prendre des décisions solides. Donc l'alcoolisme aussi, la drogue, ça ce sont les contre-indications à l'amiable. Et c'est vrai que j'en ai eu quelques-uns récemment et on a dû conclure que ce n'était pas réalisable en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que dans les expériences de médiation, en tant que médiatrice avec justement un grand nombre d'avocats, c'est ta connaissance d'une certaine culture métier qui a été un facteur de réussite pour parvenir au travail collaboratif ?

  • Speaker #0

    Si, oui, aussi, tout à fait. Mais ça, je ne veux pas me mettre en avant. Mais c'est vrai que le fait qu'il y ait un avocat qui parle de vos avocats, en quelque sorte, ça permettait d'aider aussi.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai fait, ça m'impressionne.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'en tant que médiatrice, d'une façon générale, le fait que je sois avocate, il y a la culture juridique bien sûr, mais on sait de quoi on parle, on a aussi la même profession, donc ça rapproche.

  • Speaker #1

    Je te le partage comme un retour. C'est évident que je suis plus en confiance quand j'ai fait appel à toi en tant que médiatrice, parce que tu as une connaissance. de la problématique en droit, même si on va l'évoquer très peu. Mais c'est vrai que pour des sujets assez techniques, c'est plus difficile de faire appel à un médiateur qui n'est pas du tout dans la... Voilà, ça peut rassurer, même si ce n'est pas en soi un problème.

  • Speaker #0

    C'est bizarrement... je connais des médiateurs fabuleux, très hautes, du panier, qui ne sont pas juristes même, de format.

  • Speaker #1

    Oui, oui, mais... Qui ça rassure finalement ? Peut-être que ça rassure surtout les professionnels, en fait. Il y a peut-être un effet qu'on se rassure par quelqu'un qui nous ressemble, en réalité. Oui, tout à fait. Je voulais aussi t'interroger sur la phase préparatoire des médiations. Je crois que tu as tendance à faire assez peu d'entretiens préparatoires, mais qu'au cours des réunions en présentiel, tu utilises, en tout cas tu t'autorises à faire des apartés avec l'un ou l'autre. Qu'est-ce que cela te permet ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend. Il y a les deux écoles. Entretien individuel, c'est plutôt... enseigner comme ça et ou pas d'entretien individuel. J'ai dû commencer en urgence, je pense, dans un dossier à ne pas faire d'entretien individuel et je me suis aperçue que ça me permettait de faire encore plus preuve de naïveté, de poser encore plus de questions aux partis. en leur faisant comprendre que je ne comprenais rien et qu'il fallait qu'ils m'expliquent beaucoup. Et donc, en fait, c'était la façon de les amener à s'expliquer entre eux beaucoup, puisque, en fait, moi, je suis de passage. Et j'ai trouvé ça très pratique. Alors, moi, je dis toujours que je ressemble à Colombo. Donc, je pose des questions qui ont l'air un peu idiotes, mais pour approfondir et toujours approfondir ce qui... pourrait être dit et en revanche, effectivement, quand je sens qu'il y a quelque chose qui bloque ou qu'une des deux parties doit me lâcher une information ou que je dois m'assurer de quelque chose en toute confidentialité auprès d'une des deux parties, je n'hésite pas à faire des apartés en plein milieu de la séance plénière. et ça passe très bien, mais je peux faire des apartés qui vont parfois jusqu'à 20 minutes quand il y a besoin. Mais ce sont de tels instruments de déblocage pour la suite, que c'est il ne faut pas hésiter. Je ne peux pas dire à quel moment, c'est vraiment presque intuitif. Je me dis, là je sens qu'il y a, il faut que je lui parle seul à seul avec son avocat.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a quelque chose qui n'arrive pas à être dit en collectif, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, il y a quelque chose qui bloque bizarrement. qui n'est pas exprimé et il va falloir qu'ils le disent au médiateur. Et puis bien évidemment, quand on retrouve la plénière, quand les autres reviennent ou qu'on revient dans la salle, je propose à son tour qu'il y ait une aparté avec l'autre partie.

  • Speaker #1

    Oui, tu fais un parallèle, c'est-à-dire que tu vas pas prendre une personne tout seul sans avoir donné le même temps à l'autre.

  • Speaker #0

    Je vais proposer, mais c'est pas toujours au même moment en fait. Pas toujours. Mais ce sont des instruments de déblocage.

  • Speaker #1

    Je confirme pour l'avoir vécu.

  • Speaker #0

    Ah oui, les appartements individuels ne sont pas forcément préalables.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Finalement, c'est un peu les appartements individuels qui intéressent.

  • Speaker #0

    C'est la technique que j'utilise.

  • Speaker #1

    En quoi ton expérience de médiatrice t'est utile dans tes engagements d'élus locales ?

  • Speaker #0

    Ah, alors, je ne suis plus élue depuis le 24 mars 2024. Ah, c'est récent. Je l'étais depuis 2001, cette grande année où je suis devenue médiatrice, avocat et élue. Ah oui,

  • Speaker #1

    dis donc, c'était ton

  • Speaker #0

    Mais j'ai été maire adjointe aux affaires scolaires pendant très longtemps, et il m'est arrivé de faire quelques médiations. Ensuite, j'ai été maire adjointe aux ressources humaines et à la culture. Alors, à la culture, il n'y avait pas de besoin, mais aux ressources humaines, j'ai utilisé les outils de la médiation. Sans le dire, mais en tout cas en les pratiquant, puisqu'il y avait bien évidemment des besoins. Mais ça sert dans la vie de tous les jours. Je m'en sers très quotidiennement. Comme tout bon médiateur, c'est une transformation de sa vie personnelle aussi. Quand on se met à pratiquer l'amiable, on en voit tellement les avantages. Il y a une espèce d'adoucissement de la vie pour soi et pour l'autre aussi. Donc en plus, non seulement on se fait du bien, mais on fait du bien à l'autre. c'est juste merveilleux. On ne va pas s'empêcher de faire... d'apporter de la douceur,

  • Speaker #1

    d'apporter de l'apaisement.

  • Speaker #0

    On ne fait pas marre.

  • Speaker #1

    On ne fait jamais marre charrière,

  • Speaker #0

    c'est sûr.

  • Speaker #1

    Sur un plan personnel, est-ce que tu as des ressources philosophiques, théoriques, qui t'ont servi de boussole, d'appui dans ton parcours, qui ont marqué un tournant ? Au niveau d'ouvrages que tu aurais pu lire ou de rencontres même avec des professionnels qui ont été marquantes, tu voudrais partager ?

  • Speaker #0

    Peut-être ma rencontre avec Alain Roy, avec qui j'ai travaillé pendant 16 ans en étant professeur tous les deux à l'EDAC, l'école du barreau de Versailles, qui m'a toujours enseignée, qui est quelqu'un qui pense. Comme moi et comme toi, tout le temps, amiable, médiation, dans la vie quotidienne, ajouter toujours des réflexions. Et il m'a toujours énormément apporté, donc Alain Roy est vraiment quelqu'un qui compte pour moi. Sinon, pour vraiment me dévoiler, mes ressources sont plutôt d'ordre spirituel. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu ne nous en diras pas plus.

  • Speaker #0

    Je ne t'en dirai pas plus.

  • Speaker #1

    Je ne suis plus le Je suis en tout cas. C'est très bien. Et alors, ce sera ma dernière question. As-tu interrogé ton propre rapport au conflit ? Est-ce que tu es plutôt dans l'évitement, la confrontation ou la paralysie ?

  • Speaker #0

    Je suis plutôt dans l'évitement.

  • Speaker #1

    Tiens donc. Oui.

  • Speaker #0

    Oui, naturellement, oui, je suis où j'étais. Plutôt dans l'évitement, j'étais, voilà, jusqu'à il y a peu, parce que je n'aime vraiment pas le conflit. Mais maintenant, je suis assez forte dans ma vie personnelle, bien sûr. Je suis assez forte pour aller trouver la personne et lui parler. de façon cache et sans lui faire de mal, en mode jeu, évidemment, en communication non violente, et pouvoir dire les choses, que les choses soient dites. Mais pour être tout à fait humble, jusqu'alors, j'étais plutôt dans l'évitement.

  • Speaker #1

    Mais ça t'a quand même renforcé dans une capacité à te confronter.

  • Speaker #0

    Ah oui, ah oui, oui, oui, oui. Me confronter, mais me confronter gentiment dans ce cas. Parce que le terme de confrontation est encore un peu dur pour moi, je trouve. Il a cette connotation. Mais dire les choses, dire les choses de la bonne façon. avec le regard qui va avec, l'absence d'agressivité. Pour ça, il faut avoir compris ses propres émotions, les avoir acceptées, les avoir traversées. Ça ne se fait pas dans la foulée. de la discussion pénible. C'est, voilà, il s'est passé peut-être quelque chose, on m'a peut-être dit quelque chose qui m'a déplu, je vais me calmer, je vais, voilà, et je vais retrouver la personne en lui proposant de faire la paix, ou de, voilà. Mais oui, j'en suis maintenant tout à fait capable, même dans ma vie personnelle.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Nathalie pour tout ce partage extrêmement riche et utile pour tous les médiateurs. Merci à toi,

  • Speaker #0

    il me plaît de le permettre.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, à bientôt. À bientôt ! Merci d'avoir écouté ce dernier épisode de la première saison du podcast Antidote. N'hésitez pas à le partager, à me faire part de vos remarques ou suggestions ou à l'évaluer sur Apple Podcasts. Cela aide à la diffusion du programme. Je vous retrouverai sans doute à la rentrée pour d'autres formats et d'autres entretiens. Et en attendant, je vous souhaite un très bon été. A bientôt.

Description

Pour ce 9ème épisode et avant-dernier épisode de la saison 1 d'Antidot, j'ai le plaisir de recevoir Nathalie Tisseyre-Boinet, « avocate amiable », médiatrice, formatrice et élue locale.


À l'origine de la méthode collaborative, Nathalie a créé cette approche innovante de la résolution des conflits pour les avocats en s'inspirant de sa pratique professionnelle de médiatrice et du droit collaboratif.


Dans cet épisode, nous évoquons:

  • Comment cette méthode, qui favorise le dialogue et la compréhension mutuelle entre les parties en conflit, diffère du processus judiciaire traditionnel

  • L’importance de la rencontre en présentielle, “parenthèse de désarmement”, et la satisfaction née du travail d'équipe conduit entre et avec les avocats

  • La confiance dans la médiation, l’autorité du médiateur et les relations avocats/médiateur au travers de ses expériences riches à cet égard

  • Le recours aux apartés en médiation, “instruments de déblocage”


Cet épisode offre une vision claire et inspirante de la méthode collaborative à la portée de tous les avocats qui sont soucieux de la satisfaction réelle de leurs clients.


Impossible d’ignorer cette approche si c’est votre cas !


Je vous souhaite une très bonne écoute.
Émilie

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Retrouvez Nathalie Tisseyre-Boinet sur son site internet


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En attendant de se retrouver le 10 de chaque mois pour un nouvel épisode, je vous invite à vous abonner au podcast et à laisser 5 étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée.


Si vous souhaitez continuer la discussion autour de la médiation, retrouvez-moi sur mon compte Linkedin Emilie Thivet-Grivel.


Et si vous souhaitez en savoir plus sur le cabinet ETG Avocats et nos services de médiation, rendez-vous ici.


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Crédits :

Antidot est un podcast d’Emilie Thivet-Grivel.
Stratégie : Mélanie Hong.
Montage et mixage : Morgane Bouchiba.
Designer graphique (vignette) : Emma Wise.
Musique  : Aberdeen, Greg McKay.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous écoutez Antidote, le podcast qui interroge notre rapport au conflit. Je m'appelle Émilie Thivet-Grivelle, je suis avocate et médiatrice, fondatrice du cabinet ETG Avocats. Chaque mois, je vais à la rencontre de professionnels qui ont changé de regard sur la conflictualité et qui l'organisent autrement. Pour ce neuvième épisode, je reçois Nathalie Tisser-Boinet. Avocate, médiatrice, formatrice et élue locale, Nathalie Tisser-Boinet est à l'origine d'une méthode de travail, la méthode collaborative. Cette méthode trouve ses sources dans sa pratique professionnelle, d'avocate et de médiatrice, construite au début des années 2000, et dans le droit collaboratif, devenu aujourd'hui processus collaboratif, dont l'association. française des praticiens de droits collaboratifs, fait la promotion. Dans cet échange, Nathalie nous partage ce qui fait la réussite de ces pratiques professionnelles plébiscitées par ses clients, le changement de paradigme que cela demande à l'avocat et le plaisir qui se dégage dans ce travail d'équipe réalisé par les professionnels. Je vous souhaite une très bonne écoute et je serai ravie de lire vos remarques à l'issue de cet entretien. A bientôt !

  • Speaker #1

    J'ai commencé à être en même temps avocate et médiatrice dans les années 2000 effectivement, en 2001 et précisément, j'ai eu des dossiers de médiation puisque j'avais cette thèse en droit de la santé, je suis devenue médiatrice pour la CRCI. L'indemnisation des victimes d'accidents médicaux. Pendant, j'y suis restée sept ans, et donc j'ai eu des dizaines de dizaines de dossiers de médiation. C'est comme ça que j'ai pu commencer ma pratique. Parce qu'à l'époque, la médiation, déjà, on ne connaissait pas, on n'en parlait pas, et il n'y avait vraiment pas de dossier. Donc j'ai eu cette chance d'avancer plus vite que les autres dans l'amiable. Et de faire la comparaison avec la pratique professionnelle traditionnelle de l'avocat. Et manifestement, les meilleurs retours venaient de la pratique amiable de la part des clients.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu as donc démarré la profession d'avocat et la profession de médiatrice en même temps. Oui. Contrairement à beaucoup d'avocats qui sont devenus médiateurs après plusieurs années d'expérience. D'avocat, toi tu as pris les deux casquettes immédiatement, ce qui a sans doute aussi changé ton approche de la profession dès le départ.

  • Speaker #1

    Je ne connais que la mienne, pour l'avoir vécue. Mais en revanche, comme tu l'as dit, j'ai formé énormément d'avocats à la résolution amiable des conflits, puisque c'est ce qui m'anime très très profondément. Et donc, pour revenir à mon parcours, j'ai constaté cette... Cette efficacité de l'amiable traiteau. Donc, dans ma pratique d'avocat, j'ai commencé à désirer que mes clients, enfin, mon client et la partie adverse, se mettent autour d'une table pour discuter, puisque c'est ce que je faisais en médiation et que ça marchait tellement bien. Donc, j'ai proposé ça, je m'étais mise à faire de la... du droit de la famille, j'avais quitté le droit de la santé, et j'ai proposé ça à mes clients, puis évidemment à mes confrères, et il y a eu des cas où nous y sommes arrivés. Et donc, j'étais comme M. Jourdain, je faisais du processus collaboratif sans le savoir. C'était assez difficile pour moi, pour ne rien te cacher, d'être déjà arrivée dans la profession tardivement, et puis aussi... de la pratiquer d'une façon très originale. Donc, c'était un peu difficile, mais je ne pouvais pas faire autrement, étant donné les résultats, l'efficacité de la méthode. Les remerciements de mes clients, que ce soit en médiation ou dans cette pratique d'avocat que j'initiais, il y avait vraiment un retour qui était plein de gratitude en fait. Donc je voyais bien que ça marchait. Et en 2008 ou en 2009 est arrivé ce qu'on appelait à l'époque le droit collaboratif, qui est devenu le processus collaboratif en France. Donc je me suis tout de suite inscrite à la formation. Et à mon grand soulagement, je me suis aperçue que ce que je faisais, d'autres l'avaient déjà inventé. Donc les Américains, avec vraiment une structure très précise dont je me suis tout de suite emparée, j'ai tout de suite compris à la fois les avantages, mais aussi les inconvénients d'une certaine forme de rigidité du processus collaboratif. Et donc c'est comme ça que j'ai créé cette méthode collaborative qui consiste à s'inspirer. totalement de tous les bénéfices du processus collaboratif, mais en évacuant ce qui n'est pas commode, en fait, et qui est trop rigide et qui en empêche le bon développement.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être qu'on peut juste préciser pour les personnes qui n'ont jamais entendu parler de cette approche, qu'au départ, c'est un avocat américain qui fait le constat, finalement, de l'insatisfaction de ses clients en plusieurs années. Après, ils ont surtout gardé, en dépit du fait qu'ils ont pu gagner leur contention judiciaire, ils ont surtout beaucoup d'amertume et le sentiment de beaucoup de gâchis. Et partant de ce constat-là, cet avocat Stuart Webb essaie de penser une autre façon de travailler et une méthode effectivement très stricte avec des étapes à suivre dans un certain ordre, avec un avocat formé également. Et c'est cette... méthode qui est importée en France et qui est développée par notamment l'association française des praticiens du droit collaboratif. Et toi tu t'en éloignes un petit peu dans la mesure où tu as une approche plus libre, j'ai envie de dire, où tu gardes l'essence mais tu abandonnes ce qui pour toi fait rigidité et ce qui est un frein au déploiement de cette méthode.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait parce qu'en fait j'en avais déjà à la pratique. Donc je savais que ça marchait de la façon dont je pratiquais et que ça marchait plus largement. Alors, en quoi ça consiste ? Le processus collaboratif, il y a une convention dans le processus collaboratif, il y a une convention de départ qui engage les partis et les avocats à travailler de la façon que tu as décrite, donc selon une structure d'entretien successif très précise et véritablement efficace. Et puis il y a aussi cette obligation que les deux avocats soient formés à cette méthode, ce qui demande aujourd'hui 32 heures de formation, alors c'est pas énorme franchement, mais malheureusement tous les avocats n'y sont pas formés, ne le connaissent pas. Donc ce qui réduit considérablement les possibilités dans un dossier d'avoir en face de soi un avocat formé avec lequel on puisse travailler de cette façon-là.

  • Speaker #0

    Autre aspect, on peut aussi préciser, donc la convention dont tu parles, finalement, ça s'apparente un peu à une sorte d'accord de méthode qu'on connaît dans le droit électoral, notamment du travail. Cet accord de méthode, on attend qu'il soit signé des deux parties qui sont en conflit et des avocats. Donc, c'est un accord signé à quatre qui formalise l'entrée dans le processus. Et c'est vrai que la critique qu'on peut faire à cet accord, évidemment, c'est... C'est très confortable. Une fois qu'on a obtenu la signature, on se sent protégé. Mais psychologiquement, c'est aussi un frein. Il y a des dossiers où déjà l'enjeu, c'est de réunir les personnes. Si vous attendez en plus qu'elles vous signent un accord, autant dire qu'elles partiront en courant. Moi, c'est ma petite réserve. Donc, c'est vrai que c'est très confortable. Quand on a obtenu... volonté vers l'adhésion des personnes mais en pratique on sait aussi que ça sera peut-être un repoussoir de se dire avant même de se parler il faut signer quelque chose.

  • Speaker #1

    Alors il y a aussi un autre aspect dans la difficulté de faire signer cet accord c'est qu'il y a une obligation de retrait des avocats au cas où le dossier n'aboutirait pas à l'amiable et serait porté devant le juge. Et là c'est une logique aussi, c'est logique, les avocats doivent être... Comment dire, ils doivent être dépourvus de cette deuxième possibilité d'aller devant le juge, sinon ils ne travailleront pas suffisamment sur la partie amiable. Donc ça c'est tout à fait logique et cohérent, mais... Pour l'instant, ça fait encore peur aux avocats et ça ne fait pas du bien aux clients qui se disent tiens, quand ça ira mal, mon avocat me lâchera Donc, moi, dans ma méthode, j'ai enlevé ça. Alors, il y a aussi autre chose qu'il faut quand même préciser, c'est que cette convention permet, et ça c'est absolument essentiel, d'amener la confidentialité. La confidentialité renforcée, c'est-à-dire elle est valable pour... tout le monde, bien évidemment les avocats, avocats-clients, mais les clients aussi. Donc on ne doit pas ce qui est dévoilé pendant les entretiens, pendant tout le processus, si jamais il devait aboutir ailleurs, et même s'il ne devait pas aboutir ailleurs, doit rester absolument confidentiel.

  • Speaker #0

    Et là, ça devient un engagement contractuel parce qu'il est vrai que... contrairement à la médiation qui est protégée par la confidentialité, on a une source, c'est dans le code de procédure civile, si on fait une réunion dans un cadre collaboratif entre avocats avec les personnes concernées, on n'a pas de fondement qui oblige les personnes à respecter cette confidentialité. Donc l'intérêt de la convention là aussi, c'est que ça ne contre-allume pas. contractualise l'engagement. Même quand on n'a pas cette convention, cela dit, on peut quand même prendre des précautions pour faire respecter cette confidentialité.

  • Speaker #1

    On fait une clause de confidentialité qu'on fait signer à tout le monde, bien sûr.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est le minimum, de toute façon.

  • Speaker #0

    C'est le minimum, mais même ce minimum contractuel, il n'est pas toujours en réalité, on sait bien qu'il n'est pas toujours facile à obtenir.

  • Speaker #1

    Maintenant, Franchement, alors, je fais assez peu de droits des affaires, mais c'est peut-être dans ce cadre-là qu'il y aurait le plus de risques, peut-être, de parler de brevets, de parler de projets, de parler d'avenir, etc., de révéler quelque chose qui soit vraiment fondamental. Sinon, je dois dire que ça fait 23 ans que je pratique de cette façon-là et il n'y a pas véritablement de confidentialité dans ce qui est... énoncées, dans ce qui est montré comme éventuellement comme document et pièce. Voilà, ce sont des choses qui de toute façon devraient être dites si...

  • Speaker #0

    Si on était au contentieux.

  • Speaker #1

    Si il y avait un judiciaire derrière ou côté...

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux justement décrire ce qui fait, selon toi, l'essence de la méthode telle que tu la pratiques aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors donc, elle est dépouillée. Alors moi, en fait, mon point de vue pour l'avoir pratiqué depuis presque toujours dans la profession d'avocat, dans ma pratique d'avocat, c'est qu'il n'est pas besoin d'une convention préalable. C'est une façon de travailler pour l'avocat. Tout simplement, pourquoi ? Parce que, en fait, quand un client arrive dans notre cabinet, sa demande profonde, c'est Maître, sortez-moi de là Il faut qu'on garde ça à l'esprit, qu'il ne nous demande pas. forcément d'aller devant le juge. Il nous voit avec notre robe en train de plaider, mais ça c'est l'image de l'avocat. Mais en vrai, ce qu'il nous demande, c'est de résoudre son problème, de l'aider à résoudre son problème. Voilà. Et comment mieux résoudre la problématique qu'en faisant se reparler les deux personnes en conflit ? N'oublions pas que dans le judiciaire, ce que nous connaissons, c'est une absence totale de dialogue. C'est l'avocat... couvre en quelque sorte, fait couverture en étant le porte-parole de son client auprès du juge, mais il n'y a pas d'échange entre les deux personnes. Et pourquoi ? Parce qu'on dit, ben oui, comme ils sont en conflit, ils peuvent pas se voir, selon l'expression consacrée, et donc on va pas les faire se parler. Mais si, justement, c'est ça. Le truc, c'est que, comme ils sont en conflit, c'est qu'il y a quelque chose entre eux. qui est de l'ordre de l'incompréhensible. Et chacun s'est fait un film sur ce que l'autre a voulu faire. De toute façon, chez tous nos clients, et même moi, si je suis en conflit, j'ai tendance, comme tout individu, à me dire, c'est la faute de l'autre. Et moi, je suis sa victime. Sauf que ce qui est drôle, c'est de savoir qu'en face, c'est pareil. Il dit... que c'est ma faute à moi et qu'il est victime de mes agissements. Donc en fait, les deux personnes en conflit s'inventent une histoire. qui ne correspondent pas à la réalité. Et ce qu'il convient de faire, c'est de les mettre autour d'une table et de tout mettre sur la table. Donc de les faire se reparler, de les faire discuter et de mettre de la compréhension. Oui, tout à fait. Ça fait rêver. De mettre de la compréhension là où il y a une... des malentendus en fait. Tout ça, on est dans l'ordre de l'écoute. C'est malentendu. Pour moi, c'est vraiment ce qui est important, c'est comprendre, faire comprendre et se comprendre. C'est comme ça, c'est ce à quoi on doit aboutir. Et donc, l'essentiel, c'est de se mettre autour d'une table. Alors, en médiation, il y a un médiateur qui gère. En processus collaboratif et dans ma méthode collaborative... on se met tous les quatre autour d'une table et ce sont les avocats qui gèrent la parole et qui gèrent le processus. Sauf que selon moi, on peut faire ça, on peut amener à cette méthode sans que les deux avocats soient nécessairement formés. Pourquoi est-ce que je l'affirme haut et fort ? C'est parce que je le fais tout le temps, en fait. Je le fais tout le temps. Le plus difficile, c'est d'amener notre confrère à... travailler de cette façon-là, ce qui est vraiment novateur encore aujourd'hui. Mais une fois qu'on y arrive, parce que tout simplement, on lui fait comprendre qu'il faut remettre du dialogue entre les parties, que ce serait quand même dommage qu'il y ait cette chance ultime, en fait, pour nos clients d'arriver à se comprendre et à s'apaiser. Et pour nous aussi de... Faire sortir de notre dossier, de toute façon, tout ce qui pèse, que nos clients nous font peser, font peser sur nous. C'est-à-dire, vous savez, les appels des clients qui sont pleins de hargne contre l'autre et qui se défoulent sur nous, les avocats. Tout ce côté un peu lourd, ben non, ça va être sorti pendant les réunions à quatre. Ils vont se parler, ils vont se comprendre. Tout va s'apaiser, forcément. Il y a quelque chose que je voudrais ajouter aussi, que m'a apporté ma pratique, c'est de comprendre que, en fait, les gens ne sont pas de mauvaise foi. Et donc... que les gens sont de bonne foi. Alors, ça paraît bête à dire, mais c'est quelque chose qui aide aussi, parce qu'à force d'entendre toutes les versions de toutes les personnes en présence, j'ai compris que chacun... à ses bonnes raisons d'avoir agi et d'avoir pensé comme il l'a fait, même éventuellement au cours de plein d'années de suite. Mais je ne dis pas que leurs raisons sont bonnes, je dis que chacun a ses bonnes raisons d'avoir fait comme il l'a fait. Et ce qui se passe quand on se met autour d'une table et qu'on libère la parole, chacun comprend que l'autre, il donne sa version, mais que sa version était juste pour lui jusqu'à présent. Et que, petit à petit, on peut mêler ces deux versions et aboutir à quelque chose de commun qui apaise. Et sur la base duquel on peut prendre des décisions pour l'avenir.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc le point cardinal, c'est vraiment la rencontre en présentiel. Oui. Il n'y a pas de méthode collaborative sans rencontre. Ça semble évident. Et c'est une rencontre où on va assez peu parler de droit, ce qui peut paraître déstabilisant parfois pour les africains au début, parce que finalement, on va faire émerger les non-dits, les problématiques relationnelles. Oui. qui font obstacle à la résolution du conflit d'un point de vue strictement juridique et qui d'ailleurs est impuissant. Les outils du droit ne vont pas résoudre très très souvent, et particulièrement en matière familiale, des problématiques de malentendu, d'incompréhension, de ressentiment, de tu m'as blessé, de je me sens trahi, etc. On voit bien que la matière, c'est pas le code civil qui va nous aider à mettre fin.

  • Speaker #0

    Il faut préciser que cette rencontre à quatre, elle n'intervient pas tout de go. Il y a des étapes préalables. Évidemment, la première fois qu'on rencontre son client et qu'on l'amène à envisager cette façon de travailler, le client est toujours d'accord. Toujours. La deuxième étape, c'est de prendre attache avec son confrère et de l'amener. Et là, c'est un peu plus difficile. On ne va pas... Voilà. On ne va pas se cacher ça. Et ensuite, une fois qu'on y est arrivé et qu'on a pris date, on fait une réunion de préparation du client. Et justement, c'est à cette occasion qu'on va lui donner d'abord la façon de communiquer qu'il devra avoir pendant la réunion à 4, parce que, bon, évidemment, il n'y aura pas d'interruption. Ça c'est le propre de tous les modes amiables, de toute façon, c'est l'écoute active et on n'interrompt pas celui qui s'exprime. Donc il faut lui faire comprendre ça. Et puis aussi, parler en jeu, ne pas accuser l'autre en disant tu as fait ceci, tu as fait cela. Il y a toute une préparation du client qui va lui permettre de comprendre comment les choses vont se passer. on va se préparer ensemble à voir quels sont les sujets qu'il voudrait voir abordés pendant cette réunion. Alors on ne va peut-être pas tous les mener pendant cette réunion, mais en tout cas les sujets qui sont importants pour lui, qui devront être résolus. Donc ce n'est pas que des sujets effectivement juridiques, ça va bien au-delà. C'est des sujets d'ordre de la compréhension et puis il y a aussi ce qu'il veut exprimer. qu'il n'a jamais pu vraiment dire à l'autre et ce qu'il ne savait même pas porter en lui parce qu'on le fait un peu travailler sur mais qu'est-ce qui s'est passé en fait dans cette relation ? Il faut aussi qu'il revienne un petit peu sur son histoire. Même, j'ai eu des séparations d'associés, il n'y a pas que le droit de la famille, j'ai eu des séparations d'associés qui revenaient sur, ben oui c'est vrai... On a été presque amis, enfin bon, il y a des émotions aussi, il peut y avoir de la peine, il peut y avoir de la crainte financière énormément, il peut y avoir tout ce que les humains portent en eux et qu'on va faire surgir pendant cette réunion de préparation, avec aussi, de façon plus technique, qu'est-ce qui viendrait à l'appui d'eux. Et là donc, ce qu'on appelle d'habitude des pièces, et moi que je préfère appeler des documents dans cette méthode collaborative, c'est de quoi aurons-nous besoin éventuellement pour ne pas perdre de temps pour cette réunion plénière qui arrive ? Et voilà, de quoi aurions-nous besoin de notre côté ? Et puis de quoi aurions-nous besoin qu'en face, ils nous produisent ? Alors j'aime pas ce terme-là, mais... Donc vraiment une préparation très précise. de la séance qui arrive. Oui,

  • Speaker #1

    c'est important de bien comprendre que certes, il y a une rencontre, c'est le point cardinal, mais c'est une rencontre qui se prépare avec le client, avec même l'avocat.

  • Speaker #0

    Et avec l'avocat ensuite.

  • Speaker #1

    On n'a pas parlé de ça. Voilà. Mais non seulement on a un entretien préparatoire avec notre client, mais on va essayer d'avoir aussi, alors je dis bien essayer, moi ma pratique, ça relève de l'essai, mais qui est assez positif quand même, avec le confrère, parce qu'il est important quand même... d'aider aussi le confrère qui peut lui ne pas être formé à aborder assez sereinement cet entretien 4 parce que c'est quand même une aventure pour certains. On sort d'une forme de zone de confort. C'est vrai qu'on a plus l'habitude des tribunaux où les rôles sont bien identifiés. On prépare notre témoignerie. On sait ce qu'on va dire à l'avance, moins dans les grandes lignes. Là, aller à un rendez-vous, on n'est que dans l'improvisation. En tout cas, c'est du... Du réel, c'est du live, c'est vrai qu'au départ c'est assez désarçonnant et ça peut être aussi déstabilisant pour le confrère qui aborde ce rendez-vous et qui n'est plus sur les repères habituels qui ont pu être les seuls pendant toute sa pratique, à savoir le droit, les rapports de force, il faudrait qu'on parle de ça aussi.

  • Speaker #0

    Alors justement, c'est très très... Très très important. Qu'on vient d'adopter,

  • Speaker #1

    et c'est ça le renversement, je pense. C'est comme ça que je l'ai compris.

  • Speaker #0

    En fait, ce qui caractérise cette façon de faire, que ce soit le processus collaboratif ou la méthode, c'est vraiment le travail d'équipe. Donc il y a les deux équipes avocats-clients, mais il y a aussi une équipe avocat-avocat. Et ça c'est formidable, c'est en ça que c'est collaboratif. Et puis au final, il y aura une équipe de quatre personnes, qui vont plancher sur la résolution de cette problématique qui a surgi entre les deux clients. Et ça, c'est magnifique parce qu'on met toutes nos forces et toutes nos compétences à quatre, en fait, pour se pencher sur cette question, une fois qu'on l'a bien comprise, bien circonscrite, et qu'on va lui donner des solutions, en fait. Et puis les parties vont décider qu'est-ce qui leur convient le mieux comme solution. On va tomber sur un accord qu'on peut faire homologuer. Alors, pour revenir sur les relations entre confrères, clairement, d'abord, on voit bien que dans cette façon de faire, il n'y a pas d'écrit. Il n'y a pas d'écrit. C'est important. Moi, je prends mon téléphone tout le temps et comme je suis dépourvue d'agressivité puisque je ne veux qu'une chose, c'est venir en aide de la meilleure des façons auprès de mon client et venir en aide aussi au client d'en face, puisqu'il ne m'a rien fait, en fait. Il m'a rien fait. J'ai bien compris que aîné a surgi un conflit entre eux, mais ce conflit on va le dégonfler. Et puis voilà, on est des professionnels et on va y arriver. Donc moi, je suis dépourvue d'agressivité. Et le confrère l'entend à ma voix, à la façon dont je parle, etc. Et donc, tout ça est une parenthèse de désarmement. Et je crois que c'est ça qui est vraiment important, c'est on dépose les armes, on voit tout ce qu'on peut faire de bien de cette façon-là. Et si par extraordinaire, ça ne fonctionnait pas, eh bien les clients pourraient aviser et faire différemment. Mais franchement, les taux de réussite sont juste extraordinaires, parce qu'ils dépassent même les taux de réussite de la médiation qui est déjà fabuleuse. C'est foncièrement efficace.

  • Speaker #1

    Moi, je voudrais ajouter quand même pour les confrères qui nous écoutent et qui ne sont pas formés, qu'il y a quand même une bonne nouvelle et qu'il faut se faire confiance, c'est que plus on va adopter cette méthode, plus elle va devenir naturelle, moins on va avoir l'impression de batailler pour convaincre justement le confrère en face de l'utilité de cette démarche. Moi, je vois quand même sur les années qui ont passé. Oui. Voilà, j'ai plus ce que tu évoques, l'agressivité dans la voix, etc. Déjà, on s'en départit, on ne sait plus du tout. Et on embarque quand même le confrère dans cette autre énergie. Et c'est une énergie communicative. C'est ça qui est intéressant. Et pour moi, je te rejoins sur la problématique de la formation des avocats. J'ai eu des très bons moments de rendez-vous à quatre avec des confrères qui au début étaient... dans la réserve, la crainte, avec des mécanismes un peu d'autodéfense finalement, parce que je les emmenais en dehors de leur zone de confort, et qui finalement prenaient un espèce de pli instinctivement très très intelligent. Il y avait une adaptation à la situation, et j'ai envie de dire, c'est à la portée de tout le monde, à partir du moment où on est dans cette autre logique. Et donc, je suis même étonnée de constater que la majeure partie des confrères avec qui j'ai travaillé ainsi, ce n'était pas des confrères qui étaient spécialement formés. Pour le coup, en fait, je n'ai pas fait de processus collaboratif homologué à FPDC, on va dire. Mais par contre, tous les confrères que j'ai embarqués avec moi ont compris la dynamique et ont changé d'état d'esprit, d'attitude en étant même moteurs. Et ça, c'est troublant. C'est-à-dire qu'en réalité, il y a comme un effet de miroir et le confrère va adopter cette attitude qui facilite les échanges. Cette posture qui est donc une posture plus en retrait, puisque évidemment, dans les entretiens, l'avocat va être en soutien de son client, mais ce n'est absolument pas lui qui monopolise la parole, bien au contraire. Donc, il est là pour soutenir la parole de son client, peut-être l'aider à la prendre. mais on est là pour aider les personnes à exprimer ce qui est important pour elles. Oui,

  • Speaker #0

    alors reste quand même le conseil, bien sûr, au moment de la décision, et puis cette espèce de brainstorming qui se fait à quatre, au moment où qu'est-ce qui pourrait être envisagé à l'avenir, et toute la partie proprement juridique, ça on ne nous l'enlèvera pas. Bon, mais bien sûr, alors moi ce que je dis... Ce qui rejoint tout à fait ce que tu viens de dire, c'est qu'on pose une atmosphère.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    je voulais te parler de ça. L'atmosphère, c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    L'atmosphère, l'énergie.

  • Speaker #0

    L'énergie, une énergie de compréhension, d'apaisement, de non-agression. Ce que je constate et je le regrette profondément, c'est que les avocats sont élevés à la défiance. À la défiance. On se méfie terriblement du confrère adverse. On pense que son client a systématiquement tort et on n'en sort pas. Il y a vraiment toute une éducation qui veut que c'est comme ça qu'on défend le mieux les intérêts de son client. Mais en fait, non, non. La façon dont on répond le mieux aux attentes du client, c'est quand on pratique de la façon qu'on vient d'indiquer et puis qu'on fait sauter. augmenter l'agressivité, qu'on laisse tomber le côté victime, coupable.

  • Speaker #1

    Et les jugements qui vont de pair. Parce que les jugements vis-à-vis du client adverse, c'est monnaie courante. Alors nous, on a reçu un saint et bizarrement, l'avocat adverse, lui, a reçu un démon. Toujours. Non mais si on prend juste deux secondes le temps de se dire, oui mais en fait on aurait pu recevoir le client de l'autre et vice-versa. Alors évidemment que... tout de suite notre regard change. C'est aussi ça, je pense qu'il est important de diffuser comme message. Il faut aussi nous nous départir des jugements qu'on va instinctivement plaquer sur le client de l'autre parce qu'on a le récit de notre client qui nous a décrit quelqu'un de très négatif. Donc ça, si on a cette vigilance, on change aussi de regard et on facilite aussi la poursuite du processus.

  • Speaker #0

    Mais pour moi, c'est ça, être un vrai professionnel. Un vrai bon professionnel, c'est celui qui prend de la hauteur parce que nous avons cette chance, normalement, de ne pas être bridés par nos émotions comme le sont nos clients. Quand ils viennent nous trouver, ils ont toujours des émotions. Ils sont en colère, il y a un égo qui a été atteint, ils ont peur pour l'avenir, ils vont peut-être tout perdre, ils ne savent pas, etc. Donc tout ça, c'est parfaitement compréhensible, sauf que nous, en tant que professionnels... nous ne devons surtout pas entrer là-dedans. Donc comme nous sommes dépourvus normalement de leurs émotions, on peut prendre de la hauteur et du coup les regarder avec beaucoup plus d'objectivité et se dire Ok, moi j'ai reçu M. Dupont qui est dans cet état-là et qui me raconte cette version-là de l'histoire. En face, il y a un M. Durand qui lui aussi est plein d'émotions et de subjectivité et qui est en train de rencontrer... raconter à mon confrère, ma consoeur sa version de l'histoire. Prenons de la hauteur, réunissons-nous, et nous deux, les professionnels, les avocats, nous allons les aider, à leur tour, à prendre de la hauteur et à regarder de façon de plus en plus objective ce qui leur est arrivé. Et à partir de là, de prendre de saines décisions pour l'avenir. Et des décisions qui seront, alors... Déjà, parlons d'une chose, c'est qu'il y aura exécution. Et ça, c'est merveilleux. Il y a un gain de temps dans ces façons de travailler qui est absolument fabuleux parce qu'on travaille certes de façon intense, mais sur quelques mois seulement. Et l'exécution sera toujours faite de façon volontaire. Toujours. Il n'y a pas d'exécution forcée parce que ça, c'est le rôle des avocats de bien s'attacher à vérifier. que son client est satisfait de la solution vers laquelle il penche. Donc ça, c'est très important. Mais ça se voit. Ça se voit sur le non-verbal, ça se voit dans sa décontraction nouvelle. Il est satisfait, il est content. On lui laisse un petit peu de temps pour bien y réfléchir et oui, oui, il signe cet accord-là, il est d'accord. Et donc, l'exécution va être faite tout naturellement. Donc, ce sont des processus qui sont terriblement efficaces.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Il n'y a pas de doute là-dessus. Et alors, moi, je voudrais qu'on évoque aussi les relations avocats-médiateurs, parce que j'ai l'impression qu'il y a une forme de méfiance réciproque, parfois, aux avocats, quand il s'agit, pour le coup, quand le processus collaboratif... peut-être insuffisant pour travailler la résolution de conflits, on a parfois besoin de faire appel à ce médiateur. C'est-à-dire que du coup, d'un rendez-vous à quatre, on va aller vers un rendez-vous à cinq, où on aura un médiateur, deux avocats et les deux clients. Donc l'enjeu de faire équipe, il est aussi avec le médiateur. Moi, je me posais la question, comment justement le médiateur peut être ce chef d'orchestre, quelque part, qui va réussir à faire travailler les avocats ensemble ? Parce que... Nous-mêmes, avocats, pour le coup, on va avoir aussi des problématiques relationnelles qui, à un moment donné, peuvent être aussi une difficulté pour la bonne réussite du processus. Parce que si on n'est pas normalement envahi par les émotions de nos clients, on a nous-mêmes nos propres émotions, nos propres interactions. Et on voit bien que quand on a une mauvaise relation avec l'avocat en face, j'ai pas envie de dire adverse, mais l'autre avocat, ça va être une difficulté. pour la réussite du processus. Et là, c'est vrai que moi, j'ai apprécié pouvoir me tourner vers un médiateur qui endossait ce rôle-là. Est-ce que tu le vis comme ça ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, ça ne m'est jamais arrivé d'être demandé en médiation dans un processus collaboratif, ni de demander la présence d'un médiateur, parce que comme je n'ai pas besoin. Mais ce que je vois en tant que médiatrice, c'est que... En fait, et ça je l'ai fait à grande échelle aussi, parce que j'ai fait un gros dossier de médiation l'année dernière, et j'ai fait travailler tous les avocats ensemble l'année dernière, où j'ai eu l'honneur de travailler aux côtés du président Majindy. Et on était deux co-médiateurs donc, et on a travaillé avec les partis, mais aussi énormément avec les différents cabinets d'avocats qui étaient présents, qui étaient en nombre. Donc on avait des réunions très importantes et on a beaucoup, beaucoup fait travailler les avocats entre eux parce que les questions qui se posaient étaient d'ordre tellement technique, il y avait des problèmes juridiques qui étaient tellement pointus que de toute façon les parties là, il y avait des réunions avec les parties et puis des réunions avec les avocats seulement. Et donc c'était... Très performant parce que, pour ne rien te cacher, comme d'habitude, les différents cabinets d'avocats en présence, ils avaient plutôt les couteaux tirés au début, ce qui était absolument normal. Mais on leur a fait comprendre avec le président Majindy que, ben non, on était là pour travailler tous ensemble à la résolution de ce problème. Et donc, on les a amenés à se rencontrer. On a fait des réunions pendant des heures et des heures. Et on a vu que petit à petit, la fameuse défiance dont on parlait a fait place à une forme de sympathie, à une forme de décontraction. Moi, j'ai remarqué à un moment, j'ai entendu qu'ils commençaient à s'appeler tous par leur prénom. Je me suis dit, ah bien, et puis ils tutoyaient tous, tous les avocats. Et vraiment, au final, on a tous collaboré, vraiment. Donc c'était un peu du processus collaboratif grâce à la médiation, sous l'égide de la médiation. Et ça a duré des mois. abouti à un accord très important. Mais cette façon de travailler, je l'avais déjà expérimentée. Je savais très bien ce que je faisais. J'étais là en tant que médiatrice, mais avec tout l'arrière-plan d'avocate que j'ai. Et donc, je parlais beaucoup avec mes confrères. Et il y avait cette répartition des rôles entre le président, le grand magistrat. qui est le président Majindi et puis l'avocate médiatrice qui faisait une répartition des rôles. Et ça s'est vraiment passé de façon passionnante, on peut le dire, vraiment passionnante. Mais encore une fois, j'avais déjà eu moi l'expérience de travailler en tant que médiatrice et de voir que les avocats présents, alors moi je dois faire une parenthèse et dire que j'aime énormément. qu'il y ait des avocats dans les dossiers. Je préfère, je préfère. C'est un appui considérable. Et puis, je me sens moins seule parce que c'est vrai qu'en tant que médiateur, on se sent seule. Bon, dans cette grosse médiation, j'ai eu cette chance énorme de travailler aux côtés du président Majindi et on s'est formidablement bien entendus. Et vraiment, je peux dire qu'on s'appelait tout le temps. On se concertait tout le temps et on se voyait tout le temps. mais sinon en tant que médiateur quand je suis médiatrice je suis quand même toute seule donc je suis ravie qu'il y ait deux autres professionnels avec qui finalement on sent bien qu'il y a une forme de travail collectif qui finit par s'opérer et je me sens moins seule et là là-dessus je voudrais faire une précision concernant le processus collaboratif ou la méthode collaborative c'est ce travail d'équipe que j'ai décrit tout à l'heure il est bien confortable Parce qu'on est deux avocats et on s'épaule. Et c'est sympa. Moi, tous les dossiers que je mène de cette façon-là, mais je ne me souviens pas d'un dossier qui ne soit pas fini à déjeuner avec ma consoeur, devenir copine, se tutoyer, garder contact. Et c'est formidable, en fait.

  • Speaker #1

    Surtout que ça répond aussi à un besoin dans nos professions indépendantes. On est quand même dans un exercice relativement solitaire. Et finalement, on souffre un peu de ça. Et trouver le plaisir de travailler en équipe, en bonne intelligence, c'est vraiment satisfaisant et gratifiant pour tout le monde. On a tout ça gagné à travailler comme ça.

  • Speaker #0

    En fait, ce sont des façons de travailler qui sont extrêmement confortables, à tout point de vue, pour notre agenda, pour les relations avec le client. pour les relations avec le confrère, l'apport de la médiation, l'accord final qui est trouvé quasiment systématiquement, il y a très peu de chances que ça se passe différemment. C'est vraiment d'un grand, grand confort.

  • Speaker #1

    Alors j'avais quand même une question là-dessus. Je voulais qu'on parle de l'autorité du médiateur. Parce que, évidemment, la défiance dont on parlait, elle ne disparaît pas. La défiance que les avocats peuvent avoir les uns vis-à-vis des autres et vis-à-vis du médiateur au début d'une médiation, pour le coup, où les avocats sont présents, elle ne disparaît pas comme par magie. Est-ce que toi, tu as le sentiment d'avoir affirmé davantage une certaine autorité ? en tant que médiateur au fur et à mesure des années. Est-ce que c'est quelque chose que tu affirmais davantage ? Tu peux nous parler. Et comment cela se manifeste ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Tu lis dans ma carrière. C'est tout à fait vrai. J'ai remarqué que j'ai de plus en plus d'autorité, d'autorité naturelle parce que j'ai vraiment une grosse, grosse pratique. Et puis, j'ai une énorme confiance dans la médiation. Du coup, si même moi, je n'ai pas confiance en moi, que je me dis, Ouh là là, j'ai un dossier, ça va être vraiment difficile. Tout de suite après, je me dis, Mais non, attends, tu fais de la médiation. La médiation va y arriver. Nathalie, elle est peut-être perplexe, mais la médiation, elle, elle est tranquille. Donc, j'ai cette tranquillité d'esprit quand même, qui me donne de l'autorité, parce que j'ai l'autorité de la médiation. Ce n'est pas tant moi que celle de la médiation. Et dans la médiation... effectivement, il faut que le médiateur s'impose. Alors, s'impose pas comme au-dessus des partis et des avocats, loin de là, mais s'impose comme portant le processus et étant le garant de ce processus, que ce processus se déroule convenablement. Donc, s'il y a des écarts qui sont soit de la part des avocats, soit de la part des partis, le médiateur doit vraiment être tranchant là-dessus. Et c'est vrai que je me suis aperçue que c'est main de fer dans un gant de velours, quand même, la posture du médiateur. Je suis décontractée et souriante, mais quand il le faut, il m'est arrivé à de nombreuses reprises de me dire, bon, là, ça va plus, enfin, in petto, bon, là, ça va plus, Nathalie, il va falloir que tu tapes du poing sur la table. Et je le fais. Mais ce qui est amusant, c'est que récemment, j'ai eu un dossier avec des personnalités difficiles et je me suis aperçue que pour une fois, j'étais réellement en colère. D'habitude, je feins la colère en disant non, ça suffit maintenant, si ça continue comme ça, je pars, je mets fin à la médiation. Bien évidemment, ce n'est jamais le cas, c'est du bluff, parce que du coup, tout le monde se calme. Mais là, cette fois-là, j'étais vraiment en colère. D'ailleurs, je suis vraiment en colère. Et tout s'est très très bien passé, on a fait un très bon accord au bout de plusieurs réunions. Mais c'est vrai que le médiateur doit poser son autorité et également vis-à-vis des avocats. Si jamais il y a des dérapages, je dois les recadrer, leur demander de s'exprimer différemment, etc. Mais comme depuis des années, c'est le plus souvent les avocats qui me demandent. tout naturellement, ils confient un peu leur dossier à la médiation, et donc à la médiatrice, et ils se laissent quand même guider. Donc je ne considère pas avoir de problème.

  • Speaker #1

    Et alors, tu as évoqué un point sur lequel je voulais t'interroger. Je t'ai souvent entendu évoquer la magie de la médiation, et une forme d'énergie que tu insuffles ou que tu perçois, un optimisme. Une certitude qu'on va y arriver, à sortir de l'impasse. Est-ce que tu peux nous parler de cette énergie particulière ? Est-ce que toi tu en es réceptacle ou est-ce qu'au contraire il s'agit de l'installer ? C'est étonnant parce que c'est vrai que je t'ai souvent entendu dire ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est consacré. Le miracle de la médiation et la magie de la médiation, ça fait partie de notre formation. On nous dit que, et c'est vrai, on le vit ensuite quand on est médiateur. Parfois, pas toujours évidemment, mais parfois et suffisamment de fois pour qu'on le reconnaisse comme étant une vérité. Alors ce miracle, c'est le moment où les deux parties se regardent dans les yeux, se disent des choses qui sont de l'ordre de l'air intime. Et encore une fois, ça ne regarde pas que le droit de la famille. C'est vraiment entre associés, entre co-contractants, entre voisins, etc. Et tout d'un coup, paf, on sent que la confiance est revenue, ils se reparlent, ils se regardent, ils n'ont plus besoin de moi. Et ça, c'est le critère, en fait. Et ça y est, tac, il y a cette bascule qui est quasi miraculeuse. Et on ne sait pas sur quoi, en fait, ça s'est joué. Nous qui sommes à l'extérieur de leur histoire. Mais on voit bien qu'il y a eu ça. Et c'est magique, en fait. C'est fabuleux. Et ça vient de l'atmosphère qu'on a posée, de la confiance. Alors, c'est vrai que j'ai une confiance. ...gigantesque dans la médiation ou dans le processus collaboratif. Ma pratique me le démontre, c'est bon, une fois que c'est lancé. Il y a quelques cas quand même en médiation où ça n'aboutit pas. C'est vrai, j'en ai. Il y a 80% de réussite en médiation et 98% en collaboratif. et je sais pourquoi j'ai fini par comprendre je crois que pas plus tard que cette année justement alors que la médiation est extraordinairement puissante le médiateur passe un peu comme un expert peut passer dans un dossier c'est à dire il ne va pas téléphoner au client en leur disant si revenez la semaine prochaine n'ayez pas d'hésitation on a pris date etc alors que l'avocat lui Il tient son client par la main et lui dit Suivez-moi, je sais où je vous amène Et s'il y a un avocat qui fait lâcher son client, qui autorise son client à lâcher la médiation, le médiateur, il n'y peut rien. il ne peut pas courir derrière le client en disant c'est trop bête, quel gâchis, on allait y arriver, etc. Donc c'est au cours d'un dossier que j'ai paumé comme ça en tant que médiatrice, et ça m'a laissé une empreinte vraiment désagréable encore à ce jour.

  • Speaker #1

    Tu dirais que c'est parce que l'avocat a quitté le bateau finalement. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça, exactement. Donc dans les cas où ça arrive, le médiateur est impuissant. Alors qu'en collaboratif, ça ne peut pas arriver parce que... il y a les deux avocats et les deux clients, ils se tiennent par la main, ils se tiennent un peu par la barbichette, mais dans le bon sens du terme, et du coup, on arrive à presque 100% de réussite.

  • Speaker #1

    La limite que j'apporterais, moi, en tant que praticien du processus collaboratif, c'est qu'encore faut-il vouloir sortir du conflit. Et moi, la limite de l'exercice, c'est quand on a un des deux clients qui finalement s'y trouve bien. Alors, en dépit de toute la bonne volonté de l'autre avocat, avec qui on a fait un bon travail, avec qui on fait équipe, une des personnes peut avoir un intérêt à rester dans cette situation-là. Donc, bon, c'est... j'ai envie de dire...

  • Speaker #0

    Mais là, on touche presque au domaine du psychologique, en fait. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui, c'est une problématique et on sait qu'il peut y avoir un intérêt à rester dans une situation conflictuelle.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, bon, on peut annoncer qu'on a envie d'avoir un dialogue, etc. Puis, intimement, au fond de soi, on a des intérêts contraires qui nous conduisent à penser qu'il y a un intérêt au statu quo conflictuel. Donc, pour moi, c'est ça la limite que j'ai trouvée. Mais finalement, de tous les processus que j'ai conduits, j'ai toujours pu bien travailler avec les confrères. Et dans une immense majorité de cas, les gens étaient extrêmement volontaires à se rencontrer. Ils étaient moteurs, ils étaient... j'ai envie de dire content d'être là tout en commençant parfois les entretiens en disant moi j'ai déjà eu des problématiques de couple où l'un des deux dit mais de toute façon j'ai rien à dire et puis finalement au moment où il prend la parole c'est une cocotte minute qui va faire sortir la pression cette expression aussi et c'était extrêmement nécessaire et ça va être le point de départ de la construction d'une nouvelle relation hum On va regarder différemment.

  • Speaker #0

    Exactement. Et le dossier est refermé.

  • Speaker #1

    Véritablement.

  • Speaker #0

    Et leur vie est transformée. Voilà.

  • Speaker #1

    Dans une grande majorité des cas, c'est ce qui va se passer avec simplement aussi quelques réserves qui tiennent parfois l'intérêt objectif au conflit, finalement.

  • Speaker #0

    Les réserves d'ordre psychologique, psychiatrique, tout ce qui ne permet pas de prendre des décisions solides. Donc l'alcoolisme aussi, la drogue, ça ce sont les contre-indications à l'amiable. Et c'est vrai que j'en ai eu quelques-uns récemment et on a dû conclure que ce n'était pas réalisable en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que dans les expériences de médiation, en tant que médiatrice avec justement un grand nombre d'avocats, c'est ta connaissance d'une certaine culture métier qui a été un facteur de réussite pour parvenir au travail collaboratif ?

  • Speaker #0

    Si, oui, aussi, tout à fait. Mais ça, je ne veux pas me mettre en avant. Mais c'est vrai que le fait qu'il y ait un avocat qui parle de vos avocats, en quelque sorte, ça permettait d'aider aussi.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai fait, ça m'impressionne.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'en tant que médiatrice, d'une façon générale, le fait que je sois avocate, il y a la culture juridique bien sûr, mais on sait de quoi on parle, on a aussi la même profession, donc ça rapproche.

  • Speaker #1

    Je te le partage comme un retour. C'est évident que je suis plus en confiance quand j'ai fait appel à toi en tant que médiatrice, parce que tu as une connaissance. de la problématique en droit, même si on va l'évoquer très peu. Mais c'est vrai que pour des sujets assez techniques, c'est plus difficile de faire appel à un médiateur qui n'est pas du tout dans la... Voilà, ça peut rassurer, même si ce n'est pas en soi un problème.

  • Speaker #0

    C'est bizarrement... je connais des médiateurs fabuleux, très hautes, du panier, qui ne sont pas juristes même, de format.

  • Speaker #1

    Oui, oui, mais... Qui ça rassure finalement ? Peut-être que ça rassure surtout les professionnels, en fait. Il y a peut-être un effet qu'on se rassure par quelqu'un qui nous ressemble, en réalité. Oui, tout à fait. Je voulais aussi t'interroger sur la phase préparatoire des médiations. Je crois que tu as tendance à faire assez peu d'entretiens préparatoires, mais qu'au cours des réunions en présentiel, tu utilises, en tout cas tu t'autorises à faire des apartés avec l'un ou l'autre. Qu'est-ce que cela te permet ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend. Il y a les deux écoles. Entretien individuel, c'est plutôt... enseigner comme ça et ou pas d'entretien individuel. J'ai dû commencer en urgence, je pense, dans un dossier à ne pas faire d'entretien individuel et je me suis aperçue que ça me permettait de faire encore plus preuve de naïveté, de poser encore plus de questions aux partis. en leur faisant comprendre que je ne comprenais rien et qu'il fallait qu'ils m'expliquent beaucoup. Et donc, en fait, c'était la façon de les amener à s'expliquer entre eux beaucoup, puisque, en fait, moi, je suis de passage. Et j'ai trouvé ça très pratique. Alors, moi, je dis toujours que je ressemble à Colombo. Donc, je pose des questions qui ont l'air un peu idiotes, mais pour approfondir et toujours approfondir ce qui... pourrait être dit et en revanche, effectivement, quand je sens qu'il y a quelque chose qui bloque ou qu'une des deux parties doit me lâcher une information ou que je dois m'assurer de quelque chose en toute confidentialité auprès d'une des deux parties, je n'hésite pas à faire des apartés en plein milieu de la séance plénière. et ça passe très bien, mais je peux faire des apartés qui vont parfois jusqu'à 20 minutes quand il y a besoin. Mais ce sont de tels instruments de déblocage pour la suite, que c'est il ne faut pas hésiter. Je ne peux pas dire à quel moment, c'est vraiment presque intuitif. Je me dis, là je sens qu'il y a, il faut que je lui parle seul à seul avec son avocat.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a quelque chose qui n'arrive pas à être dit en collectif, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, il y a quelque chose qui bloque bizarrement. qui n'est pas exprimé et il va falloir qu'ils le disent au médiateur. Et puis bien évidemment, quand on retrouve la plénière, quand les autres reviennent ou qu'on revient dans la salle, je propose à son tour qu'il y ait une aparté avec l'autre partie.

  • Speaker #1

    Oui, tu fais un parallèle, c'est-à-dire que tu vas pas prendre une personne tout seul sans avoir donné le même temps à l'autre.

  • Speaker #0

    Je vais proposer, mais c'est pas toujours au même moment en fait. Pas toujours. Mais ce sont des instruments de déblocage.

  • Speaker #1

    Je confirme pour l'avoir vécu.

  • Speaker #0

    Ah oui, les appartements individuels ne sont pas forcément préalables.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Finalement, c'est un peu les appartements individuels qui intéressent.

  • Speaker #0

    C'est la technique que j'utilise.

  • Speaker #1

    En quoi ton expérience de médiatrice t'est utile dans tes engagements d'élus locales ?

  • Speaker #0

    Ah, alors, je ne suis plus élue depuis le 24 mars 2024. Ah, c'est récent. Je l'étais depuis 2001, cette grande année où je suis devenue médiatrice, avocat et élue. Ah oui,

  • Speaker #1

    dis donc, c'était ton

  • Speaker #0

    Mais j'ai été maire adjointe aux affaires scolaires pendant très longtemps, et il m'est arrivé de faire quelques médiations. Ensuite, j'ai été maire adjointe aux ressources humaines et à la culture. Alors, à la culture, il n'y avait pas de besoin, mais aux ressources humaines, j'ai utilisé les outils de la médiation. Sans le dire, mais en tout cas en les pratiquant, puisqu'il y avait bien évidemment des besoins. Mais ça sert dans la vie de tous les jours. Je m'en sers très quotidiennement. Comme tout bon médiateur, c'est une transformation de sa vie personnelle aussi. Quand on se met à pratiquer l'amiable, on en voit tellement les avantages. Il y a une espèce d'adoucissement de la vie pour soi et pour l'autre aussi. Donc en plus, non seulement on se fait du bien, mais on fait du bien à l'autre. c'est juste merveilleux. On ne va pas s'empêcher de faire... d'apporter de la douceur,

  • Speaker #1

    d'apporter de l'apaisement.

  • Speaker #0

    On ne fait pas marre.

  • Speaker #1

    On ne fait jamais marre charrière,

  • Speaker #0

    c'est sûr.

  • Speaker #1

    Sur un plan personnel, est-ce que tu as des ressources philosophiques, théoriques, qui t'ont servi de boussole, d'appui dans ton parcours, qui ont marqué un tournant ? Au niveau d'ouvrages que tu aurais pu lire ou de rencontres même avec des professionnels qui ont été marquantes, tu voudrais partager ?

  • Speaker #0

    Peut-être ma rencontre avec Alain Roy, avec qui j'ai travaillé pendant 16 ans en étant professeur tous les deux à l'EDAC, l'école du barreau de Versailles, qui m'a toujours enseignée, qui est quelqu'un qui pense. Comme moi et comme toi, tout le temps, amiable, médiation, dans la vie quotidienne, ajouter toujours des réflexions. Et il m'a toujours énormément apporté, donc Alain Roy est vraiment quelqu'un qui compte pour moi. Sinon, pour vraiment me dévoiler, mes ressources sont plutôt d'ordre spirituel. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu ne nous en diras pas plus.

  • Speaker #0

    Je ne t'en dirai pas plus.

  • Speaker #1

    Je ne suis plus le Je suis en tout cas. C'est très bien. Et alors, ce sera ma dernière question. As-tu interrogé ton propre rapport au conflit ? Est-ce que tu es plutôt dans l'évitement, la confrontation ou la paralysie ?

  • Speaker #0

    Je suis plutôt dans l'évitement.

  • Speaker #1

    Tiens donc. Oui.

  • Speaker #0

    Oui, naturellement, oui, je suis où j'étais. Plutôt dans l'évitement, j'étais, voilà, jusqu'à il y a peu, parce que je n'aime vraiment pas le conflit. Mais maintenant, je suis assez forte dans ma vie personnelle, bien sûr. Je suis assez forte pour aller trouver la personne et lui parler. de façon cache et sans lui faire de mal, en mode jeu, évidemment, en communication non violente, et pouvoir dire les choses, que les choses soient dites. Mais pour être tout à fait humble, jusqu'alors, j'étais plutôt dans l'évitement.

  • Speaker #1

    Mais ça t'a quand même renforcé dans une capacité à te confronter.

  • Speaker #0

    Ah oui, ah oui, oui, oui, oui. Me confronter, mais me confronter gentiment dans ce cas. Parce que le terme de confrontation est encore un peu dur pour moi, je trouve. Il a cette connotation. Mais dire les choses, dire les choses de la bonne façon. avec le regard qui va avec, l'absence d'agressivité. Pour ça, il faut avoir compris ses propres émotions, les avoir acceptées, les avoir traversées. Ça ne se fait pas dans la foulée. de la discussion pénible. C'est, voilà, il s'est passé peut-être quelque chose, on m'a peut-être dit quelque chose qui m'a déplu, je vais me calmer, je vais, voilà, et je vais retrouver la personne en lui proposant de faire la paix, ou de, voilà. Mais oui, j'en suis maintenant tout à fait capable, même dans ma vie personnelle.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Nathalie pour tout ce partage extrêmement riche et utile pour tous les médiateurs. Merci à toi,

  • Speaker #0

    il me plaît de le permettre.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, à bientôt. À bientôt ! Merci d'avoir écouté ce dernier épisode de la première saison du podcast Antidote. N'hésitez pas à le partager, à me faire part de vos remarques ou suggestions ou à l'évaluer sur Apple Podcasts. Cela aide à la diffusion du programme. Je vous retrouverai sans doute à la rentrée pour d'autres formats et d'autres entretiens. Et en attendant, je vous souhaite un très bon été. A bientôt.

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Description

Pour ce 9ème épisode et avant-dernier épisode de la saison 1 d'Antidot, j'ai le plaisir de recevoir Nathalie Tisseyre-Boinet, « avocate amiable », médiatrice, formatrice et élue locale.


À l'origine de la méthode collaborative, Nathalie a créé cette approche innovante de la résolution des conflits pour les avocats en s'inspirant de sa pratique professionnelle de médiatrice et du droit collaboratif.


Dans cet épisode, nous évoquons:

  • Comment cette méthode, qui favorise le dialogue et la compréhension mutuelle entre les parties en conflit, diffère du processus judiciaire traditionnel

  • L’importance de la rencontre en présentielle, “parenthèse de désarmement”, et la satisfaction née du travail d'équipe conduit entre et avec les avocats

  • La confiance dans la médiation, l’autorité du médiateur et les relations avocats/médiateur au travers de ses expériences riches à cet égard

  • Le recours aux apartés en médiation, “instruments de déblocage”


Cet épisode offre une vision claire et inspirante de la méthode collaborative à la portée de tous les avocats qui sont soucieux de la satisfaction réelle de leurs clients.


Impossible d’ignorer cette approche si c’est votre cas !


Je vous souhaite une très bonne écoute.
Émilie

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Retrouvez Nathalie Tisseyre-Boinet sur son site internet


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En attendant de se retrouver le 10 de chaque mois pour un nouvel épisode, je vous invite à vous abonner au podcast et à laisser 5 étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée.


Si vous souhaitez continuer la discussion autour de la médiation, retrouvez-moi sur mon compte Linkedin Emilie Thivet-Grivel.


Et si vous souhaitez en savoir plus sur le cabinet ETG Avocats et nos services de médiation, rendez-vous ici.


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Crédits :

Antidot est un podcast d’Emilie Thivet-Grivel.
Stratégie : Mélanie Hong.
Montage et mixage : Morgane Bouchiba.
Designer graphique (vignette) : Emma Wise.
Musique  : Aberdeen, Greg McKay.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous écoutez Antidote, le podcast qui interroge notre rapport au conflit. Je m'appelle Émilie Thivet-Grivelle, je suis avocate et médiatrice, fondatrice du cabinet ETG Avocats. Chaque mois, je vais à la rencontre de professionnels qui ont changé de regard sur la conflictualité et qui l'organisent autrement. Pour ce neuvième épisode, je reçois Nathalie Tisser-Boinet. Avocate, médiatrice, formatrice et élue locale, Nathalie Tisser-Boinet est à l'origine d'une méthode de travail, la méthode collaborative. Cette méthode trouve ses sources dans sa pratique professionnelle, d'avocate et de médiatrice, construite au début des années 2000, et dans le droit collaboratif, devenu aujourd'hui processus collaboratif, dont l'association. française des praticiens de droits collaboratifs, fait la promotion. Dans cet échange, Nathalie nous partage ce qui fait la réussite de ces pratiques professionnelles plébiscitées par ses clients, le changement de paradigme que cela demande à l'avocat et le plaisir qui se dégage dans ce travail d'équipe réalisé par les professionnels. Je vous souhaite une très bonne écoute et je serai ravie de lire vos remarques à l'issue de cet entretien. A bientôt !

  • Speaker #1

    J'ai commencé à être en même temps avocate et médiatrice dans les années 2000 effectivement, en 2001 et précisément, j'ai eu des dossiers de médiation puisque j'avais cette thèse en droit de la santé, je suis devenue médiatrice pour la CRCI. L'indemnisation des victimes d'accidents médicaux. Pendant, j'y suis restée sept ans, et donc j'ai eu des dizaines de dizaines de dossiers de médiation. C'est comme ça que j'ai pu commencer ma pratique. Parce qu'à l'époque, la médiation, déjà, on ne connaissait pas, on n'en parlait pas, et il n'y avait vraiment pas de dossier. Donc j'ai eu cette chance d'avancer plus vite que les autres dans l'amiable. Et de faire la comparaison avec la pratique professionnelle traditionnelle de l'avocat. Et manifestement, les meilleurs retours venaient de la pratique amiable de la part des clients.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu as donc démarré la profession d'avocat et la profession de médiatrice en même temps. Oui. Contrairement à beaucoup d'avocats qui sont devenus médiateurs après plusieurs années d'expérience. D'avocat, toi tu as pris les deux casquettes immédiatement, ce qui a sans doute aussi changé ton approche de la profession dès le départ.

  • Speaker #1

    Je ne connais que la mienne, pour l'avoir vécue. Mais en revanche, comme tu l'as dit, j'ai formé énormément d'avocats à la résolution amiable des conflits, puisque c'est ce qui m'anime très très profondément. Et donc, pour revenir à mon parcours, j'ai constaté cette... Cette efficacité de l'amiable traiteau. Donc, dans ma pratique d'avocat, j'ai commencé à désirer que mes clients, enfin, mon client et la partie adverse, se mettent autour d'une table pour discuter, puisque c'est ce que je faisais en médiation et que ça marchait tellement bien. Donc, j'ai proposé ça, je m'étais mise à faire de la... du droit de la famille, j'avais quitté le droit de la santé, et j'ai proposé ça à mes clients, puis évidemment à mes confrères, et il y a eu des cas où nous y sommes arrivés. Et donc, j'étais comme M. Jourdain, je faisais du processus collaboratif sans le savoir. C'était assez difficile pour moi, pour ne rien te cacher, d'être déjà arrivée dans la profession tardivement, et puis aussi... de la pratiquer d'une façon très originale. Donc, c'était un peu difficile, mais je ne pouvais pas faire autrement, étant donné les résultats, l'efficacité de la méthode. Les remerciements de mes clients, que ce soit en médiation ou dans cette pratique d'avocat que j'initiais, il y avait vraiment un retour qui était plein de gratitude en fait. Donc je voyais bien que ça marchait. Et en 2008 ou en 2009 est arrivé ce qu'on appelait à l'époque le droit collaboratif, qui est devenu le processus collaboratif en France. Donc je me suis tout de suite inscrite à la formation. Et à mon grand soulagement, je me suis aperçue que ce que je faisais, d'autres l'avaient déjà inventé. Donc les Américains, avec vraiment une structure très précise dont je me suis tout de suite emparée, j'ai tout de suite compris à la fois les avantages, mais aussi les inconvénients d'une certaine forme de rigidité du processus collaboratif. Et donc c'est comme ça que j'ai créé cette méthode collaborative qui consiste à s'inspirer. totalement de tous les bénéfices du processus collaboratif, mais en évacuant ce qui n'est pas commode, en fait, et qui est trop rigide et qui en empêche le bon développement.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être qu'on peut juste préciser pour les personnes qui n'ont jamais entendu parler de cette approche, qu'au départ, c'est un avocat américain qui fait le constat, finalement, de l'insatisfaction de ses clients en plusieurs années. Après, ils ont surtout gardé, en dépit du fait qu'ils ont pu gagner leur contention judiciaire, ils ont surtout beaucoup d'amertume et le sentiment de beaucoup de gâchis. Et partant de ce constat-là, cet avocat Stuart Webb essaie de penser une autre façon de travailler et une méthode effectivement très stricte avec des étapes à suivre dans un certain ordre, avec un avocat formé également. Et c'est cette... méthode qui est importée en France et qui est développée par notamment l'association française des praticiens du droit collaboratif. Et toi tu t'en éloignes un petit peu dans la mesure où tu as une approche plus libre, j'ai envie de dire, où tu gardes l'essence mais tu abandonnes ce qui pour toi fait rigidité et ce qui est un frein au déploiement de cette méthode.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait parce qu'en fait j'en avais déjà à la pratique. Donc je savais que ça marchait de la façon dont je pratiquais et que ça marchait plus largement. Alors, en quoi ça consiste ? Le processus collaboratif, il y a une convention dans le processus collaboratif, il y a une convention de départ qui engage les partis et les avocats à travailler de la façon que tu as décrite, donc selon une structure d'entretien successif très précise et véritablement efficace. Et puis il y a aussi cette obligation que les deux avocats soient formés à cette méthode, ce qui demande aujourd'hui 32 heures de formation, alors c'est pas énorme franchement, mais malheureusement tous les avocats n'y sont pas formés, ne le connaissent pas. Donc ce qui réduit considérablement les possibilités dans un dossier d'avoir en face de soi un avocat formé avec lequel on puisse travailler de cette façon-là.

  • Speaker #0

    Autre aspect, on peut aussi préciser, donc la convention dont tu parles, finalement, ça s'apparente un peu à une sorte d'accord de méthode qu'on connaît dans le droit électoral, notamment du travail. Cet accord de méthode, on attend qu'il soit signé des deux parties qui sont en conflit et des avocats. Donc, c'est un accord signé à quatre qui formalise l'entrée dans le processus. Et c'est vrai que la critique qu'on peut faire à cet accord, évidemment, c'est... C'est très confortable. Une fois qu'on a obtenu la signature, on se sent protégé. Mais psychologiquement, c'est aussi un frein. Il y a des dossiers où déjà l'enjeu, c'est de réunir les personnes. Si vous attendez en plus qu'elles vous signent un accord, autant dire qu'elles partiront en courant. Moi, c'est ma petite réserve. Donc, c'est vrai que c'est très confortable. Quand on a obtenu... volonté vers l'adhésion des personnes mais en pratique on sait aussi que ça sera peut-être un repoussoir de se dire avant même de se parler il faut signer quelque chose.

  • Speaker #1

    Alors il y a aussi un autre aspect dans la difficulté de faire signer cet accord c'est qu'il y a une obligation de retrait des avocats au cas où le dossier n'aboutirait pas à l'amiable et serait porté devant le juge. Et là c'est une logique aussi, c'est logique, les avocats doivent être... Comment dire, ils doivent être dépourvus de cette deuxième possibilité d'aller devant le juge, sinon ils ne travailleront pas suffisamment sur la partie amiable. Donc ça c'est tout à fait logique et cohérent, mais... Pour l'instant, ça fait encore peur aux avocats et ça ne fait pas du bien aux clients qui se disent tiens, quand ça ira mal, mon avocat me lâchera Donc, moi, dans ma méthode, j'ai enlevé ça. Alors, il y a aussi autre chose qu'il faut quand même préciser, c'est que cette convention permet, et ça c'est absolument essentiel, d'amener la confidentialité. La confidentialité renforcée, c'est-à-dire elle est valable pour... tout le monde, bien évidemment les avocats, avocats-clients, mais les clients aussi. Donc on ne doit pas ce qui est dévoilé pendant les entretiens, pendant tout le processus, si jamais il devait aboutir ailleurs, et même s'il ne devait pas aboutir ailleurs, doit rester absolument confidentiel.

  • Speaker #0

    Et là, ça devient un engagement contractuel parce qu'il est vrai que... contrairement à la médiation qui est protégée par la confidentialité, on a une source, c'est dans le code de procédure civile, si on fait une réunion dans un cadre collaboratif entre avocats avec les personnes concernées, on n'a pas de fondement qui oblige les personnes à respecter cette confidentialité. Donc l'intérêt de la convention là aussi, c'est que ça ne contre-allume pas. contractualise l'engagement. Même quand on n'a pas cette convention, cela dit, on peut quand même prendre des précautions pour faire respecter cette confidentialité.

  • Speaker #1

    On fait une clause de confidentialité qu'on fait signer à tout le monde, bien sûr.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est le minimum, de toute façon.

  • Speaker #0

    C'est le minimum, mais même ce minimum contractuel, il n'est pas toujours en réalité, on sait bien qu'il n'est pas toujours facile à obtenir.

  • Speaker #1

    Maintenant, Franchement, alors, je fais assez peu de droits des affaires, mais c'est peut-être dans ce cadre-là qu'il y aurait le plus de risques, peut-être, de parler de brevets, de parler de projets, de parler d'avenir, etc., de révéler quelque chose qui soit vraiment fondamental. Sinon, je dois dire que ça fait 23 ans que je pratique de cette façon-là et il n'y a pas véritablement de confidentialité dans ce qui est... énoncées, dans ce qui est montré comme éventuellement comme document et pièce. Voilà, ce sont des choses qui de toute façon devraient être dites si...

  • Speaker #0

    Si on était au contentieux.

  • Speaker #1

    Si il y avait un judiciaire derrière ou côté...

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux justement décrire ce qui fait, selon toi, l'essence de la méthode telle que tu la pratiques aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors donc, elle est dépouillée. Alors moi, en fait, mon point de vue pour l'avoir pratiqué depuis presque toujours dans la profession d'avocat, dans ma pratique d'avocat, c'est qu'il n'est pas besoin d'une convention préalable. C'est une façon de travailler pour l'avocat. Tout simplement, pourquoi ? Parce que, en fait, quand un client arrive dans notre cabinet, sa demande profonde, c'est Maître, sortez-moi de là Il faut qu'on garde ça à l'esprit, qu'il ne nous demande pas. forcément d'aller devant le juge. Il nous voit avec notre robe en train de plaider, mais ça c'est l'image de l'avocat. Mais en vrai, ce qu'il nous demande, c'est de résoudre son problème, de l'aider à résoudre son problème. Voilà. Et comment mieux résoudre la problématique qu'en faisant se reparler les deux personnes en conflit ? N'oublions pas que dans le judiciaire, ce que nous connaissons, c'est une absence totale de dialogue. C'est l'avocat... couvre en quelque sorte, fait couverture en étant le porte-parole de son client auprès du juge, mais il n'y a pas d'échange entre les deux personnes. Et pourquoi ? Parce qu'on dit, ben oui, comme ils sont en conflit, ils peuvent pas se voir, selon l'expression consacrée, et donc on va pas les faire se parler. Mais si, justement, c'est ça. Le truc, c'est que, comme ils sont en conflit, c'est qu'il y a quelque chose entre eux. qui est de l'ordre de l'incompréhensible. Et chacun s'est fait un film sur ce que l'autre a voulu faire. De toute façon, chez tous nos clients, et même moi, si je suis en conflit, j'ai tendance, comme tout individu, à me dire, c'est la faute de l'autre. Et moi, je suis sa victime. Sauf que ce qui est drôle, c'est de savoir qu'en face, c'est pareil. Il dit... que c'est ma faute à moi et qu'il est victime de mes agissements. Donc en fait, les deux personnes en conflit s'inventent une histoire. qui ne correspondent pas à la réalité. Et ce qu'il convient de faire, c'est de les mettre autour d'une table et de tout mettre sur la table. Donc de les faire se reparler, de les faire discuter et de mettre de la compréhension. Oui, tout à fait. Ça fait rêver. De mettre de la compréhension là où il y a une... des malentendus en fait. Tout ça, on est dans l'ordre de l'écoute. C'est malentendu. Pour moi, c'est vraiment ce qui est important, c'est comprendre, faire comprendre et se comprendre. C'est comme ça, c'est ce à quoi on doit aboutir. Et donc, l'essentiel, c'est de se mettre autour d'une table. Alors, en médiation, il y a un médiateur qui gère. En processus collaboratif et dans ma méthode collaborative... on se met tous les quatre autour d'une table et ce sont les avocats qui gèrent la parole et qui gèrent le processus. Sauf que selon moi, on peut faire ça, on peut amener à cette méthode sans que les deux avocats soient nécessairement formés. Pourquoi est-ce que je l'affirme haut et fort ? C'est parce que je le fais tout le temps, en fait. Je le fais tout le temps. Le plus difficile, c'est d'amener notre confrère à... travailler de cette façon-là, ce qui est vraiment novateur encore aujourd'hui. Mais une fois qu'on y arrive, parce que tout simplement, on lui fait comprendre qu'il faut remettre du dialogue entre les parties, que ce serait quand même dommage qu'il y ait cette chance ultime, en fait, pour nos clients d'arriver à se comprendre et à s'apaiser. Et pour nous aussi de... Faire sortir de notre dossier, de toute façon, tout ce qui pèse, que nos clients nous font peser, font peser sur nous. C'est-à-dire, vous savez, les appels des clients qui sont pleins de hargne contre l'autre et qui se défoulent sur nous, les avocats. Tout ce côté un peu lourd, ben non, ça va être sorti pendant les réunions à quatre. Ils vont se parler, ils vont se comprendre. Tout va s'apaiser, forcément. Il y a quelque chose que je voudrais ajouter aussi, que m'a apporté ma pratique, c'est de comprendre que, en fait, les gens ne sont pas de mauvaise foi. Et donc... que les gens sont de bonne foi. Alors, ça paraît bête à dire, mais c'est quelque chose qui aide aussi, parce qu'à force d'entendre toutes les versions de toutes les personnes en présence, j'ai compris que chacun... à ses bonnes raisons d'avoir agi et d'avoir pensé comme il l'a fait, même éventuellement au cours de plein d'années de suite. Mais je ne dis pas que leurs raisons sont bonnes, je dis que chacun a ses bonnes raisons d'avoir fait comme il l'a fait. Et ce qui se passe quand on se met autour d'une table et qu'on libère la parole, chacun comprend que l'autre, il donne sa version, mais que sa version était juste pour lui jusqu'à présent. Et que, petit à petit, on peut mêler ces deux versions et aboutir à quelque chose de commun qui apaise. Et sur la base duquel on peut prendre des décisions pour l'avenir.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc le point cardinal, c'est vraiment la rencontre en présentiel. Oui. Il n'y a pas de méthode collaborative sans rencontre. Ça semble évident. Et c'est une rencontre où on va assez peu parler de droit, ce qui peut paraître déstabilisant parfois pour les africains au début, parce que finalement, on va faire émerger les non-dits, les problématiques relationnelles. Oui. qui font obstacle à la résolution du conflit d'un point de vue strictement juridique et qui d'ailleurs est impuissant. Les outils du droit ne vont pas résoudre très très souvent, et particulièrement en matière familiale, des problématiques de malentendu, d'incompréhension, de ressentiment, de tu m'as blessé, de je me sens trahi, etc. On voit bien que la matière, c'est pas le code civil qui va nous aider à mettre fin.

  • Speaker #0

    Il faut préciser que cette rencontre à quatre, elle n'intervient pas tout de go. Il y a des étapes préalables. Évidemment, la première fois qu'on rencontre son client et qu'on l'amène à envisager cette façon de travailler, le client est toujours d'accord. Toujours. La deuxième étape, c'est de prendre attache avec son confrère et de l'amener. Et là, c'est un peu plus difficile. On ne va pas... Voilà. On ne va pas se cacher ça. Et ensuite, une fois qu'on y est arrivé et qu'on a pris date, on fait une réunion de préparation du client. Et justement, c'est à cette occasion qu'on va lui donner d'abord la façon de communiquer qu'il devra avoir pendant la réunion à 4, parce que, bon, évidemment, il n'y aura pas d'interruption. Ça c'est le propre de tous les modes amiables, de toute façon, c'est l'écoute active et on n'interrompt pas celui qui s'exprime. Donc il faut lui faire comprendre ça. Et puis aussi, parler en jeu, ne pas accuser l'autre en disant tu as fait ceci, tu as fait cela. Il y a toute une préparation du client qui va lui permettre de comprendre comment les choses vont se passer. on va se préparer ensemble à voir quels sont les sujets qu'il voudrait voir abordés pendant cette réunion. Alors on ne va peut-être pas tous les mener pendant cette réunion, mais en tout cas les sujets qui sont importants pour lui, qui devront être résolus. Donc ce n'est pas que des sujets effectivement juridiques, ça va bien au-delà. C'est des sujets d'ordre de la compréhension et puis il y a aussi ce qu'il veut exprimer. qu'il n'a jamais pu vraiment dire à l'autre et ce qu'il ne savait même pas porter en lui parce qu'on le fait un peu travailler sur mais qu'est-ce qui s'est passé en fait dans cette relation ? Il faut aussi qu'il revienne un petit peu sur son histoire. Même, j'ai eu des séparations d'associés, il n'y a pas que le droit de la famille, j'ai eu des séparations d'associés qui revenaient sur, ben oui c'est vrai... On a été presque amis, enfin bon, il y a des émotions aussi, il peut y avoir de la peine, il peut y avoir de la crainte financière énormément, il peut y avoir tout ce que les humains portent en eux et qu'on va faire surgir pendant cette réunion de préparation, avec aussi, de façon plus technique, qu'est-ce qui viendrait à l'appui d'eux. Et là donc, ce qu'on appelle d'habitude des pièces, et moi que je préfère appeler des documents dans cette méthode collaborative, c'est de quoi aurons-nous besoin éventuellement pour ne pas perdre de temps pour cette réunion plénière qui arrive ? Et voilà, de quoi aurions-nous besoin de notre côté ? Et puis de quoi aurions-nous besoin qu'en face, ils nous produisent ? Alors j'aime pas ce terme-là, mais... Donc vraiment une préparation très précise. de la séance qui arrive. Oui,

  • Speaker #1

    c'est important de bien comprendre que certes, il y a une rencontre, c'est le point cardinal, mais c'est une rencontre qui se prépare avec le client, avec même l'avocat.

  • Speaker #0

    Et avec l'avocat ensuite.

  • Speaker #1

    On n'a pas parlé de ça. Voilà. Mais non seulement on a un entretien préparatoire avec notre client, mais on va essayer d'avoir aussi, alors je dis bien essayer, moi ma pratique, ça relève de l'essai, mais qui est assez positif quand même, avec le confrère, parce qu'il est important quand même... d'aider aussi le confrère qui peut lui ne pas être formé à aborder assez sereinement cet entretien 4 parce que c'est quand même une aventure pour certains. On sort d'une forme de zone de confort. C'est vrai qu'on a plus l'habitude des tribunaux où les rôles sont bien identifiés. On prépare notre témoignerie. On sait ce qu'on va dire à l'avance, moins dans les grandes lignes. Là, aller à un rendez-vous, on n'est que dans l'improvisation. En tout cas, c'est du... Du réel, c'est du live, c'est vrai qu'au départ c'est assez désarçonnant et ça peut être aussi déstabilisant pour le confrère qui aborde ce rendez-vous et qui n'est plus sur les repères habituels qui ont pu être les seuls pendant toute sa pratique, à savoir le droit, les rapports de force, il faudrait qu'on parle de ça aussi.

  • Speaker #0

    Alors justement, c'est très très... Très très important. Qu'on vient d'adopter,

  • Speaker #1

    et c'est ça le renversement, je pense. C'est comme ça que je l'ai compris.

  • Speaker #0

    En fait, ce qui caractérise cette façon de faire, que ce soit le processus collaboratif ou la méthode, c'est vraiment le travail d'équipe. Donc il y a les deux équipes avocats-clients, mais il y a aussi une équipe avocat-avocat. Et ça c'est formidable, c'est en ça que c'est collaboratif. Et puis au final, il y aura une équipe de quatre personnes, qui vont plancher sur la résolution de cette problématique qui a surgi entre les deux clients. Et ça, c'est magnifique parce qu'on met toutes nos forces et toutes nos compétences à quatre, en fait, pour se pencher sur cette question, une fois qu'on l'a bien comprise, bien circonscrite, et qu'on va lui donner des solutions, en fait. Et puis les parties vont décider qu'est-ce qui leur convient le mieux comme solution. On va tomber sur un accord qu'on peut faire homologuer. Alors, pour revenir sur les relations entre confrères, clairement, d'abord, on voit bien que dans cette façon de faire, il n'y a pas d'écrit. Il n'y a pas d'écrit. C'est important. Moi, je prends mon téléphone tout le temps et comme je suis dépourvue d'agressivité puisque je ne veux qu'une chose, c'est venir en aide de la meilleure des façons auprès de mon client et venir en aide aussi au client d'en face, puisqu'il ne m'a rien fait, en fait. Il m'a rien fait. J'ai bien compris que aîné a surgi un conflit entre eux, mais ce conflit on va le dégonfler. Et puis voilà, on est des professionnels et on va y arriver. Donc moi, je suis dépourvue d'agressivité. Et le confrère l'entend à ma voix, à la façon dont je parle, etc. Et donc, tout ça est une parenthèse de désarmement. Et je crois que c'est ça qui est vraiment important, c'est on dépose les armes, on voit tout ce qu'on peut faire de bien de cette façon-là. Et si par extraordinaire, ça ne fonctionnait pas, eh bien les clients pourraient aviser et faire différemment. Mais franchement, les taux de réussite sont juste extraordinaires, parce qu'ils dépassent même les taux de réussite de la médiation qui est déjà fabuleuse. C'est foncièrement efficace.

  • Speaker #1

    Moi, je voudrais ajouter quand même pour les confrères qui nous écoutent et qui ne sont pas formés, qu'il y a quand même une bonne nouvelle et qu'il faut se faire confiance, c'est que plus on va adopter cette méthode, plus elle va devenir naturelle, moins on va avoir l'impression de batailler pour convaincre justement le confrère en face de l'utilité de cette démarche. Moi, je vois quand même sur les années qui ont passé. Oui. Voilà, j'ai plus ce que tu évoques, l'agressivité dans la voix, etc. Déjà, on s'en départit, on ne sait plus du tout. Et on embarque quand même le confrère dans cette autre énergie. Et c'est une énergie communicative. C'est ça qui est intéressant. Et pour moi, je te rejoins sur la problématique de la formation des avocats. J'ai eu des très bons moments de rendez-vous à quatre avec des confrères qui au début étaient... dans la réserve, la crainte, avec des mécanismes un peu d'autodéfense finalement, parce que je les emmenais en dehors de leur zone de confort, et qui finalement prenaient un espèce de pli instinctivement très très intelligent. Il y avait une adaptation à la situation, et j'ai envie de dire, c'est à la portée de tout le monde, à partir du moment où on est dans cette autre logique. Et donc, je suis même étonnée de constater que la majeure partie des confrères avec qui j'ai travaillé ainsi, ce n'était pas des confrères qui étaient spécialement formés. Pour le coup, en fait, je n'ai pas fait de processus collaboratif homologué à FPDC, on va dire. Mais par contre, tous les confrères que j'ai embarqués avec moi ont compris la dynamique et ont changé d'état d'esprit, d'attitude en étant même moteurs. Et ça, c'est troublant. C'est-à-dire qu'en réalité, il y a comme un effet de miroir et le confrère va adopter cette attitude qui facilite les échanges. Cette posture qui est donc une posture plus en retrait, puisque évidemment, dans les entretiens, l'avocat va être en soutien de son client, mais ce n'est absolument pas lui qui monopolise la parole, bien au contraire. Donc, il est là pour soutenir la parole de son client, peut-être l'aider à la prendre. mais on est là pour aider les personnes à exprimer ce qui est important pour elles. Oui,

  • Speaker #0

    alors reste quand même le conseil, bien sûr, au moment de la décision, et puis cette espèce de brainstorming qui se fait à quatre, au moment où qu'est-ce qui pourrait être envisagé à l'avenir, et toute la partie proprement juridique, ça on ne nous l'enlèvera pas. Bon, mais bien sûr, alors moi ce que je dis... Ce qui rejoint tout à fait ce que tu viens de dire, c'est qu'on pose une atmosphère.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    je voulais te parler de ça. L'atmosphère, c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    L'atmosphère, l'énergie.

  • Speaker #0

    L'énergie, une énergie de compréhension, d'apaisement, de non-agression. Ce que je constate et je le regrette profondément, c'est que les avocats sont élevés à la défiance. À la défiance. On se méfie terriblement du confrère adverse. On pense que son client a systématiquement tort et on n'en sort pas. Il y a vraiment toute une éducation qui veut que c'est comme ça qu'on défend le mieux les intérêts de son client. Mais en fait, non, non. La façon dont on répond le mieux aux attentes du client, c'est quand on pratique de la façon qu'on vient d'indiquer et puis qu'on fait sauter. augmenter l'agressivité, qu'on laisse tomber le côté victime, coupable.

  • Speaker #1

    Et les jugements qui vont de pair. Parce que les jugements vis-à-vis du client adverse, c'est monnaie courante. Alors nous, on a reçu un saint et bizarrement, l'avocat adverse, lui, a reçu un démon. Toujours. Non mais si on prend juste deux secondes le temps de se dire, oui mais en fait on aurait pu recevoir le client de l'autre et vice-versa. Alors évidemment que... tout de suite notre regard change. C'est aussi ça, je pense qu'il est important de diffuser comme message. Il faut aussi nous nous départir des jugements qu'on va instinctivement plaquer sur le client de l'autre parce qu'on a le récit de notre client qui nous a décrit quelqu'un de très négatif. Donc ça, si on a cette vigilance, on change aussi de regard et on facilite aussi la poursuite du processus.

  • Speaker #0

    Mais pour moi, c'est ça, être un vrai professionnel. Un vrai bon professionnel, c'est celui qui prend de la hauteur parce que nous avons cette chance, normalement, de ne pas être bridés par nos émotions comme le sont nos clients. Quand ils viennent nous trouver, ils ont toujours des émotions. Ils sont en colère, il y a un égo qui a été atteint, ils ont peur pour l'avenir, ils vont peut-être tout perdre, ils ne savent pas, etc. Donc tout ça, c'est parfaitement compréhensible, sauf que nous, en tant que professionnels... nous ne devons surtout pas entrer là-dedans. Donc comme nous sommes dépourvus normalement de leurs émotions, on peut prendre de la hauteur et du coup les regarder avec beaucoup plus d'objectivité et se dire Ok, moi j'ai reçu M. Dupont qui est dans cet état-là et qui me raconte cette version-là de l'histoire. En face, il y a un M. Durand qui lui aussi est plein d'émotions et de subjectivité et qui est en train de rencontrer... raconter à mon confrère, ma consoeur sa version de l'histoire. Prenons de la hauteur, réunissons-nous, et nous deux, les professionnels, les avocats, nous allons les aider, à leur tour, à prendre de la hauteur et à regarder de façon de plus en plus objective ce qui leur est arrivé. Et à partir de là, de prendre de saines décisions pour l'avenir. Et des décisions qui seront, alors... Déjà, parlons d'une chose, c'est qu'il y aura exécution. Et ça, c'est merveilleux. Il y a un gain de temps dans ces façons de travailler qui est absolument fabuleux parce qu'on travaille certes de façon intense, mais sur quelques mois seulement. Et l'exécution sera toujours faite de façon volontaire. Toujours. Il n'y a pas d'exécution forcée parce que ça, c'est le rôle des avocats de bien s'attacher à vérifier. que son client est satisfait de la solution vers laquelle il penche. Donc ça, c'est très important. Mais ça se voit. Ça se voit sur le non-verbal, ça se voit dans sa décontraction nouvelle. Il est satisfait, il est content. On lui laisse un petit peu de temps pour bien y réfléchir et oui, oui, il signe cet accord-là, il est d'accord. Et donc, l'exécution va être faite tout naturellement. Donc, ce sont des processus qui sont terriblement efficaces.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Il n'y a pas de doute là-dessus. Et alors, moi, je voudrais qu'on évoque aussi les relations avocats-médiateurs, parce que j'ai l'impression qu'il y a une forme de méfiance réciproque, parfois, aux avocats, quand il s'agit, pour le coup, quand le processus collaboratif... peut-être insuffisant pour travailler la résolution de conflits, on a parfois besoin de faire appel à ce médiateur. C'est-à-dire que du coup, d'un rendez-vous à quatre, on va aller vers un rendez-vous à cinq, où on aura un médiateur, deux avocats et les deux clients. Donc l'enjeu de faire équipe, il est aussi avec le médiateur. Moi, je me posais la question, comment justement le médiateur peut être ce chef d'orchestre, quelque part, qui va réussir à faire travailler les avocats ensemble ? Parce que... Nous-mêmes, avocats, pour le coup, on va avoir aussi des problématiques relationnelles qui, à un moment donné, peuvent être aussi une difficulté pour la bonne réussite du processus. Parce que si on n'est pas normalement envahi par les émotions de nos clients, on a nous-mêmes nos propres émotions, nos propres interactions. Et on voit bien que quand on a une mauvaise relation avec l'avocat en face, j'ai pas envie de dire adverse, mais l'autre avocat, ça va être une difficulté. pour la réussite du processus. Et là, c'est vrai que moi, j'ai apprécié pouvoir me tourner vers un médiateur qui endossait ce rôle-là. Est-ce que tu le vis comme ça ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, ça ne m'est jamais arrivé d'être demandé en médiation dans un processus collaboratif, ni de demander la présence d'un médiateur, parce que comme je n'ai pas besoin. Mais ce que je vois en tant que médiatrice, c'est que... En fait, et ça je l'ai fait à grande échelle aussi, parce que j'ai fait un gros dossier de médiation l'année dernière, et j'ai fait travailler tous les avocats ensemble l'année dernière, où j'ai eu l'honneur de travailler aux côtés du président Majindy. Et on était deux co-médiateurs donc, et on a travaillé avec les partis, mais aussi énormément avec les différents cabinets d'avocats qui étaient présents, qui étaient en nombre. Donc on avait des réunions très importantes et on a beaucoup, beaucoup fait travailler les avocats entre eux parce que les questions qui se posaient étaient d'ordre tellement technique, il y avait des problèmes juridiques qui étaient tellement pointus que de toute façon les parties là, il y avait des réunions avec les parties et puis des réunions avec les avocats seulement. Et donc c'était... Très performant parce que, pour ne rien te cacher, comme d'habitude, les différents cabinets d'avocats en présence, ils avaient plutôt les couteaux tirés au début, ce qui était absolument normal. Mais on leur a fait comprendre avec le président Majindy que, ben non, on était là pour travailler tous ensemble à la résolution de ce problème. Et donc, on les a amenés à se rencontrer. On a fait des réunions pendant des heures et des heures. Et on a vu que petit à petit, la fameuse défiance dont on parlait a fait place à une forme de sympathie, à une forme de décontraction. Moi, j'ai remarqué à un moment, j'ai entendu qu'ils commençaient à s'appeler tous par leur prénom. Je me suis dit, ah bien, et puis ils tutoyaient tous, tous les avocats. Et vraiment, au final, on a tous collaboré, vraiment. Donc c'était un peu du processus collaboratif grâce à la médiation, sous l'égide de la médiation. Et ça a duré des mois. abouti à un accord très important. Mais cette façon de travailler, je l'avais déjà expérimentée. Je savais très bien ce que je faisais. J'étais là en tant que médiatrice, mais avec tout l'arrière-plan d'avocate que j'ai. Et donc, je parlais beaucoup avec mes confrères. Et il y avait cette répartition des rôles entre le président, le grand magistrat. qui est le président Majindi et puis l'avocate médiatrice qui faisait une répartition des rôles. Et ça s'est vraiment passé de façon passionnante, on peut le dire, vraiment passionnante. Mais encore une fois, j'avais déjà eu moi l'expérience de travailler en tant que médiatrice et de voir que les avocats présents, alors moi je dois faire une parenthèse et dire que j'aime énormément. qu'il y ait des avocats dans les dossiers. Je préfère, je préfère. C'est un appui considérable. Et puis, je me sens moins seule parce que c'est vrai qu'en tant que médiateur, on se sent seule. Bon, dans cette grosse médiation, j'ai eu cette chance énorme de travailler aux côtés du président Majindi et on s'est formidablement bien entendus. Et vraiment, je peux dire qu'on s'appelait tout le temps. On se concertait tout le temps et on se voyait tout le temps. mais sinon en tant que médiateur quand je suis médiatrice je suis quand même toute seule donc je suis ravie qu'il y ait deux autres professionnels avec qui finalement on sent bien qu'il y a une forme de travail collectif qui finit par s'opérer et je me sens moins seule et là là-dessus je voudrais faire une précision concernant le processus collaboratif ou la méthode collaborative c'est ce travail d'équipe que j'ai décrit tout à l'heure il est bien confortable Parce qu'on est deux avocats et on s'épaule. Et c'est sympa. Moi, tous les dossiers que je mène de cette façon-là, mais je ne me souviens pas d'un dossier qui ne soit pas fini à déjeuner avec ma consoeur, devenir copine, se tutoyer, garder contact. Et c'est formidable, en fait.

  • Speaker #1

    Surtout que ça répond aussi à un besoin dans nos professions indépendantes. On est quand même dans un exercice relativement solitaire. Et finalement, on souffre un peu de ça. Et trouver le plaisir de travailler en équipe, en bonne intelligence, c'est vraiment satisfaisant et gratifiant pour tout le monde. On a tout ça gagné à travailler comme ça.

  • Speaker #0

    En fait, ce sont des façons de travailler qui sont extrêmement confortables, à tout point de vue, pour notre agenda, pour les relations avec le client. pour les relations avec le confrère, l'apport de la médiation, l'accord final qui est trouvé quasiment systématiquement, il y a très peu de chances que ça se passe différemment. C'est vraiment d'un grand, grand confort.

  • Speaker #1

    Alors j'avais quand même une question là-dessus. Je voulais qu'on parle de l'autorité du médiateur. Parce que, évidemment, la défiance dont on parlait, elle ne disparaît pas. La défiance que les avocats peuvent avoir les uns vis-à-vis des autres et vis-à-vis du médiateur au début d'une médiation, pour le coup, où les avocats sont présents, elle ne disparaît pas comme par magie. Est-ce que toi, tu as le sentiment d'avoir affirmé davantage une certaine autorité ? en tant que médiateur au fur et à mesure des années. Est-ce que c'est quelque chose que tu affirmais davantage ? Tu peux nous parler. Et comment cela se manifeste ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Tu lis dans ma carrière. C'est tout à fait vrai. J'ai remarqué que j'ai de plus en plus d'autorité, d'autorité naturelle parce que j'ai vraiment une grosse, grosse pratique. Et puis, j'ai une énorme confiance dans la médiation. Du coup, si même moi, je n'ai pas confiance en moi, que je me dis, Ouh là là, j'ai un dossier, ça va être vraiment difficile. Tout de suite après, je me dis, Mais non, attends, tu fais de la médiation. La médiation va y arriver. Nathalie, elle est peut-être perplexe, mais la médiation, elle, elle est tranquille. Donc, j'ai cette tranquillité d'esprit quand même, qui me donne de l'autorité, parce que j'ai l'autorité de la médiation. Ce n'est pas tant moi que celle de la médiation. Et dans la médiation... effectivement, il faut que le médiateur s'impose. Alors, s'impose pas comme au-dessus des partis et des avocats, loin de là, mais s'impose comme portant le processus et étant le garant de ce processus, que ce processus se déroule convenablement. Donc, s'il y a des écarts qui sont soit de la part des avocats, soit de la part des partis, le médiateur doit vraiment être tranchant là-dessus. Et c'est vrai que je me suis aperçue que c'est main de fer dans un gant de velours, quand même, la posture du médiateur. Je suis décontractée et souriante, mais quand il le faut, il m'est arrivé à de nombreuses reprises de me dire, bon, là, ça va plus, enfin, in petto, bon, là, ça va plus, Nathalie, il va falloir que tu tapes du poing sur la table. Et je le fais. Mais ce qui est amusant, c'est que récemment, j'ai eu un dossier avec des personnalités difficiles et je me suis aperçue que pour une fois, j'étais réellement en colère. D'habitude, je feins la colère en disant non, ça suffit maintenant, si ça continue comme ça, je pars, je mets fin à la médiation. Bien évidemment, ce n'est jamais le cas, c'est du bluff, parce que du coup, tout le monde se calme. Mais là, cette fois-là, j'étais vraiment en colère. D'ailleurs, je suis vraiment en colère. Et tout s'est très très bien passé, on a fait un très bon accord au bout de plusieurs réunions. Mais c'est vrai que le médiateur doit poser son autorité et également vis-à-vis des avocats. Si jamais il y a des dérapages, je dois les recadrer, leur demander de s'exprimer différemment, etc. Mais comme depuis des années, c'est le plus souvent les avocats qui me demandent. tout naturellement, ils confient un peu leur dossier à la médiation, et donc à la médiatrice, et ils se laissent quand même guider. Donc je ne considère pas avoir de problème.

  • Speaker #1

    Et alors, tu as évoqué un point sur lequel je voulais t'interroger. Je t'ai souvent entendu évoquer la magie de la médiation, et une forme d'énergie que tu insuffles ou que tu perçois, un optimisme. Une certitude qu'on va y arriver, à sortir de l'impasse. Est-ce que tu peux nous parler de cette énergie particulière ? Est-ce que toi tu en es réceptacle ou est-ce qu'au contraire il s'agit de l'installer ? C'est étonnant parce que c'est vrai que je t'ai souvent entendu dire ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est consacré. Le miracle de la médiation et la magie de la médiation, ça fait partie de notre formation. On nous dit que, et c'est vrai, on le vit ensuite quand on est médiateur. Parfois, pas toujours évidemment, mais parfois et suffisamment de fois pour qu'on le reconnaisse comme étant une vérité. Alors ce miracle, c'est le moment où les deux parties se regardent dans les yeux, se disent des choses qui sont de l'ordre de l'air intime. Et encore une fois, ça ne regarde pas que le droit de la famille. C'est vraiment entre associés, entre co-contractants, entre voisins, etc. Et tout d'un coup, paf, on sent que la confiance est revenue, ils se reparlent, ils se regardent, ils n'ont plus besoin de moi. Et ça, c'est le critère, en fait. Et ça y est, tac, il y a cette bascule qui est quasi miraculeuse. Et on ne sait pas sur quoi, en fait, ça s'est joué. Nous qui sommes à l'extérieur de leur histoire. Mais on voit bien qu'il y a eu ça. Et c'est magique, en fait. C'est fabuleux. Et ça vient de l'atmosphère qu'on a posée, de la confiance. Alors, c'est vrai que j'ai une confiance. ...gigantesque dans la médiation ou dans le processus collaboratif. Ma pratique me le démontre, c'est bon, une fois que c'est lancé. Il y a quelques cas quand même en médiation où ça n'aboutit pas. C'est vrai, j'en ai. Il y a 80% de réussite en médiation et 98% en collaboratif. et je sais pourquoi j'ai fini par comprendre je crois que pas plus tard que cette année justement alors que la médiation est extraordinairement puissante le médiateur passe un peu comme un expert peut passer dans un dossier c'est à dire il ne va pas téléphoner au client en leur disant si revenez la semaine prochaine n'ayez pas d'hésitation on a pris date etc alors que l'avocat lui Il tient son client par la main et lui dit Suivez-moi, je sais où je vous amène Et s'il y a un avocat qui fait lâcher son client, qui autorise son client à lâcher la médiation, le médiateur, il n'y peut rien. il ne peut pas courir derrière le client en disant c'est trop bête, quel gâchis, on allait y arriver, etc. Donc c'est au cours d'un dossier que j'ai paumé comme ça en tant que médiatrice, et ça m'a laissé une empreinte vraiment désagréable encore à ce jour.

  • Speaker #1

    Tu dirais que c'est parce que l'avocat a quitté le bateau finalement. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça, exactement. Donc dans les cas où ça arrive, le médiateur est impuissant. Alors qu'en collaboratif, ça ne peut pas arriver parce que... il y a les deux avocats et les deux clients, ils se tiennent par la main, ils se tiennent un peu par la barbichette, mais dans le bon sens du terme, et du coup, on arrive à presque 100% de réussite.

  • Speaker #1

    La limite que j'apporterais, moi, en tant que praticien du processus collaboratif, c'est qu'encore faut-il vouloir sortir du conflit. Et moi, la limite de l'exercice, c'est quand on a un des deux clients qui finalement s'y trouve bien. Alors, en dépit de toute la bonne volonté de l'autre avocat, avec qui on a fait un bon travail, avec qui on fait équipe, une des personnes peut avoir un intérêt à rester dans cette situation-là. Donc, bon, c'est... j'ai envie de dire...

  • Speaker #0

    Mais là, on touche presque au domaine du psychologique, en fait. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui, c'est une problématique et on sait qu'il peut y avoir un intérêt à rester dans une situation conflictuelle.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, bon, on peut annoncer qu'on a envie d'avoir un dialogue, etc. Puis, intimement, au fond de soi, on a des intérêts contraires qui nous conduisent à penser qu'il y a un intérêt au statu quo conflictuel. Donc, pour moi, c'est ça la limite que j'ai trouvée. Mais finalement, de tous les processus que j'ai conduits, j'ai toujours pu bien travailler avec les confrères. Et dans une immense majorité de cas, les gens étaient extrêmement volontaires à se rencontrer. Ils étaient moteurs, ils étaient... j'ai envie de dire content d'être là tout en commençant parfois les entretiens en disant moi j'ai déjà eu des problématiques de couple où l'un des deux dit mais de toute façon j'ai rien à dire et puis finalement au moment où il prend la parole c'est une cocotte minute qui va faire sortir la pression cette expression aussi et c'était extrêmement nécessaire et ça va être le point de départ de la construction d'une nouvelle relation hum On va regarder différemment.

  • Speaker #0

    Exactement. Et le dossier est refermé.

  • Speaker #1

    Véritablement.

  • Speaker #0

    Et leur vie est transformée. Voilà.

  • Speaker #1

    Dans une grande majorité des cas, c'est ce qui va se passer avec simplement aussi quelques réserves qui tiennent parfois l'intérêt objectif au conflit, finalement.

  • Speaker #0

    Les réserves d'ordre psychologique, psychiatrique, tout ce qui ne permet pas de prendre des décisions solides. Donc l'alcoolisme aussi, la drogue, ça ce sont les contre-indications à l'amiable. Et c'est vrai que j'en ai eu quelques-uns récemment et on a dû conclure que ce n'était pas réalisable en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que dans les expériences de médiation, en tant que médiatrice avec justement un grand nombre d'avocats, c'est ta connaissance d'une certaine culture métier qui a été un facteur de réussite pour parvenir au travail collaboratif ?

  • Speaker #0

    Si, oui, aussi, tout à fait. Mais ça, je ne veux pas me mettre en avant. Mais c'est vrai que le fait qu'il y ait un avocat qui parle de vos avocats, en quelque sorte, ça permettait d'aider aussi.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai fait, ça m'impressionne.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'en tant que médiatrice, d'une façon générale, le fait que je sois avocate, il y a la culture juridique bien sûr, mais on sait de quoi on parle, on a aussi la même profession, donc ça rapproche.

  • Speaker #1

    Je te le partage comme un retour. C'est évident que je suis plus en confiance quand j'ai fait appel à toi en tant que médiatrice, parce que tu as une connaissance. de la problématique en droit, même si on va l'évoquer très peu. Mais c'est vrai que pour des sujets assez techniques, c'est plus difficile de faire appel à un médiateur qui n'est pas du tout dans la... Voilà, ça peut rassurer, même si ce n'est pas en soi un problème.

  • Speaker #0

    C'est bizarrement... je connais des médiateurs fabuleux, très hautes, du panier, qui ne sont pas juristes même, de format.

  • Speaker #1

    Oui, oui, mais... Qui ça rassure finalement ? Peut-être que ça rassure surtout les professionnels, en fait. Il y a peut-être un effet qu'on se rassure par quelqu'un qui nous ressemble, en réalité. Oui, tout à fait. Je voulais aussi t'interroger sur la phase préparatoire des médiations. Je crois que tu as tendance à faire assez peu d'entretiens préparatoires, mais qu'au cours des réunions en présentiel, tu utilises, en tout cas tu t'autorises à faire des apartés avec l'un ou l'autre. Qu'est-ce que cela te permet ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend. Il y a les deux écoles. Entretien individuel, c'est plutôt... enseigner comme ça et ou pas d'entretien individuel. J'ai dû commencer en urgence, je pense, dans un dossier à ne pas faire d'entretien individuel et je me suis aperçue que ça me permettait de faire encore plus preuve de naïveté, de poser encore plus de questions aux partis. en leur faisant comprendre que je ne comprenais rien et qu'il fallait qu'ils m'expliquent beaucoup. Et donc, en fait, c'était la façon de les amener à s'expliquer entre eux beaucoup, puisque, en fait, moi, je suis de passage. Et j'ai trouvé ça très pratique. Alors, moi, je dis toujours que je ressemble à Colombo. Donc, je pose des questions qui ont l'air un peu idiotes, mais pour approfondir et toujours approfondir ce qui... pourrait être dit et en revanche, effectivement, quand je sens qu'il y a quelque chose qui bloque ou qu'une des deux parties doit me lâcher une information ou que je dois m'assurer de quelque chose en toute confidentialité auprès d'une des deux parties, je n'hésite pas à faire des apartés en plein milieu de la séance plénière. et ça passe très bien, mais je peux faire des apartés qui vont parfois jusqu'à 20 minutes quand il y a besoin. Mais ce sont de tels instruments de déblocage pour la suite, que c'est il ne faut pas hésiter. Je ne peux pas dire à quel moment, c'est vraiment presque intuitif. Je me dis, là je sens qu'il y a, il faut que je lui parle seul à seul avec son avocat.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a quelque chose qui n'arrive pas à être dit en collectif, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, il y a quelque chose qui bloque bizarrement. qui n'est pas exprimé et il va falloir qu'ils le disent au médiateur. Et puis bien évidemment, quand on retrouve la plénière, quand les autres reviennent ou qu'on revient dans la salle, je propose à son tour qu'il y ait une aparté avec l'autre partie.

  • Speaker #1

    Oui, tu fais un parallèle, c'est-à-dire que tu vas pas prendre une personne tout seul sans avoir donné le même temps à l'autre.

  • Speaker #0

    Je vais proposer, mais c'est pas toujours au même moment en fait. Pas toujours. Mais ce sont des instruments de déblocage.

  • Speaker #1

    Je confirme pour l'avoir vécu.

  • Speaker #0

    Ah oui, les appartements individuels ne sont pas forcément préalables.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Finalement, c'est un peu les appartements individuels qui intéressent.

  • Speaker #0

    C'est la technique que j'utilise.

  • Speaker #1

    En quoi ton expérience de médiatrice t'est utile dans tes engagements d'élus locales ?

  • Speaker #0

    Ah, alors, je ne suis plus élue depuis le 24 mars 2024. Ah, c'est récent. Je l'étais depuis 2001, cette grande année où je suis devenue médiatrice, avocat et élue. Ah oui,

  • Speaker #1

    dis donc, c'était ton

  • Speaker #0

    Mais j'ai été maire adjointe aux affaires scolaires pendant très longtemps, et il m'est arrivé de faire quelques médiations. Ensuite, j'ai été maire adjointe aux ressources humaines et à la culture. Alors, à la culture, il n'y avait pas de besoin, mais aux ressources humaines, j'ai utilisé les outils de la médiation. Sans le dire, mais en tout cas en les pratiquant, puisqu'il y avait bien évidemment des besoins. Mais ça sert dans la vie de tous les jours. Je m'en sers très quotidiennement. Comme tout bon médiateur, c'est une transformation de sa vie personnelle aussi. Quand on se met à pratiquer l'amiable, on en voit tellement les avantages. Il y a une espèce d'adoucissement de la vie pour soi et pour l'autre aussi. Donc en plus, non seulement on se fait du bien, mais on fait du bien à l'autre. c'est juste merveilleux. On ne va pas s'empêcher de faire... d'apporter de la douceur,

  • Speaker #1

    d'apporter de l'apaisement.

  • Speaker #0

    On ne fait pas marre.

  • Speaker #1

    On ne fait jamais marre charrière,

  • Speaker #0

    c'est sûr.

  • Speaker #1

    Sur un plan personnel, est-ce que tu as des ressources philosophiques, théoriques, qui t'ont servi de boussole, d'appui dans ton parcours, qui ont marqué un tournant ? Au niveau d'ouvrages que tu aurais pu lire ou de rencontres même avec des professionnels qui ont été marquantes, tu voudrais partager ?

  • Speaker #0

    Peut-être ma rencontre avec Alain Roy, avec qui j'ai travaillé pendant 16 ans en étant professeur tous les deux à l'EDAC, l'école du barreau de Versailles, qui m'a toujours enseignée, qui est quelqu'un qui pense. Comme moi et comme toi, tout le temps, amiable, médiation, dans la vie quotidienne, ajouter toujours des réflexions. Et il m'a toujours énormément apporté, donc Alain Roy est vraiment quelqu'un qui compte pour moi. Sinon, pour vraiment me dévoiler, mes ressources sont plutôt d'ordre spirituel. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu ne nous en diras pas plus.

  • Speaker #0

    Je ne t'en dirai pas plus.

  • Speaker #1

    Je ne suis plus le Je suis en tout cas. C'est très bien. Et alors, ce sera ma dernière question. As-tu interrogé ton propre rapport au conflit ? Est-ce que tu es plutôt dans l'évitement, la confrontation ou la paralysie ?

  • Speaker #0

    Je suis plutôt dans l'évitement.

  • Speaker #1

    Tiens donc. Oui.

  • Speaker #0

    Oui, naturellement, oui, je suis où j'étais. Plutôt dans l'évitement, j'étais, voilà, jusqu'à il y a peu, parce que je n'aime vraiment pas le conflit. Mais maintenant, je suis assez forte dans ma vie personnelle, bien sûr. Je suis assez forte pour aller trouver la personne et lui parler. de façon cache et sans lui faire de mal, en mode jeu, évidemment, en communication non violente, et pouvoir dire les choses, que les choses soient dites. Mais pour être tout à fait humble, jusqu'alors, j'étais plutôt dans l'évitement.

  • Speaker #1

    Mais ça t'a quand même renforcé dans une capacité à te confronter.

  • Speaker #0

    Ah oui, ah oui, oui, oui, oui. Me confronter, mais me confronter gentiment dans ce cas. Parce que le terme de confrontation est encore un peu dur pour moi, je trouve. Il a cette connotation. Mais dire les choses, dire les choses de la bonne façon. avec le regard qui va avec, l'absence d'agressivité. Pour ça, il faut avoir compris ses propres émotions, les avoir acceptées, les avoir traversées. Ça ne se fait pas dans la foulée. de la discussion pénible. C'est, voilà, il s'est passé peut-être quelque chose, on m'a peut-être dit quelque chose qui m'a déplu, je vais me calmer, je vais, voilà, et je vais retrouver la personne en lui proposant de faire la paix, ou de, voilà. Mais oui, j'en suis maintenant tout à fait capable, même dans ma vie personnelle.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Nathalie pour tout ce partage extrêmement riche et utile pour tous les médiateurs. Merci à toi,

  • Speaker #0

    il me plaît de le permettre.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, à bientôt. À bientôt ! Merci d'avoir écouté ce dernier épisode de la première saison du podcast Antidote. N'hésitez pas à le partager, à me faire part de vos remarques ou suggestions ou à l'évaluer sur Apple Podcasts. Cela aide à la diffusion du programme. Je vous retrouverai sans doute à la rentrée pour d'autres formats et d'autres entretiens. Et en attendant, je vous souhaite un très bon été. A bientôt.

Description

Pour ce 9ème épisode et avant-dernier épisode de la saison 1 d'Antidot, j'ai le plaisir de recevoir Nathalie Tisseyre-Boinet, « avocate amiable », médiatrice, formatrice et élue locale.


À l'origine de la méthode collaborative, Nathalie a créé cette approche innovante de la résolution des conflits pour les avocats en s'inspirant de sa pratique professionnelle de médiatrice et du droit collaboratif.


Dans cet épisode, nous évoquons:

  • Comment cette méthode, qui favorise le dialogue et la compréhension mutuelle entre les parties en conflit, diffère du processus judiciaire traditionnel

  • L’importance de la rencontre en présentielle, “parenthèse de désarmement”, et la satisfaction née du travail d'équipe conduit entre et avec les avocats

  • La confiance dans la médiation, l’autorité du médiateur et les relations avocats/médiateur au travers de ses expériences riches à cet égard

  • Le recours aux apartés en médiation, “instruments de déblocage”


Cet épisode offre une vision claire et inspirante de la méthode collaborative à la portée de tous les avocats qui sont soucieux de la satisfaction réelle de leurs clients.


Impossible d’ignorer cette approche si c’est votre cas !


Je vous souhaite une très bonne écoute.
Émilie

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Retrouvez Nathalie Tisseyre-Boinet sur son site internet


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En attendant de se retrouver le 10 de chaque mois pour un nouvel épisode, je vous invite à vous abonner au podcast et à laisser 5 étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée.


Si vous souhaitez continuer la discussion autour de la médiation, retrouvez-moi sur mon compte Linkedin Emilie Thivet-Grivel.


Et si vous souhaitez en savoir plus sur le cabinet ETG Avocats et nos services de médiation, rendez-vous ici.


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Crédits :

Antidot est un podcast d’Emilie Thivet-Grivel.
Stratégie : Mélanie Hong.
Montage et mixage : Morgane Bouchiba.
Designer graphique (vignette) : Emma Wise.
Musique  : Aberdeen, Greg McKay.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous écoutez Antidote, le podcast qui interroge notre rapport au conflit. Je m'appelle Émilie Thivet-Grivelle, je suis avocate et médiatrice, fondatrice du cabinet ETG Avocats. Chaque mois, je vais à la rencontre de professionnels qui ont changé de regard sur la conflictualité et qui l'organisent autrement. Pour ce neuvième épisode, je reçois Nathalie Tisser-Boinet. Avocate, médiatrice, formatrice et élue locale, Nathalie Tisser-Boinet est à l'origine d'une méthode de travail, la méthode collaborative. Cette méthode trouve ses sources dans sa pratique professionnelle, d'avocate et de médiatrice, construite au début des années 2000, et dans le droit collaboratif, devenu aujourd'hui processus collaboratif, dont l'association. française des praticiens de droits collaboratifs, fait la promotion. Dans cet échange, Nathalie nous partage ce qui fait la réussite de ces pratiques professionnelles plébiscitées par ses clients, le changement de paradigme que cela demande à l'avocat et le plaisir qui se dégage dans ce travail d'équipe réalisé par les professionnels. Je vous souhaite une très bonne écoute et je serai ravie de lire vos remarques à l'issue de cet entretien. A bientôt !

  • Speaker #1

    J'ai commencé à être en même temps avocate et médiatrice dans les années 2000 effectivement, en 2001 et précisément, j'ai eu des dossiers de médiation puisque j'avais cette thèse en droit de la santé, je suis devenue médiatrice pour la CRCI. L'indemnisation des victimes d'accidents médicaux. Pendant, j'y suis restée sept ans, et donc j'ai eu des dizaines de dizaines de dossiers de médiation. C'est comme ça que j'ai pu commencer ma pratique. Parce qu'à l'époque, la médiation, déjà, on ne connaissait pas, on n'en parlait pas, et il n'y avait vraiment pas de dossier. Donc j'ai eu cette chance d'avancer plus vite que les autres dans l'amiable. Et de faire la comparaison avec la pratique professionnelle traditionnelle de l'avocat. Et manifestement, les meilleurs retours venaient de la pratique amiable de la part des clients.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu as donc démarré la profession d'avocat et la profession de médiatrice en même temps. Oui. Contrairement à beaucoup d'avocats qui sont devenus médiateurs après plusieurs années d'expérience. D'avocat, toi tu as pris les deux casquettes immédiatement, ce qui a sans doute aussi changé ton approche de la profession dès le départ.

  • Speaker #1

    Je ne connais que la mienne, pour l'avoir vécue. Mais en revanche, comme tu l'as dit, j'ai formé énormément d'avocats à la résolution amiable des conflits, puisque c'est ce qui m'anime très très profondément. Et donc, pour revenir à mon parcours, j'ai constaté cette... Cette efficacité de l'amiable traiteau. Donc, dans ma pratique d'avocat, j'ai commencé à désirer que mes clients, enfin, mon client et la partie adverse, se mettent autour d'une table pour discuter, puisque c'est ce que je faisais en médiation et que ça marchait tellement bien. Donc, j'ai proposé ça, je m'étais mise à faire de la... du droit de la famille, j'avais quitté le droit de la santé, et j'ai proposé ça à mes clients, puis évidemment à mes confrères, et il y a eu des cas où nous y sommes arrivés. Et donc, j'étais comme M. Jourdain, je faisais du processus collaboratif sans le savoir. C'était assez difficile pour moi, pour ne rien te cacher, d'être déjà arrivée dans la profession tardivement, et puis aussi... de la pratiquer d'une façon très originale. Donc, c'était un peu difficile, mais je ne pouvais pas faire autrement, étant donné les résultats, l'efficacité de la méthode. Les remerciements de mes clients, que ce soit en médiation ou dans cette pratique d'avocat que j'initiais, il y avait vraiment un retour qui était plein de gratitude en fait. Donc je voyais bien que ça marchait. Et en 2008 ou en 2009 est arrivé ce qu'on appelait à l'époque le droit collaboratif, qui est devenu le processus collaboratif en France. Donc je me suis tout de suite inscrite à la formation. Et à mon grand soulagement, je me suis aperçue que ce que je faisais, d'autres l'avaient déjà inventé. Donc les Américains, avec vraiment une structure très précise dont je me suis tout de suite emparée, j'ai tout de suite compris à la fois les avantages, mais aussi les inconvénients d'une certaine forme de rigidité du processus collaboratif. Et donc c'est comme ça que j'ai créé cette méthode collaborative qui consiste à s'inspirer. totalement de tous les bénéfices du processus collaboratif, mais en évacuant ce qui n'est pas commode, en fait, et qui est trop rigide et qui en empêche le bon développement.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être qu'on peut juste préciser pour les personnes qui n'ont jamais entendu parler de cette approche, qu'au départ, c'est un avocat américain qui fait le constat, finalement, de l'insatisfaction de ses clients en plusieurs années. Après, ils ont surtout gardé, en dépit du fait qu'ils ont pu gagner leur contention judiciaire, ils ont surtout beaucoup d'amertume et le sentiment de beaucoup de gâchis. Et partant de ce constat-là, cet avocat Stuart Webb essaie de penser une autre façon de travailler et une méthode effectivement très stricte avec des étapes à suivre dans un certain ordre, avec un avocat formé également. Et c'est cette... méthode qui est importée en France et qui est développée par notamment l'association française des praticiens du droit collaboratif. Et toi tu t'en éloignes un petit peu dans la mesure où tu as une approche plus libre, j'ai envie de dire, où tu gardes l'essence mais tu abandonnes ce qui pour toi fait rigidité et ce qui est un frein au déploiement de cette méthode.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait parce qu'en fait j'en avais déjà à la pratique. Donc je savais que ça marchait de la façon dont je pratiquais et que ça marchait plus largement. Alors, en quoi ça consiste ? Le processus collaboratif, il y a une convention dans le processus collaboratif, il y a une convention de départ qui engage les partis et les avocats à travailler de la façon que tu as décrite, donc selon une structure d'entretien successif très précise et véritablement efficace. Et puis il y a aussi cette obligation que les deux avocats soient formés à cette méthode, ce qui demande aujourd'hui 32 heures de formation, alors c'est pas énorme franchement, mais malheureusement tous les avocats n'y sont pas formés, ne le connaissent pas. Donc ce qui réduit considérablement les possibilités dans un dossier d'avoir en face de soi un avocat formé avec lequel on puisse travailler de cette façon-là.

  • Speaker #0

    Autre aspect, on peut aussi préciser, donc la convention dont tu parles, finalement, ça s'apparente un peu à une sorte d'accord de méthode qu'on connaît dans le droit électoral, notamment du travail. Cet accord de méthode, on attend qu'il soit signé des deux parties qui sont en conflit et des avocats. Donc, c'est un accord signé à quatre qui formalise l'entrée dans le processus. Et c'est vrai que la critique qu'on peut faire à cet accord, évidemment, c'est... C'est très confortable. Une fois qu'on a obtenu la signature, on se sent protégé. Mais psychologiquement, c'est aussi un frein. Il y a des dossiers où déjà l'enjeu, c'est de réunir les personnes. Si vous attendez en plus qu'elles vous signent un accord, autant dire qu'elles partiront en courant. Moi, c'est ma petite réserve. Donc, c'est vrai que c'est très confortable. Quand on a obtenu... volonté vers l'adhésion des personnes mais en pratique on sait aussi que ça sera peut-être un repoussoir de se dire avant même de se parler il faut signer quelque chose.

  • Speaker #1

    Alors il y a aussi un autre aspect dans la difficulté de faire signer cet accord c'est qu'il y a une obligation de retrait des avocats au cas où le dossier n'aboutirait pas à l'amiable et serait porté devant le juge. Et là c'est une logique aussi, c'est logique, les avocats doivent être... Comment dire, ils doivent être dépourvus de cette deuxième possibilité d'aller devant le juge, sinon ils ne travailleront pas suffisamment sur la partie amiable. Donc ça c'est tout à fait logique et cohérent, mais... Pour l'instant, ça fait encore peur aux avocats et ça ne fait pas du bien aux clients qui se disent tiens, quand ça ira mal, mon avocat me lâchera Donc, moi, dans ma méthode, j'ai enlevé ça. Alors, il y a aussi autre chose qu'il faut quand même préciser, c'est que cette convention permet, et ça c'est absolument essentiel, d'amener la confidentialité. La confidentialité renforcée, c'est-à-dire elle est valable pour... tout le monde, bien évidemment les avocats, avocats-clients, mais les clients aussi. Donc on ne doit pas ce qui est dévoilé pendant les entretiens, pendant tout le processus, si jamais il devait aboutir ailleurs, et même s'il ne devait pas aboutir ailleurs, doit rester absolument confidentiel.

  • Speaker #0

    Et là, ça devient un engagement contractuel parce qu'il est vrai que... contrairement à la médiation qui est protégée par la confidentialité, on a une source, c'est dans le code de procédure civile, si on fait une réunion dans un cadre collaboratif entre avocats avec les personnes concernées, on n'a pas de fondement qui oblige les personnes à respecter cette confidentialité. Donc l'intérêt de la convention là aussi, c'est que ça ne contre-allume pas. contractualise l'engagement. Même quand on n'a pas cette convention, cela dit, on peut quand même prendre des précautions pour faire respecter cette confidentialité.

  • Speaker #1

    On fait une clause de confidentialité qu'on fait signer à tout le monde, bien sûr.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est le minimum, de toute façon.

  • Speaker #0

    C'est le minimum, mais même ce minimum contractuel, il n'est pas toujours en réalité, on sait bien qu'il n'est pas toujours facile à obtenir.

  • Speaker #1

    Maintenant, Franchement, alors, je fais assez peu de droits des affaires, mais c'est peut-être dans ce cadre-là qu'il y aurait le plus de risques, peut-être, de parler de brevets, de parler de projets, de parler d'avenir, etc., de révéler quelque chose qui soit vraiment fondamental. Sinon, je dois dire que ça fait 23 ans que je pratique de cette façon-là et il n'y a pas véritablement de confidentialité dans ce qui est... énoncées, dans ce qui est montré comme éventuellement comme document et pièce. Voilà, ce sont des choses qui de toute façon devraient être dites si...

  • Speaker #0

    Si on était au contentieux.

  • Speaker #1

    Si il y avait un judiciaire derrière ou côté...

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux justement décrire ce qui fait, selon toi, l'essence de la méthode telle que tu la pratiques aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors donc, elle est dépouillée. Alors moi, en fait, mon point de vue pour l'avoir pratiqué depuis presque toujours dans la profession d'avocat, dans ma pratique d'avocat, c'est qu'il n'est pas besoin d'une convention préalable. C'est une façon de travailler pour l'avocat. Tout simplement, pourquoi ? Parce que, en fait, quand un client arrive dans notre cabinet, sa demande profonde, c'est Maître, sortez-moi de là Il faut qu'on garde ça à l'esprit, qu'il ne nous demande pas. forcément d'aller devant le juge. Il nous voit avec notre robe en train de plaider, mais ça c'est l'image de l'avocat. Mais en vrai, ce qu'il nous demande, c'est de résoudre son problème, de l'aider à résoudre son problème. Voilà. Et comment mieux résoudre la problématique qu'en faisant se reparler les deux personnes en conflit ? N'oublions pas que dans le judiciaire, ce que nous connaissons, c'est une absence totale de dialogue. C'est l'avocat... couvre en quelque sorte, fait couverture en étant le porte-parole de son client auprès du juge, mais il n'y a pas d'échange entre les deux personnes. Et pourquoi ? Parce qu'on dit, ben oui, comme ils sont en conflit, ils peuvent pas se voir, selon l'expression consacrée, et donc on va pas les faire se parler. Mais si, justement, c'est ça. Le truc, c'est que, comme ils sont en conflit, c'est qu'il y a quelque chose entre eux. qui est de l'ordre de l'incompréhensible. Et chacun s'est fait un film sur ce que l'autre a voulu faire. De toute façon, chez tous nos clients, et même moi, si je suis en conflit, j'ai tendance, comme tout individu, à me dire, c'est la faute de l'autre. Et moi, je suis sa victime. Sauf que ce qui est drôle, c'est de savoir qu'en face, c'est pareil. Il dit... que c'est ma faute à moi et qu'il est victime de mes agissements. Donc en fait, les deux personnes en conflit s'inventent une histoire. qui ne correspondent pas à la réalité. Et ce qu'il convient de faire, c'est de les mettre autour d'une table et de tout mettre sur la table. Donc de les faire se reparler, de les faire discuter et de mettre de la compréhension. Oui, tout à fait. Ça fait rêver. De mettre de la compréhension là où il y a une... des malentendus en fait. Tout ça, on est dans l'ordre de l'écoute. C'est malentendu. Pour moi, c'est vraiment ce qui est important, c'est comprendre, faire comprendre et se comprendre. C'est comme ça, c'est ce à quoi on doit aboutir. Et donc, l'essentiel, c'est de se mettre autour d'une table. Alors, en médiation, il y a un médiateur qui gère. En processus collaboratif et dans ma méthode collaborative... on se met tous les quatre autour d'une table et ce sont les avocats qui gèrent la parole et qui gèrent le processus. Sauf que selon moi, on peut faire ça, on peut amener à cette méthode sans que les deux avocats soient nécessairement formés. Pourquoi est-ce que je l'affirme haut et fort ? C'est parce que je le fais tout le temps, en fait. Je le fais tout le temps. Le plus difficile, c'est d'amener notre confrère à... travailler de cette façon-là, ce qui est vraiment novateur encore aujourd'hui. Mais une fois qu'on y arrive, parce que tout simplement, on lui fait comprendre qu'il faut remettre du dialogue entre les parties, que ce serait quand même dommage qu'il y ait cette chance ultime, en fait, pour nos clients d'arriver à se comprendre et à s'apaiser. Et pour nous aussi de... Faire sortir de notre dossier, de toute façon, tout ce qui pèse, que nos clients nous font peser, font peser sur nous. C'est-à-dire, vous savez, les appels des clients qui sont pleins de hargne contre l'autre et qui se défoulent sur nous, les avocats. Tout ce côté un peu lourd, ben non, ça va être sorti pendant les réunions à quatre. Ils vont se parler, ils vont se comprendre. Tout va s'apaiser, forcément. Il y a quelque chose que je voudrais ajouter aussi, que m'a apporté ma pratique, c'est de comprendre que, en fait, les gens ne sont pas de mauvaise foi. Et donc... que les gens sont de bonne foi. Alors, ça paraît bête à dire, mais c'est quelque chose qui aide aussi, parce qu'à force d'entendre toutes les versions de toutes les personnes en présence, j'ai compris que chacun... à ses bonnes raisons d'avoir agi et d'avoir pensé comme il l'a fait, même éventuellement au cours de plein d'années de suite. Mais je ne dis pas que leurs raisons sont bonnes, je dis que chacun a ses bonnes raisons d'avoir fait comme il l'a fait. Et ce qui se passe quand on se met autour d'une table et qu'on libère la parole, chacun comprend que l'autre, il donne sa version, mais que sa version était juste pour lui jusqu'à présent. Et que, petit à petit, on peut mêler ces deux versions et aboutir à quelque chose de commun qui apaise. Et sur la base duquel on peut prendre des décisions pour l'avenir.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Donc le point cardinal, c'est vraiment la rencontre en présentiel. Oui. Il n'y a pas de méthode collaborative sans rencontre. Ça semble évident. Et c'est une rencontre où on va assez peu parler de droit, ce qui peut paraître déstabilisant parfois pour les africains au début, parce que finalement, on va faire émerger les non-dits, les problématiques relationnelles. Oui. qui font obstacle à la résolution du conflit d'un point de vue strictement juridique et qui d'ailleurs est impuissant. Les outils du droit ne vont pas résoudre très très souvent, et particulièrement en matière familiale, des problématiques de malentendu, d'incompréhension, de ressentiment, de tu m'as blessé, de je me sens trahi, etc. On voit bien que la matière, c'est pas le code civil qui va nous aider à mettre fin.

  • Speaker #0

    Il faut préciser que cette rencontre à quatre, elle n'intervient pas tout de go. Il y a des étapes préalables. Évidemment, la première fois qu'on rencontre son client et qu'on l'amène à envisager cette façon de travailler, le client est toujours d'accord. Toujours. La deuxième étape, c'est de prendre attache avec son confrère et de l'amener. Et là, c'est un peu plus difficile. On ne va pas... Voilà. On ne va pas se cacher ça. Et ensuite, une fois qu'on y est arrivé et qu'on a pris date, on fait une réunion de préparation du client. Et justement, c'est à cette occasion qu'on va lui donner d'abord la façon de communiquer qu'il devra avoir pendant la réunion à 4, parce que, bon, évidemment, il n'y aura pas d'interruption. Ça c'est le propre de tous les modes amiables, de toute façon, c'est l'écoute active et on n'interrompt pas celui qui s'exprime. Donc il faut lui faire comprendre ça. Et puis aussi, parler en jeu, ne pas accuser l'autre en disant tu as fait ceci, tu as fait cela. Il y a toute une préparation du client qui va lui permettre de comprendre comment les choses vont se passer. on va se préparer ensemble à voir quels sont les sujets qu'il voudrait voir abordés pendant cette réunion. Alors on ne va peut-être pas tous les mener pendant cette réunion, mais en tout cas les sujets qui sont importants pour lui, qui devront être résolus. Donc ce n'est pas que des sujets effectivement juridiques, ça va bien au-delà. C'est des sujets d'ordre de la compréhension et puis il y a aussi ce qu'il veut exprimer. qu'il n'a jamais pu vraiment dire à l'autre et ce qu'il ne savait même pas porter en lui parce qu'on le fait un peu travailler sur mais qu'est-ce qui s'est passé en fait dans cette relation ? Il faut aussi qu'il revienne un petit peu sur son histoire. Même, j'ai eu des séparations d'associés, il n'y a pas que le droit de la famille, j'ai eu des séparations d'associés qui revenaient sur, ben oui c'est vrai... On a été presque amis, enfin bon, il y a des émotions aussi, il peut y avoir de la peine, il peut y avoir de la crainte financière énormément, il peut y avoir tout ce que les humains portent en eux et qu'on va faire surgir pendant cette réunion de préparation, avec aussi, de façon plus technique, qu'est-ce qui viendrait à l'appui d'eux. Et là donc, ce qu'on appelle d'habitude des pièces, et moi que je préfère appeler des documents dans cette méthode collaborative, c'est de quoi aurons-nous besoin éventuellement pour ne pas perdre de temps pour cette réunion plénière qui arrive ? Et voilà, de quoi aurions-nous besoin de notre côté ? Et puis de quoi aurions-nous besoin qu'en face, ils nous produisent ? Alors j'aime pas ce terme-là, mais... Donc vraiment une préparation très précise. de la séance qui arrive. Oui,

  • Speaker #1

    c'est important de bien comprendre que certes, il y a une rencontre, c'est le point cardinal, mais c'est une rencontre qui se prépare avec le client, avec même l'avocat.

  • Speaker #0

    Et avec l'avocat ensuite.

  • Speaker #1

    On n'a pas parlé de ça. Voilà. Mais non seulement on a un entretien préparatoire avec notre client, mais on va essayer d'avoir aussi, alors je dis bien essayer, moi ma pratique, ça relève de l'essai, mais qui est assez positif quand même, avec le confrère, parce qu'il est important quand même... d'aider aussi le confrère qui peut lui ne pas être formé à aborder assez sereinement cet entretien 4 parce que c'est quand même une aventure pour certains. On sort d'une forme de zone de confort. C'est vrai qu'on a plus l'habitude des tribunaux où les rôles sont bien identifiés. On prépare notre témoignerie. On sait ce qu'on va dire à l'avance, moins dans les grandes lignes. Là, aller à un rendez-vous, on n'est que dans l'improvisation. En tout cas, c'est du... Du réel, c'est du live, c'est vrai qu'au départ c'est assez désarçonnant et ça peut être aussi déstabilisant pour le confrère qui aborde ce rendez-vous et qui n'est plus sur les repères habituels qui ont pu être les seuls pendant toute sa pratique, à savoir le droit, les rapports de force, il faudrait qu'on parle de ça aussi.

  • Speaker #0

    Alors justement, c'est très très... Très très important. Qu'on vient d'adopter,

  • Speaker #1

    et c'est ça le renversement, je pense. C'est comme ça que je l'ai compris.

  • Speaker #0

    En fait, ce qui caractérise cette façon de faire, que ce soit le processus collaboratif ou la méthode, c'est vraiment le travail d'équipe. Donc il y a les deux équipes avocats-clients, mais il y a aussi une équipe avocat-avocat. Et ça c'est formidable, c'est en ça que c'est collaboratif. Et puis au final, il y aura une équipe de quatre personnes, qui vont plancher sur la résolution de cette problématique qui a surgi entre les deux clients. Et ça, c'est magnifique parce qu'on met toutes nos forces et toutes nos compétences à quatre, en fait, pour se pencher sur cette question, une fois qu'on l'a bien comprise, bien circonscrite, et qu'on va lui donner des solutions, en fait. Et puis les parties vont décider qu'est-ce qui leur convient le mieux comme solution. On va tomber sur un accord qu'on peut faire homologuer. Alors, pour revenir sur les relations entre confrères, clairement, d'abord, on voit bien que dans cette façon de faire, il n'y a pas d'écrit. Il n'y a pas d'écrit. C'est important. Moi, je prends mon téléphone tout le temps et comme je suis dépourvue d'agressivité puisque je ne veux qu'une chose, c'est venir en aide de la meilleure des façons auprès de mon client et venir en aide aussi au client d'en face, puisqu'il ne m'a rien fait, en fait. Il m'a rien fait. J'ai bien compris que aîné a surgi un conflit entre eux, mais ce conflit on va le dégonfler. Et puis voilà, on est des professionnels et on va y arriver. Donc moi, je suis dépourvue d'agressivité. Et le confrère l'entend à ma voix, à la façon dont je parle, etc. Et donc, tout ça est une parenthèse de désarmement. Et je crois que c'est ça qui est vraiment important, c'est on dépose les armes, on voit tout ce qu'on peut faire de bien de cette façon-là. Et si par extraordinaire, ça ne fonctionnait pas, eh bien les clients pourraient aviser et faire différemment. Mais franchement, les taux de réussite sont juste extraordinaires, parce qu'ils dépassent même les taux de réussite de la médiation qui est déjà fabuleuse. C'est foncièrement efficace.

  • Speaker #1

    Moi, je voudrais ajouter quand même pour les confrères qui nous écoutent et qui ne sont pas formés, qu'il y a quand même une bonne nouvelle et qu'il faut se faire confiance, c'est que plus on va adopter cette méthode, plus elle va devenir naturelle, moins on va avoir l'impression de batailler pour convaincre justement le confrère en face de l'utilité de cette démarche. Moi, je vois quand même sur les années qui ont passé. Oui. Voilà, j'ai plus ce que tu évoques, l'agressivité dans la voix, etc. Déjà, on s'en départit, on ne sait plus du tout. Et on embarque quand même le confrère dans cette autre énergie. Et c'est une énergie communicative. C'est ça qui est intéressant. Et pour moi, je te rejoins sur la problématique de la formation des avocats. J'ai eu des très bons moments de rendez-vous à quatre avec des confrères qui au début étaient... dans la réserve, la crainte, avec des mécanismes un peu d'autodéfense finalement, parce que je les emmenais en dehors de leur zone de confort, et qui finalement prenaient un espèce de pli instinctivement très très intelligent. Il y avait une adaptation à la situation, et j'ai envie de dire, c'est à la portée de tout le monde, à partir du moment où on est dans cette autre logique. Et donc, je suis même étonnée de constater que la majeure partie des confrères avec qui j'ai travaillé ainsi, ce n'était pas des confrères qui étaient spécialement formés. Pour le coup, en fait, je n'ai pas fait de processus collaboratif homologué à FPDC, on va dire. Mais par contre, tous les confrères que j'ai embarqués avec moi ont compris la dynamique et ont changé d'état d'esprit, d'attitude en étant même moteurs. Et ça, c'est troublant. C'est-à-dire qu'en réalité, il y a comme un effet de miroir et le confrère va adopter cette attitude qui facilite les échanges. Cette posture qui est donc une posture plus en retrait, puisque évidemment, dans les entretiens, l'avocat va être en soutien de son client, mais ce n'est absolument pas lui qui monopolise la parole, bien au contraire. Donc, il est là pour soutenir la parole de son client, peut-être l'aider à la prendre. mais on est là pour aider les personnes à exprimer ce qui est important pour elles. Oui,

  • Speaker #0

    alors reste quand même le conseil, bien sûr, au moment de la décision, et puis cette espèce de brainstorming qui se fait à quatre, au moment où qu'est-ce qui pourrait être envisagé à l'avenir, et toute la partie proprement juridique, ça on ne nous l'enlèvera pas. Bon, mais bien sûr, alors moi ce que je dis... Ce qui rejoint tout à fait ce que tu viens de dire, c'est qu'on pose une atmosphère.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    je voulais te parler de ça. L'atmosphère, c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    L'atmosphère, l'énergie.

  • Speaker #0

    L'énergie, une énergie de compréhension, d'apaisement, de non-agression. Ce que je constate et je le regrette profondément, c'est que les avocats sont élevés à la défiance. À la défiance. On se méfie terriblement du confrère adverse. On pense que son client a systématiquement tort et on n'en sort pas. Il y a vraiment toute une éducation qui veut que c'est comme ça qu'on défend le mieux les intérêts de son client. Mais en fait, non, non. La façon dont on répond le mieux aux attentes du client, c'est quand on pratique de la façon qu'on vient d'indiquer et puis qu'on fait sauter. augmenter l'agressivité, qu'on laisse tomber le côté victime, coupable.

  • Speaker #1

    Et les jugements qui vont de pair. Parce que les jugements vis-à-vis du client adverse, c'est monnaie courante. Alors nous, on a reçu un saint et bizarrement, l'avocat adverse, lui, a reçu un démon. Toujours. Non mais si on prend juste deux secondes le temps de se dire, oui mais en fait on aurait pu recevoir le client de l'autre et vice-versa. Alors évidemment que... tout de suite notre regard change. C'est aussi ça, je pense qu'il est important de diffuser comme message. Il faut aussi nous nous départir des jugements qu'on va instinctivement plaquer sur le client de l'autre parce qu'on a le récit de notre client qui nous a décrit quelqu'un de très négatif. Donc ça, si on a cette vigilance, on change aussi de regard et on facilite aussi la poursuite du processus.

  • Speaker #0

    Mais pour moi, c'est ça, être un vrai professionnel. Un vrai bon professionnel, c'est celui qui prend de la hauteur parce que nous avons cette chance, normalement, de ne pas être bridés par nos émotions comme le sont nos clients. Quand ils viennent nous trouver, ils ont toujours des émotions. Ils sont en colère, il y a un égo qui a été atteint, ils ont peur pour l'avenir, ils vont peut-être tout perdre, ils ne savent pas, etc. Donc tout ça, c'est parfaitement compréhensible, sauf que nous, en tant que professionnels... nous ne devons surtout pas entrer là-dedans. Donc comme nous sommes dépourvus normalement de leurs émotions, on peut prendre de la hauteur et du coup les regarder avec beaucoup plus d'objectivité et se dire Ok, moi j'ai reçu M. Dupont qui est dans cet état-là et qui me raconte cette version-là de l'histoire. En face, il y a un M. Durand qui lui aussi est plein d'émotions et de subjectivité et qui est en train de rencontrer... raconter à mon confrère, ma consoeur sa version de l'histoire. Prenons de la hauteur, réunissons-nous, et nous deux, les professionnels, les avocats, nous allons les aider, à leur tour, à prendre de la hauteur et à regarder de façon de plus en plus objective ce qui leur est arrivé. Et à partir de là, de prendre de saines décisions pour l'avenir. Et des décisions qui seront, alors... Déjà, parlons d'une chose, c'est qu'il y aura exécution. Et ça, c'est merveilleux. Il y a un gain de temps dans ces façons de travailler qui est absolument fabuleux parce qu'on travaille certes de façon intense, mais sur quelques mois seulement. Et l'exécution sera toujours faite de façon volontaire. Toujours. Il n'y a pas d'exécution forcée parce que ça, c'est le rôle des avocats de bien s'attacher à vérifier. que son client est satisfait de la solution vers laquelle il penche. Donc ça, c'est très important. Mais ça se voit. Ça se voit sur le non-verbal, ça se voit dans sa décontraction nouvelle. Il est satisfait, il est content. On lui laisse un petit peu de temps pour bien y réfléchir et oui, oui, il signe cet accord-là, il est d'accord. Et donc, l'exécution va être faite tout naturellement. Donc, ce sont des processus qui sont terriblement efficaces.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Il n'y a pas de doute là-dessus. Et alors, moi, je voudrais qu'on évoque aussi les relations avocats-médiateurs, parce que j'ai l'impression qu'il y a une forme de méfiance réciproque, parfois, aux avocats, quand il s'agit, pour le coup, quand le processus collaboratif... peut-être insuffisant pour travailler la résolution de conflits, on a parfois besoin de faire appel à ce médiateur. C'est-à-dire que du coup, d'un rendez-vous à quatre, on va aller vers un rendez-vous à cinq, où on aura un médiateur, deux avocats et les deux clients. Donc l'enjeu de faire équipe, il est aussi avec le médiateur. Moi, je me posais la question, comment justement le médiateur peut être ce chef d'orchestre, quelque part, qui va réussir à faire travailler les avocats ensemble ? Parce que... Nous-mêmes, avocats, pour le coup, on va avoir aussi des problématiques relationnelles qui, à un moment donné, peuvent être aussi une difficulté pour la bonne réussite du processus. Parce que si on n'est pas normalement envahi par les émotions de nos clients, on a nous-mêmes nos propres émotions, nos propres interactions. Et on voit bien que quand on a une mauvaise relation avec l'avocat en face, j'ai pas envie de dire adverse, mais l'autre avocat, ça va être une difficulté. pour la réussite du processus. Et là, c'est vrai que moi, j'ai apprécié pouvoir me tourner vers un médiateur qui endossait ce rôle-là. Est-ce que tu le vis comme ça ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, ça ne m'est jamais arrivé d'être demandé en médiation dans un processus collaboratif, ni de demander la présence d'un médiateur, parce que comme je n'ai pas besoin. Mais ce que je vois en tant que médiatrice, c'est que... En fait, et ça je l'ai fait à grande échelle aussi, parce que j'ai fait un gros dossier de médiation l'année dernière, et j'ai fait travailler tous les avocats ensemble l'année dernière, où j'ai eu l'honneur de travailler aux côtés du président Majindy. Et on était deux co-médiateurs donc, et on a travaillé avec les partis, mais aussi énormément avec les différents cabinets d'avocats qui étaient présents, qui étaient en nombre. Donc on avait des réunions très importantes et on a beaucoup, beaucoup fait travailler les avocats entre eux parce que les questions qui se posaient étaient d'ordre tellement technique, il y avait des problèmes juridiques qui étaient tellement pointus que de toute façon les parties là, il y avait des réunions avec les parties et puis des réunions avec les avocats seulement. Et donc c'était... Très performant parce que, pour ne rien te cacher, comme d'habitude, les différents cabinets d'avocats en présence, ils avaient plutôt les couteaux tirés au début, ce qui était absolument normal. Mais on leur a fait comprendre avec le président Majindy que, ben non, on était là pour travailler tous ensemble à la résolution de ce problème. Et donc, on les a amenés à se rencontrer. On a fait des réunions pendant des heures et des heures. Et on a vu que petit à petit, la fameuse défiance dont on parlait a fait place à une forme de sympathie, à une forme de décontraction. Moi, j'ai remarqué à un moment, j'ai entendu qu'ils commençaient à s'appeler tous par leur prénom. Je me suis dit, ah bien, et puis ils tutoyaient tous, tous les avocats. Et vraiment, au final, on a tous collaboré, vraiment. Donc c'était un peu du processus collaboratif grâce à la médiation, sous l'égide de la médiation. Et ça a duré des mois. abouti à un accord très important. Mais cette façon de travailler, je l'avais déjà expérimentée. Je savais très bien ce que je faisais. J'étais là en tant que médiatrice, mais avec tout l'arrière-plan d'avocate que j'ai. Et donc, je parlais beaucoup avec mes confrères. Et il y avait cette répartition des rôles entre le président, le grand magistrat. qui est le président Majindi et puis l'avocate médiatrice qui faisait une répartition des rôles. Et ça s'est vraiment passé de façon passionnante, on peut le dire, vraiment passionnante. Mais encore une fois, j'avais déjà eu moi l'expérience de travailler en tant que médiatrice et de voir que les avocats présents, alors moi je dois faire une parenthèse et dire que j'aime énormément. qu'il y ait des avocats dans les dossiers. Je préfère, je préfère. C'est un appui considérable. Et puis, je me sens moins seule parce que c'est vrai qu'en tant que médiateur, on se sent seule. Bon, dans cette grosse médiation, j'ai eu cette chance énorme de travailler aux côtés du président Majindi et on s'est formidablement bien entendus. Et vraiment, je peux dire qu'on s'appelait tout le temps. On se concertait tout le temps et on se voyait tout le temps. mais sinon en tant que médiateur quand je suis médiatrice je suis quand même toute seule donc je suis ravie qu'il y ait deux autres professionnels avec qui finalement on sent bien qu'il y a une forme de travail collectif qui finit par s'opérer et je me sens moins seule et là là-dessus je voudrais faire une précision concernant le processus collaboratif ou la méthode collaborative c'est ce travail d'équipe que j'ai décrit tout à l'heure il est bien confortable Parce qu'on est deux avocats et on s'épaule. Et c'est sympa. Moi, tous les dossiers que je mène de cette façon-là, mais je ne me souviens pas d'un dossier qui ne soit pas fini à déjeuner avec ma consoeur, devenir copine, se tutoyer, garder contact. Et c'est formidable, en fait.

  • Speaker #1

    Surtout que ça répond aussi à un besoin dans nos professions indépendantes. On est quand même dans un exercice relativement solitaire. Et finalement, on souffre un peu de ça. Et trouver le plaisir de travailler en équipe, en bonne intelligence, c'est vraiment satisfaisant et gratifiant pour tout le monde. On a tout ça gagné à travailler comme ça.

  • Speaker #0

    En fait, ce sont des façons de travailler qui sont extrêmement confortables, à tout point de vue, pour notre agenda, pour les relations avec le client. pour les relations avec le confrère, l'apport de la médiation, l'accord final qui est trouvé quasiment systématiquement, il y a très peu de chances que ça se passe différemment. C'est vraiment d'un grand, grand confort.

  • Speaker #1

    Alors j'avais quand même une question là-dessus. Je voulais qu'on parle de l'autorité du médiateur. Parce que, évidemment, la défiance dont on parlait, elle ne disparaît pas. La défiance que les avocats peuvent avoir les uns vis-à-vis des autres et vis-à-vis du médiateur au début d'une médiation, pour le coup, où les avocats sont présents, elle ne disparaît pas comme par magie. Est-ce que toi, tu as le sentiment d'avoir affirmé davantage une certaine autorité ? en tant que médiateur au fur et à mesure des années. Est-ce que c'est quelque chose que tu affirmais davantage ? Tu peux nous parler. Et comment cela se manifeste ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Tu lis dans ma carrière. C'est tout à fait vrai. J'ai remarqué que j'ai de plus en plus d'autorité, d'autorité naturelle parce que j'ai vraiment une grosse, grosse pratique. Et puis, j'ai une énorme confiance dans la médiation. Du coup, si même moi, je n'ai pas confiance en moi, que je me dis, Ouh là là, j'ai un dossier, ça va être vraiment difficile. Tout de suite après, je me dis, Mais non, attends, tu fais de la médiation. La médiation va y arriver. Nathalie, elle est peut-être perplexe, mais la médiation, elle, elle est tranquille. Donc, j'ai cette tranquillité d'esprit quand même, qui me donne de l'autorité, parce que j'ai l'autorité de la médiation. Ce n'est pas tant moi que celle de la médiation. Et dans la médiation... effectivement, il faut que le médiateur s'impose. Alors, s'impose pas comme au-dessus des partis et des avocats, loin de là, mais s'impose comme portant le processus et étant le garant de ce processus, que ce processus se déroule convenablement. Donc, s'il y a des écarts qui sont soit de la part des avocats, soit de la part des partis, le médiateur doit vraiment être tranchant là-dessus. Et c'est vrai que je me suis aperçue que c'est main de fer dans un gant de velours, quand même, la posture du médiateur. Je suis décontractée et souriante, mais quand il le faut, il m'est arrivé à de nombreuses reprises de me dire, bon, là, ça va plus, enfin, in petto, bon, là, ça va plus, Nathalie, il va falloir que tu tapes du poing sur la table. Et je le fais. Mais ce qui est amusant, c'est que récemment, j'ai eu un dossier avec des personnalités difficiles et je me suis aperçue que pour une fois, j'étais réellement en colère. D'habitude, je feins la colère en disant non, ça suffit maintenant, si ça continue comme ça, je pars, je mets fin à la médiation. Bien évidemment, ce n'est jamais le cas, c'est du bluff, parce que du coup, tout le monde se calme. Mais là, cette fois-là, j'étais vraiment en colère. D'ailleurs, je suis vraiment en colère. Et tout s'est très très bien passé, on a fait un très bon accord au bout de plusieurs réunions. Mais c'est vrai que le médiateur doit poser son autorité et également vis-à-vis des avocats. Si jamais il y a des dérapages, je dois les recadrer, leur demander de s'exprimer différemment, etc. Mais comme depuis des années, c'est le plus souvent les avocats qui me demandent. tout naturellement, ils confient un peu leur dossier à la médiation, et donc à la médiatrice, et ils se laissent quand même guider. Donc je ne considère pas avoir de problème.

  • Speaker #1

    Et alors, tu as évoqué un point sur lequel je voulais t'interroger. Je t'ai souvent entendu évoquer la magie de la médiation, et une forme d'énergie que tu insuffles ou que tu perçois, un optimisme. Une certitude qu'on va y arriver, à sortir de l'impasse. Est-ce que tu peux nous parler de cette énergie particulière ? Est-ce que toi tu en es réceptacle ou est-ce qu'au contraire il s'agit de l'installer ? C'est étonnant parce que c'est vrai que je t'ai souvent entendu dire ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est consacré. Le miracle de la médiation et la magie de la médiation, ça fait partie de notre formation. On nous dit que, et c'est vrai, on le vit ensuite quand on est médiateur. Parfois, pas toujours évidemment, mais parfois et suffisamment de fois pour qu'on le reconnaisse comme étant une vérité. Alors ce miracle, c'est le moment où les deux parties se regardent dans les yeux, se disent des choses qui sont de l'ordre de l'air intime. Et encore une fois, ça ne regarde pas que le droit de la famille. C'est vraiment entre associés, entre co-contractants, entre voisins, etc. Et tout d'un coup, paf, on sent que la confiance est revenue, ils se reparlent, ils se regardent, ils n'ont plus besoin de moi. Et ça, c'est le critère, en fait. Et ça y est, tac, il y a cette bascule qui est quasi miraculeuse. Et on ne sait pas sur quoi, en fait, ça s'est joué. Nous qui sommes à l'extérieur de leur histoire. Mais on voit bien qu'il y a eu ça. Et c'est magique, en fait. C'est fabuleux. Et ça vient de l'atmosphère qu'on a posée, de la confiance. Alors, c'est vrai que j'ai une confiance. ...gigantesque dans la médiation ou dans le processus collaboratif. Ma pratique me le démontre, c'est bon, une fois que c'est lancé. Il y a quelques cas quand même en médiation où ça n'aboutit pas. C'est vrai, j'en ai. Il y a 80% de réussite en médiation et 98% en collaboratif. et je sais pourquoi j'ai fini par comprendre je crois que pas plus tard que cette année justement alors que la médiation est extraordinairement puissante le médiateur passe un peu comme un expert peut passer dans un dossier c'est à dire il ne va pas téléphoner au client en leur disant si revenez la semaine prochaine n'ayez pas d'hésitation on a pris date etc alors que l'avocat lui Il tient son client par la main et lui dit Suivez-moi, je sais où je vous amène Et s'il y a un avocat qui fait lâcher son client, qui autorise son client à lâcher la médiation, le médiateur, il n'y peut rien. il ne peut pas courir derrière le client en disant c'est trop bête, quel gâchis, on allait y arriver, etc. Donc c'est au cours d'un dossier que j'ai paumé comme ça en tant que médiatrice, et ça m'a laissé une empreinte vraiment désagréable encore à ce jour.

  • Speaker #1

    Tu dirais que c'est parce que l'avocat a quitté le bateau finalement. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça, exactement. Donc dans les cas où ça arrive, le médiateur est impuissant. Alors qu'en collaboratif, ça ne peut pas arriver parce que... il y a les deux avocats et les deux clients, ils se tiennent par la main, ils se tiennent un peu par la barbichette, mais dans le bon sens du terme, et du coup, on arrive à presque 100% de réussite.

  • Speaker #1

    La limite que j'apporterais, moi, en tant que praticien du processus collaboratif, c'est qu'encore faut-il vouloir sortir du conflit. Et moi, la limite de l'exercice, c'est quand on a un des deux clients qui finalement s'y trouve bien. Alors, en dépit de toute la bonne volonté de l'autre avocat, avec qui on a fait un bon travail, avec qui on fait équipe, une des personnes peut avoir un intérêt à rester dans cette situation-là. Donc, bon, c'est... j'ai envie de dire...

  • Speaker #0

    Mais là, on touche presque au domaine du psychologique, en fait. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui, c'est une problématique et on sait qu'il peut y avoir un intérêt à rester dans une situation conflictuelle.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, bon, on peut annoncer qu'on a envie d'avoir un dialogue, etc. Puis, intimement, au fond de soi, on a des intérêts contraires qui nous conduisent à penser qu'il y a un intérêt au statu quo conflictuel. Donc, pour moi, c'est ça la limite que j'ai trouvée. Mais finalement, de tous les processus que j'ai conduits, j'ai toujours pu bien travailler avec les confrères. Et dans une immense majorité de cas, les gens étaient extrêmement volontaires à se rencontrer. Ils étaient moteurs, ils étaient... j'ai envie de dire content d'être là tout en commençant parfois les entretiens en disant moi j'ai déjà eu des problématiques de couple où l'un des deux dit mais de toute façon j'ai rien à dire et puis finalement au moment où il prend la parole c'est une cocotte minute qui va faire sortir la pression cette expression aussi et c'était extrêmement nécessaire et ça va être le point de départ de la construction d'une nouvelle relation hum On va regarder différemment.

  • Speaker #0

    Exactement. Et le dossier est refermé.

  • Speaker #1

    Véritablement.

  • Speaker #0

    Et leur vie est transformée. Voilà.

  • Speaker #1

    Dans une grande majorité des cas, c'est ce qui va se passer avec simplement aussi quelques réserves qui tiennent parfois l'intérêt objectif au conflit, finalement.

  • Speaker #0

    Les réserves d'ordre psychologique, psychiatrique, tout ce qui ne permet pas de prendre des décisions solides. Donc l'alcoolisme aussi, la drogue, ça ce sont les contre-indications à l'amiable. Et c'est vrai que j'en ai eu quelques-uns récemment et on a dû conclure que ce n'était pas réalisable en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que dans les expériences de médiation, en tant que médiatrice avec justement un grand nombre d'avocats, c'est ta connaissance d'une certaine culture métier qui a été un facteur de réussite pour parvenir au travail collaboratif ?

  • Speaker #0

    Si, oui, aussi, tout à fait. Mais ça, je ne veux pas me mettre en avant. Mais c'est vrai que le fait qu'il y ait un avocat qui parle de vos avocats, en quelque sorte, ça permettait d'aider aussi.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'ai fait, ça m'impressionne.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'en tant que médiatrice, d'une façon générale, le fait que je sois avocate, il y a la culture juridique bien sûr, mais on sait de quoi on parle, on a aussi la même profession, donc ça rapproche.

  • Speaker #1

    Je te le partage comme un retour. C'est évident que je suis plus en confiance quand j'ai fait appel à toi en tant que médiatrice, parce que tu as une connaissance. de la problématique en droit, même si on va l'évoquer très peu. Mais c'est vrai que pour des sujets assez techniques, c'est plus difficile de faire appel à un médiateur qui n'est pas du tout dans la... Voilà, ça peut rassurer, même si ce n'est pas en soi un problème.

  • Speaker #0

    C'est bizarrement... je connais des médiateurs fabuleux, très hautes, du panier, qui ne sont pas juristes même, de format.

  • Speaker #1

    Oui, oui, mais... Qui ça rassure finalement ? Peut-être que ça rassure surtout les professionnels, en fait. Il y a peut-être un effet qu'on se rassure par quelqu'un qui nous ressemble, en réalité. Oui, tout à fait. Je voulais aussi t'interroger sur la phase préparatoire des médiations. Je crois que tu as tendance à faire assez peu d'entretiens préparatoires, mais qu'au cours des réunions en présentiel, tu utilises, en tout cas tu t'autorises à faire des apartés avec l'un ou l'autre. Qu'est-ce que cela te permet ?

  • Speaker #0

    Alors, ça dépend. Il y a les deux écoles. Entretien individuel, c'est plutôt... enseigner comme ça et ou pas d'entretien individuel. J'ai dû commencer en urgence, je pense, dans un dossier à ne pas faire d'entretien individuel et je me suis aperçue que ça me permettait de faire encore plus preuve de naïveté, de poser encore plus de questions aux partis. en leur faisant comprendre que je ne comprenais rien et qu'il fallait qu'ils m'expliquent beaucoup. Et donc, en fait, c'était la façon de les amener à s'expliquer entre eux beaucoup, puisque, en fait, moi, je suis de passage. Et j'ai trouvé ça très pratique. Alors, moi, je dis toujours que je ressemble à Colombo. Donc, je pose des questions qui ont l'air un peu idiotes, mais pour approfondir et toujours approfondir ce qui... pourrait être dit et en revanche, effectivement, quand je sens qu'il y a quelque chose qui bloque ou qu'une des deux parties doit me lâcher une information ou que je dois m'assurer de quelque chose en toute confidentialité auprès d'une des deux parties, je n'hésite pas à faire des apartés en plein milieu de la séance plénière. et ça passe très bien, mais je peux faire des apartés qui vont parfois jusqu'à 20 minutes quand il y a besoin. Mais ce sont de tels instruments de déblocage pour la suite, que c'est il ne faut pas hésiter. Je ne peux pas dire à quel moment, c'est vraiment presque intuitif. Je me dis, là je sens qu'il y a, il faut que je lui parle seul à seul avec son avocat.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a quelque chose qui n'arrive pas à être dit en collectif, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, il y a quelque chose qui bloque bizarrement. qui n'est pas exprimé et il va falloir qu'ils le disent au médiateur. Et puis bien évidemment, quand on retrouve la plénière, quand les autres reviennent ou qu'on revient dans la salle, je propose à son tour qu'il y ait une aparté avec l'autre partie.

  • Speaker #1

    Oui, tu fais un parallèle, c'est-à-dire que tu vas pas prendre une personne tout seul sans avoir donné le même temps à l'autre.

  • Speaker #0

    Je vais proposer, mais c'est pas toujours au même moment en fait. Pas toujours. Mais ce sont des instruments de déblocage.

  • Speaker #1

    Je confirme pour l'avoir vécu.

  • Speaker #0

    Ah oui, les appartements individuels ne sont pas forcément préalables.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Finalement, c'est un peu les appartements individuels qui intéressent.

  • Speaker #0

    C'est la technique que j'utilise.

  • Speaker #1

    En quoi ton expérience de médiatrice t'est utile dans tes engagements d'élus locales ?

  • Speaker #0

    Ah, alors, je ne suis plus élue depuis le 24 mars 2024. Ah, c'est récent. Je l'étais depuis 2001, cette grande année où je suis devenue médiatrice, avocat et élue. Ah oui,

  • Speaker #1

    dis donc, c'était ton

  • Speaker #0

    Mais j'ai été maire adjointe aux affaires scolaires pendant très longtemps, et il m'est arrivé de faire quelques médiations. Ensuite, j'ai été maire adjointe aux ressources humaines et à la culture. Alors, à la culture, il n'y avait pas de besoin, mais aux ressources humaines, j'ai utilisé les outils de la médiation. Sans le dire, mais en tout cas en les pratiquant, puisqu'il y avait bien évidemment des besoins. Mais ça sert dans la vie de tous les jours. Je m'en sers très quotidiennement. Comme tout bon médiateur, c'est une transformation de sa vie personnelle aussi. Quand on se met à pratiquer l'amiable, on en voit tellement les avantages. Il y a une espèce d'adoucissement de la vie pour soi et pour l'autre aussi. Donc en plus, non seulement on se fait du bien, mais on fait du bien à l'autre. c'est juste merveilleux. On ne va pas s'empêcher de faire... d'apporter de la douceur,

  • Speaker #1

    d'apporter de l'apaisement.

  • Speaker #0

    On ne fait pas marre.

  • Speaker #1

    On ne fait jamais marre charrière,

  • Speaker #0

    c'est sûr.

  • Speaker #1

    Sur un plan personnel, est-ce que tu as des ressources philosophiques, théoriques, qui t'ont servi de boussole, d'appui dans ton parcours, qui ont marqué un tournant ? Au niveau d'ouvrages que tu aurais pu lire ou de rencontres même avec des professionnels qui ont été marquantes, tu voudrais partager ?

  • Speaker #0

    Peut-être ma rencontre avec Alain Roy, avec qui j'ai travaillé pendant 16 ans en étant professeur tous les deux à l'EDAC, l'école du barreau de Versailles, qui m'a toujours enseignée, qui est quelqu'un qui pense. Comme moi et comme toi, tout le temps, amiable, médiation, dans la vie quotidienne, ajouter toujours des réflexions. Et il m'a toujours énormément apporté, donc Alain Roy est vraiment quelqu'un qui compte pour moi. Sinon, pour vraiment me dévoiler, mes ressources sont plutôt d'ordre spirituel. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu ne nous en diras pas plus.

  • Speaker #0

    Je ne t'en dirai pas plus.

  • Speaker #1

    Je ne suis plus le Je suis en tout cas. C'est très bien. Et alors, ce sera ma dernière question. As-tu interrogé ton propre rapport au conflit ? Est-ce que tu es plutôt dans l'évitement, la confrontation ou la paralysie ?

  • Speaker #0

    Je suis plutôt dans l'évitement.

  • Speaker #1

    Tiens donc. Oui.

  • Speaker #0

    Oui, naturellement, oui, je suis où j'étais. Plutôt dans l'évitement, j'étais, voilà, jusqu'à il y a peu, parce que je n'aime vraiment pas le conflit. Mais maintenant, je suis assez forte dans ma vie personnelle, bien sûr. Je suis assez forte pour aller trouver la personne et lui parler. de façon cache et sans lui faire de mal, en mode jeu, évidemment, en communication non violente, et pouvoir dire les choses, que les choses soient dites. Mais pour être tout à fait humble, jusqu'alors, j'étais plutôt dans l'évitement.

  • Speaker #1

    Mais ça t'a quand même renforcé dans une capacité à te confronter.

  • Speaker #0

    Ah oui, ah oui, oui, oui, oui. Me confronter, mais me confronter gentiment dans ce cas. Parce que le terme de confrontation est encore un peu dur pour moi, je trouve. Il a cette connotation. Mais dire les choses, dire les choses de la bonne façon. avec le regard qui va avec, l'absence d'agressivité. Pour ça, il faut avoir compris ses propres émotions, les avoir acceptées, les avoir traversées. Ça ne se fait pas dans la foulée. de la discussion pénible. C'est, voilà, il s'est passé peut-être quelque chose, on m'a peut-être dit quelque chose qui m'a déplu, je vais me calmer, je vais, voilà, et je vais retrouver la personne en lui proposant de faire la paix, ou de, voilà. Mais oui, j'en suis maintenant tout à fait capable, même dans ma vie personnelle.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Nathalie pour tout ce partage extrêmement riche et utile pour tous les médiateurs. Merci à toi,

  • Speaker #0

    il me plaît de le permettre.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, à bientôt. À bientôt ! Merci d'avoir écouté ce dernier épisode de la première saison du podcast Antidote. N'hésitez pas à le partager, à me faire part de vos remarques ou suggestions ou à l'évaluer sur Apple Podcasts. Cela aide à la diffusion du programme. Je vous retrouverai sans doute à la rentrée pour d'autres formats et d'autres entretiens. Et en attendant, je vous souhaite un très bon été. A bientôt.

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