#E100 - Tony Jouanneau - ATELIER SUMBIOSIS - Eco Design, Bio ennoblissement quand la couleur végétale n’est pas l’unique ressource cover
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ArtEcoVert La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

#E100 - Tony Jouanneau - ATELIER SUMBIOSIS - Eco Design, Bio ennoblissement quand la couleur végétale n’est pas l’unique ressource

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1h29 |30/01/2025
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Description

Savez-vous que la teinture végétale, avec ses couleurs vibrantes et ses méthodes durables, pourrait transformer notre manière de concevoir la mode ? Dans cet épisode captivant d'ArtEcoVert, "La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales", Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de couleur végétale, reçoit Tony Jouanneau, designer et enoblisseur textile reconnu. Ensemble, ils plongent dans l'univers fascinant des colorants végétaux et des plantes tinctoriales, révélant les secrets d'un artisanat en harmonie avec la nature.

Tony, dont le parcours est marqué par l'influence de ses grands-mères couturières, partage son expérience unique dans le secteur du luxe, où il a collaboré avec des maisons de couture prestigieuses. Au fil de la discussion, il souligne l'importance cruciale de la symbiose entre le vivant et les matériaux, ainsi que les défis liés à l'ennoblissement textile à travers une approche éco-conçue. Les auditeurs découvriront comment des pigments végétaux, tels que l'indigo et la garance, peuvent être intégrés dans des processus de coloration capillaire végétale, et comment ces choix impactent l'industrie de la mode.

Les échanges entre Pauline et Tony mettent également en lumière ses recherches novatrices sur le biodesign et la biofabrication. L'utilisation de ressources biologiques pour répondre aux enjeux environnementaux est au cœur de leurs préoccupations. Ils parlent de l'importance de collaborer avec d'autres artisans et chercheurs pour promouvoir des pratiques durables, tout en soulignant la nécessité d'une communication efficace pour faire connaître l'impact positif de la teinture végétale et des colorants biosourcés.

À la fin de cet épisode inspirant, Tony recommande un livre qui a profondément influencé sa vision et propose de passer le micro à Marie-Sara, une chercheuse en biofabrication, pour continuer cette exploration passionnante. Ne manquez pas cette occasion d'en apprendre davantage sur le jardin tinctorial et l'agriculture tinctoriale, et découvrez comment les couleurs de plantes peuvent enrichir notre quotidien tout en respectant notre planète.

Rejoignez-nous pour une belle écoute et laissez-vous inspirer par les possibilités infinies offertes par la couleur végétale et les plantes tinctoriales. Pauline.


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🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin


Bonne écoute


Pauline



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Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art,

  • Pauline ArtEcoVert

    d'écologie et de verdure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute !

  • Pauline ArtEcoVert

    Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast à récovers Tony Jouanneau de l'atelier Sumbiosis. Bonjour Tony.

  • Tony Jouanneau

    Bonjour Pauline.

  • Pauline ArtEcoVert

    Alors Tony, on rigole parce que j'ai enfin réussi à prononcer le nom de l'atelier correctement. Déjà je suis très contente de vous accueillir parce qu'on va élargir un peu le champ et ne pas parler que du végétal mais aussi d'autres choses. Je vous en remercie et je voulais commencer avec vous par vous présenter pour les auditeurs votre parcours et comment vous en êtes arrivé à cette histoire de symbiose entre le vivant et les matériaux parce que ce sont des sujets qui nous intéressent sur le podcast. Merci. Donc c'est à vous Tony pour vous présenter pour les auditeurs.

  • Tony Jouanneau

    Ok, ça marche. Donc je m'appelle Tony Joanneau, je suis designer et enoblisseur textile. Alors, mon parcours. Donc j'ai, moi j'ai été élevé en partie par des grands-mères couturières, tricoteuses et l'une de mes grands-mères était chef d'atelier d'une ganterie dans le Loir-et-Cher. et je crois que c'est vraiment elle qui m'a donné une certaine appétence pour les matériaux souples et pour le textile au départ, plus particulièrement pour le cuir, mais en tout cas pour les matériaux souples en général. Et donc j'ai suivi des études au Beaux-Arts, qui est devenu une école d'art et de design, les SAD d'Orléans, donc ça c'était en 2005. Et durant mes études, j'ai fait la connaissance d'un designer textile qui s'appelle Tsuri Geta, qui était enoblisseur textile et qui travaillait à partir d'un brevet qui alliait le silicone et l'étoffe. J'ai été complètement fasciné par ce brevet à partir duquel on pouvait fabriquer toutes sortes de matières organiques très inspirées du vivant et plus particulièrement de coraux ou de formes d'organismes qu'on peut trouver dans les fonds marins. et j'ai commencé en fait à faire un stage chez lui, ça a très bien marché, on a fait des concours ensemble, et il m'a embauché à l'issue de mes cinq années d'études, et j'ai travaillé dans cet atelier pendant sept ans. Je me suis formé au métier d'ennoblisseur textile en travaillant au sein de son atelier. J'étais en charge du département design, mise en volume des tissus. L'activité principale, c'était du bijou, bijou contemporain, parfois des pièces uniques. On faisait un peu de tout à l'atelier. Je me suis formé évidemment à cette technique, à ce brevet de textile siliconé. Et en parallèle, j'étais aussi en charge de développer d'autres techniques, mais surtout de concevoir des objets, voire de carrément changer d'échelle, d'aller jusqu'à des installations. Et c'est aussi ce qui m'a fasciné dans ce travail de l'ennoblissement textile, c'est ces changements d'échelle du bijou à l'installation. et en 2016, au bout de 7 années de pratique, j'ai travaillé, et ça je dois le préciser aussi, grâce à Tsuri, avec beaucoup de maisons de couture, j'ai travaillé dans le milieu du luxe, et c'est un milieu qui est très exigeant, et le fait de travailler au sein d'un atelier en faisant, finalement... Je dirais que l'apprentissage a été peut-être plus intuitif, plus sensible à plein d'endroits. Je trouvais personnellement qu'il me manquait une approche théorique sur les technologies textiles. Je me suis formé aussi en parallèle, mais je ne l'ai pas précisé. lorsque j'étais chez lui, je prenais des cours du soir, des cours qui sont très bien faits, des cours municipaux de la ville de Paris, je ne sais pas si vous connaissez. Non. C'est des cours pour adultes, et moi j'avais pris un cours sur les technologies textiles, et un autre cours avec une personne qui avait fait les arts déco, Hélène Guénin, et c'était un cours sur la couleur et ses applications professionnelles. Il se trouve que chez Torrigas, C'est souvent moi qui faisais les teintures. Ça me plaisait beaucoup. Je pense que j'avais une... une sorte d'intuition pour les associations colorées. Et donc, j'ai voulu pousser un peu, comprendre théoriquement, symboliquement, le travail de la couleur et voir comment, à travers certains codes, je pourrais me le réapproprier dans ma pratique. Donc ça, c'était Hyperformateur. J'ai adoré ce cours qu'on avait avec Hélène Guénin. à travers l'histoire de la couleur, ça symbolique, mais aussi sur un travail de colorisme plus précis où on faisait des gouachés. Ça, ça m'a vraiment beaucoup plu. Et donc, en 2016, je ne voulais plus travailler avec la silicone. pour plusieurs raisons, mais il se trouve que l'ennoblissement textile, à plein d'endroits, c'est un monde de chimie, avec des chimies souvent nocives, et j'ai donc choisi de réorienter ma pratique et de reprendre des études à l'ENSI Les Ateliers, l'École Nationale Supérieure de Création Industrielle, à travers un master spécialisé qui s'appelle Création et Technologie Contemporaine. Et à travers ce master, j'ai pu faire un bilan sur ma pratique et j'ai choisi de réorienter ma pratique dans l'ennoblissement sur l'éco-conception. Donc j'ai commencé à pas mal étudier les moyens et j'ai compris qu'il fallait vraiment que je m'attaque aux procédés, aux processus de fabrication pour pouvoir la réorienter. Et je suis tombé aussi complètement, je ne vais pas dire qu'en admiration, mais j'ai découvert... Beaucoup de nouvelles postures de recherche sur un domaine émergent qui était le biodesign et la biofabrication. Le biodesign, c'est un principe de convergence entre la biologie, qui va identifier des principes, des fonctions et des mécaniques du vivant, et le design qui va transférer ces principes dans des applications humaines, en pensant la fonction, l'usage, le dispositif ou la fabrication. Et moi, ce qui m'intéressait, c'était plutôt le domaine de la biofabrication et voir comment une ressource biologique pourrait, à un endroit précis, répondre à une pollution de l'ennoblissement textile. ou d'un savoir-faire plus précisément, de l'ennoblissement textile. Ce concept-là s'est affiné peu à peu. J'ai travaillé sur de la méthodo. J'ai fait beaucoup de méthodologie quand j'étais dans cette année d'études. Et je me suis entouré d'experts scientifiques. L'idée de ce... Le projet, c'était de mettre en place des hypothèses créatives, de prendre plusieurs savoir-faire de l'ennoblissement textile et de comprendre comment je pourrais les réorienter à travers des hypothèses créatives en leur faisant rencontrer des ressources biologiques régénératives, voir en quoi ces ressources pourraient contrecarrer des pollutions, être intéressantes en termes de production. et c'est un peu comme ça que j'ai fondé l'atelier Sumbiosis et je me suis donc plus précisément intéressé à un principe biologique qui a donné son nom à mon projet, c'est la symbiose et la symbiose dans le vivant, elle peut être... manichéenne, soit parasitaire, soit vertueuse, et évidemment j'ai choisi le côté vertueux, l'idée étant d'associer un traitement à un tissu, ou une matière souple, dans une optique symbiotique et écologique. Et donc j'ai commencé par un premier domaine qui est la recherche. En fait, sans m'en rendre compte, je me suis lancé dans de la recherche fondamentale. Je me suis entouré pour plusieurs de mes recherches de chimiste, physicien ou biologiste. Toute cette recherche à l'ENSI, elle était... Alors voilà, quand on est étudiant, on bénéficie peut-être... une approche un peu plus facile auprès de tous ces partenaires. Après, il faut pouvoir changer l'essai. Il y a quelque chose quand même qui m'a vraiment frappé dans le milieu scientifique académique, c'est cette ouverture. En fait, j'ai trouvé que c'était un milieu qui était peut-être assez fermé et qui était en demande de profils comme le mien, qui avait vraiment envie que les disciplines soient plus poreuses. Et donc je me suis dit que l'atelier allait devenir une sorte de laboratoire d'ennoblissement collaboratif. C'est un petit peu comme ça que ça s'est lancé. Je n'avais pas, en revanche... une perspective très très arrêtée sur ce que j'allais faire à l'issue de l'ANSI, mais il se trouve que j'ai arrêté l'ANSI, donc ça a duré un an, un an et demi à peu près le master, et j'ai fait un programme de la Fondation d'entreprise Hermès, en fait j'ai passé un concours et j'ai été lauréat de ce programme qui était vraiment fabuleux, qui s'appelle l'Académie des savoir-faire, et qui portait en 2019 sur les textiles. Donc l'Académie des savoir-faire, c'est un programme qui est porté depuis plusieurs années par la Fondation d'entreprise Hermès. L'idée étant de mettre à l'honneur, tous les deux ans je crois, ce qu'ils appellent un matériau premier. Il y a eu le bois, le métal, la terre, la pierre. le vert et évidemment les textiles. Et donc j'étais ravi de pouvoir rencontrer, on était 22 académiciens avec des profils d'artisans, designers et ingénieurs. L'objectif de ce programme, c'est de nous perfectionner, de porter une réflexion sur la matérialité textile dans son ensemble, d'un point de vue historique, sociologique, philosophique. D'ailleurs, ce sont des matinales qui sont mensuelles, sur les six premiers mois de l'année, ouvertes au public. C'est sur inscription, mais ce sont vraiment des très beaux moments. et donc plusieurs experts vont venir parler d'un sujet en particulier, d'un angle sur ce sujet du matériau. Et nous, le reste du week-end, les académiciens, on allait un peu partout en France rencontrer des ateliers, des entreprises ou des experts sur un domaine particulier. du textile, de la fibre ou de l'ennoblissement. Et à l'issue de ce programme, on avait aussi des semaines de workshop où on travaillait sous la direction pédagogique de Mathalic. Et c'est durant ce programme que plusieurs personnes, et donc pour les nommer précisément, c'est Juliette Vergne que vous avez... Donc Juliette est dans mon groupe de recherche. Il y a aussi Capucine Bonnetère avec qui on s'est super bien entendus. Notamment ces deux personnes-là qui me reviennent tout de suite en tête, qui m'ont parlé de la couleur végétale. des formations en couleur végétale, puisque je ne l'ai peut-être pas précisé avant, mais moi j'avais commencé de mon côté à intégrer le végétal dans certaines de mes recherches, notamment des recherches autour de la cellulose bactérienne, mais il se trouve que je le faisais de manière très empirique, en autodidacte, avec des livres, et je choisissais le végétal parce qu'il me permettait dans des procédés... de transformation chimique et biologique, de ne pas perturber certains organismes. Donc, je ne l'ai pas choisi par hasard. En fait, c'est vraiment venu soutenir certains procédés de recherche que j'ai fait. Et j'ai une recherche en particulier sur l'impression de cellulose bactérienne sur tissu, où l'idée était de venir aussi allier certaines couleurs végétales dans le procédé. Donc, j'avais commencé à intégrer certains... certains extraits dans cette cellulose et effectivement pour ne pas perturber le liquide bactérien le végétal était la première réponse en couleur et la plus pertinente et donc à l'issue de ce programme il y a eu le covid donc grande pause et pendant le covid j'en ai profité pour faire moi me lancer un peu dans la teinture de mon côté aussi en autodidacte donc j'avais monté un petit labo dans le sous-sol de chez ma belle-mère. Et j'ai commencé à faire pas mal d'expérimentations, de nuancier. Et je m'étais associé juste avant le Covid avec une botaniste qui s'appelle Jeanne Basile, que j'avais rencontrée au sein d'un laboratoire communautaire où je suis resté pendant... un an et demi aussi en résidence, c'est le laboratoire communautaire de la Payasse, où étaient menées des actions d'amorçage de projets entrepreneuriaux à la croisée de la science et d'autres disciplines. Ça, c'est un endroit vraiment génial, où j'ai pu construire mon réseau scientifique. Et en tout cas, par la paillasse, j'ai pu rencontrer Jeanne. Et avec Jeanne, on avait le projet de faire un nuancier aux couleurs de Paris. Et on s'était intéressé aux friches urbaines. Donc on avait commencé à travailler en cueillette sur certaines friches. Et voilà, après il y a eu le Covid, Jeanne a déménagé. Donc moi j'avais commencé à nuancer autour de ça. J'en ai profité pour le continuer un peu pendant le Covid. Et dès que les premières restrictions sanitaires ont été levées, on est parti dans le Luberon avec mon compagnon. et je voulais à tout prix aller au jardin conservatoire des plantes tinctoriales et aller chez Couleur Garance donc c'était fermé je me souviens à ce moment là donc j'ai fait un forcing sur Facebook en disant ouvrez-moi s'il vous plaît et en fait ça a été ma première rencontre avec Lise Lise Camoin qui m'a qui m'a ouvert la porte et je me souviens parce qu'elle avait un petit petit Elle était couverte de bleu, elle était dans l'indigo. Avec Aromi, elles étaient couvertes de bleu, elles étaient dans une grosse pote d'indigo. Et ouais, elles m'ont accueilli hyper chaleureusement, et j'ai été tout de suite enchanté déjà par le lieu dont on m'avait dit beaucoup de bien. J'avais évidemment entendu beaucoup parler de Michel, et j'ai... là, j'ai compris que quelque chose allait s'actionner autour de la teinture végétale. Ce ne serait pas la tiers partie de mon activité, mais qu'en tout cas, j'ouvrais une porte qui n'allait plus se refermer. Donc, ça, c'est vraiment avec l'iséromie que ça s'est fait. Et puis après, j'ai... Je me suis quand même formé sur de la fabrication de pigments avec Lise, un étudiant qui avait embarqué mon compagnon avec moi. On l'a fait ensemble et c'était vraiment très chouette. Et après, moi, de mon côté, dans la mesure où sur la recherche, je mettais en place beaucoup de protocoles, scientifique et chimique. Si vous voulez, ce n'est pas un truc qui me rebute assez vite. J'ai compris les méthodes et assez vite, j'ai pu me les approprier. Donc, voilà, il existe plein de chimies différentes. loin de moi l'idée de penser que je suis un expert de la teinture végétale, vraiment pas du tout. Je sais qu'il y a des gens, des vrais chercheurs, comme Michel, Clément, Sandrine, des gens, Clément Bautier, je ne l'ai pas rencontré, mais je sais que Sandrine m'en a parlé, et là je sais que c'est des personnes qui œuvrent d'un point de vue de la recherche. Par contre, j'avais rencontré Dominique Cardon par le biais de la Fondation d'entreprise Hermès. On avait eu une conférence avec elle et j'ai été retourner discuter avec elle dans une autre conférence. Et pareil, Dominique, elle m'avait fasciné dans son approche théorique, toute la recherche qu'elle a faite. Et puis, voilà. En tout cas, la chimie ne me faisait pas peur, ne me fait pas peur. Donc, assez vite, je peux m'approprier des protocoles. Et puis, ce que je n'ai peut-être pas dit aussi, c'est que… Du coup, j'avais cette activité de recherche, mais en parallèle, j'ai une activité de transmission, une activité pédagogique qui s'est mise en place. J'ai une première demande de l'ENSI et des arts décoratifs par le biais d'Aurélie Mossé sur... de nouveaux modèles de recherche, de rencontres entre des savoir-faire traditionnels et des recherches en biologie. Donc j'avais commencé à animer des workshops à l'NCD autour de ça. J'en ai fait un aussi avec Aurélie aux arts décoratifs, qui s'appelait Nouveaux savoir-faire. Et puis après, ça a un petit peu basculé parce qu'en fait, c'est des formats courts sur une semaine. Et quand on travaille sur ces procédés, on est souvent confronté à des matières en culture qui demandent un temps, des procédés de croissance. Et pour ça, des formats studio sur un semestre sont parfois plus adaptés. Et donc après, à l'ENSI, j'ai proposé un studio expérimental qui s'appelait Matières à cultiver, où là, les étudiants avaient vraiment le temps de s'emparer. d'un protocole entouré bien sûr d'une expérience quantique à chaque fois, mais de pouvoir aussi observer les temps de croissance et voir en quoi ça pouvait déterminer une preuve de concept intéressante ou non, ou la réorienter en fonction. Et donc à l'ENSI, sur les formats workshop, le département textile m'a demandé de... revoir les choses. J'avais discuté avec plusieurs personnes, mais Dominique Cardon, sur la valorisation de déchets organiques, je me souviens qu'il y avait une matinale en 2018 super intéressante, où Dominique Cardon présentait une partie de sa recherche, mais qu'en parallèle, on avait Pili Bio, justement, qui était présent ce jour-là et qui présentait aussi la recherche. Donc là, c'était vraiment les confrères. Oui, il faudrait que vous retourniez sur cette matinale, elle est vraiment super. À l'ENSI, on demande, en tout cas, on incite les étudiants. à porter une recherche et la mettre en perspective dans le secteur industriel. Moi, ce n'est pas du tout mon secteur de prédilection. J'ai toujours travaillé dans l'artisanat, voire l'artisanat d'art. Mais en tout cas, je dois leur donner des clés pour ça et je dois les inciter à mettre ces recherches en perspective pour l'industrie. on m'avait demandé d'animer un atelier en teinture végétale et je leur avais dit non mais moi la teinture végétale, il y a d'autres experts qui peuvent faire ça. En revanche, ce que je trouverais intéressant, c'est de travailler de manière frugale sur la valorisation de déchets organiques et du coup à partir de ces premières recherches, commencer à mettre en place encore une fois des hypothèses de concepts pour l'industrie. Donc en fait c'est un... un workshop qui commençait par un banquet. Je trouvais qu'on n'avait plus jamais besoin de se retrouver après toute cette période Covid. Je voulais fédérer autour du banquet, donc un banquet initial où on partageait, il y avait quand même évidemment des ressources choisies, des ressources qui avaient un potentiel colorant. L'idée, c'était d'emmener ensuite les étudiants sur une... demi-journée à faire des récoltes sur le territoire parisien, enfin vraiment en ville, et donc faire surtout les fins de marché, et aller à la réserve des arts pour récupérer aussi des tissus naturels de seconde main. et en gros, coloriser nos poubelles à travers des premières gammes textiles colorées. Donc ça va très très vite, c'est une semaine super intense, et en fait c'est un format qui a été beaucoup apprécié, et depuis, je le refais tous les ans, je trouve que c'est un workshop qui est très inspirant, c'est aussi une première incursion dans le milieu de la couleur organique, qui est très accessible pour tout le monde. donc j'ai une première journée d'incubation avec beaucoup d'entrées en théorie, où je leur donne quand même beaucoup de clés théoriques sur les transformations des ressources, mais aussi sur des lieux ressources pour après aller se former plus précisément, et c'est vrai que ça plaît beaucoup parce que... de proximité de toute façon, de la même manière qu'on va prendre de plus en plus attention à ce qu'on mange, et on le voit bien avec le bio qui est arrivé dans nos assiettes, maintenant c'est complètement établi. en 15 ans, je pense. Il y a eu quand même un bouleversement dans nos assiettes. Je pense que de la même manière, on va glisser ces questions-là autour du vêtement et de la manière...

  • Pauline ArtEcoVert

    J'aimerais. J'aimerais tellement. Et du coup, dans les biodéchets que vous utilisiez, il y avait style peau d'avocat, peau de grenade, oignon... Oui,

  • Tony Jouanneau

    c'est ça. Oui, voilà, enfin, ceux qu'on peut trouver en tout cas sur les marchés en saison au mois de février. Intéressant. En saison au mois de février, donc ce n'est pas forcément le moment le plus adapté, mais voilà. Et donc, ils expérimentent. Chaque année, je mets l'accent sur un procédé. Donc, la première année, c'était vraiment que teinture. Après, on a fait impression. impression de mordant et révélation et puis des fois je mélange un peu je leur donne ce qu'ils ont envie de tout faire mais on ne peut pas tout faire en une semaine donc souvent un groupe en une ressource et pour compléter un peu l'avant dernier jour je ramène des extraits végétaux et ils ont le droit de compléter la gamme avec un peu de couleur végétale je monte quand même une cuve d'indigo en début de semaine parce que je Je trouve que c'est toujours magique et pour ceux qui n'en ont jamais fait, c'est quand même génial de pouvoir… toucher à l'indigo. Moi, en tout cas, c'est la couleur que je préfère. C'est ce que je préfère.

  • Pauline ArtEcoVert

    Non, mais c'est dingue. Comme elle est magnétique, cette couleur, il y a plein de gens qui sont en amour de l'indigo. C'est incroyable. Et c'est toujours la même approche dans la manière de le dire en disant, je ne sais pas pourquoi, mais l'indigo, c'est marrant d'entendre ça.

  • Tony Jouanneau

    Je crois que je... Enfin, si, moi, je sais que c'est le changement de couleur, la révélation. Tout se fait dans la révélation. J'adore ce moment où... J'adore cette couleur. Quand on commence à sortir le tissu et qu'il verdit, verdit-bleuille, ça, c'est un peu la couleur que j'aimerais toujours garder et qui tourne après un bleu magnifique. Mais je crois que c'est ce moment que je préfère à chaque fois. Et oui, oui, c'est le procédé chimique que j'adore. et toute la transformation c'est vraiment fascinant l'indigo moi loin de j'en parlerai peut-être après parce qu'au Japon j'ai eu l'occasion de le découvrir aussi autrement mais voilà dans l'approche j'ai la recette simplifiée de Michel qui fonctionne super bien et souvent les étudiants ne le prennent pas vraiment compte, je leur en parle dès le début de semaine mais en fin de semaine

  • Pauline ArtEcoVert

    tout le monde veut faire de l'indigo et c'est incroyable parce que en épluchant votre site votre compte insta etc j'ai vu des oeuvres avec je supposais que c'était de la couleur végétale mais je savais pas que vous aviez fait tout ça, que vous en aviez fait autant que vous aviez rencontré toutes les personnes ressources que vous vous aidiez et je suis agréablement surpris,

  • Tony Jouanneau

    je trouve ça top et je l'avais pas forcément perçu après j'en parle pas trop non plus peut-être que je ne communique pas trop là-dessus toute l'activité de transmission je vais faire de temps en temps une communication plutôt sur LinkedIn parce que je veux bien montrer ce que feront les étudiants là cette année je n'ai pas eu le temps de le faire encore mais chaque année quand même je fais un petit post en story j'ai une une workshop parce que ça c'est hyper important, ça a été hyper important à un moment dans mon activité il se trouve que voilà j'allais venir peut-être à ça Il y a une deuxième activité qui est une activité de création que j'ai entamée en 2021 et qui finalement a basculé et a pris vraiment beaucoup de place aujourd'hui. Elle a commencé en 2021 avec d'ailleurs une lauréate de l'académie qui était aussi dans mon groupe de travail avec Juliette, c'est Clémentine Brandybasse qui est artiste brodeuse. et ce que j'ai peut-être pas précisé aussi dans mon parcours c'est que à l'issue du co vide j'ai intégré l'incubateur des ateliers de paris qui est un endroit Vraiment génial, un service de la ville qui propose à... Maintenant, ça ne s'appelle plus les Ateliers de Paris, ça s'appelle le Bureau de la Mode, des Métiers d'Art et du Design. Et donc, il propose à des créateurs de ces trois secteurs d'activité d'intégrer l'incubateur pendant deux ans en les accompagnant sur le... le modèle économique de leur entreprise. Et il se trouve que moi, quand je suis arrivé aux ateliers de Paris, c'était un petit peu spécial parce que je n'avais pas de modèle productif. Je faisais surtout de la recherche et de l'enseignement. Et je les remercie beaucoup parce qu'ils ont été vraiment super…

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    super aidant à l'époque. C'était Françoise Sainz, la dernière année où Françoise était là, et Lauriane Duriez, qui a pris le relais à la direction. Mathilde Noni, qui a été une personne clé que j'ai rencontrée par l'intermédiaire de quelqu'un qui est aussi très important dans mon parcours, c'est Aurélia Gualdo. Là, je vous donne plein de noms, mais en fait, elle est anthropologue. C'est une activiste dans les mouvements de mode éthique. C'est quelqu'un de fabuleux et c'est elle qui m'a fait connaître les ateliers de Paris. C'est elle qui m'a aussi beaucoup aiguillé pour m'y présenter et qui m'a fait rencontrer Mathilde Noni. Je pense que ça arrivait à un moment de bascule aussi pour tout le monde, ce Covid, où peut-être qu'ils ont un peu réorienté les choses. En tout cas, je suis rentré dans cet incubateur, ça a été hyper bénéfique pour moi. J'avais quand même ces 7 ans déjà de... d'expérience dans l'atelier Tsurigeta. Donc, je savais aussi comment fonctionnait une petite entreprise. Ce qui me ralentissait sur un modèle productif, c'est que je ne voulais pas produire pour rien, pas n'importe comment. Et je ne voulais que ça se fasse que par association, donc toujours dans cette logique symbiotique. Je voulais aussi m'associer et collaborer avec des artisans d'art. Donc j'y viens, je me suis associé pour le tout premier projet qui m'a été proposé par les Ateliers de Paris, qui s'appelait le Paris des talents. 16 créateurs étaient invités à revisiter la trame d'un plan de Paris par leur savoir-faire. Il se trouve qu'à l'époque, je travaillais pas mal les bioplastiques marbrés de chlorophylle. Et donc j'étais aussi en contact avec Greening. J'avais fait des essais de peinture sur soi qui fonctionnaient pas mal et d'impression. Et j'ai proposé donc à Clémentine Brandybass de venir broder ces matières. Donc on s'est mis ensemble sur une direction artistique. Et on... On a travaillé sur ce projet, j'étais vraiment super heureux de la retrouver sur ce premier projet, qui a été un peu le lancement de mon activité de création. Je ne l'avais peut-être pas précisé, mais la première fois où je suis allé chez Couleur Garance à l'ORIS, j'avais rencontré Aromi qui m'avait présenté ses plissages de soie colorée de végétaux. Je connaissais bien le plissage sur matière synthétique. J'avais en tête aussi certains plissages de la maison Fortuny sur des matières naturelles, mais je savais que ça ne tenait pas vraiment. dans le temps. Et j'ai beaucoup aimé aussi la matière qu'Arumi utilisait, qui est un organza de soie assez transparent. Ce que je trouvais intéressant dans son approche, c'est qu'elle l'appliquait sous forme d'encre. Et dans le procédé, du coup, on utilise aussi beaucoup moins d'eau. Je trouvais le procédé intelligent, intéressant. Donc elle, elle avait à ce moment-là pas mal d'échantillons. Moi, j'avais vu beaucoup d'échantillons très géométriques. Je pense qu'à Rumi, elle était passée de l'origami. Au départ, elle faisait des bijoux en origami et elle est arrivée au plissage occidental, entre guillemets, plissage au carton, toujours dans des formes très géométriques. Et je pense qu'elle cherchait aussi des designers pour travailler avec elle, l'orienter peut-être dans une direction artistique. Moi, j'ai eu envie en tout cas de ramener beaucoup de courbes dans tout ça. Et on s'est retrouvés un premier été tous les deux. On a commencé à faire des recherches ensemble. Et il y avait des échantillons qui fonctionnaient super bien. On a travaillé dans un premier temps avec des couleurs que je n'avais pas trop explorées moi de mon côté, mais des bois de campêche, bois de sapin magnifiques. Et... A l'issue de ce premier été de recherche, j'étais toujours aux ateliers de Paris, j'ai passé un concours de la Fondation Banque Populaire, une bourse artisanat d'art qui m'a permis d'avoir un peu de fonds pour réaliser des premiers prototypes. et du coup j'ai créé des pièces à partir de ces plissés végétaux et ça a été les premiers prototypes d'une collection assez longue depuis sur votre site ? voilà, que j'ai appelée Undula qui reprend tous ces mouvements à queue on a des sensations, des passages de couleurs ce qui m'intéressait c'était que ces tableaux soient la rencontre entre au moins deux couleurs toujours dans cette logique symbiotique. Et donc on a pu présenter grâce aux ateliers de Paris ces premiers photos pour le salon Révélation en 2022. Et ça a été une grande bascule ensuite, puisque la Maison est venue nous voir à la fin, juste avant qu'on remballe la fin du salon. C'était assez génial comme rencontre, ils avaient beaucoup aimé notre proposition. qui entrait en résonance avec une collection qui avait été créée, je le découvrais, c'est vrai que ça résonnait beaucoup avec une collection pour hommes qui avait été créée un an plus tôt, et ils nous ont demandé si on avait les moyens de travailler en... en plus grand format. Et donc là, j'ai repris la casquette vraiment design installation telle que je l'avais entrepris quand j'étais chez Tsurigeta. Donc ça, on est rentré dans de la production à plus grande échelle. Et là, c'était vraiment génial. J'ai aussi beaucoup aimé qu'une maison de luxe. réintègrent le végétal dans des pièces, alors là c'est des œuvres d'art, ils achètent comme des œuvres d'art dans leur magasin. Et donc moi je leur ai proposé, j'ai fait un travail conceptuel avec eux au départ. Et j'ai imaginé qu'on pourrait créer ces séries de tableaux comme des promenades de l'aube au crépuscule. Ce n'était que des variations, des sensations comme ça, colorées, réalisées avec les végétaux. Et je suis ravi parce que c'est une très belle collaboration qu'on développe avec cette maison. ça nous a permis aussi d'explorer des associations colorées qu'on n'avait pas pu encore faire et voilà, donc ça c'est cette activité de création qui m'occupe beaucoup depuis deux ans avec

  • Pauline ArtEcoVert

    Harumi et alors du coup, donc Harumi de couleur garance que j'ai eu pour parler des voyages au Japon, etc sur une autre activité qu'elle a et donc du coup là, avec la maison c'est des objets d'art du coup c'est pas du vêtement, on est d'accord

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, non, non.

  • Pauline ArtEcoVert

    Les tableaux qu'on voit sur votre site ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui. D'accord. Moi, ça a été un vrai choix. Dès que je suis... Pour le coup, j'ai vraiment travaillé plutôt dans la haute couture, un petit peu dans le prêt-à-porter, mais le calendrier de ces maisons sur la haute couture et le prêt-à-porter ne me convenait pas. Il ne convient pas avec ce temps du végétal. Il ne convient pas avec ces manières de travailler. Alors, je pense qu'il pourrait convenir parce qu'il y a quand même... plein d'outils maintenant aujourd'hui qui se sont mis en place mais en tout cas moi je viens du design objet et espace aussi, j'avais fait espace à Orléans et mon envie et c'est ce que je développe avec l'atelier sous Biosis, c'est de transposer des savoir-faire de haute couture à l'échelle architecturale Donc c'est plutôt comme ça que je vois les choses et je ne suis pas dans la création de bêtements. Il y a plusieurs créateurs de mode qui m'ont demandé d'ailleurs de travailler sur des tissus. Alors en haute couture, ça pourrait marcher, mais en prêt-à-porter, pour le moment, en tout cas, ce n'est pas du tout un chemin que je souhaite prendre. C'est d'autres processus qui sont hyper intéressants, mais qui ne sont pas les miens.

  • Pauline ArtEcoVert

    Alors, je fais juste une parenthèse, Tony, parce qu'on avait reçu à l'époque Chantal Guillon, qui avait travaillé dans plusieurs maisons de luxe, et je lui avais demandé son retour par rapport à est-ce que pour elle, la teinture végétale pourrait revenir sur les devants, on va dire, grâce aux maisons de luxe ? Juste, j'aimerais bien avoir votre point de vue là-dessus. Qu'est-ce qui pourrait faire qu'elles y aillent ? Et quels sont ces fameux process qui pourraient faciliter ? le retour du végétal dans la mode de luxe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, pour les maisons en tant que telles, l'enjeu, mais comme pour n'importe quelle entreprise au départ, il est économique. S'il y a un enjeu économique, par glissement, il deviendra écologique. Mais l'enjeu de départ quand même pour ces maisons, il ne faut pas l'oublier, c'est économique. En tout cas, c'est mon avis. Il y a de très beaux projets, et ça, c'est plus une approche... que j'ai par l'éco-conception en design plus précisément, qui me laisse penser ça. Un modèle de symbiose industrielle que je trouve fabuleux, qui date des années 70 et dont on pourrait vraiment s'inspirer aujourd'hui, c'est le modèle de Kellenburg aux Pays-Bas, où dans un pôle... Un pôle industriel, la proximité de certaines entreprises fait que les déchets d'une entreprise peuvent devenir la matière première de l'autre. Ça c'est un exemple de symbiose industrielle, quelque chose d'intelligent. qui existe depuis longtemps, mais qui demande plusieurs paramètres pour pouvoir se mettre en place. En tout cas, l'enjeu de départ n'était pas écologique pour Kallenbourg, c'était économique. Et je pense que c'est la même chose déjà pour ces grandes maisons. Alors, elles ont quand même un travail en R&D depuis très longtemps sur ces questions, toutes à plein d'endroits. Ça, je suis bien informé là-dessus, je suis certain qu'il y a beaucoup de choses qui se font depuis longtemps et elles ont certaines réponses. Après, d'un point de vue marketing, pour que ça puisse marcher, c'est souvent une histoire de communication. Enfin, je pense qu'il y a une histoire qui doit s'activer par la com, je crois. donc ça veut dire qu'elles s'y intéressent ça on en avait eu plusieurs échos donc plusieurs maisons il y a un intérêt il y a vraiment un travail en R&D qui est mené par je suis persuadé par toutes les maisons elles sont obligées d'ailleurs je

  • Pauline ArtEcoVert

    suis hyper intéressée par la partie le déchet d'une entreprise devient la ressource d'une autre parce que je travaille une quinzaine sur justement les autres ressources qui ne sont pas cultivées mais qui seraient disponibles, donc soit végétales, champignons, les algues, ou des déchets industriels, parce que moi je viens de la grande distri à la base, je travaille dans l'agroalimentaire, et en fait il y a plein de ponts, je me dis non mais attendez, là il y a de quoi faire, donc ça, ça m'intéresse beaucoup, mais du coup j'ai du mal à comprendre, il faudrait trouver des ressources végétales qui pourraient donner de la couleur, et qui seraient économiques par le fait qu'elles soient présentes, disponibles, et du coup pas chères, c'est ça en gros, qui ferait que la...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense que c'est ça. Et d'ailleurs, ce n'est pas que des ressources végétales, c'est des ressources organiques, je dirais. D'accord. Je ne suis pas expert dans ce domaine, mais ce que j'ai retenu, en tout cas, de ce principe, par exemple, de symbiose industrielle, c'est qu'il y a un point à ne pas mettre de l'autre côté, c'est la proximité des entreprises pour que ce transfert de ressources puisse avoir lieu dans les mêmes conditions. Là, je crois que sur le modèle, je ne l'ai pas étudié. dans le détail, mais sur ce modèle de Callenbo, ce qui s'est passé, c'est que c'est la ville, c'est la mairie de la ville qui, à un moment, a rassemblé les entrepreneurs et a décidé de travailler en bonne intelligence et où chacun s'est dit, Oui, évidemment, on gagnerait tous à travailler comme ça. je pense au départ d'un point de vue financier, et évidemment, par glissement, ça pouvait être vertueux d'un point de vue écologique. Après, sur... Je ne sais pas, vous, c'est plusieurs filières, c'est ça, du déchet que vous pouvez... Non, en fait,

  • Pauline ArtEcoVert

    je me dis, il y a plein de... Donc, on a parlé des biodéchets tous les deux avec les restes alimentaires, mais il y en a plein d'autres ressources. Il y a les ressources de l'agriculture, les coproduits agricoles, il y a les déchets de l'industrie agroalimentaire. Il y a aussi des choses surprenantes que je...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, mais ça, c'est des sujets brûlants. Par exemple, à l'ENSI Les Ateliers, en création industrielle, tous les coproduits à valoriser, je ne sais pas combien de diplômes. Je vous invite vraiment à aller voir.

  • Pauline ArtEcoVert

    Ce serait chouette de mettre en relation, parce que je suis en train de bosser là-dessus ardemment.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, la question écologique, de toute façon, est au cœur de leur démarche. Ce n'est pas forcément le projet en tant que tel, mais ça intervient de toute façon aujourd'hui de manière nécessaire. il y a eu énormément de projets autour de la valorisation de coproducts ça il y en a plein moi c'est vrai que j'en ai pas parlé mais celui qui m'anime le plus c'est la recherche que je fais avec la Sorbonne depuis deux ans maintenant, avec une chercheuse au CNRS qui s'appelle Marie-Albéric, et qui m'a proposé en 2022, du coup, peut-être un petit peu avant, de travailler sur un procédé d'extraction pigmentaire des épines d'oursin.

  • Pauline ArtEcoVert

    Oh,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    incroyable ! Voilà, donc ça, c'est un projet que elle, alors elle a fait une thèse dessus. Marie a commencé à travailler dessus et il se trouve qu'elle était en lien avec un ingénieur biomatériau que j'avais rencontré à la Payasse, Christophe Tarabou, donc il nous avait mis en contact. Vous parliez de l'étranger tout à l'heure, c'est question peut-être de la biofabrication au sens large, en tout cas d'un point de vue de la couleur. Nous, en France, on a beaucoup de retard, par exemple, par rapport à l'Angleterre, d'un point de vue pédagogique, à la centrale Sainte-Martine. Telle qui a vraiment donné l'input, je dirais que c'est Carole Collet. Alors, biofabrication, mais elle, en plus, c'est plutôt biologie de synthèse au départ. Avec une de ses étudiantes, Audrey Natsa-Echesia, elles ont fait connaître la biologie synthétique appliquée au textile en Angleterre, en Europe, mais je dirais presque dans le monde entier. Parce qu'elles ont fait des premiers projets qui ont été un véritable bouleversement. Il y avait une super expo à EDF qui s'appelait Alive, où elles présentaient plein de projets autour de la biofab. Je dirais qu'elle s'est faite connaître au départ. Pour ce projet, où elle proposait, et je crois qu'elle s'était faite accompagner d'un prix Nobel pour ce projet, elle proposait de changer la séquence ADN d'une plante. En l'occurrence, elle partait dans un scénario prospectif, où les plantes devraient devenir des usines multifonctionnelles d'ici quelques années pour les humains. J'espère que je vous ai aidé. Je ne bafoue pas trop son projet, que j'en parle bien, mais en tout cas, dans ma tête, c'était un fraisier qui, modifié, contenait beaucoup plus de nutriments. et dont le système racinaire formait des points de dentelle. C'est un projet, je crois, qui s'appelle BioLace, et qui, dans sa dimension éthique, scientifique, poétique, posait plein de questions, et je crois que ça a été un grand bouleversement dans le champ de la biofabrication. L'une de ses élèves, Audrey Natsachesia, a beaucoup travaillé avec cette bactérie colorante, l'Agentinolividum. Bacterium que PiliBio a utilisé à ce qu'il est à grande échelle. PiliBio c'est vraiment génial ce qu'ils ont fait. C'est la vision industrielle du projet qu'ils ont eu dès le départ et pas pour rien. C'est né aussi à l'ENSI avec Marie-Sara Adoni qui a un double cursus en biologie à l'ENS et en design. Et je crois qu'il y avait un partenariat qui était fait avec BIC, les stylos BIC, et elle avait imaginé que l'encre des stylos BIC pourrait être remplacée par la production de cette bactérie. Le projet a pris pas mal d'ampleur ensuite à La Payasse, qui avait été cofondé par Thomas Landrin. Et donc Jérémy Blach, président de Pili, a rejoint aussi le projet. Aujourd'hui, Pili, c'est une équipe, je crois qu'ils sont 20 personnes, 20 chercheurs à Toulouse. L'objectif, c'est de mettre en place une unité de production dans la région lyonnaise et de démocratiser aussi cet accès à... la couleur par fermentation bactérienne, qui est vraiment incroyable dans le procédé, et démocratisé, puisque je crois que l'objectif qu'ils ont, c'est de teindre des vêtements, mais à un prix accessible. C'est ça, vraiment, tout l'enjeu. Et c'est pour ça que ça prend aussi autant de temps. Et je les trouve vraiment inspirants. inspirants, exemplaires, mais parce qu'ils sont aussi hyper intègres. Ils ont une vision depuis le départ, je pense qu'ils ont reçu beaucoup de pression, de plein de lobbies, sans doute, sur la teinture synthétique, mais aussi sur plein de gens qui voulaient certainement s'emparer de ce type de recherche. peut-être pas les porter de la meilleure manière qu'ils soient. Et voilà, moi, en tout cas, c'est un modèle, et j'en parle beaucoup.

  • Pauline ArtEcoVert

    Je vais les relancer. Oui, j'aimerais bien les avoir. Et je rebondis sur ce que vous dites quand vous dites qu'on est un peu hors tard, côté français, sur cette histoire de valorisation, que ce soit des biodéchets, des coproduits, des invasives, ou autres. j'avoue que je vois un petit peu, je suis contactée un peu par le Canada, l'Angleterre, et je me dis, c'est vrai qu'en fait, on a tout ce qu'il faut chez nous, mais soit, alors, il y a peut-être ça aussi, soit on n'en parle pas. soit les gens qui travaillent là-dessus, ils ne sont pas assez mis en lumière. Plus on parle, et plus j'ai des noms, et du coup, je peux essayer d'en parler, mais je trouve qu'on en parle peu alors qu'on a tout. On a beaucoup de gens qui travaillent, de chercheurs, de process, et ce n'est pas assez mis en valeur.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense. Ce n'est pas toujours mis en valeur, mais effectivement, peut-être pour d'autres raisons. C'est-à-dire que dans le milieu de la recherche, il y a quand même une culture du secret qui est instaurée à plein d'endroits. Il se trouve que, par exemple, Marie-Albérique, avec qui je travaille maintenant sur les teintures d'oursins, elle mène cette recherche depuis des années. Donc, moi, c'est tout récent. Et je lui... proposé et c'est vrai que ça prenait sens. Donc, elle m'a demandé d'appliquer ces pigments sous forme de colorant en revisitant certaines recettes de teinture végétale. Et j'ai commencé à avancer dans l'étude et l'application de ces molécules colorantes. C'est assez génial. Pendant deux ans, et à l'issue de ces deux ans, j'ai trouvé que ça prenait une autre dimension. Mais ça, c'est plus le côté design. qui a repris le dessus. Je trouvais intéressant que cette recherche se fasse dans les lieux où la ressource se trouve en grande quantité, où elle est parfois invasive, et pas qu'un peu. Et au Japon, ça prenait tout son sens. parce que le Japon, et ça elle le savait très bien, Marie-Alvérique, le Japon est le premier consommateur importateur au monde d'oursins, et il y a à peu près un gisement de matière de 60 000 tonnes à valoriser par an, et donc je lui ai proposé qu'on fasse progresser cette recherche par le biais d'une résidence à la Villa Kojoyama, et ça a été génial parce que je crois que le projet a été vraiment très bien reçu, Déjà au niveau de l'Institut français, la Villa Kujoyama, la directrice de la Villa qui l'a soutenue, et bien sûr la Fondation Métancourt-Schuller qui soutient aussi tout ça, et c'est vraiment un super programme de recherche, la Villa Kujoyama, j'ai eu une chance inouïe de pouvoir aller au Japon cette année, donc j'y suis allé de septembre à décembre. L'objectif, moi, sur place, c'était de tenter de remonter une filière du déchet d'oursin, et de la faire dialoguer avec l'artisanat textile, le... traditionnels sur des techniques de teinture à la réserve en partie, mais aussi d'autres techniques qu'on peut trouver plutôt au sud-ouest du Japon. Il y a beaucoup de savoir-faire et de traditions textiles vers Okinawa, et c'était vraiment passionnant. j'ai eu très peu de temps pour amorcer le projet, enfin, j'ai préparé en amont. On avait identifié certains acteurs pour remonter la filière avec Marie-Alberic, Harumi aussi, parce qu'il faut quand même parler japonais, qui m'a aidé à identifier une entreprise en particulier. Là, on va faire une émission de télé avec elle et Marie-Alberic, et ça, je suis vraiment ravi, parce que c'est une entreprise qui me fournit désormais les épines d'oursins, c'est l'entreprise Ozuka Suisan, qui se trouve complètement à l'ouest, dans la préfecture de Kagoshima. Et en fait, eux ont déjà commencé à breveter aussi ce procédé de teinture. Il se trouve qu'ils s'en sont rendus compte de manière très simple. En fait, c'est des oursins qui étaient conditionnés Et c'est un peu la direction qu'on avait prise parce qu'au départ on cherchait par les marchés de poissons, comment est-ce qu'on allait réussir avec les coopératives de pêcheurs à récupérer ces déchets. C'était vraiment hyper complexe, il y avait plein de normes sanitaires qui nous empêchaient aussi un peu. Et donc les oursins sont très consommés au Japon et parfois en conserve, sous forme de conserve. Donc on est allé sur ce type de conditionnement et c'est comme ça que Harumi a identifié Uzuka Suisan. qui est une entreprise dirigée par une femme, Madame Ozuka, et qui, elle, a fait appel à un chercheur de la région de Kagoshima, de la préfecture de Kagoshima, M. Fujimoto, il y a une dizaine d'années à peu près, pour travailler sur la valorisation de ces squelettes et épines d'oursins. Et donc, elle avait pressenti… le potentiel colorant puisque ses employés avaient les doigts tachés quand ils conditionnaient les...

  • Pauline ArtEcoVert

    Et justement, j'allais dire, c'est de quelle couleur du coup les épines d'oursin ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors là, c'est une espèce d'oursin qu'on appelle le Murasaki uni, qui donne un violet en première couleur et qui peut varier selon les pH, vert du rose ou un bleu très clair quand on va en milieu alcalin. Et donc j'ai eu la chance d'aller rencontrer cette femme qui m'a présenté ce chercheur, Monsieur Fujimoto. Maintenant on a une plateforme. communes d'échange avec Marie-Alberi qu'ils ont pu se rencontrer. Donc, c'était hyper émouvant que ces chercheurs puissent se rencontrer et qu'ils puissent évoluer leurs recherches aussi les uns les autres. Elle, je pense qu'au Japon, elle essaye de faire connaître cette recherche, mais que jusqu'à présent, il n'y avait pas eu énormément d'engouement. Alors, le gouvernement japonais investit à hauteur de 25 000 euros dans cette région par an pour la pêche de ces oursins, parce qu'on ne peut les pêcher qu'à la main. Et pourquoi ? Parce qu'il y a un enjeu vraiment écologique, c'est des destructeurs des fonds marins. En fait, les oursins, ils ont des dents et en fait, ils rongent vraiment tous les fonds. Et ça empêche toute une biodiversité de se développer en côte. Ça empêche une certaine pêche aussi. et donc j'ai pu rencontrer la coopérative de pêcheurs d'Hakune, dans la région de Kagoshima, qui m'a expliqué ça.

  • Pauline ArtEcoVert

    C'est pas sûr.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais ça ne veut pas dire que le gouvernement a compris qu'il y avait un levier technique forcément intéressant. Et j'espère que par le biais de la Villa Kujoyama et du type de recherche que j'ai porté, on peut en tout cas amener un certain regard. Alors nous, on avait trouvé de notre côté avec Marie-Albéry que quand même, pareil, il y a presque six ans, je crois... À l'université d'Okayama, ils avaient fait aussi une première recherche sur ces pigments, mais plutôt utilisés dans les colorants alimentaires. Jusqu'à présent, ça n'a pas été vraiment exploré. Et donc, moi, l'objectif, c'est de poursuivre cette recherche. la faire évoluer et travailler même sur cette matière par épuisement. Donc là, il y a une idée couleur d'un côté, mais il subsiste aussi une matière là-dessus et je suis en train de travailler sur un prochain projet, je ne peux pas vraiment encore en parler.

  • Pauline ArtEcoVert

    Pas de souci.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En tout cas, il sera présenté au JAD, le Jardin des métiers d'art et du design, où j'ai mon atelier désormais. Super. En tout cas, Tony, n'hésitez pas, si vous voulez qu'on se refasse un petit épisode actue au moment où ça sort et au moment où vous voulez, même si c'est 10 minutes, mais de tenir informé des avancées de tous. Moi, je trouve ça hyper chouette. Donc, dans tout ce que vous avez raconté, vous avez répondu à pas mal de mes questions. Donc, sans les avoir lues, c'est quand même magnifique. Ce que je voulais savoir avec vous, c'est qu'il y a cette histoire qui m'intrigue de biofabrication. Sur votre site, quand je les ai épluchées, j'ai vu tout ce qui était bio-ennoblissement que vous travaillez avec de l'organique. Et en fait, j'aimerais savoir, quel type, si vous avez le droit de le dire, mais organique, c'est quoi ? On a parlé des bactéries, ça peut être des algues, c'est quoi votre champ d'action ?

  • Pauline ArtEcoVert

    Oui, c'est vrai que je n'ai peut-être pas précisé toutes ces ressources que j'ai investies dès 2016. Donc, évidemment, les algues, ça a été les premières. J'ai travaillé sur un projet en partenariat avec la Manufacture des Gobelins et plus précisément l'atelier de teinture de la Manufacture des Gobelins. À l'époque, il était encore dirigé par Francis Tribier et il y a eu une passation qui s'est opérée à ce moment-là avec la… la nouvelle responsable de l'atelier Sylvie Sicaleschi. Ce qui m'intéressait, c'était de rentrer dans un savoir-faire patrimonial, de comprendre comment on était passé au colorant synthétique dans les années 50. soi-disant pour des questions de solidité, mais on sait bien que c'est pour des impuls économiques aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est bien de le dire, c'est bien de le rappeler.

  • Pauline ArtEcoVert

    Voilà, et oui, parce que Sylvie Sicaleschi, elle me le dit, elle a entièrement raison. Elle m'a alerté là-dessus dès le début, et je trouve qu'elle a vraiment raison. On a très peu de recul sur les colorants synthétiques. Ces histoires de solidité à la lumière, alors ça, c'est aussi un truc que j'ai... Sur n'importe quelle autre matière, ça passe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais nous, ça ne va pas.

  • Pauline ArtEcoVert

    Le tissu, il faut qu'un tissu soit immortel. Je ne comprends pas. En fait, les colorants, ils passent à la lumière. De toute façon, il n'y a pas un colorant synthétique. Il va passer aussi. Alors évidemment, si on ne maîtrise pas la couleur végétale, ça passe plus vite. Mais si on sait bien travailler la couleur végétale, je pense qu'à côté d'un colorant synthétique, on n'a pas vraiment d'ailleurs de recul. Voilà, c'est ce que je voulais dire. elle me disait aussi Sylvie il y a 400 ans de recul parfois parce que c'est des tapisseries qui ont été par exemple pour les bleus certains indigos tiennent encore très bien au bout de 400 ans j'étais

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    avec une mexicaine historienne maya qui me parlait du bleu maya sur les devantures ou sur les masques qui ont des milliers d'années et qui sont là on a reçu Dominique Cardon qui nous parlait de la garance sur certaines tenues. Donc, en fait, je suis d'accord avec vous, mais je me demande si ces fausses idées reçues, elles ne sont pas glissées par des gens qui n'ont pas intérêt à ce que le végétal revienne d'une certaine manière, je pense.

  • Pauline ArtEcoVert

    Peut-être. En tout cas, ça naît de... ça n'est de logique industrielle ce principe de devoir faire durer une couleur c'est répondre à des normes dans la mode, vous parliez tout à l'heure du pré-tap c'est des normes dans le monde du luxe les normes elles sont hyper strictes Alors, bien sûr, peut-être que sur certains objets de grande valeur, il y a quand même une logique de transmission, effectivement, mais... c'est quand même aussi en grande partie culturel. Un bois ou un cuir, ça se patine, et on trouve ça très beau. Un textile, culturellement, ça pose question. Et dans d'autres cultures, et notamment au Japon, c'est tout à fait accepté, en fait. Il n'y a pas cette question. Je pense que c'est quand même culturel. Je ne sais pas à quel moment en tout cas ça a changé, je pense que des historiens, d'autres experts pourraient mieux vous aiguiller là-dessus, mais moi en tout cas c'est une question qui m'occupe déjà depuis... longtemps, puisque mon premier diplôme, quand j'étais à l'ESAD d'Orléans, je l'avais fait sur les phénomènes d'usure appliqués aux matériaux, ça s'appelait d'ailleurs l'usure pour usage, et je travaillais sur l'évolution des objets et des phénomènes d'usure qui pouvaient devenir usuels dans l'objet. Donc soit en le transformant de manière structurelle, soit par la couleur. Et... Et voilà, et là je vois qu'il y a pas mal de choses qui se font là depuis deux ans autour de ça, je trouve que c'est très bien. En fait c'est un... un chemin qui me paraît en tout cas culturellement logique à atteindre pour pouvoir tout simplement peut-être aussi prendre soin différemment de nos objets, de nos matières, de nos tissus. Ça, c'est quelque chose qu'on aborde beaucoup avec une tisserande avec qui je travaille, j'ai donné en tout cas des cours en formation continue à l'IFM, l'Institut français de la mode. C'est Anne Corbière, c'est une personne vraiment super. Si vous ouvrez sur la fibre et sur le tissu, c'est une experte que j'ai pu rencontrer grâce à la Fondation d'entreprise Hermès et qui d'ailleurs a ouvert la toute première matinale qui était créée pour l'Académie. Et Anne Corbière, elle est tisserande, elle a fait d'ailleurs la section textile de l'ENSI qui s'appelait avant la NAT. Donc c'est vraiment, à l'ENSI, ils forment vraiment des techniciens, techniciennes, c'est souvent, c'est encore très genré, mais c'est souvent des femmes. au tissage, au tricot, mais il y a vraiment tout ce côté fibre, fil, tissu, qui est très imprégné dans cette section de l'école, contrairement aux arts déco où la partie en oblissement est beaucoup plus... beaucoup plus large, enfin ils ont des moyens en tout cas pour leur noblissement qui ne sont pas donnés. Donc là je digresse complètement, mais c'était pour dire qu'on fait des algues avec Anne Corbière à l'IFM qui s'appelle Textile Durable ? et où on revient aux origines de la matière, et elle fait toute la partie fibre, fil, tissu, et moi je fais la partie en noblissement, et... on revient à ses origines pour travailler dans une logique écologique sur les procédés. Et oui, on était sur les algues, pardon, mais j'ai fait ce projet. Le tout premier projet que j'ai porté à l'ENSI, c'était ce projet qui s'appelait Spirouil. Mon objectif était de revisiter le cercle chromatique de Michel-Eugène Chevreul, qui a dirigé la manufacture des gobelins en 19e, qui était le chimiste qui a beaucoup travaillé sur la théorie des couleurs, les contrastes simultanés notamment. et je m'intéressais à une ressource biologique en particulier, qui était une micro-algue à contenance en pigments, la spiruline, qui contenait du rouge des caroténoïdes, du vert de la chlorophylle et du bleu de la phycocyanine. Et en dehors de l'indigo, je trouve intéressant d'amener une nouvelle ressource colorante en bleu, ce bleu qui me fascine beaucoup. Et voilà, on a commencé à travailler de manière empirique avec Sylvie Sicaleschi. C'est vrai qu'elle aussi... par observation m'a formé à des... C'est une vraie teinturière, au Gobelin. J'ai trouvé aussi génial qu'une institution comme celle des Gobelins m'ouvre ses portes pour ce type de recherche. Et un peu par accident, on s'est rendu compte que ce bleu allait surtout s'extraire à froid. J'ai fait évoluer ce projet ensuite avec un ingénieur du Muséum d'Histoire Naturelle, Claudier Prémian, qui est aussi quelqu'un de complètement fascinant dans son approche et qui lui m'a initié à un vrai procédé d'extraction de la phycocyanine. Cette couleur reste de toute façon éphémère puisqu'elle est photo-thermosensible. Donc on a commencé, mais ça, ça fait trois ans, à réfléchir à certains moyens de pouvoir les fixer. J'avais d'ailleurs commencé à contacter Michel pour faire évoluer cette recherche. Et puis, j'ai d'autres projets qui sont arrivés entre-temps, donc je compte les reprendre à un moment. Comme toutes les recherches de l'atelier Sumbiosis. je les mène jusqu'à un certain point et de toute façon la recherche c'est souvent quand on sort de l'école aussi ça je le dis parce que c'est quand même 80% de temps à trouver des financements pour faire la recherche c'est ça, c'est ce que j'allais dire voilà et ça elle me tient à coeur cette recherche, donc par exemple les micro-algues Je me suis intéressé aussi beaucoup à tout ce qui est parasites, et notamment les moisissures, les micro-champignons. Et là, je me suis entouré d'une mycologue et microbiologiste, Gisèle de Villherbecq, avec qui d'ailleurs j'anime aussi un... un module à l'ANSI Les Ateliers dans la section Nature Inspired Design donc plus destiné à des professionnels qui s'orientent sur la question du biomimétisme par extension du biodesign, donc ça c'est un autre format d'études qui est aussi intéressant pour les auditeurs et en fait c'est assez drôle, ça s'est fait au cours d'un repas avec Gisèle, on parlait de manière un peu informelle, on était à la paillasse ensemble. Et elle me dit que, donc elle, elle relève, elle travaille pour les archives patrimoniales, et son objectif, c'est plutôt de trouver des traitements antifongiques pour préserver certains papiers et tissus de l'apparition de moisissures. Et elle me dit, tu sais qu'il y a certains microchampignons qui tâchent de manière définitive les tissus et les papiers. Et elle fait, ça donne des couleurs. C'est comme ça que c'est un peu né. Là où elle cherchait à trouver ces traitements antifongiques, je lui dis, mais attends, c'est génial, il faut que tu me fasses des relevés de ces organismes et qu'on les mette en culture sur certains tissus. Et du coup, on a mis en place plusieurs protocoles de recherche. Et pareil, on a dû, pour le moment, arrêter cette recherche. parce que voilà, faute de moyens mais l'idée en tout cas et les couleurs qu'on a pu obtenir c'était de pouvoir guider ces organismes sur le tissu à travers le motif et ça j'avais réussi à le faire

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai vu ça sur votre site aussi, je ne sais plus si c'est sur le site ou sur Insta mais je l'ai vu, il faudrait que je mette des liens dans le descriptif pour envoyer au visuel, je pense que ça pourrait être intéressant

  • Pauline ArtEcoVert

    Ouais, mon site n'est pas très à jour, mais il y a eu pas mal de recherches que je ne montre pas aussi, qui sont en cours. Là, je dois en avoir quatre seulement sur le site. Voilà en tout cas le type de ressources organiques et évidemment les déchets organiques. Ah, ça passe beaucoup, puisque à échelle industrielle, ils ont un... ils ont une vraie portée, un vrai intérêt. Donc voilà, tout dépend des ressources, de la manière dont on les applique, comment les procédés de transformation sont faits. Mais c'est passionnant et je pense que c'est vraiment porteur. Et je pense que Dominique, elle est vraiment sur ces sujets, Dominique Cardon, sur ces sujets depuis un petit moment.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, je ne l'ai pas interrogé là-dessus Dominique, mais je vais lui demander parce que du coup, moi je cherche et comme je voudrais organiser cet événement, je suis en train de rassembler tous les invités ou contacts que j'ai eus qui m'ont parlé de démarches qu'ils avaient, mais des trucs hyper surprenants. Et j'aimerais les rassembler pour que chacun prenne la parole, comme on a fait pour l'agriculture tinctoriale, chacun vienne raconter un peu. donc je vais essayer de collecter ça mais en tout cas il y a plein de trucs hyper intéressants que vous avez abordés moi je trouve ça vraiment hyper canon alors j'essaye de regarder on a parlé des ressources donc du coup je vois mieux rien sur les lichens je suppose que c'est si

  • Pauline ArtEcoVert

    j'ai essayé en plus les lichens ça me tient à coeur puisque c'est des organismes symbiotiques qui associent algues et champignons c'est un peu le coeur du ouais ouais il y a Il y a pas mal de choses qui ont déjà été faites de toute façon sur les lichens. Donc disons que les recherches de l'atelier Sumbiosis, je les ai conçues pour interpeller au départ et questionner nos rapports aux vivants dans les modèles de production. Donc tout ce qui a été déjà pas mal exploré, je vais peut-être le revisiter si ça a un intérêt à un moment mais en tout cas sur l'hélicène je le voyais pas spécifiquement comme tous les champignons de Tintorio ça n'a rien à voir avec les microchampignons c'est exploré, il y a plein de choses superbes qui peuvent être faites avec mais il faut en tout cas que ça interpelle à un autre endroit et moi j'aime bien interpeller sur le statut du parasite voir comment le parasite à un moment peut prendre un autre statut pour le sublimer dans un procédé d'ennobissement et d'ornementation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En plus, les lichens, le problème, c'est que c'est souvent protégé ou des zones à risque, des tourbières, etc. Je sais qu'aussi sur la ressource, ce n'est pas tout à fait des invasives. J'ai eu plusieurs invités qui m'ont parlé de ça. Tout ce que vous faites, ça a des débouchés dans l'art. c'est ce que vous parliez par exemple les projets avec dans le textile est-ce qu'il y a d'autres débouchés que vous envisagez avec ces recherches de couleurs de symbioses etc vous parliez d'architecture ça peut aller vers quoi encore ?

  • Pauline ArtEcoVert

    je pense que ça peut la biofabrication au sens large elle peut toucher tous les domaines de création en termes d'échelle ça peut aller loin alors de toute façon le biodesign il est né déjà donc je dirais plutôt du bio-art au départ. C'est vrai que c'est plutôt les artistes au départ qui ont interpellé aussi. Je pense que c'est là où mon profil est peut-être un peu hybride, où je passe peut-être de l'artiste au designer. Mais alors ça, c'est peut-être aussi très français, on a besoin de catégoriser. Moi, c'est un peu hybride, je fais un peu de tout. Donc, je ne sais pas vraiment comment me positionner. J'ai une formation en design, mais je fais de la recherche. Je suis artisan parce que je fabrique, je fais, je mets en peinture. Enfin, donc je... Je ne sais pas si... Pour moi, il n'y a pas de domaine qui ne soit pas concerné par ce type de recherche. Après, tout dépend comment elles sont investies. Il y a plusieurs niveaux de lecture. Au départ, ça peut être juste inspirationnel, comme le biomimétisme, où on va s'inspirer du vivant pour repenser des principes, des formes, des fonctions. voilà, mais ça n'a pas forcément une visée écologique, sinon ça va être plutôt les ressources, et ça c'est plutôt mon domaine autour de la biofabrication, comment les intégrer à un endroit dans le procédé, et les faire évoluer, et je pense, et j'en suis même persuadé, c'est que, que dans le design produit, design d'espace, il y a beaucoup d'acteurs qui s'en emparent. Alors, je pense qu'il y en a beaucoup aussi, effectivement, qui le taisent, parce qu'il y a des recherches qui sont en cours depuis longtemps, et si vous n'avez pas les moyens de les communiquer pour vous protéger,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ben... Ah oui, il y a ça aussi, c'est vrai.

  • Pauline ArtEcoVert

    C'est quand même des secteurs très concurrentiels, donc si... Je sais que sur mon projet, il y a eu beaucoup de visibilité dès le début. Et quelque part, je crois que ça protège certaines choses. Après, j'étais aussi dans d'autres postures au début, où j'étais vraiment un fervent adepte de l'open source. Mais en fait, l'open source, c'est beaucoup plus compliqué que ça. Et en France, il n'y a pas vraiment de cas juridiques qui fait qu'on peut être... vraiment protégé et crédité et rétribué, puisque c'est un système que je trouve génial, l'open source, où on peut faire émerger des savoir-faire par la communauté. Je trouvais ça vraiment génial au début, et toute la recherche que j'ai faite autour de la cellulose bactérienne, je l'ai faite en open source. Mais c'est vrai qu'au bout de six ans, quand vous voyez que les gens se servent et qu'ils rétablissent, c'est compliqué, c'est un autre combat à mener. J'ai vu beaucoup de gens qui travaillaient dans l'open source sont arrêtés parce qu'en fait, c'est un système qui ne fonctionne pas. Et après, quand vous menez des recherches... j'imagine que jusqu'à un certain point vous ne pouvez pas forcément divulguer, en parler ça s'entend,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je comprends beaucoup de gens en tout cas s'en en parlent ouais d'accord j'avais une question alors un peu comment on va dire un peu de relou très clairement donc on parle de bio-enoblissement on voit en fait on voit l'intérêt que pourrait avoir toute cette inspiration sur plein de domaines d'application. On sait que ça passera par un enjeu économique, c'est que si c'est abordable, accessible, et qu'en plus c'est écologique, il y a des domaines qui vont y passer. Ma question, c'est, est-ce que vous avez pu faire la preuve d'une réduction d'impact par rapport à... votre approche versus l'approche pétrochimique dans l'ennoublissement traditionnel etc est-ce que vous avez fait genre une analyse de cycle de vie ou des trucs comme ça moi je fais pas d'ACV mais parce que je

  • Pauline ArtEcoVert

    Vous avez vu à quelle échelle je travaille ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, mais je veux dire, j'entends, je la pose cette question parce que...

  • Pauline ArtEcoVert

    Elle est hyper pertinente, je pense pour autant l'industrie que l'artisanat. Il se trouve que je ne suis pas encore dans un modèle productif, je pense, suffisamment impactant pour pouvoir m'engager dedans, parce qu'une ACV, c'est quand même costaud. C'est lourd. Et justement, à l'ANSI... j'avais fait un module éco-conception, il y avait une personne de l'UTC de Compiègne qui était venue dans le détail nous montrer comment mettre en place une ACV. Je pense que c'est fondamental à plein d'endroits, mais en tout cas, pour ma pratique, c'est très lourd. Et vous avez vu, en plus, je fais quand même beaucoup de choses. Moi, je travaille beaucoup. Je travaille cette semaine un peu en ce moment, depuis un petit moment. et je mène plein d'activités et c'est vrai que celle-ci je pense qu'il faudrait l'amener la CV sur un projet de recherche où j'aurai suffisamment de financement et où je vois le levier économique qui peut servir derrière, donc par exemple sur les oursins l'objectif c'est d'attirer à un moment l'industrie par l'artisanat ce sera peut-être pas mon projet, il va peut-être pas m'appartenir je sais pas comment la Sorbonne va euh...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, ça va s'organiser.

  • Pauline ArtEcoVert

    Mais en tout cas, moi, c'est une mise en regard que j'amène par l'artisanat. Et là, oui, évidemment, l'ACV a sa place, mais dès le début, j'ai envie de dire. mais pour ça, il faudrait qu'il y ait une application déjà concrète, qu'on sache pertinemment si cette application c'est la plus pertinente, pour pouvoir déjà décortiquer au niveau du process, avant de lancer la CV. Un bon designer, il doit déjà mettre ça en place en amont. Moi, en tout cas, à mon échelle, non.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord.

  • Pauline ArtEcoVert

    Pas de cette manière. Mais... j'imagine quand je travaille sur les principes de recherche je le fais de manière cyclique donc je pense un cycle de vie après j'en fais pas l'analyse parce que je pense que ce type d'analyse elle sert à soit un brevet derrière plus précisément soit moi je pense que ça en fait depuis tous les épisodes que je fais les gens que je rencontre

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai vraiment l'impression que ça pourrait même... Ça pourrait être un levier de faire taire tous les préjugés qui restent collés à la couleur végétale au sens large, que ce soit dans la cosmétique, le textile, le design, les biomatériaux, tout ce qu'on veut. Et j'ai vraiment... Je le redis, mais je serais vraiment ravie. Je sais qu'il y a des projets d'ACV dans différents domaines d'application, j'ai entendu dire, parce qu'il y a beaucoup de off aussi dans les échanges que j'ai avec les invités. Mais j'aimerais vraiment que ce soit mis à jour et divulgué, parce qu'en fait, je sais que ça serait un énorme levier. de prise de conscience et que ça inciterait davantage les marques parce que je suis d'accord avec vous qu'il y a le levier économique, parce qu'on ne va pas se mentir c'est quand même, voilà, si c'est 15 fois plus cher on ne va pas y aller, mais par contre si en plus on vous dit que ça réduit votre impact considérablement je pense qu'il y a quand même pas mal d'entreprises qui pourraient y aller, soit pour des raisons de com soit pour des vrais intérêts, mais si ça démarre par la com, peu importe, le principal, c'est qu'on avance dans la couleur végétale.

  • Pauline ArtEcoVert

    Oui, oui, après, voilà, mais c'est une com qui sert un intérêt économique.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais le résultat, ce serait quoi ? Ce serait qu'on ait moins de synthétique, un peu plus de place pour la couleur végétale ou la couleur...

  • Pauline ArtEcoVert

    Je tiens quand même à dire, mais ça, c'est un truc entre... Je ne sais pas si vous auriez envie de le mettre en avant. mais moi je ne diabolise pas du tout le synthétique. Moi non plus. Voilà, parce qu'il y a quand même plein d'applications où il a beaucoup plus sa place. Le végétal, pour moi, n'est pas une réponse...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Globale ? Non, non, non,

  • Pauline ArtEcoVert

    on est d'accord. Globale, à un grand endroit, ça ne fonctionne pas. Sur la CV, je pense quand même, enfin en tout cas, par exemple à l'IFM, on a surtout des grands groupes qui viennent sur ce module de formation. ces groupes ils font des ACV donc il faut que je me rapproche de leur vie moi je suis en quête je pense qu'ils ne les divulguent pas forcément mais ils sont obligés en interne d'en faire Ils sont obligés parce qu'il y a d'énormes RSE, enfin, il y a plein de choses à... Donc... aujourd'hui s'installe de manière pérenne elle peut pas le mettre de côté moi j'ai des amis dans la production textile là c'est des vrais bouleversements depuis 10 ans déjà c'est des crises parce que c'est des gens qu'on mal fait au départ qu'on peut délocaliser qu'on suivez tout un mouvement ça fait pas que 10 ans vous me direz mais en tout cas qu'on travaillait, qu'on profitait certainement aussi d'un certain système. et là ils ont été obligés de revoir leur copie parce que les gens n'achètent plus de la même manière donc on a un point d'extrême aujourd'hui où il y a des gens qui ont peut-être envie d'acheter autrement et de l'autre côté la majeure partie elle va continuer d'acheter de la merde pardon de le dire comme ça c'est une réalité économique qui fait que la plupart et puis aussi beaucoup de gens ne sont peut-être pas suffisamment alertés.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alertés et n'ont pas encore forcément les moyens, il y a ça aussi, parce que, non mais oui, il y a plein de points, mais oui, j'ai bossé dans la RSE, dans la grande distri pendant 4 ans, donc j'ai suivi les ACV, le changement des marques, la réglementation, tout ça, je vois, mais je trouverais ça tellement intéressant qu'il y ait des ACV qui... qui viennent apporter des preuves et qu'elles soient communiquées, je trouverais ça vraiment génial. Mais bon, ça, c'est un autre débat, mais j'irai voir, comme vous l'avez dit.

  • Pauline ArtEcoVert

    Je pense qu'il faudrait qu'un truc qui serait vraiment intéressant pour faire le lien vraiment vestiaire pour vous, ce serait d'aller, de suivre de près tous les mouvements de mode éthique. Enfin, je pense, vous avez rencontré Catherine Doriac. Doriac,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    oui.

  • Pauline ArtEcoVert

    Catherine, moi je l'ai rencontrée par Aurélia Gualdo, dont je vous parlais tout à l'heure. Catherine, on se connaît depuis longtemps, d'ailleurs c'est l'une des premières à avoir assisté à mes ateliers. Je faisais des ateliers tout public autour de la biophab au début, Catherine elle venait, elle s'est ouverte aussi à toutes ces questions, et en France, dans les mouvements de mode éthique, Je dirais que la pionnière, c'était Isabelle Kay, je crois. Il y a eu beaucoup de choses qui se sont mises en place dans les mouvements de mode éthique. Il y a beaucoup de marques qui donnent à voir la chaîne, enfin, qui essayent de donner à voir, ou en tout cas de la suivre de A à Z. Il y a plein de gens qui travaillent comme ça, dans le bon sens. Donc, je ne les ai plus en tête. Moi, je me suis intéressé à ça. pas mal au début de l'atelier parce que je faisais des conférences souvent et j'ai mis un petit peu de côté mais avec le Fashion Green Hub tout ça je pense que vous pouvez vous mettre et vous pouvez avoir pas mal de ressources autour de ça et vous verrez qu'il y a quand même plein de marques qui le font, qui l'ont fait qui donnent à le voir pour sensibiliser en France il y en a c'est sûr

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    bon bah parfait bon j'aimerais encore parler avec vous pendant des heures mais ce que je voudrais vous poser comme dernière question c'est est-ce que vous auriez un livre à recommander sur ce qui vous inspire ce qu'on a un peu abordé et une personne à qui vous passeriez le micro avant

  • Pauline ArtEcoVert

    qu'on ne se quitte ah ouais un livre

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, j'ai un livre de chevet que j'aime beaucoup, qui s'appelle La fabuleuse histoire des hommes et des animaux, de Boris Cyrulnik. D'ailleurs, ce n'est pas que de lui. Désolé, j'ai vu les autres auteurs. Je crois qu'il l'a écrit... Ils sont trois, en fait. à l'avoir écrit. C'est un tout petit livre très simple qui raconte notre rapport à l'animal, le principe de domestication et en fait, ça en dit aussi plus long sur notre rapport au vivant. Nos rapports au vivant, nos rapports de servitude et de contrôle par rapport au vivant. Et je pense que c'est ce dont on parle depuis le début avec le... par le prisme de la couleur, du végétal, organique, c'est exactement ça. C'est un livre que j'aime beaucoup et que je recommande chaudement. Il y en a beaucoup après sinon sur la couleur, mais je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ont été déjà évoquées je pense dans vos podcasts. J'en ai plein. En revanche, si j'avais à passer le micro... Je suis en train de réfléchir. À qui je pourrais passer le micro ? C'est vrai que Marie-Sara, ce serait super. Marie-Sara, Denis... c'est une autre approche, on n'est plus dans le végétal mais pour parler bio, ce serait vraiment génial alors elle est je pense qu'elle est super super prise c'est pas grave on peut planifier moi je m'adapte,

  • Pauline ArtEcoVert

    franchement je serais tellement content de les avoir pili et si vous pouviez être levier ce serait top, après ils font comme ils veulent mais on peut relancer pili bio, ce serait génial ouais,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Marie-Sara ce serait vraiment chouette voilà

  • Pauline ArtEcoVert

    Bon bah top Tony franchement un grand grand grand grand merci c'était super passionnant je pense que vous avez battu le record de personnes citées dans un épisode de podcast dans Medialité, ah ouais franchement c'est un truc de dingue j'en ai noté tellement plein je souligne, franchement merci pour tout ce, enfin c'est sympa de citer plein de gens du coup ils sont ravis d'être mentionnés

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Merci beaucoup

  • Tony Jouanneau

    Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram à Recover ArtEcoVert A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale innovation tendance

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Tony Jouanneau

    00:28

  • Parcours de Tony Jouanneau : De ses débuts à l'atelier Soumbiosis

    01:13

  • L'importance de la symbiose entre le vivant et les matériaux

    01:54

  • Évolution vers l'éco-conception et le biodesign

    03:58

  • Recherche et développement autour de la couleur végétale

    06:58

  • Conclusion et recommandations de lecture

    09:28

  • Passation du micro à Marie-Sarah

    10:28

  • Réflexions sur l'avenir de la teinture végétale et du design

    12:08

Description

Savez-vous que la teinture végétale, avec ses couleurs vibrantes et ses méthodes durables, pourrait transformer notre manière de concevoir la mode ? Dans cet épisode captivant d'ArtEcoVert, "La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales", Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de couleur végétale, reçoit Tony Jouanneau, designer et enoblisseur textile reconnu. Ensemble, ils plongent dans l'univers fascinant des colorants végétaux et des plantes tinctoriales, révélant les secrets d'un artisanat en harmonie avec la nature.

Tony, dont le parcours est marqué par l'influence de ses grands-mères couturières, partage son expérience unique dans le secteur du luxe, où il a collaboré avec des maisons de couture prestigieuses. Au fil de la discussion, il souligne l'importance cruciale de la symbiose entre le vivant et les matériaux, ainsi que les défis liés à l'ennoblissement textile à travers une approche éco-conçue. Les auditeurs découvriront comment des pigments végétaux, tels que l'indigo et la garance, peuvent être intégrés dans des processus de coloration capillaire végétale, et comment ces choix impactent l'industrie de la mode.

Les échanges entre Pauline et Tony mettent également en lumière ses recherches novatrices sur le biodesign et la biofabrication. L'utilisation de ressources biologiques pour répondre aux enjeux environnementaux est au cœur de leurs préoccupations. Ils parlent de l'importance de collaborer avec d'autres artisans et chercheurs pour promouvoir des pratiques durables, tout en soulignant la nécessité d'une communication efficace pour faire connaître l'impact positif de la teinture végétale et des colorants biosourcés.

À la fin de cet épisode inspirant, Tony recommande un livre qui a profondément influencé sa vision et propose de passer le micro à Marie-Sara, une chercheuse en biofabrication, pour continuer cette exploration passionnante. Ne manquez pas cette occasion d'en apprendre davantage sur le jardin tinctorial et l'agriculture tinctoriale, et découvrez comment les couleurs de plantes peuvent enrichir notre quotidien tout en respectant notre planète.

Rejoignez-nous pour une belle écoute et laissez-vous inspirer par les possibilités infinies offertes par la couleur végétale et les plantes tinctoriales. Pauline.


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Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art,

  • Pauline ArtEcoVert

    d'écologie et de verdure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute !

  • Pauline ArtEcoVert

    Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast à récovers Tony Jouanneau de l'atelier Sumbiosis. Bonjour Tony.

  • Tony Jouanneau

    Bonjour Pauline.

  • Pauline ArtEcoVert

    Alors Tony, on rigole parce que j'ai enfin réussi à prononcer le nom de l'atelier correctement. Déjà je suis très contente de vous accueillir parce qu'on va élargir un peu le champ et ne pas parler que du végétal mais aussi d'autres choses. Je vous en remercie et je voulais commencer avec vous par vous présenter pour les auditeurs votre parcours et comment vous en êtes arrivé à cette histoire de symbiose entre le vivant et les matériaux parce que ce sont des sujets qui nous intéressent sur le podcast. Merci. Donc c'est à vous Tony pour vous présenter pour les auditeurs.

  • Tony Jouanneau

    Ok, ça marche. Donc je m'appelle Tony Joanneau, je suis designer et enoblisseur textile. Alors, mon parcours. Donc j'ai, moi j'ai été élevé en partie par des grands-mères couturières, tricoteuses et l'une de mes grands-mères était chef d'atelier d'une ganterie dans le Loir-et-Cher. et je crois que c'est vraiment elle qui m'a donné une certaine appétence pour les matériaux souples et pour le textile au départ, plus particulièrement pour le cuir, mais en tout cas pour les matériaux souples en général. Et donc j'ai suivi des études au Beaux-Arts, qui est devenu une école d'art et de design, les SAD d'Orléans, donc ça c'était en 2005. Et durant mes études, j'ai fait la connaissance d'un designer textile qui s'appelle Tsuri Geta, qui était enoblisseur textile et qui travaillait à partir d'un brevet qui alliait le silicone et l'étoffe. J'ai été complètement fasciné par ce brevet à partir duquel on pouvait fabriquer toutes sortes de matières organiques très inspirées du vivant et plus particulièrement de coraux ou de formes d'organismes qu'on peut trouver dans les fonds marins. et j'ai commencé en fait à faire un stage chez lui, ça a très bien marché, on a fait des concours ensemble, et il m'a embauché à l'issue de mes cinq années d'études, et j'ai travaillé dans cet atelier pendant sept ans. Je me suis formé au métier d'ennoblisseur textile en travaillant au sein de son atelier. J'étais en charge du département design, mise en volume des tissus. L'activité principale, c'était du bijou, bijou contemporain, parfois des pièces uniques. On faisait un peu de tout à l'atelier. Je me suis formé évidemment à cette technique, à ce brevet de textile siliconé. Et en parallèle, j'étais aussi en charge de développer d'autres techniques, mais surtout de concevoir des objets, voire de carrément changer d'échelle, d'aller jusqu'à des installations. Et c'est aussi ce qui m'a fasciné dans ce travail de l'ennoblissement textile, c'est ces changements d'échelle du bijou à l'installation. et en 2016, au bout de 7 années de pratique, j'ai travaillé, et ça je dois le préciser aussi, grâce à Tsuri, avec beaucoup de maisons de couture, j'ai travaillé dans le milieu du luxe, et c'est un milieu qui est très exigeant, et le fait de travailler au sein d'un atelier en faisant, finalement... Je dirais que l'apprentissage a été peut-être plus intuitif, plus sensible à plein d'endroits. Je trouvais personnellement qu'il me manquait une approche théorique sur les technologies textiles. Je me suis formé aussi en parallèle, mais je ne l'ai pas précisé. lorsque j'étais chez lui, je prenais des cours du soir, des cours qui sont très bien faits, des cours municipaux de la ville de Paris, je ne sais pas si vous connaissez. Non. C'est des cours pour adultes, et moi j'avais pris un cours sur les technologies textiles, et un autre cours avec une personne qui avait fait les arts déco, Hélène Guénin, et c'était un cours sur la couleur et ses applications professionnelles. Il se trouve que chez Torrigas, C'est souvent moi qui faisais les teintures. Ça me plaisait beaucoup. Je pense que j'avais une... une sorte d'intuition pour les associations colorées. Et donc, j'ai voulu pousser un peu, comprendre théoriquement, symboliquement, le travail de la couleur et voir comment, à travers certains codes, je pourrais me le réapproprier dans ma pratique. Donc ça, c'était Hyperformateur. J'ai adoré ce cours qu'on avait avec Hélène Guénin. à travers l'histoire de la couleur, ça symbolique, mais aussi sur un travail de colorisme plus précis où on faisait des gouachés. Ça, ça m'a vraiment beaucoup plu. Et donc, en 2016, je ne voulais plus travailler avec la silicone. pour plusieurs raisons, mais il se trouve que l'ennoblissement textile, à plein d'endroits, c'est un monde de chimie, avec des chimies souvent nocives, et j'ai donc choisi de réorienter ma pratique et de reprendre des études à l'ENSI Les Ateliers, l'École Nationale Supérieure de Création Industrielle, à travers un master spécialisé qui s'appelle Création et Technologie Contemporaine. Et à travers ce master, j'ai pu faire un bilan sur ma pratique et j'ai choisi de réorienter ma pratique dans l'ennoblissement sur l'éco-conception. Donc j'ai commencé à pas mal étudier les moyens et j'ai compris qu'il fallait vraiment que je m'attaque aux procédés, aux processus de fabrication pour pouvoir la réorienter. Et je suis tombé aussi complètement, je ne vais pas dire qu'en admiration, mais j'ai découvert... Beaucoup de nouvelles postures de recherche sur un domaine émergent qui était le biodesign et la biofabrication. Le biodesign, c'est un principe de convergence entre la biologie, qui va identifier des principes, des fonctions et des mécaniques du vivant, et le design qui va transférer ces principes dans des applications humaines, en pensant la fonction, l'usage, le dispositif ou la fabrication. Et moi, ce qui m'intéressait, c'était plutôt le domaine de la biofabrication et voir comment une ressource biologique pourrait, à un endroit précis, répondre à une pollution de l'ennoblissement textile. ou d'un savoir-faire plus précisément, de l'ennoblissement textile. Ce concept-là s'est affiné peu à peu. J'ai travaillé sur de la méthodo. J'ai fait beaucoup de méthodologie quand j'étais dans cette année d'études. Et je me suis entouré d'experts scientifiques. L'idée de ce... Le projet, c'était de mettre en place des hypothèses créatives, de prendre plusieurs savoir-faire de l'ennoblissement textile et de comprendre comment je pourrais les réorienter à travers des hypothèses créatives en leur faisant rencontrer des ressources biologiques régénératives, voir en quoi ces ressources pourraient contrecarrer des pollutions, être intéressantes en termes de production. et c'est un peu comme ça que j'ai fondé l'atelier Sumbiosis et je me suis donc plus précisément intéressé à un principe biologique qui a donné son nom à mon projet, c'est la symbiose et la symbiose dans le vivant, elle peut être... manichéenne, soit parasitaire, soit vertueuse, et évidemment j'ai choisi le côté vertueux, l'idée étant d'associer un traitement à un tissu, ou une matière souple, dans une optique symbiotique et écologique. Et donc j'ai commencé par un premier domaine qui est la recherche. En fait, sans m'en rendre compte, je me suis lancé dans de la recherche fondamentale. Je me suis entouré pour plusieurs de mes recherches de chimiste, physicien ou biologiste. Toute cette recherche à l'ENSI, elle était... Alors voilà, quand on est étudiant, on bénéficie peut-être... une approche un peu plus facile auprès de tous ces partenaires. Après, il faut pouvoir changer l'essai. Il y a quelque chose quand même qui m'a vraiment frappé dans le milieu scientifique académique, c'est cette ouverture. En fait, j'ai trouvé que c'était un milieu qui était peut-être assez fermé et qui était en demande de profils comme le mien, qui avait vraiment envie que les disciplines soient plus poreuses. Et donc je me suis dit que l'atelier allait devenir une sorte de laboratoire d'ennoblissement collaboratif. C'est un petit peu comme ça que ça s'est lancé. Je n'avais pas, en revanche... une perspective très très arrêtée sur ce que j'allais faire à l'issue de l'ANSI, mais il se trouve que j'ai arrêté l'ANSI, donc ça a duré un an, un an et demi à peu près le master, et j'ai fait un programme de la Fondation d'entreprise Hermès, en fait j'ai passé un concours et j'ai été lauréat de ce programme qui était vraiment fabuleux, qui s'appelle l'Académie des savoir-faire, et qui portait en 2019 sur les textiles. Donc l'Académie des savoir-faire, c'est un programme qui est porté depuis plusieurs années par la Fondation d'entreprise Hermès. L'idée étant de mettre à l'honneur, tous les deux ans je crois, ce qu'ils appellent un matériau premier. Il y a eu le bois, le métal, la terre, la pierre. le vert et évidemment les textiles. Et donc j'étais ravi de pouvoir rencontrer, on était 22 académiciens avec des profils d'artisans, designers et ingénieurs. L'objectif de ce programme, c'est de nous perfectionner, de porter une réflexion sur la matérialité textile dans son ensemble, d'un point de vue historique, sociologique, philosophique. D'ailleurs, ce sont des matinales qui sont mensuelles, sur les six premiers mois de l'année, ouvertes au public. C'est sur inscription, mais ce sont vraiment des très beaux moments. et donc plusieurs experts vont venir parler d'un sujet en particulier, d'un angle sur ce sujet du matériau. Et nous, le reste du week-end, les académiciens, on allait un peu partout en France rencontrer des ateliers, des entreprises ou des experts sur un domaine particulier. du textile, de la fibre ou de l'ennoblissement. Et à l'issue de ce programme, on avait aussi des semaines de workshop où on travaillait sous la direction pédagogique de Mathalic. Et c'est durant ce programme que plusieurs personnes, et donc pour les nommer précisément, c'est Juliette Vergne que vous avez... Donc Juliette est dans mon groupe de recherche. Il y a aussi Capucine Bonnetère avec qui on s'est super bien entendus. Notamment ces deux personnes-là qui me reviennent tout de suite en tête, qui m'ont parlé de la couleur végétale. des formations en couleur végétale, puisque je ne l'ai peut-être pas précisé avant, mais moi j'avais commencé de mon côté à intégrer le végétal dans certaines de mes recherches, notamment des recherches autour de la cellulose bactérienne, mais il se trouve que je le faisais de manière très empirique, en autodidacte, avec des livres, et je choisissais le végétal parce qu'il me permettait dans des procédés... de transformation chimique et biologique, de ne pas perturber certains organismes. Donc, je ne l'ai pas choisi par hasard. En fait, c'est vraiment venu soutenir certains procédés de recherche que j'ai fait. Et j'ai une recherche en particulier sur l'impression de cellulose bactérienne sur tissu, où l'idée était de venir aussi allier certaines couleurs végétales dans le procédé. Donc, j'avais commencé à intégrer certains... certains extraits dans cette cellulose et effectivement pour ne pas perturber le liquide bactérien le végétal était la première réponse en couleur et la plus pertinente et donc à l'issue de ce programme il y a eu le covid donc grande pause et pendant le covid j'en ai profité pour faire moi me lancer un peu dans la teinture de mon côté aussi en autodidacte donc j'avais monté un petit labo dans le sous-sol de chez ma belle-mère. Et j'ai commencé à faire pas mal d'expérimentations, de nuancier. Et je m'étais associé juste avant le Covid avec une botaniste qui s'appelle Jeanne Basile, que j'avais rencontrée au sein d'un laboratoire communautaire où je suis resté pendant... un an et demi aussi en résidence, c'est le laboratoire communautaire de la Payasse, où étaient menées des actions d'amorçage de projets entrepreneuriaux à la croisée de la science et d'autres disciplines. Ça, c'est un endroit vraiment génial, où j'ai pu construire mon réseau scientifique. Et en tout cas, par la paillasse, j'ai pu rencontrer Jeanne. Et avec Jeanne, on avait le projet de faire un nuancier aux couleurs de Paris. Et on s'était intéressé aux friches urbaines. Donc on avait commencé à travailler en cueillette sur certaines friches. Et voilà, après il y a eu le Covid, Jeanne a déménagé. Donc moi j'avais commencé à nuancer autour de ça. J'en ai profité pour le continuer un peu pendant le Covid. Et dès que les premières restrictions sanitaires ont été levées, on est parti dans le Luberon avec mon compagnon. et je voulais à tout prix aller au jardin conservatoire des plantes tinctoriales et aller chez Couleur Garance donc c'était fermé je me souviens à ce moment là donc j'ai fait un forcing sur Facebook en disant ouvrez-moi s'il vous plaît et en fait ça a été ma première rencontre avec Lise Lise Camoin qui m'a qui m'a ouvert la porte et je me souviens parce qu'elle avait un petit petit Elle était couverte de bleu, elle était dans l'indigo. Avec Aromi, elles étaient couvertes de bleu, elles étaient dans une grosse pote d'indigo. Et ouais, elles m'ont accueilli hyper chaleureusement, et j'ai été tout de suite enchanté déjà par le lieu dont on m'avait dit beaucoup de bien. J'avais évidemment entendu beaucoup parler de Michel, et j'ai... là, j'ai compris que quelque chose allait s'actionner autour de la teinture végétale. Ce ne serait pas la tiers partie de mon activité, mais qu'en tout cas, j'ouvrais une porte qui n'allait plus se refermer. Donc, ça, c'est vraiment avec l'iséromie que ça s'est fait. Et puis après, j'ai... Je me suis quand même formé sur de la fabrication de pigments avec Lise, un étudiant qui avait embarqué mon compagnon avec moi. On l'a fait ensemble et c'était vraiment très chouette. Et après, moi, de mon côté, dans la mesure où sur la recherche, je mettais en place beaucoup de protocoles, scientifique et chimique. Si vous voulez, ce n'est pas un truc qui me rebute assez vite. J'ai compris les méthodes et assez vite, j'ai pu me les approprier. Donc, voilà, il existe plein de chimies différentes. loin de moi l'idée de penser que je suis un expert de la teinture végétale, vraiment pas du tout. Je sais qu'il y a des gens, des vrais chercheurs, comme Michel, Clément, Sandrine, des gens, Clément Bautier, je ne l'ai pas rencontré, mais je sais que Sandrine m'en a parlé, et là je sais que c'est des personnes qui œuvrent d'un point de vue de la recherche. Par contre, j'avais rencontré Dominique Cardon par le biais de la Fondation d'entreprise Hermès. On avait eu une conférence avec elle et j'ai été retourner discuter avec elle dans une autre conférence. Et pareil, Dominique, elle m'avait fasciné dans son approche théorique, toute la recherche qu'elle a faite. Et puis, voilà. En tout cas, la chimie ne me faisait pas peur, ne me fait pas peur. Donc, assez vite, je peux m'approprier des protocoles. Et puis, ce que je n'ai peut-être pas dit aussi, c'est que… Du coup, j'avais cette activité de recherche, mais en parallèle, j'ai une activité de transmission, une activité pédagogique qui s'est mise en place. J'ai une première demande de l'ENSI et des arts décoratifs par le biais d'Aurélie Mossé sur... de nouveaux modèles de recherche, de rencontres entre des savoir-faire traditionnels et des recherches en biologie. Donc j'avais commencé à animer des workshops à l'NCD autour de ça. J'en ai fait un aussi avec Aurélie aux arts décoratifs, qui s'appelait Nouveaux savoir-faire. Et puis après, ça a un petit peu basculé parce qu'en fait, c'est des formats courts sur une semaine. Et quand on travaille sur ces procédés, on est souvent confronté à des matières en culture qui demandent un temps, des procédés de croissance. Et pour ça, des formats studio sur un semestre sont parfois plus adaptés. Et donc après, à l'ENSI, j'ai proposé un studio expérimental qui s'appelait Matières à cultiver, où là, les étudiants avaient vraiment le temps de s'emparer. d'un protocole entouré bien sûr d'une expérience quantique à chaque fois, mais de pouvoir aussi observer les temps de croissance et voir en quoi ça pouvait déterminer une preuve de concept intéressante ou non, ou la réorienter en fonction. Et donc à l'ENSI, sur les formats workshop, le département textile m'a demandé de... revoir les choses. J'avais discuté avec plusieurs personnes, mais Dominique Cardon, sur la valorisation de déchets organiques, je me souviens qu'il y avait une matinale en 2018 super intéressante, où Dominique Cardon présentait une partie de sa recherche, mais qu'en parallèle, on avait Pili Bio, justement, qui était présent ce jour-là et qui présentait aussi la recherche. Donc là, c'était vraiment les confrères. Oui, il faudrait que vous retourniez sur cette matinale, elle est vraiment super. À l'ENSI, on demande, en tout cas, on incite les étudiants. à porter une recherche et la mettre en perspective dans le secteur industriel. Moi, ce n'est pas du tout mon secteur de prédilection. J'ai toujours travaillé dans l'artisanat, voire l'artisanat d'art. Mais en tout cas, je dois leur donner des clés pour ça et je dois les inciter à mettre ces recherches en perspective pour l'industrie. on m'avait demandé d'animer un atelier en teinture végétale et je leur avais dit non mais moi la teinture végétale, il y a d'autres experts qui peuvent faire ça. En revanche, ce que je trouverais intéressant, c'est de travailler de manière frugale sur la valorisation de déchets organiques et du coup à partir de ces premières recherches, commencer à mettre en place encore une fois des hypothèses de concepts pour l'industrie. Donc en fait c'est un... un workshop qui commençait par un banquet. Je trouvais qu'on n'avait plus jamais besoin de se retrouver après toute cette période Covid. Je voulais fédérer autour du banquet, donc un banquet initial où on partageait, il y avait quand même évidemment des ressources choisies, des ressources qui avaient un potentiel colorant. L'idée, c'était d'emmener ensuite les étudiants sur une... demi-journée à faire des récoltes sur le territoire parisien, enfin vraiment en ville, et donc faire surtout les fins de marché, et aller à la réserve des arts pour récupérer aussi des tissus naturels de seconde main. et en gros, coloriser nos poubelles à travers des premières gammes textiles colorées. Donc ça va très très vite, c'est une semaine super intense, et en fait c'est un format qui a été beaucoup apprécié, et depuis, je le refais tous les ans, je trouve que c'est un workshop qui est très inspirant, c'est aussi une première incursion dans le milieu de la couleur organique, qui est très accessible pour tout le monde. donc j'ai une première journée d'incubation avec beaucoup d'entrées en théorie, où je leur donne quand même beaucoup de clés théoriques sur les transformations des ressources, mais aussi sur des lieux ressources pour après aller se former plus précisément, et c'est vrai que ça plaît beaucoup parce que... de proximité de toute façon, de la même manière qu'on va prendre de plus en plus attention à ce qu'on mange, et on le voit bien avec le bio qui est arrivé dans nos assiettes, maintenant c'est complètement établi. en 15 ans, je pense. Il y a eu quand même un bouleversement dans nos assiettes. Je pense que de la même manière, on va glisser ces questions-là autour du vêtement et de la manière...

  • Pauline ArtEcoVert

    J'aimerais. J'aimerais tellement. Et du coup, dans les biodéchets que vous utilisiez, il y avait style peau d'avocat, peau de grenade, oignon... Oui,

  • Tony Jouanneau

    c'est ça. Oui, voilà, enfin, ceux qu'on peut trouver en tout cas sur les marchés en saison au mois de février. Intéressant. En saison au mois de février, donc ce n'est pas forcément le moment le plus adapté, mais voilà. Et donc, ils expérimentent. Chaque année, je mets l'accent sur un procédé. Donc, la première année, c'était vraiment que teinture. Après, on a fait impression. impression de mordant et révélation et puis des fois je mélange un peu je leur donne ce qu'ils ont envie de tout faire mais on ne peut pas tout faire en une semaine donc souvent un groupe en une ressource et pour compléter un peu l'avant dernier jour je ramène des extraits végétaux et ils ont le droit de compléter la gamme avec un peu de couleur végétale je monte quand même une cuve d'indigo en début de semaine parce que je Je trouve que c'est toujours magique et pour ceux qui n'en ont jamais fait, c'est quand même génial de pouvoir… toucher à l'indigo. Moi, en tout cas, c'est la couleur que je préfère. C'est ce que je préfère.

  • Pauline ArtEcoVert

    Non, mais c'est dingue. Comme elle est magnétique, cette couleur, il y a plein de gens qui sont en amour de l'indigo. C'est incroyable. Et c'est toujours la même approche dans la manière de le dire en disant, je ne sais pas pourquoi, mais l'indigo, c'est marrant d'entendre ça.

  • Tony Jouanneau

    Je crois que je... Enfin, si, moi, je sais que c'est le changement de couleur, la révélation. Tout se fait dans la révélation. J'adore ce moment où... J'adore cette couleur. Quand on commence à sortir le tissu et qu'il verdit, verdit-bleuille, ça, c'est un peu la couleur que j'aimerais toujours garder et qui tourne après un bleu magnifique. Mais je crois que c'est ce moment que je préfère à chaque fois. Et oui, oui, c'est le procédé chimique que j'adore. et toute la transformation c'est vraiment fascinant l'indigo moi loin de j'en parlerai peut-être après parce qu'au Japon j'ai eu l'occasion de le découvrir aussi autrement mais voilà dans l'approche j'ai la recette simplifiée de Michel qui fonctionne super bien et souvent les étudiants ne le prennent pas vraiment compte, je leur en parle dès le début de semaine mais en fin de semaine

  • Pauline ArtEcoVert

    tout le monde veut faire de l'indigo et c'est incroyable parce que en épluchant votre site votre compte insta etc j'ai vu des oeuvres avec je supposais que c'était de la couleur végétale mais je savais pas que vous aviez fait tout ça, que vous en aviez fait autant que vous aviez rencontré toutes les personnes ressources que vous vous aidiez et je suis agréablement surpris,

  • Tony Jouanneau

    je trouve ça top et je l'avais pas forcément perçu après j'en parle pas trop non plus peut-être que je ne communique pas trop là-dessus toute l'activité de transmission je vais faire de temps en temps une communication plutôt sur LinkedIn parce que je veux bien montrer ce que feront les étudiants là cette année je n'ai pas eu le temps de le faire encore mais chaque année quand même je fais un petit post en story j'ai une une workshop parce que ça c'est hyper important, ça a été hyper important à un moment dans mon activité il se trouve que voilà j'allais venir peut-être à ça Il y a une deuxième activité qui est une activité de création que j'ai entamée en 2021 et qui finalement a basculé et a pris vraiment beaucoup de place aujourd'hui. Elle a commencé en 2021 avec d'ailleurs une lauréate de l'académie qui était aussi dans mon groupe de travail avec Juliette, c'est Clémentine Brandybasse qui est artiste brodeuse. et ce que j'ai peut-être pas précisé aussi dans mon parcours c'est que à l'issue du co vide j'ai intégré l'incubateur des ateliers de paris qui est un endroit Vraiment génial, un service de la ville qui propose à... Maintenant, ça ne s'appelle plus les Ateliers de Paris, ça s'appelle le Bureau de la Mode, des Métiers d'Art et du Design. Et donc, il propose à des créateurs de ces trois secteurs d'activité d'intégrer l'incubateur pendant deux ans en les accompagnant sur le... le modèle économique de leur entreprise. Et il se trouve que moi, quand je suis arrivé aux ateliers de Paris, c'était un petit peu spécial parce que je n'avais pas de modèle productif. Je faisais surtout de la recherche et de l'enseignement. Et je les remercie beaucoup parce qu'ils ont été vraiment super…

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    super aidant à l'époque. C'était Françoise Sainz, la dernière année où Françoise était là, et Lauriane Duriez, qui a pris le relais à la direction. Mathilde Noni, qui a été une personne clé que j'ai rencontrée par l'intermédiaire de quelqu'un qui est aussi très important dans mon parcours, c'est Aurélia Gualdo. Là, je vous donne plein de noms, mais en fait, elle est anthropologue. C'est une activiste dans les mouvements de mode éthique. C'est quelqu'un de fabuleux et c'est elle qui m'a fait connaître les ateliers de Paris. C'est elle qui m'a aussi beaucoup aiguillé pour m'y présenter et qui m'a fait rencontrer Mathilde Noni. Je pense que ça arrivait à un moment de bascule aussi pour tout le monde, ce Covid, où peut-être qu'ils ont un peu réorienté les choses. En tout cas, je suis rentré dans cet incubateur, ça a été hyper bénéfique pour moi. J'avais quand même ces 7 ans déjà de... d'expérience dans l'atelier Tsurigeta. Donc, je savais aussi comment fonctionnait une petite entreprise. Ce qui me ralentissait sur un modèle productif, c'est que je ne voulais pas produire pour rien, pas n'importe comment. Et je ne voulais que ça se fasse que par association, donc toujours dans cette logique symbiotique. Je voulais aussi m'associer et collaborer avec des artisans d'art. Donc j'y viens, je me suis associé pour le tout premier projet qui m'a été proposé par les Ateliers de Paris, qui s'appelait le Paris des talents. 16 créateurs étaient invités à revisiter la trame d'un plan de Paris par leur savoir-faire. Il se trouve qu'à l'époque, je travaillais pas mal les bioplastiques marbrés de chlorophylle. Et donc j'étais aussi en contact avec Greening. J'avais fait des essais de peinture sur soi qui fonctionnaient pas mal et d'impression. Et j'ai proposé donc à Clémentine Brandybass de venir broder ces matières. Donc on s'est mis ensemble sur une direction artistique. Et on... On a travaillé sur ce projet, j'étais vraiment super heureux de la retrouver sur ce premier projet, qui a été un peu le lancement de mon activité de création. Je ne l'avais peut-être pas précisé, mais la première fois où je suis allé chez Couleur Garance à l'ORIS, j'avais rencontré Aromi qui m'avait présenté ses plissages de soie colorée de végétaux. Je connaissais bien le plissage sur matière synthétique. J'avais en tête aussi certains plissages de la maison Fortuny sur des matières naturelles, mais je savais que ça ne tenait pas vraiment. dans le temps. Et j'ai beaucoup aimé aussi la matière qu'Arumi utilisait, qui est un organza de soie assez transparent. Ce que je trouvais intéressant dans son approche, c'est qu'elle l'appliquait sous forme d'encre. Et dans le procédé, du coup, on utilise aussi beaucoup moins d'eau. Je trouvais le procédé intelligent, intéressant. Donc elle, elle avait à ce moment-là pas mal d'échantillons. Moi, j'avais vu beaucoup d'échantillons très géométriques. Je pense qu'à Rumi, elle était passée de l'origami. Au départ, elle faisait des bijoux en origami et elle est arrivée au plissage occidental, entre guillemets, plissage au carton, toujours dans des formes très géométriques. Et je pense qu'elle cherchait aussi des designers pour travailler avec elle, l'orienter peut-être dans une direction artistique. Moi, j'ai eu envie en tout cas de ramener beaucoup de courbes dans tout ça. Et on s'est retrouvés un premier été tous les deux. On a commencé à faire des recherches ensemble. Et il y avait des échantillons qui fonctionnaient super bien. On a travaillé dans un premier temps avec des couleurs que je n'avais pas trop explorées moi de mon côté, mais des bois de campêche, bois de sapin magnifiques. Et... A l'issue de ce premier été de recherche, j'étais toujours aux ateliers de Paris, j'ai passé un concours de la Fondation Banque Populaire, une bourse artisanat d'art qui m'a permis d'avoir un peu de fonds pour réaliser des premiers prototypes. et du coup j'ai créé des pièces à partir de ces plissés végétaux et ça a été les premiers prototypes d'une collection assez longue depuis sur votre site ? voilà, que j'ai appelée Undula qui reprend tous ces mouvements à queue on a des sensations, des passages de couleurs ce qui m'intéressait c'était que ces tableaux soient la rencontre entre au moins deux couleurs toujours dans cette logique symbiotique. Et donc on a pu présenter grâce aux ateliers de Paris ces premiers photos pour le salon Révélation en 2022. Et ça a été une grande bascule ensuite, puisque la Maison est venue nous voir à la fin, juste avant qu'on remballe la fin du salon. C'était assez génial comme rencontre, ils avaient beaucoup aimé notre proposition. qui entrait en résonance avec une collection qui avait été créée, je le découvrais, c'est vrai que ça résonnait beaucoup avec une collection pour hommes qui avait été créée un an plus tôt, et ils nous ont demandé si on avait les moyens de travailler en... en plus grand format. Et donc là, j'ai repris la casquette vraiment design installation telle que je l'avais entrepris quand j'étais chez Tsurigeta. Donc ça, on est rentré dans de la production à plus grande échelle. Et là, c'était vraiment génial. J'ai aussi beaucoup aimé qu'une maison de luxe. réintègrent le végétal dans des pièces, alors là c'est des œuvres d'art, ils achètent comme des œuvres d'art dans leur magasin. Et donc moi je leur ai proposé, j'ai fait un travail conceptuel avec eux au départ. Et j'ai imaginé qu'on pourrait créer ces séries de tableaux comme des promenades de l'aube au crépuscule. Ce n'était que des variations, des sensations comme ça, colorées, réalisées avec les végétaux. Et je suis ravi parce que c'est une très belle collaboration qu'on développe avec cette maison. ça nous a permis aussi d'explorer des associations colorées qu'on n'avait pas pu encore faire et voilà, donc ça c'est cette activité de création qui m'occupe beaucoup depuis deux ans avec

  • Pauline ArtEcoVert

    Harumi et alors du coup, donc Harumi de couleur garance que j'ai eu pour parler des voyages au Japon, etc sur une autre activité qu'elle a et donc du coup là, avec la maison c'est des objets d'art du coup c'est pas du vêtement, on est d'accord

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, non, non.

  • Pauline ArtEcoVert

    Les tableaux qu'on voit sur votre site ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui. D'accord. Moi, ça a été un vrai choix. Dès que je suis... Pour le coup, j'ai vraiment travaillé plutôt dans la haute couture, un petit peu dans le prêt-à-porter, mais le calendrier de ces maisons sur la haute couture et le prêt-à-porter ne me convenait pas. Il ne convient pas avec ce temps du végétal. Il ne convient pas avec ces manières de travailler. Alors, je pense qu'il pourrait convenir parce qu'il y a quand même... plein d'outils maintenant aujourd'hui qui se sont mis en place mais en tout cas moi je viens du design objet et espace aussi, j'avais fait espace à Orléans et mon envie et c'est ce que je développe avec l'atelier sous Biosis, c'est de transposer des savoir-faire de haute couture à l'échelle architecturale Donc c'est plutôt comme ça que je vois les choses et je ne suis pas dans la création de bêtements. Il y a plusieurs créateurs de mode qui m'ont demandé d'ailleurs de travailler sur des tissus. Alors en haute couture, ça pourrait marcher, mais en prêt-à-porter, pour le moment, en tout cas, ce n'est pas du tout un chemin que je souhaite prendre. C'est d'autres processus qui sont hyper intéressants, mais qui ne sont pas les miens.

  • Pauline ArtEcoVert

    Alors, je fais juste une parenthèse, Tony, parce qu'on avait reçu à l'époque Chantal Guillon, qui avait travaillé dans plusieurs maisons de luxe, et je lui avais demandé son retour par rapport à est-ce que pour elle, la teinture végétale pourrait revenir sur les devants, on va dire, grâce aux maisons de luxe ? Juste, j'aimerais bien avoir votre point de vue là-dessus. Qu'est-ce qui pourrait faire qu'elles y aillent ? Et quels sont ces fameux process qui pourraient faciliter ? le retour du végétal dans la mode de luxe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, pour les maisons en tant que telles, l'enjeu, mais comme pour n'importe quelle entreprise au départ, il est économique. S'il y a un enjeu économique, par glissement, il deviendra écologique. Mais l'enjeu de départ quand même pour ces maisons, il ne faut pas l'oublier, c'est économique. En tout cas, c'est mon avis. Il y a de très beaux projets, et ça, c'est plus une approche... que j'ai par l'éco-conception en design plus précisément, qui me laisse penser ça. Un modèle de symbiose industrielle que je trouve fabuleux, qui date des années 70 et dont on pourrait vraiment s'inspirer aujourd'hui, c'est le modèle de Kellenburg aux Pays-Bas, où dans un pôle... Un pôle industriel, la proximité de certaines entreprises fait que les déchets d'une entreprise peuvent devenir la matière première de l'autre. Ça c'est un exemple de symbiose industrielle, quelque chose d'intelligent. qui existe depuis longtemps, mais qui demande plusieurs paramètres pour pouvoir se mettre en place. En tout cas, l'enjeu de départ n'était pas écologique pour Kallenbourg, c'était économique. Et je pense que c'est la même chose déjà pour ces grandes maisons. Alors, elles ont quand même un travail en R&D depuis très longtemps sur ces questions, toutes à plein d'endroits. Ça, je suis bien informé là-dessus, je suis certain qu'il y a beaucoup de choses qui se font depuis longtemps et elles ont certaines réponses. Après, d'un point de vue marketing, pour que ça puisse marcher, c'est souvent une histoire de communication. Enfin, je pense qu'il y a une histoire qui doit s'activer par la com, je crois. donc ça veut dire qu'elles s'y intéressent ça on en avait eu plusieurs échos donc plusieurs maisons il y a un intérêt il y a vraiment un travail en R&D qui est mené par je suis persuadé par toutes les maisons elles sont obligées d'ailleurs je

  • Pauline ArtEcoVert

    suis hyper intéressée par la partie le déchet d'une entreprise devient la ressource d'une autre parce que je travaille une quinzaine sur justement les autres ressources qui ne sont pas cultivées mais qui seraient disponibles, donc soit végétales, champignons, les algues, ou des déchets industriels, parce que moi je viens de la grande distri à la base, je travaille dans l'agroalimentaire, et en fait il y a plein de ponts, je me dis non mais attendez, là il y a de quoi faire, donc ça, ça m'intéresse beaucoup, mais du coup j'ai du mal à comprendre, il faudrait trouver des ressources végétales qui pourraient donner de la couleur, et qui seraient économiques par le fait qu'elles soient présentes, disponibles, et du coup pas chères, c'est ça en gros, qui ferait que la...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense que c'est ça. Et d'ailleurs, ce n'est pas que des ressources végétales, c'est des ressources organiques, je dirais. D'accord. Je ne suis pas expert dans ce domaine, mais ce que j'ai retenu, en tout cas, de ce principe, par exemple, de symbiose industrielle, c'est qu'il y a un point à ne pas mettre de l'autre côté, c'est la proximité des entreprises pour que ce transfert de ressources puisse avoir lieu dans les mêmes conditions. Là, je crois que sur le modèle, je ne l'ai pas étudié. dans le détail, mais sur ce modèle de Callenbo, ce qui s'est passé, c'est que c'est la ville, c'est la mairie de la ville qui, à un moment, a rassemblé les entrepreneurs et a décidé de travailler en bonne intelligence et où chacun s'est dit, Oui, évidemment, on gagnerait tous à travailler comme ça. je pense au départ d'un point de vue financier, et évidemment, par glissement, ça pouvait être vertueux d'un point de vue écologique. Après, sur... Je ne sais pas, vous, c'est plusieurs filières, c'est ça, du déchet que vous pouvez... Non, en fait,

  • Pauline ArtEcoVert

    je me dis, il y a plein de... Donc, on a parlé des biodéchets tous les deux avec les restes alimentaires, mais il y en a plein d'autres ressources. Il y a les ressources de l'agriculture, les coproduits agricoles, il y a les déchets de l'industrie agroalimentaire. Il y a aussi des choses surprenantes que je...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, mais ça, c'est des sujets brûlants. Par exemple, à l'ENSI Les Ateliers, en création industrielle, tous les coproduits à valoriser, je ne sais pas combien de diplômes. Je vous invite vraiment à aller voir.

  • Pauline ArtEcoVert

    Ce serait chouette de mettre en relation, parce que je suis en train de bosser là-dessus ardemment.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, la question écologique, de toute façon, est au cœur de leur démarche. Ce n'est pas forcément le projet en tant que tel, mais ça intervient de toute façon aujourd'hui de manière nécessaire. il y a eu énormément de projets autour de la valorisation de coproducts ça il y en a plein moi c'est vrai que j'en ai pas parlé mais celui qui m'anime le plus c'est la recherche que je fais avec la Sorbonne depuis deux ans maintenant, avec une chercheuse au CNRS qui s'appelle Marie-Albéric, et qui m'a proposé en 2022, du coup, peut-être un petit peu avant, de travailler sur un procédé d'extraction pigmentaire des épines d'oursin.

  • Pauline ArtEcoVert

    Oh,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    incroyable ! Voilà, donc ça, c'est un projet que elle, alors elle a fait une thèse dessus. Marie a commencé à travailler dessus et il se trouve qu'elle était en lien avec un ingénieur biomatériau que j'avais rencontré à la Payasse, Christophe Tarabou, donc il nous avait mis en contact. Vous parliez de l'étranger tout à l'heure, c'est question peut-être de la biofabrication au sens large, en tout cas d'un point de vue de la couleur. Nous, en France, on a beaucoup de retard, par exemple, par rapport à l'Angleterre, d'un point de vue pédagogique, à la centrale Sainte-Martine. Telle qui a vraiment donné l'input, je dirais que c'est Carole Collet. Alors, biofabrication, mais elle, en plus, c'est plutôt biologie de synthèse au départ. Avec une de ses étudiantes, Audrey Natsa-Echesia, elles ont fait connaître la biologie synthétique appliquée au textile en Angleterre, en Europe, mais je dirais presque dans le monde entier. Parce qu'elles ont fait des premiers projets qui ont été un véritable bouleversement. Il y avait une super expo à EDF qui s'appelait Alive, où elles présentaient plein de projets autour de la biofab. Je dirais qu'elle s'est faite connaître au départ. Pour ce projet, où elle proposait, et je crois qu'elle s'était faite accompagner d'un prix Nobel pour ce projet, elle proposait de changer la séquence ADN d'une plante. En l'occurrence, elle partait dans un scénario prospectif, où les plantes devraient devenir des usines multifonctionnelles d'ici quelques années pour les humains. J'espère que je vous ai aidé. Je ne bafoue pas trop son projet, que j'en parle bien, mais en tout cas, dans ma tête, c'était un fraisier qui, modifié, contenait beaucoup plus de nutriments. et dont le système racinaire formait des points de dentelle. C'est un projet, je crois, qui s'appelle BioLace, et qui, dans sa dimension éthique, scientifique, poétique, posait plein de questions, et je crois que ça a été un grand bouleversement dans le champ de la biofabrication. L'une de ses élèves, Audrey Natsachesia, a beaucoup travaillé avec cette bactérie colorante, l'Agentinolividum. Bacterium que PiliBio a utilisé à ce qu'il est à grande échelle. PiliBio c'est vraiment génial ce qu'ils ont fait. C'est la vision industrielle du projet qu'ils ont eu dès le départ et pas pour rien. C'est né aussi à l'ENSI avec Marie-Sara Adoni qui a un double cursus en biologie à l'ENS et en design. Et je crois qu'il y avait un partenariat qui était fait avec BIC, les stylos BIC, et elle avait imaginé que l'encre des stylos BIC pourrait être remplacée par la production de cette bactérie. Le projet a pris pas mal d'ampleur ensuite à La Payasse, qui avait été cofondé par Thomas Landrin. Et donc Jérémy Blach, président de Pili, a rejoint aussi le projet. Aujourd'hui, Pili, c'est une équipe, je crois qu'ils sont 20 personnes, 20 chercheurs à Toulouse. L'objectif, c'est de mettre en place une unité de production dans la région lyonnaise et de démocratiser aussi cet accès à... la couleur par fermentation bactérienne, qui est vraiment incroyable dans le procédé, et démocratisé, puisque je crois que l'objectif qu'ils ont, c'est de teindre des vêtements, mais à un prix accessible. C'est ça, vraiment, tout l'enjeu. Et c'est pour ça que ça prend aussi autant de temps. Et je les trouve vraiment inspirants. inspirants, exemplaires, mais parce qu'ils sont aussi hyper intègres. Ils ont une vision depuis le départ, je pense qu'ils ont reçu beaucoup de pression, de plein de lobbies, sans doute, sur la teinture synthétique, mais aussi sur plein de gens qui voulaient certainement s'emparer de ce type de recherche. peut-être pas les porter de la meilleure manière qu'ils soient. Et voilà, moi, en tout cas, c'est un modèle, et j'en parle beaucoup.

  • Pauline ArtEcoVert

    Je vais les relancer. Oui, j'aimerais bien les avoir. Et je rebondis sur ce que vous dites quand vous dites qu'on est un peu hors tard, côté français, sur cette histoire de valorisation, que ce soit des biodéchets, des coproduits, des invasives, ou autres. j'avoue que je vois un petit peu, je suis contactée un peu par le Canada, l'Angleterre, et je me dis, c'est vrai qu'en fait, on a tout ce qu'il faut chez nous, mais soit, alors, il y a peut-être ça aussi, soit on n'en parle pas. soit les gens qui travaillent là-dessus, ils ne sont pas assez mis en lumière. Plus on parle, et plus j'ai des noms, et du coup, je peux essayer d'en parler, mais je trouve qu'on en parle peu alors qu'on a tout. On a beaucoup de gens qui travaillent, de chercheurs, de process, et ce n'est pas assez mis en valeur.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense. Ce n'est pas toujours mis en valeur, mais effectivement, peut-être pour d'autres raisons. C'est-à-dire que dans le milieu de la recherche, il y a quand même une culture du secret qui est instaurée à plein d'endroits. Il se trouve que, par exemple, Marie-Albérique, avec qui je travaille maintenant sur les teintures d'oursins, elle mène cette recherche depuis des années. Donc, moi, c'est tout récent. Et je lui... proposé et c'est vrai que ça prenait sens. Donc, elle m'a demandé d'appliquer ces pigments sous forme de colorant en revisitant certaines recettes de teinture végétale. Et j'ai commencé à avancer dans l'étude et l'application de ces molécules colorantes. C'est assez génial. Pendant deux ans, et à l'issue de ces deux ans, j'ai trouvé que ça prenait une autre dimension. Mais ça, c'est plus le côté design. qui a repris le dessus. Je trouvais intéressant que cette recherche se fasse dans les lieux où la ressource se trouve en grande quantité, où elle est parfois invasive, et pas qu'un peu. Et au Japon, ça prenait tout son sens. parce que le Japon, et ça elle le savait très bien, Marie-Alvérique, le Japon est le premier consommateur importateur au monde d'oursins, et il y a à peu près un gisement de matière de 60 000 tonnes à valoriser par an, et donc je lui ai proposé qu'on fasse progresser cette recherche par le biais d'une résidence à la Villa Kojoyama, et ça a été génial parce que je crois que le projet a été vraiment très bien reçu, Déjà au niveau de l'Institut français, la Villa Kujoyama, la directrice de la Villa qui l'a soutenue, et bien sûr la Fondation Métancourt-Schuller qui soutient aussi tout ça, et c'est vraiment un super programme de recherche, la Villa Kujoyama, j'ai eu une chance inouïe de pouvoir aller au Japon cette année, donc j'y suis allé de septembre à décembre. L'objectif, moi, sur place, c'était de tenter de remonter une filière du déchet d'oursin, et de la faire dialoguer avec l'artisanat textile, le... traditionnels sur des techniques de teinture à la réserve en partie, mais aussi d'autres techniques qu'on peut trouver plutôt au sud-ouest du Japon. Il y a beaucoup de savoir-faire et de traditions textiles vers Okinawa, et c'était vraiment passionnant. j'ai eu très peu de temps pour amorcer le projet, enfin, j'ai préparé en amont. On avait identifié certains acteurs pour remonter la filière avec Marie-Alberic, Harumi aussi, parce qu'il faut quand même parler japonais, qui m'a aidé à identifier une entreprise en particulier. Là, on va faire une émission de télé avec elle et Marie-Alberic, et ça, je suis vraiment ravi, parce que c'est une entreprise qui me fournit désormais les épines d'oursins, c'est l'entreprise Ozuka Suisan, qui se trouve complètement à l'ouest, dans la préfecture de Kagoshima. Et en fait, eux ont déjà commencé à breveter aussi ce procédé de teinture. Il se trouve qu'ils s'en sont rendus compte de manière très simple. En fait, c'est des oursins qui étaient conditionnés Et c'est un peu la direction qu'on avait prise parce qu'au départ on cherchait par les marchés de poissons, comment est-ce qu'on allait réussir avec les coopératives de pêcheurs à récupérer ces déchets. C'était vraiment hyper complexe, il y avait plein de normes sanitaires qui nous empêchaient aussi un peu. Et donc les oursins sont très consommés au Japon et parfois en conserve, sous forme de conserve. Donc on est allé sur ce type de conditionnement et c'est comme ça que Harumi a identifié Uzuka Suisan. qui est une entreprise dirigée par une femme, Madame Ozuka, et qui, elle, a fait appel à un chercheur de la région de Kagoshima, de la préfecture de Kagoshima, M. Fujimoto, il y a une dizaine d'années à peu près, pour travailler sur la valorisation de ces squelettes et épines d'oursins. Et donc, elle avait pressenti… le potentiel colorant puisque ses employés avaient les doigts tachés quand ils conditionnaient les...

  • Pauline ArtEcoVert

    Et justement, j'allais dire, c'est de quelle couleur du coup les épines d'oursin ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors là, c'est une espèce d'oursin qu'on appelle le Murasaki uni, qui donne un violet en première couleur et qui peut varier selon les pH, vert du rose ou un bleu très clair quand on va en milieu alcalin. Et donc j'ai eu la chance d'aller rencontrer cette femme qui m'a présenté ce chercheur, Monsieur Fujimoto. Maintenant on a une plateforme. communes d'échange avec Marie-Alberi qu'ils ont pu se rencontrer. Donc, c'était hyper émouvant que ces chercheurs puissent se rencontrer et qu'ils puissent évoluer leurs recherches aussi les uns les autres. Elle, je pense qu'au Japon, elle essaye de faire connaître cette recherche, mais que jusqu'à présent, il n'y avait pas eu énormément d'engouement. Alors, le gouvernement japonais investit à hauteur de 25 000 euros dans cette région par an pour la pêche de ces oursins, parce qu'on ne peut les pêcher qu'à la main. Et pourquoi ? Parce qu'il y a un enjeu vraiment écologique, c'est des destructeurs des fonds marins. En fait, les oursins, ils ont des dents et en fait, ils rongent vraiment tous les fonds. Et ça empêche toute une biodiversité de se développer en côte. Ça empêche une certaine pêche aussi. et donc j'ai pu rencontrer la coopérative de pêcheurs d'Hakune, dans la région de Kagoshima, qui m'a expliqué ça.

  • Pauline ArtEcoVert

    C'est pas sûr.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais ça ne veut pas dire que le gouvernement a compris qu'il y avait un levier technique forcément intéressant. Et j'espère que par le biais de la Villa Kujoyama et du type de recherche que j'ai porté, on peut en tout cas amener un certain regard. Alors nous, on avait trouvé de notre côté avec Marie-Albéry que quand même, pareil, il y a presque six ans, je crois... À l'université d'Okayama, ils avaient fait aussi une première recherche sur ces pigments, mais plutôt utilisés dans les colorants alimentaires. Jusqu'à présent, ça n'a pas été vraiment exploré. Et donc, moi, l'objectif, c'est de poursuivre cette recherche. la faire évoluer et travailler même sur cette matière par épuisement. Donc là, il y a une idée couleur d'un côté, mais il subsiste aussi une matière là-dessus et je suis en train de travailler sur un prochain projet, je ne peux pas vraiment encore en parler.

  • Pauline ArtEcoVert

    Pas de souci.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En tout cas, il sera présenté au JAD, le Jardin des métiers d'art et du design, où j'ai mon atelier désormais. Super. En tout cas, Tony, n'hésitez pas, si vous voulez qu'on se refasse un petit épisode actue au moment où ça sort et au moment où vous voulez, même si c'est 10 minutes, mais de tenir informé des avancées de tous. Moi, je trouve ça hyper chouette. Donc, dans tout ce que vous avez raconté, vous avez répondu à pas mal de mes questions. Donc, sans les avoir lues, c'est quand même magnifique. Ce que je voulais savoir avec vous, c'est qu'il y a cette histoire qui m'intrigue de biofabrication. Sur votre site, quand je les ai épluchées, j'ai vu tout ce qui était bio-ennoblissement que vous travaillez avec de l'organique. Et en fait, j'aimerais savoir, quel type, si vous avez le droit de le dire, mais organique, c'est quoi ? On a parlé des bactéries, ça peut être des algues, c'est quoi votre champ d'action ?

  • Pauline ArtEcoVert

    Oui, c'est vrai que je n'ai peut-être pas précisé toutes ces ressources que j'ai investies dès 2016. Donc, évidemment, les algues, ça a été les premières. J'ai travaillé sur un projet en partenariat avec la Manufacture des Gobelins et plus précisément l'atelier de teinture de la Manufacture des Gobelins. À l'époque, il était encore dirigé par Francis Tribier et il y a eu une passation qui s'est opérée à ce moment-là avec la… la nouvelle responsable de l'atelier Sylvie Sicaleschi. Ce qui m'intéressait, c'était de rentrer dans un savoir-faire patrimonial, de comprendre comment on était passé au colorant synthétique dans les années 50. soi-disant pour des questions de solidité, mais on sait bien que c'est pour des impuls économiques aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est bien de le dire, c'est bien de le rappeler.

  • Pauline ArtEcoVert

    Voilà, et oui, parce que Sylvie Sicaleschi, elle me le dit, elle a entièrement raison. Elle m'a alerté là-dessus dès le début, et je trouve qu'elle a vraiment raison. On a très peu de recul sur les colorants synthétiques. Ces histoires de solidité à la lumière, alors ça, c'est aussi un truc que j'ai... Sur n'importe quelle autre matière, ça passe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais nous, ça ne va pas.

  • Pauline ArtEcoVert

    Le tissu, il faut qu'un tissu soit immortel. Je ne comprends pas. En fait, les colorants, ils passent à la lumière. De toute façon, il n'y a pas un colorant synthétique. Il va passer aussi. Alors évidemment, si on ne maîtrise pas la couleur végétale, ça passe plus vite. Mais si on sait bien travailler la couleur végétale, je pense qu'à côté d'un colorant synthétique, on n'a pas vraiment d'ailleurs de recul. Voilà, c'est ce que je voulais dire. elle me disait aussi Sylvie il y a 400 ans de recul parfois parce que c'est des tapisseries qui ont été par exemple pour les bleus certains indigos tiennent encore très bien au bout de 400 ans j'étais

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    avec une mexicaine historienne maya qui me parlait du bleu maya sur les devantures ou sur les masques qui ont des milliers d'années et qui sont là on a reçu Dominique Cardon qui nous parlait de la garance sur certaines tenues. Donc, en fait, je suis d'accord avec vous, mais je me demande si ces fausses idées reçues, elles ne sont pas glissées par des gens qui n'ont pas intérêt à ce que le végétal revienne d'une certaine manière, je pense.

  • Pauline ArtEcoVert

    Peut-être. En tout cas, ça naît de... ça n'est de logique industrielle ce principe de devoir faire durer une couleur c'est répondre à des normes dans la mode, vous parliez tout à l'heure du pré-tap c'est des normes dans le monde du luxe les normes elles sont hyper strictes Alors, bien sûr, peut-être que sur certains objets de grande valeur, il y a quand même une logique de transmission, effectivement, mais... c'est quand même aussi en grande partie culturel. Un bois ou un cuir, ça se patine, et on trouve ça très beau. Un textile, culturellement, ça pose question. Et dans d'autres cultures, et notamment au Japon, c'est tout à fait accepté, en fait. Il n'y a pas cette question. Je pense que c'est quand même culturel. Je ne sais pas à quel moment en tout cas ça a changé, je pense que des historiens, d'autres experts pourraient mieux vous aiguiller là-dessus, mais moi en tout cas c'est une question qui m'occupe déjà depuis... longtemps, puisque mon premier diplôme, quand j'étais à l'ESAD d'Orléans, je l'avais fait sur les phénomènes d'usure appliqués aux matériaux, ça s'appelait d'ailleurs l'usure pour usage, et je travaillais sur l'évolution des objets et des phénomènes d'usure qui pouvaient devenir usuels dans l'objet. Donc soit en le transformant de manière structurelle, soit par la couleur. Et... Et voilà, et là je vois qu'il y a pas mal de choses qui se font là depuis deux ans autour de ça, je trouve que c'est très bien. En fait c'est un... un chemin qui me paraît en tout cas culturellement logique à atteindre pour pouvoir tout simplement peut-être aussi prendre soin différemment de nos objets, de nos matières, de nos tissus. Ça, c'est quelque chose qu'on aborde beaucoup avec une tisserande avec qui je travaille, j'ai donné en tout cas des cours en formation continue à l'IFM, l'Institut français de la mode. C'est Anne Corbière, c'est une personne vraiment super. Si vous ouvrez sur la fibre et sur le tissu, c'est une experte que j'ai pu rencontrer grâce à la Fondation d'entreprise Hermès et qui d'ailleurs a ouvert la toute première matinale qui était créée pour l'Académie. Et Anne Corbière, elle est tisserande, elle a fait d'ailleurs la section textile de l'ENSI qui s'appelait avant la NAT. Donc c'est vraiment, à l'ENSI, ils forment vraiment des techniciens, techniciennes, c'est souvent, c'est encore très genré, mais c'est souvent des femmes. au tissage, au tricot, mais il y a vraiment tout ce côté fibre, fil, tissu, qui est très imprégné dans cette section de l'école, contrairement aux arts déco où la partie en oblissement est beaucoup plus... beaucoup plus large, enfin ils ont des moyens en tout cas pour leur noblissement qui ne sont pas donnés. Donc là je digresse complètement, mais c'était pour dire qu'on fait des algues avec Anne Corbière à l'IFM qui s'appelle Textile Durable ? et où on revient aux origines de la matière, et elle fait toute la partie fibre, fil, tissu, et moi je fais la partie en noblissement, et... on revient à ses origines pour travailler dans une logique écologique sur les procédés. Et oui, on était sur les algues, pardon, mais j'ai fait ce projet. Le tout premier projet que j'ai porté à l'ENSI, c'était ce projet qui s'appelait Spirouil. Mon objectif était de revisiter le cercle chromatique de Michel-Eugène Chevreul, qui a dirigé la manufacture des gobelins en 19e, qui était le chimiste qui a beaucoup travaillé sur la théorie des couleurs, les contrastes simultanés notamment. et je m'intéressais à une ressource biologique en particulier, qui était une micro-algue à contenance en pigments, la spiruline, qui contenait du rouge des caroténoïdes, du vert de la chlorophylle et du bleu de la phycocyanine. Et en dehors de l'indigo, je trouve intéressant d'amener une nouvelle ressource colorante en bleu, ce bleu qui me fascine beaucoup. Et voilà, on a commencé à travailler de manière empirique avec Sylvie Sicaleschi. C'est vrai qu'elle aussi... par observation m'a formé à des... C'est une vraie teinturière, au Gobelin. J'ai trouvé aussi génial qu'une institution comme celle des Gobelins m'ouvre ses portes pour ce type de recherche. Et un peu par accident, on s'est rendu compte que ce bleu allait surtout s'extraire à froid. J'ai fait évoluer ce projet ensuite avec un ingénieur du Muséum d'Histoire Naturelle, Claudier Prémian, qui est aussi quelqu'un de complètement fascinant dans son approche et qui lui m'a initié à un vrai procédé d'extraction de la phycocyanine. Cette couleur reste de toute façon éphémère puisqu'elle est photo-thermosensible. Donc on a commencé, mais ça, ça fait trois ans, à réfléchir à certains moyens de pouvoir les fixer. J'avais d'ailleurs commencé à contacter Michel pour faire évoluer cette recherche. Et puis, j'ai d'autres projets qui sont arrivés entre-temps, donc je compte les reprendre à un moment. Comme toutes les recherches de l'atelier Sumbiosis. je les mène jusqu'à un certain point et de toute façon la recherche c'est souvent quand on sort de l'école aussi ça je le dis parce que c'est quand même 80% de temps à trouver des financements pour faire la recherche c'est ça, c'est ce que j'allais dire voilà et ça elle me tient à coeur cette recherche, donc par exemple les micro-algues Je me suis intéressé aussi beaucoup à tout ce qui est parasites, et notamment les moisissures, les micro-champignons. Et là, je me suis entouré d'une mycologue et microbiologiste, Gisèle de Villherbecq, avec qui d'ailleurs j'anime aussi un... un module à l'ANSI Les Ateliers dans la section Nature Inspired Design donc plus destiné à des professionnels qui s'orientent sur la question du biomimétisme par extension du biodesign, donc ça c'est un autre format d'études qui est aussi intéressant pour les auditeurs et en fait c'est assez drôle, ça s'est fait au cours d'un repas avec Gisèle, on parlait de manière un peu informelle, on était à la paillasse ensemble. Et elle me dit que, donc elle, elle relève, elle travaille pour les archives patrimoniales, et son objectif, c'est plutôt de trouver des traitements antifongiques pour préserver certains papiers et tissus de l'apparition de moisissures. Et elle me dit, tu sais qu'il y a certains microchampignons qui tâchent de manière définitive les tissus et les papiers. Et elle fait, ça donne des couleurs. C'est comme ça que c'est un peu né. Là où elle cherchait à trouver ces traitements antifongiques, je lui dis, mais attends, c'est génial, il faut que tu me fasses des relevés de ces organismes et qu'on les mette en culture sur certains tissus. Et du coup, on a mis en place plusieurs protocoles de recherche. Et pareil, on a dû, pour le moment, arrêter cette recherche. parce que voilà, faute de moyens mais l'idée en tout cas et les couleurs qu'on a pu obtenir c'était de pouvoir guider ces organismes sur le tissu à travers le motif et ça j'avais réussi à le faire

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai vu ça sur votre site aussi, je ne sais plus si c'est sur le site ou sur Insta mais je l'ai vu, il faudrait que je mette des liens dans le descriptif pour envoyer au visuel, je pense que ça pourrait être intéressant

  • Pauline ArtEcoVert

    Ouais, mon site n'est pas très à jour, mais il y a eu pas mal de recherches que je ne montre pas aussi, qui sont en cours. Là, je dois en avoir quatre seulement sur le site. Voilà en tout cas le type de ressources organiques et évidemment les déchets organiques. Ah, ça passe beaucoup, puisque à échelle industrielle, ils ont un... ils ont une vraie portée, un vrai intérêt. Donc voilà, tout dépend des ressources, de la manière dont on les applique, comment les procédés de transformation sont faits. Mais c'est passionnant et je pense que c'est vraiment porteur. Et je pense que Dominique, elle est vraiment sur ces sujets, Dominique Cardon, sur ces sujets depuis un petit moment.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, je ne l'ai pas interrogé là-dessus Dominique, mais je vais lui demander parce que du coup, moi je cherche et comme je voudrais organiser cet événement, je suis en train de rassembler tous les invités ou contacts que j'ai eus qui m'ont parlé de démarches qu'ils avaient, mais des trucs hyper surprenants. Et j'aimerais les rassembler pour que chacun prenne la parole, comme on a fait pour l'agriculture tinctoriale, chacun vienne raconter un peu. donc je vais essayer de collecter ça mais en tout cas il y a plein de trucs hyper intéressants que vous avez abordés moi je trouve ça vraiment hyper canon alors j'essaye de regarder on a parlé des ressources donc du coup je vois mieux rien sur les lichens je suppose que c'est si

  • Pauline ArtEcoVert

    j'ai essayé en plus les lichens ça me tient à coeur puisque c'est des organismes symbiotiques qui associent algues et champignons c'est un peu le coeur du ouais ouais il y a Il y a pas mal de choses qui ont déjà été faites de toute façon sur les lichens. Donc disons que les recherches de l'atelier Sumbiosis, je les ai conçues pour interpeller au départ et questionner nos rapports aux vivants dans les modèles de production. Donc tout ce qui a été déjà pas mal exploré, je vais peut-être le revisiter si ça a un intérêt à un moment mais en tout cas sur l'hélicène je le voyais pas spécifiquement comme tous les champignons de Tintorio ça n'a rien à voir avec les microchampignons c'est exploré, il y a plein de choses superbes qui peuvent être faites avec mais il faut en tout cas que ça interpelle à un autre endroit et moi j'aime bien interpeller sur le statut du parasite voir comment le parasite à un moment peut prendre un autre statut pour le sublimer dans un procédé d'ennobissement et d'ornementation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En plus, les lichens, le problème, c'est que c'est souvent protégé ou des zones à risque, des tourbières, etc. Je sais qu'aussi sur la ressource, ce n'est pas tout à fait des invasives. J'ai eu plusieurs invités qui m'ont parlé de ça. Tout ce que vous faites, ça a des débouchés dans l'art. c'est ce que vous parliez par exemple les projets avec dans le textile est-ce qu'il y a d'autres débouchés que vous envisagez avec ces recherches de couleurs de symbioses etc vous parliez d'architecture ça peut aller vers quoi encore ?

  • Pauline ArtEcoVert

    je pense que ça peut la biofabrication au sens large elle peut toucher tous les domaines de création en termes d'échelle ça peut aller loin alors de toute façon le biodesign il est né déjà donc je dirais plutôt du bio-art au départ. C'est vrai que c'est plutôt les artistes au départ qui ont interpellé aussi. Je pense que c'est là où mon profil est peut-être un peu hybride, où je passe peut-être de l'artiste au designer. Mais alors ça, c'est peut-être aussi très français, on a besoin de catégoriser. Moi, c'est un peu hybride, je fais un peu de tout. Donc, je ne sais pas vraiment comment me positionner. J'ai une formation en design, mais je fais de la recherche. Je suis artisan parce que je fabrique, je fais, je mets en peinture. Enfin, donc je... Je ne sais pas si... Pour moi, il n'y a pas de domaine qui ne soit pas concerné par ce type de recherche. Après, tout dépend comment elles sont investies. Il y a plusieurs niveaux de lecture. Au départ, ça peut être juste inspirationnel, comme le biomimétisme, où on va s'inspirer du vivant pour repenser des principes, des formes, des fonctions. voilà, mais ça n'a pas forcément une visée écologique, sinon ça va être plutôt les ressources, et ça c'est plutôt mon domaine autour de la biofabrication, comment les intégrer à un endroit dans le procédé, et les faire évoluer, et je pense, et j'en suis même persuadé, c'est que, que dans le design produit, design d'espace, il y a beaucoup d'acteurs qui s'en emparent. Alors, je pense qu'il y en a beaucoup aussi, effectivement, qui le taisent, parce qu'il y a des recherches qui sont en cours depuis longtemps, et si vous n'avez pas les moyens de les communiquer pour vous protéger,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ben... Ah oui, il y a ça aussi, c'est vrai.

  • Pauline ArtEcoVert

    C'est quand même des secteurs très concurrentiels, donc si... Je sais que sur mon projet, il y a eu beaucoup de visibilité dès le début. Et quelque part, je crois que ça protège certaines choses. Après, j'étais aussi dans d'autres postures au début, où j'étais vraiment un fervent adepte de l'open source. Mais en fait, l'open source, c'est beaucoup plus compliqué que ça. Et en France, il n'y a pas vraiment de cas juridiques qui fait qu'on peut être... vraiment protégé et crédité et rétribué, puisque c'est un système que je trouve génial, l'open source, où on peut faire émerger des savoir-faire par la communauté. Je trouvais ça vraiment génial au début, et toute la recherche que j'ai faite autour de la cellulose bactérienne, je l'ai faite en open source. Mais c'est vrai qu'au bout de six ans, quand vous voyez que les gens se servent et qu'ils rétablissent, c'est compliqué, c'est un autre combat à mener. J'ai vu beaucoup de gens qui travaillaient dans l'open source sont arrêtés parce qu'en fait, c'est un système qui ne fonctionne pas. Et après, quand vous menez des recherches... j'imagine que jusqu'à un certain point vous ne pouvez pas forcément divulguer, en parler ça s'entend,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je comprends beaucoup de gens en tout cas s'en en parlent ouais d'accord j'avais une question alors un peu comment on va dire un peu de relou très clairement donc on parle de bio-enoblissement on voit en fait on voit l'intérêt que pourrait avoir toute cette inspiration sur plein de domaines d'application. On sait que ça passera par un enjeu économique, c'est que si c'est abordable, accessible, et qu'en plus c'est écologique, il y a des domaines qui vont y passer. Ma question, c'est, est-ce que vous avez pu faire la preuve d'une réduction d'impact par rapport à... votre approche versus l'approche pétrochimique dans l'ennoublissement traditionnel etc est-ce que vous avez fait genre une analyse de cycle de vie ou des trucs comme ça moi je fais pas d'ACV mais parce que je

  • Pauline ArtEcoVert

    Vous avez vu à quelle échelle je travaille ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, mais je veux dire, j'entends, je la pose cette question parce que...

  • Pauline ArtEcoVert

    Elle est hyper pertinente, je pense pour autant l'industrie que l'artisanat. Il se trouve que je ne suis pas encore dans un modèle productif, je pense, suffisamment impactant pour pouvoir m'engager dedans, parce qu'une ACV, c'est quand même costaud. C'est lourd. Et justement, à l'ANSI... j'avais fait un module éco-conception, il y avait une personne de l'UTC de Compiègne qui était venue dans le détail nous montrer comment mettre en place une ACV. Je pense que c'est fondamental à plein d'endroits, mais en tout cas, pour ma pratique, c'est très lourd. Et vous avez vu, en plus, je fais quand même beaucoup de choses. Moi, je travaille beaucoup. Je travaille cette semaine un peu en ce moment, depuis un petit moment. et je mène plein d'activités et c'est vrai que celle-ci je pense qu'il faudrait l'amener la CV sur un projet de recherche où j'aurai suffisamment de financement et où je vois le levier économique qui peut servir derrière, donc par exemple sur les oursins l'objectif c'est d'attirer à un moment l'industrie par l'artisanat ce sera peut-être pas mon projet, il va peut-être pas m'appartenir je sais pas comment la Sorbonne va euh...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, ça va s'organiser.

  • Pauline ArtEcoVert

    Mais en tout cas, moi, c'est une mise en regard que j'amène par l'artisanat. Et là, oui, évidemment, l'ACV a sa place, mais dès le début, j'ai envie de dire. mais pour ça, il faudrait qu'il y ait une application déjà concrète, qu'on sache pertinemment si cette application c'est la plus pertinente, pour pouvoir déjà décortiquer au niveau du process, avant de lancer la CV. Un bon designer, il doit déjà mettre ça en place en amont. Moi, en tout cas, à mon échelle, non.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord.

  • Pauline ArtEcoVert

    Pas de cette manière. Mais... j'imagine quand je travaille sur les principes de recherche je le fais de manière cyclique donc je pense un cycle de vie après j'en fais pas l'analyse parce que je pense que ce type d'analyse elle sert à soit un brevet derrière plus précisément soit moi je pense que ça en fait depuis tous les épisodes que je fais les gens que je rencontre

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai vraiment l'impression que ça pourrait même... Ça pourrait être un levier de faire taire tous les préjugés qui restent collés à la couleur végétale au sens large, que ce soit dans la cosmétique, le textile, le design, les biomatériaux, tout ce qu'on veut. Et j'ai vraiment... Je le redis, mais je serais vraiment ravie. Je sais qu'il y a des projets d'ACV dans différents domaines d'application, j'ai entendu dire, parce qu'il y a beaucoup de off aussi dans les échanges que j'ai avec les invités. Mais j'aimerais vraiment que ce soit mis à jour et divulgué, parce qu'en fait, je sais que ça serait un énorme levier. de prise de conscience et que ça inciterait davantage les marques parce que je suis d'accord avec vous qu'il y a le levier économique, parce qu'on ne va pas se mentir c'est quand même, voilà, si c'est 15 fois plus cher on ne va pas y aller, mais par contre si en plus on vous dit que ça réduit votre impact considérablement je pense qu'il y a quand même pas mal d'entreprises qui pourraient y aller, soit pour des raisons de com soit pour des vrais intérêts, mais si ça démarre par la com, peu importe, le principal, c'est qu'on avance dans la couleur végétale.

  • Pauline ArtEcoVert

    Oui, oui, après, voilà, mais c'est une com qui sert un intérêt économique.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais le résultat, ce serait quoi ? Ce serait qu'on ait moins de synthétique, un peu plus de place pour la couleur végétale ou la couleur...

  • Pauline ArtEcoVert

    Je tiens quand même à dire, mais ça, c'est un truc entre... Je ne sais pas si vous auriez envie de le mettre en avant. mais moi je ne diabolise pas du tout le synthétique. Moi non plus. Voilà, parce qu'il y a quand même plein d'applications où il a beaucoup plus sa place. Le végétal, pour moi, n'est pas une réponse...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Globale ? Non, non, non,

  • Pauline ArtEcoVert

    on est d'accord. Globale, à un grand endroit, ça ne fonctionne pas. Sur la CV, je pense quand même, enfin en tout cas, par exemple à l'IFM, on a surtout des grands groupes qui viennent sur ce module de formation. ces groupes ils font des ACV donc il faut que je me rapproche de leur vie moi je suis en quête je pense qu'ils ne les divulguent pas forcément mais ils sont obligés en interne d'en faire Ils sont obligés parce qu'il y a d'énormes RSE, enfin, il y a plein de choses à... Donc... aujourd'hui s'installe de manière pérenne elle peut pas le mettre de côté moi j'ai des amis dans la production textile là c'est des vrais bouleversements depuis 10 ans déjà c'est des crises parce que c'est des gens qu'on mal fait au départ qu'on peut délocaliser qu'on suivez tout un mouvement ça fait pas que 10 ans vous me direz mais en tout cas qu'on travaillait, qu'on profitait certainement aussi d'un certain système. et là ils ont été obligés de revoir leur copie parce que les gens n'achètent plus de la même manière donc on a un point d'extrême aujourd'hui où il y a des gens qui ont peut-être envie d'acheter autrement et de l'autre côté la majeure partie elle va continuer d'acheter de la merde pardon de le dire comme ça c'est une réalité économique qui fait que la plupart et puis aussi beaucoup de gens ne sont peut-être pas suffisamment alertés.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alertés et n'ont pas encore forcément les moyens, il y a ça aussi, parce que, non mais oui, il y a plein de points, mais oui, j'ai bossé dans la RSE, dans la grande distri pendant 4 ans, donc j'ai suivi les ACV, le changement des marques, la réglementation, tout ça, je vois, mais je trouverais ça tellement intéressant qu'il y ait des ACV qui... qui viennent apporter des preuves et qu'elles soient communiquées, je trouverais ça vraiment génial. Mais bon, ça, c'est un autre débat, mais j'irai voir, comme vous l'avez dit.

  • Pauline ArtEcoVert

    Je pense qu'il faudrait qu'un truc qui serait vraiment intéressant pour faire le lien vraiment vestiaire pour vous, ce serait d'aller, de suivre de près tous les mouvements de mode éthique. Enfin, je pense, vous avez rencontré Catherine Doriac. Doriac,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    oui.

  • Pauline ArtEcoVert

    Catherine, moi je l'ai rencontrée par Aurélia Gualdo, dont je vous parlais tout à l'heure. Catherine, on se connaît depuis longtemps, d'ailleurs c'est l'une des premières à avoir assisté à mes ateliers. Je faisais des ateliers tout public autour de la biophab au début, Catherine elle venait, elle s'est ouverte aussi à toutes ces questions, et en France, dans les mouvements de mode éthique, Je dirais que la pionnière, c'était Isabelle Kay, je crois. Il y a eu beaucoup de choses qui se sont mises en place dans les mouvements de mode éthique. Il y a beaucoup de marques qui donnent à voir la chaîne, enfin, qui essayent de donner à voir, ou en tout cas de la suivre de A à Z. Il y a plein de gens qui travaillent comme ça, dans le bon sens. Donc, je ne les ai plus en tête. Moi, je me suis intéressé à ça. pas mal au début de l'atelier parce que je faisais des conférences souvent et j'ai mis un petit peu de côté mais avec le Fashion Green Hub tout ça je pense que vous pouvez vous mettre et vous pouvez avoir pas mal de ressources autour de ça et vous verrez qu'il y a quand même plein de marques qui le font, qui l'ont fait qui donnent à le voir pour sensibiliser en France il y en a c'est sûr

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    bon bah parfait bon j'aimerais encore parler avec vous pendant des heures mais ce que je voudrais vous poser comme dernière question c'est est-ce que vous auriez un livre à recommander sur ce qui vous inspire ce qu'on a un peu abordé et une personne à qui vous passeriez le micro avant

  • Pauline ArtEcoVert

    qu'on ne se quitte ah ouais un livre

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, j'ai un livre de chevet que j'aime beaucoup, qui s'appelle La fabuleuse histoire des hommes et des animaux, de Boris Cyrulnik. D'ailleurs, ce n'est pas que de lui. Désolé, j'ai vu les autres auteurs. Je crois qu'il l'a écrit... Ils sont trois, en fait. à l'avoir écrit. C'est un tout petit livre très simple qui raconte notre rapport à l'animal, le principe de domestication et en fait, ça en dit aussi plus long sur notre rapport au vivant. Nos rapports au vivant, nos rapports de servitude et de contrôle par rapport au vivant. Et je pense que c'est ce dont on parle depuis le début avec le... par le prisme de la couleur, du végétal, organique, c'est exactement ça. C'est un livre que j'aime beaucoup et que je recommande chaudement. Il y en a beaucoup après sinon sur la couleur, mais je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ont été déjà évoquées je pense dans vos podcasts. J'en ai plein. En revanche, si j'avais à passer le micro... Je suis en train de réfléchir. À qui je pourrais passer le micro ? C'est vrai que Marie-Sara, ce serait super. Marie-Sara, Denis... c'est une autre approche, on n'est plus dans le végétal mais pour parler bio, ce serait vraiment génial alors elle est je pense qu'elle est super super prise c'est pas grave on peut planifier moi je m'adapte,

  • Pauline ArtEcoVert

    franchement je serais tellement content de les avoir pili et si vous pouviez être levier ce serait top, après ils font comme ils veulent mais on peut relancer pili bio, ce serait génial ouais,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Marie-Sara ce serait vraiment chouette voilà

  • Pauline ArtEcoVert

    Bon bah top Tony franchement un grand grand grand grand merci c'était super passionnant je pense que vous avez battu le record de personnes citées dans un épisode de podcast dans Medialité, ah ouais franchement c'est un truc de dingue j'en ai noté tellement plein je souligne, franchement merci pour tout ce, enfin c'est sympa de citer plein de gens du coup ils sont ravis d'être mentionnés

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Merci beaucoup

  • Tony Jouanneau

    Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram à Recover ArtEcoVert A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale innovation tendance

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Tony Jouanneau

    00:28

  • Parcours de Tony Jouanneau : De ses débuts à l'atelier Soumbiosis

    01:13

  • L'importance de la symbiose entre le vivant et les matériaux

    01:54

  • Évolution vers l'éco-conception et le biodesign

    03:58

  • Recherche et développement autour de la couleur végétale

    06:58

  • Conclusion et recommandations de lecture

    09:28

  • Passation du micro à Marie-Sarah

    10:28

  • Réflexions sur l'avenir de la teinture végétale et du design

    12:08

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Description

Savez-vous que la teinture végétale, avec ses couleurs vibrantes et ses méthodes durables, pourrait transformer notre manière de concevoir la mode ? Dans cet épisode captivant d'ArtEcoVert, "La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales", Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de couleur végétale, reçoit Tony Jouanneau, designer et enoblisseur textile reconnu. Ensemble, ils plongent dans l'univers fascinant des colorants végétaux et des plantes tinctoriales, révélant les secrets d'un artisanat en harmonie avec la nature.

Tony, dont le parcours est marqué par l'influence de ses grands-mères couturières, partage son expérience unique dans le secteur du luxe, où il a collaboré avec des maisons de couture prestigieuses. Au fil de la discussion, il souligne l'importance cruciale de la symbiose entre le vivant et les matériaux, ainsi que les défis liés à l'ennoblissement textile à travers une approche éco-conçue. Les auditeurs découvriront comment des pigments végétaux, tels que l'indigo et la garance, peuvent être intégrés dans des processus de coloration capillaire végétale, et comment ces choix impactent l'industrie de la mode.

Les échanges entre Pauline et Tony mettent également en lumière ses recherches novatrices sur le biodesign et la biofabrication. L'utilisation de ressources biologiques pour répondre aux enjeux environnementaux est au cœur de leurs préoccupations. Ils parlent de l'importance de collaborer avec d'autres artisans et chercheurs pour promouvoir des pratiques durables, tout en soulignant la nécessité d'une communication efficace pour faire connaître l'impact positif de la teinture végétale et des colorants biosourcés.

À la fin de cet épisode inspirant, Tony recommande un livre qui a profondément influencé sa vision et propose de passer le micro à Marie-Sara, une chercheuse en biofabrication, pour continuer cette exploration passionnante. Ne manquez pas cette occasion d'en apprendre davantage sur le jardin tinctorial et l'agriculture tinctoriale, et découvrez comment les couleurs de plantes peuvent enrichir notre quotidien tout en respectant notre planète.

Rejoignez-nous pour une belle écoute et laissez-vous inspirer par les possibilités infinies offertes par la couleur végétale et les plantes tinctoriales. Pauline.


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🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art,

  • Pauline ArtEcoVert

    d'écologie et de verdure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute !

  • Pauline ArtEcoVert

    Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast à récovers Tony Jouanneau de l'atelier Sumbiosis. Bonjour Tony.

  • Tony Jouanneau

    Bonjour Pauline.

  • Pauline ArtEcoVert

    Alors Tony, on rigole parce que j'ai enfin réussi à prononcer le nom de l'atelier correctement. Déjà je suis très contente de vous accueillir parce qu'on va élargir un peu le champ et ne pas parler que du végétal mais aussi d'autres choses. Je vous en remercie et je voulais commencer avec vous par vous présenter pour les auditeurs votre parcours et comment vous en êtes arrivé à cette histoire de symbiose entre le vivant et les matériaux parce que ce sont des sujets qui nous intéressent sur le podcast. Merci. Donc c'est à vous Tony pour vous présenter pour les auditeurs.

  • Tony Jouanneau

    Ok, ça marche. Donc je m'appelle Tony Joanneau, je suis designer et enoblisseur textile. Alors, mon parcours. Donc j'ai, moi j'ai été élevé en partie par des grands-mères couturières, tricoteuses et l'une de mes grands-mères était chef d'atelier d'une ganterie dans le Loir-et-Cher. et je crois que c'est vraiment elle qui m'a donné une certaine appétence pour les matériaux souples et pour le textile au départ, plus particulièrement pour le cuir, mais en tout cas pour les matériaux souples en général. Et donc j'ai suivi des études au Beaux-Arts, qui est devenu une école d'art et de design, les SAD d'Orléans, donc ça c'était en 2005. Et durant mes études, j'ai fait la connaissance d'un designer textile qui s'appelle Tsuri Geta, qui était enoblisseur textile et qui travaillait à partir d'un brevet qui alliait le silicone et l'étoffe. J'ai été complètement fasciné par ce brevet à partir duquel on pouvait fabriquer toutes sortes de matières organiques très inspirées du vivant et plus particulièrement de coraux ou de formes d'organismes qu'on peut trouver dans les fonds marins. et j'ai commencé en fait à faire un stage chez lui, ça a très bien marché, on a fait des concours ensemble, et il m'a embauché à l'issue de mes cinq années d'études, et j'ai travaillé dans cet atelier pendant sept ans. Je me suis formé au métier d'ennoblisseur textile en travaillant au sein de son atelier. J'étais en charge du département design, mise en volume des tissus. L'activité principale, c'était du bijou, bijou contemporain, parfois des pièces uniques. On faisait un peu de tout à l'atelier. Je me suis formé évidemment à cette technique, à ce brevet de textile siliconé. Et en parallèle, j'étais aussi en charge de développer d'autres techniques, mais surtout de concevoir des objets, voire de carrément changer d'échelle, d'aller jusqu'à des installations. Et c'est aussi ce qui m'a fasciné dans ce travail de l'ennoblissement textile, c'est ces changements d'échelle du bijou à l'installation. et en 2016, au bout de 7 années de pratique, j'ai travaillé, et ça je dois le préciser aussi, grâce à Tsuri, avec beaucoup de maisons de couture, j'ai travaillé dans le milieu du luxe, et c'est un milieu qui est très exigeant, et le fait de travailler au sein d'un atelier en faisant, finalement... Je dirais que l'apprentissage a été peut-être plus intuitif, plus sensible à plein d'endroits. Je trouvais personnellement qu'il me manquait une approche théorique sur les technologies textiles. Je me suis formé aussi en parallèle, mais je ne l'ai pas précisé. lorsque j'étais chez lui, je prenais des cours du soir, des cours qui sont très bien faits, des cours municipaux de la ville de Paris, je ne sais pas si vous connaissez. Non. C'est des cours pour adultes, et moi j'avais pris un cours sur les technologies textiles, et un autre cours avec une personne qui avait fait les arts déco, Hélène Guénin, et c'était un cours sur la couleur et ses applications professionnelles. Il se trouve que chez Torrigas, C'est souvent moi qui faisais les teintures. Ça me plaisait beaucoup. Je pense que j'avais une... une sorte d'intuition pour les associations colorées. Et donc, j'ai voulu pousser un peu, comprendre théoriquement, symboliquement, le travail de la couleur et voir comment, à travers certains codes, je pourrais me le réapproprier dans ma pratique. Donc ça, c'était Hyperformateur. J'ai adoré ce cours qu'on avait avec Hélène Guénin. à travers l'histoire de la couleur, ça symbolique, mais aussi sur un travail de colorisme plus précis où on faisait des gouachés. Ça, ça m'a vraiment beaucoup plu. Et donc, en 2016, je ne voulais plus travailler avec la silicone. pour plusieurs raisons, mais il se trouve que l'ennoblissement textile, à plein d'endroits, c'est un monde de chimie, avec des chimies souvent nocives, et j'ai donc choisi de réorienter ma pratique et de reprendre des études à l'ENSI Les Ateliers, l'École Nationale Supérieure de Création Industrielle, à travers un master spécialisé qui s'appelle Création et Technologie Contemporaine. Et à travers ce master, j'ai pu faire un bilan sur ma pratique et j'ai choisi de réorienter ma pratique dans l'ennoblissement sur l'éco-conception. Donc j'ai commencé à pas mal étudier les moyens et j'ai compris qu'il fallait vraiment que je m'attaque aux procédés, aux processus de fabrication pour pouvoir la réorienter. Et je suis tombé aussi complètement, je ne vais pas dire qu'en admiration, mais j'ai découvert... Beaucoup de nouvelles postures de recherche sur un domaine émergent qui était le biodesign et la biofabrication. Le biodesign, c'est un principe de convergence entre la biologie, qui va identifier des principes, des fonctions et des mécaniques du vivant, et le design qui va transférer ces principes dans des applications humaines, en pensant la fonction, l'usage, le dispositif ou la fabrication. Et moi, ce qui m'intéressait, c'était plutôt le domaine de la biofabrication et voir comment une ressource biologique pourrait, à un endroit précis, répondre à une pollution de l'ennoblissement textile. ou d'un savoir-faire plus précisément, de l'ennoblissement textile. Ce concept-là s'est affiné peu à peu. J'ai travaillé sur de la méthodo. J'ai fait beaucoup de méthodologie quand j'étais dans cette année d'études. Et je me suis entouré d'experts scientifiques. L'idée de ce... Le projet, c'était de mettre en place des hypothèses créatives, de prendre plusieurs savoir-faire de l'ennoblissement textile et de comprendre comment je pourrais les réorienter à travers des hypothèses créatives en leur faisant rencontrer des ressources biologiques régénératives, voir en quoi ces ressources pourraient contrecarrer des pollutions, être intéressantes en termes de production. et c'est un peu comme ça que j'ai fondé l'atelier Sumbiosis et je me suis donc plus précisément intéressé à un principe biologique qui a donné son nom à mon projet, c'est la symbiose et la symbiose dans le vivant, elle peut être... manichéenne, soit parasitaire, soit vertueuse, et évidemment j'ai choisi le côté vertueux, l'idée étant d'associer un traitement à un tissu, ou une matière souple, dans une optique symbiotique et écologique. Et donc j'ai commencé par un premier domaine qui est la recherche. En fait, sans m'en rendre compte, je me suis lancé dans de la recherche fondamentale. Je me suis entouré pour plusieurs de mes recherches de chimiste, physicien ou biologiste. Toute cette recherche à l'ENSI, elle était... Alors voilà, quand on est étudiant, on bénéficie peut-être... une approche un peu plus facile auprès de tous ces partenaires. Après, il faut pouvoir changer l'essai. Il y a quelque chose quand même qui m'a vraiment frappé dans le milieu scientifique académique, c'est cette ouverture. En fait, j'ai trouvé que c'était un milieu qui était peut-être assez fermé et qui était en demande de profils comme le mien, qui avait vraiment envie que les disciplines soient plus poreuses. Et donc je me suis dit que l'atelier allait devenir une sorte de laboratoire d'ennoblissement collaboratif. C'est un petit peu comme ça que ça s'est lancé. Je n'avais pas, en revanche... une perspective très très arrêtée sur ce que j'allais faire à l'issue de l'ANSI, mais il se trouve que j'ai arrêté l'ANSI, donc ça a duré un an, un an et demi à peu près le master, et j'ai fait un programme de la Fondation d'entreprise Hermès, en fait j'ai passé un concours et j'ai été lauréat de ce programme qui était vraiment fabuleux, qui s'appelle l'Académie des savoir-faire, et qui portait en 2019 sur les textiles. Donc l'Académie des savoir-faire, c'est un programme qui est porté depuis plusieurs années par la Fondation d'entreprise Hermès. L'idée étant de mettre à l'honneur, tous les deux ans je crois, ce qu'ils appellent un matériau premier. Il y a eu le bois, le métal, la terre, la pierre. le vert et évidemment les textiles. Et donc j'étais ravi de pouvoir rencontrer, on était 22 académiciens avec des profils d'artisans, designers et ingénieurs. L'objectif de ce programme, c'est de nous perfectionner, de porter une réflexion sur la matérialité textile dans son ensemble, d'un point de vue historique, sociologique, philosophique. D'ailleurs, ce sont des matinales qui sont mensuelles, sur les six premiers mois de l'année, ouvertes au public. C'est sur inscription, mais ce sont vraiment des très beaux moments. et donc plusieurs experts vont venir parler d'un sujet en particulier, d'un angle sur ce sujet du matériau. Et nous, le reste du week-end, les académiciens, on allait un peu partout en France rencontrer des ateliers, des entreprises ou des experts sur un domaine particulier. du textile, de la fibre ou de l'ennoblissement. Et à l'issue de ce programme, on avait aussi des semaines de workshop où on travaillait sous la direction pédagogique de Mathalic. Et c'est durant ce programme que plusieurs personnes, et donc pour les nommer précisément, c'est Juliette Vergne que vous avez... Donc Juliette est dans mon groupe de recherche. Il y a aussi Capucine Bonnetère avec qui on s'est super bien entendus. Notamment ces deux personnes-là qui me reviennent tout de suite en tête, qui m'ont parlé de la couleur végétale. des formations en couleur végétale, puisque je ne l'ai peut-être pas précisé avant, mais moi j'avais commencé de mon côté à intégrer le végétal dans certaines de mes recherches, notamment des recherches autour de la cellulose bactérienne, mais il se trouve que je le faisais de manière très empirique, en autodidacte, avec des livres, et je choisissais le végétal parce qu'il me permettait dans des procédés... de transformation chimique et biologique, de ne pas perturber certains organismes. Donc, je ne l'ai pas choisi par hasard. En fait, c'est vraiment venu soutenir certains procédés de recherche que j'ai fait. Et j'ai une recherche en particulier sur l'impression de cellulose bactérienne sur tissu, où l'idée était de venir aussi allier certaines couleurs végétales dans le procédé. Donc, j'avais commencé à intégrer certains... certains extraits dans cette cellulose et effectivement pour ne pas perturber le liquide bactérien le végétal était la première réponse en couleur et la plus pertinente et donc à l'issue de ce programme il y a eu le covid donc grande pause et pendant le covid j'en ai profité pour faire moi me lancer un peu dans la teinture de mon côté aussi en autodidacte donc j'avais monté un petit labo dans le sous-sol de chez ma belle-mère. Et j'ai commencé à faire pas mal d'expérimentations, de nuancier. Et je m'étais associé juste avant le Covid avec une botaniste qui s'appelle Jeanne Basile, que j'avais rencontrée au sein d'un laboratoire communautaire où je suis resté pendant... un an et demi aussi en résidence, c'est le laboratoire communautaire de la Payasse, où étaient menées des actions d'amorçage de projets entrepreneuriaux à la croisée de la science et d'autres disciplines. Ça, c'est un endroit vraiment génial, où j'ai pu construire mon réseau scientifique. Et en tout cas, par la paillasse, j'ai pu rencontrer Jeanne. Et avec Jeanne, on avait le projet de faire un nuancier aux couleurs de Paris. Et on s'était intéressé aux friches urbaines. Donc on avait commencé à travailler en cueillette sur certaines friches. Et voilà, après il y a eu le Covid, Jeanne a déménagé. Donc moi j'avais commencé à nuancer autour de ça. J'en ai profité pour le continuer un peu pendant le Covid. Et dès que les premières restrictions sanitaires ont été levées, on est parti dans le Luberon avec mon compagnon. et je voulais à tout prix aller au jardin conservatoire des plantes tinctoriales et aller chez Couleur Garance donc c'était fermé je me souviens à ce moment là donc j'ai fait un forcing sur Facebook en disant ouvrez-moi s'il vous plaît et en fait ça a été ma première rencontre avec Lise Lise Camoin qui m'a qui m'a ouvert la porte et je me souviens parce qu'elle avait un petit petit Elle était couverte de bleu, elle était dans l'indigo. Avec Aromi, elles étaient couvertes de bleu, elles étaient dans une grosse pote d'indigo. Et ouais, elles m'ont accueilli hyper chaleureusement, et j'ai été tout de suite enchanté déjà par le lieu dont on m'avait dit beaucoup de bien. J'avais évidemment entendu beaucoup parler de Michel, et j'ai... là, j'ai compris que quelque chose allait s'actionner autour de la teinture végétale. Ce ne serait pas la tiers partie de mon activité, mais qu'en tout cas, j'ouvrais une porte qui n'allait plus se refermer. Donc, ça, c'est vraiment avec l'iséromie que ça s'est fait. Et puis après, j'ai... Je me suis quand même formé sur de la fabrication de pigments avec Lise, un étudiant qui avait embarqué mon compagnon avec moi. On l'a fait ensemble et c'était vraiment très chouette. Et après, moi, de mon côté, dans la mesure où sur la recherche, je mettais en place beaucoup de protocoles, scientifique et chimique. Si vous voulez, ce n'est pas un truc qui me rebute assez vite. J'ai compris les méthodes et assez vite, j'ai pu me les approprier. Donc, voilà, il existe plein de chimies différentes. loin de moi l'idée de penser que je suis un expert de la teinture végétale, vraiment pas du tout. Je sais qu'il y a des gens, des vrais chercheurs, comme Michel, Clément, Sandrine, des gens, Clément Bautier, je ne l'ai pas rencontré, mais je sais que Sandrine m'en a parlé, et là je sais que c'est des personnes qui œuvrent d'un point de vue de la recherche. Par contre, j'avais rencontré Dominique Cardon par le biais de la Fondation d'entreprise Hermès. On avait eu une conférence avec elle et j'ai été retourner discuter avec elle dans une autre conférence. Et pareil, Dominique, elle m'avait fasciné dans son approche théorique, toute la recherche qu'elle a faite. Et puis, voilà. En tout cas, la chimie ne me faisait pas peur, ne me fait pas peur. Donc, assez vite, je peux m'approprier des protocoles. Et puis, ce que je n'ai peut-être pas dit aussi, c'est que… Du coup, j'avais cette activité de recherche, mais en parallèle, j'ai une activité de transmission, une activité pédagogique qui s'est mise en place. J'ai une première demande de l'ENSI et des arts décoratifs par le biais d'Aurélie Mossé sur... de nouveaux modèles de recherche, de rencontres entre des savoir-faire traditionnels et des recherches en biologie. Donc j'avais commencé à animer des workshops à l'NCD autour de ça. J'en ai fait un aussi avec Aurélie aux arts décoratifs, qui s'appelait Nouveaux savoir-faire. Et puis après, ça a un petit peu basculé parce qu'en fait, c'est des formats courts sur une semaine. Et quand on travaille sur ces procédés, on est souvent confronté à des matières en culture qui demandent un temps, des procédés de croissance. Et pour ça, des formats studio sur un semestre sont parfois plus adaptés. Et donc après, à l'ENSI, j'ai proposé un studio expérimental qui s'appelait Matières à cultiver, où là, les étudiants avaient vraiment le temps de s'emparer. d'un protocole entouré bien sûr d'une expérience quantique à chaque fois, mais de pouvoir aussi observer les temps de croissance et voir en quoi ça pouvait déterminer une preuve de concept intéressante ou non, ou la réorienter en fonction. Et donc à l'ENSI, sur les formats workshop, le département textile m'a demandé de... revoir les choses. J'avais discuté avec plusieurs personnes, mais Dominique Cardon, sur la valorisation de déchets organiques, je me souviens qu'il y avait une matinale en 2018 super intéressante, où Dominique Cardon présentait une partie de sa recherche, mais qu'en parallèle, on avait Pili Bio, justement, qui était présent ce jour-là et qui présentait aussi la recherche. Donc là, c'était vraiment les confrères. Oui, il faudrait que vous retourniez sur cette matinale, elle est vraiment super. À l'ENSI, on demande, en tout cas, on incite les étudiants. à porter une recherche et la mettre en perspective dans le secteur industriel. Moi, ce n'est pas du tout mon secteur de prédilection. J'ai toujours travaillé dans l'artisanat, voire l'artisanat d'art. Mais en tout cas, je dois leur donner des clés pour ça et je dois les inciter à mettre ces recherches en perspective pour l'industrie. on m'avait demandé d'animer un atelier en teinture végétale et je leur avais dit non mais moi la teinture végétale, il y a d'autres experts qui peuvent faire ça. En revanche, ce que je trouverais intéressant, c'est de travailler de manière frugale sur la valorisation de déchets organiques et du coup à partir de ces premières recherches, commencer à mettre en place encore une fois des hypothèses de concepts pour l'industrie. Donc en fait c'est un... un workshop qui commençait par un banquet. Je trouvais qu'on n'avait plus jamais besoin de se retrouver après toute cette période Covid. Je voulais fédérer autour du banquet, donc un banquet initial où on partageait, il y avait quand même évidemment des ressources choisies, des ressources qui avaient un potentiel colorant. L'idée, c'était d'emmener ensuite les étudiants sur une... demi-journée à faire des récoltes sur le territoire parisien, enfin vraiment en ville, et donc faire surtout les fins de marché, et aller à la réserve des arts pour récupérer aussi des tissus naturels de seconde main. et en gros, coloriser nos poubelles à travers des premières gammes textiles colorées. Donc ça va très très vite, c'est une semaine super intense, et en fait c'est un format qui a été beaucoup apprécié, et depuis, je le refais tous les ans, je trouve que c'est un workshop qui est très inspirant, c'est aussi une première incursion dans le milieu de la couleur organique, qui est très accessible pour tout le monde. donc j'ai une première journée d'incubation avec beaucoup d'entrées en théorie, où je leur donne quand même beaucoup de clés théoriques sur les transformations des ressources, mais aussi sur des lieux ressources pour après aller se former plus précisément, et c'est vrai que ça plaît beaucoup parce que... de proximité de toute façon, de la même manière qu'on va prendre de plus en plus attention à ce qu'on mange, et on le voit bien avec le bio qui est arrivé dans nos assiettes, maintenant c'est complètement établi. en 15 ans, je pense. Il y a eu quand même un bouleversement dans nos assiettes. Je pense que de la même manière, on va glisser ces questions-là autour du vêtement et de la manière...

  • Pauline ArtEcoVert

    J'aimerais. J'aimerais tellement. Et du coup, dans les biodéchets que vous utilisiez, il y avait style peau d'avocat, peau de grenade, oignon... Oui,

  • Tony Jouanneau

    c'est ça. Oui, voilà, enfin, ceux qu'on peut trouver en tout cas sur les marchés en saison au mois de février. Intéressant. En saison au mois de février, donc ce n'est pas forcément le moment le plus adapté, mais voilà. Et donc, ils expérimentent. Chaque année, je mets l'accent sur un procédé. Donc, la première année, c'était vraiment que teinture. Après, on a fait impression. impression de mordant et révélation et puis des fois je mélange un peu je leur donne ce qu'ils ont envie de tout faire mais on ne peut pas tout faire en une semaine donc souvent un groupe en une ressource et pour compléter un peu l'avant dernier jour je ramène des extraits végétaux et ils ont le droit de compléter la gamme avec un peu de couleur végétale je monte quand même une cuve d'indigo en début de semaine parce que je Je trouve que c'est toujours magique et pour ceux qui n'en ont jamais fait, c'est quand même génial de pouvoir… toucher à l'indigo. Moi, en tout cas, c'est la couleur que je préfère. C'est ce que je préfère.

  • Pauline ArtEcoVert

    Non, mais c'est dingue. Comme elle est magnétique, cette couleur, il y a plein de gens qui sont en amour de l'indigo. C'est incroyable. Et c'est toujours la même approche dans la manière de le dire en disant, je ne sais pas pourquoi, mais l'indigo, c'est marrant d'entendre ça.

  • Tony Jouanneau

    Je crois que je... Enfin, si, moi, je sais que c'est le changement de couleur, la révélation. Tout se fait dans la révélation. J'adore ce moment où... J'adore cette couleur. Quand on commence à sortir le tissu et qu'il verdit, verdit-bleuille, ça, c'est un peu la couleur que j'aimerais toujours garder et qui tourne après un bleu magnifique. Mais je crois que c'est ce moment que je préfère à chaque fois. Et oui, oui, c'est le procédé chimique que j'adore. et toute la transformation c'est vraiment fascinant l'indigo moi loin de j'en parlerai peut-être après parce qu'au Japon j'ai eu l'occasion de le découvrir aussi autrement mais voilà dans l'approche j'ai la recette simplifiée de Michel qui fonctionne super bien et souvent les étudiants ne le prennent pas vraiment compte, je leur en parle dès le début de semaine mais en fin de semaine

  • Pauline ArtEcoVert

    tout le monde veut faire de l'indigo et c'est incroyable parce que en épluchant votre site votre compte insta etc j'ai vu des oeuvres avec je supposais que c'était de la couleur végétale mais je savais pas que vous aviez fait tout ça, que vous en aviez fait autant que vous aviez rencontré toutes les personnes ressources que vous vous aidiez et je suis agréablement surpris,

  • Tony Jouanneau

    je trouve ça top et je l'avais pas forcément perçu après j'en parle pas trop non plus peut-être que je ne communique pas trop là-dessus toute l'activité de transmission je vais faire de temps en temps une communication plutôt sur LinkedIn parce que je veux bien montrer ce que feront les étudiants là cette année je n'ai pas eu le temps de le faire encore mais chaque année quand même je fais un petit post en story j'ai une une workshop parce que ça c'est hyper important, ça a été hyper important à un moment dans mon activité il se trouve que voilà j'allais venir peut-être à ça Il y a une deuxième activité qui est une activité de création que j'ai entamée en 2021 et qui finalement a basculé et a pris vraiment beaucoup de place aujourd'hui. Elle a commencé en 2021 avec d'ailleurs une lauréate de l'académie qui était aussi dans mon groupe de travail avec Juliette, c'est Clémentine Brandybasse qui est artiste brodeuse. et ce que j'ai peut-être pas précisé aussi dans mon parcours c'est que à l'issue du co vide j'ai intégré l'incubateur des ateliers de paris qui est un endroit Vraiment génial, un service de la ville qui propose à... Maintenant, ça ne s'appelle plus les Ateliers de Paris, ça s'appelle le Bureau de la Mode, des Métiers d'Art et du Design. Et donc, il propose à des créateurs de ces trois secteurs d'activité d'intégrer l'incubateur pendant deux ans en les accompagnant sur le... le modèle économique de leur entreprise. Et il se trouve que moi, quand je suis arrivé aux ateliers de Paris, c'était un petit peu spécial parce que je n'avais pas de modèle productif. Je faisais surtout de la recherche et de l'enseignement. Et je les remercie beaucoup parce qu'ils ont été vraiment super…

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    super aidant à l'époque. C'était Françoise Sainz, la dernière année où Françoise était là, et Lauriane Duriez, qui a pris le relais à la direction. Mathilde Noni, qui a été une personne clé que j'ai rencontrée par l'intermédiaire de quelqu'un qui est aussi très important dans mon parcours, c'est Aurélia Gualdo. Là, je vous donne plein de noms, mais en fait, elle est anthropologue. C'est une activiste dans les mouvements de mode éthique. C'est quelqu'un de fabuleux et c'est elle qui m'a fait connaître les ateliers de Paris. C'est elle qui m'a aussi beaucoup aiguillé pour m'y présenter et qui m'a fait rencontrer Mathilde Noni. Je pense que ça arrivait à un moment de bascule aussi pour tout le monde, ce Covid, où peut-être qu'ils ont un peu réorienté les choses. En tout cas, je suis rentré dans cet incubateur, ça a été hyper bénéfique pour moi. J'avais quand même ces 7 ans déjà de... d'expérience dans l'atelier Tsurigeta. Donc, je savais aussi comment fonctionnait une petite entreprise. Ce qui me ralentissait sur un modèle productif, c'est que je ne voulais pas produire pour rien, pas n'importe comment. Et je ne voulais que ça se fasse que par association, donc toujours dans cette logique symbiotique. Je voulais aussi m'associer et collaborer avec des artisans d'art. Donc j'y viens, je me suis associé pour le tout premier projet qui m'a été proposé par les Ateliers de Paris, qui s'appelait le Paris des talents. 16 créateurs étaient invités à revisiter la trame d'un plan de Paris par leur savoir-faire. Il se trouve qu'à l'époque, je travaillais pas mal les bioplastiques marbrés de chlorophylle. Et donc j'étais aussi en contact avec Greening. J'avais fait des essais de peinture sur soi qui fonctionnaient pas mal et d'impression. Et j'ai proposé donc à Clémentine Brandybass de venir broder ces matières. Donc on s'est mis ensemble sur une direction artistique. Et on... On a travaillé sur ce projet, j'étais vraiment super heureux de la retrouver sur ce premier projet, qui a été un peu le lancement de mon activité de création. Je ne l'avais peut-être pas précisé, mais la première fois où je suis allé chez Couleur Garance à l'ORIS, j'avais rencontré Aromi qui m'avait présenté ses plissages de soie colorée de végétaux. Je connaissais bien le plissage sur matière synthétique. J'avais en tête aussi certains plissages de la maison Fortuny sur des matières naturelles, mais je savais que ça ne tenait pas vraiment. dans le temps. Et j'ai beaucoup aimé aussi la matière qu'Arumi utilisait, qui est un organza de soie assez transparent. Ce que je trouvais intéressant dans son approche, c'est qu'elle l'appliquait sous forme d'encre. Et dans le procédé, du coup, on utilise aussi beaucoup moins d'eau. Je trouvais le procédé intelligent, intéressant. Donc elle, elle avait à ce moment-là pas mal d'échantillons. Moi, j'avais vu beaucoup d'échantillons très géométriques. Je pense qu'à Rumi, elle était passée de l'origami. Au départ, elle faisait des bijoux en origami et elle est arrivée au plissage occidental, entre guillemets, plissage au carton, toujours dans des formes très géométriques. Et je pense qu'elle cherchait aussi des designers pour travailler avec elle, l'orienter peut-être dans une direction artistique. Moi, j'ai eu envie en tout cas de ramener beaucoup de courbes dans tout ça. Et on s'est retrouvés un premier été tous les deux. On a commencé à faire des recherches ensemble. Et il y avait des échantillons qui fonctionnaient super bien. On a travaillé dans un premier temps avec des couleurs que je n'avais pas trop explorées moi de mon côté, mais des bois de campêche, bois de sapin magnifiques. Et... A l'issue de ce premier été de recherche, j'étais toujours aux ateliers de Paris, j'ai passé un concours de la Fondation Banque Populaire, une bourse artisanat d'art qui m'a permis d'avoir un peu de fonds pour réaliser des premiers prototypes. et du coup j'ai créé des pièces à partir de ces plissés végétaux et ça a été les premiers prototypes d'une collection assez longue depuis sur votre site ? voilà, que j'ai appelée Undula qui reprend tous ces mouvements à queue on a des sensations, des passages de couleurs ce qui m'intéressait c'était que ces tableaux soient la rencontre entre au moins deux couleurs toujours dans cette logique symbiotique. Et donc on a pu présenter grâce aux ateliers de Paris ces premiers photos pour le salon Révélation en 2022. Et ça a été une grande bascule ensuite, puisque la Maison est venue nous voir à la fin, juste avant qu'on remballe la fin du salon. C'était assez génial comme rencontre, ils avaient beaucoup aimé notre proposition. qui entrait en résonance avec une collection qui avait été créée, je le découvrais, c'est vrai que ça résonnait beaucoup avec une collection pour hommes qui avait été créée un an plus tôt, et ils nous ont demandé si on avait les moyens de travailler en... en plus grand format. Et donc là, j'ai repris la casquette vraiment design installation telle que je l'avais entrepris quand j'étais chez Tsurigeta. Donc ça, on est rentré dans de la production à plus grande échelle. Et là, c'était vraiment génial. J'ai aussi beaucoup aimé qu'une maison de luxe. réintègrent le végétal dans des pièces, alors là c'est des œuvres d'art, ils achètent comme des œuvres d'art dans leur magasin. Et donc moi je leur ai proposé, j'ai fait un travail conceptuel avec eux au départ. Et j'ai imaginé qu'on pourrait créer ces séries de tableaux comme des promenades de l'aube au crépuscule. Ce n'était que des variations, des sensations comme ça, colorées, réalisées avec les végétaux. Et je suis ravi parce que c'est une très belle collaboration qu'on développe avec cette maison. ça nous a permis aussi d'explorer des associations colorées qu'on n'avait pas pu encore faire et voilà, donc ça c'est cette activité de création qui m'occupe beaucoup depuis deux ans avec

  • Pauline ArtEcoVert

    Harumi et alors du coup, donc Harumi de couleur garance que j'ai eu pour parler des voyages au Japon, etc sur une autre activité qu'elle a et donc du coup là, avec la maison c'est des objets d'art du coup c'est pas du vêtement, on est d'accord

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, non, non.

  • Pauline ArtEcoVert

    Les tableaux qu'on voit sur votre site ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui. D'accord. Moi, ça a été un vrai choix. Dès que je suis... Pour le coup, j'ai vraiment travaillé plutôt dans la haute couture, un petit peu dans le prêt-à-porter, mais le calendrier de ces maisons sur la haute couture et le prêt-à-porter ne me convenait pas. Il ne convient pas avec ce temps du végétal. Il ne convient pas avec ces manières de travailler. Alors, je pense qu'il pourrait convenir parce qu'il y a quand même... plein d'outils maintenant aujourd'hui qui se sont mis en place mais en tout cas moi je viens du design objet et espace aussi, j'avais fait espace à Orléans et mon envie et c'est ce que je développe avec l'atelier sous Biosis, c'est de transposer des savoir-faire de haute couture à l'échelle architecturale Donc c'est plutôt comme ça que je vois les choses et je ne suis pas dans la création de bêtements. Il y a plusieurs créateurs de mode qui m'ont demandé d'ailleurs de travailler sur des tissus. Alors en haute couture, ça pourrait marcher, mais en prêt-à-porter, pour le moment, en tout cas, ce n'est pas du tout un chemin que je souhaite prendre. C'est d'autres processus qui sont hyper intéressants, mais qui ne sont pas les miens.

  • Pauline ArtEcoVert

    Alors, je fais juste une parenthèse, Tony, parce qu'on avait reçu à l'époque Chantal Guillon, qui avait travaillé dans plusieurs maisons de luxe, et je lui avais demandé son retour par rapport à est-ce que pour elle, la teinture végétale pourrait revenir sur les devants, on va dire, grâce aux maisons de luxe ? Juste, j'aimerais bien avoir votre point de vue là-dessus. Qu'est-ce qui pourrait faire qu'elles y aillent ? Et quels sont ces fameux process qui pourraient faciliter ? le retour du végétal dans la mode de luxe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, pour les maisons en tant que telles, l'enjeu, mais comme pour n'importe quelle entreprise au départ, il est économique. S'il y a un enjeu économique, par glissement, il deviendra écologique. Mais l'enjeu de départ quand même pour ces maisons, il ne faut pas l'oublier, c'est économique. En tout cas, c'est mon avis. Il y a de très beaux projets, et ça, c'est plus une approche... que j'ai par l'éco-conception en design plus précisément, qui me laisse penser ça. Un modèle de symbiose industrielle que je trouve fabuleux, qui date des années 70 et dont on pourrait vraiment s'inspirer aujourd'hui, c'est le modèle de Kellenburg aux Pays-Bas, où dans un pôle... Un pôle industriel, la proximité de certaines entreprises fait que les déchets d'une entreprise peuvent devenir la matière première de l'autre. Ça c'est un exemple de symbiose industrielle, quelque chose d'intelligent. qui existe depuis longtemps, mais qui demande plusieurs paramètres pour pouvoir se mettre en place. En tout cas, l'enjeu de départ n'était pas écologique pour Kallenbourg, c'était économique. Et je pense que c'est la même chose déjà pour ces grandes maisons. Alors, elles ont quand même un travail en R&D depuis très longtemps sur ces questions, toutes à plein d'endroits. Ça, je suis bien informé là-dessus, je suis certain qu'il y a beaucoup de choses qui se font depuis longtemps et elles ont certaines réponses. Après, d'un point de vue marketing, pour que ça puisse marcher, c'est souvent une histoire de communication. Enfin, je pense qu'il y a une histoire qui doit s'activer par la com, je crois. donc ça veut dire qu'elles s'y intéressent ça on en avait eu plusieurs échos donc plusieurs maisons il y a un intérêt il y a vraiment un travail en R&D qui est mené par je suis persuadé par toutes les maisons elles sont obligées d'ailleurs je

  • Pauline ArtEcoVert

    suis hyper intéressée par la partie le déchet d'une entreprise devient la ressource d'une autre parce que je travaille une quinzaine sur justement les autres ressources qui ne sont pas cultivées mais qui seraient disponibles, donc soit végétales, champignons, les algues, ou des déchets industriels, parce que moi je viens de la grande distri à la base, je travaille dans l'agroalimentaire, et en fait il y a plein de ponts, je me dis non mais attendez, là il y a de quoi faire, donc ça, ça m'intéresse beaucoup, mais du coup j'ai du mal à comprendre, il faudrait trouver des ressources végétales qui pourraient donner de la couleur, et qui seraient économiques par le fait qu'elles soient présentes, disponibles, et du coup pas chères, c'est ça en gros, qui ferait que la...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense que c'est ça. Et d'ailleurs, ce n'est pas que des ressources végétales, c'est des ressources organiques, je dirais. D'accord. Je ne suis pas expert dans ce domaine, mais ce que j'ai retenu, en tout cas, de ce principe, par exemple, de symbiose industrielle, c'est qu'il y a un point à ne pas mettre de l'autre côté, c'est la proximité des entreprises pour que ce transfert de ressources puisse avoir lieu dans les mêmes conditions. Là, je crois que sur le modèle, je ne l'ai pas étudié. dans le détail, mais sur ce modèle de Callenbo, ce qui s'est passé, c'est que c'est la ville, c'est la mairie de la ville qui, à un moment, a rassemblé les entrepreneurs et a décidé de travailler en bonne intelligence et où chacun s'est dit, Oui, évidemment, on gagnerait tous à travailler comme ça. je pense au départ d'un point de vue financier, et évidemment, par glissement, ça pouvait être vertueux d'un point de vue écologique. Après, sur... Je ne sais pas, vous, c'est plusieurs filières, c'est ça, du déchet que vous pouvez... Non, en fait,

  • Pauline ArtEcoVert

    je me dis, il y a plein de... Donc, on a parlé des biodéchets tous les deux avec les restes alimentaires, mais il y en a plein d'autres ressources. Il y a les ressources de l'agriculture, les coproduits agricoles, il y a les déchets de l'industrie agroalimentaire. Il y a aussi des choses surprenantes que je...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, mais ça, c'est des sujets brûlants. Par exemple, à l'ENSI Les Ateliers, en création industrielle, tous les coproduits à valoriser, je ne sais pas combien de diplômes. Je vous invite vraiment à aller voir.

  • Pauline ArtEcoVert

    Ce serait chouette de mettre en relation, parce que je suis en train de bosser là-dessus ardemment.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, la question écologique, de toute façon, est au cœur de leur démarche. Ce n'est pas forcément le projet en tant que tel, mais ça intervient de toute façon aujourd'hui de manière nécessaire. il y a eu énormément de projets autour de la valorisation de coproducts ça il y en a plein moi c'est vrai que j'en ai pas parlé mais celui qui m'anime le plus c'est la recherche que je fais avec la Sorbonne depuis deux ans maintenant, avec une chercheuse au CNRS qui s'appelle Marie-Albéric, et qui m'a proposé en 2022, du coup, peut-être un petit peu avant, de travailler sur un procédé d'extraction pigmentaire des épines d'oursin.

  • Pauline ArtEcoVert

    Oh,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    incroyable ! Voilà, donc ça, c'est un projet que elle, alors elle a fait une thèse dessus. Marie a commencé à travailler dessus et il se trouve qu'elle était en lien avec un ingénieur biomatériau que j'avais rencontré à la Payasse, Christophe Tarabou, donc il nous avait mis en contact. Vous parliez de l'étranger tout à l'heure, c'est question peut-être de la biofabrication au sens large, en tout cas d'un point de vue de la couleur. Nous, en France, on a beaucoup de retard, par exemple, par rapport à l'Angleterre, d'un point de vue pédagogique, à la centrale Sainte-Martine. Telle qui a vraiment donné l'input, je dirais que c'est Carole Collet. Alors, biofabrication, mais elle, en plus, c'est plutôt biologie de synthèse au départ. Avec une de ses étudiantes, Audrey Natsa-Echesia, elles ont fait connaître la biologie synthétique appliquée au textile en Angleterre, en Europe, mais je dirais presque dans le monde entier. Parce qu'elles ont fait des premiers projets qui ont été un véritable bouleversement. Il y avait une super expo à EDF qui s'appelait Alive, où elles présentaient plein de projets autour de la biofab. Je dirais qu'elle s'est faite connaître au départ. Pour ce projet, où elle proposait, et je crois qu'elle s'était faite accompagner d'un prix Nobel pour ce projet, elle proposait de changer la séquence ADN d'une plante. En l'occurrence, elle partait dans un scénario prospectif, où les plantes devraient devenir des usines multifonctionnelles d'ici quelques années pour les humains. J'espère que je vous ai aidé. Je ne bafoue pas trop son projet, que j'en parle bien, mais en tout cas, dans ma tête, c'était un fraisier qui, modifié, contenait beaucoup plus de nutriments. et dont le système racinaire formait des points de dentelle. C'est un projet, je crois, qui s'appelle BioLace, et qui, dans sa dimension éthique, scientifique, poétique, posait plein de questions, et je crois que ça a été un grand bouleversement dans le champ de la biofabrication. L'une de ses élèves, Audrey Natsachesia, a beaucoup travaillé avec cette bactérie colorante, l'Agentinolividum. Bacterium que PiliBio a utilisé à ce qu'il est à grande échelle. PiliBio c'est vraiment génial ce qu'ils ont fait. C'est la vision industrielle du projet qu'ils ont eu dès le départ et pas pour rien. C'est né aussi à l'ENSI avec Marie-Sara Adoni qui a un double cursus en biologie à l'ENS et en design. Et je crois qu'il y avait un partenariat qui était fait avec BIC, les stylos BIC, et elle avait imaginé que l'encre des stylos BIC pourrait être remplacée par la production de cette bactérie. Le projet a pris pas mal d'ampleur ensuite à La Payasse, qui avait été cofondé par Thomas Landrin. Et donc Jérémy Blach, président de Pili, a rejoint aussi le projet. Aujourd'hui, Pili, c'est une équipe, je crois qu'ils sont 20 personnes, 20 chercheurs à Toulouse. L'objectif, c'est de mettre en place une unité de production dans la région lyonnaise et de démocratiser aussi cet accès à... la couleur par fermentation bactérienne, qui est vraiment incroyable dans le procédé, et démocratisé, puisque je crois que l'objectif qu'ils ont, c'est de teindre des vêtements, mais à un prix accessible. C'est ça, vraiment, tout l'enjeu. Et c'est pour ça que ça prend aussi autant de temps. Et je les trouve vraiment inspirants. inspirants, exemplaires, mais parce qu'ils sont aussi hyper intègres. Ils ont une vision depuis le départ, je pense qu'ils ont reçu beaucoup de pression, de plein de lobbies, sans doute, sur la teinture synthétique, mais aussi sur plein de gens qui voulaient certainement s'emparer de ce type de recherche. peut-être pas les porter de la meilleure manière qu'ils soient. Et voilà, moi, en tout cas, c'est un modèle, et j'en parle beaucoup.

  • Pauline ArtEcoVert

    Je vais les relancer. Oui, j'aimerais bien les avoir. Et je rebondis sur ce que vous dites quand vous dites qu'on est un peu hors tard, côté français, sur cette histoire de valorisation, que ce soit des biodéchets, des coproduits, des invasives, ou autres. j'avoue que je vois un petit peu, je suis contactée un peu par le Canada, l'Angleterre, et je me dis, c'est vrai qu'en fait, on a tout ce qu'il faut chez nous, mais soit, alors, il y a peut-être ça aussi, soit on n'en parle pas. soit les gens qui travaillent là-dessus, ils ne sont pas assez mis en lumière. Plus on parle, et plus j'ai des noms, et du coup, je peux essayer d'en parler, mais je trouve qu'on en parle peu alors qu'on a tout. On a beaucoup de gens qui travaillent, de chercheurs, de process, et ce n'est pas assez mis en valeur.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense. Ce n'est pas toujours mis en valeur, mais effectivement, peut-être pour d'autres raisons. C'est-à-dire que dans le milieu de la recherche, il y a quand même une culture du secret qui est instaurée à plein d'endroits. Il se trouve que, par exemple, Marie-Albérique, avec qui je travaille maintenant sur les teintures d'oursins, elle mène cette recherche depuis des années. Donc, moi, c'est tout récent. Et je lui... proposé et c'est vrai que ça prenait sens. Donc, elle m'a demandé d'appliquer ces pigments sous forme de colorant en revisitant certaines recettes de teinture végétale. Et j'ai commencé à avancer dans l'étude et l'application de ces molécules colorantes. C'est assez génial. Pendant deux ans, et à l'issue de ces deux ans, j'ai trouvé que ça prenait une autre dimension. Mais ça, c'est plus le côté design. qui a repris le dessus. Je trouvais intéressant que cette recherche se fasse dans les lieux où la ressource se trouve en grande quantité, où elle est parfois invasive, et pas qu'un peu. Et au Japon, ça prenait tout son sens. parce que le Japon, et ça elle le savait très bien, Marie-Alvérique, le Japon est le premier consommateur importateur au monde d'oursins, et il y a à peu près un gisement de matière de 60 000 tonnes à valoriser par an, et donc je lui ai proposé qu'on fasse progresser cette recherche par le biais d'une résidence à la Villa Kojoyama, et ça a été génial parce que je crois que le projet a été vraiment très bien reçu, Déjà au niveau de l'Institut français, la Villa Kujoyama, la directrice de la Villa qui l'a soutenue, et bien sûr la Fondation Métancourt-Schuller qui soutient aussi tout ça, et c'est vraiment un super programme de recherche, la Villa Kujoyama, j'ai eu une chance inouïe de pouvoir aller au Japon cette année, donc j'y suis allé de septembre à décembre. L'objectif, moi, sur place, c'était de tenter de remonter une filière du déchet d'oursin, et de la faire dialoguer avec l'artisanat textile, le... traditionnels sur des techniques de teinture à la réserve en partie, mais aussi d'autres techniques qu'on peut trouver plutôt au sud-ouest du Japon. Il y a beaucoup de savoir-faire et de traditions textiles vers Okinawa, et c'était vraiment passionnant. j'ai eu très peu de temps pour amorcer le projet, enfin, j'ai préparé en amont. On avait identifié certains acteurs pour remonter la filière avec Marie-Alberic, Harumi aussi, parce qu'il faut quand même parler japonais, qui m'a aidé à identifier une entreprise en particulier. Là, on va faire une émission de télé avec elle et Marie-Alberic, et ça, je suis vraiment ravi, parce que c'est une entreprise qui me fournit désormais les épines d'oursins, c'est l'entreprise Ozuka Suisan, qui se trouve complètement à l'ouest, dans la préfecture de Kagoshima. Et en fait, eux ont déjà commencé à breveter aussi ce procédé de teinture. Il se trouve qu'ils s'en sont rendus compte de manière très simple. En fait, c'est des oursins qui étaient conditionnés Et c'est un peu la direction qu'on avait prise parce qu'au départ on cherchait par les marchés de poissons, comment est-ce qu'on allait réussir avec les coopératives de pêcheurs à récupérer ces déchets. C'était vraiment hyper complexe, il y avait plein de normes sanitaires qui nous empêchaient aussi un peu. Et donc les oursins sont très consommés au Japon et parfois en conserve, sous forme de conserve. Donc on est allé sur ce type de conditionnement et c'est comme ça que Harumi a identifié Uzuka Suisan. qui est une entreprise dirigée par une femme, Madame Ozuka, et qui, elle, a fait appel à un chercheur de la région de Kagoshima, de la préfecture de Kagoshima, M. Fujimoto, il y a une dizaine d'années à peu près, pour travailler sur la valorisation de ces squelettes et épines d'oursins. Et donc, elle avait pressenti… le potentiel colorant puisque ses employés avaient les doigts tachés quand ils conditionnaient les...

  • Pauline ArtEcoVert

    Et justement, j'allais dire, c'est de quelle couleur du coup les épines d'oursin ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors là, c'est une espèce d'oursin qu'on appelle le Murasaki uni, qui donne un violet en première couleur et qui peut varier selon les pH, vert du rose ou un bleu très clair quand on va en milieu alcalin. Et donc j'ai eu la chance d'aller rencontrer cette femme qui m'a présenté ce chercheur, Monsieur Fujimoto. Maintenant on a une plateforme. communes d'échange avec Marie-Alberi qu'ils ont pu se rencontrer. Donc, c'était hyper émouvant que ces chercheurs puissent se rencontrer et qu'ils puissent évoluer leurs recherches aussi les uns les autres. Elle, je pense qu'au Japon, elle essaye de faire connaître cette recherche, mais que jusqu'à présent, il n'y avait pas eu énormément d'engouement. Alors, le gouvernement japonais investit à hauteur de 25 000 euros dans cette région par an pour la pêche de ces oursins, parce qu'on ne peut les pêcher qu'à la main. Et pourquoi ? Parce qu'il y a un enjeu vraiment écologique, c'est des destructeurs des fonds marins. En fait, les oursins, ils ont des dents et en fait, ils rongent vraiment tous les fonds. Et ça empêche toute une biodiversité de se développer en côte. Ça empêche une certaine pêche aussi. et donc j'ai pu rencontrer la coopérative de pêcheurs d'Hakune, dans la région de Kagoshima, qui m'a expliqué ça.

  • Pauline ArtEcoVert

    C'est pas sûr.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais ça ne veut pas dire que le gouvernement a compris qu'il y avait un levier technique forcément intéressant. Et j'espère que par le biais de la Villa Kujoyama et du type de recherche que j'ai porté, on peut en tout cas amener un certain regard. Alors nous, on avait trouvé de notre côté avec Marie-Albéry que quand même, pareil, il y a presque six ans, je crois... À l'université d'Okayama, ils avaient fait aussi une première recherche sur ces pigments, mais plutôt utilisés dans les colorants alimentaires. Jusqu'à présent, ça n'a pas été vraiment exploré. Et donc, moi, l'objectif, c'est de poursuivre cette recherche. la faire évoluer et travailler même sur cette matière par épuisement. Donc là, il y a une idée couleur d'un côté, mais il subsiste aussi une matière là-dessus et je suis en train de travailler sur un prochain projet, je ne peux pas vraiment encore en parler.

  • Pauline ArtEcoVert

    Pas de souci.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En tout cas, il sera présenté au JAD, le Jardin des métiers d'art et du design, où j'ai mon atelier désormais. Super. En tout cas, Tony, n'hésitez pas, si vous voulez qu'on se refasse un petit épisode actue au moment où ça sort et au moment où vous voulez, même si c'est 10 minutes, mais de tenir informé des avancées de tous. Moi, je trouve ça hyper chouette. Donc, dans tout ce que vous avez raconté, vous avez répondu à pas mal de mes questions. Donc, sans les avoir lues, c'est quand même magnifique. Ce que je voulais savoir avec vous, c'est qu'il y a cette histoire qui m'intrigue de biofabrication. Sur votre site, quand je les ai épluchées, j'ai vu tout ce qui était bio-ennoblissement que vous travaillez avec de l'organique. Et en fait, j'aimerais savoir, quel type, si vous avez le droit de le dire, mais organique, c'est quoi ? On a parlé des bactéries, ça peut être des algues, c'est quoi votre champ d'action ?

  • Pauline ArtEcoVert

    Oui, c'est vrai que je n'ai peut-être pas précisé toutes ces ressources que j'ai investies dès 2016. Donc, évidemment, les algues, ça a été les premières. J'ai travaillé sur un projet en partenariat avec la Manufacture des Gobelins et plus précisément l'atelier de teinture de la Manufacture des Gobelins. À l'époque, il était encore dirigé par Francis Tribier et il y a eu une passation qui s'est opérée à ce moment-là avec la… la nouvelle responsable de l'atelier Sylvie Sicaleschi. Ce qui m'intéressait, c'était de rentrer dans un savoir-faire patrimonial, de comprendre comment on était passé au colorant synthétique dans les années 50. soi-disant pour des questions de solidité, mais on sait bien que c'est pour des impuls économiques aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est bien de le dire, c'est bien de le rappeler.

  • Pauline ArtEcoVert

    Voilà, et oui, parce que Sylvie Sicaleschi, elle me le dit, elle a entièrement raison. Elle m'a alerté là-dessus dès le début, et je trouve qu'elle a vraiment raison. On a très peu de recul sur les colorants synthétiques. Ces histoires de solidité à la lumière, alors ça, c'est aussi un truc que j'ai... Sur n'importe quelle autre matière, ça passe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais nous, ça ne va pas.

  • Pauline ArtEcoVert

    Le tissu, il faut qu'un tissu soit immortel. Je ne comprends pas. En fait, les colorants, ils passent à la lumière. De toute façon, il n'y a pas un colorant synthétique. Il va passer aussi. Alors évidemment, si on ne maîtrise pas la couleur végétale, ça passe plus vite. Mais si on sait bien travailler la couleur végétale, je pense qu'à côté d'un colorant synthétique, on n'a pas vraiment d'ailleurs de recul. Voilà, c'est ce que je voulais dire. elle me disait aussi Sylvie il y a 400 ans de recul parfois parce que c'est des tapisseries qui ont été par exemple pour les bleus certains indigos tiennent encore très bien au bout de 400 ans j'étais

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    avec une mexicaine historienne maya qui me parlait du bleu maya sur les devantures ou sur les masques qui ont des milliers d'années et qui sont là on a reçu Dominique Cardon qui nous parlait de la garance sur certaines tenues. Donc, en fait, je suis d'accord avec vous, mais je me demande si ces fausses idées reçues, elles ne sont pas glissées par des gens qui n'ont pas intérêt à ce que le végétal revienne d'une certaine manière, je pense.

  • Pauline ArtEcoVert

    Peut-être. En tout cas, ça naît de... ça n'est de logique industrielle ce principe de devoir faire durer une couleur c'est répondre à des normes dans la mode, vous parliez tout à l'heure du pré-tap c'est des normes dans le monde du luxe les normes elles sont hyper strictes Alors, bien sûr, peut-être que sur certains objets de grande valeur, il y a quand même une logique de transmission, effectivement, mais... c'est quand même aussi en grande partie culturel. Un bois ou un cuir, ça se patine, et on trouve ça très beau. Un textile, culturellement, ça pose question. Et dans d'autres cultures, et notamment au Japon, c'est tout à fait accepté, en fait. Il n'y a pas cette question. Je pense que c'est quand même culturel. Je ne sais pas à quel moment en tout cas ça a changé, je pense que des historiens, d'autres experts pourraient mieux vous aiguiller là-dessus, mais moi en tout cas c'est une question qui m'occupe déjà depuis... longtemps, puisque mon premier diplôme, quand j'étais à l'ESAD d'Orléans, je l'avais fait sur les phénomènes d'usure appliqués aux matériaux, ça s'appelait d'ailleurs l'usure pour usage, et je travaillais sur l'évolution des objets et des phénomènes d'usure qui pouvaient devenir usuels dans l'objet. Donc soit en le transformant de manière structurelle, soit par la couleur. Et... Et voilà, et là je vois qu'il y a pas mal de choses qui se font là depuis deux ans autour de ça, je trouve que c'est très bien. En fait c'est un... un chemin qui me paraît en tout cas culturellement logique à atteindre pour pouvoir tout simplement peut-être aussi prendre soin différemment de nos objets, de nos matières, de nos tissus. Ça, c'est quelque chose qu'on aborde beaucoup avec une tisserande avec qui je travaille, j'ai donné en tout cas des cours en formation continue à l'IFM, l'Institut français de la mode. C'est Anne Corbière, c'est une personne vraiment super. Si vous ouvrez sur la fibre et sur le tissu, c'est une experte que j'ai pu rencontrer grâce à la Fondation d'entreprise Hermès et qui d'ailleurs a ouvert la toute première matinale qui était créée pour l'Académie. Et Anne Corbière, elle est tisserande, elle a fait d'ailleurs la section textile de l'ENSI qui s'appelait avant la NAT. Donc c'est vraiment, à l'ENSI, ils forment vraiment des techniciens, techniciennes, c'est souvent, c'est encore très genré, mais c'est souvent des femmes. au tissage, au tricot, mais il y a vraiment tout ce côté fibre, fil, tissu, qui est très imprégné dans cette section de l'école, contrairement aux arts déco où la partie en oblissement est beaucoup plus... beaucoup plus large, enfin ils ont des moyens en tout cas pour leur noblissement qui ne sont pas donnés. Donc là je digresse complètement, mais c'était pour dire qu'on fait des algues avec Anne Corbière à l'IFM qui s'appelle Textile Durable ? et où on revient aux origines de la matière, et elle fait toute la partie fibre, fil, tissu, et moi je fais la partie en noblissement, et... on revient à ses origines pour travailler dans une logique écologique sur les procédés. Et oui, on était sur les algues, pardon, mais j'ai fait ce projet. Le tout premier projet que j'ai porté à l'ENSI, c'était ce projet qui s'appelait Spirouil. Mon objectif était de revisiter le cercle chromatique de Michel-Eugène Chevreul, qui a dirigé la manufacture des gobelins en 19e, qui était le chimiste qui a beaucoup travaillé sur la théorie des couleurs, les contrastes simultanés notamment. et je m'intéressais à une ressource biologique en particulier, qui était une micro-algue à contenance en pigments, la spiruline, qui contenait du rouge des caroténoïdes, du vert de la chlorophylle et du bleu de la phycocyanine. Et en dehors de l'indigo, je trouve intéressant d'amener une nouvelle ressource colorante en bleu, ce bleu qui me fascine beaucoup. Et voilà, on a commencé à travailler de manière empirique avec Sylvie Sicaleschi. C'est vrai qu'elle aussi... par observation m'a formé à des... C'est une vraie teinturière, au Gobelin. J'ai trouvé aussi génial qu'une institution comme celle des Gobelins m'ouvre ses portes pour ce type de recherche. Et un peu par accident, on s'est rendu compte que ce bleu allait surtout s'extraire à froid. J'ai fait évoluer ce projet ensuite avec un ingénieur du Muséum d'Histoire Naturelle, Claudier Prémian, qui est aussi quelqu'un de complètement fascinant dans son approche et qui lui m'a initié à un vrai procédé d'extraction de la phycocyanine. Cette couleur reste de toute façon éphémère puisqu'elle est photo-thermosensible. Donc on a commencé, mais ça, ça fait trois ans, à réfléchir à certains moyens de pouvoir les fixer. J'avais d'ailleurs commencé à contacter Michel pour faire évoluer cette recherche. Et puis, j'ai d'autres projets qui sont arrivés entre-temps, donc je compte les reprendre à un moment. Comme toutes les recherches de l'atelier Sumbiosis. je les mène jusqu'à un certain point et de toute façon la recherche c'est souvent quand on sort de l'école aussi ça je le dis parce que c'est quand même 80% de temps à trouver des financements pour faire la recherche c'est ça, c'est ce que j'allais dire voilà et ça elle me tient à coeur cette recherche, donc par exemple les micro-algues Je me suis intéressé aussi beaucoup à tout ce qui est parasites, et notamment les moisissures, les micro-champignons. Et là, je me suis entouré d'une mycologue et microbiologiste, Gisèle de Villherbecq, avec qui d'ailleurs j'anime aussi un... un module à l'ANSI Les Ateliers dans la section Nature Inspired Design donc plus destiné à des professionnels qui s'orientent sur la question du biomimétisme par extension du biodesign, donc ça c'est un autre format d'études qui est aussi intéressant pour les auditeurs et en fait c'est assez drôle, ça s'est fait au cours d'un repas avec Gisèle, on parlait de manière un peu informelle, on était à la paillasse ensemble. Et elle me dit que, donc elle, elle relève, elle travaille pour les archives patrimoniales, et son objectif, c'est plutôt de trouver des traitements antifongiques pour préserver certains papiers et tissus de l'apparition de moisissures. Et elle me dit, tu sais qu'il y a certains microchampignons qui tâchent de manière définitive les tissus et les papiers. Et elle fait, ça donne des couleurs. C'est comme ça que c'est un peu né. Là où elle cherchait à trouver ces traitements antifongiques, je lui dis, mais attends, c'est génial, il faut que tu me fasses des relevés de ces organismes et qu'on les mette en culture sur certains tissus. Et du coup, on a mis en place plusieurs protocoles de recherche. Et pareil, on a dû, pour le moment, arrêter cette recherche. parce que voilà, faute de moyens mais l'idée en tout cas et les couleurs qu'on a pu obtenir c'était de pouvoir guider ces organismes sur le tissu à travers le motif et ça j'avais réussi à le faire

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai vu ça sur votre site aussi, je ne sais plus si c'est sur le site ou sur Insta mais je l'ai vu, il faudrait que je mette des liens dans le descriptif pour envoyer au visuel, je pense que ça pourrait être intéressant

  • Pauline ArtEcoVert

    Ouais, mon site n'est pas très à jour, mais il y a eu pas mal de recherches que je ne montre pas aussi, qui sont en cours. Là, je dois en avoir quatre seulement sur le site. Voilà en tout cas le type de ressources organiques et évidemment les déchets organiques. Ah, ça passe beaucoup, puisque à échelle industrielle, ils ont un... ils ont une vraie portée, un vrai intérêt. Donc voilà, tout dépend des ressources, de la manière dont on les applique, comment les procédés de transformation sont faits. Mais c'est passionnant et je pense que c'est vraiment porteur. Et je pense que Dominique, elle est vraiment sur ces sujets, Dominique Cardon, sur ces sujets depuis un petit moment.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, je ne l'ai pas interrogé là-dessus Dominique, mais je vais lui demander parce que du coup, moi je cherche et comme je voudrais organiser cet événement, je suis en train de rassembler tous les invités ou contacts que j'ai eus qui m'ont parlé de démarches qu'ils avaient, mais des trucs hyper surprenants. Et j'aimerais les rassembler pour que chacun prenne la parole, comme on a fait pour l'agriculture tinctoriale, chacun vienne raconter un peu. donc je vais essayer de collecter ça mais en tout cas il y a plein de trucs hyper intéressants que vous avez abordés moi je trouve ça vraiment hyper canon alors j'essaye de regarder on a parlé des ressources donc du coup je vois mieux rien sur les lichens je suppose que c'est si

  • Pauline ArtEcoVert

    j'ai essayé en plus les lichens ça me tient à coeur puisque c'est des organismes symbiotiques qui associent algues et champignons c'est un peu le coeur du ouais ouais il y a Il y a pas mal de choses qui ont déjà été faites de toute façon sur les lichens. Donc disons que les recherches de l'atelier Sumbiosis, je les ai conçues pour interpeller au départ et questionner nos rapports aux vivants dans les modèles de production. Donc tout ce qui a été déjà pas mal exploré, je vais peut-être le revisiter si ça a un intérêt à un moment mais en tout cas sur l'hélicène je le voyais pas spécifiquement comme tous les champignons de Tintorio ça n'a rien à voir avec les microchampignons c'est exploré, il y a plein de choses superbes qui peuvent être faites avec mais il faut en tout cas que ça interpelle à un autre endroit et moi j'aime bien interpeller sur le statut du parasite voir comment le parasite à un moment peut prendre un autre statut pour le sublimer dans un procédé d'ennobissement et d'ornementation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En plus, les lichens, le problème, c'est que c'est souvent protégé ou des zones à risque, des tourbières, etc. Je sais qu'aussi sur la ressource, ce n'est pas tout à fait des invasives. J'ai eu plusieurs invités qui m'ont parlé de ça. Tout ce que vous faites, ça a des débouchés dans l'art. c'est ce que vous parliez par exemple les projets avec dans le textile est-ce qu'il y a d'autres débouchés que vous envisagez avec ces recherches de couleurs de symbioses etc vous parliez d'architecture ça peut aller vers quoi encore ?

  • Pauline ArtEcoVert

    je pense que ça peut la biofabrication au sens large elle peut toucher tous les domaines de création en termes d'échelle ça peut aller loin alors de toute façon le biodesign il est né déjà donc je dirais plutôt du bio-art au départ. C'est vrai que c'est plutôt les artistes au départ qui ont interpellé aussi. Je pense que c'est là où mon profil est peut-être un peu hybride, où je passe peut-être de l'artiste au designer. Mais alors ça, c'est peut-être aussi très français, on a besoin de catégoriser. Moi, c'est un peu hybride, je fais un peu de tout. Donc, je ne sais pas vraiment comment me positionner. J'ai une formation en design, mais je fais de la recherche. Je suis artisan parce que je fabrique, je fais, je mets en peinture. Enfin, donc je... Je ne sais pas si... Pour moi, il n'y a pas de domaine qui ne soit pas concerné par ce type de recherche. Après, tout dépend comment elles sont investies. Il y a plusieurs niveaux de lecture. Au départ, ça peut être juste inspirationnel, comme le biomimétisme, où on va s'inspirer du vivant pour repenser des principes, des formes, des fonctions. voilà, mais ça n'a pas forcément une visée écologique, sinon ça va être plutôt les ressources, et ça c'est plutôt mon domaine autour de la biofabrication, comment les intégrer à un endroit dans le procédé, et les faire évoluer, et je pense, et j'en suis même persuadé, c'est que, que dans le design produit, design d'espace, il y a beaucoup d'acteurs qui s'en emparent. Alors, je pense qu'il y en a beaucoup aussi, effectivement, qui le taisent, parce qu'il y a des recherches qui sont en cours depuis longtemps, et si vous n'avez pas les moyens de les communiquer pour vous protéger,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ben... Ah oui, il y a ça aussi, c'est vrai.

  • Pauline ArtEcoVert

    C'est quand même des secteurs très concurrentiels, donc si... Je sais que sur mon projet, il y a eu beaucoup de visibilité dès le début. Et quelque part, je crois que ça protège certaines choses. Après, j'étais aussi dans d'autres postures au début, où j'étais vraiment un fervent adepte de l'open source. Mais en fait, l'open source, c'est beaucoup plus compliqué que ça. Et en France, il n'y a pas vraiment de cas juridiques qui fait qu'on peut être... vraiment protégé et crédité et rétribué, puisque c'est un système que je trouve génial, l'open source, où on peut faire émerger des savoir-faire par la communauté. Je trouvais ça vraiment génial au début, et toute la recherche que j'ai faite autour de la cellulose bactérienne, je l'ai faite en open source. Mais c'est vrai qu'au bout de six ans, quand vous voyez que les gens se servent et qu'ils rétablissent, c'est compliqué, c'est un autre combat à mener. J'ai vu beaucoup de gens qui travaillaient dans l'open source sont arrêtés parce qu'en fait, c'est un système qui ne fonctionne pas. Et après, quand vous menez des recherches... j'imagine que jusqu'à un certain point vous ne pouvez pas forcément divulguer, en parler ça s'entend,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je comprends beaucoup de gens en tout cas s'en en parlent ouais d'accord j'avais une question alors un peu comment on va dire un peu de relou très clairement donc on parle de bio-enoblissement on voit en fait on voit l'intérêt que pourrait avoir toute cette inspiration sur plein de domaines d'application. On sait que ça passera par un enjeu économique, c'est que si c'est abordable, accessible, et qu'en plus c'est écologique, il y a des domaines qui vont y passer. Ma question, c'est, est-ce que vous avez pu faire la preuve d'une réduction d'impact par rapport à... votre approche versus l'approche pétrochimique dans l'ennoublissement traditionnel etc est-ce que vous avez fait genre une analyse de cycle de vie ou des trucs comme ça moi je fais pas d'ACV mais parce que je

  • Pauline ArtEcoVert

    Vous avez vu à quelle échelle je travaille ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, mais je veux dire, j'entends, je la pose cette question parce que...

  • Pauline ArtEcoVert

    Elle est hyper pertinente, je pense pour autant l'industrie que l'artisanat. Il se trouve que je ne suis pas encore dans un modèle productif, je pense, suffisamment impactant pour pouvoir m'engager dedans, parce qu'une ACV, c'est quand même costaud. C'est lourd. Et justement, à l'ANSI... j'avais fait un module éco-conception, il y avait une personne de l'UTC de Compiègne qui était venue dans le détail nous montrer comment mettre en place une ACV. Je pense que c'est fondamental à plein d'endroits, mais en tout cas, pour ma pratique, c'est très lourd. Et vous avez vu, en plus, je fais quand même beaucoup de choses. Moi, je travaille beaucoup. Je travaille cette semaine un peu en ce moment, depuis un petit moment. et je mène plein d'activités et c'est vrai que celle-ci je pense qu'il faudrait l'amener la CV sur un projet de recherche où j'aurai suffisamment de financement et où je vois le levier économique qui peut servir derrière, donc par exemple sur les oursins l'objectif c'est d'attirer à un moment l'industrie par l'artisanat ce sera peut-être pas mon projet, il va peut-être pas m'appartenir je sais pas comment la Sorbonne va euh...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, ça va s'organiser.

  • Pauline ArtEcoVert

    Mais en tout cas, moi, c'est une mise en regard que j'amène par l'artisanat. Et là, oui, évidemment, l'ACV a sa place, mais dès le début, j'ai envie de dire. mais pour ça, il faudrait qu'il y ait une application déjà concrète, qu'on sache pertinemment si cette application c'est la plus pertinente, pour pouvoir déjà décortiquer au niveau du process, avant de lancer la CV. Un bon designer, il doit déjà mettre ça en place en amont. Moi, en tout cas, à mon échelle, non.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord.

  • Pauline ArtEcoVert

    Pas de cette manière. Mais... j'imagine quand je travaille sur les principes de recherche je le fais de manière cyclique donc je pense un cycle de vie après j'en fais pas l'analyse parce que je pense que ce type d'analyse elle sert à soit un brevet derrière plus précisément soit moi je pense que ça en fait depuis tous les épisodes que je fais les gens que je rencontre

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai vraiment l'impression que ça pourrait même... Ça pourrait être un levier de faire taire tous les préjugés qui restent collés à la couleur végétale au sens large, que ce soit dans la cosmétique, le textile, le design, les biomatériaux, tout ce qu'on veut. Et j'ai vraiment... Je le redis, mais je serais vraiment ravie. Je sais qu'il y a des projets d'ACV dans différents domaines d'application, j'ai entendu dire, parce qu'il y a beaucoup de off aussi dans les échanges que j'ai avec les invités. Mais j'aimerais vraiment que ce soit mis à jour et divulgué, parce qu'en fait, je sais que ça serait un énorme levier. de prise de conscience et que ça inciterait davantage les marques parce que je suis d'accord avec vous qu'il y a le levier économique, parce qu'on ne va pas se mentir c'est quand même, voilà, si c'est 15 fois plus cher on ne va pas y aller, mais par contre si en plus on vous dit que ça réduit votre impact considérablement je pense qu'il y a quand même pas mal d'entreprises qui pourraient y aller, soit pour des raisons de com soit pour des vrais intérêts, mais si ça démarre par la com, peu importe, le principal, c'est qu'on avance dans la couleur végétale.

  • Pauline ArtEcoVert

    Oui, oui, après, voilà, mais c'est une com qui sert un intérêt économique.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais le résultat, ce serait quoi ? Ce serait qu'on ait moins de synthétique, un peu plus de place pour la couleur végétale ou la couleur...

  • Pauline ArtEcoVert

    Je tiens quand même à dire, mais ça, c'est un truc entre... Je ne sais pas si vous auriez envie de le mettre en avant. mais moi je ne diabolise pas du tout le synthétique. Moi non plus. Voilà, parce qu'il y a quand même plein d'applications où il a beaucoup plus sa place. Le végétal, pour moi, n'est pas une réponse...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Globale ? Non, non, non,

  • Pauline ArtEcoVert

    on est d'accord. Globale, à un grand endroit, ça ne fonctionne pas. Sur la CV, je pense quand même, enfin en tout cas, par exemple à l'IFM, on a surtout des grands groupes qui viennent sur ce module de formation. ces groupes ils font des ACV donc il faut que je me rapproche de leur vie moi je suis en quête je pense qu'ils ne les divulguent pas forcément mais ils sont obligés en interne d'en faire Ils sont obligés parce qu'il y a d'énormes RSE, enfin, il y a plein de choses à... Donc... aujourd'hui s'installe de manière pérenne elle peut pas le mettre de côté moi j'ai des amis dans la production textile là c'est des vrais bouleversements depuis 10 ans déjà c'est des crises parce que c'est des gens qu'on mal fait au départ qu'on peut délocaliser qu'on suivez tout un mouvement ça fait pas que 10 ans vous me direz mais en tout cas qu'on travaillait, qu'on profitait certainement aussi d'un certain système. et là ils ont été obligés de revoir leur copie parce que les gens n'achètent plus de la même manière donc on a un point d'extrême aujourd'hui où il y a des gens qui ont peut-être envie d'acheter autrement et de l'autre côté la majeure partie elle va continuer d'acheter de la merde pardon de le dire comme ça c'est une réalité économique qui fait que la plupart et puis aussi beaucoup de gens ne sont peut-être pas suffisamment alertés.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alertés et n'ont pas encore forcément les moyens, il y a ça aussi, parce que, non mais oui, il y a plein de points, mais oui, j'ai bossé dans la RSE, dans la grande distri pendant 4 ans, donc j'ai suivi les ACV, le changement des marques, la réglementation, tout ça, je vois, mais je trouverais ça tellement intéressant qu'il y ait des ACV qui... qui viennent apporter des preuves et qu'elles soient communiquées, je trouverais ça vraiment génial. Mais bon, ça, c'est un autre débat, mais j'irai voir, comme vous l'avez dit.

  • Pauline ArtEcoVert

    Je pense qu'il faudrait qu'un truc qui serait vraiment intéressant pour faire le lien vraiment vestiaire pour vous, ce serait d'aller, de suivre de près tous les mouvements de mode éthique. Enfin, je pense, vous avez rencontré Catherine Doriac. Doriac,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    oui.

  • Pauline ArtEcoVert

    Catherine, moi je l'ai rencontrée par Aurélia Gualdo, dont je vous parlais tout à l'heure. Catherine, on se connaît depuis longtemps, d'ailleurs c'est l'une des premières à avoir assisté à mes ateliers. Je faisais des ateliers tout public autour de la biophab au début, Catherine elle venait, elle s'est ouverte aussi à toutes ces questions, et en France, dans les mouvements de mode éthique, Je dirais que la pionnière, c'était Isabelle Kay, je crois. Il y a eu beaucoup de choses qui se sont mises en place dans les mouvements de mode éthique. Il y a beaucoup de marques qui donnent à voir la chaîne, enfin, qui essayent de donner à voir, ou en tout cas de la suivre de A à Z. Il y a plein de gens qui travaillent comme ça, dans le bon sens. Donc, je ne les ai plus en tête. Moi, je me suis intéressé à ça. pas mal au début de l'atelier parce que je faisais des conférences souvent et j'ai mis un petit peu de côté mais avec le Fashion Green Hub tout ça je pense que vous pouvez vous mettre et vous pouvez avoir pas mal de ressources autour de ça et vous verrez qu'il y a quand même plein de marques qui le font, qui l'ont fait qui donnent à le voir pour sensibiliser en France il y en a c'est sûr

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    bon bah parfait bon j'aimerais encore parler avec vous pendant des heures mais ce que je voudrais vous poser comme dernière question c'est est-ce que vous auriez un livre à recommander sur ce qui vous inspire ce qu'on a un peu abordé et une personne à qui vous passeriez le micro avant

  • Pauline ArtEcoVert

    qu'on ne se quitte ah ouais un livre

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, j'ai un livre de chevet que j'aime beaucoup, qui s'appelle La fabuleuse histoire des hommes et des animaux, de Boris Cyrulnik. D'ailleurs, ce n'est pas que de lui. Désolé, j'ai vu les autres auteurs. Je crois qu'il l'a écrit... Ils sont trois, en fait. à l'avoir écrit. C'est un tout petit livre très simple qui raconte notre rapport à l'animal, le principe de domestication et en fait, ça en dit aussi plus long sur notre rapport au vivant. Nos rapports au vivant, nos rapports de servitude et de contrôle par rapport au vivant. Et je pense que c'est ce dont on parle depuis le début avec le... par le prisme de la couleur, du végétal, organique, c'est exactement ça. C'est un livre que j'aime beaucoup et que je recommande chaudement. Il y en a beaucoup après sinon sur la couleur, mais je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ont été déjà évoquées je pense dans vos podcasts. J'en ai plein. En revanche, si j'avais à passer le micro... Je suis en train de réfléchir. À qui je pourrais passer le micro ? C'est vrai que Marie-Sara, ce serait super. Marie-Sara, Denis... c'est une autre approche, on n'est plus dans le végétal mais pour parler bio, ce serait vraiment génial alors elle est je pense qu'elle est super super prise c'est pas grave on peut planifier moi je m'adapte,

  • Pauline ArtEcoVert

    franchement je serais tellement content de les avoir pili et si vous pouviez être levier ce serait top, après ils font comme ils veulent mais on peut relancer pili bio, ce serait génial ouais,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Marie-Sara ce serait vraiment chouette voilà

  • Pauline ArtEcoVert

    Bon bah top Tony franchement un grand grand grand grand merci c'était super passionnant je pense que vous avez battu le record de personnes citées dans un épisode de podcast dans Medialité, ah ouais franchement c'est un truc de dingue j'en ai noté tellement plein je souligne, franchement merci pour tout ce, enfin c'est sympa de citer plein de gens du coup ils sont ravis d'être mentionnés

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Merci beaucoup

  • Tony Jouanneau

    Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram à Recover ArtEcoVert A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale innovation tendance

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Tony Jouanneau

    00:28

  • Parcours de Tony Jouanneau : De ses débuts à l'atelier Soumbiosis

    01:13

  • L'importance de la symbiose entre le vivant et les matériaux

    01:54

  • Évolution vers l'éco-conception et le biodesign

    03:58

  • Recherche et développement autour de la couleur végétale

    06:58

  • Conclusion et recommandations de lecture

    09:28

  • Passation du micro à Marie-Sarah

    10:28

  • Réflexions sur l'avenir de la teinture végétale et du design

    12:08

Description

Savez-vous que la teinture végétale, avec ses couleurs vibrantes et ses méthodes durables, pourrait transformer notre manière de concevoir la mode ? Dans cet épisode captivant d'ArtEcoVert, "La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales", Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de couleur végétale, reçoit Tony Jouanneau, designer et enoblisseur textile reconnu. Ensemble, ils plongent dans l'univers fascinant des colorants végétaux et des plantes tinctoriales, révélant les secrets d'un artisanat en harmonie avec la nature.

Tony, dont le parcours est marqué par l'influence de ses grands-mères couturières, partage son expérience unique dans le secteur du luxe, où il a collaboré avec des maisons de couture prestigieuses. Au fil de la discussion, il souligne l'importance cruciale de la symbiose entre le vivant et les matériaux, ainsi que les défis liés à l'ennoblissement textile à travers une approche éco-conçue. Les auditeurs découvriront comment des pigments végétaux, tels que l'indigo et la garance, peuvent être intégrés dans des processus de coloration capillaire végétale, et comment ces choix impactent l'industrie de la mode.

Les échanges entre Pauline et Tony mettent également en lumière ses recherches novatrices sur le biodesign et la biofabrication. L'utilisation de ressources biologiques pour répondre aux enjeux environnementaux est au cœur de leurs préoccupations. Ils parlent de l'importance de collaborer avec d'autres artisans et chercheurs pour promouvoir des pratiques durables, tout en soulignant la nécessité d'une communication efficace pour faire connaître l'impact positif de la teinture végétale et des colorants biosourcés.

À la fin de cet épisode inspirant, Tony recommande un livre qui a profondément influencé sa vision et propose de passer le micro à Marie-Sara, une chercheuse en biofabrication, pour continuer cette exploration passionnante. Ne manquez pas cette occasion d'en apprendre davantage sur le jardin tinctorial et l'agriculture tinctoriale, et découvrez comment les couleurs de plantes peuvent enrichir notre quotidien tout en respectant notre planète.

Rejoignez-nous pour une belle écoute et laissez-vous inspirer par les possibilités infinies offertes par la couleur végétale et les plantes tinctoriales. Pauline.


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Bonne écoute


Pauline



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Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art,

  • Pauline ArtEcoVert

    d'écologie et de verdure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute !

  • Pauline ArtEcoVert

    Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast à récovers Tony Jouanneau de l'atelier Sumbiosis. Bonjour Tony.

  • Tony Jouanneau

    Bonjour Pauline.

  • Pauline ArtEcoVert

    Alors Tony, on rigole parce que j'ai enfin réussi à prononcer le nom de l'atelier correctement. Déjà je suis très contente de vous accueillir parce qu'on va élargir un peu le champ et ne pas parler que du végétal mais aussi d'autres choses. Je vous en remercie et je voulais commencer avec vous par vous présenter pour les auditeurs votre parcours et comment vous en êtes arrivé à cette histoire de symbiose entre le vivant et les matériaux parce que ce sont des sujets qui nous intéressent sur le podcast. Merci. Donc c'est à vous Tony pour vous présenter pour les auditeurs.

  • Tony Jouanneau

    Ok, ça marche. Donc je m'appelle Tony Joanneau, je suis designer et enoblisseur textile. Alors, mon parcours. Donc j'ai, moi j'ai été élevé en partie par des grands-mères couturières, tricoteuses et l'une de mes grands-mères était chef d'atelier d'une ganterie dans le Loir-et-Cher. et je crois que c'est vraiment elle qui m'a donné une certaine appétence pour les matériaux souples et pour le textile au départ, plus particulièrement pour le cuir, mais en tout cas pour les matériaux souples en général. Et donc j'ai suivi des études au Beaux-Arts, qui est devenu une école d'art et de design, les SAD d'Orléans, donc ça c'était en 2005. Et durant mes études, j'ai fait la connaissance d'un designer textile qui s'appelle Tsuri Geta, qui était enoblisseur textile et qui travaillait à partir d'un brevet qui alliait le silicone et l'étoffe. J'ai été complètement fasciné par ce brevet à partir duquel on pouvait fabriquer toutes sortes de matières organiques très inspirées du vivant et plus particulièrement de coraux ou de formes d'organismes qu'on peut trouver dans les fonds marins. et j'ai commencé en fait à faire un stage chez lui, ça a très bien marché, on a fait des concours ensemble, et il m'a embauché à l'issue de mes cinq années d'études, et j'ai travaillé dans cet atelier pendant sept ans. Je me suis formé au métier d'ennoblisseur textile en travaillant au sein de son atelier. J'étais en charge du département design, mise en volume des tissus. L'activité principale, c'était du bijou, bijou contemporain, parfois des pièces uniques. On faisait un peu de tout à l'atelier. Je me suis formé évidemment à cette technique, à ce brevet de textile siliconé. Et en parallèle, j'étais aussi en charge de développer d'autres techniques, mais surtout de concevoir des objets, voire de carrément changer d'échelle, d'aller jusqu'à des installations. Et c'est aussi ce qui m'a fasciné dans ce travail de l'ennoblissement textile, c'est ces changements d'échelle du bijou à l'installation. et en 2016, au bout de 7 années de pratique, j'ai travaillé, et ça je dois le préciser aussi, grâce à Tsuri, avec beaucoup de maisons de couture, j'ai travaillé dans le milieu du luxe, et c'est un milieu qui est très exigeant, et le fait de travailler au sein d'un atelier en faisant, finalement... Je dirais que l'apprentissage a été peut-être plus intuitif, plus sensible à plein d'endroits. Je trouvais personnellement qu'il me manquait une approche théorique sur les technologies textiles. Je me suis formé aussi en parallèle, mais je ne l'ai pas précisé. lorsque j'étais chez lui, je prenais des cours du soir, des cours qui sont très bien faits, des cours municipaux de la ville de Paris, je ne sais pas si vous connaissez. Non. C'est des cours pour adultes, et moi j'avais pris un cours sur les technologies textiles, et un autre cours avec une personne qui avait fait les arts déco, Hélène Guénin, et c'était un cours sur la couleur et ses applications professionnelles. Il se trouve que chez Torrigas, C'est souvent moi qui faisais les teintures. Ça me plaisait beaucoup. Je pense que j'avais une... une sorte d'intuition pour les associations colorées. Et donc, j'ai voulu pousser un peu, comprendre théoriquement, symboliquement, le travail de la couleur et voir comment, à travers certains codes, je pourrais me le réapproprier dans ma pratique. Donc ça, c'était Hyperformateur. J'ai adoré ce cours qu'on avait avec Hélène Guénin. à travers l'histoire de la couleur, ça symbolique, mais aussi sur un travail de colorisme plus précis où on faisait des gouachés. Ça, ça m'a vraiment beaucoup plu. Et donc, en 2016, je ne voulais plus travailler avec la silicone. pour plusieurs raisons, mais il se trouve que l'ennoblissement textile, à plein d'endroits, c'est un monde de chimie, avec des chimies souvent nocives, et j'ai donc choisi de réorienter ma pratique et de reprendre des études à l'ENSI Les Ateliers, l'École Nationale Supérieure de Création Industrielle, à travers un master spécialisé qui s'appelle Création et Technologie Contemporaine. Et à travers ce master, j'ai pu faire un bilan sur ma pratique et j'ai choisi de réorienter ma pratique dans l'ennoblissement sur l'éco-conception. Donc j'ai commencé à pas mal étudier les moyens et j'ai compris qu'il fallait vraiment que je m'attaque aux procédés, aux processus de fabrication pour pouvoir la réorienter. Et je suis tombé aussi complètement, je ne vais pas dire qu'en admiration, mais j'ai découvert... Beaucoup de nouvelles postures de recherche sur un domaine émergent qui était le biodesign et la biofabrication. Le biodesign, c'est un principe de convergence entre la biologie, qui va identifier des principes, des fonctions et des mécaniques du vivant, et le design qui va transférer ces principes dans des applications humaines, en pensant la fonction, l'usage, le dispositif ou la fabrication. Et moi, ce qui m'intéressait, c'était plutôt le domaine de la biofabrication et voir comment une ressource biologique pourrait, à un endroit précis, répondre à une pollution de l'ennoblissement textile. ou d'un savoir-faire plus précisément, de l'ennoblissement textile. Ce concept-là s'est affiné peu à peu. J'ai travaillé sur de la méthodo. J'ai fait beaucoup de méthodologie quand j'étais dans cette année d'études. Et je me suis entouré d'experts scientifiques. L'idée de ce... Le projet, c'était de mettre en place des hypothèses créatives, de prendre plusieurs savoir-faire de l'ennoblissement textile et de comprendre comment je pourrais les réorienter à travers des hypothèses créatives en leur faisant rencontrer des ressources biologiques régénératives, voir en quoi ces ressources pourraient contrecarrer des pollutions, être intéressantes en termes de production. et c'est un peu comme ça que j'ai fondé l'atelier Sumbiosis et je me suis donc plus précisément intéressé à un principe biologique qui a donné son nom à mon projet, c'est la symbiose et la symbiose dans le vivant, elle peut être... manichéenne, soit parasitaire, soit vertueuse, et évidemment j'ai choisi le côté vertueux, l'idée étant d'associer un traitement à un tissu, ou une matière souple, dans une optique symbiotique et écologique. Et donc j'ai commencé par un premier domaine qui est la recherche. En fait, sans m'en rendre compte, je me suis lancé dans de la recherche fondamentale. Je me suis entouré pour plusieurs de mes recherches de chimiste, physicien ou biologiste. Toute cette recherche à l'ENSI, elle était... Alors voilà, quand on est étudiant, on bénéficie peut-être... une approche un peu plus facile auprès de tous ces partenaires. Après, il faut pouvoir changer l'essai. Il y a quelque chose quand même qui m'a vraiment frappé dans le milieu scientifique académique, c'est cette ouverture. En fait, j'ai trouvé que c'était un milieu qui était peut-être assez fermé et qui était en demande de profils comme le mien, qui avait vraiment envie que les disciplines soient plus poreuses. Et donc je me suis dit que l'atelier allait devenir une sorte de laboratoire d'ennoblissement collaboratif. C'est un petit peu comme ça que ça s'est lancé. Je n'avais pas, en revanche... une perspective très très arrêtée sur ce que j'allais faire à l'issue de l'ANSI, mais il se trouve que j'ai arrêté l'ANSI, donc ça a duré un an, un an et demi à peu près le master, et j'ai fait un programme de la Fondation d'entreprise Hermès, en fait j'ai passé un concours et j'ai été lauréat de ce programme qui était vraiment fabuleux, qui s'appelle l'Académie des savoir-faire, et qui portait en 2019 sur les textiles. Donc l'Académie des savoir-faire, c'est un programme qui est porté depuis plusieurs années par la Fondation d'entreprise Hermès. L'idée étant de mettre à l'honneur, tous les deux ans je crois, ce qu'ils appellent un matériau premier. Il y a eu le bois, le métal, la terre, la pierre. le vert et évidemment les textiles. Et donc j'étais ravi de pouvoir rencontrer, on était 22 académiciens avec des profils d'artisans, designers et ingénieurs. L'objectif de ce programme, c'est de nous perfectionner, de porter une réflexion sur la matérialité textile dans son ensemble, d'un point de vue historique, sociologique, philosophique. D'ailleurs, ce sont des matinales qui sont mensuelles, sur les six premiers mois de l'année, ouvertes au public. C'est sur inscription, mais ce sont vraiment des très beaux moments. et donc plusieurs experts vont venir parler d'un sujet en particulier, d'un angle sur ce sujet du matériau. Et nous, le reste du week-end, les académiciens, on allait un peu partout en France rencontrer des ateliers, des entreprises ou des experts sur un domaine particulier. du textile, de la fibre ou de l'ennoblissement. Et à l'issue de ce programme, on avait aussi des semaines de workshop où on travaillait sous la direction pédagogique de Mathalic. Et c'est durant ce programme que plusieurs personnes, et donc pour les nommer précisément, c'est Juliette Vergne que vous avez... Donc Juliette est dans mon groupe de recherche. Il y a aussi Capucine Bonnetère avec qui on s'est super bien entendus. Notamment ces deux personnes-là qui me reviennent tout de suite en tête, qui m'ont parlé de la couleur végétale. des formations en couleur végétale, puisque je ne l'ai peut-être pas précisé avant, mais moi j'avais commencé de mon côté à intégrer le végétal dans certaines de mes recherches, notamment des recherches autour de la cellulose bactérienne, mais il se trouve que je le faisais de manière très empirique, en autodidacte, avec des livres, et je choisissais le végétal parce qu'il me permettait dans des procédés... de transformation chimique et biologique, de ne pas perturber certains organismes. Donc, je ne l'ai pas choisi par hasard. En fait, c'est vraiment venu soutenir certains procédés de recherche que j'ai fait. Et j'ai une recherche en particulier sur l'impression de cellulose bactérienne sur tissu, où l'idée était de venir aussi allier certaines couleurs végétales dans le procédé. Donc, j'avais commencé à intégrer certains... certains extraits dans cette cellulose et effectivement pour ne pas perturber le liquide bactérien le végétal était la première réponse en couleur et la plus pertinente et donc à l'issue de ce programme il y a eu le covid donc grande pause et pendant le covid j'en ai profité pour faire moi me lancer un peu dans la teinture de mon côté aussi en autodidacte donc j'avais monté un petit labo dans le sous-sol de chez ma belle-mère. Et j'ai commencé à faire pas mal d'expérimentations, de nuancier. Et je m'étais associé juste avant le Covid avec une botaniste qui s'appelle Jeanne Basile, que j'avais rencontrée au sein d'un laboratoire communautaire où je suis resté pendant... un an et demi aussi en résidence, c'est le laboratoire communautaire de la Payasse, où étaient menées des actions d'amorçage de projets entrepreneuriaux à la croisée de la science et d'autres disciplines. Ça, c'est un endroit vraiment génial, où j'ai pu construire mon réseau scientifique. Et en tout cas, par la paillasse, j'ai pu rencontrer Jeanne. Et avec Jeanne, on avait le projet de faire un nuancier aux couleurs de Paris. Et on s'était intéressé aux friches urbaines. Donc on avait commencé à travailler en cueillette sur certaines friches. Et voilà, après il y a eu le Covid, Jeanne a déménagé. Donc moi j'avais commencé à nuancer autour de ça. J'en ai profité pour le continuer un peu pendant le Covid. Et dès que les premières restrictions sanitaires ont été levées, on est parti dans le Luberon avec mon compagnon. et je voulais à tout prix aller au jardin conservatoire des plantes tinctoriales et aller chez Couleur Garance donc c'était fermé je me souviens à ce moment là donc j'ai fait un forcing sur Facebook en disant ouvrez-moi s'il vous plaît et en fait ça a été ma première rencontre avec Lise Lise Camoin qui m'a qui m'a ouvert la porte et je me souviens parce qu'elle avait un petit petit Elle était couverte de bleu, elle était dans l'indigo. Avec Aromi, elles étaient couvertes de bleu, elles étaient dans une grosse pote d'indigo. Et ouais, elles m'ont accueilli hyper chaleureusement, et j'ai été tout de suite enchanté déjà par le lieu dont on m'avait dit beaucoup de bien. J'avais évidemment entendu beaucoup parler de Michel, et j'ai... là, j'ai compris que quelque chose allait s'actionner autour de la teinture végétale. Ce ne serait pas la tiers partie de mon activité, mais qu'en tout cas, j'ouvrais une porte qui n'allait plus se refermer. Donc, ça, c'est vraiment avec l'iséromie que ça s'est fait. Et puis après, j'ai... Je me suis quand même formé sur de la fabrication de pigments avec Lise, un étudiant qui avait embarqué mon compagnon avec moi. On l'a fait ensemble et c'était vraiment très chouette. Et après, moi, de mon côté, dans la mesure où sur la recherche, je mettais en place beaucoup de protocoles, scientifique et chimique. Si vous voulez, ce n'est pas un truc qui me rebute assez vite. J'ai compris les méthodes et assez vite, j'ai pu me les approprier. Donc, voilà, il existe plein de chimies différentes. loin de moi l'idée de penser que je suis un expert de la teinture végétale, vraiment pas du tout. Je sais qu'il y a des gens, des vrais chercheurs, comme Michel, Clément, Sandrine, des gens, Clément Bautier, je ne l'ai pas rencontré, mais je sais que Sandrine m'en a parlé, et là je sais que c'est des personnes qui œuvrent d'un point de vue de la recherche. Par contre, j'avais rencontré Dominique Cardon par le biais de la Fondation d'entreprise Hermès. On avait eu une conférence avec elle et j'ai été retourner discuter avec elle dans une autre conférence. Et pareil, Dominique, elle m'avait fasciné dans son approche théorique, toute la recherche qu'elle a faite. Et puis, voilà. En tout cas, la chimie ne me faisait pas peur, ne me fait pas peur. Donc, assez vite, je peux m'approprier des protocoles. Et puis, ce que je n'ai peut-être pas dit aussi, c'est que… Du coup, j'avais cette activité de recherche, mais en parallèle, j'ai une activité de transmission, une activité pédagogique qui s'est mise en place. J'ai une première demande de l'ENSI et des arts décoratifs par le biais d'Aurélie Mossé sur... de nouveaux modèles de recherche, de rencontres entre des savoir-faire traditionnels et des recherches en biologie. Donc j'avais commencé à animer des workshops à l'NCD autour de ça. J'en ai fait un aussi avec Aurélie aux arts décoratifs, qui s'appelait Nouveaux savoir-faire. Et puis après, ça a un petit peu basculé parce qu'en fait, c'est des formats courts sur une semaine. Et quand on travaille sur ces procédés, on est souvent confronté à des matières en culture qui demandent un temps, des procédés de croissance. Et pour ça, des formats studio sur un semestre sont parfois plus adaptés. Et donc après, à l'ENSI, j'ai proposé un studio expérimental qui s'appelait Matières à cultiver, où là, les étudiants avaient vraiment le temps de s'emparer. d'un protocole entouré bien sûr d'une expérience quantique à chaque fois, mais de pouvoir aussi observer les temps de croissance et voir en quoi ça pouvait déterminer une preuve de concept intéressante ou non, ou la réorienter en fonction. Et donc à l'ENSI, sur les formats workshop, le département textile m'a demandé de... revoir les choses. J'avais discuté avec plusieurs personnes, mais Dominique Cardon, sur la valorisation de déchets organiques, je me souviens qu'il y avait une matinale en 2018 super intéressante, où Dominique Cardon présentait une partie de sa recherche, mais qu'en parallèle, on avait Pili Bio, justement, qui était présent ce jour-là et qui présentait aussi la recherche. Donc là, c'était vraiment les confrères. Oui, il faudrait que vous retourniez sur cette matinale, elle est vraiment super. À l'ENSI, on demande, en tout cas, on incite les étudiants. à porter une recherche et la mettre en perspective dans le secteur industriel. Moi, ce n'est pas du tout mon secteur de prédilection. J'ai toujours travaillé dans l'artisanat, voire l'artisanat d'art. Mais en tout cas, je dois leur donner des clés pour ça et je dois les inciter à mettre ces recherches en perspective pour l'industrie. on m'avait demandé d'animer un atelier en teinture végétale et je leur avais dit non mais moi la teinture végétale, il y a d'autres experts qui peuvent faire ça. En revanche, ce que je trouverais intéressant, c'est de travailler de manière frugale sur la valorisation de déchets organiques et du coup à partir de ces premières recherches, commencer à mettre en place encore une fois des hypothèses de concepts pour l'industrie. Donc en fait c'est un... un workshop qui commençait par un banquet. Je trouvais qu'on n'avait plus jamais besoin de se retrouver après toute cette période Covid. Je voulais fédérer autour du banquet, donc un banquet initial où on partageait, il y avait quand même évidemment des ressources choisies, des ressources qui avaient un potentiel colorant. L'idée, c'était d'emmener ensuite les étudiants sur une... demi-journée à faire des récoltes sur le territoire parisien, enfin vraiment en ville, et donc faire surtout les fins de marché, et aller à la réserve des arts pour récupérer aussi des tissus naturels de seconde main. et en gros, coloriser nos poubelles à travers des premières gammes textiles colorées. Donc ça va très très vite, c'est une semaine super intense, et en fait c'est un format qui a été beaucoup apprécié, et depuis, je le refais tous les ans, je trouve que c'est un workshop qui est très inspirant, c'est aussi une première incursion dans le milieu de la couleur organique, qui est très accessible pour tout le monde. donc j'ai une première journée d'incubation avec beaucoup d'entrées en théorie, où je leur donne quand même beaucoup de clés théoriques sur les transformations des ressources, mais aussi sur des lieux ressources pour après aller se former plus précisément, et c'est vrai que ça plaît beaucoup parce que... de proximité de toute façon, de la même manière qu'on va prendre de plus en plus attention à ce qu'on mange, et on le voit bien avec le bio qui est arrivé dans nos assiettes, maintenant c'est complètement établi. en 15 ans, je pense. Il y a eu quand même un bouleversement dans nos assiettes. Je pense que de la même manière, on va glisser ces questions-là autour du vêtement et de la manière...

  • Pauline ArtEcoVert

    J'aimerais. J'aimerais tellement. Et du coup, dans les biodéchets que vous utilisiez, il y avait style peau d'avocat, peau de grenade, oignon... Oui,

  • Tony Jouanneau

    c'est ça. Oui, voilà, enfin, ceux qu'on peut trouver en tout cas sur les marchés en saison au mois de février. Intéressant. En saison au mois de février, donc ce n'est pas forcément le moment le plus adapté, mais voilà. Et donc, ils expérimentent. Chaque année, je mets l'accent sur un procédé. Donc, la première année, c'était vraiment que teinture. Après, on a fait impression. impression de mordant et révélation et puis des fois je mélange un peu je leur donne ce qu'ils ont envie de tout faire mais on ne peut pas tout faire en une semaine donc souvent un groupe en une ressource et pour compléter un peu l'avant dernier jour je ramène des extraits végétaux et ils ont le droit de compléter la gamme avec un peu de couleur végétale je monte quand même une cuve d'indigo en début de semaine parce que je Je trouve que c'est toujours magique et pour ceux qui n'en ont jamais fait, c'est quand même génial de pouvoir… toucher à l'indigo. Moi, en tout cas, c'est la couleur que je préfère. C'est ce que je préfère.

  • Pauline ArtEcoVert

    Non, mais c'est dingue. Comme elle est magnétique, cette couleur, il y a plein de gens qui sont en amour de l'indigo. C'est incroyable. Et c'est toujours la même approche dans la manière de le dire en disant, je ne sais pas pourquoi, mais l'indigo, c'est marrant d'entendre ça.

  • Tony Jouanneau

    Je crois que je... Enfin, si, moi, je sais que c'est le changement de couleur, la révélation. Tout se fait dans la révélation. J'adore ce moment où... J'adore cette couleur. Quand on commence à sortir le tissu et qu'il verdit, verdit-bleuille, ça, c'est un peu la couleur que j'aimerais toujours garder et qui tourne après un bleu magnifique. Mais je crois que c'est ce moment que je préfère à chaque fois. Et oui, oui, c'est le procédé chimique que j'adore. et toute la transformation c'est vraiment fascinant l'indigo moi loin de j'en parlerai peut-être après parce qu'au Japon j'ai eu l'occasion de le découvrir aussi autrement mais voilà dans l'approche j'ai la recette simplifiée de Michel qui fonctionne super bien et souvent les étudiants ne le prennent pas vraiment compte, je leur en parle dès le début de semaine mais en fin de semaine

  • Pauline ArtEcoVert

    tout le monde veut faire de l'indigo et c'est incroyable parce que en épluchant votre site votre compte insta etc j'ai vu des oeuvres avec je supposais que c'était de la couleur végétale mais je savais pas que vous aviez fait tout ça, que vous en aviez fait autant que vous aviez rencontré toutes les personnes ressources que vous vous aidiez et je suis agréablement surpris,

  • Tony Jouanneau

    je trouve ça top et je l'avais pas forcément perçu après j'en parle pas trop non plus peut-être que je ne communique pas trop là-dessus toute l'activité de transmission je vais faire de temps en temps une communication plutôt sur LinkedIn parce que je veux bien montrer ce que feront les étudiants là cette année je n'ai pas eu le temps de le faire encore mais chaque année quand même je fais un petit post en story j'ai une une workshop parce que ça c'est hyper important, ça a été hyper important à un moment dans mon activité il se trouve que voilà j'allais venir peut-être à ça Il y a une deuxième activité qui est une activité de création que j'ai entamée en 2021 et qui finalement a basculé et a pris vraiment beaucoup de place aujourd'hui. Elle a commencé en 2021 avec d'ailleurs une lauréate de l'académie qui était aussi dans mon groupe de travail avec Juliette, c'est Clémentine Brandybasse qui est artiste brodeuse. et ce que j'ai peut-être pas précisé aussi dans mon parcours c'est que à l'issue du co vide j'ai intégré l'incubateur des ateliers de paris qui est un endroit Vraiment génial, un service de la ville qui propose à... Maintenant, ça ne s'appelle plus les Ateliers de Paris, ça s'appelle le Bureau de la Mode, des Métiers d'Art et du Design. Et donc, il propose à des créateurs de ces trois secteurs d'activité d'intégrer l'incubateur pendant deux ans en les accompagnant sur le... le modèle économique de leur entreprise. Et il se trouve que moi, quand je suis arrivé aux ateliers de Paris, c'était un petit peu spécial parce que je n'avais pas de modèle productif. Je faisais surtout de la recherche et de l'enseignement. Et je les remercie beaucoup parce qu'ils ont été vraiment super…

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    super aidant à l'époque. C'était Françoise Sainz, la dernière année où Françoise était là, et Lauriane Duriez, qui a pris le relais à la direction. Mathilde Noni, qui a été une personne clé que j'ai rencontrée par l'intermédiaire de quelqu'un qui est aussi très important dans mon parcours, c'est Aurélia Gualdo. Là, je vous donne plein de noms, mais en fait, elle est anthropologue. C'est une activiste dans les mouvements de mode éthique. C'est quelqu'un de fabuleux et c'est elle qui m'a fait connaître les ateliers de Paris. C'est elle qui m'a aussi beaucoup aiguillé pour m'y présenter et qui m'a fait rencontrer Mathilde Noni. Je pense que ça arrivait à un moment de bascule aussi pour tout le monde, ce Covid, où peut-être qu'ils ont un peu réorienté les choses. En tout cas, je suis rentré dans cet incubateur, ça a été hyper bénéfique pour moi. J'avais quand même ces 7 ans déjà de... d'expérience dans l'atelier Tsurigeta. Donc, je savais aussi comment fonctionnait une petite entreprise. Ce qui me ralentissait sur un modèle productif, c'est que je ne voulais pas produire pour rien, pas n'importe comment. Et je ne voulais que ça se fasse que par association, donc toujours dans cette logique symbiotique. Je voulais aussi m'associer et collaborer avec des artisans d'art. Donc j'y viens, je me suis associé pour le tout premier projet qui m'a été proposé par les Ateliers de Paris, qui s'appelait le Paris des talents. 16 créateurs étaient invités à revisiter la trame d'un plan de Paris par leur savoir-faire. Il se trouve qu'à l'époque, je travaillais pas mal les bioplastiques marbrés de chlorophylle. Et donc j'étais aussi en contact avec Greening. J'avais fait des essais de peinture sur soi qui fonctionnaient pas mal et d'impression. Et j'ai proposé donc à Clémentine Brandybass de venir broder ces matières. Donc on s'est mis ensemble sur une direction artistique. Et on... On a travaillé sur ce projet, j'étais vraiment super heureux de la retrouver sur ce premier projet, qui a été un peu le lancement de mon activité de création. Je ne l'avais peut-être pas précisé, mais la première fois où je suis allé chez Couleur Garance à l'ORIS, j'avais rencontré Aromi qui m'avait présenté ses plissages de soie colorée de végétaux. Je connaissais bien le plissage sur matière synthétique. J'avais en tête aussi certains plissages de la maison Fortuny sur des matières naturelles, mais je savais que ça ne tenait pas vraiment. dans le temps. Et j'ai beaucoup aimé aussi la matière qu'Arumi utilisait, qui est un organza de soie assez transparent. Ce que je trouvais intéressant dans son approche, c'est qu'elle l'appliquait sous forme d'encre. Et dans le procédé, du coup, on utilise aussi beaucoup moins d'eau. Je trouvais le procédé intelligent, intéressant. Donc elle, elle avait à ce moment-là pas mal d'échantillons. Moi, j'avais vu beaucoup d'échantillons très géométriques. Je pense qu'à Rumi, elle était passée de l'origami. Au départ, elle faisait des bijoux en origami et elle est arrivée au plissage occidental, entre guillemets, plissage au carton, toujours dans des formes très géométriques. Et je pense qu'elle cherchait aussi des designers pour travailler avec elle, l'orienter peut-être dans une direction artistique. Moi, j'ai eu envie en tout cas de ramener beaucoup de courbes dans tout ça. Et on s'est retrouvés un premier été tous les deux. On a commencé à faire des recherches ensemble. Et il y avait des échantillons qui fonctionnaient super bien. On a travaillé dans un premier temps avec des couleurs que je n'avais pas trop explorées moi de mon côté, mais des bois de campêche, bois de sapin magnifiques. Et... A l'issue de ce premier été de recherche, j'étais toujours aux ateliers de Paris, j'ai passé un concours de la Fondation Banque Populaire, une bourse artisanat d'art qui m'a permis d'avoir un peu de fonds pour réaliser des premiers prototypes. et du coup j'ai créé des pièces à partir de ces plissés végétaux et ça a été les premiers prototypes d'une collection assez longue depuis sur votre site ? voilà, que j'ai appelée Undula qui reprend tous ces mouvements à queue on a des sensations, des passages de couleurs ce qui m'intéressait c'était que ces tableaux soient la rencontre entre au moins deux couleurs toujours dans cette logique symbiotique. Et donc on a pu présenter grâce aux ateliers de Paris ces premiers photos pour le salon Révélation en 2022. Et ça a été une grande bascule ensuite, puisque la Maison est venue nous voir à la fin, juste avant qu'on remballe la fin du salon. C'était assez génial comme rencontre, ils avaient beaucoup aimé notre proposition. qui entrait en résonance avec une collection qui avait été créée, je le découvrais, c'est vrai que ça résonnait beaucoup avec une collection pour hommes qui avait été créée un an plus tôt, et ils nous ont demandé si on avait les moyens de travailler en... en plus grand format. Et donc là, j'ai repris la casquette vraiment design installation telle que je l'avais entrepris quand j'étais chez Tsurigeta. Donc ça, on est rentré dans de la production à plus grande échelle. Et là, c'était vraiment génial. J'ai aussi beaucoup aimé qu'une maison de luxe. réintègrent le végétal dans des pièces, alors là c'est des œuvres d'art, ils achètent comme des œuvres d'art dans leur magasin. Et donc moi je leur ai proposé, j'ai fait un travail conceptuel avec eux au départ. Et j'ai imaginé qu'on pourrait créer ces séries de tableaux comme des promenades de l'aube au crépuscule. Ce n'était que des variations, des sensations comme ça, colorées, réalisées avec les végétaux. Et je suis ravi parce que c'est une très belle collaboration qu'on développe avec cette maison. ça nous a permis aussi d'explorer des associations colorées qu'on n'avait pas pu encore faire et voilà, donc ça c'est cette activité de création qui m'occupe beaucoup depuis deux ans avec

  • Pauline ArtEcoVert

    Harumi et alors du coup, donc Harumi de couleur garance que j'ai eu pour parler des voyages au Japon, etc sur une autre activité qu'elle a et donc du coup là, avec la maison c'est des objets d'art du coup c'est pas du vêtement, on est d'accord

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, non, non.

  • Pauline ArtEcoVert

    Les tableaux qu'on voit sur votre site ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui. D'accord. Moi, ça a été un vrai choix. Dès que je suis... Pour le coup, j'ai vraiment travaillé plutôt dans la haute couture, un petit peu dans le prêt-à-porter, mais le calendrier de ces maisons sur la haute couture et le prêt-à-porter ne me convenait pas. Il ne convient pas avec ce temps du végétal. Il ne convient pas avec ces manières de travailler. Alors, je pense qu'il pourrait convenir parce qu'il y a quand même... plein d'outils maintenant aujourd'hui qui se sont mis en place mais en tout cas moi je viens du design objet et espace aussi, j'avais fait espace à Orléans et mon envie et c'est ce que je développe avec l'atelier sous Biosis, c'est de transposer des savoir-faire de haute couture à l'échelle architecturale Donc c'est plutôt comme ça que je vois les choses et je ne suis pas dans la création de bêtements. Il y a plusieurs créateurs de mode qui m'ont demandé d'ailleurs de travailler sur des tissus. Alors en haute couture, ça pourrait marcher, mais en prêt-à-porter, pour le moment, en tout cas, ce n'est pas du tout un chemin que je souhaite prendre. C'est d'autres processus qui sont hyper intéressants, mais qui ne sont pas les miens.

  • Pauline ArtEcoVert

    Alors, je fais juste une parenthèse, Tony, parce qu'on avait reçu à l'époque Chantal Guillon, qui avait travaillé dans plusieurs maisons de luxe, et je lui avais demandé son retour par rapport à est-ce que pour elle, la teinture végétale pourrait revenir sur les devants, on va dire, grâce aux maisons de luxe ? Juste, j'aimerais bien avoir votre point de vue là-dessus. Qu'est-ce qui pourrait faire qu'elles y aillent ? Et quels sont ces fameux process qui pourraient faciliter ? le retour du végétal dans la mode de luxe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, pour les maisons en tant que telles, l'enjeu, mais comme pour n'importe quelle entreprise au départ, il est économique. S'il y a un enjeu économique, par glissement, il deviendra écologique. Mais l'enjeu de départ quand même pour ces maisons, il ne faut pas l'oublier, c'est économique. En tout cas, c'est mon avis. Il y a de très beaux projets, et ça, c'est plus une approche... que j'ai par l'éco-conception en design plus précisément, qui me laisse penser ça. Un modèle de symbiose industrielle que je trouve fabuleux, qui date des années 70 et dont on pourrait vraiment s'inspirer aujourd'hui, c'est le modèle de Kellenburg aux Pays-Bas, où dans un pôle... Un pôle industriel, la proximité de certaines entreprises fait que les déchets d'une entreprise peuvent devenir la matière première de l'autre. Ça c'est un exemple de symbiose industrielle, quelque chose d'intelligent. qui existe depuis longtemps, mais qui demande plusieurs paramètres pour pouvoir se mettre en place. En tout cas, l'enjeu de départ n'était pas écologique pour Kallenbourg, c'était économique. Et je pense que c'est la même chose déjà pour ces grandes maisons. Alors, elles ont quand même un travail en R&D depuis très longtemps sur ces questions, toutes à plein d'endroits. Ça, je suis bien informé là-dessus, je suis certain qu'il y a beaucoup de choses qui se font depuis longtemps et elles ont certaines réponses. Après, d'un point de vue marketing, pour que ça puisse marcher, c'est souvent une histoire de communication. Enfin, je pense qu'il y a une histoire qui doit s'activer par la com, je crois. donc ça veut dire qu'elles s'y intéressent ça on en avait eu plusieurs échos donc plusieurs maisons il y a un intérêt il y a vraiment un travail en R&D qui est mené par je suis persuadé par toutes les maisons elles sont obligées d'ailleurs je

  • Pauline ArtEcoVert

    suis hyper intéressée par la partie le déchet d'une entreprise devient la ressource d'une autre parce que je travaille une quinzaine sur justement les autres ressources qui ne sont pas cultivées mais qui seraient disponibles, donc soit végétales, champignons, les algues, ou des déchets industriels, parce que moi je viens de la grande distri à la base, je travaille dans l'agroalimentaire, et en fait il y a plein de ponts, je me dis non mais attendez, là il y a de quoi faire, donc ça, ça m'intéresse beaucoup, mais du coup j'ai du mal à comprendre, il faudrait trouver des ressources végétales qui pourraient donner de la couleur, et qui seraient économiques par le fait qu'elles soient présentes, disponibles, et du coup pas chères, c'est ça en gros, qui ferait que la...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense que c'est ça. Et d'ailleurs, ce n'est pas que des ressources végétales, c'est des ressources organiques, je dirais. D'accord. Je ne suis pas expert dans ce domaine, mais ce que j'ai retenu, en tout cas, de ce principe, par exemple, de symbiose industrielle, c'est qu'il y a un point à ne pas mettre de l'autre côté, c'est la proximité des entreprises pour que ce transfert de ressources puisse avoir lieu dans les mêmes conditions. Là, je crois que sur le modèle, je ne l'ai pas étudié. dans le détail, mais sur ce modèle de Callenbo, ce qui s'est passé, c'est que c'est la ville, c'est la mairie de la ville qui, à un moment, a rassemblé les entrepreneurs et a décidé de travailler en bonne intelligence et où chacun s'est dit, Oui, évidemment, on gagnerait tous à travailler comme ça. je pense au départ d'un point de vue financier, et évidemment, par glissement, ça pouvait être vertueux d'un point de vue écologique. Après, sur... Je ne sais pas, vous, c'est plusieurs filières, c'est ça, du déchet que vous pouvez... Non, en fait,

  • Pauline ArtEcoVert

    je me dis, il y a plein de... Donc, on a parlé des biodéchets tous les deux avec les restes alimentaires, mais il y en a plein d'autres ressources. Il y a les ressources de l'agriculture, les coproduits agricoles, il y a les déchets de l'industrie agroalimentaire. Il y a aussi des choses surprenantes que je...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, mais ça, c'est des sujets brûlants. Par exemple, à l'ENSI Les Ateliers, en création industrielle, tous les coproduits à valoriser, je ne sais pas combien de diplômes. Je vous invite vraiment à aller voir.

  • Pauline ArtEcoVert

    Ce serait chouette de mettre en relation, parce que je suis en train de bosser là-dessus ardemment.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, la question écologique, de toute façon, est au cœur de leur démarche. Ce n'est pas forcément le projet en tant que tel, mais ça intervient de toute façon aujourd'hui de manière nécessaire. il y a eu énormément de projets autour de la valorisation de coproducts ça il y en a plein moi c'est vrai que j'en ai pas parlé mais celui qui m'anime le plus c'est la recherche que je fais avec la Sorbonne depuis deux ans maintenant, avec une chercheuse au CNRS qui s'appelle Marie-Albéric, et qui m'a proposé en 2022, du coup, peut-être un petit peu avant, de travailler sur un procédé d'extraction pigmentaire des épines d'oursin.

  • Pauline ArtEcoVert

    Oh,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    incroyable ! Voilà, donc ça, c'est un projet que elle, alors elle a fait une thèse dessus. Marie a commencé à travailler dessus et il se trouve qu'elle était en lien avec un ingénieur biomatériau que j'avais rencontré à la Payasse, Christophe Tarabou, donc il nous avait mis en contact. Vous parliez de l'étranger tout à l'heure, c'est question peut-être de la biofabrication au sens large, en tout cas d'un point de vue de la couleur. Nous, en France, on a beaucoup de retard, par exemple, par rapport à l'Angleterre, d'un point de vue pédagogique, à la centrale Sainte-Martine. Telle qui a vraiment donné l'input, je dirais que c'est Carole Collet. Alors, biofabrication, mais elle, en plus, c'est plutôt biologie de synthèse au départ. Avec une de ses étudiantes, Audrey Natsa-Echesia, elles ont fait connaître la biologie synthétique appliquée au textile en Angleterre, en Europe, mais je dirais presque dans le monde entier. Parce qu'elles ont fait des premiers projets qui ont été un véritable bouleversement. Il y avait une super expo à EDF qui s'appelait Alive, où elles présentaient plein de projets autour de la biofab. Je dirais qu'elle s'est faite connaître au départ. Pour ce projet, où elle proposait, et je crois qu'elle s'était faite accompagner d'un prix Nobel pour ce projet, elle proposait de changer la séquence ADN d'une plante. En l'occurrence, elle partait dans un scénario prospectif, où les plantes devraient devenir des usines multifonctionnelles d'ici quelques années pour les humains. J'espère que je vous ai aidé. Je ne bafoue pas trop son projet, que j'en parle bien, mais en tout cas, dans ma tête, c'était un fraisier qui, modifié, contenait beaucoup plus de nutriments. et dont le système racinaire formait des points de dentelle. C'est un projet, je crois, qui s'appelle BioLace, et qui, dans sa dimension éthique, scientifique, poétique, posait plein de questions, et je crois que ça a été un grand bouleversement dans le champ de la biofabrication. L'une de ses élèves, Audrey Natsachesia, a beaucoup travaillé avec cette bactérie colorante, l'Agentinolividum. Bacterium que PiliBio a utilisé à ce qu'il est à grande échelle. PiliBio c'est vraiment génial ce qu'ils ont fait. C'est la vision industrielle du projet qu'ils ont eu dès le départ et pas pour rien. C'est né aussi à l'ENSI avec Marie-Sara Adoni qui a un double cursus en biologie à l'ENS et en design. Et je crois qu'il y avait un partenariat qui était fait avec BIC, les stylos BIC, et elle avait imaginé que l'encre des stylos BIC pourrait être remplacée par la production de cette bactérie. Le projet a pris pas mal d'ampleur ensuite à La Payasse, qui avait été cofondé par Thomas Landrin. Et donc Jérémy Blach, président de Pili, a rejoint aussi le projet. Aujourd'hui, Pili, c'est une équipe, je crois qu'ils sont 20 personnes, 20 chercheurs à Toulouse. L'objectif, c'est de mettre en place une unité de production dans la région lyonnaise et de démocratiser aussi cet accès à... la couleur par fermentation bactérienne, qui est vraiment incroyable dans le procédé, et démocratisé, puisque je crois que l'objectif qu'ils ont, c'est de teindre des vêtements, mais à un prix accessible. C'est ça, vraiment, tout l'enjeu. Et c'est pour ça que ça prend aussi autant de temps. Et je les trouve vraiment inspirants. inspirants, exemplaires, mais parce qu'ils sont aussi hyper intègres. Ils ont une vision depuis le départ, je pense qu'ils ont reçu beaucoup de pression, de plein de lobbies, sans doute, sur la teinture synthétique, mais aussi sur plein de gens qui voulaient certainement s'emparer de ce type de recherche. peut-être pas les porter de la meilleure manière qu'ils soient. Et voilà, moi, en tout cas, c'est un modèle, et j'en parle beaucoup.

  • Pauline ArtEcoVert

    Je vais les relancer. Oui, j'aimerais bien les avoir. Et je rebondis sur ce que vous dites quand vous dites qu'on est un peu hors tard, côté français, sur cette histoire de valorisation, que ce soit des biodéchets, des coproduits, des invasives, ou autres. j'avoue que je vois un petit peu, je suis contactée un peu par le Canada, l'Angleterre, et je me dis, c'est vrai qu'en fait, on a tout ce qu'il faut chez nous, mais soit, alors, il y a peut-être ça aussi, soit on n'en parle pas. soit les gens qui travaillent là-dessus, ils ne sont pas assez mis en lumière. Plus on parle, et plus j'ai des noms, et du coup, je peux essayer d'en parler, mais je trouve qu'on en parle peu alors qu'on a tout. On a beaucoup de gens qui travaillent, de chercheurs, de process, et ce n'est pas assez mis en valeur.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense. Ce n'est pas toujours mis en valeur, mais effectivement, peut-être pour d'autres raisons. C'est-à-dire que dans le milieu de la recherche, il y a quand même une culture du secret qui est instaurée à plein d'endroits. Il se trouve que, par exemple, Marie-Albérique, avec qui je travaille maintenant sur les teintures d'oursins, elle mène cette recherche depuis des années. Donc, moi, c'est tout récent. Et je lui... proposé et c'est vrai que ça prenait sens. Donc, elle m'a demandé d'appliquer ces pigments sous forme de colorant en revisitant certaines recettes de teinture végétale. Et j'ai commencé à avancer dans l'étude et l'application de ces molécules colorantes. C'est assez génial. Pendant deux ans, et à l'issue de ces deux ans, j'ai trouvé que ça prenait une autre dimension. Mais ça, c'est plus le côté design. qui a repris le dessus. Je trouvais intéressant que cette recherche se fasse dans les lieux où la ressource se trouve en grande quantité, où elle est parfois invasive, et pas qu'un peu. Et au Japon, ça prenait tout son sens. parce que le Japon, et ça elle le savait très bien, Marie-Alvérique, le Japon est le premier consommateur importateur au monde d'oursins, et il y a à peu près un gisement de matière de 60 000 tonnes à valoriser par an, et donc je lui ai proposé qu'on fasse progresser cette recherche par le biais d'une résidence à la Villa Kojoyama, et ça a été génial parce que je crois que le projet a été vraiment très bien reçu, Déjà au niveau de l'Institut français, la Villa Kujoyama, la directrice de la Villa qui l'a soutenue, et bien sûr la Fondation Métancourt-Schuller qui soutient aussi tout ça, et c'est vraiment un super programme de recherche, la Villa Kujoyama, j'ai eu une chance inouïe de pouvoir aller au Japon cette année, donc j'y suis allé de septembre à décembre. L'objectif, moi, sur place, c'était de tenter de remonter une filière du déchet d'oursin, et de la faire dialoguer avec l'artisanat textile, le... traditionnels sur des techniques de teinture à la réserve en partie, mais aussi d'autres techniques qu'on peut trouver plutôt au sud-ouest du Japon. Il y a beaucoup de savoir-faire et de traditions textiles vers Okinawa, et c'était vraiment passionnant. j'ai eu très peu de temps pour amorcer le projet, enfin, j'ai préparé en amont. On avait identifié certains acteurs pour remonter la filière avec Marie-Alberic, Harumi aussi, parce qu'il faut quand même parler japonais, qui m'a aidé à identifier une entreprise en particulier. Là, on va faire une émission de télé avec elle et Marie-Alberic, et ça, je suis vraiment ravi, parce que c'est une entreprise qui me fournit désormais les épines d'oursins, c'est l'entreprise Ozuka Suisan, qui se trouve complètement à l'ouest, dans la préfecture de Kagoshima. Et en fait, eux ont déjà commencé à breveter aussi ce procédé de teinture. Il se trouve qu'ils s'en sont rendus compte de manière très simple. En fait, c'est des oursins qui étaient conditionnés Et c'est un peu la direction qu'on avait prise parce qu'au départ on cherchait par les marchés de poissons, comment est-ce qu'on allait réussir avec les coopératives de pêcheurs à récupérer ces déchets. C'était vraiment hyper complexe, il y avait plein de normes sanitaires qui nous empêchaient aussi un peu. Et donc les oursins sont très consommés au Japon et parfois en conserve, sous forme de conserve. Donc on est allé sur ce type de conditionnement et c'est comme ça que Harumi a identifié Uzuka Suisan. qui est une entreprise dirigée par une femme, Madame Ozuka, et qui, elle, a fait appel à un chercheur de la région de Kagoshima, de la préfecture de Kagoshima, M. Fujimoto, il y a une dizaine d'années à peu près, pour travailler sur la valorisation de ces squelettes et épines d'oursins. Et donc, elle avait pressenti… le potentiel colorant puisque ses employés avaient les doigts tachés quand ils conditionnaient les...

  • Pauline ArtEcoVert

    Et justement, j'allais dire, c'est de quelle couleur du coup les épines d'oursin ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors là, c'est une espèce d'oursin qu'on appelle le Murasaki uni, qui donne un violet en première couleur et qui peut varier selon les pH, vert du rose ou un bleu très clair quand on va en milieu alcalin. Et donc j'ai eu la chance d'aller rencontrer cette femme qui m'a présenté ce chercheur, Monsieur Fujimoto. Maintenant on a une plateforme. communes d'échange avec Marie-Alberi qu'ils ont pu se rencontrer. Donc, c'était hyper émouvant que ces chercheurs puissent se rencontrer et qu'ils puissent évoluer leurs recherches aussi les uns les autres. Elle, je pense qu'au Japon, elle essaye de faire connaître cette recherche, mais que jusqu'à présent, il n'y avait pas eu énormément d'engouement. Alors, le gouvernement japonais investit à hauteur de 25 000 euros dans cette région par an pour la pêche de ces oursins, parce qu'on ne peut les pêcher qu'à la main. Et pourquoi ? Parce qu'il y a un enjeu vraiment écologique, c'est des destructeurs des fonds marins. En fait, les oursins, ils ont des dents et en fait, ils rongent vraiment tous les fonds. Et ça empêche toute une biodiversité de se développer en côte. Ça empêche une certaine pêche aussi. et donc j'ai pu rencontrer la coopérative de pêcheurs d'Hakune, dans la région de Kagoshima, qui m'a expliqué ça.

  • Pauline ArtEcoVert

    C'est pas sûr.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais ça ne veut pas dire que le gouvernement a compris qu'il y avait un levier technique forcément intéressant. Et j'espère que par le biais de la Villa Kujoyama et du type de recherche que j'ai porté, on peut en tout cas amener un certain regard. Alors nous, on avait trouvé de notre côté avec Marie-Albéry que quand même, pareil, il y a presque six ans, je crois... À l'université d'Okayama, ils avaient fait aussi une première recherche sur ces pigments, mais plutôt utilisés dans les colorants alimentaires. Jusqu'à présent, ça n'a pas été vraiment exploré. Et donc, moi, l'objectif, c'est de poursuivre cette recherche. la faire évoluer et travailler même sur cette matière par épuisement. Donc là, il y a une idée couleur d'un côté, mais il subsiste aussi une matière là-dessus et je suis en train de travailler sur un prochain projet, je ne peux pas vraiment encore en parler.

  • Pauline ArtEcoVert

    Pas de souci.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En tout cas, il sera présenté au JAD, le Jardin des métiers d'art et du design, où j'ai mon atelier désormais. Super. En tout cas, Tony, n'hésitez pas, si vous voulez qu'on se refasse un petit épisode actue au moment où ça sort et au moment où vous voulez, même si c'est 10 minutes, mais de tenir informé des avancées de tous. Moi, je trouve ça hyper chouette. Donc, dans tout ce que vous avez raconté, vous avez répondu à pas mal de mes questions. Donc, sans les avoir lues, c'est quand même magnifique. Ce que je voulais savoir avec vous, c'est qu'il y a cette histoire qui m'intrigue de biofabrication. Sur votre site, quand je les ai épluchées, j'ai vu tout ce qui était bio-ennoblissement que vous travaillez avec de l'organique. Et en fait, j'aimerais savoir, quel type, si vous avez le droit de le dire, mais organique, c'est quoi ? On a parlé des bactéries, ça peut être des algues, c'est quoi votre champ d'action ?

  • Pauline ArtEcoVert

    Oui, c'est vrai que je n'ai peut-être pas précisé toutes ces ressources que j'ai investies dès 2016. Donc, évidemment, les algues, ça a été les premières. J'ai travaillé sur un projet en partenariat avec la Manufacture des Gobelins et plus précisément l'atelier de teinture de la Manufacture des Gobelins. À l'époque, il était encore dirigé par Francis Tribier et il y a eu une passation qui s'est opérée à ce moment-là avec la… la nouvelle responsable de l'atelier Sylvie Sicaleschi. Ce qui m'intéressait, c'était de rentrer dans un savoir-faire patrimonial, de comprendre comment on était passé au colorant synthétique dans les années 50. soi-disant pour des questions de solidité, mais on sait bien que c'est pour des impuls économiques aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est bien de le dire, c'est bien de le rappeler.

  • Pauline ArtEcoVert

    Voilà, et oui, parce que Sylvie Sicaleschi, elle me le dit, elle a entièrement raison. Elle m'a alerté là-dessus dès le début, et je trouve qu'elle a vraiment raison. On a très peu de recul sur les colorants synthétiques. Ces histoires de solidité à la lumière, alors ça, c'est aussi un truc que j'ai... Sur n'importe quelle autre matière, ça passe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais nous, ça ne va pas.

  • Pauline ArtEcoVert

    Le tissu, il faut qu'un tissu soit immortel. Je ne comprends pas. En fait, les colorants, ils passent à la lumière. De toute façon, il n'y a pas un colorant synthétique. Il va passer aussi. Alors évidemment, si on ne maîtrise pas la couleur végétale, ça passe plus vite. Mais si on sait bien travailler la couleur végétale, je pense qu'à côté d'un colorant synthétique, on n'a pas vraiment d'ailleurs de recul. Voilà, c'est ce que je voulais dire. elle me disait aussi Sylvie il y a 400 ans de recul parfois parce que c'est des tapisseries qui ont été par exemple pour les bleus certains indigos tiennent encore très bien au bout de 400 ans j'étais

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    avec une mexicaine historienne maya qui me parlait du bleu maya sur les devantures ou sur les masques qui ont des milliers d'années et qui sont là on a reçu Dominique Cardon qui nous parlait de la garance sur certaines tenues. Donc, en fait, je suis d'accord avec vous, mais je me demande si ces fausses idées reçues, elles ne sont pas glissées par des gens qui n'ont pas intérêt à ce que le végétal revienne d'une certaine manière, je pense.

  • Pauline ArtEcoVert

    Peut-être. En tout cas, ça naît de... ça n'est de logique industrielle ce principe de devoir faire durer une couleur c'est répondre à des normes dans la mode, vous parliez tout à l'heure du pré-tap c'est des normes dans le monde du luxe les normes elles sont hyper strictes Alors, bien sûr, peut-être que sur certains objets de grande valeur, il y a quand même une logique de transmission, effectivement, mais... c'est quand même aussi en grande partie culturel. Un bois ou un cuir, ça se patine, et on trouve ça très beau. Un textile, culturellement, ça pose question. Et dans d'autres cultures, et notamment au Japon, c'est tout à fait accepté, en fait. Il n'y a pas cette question. Je pense que c'est quand même culturel. Je ne sais pas à quel moment en tout cas ça a changé, je pense que des historiens, d'autres experts pourraient mieux vous aiguiller là-dessus, mais moi en tout cas c'est une question qui m'occupe déjà depuis... longtemps, puisque mon premier diplôme, quand j'étais à l'ESAD d'Orléans, je l'avais fait sur les phénomènes d'usure appliqués aux matériaux, ça s'appelait d'ailleurs l'usure pour usage, et je travaillais sur l'évolution des objets et des phénomènes d'usure qui pouvaient devenir usuels dans l'objet. Donc soit en le transformant de manière structurelle, soit par la couleur. Et... Et voilà, et là je vois qu'il y a pas mal de choses qui se font là depuis deux ans autour de ça, je trouve que c'est très bien. En fait c'est un... un chemin qui me paraît en tout cas culturellement logique à atteindre pour pouvoir tout simplement peut-être aussi prendre soin différemment de nos objets, de nos matières, de nos tissus. Ça, c'est quelque chose qu'on aborde beaucoup avec une tisserande avec qui je travaille, j'ai donné en tout cas des cours en formation continue à l'IFM, l'Institut français de la mode. C'est Anne Corbière, c'est une personne vraiment super. Si vous ouvrez sur la fibre et sur le tissu, c'est une experte que j'ai pu rencontrer grâce à la Fondation d'entreprise Hermès et qui d'ailleurs a ouvert la toute première matinale qui était créée pour l'Académie. Et Anne Corbière, elle est tisserande, elle a fait d'ailleurs la section textile de l'ENSI qui s'appelait avant la NAT. Donc c'est vraiment, à l'ENSI, ils forment vraiment des techniciens, techniciennes, c'est souvent, c'est encore très genré, mais c'est souvent des femmes. au tissage, au tricot, mais il y a vraiment tout ce côté fibre, fil, tissu, qui est très imprégné dans cette section de l'école, contrairement aux arts déco où la partie en oblissement est beaucoup plus... beaucoup plus large, enfin ils ont des moyens en tout cas pour leur noblissement qui ne sont pas donnés. Donc là je digresse complètement, mais c'était pour dire qu'on fait des algues avec Anne Corbière à l'IFM qui s'appelle Textile Durable ? et où on revient aux origines de la matière, et elle fait toute la partie fibre, fil, tissu, et moi je fais la partie en noblissement, et... on revient à ses origines pour travailler dans une logique écologique sur les procédés. Et oui, on était sur les algues, pardon, mais j'ai fait ce projet. Le tout premier projet que j'ai porté à l'ENSI, c'était ce projet qui s'appelait Spirouil. Mon objectif était de revisiter le cercle chromatique de Michel-Eugène Chevreul, qui a dirigé la manufacture des gobelins en 19e, qui était le chimiste qui a beaucoup travaillé sur la théorie des couleurs, les contrastes simultanés notamment. et je m'intéressais à une ressource biologique en particulier, qui était une micro-algue à contenance en pigments, la spiruline, qui contenait du rouge des caroténoïdes, du vert de la chlorophylle et du bleu de la phycocyanine. Et en dehors de l'indigo, je trouve intéressant d'amener une nouvelle ressource colorante en bleu, ce bleu qui me fascine beaucoup. Et voilà, on a commencé à travailler de manière empirique avec Sylvie Sicaleschi. C'est vrai qu'elle aussi... par observation m'a formé à des... C'est une vraie teinturière, au Gobelin. J'ai trouvé aussi génial qu'une institution comme celle des Gobelins m'ouvre ses portes pour ce type de recherche. Et un peu par accident, on s'est rendu compte que ce bleu allait surtout s'extraire à froid. J'ai fait évoluer ce projet ensuite avec un ingénieur du Muséum d'Histoire Naturelle, Claudier Prémian, qui est aussi quelqu'un de complètement fascinant dans son approche et qui lui m'a initié à un vrai procédé d'extraction de la phycocyanine. Cette couleur reste de toute façon éphémère puisqu'elle est photo-thermosensible. Donc on a commencé, mais ça, ça fait trois ans, à réfléchir à certains moyens de pouvoir les fixer. J'avais d'ailleurs commencé à contacter Michel pour faire évoluer cette recherche. Et puis, j'ai d'autres projets qui sont arrivés entre-temps, donc je compte les reprendre à un moment. Comme toutes les recherches de l'atelier Sumbiosis. je les mène jusqu'à un certain point et de toute façon la recherche c'est souvent quand on sort de l'école aussi ça je le dis parce que c'est quand même 80% de temps à trouver des financements pour faire la recherche c'est ça, c'est ce que j'allais dire voilà et ça elle me tient à coeur cette recherche, donc par exemple les micro-algues Je me suis intéressé aussi beaucoup à tout ce qui est parasites, et notamment les moisissures, les micro-champignons. Et là, je me suis entouré d'une mycologue et microbiologiste, Gisèle de Villherbecq, avec qui d'ailleurs j'anime aussi un... un module à l'ANSI Les Ateliers dans la section Nature Inspired Design donc plus destiné à des professionnels qui s'orientent sur la question du biomimétisme par extension du biodesign, donc ça c'est un autre format d'études qui est aussi intéressant pour les auditeurs et en fait c'est assez drôle, ça s'est fait au cours d'un repas avec Gisèle, on parlait de manière un peu informelle, on était à la paillasse ensemble. Et elle me dit que, donc elle, elle relève, elle travaille pour les archives patrimoniales, et son objectif, c'est plutôt de trouver des traitements antifongiques pour préserver certains papiers et tissus de l'apparition de moisissures. Et elle me dit, tu sais qu'il y a certains microchampignons qui tâchent de manière définitive les tissus et les papiers. Et elle fait, ça donne des couleurs. C'est comme ça que c'est un peu né. Là où elle cherchait à trouver ces traitements antifongiques, je lui dis, mais attends, c'est génial, il faut que tu me fasses des relevés de ces organismes et qu'on les mette en culture sur certains tissus. Et du coup, on a mis en place plusieurs protocoles de recherche. Et pareil, on a dû, pour le moment, arrêter cette recherche. parce que voilà, faute de moyens mais l'idée en tout cas et les couleurs qu'on a pu obtenir c'était de pouvoir guider ces organismes sur le tissu à travers le motif et ça j'avais réussi à le faire

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai vu ça sur votre site aussi, je ne sais plus si c'est sur le site ou sur Insta mais je l'ai vu, il faudrait que je mette des liens dans le descriptif pour envoyer au visuel, je pense que ça pourrait être intéressant

  • Pauline ArtEcoVert

    Ouais, mon site n'est pas très à jour, mais il y a eu pas mal de recherches que je ne montre pas aussi, qui sont en cours. Là, je dois en avoir quatre seulement sur le site. Voilà en tout cas le type de ressources organiques et évidemment les déchets organiques. Ah, ça passe beaucoup, puisque à échelle industrielle, ils ont un... ils ont une vraie portée, un vrai intérêt. Donc voilà, tout dépend des ressources, de la manière dont on les applique, comment les procédés de transformation sont faits. Mais c'est passionnant et je pense que c'est vraiment porteur. Et je pense que Dominique, elle est vraiment sur ces sujets, Dominique Cardon, sur ces sujets depuis un petit moment.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, je ne l'ai pas interrogé là-dessus Dominique, mais je vais lui demander parce que du coup, moi je cherche et comme je voudrais organiser cet événement, je suis en train de rassembler tous les invités ou contacts que j'ai eus qui m'ont parlé de démarches qu'ils avaient, mais des trucs hyper surprenants. Et j'aimerais les rassembler pour que chacun prenne la parole, comme on a fait pour l'agriculture tinctoriale, chacun vienne raconter un peu. donc je vais essayer de collecter ça mais en tout cas il y a plein de trucs hyper intéressants que vous avez abordés moi je trouve ça vraiment hyper canon alors j'essaye de regarder on a parlé des ressources donc du coup je vois mieux rien sur les lichens je suppose que c'est si

  • Pauline ArtEcoVert

    j'ai essayé en plus les lichens ça me tient à coeur puisque c'est des organismes symbiotiques qui associent algues et champignons c'est un peu le coeur du ouais ouais il y a Il y a pas mal de choses qui ont déjà été faites de toute façon sur les lichens. Donc disons que les recherches de l'atelier Sumbiosis, je les ai conçues pour interpeller au départ et questionner nos rapports aux vivants dans les modèles de production. Donc tout ce qui a été déjà pas mal exploré, je vais peut-être le revisiter si ça a un intérêt à un moment mais en tout cas sur l'hélicène je le voyais pas spécifiquement comme tous les champignons de Tintorio ça n'a rien à voir avec les microchampignons c'est exploré, il y a plein de choses superbes qui peuvent être faites avec mais il faut en tout cas que ça interpelle à un autre endroit et moi j'aime bien interpeller sur le statut du parasite voir comment le parasite à un moment peut prendre un autre statut pour le sublimer dans un procédé d'ennobissement et d'ornementation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En plus, les lichens, le problème, c'est que c'est souvent protégé ou des zones à risque, des tourbières, etc. Je sais qu'aussi sur la ressource, ce n'est pas tout à fait des invasives. J'ai eu plusieurs invités qui m'ont parlé de ça. Tout ce que vous faites, ça a des débouchés dans l'art. c'est ce que vous parliez par exemple les projets avec dans le textile est-ce qu'il y a d'autres débouchés que vous envisagez avec ces recherches de couleurs de symbioses etc vous parliez d'architecture ça peut aller vers quoi encore ?

  • Pauline ArtEcoVert

    je pense que ça peut la biofabrication au sens large elle peut toucher tous les domaines de création en termes d'échelle ça peut aller loin alors de toute façon le biodesign il est né déjà donc je dirais plutôt du bio-art au départ. C'est vrai que c'est plutôt les artistes au départ qui ont interpellé aussi. Je pense que c'est là où mon profil est peut-être un peu hybride, où je passe peut-être de l'artiste au designer. Mais alors ça, c'est peut-être aussi très français, on a besoin de catégoriser. Moi, c'est un peu hybride, je fais un peu de tout. Donc, je ne sais pas vraiment comment me positionner. J'ai une formation en design, mais je fais de la recherche. Je suis artisan parce que je fabrique, je fais, je mets en peinture. Enfin, donc je... Je ne sais pas si... Pour moi, il n'y a pas de domaine qui ne soit pas concerné par ce type de recherche. Après, tout dépend comment elles sont investies. Il y a plusieurs niveaux de lecture. Au départ, ça peut être juste inspirationnel, comme le biomimétisme, où on va s'inspirer du vivant pour repenser des principes, des formes, des fonctions. voilà, mais ça n'a pas forcément une visée écologique, sinon ça va être plutôt les ressources, et ça c'est plutôt mon domaine autour de la biofabrication, comment les intégrer à un endroit dans le procédé, et les faire évoluer, et je pense, et j'en suis même persuadé, c'est que, que dans le design produit, design d'espace, il y a beaucoup d'acteurs qui s'en emparent. Alors, je pense qu'il y en a beaucoup aussi, effectivement, qui le taisent, parce qu'il y a des recherches qui sont en cours depuis longtemps, et si vous n'avez pas les moyens de les communiquer pour vous protéger,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ben... Ah oui, il y a ça aussi, c'est vrai.

  • Pauline ArtEcoVert

    C'est quand même des secteurs très concurrentiels, donc si... Je sais que sur mon projet, il y a eu beaucoup de visibilité dès le début. Et quelque part, je crois que ça protège certaines choses. Après, j'étais aussi dans d'autres postures au début, où j'étais vraiment un fervent adepte de l'open source. Mais en fait, l'open source, c'est beaucoup plus compliqué que ça. Et en France, il n'y a pas vraiment de cas juridiques qui fait qu'on peut être... vraiment protégé et crédité et rétribué, puisque c'est un système que je trouve génial, l'open source, où on peut faire émerger des savoir-faire par la communauté. Je trouvais ça vraiment génial au début, et toute la recherche que j'ai faite autour de la cellulose bactérienne, je l'ai faite en open source. Mais c'est vrai qu'au bout de six ans, quand vous voyez que les gens se servent et qu'ils rétablissent, c'est compliqué, c'est un autre combat à mener. J'ai vu beaucoup de gens qui travaillaient dans l'open source sont arrêtés parce qu'en fait, c'est un système qui ne fonctionne pas. Et après, quand vous menez des recherches... j'imagine que jusqu'à un certain point vous ne pouvez pas forcément divulguer, en parler ça s'entend,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je comprends beaucoup de gens en tout cas s'en en parlent ouais d'accord j'avais une question alors un peu comment on va dire un peu de relou très clairement donc on parle de bio-enoblissement on voit en fait on voit l'intérêt que pourrait avoir toute cette inspiration sur plein de domaines d'application. On sait que ça passera par un enjeu économique, c'est que si c'est abordable, accessible, et qu'en plus c'est écologique, il y a des domaines qui vont y passer. Ma question, c'est, est-ce que vous avez pu faire la preuve d'une réduction d'impact par rapport à... votre approche versus l'approche pétrochimique dans l'ennoublissement traditionnel etc est-ce que vous avez fait genre une analyse de cycle de vie ou des trucs comme ça moi je fais pas d'ACV mais parce que je

  • Pauline ArtEcoVert

    Vous avez vu à quelle échelle je travaille ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, mais je veux dire, j'entends, je la pose cette question parce que...

  • Pauline ArtEcoVert

    Elle est hyper pertinente, je pense pour autant l'industrie que l'artisanat. Il se trouve que je ne suis pas encore dans un modèle productif, je pense, suffisamment impactant pour pouvoir m'engager dedans, parce qu'une ACV, c'est quand même costaud. C'est lourd. Et justement, à l'ANSI... j'avais fait un module éco-conception, il y avait une personne de l'UTC de Compiègne qui était venue dans le détail nous montrer comment mettre en place une ACV. Je pense que c'est fondamental à plein d'endroits, mais en tout cas, pour ma pratique, c'est très lourd. Et vous avez vu, en plus, je fais quand même beaucoup de choses. Moi, je travaille beaucoup. Je travaille cette semaine un peu en ce moment, depuis un petit moment. et je mène plein d'activités et c'est vrai que celle-ci je pense qu'il faudrait l'amener la CV sur un projet de recherche où j'aurai suffisamment de financement et où je vois le levier économique qui peut servir derrière, donc par exemple sur les oursins l'objectif c'est d'attirer à un moment l'industrie par l'artisanat ce sera peut-être pas mon projet, il va peut-être pas m'appartenir je sais pas comment la Sorbonne va euh...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, ça va s'organiser.

  • Pauline ArtEcoVert

    Mais en tout cas, moi, c'est une mise en regard que j'amène par l'artisanat. Et là, oui, évidemment, l'ACV a sa place, mais dès le début, j'ai envie de dire. mais pour ça, il faudrait qu'il y ait une application déjà concrète, qu'on sache pertinemment si cette application c'est la plus pertinente, pour pouvoir déjà décortiquer au niveau du process, avant de lancer la CV. Un bon designer, il doit déjà mettre ça en place en amont. Moi, en tout cas, à mon échelle, non.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord.

  • Pauline ArtEcoVert

    Pas de cette manière. Mais... j'imagine quand je travaille sur les principes de recherche je le fais de manière cyclique donc je pense un cycle de vie après j'en fais pas l'analyse parce que je pense que ce type d'analyse elle sert à soit un brevet derrière plus précisément soit moi je pense que ça en fait depuis tous les épisodes que je fais les gens que je rencontre

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai vraiment l'impression que ça pourrait même... Ça pourrait être un levier de faire taire tous les préjugés qui restent collés à la couleur végétale au sens large, que ce soit dans la cosmétique, le textile, le design, les biomatériaux, tout ce qu'on veut. Et j'ai vraiment... Je le redis, mais je serais vraiment ravie. Je sais qu'il y a des projets d'ACV dans différents domaines d'application, j'ai entendu dire, parce qu'il y a beaucoup de off aussi dans les échanges que j'ai avec les invités. Mais j'aimerais vraiment que ce soit mis à jour et divulgué, parce qu'en fait, je sais que ça serait un énorme levier. de prise de conscience et que ça inciterait davantage les marques parce que je suis d'accord avec vous qu'il y a le levier économique, parce qu'on ne va pas se mentir c'est quand même, voilà, si c'est 15 fois plus cher on ne va pas y aller, mais par contre si en plus on vous dit que ça réduit votre impact considérablement je pense qu'il y a quand même pas mal d'entreprises qui pourraient y aller, soit pour des raisons de com soit pour des vrais intérêts, mais si ça démarre par la com, peu importe, le principal, c'est qu'on avance dans la couleur végétale.

  • Pauline ArtEcoVert

    Oui, oui, après, voilà, mais c'est une com qui sert un intérêt économique.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais le résultat, ce serait quoi ? Ce serait qu'on ait moins de synthétique, un peu plus de place pour la couleur végétale ou la couleur...

  • Pauline ArtEcoVert

    Je tiens quand même à dire, mais ça, c'est un truc entre... Je ne sais pas si vous auriez envie de le mettre en avant. mais moi je ne diabolise pas du tout le synthétique. Moi non plus. Voilà, parce qu'il y a quand même plein d'applications où il a beaucoup plus sa place. Le végétal, pour moi, n'est pas une réponse...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Globale ? Non, non, non,

  • Pauline ArtEcoVert

    on est d'accord. Globale, à un grand endroit, ça ne fonctionne pas. Sur la CV, je pense quand même, enfin en tout cas, par exemple à l'IFM, on a surtout des grands groupes qui viennent sur ce module de formation. ces groupes ils font des ACV donc il faut que je me rapproche de leur vie moi je suis en quête je pense qu'ils ne les divulguent pas forcément mais ils sont obligés en interne d'en faire Ils sont obligés parce qu'il y a d'énormes RSE, enfin, il y a plein de choses à... Donc... aujourd'hui s'installe de manière pérenne elle peut pas le mettre de côté moi j'ai des amis dans la production textile là c'est des vrais bouleversements depuis 10 ans déjà c'est des crises parce que c'est des gens qu'on mal fait au départ qu'on peut délocaliser qu'on suivez tout un mouvement ça fait pas que 10 ans vous me direz mais en tout cas qu'on travaillait, qu'on profitait certainement aussi d'un certain système. et là ils ont été obligés de revoir leur copie parce que les gens n'achètent plus de la même manière donc on a un point d'extrême aujourd'hui où il y a des gens qui ont peut-être envie d'acheter autrement et de l'autre côté la majeure partie elle va continuer d'acheter de la merde pardon de le dire comme ça c'est une réalité économique qui fait que la plupart et puis aussi beaucoup de gens ne sont peut-être pas suffisamment alertés.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alertés et n'ont pas encore forcément les moyens, il y a ça aussi, parce que, non mais oui, il y a plein de points, mais oui, j'ai bossé dans la RSE, dans la grande distri pendant 4 ans, donc j'ai suivi les ACV, le changement des marques, la réglementation, tout ça, je vois, mais je trouverais ça tellement intéressant qu'il y ait des ACV qui... qui viennent apporter des preuves et qu'elles soient communiquées, je trouverais ça vraiment génial. Mais bon, ça, c'est un autre débat, mais j'irai voir, comme vous l'avez dit.

  • Pauline ArtEcoVert

    Je pense qu'il faudrait qu'un truc qui serait vraiment intéressant pour faire le lien vraiment vestiaire pour vous, ce serait d'aller, de suivre de près tous les mouvements de mode éthique. Enfin, je pense, vous avez rencontré Catherine Doriac. Doriac,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    oui.

  • Pauline ArtEcoVert

    Catherine, moi je l'ai rencontrée par Aurélia Gualdo, dont je vous parlais tout à l'heure. Catherine, on se connaît depuis longtemps, d'ailleurs c'est l'une des premières à avoir assisté à mes ateliers. Je faisais des ateliers tout public autour de la biophab au début, Catherine elle venait, elle s'est ouverte aussi à toutes ces questions, et en France, dans les mouvements de mode éthique, Je dirais que la pionnière, c'était Isabelle Kay, je crois. Il y a eu beaucoup de choses qui se sont mises en place dans les mouvements de mode éthique. Il y a beaucoup de marques qui donnent à voir la chaîne, enfin, qui essayent de donner à voir, ou en tout cas de la suivre de A à Z. Il y a plein de gens qui travaillent comme ça, dans le bon sens. Donc, je ne les ai plus en tête. Moi, je me suis intéressé à ça. pas mal au début de l'atelier parce que je faisais des conférences souvent et j'ai mis un petit peu de côté mais avec le Fashion Green Hub tout ça je pense que vous pouvez vous mettre et vous pouvez avoir pas mal de ressources autour de ça et vous verrez qu'il y a quand même plein de marques qui le font, qui l'ont fait qui donnent à le voir pour sensibiliser en France il y en a c'est sûr

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    bon bah parfait bon j'aimerais encore parler avec vous pendant des heures mais ce que je voudrais vous poser comme dernière question c'est est-ce que vous auriez un livre à recommander sur ce qui vous inspire ce qu'on a un peu abordé et une personne à qui vous passeriez le micro avant

  • Pauline ArtEcoVert

    qu'on ne se quitte ah ouais un livre

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, j'ai un livre de chevet que j'aime beaucoup, qui s'appelle La fabuleuse histoire des hommes et des animaux, de Boris Cyrulnik. D'ailleurs, ce n'est pas que de lui. Désolé, j'ai vu les autres auteurs. Je crois qu'il l'a écrit... Ils sont trois, en fait. à l'avoir écrit. C'est un tout petit livre très simple qui raconte notre rapport à l'animal, le principe de domestication et en fait, ça en dit aussi plus long sur notre rapport au vivant. Nos rapports au vivant, nos rapports de servitude et de contrôle par rapport au vivant. Et je pense que c'est ce dont on parle depuis le début avec le... par le prisme de la couleur, du végétal, organique, c'est exactement ça. C'est un livre que j'aime beaucoup et que je recommande chaudement. Il y en a beaucoup après sinon sur la couleur, mais je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ont été déjà évoquées je pense dans vos podcasts. J'en ai plein. En revanche, si j'avais à passer le micro... Je suis en train de réfléchir. À qui je pourrais passer le micro ? C'est vrai que Marie-Sara, ce serait super. Marie-Sara, Denis... c'est une autre approche, on n'est plus dans le végétal mais pour parler bio, ce serait vraiment génial alors elle est je pense qu'elle est super super prise c'est pas grave on peut planifier moi je m'adapte,

  • Pauline ArtEcoVert

    franchement je serais tellement content de les avoir pili et si vous pouviez être levier ce serait top, après ils font comme ils veulent mais on peut relancer pili bio, ce serait génial ouais,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Marie-Sara ce serait vraiment chouette voilà

  • Pauline ArtEcoVert

    Bon bah top Tony franchement un grand grand grand grand merci c'était super passionnant je pense que vous avez battu le record de personnes citées dans un épisode de podcast dans Medialité, ah ouais franchement c'est un truc de dingue j'en ai noté tellement plein je souligne, franchement merci pour tout ce, enfin c'est sympa de citer plein de gens du coup ils sont ravis d'être mentionnés

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Merci beaucoup

  • Tony Jouanneau

    Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram à Recover ArtEcoVert A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale innovation tendance

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Tony Jouanneau

    00:28

  • Parcours de Tony Jouanneau : De ses débuts à l'atelier Soumbiosis

    01:13

  • L'importance de la symbiose entre le vivant et les matériaux

    01:54

  • Évolution vers l'éco-conception et le biodesign

    03:58

  • Recherche et développement autour de la couleur végétale

    06:58

  • Conclusion et recommandations de lecture

    09:28

  • Passation du micro à Marie-Sarah

    10:28

  • Réflexions sur l'avenir de la teinture végétale et du design

    12:08

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