Emilie RoullandCe sont des grandes tendances sociétales à 2050 qui ne sont pas une utopie. C'est un horizon atteignable si des choix politiques, scientifiques, industriels, économiques et sociaux sont faits dès aujourd'hui de façon audacieuse en fait. Ça demande une prise de conscience collective, un engagement fort en faveur de la durabilité, de l'équité et de l'innovation, qui sont donc autant de terrains d'application potentielle pour la teinture végétale et ses deux mains. Et en fait, les deux mains en question... C'est ce qu'on va dérouler au travers de cinq futurs potentiels qui, eux, décrivent finalement comment la teinture végétale est en train de se transformer à la lumière de ces méga-tendances à 2050. Le futur numéro un, c'est la biologie et les couleurs intelligentes. Le futur numéro deux, c'est la couleur soin. Le futur numéro trois, c'est la circularité et la durabilité. Le futur numéro 4, c'est l'approvisionnement, la transparence et la traçabilité de couleurs. Et le futur numéro 5, les savoir-faire ancestraux, la pédagogie, l'innovation et l'intégration. On va rentrer dans chacune d'entre elles progressivement avec ce qu'on appelle des murmures du monde, ce qui existe déjà en ce sens, et finalement des scénarios de ce qui pourrait voir le jour d'ici 2050, en ce sens. Le premier futur des couleurs tinctoriales, des plantes tinctoriales et de la couleur végétale, c'est ce qu'on appelle la biochimie et les couleurs dites intelligentes. Existe déjà en ce sens Colorfix et H&M qui travaillent avec le Royaume-Uni depuis un certain temps, qui consistent à infuser la couleur avec des colorants microbiens par exemple. Ça utilise des micro-organismes génétiquement modifiés pour produire des pigments naturels par fermentation en remplaçant les colorants synthétiques. et en éliminant les produits chimiques toxiques. Grâce à ce procédé biologique évolutif, c'est compatible avec des machines de teinture existantes et ça propose une alternative dynamique, économique et écoresponsable qui redéfinit la création de couleurs pour un avenir de la mode plus durable. En termes de murmures de la couleur intelligente, on a aussi The Unseen Beauty, qui est anglais également. C'est un maquillage pour les yeux, des ombres à paupières thermoréactives avec des pigments d'algues. Ce sont des alternatives durables et non toxiques qui offrent une couleur différente pour chaque personne tout en éliminant activement le CO2. C'est présent dans les eyeliners, les mascaras, les ombres à paupières noires. Et le pigment noir de carbone est obtenu par combustion partielle de pétrole brut ou de gaz naturel. Et pour chaque litre d'algaé black, ils éliminent 4 litres de dioxyde de carbone de l'atmosphère. Donc il y a une logique d'amélioration de l'environnement. grâce à des couleurs intelligentes. Et grâce à ça, en fait... C'est incroyable. Oui, c'est assez génial. Disons que c'est des choses qui sont balbutiantes, qui sont encore en R&D, ou alors qui commencent à sortir des laboratoires, mais qui ne sont pas encore démocratisées ou vulgarisées. Et là, en l'occurrence, au fur et à mesure, ça va devenir une norme. Mais ça fait partie des choses qui se dessinent pour l'avenir. Et donc, du coup... 7 scénarios d'avenir potentiels par rapport à ces biochimies et couleurs intelligentes. Il y aurait une amélioration des performances. La R&D se concentrera sur l'amélioration de la solidité des couleurs, de la résistance au lavage et à la lumière, les rendant plus compétitives avec les teintures synthétiques traditionnelles. Ça pourrait impliquer de nouvelles méthodes d'extraction, de mordansage et de fixation des pigments. En d'autres termes, des alternatives moins toxiques. En termes de bioingénierie et de production de pigments, ce sera... En d'autres termes, la bioingénierie pourrait permettre de modifier génétiquement les plantes ou des micro-organismes pour produire des pigments spécifiques avec des propriétés améliorées, en termes d'intensité, de solidité ou de gamme de couleurs, ce qui ouvre la voie à une production de pigments « sur mesure » . Les teintures multifonctionnelles seront intégrées aux matériaux. Les pigments végétaux pourraient être ainsi intégrés directement dans la structure de nouvelles fibres biosurcées, La cellulose régénérée par exemple, des fibres issues de déchets agricoles. lors de leur fabrication, ce qui leur conférera non seulement des propriétés protection UV, mais aussi antimicrobiennes ou même des capacités de captation de polluants. Donc finalement des textiles intelligents par exemple, complètement dépolluants. On parlera aussi de design computationnel et d'optimisation des recettes. En d'autres termes, l'intelligence artificielle pourrait être utilisée pour concevoir des recettes de teinture complexe. mais aussi prévoir des résultats sur différents types de fibres, ce qui aujourd'hui reste expérimental, et d'ainsi d'optimiser l'utilisation des ressources. Faire moins d'expérimentation, ça veut dire aussi préserver la matière. qui dit optimisation des recettes, dit aussi réduction des mordants, et donc alternative plus écologique. En recherche, on travaille aussi sur des applications de nouvelles techniques de mordant sage, utilisant des substances et des solutions sans mordant, grâce à des modifications de fibres et ou des pigments. En d'autres termes, moins de produits pour fixer la couleur égale réduction de, non pas de déchets, mais de polluants. Et donc du coup, alternative écologique en tant que telle. Il y aurait aussi d'ici 2050 des combinaisons de couleurs complexe et beaucoup plus durable, avec une maîtrise accrue des techniques de teinture végétale pour obtenir une gamme de couleurs plus étendue, des nuances plus vives et une meilleure solidité au lavage et à la lumière, ce qui pose bien souvent souci, en rivalisant avec des performances des teintures synthétiques, tout en étant respectueuses dans l'environnement. Donc en d'autres termes, aujourd'hui, les teintures synthétiques se sont inspirées des teintures végétales, aujourd'hui c'est l'inverse, mais de façon respectueuse. On aura aussi une bioproduction de pigments. La biologie synthétique pourrait permettre de produire des pigments végétaux ou des molécules précurseurs par fermentation microbienne, ce qui offre une alternative potentiellement plus durable et contrôlée à la culture traditionnelle. Donc là encore, l'idée c'est de valoriser les sols, ou en tout cas de faire attention, en se disant qu'on peut créer des pigments végétaux sur mesure, et donc grâce à des techniques. à la fois ancienne, mais pensée de façon contemporaine, on peut arriver à des choses qui soient de l'ordre de la bioproduction.
ArtEcoVert Pauline LerouxC'est incroyable ce futur, parce qu'en fait, j'ai l'impression qu'il est déjà presque là, mais dans des petites niches, de petits projets. Parce qu'en fait, tout à l'heure, vous parliez des organismes... Moi, j'ai tout de suite noté les OGM dans... dans le sens des organismes qu'on viendrait modifier pour produire plus de pigments ou autres, etc. C'est exactement le sujet de conversation que j'avais tout à l'heure avec un extracteur industriel qui expliquait que tous ses copains de promo étaient partis aux États-Unis et travaillaient là-dessus parce qu'aux États-Unis, les organismes génétiquement modifiés sont autorisés notamment sur la recherche, alors que chez nous, c'est interdit. Et en fait, ils disaient qu'ils avaient déjà trouvé des choses là-bas sur ce point de vue-là. Et je l'ai aussi interrogé sur, moi, ce que j'appelle les biotechnologies, mais liées aux végétales, ce que ça donnait. Et c'est l'objet du prochain épisode sur ce sujet-là. Donc, ça me parle. Et tout ce que vous avez dit, captation des polluants, ça existe déjà. Il y a des études qui sortent comme quoi, grâce à des végétaux, on arrive à dépolluer des usines qui rejettent des effluents toxiques, polluants, on va dire. Donc, en fait, j'adore ce mot de murmure du monde parce que c'est exactement ça. moi qui suis dans le sujet et qui essayent d'avoir des oreilles un peu partout, j'ai l'impression que ce que vous venez de me raconter, en fait, il n'y a aucun point que je me suis dit « Oh non, ça ne me parle pas trop » . Là, en fait, j'ai vraiment l'impression que c'est déjà initié et qu'en fait, il faut encourager ces démarches-là.