ArtEcoVert Pauline LerouxBonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications que ce soit dans le textile l'ameublement l'artisanat la décoration et dans d'autres domaines chaque jeudi et samedi à 7h30 je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur mon but fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies Alors c'est parti ? Bonne écoute ! Bonjour à tous, je voudrais vous partager aujourd'hui une découverte incroyable qui est tombée le 5 septembre qu'on intitule quand Homo sapiens a vu le monde en bleu, la première teinture végétale de l'histoire. Alors aujourd'hui je vous emmène il y a 34 000 ans, je crois qu'on n'est jamais revenu aussi loin, donc bien avant les pyramides. bien avant l'écriture, nos ancêtres homo sapiens avaient déjà trouvé le moyen, accrochez-vous, de transformer les feuilles en couleurs. Donc une équipe internationale de chercheurs vient de publier une découverte fascinante dans la revue Plowan, je vous mets les liens dans le descriptif de l'épisode, comme ça vous pouvez aller tout lire. Ça se passe dans la grotte de Dzudzuana, en Géorgie. Ils ont retrouvé des galets de pierre, et sur ces galets de pierre, ils ont retrouvé des résidus de guède, Isatis, Tinctoria ou waide, le fameux bleu pastel des teinturiers. C'est la fameuse plante qui produit l'indigo, donc un bleu profond qui colore encore aujourd'hui certains de nos jeans. Et en fait, ce n'était pas un hasard. Les analyses physico-chimiques sont claires, il n'y a pas de doute. En fait, dans les micro-fissures des galets retrouvés, les scientifiques ont identifié de l'indigotine. C'est une molécule rare qui est insoluble dans l'eau et qui ne se révèle qu'après transformation des feuilles. Et attention, cette transformation, ce n'est pas anodin. Pour nous, les experts de la teinture, vous savez de quoi on parle, ce que ça engage. En fait, cette transformation en indigotine, elle demande de broyer les feuilles, de libérer les précurseurs de l'indigo. puis de les exposer à l'air pour déclencher de l'oxydation. Donc, en clair, ce n'est pas une tâche ou un seul, un simple jus de plante ou une découverte qui a été faite par hasard. C'est un processus chimique. Alors, on s'arrête. Qu'est-ce que ça veut dire sur cette découverte ? En gros, ça voudrait dire que nos ancêtres n'étaient pas seulement des chasseurs-cueilleurs obsédés par leur survie comme ça a beaucoup été décrit. En fait, ils observaient, ils expérimentaient. Et ils savaient que certaines plantes avaient d'autres pouvoirs que soigner, se protéger, manger, marquer et finalement colorer. Et donc l'usage des plantes, bien au-delà de la nutrition, faisait déjà partie de leur écologie de savoir. On n'a retrouvé aucun tissu teint, donc il n'y a pas eu de parure bleue. à Dzudzuana dans la grotte par exemple, mais ces galets usés, polis, rayés, que vous verrez dans l'étude scientifique, racontent autre chose, ils racontent l'intention. L'intention de transformer la matière vivante en quelque chose qui est d'abord invisible à l'œil nu, mais qui, avec le geste, avec la technique, devient une couleur, le fameux bleu. Et la guêde, je ne sais pas si tu connais, ses propriétés également médicinales, vous savez que sur le podcast, on en parle aussi, couleur et santé, notamment avec Delphine Talbot, je vous invite à aller écouter son épisode, elle avait aussi des propriétés antimicrobiennes, anti-inflammatoires. Alors, est-ce que c'était une teinture, un remède, ou est-ce que c'était symbolique ? Et donc en fait, les chercheurs disent que c'est peut-être les trois. Et ça, c'est incroyable, parce qu'en fait, on voit ici qu'il y a une frontière entre le côté ultra-technique, parce que c'est une... une manipulation, comme on l'a expliqué plus haut, qui ne peut pas se trouver comme ça par hasard. C'est vraiment quelque chose qui a été réfléchi. Qui peut être l'utilisation du bleu pour une technique très compliquée, complexe ? Ça peut être aussi pour le soin et aussi pour le culte, les croyances, etc. Donc imaginez-les, ces humains du paléolithique supérieur, dans un monde encore glaciaire. Ils avaient déjà ce geste de broyer les feuilles, de faire apparaître des nuances rares de bleu. Et là, on prouve que ça n'est pas de la survie. C'était de l'intelligence, de l'esthétisme, et peut-être même, supposent les chercheurs, une quête de sens. Alors pourquoi c'est fascinant pour nous aujourd'hui ? Parce que ça bouscule clairement la vision qu'on avait du progrès. Il y a beaucoup, si vous avez regardé des reportages sur Arte ou sur Homo sapiens, on croit toujours que la chimie des couleurs avait commencé avec les Égyptiens, ou dans les teintures médiévales. Et en réalité, là, avec cette découverte en Géorgie, à Zuzuana, il y a 34 000 ans, on décale notre repère de base en se disant que l'humain avait déjà franchi cette étape, utilisait déjà des plantes non alimentaires pour travailler des propriétés invisibles, chimiques, et certains diront presque alchimiques. Et si finalement Homo sapiens était devenu sapiens le jour où il a commencé à colorer le monde, c'est la réflexion qu'on peut avoir. Donc voilà pourquoi cette découverte, moi, elle me fascine, elle me passionne, et elle implique un tournant, donc pour nous, acteurs de la couleur, végétales, mais aussi, vous l'imaginez, pour la description de l'homo sapiens et de ce qu'il cherchait déjà à l'époque, et pas un vulgaire chasseur-cueilleur, voilà. J'espère que ça vous fascine autant que moi ça me fascine, je vais suivre avec grand intérêt ces découvertes et ces parutions. Je vous mets dans le lien du descriptif de l'épisode l'étude scientifique des études des fissures, des micro-fissures, des galets, des méthodes physico-chimiques qui ont été employées pour révéler l'indigotine, la datée, etc. Je trouve ça passionnant. Je vous invite à aller consulter les autres épisodes Zoom ou les épisodes avec les invités et aller sur la page Instagram Artecovert, A-R-T-E-C-O-V-E-R-T, pour y retrouver et deviner les futurs invités du podcast, mais notamment retrouver des sources écrites de tout ce que nous abordons dans les épisodes Zoom. Belle journée à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale indigo tendance innovation nuances cosmétiques biotechnologies couleurs du vivant