- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors dans cet épisode particulier, je vous propose la collecte de témoignages Alexandra Bendezu et de Séverine Monterre de Larougie. On va d'ailleurs commencer par Séverine. L'idée c'est de vous parler des différentes utilisations de la nature ADS pour en faire vraiment un retour objectif. Donc on regarde des pratiques avec plantes fraîches, plantes sèches, extraits et les différentes fibres et également les sèches-faux de laine. On aura au milieu de ces deux interventions la... Le retour de David Godineau sur ce qui s'est passé depuis un an sur la machine nature ADS. Et je vous invite à aller écouter les épisodes qui restituent les tables rondes, cycle des teinturiers et teinturières en végétal, dans lesquels on se questionne sur la montée en échelle dans le domaine de la teinture végétale, avec des interventions comme Aurélia Wolff, Charlotte Marambert de Miro Boland, Justine Jeans de Maison Teinté. Alisa Rintintur avec Marie-Angèle Bongard, on aura également Sandrine Rosier et Marine de l'atelier Pile Couleur à Roubaix. L'idée c'est de compléter ces témoignages sur cette machine Nature ADS, savoir si c'est une des solutions pour la monter en échelle. Donc voilà, c'est un épisode réflexion on va dire et du coup vous avez accès via Patreon à tous les épisodes podcast sur ce sujet-là ainsi que les replays vidéo. des trois tables rondes qui sont passionnantes.
- Speaker
Donc, je teins des tissus avec des plantes, en haute garonne, comme tu l'as dit, et ces tissus, je les utilise pour mes créations personnelles. Et aussi, ce qui m'intéresse, là, depuis un an notamment, c'est de faire de la teinture à façon, c'est-à-dire de proposer, parce que je vois qu'il y a une demande, je vois qu'il y a un intérêt des marques qui sont déjà engagées. dans l'éco-conception, de s'intéresser aux pigments et de voir comment on peut être encore plus responsable, raisonnable dans sa production. Donc je me suis dit, ça, ça m'intéresse, parce que moi, ma profession, je la fais par passion, mais je la fais aussi. parce que j'ai envie de contribuer, j'ai envie d'améliorer les choses, alors pas moi toute seule, mais c'est pour ça que je suis là aujourd'hui, parce que je me dis que du coup, on est tous ensemble en fait dans cette filière. Et donc là, c'est poser un peu des questions de rentabilité, de prix, de tissu, de prix de matière, et je me suis dit, attends, moi si je fais tout à la main, dans mes cuves, avec mes bras, comme on faisait depuis toujours, depuis des millénaires, bon, c'est bien, on sort des choses très qualitatives, mais les marques... qui ont envie derrière de confectionner, de rentrer dans une production raisonnée, aussi raisonnée soit-elle, il y a quand même une logique économique dans laquelle il faut s'insérer. Et donc là, j'ai commencé à me dire, comment je fais, moi, pour produire des tissus qui ne vont pas... Ou alors, soit je décide d'être dans le luxe, en fait, total, et de faire des choses très artistiques, et c'est super, je n'ai rien contre ça du tout, mais si j'ai envie de contribuer sur quelque chose de plus accessible, en tout cas de plus en plus, avec les années qui vont arriver, qu'est-ce que je fais ? et en écoutant ton podcast et bien j'ai découvert David en écoutant un recouvert et je me suis dit oh la la c'est génial et donc je l'ai contacté très simplement et comme il est hyper accessible on a commencé à échanger et moi je lui ai dit tout simplement je veux tester cette machine, je veux tester la nature ADS et du coup il m'a dit viens et donc j'y suis allée voilà comment ça s'est passé
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Donc si je comprends bien, toi ton besoin c'est plutôt sur par exemple soit des teintures pièces, soit des métrages ?
- Speaker
Oui, exactement. Ce qui serait intéressant pour moi, ce serait de produire des mètres linéaires. Par exemple, si une marque me dit qu'elle va confectionner des coussins, il nous faut 15 mètres. Comment on fait ? Il nous faut 100 mètres par an, je ne sais pas. et ou alors sur pièces par exemple une entreprise qui fait des culottes qui me dit bah moi mes culottes elles sont déjà confectionnées mais elles sont prêtes à teindre, qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce qu'on peut faire des outils ? Est-ce qu'on peut faire de la couleur ? Qu'est-ce qu'on fait ? Donc c'est un petit peu ma logique parce que je commence à avoir un petit peu de réseau dans ma région et je me dis, je commence à essayer de comprendre un peu ce que les marques ont besoin ce dont elles ont envie et des fois moi je suis un peu limitée par la quantité des choses que je peux produire et par le coût qui va sortir de l'atelier donc là je me suis dit si la mécanisation de mon travail ou une partie de la mécanisation de mon travail était une option. Et ça, c'est quand même un petit problème. Peut-être pas problème, mais c'est un questionnement souvent est opposé. L'artisanat, ce qu'on fait avec les mains, avec la mécanisation, du coup, on est dans les industriels. On met les deux, chacun d'un côté. Et moi, je pense que c'est tout à fait possible de les réunir. C'est-à-dire, pour moi, il est très important. parce que moi j'ai été formée par exemple notamment avec David Santandreux que tu as reçu aussi sur le podcast moi je le connais depuis quelques années maintenant et j'ai été formée avec lui à la cuve historique 18ème tu vois, à la cocagne pour l'indigo etc et pour moi par rapport à mon parcours professionnel, ma curiosité intellectuelle il est primordial de transmettre ses savoir-faire c'est incroyablement fond par contre je pense que c'est pas antinomique avec qu'est-ce que je fais pour améliorer, par exemple, aussi mes méthodes et pour pouvoir économiser mon travail, etc.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est hyper intéressant ce que tu dis parce qu'en fait, tu vois, dans ce que je te parlais des itablerons, les teinturières, on est en train de définir le terme semi-industriel qui est entre l'artisanat et l'industrie textile. Et en fait, on essaie de poser des bornes et de poser une définition. Et le semi-industriel, ce serait vraiment, tu sais, une… un emploi de machine mécanisée, mais sans l'apport d'outils industriels, avec pression, à piston, à tout ce qu'on trouve, vapeur, énergie de dingue, qui est plutôt du monde industriel. Le semi-industriel, ce serait plutôt mécanisé, automatisé, facilité, rendre ergonomique. Et donc, c'est vraiment un truc qui se positionne entre l'artisanat, la capacité qu'on peut faire dans les cuves et dans ce qui est raisonnable pour le corps. tu vois entre ces deux là et en fait c'est hyper intéressant ton témoignage puisque ça c'est quelque chose qu'on est en train de tu vois d'essayer de poser avec ces 80 inturières là qui se questionnent et un autre truc que tu as soulevé qui est hyper intéressant c'est ce niveau d'échelle il est pas facile à appréhender mais pourquoi on l'appréhende par rapport à une volonté de rendement dans le sens rendement mais aussi en vivre quoi parce qu'en fait il y en a plein qui font le constat que au bout d'un moment si tu veux comme tu l'as dit que derrière la filière elle continue et que tu puisses toi fournir la matière il faut un moment que tout le monde s'y retrouve et donc c'est hyper intéressant ton témoignage parce que c'est vraiment tout ce qu'on est en train de réfléchir en ce moment c'est poser une définition du semi-industriel le rendre acceptable
- Speaker
parce que quand tu dis industriel les gens tout de suite ils sont c'était leur proposé mais oui mais en fait non et moi j'ai essayé de déconstruire ça déjà j'ai essayé de le déconstruire moi-même parce qu'en rentrant par l'artisanat et par le père avec ses mains moi je me disais est-ce que c'est vraiment éthique ce que je fais ? Et en fait, très vite, je me suis dit oui. Et puis en en parlant autour de moi, je me rends compte effectivement qu'il faut trouver une solution à mi-chemin entre tout ça. Et puis moi je me dis, en fait l'industrie, ce n'est pas le diable non plus. C'est-à-dire que des entreprises qui ont 30 ans de recul sur la teinture industrielle, justement, ils comprennent certains mécanismes dont on peut s'inspirer. Et moi, ce qui m'a intéressée justement avec Alliance Machine, c'est que cette nature ADS, elle a été faite. en partenariat avec un industriel du certeur textile qui fabrique des machines, des grosses machines, j'ai vu des énormes trucs à taille de Pagmo là, et qui a travaillé avec une teinturière qui travaille depuis 20-25 ans, je ne sais plus Sandrine...
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Sandrine Rosier.
- Speaker
Voilà, Sandrine Rosier. Et il y a des allers-retours comme ça pour dire voilà moi ce dont j'ai besoin, la taille dont j'ai besoin pour mon atelier, pour démarrer, pour faire tant de métrages, voilà les fonctions dont j'ai besoin. Et petit à petit, en mode allers-retours, ils ont... tu disais qu'ils en sont à la version 6 moi je m'étais je crois arrêtée à la version 4 mais elle ne cesse d'évoluer cette machine et j'ai eu envie d'aller la tester pour me dire attends est-ce qu'elle convient à moi est-ce que je vais pouvoir la mettre dans mon atelier qu'est-ce qu'elle va m'apporter, comment elle fonctionne et c'était ça qui était chouette de pouvoir le rencontrer et je le dis, je ne suis pas payée pour dire ça je l'ai testé vraiment avec mes sous, j'y suis allée, j'ai payé mon train on s'est rencontré en toute transparence, c'est vraiment bon
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, la relation avec David, elle est simple et éthique. C'est-à-dire, tu vois, moi, je suis missionnée pour collecter vos témoignages. Tu le sais, je t'en ai parlé en démarrage, mais il soutient mon travail, mais il me laisse toute la parole et la liberté d'expression. Et ça, j'apprécie. C'est-à-dire que j'ai le droit de creuser et de poser les questions, même les questions qui fâchent. Mais le but, il est vachement dans la, comment on appelle ça, la remise en question. Et ça, j'apprécie, tu vois. Et il reçoit les témoignages que j'ai enregistrés avec d'autres teinturières qui ont essayé d'autres fonctionnaires. c'est ce que je t'expliquais quand on a préparé et même si c'est pas forcément le top, il prend comme, ok il y a encore à travailler je vais bosser, et je le vois, il m'envoie des mails ok je vais aller creuser le rapport de bain et je vois que ça c'est intéressant et je trouve que de ce point de vue là, ça c'est une chance c'est que la machine elle l'est pas faite et elle s'arrête là, elle continue avec les demandes et puis oui le travail avec Sandrine Rosier il est quand même hyper précieux parce qu'elle a un niveau de connaissance incroyable, voilà exactement avec un recul ouais voilà un recul et puis elle a travaillé le costume, elle a travaillé plein de choses elle fait sa formation Greta enfin je veux dire c'est pas n'importe qui qui a travaillé là dessus et comme tu dis il a combiné les deux mondes qui en fait ne s'opposent pas et doivent maintenant en tout cas essayer de proposer quelque chose. Donc ça, je suis carrément en phase avec toi. Ce que je voudrais voir avec toi, c'est ce que tu as pu tester quand tu as eu accès à la machine. Donc les fonctionnalités, ce que toi tu as éprouvé, les couleurs, à partir de quoi tu es parti, etc., que tu nous racontes un petit peu.
- Speaker
Donc moi j'y suis allée, on avait discuté en amont du protocole qu'on allait réaliser avec David, parce que lui aussi il avait envie de faire un test sur le tissu pour parler du lavage. Donc il m'avait demandé, j'avais 3,50 mètres de jersey de coton prêt à teindre, et donc il voulait que je le partage en deux pour faire un lavage très très simple sur la première partie. et un lavage plus appuyé, la lessive de cendre avec plusieurs lavages pour voir si ça améliorait l'unisson de la teinture sur le métrage. Donc moi, j'avais préparé ça, on avait défini ensemble. Donc moi, j'ai testé les pépins de raisin, le pigment de pépins de raisin de Greening pour voir... pour voir la couleur que ça allait donner. Et donc, je suis allée là-bas, et j'y suis allée sur toute une journée, parce que moi, ce qui m'intéressait, c'était de voir un cycle complet de la machine. Et David, il m'avait conseillé, il m'avait dit, ce serait bien que tu vois, voilà, six heures de fonctionnement d'une machine. Donc, on a fait le mordant sage à la laine. puis la teinture avec le pépin de raisin. Enfin, l'extrait de pépin. Et donc, on a fait tout ce test. Donc, il m'a parlé de la machine, il m'a montré ses différentes fonctionnalités, les différents outils, et puis on a réalisé le protocole ensemble. Alors là, il s'est appuyé sur moi puisque c'est moi qui savais combien de pourcentage d'allonge je voulais mettre, etc. Et donc, on a fait toute une passe complète. Et il m'a montré comment brancher la machine. Et moi, ce qui m'a vachement surpris, c'est que je ne m'attendais pas à ce qu'elle se branche sur un ordinateur. qu'on puisse qu'il y ait une interface qui soit aussi intuitive, aussi facile. Moi, je ne suis pas vraiment dans la technologie. Et en fait, j'ai trouvé ça, que c'était vraiment extrêmement simple. Moi, ça m'a surpris et ça m'a... ça m'a fait du bien je me suis dit ah en fait c'est accessible pour moi et puis elle est à taille humaine il m'avait déjà montré j'avais déjà vu des vidéos de la machine donc je savais mais je l'ai trouvé très facile d'utilisation je le dis tout de suite j'ai été très séduite par cette machine et ce qui m'intéressait par contre c'est de voir le résultat et de voir ce qu'on allait en faire parce que de voir comment on allait analyser ce qui sortait, qu'est-ce qui s'était passé, qu'est-ce qu'on pouvait améliorer. Et moi, faire partie de ça aussi, ça m'intéresse beaucoup parce que moi, comme j'aime comprendre aussi les mécanismes ou comment les choses fonctionnent, je me disais, ouais, c'est chouette parce qu'elle va encore évoluer. Et donc, on a fait tout ce cycle-là ensemble. Donc, ça nous a pris la journée. Ensuite, on a sorti le tissu, on l'a essoré et je suis repartie chez moi et j'ai fait sécher mon tissu chez moi puisque moi, de Toulouse à Lyon, on le regardait. J'ai remporté le tissu humide. Et quelques jours après, une fois que le tissu était sec, on a fait un retour d'expérience avec David. Il m'a demandé très précisément comment était le tissu, est-ce que le test avait été concluant, est-ce que le lavage avait fait une différence du nisson ou pas, ce qui n'était pas le cas. Et par contre, il y avait une petite cassure, ce que moi j'appellerais une flamure au milieu. Et on a essayé de se demander pourquoi il y avait cette différence de couleur. il a fait un retour avec Sandrine Rosier aussi on a parlé des pourcentages de mordant et on a parlé aussi de la pose en fait on a remarqué moi j'ai remarqué que ce qui différencie mon travail en plein cul en plein bain et de cette machine c'est le temps, moi par exemple le mordant sage le tissu je le laisse tremper dans le bain toute la nuit je l'essore, je le rince et ensuite je fais ma teinture le lendemain ou le surlendemain et là c'était pas le cas, on a fait une passe de 6h à 8h Le mordantage après le rinçage, il a embarqué directement après le tissu dans un processus de teinturier. Et on s'est dit, tiens ! est-ce que le fait que le tissu reste dans le bain de mordant toute une nuit et qu'il est bien à la place de bouger, ça ne le répartit pas plus uniformément, que si on part directement sur un cycle sans laisser ce temps-là, peut-être que ça fait un petit peu des cassures. Et ça, c'était très intéressant, parce que du coup, ça peut faire évoluer les pratiques. Cette machine, peut-être que ça veut dire qu'il faut la faire en deux parties. Il faut faire le mordant sage, on sort et puis on pose. et puis la teinture le lendemain ou la nuit suivante ou sur un autre protocole donc on se pose ces questions là, puis moi je me suis demandé aussi ça m'a permis de remettre en question, est-ce que je mets pas un peu trop de mordant par rapport au volume d'eau que je mets, au volume de tissu etc parce que ça c'est un retour qu'il a pu me faire on a discuté longuement ensemble je trouve ça vraiment super de faire ces allers-retours et elle n'est pas encore parfaite, il y a encore des ajustements à faire mais elle est déjà je trouve extrêmement concluante parce que c'est pris elle en 6 heures, moi je peux mettre une semaine à le faire
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Donc le bain de mordant, le mordansage, il se fait dans cette cuve-là, comment elle s'appelle cette cuve ?
- Speaker
Oui, ça se fait dans le tambour en fait. Ça se fait directement dans le tambour ? Directement dans le tambour. Il y a la réforme en fait, la tournette et la rivière qui fait tourner le tissu. Et ça plonge en fait pendant le temps choisi. On monte pendant une heure, après ça reste pendant une heure et demie. et ça tourne comme ça et ça fait évoluer le tissu. Donc là, il y a déjà une petite évolution. La machine, ils ont mis une sorte d'anneau sur le devant pour que le tissu glisse dedans et qu'il s'ouvre et qu'il rentre bien dans le bain de mordant. C'est la même superposition du coup. Exactement. Pour que ça puisse le tirer. Donc déjà, ils ont mis aussi une espèce de tapis. Alors, je ne sais plus exactement la matière au fond. il pourrait le redire mieux que moi j'ai pas les termes techniques là qui permet de faire glisser mieux le tissu pour que le tissu tombe mieux dans l'eau dans le bain de mordant dans le bain de teinture donc il y a déjà eu pas mal d'améliorations par rapport à la machine que j'avais vu en vidéo et qu'il avait montré sur des salons sur cette partie mordant ça
- Pauline Leroux ArtEcoVert
se fait avec la rivière la plongée il y a la possibilité d'écarter le tissu pour qu'il n'y ait pas de superposition et du coup de bain de teinture d'imperfection, entre guillemets, qui des fois est choisie. Il y en a qui...
- Speaker
Oui, par contre, ça peut être un choix créatif. Moi, j'ai commencé à penser à des trucs. Je me suis dit, moi, si j'appliquais, par exemple, la technique du shiburi, si je faisais des plissés, par exemple, ou des ligatures à mes tissus, et qu'en fait, je fais mon boyau et qu'il tourne dedans, quand je le déplie, ça me fait des ébrures, mais c'est voulu. Et ça, c'est super. Mais là, on essaie de travailler en condition de... En vue... sur 350 1,6 parce que c'est l'objectif si tu veux mais après la créativité la créativité d'accord donc ça j'ai compris le bain de mordant ok donc une fois que le bain de mordant est fait donc t'as dit que ça avait duré combien de temps 6 heures le mordant sage non non la passe la passe complète mordant sage et teinture 6 heures 6 heures un
- Pauline Leroux ArtEcoVert
petit peu plus de 6 heures et toi tu aurais mis combien de temps du coup entre mordancer rincer sécher repréparer une cuve de teinture tes bains de mordant tes bains de colorant etc ok
- Speaker
ça, ça peut s'étaler moins sur plusieurs jours. C'est-à-dire que si, par exemple, je fais un langage un jour, je laisse tremper. Le lendemain, je fais le bain d'Alan, de mort d'Andalan, je laisse tremper. Le lendemain, je rince et je pars sur la teinture. Ensuite, je sèche. Ensuite, j'essore. Ça s'étale sur quatre jours, cinq jours. Et selon… Tu vois ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Donc, tu as quand même un gain de temps que toi, tu constates par rapport à ta pratique.
- Speaker
Absolument.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et alors, sur la partie teinture, est-ce que tu es partie d'un extrait oui et t'as mis les mêmes proportions que tu aurais fait chez toi ?
- Speaker
absolument les mêmes, oui tout à fait juste que là il n'y a pas la même quantité d'eau tu vois là on a mis je ne me rappelle plus j'ai pas pris ma petite fiche avec moi mais on a dû mettre une trentaine de litres moi j'aurais facilement trois fois plus D'accord.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
En plus, tu as un gain de... Oui, voilà.
- Speaker
Ça économise de l'eau. Moi, je suis novice dans cette machine. Je ne la connaissais pas. Je ne savais pas comment elle fonctionnait. j'attendais tout, en fait, de voir combien il mettait d'eau. Je lui ai fait confiance. Je lui ai dit, ben, combien là tu mets d'eau pour autant de tissu ? Moi, c'est vrai que ma crainte, un peu, au départ, c'était... Nous, on nous dit toujours, évidemment, qu'il faut porter attention que tout le tissu ait la place pour bouger, qu'il soit tout le temps dans le bain, tout le temps en train de... Et là, en fait, le tissu, il tourne. Il y a un mouvement, il n'est pas tout le temps dans le bain, de mordant ou de teinture. Donc, moi, c'était un peu ma crainte. J'étais là, attends, comment on fait un truc uniforme ? mais comme il y a la rivière donc il y a constamment soit le bain de mordant, soit de teinture qui coule sur le tissu le tissu est sans arrêt en contact et puis ce que m'expliquait David c'est le temps aussi c'est la vitesse de rotation et le temps dans lequel le tissu va être à l'extérieur et à l'intérieur du bain qui compte donc moi j'ai pu aussi comprendre d'autres mécanismes de teinture grâce à ça ça peut affiner moi ma pratique artisanale et puis comprendre un peu mieux comment m'adapter à cette machine parce que ça se fait je pense qu'il y a plein de tests à faire avant de bien la maîtriser de pouvoir proposer quelque chose de qualitatif et de soutenable en fait pour toute la filière mais bon c'est vraiment je pense une innovation en tout cas moi je crois que c'est vraiment le chemin vers lequel il faut qu'on qu'on aille en fait, qu'on se fasse aider. Il n'y a pas de raison qu'on soit tout le temps juste avec nos bras, si on le veut bien sûr. Et puis par exemple, on parlait de l'indigo, pour l'indigo, pour le moment, il n'y a pas de mécanisation. Il n'y a pas de solution. Mais il y en a. pour le moment. Donc, faire toujours avec les mains là, c'est chouette, mais aussi si on peut se faire aider, se soulager le travail et pouvoir reproduire des nuanciers, reproduire des couleurs, pas sans effort, parce qu'il faut la maîtrise derrière évidemment, mais avec moins de difficultés, moi je prends mes partenaires aussi, parce que ça va être, il va y avoir une garantie, il va y avoir une sécurité. Moi je pense aussi que pour les entreprises avec qui je vais, je travaille, c'est peut-être un gage aussi de peut-être pas de plus de qualité je sais pas comment le dire parce que c'est pas aussi c'est pas aussi manichéen mais ils se disent bon ben voilà on peut mieux contrôler parce qu'il y a une machine il y a un humain qui travaille avec une machine ça aussi c'est intéressant ça
- Pauline Leroux ArtEcoVert
donne de la crédibilité, il y en a qui ont besoin d'être assurés par ça, oui oui je suis d'accord d'accord Et alors, est-ce que par rapport à ta question de départ sur, ben voilà, moi je m'installe, j'aimerais proposer des métrages en unisson pour des marques qui vont derrière travailler et donc encore faire des étapes et donc encore ajouter de la valeur au travail, est-ce que tu as pu faire des petits calculs pour voir un petit peu ce que te permettrait cette machine ou pas par rapport à ton travail ? plutôt étalée sur une semaine si on fait à la grosse. Et cette machine qui, sur une journée, peut te proposer globalement la même chose avec après ton temps de séchage. Est-ce que tu as pu faire un petit schéma, un petit tirer un trait là-dessus sur ce sujet-là ?
- Speaker
Je suis en train. Là, ensemble avec David, on a parlé prévisionnel aussi, on a parlé chiffres, on a fait un tableau Excel. Il m'a dit, bon, allez, on y va, puisqu'on a du temps, puisque la machine, elle est autonome. Pendant qu'elle travaille, tu la vois travailler. Il y a une petite application sur le smartphone où tu peux voir où est-ce qu'elle en est de son travail et tout. Et donc là, on s'est posé et il m'a dit, bon, toi, combien ça te coûte ? voilà, en toute transparence, il m'a dit, allons-y, discutons ensemble, parce que je pense que c'est intéressant pour lui de voir quelles sont nos problématiques à nous dans la teinture artisanale, et lui, ce qu'il propose. Et donc là, je suis en train, mais je suis en train de voir, en fait, que moi, si je ne me diversifie pas, aujourd'hui, dans mon travail, c'est-à-dire, moi, je donne des cours, Je fais des interventions dans des écoles de design pour parler des outils de la teinture naturelle, par exemple. Je peux réaliser quelques stages, loisirs, parce que moi, je n'ai pas encore assez le recul pour faire un truc professionnel, enfin, pour des professionnels. Je fais une collection en propre, je fais un peu de teinture à façon, j'essaie de le développer de plus en plus. Mais si je n'ai pas toutes ces casquettes-là, moi, mon projet n'est pas viable. C'est-à-dire que ce n'est pas rentable, je ne peux pas en vivre. si je fais que de la teinture à façon c'est pas possible les tissus ils sortent ils sont trop chers et comme je disais soit je décide de m'implanter dans la filière du luxe et là il va falloir que je vous fasse un nom il va falloir que j'aille toucher il va falloir que la qualité soit là les volumes soient là etc et moi je suis toute seule dans mon entreprise et c'est souvent une problématique qu'on a dans la teinture c'est qu'on est seul ou on est deux pas beaucoup plus donc aujourd'hui moi si j'ai pas toutes ces activités la teinture à façon pour moi elle n'est pas rentable c'est clair et net donc tu travailles aussi avec ça avec lui l'amortissement de la machine tes frais par rapport à je voulais juste rajouter pour moi ce qui est au ray du sein c'est la mutualisation c'est à dire que mais bien sûr cette machine il faudrait qu'on la partage pour que il se fasse des retours entre teinturier et teinturière de même secteur travailler avec des tiers lieux pour qu'on en fasse l'acquisition et que et qu'on puisse travailler à plusieurs et quand moi je n'utilise pas parce que je fais autre chose c'est une autre ou un autre teinturier je dis une autre parce qu'on est surtout des femmes oui bon
- Pauline Leroux ArtEcoVert
on a quelques hommes mais c'est vrai que c'est surtout mais alors tu vois le mot mutualisation bon si tu suis le podcast depuis le début je pense que tu vois ce que j'ai en tête depuis le début donc moi rapidement je me suis rendu compte parce que au fur et à mesure des témoignages sur le podcast qu'effectivement c'était des activités qui étaient souvent pas isolées mais vous étiez souvent seule ou avec un stagiaire, un alternant etc et en fait au delà de ce que je partage complètement ce que tu dis sur la mutualisation de la machine parce que du coup on apprendrait plus vite à partager plus de protocoles et tu vois dans les témoignages que je suis en train de recueillir il y en a qui partent de la plante fraîche toi tu proposes des extraits on a parlé des échevaux avec la personne d'avant toi tu parles de métrages de pièces et en fait je me dis oui de mutualiser aussi la machine ça permettrait d'avancer plus vite de développer plus de protocoles et en même temps assurer un genre de formation en continu, du partage de pratiques et tu vois moi ce que j'essaye de faire avec ce que j'ai appelé le cycle des teinturières parce que franchement je suis à court d'idées dans les noms, c'est ça c'est mutualiser mais sur d'autres parties tu vois moi là j'essaye de mutualiser sur comment on se procure des matières premières peut-être communes directement de nos agricultrices et agriculteurs de France, comment on mutualise les tests, parce qu'il y a beaucoup de marques qui exigent, moi j'ai bossé dans la grande distri, un cahier des charges, en fait c'est la base, si tu ne proposes pas des tests, etc., malheureusement il y en a plein qui sont méfiants. et ça s'entend, c'est leur lecture, c'est leur façon de parler. Donc, comment mutualiser ces histoires de test ? Et là, on parle de machines toutes les deux aujourd'hui, et tu as complètement raison. Ça veut dire que cette mutualisation des teinturières, elle peut se faire sur beaucoup de sujets, encore beaucoup plus qu'on a abordé depuis le début. Vraiment, tu as résumé tous les sujets sur lesquels on s'interroge.
- Speaker
Mais en fait, ma passion, j'ai le droit aussi que ce soit la façon dont j'ai envie de gagner ma vie et de pouvoir... gagner de l'argent est suffisamment par rapport à mon travail. Ça suffit de travailler 45 heures pour 500 euros par mois. Tu bien sûr, au démarrage, comme tout le monde, ça met du temps à se mettre en C'est quand même un travail qui est formidable, qui est passionnant. Tous les jours, je me lève et je me dis Oh là là, je suis extrêmement chanceuse. Comme tout le monde, j'ai le droit de pouvoir en vivre. et je pense qu'il y a des solutions et ce qui est formidable en plus dans notre réseau tu vois pendant que je suis allée à Lyon rencontrer David et Alliance Machine je suis passée aussi voir Justine de Maison Tintée, on ne se connaissait pas et il y a ça aussi dans notre réseau c'est qu'on n'a rien à se voler, il y a de la place pour tout le monde on peut mettre en commun nos expériences, notre travail et ça fonctionne, je suis allée la voir je suis allée voir là où elle se trouve là au HAL à Lyon et on a échangé, c'était super et on peut échanger justement on s'est appelé après enfin on s'est envoyé des messages elle m'a dit ah alors qu'est-ce que t'en as pensé qu'est-ce qui s'est passé et ça aussi ça fait évoluer notre filière et c'est pour ça que mutualiser une machine bah après parlons chiffres moi pour le moment j'ai pas trop l'argent pour pouvoir me la payer toute seule donc si on est à plusieurs si on est sur un tiers lieu si on est à plusieurs teinturiers teinturières et ben on est plus fort financièrement et aussi après sur les retombées Donc moi, je me projette déjà un peu dans les années à venir là. Et je me dis, si je veux faire évoluer mon métier et m'assurer un revenu stable, ça, c'est une option. Ce n'est peut-être pas la seule, mais c'en est une et elle est solide. Donc, j'y vais.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Je suis ravie d'accueillir sur le podcast Aréco Vert de réaccueillir David Godineau d'Alliance Machines Textiles. Bonjour David.
- Speaker #2
Bonjour Pauline.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors David, déjà un, je voulais commencer par te remercier d'avoir été le premier à franchir le pas pour me soutenir dans le projet Aréco Vert et soutenir du coup la communauté des teinturières en végétal. Donc déjà ça c'est la première chose, encore un grand merci. Et la deuxième, c'est on a enregistré il y a presque un an et j'ai vu passer, j'ai entendu, j'ai suivi. beaucoup d'évolutions sur la nature des S et j'aimerais bien que tu me racontes l'aventure depuis un an, ce qui s'est passé où t'en es et comment ça se passe
- Speaker #2
Merci un mot sur notre partenariat si tu me permets, puisque j'espère que ça donnera envie à d'autres à en boiter le pas on en avait parlé je crois que c'était au début de l'année avant qu'on se rencontre à Lille et qu'on trouve le schéma qui te convienne et qui me convenait Ça s'est passé comme je l'avais dit dans un enregistrement que tu avais diffusé de façon extrêmement fluide, donc il n'y a aucune difficulté de ce point de vue-là. Et donc on avait commencé le partenariat par l'écoute de rémunéré des podcasts avec la bande d'annonce d'Allianz Machines Techniques. ça a été incroyable rien qu'en nombre de followers sur Instagram j'ai pris plus de 150 followers est-ce que c'est corrélé à ça je ne sais pas mais en tout cas ça y est contribué il y a Sandrine aussi qui avait posté deux posts significatifs qui ont aussi contribué à ça et puis ça a aussi ouvert des dossiers commerciaux avec des gens qui... qui commence à voir que les choses ont bougé, que la machine est vendue, qu'elle est commercialisée, qu'elle fonctionne, qu'elle tourne, avec les avantages et les inconvénients que l'on peut imaginer. Mais en tout cas, oui, il s'est passé beaucoup de choses et ce partenariat, j'espère bien le renouveler à la ligne.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors, qu'est-ce qui s'est passé depuis un an ? Puisque tu avais eu la gentillesse de m'interviewer en fin avril, me semble-t-il, et on avait convenu d'une mise en ligne à l'occasion de l'ouverture du salon ITMA, qui était le salon mondial des constructeurs de machines textiles, pas seulement d'emmobissement, mais en tout cas, en ce qui nous concernait, c'est un jalon important, puisqu'on y retrouve tous nos concurrents, tous nos clients au niveau mondial. On avait lancé à l'occasion de l'ITMA la Nature ADS, la première machine de teinture dédiée au naturel, en étant conscient que ce n'était pas forcément notre cible qui allait être présente à l'ITMA. puisque c'est un salon professionnel d'entreprise établie, les marques, les ennoblisseurs, qui ne sont pas forcément les artisanes ou les écoles qui sont intéressées par la machine. Et néanmoins, on a eu sur l'ensemble de nos touches commerciales énormément d'intérêts, dont certaines se sont déjà transformées soit en livraison, soit en installation. Aujourd'hui, par rapport aux retombées directes de l'ITMA, des commandes prises ou des contacts pris à l'ITMA, j'en ai déjà livré et installé deux, et j'en installe une au Danemark, en Espagne. Donc, c'est des retombées directes. Vous voyez, au niveau des retombées, on est sur des cycles plutôt courts, puisque découverte de la machine, réflexion, commande, mise en service, fabrication, mise en service, on est sur des délais de l'ordre de 10 mois, tout compris. ce qui sont des délais plutôt courts dans nos domaines d'acquérimentation. Donc au total, on est à 10 machines vendues. On continue, nous, en ce qui nous concerne, tenant compte des différents retours, puisque ça a toujours été notre ADN de faire évoluer nos machines. On a des machines qui sont au catalogue depuis 25 ans et qui évoluent chaque année en fonction des demandes de nos clients qui permettent de créer des nouvelles options, des nouvelles fonctionnalités ou des améliorations de... de procéder. Donc c'est vraiment quelque chose qui est normal, ce n'est pas un signe de jeunesse, ce n'est pas un signe de... d'erreurs, de réalisations. Parfois, si il y a des choses mineures, on a changé le type de joint qui faisait l'étanchéité sur une pièce. C'est des choses, on dévisse quatre vis, on change le joint, on remet quatre vis, c'est reparti. C'est une évolution. Donc maintenant, les nouvelles machines, elles ont cette évolution. Ceux qui l'ont acheté avant, quand ils nous le disent, on leur envoie une pièce en garantie et puis ça se passe bien. Donc il y a à la fois des évolutions fonctionnelles, il y a des évolutions techniques, il y a des améliorations. pour être de plus en plus à l'attendue et de plus en plus mature sur l'attendue de l'écosystème de l'attention naturelle. Parce qu'il faut être conscient, pour nous, on a une habitude d'industriel s'adressant à des industriels qui ont des services de maintenance, ou en tout cas des techniciens de maintenance, ou qui ont des services externalisés de maintenance. Sur la nature ADS, changer un joint, c'est compliqué. Et donc comment est-ce qu'on combine ça pour le livrer, pour expliquer comment il faut le changer, même si c'est qu'à le boulon à dévisser. L'autre jour je suis intervenu chez Tintorium les teintures de France, qui a été un des avant-gardistes en matière d'investissement dans la nature ADS, et je tiens à remercier Serge Auzi. il y avait le bac d'ajout qui ne marchait pas. Ah, qu'est-ce qui se passe ? Quand je mets quelque chose dans le bac d'ajout, il ne se passe rien, ça ne rentre pas dans la machine. Ah, tu as fait ci, tu as fait ça, tu as regardé ci, tu as regardé ça. Oui, mais ça ne marche pas. Bon, et puis j'ai eu l'occasion de remonter chez Tintorium pour faire une démo avec des étudiantes. en relation avec Wolff. Et en l'occurrence, on a combiné ça avec une prospect de Guadeloupe, Claudia, que je salue. Je suis à peu près sûr qu'elle nous écoute. Bonjour Claudia. Donc du coup, j'ai commencé ma journée en démontant la canalisation du bac d'ajout. Et puis bon, c'était juste complètement obstrué par les... les extraits qu'il y avait pris en masse, et donc en les nettoyant, tout est rentré dans l'ordre de façon très simple. Mais finalement, on se rend compte que des petites choses peuvent avoir un impact pour une population qui a un très grand savoir-faire en matière de teinture, mais pas en termes de maintenance de machines, même de maintenance de premiers libraux. C'est normal pour nous de faire des améliorations pour que ce soit de plus en plus facile, de plus en plus autonome, pour éviter qu'on soit là en permanence à assister telle ou telle personne. Donc ça d'un point de vue mécanique, on en avait parlé déjà à l'occasion de ces dernières tables rondes et sur les derniers podcasts, on en est à la V6, c'est-à-dire qu'on a fait entre la première machine qui avait été exposée à Milan, on a fait une V2 qu'on a livrée chez Sandrine. On a commencé le développement avec Sandrine en décembre et on a installé la machine début juin. En six mois, on a conçu, fabriqué et démarré la machine. Elle marchait, elle s'en est servie, mais on a quand même fait des évolutions entre la V1 et la V2 qu'on a livrées chez Sandrine pour pouvoir tout de suite lancer la V3 qu'on a exposée au Fashion Green Hub à Lyon en septembre. Ensuite, on avait lancé entre temps la V4 pour Tintorium Les Teintures de France. Et au tout début de l'année, on a, tenant compte des retours d'expérience finalement de la V2 qu'on a mis sur la V5, parce que le temps qu'on livre et qu'on installe, il se passe 4 mois. Et donc, on a fait une V6. Et donc au fur et à mesure, par exemple j'ai livré une V4 à l'IFTH à Mulhouse, je lui fais des modifications qui sont dans les versions suivantes, mais qui sont à valeur ajoutée par rapport à ce qu'il en est. Donc évolution mécanique, plutôt de mon point de vue, des petites choses, mais qui simplifient la vie, qui améliorent l'usage, qui améliorent la qualité du travail réalisé et la fiabilité de la machine dans la durée, puisque on a l'habitude de faire des machines qui durent 25 ans. il faudra attendre 25 ans pour être sûr que la nature ADS dure 25 ans. Donc ça, c'est la partie mécanique. Et puis sur la partie automatisme, puisque je rappelle que la machine est entièrement automatisée, je crois que c'est sur cette partie-là qu'on a fait le plus de progrès, puisqu'on avait fait là aussi une version 1 pour le salon de l'ITMA. Et c'est avec cette version que Sandrine a réalisé les productions. de l'opéra comique, ça c'était sur la deuxième quinzaine de juillet, avec la machine, je crois qu'on a tous vu les postes de Sandrine qui... qui explose à l'œil tellement c'est beau et tellement c'est magnifique. Sandrine, si tu me entends, bien bonjour. Et derrière, on a continué à faire évoluer à la fois la fiabilité de l'automatisme en termes d'interface somme machine. Donc l'automatisme, on a fait énormément d'évolutions. Donc là, on a quelque chose qui est vraiment stable, qui est fiable, qui est presque joli. Alors c'est un jugement de valeur la beauté d'une interface en machine. En tout cas ça marche, ça fait le job, c'est fiable, on sait où est-ce qu'on en est, donc ça c'est bon. Sachant qu'on est en version 1.09, donc là tu vois on a débarré la version 1.0, là on est en version 1.09. Sachant qu'on utilise des bibliothèques qui sont elles en version 2.1.5, donc ça fait pas mal d'itérations. Ce qui a également beaucoup changé, c'est qu'aujourd'hui, grâce à la version 1.09.2.5 que je déploie à partir de cette semaine, elle est compatible avec l'IoT, qu'on a également terminé, et qui permet de suivre en temps réel, depuis son téléphone, les données d'usage de la machine au fur et à mesure qu'elle se déroule, de telle façon à pouvoir faire autre chose pendant que la machine travaille. Puisque je rappelle que la première valeur ajoutée de la machine, c'est qu'elle bosse pour vous. et donc vous la chargez, vous lancez votre protocole, vous produisez, pendant ce temps vous faites autre chose, vous déconnectez votre ordinateur, pendant ce temps-là vous appelez vos clients, vous appelez vos fournisseurs, vous faites vos autres tâches de production, la teinture c'est une chose, mais beaucoup de personnes intéressées ont une activité intégrée qui va jusqu'à la confection et au produit fini. pendant ce temps-là, elles peuvent faire autre chose, et en particulier utiliser leur ordinateur, et la machine continue de travailler. Mais par contre, je ne sais plus où est-ce qu'elle en est, puisque je ne suis plus connecté à la machine. Et grâce à l'IoT, je vois ma température, ma vitesse de pompe, ma vitesse de tournette, si elle m'appelle, si elle a besoin de moi, si la porte est ouverte, si elle se remplit, si elle se vidange, combien j'ai d'eau, si elle a franchi une étape dans le process. Et chose encore plus utile, c'est qu'elle enregistre les lots de production, C'est une notion qu'on a introduite avec l'aide de Justine. Justine Wins,
- Speaker
qu'on va avoir à la table ronde.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Je la remercie aussi parce qu'elle m'a donné la façon dont elle enregistre ses protocoles. J'ai utilisé la structure de l'enregistrement de ses protocoles pour que la machine enregistre toute seule. Génial. Les procédés sont enregistrés par étape. température, volume, vitesse, etc. et les conditions de remplissage de vidange. On peut documenter dans l'IoT ce que j'ai fait comme production, de quelle couleur, avec quel lot, la référence de l'extrait de chez Greening par exemple, quelle selle de mordant j'ai utilisé, à quelle concentration, en quelle quantité, avec quel volume d'eau il a enregistré. Et donc ça me crée finalement une... une checklist que je peux imprimer et quand je l'imprime, ça me laisse un petit espace blanc avec un cadre pour y mettre mon échantillon devant. Et l'idée, c'est vraiment d'aller jusqu'à, je développe mes protocoles, j'enregistre mon protocole grâce à l'addit, puisque la machine transmet en temps réel ses données d'usage, je fais ma photo et je la mets dans mon classeur. et bien évidemment comme ça reste en ligne j'ai pas besoin de chercher dans mon codeur, je peux le faire bien entendu mais j'ai la liste de tous mes protocoles, je clique dessus, je vois ce que j'avais fait et ça me permet de rappeler derrière mes programmes automates qui m'ont permis de faire mes projets qui donc soulève un des préjugés tu sais qui colle à la peau de la teinture végétale,
- Speaker
c'est la reproduction des protocoles et de la reproduction des couleurs, là c'est quand même grandement facilité par le fait que toutes tes données sont au millimètre ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Faux, Pauline. Ce n'est pas grandement. C'est totalement. Je crois qu'on en avait déjà parlé en avril dernier. Il y a la matière textile qui a sa propre variabilité. Un coton d'une année de sécheresse, d'une année humide, ne va pas se comporter de la même façon. Il y a la répétabilité des extraits ou des produits qu'on va utiliser pour réaliser la chimie de la teinture. Et puis il y a les données procédées. Sur la première partie, sur la qualité de la fibre et sa variabilité, je n'ai aucun levier. Sur la variabilité des produits qui vont être utilisés, on l'a vu à de nombreuses reprises, plus l'activité se développe, plus la logique de lotissement se met en place et plus la qualité devient constante en amélioration pour avoir des choses qui sont de plus en plus maîtrisables. Et en ce qui concerne les paramètres procédés, C'est grandement parce que ce n'est pas l'entièreté des paramètres, mais sur la partie paramètres procédés, je garantis qu'une même qualité qui passe dans la machine avec le même programme sortira dans le même état. D'accord,
- Speaker
donc reproductibilité des couleurs, check si on utilise les mêmes ressources que ce soit la fibre ou les... Génial.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Après, mon expérience de chimiste, je pense que les paramètres procédés ont une importance sans doute de premier ordre. Et donc on agit sur la reproductibilité de façon importante, puisque lorsqu'on prend le programme Teinture Pièce numéro 4143, peu importe sa charte de nommage de ces programmes, le programme va s'exécuter de la même façon. avec les mêmes vitesses, les mêmes débits alors après on va dire oui mais la qualité de l'eau et oui mais la qualité de l'eau ça fait partie des intrants, on vérifie son pH si le pH n'est pas le même on le corrige en général quand on est connecté sur de l'eau de ville ou sur de l'eau de pluie c'est quelque chose qu'elles maîtrisent qu'elles font déjà et bien évidemment comme c'est un intrant il faut le vérifier donc cette fameuse appli téléphone
- Speaker
qui a séduit Séverine de Larougie qui a vraiment, on l'entendra, mais bon, elle parle pour nous. D'accord, donc automatisme, etc., les évolutions permanentes, et on en est à la V6. Qu'est-ce qu'il y a eu d'autre, du coup, dans ton année ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Énormément de contacts commerciaux, puisque officiellement, on a lancé la commercialisation à l'occasion de l'ITMA. Concrètement, on en a vendu deux à Milan. Il y en a deux qui se sont concrétisées dès le mois de janvier, donc au Danemark et en Espagne, et plein d'autres touches qui se sont matérialisées et sur lesquelles aujourd'hui je dois avoir peut-être une vingtaine de devis qui sont en cours. qui ne sont pas confirmés, avec aujourd'hui un constat avéré, qui est la logique économique qui est derrière l'investissement de l'achat de ce type de machine. C'est un budget, la machine est commercialisée à 32 000 euros hors taxe, livrée, installée, formée en France. Il y a des coûts de frais de vie qui sont impliqués lorsque je la livre ou que je l'installe à l'étranger. J'aurais dû le dire en France métropolitaine, sinon Claudia va me dire oui, mais tu vois, tu ne m'avais pas dit que… Il faut quand même prendre l'avion. Et donc, l'équilibre financier qu'il faut trouver, puisque depuis toujours, on sait que les tiers-lieux doivent jouer un rôle de mutualisation. C'est un espace d'accueil qui doit faire venir des adhérents. Donc on était au Fair Festival avec la Rougie et j'espère que vous aurez vu… la primeur d'écouter le travail qu'on a fait avec Séverine, et sans en dévoiler les résultats, même si vous l'avez peut-être vu sur l'Instagram de la Nature Adai Studio, vivre de la teinture naturelle sans mécanisation. hors formation, hors conseil, hors vraiment vivre de la teinture. Ce n'est pas possible. Et donc, il y a différentes façons de se mécaniser. Tu as abordé la question avec différentes technologies de machines. Bien évidemment, je recommande la nature ADS, qui est entièrement automatisée. Et donc, on a lancé l'essai avec Séverine. Et pendant que la machine travaillait, on surveillait ce qui se passait, bien sûr, sur le téléphone. Et on était en salle et on a bossé sur ce business plan. Pour essayer sûrement, alors ce n'est pas un business plan au sens économique, développement d'activité, mais c'était vraiment pour poser des photos. Et c'est ce dont on va débattre au Fair Festival de Toulouse. jusqu'au samedi premier jour. Voilà, donc beaucoup de contacts, beaucoup de prospects, des contacts qui n'étaient pas du tout la cible, des industriels de la teinture synthétique qui se disent, avec cette petite machine, je pourrais quand même faire des prototypages pour les marques qui ont besoin de réponses très vite, donc des tisseurs par exemple, qui m'ont sollicité, comme elle est compatible avec la teinture synthétique, pour pouvoir faire une petite passe de 3 kg et avoir un proto. à montrer le lendemain à la marque le deuxième visiteur.
- Speaker
D'accord, donc un autre usage réutilisé plutôt repartir vers le synthétique pour des petits échantillons et aller vite dans la proposition. D'accord,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ok. Parce qu'aujourd'hui, les tisseurs font appel à de la sous-traitance et donc pour rentrer dans le circuit de fabrication.
- Speaker
Oui, ça augmente les délais.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Sur les minimums de l'eau, etc. Là, le minimum de l'eau, c'est un kilo ou moins si on veut. 500 grammes en échelon, un kilo en pièces, un kilo en compétitionnés. Voilà, on clique dessus, on lance une passe, et ça permet d'avoir un proto qui permet de discuter avec la marque qui va confirmer ses commandes.
- Speaker
Ok, très bien alors du coup, qu'est-ce qu'il te faudrait David par rapport à ce projet, est-ce que tu vas encore inviter des teinturières à venir essayer à venir éprouver toujours dans ce test and learn qu'est-ce que tu veux faire pour la suite ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors on commence déjà à avoir pas mal de retours d'essais puisque c'est des opérations qu'on a vraiment ouvert en grand et beaucoup de teinturières en ont profité donc ça c'est très positif Je pense que dans l'absolu, c'est absolument nécessaire de poursuivre cette activité de démonstration et d'adoption. Parce que finalement, nous en tant que constructeurs de machines, on la trouve innovante parce qu'elle combine quatre modes de teinture pour un mode d'usage qui n'était pas un mode connu par Alliance Machine Textile. La teinture naturelle, la première fois que Sandrine m'en avait parlé, je lui avais répondu, c'est quoi la teinture naturelle ? et donc elle est avant-gardiste indiscutablement donc il faut un peu de temps pour que les choses soient adoptées on a un retour qui est quand même très positif et en parallèle des remises en question d'un certain nombre de pratiques sur lesquelles il y a un équilibre qui est difficile à trouver entre ça marche pas mais ça marche pas pourquoi Moi je ne suis pas teinturier, je le revendique, je suis constructeur de machines de teinture. Les sachants, ce sont les teinturières. Et donc il y a un équilibre entre ce que c'est la teinturière, je suis désolé pour les teinturiers hommes, mais comme tu l'as déjà mentionné, il y a quand même 98% de teinturières. Et donc il y a un équilibre entre ce que peut ou ne peut pas la machine, et je n'ai pas du tout la prétention de dire que la machine peut tout faire. là-dessus j'ai plusieurs reprises été très claires pour autant il y a des fois je ne peux pas accepter qu'on me dise la machine ne marche pas quand on fait des choses pour lesquelles elle n'est pas prévue et donc cet équilibre il est difficile à trouver il y a des remises en question qui sont nécessaires il y a des expérimentations qui sont absolument fondamentales moi j'ai eu à l'occasion d'échecs de teinture avec différents essais l'occasion d'en reparler avec Sandrine Rosier, je pense qu'elle en parlera à la table ronde, il y a des remises en question qui sont nécessaires parce qu'elles changent le champ des possibles. Et donc, dans l'expertise de la teinture, les sachants doivent porter la voie du changement et remettre en question des pratiques. qui n'avaient pas de conséquences puisqu'elles étaient faites dans des contextes qui étaient cohérents. Là, elles changent le contexte. Le paradigme de la machine, c'est un, je travaille tout seul, et deux, je travaille avec 5 fois moins d'eau. C'est ça l'ordre de grandeur. Je travaille avec 5 fois moins d'eau. Et donc ça, c'est une valeur moyenne, mais 5 fois moins d'eau, ça veut dire quoi ? en concentration ou en poids ? En poids de fibre ou en concentration ? Tant que je suis en plein bain, que je travaille en poids de fibre ou en concentration, c'est pareil. Quand je suis dans la machine, c'est plus pareil. et donc qu'est-ce qui se passe quand ma teinture arrive qu'il me reste des mordants que j'ai mal lavé parce que j'ai enchaîné etc etc et ça là dessus Sandrine, merci beaucoup cet impli de science et elle m'apportait un certain nombre d'éclaircissements.
- Speaker
J'ai eu aussi des remarques par rapport au fait qu'avec la machine, il y avait des champs des possibles dans la créativité, notamment de froissés qui pouvaient être faits. J'ai vu que les personnes que j'ai interrogées pour comprendre ce qu'elles en pensaient, en fait, en plus de faciliter leur travail ergonomiquement, d'être top, d'avoir un suivi, elles étaient déjà en mode créatif à le dire qu'elles tiens, je vais pouvoir faire des plissés beaucoup plus rapidement. Bon, bref, ça suscite quand même beaucoup de...
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Très volontairement des défauts maîtrisés de teinture. C'est ça,
- Speaker
exactement.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Je rappelle que dans la production de l'opéra comique, Sandrine avait chargé la machine à 9 kilos. Moi, j'ai une photo où elle décharge le tissu, 9 kilos de tissu, ça fait 30 mètres, 27 mètres. Il y en a partout. Elle a créé ce qu'elle recherchait. En l'occurrence, c'était des cassures, donc des... des marbrures foncées pour l'effet artistique recherché par la production. Je ne sais pas comment s'appellent les donneurs d'ordres, mais en tout cas, dans son cas, il les charge. Et ensuite, elle l'a accentuée avec la patine pour obtenir l'effet recherché. Mais moi, celui qui vient me voir en me disant qu'elle fait des cassures à 9 kg de chargement, je lui dirais sans doute bravo pour votre sens artistique, mais ce n'est pas ce pour quoi la machine est faite. Mécaniquement, la machine... elle s'est fait un cure-dent avec, il n'y a pas eu de souci, elle n'a rien cassé.
- Speaker
Est-ce que tu as d'autres choses que tu voudrais rajouter, David ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, on parlait des tiers-lieux, on parlait des nombreux devis, on parlait des nombreux contextes. Pour autant, tu parlais de ton activité et du partenariat. Pour Alliance Machine Textile, en tant que société industrielle, on a besoin de vendre. Et donc, dans un contexte économique qui est particulièrement compliqué, en particulier du fait du coût de l'énergie. Eh bien, les ventes sont difficiles. Donc, si vous avez envie d'utiliser la Nature ADS, on enregistre le 28 mai. Je vous invite à passer vos ordres dans les plus brefs délais. On sera ravis de vous servir et de vous accompagner pour vous livrer la machine dans les meilleurs délais.
- Speaker
Merci beaucoup, David, pour ces précisions. Toute cette nouvelle année, il s'en est passé des choses. Je tiens à repréciser aux auditeurs que tu as accepté de… de me financer les heures de travail que je passe en table ronde. C'est-à-dire, j'avais l'idée de faire ce cycle des teinturiers et teinturières en végétal. avec un sujet libre, co-écrit avec les invités, etc. Et tu m'as dit, moi, je viens soutenir ton travail et tu es libre de tout. Je voulais te remercier parce que ces cycles de teinturiers rassemblent plus de 50 personnes à chaque fois. On a des têtes d'affiches canon. Et je suis très contente de travailler et collectivement, mais j'étais très contente que tu me soutiennes là-dessus. Donc, je le redis, merci d'avoir été le premier à me faire confiance. Je n'oublierai pas et je te remercie vraiment beaucoup.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est une invitation à ce que d'autres te tuent parce que ça vaut vraiment le coup. Merci.
- Speaker #2
Moi, je suis teintureur amateur. Je n'ai pas d'activité professionnelle, mais je teinte depuis assez longtemps. J'ai découvert la teinture végétale en 2011. Pendant ces... je ne sais plus, on en est à 12 ans, 13 ans même. Pendant toutes ces années, j'ai essentiellement teint sur du fil de laine. Je suis tricoteuse et du coup j'avais un intérêt particulier pour ce support de teinture. J'ai surtout fait de l'expérimentation. Ce que je préfère faire en fait c'est explorer une fleur locale, trouver toutes les plantes qui peuvent donner de la couleur et tirer les différentes couleurs qu'on peut en obtenir. en fonction des procédés, des saisons, des périodes de récolte, etc. J'ai accumulé beaucoup d'échantillons. Il y a un an ou deux, je me suis dit, quand même, Alex, c'est bien tout ça, mais ce serait quand même chouette d'avoir un pull en teinture végétale. Donc, j'ai commencé à... à ne plus teindre juste pour explorer la matière première teinturiale, mais à teindre avec un objectif de fabrication de tricot derrière. Alors comme je tricote pas vite, j'ai encore pas de produit fini. Aussi, comme je me suis retrouvée à un moment où j'ai envie d'une reconversion professionnelle, j'ai commencé à réfléchir, à développer une activité en rapport avec la teinture végétale. Alors pour l'avoir pratiqué quand même pendant longtemps, je vois les difficultés à faire une activité rentable et du coup je suis en pleine réflexion à savoir comment s'équiper. pour premièrement ne pas se fatiguer, parce que quand on augmente de volume, on a charge.
- Speaker
Ergonomiquement.
- Speaker #2
Et puis aussi parce que je pense que c'est une des pistes pour augmenter la productivité, sans vouloir viser des productions industrielles, mais de façon à pouvoir viser des volumes de production artisanaux qui répondent quand même à des besoins cohérents. Parce que dans ma marmite de cuisine de 18 litres, j'ai du mal à faire, j'arrive pas vraiment à faire un kilo de grosse laine en unisson. Or c'est la quantité qu'il faudrait en un lot pour faire un pull adulte. Et donc c'est dans ce contexte là que je suis tombée sur David qui parlait de la nature ADS. Quand je l'ai rencontré à l'occasion du salon Interfilière à Paris. Il m'a dit, si tu veux venir l'essayer, tu es la bienvenue. Il n'y a encore personne qui l'a essayé sur écheveau, puisque c'est une machine modulable qui peut être utilisée de diverses façons. Donc voilà ce que je fais dans le monde de la teinture végétale et pourquoi je me suis retrouvée avec...
- Speaker
À essayer la nature à nez. d'accord bon alors donc du coup Alexandra moi ce qui m'intéresse c'est d'avoir un regard objectif sur une utilisation particulière qui est pour toi les échevaux de laine j'aimerais que tu nous racontes un petit peu comment comment t'as démarré avec cette machine quand il t'a proposé d'aller l'essayer est-ce que ça t'a semblé simple quand tu l'as essayé les résultats qu'est-ce que t'en as pensé et puis après on continuera un peu notre exploration de cette machine quand j'ai réfléchi à la proposition de David je me suis dit bon
- Speaker #2
C'est l'opportunité, il faut tester le plus d'utilisation possible de cette machine. Alors malheureusement, en une journée de test, on avait des contraintes de temps. Parce que comme tu le sais, les procédés de teinture naturelle sont longs. Et je voulais tester quelque chose que je connaissais pour avoir un point de comparaison. Alors malheureusement, comme je ne suis pas lyonnaise et que David est à Lyon, j'ai dû faire un peu avec les moyens du bord pour trouver les matériaux. Ce qui est que je n'ai pas testé la machine avec un fil que je connais bien. Voilà, c'était un fil que je tenais pour la première fois. Mais par contre, j'ai choisi une plante qui était disponible à cette saison-là, on était en février, et que par contre j'avais beaucoup expérimenté. Et du coup, au départ, mon envie c'était de tester la chambre d'extraction de la machine, de tester le mordant sage dans la machine, puis la teinture avec la liqueur extraite grâce à la chambre d'extraction. Par contrainte de temps, j'ai renoncé à faire le mordant sage. parce que la plante que j'ai choisie c'est le nez filier, je suis venue avec des feuilles de nez filier et que l'extraction des feuilles de nez filier idéalement elle se fait en temps assez long avec de la macération et avec... plutôt deux temps de chauffe qu'un seul. Donc, j'ai choisi d'éliminer l'étape de mordansage pour tester la chambre d'extraction et la teinture.
- Speaker
Alors, vas-y, explique-nous le test de chambre d'extraction et ce que tu as fait, ce que tu as eu comme résultat et ce que tu en penses.
- Speaker #2
Alors, la semaine avant que je vienne faire le test, David m'a appelée en me disant On a un problème, les échevaux se baladent. Et donc en fait on a échangé déjà en amont avec David pour faire quelques ajustements sur ces deux équipements qui je crois n'avaient pas été testés avec du volume. Si la chambre d'extraction avait été testée avec de l'agarance il me semble, mais le bras pour les échecs n'avait pas du tout été testé. Et comme on lui avait suggéré des améliorations sur la chambre d'extraction suite aux essais qui avaient été faits avant moi, et bien il était en...
- Pauline Leroux ArtEcoVert
En fait, il avait fait un nouveau prototype de la chambre d'extraction. Ça a bien marché. Les modifications qu'il avait faites sont concluantes. Cette chambre d'extraction, elle est assez petite. Elle se place dans le bas de la machine. Et donc, on a fait deux sessions de chauffe, puis filtration du liquide pour récupérer la liqueur. J'ai remarqué et pensé à quelque chose, c'est que cette chambre d'extraction, elle est hermétique. et du coup pour les colorants qui ont besoin d'une oxydation pour se révéler pleinement et bien ce processus est différé. D'accord. Après, quand la machine est en fonctionnement, on est servi qu'est-ce qui est l'oxygénation, mais sur cette étape-là, voilà, c'est un paramètre à prendre en compte auquel je ne suis pas habituée quand je fais mes extractions dans des marmites classiques, on va dire. La deuxième chose que je me suis dit, c'est qu'elle fonctionne très bien, donc la chambre d'extraction, mais... elle réalise une étape qui n'est pas si compliquée que ça et que du coup elle monopolise la machine potentiellement pour un temps long parce que si on est sur une extraction qui nécessite des temps longs, ça monopolise la machine pendant un temps long. Et je pense que si j'avais la nature à d'aise dans mon atelier, je préférerais privilégier son utilisation pour d'autres étapes de la teinture et réaliser l'extraction en parallèle dans un outil. plus rudimentaire, mais pour réaliser les opérations.
- Speaker
Ce que tu entends par chambre d'extraction, c'est en gros la partie que toi tu fais, le bain de teinture, c'est ça ? C'est comment tu extrais ta molécule colorante ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, d'accord.
- Speaker
C'est ça que tu appelles la liqueur.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Voilà, comme je suis venue avec une plante teinturale et non pas un extrait, j'ai donc extrait mon colorant de la plante tinctoriale dans cette chambre d'extraction par décoction.
- Speaker
et donc ça fonctionne mais ça mobilise la machine et du coup tu peux rien faire d'autre en attendant donc toi ton point ton premier point c'est le fait qu'elle soit hermétique si il y a besoin de contact à éclair c'est problématique et deuxièmement elle est mobilisée pour une étape que toi tu peux faire en marmite entre guillemets à côté oui et
- Pauline Leroux ArtEcoVert
que la machine ne fait pas forcément mieux qu'un autre outil moins sophistiqué alors qu'elle fait beaucoup mieux que d'autres outils qu'est-ce que tu as testé d'autre du coup ? Alors du coup, après avoir fait l'extraction, on a testé la teinture proprement dite sur des échevaux de laine que j'avais mordancé en amont. Je suis venue avec un fil de grosseur moyenne. Pour les tricoteuses, c'est un fil qui se tricote en 4,5-5, il y en a certaines à qui ça parlera. Donc c'est ni très gros ni très fin. Donc la première question était de savoir combien de fils on va pouvoir mettre sur le bras de teinture qui fait 30 cm, qui donc n'est pas très grand.
- Speaker
Le bras de teinture, c'est ce qui retient les chevaux ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ce qui retient les chevaux et ce qui le manipule. Alors ce bras de teinture, moi j'étais vraiment curieuse de le voir en fonctionnement parce que je ne savais même pas que ce type de technologie existait avant que David me montre sa machine. En fait, les chevaux sont suspendus sur un cylindre métallique. qui est percé et au sein duquel on fait circuler la liqueur de teinture. L'écheveau est suspendu sur cet axe et le bras de teinture fait couler du liquide qui donc va ruisseler sur l'écheveau. Et il y a un deuxième petit bras qui va tourner à une vitesse et une périodicité que l'on programme sur la machine afin de faire circuler l'écheveau. à la vitesse qu'on veut, dans le sens qu'on veut, ce qui permet d'avoir un mouvement régulier de la laine et un mouvement régulier du liquide de teinture.
- Speaker
C'est le même système que pour les cônes de teinture pour fil, en fait. Ça rentre par l'intérieur, mais il n'y a pas cette histoire de pression. Il y a aussi l'écoulement, c'est ça si je comprends bien ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Il y a l'écoulement en plus parce que la laine n'est pas comprise. Parce que là, les chevaux sont en mouvement permanent. Ça réplique ce qu'on fait, nous, manuellement, dans une cuve. où on a notre écheveau qui est à cheval sur une barre en bois, et où périodiquement, on va le faire circuler sur cette barre pour que ce ne soit pas toujours la même partie de l'écheveau qui est au fond de la queue. Et donc, j'ai trouvé ça vraiment super intéressant comme système, comme mécanique, parce qu'en plus, ça a le potentiel de permettre d'utiliser beaucoup moins d'eau proportionnellement au poids de laine. D'accord. Dans la machine de David, le bras étant très petit, on a été limité en quantité de laine qu'on pouvait installer dessus et que la pompe de la machine a besoin d'un minimum de quantité d'eau pour fonctionner. Et ces deux contraintes réunies font que finalement, la proportion de liquide qu'on a utilisé pour teindre ces 600 grammes, elle s'approchait de ce que j'aurais utilisé dans une marmite de 20 litres.
- Speaker
Classique.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et ça, c'est vraiment lié à la longueur du bras dans la machine, parce que si le bras était un peu plus long, on pourrait mettre plus de laine sans avoir besoin de rajouter plus de liquide dans la machine. Et du coup, on obtiendrait le fameux rapport de bain plus intéressant qu'en immersion.
- Speaker
Donc ça j'entends, et donc si j'ai bien compris au début, toi ton objectif c'était de pouvoir faire un kilo de laine teinte pour pouvoir faire un pull, c'était ça ton objectif ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, alors David m'avait prévenu qu'on ne pourrait probablement pas faire un kilo sur sa machine, parce que quand il a, si j'ai bien compris la démarche, il a initialement dimensionné la machine pour le métrage de tissu. Il a dimensionné la machine sur la base d'un tambour de machine à laver, pour pouvoir permettre aussi la teinture de pièces confectionnées. et après le bras teinture ces dimensions sont venues s'ajuster à ces dimensionnements préalables il y a eu beaucoup de réajustements,
- Speaker
je crois qu'il en est à la V6 de la machine justement parce que vous avez été plusieurs teinturières à l'essayer et à chaque fois à faire des remarques si on essaye de se résumer sur la partie échevaux de laine parce qu'on est d'accord il y a trois types de teintures possibles les échevaux les pièces confectionnées teintes et les métrages on est d'accord donc toi t'es vraiment sur la partie tille et chevaux donc cette histoire de bras de rapport de bain donc un bras plus grand pour permettre plus de laine pour permettre un rapport de bain intéressant
- Pauline Leroux ArtEcoVert
et pour que toi tu puisses avoir des quantités que tu ne pourrais pas faire seule dans tes marmites c'est ça l'idée alors oui et non parce que je pense qu'avec la la conception générale de la machine ce ne sera pas possible d'atteindre ces quantités-là. Ce qui fait que cette machine, David ne me l'a pas conseillée si je ne veux faire que des chevaux. Par contre, si on fait essentiellement du métrage ou essentiellement des articles confectionnés et que de temps en temps, on a besoin de faire du fil, cette fonctionnalité est présente et disponible sur la machine. Je serais curieuse de réessayer. D'ailleurs, en réalité, je pourrais faire des essais avec un manche à balai ou quelque chose comme ça, parce que je pense que si on a un petit peu de marge, si on utilise par exemple un fil plus fin, je pense qu'on pourra en mettre un petit peu plus. Mais je pense qu'on n'arrivera jamais à 2 kg en conservant la carcasse externe existante de la machine.
- Speaker
Ce qui est intéressant,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
c'est de pouvoir teindre 2 kg de laine d'un coup.
- Speaker
Est-ce que, donc du coup, tu es encore en test, en tout cas, tu as encore des idées de choses à tester pour proposer des améliorations, on va dire, sur cette partie échevaux. Est-ce que, point de vue réglage, tu sais, tu as un truc qui est quand même intéressant, c'est cette histoire de reproductibilité des protocoles parce que tout est potentiellement réglable. Est-ce que ça, tu as pu regarder un petit peu ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, oui, mais alors, ce n'est pas qu'une question de reproductibilité des protocoles, c'est aussi une question de… qu'on n'a pas besoin d'être constamment en train de surveiller sa cuve. Et cet aspect-là d'automatisation, moi je l'ai trouvé absolument génial. Donc si je voulais faire du métrage, la machine est géniale, parce que tout est réglable finement, que ce soit les montées en température, les maintiens de température, les vitesses de mouvement du textile, la fréquence de ces mouvements, tout est réglable. Alors du coup, il y a aussi tous les protocoles à mettre en place. Et ça, d'un côté c'est super intéressant, d'un autre ça demande du travail et du travail collectif, je pense. D'accord. Oui, parce que le résultat, donc on n'a pas pu faire un gros volume de teinture en une fois, par contre le résultat est tout à fait satisfaisant. On a obtenu une belle couleur. Alors pour être complètement fixé sur l'unisson, il faudrait que je tripote le fil, parce que je ne l'ai pas encore fait. Parce que c'est difficile à juger juste en échevaux à quel point la couleur est uniforme. C'est qu'une fois tripoté ou tissé qu'on va percevoir s'il y a des nuances. Mais à première vue, c'est tout à fait similaire à ce qu'il peut sortir de la cuve, voire mieux, je n'en sais rien. A vérifier. et alors il y a un petit truc qui moi me titille et pourrait me pousser à refaire des tests c'est qu'avec David pendant l'étape de teinture on n'a pas résisté à l'envie d'ouvrir la porte pour faire des vidéos en fait sacré Instagram n'est-ce pas et il y a eu un léger feutrage de la laine Rien de catastrophique, mais il y a eu un léger feutrage de la laine qui, je pense, est dû à ça. Parce que comme la laine n'est pas immergée dans un grand volume de liquide chaud, je pense que le fait d'ouvrir la porte a provoqué une chute de température radicale. Au niveau de l'écheveau, plus importante que juste quand on soulève le couvercle d'une marmite.
- Speaker
D'accord, ok. Donc, si j'essaye de résumer tout ça, l'idée pour toi, ce serait de pouvoir refaire des tests. hublot fermé complètement. De pouvoir...
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Que ce soit refroidi suffisamment pour t'ouvrir.
- Speaker
D'accord. Tu voudrais tester cette histoire de bras et de voir un peu si en augmentant le bras, tu peux augmenter la quantité d'echevaux pour atteindre potentiellement les 2 kg. Il faudrait tricoter le fil derrière pour voir s'il y a un unisson parfait.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Sinon, la machine ne fait pas mieux qu'une cuve de 150. En termes de... en termes de quantité, parce que c'est sûr que l'automatisation, c'est un bonheur.
- Speaker
donc ok sur l'ergonomie et l'automatisation ça c'est un vrai plus par contre les quantités c'est encore à améliorer c'est ça ok bon bah top et bah écoute Alexandra je te remercie pour ta franchise est-ce que du coup les auditeurs je m'excuse un peu auprès de David de ne pas pouvoir avoir dit que des choses bien non mais il veut de l'objectivité donc je pense que c'est ça le but est-ce que les gens peuvent retrouver ton travail quelque part
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors j'ai un compte Instagram qui n'est pas forcément très actif mais de temps en temps je mets des écheveaux colorés mon compte c'est Astrum Designs
- Speaker
Merci beaucoup Alexandra pour ton témoignage objectif sur la machine Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous !
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